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Monsieur le Président, j'interviens pour répondre à la question de privilège soulevée par le député de le jeudi 30 avril.
Comme l'a indiqué le , de notre côté, nous voulions examiner la question et vérifier les faits. Dans des cas comme celui-ci, il est important de connaître les faits et nous avons jugé bon de nous informer avant d'aborder le sujet à la Chambre.
C'est ce que nous avons fait, monsieur le Président, et je peux maintenant vous dire que le bureau du ministre de la Sécurité publique a recommandé à la Gendarmerie royale canadienne d'examiner les images de la caméra de surveillance et a déterminé que l'autobus vert en question a effectivement été retardé de 74 secondes jeudi matin.
J'estime que cette affaire, qui équivaut à un simple retard momentané, ne peut pas être considérée comme étant, à première vue, une atteinte au privilège.
Avant de m'exprimer au sujet de la question de privilège principale, je voudrais donner mon point de vue brièvement sur une deuxième question de cette nature, dont le député de a parlé dans son intervention. Il s'agit de la motion adoptée par la Chambre le 16 février, qui serait, selon le député, une atteinte au privilège de la Chambre de régler elle-même ses affaires internes. Je ne vois pas comment une motion qui visait à régler nos affaires, qui a fait l'objet d'un avis avant d'être présentée et qui a été débattue, puis adoptée porterait atteinte au privilège qui lui a donné naissance. Au contraire, elle constitue une façon de revendiquer le privilège de la Chambre.
Le député de a toutefois bien cité la page 110 de la deuxième édition de La procédure et les usages de la Chambre des communes, où l'on trouve le passage suivant:
La présidence estime qu’il y a de prime abord atteinte aux privilèges pour des cas d’obstruction physique [...] et des cas d’agression ou de brutalité physique.
La question qui se pose est de savoir quel genre d'obstruction physique constitue de prime abord une atteinte aux privilèges.
Selon moi, un moment d'attente comme celui qui s'est produit jeudi est tellement insignifiant qu'il ne justifie pas, monsieur le Président, que vous le considériez de prime abord comme une atteinte au privilège. Les députés d'en face feront peut-être des gorges chaudes, mais les précédents viennent étayer mon interprétation, si vous me permettez, monsieur le Président.
Dans une décision concernant une question de privilège liée à la visite du ministre israélien des Affaires étrangères de l'époque sur la Colline du Parlement, le Président Lamoureux a déterminé qu'il n'y avait pas de prime abord matière à question de privilège. Je cite la décision qu'il a rendue le 25 mai 1970, à la page 7255 des Débats:
Le rapport signale que l'accès n'a été interdit à personne, c'est-à-dire à aucun député ni à aucun membre du personnel, durant cette période. On reconnaît cependant qu'il y ait pu avoir un délai momentané si un député n'a pu être identifié [...]
De toute façon, je crois devoir insister sur l'élément essentiel du rapport présenté par le sergent d'armes qui a signalé qu'à cette occasion on n'a refusé à aucun député l'accès à l'édifice.
Monsieur le Président, la décision rendue par votre distingué prédécesseur tend à démontrer qu'il y a une distinction à établir entre le fait de refuser l'accès, ce qui, je l'admets, constitue une atteinte aux privilèges de la Chambre, et le fait de retarder l'accès, ce qui ne porte pas atteinte à ces privilèges. Autrement dit, un délai momentané, soit un délai minime comme celui de jeudi, ne constitue pas une atteinte à nos droits constitutionnels.
Une autre distinction a été établie à la suite de la visite du président des États-Unis de 2004. Dans son 21e rapport, présenté le 15 décembre 2004, le Comité permanent de la procédure et des affaires de la Chambre a conclu que:
L’impossibilité pour certains d’entre eux d’accéder aux édifices du Parlement et les retards importants et indus qu’ils ont éprouvés constituent un outrage à la Chambre.
Par conséquent, un retard peut constituer un outrage, mais seulement s'il s'agit d'un retard important.
