propose que le projet de loi , soit lu pour la troisième fois et adopté.
— Monsieur le Président, aujourd'hui, alors que nous amorçons le débat final sur le projet de loi antiterroriste après en avoir discuté pendant des mois et y avoir apporté des amendements, je suis plus convaincu que jamais que le Canada a besoin de ce projet de loi. Notre pays doit fournir des outils à ses policiers et à ceux qui sont chargés d'assurer notre protection et notre sécurité.
J'aimerais tout d'abord citer un article paru la semaine dernière dans le National Post. Cet article a été écrit par Danny Eisen, qui est le cofondateur de la Coalition canadienne contre le terrorisme et qui a perdu un parent lors du détournement d'un avion d'American Airlines le 11 septembre.
Des voix: Oh, oh!
M. Steven Blaney: Monsieur le Président, j'invite les députés de l'opposition à écouter cet important discours sur la sécurité de notre pays, à ne pas hésiter à formuler des commentaires par la suite, durant le temps qui leur est alloué pour poser des questions, et à respecter cette personne qui défend son pays et qui a perdu quelqu'un dans un acte terroriste. Je sais que les députés de l'opposition ont de la difficulté à appeler un chat un chat, mais, le 22 octobre dernier, nous avons été attaqués, ici même, par un terroriste.
Permettez-moi de poursuivre mon discours et de citer M. Eisen. Je le remercie d'être venu au Parlement pour appuyer ces mesures importantes. J'invite tous les députés qui semblent ne pas prendre le terrorisme au sérieux à écouter ce qu'il a dit et ce qu'il a écrit la semaine dernière dans le National Post:
Les attaques contre le World Trade Center, le massacre dans le centre d'affaires à Mumbai, en Inde, les plans déjoués des 18 de Toronto (notamment une attaque contre le district d'affaires de Toronto [ici au Canada]), et les attaques contre les centres commerciaux au Kenya, pour n'en nommer que quelques-uns, visaient non seulement à tuer, mais à cibler les pays en fragilisant leur économie.
Les députés m'ont entendu dire, à maintes reprises, qu'il n'y a pas de liberté sans sécurité. J'ajouterais qu'il n'y a pas de prospérité sans sécurité. Voilà pourquoi nous avons maintenant l'occasion d'appuyer ces mesures antiterroristes. Ce matin, j'ai l'occasion de les présenter et j'aimerais remercier mon collègue, le , qui est député d', ainsi que mes collègues conservateurs qui nous ont appuyés, depuis le 22 octobre, dans l'élaboration de mesures conçues spécifiquement pour faire face à la menace djihadiste internationale à laquelle notre pays est confronté.
[Français]
Notre gouvernement a fait la preuve, par ses actes et ses engagements, que nous allions nous tenir debout face à ceux qui veulent semer la peur, que nous allions répondre de façon mesurée, mais que nous n'allions pas demeurer inactifs devant cette menace. C'est la raison pour laquelle nous avons présenté nos mesures pour lutter contre le terrorisme.
L'une de ces premières mesures prend son origine dans les recommandations qui ont été faites à la suite de la plus grande tragédie aérienne d'inspiration terroriste que le Canada ait connue, soit l'affaire Air India. Nous répondons à l'invitation qui avait été faite à ce moment-là de permettre que les différentes agences gouvernementales fédérales puissent partager de l'information en matière de sécurité nationale.
C'est la raison pour laquelle nous souhaitons mettre en avant la Loi sur la sécurité de l'échange de renseignements au Canada. Cette loi apportera des changements indispensables à la façon dont les ministères et les organismes du gouvernement fédéral pourront échanger des renseignements qui pourraient être importants pour déceler une menace éventuelle à la sécurité nationale.
[Traduction]
Certains opposants ont faussement affirmé que cette mesure législative ciblerait les manifestants ou élargirait considérablement la taille et la portée du gouvernement. Ce n’est pas le cas.
Je vais citer le juge John Major, l’auteur du rapport de la commission d’enquête sur le vol d’Air India, qui a dit: « [les organismes] ne fabriqueront pas de toutes pièces des motifs pour s’immiscer dans la vie privée des citoyens qui n’ont aucune bonne raison d’être soupçonnés de quoi que ce soit. »
[Français]
Certes, nos organisations gouvernementales ont toujours respecté, à juste titre, les lois sur la protection de la vie privée. Toutefois, il est devenu bien trop évident que les entraves d'ordre juridique régissant l'échange de renseignements peuvent, dans certains cas, gêner la capacité du gouvernement de déceler les menaces à la sécurité nationale. La question est simple: allons-nous laisser les terroristes exploiter le fait que le gouvernement travaille en silo pour porter des attaques contre la population canadienne?
La réponse est claire: c'est non.
De plus, nous faisons cela en respectant la vie privée des gens de même que la Constitution et en donnant aux agences fédérales la capacité de partager de l'information qui pourrait porter atteinte à la sécurité nationale. Je voudrais préciser que, dans les amendements apportés au projet de loi, il a été spécifiquement clarifié que les protestataires n'étaient nullement touchés par cette capacité d'échanger de l'information.
En effet, les menaces auxquelles nous sommes confrontés sont de plus en plus diversifiées et complexes, et il est temps que nous mettions en place un cadre de sécurité plus solide qui permettra l'échange de renseignements, à l'appui des objectifs en matière de sécurité nationale. Nous sommes assurés que les organisations gouvernementales exerceront ces pouvoirs d'une manière responsable, respectueuse de la vie privée et de la sécurité et conformément aux lois canadiennes.
[Traduction]
Qui plus est, il y a déjà des mécanismes appropriés en place qui feraient contrepoids au nouveau pouvoir créé par cette loi, comme des examens par le commissaire à la protection de la vie privée et le vérificateur général.
Je vais maintenant passer à la deuxième amélioration qu’apporte le projet de loi, soit le programme de protection des passagers. Il y a deux changements importants à ce sujet. Le premier est de donner au programme une solide base juridique, c’est-à-dire la Loi sur la sûreté des déplacements aériens.
[Français]
Comme la Chambre l'a entendu, le programme a jusqu'ici été exploité en vertu des autorisations prévues dans la Loi sur l'aéronautique, puisqu'il faisait uniquement fonction d'outil pour la sécurité aérienne. Son mandat actuel consiste à identifier les personnes susceptibles de représenter une menace pour la sécurité aérienne et à prendre des mesures pour contrer cette menace, par exemple, en empêchant ces personnes de monter à bord d'un aéronef.
Essentiellement, au moment où on se parle, la loi fait en sorte que, si une personne souhaite s'attaquer à un avion, il est possible de la mettre sur cette liste de passagers à haut risque et de l'empêcher de monter à bord d'un avion. Toutefois, si nous nous retrouvons dans la situation que nous avons vue au cours des dernières semaines, alors que de jeunes montréalais souhaitaient se déplacer au Moyen-Orient pour commettre des actes terroristes et que cette information est portée à l'attention des agences concernées, il sera possible, au moyen de cette loi, de les empêcher de monter à bord. Cela va totalement à l'encontre des valeurs canadiennes que des personnes aillent à l'extérieur du pays et commettent des actes terroristes. De plus, s'ils reviennent au Canada, ils constituent une menace encore plus importante à la sécurité de notre pays.
[Traduction]
Les terroristes djihadistes qui prennent l’avion sont devenus une menace croissante pour les populations à l’étranger et les Canadiens, si ces extrémistes djihadistes reviennent au Canada en tant que guerriers djihadistes convaincus.
Voilà pourquoi nous devons renforcer notre loi actuelle. Voilà ce que font nos mesures antiterroristes. Voilà pourquoi j’invite bien entendu tous les députés à reconsidérer leur position et à appuyer cette importante mesure législative.
[Français]
Cela va renforcer notre capacité de répondre à cette préoccupation croissante en donnant aux autorités la possibilité d'agir dans les cas où il n'est pas encore possible de procéder à une arrestation et d'entamer une poursuite.
Ce mandat élargi prévoira l'utilisation de mesures de sécurité proportionnelles, qu'il s'agisse de refuser l'embarquement ou d'effectuer une inspection supplémentaire à l'aéroport.
[Traduction]
Ces modifications sont évidemment appuyées par l’industrie aérienne. Je vais citer Marc-André O’Rourke du Conseil national des lignes aériennes du Canada, qui a déclaré:
[...] comprennent la nécessité de mettre à jour le programme de protection des passagers à la lumière de l’évolution des menaces à la sécurité, et nous sommes toujours en faveur du programme prévu par [...]
Le projet de loi , nos mesures antiterroristes sont vraiment nécessaires en vue d’accroître la capacité de nos policiers et de nos agents du renseignement de nous protéger contre ces menaces.
Par ailleurs, le projet de loi apporterait une amélioration importante au mandat du SCRS. Le SCRS est le Service canadien du renseignement de sécurité, dont les membres veillent à notre protection. Nous voulons les aider à avoir de meilleurs outils pour lutter contre la menace terroriste moderne.
[Français]
Actuellement, le rôle du Service canadien du renseignement de sécurité se limite strictement à la collecte de renseignements concernant les menaces à notre sécurité. Il le fait de façon très professionnelle, et ce, depuis plus de 30 ans. Il recueille ces renseignements et les transmet au gouvernement canadien. Pour ce faire, les enquêteurs du service mènent leurs activités au Canada et à l'étranger.
En conséquence, ils sont souvent les premiers à déceler les menaces à la sécurité du Canada. Ils sont en amont du processus selon lequel il est possible de détecter des menaces à la sécurité, particulièrement en ce qui concerne le terrorisme.
Pourtant, au moment où on se parle, ils n'ont ni le mandat ni l'autorisation légale de prendre des mesures pour perturber les menaces dont ils prennent connaissance dans le cadre de leurs enquêtes.
J'ai eu la chance de préciser que le service canadien est à peu près le seul parmi nos alliés à ne pas être en mesure d'exercer cette capacité à réduire la menace et à poser des gestes en amont, afin d'éviter les conséquences fâcheuses, voire désastreuses ou fatales.
[Traduction]
À vrai dire, cette contrainte empêche le SCRS de prendre des mesures décisives en amont afin de neutraliser les menaces avant qu'elles se concrétisent. Elle empêche aussi le SCRS de mettre pleinement à profit son expertise alors que nous pouvons difficilement nous le permettre.
Je rappelle aux députés les mots de Zuhdi Jasser, président de l'American Islamic Forum for Democracy:
Je n'en reviens pas que [...] la perturbation [...] soit [actuellement] interdite. La perturbation ne signifie pas arrêter ces individus, violer leurs droits de propriété ou les mettre hors d'état de nuire. On ne fait que perturber un complot.
Beaucoup de Canadiens pensent que le SCRS peut faire cela, mais ce n'est pas le cas. Cependant, grâce au projet de loi, le SCRS sera en mesure de neutraliser la menace, au même titre que ses homologues alliés. Ses agents pourront aussi, par exemple, discuter avec les parents d'un jeune sensible à l'attrait de la radicalisation afin d'éviter qu'il s'engage sur cette voie, avant même qu'il se criminalise.
C'est un volet majeur du projet de loi, qui s'arrime aux quatre piliers de la Stratégie antiterroriste, le premier étant la prévention. Quiconque est favorable aux mesures de prévention de la radicalisation a une excellente raison d'appuyer le projet de loi, car les agents du SCRS pourront neutraliser la menace plus en amont.
[Français]
Ces agents constituent un autre exemple concret qui démontre que les mesures du projet de loi sont sensées, raisonnables et équilibrées. Nous avons actuellement ces ressources et ces agents mais ils ne sont pas en mesure de poser ces gestes puisque la loi le leur interdit. Nous allons enchâsser dans la loi cette capacité des agents du service d'agir et, advenant le cas où il pourrait y avoir des atteintes à la vie privée ou aux droits, les agents, un peu comme le font les policiers au pays depuis des décennies, pourront aller chercher un mandat auprès d'un juge qui aura toute la latitude pour autoriser, modifier, voire refuser, les demandes qui sont faites.