Le rapport, qui a été adopté le 17 mai 2005, offre le contexte suivant au 13e paragraphe:
Selon M. Blaikie et d’autres, des députés se sont vu interdire de traverser les barricades de sécurité, même après avoir exhibé leurs épinglettes et cartes d’identité de la Chambre des communes. Dans la plupart des cas, les députés ont finalement pu accéder aux édifices, mais certains ont été très en retard et quelques-uns ont même manqué des votes à la Chambre. Cela est d’autant moins admissible qu’au même moment, d’autres personnes étaient autorisées à traverser les barricades [...]
Autrement dit, un retard important serait un retard bien plus long que celui survenu la semaine dernière. Il s'agirait sans aucun doute d'un retard prolongé ou ayant des conséquences importantes. Il y a une différence entre ce qui s'est passé en 2004 et ce qui est arrivé au député de , car ce dernier n'a pas raté le vote. Cela dit, j'y reviendrai dans quelques instants.
Dans ses observations, le député a mentionné une présomption d'atteinte au privilège. L'incident en question est survenu le 15 mars 2012, lorsque le premier ministre d'Israël a visité la Colline du Parlement. Je vais d'ailleurs citer un extrait du 26e rapport du comité de la procédure et des affaires de la Chambre, qui a été présenté à la Chambre le 31 mai 2012 et qui porte sur cet incident. La conclusion suivante figure au 21e paragraphe:
Après avoir mûrement réfléchi à la question, le Comité ne juge pas pouvoir conclure en l'espèce à une atteinte au privilège parlementaire.
L'incident de septembre 2014 concernant le député d' a aussi été présenté comme un exemple jeudi. Le comité de la procédure et des affaires de la Chambre vient de terminer l'examen de ce dossier. D'après son 34e rapport présenté le 26 mars, il n'y pas a eu d'outrage. Voici plutôt ce que dit le rapport du comité, à la page 8:
Ayant passé minutieusement en revue les événements du 25 septembre 2014, le Comité considère que les agents qui géraient la circulation routière et piétonnière durant la visite du président de l’Allemagne, dans un contexte de délais serrés où la sécurité joue un rôle primordial, tentaient simplement d’accomplir leur travail en fonction de paramètres sur lesquels ils n’exercent aucun contrôle.
L'examen mené par le comité a permis d'apprendre que le député d' n'a été retardé que de 77 secondes quand un agent de la Gendarmerie royale du Canada lui a bloqué le passage pour des raisons de sécurité alors que le cortège motorisé du président de l'Allemagne approchait rapidement de la rue que le député s'apprêtait à traverser. Le comité n'a pas constaté d'outrage ni d'atteinte au privilège, même d'ordre technique, comme le montre son rapport unanime.
Je dois reconnaître que les deux rapports que je viens de citer, celui de 2012 et celui de 2015, n'ont pas été adoptés par la Chambre. Cela ne devrait toutefois pas réduire leur valeur persuasive. Joseph Maingot écrit ce qui suit dans Le privilège parlementaire au Canada, deuxième édition, à la page 228:
Le Président peut mentionner et invoquer les décisions de la présidence concernant des questions de privilège jugées fondées à première vue, ou des rapports du comité des privilèges qui n'ont jamais été adoptés par la Chambre.
À la page 229, il ajoute:
[...] on aurait tort de prétendre que ces mêmes rapports [...] [qui n'ont pas été adoptés par la Chambre] ne reflètent pas l'opinion de la Chambre, celle-ci s'étant habituellement contentée d'adopter officiellement la motion portant renvoi de l'affaire au comité.
Comme le comité a refusé de voir dans le retard de 77 secondes un outrage à la Chambre ou une atteinte à ses privilèges, essentiellement parce que l'entrée du député avait été retardée de quelques instants seulement, je ne vois pas comment le retard de 74 secondes dont se plaint le député de pourrait constituer un outrage ou une atteinte à ses privilèges.
Lorsqu’un tel retard se produit pendant que la sonnerie d’appel au vote se fait entendre, je comprends qu’il puisse susciter de l’anxiété. Dans ce cas, les députés saisis d’anxiété et incertains quant à la durée du retard peuvent avoir l’impression que celui-ci est beaucoup plus long qu’il ne l’est réellement. C’est certainement la perception qu’ils en ont. Toutefois, un retard de 74 secondes se situe quand même dans les limites de durée d’un feu de circulation, ce qui n’est pas très long. La différence, cependant, est que dans le cas d’un feu, nous savons qu’il finira par passer au vert. Dans des circonstances comme celles qu’a connues le député, il y a une période d’anxiété parce qu’on ne sait pas quand finira le retard. Cela dit, il reste qu’un délai de 74 secondes est minime.
Comme il l’a décrit, la navette était arrêtée dans la voie réservée aux virages à gauche de la rue Wellington. Si elle avait été arrêtée à un feu de circulation, le député aurait-il demandé que la ville d’Ottawa soit accusée d’outrage au Parlement parce que ses feux ne passent pas au vert au passage du porte-parole néo-démocrate en matière de finances? J’espère que ce n’est pas le cas. Si l'autobus vert s’était arrêté à un panneau d’arrêt de la Colline parlementaire, aurait-il fallu accuser d’outrage le ministère des Travaux publics et des Services gouvernementaux? Je ne le crois pas, même si, comme la Chambre s’en souviendra, le avait eu des difficultés avec nos signaux d’arrêt il y a deux ans.
À cette période de l’année, nous avons d’importants groupes de touristes en visite sur la Colline. Il y a des cas où un autobus ou un autre véhicule peut être retenu pendant deux ou trois minutes pendant que des piétons traversent. Faudrait-il que le chauffeur de l'autobus fasse abstraction des règles de la route et omette de céder le passage de crainte de porter atteinte aux privilèges du député de ? Faudrait-il conclure que les touristes ont violé le privilège parlementaire? Ce serait grotesque.
Que serait-il arrivé si l’autobus s’était arrêté à l’un de ses points d’arrêt désignés pour prendre un membre du personnel d’un député libéral? Le petit retard résultant attribuable à la routine quotidienne du chauffeur constitue-t-il un outrage parce qu’il a retardé un député néo-démocrate? Non. Ce serait absurde, en dépit de l’amitié qui existe encore entre les deux partis.
Les exemples que je viens de donner pourraient sembler idiots et insignifiants. Toutefois, si nous considérions systématiquement toute interruption d’un déplacement à destination de l’édifice du Centre comme constituant de prime abord une violation du privilège parlementaire, il ne serait pas difficile de voir que cette démonstration par l’absurde peut rapidement devenir la norme ici. Nous avons plutôt besoin d’un point de vue mesuré et raisonné.
Répondant à des rappels au Règlement relatifs à des manifestations entravant l’accès au palais de Westminster, le Président Thomas, à la colonne 38 du compte rendu officiel du 22 janvier 1979, avait exhorté les députés de la Chambre des communes du Royaume-Uni à comprendre que les autorités extérieures ne peuvent pas être jugées en fonction de critères absolus et stricts. Il avait dit:
Je suis d'avis que la Chambre doit se montrer raisonnable à l'égard de cette question. Bien sûr, la Chambre donne ses directives à la police par le truchement du premier ordre sessionnel que nous adoptons. Toutefois, il serait tout à fait insensé et injuste d'exiger qu'en toutes circonstances, les personnes chargées de composer avec un problème majeur à l'extérieur de la Chambre obligent la foule à laisser passer les députés.
Dans le rapport qu'il a présenté en 2004, que j'ai cité précédemment, le Comité de la procédure et des affaires de la Chambre a également conclu que l'accès est un privilège et non un droit absolu. En effet, au 15e paragraphe du rapport, on peut lire ceci:
Nous savons fort bien qu'il faut parfois interdire l'accès à la colline à quiconque par mesure de sûreté ou de sécurité ou pour d'autres raisons. Le problème, en l'espèce, est qu'on l'ait interdit à des députés tout en le permettant à d'autres personnes [...]