Contrairement à bien des propos fallacieux qui ont été rapportés au cours des dernières semaines et des derniers mois, il n'y a là vraiment rien de nouveau sous le soleil canadien, d'autant plus que ces dispositifs existent déjà pour le volet de la collecte de l'information du Service canadien du renseignement de sécurité et que nous les retrouvons de façon courante au niveau des services policiers. Les gens qui s'opposent à ces dispositifs manquent-ils de confiance envers notre système judiciaire? Manquent-ils de confiance envers les juges canadiens? Remettent-ils en question l'indépendance et les compétences de ceux-ci? Il faudra leur poser la question. De ce côté-ci de la Chambre, nous faisons confiance à nos établissements et à nos institutions, et nous sommes pleinement convaincus que les juges canadiens seront en mesure de continuer à faire ce qu'ils font pour les agents du renseignement en ce qui a trait à la collecte de l'information et aux policiers depuis des décennies.
Il est également clair, dans le projet de loi, que certaines activités, comme celles pouvant causer la mort ou un préjudice corporel, sont interdites et ne seraient jamais autorisées ou entreprises. Il faut le rappeler, l'organisation a 30 années de service. Il faut également rappeler que le Service canadien du renseignement de sécurité et ses opérations sont scrutées à la loupe, encore une fois par un organisme canadien qui fait l'envie du monde, le Comité de surveillance des activités de renseignement de sécurité. Cette entité est l'extension du Parlement. Nous avons entendu, au cours des débats, certains parlementaires exprimer le souhait de se pencher sur les questions de sécurité. Ils peuvent le faire ici même. Nous avons un comité de sécurité où les parlementaires sont libres de convoquer toutes les personnes qu'ils jugent bon de convoquer. Ils sont également en mesure de le faire au Sénat. Comme nous l'avons vu tout à l'heure, il y a le commissaire à la protection de la vie privée et le vérificateur général. Il est important de rappeler que, dans les autres pays, nous ne trouvons pas ce modèle canadien qui permet d'aller sur le terrain des opérations. Les autres organismes de surveillance, où les parlementaires sont parfois impliqués, se retrouvent à rencontrer les hauts dirigeants seulement et n'ont aucune perspective de ce qui se passe sur le terrain. Ce modèle a été reconnu par la Cour suprême pour sa capacité à faire l'équilibre entre les droits et la sécurité nationale.
Aujourd'hui et dans les jours qui suivront les parlementaires auront l'occasion de se tenir debout et poser des gestes pour donner des outils à ceux qui nous protègent. Par exemple, nous allons criminaliser la promotion du terrorisme. Nous avons eu des heures de débat. Je tiens à remercier aujourd'hui tous les témoins qui sont venus au comité et qui se sont exprimés avec éloquence, comme, par exemple, la soeur de l'adjudant Patrice Vincent, Louise, qui est venue dire que le Canada a besoin du projet de loi . Tenons-nous debout et ne décevons pas les Canadiens, qui s'attendent à ce que nous les protégions contre la menace terroriste.
C'est exactement ce que font les mesures qui sont devant nous, aujourd'hui, à la Chambre.
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Monsieur le Président, je suis fier de prendre la parole aujourd'hui à propos de l'une des mesures législatives les plus importantes dont la Chambre ait été saisie depuis que je suis député, qui porte sur les deux sujets les plus importants dont nous ayons jamais traité dans cette enceinte: la sécurité nationale et les libertés civiles.
Je suis fier de prendre la parole au sujet du projet de loi en tant que député d'Esquimalt—Juan de Fuca, une circonscription qui joue un rôle clé en matière de sécurité nationale, puisqu'elle abrite la Base des Forces canadiennes Esquimalt et notre flotte du Pacifique, et également en tant que porte-parole du NPD en matière de sécurité publique et député de l'opposition officielle. Le chef de notre parti a adopté une position ferme et fondée sur des principes pour s'opposer au projet de loi C-51, alors même qu'au départ, le projet de loi semblait obtenir un très vaste appui.
Je me rappelle très bien mon premier point de presse sur le projet de loi en tant que porte-parole du NPD en matière de sécurité publique, après l'annonce de notre opposition au projet de loi. Les journalistes m'avaient demandé comment nous pouvions nous opposer à une mesure si populaire, qui obtenait l'appui de 82 % des Canadiens interrogés. Ce matin-là, je leur ai répondu que selon moi, le rôle de l'opposition officielle est d'informer l'opinion publique, et non de la fuir.
De toute évidence, le gouvernement voulait recourir à une politique de peur pour précipiter l'examen du projet de loi à la Chambre des communes. Nous savions qu'il nous faudrait aller à contre-courant, mais j'étais convaincu à ce moment que peu de Canadiens savaient exactement ce que contenait le projet de loi. J'étais aussi convaincu que ceux qui prendraient connaissance de son contenu n'allaient pas aimer ce qu'ils allaient voir.
Ce que les sondages nous ont dit à ce moment-là, c'est que les Canadiens considéraient que les menaces terroristes étaient très réelles, ce que nous reconnaissons nous aussi. Les sondages nous ont en outre appris que les Canadiens croient que c'est à l'État qu'il incombe de faire quelque chose pour contrer ces menaces, mais ils ne disaient rien au sujet du contenu du projet de loi proprement dit.
À l'instar de la plupart des Canadiens, je crois que l'État est chargé de préserver à la fois la sécurité publique et nos libertés fondamentales. En lieu et place de cela, le gouvernement conservateur a choisi de sacrifier nos libertés au nom de la sécurité.
Ce que les conservateurs proposent dans le projet de loi rate doublement la cible. De façon plutôt surprenante, le projet de loi réussit à menacer nos libertés civiles fondamentales et, du même souffle, à proposer des mesures qui, dans de nombreux cas, sont inefficaces ou inutiles. Malheureusement, le gouvernement se fait insistant et refuse d'écouter les juristes, les organismes de la société civile et les dizaines de milliers de Canadiens qui ont manifesté d'un bout à l'autre du pays pour exprimer leurs réserves en la matière.
Malheureusement, le Parti libéral a cédé presque immédiatement à la pression lorsque le gouvernement l'a enjoint à se ranger soit de son côté, soit de celui des terroristes. Nous avons vu un autre exemple, ce matin, dans les observations préliminaires du ministre. Avant même que les Canadiens aient la chance de découvrir ce que contenait le projet de loi, les libéraux promettaient déjà de voter en sa faveur, même si les conservateurs refusaient d'amender les dispositions du projet de loi qui, selon les libéraux, posaient problème. Les libéraux ont même dit publiquement qu'ils ne voulaient pas aller à l'encontre de l'opinion publique au sujet du terrorisme. Or, je crois fermement qu'ils vont maintenant à l'encontre de l'opinion de la population canadienne.
Alors que le débat sur ce projet de loi tire à sa fin, en raison de la 94e motion d'attribution de temps imposée par les conservateurs afin de limiter le débat, j'aimerais souligner de nouveau mes principales craintes par rapport à l'inefficacité du projet de loi et aux menaces qu'il représente pour nos libertés civiles. Pendant le temps qui me reste, j'aimerais me concentrer sur les quatre principaux problèmes que je perçois dans ce projet de loi.
Le premier problème touche la communication d'information. Les conservateurs prétendent que le projet de loi permettrait de résoudre des problèmes grâce à la communication de renseignements concernant l'usage de la violence et la participation à des activités terroristes. Peu de gens verraient d'un mauvais oeil que des organismes gouvernementaux échangent des renseignements de ce genre. Si une personne participe à des activités terroristes ou à des actes violents, il est normal que les organismes gouvernementaux puissent échanger de l'information à ce sujet.
Le projet de loi va toutefois beaucoup plus loin, puisqu'il permettra à toute une brochette de ministères et d'agences gouvernementaux d'échanger de l'information non seulement sur le terrorisme et la violence, mais sur pratiquement tous les sujets. Les renseignements échangés porteraient non seulement sur le terrorisme, mais aussi sur la sécurité nationale, une notion dont la nouvelle définition très élargie inclut, notamment, ce qui pourrait menacer la stabilité économique du Canada, ce qui pourrait menacer ses infrastructures, y compris les pipelines, et même ce qui pourrait menacer ses relations diplomatiques avec d'autres pays. La liste des sujets qui peuvent donner lieu à un échange d'information fait une page complète.
Il n'est pas étonnant que les Canadiens craignent, avec raison, que la protection de la vie privée soit considérablement réduite sous prétexte qu'il est nécessaire de communiquer de l'information liée au terrorisme. Les dispositions sur la communication d'information proposées dans le projet de loi sont d'une portée tellement vaste que, selon les conclusions du commissaire à la protection de la vie privée, elles pourraient permettre au gouvernement de dresser le profil personnel de chaque Canadien.
Nous avons tenté de faire comparaître le commissaire à la protection de la vie privée devant le comité. Après tout, c'est un haut fonctionnaire du Parlement et le conseiller officiel des parlementaires en matière de droit à la vie privée. Par conséquent, nous avons présenté une motion au comité pour entendre son témoignage et discuter de ses préoccupations au sujet du projet de loi. Les conservateurs ont refusé de faire comparaître le commissaire devant le comité de la sécurité publique.
Les conservateurs insistent sur le fait que la dissidence légitime n'entraînerait jamais la communication de renseignements. Pourtant, un agent de police a confié durant son témoignage qu'il s'inquiétait justement à ce sujet et qu'il s'interrogeait sur l'efficacité d'une vaste collecte de renseignements sur les Canadiens. On dit souvent, surtout dans le milieu policier, que rechercher des terroristes revient ni plus ni moins à chercher une aiguille dans une botte de foin — ajouter du foin n'aidera donc en rien la police. Bref, recueillir de l'information sur l'ensemble des Canadiens ne ferait que nuire aux enquêtes sur les véritables menaces qui pèsent sur le pays.
Les libéraux sont d'avis que le projet de loi pourrait être corrigé plus tard, après la défaite des conservateurs. Quoi qu'il en soit, il est important de souligner que la partie du projet de loi concernant la communication d'information ne fait pas partie des points que les libéraux entendent modifier. En fait, ils appuient la communication d'information à grande échelle, même si elle constitue une grande menace pour nos libertés civiles.
La deuxième question qui m'inquiète beaucoup est celle des nouveaux pouvoirs accordés au SCRS pour neutraliser les complots avant que les terroristes ne passent aux actes. Les libéraux souscrivent également à cette disposition du projet de loi . Ces activités du SCRS auraient comme principal défaut d'entrer en conflit avec les activités actuelles de la GRC. Or, le SCRS a été créé justement pour séparer la collecte de renseignements de la neutralisation des complots terroristes. Le projet de loi aurait pour effet de créer un chevauchement des responsabilités susceptible d'engendrer de la confusion. Même le juge Major, que le gouvernement se plaît à citer, reconnaît qu'il pourrait être difficile de savoir qui est vraiment responsable de quoi lorsque vient le temps de neutraliser les complots terroristes.
Le plus troublant dans cette disposition du projet de loi est l'idée d'accorder de très vastes pouvoirs au SCRS. Le projet de loi précise que le SCRS pourrait tout faire sauf commettre des meurtres ou des agressions sexuelles ou encore faire entrave à la justice. Les Canadiens devraient grandement s'inquiéter que, dans une société démocratique, l'on puisse accorder de tels pouvoirs à un organisme se livrant à des activités secrètes.
Le gouvernement nous répète de ne pas nous en faire parce que le SCRS devra obtenir un mandat. Or, ce ne sera pas toujours le cas. Il reviendra au SCRS de prendre la décision. S'il est d'avis que ses activités risquent de violer un droit garanti par la Charte, il devra demander un mandat. Et s'il n'obtient pas de mandat? Il sera quand même autorisé à faire beaucoup de choses.
Les gens qui travaillent dans le secteur des services Internet craignent entre autres que le SCRS change des messages diffusés en ligne ou les supprime, ce qui ne violerait pas nécessairement un droit garanti par la Charte et, aux yeux du SCRS, ne nécessiterait donc pas un mandat.