Dans son recueil de procédures, intitulé House of Representatives Practice, la Chambre de l'Australie exprime le même point de vue. À la page 126 de la sixième édition de l'ouvrage, il est indiqué:
La sécurité oppose deux principes fondamentaux des traditions et des usages du Parlement. Il y a, d'une part, le droit indéniable dans une démocratie parlementaire d'observer les travaux du Parlement et d'avoir accès aux députés. D'autre part, il faut fournir aux députés et aux sénateurs des conditions leur permettant de faire leur travail en sécurité et sans interférence. Cela est fondamental pour le bon déroulement des travaux du Parlement et il faut établir un équilibre entre ces deux importants principes.
Cette question revient à nouveau dans un document de travail publié en janvier 2015 par le sous-comité sénatorial du privilège parlementaire, qui dit, à la page 58:
Le maintien de la sécurité dans les édifices du Parlement [...] et dans l’enceinte du Parlement [...] sans pour autant limiter l’accès au Parlement pour les parlementaires demeure un dossier en pleine évolution. Bien qu’il soit dans les privilèges collectifs du Sénat et de la Chambre de gérer la sécurité dans leur propre zone, le contexte contemporain peut aussi exiger de la collaboration et certains compromis.
Plus loin, à la page 79 du même document de travail de l'autre endroit, on peut lire ceci:
Il appartient au président de chaque chambre du Parlement et aux chambres du Parlement de s’occuper des questions de privilège de prime abord découlant de tentatives d’obstruction et de brutalité.
Certaines formes d’obstruction physique, comme des mesures de sécurité ou des travaux de construction, peuvent être nécessaires pour le bien du Parlement. Les parlementaires devraient être compréhensifs en cas d’interférence ou de retard raisonnable. En cas de violence, toutefois, les députés peuvent invoquer une atteinte aux privilèges.
Ces extraits nous invitent à favoriser une interprétation du privilège qui soit équilibrée et responsable et soulèvent la question suivante: quel est le but du privilège en question?
Il est bien établi que la Chambre des communes a le droit d’exiger la présence et les services de ses membres. Il en résulte que les députés ont le droit d’accéder à la Chambre afin d’être en mesure de faire acte de présence et d’offrir leurs services.
Jeudi dernier, la Chambre n’a été privée ni de la présence ni des services des députés qui se trouvaient à bord de la navette en question. On peut constater, en consultant les pages 2444 et 2445 des Journaux de jeudi, que le député de et les trois autres passagers qu’il a nommés ont participé au vote qui a eu lieu ce matin-là peu après 11 h 45. En fait, j’ai parlé à l’un des députés qui se trouvaient également à bord de la navette. Il m’a confirmé qu’il a eu le temps non seulement de se rendre à l’édifice du Centre, mais aussi de s’occuper d’une autre affaire avant d’aller à sa place pour voter.
Le député de a mentionné la réunion du comité des finances. D’après le compte rendu de la réunion affiché sur le site Web parlementaire, le député présidait la réunion au moment où a retenti le timbre appelant les députés au vote à 11 h 17. Le comité a convenu de poursuivre la réunion, conformément au paragraphe 115(5) du Règlement. Ce paragraphe est ainsi libellé:
[...] le président d'un comité permanent, spécial, législatif ou mixte suspend la réunion lorsque retentit la sonnerie d'appel pour un vote par appel nominal, à moins qu'il y ait consentement unanime de la part des membres du comité pour continuer à siéger.
Il y a eu consentement unanime puisqu'aucun député présent, pas même le député, ne s'est opposé. La raison pour laquelle la sonnerie retentit pendant 30 minutes pour presque tous les votes, c'est parce que la Cité parlementaire est vaste et qu'il faut que tous les députés aient le temps de se rendre à la Chambre pour voter, en dépit des retards ou des interruptions éventuels qui peuvent survenir en chemin. Or, la réunion du comité des finances, tenue à l'édifice de la Bravoure, ne s'est terminée qu'à 11 h 34; il restait donc environ 13 minutes avant la tenue du vote.
Même si je comprends que le comité des finances a, pour des raisons nobles et bien-intentionnées, continué de siéger pendant la sonnerie et possiblement le vote, pour entendre plusieurs témoins, y compris deux qui comparaissaient par vidéoconférence de différentes villes européennes, il n'est pas raisonnable que le député de se plaigne d'avoir été retardé de 74 secondes, après avoir passé 17 minutes des 30 minutes que dure la sonnerie à poursuivre une réunion de comité. Je signale qu'aucun autre député présent à cette réunion n'est intervenu pour déclarer qu'il y a eu outrage et demander à la présidence de trancher la question.
Cela m’amène enfin à m’interroger sur les motifs pour lesquels les néo-démocrates ont soulevé cette question. Le député d', chef adjoint du NPD, a imploré la présidence de rendre immédiatement une décision ce jeudi après-midi. Il l’a en fait demandé trois fois. Pour sa part, le a pris la parole pour exiger lui aussi une décision immédiate, laissant entendre qu’aucun autre argument n’était nécessaire. Il était tellement déterminé à obtenir une décision qu’il a pris la parole plus tard pour déformer les propos du . Ce dernier n’avait vraiment pas dit qu’il y avait eu violation du privilège, malgré les affirmations du député de
En réalité, l’agitation du leader du NPD avait pour but d’amener la Chambre à se prononcer immédiatement sur une motion pouvant faire l’objet d’un débat, après quoi il aurait été possible d’en discuter davantage dans une certaine mesure. Bien sûr, ce n’était pas une coïncidence si les néo-démocrates ont essayé de retarder et de perturber la période réservée aux initiatives ministérielles pendant toute cette journée. Après tout, nous avons eu droit à trois motions dilatoires avec votes par appel nominal avant même d’en arriver à l’ordre du jour.
Néanmoins, le lendemain, défiant ouvertement l’opinion formulée par son chef adjoint et son leader à la Chambre, selon laquelle aucun nouvel argument n’était nécessaire, la whip adjointe du NPD a pris la parole pour présenter son point de vue sur la question de privilège. Comme on a pu s’en rendre compte, les néo-démocrates cherchaient encore une fois à faire de l’obstruction pour empêcher la Chambre d’aborder les initiatives ministérielles. La députée de a présenté ses arguments – des arguments inutiles selon l’opinion de son chef adjoint et de son leader à la Chambre – afin d’occuper le temps réservé aux affaires du gouvernement le vendredi, après l’échec d’un douteux rappel au Règlement présenté par l’éminent député de
Finalement, nous avons affaire ici non à un effort sérieux et légitime de défense des anciens privilèges constitutionnels de la Chambre des communes, mais plutôt à une tentative éhontée de faire de la basse politique sous couvert de nobles principes.
Monsieur le Président, à mon humble avis, vous avez ici l'occasion d'établir des lignes directrices claires sur ce qui constitue, à première vue, une atteinte aux privilèges d'accès à la Cité parlementaire. La procédure relative aux questions de privilège remonte à 1958, quand l'approche qui était alors en vigueur au Parlement de Westminster fut transplantée ici en raison de la publication de la quatrième édition de la Jurisprudence parlementaire de Beauchesne. Comme on l'explique à la page 1289 de l'ouvrage d’O’Brien et Bosc:
Ce renvoi à la procédure britannique permit rapidement à la présidence, à partir de l'époque du Président Michener, d'écarter les interventions par lesquelles les députés invoquaient à tort et à travers le privilège.
Si nous prenons l'exemple hypothétique du retard de l'autobus vert que j'ai donné il y a quelques minutes, les mesures visant à empêcher les députés de faire des interventions à tort et à travers pourraient maintenant perdre toute valeur. Comme nous pouvons l'imaginer, il n'est pas difficile de comprendre comment un député entreprenant qui est déterminé à entraver et à retarder les travaux de la Chambre se servirait de tous les moyens possibles à cette fin, y compris monopoliser l'attention des députés et forcer le Président à se prononcer chaque fois qu'un autobus vert fait un bref arrêt. Ce comportement est inapproprié. Les retards momentanés, comme celui dont nous avons été témoins jeudi dernier, ne justifient pas l'utilisation par la Chambre de ses énormes pouvoirs pour rendre un verdict d'outrage.