Le gouvernement va plus loin et se demande pourquoi nous nous inquiétons, puisque les mandats seraient comme n'importe quel autre mandat employé par la police. Mais ce n'est pas vrai. Les mandats qu'obtient la police dans les affaires criminelles visent à garantir la conformité des activités de la police avec la Charte. Ce ne sont pas des mandats autorisant la police à violer la Charte, comme les mandats prévus dans le projet de loi, où le SCRS pourrait demander à un juge d'autoriser à l'avance des violations de la Charte. Une telle proposition soulève de sérieuses questions sur le rôle du système judiciaire dans notre société et sur la primauté du droit.
L'autre chose qui est différente avec ces mandats est que lorsque les policiers en demandent un dans une affaire criminelle, le document en question finit par se retrouver devant les tribunaux et être versé au dossier; il y a donc supervision policière au début et à la fin du processus lorsqu'un mandat est délivré en application du Code criminel. Il y a aussi supervision judiciaire au début et à la fin du processus lorsqu'un mandat est délivré en application du Code criminel. Ces types de supervision ne s'appliquent pas aux nouveaux mandats, qui autoriseraient le SCRS à violer la Charte. Ils seraient exécutés en secret sans que les juges sachent jamais ce qu'il en est advenu.
La troisième préoccupation que j'aimerais soulever aujourd'hui est un autre point prisé par le gouvernement. Le projet de loi créerait une nouvelle infraction pour quiconque soutient le terrorisme en général sans se soucier des conséquences de son acte. Le Code criminel contient l'expression « sans se soucier des conséquences de son acte », mais il n'y est nulle part question de soutenir le terrorisme « en général ». Le projet de loi créerait une infraction ne répondant pas aux exigences fondamentales d'une infraction criminelle normale, qui suppose l'intention et le passage à l'acte. Quelle est l'intention d'une personne qui soutient le terrorisme en général? Il est très difficile de déceler une quelconque intention de faire quoi que ce soit. De quel acte s'agit-il? Il est clair qu'aucun acte n'est accompli dans ce contexte.
Certains ont conclu que cette nouvelle infraction correspond en fait à un genre de crime par la pensée par lequel une personne est passible de poursuites criminelles en raison de ses opinions. Une telle infraction aurait certainement pour effet de dissuader les Canadiens de s'exprimer librement pendant qu'ils essaient de comprendre ce que cette nouvelle infraction peut bien signifier.
Il y a également lieu de réfléchir à sa nécessité. Compte tenu du taux de poursuites fructueuses intentées en vertu du Code criminel actuel, pourquoi avons-nous besoin d'une nouvelle infraction qui aurait un effet aussi dissuasif sur la liberté d'expression? On cherche encore la réponse.
En comité, j'ai demandé au commissaire de la GRC s'il aurait été en mesure de poursuivre l'auteur de l'attentat qui s'est produit ici, à Ottawa, en octobre dernier. Il m'a répondu sans équivoque que, oui, la loi actuelle aurait suffi à intenter des poursuites contre lui.
Nous avons réussi à faire condamner les 18 de Toronto. En ce moment même, un procès se déroule en Colombie-Britannique. De toute évidence, les services de police ont les pouvoirs nécessaires pour intenter des poursuites contre les auteurs d'actes de violence et de terrorisme.
Quatrièmement, je m'interroge sur un élément qui revient à plusieurs reprises dans le projet de loi. Je parle ici de ramener à des motifs raisonnables de soupçonner le critère justifiant une intervention policière. Plus particulièrement, cette notion s'applique au concept de détention préventive et d'engagement assorti de conditions.
À l'heure actuelle, pour que la police mette quelqu'un en détention, elle doit avoir des motifs raisonnables de le faire. Autrement dit, elle a besoin de preuves. Or, le projet de loi donnera le droit aux policiers de détenir une personne de manière préventive et sur la seule base de soupçons.
Il s'agit à mon avis d'un autre élément qui fait tiquer bon nombre de Canadiens, parce que le bilan du Canada en matière de détentions en période de crise est loin d'être reluisant. Pensons seulement aux Ukrainiens, aux Allemands et aux Italiens qui ont été enfermés durant la Première Guerre mondiale, aux Canadiens d'origine japonaise durant la Seconde Guerre mondiale ou aux quelque 500 personnes qui, dans les années 1970 au Québec, ont été jetées en prison parce que les autorités ont invoqué la Loi sur les mesures de guerre. Or, ces personnes n'ont jamais été accusées de quoi que ce soit — ce qui veut dire, bien évidemment, qu'elles n'ont jamais été reconnues coupables de quoi que ce soit non plus.
Une bonne partie des réserves exprimées au sujet du projet de loi portent justement sur cette apparence de conflit avec la Charte des droits et libertés, et de nombreux témoins se sont dits du même avis.
Pendant l'étude en comité, nous avons demandé au gouvernement de déposer les avis qu'il avait reçus sur la constitutionnalité du projet de loi . Nous en avons fait la demande expresse au , qui a invoqué un drôle de prétexte pour se défiler. Il a répondu qu'il ne pouvait pas déposer les avis en question au comité, car il romprait alors le secret professionnel. Ça ne tient pas debout, puisque c'est lui, le client, et que le client a toujours le droit de lever le secret professionnel. Il aurait très bien pu déposer les avis qu'il a reçus. C'est à se demander à quel point les avis des spécialistes du ministère de la Justice quant à la constitutionnalité du projet de loi C-51 étaient fermes.
D'entrée de jeu, les conservateurs ont clairement établi deux choses concernant le projet de loi . Premièrement, ils ne veulent surtout pas que les Canadiens sachent ce qu'il contient. Deuxièmement, ils n'ont pas l'intention d'écouter les Canadiens quand ils parlent de ce qu'il renferme vraiment.
Quand je dis que les conservateurs ne voulaient pas que les Canadiens soient au courant, comment pouvons-nous le savoir? Ils ont précipité et limité le débat à la Chambre. Dans une démocratie, il est important que le Parlement permette au public de connaître la teneur d'un projet de loi dans le cadre du débat que nous tenons dans cette enceinte. Le débat a été limité à trois jours à l'étape de la deuxième lecture. Cela peut paraître long, mais si l'on regarde comment le Parlement fonctionne, dans l'opposition officielle, qui compte quelque 90 membres, seulement six députés sont intervenus sur un projet de loi très important.
Les conservateurs ont tenté de limiter le nombre de témoins pouvant comparaître au comité de la sécurité publique. Ils ont proposé au départ de tenir 3 réunions et d'entendre 18 témoins. Bien entendu, je ne peux pas parler des discussions qui se sont déroulées à huis clos, mais à la fin de ces discussions nous avions prévu de tenir 8 réunions et d'entendre 48 témoins, ce qui est quand même moins de la moitié des personnes qui voulaient comparaître devant le comité. Les conservateurs ont également insisté pour donner un préavis très court aux témoins convoqués à comparaître. Au final, 36 témoins ont comparu devant le comité sur 4 jours.
Si nous voulions que le public puisse suivre les délibérations et comprendre ce que les témoins ont dit au sujet du projet de loi, nous n'entendrions pas 36 témoins en 4 jours.
Le calendrier des séances a également empêché la comparution d'importants témoins, car ceux-ci pouvaient seulement choisir l'une de quatre dates. Certains n'ont pas pu comparaître pour des raisons personnelles ou parce qu'ils avaient d'autres obligations. Un très important témoin devait subir une intervention chirurgicale et un autre avait des obligations professionnelles à l'extérieur du pays. Quiconque ne pouvait comparaître l'un de ces quatre jours ne pouvait tout simplement pas comparaître.
Jeudi dernier, au début du débat à l'étape du rapport et de la troisième lecture, le gouvernement a démontré sa détermination à ne pas soumettre le projet de loi à un débat complet lorsqu'il a imposé l'attribution de temps pour la 94e fois. Les conservateurs prétendent planifier ainsi le calendrier, mais nous ne sommes pas dupes. C'est une motion de clôture. Nous nous sommes donc retrouvés avec seulement deux jours de débat à l'étape du rapport et seulement une journée de débat, aujourd'hui, à l'étape de la troisième lecture. Je sais que bon nombre de mes collègues néo-démocrates qui voudraient intervenir à la Chambre au nom de leurs électeurs n'en auront pas l'occasion étant donné la limite imposée au débat.
J'ai également allégué que les conservateurs n'avaient pas l'intention d'écouter ce que les Canadiens ont à dire. Permettez-moi de vous citer quelques exemples étayant mon hypothèse.
Premièrement, le nombre de témoins a été limité et certains n’ont pu être entendus. J’ai déjà dit que le gouvernement avait empêché le commissaire à la protection de la vie privée de comparaître devant le comité.
Deuxièmement, il y a eu la façon dont les témoins ont été traités devant le comité. Dans certains cas, cela m’a rappelé les audiences de la commission McCarthy aux États-Unis dans les années 1950. De façon éhontée, des membres du gouvernement ont demandé à des représentants de Greenpeace s’ils constituaient une menace pour la sécurité nationale et ils leur ont dit ensuite qu’ils n’avaient pas le temps de les entendre répondre à cette question.
Le premier témoin musulman à comparaître, qui représentait le Conseil national des musulmans canadiens, a été accusé d’avoir une conception laxiste de la terreur et Amnistie internationale a été, pour sa part, accusé d’appuyer des organisations terroristes sans pouvoir réagir à cette calomnie.
Enfin, naturellement, j’ajouterai que le gouvernement a rejeté la totalité des 112 modifications présentées par l’opposition. Les seuls changements apportés au projet de loi sont au nombre de trois, et ce sont des changements très mineurs et trompeurs que le gouvernement a présentés lui-même.
Pour ce qui est du partage de l’information, les conservateurs ont accepté un amendement voulant que l’information devra être partagée en conformité avec la loi. Évidemment que les choses devront en être ainsi. C’est donc un amendement sans aucune conséquence qui a été apporté au projet de loi. Ils ont accepté d’inclure une disposition disant que le SCRS n’aurait pas de pouvoir pour effectuer des arrestations. Naturellement, personne n’a jamais pensé que le Code criminel contient des pouvoirs d’arrestation pour le SCRS.
Les néo-démocrates ont présenté un sous-amendement pour interdire la détention et l’extradition par le SCRS, pour empêcher que cet organisme place des gens en détention à l’étranger et les remette à d’autres autorités. Les ministériels ont dit que rien n’était prévu pour donner au SCRS des pouvoirs de détention et d’extradition, alors nous leur avons demandé de voter cet amendement et de l’inclure dans le projet de loi de façon que le SCRS n’ait pas le pouvoir de détenir des Canadiens au Canada ou à l'étranger, ni de remettre des Canadiens à des gouvernements étrangers. Toutefois, ils ont voté contre cet amendement.
La liste d’interdiction de vol, dont le ministre a parlé dans son discours, sera élargie, mais elle demeure aussi inefficace que maintenant, et dépourvue d’un bon processus d’appel.
Concernant le changement dont le ministre a parlé, des représentants des compagnies aériennes ont comparu devant le comité et déclaré que le projet de loi comporte certains problèmes pour eux. Premièrement, ils n’ont pas été consultés au préalable et, deuxièmement, le projet de loi comporte une disposition disant que le ministre aurait le pouvoir d’ordonner aux compagnies aériennes de prendre toutes les mesures nécessaires pour réagir aux menaces contre la sécurité nationale. Les compagnies aériennes avaient l’impression que le pouvoir de leur ordonner de prendre toutes les mesures nécessaires était un peu trop vaste. Le gouvernement a donc modifié le projet de loi pour se doter du pouvoir de leur ordonner de prendre toutes les mesures jugées raisonnables par le ministre. Le changement n’est pas bien grand.
Le gouvernement a encore une fois imposé l'attribution de temps, et il ne reste plus qu'un jour avant l'adoption du projet de loi . Il est clair que les conservateurs n'écoutent pas, alors que, de toute évidence, les Canadiens, eux, sont à l'écoute. Ils ont pris connaissance du contenu du projet de loi et ne l'aiment pas du tout.
Les conservateurs s'entêtent à vouloir faire adopter le projet de loi , même si l'opposition à celui-ci ne se dément pas, notamment de la part de quatre anciens premiers ministres du Canada, de cinq anciens juges de la Cour suprême, de presque tous les témoins qui ont comparu devant le comité, y compris ceux convoqués par le gouvernement, ainsi que de la vaste majorité des Canadiens. Les Canadiens qui s'opposent au projet de loi C-51 n'auront d'autre choix que de défaire les conservateurs en octobre, tout en se rappelant que l'élection des libéraux ne changerait pas grand-chose à cet égard, puisque le NPD est le seul parti à s'être engagé à abroger cette mesure législative dangereuse et inefficace.
La bonne nouvelle, c'est que nous sommes en 2015 et que, dans quelques mois, les Canadiens auront l'occasion de remplacer les conservateurs par le premier gouvernement néo-démocrate national.
En terminant, je dirais que les néo-démocrates croient qu'il est impossible de réparer le projet de loi dans sa forme actuelle. C'est pourquoi nous avons proposé de supprimer toutes les dispositions de cette mesure législative à l'étape du rapport et avons voté contre celle-ci. C'est aussi la raison pour laquelle je vais proposer l'amendement qui suit.
Je propose:
Que la motion soit modifiée par substitution, aux mots suivant le mot « Que », de ce qui suit:
« cette Chambre refuse de donner troisième lecture au projet de loi C-51, Loi édictant la Loi sur la communication d'information ayant trait à la sécurité du Canada et la Loi sur la sûreté des déplacements aériens, modifiant le Code criminel, la Loi sur le Service canadien du renseignement de sécurité et la Loi sur l'immigration et la protection des réfugiés et apportant des modifications connexes et corrélatives à d'autres lois, parce qu'il:
a) menace le mode de vie des Canadiens en leur demandant de choisir entre leur sécurité et leurs libertés;
b) accorde un nouveau mandat au Service canadien du renseignement de sécurité, très vaste, sans améliorer les mécanismes de surveillance, et ce, malgré les préoccupations soulevées par presque toutes les personnes qui ont témoigné devant le Comité permanent de la sécurité publique et nationale, et malgré les préoccupations soulevées par d’anciens premiers ministres libéraux, par d’anciens ministres de la Justice et par d’anciens solliciteurs généraux;
c) n’inclut pas des mesures concrètes et efficaces éprouvées, tel le soutien aux communautés qui peinent à lutter contre la radicalisation;
d) n’a pas été étudié de façon adéquate par le Comité permanent de la sécurité publique et nationale, qui n’a pas permis au commissaire à la protection de la vie privée du Canada de comparaître comme témoin et n’a pas prévu suffisamment de réunions pour pouvoir entendre de nombreux autres Canadiens qui ont demandé à comparaître;
e) n’a pas fait l’objet d’un débat exhaustif à la Chambre des communes, où le débat a été restreint par l’attribution de temps;
f) a été dénoncé par des experts juridiques, des défenseurs des libertés civiles, des commissaires à la vie privée, des chefs des Premières Nations et par des chefs d'entreprise en raison des menaces qu’il présente pour nos droits et libertés et pour notre économie;
g) n’inclut aucun des amendements proposés par les députés de l’opposition officielle ou du Parti libéral, malgré les vastes préoccupations relatives à ce projet de loi et aux douzaines d’amendements proposées par les témoins. »
:
Monsieur le Président, je suis heureux d'exposer notre position relativement au projet de loi dans le cadre du débat à l'étape de la troisième lecture.
Certains volets du projet de loi sont importants pour la sécurité publique des Canadiens alors que d'autres montrent que le gouvernement veut aller beaucoup trop loin compte tenu de la Charte des droits et libertés. Il faut établir un juste équilibre entre, d'une part, les libertés civiles et la liberté d'expression et, d'autre part, la sécurité publique et nationale.
Si le Parlement fonctionnait comme il le devrait, le projet de loi aurait pu être amélioré à l'étape de l'étude en comité. Quatre amendements ont alors été soumis, dont trois se rapprochaient des propositions du Parti libéral; j'y reviendrai dans un instant. Cependant, d'autres amendements absolument essentiels n'ont pas été apportés, et nous les inscrirons dans notre plateforme électorale pour la campagne qui devrait se tenir cet automne.
Des dispositions législatives semblables à celles que renferme le projet de loi sont nécessaires, comme on peut le constater dans presque tous les pays qui sont alliés avec le Canada ou qui partagent les mêmes valeurs. La lutte contre l'intensification de la menace terroriste, tant au pays qu'à l'étranger, est une réalité à laquelle doivent faire face les États modernes, mais en concertation avec le reste du monde.
Toutefois, il faut que les mesures prises par les gouvernements pour lutter contre la menace terroriste ne représentent pas une autre menace pour les citoyens. C'est en partie ce que font valoir les néo-démocrates, j'en suis conscient.
Le Parti libéral appuie certaines dispositions du projet de loi . Sa position est d'ailleurs claire depuis le début.
Nous avons aussi dit que certaines autres dispositions du projet de loi sont excessives et permettraient, selon nous, une intrusion des organismes nationaux de sécurité dans la vie des Canadiens. Elles sont beaucoup trop radicales.
Je tiens d'abord à parler des gens qui ont participé à une vaste campagne publique et qui s'opposent fermement au projet de loi . Je rappelle que nous recevons des milliers de lettres, de courriels et d'appels de gens des quatre coins du Canada qui s'opposent au projet de loi . J'ai d'ailleurs essayé de répondre à tous les courriels reçus. Parmi ces gens, certains ne connaissent évidemment pas les amendements qui ont été apportés. Je me suis récemment entretenu avec eux et je leur ai posé la question, mais ils croient toujours que le projet de loi est tel qu'il était à l'origine, et c'est correct. Quoi qu'il en soit, je tiens à les remercier de leur participation.
Même si nous appuyons des arguments quelque peu contraires, je suis de ceux qui sont convaincus que tout effort d'activisme pour ou contre une mesure législative est une bonne chose et que c'est un élément important d'une démocratie saine.
J'aimerais parler d'un des amendements les plus importants apportés au projet de loi, parce qu'il y a trop d'opposants au projet de loi . Bien entendu, certains disent, à des fins politiques, que nous devrions rejeter le projet de loi — au diable la sécurité — et continuent d'affirmer qu'aucun changement n'a été apporté au projet de loi. C'est faux.
Une des dispositions les plus aberrantes du projet de loi, dans la partie des définitions, précise: « Il est entendu que sont exclues les activités de défense d’une cause, de protestation, de manifestation d’un désaccord ou d’expression artistique. » Nous avons reçu beaucoup de lettres de gens qui s'en inquiétaient.
Que considérons-nous comme étant une manifestation licite? En tant qu'ancien activiste au sein du mouvement agricole, je me suis, moi aussi, inquiété de ce point. Tout ce que nous faisons dans une manifestation, qu'il s'agisse de causer la fermeture d'une autoroute par l'utilisation de tracteurs ou de bloquer une route lors d'une protestation ou d'une manifestation syndicale, n'est pas tout à fait licite. Cet aspect nous préoccupait, à l'instar d'autres partis. Voilà pourquoi nous avons proposé un amendement pour supprimer le mot « licites », et cet amendement a été adopté. Cette modification procure une certaine garantie ou, du moins, une certaine satisfaction aux gens qui étaient opposés à cette disposition du projet de loi.
Beaucoup de gens nous ont écrit des lettres pour nous dire que le projet de loi crée une nouvelle police secrète. Non, ce n'est pas le cas. Il s'agit certes d'une atteinte flagrante à nos libertés, mais nous n'avons pas affaire à une nouvelle police secrète. Par conséquent, le gouvernement a proposé un amendement, en raison des préoccupations exprimées par les députés ministériels et par d'autres. Cet amendement se lit comme suit: « Il est entendu que le paragraphe (1) ne confère au Service aucun pouvoir de contrôle d’application de la loi. »
Deux autres amendements ont permis d'apporter une restriction relative à la liste d'interdiction de vol et à la façon d'échanger des renseignements.
Félicitations à ceux qui ont participé à des manifestations et qui se sont farouchement opposés au projet de loi , car ils ont réalisé des gains. Certains des amendements qu'ils réclamaient se trouvent en effet dans le projet de loi. Nous aurions tort de ne pas le reconnaître et j'appuie tous ces amendements. J'aurais seulement aimé que le gouvernement en fasse encore plus à l'égard d'autres modifications que nous aurions souhaitées, mais il ne l'a pas fait.
En ce qui concerne les témoins qui ont comparu devant le comité, nous aurions aimé que les audiences soient plus longues et que chaque témoin dispose de plus de temps, mais le gouvernement ne l'a pas voulu. Nous avons entendu entre 46 et 48 témoins. Cependant, si les députés ministériels et néo-démocrates les avaient vraiment écoutés, ils auraient compris qu'aucun d'entre eux ne voulait de ce projet de loi tel qu'il était, mais que très peu estimaient qu'il devait être rejeté. Ils voulaient qu'il soit équilibré. Les témoins et les Canadiens croient, tout comme moi, que la Chambre des communes est capable de trouver un équilibre, de faire en sorte que le projet de loi permette à la fois d'assurer la sécurité et de veiller à ce que les libertés civiles, la liberté d'expression et la Charte des droits et libertés soient aussi renforcées et protégées. Ce n'est pas ce qui est arrivé.
Les néo-démocrates peuvent formuler des observations aussi absolues qu'ils le veulent, mais la réalité, c'est que même ceux qui s'opposaient au projet de loi ont laissé entendre qu'il fallait prendre des mesures en matière de sécurité nationale.
En tant que parlementaires, que devons-nous faire lorsque les organismes de sécurité et les corps policiers — tant ceux du Canada que ceux de l'étranger — nous disent que nous devons adopter des mesures additionnelles pour améliorer la sécurité nationale? Doit-on les ignorer, comme le font les néo-démocrates? Je ne crois pas que nous pouvons faire cela. Nous avons une responsabilité à cet égard. Or, le gouvernement a failli à sa responsabilité d'amender son projet de loi pour veiller à ce que ces pouvoirs n'aillent pas trop loin.
Le gouvernement a complètement manqué son coup jusqu'ici en refusant de recourir aux dispositions de l'article 110. Le gouvernement ne s'est pas servi de ces pouvoirs, et ce, comme le disait le ministre, même s'il sait qu'il y a environ 80 personnes qui contreviennent aux lois canadiennes. Que faisaient-ils et que font-ils encore en liberté, quand on sait que la loi confère déjà au gouvernement une certaine autorité lui permettant de détenir ces personnes et de les arrêter?
Ce que je veux dire, c'est que nos témoins ont demandé un meilleur équilibre. Or, cela ne s'est pas produit et c'est le gouvernement qui en est le seul responsable. J'assume ce que j'ai dit tout à l'heure. Le gouvernement penche trop du côté de la sécurité. Le a eu tout à fait tort d'adopter, dès le début, cette attitude pour promouvoir ce projet de loi. Il a eu tort d'alimenter la peur en faisant croire qu'il y avait des terroristes à tous les coins de rue.
La peur divisera les Canadiens et les dressera les uns contre les autres. Bien entendu, les Canadiens doivent être vigilants et veiller à ce qu'aucun problème ne conduise à du terrorisme ou n'incite des personnes à se livrer à des activités terroristes. Mais il ne convient pas de susciter un climat de peur.
À l'inverse, l'approche du NPD consiste à dire aux gens que leurs libertés civiles sont très menacées, mais qu'ils ne doivent pas s'inquiéter de la sécurité nationale. C'est la perte des libertés civiles qui devrait les effrayer. Ces deux partis représentent les extrêmes. La position de notre parti, elle, constitue un juste milieu. Elle pourrait engendrer une bonification du projet de loi si, dans le régime des conservateurs, le Parlement pouvait exercer ses droits et fonctionner comme il le devrait. Les propositions d'amendement seraient étudiées, de vrais débats auraient lieu et des changements seraient apportés aux projets de loi.