J'aimerais traiter d'un dernier point, d'un précédent, d'un vieux précédent, de la Chambre britannique, qu'on m'a récemment transmis. Il s'agit d'une décision sur une question de privilège rendue le 26 juillet 1951. La question avait été soulevée par M. John Lewis, député de Bolton. Il avait été informé par les whips qu'il devait se présenter pour un vote. En se rendant à la Chambre, il a été intercepté par un policier, qui l'a retenu pour des raisons de sécurité routière. Cela se passait à l'extérieur de la cité parlementaire. Il a affirmé qu'on avait brimé ses droits et privilèges. Il avait montré son laissez-passer au policier, qui savait que ce laissez-passer lui donnait des privilèges et qu'il avait des obligations à remplir à la Chambre. Toutefois, la Chambre — en fait, c'était un comité —, à cette occasion et dans ce cas, a conclu que le député n'avait pas été entravé dans son parcours jusqu'à la Chambre des communes. La Chambre a dit:
Personne n'a tenté délibérément de le retarder. Tout retard à l'entrée Victoria était le résultat de la congestion de la circulation, que les deux policiers tentaient de leur mieux de diriger pour faciliter le déplacement des véhicules. Le député n'a pas été retardé par le refus de l'agent Cordingley de le laisser traverser le chemin Bayswater pour entrer dans le parc par la porte Victoria. Le député a été retardé par la congestion de la circulation à laquelle la police ne pouvait pas remédier immédiatement. De plus, le député aurait probablement été retardé moins longtemps s'il avait suivi le conseil de l'agent Cordingley, D.421, et qu'il avait emprunté le chemin Bayswater en direction de Marble Arch.
L'agent Dale, A.411, qui a dit au député qu'il pouvait poursuivre son chemin sans lui demander son nom, son adresse, son permis et son certificat d'assurance, n'a pas causé de retard et n'a pas fait d'obstruction. Les deux policiers n'ont pas empêché le député de faire son travail, loin de là. Ils ont agi de façon raisonnable et sensée et ont fait tout ce qu'ils pouvaient pour aider le député à se rendre à la Chambre.
Le droit des députés de se rendre à la Chambre ou d'en sortir sans rencontrer d'obstruction est un privilège qui découle du droit indubitable du Parlement de bénéficier entièrement des services de ses députés. Il s'agit d'un privilège accordé à la Chambre des communes et aux députés, de façon individuelle, qui découle des privilèges de la Chambre des communes dans son ensemble ainsi que du droit de la Chambre des communes et de la nécessité d'assurer sa protection et, par le fait même, celle de ses députés.
Le texte se poursuit en présentant un résumé du privilège. La décision se termine ainsi:
Le comité estime qu'aucun des deux policiers n'a fait d'obstruction ni n'a causé de retard. Ainsi, il n'y a pas eu atteinte au privilège du député de la part de l'un ou l'autre des policiers.
Je pense qu'il s'agit là d'un exemple parfait de la situation qui nous occupe, à savoir qu'un agent de police a tenté de gérer la circulation à des fins de sécurité. Comme je l'ai souligné, il s'agissait d'un retard de minimis.
Par conséquent, compte tenu du motif, des précédents que je viens de présenter et, évidemment, de la nature de minimis du retard, je pense, monsieur le Président, qu'il conviendrait que vous informiez la Chambre du degré de retard et du degré d'entrave à la capacité du député d'avoir accès à la Chambre qui donneraient lieu, à première vue, à une atteinte à ses privilèges. Cependant, je suis d'avis qu'un retard de 74 secondes qui n'empêche personne de voter constitue un retard de minimis et s'inscrit tout à fait dans nos déplacements habituels sur la Colline et dans la Cité parlementaire.