Nous avons un avantage parce que des élections se tiendront probablement le 19 octobre. Les mesures que nous n'avons pas pu faire adopter par le comité seront dans notre plateforme électorale. Les Canadiens auront la possibilité, à ce moment, de décider s'ils veulent qu'une disposition de caducité soit ajoutée à la loi pour que certaines dispositions cessent d'être en vigueur après trois ans. Ils décideront s'ils veulent qu'un examen de la loi ait obligatoirement lieu après trois ans pour que l'on puisse déterminer ce qui a bien fonctionné et ce qui a mal fonctionné. Ils décideront s'ils veulent que tous nos organismes de sécurité fassent l'objet d'une surveillance exercée par les parlementaires à l'échelle nationale, comme c'est le cas dans les autres pays du Groupe des cinq. J'en parlerai dans un instant. Ces mesures seront contenues dans notre plateforme électorale.
Au début du débat sur le projet de loi , mon collègue, le député de , et moi, avec quatre ex-premiers ministres, dont trois libéraux, et d'autres personnes, avons signé une lettre ouverte décrivant deux responsabilités fondamentales du gouvernement, soit assurer la sécurité des Canadiens...
[...] notamment en les protégeant contre les attentats terroristes, et veiller à ce que les mesures à cet égard respectent la primauté du droit et la Charte des droits et des libertés en étant assorties de mesures de surveillance, d'examens et de rapports.
Néanmoins, au cours des audiences du comité, les amendements que nous avons proposés dans ces trois domaines essentiels ont été déclarés irrecevables ou rejetés.
Dans la lettre que nous avons publiée, les ex-premiers ministres ont écrit:
Nous quatre savons très certainement l'énormité de la responsabilité de protéger le Canada, tâche qu'un premier ministre a toujours en tête.
Ils ont ensuite parlé de surveillance plus que de toute autre chose. La lettre est signée, entre autres, par des premiers ministres, d'ex-procureurs généraux, des ministres de la Justice et des juges de la Cour suprême à la retraite.
Ils savent que la reddition de comptes est nécessaire. Ils savent qu'une surveillance appropriée protège le gouvernement et les ministres si des organismes devaient sortir du droit chemin. Je suis déçu que le gouvernement n'ait pas reconnu cela.
En écoutant les réponses du ministre et du secrétaire parlementaire lorsque nous avons soulevé ces questions au comité, nous avons eu l'impression qu'ils ne font pas confiance à leurs propres députés. Dans tous les autres pays, on considère que les parlementaires sont capables de s'acquitter de ce genre de responsabilités. Pourquoi le gouvernement conservateur s'y oppose-t-il tant, alors que son propre , vous, monsieur le Président, son , ainsi que moi-même et d'autres personnes siégeant au comité avons recommandé la mise sur pied d'un comité de surveillance parlementaire de tous les organismes de sécurité, à la suite d'une étude réalisée au Royaume-Uni, aux États-Unis et en Australie? Pourquoi le a-t-il changé d'avis? Il était pourtant l'un des principaux promoteurs de cette idée à ce comité, et voilà que maintenant, pour une raison quelconque, il ne croit plus à ce qu'il appelle une surveillance partisane. Elle n'a pas à être partisane. Ce n'est qu'au cours des huit dernières années, sous la direction du actuel, que la Chambre est pratiquement devenue un lieu de haine, de peur et de partisanerie sans fin, plutôt qu'un lieu où l'on se demande ce qu'on peut faire pour tous les Canadiens et où l'on adopte des mesures législatives dans leur intérêt. C'est l'une des tristes réalités qui caractérisent la présente législature.
Le Parti libéral appuie depuis longtemps l'idée d'exercer une surveillance à l'endroit de nos services de renseignement de sécurité. Dans la foulée des événements du 11 septembre et de la première loi antiterroriste, c'est le gouvernement libéral qui, avec l'appui des ministériels et du NPD, a présenté le projet de loi , qui visait à créer un comité de parlementaires pour exercer cette surveillance.
À ce sujet, qu'ont dit les témoins au comité actuel lors des audiences qui viennent de prendre fin? Voici ce qu'a déclaré Hugh Segal, ancien sénateur conservateur et président du comité spécial du Sénat sur l'antiterrorisme:
En démocratie, l’obligation, de la part des services de sécurité, de rendre compte à l’ensemble du Parlement n’est pas qu’une simple formalité bureaucratique. Au contraire, c’est ce qui permet de faire échec au type de bureaucratie tatillonne pouvant, à son insu, perdre de vue la mission de sécurité dont est investie la démocratie parlementaire, là où le droit et les garanties constitutionnelles, comme la présomption d’innocence et l’application régulière de la loi, doivent protéger tous les habitants, sans égard à leur ethnicité ou origine nationale.
Ron Atkey, ancien député conservateur qui a été le premier président du CSARS, a dit ceci:
J'ai déjà été parlementaire et chien de garde professionnel. Quant à moi, le Parlement et les organismes spécialisés doivent avoir le pouvoir de surveiller nos agences de sécurité. Les Canadiens doivent avoir les deux. Dans notre système de gouvernement, le Parlement est le chien de garde ultime, directement redevable au peuple. Le parti qui détient le plus grand nombre de sièges à la suite des élections fédérales est appelé à former le gouvernement. Mais le Parlement demeure le chien de garde.
Comme je l'ai dit plus tôt, le et l'ensemble du gouvernement ont rejeté cette proposition en particulier.
J'aimerais conclure en disant qu'il ne fait aucun doute que ce projet de loi suscite un vif débat dans la collectivité, et c'est une bonne chose. Comme je l'ai dit, je suis heureux de participer à ce débat avec ceux qui ont des opinions différentes et qui sont près à les exprimer. Des amendements mineurs ont été proposés — notamment en ce qui concerne le retrait du mot « licite » —, et je crois qu'ils permettraient, dans une certaine mesure, de répondre aux préoccupations exprimées quant au risque de porter atteinte aux libertés civiles.
Je continue de croire que le projet de loi soulève des questions au titre de la Charte des droits et libertés, questions que le tribunal pourrait trancher à un moment donné. En ce qui concerne les mesures que le gouvernement a omis d'accepter et d'intégrer au projet de loi — comme la surveillance, les dispositions de caducité et l'examen réglementaire obligatoire au bout de trois ans —, le Parti libéral les ajoutera à son programme électoral et les Canadiens pourront décider à ce moment-là.
Nous devons trouver le juste équilibre entre la sécurité nationale et les libertés civiles. Le Parlement devrait être en mesure de trouver cet équilibre et de l'appliquer. Le gouvernement n'a pas permis que cela se fasse.
:
Monsieur le Président, je partagerai mon temps de parole avec le député de .
C'est un honneur pour moi d'intervenir en faveur de ce projet de loi crucial pour la sécurité nationale, la Loi antiterroriste de 2015. Je suis fier de la façon dont le gouvernement conservateur a géré l'important dossier qu'est la sécurité nationale.
C'est un honneur d'appuyer les mesures que le gouvernement a présentées dans le dossier de la sécurité nationale, que ce soit en réponse aux tragédies de fin octobre — que nous avons instantanément reconnues, à l'instar des Canadiens, comme étant des attentats terroristes —, ou encore celles visant à protéger la valeur de la citoyenneté canadienne.
C'est un privilège de préconiser des mesures qui veillent à la protection des Canadiens — soit, bien entendu, la principale priorité de tout gouvernement. Quel que soit le projet de loi ou la motion dont la Chambre est saisie, je suis mû par un sens aigu du devoir lorsque je défend des positions qui tiennent vraiment à coeur aux Canadiens, comme la mission en Irak et en Syrie. Les Canadiens ne sauront tolérer que le fléau du terrorisme sévisse au Canada, et c'est pourquoi nous ne pouvons permettre à l'ignominie de l'EIIL de se répandre.
J'aimerais profiter de l'occasion de remercier tout d'abord les membres des Forces armées canadiennes, envers qui nous sommes tous très reconnaissants. J'aimerais également remercier les hommes et les femmes qui nous protègent chez nous, la GRC, le SCRS et les autorités policières au pays, qui travaillent sans relâche pour assurer notre sécurité.
Nous, en tant que parlementaires, avons l'obligation de faire ce que nous pouvons pour les aider dans le travail très important qu'ils font. Nous avons adopté la Loi renforçant la citoyenneté canadienne pour protéger les valeurs sacrées de la citoyenneté canadienne. Nous avons adopté la Loi sur la protection du Canada contre les terroristes pour clarifier la capacité du SCRS de mener des activités à l'étranger.
Nous faisons maintenant la promotion de la Loi antiterroriste, qui permettrait à nos organismes de sécurité nationale de s'adapter aux menaces qui évoluent sans cesse. Le Canada, à l'instar de ses alliés, doit moderniser ses lois pour armer les organismes de sécurité nationale dans la lutte contre les terroristes djihadistes qui, comme nous le savons, ont déclaré la guerre au Canada.
La Loi antiterroriste protégerait les Canadiens en autorisant le gouvernement fédéral à communiquer des renseignements qu'il a déjà à ses différents ministères, et ce, à des fins de sécurité nationale. Les menaces actuelles évoluent trop rapidement pour risquer que des renseignements essentiels soient retenus dans l'appareil bureaucratique. Par exemple, si un agent des services consulaires détient des renseignements sur des activités suspectes qui pourraient prévenir une attaque, il doit être en mesure de les communiquer aux autorités compétentes.
La Loi antiterroriste protégerait les Canadiens en renforçant le Programme de protection des passagers, qu’on appelle aussi la liste d’interdiction de vol, de sorte que le gouvernement pourrait empêcher toute personne soupçonnée de terrorisme d’embarquer à bord d’un avion, pas seulement les personnes qui présentent un risque pour un vol en particulier. À l’heure actuelle, les individus radicalisés peuvent embarquer à bord d’un avion s’ils ne présentent pas de risque pour l’avion en question. Ensuite, ils disparaissent dans des camps d’entraînement de terroristes et nous perdons leurs traces jusqu’à ce qu’ils rentrent au Canada, après leur entraînement. Je ne comprends pas comment l’opposition peut rejeter des dispositions aussi simples, qui tombent sous le sens.
La Loi antiterroriste protégerait les Canadiens en pénalisant la préconisation et la fomentation d'infractions terroristes et en permettant au gouvernement fédéral de confisquer du matériel de propagande djihadiste radicale. Le Canada est une société libre et tolérante, mais cela ne signifie pas que nous devons tolérer la propagande haineuse qui fait la promotion de la violence contre des Canadiens. Les Canadiens savent bien que la propagande terroriste est dangereuse et incompatible avec les valeurs canadiennes, et ils veulent que le gouvernement prenne toutes les mesures nécessaires pour éviter qu’elle n’empoisonne les esprits de nos jeunes.
La Loi antiterroriste donnerait au SCRS les pouvoirs nécessaires pour neutraliser les menaces à la sécurité du Canada. C’est une partie importante du projet de loi et, encore une fois, cela tombe sous le sens. En fait, quand je participe à des tables rondes avec des Canadiens, ils ont du mal à croire que le SCRS ne dispose pas déjà du pouvoir de contrer ce genre de menace.
Il est inconcevable qu’un agent du SCRS ne puisse pas poser des gestes simples, comme l’interception d’un courrier afin d’empêcher une rencontre entre un individu radicalisé et un groupe terroriste connu. Encore une fois, ce que nous proposons est plein de bon sens, mais l’opposition se plaît à dénoncer et à exagérer les pouvoirs qui sont prévus dans ce projet de loi.
Le SCRS n’est pas et ne sera jamais une police secrète. Les députés de l’opposition le savent parfaitement. Le SCRS ne peut pas et ne pourra pas fonctionner sans des mécanismes de surveillance et d’examen rigoureux. C’est la raison pour laquelle les pouvoirs liés à la perturbation d'activités constituant une menace seront assujettis à un examen judiciaire, sans compter que le nouveau budget équilibré que le gouvernement vient de présenter propose de doubler les ressources du Comité de surveillance des activités de renseignement de sécurité. Ce comité, le CSARS, est une structure solide, qui assure une surveillance experte et effective du SCRS depuis des décennies. Les agents du SCRS sont souvent capables de neutraliser les menaces en amont. Étant donné l’augmentation du nombre de combattants étrangers et de terroristes djihadistes qui menacent notre nation, il est impératif que nous donnions aux agents du SCRS, hommes et femmes, les pouvoirs dont ils ont besoin pour assurer la sécurité du Canada.
Enfin, la Loi antiterroriste renforcerait la citoyenneté canadienne en donnant aux organismes de sécurité nationale les moyens de protéger et d’utiliser les renseignements classifiés, lorsqu’ils refusent l’entrée sur le territoire canadien à des non-citoyens qui représentent un danger pour le Canada. C’est une autre proposition que les Canadiens jugent très importante et pleine de bon sens. Les Canadiens savent bien que seul le Parti conservateur, sous la houlette de notre actuel, est vraiment capable de les protéger contre des actes de terrorisme.
Qu’il s’agisse de notre citoyenneté, des obligations internationales que nous avons contractées en matière de sécurité ou des hausses budgétaires que nous avons accordées à nos organismes de sécurité nationale, les néo-démocrates et les libéraux votent invariablement contre les mesures que nous proposons. Et quand on leur présente un projet de loi d’une extrême importance, qui va permettre de moderniser nos systèmes de sécurité, ils continuent de s’opposer, d’enfumer le débat et de faire de l’obstruction.
Je suis fier de faire partie du gouvernement conservateur. Je suis fier de notre bilan et du leadership du en matière de sécurité nationale. Je compte voter en faveur de ce projet de loi très important, et j’encourage tous mes collègues à en faire autant, afin que nous puissions protéger les Canadiens contre les terroristes qui nous veulent du mal.
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Monsieur le Président, je suis fier de prendre la parole aujourd’hui à la Chambre pour appuyer la Loi antiterroriste de 2015, parce que le mouvement djihadiste international a déclaré la guerre au Canada.
Depuis l’époque où j’étais ingénieur militaire en Afghanistan au sein des Forces armées canadiennes en 2007, beaucoup de choses ont changé sur la scène internationale avec une augmentation des attaques terroristes contre notre civilisation et nos libertés. Les Canadiens sont pris pour cible par ces terroristes, tout simplement parce que ces terroristes détestent notre société et les valeurs qu’elle représente.
Le terrorisme djihadiste ne fait pas partie des droits de la personne. C’est un acte de guerre. Voilà pourquoi le gouvernement a mis de l’avant les mesures dont nous discutons aujourd’hui en vue de protéger les Canadiens et les valeurs qui font de notre pays le meilleur endroit pour vivre. Voilà également pourquoi le Canada ne reste pas les bras croisés, comme certains le voudraient, et se joint plutôt à ses alliés pour appuyer la coalition internationale contre l’EIIS.
Je suis très fier de prendre la parole à la Chambre pour appuyer ce projet de loi historique.
Le gouvernement a déjà augmenté d'un tiers les ressources mises à la disposition de nos forces policières. Les libéraux et les néo-démocrates ont voté contre ces hausses à toutes les étapes du processus. Le Plan d'action économique de 2015 propose d'augmenter de près de 300 millions de dollars les crédits affectés au SCRS, à la GRC et à l'ASFC afin de renforcer nos efforts antiterroristes de première ligne. Le gouvernement continuera à veiller à ce que nos forces policières disposent des ressources dont elles ont besoin pour assurer la sécurité des Canadiens.
Selon Tom Quiggin, membre du réseau des experts en terrorisme et en sécurité du Canada, il y a, au Canada, un grand nombre de réseaux solides qui s'efforcent de faire avancer la cause de l'extrémisme en recrutant de jeunes Canadiens. Ces réseaux envoient ensuite nos jeunes se faire tuer dans le soi-disant État islamique en Irak, en Syrie, en Somalie ou ailleurs. Ce sont les Frères musulmans qui ont créé ces réseaux. M. Quiggin a dit qu'il faudrait des années pour démanteler ces réseaux extrémistes canadiens et que l'augmentation des crédits affectés à la GRC, au SCRS et à l'ASFC constituait un pas dans la bonne direction.
Les Canadiens ont été très clairs. Ils savent que le gouvernement conservateur, sous la direction du , prend de bonnes mesures pour protéger les Canadiens contre la menace que pose le soi-disant État islamique.
Mes commentaires porteront principalement sur la première partie du projet de loi, intitulée Loi sur la communication d'information ayant trait à la sécurité du Canada.
Savoir, c'est pouvoir, comme le dit le vieil adage. À notre époque, le gouvernement dispose d'une foule de renseignements sur une vaste gamme d'activités menées par les Canadiens. Certains diront peut-être que les premiers ministres libéraux qui se sont succédé ont élargi la taille, l'ampleur et la portée du gouvernement ce qui lui a permis de s'immiscer de façon nettement excessive dans la vie privée des Canadiens, mais il s'agit là d'un autre débat.
Qu'il s'agisse d'un examen des dossiers fiscaux, d'une information obtenue par les agents des douanes à la frontière ou de tout autre incident observé par les agents consulaires, il ressort que le gouvernement du Canada possède une mine de renseignements qui pourraient s'avérer utiles pour les enquêtes de sécurité nationale.
Ce qui est choquant, c'est qu'à l'heure actuelle, il est interdit aux organismes du gouvernement du Canada de communiquer la plupart des renseignements à leurs homologues de la sécurité nationale.
Voici un exemple donné par le commissaire de la GRC.
Un individu qui s'est rendu à l'étranger pour participer à des activités terroristes se présente à l'ambassade du Canada pour obtenir de l'aide consulaire. L'individu en question porte de récentes blessures par balle, et tout laisse croire qu'il a participé à des combats. Il demande des documents de voyage canadiens afin de pouvoir rentrer au pays immédiatement. L'employé de l'ambassade craint que cet individu ne soit impliqué dans des activités terroristes, mais il n'a pas le droit de faire part de ses préoccupations à la GRC. Il doit donc orchestrer une réunion fortuite avec un agent de liaison de la GRC, dans un couloir, afin de l'informer du risque posé par cet individu.
Il est tout à fait ridicule que la main droite du gouvernement ne sache pas ce que fait la main gauche. Voilà pourquoi je suis heureux d'appuyer le projet de loi.
Certains députés, surtout des néo-démocrates, soutiennent que le projet de projet de loi va trop loin, car il autoriserait la communication d'information au SCRS sur toute manifestation d'un désaccord, aussi pacifique et légitime soit-elle, si bien que des gens ordinaires finiraient par être accusés d'être des terroristes.
Je réponds à cela par une question. Comment?
Il suffit de lire le projet de loi pour constater qu'il ne cible aucunement les contestataires. Au contraire, il interdit même l'échange d'information relativement aux activités de protestation ou de manifestation d'un désaccord.
De plus, même si, pour une raison ou pour une autre, une manifestation pacifique dégénérait spontanément en menace pour la sécurité nationale, je ne vois pas du tout quel genre d'information susceptible d'être échangée par le gouvernement pourrait le moindrement susciter la controverse.
On dirait que si les néo-démocrates brandissent constamment le principe des libertés civiles, c'est pour mieux camoufler leurs intentions réelles, à savoir leur opposition pure et simple à toute mesure destinée à accroître la sécurité nationale. À preuve, chaque fois que le gouvernement propose d'octroyer des ressources financières additionnelles pour la sécurité, ils votent contre. Ils ont voté contre la Loi sur la protection du Canada contre les terroristes. Ils ont même voté contre la criminalisation des déplacements à l'étranger dans le but de commettre un acte de terrorisme. J'ai horreur de l'avouer, mais je pense que c'est dû à l'idéologie fondamentalement gauchiste du NPD.
Le député néo-démocrate de a d'ailleurs déjà été candidat pour le Parti communiste du Canada. À l'époque, sa plateforme proposait notamment l'abrogation de toutes les lois nationales en matière de sécurité, y compris la liste d'interdiction de vol. C'est du dernier grotesque, mais on comprend mieux pourquoi le NPD s'oppose aux mesures proposées, qui relèvent pourtant du gros bon sens.
Voyons ce que des Canadiens dignes de confiance pensent du projet de loi. Raheel Raza, présidente du Council for Muslims Facing Tomorrow, affirme que cette mesure législative est un moyen important pour lutter contre la radicalisation et qu'il faut de meilleurs outils pour retrouver les djihadistes qui sont partis à l'étranger. Je la cite:
[...] nous vivons malheureusement dans un monde marqué par le 11 septembre, une réalité qui peut parfois rendre nécessaire la communication de certains renseignements personnels. Pour ma part, cela ne me pose aucun problème [...] Encore là, ce qui importe d'abord et avant tout c'est la sécurité du Canada.
Pour sa part, Tahir Gora, du Canadian Thinkers' Forum, a déclaré ceci:
Lorsqu'il sera adopté par le Parlement, le projet de loi C-51 proposé par le gouvernement aidera aussi les musulmans canadiens à éliminer les éléments extrémistes [...]
Les experts canadiens sont favorables à cette importante mesure législative. Pour ma part, je voterai pour et j'invite tous les députés à faire la même chose.
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Monsieur le Président, je vais partager mon temps de parole avec le député de .
Je dirais que c'est un plaisir pour moi de prendre la parole au sujet du projet de loi si ce n'était du contenu de ce projet de loi et de l'orientation que le gouvernement nous fait prendre d'une manière aussi préoccupante.
Avant toute chose, je tiens à redire que le rôle premier du gouvernement est de protéger les citoyens des menaces, qu'elles viennent de l'intérieur ou de l'étranger. Il peut s'agir de menaces venant de groupes. Il peut aussi s'agir de menaces à nos libertés et à notre sécurité émanant d'un gouvernement qui n'est plus capable de maintenir un semblant d'équilibre et de compréhension de ce que c'est de vivre dans une démocratie libre et juste.
Les conservateurs se soucient tellement de la vie privée et des libertés qu'ils ont annulé le formulaire détaillé de recensement sous prétexte qu'il représentait une trop grande intrusion dans la vie privée des Canadiens et qu'il empiétait sur leurs droits. Or, dans le projet de loi , ils accordent maintenant à l'État le droit de faire des perquisitions et des saisies sans mandat, sans qu'aucune surveillance ne soit exercée par un juge. Réfléchissons-y un instant. Les conservateurs ne voulaient pas que le gouvernement sache combien il y a de salles de bain dans les maisons des Canadiens, mais ils veulent maintenant légitimer et légaliser la perquisition sans mandat, non seulement pour les domiciles, mais aussi pour les courriels et les conversations téléphoniques qui relèvent de la vie privée des gens. Ces pouvoirs extraordinaires sont donnés à l'agence canadienne d'espionnage, mais le projet de loi n'accorde de pouvoir de surveillance accru ni au public ni à aucun organisme de surveillance.
Les conservateurs n'ont absolument pas prouvé que ce projet de loi est nécessaire. Ils ont été incapables de citer un seul incident où une activité terroriste aurait pu être évitée si le projet de loi avait été en vigueur. En fait, au cours des dernières années, il y a eu de nombreuses arrestations liées à des menaces terroristes potentielles, et ce, bien avant que les attentats n'aient lieu, mais les conservateurs affirment qu'il est nécessaire de donner ces vastes pouvoirs au SCRS.
Si ce n’est pas pour des raisons de sécurité légitimes, alors c’est pour quoi? Nul besoin de retourner loin en arrière dans les agissements des conservateurs pour se rendre compte qu’ils poursuivent un objectif caché.
Les conservateurs ont maintes fois désigné leurs ennemis. Nous nous souvenons tous de la fameuse liste des ennemis. Le Cabinet du premier ministre l’appelait la liste des intervenants amis et ennemis en 2013. Il y a eu une note de service émanant du Cabinet du du Canada dans laquelle on demandait aux responsables du gouvernement de dresser la liste de ceux qu’ils considéraient comme des intervenants amis et des intervenants ennemis. Le ministre des Ressources naturelles d’alors, actuellement , en s’en prenant à ceux qui s'opposaient à son cher projet d’oléoduc dans le Nord de la Colombie-Britannique, avait déclaré que ceux qui étaient contre le projet étaient des radicaux financés par l’étranger et des ennemis de l’État.
Il faut considérer ces deux commentaires pour ce qu’ils veulent dire, soit que les gens sont des ennemis de l’État s’ils s’opposent à un projet industriel, un oléoduc hautement controversé auquel s’opposent en fait les deux tiers de la population de la Colombie-Britannique. S’agit-il des nouveaux ennemis de l’État? Est-ce que quelqu’un qui a une opinion et qui a l’audace de s’opposer à une politique du gouvernement ou à un projet de l’industrie qui, soit dit en passant, menace notre mode de vie même dans le Nord de la Colombie-Britannique est un ennemi de l’État?
Trois des éléments du projet de loi suscitent beaucoup d’inquiétude.
Tout d’abord, la définition du terrorisme a été beaucoup élargie pour inclure des choses comme les intérêts économiques et l’opposition à une politique gouvernementale. Si on en vient à considérer comme une activité terroriste toute activité qui va à l’encontre de ce que le gouvernement du moment veut faire, nous devons nous demander dans quel genre de pays nous vivons et quel genre de pays veulent les conservateurs.
Le deuxième élément concerne une mesure qui a déjà été rejetée par un tribunal dans le contexte d’un ancien projet de loi sur la lutte contre le blanchiment d’argent et le terrorisme, mais que les conservateurs veulent une fois de plus imposer, soit les perquisitions et les saisies sans mandat. Le pouvoir de procéder à des perquisitions sans mandat a été invalidé dernièrement par la Cour suprême, mais les conservateurs remettent ça et s’essaient encore une fois. Un principe fondamental de notre démocratie et de toute démocratie libre et sensée veut que l’État ne peut tout simplement pas entrer chez les gens et s’immiscer dans leur vie privée sans l’intervention d’un juge et sans un examen rationnel et adéquat de la situation.
Le dernier élément est important. Le niveau de surveillance est déjà très faible; plusieurs commissions qui se sont penchées sur l’attentat commis contre Air India, par exemple, ont indiqué qu’il fallait améliorer la surveillance. Qu’ont fait les conservateurs? Ils ont élargi les pouvoirs sans améliorer pour autant la surveillance sous quelque forme que ce soit.
Après quelques événements tragiques survenus dans ma circonscription, dont l’un concernait Ian Bush, un jeune homme tué dans une confrontation avec la GRC, la famille Bush et nombre de Britanno-Colombiens sensés se sont battus pendant des années pour que la GRC fasse l’objet d’une meilleure surveillance publique. Les conservateurs s'y sont opposés, affirmant que la surveillance publique de nos forces policières n’était pas nécessaire et que nous rabaissions en quelque sorte la sécurité et les forces policières en osant réclamer une telle mesure. La Colombie-Britannique a néanmoins réussi à mettre en place un mécanisme de surveillance publique de la GRC, tout comme l’Alberta et l’Ontario ont pu le faire pour leurs services de police. Les États-Unis envisagent enfin de faire la même chose. Tout pouvoir extraordinaire s’accompagne d’une responsabilité extraordinaire, et la population a le droit de demander qu'une certaine surveillance soit exercée.
En vertu de ce projet de loi, si les avocats du SCRS, l'agence d'espionnage proprement dite, croient que l'organisme contrevient à notre Charte ou empiète sur les libertés civiles des personnes — en les espionnant, en plaçant leur ligne sur écoute ou en accédant à leurs comptes courriel, par exemple —, le SCRS aura la possibilité d'aller chercher un mandat auprès d'un juge. Certains disent que c'est là un contrôle suffisant, mais le juge ne reverra jamais le SCRS et l'organisme pourra vaquer à ses activités sans craindre d'être inquiété. Le SCRS choisira-t-il d'élargir ses recherches et ses enquêtes sur les Canadiens ou ira-t-il encore plus loin? Ni le juge ni le public ne le sauront jamais puisque le Parlement ne dispose d'aucun mécanisme de surveillance.
Par l'intermédiaire de dizaines d'amendements, nous avons imploré le gouvernement d'intégrer certaines de ces demandes fondamentales et raisonnables. Des 48 témoins qui ont comparu en comité — dont un bon nombre avaient été convoqués par les conservateurs —, 43 ont dit que ce projet de loi laissait à désirer et qu'il nécessitait des améliorations majeures. De nombreux témoins — des experts en matière de sécurité et de libertés civiles — ont dit que le projet de loi devait carrément être jeté à la poubelle. D'anciens juges de la Cour suprême et d'anciens premiers ministres, tant d'allégeance libérale que conservatrice, ont appelé ce projet de loi par son vrai nom: un affront aux valeurs fondamentales des Canadiens. Je crois résolument en la Charte canadienne des droits et libertés, et j'en suis très fier. Je trouve donc extrêmement inquiétant de voir l'impact que ce projet de loi menace d'avoir sur nos droits et libertés, surtout si l'on tient compte du peu de justifications qui ont été données, le cas échéant.
Compte tenu des risques d'attentat terroriste et de la rhétorique des conservateurs, il serait normal de s'attendre à ce que le gouvernement conservateur fasse de la lutte contre le blanchiment d'argent et contre le financement du terrorisme une priorité. Pourtant, au cours des quatre dernières années, l'enveloppe budgétaire accordée à l'Agence du revenu du Canada pour cette lutte n'a pas du tout augmenté. Il n'y a pas eu un sou de plus. Mais l'Agence du revenu du Canada reçoit maintenant plus d'argent pour traquer les organismes de bienfaisance, les ornithologues amateurs, les groupes écologistes, les associations issues des Premières Nations et quiconque a l'audace d'exprimer une opinion différente de celle du gouvernement ou de ne pas souscrire à toutes les politiques des conservateurs. Voilà donc un gouvernement qui prétend vouloir protéger la sécurité des Canadiens, dans leur intérêt, mais qui fait souvent peu de cas de nos libertés civiles et de nos autres droits et libertés, un gouvernement qui se sent autorisé à transgresser les valeurs auxquelles les Canadiens sont profondément attachés.
En tant que représentant d'une circonscription du Nord-Ouest de la Colombie-Britannique, je fais un constat. Les conservateurs ont réussi un exploit peu commun. Ils sont parvenus à faire l'unanimité contre ce projet de loi parmi les propriétaires d'arme à feu, les groupes écologistes, les Premières Nations, les travailleurs forestiers et d'autres groupes représentant l'ensemble du spectre politique dans mon coin de pays. Il est rare que, sur la scène politique, on parvienne à faire l'unanimité contre une idée parmi un grand nombre de groupes aux intérêts divergents. Dans ce cas, il s'agit d'une idée exprimée dans le projet de loi . Elle est odieuse lorsqu'on l'envisage sous l'angle des valeurs canadiennes. Elle est contraire à la Charte canadienne des droits et libertés et représente un choix irrationnel.
S'il faut protéger les Canadiens, sachons les préserver des vrais dangers qui menacent notre sécurité et contre le danger d'un gouvernement qui veut abuser de ses pouvoirs.
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Monsieur le Président, c'est avec plaisir que j'interviens aujourd'hui à l'étape de la troisième lecture du projet de loi . Évidemment, il n'y avait qu'une façon appropriée de traiter cette mesure. Le moment s'est présenté plus tôt dans le processus législatif, à l'étape de la deuxième lecture, quand mon collègue néo-démocrate d' a proposé un amendement motivé demandant que la Chambre refuse de donner deuxième lecture à ce projet de loi. Un autre amendement motivé proposé ce matin allait dans la même veine, et je l'ai appuyé avec plaisir. Il visait à rejeter ce projet de loi afin qu'il ne soit jamais adopté, et à mettre fin aux discussions.
J'aimerais prendre un moment pour remercier le député d'Esquimalt—Juan de Fuca et la députée d', des chefs de file de notre opposition vigoureuse à l'endroit de ce projet de loi, un projet de loi qu'aucun gouvernement canadien ne devrait avoir le culot de déposer à la Chambre, comme l'a fait le gouvernement conservateur. Cette mesure ne mérite certainement pas l'appui de l'opposition, même si les libéraux ont dit l'appuyer. Elle ne mérite pas notre appui parce que sa prémisse même est inacceptable, puisqu'elle suppose qu'il faut absolument sacrifier les droits et libertés des Canadiens pour pouvoir assurer leur sécurité.
J'ai écouté attentivement les conservateurs et les libéraux tenter de justifier cette prémisse. Ils en sont incapables. Ils compensent en recourant à l'hyperbole et à un langage extrême qui leur est propre. Les libéraux, qui se prétendent le parti de la Charte, se rallient aux conservateurs dans ce dossier. Ils craignent ce que les conservateurs pourraient leur faire s'ils s'opposent à eux. Les libéraux se sont retournés contre la Charte et ont accepté d'appuyer un projet de loi qui ne reconnaît plus nos droits comme tels, car — si on suit la logique du projet de loi, des conservateurs et des libéraux — reconnaître nos droits mettrait à risque la sécurité du Canada.
Voilà où nous en sommes : ils consentent à un projet de loi qui donne au Service canadien du renseignement de sécurité de nouveaux pouvoirs radicalement modifiés. Le mandat initialement confié au SCRS était vaste, mais assorti de pouvoirs limités. Il n'était nullement question de pouvoirs cinétiques, comme le pouvoir de perturber des activités, de procéder à des arrestations ou, pour reprendre les mots de Forcese et de Roach: « de poser des gestes envers des personnes dans le monde physique ». Il en est maintenant tout autrement : le projet de loi conférerait au SCRS de tels pouvoirs en imposant très peu de contraintes, si ce n'est que de ne pas infliger de blessures corporelles, de faire entrave à la justice ou de violer l'intégrité sexuelle d'une personne.
Les dispositions du projet de loi autoriseraient le SCRS à prendre des mesures, tant au Canada qu'à l'étranger, pour stopper les menaces quand il a des « motifs raisonnables » de croire qu'il existe « une menace envers la sécurité du Canada ». Les activités visant à stopper les menaces n'ont pas pour objet de brimer un droit ou une liberté garantie par la Charte, à moins que le mandat en application de la loi ne l'autorise. Le projet de loi prend le contre-pied de l'idée des mandats judiciaires. Selon la procédure normale, ces mandats sont conçus pour assurer la préservation ou l'intégrité des droits garantis par la Charte, notamment celui de la protection contre les fouilles, les perquisitions et les saisies abusives. Le système de mandats spéciaux énoncé dans le projet de loi C-51 autoriserait au préalable la violation de droits absolus comme le droit à la protection contre toutes peines cruelles et inusitées.
Cette mesure s'éloigne de la tradition constitutionnelle canadienne et du rôle des juges dans cette tradition. L'article 1 de la Charte permet la violation de ces droits dans des limites qui soient « raisonnables » dans le cadre d'une société libre et démocratique, à condition que ces droits soient restreints par une règle de droit, ce qui signifie normalement que c'est précisé dans une loi, et que cela a été déterminé, de façon démocratique, ici même à la Chambre. Pareille mesure doit, à son tour, s'appuyer sur une justification légale rigoureuse. Cette tradition ne permet pas à un juge de faire une nouvelle exception à un droit garanti par la Charte, contrairement au projet de loi — ou du moins, c'est ce qu'il cherche à faire.
Je vais ajouter quelques complications à cette situation déjà complexe. Premièrement, le projet de loi ne prévoit aucune surveillance des décisions que le SRCS prend lui-même quant au bien-fondé ou au besoin d'obtenir un mandat spécial. Le projet de loi fait en sorte qu'il puisse prendre ces décisions sans la moindre surveillance ou le moindre contrôle.
C'est seulement en cas de problème ou lorsque les activités du SCRS se transforment en enquête criminelle sous la responsabilité de la GRC que de telles décisions peuvent faire l'objet d'un contrôle quelconque, car on ne veut pas non plus — et c'est important — risquer de compromettre d'éventuelles poursuites. Je signale aussi que, lorsque le SCRS demandera l'autorisation préalable des tribunaux pour violer un des droits garantis par la Charte, les délibérations seront gardées secrètes.
MM. Forcese et Roach illustrent la teneur du problème en le comparant aux débats ouverts et publics que tient le Parlement britannique sur la validité des ordonnances d'exclusion visant les citoyens britanniques qui ont rejoint les rangs de l'EIIS ou l'EIIL. Quoi qu'on puisse penser de ces ordonnances, que les débats se fassent au Parlement tranche complètement avec les dispositions du projet de loi, qui prévoit que les discussions connexes se feront devant un juge, que seul le ministère public sera présent et que personne ne sera chargé d'argumenter contre une possible violation des droits garantis par la Charte.
Peut-être que le système des avocats spéciaux s'imposera et sera adopté par les tribunaux, mais ça reste à voir. La seule chose dont nous sommes absolument et totalement certains, c'est qu'aux termes du projet de loi, les tribunaux décideront dans le secret le plus total et à l'abri du moindre contrôle s'il y a lieu d'autoriser le SCRS à violer les droit les plus fondamentaux des Canadiens.
Il y a aussi le problème que les causes devant les tribunaux, dans le cadre du système des mandats spéciaux, ne sont pas limitées au terrorisme. C'est un éventail beaucoup plus vaste d'activités et de conduites qui sont assujetties à ce système. Le terrorisme n'est qu'une activité qui s'inscrit dans les problèmes de sécurité définis au sens large. Il en va de même pour l'entrave au fonctionnement d'infrastructures essentielles et l'entrave à la capacité du gouvernement relativement à la stabilité économique et financière du Canada, par exemple.
Ce libellé général, ou qui peut l'être du moins, fait en sorte que les Premières Nations, évidemment, mais aussi les groupes de la société civile qui revendiquent des positions territoriales à la suite de projets de développement tels que des activités minières ou d'autres activités d'extraction tombent sous le coup du projet de loi et, donc, sont assujetties aux activités perturbatrices spéciales du SCRS et au processus de mandats spéciaux des tribunaux.
Ce libellé général, ou qui peut l'être du moins, fait en sorte que les groupes de la société civile, les groupes environnementaux par exemple, que les ministres conservateurs qualifient d'écoterroristes, qui participent à des enquêtes sur des activités de désobéissance civile concernant l'infrastructure énergétique, par exemple, tombent sous le coup du projet de loi et, donc, sont assujettis aux activités perturbatrices spéciales du SCRS et au processus de mandats spéciaux des tribunaux.
Rien de ce que j'ai dit aujourd'hui vise à nier la menace bien réelle que le terrorisme fait peser sur la sécurité des Canadiens. Comment pouvons-nous nier cette menace? Depuis le 11 septembre 2001, nous avons reconnu la menace, notre vulnérabilité et la nécessité d'intervenir pour nous protéger.
Quelle que soit la haine qui motive l'EIIL à faire ce qu'il fait, nous sommes obligés de reconnaître qu'il a persuadé des Canadiens à quitter le pays pour joindre ses rangs, et au moins deux Canadiens à se retourner contre les leurs ici au pays. Nous ne pouvons pas oublier le caporal Cirillo et l'adjudant Patrice Vincent. Nous ne pouvons pas oublier le 22 octobre, lorsque nous tous ici dans cette enceinte, à tout le moins pour un instant, avons cru que notre heure était venue.
C'est le qui a expliqué le plus simplement et le plus élégamment pourquoi nous ne pouvons pas appuyer le projet de loi lorsqu'il a dit que nous ne pouvons pas protéger nos libertés en les sacrifiant.
Notre défi, c'est de ne pas renoncer à notre identité et à nos convictions lorsque nous avons peur, lorsque nous sommes mis à l'épreuve. Notre défi, c'est d'assurer la sécurité des Canadiens dans un Canada qui protège leurs droits et leurs libertés. C'est la vision néo-démocrate du Canada. Elle diffère de la vision des conservateurs, représentée par le projet de loi , et de celle des libéraux, représentée par leur peur de ne pas appuyer le projet de loi et leur peur des conservateurs.
C'est la seule vision présentée aujourd'hui à la Chambre qui respecte la longue et fière histoire de ce pays et la seule vision qui garantit que nous aurons un long et fier avenir.
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Monsieur le Président, je partagerai mon temps de parole avec le député de .
Je suis très heureuse de donner mon point de vue sur les mesures que prend le gouvernement conservateur pour lutter contre le terrorisme. Le terrorisme n'est pas un problème éloigné qu'il incombe à quelqu'un d'autre de régler. C'est un problème qui nous touche de près.
Nous le savons car le mouvement djihadiste international a déclaré la guerre au Canada et à ses alliés. Les membres du mouvement détestent nos valeurs, notre liberté et notre prospérité. Des Canadiens ont été pris pour cible justement à cause des valeurs qui font du Canada le meilleur pays du monde où vivre, travailler et élever une famille. Tragiquement, nous avons été témoins d'effroyables manifestations de ce mouvement à la fin octobre. Deux courageux membres des Forces armées canadiennes ont été tués de sang-froid par des terroristes djihadistes. Ces événements nous ont amenés à présenter le projet de loi dont nous sommes saisis, la Loi antiterroriste de 2015.
Je suis fière d'appuyer ce projet de loi important qui fait fond sur notre excellent bilan en matière de protection des Canadiens contre le terrorisme et la violence qui s'y rattache. Nous avons pris des mesures pour limiter la capacité des organisations terroristes de recueillir des fonds au Canada en mettant à jour la liste des entités terroristes prévue au Code criminel. Nous avons adopté la Loi sur la justice pour les victimes d'actes de terrorisme, qui permet aux victimes de terrorisme et à leur famille d'exiger un dédommagement financier des États commanditaires d'actes terroristes. Nous avons adopté la Loi sur la lutte contre le terrorisme, qui criminalise le fait de voyager à l'étranger pour participer à des activités terroristes. Nous avons également adopté la Loi sur la protection du Canada contre les terroristes, qui modernise les outils à la disposition de nos organisations de sécurité nationale. Voilà un bilan dont les Canadiens peuvent être fiers.
Il est consternant, mais pas étonnant, que le NPD se soit opposé à nos efforts à chaque étape du processus.
Le projet de loi dont nous sommes saisis aujourd’hui contient quatre éléments principaux. Premièrement, le projet de loi permettrait l’échange de renseignements à l’intérieur du gouvernement. Deuxièmement, il améliorerait le programme de protection des passagers, aussi appelé « liste d’interdiction de vol ». Troisièmement, il érigeait en infraction criminelle la distribution de propagande terroriste djihadiste. Quatrièmement, il donnerait au SCRS les outils pour neutraliser les complots terroristes avant qu’une tragédie ne survienne. Ce sont des modifications pleines de bon sens qui nous protégeraient contre la menace terroriste djihadiste. De ce côté-ci de la Chambre, nous savons que cette menace est bien réelle. Nous l’avons entendu de la bouche de nombreux témoins. Cette menace a évolué; elle augmente; et elle est réelle.
Nous avons aussi été témoins d’attaques planifiées et perpétrées au Canada et ailleurs en Occident. Je tiens à rappeler à la Chambre les paroles inquiétantes du groupe État islamique:
Si vous pouvez tuer un infidèle américain ou européen — surtout un méchant et dégoûtant Français — ou un Australien ou un Canadien, ou n’importe quel autre infidèle parmi les infidèles qui nous font la guerre, y compris les citoyens des pays qui font partie de la coalition contre l’État islamique, remettez-vous-en à Allah et tuez l'infidèle de quelque manière que ce soit.
La menace est bien réelle et nous devons passer à l'action afin de la neutraliser. Voilà pourquoi le gouvernement refuse de rester les bras croisés — même si c'est ce que les libéraux souhaitent — et qu'il a rejoint les rangs de la coalition internationale contre l'EIIS. Des Canadiens crédibles ont affirmé que nous devions prendre des mesures pour contrer cette menace. Plus précisément, ils ont dit que nous devrions mettre en oeuvre les mesures proposées dans notre projet de loi, la Loi antiterroriste de 2015.
Elliot Tepper, professeur à l'Université Carleton, a dit ceci:
Le projet de loi C-51 est la mesure législative en matière de sécurité nationale la plus importante qui a été présentée depuis les événements du 11 septembre 2001.
[Le projet de loi] est conçu pour la période suivant les événements du 11 septembre 2001. Il s'agit d'une nouvelle loi pour les menaces à la sécurité qui se posent au début d'une nouvelle ère. Même s'il est facile de comprendre que diverses dispositions de la loi attirent davantage l'attention, nous devons nous assurer de nous concentrer sur l'objectif et les défis fondamentaux liés à la lutte contre les types de terrorisme émergents.
Le professeur Salim Mansur, de l'Université Western Ontario, a dit ceci:
Le projet de loi C-51 vise les djihadistes islamistes et a pour but de les empêcher de concrétiser leurs menaces terroristes contre les pays occidentaux, y compris le Canada.
[L]es mesures proposées dans le projet de loi C-51 pour gérer les types de menaces auxquelles le Canada est confronté sont tout à fait nécessaires, à mon avis, pour protéger et garantir la liberté de nos citoyens.
Le sous-commissaire du service d'enquêtes sur le crime organisé de la Police provinciale de l'Ontario, Scott Tod, a dit:
Le projet de loi C-51 contient des améliorations qui permettront [à la police fédérale d'échanger] de l'information avec [ses] partenaires du milieu de la justice et du milieu de la sécurité et, ce qui est encore plus important et que nous espérons de tout coeur, avec les partenaires de la collectivité et les tables de discussion gouvernementales conçues pour atténuer la menace terroriste et améliorer la sécurité et le bien-être collectifs.
Il va sans dire que les mesures que nous proposons protégeront les Canadiens contre ceux qui veulent s'en prendre à eux.
Le premier devoir de tout gouvernement est d'assurer la sécurité de ses citoyens, et c'est exactement ce que le gouvernement conservateur est en train de faire. La Loi antiterroriste de 2015 permettra à nos forces policières de disposer des outils nécessaires pour protéger les Canadiens de la menace en constante évolution que les terroristes djihadistes font peser sur eux. Nous rejetons l'argument voulant que, chaque fois que nous parlons de sécurité, nos libertés soient compromises. Les Canadiens savent que leur liberté et leur sécurité sont intrinsèquement liées. Ils s'attendent à ce que nous protégions les deux, et c'est exactement ce que nous ferons grâce à ce projet de loi, étant donné qu'il contient des garanties.
Fondamentalement, nos services de police s'emploient à protéger nos droits et libertés, et ce sont les terroristes djihadistes qui mettent notre sécurité en danger et qui cherchent à nous enlever nos libertés. Qui plus est, nous ne nous excuserons jamais de retirer la propagande djihadiste de la circulation. En fait, les sociétés qui hébergent des sites Web contenant du matériel aussi horrible et les entreprises qui en profitent devraient réexaminer sérieusement leurs modèles d'affaires et s'interroger sur leur manque d'engagement à l'égard des valeurs qui nous tiennent à coeur au Canada.
Partout au pays, les entreprises, grandes et petites, sont tributaires d'une économie forte, de règles claires en matière de conduite sur le marché, de transactions fiables et de données sécurisées. La réalité, c'est qu'elles ne peuvent pas faire de bénéfices si le milieu de la sécurité, tant physique que virtuel, n'est pas stable. Le projet de loi permettra de renforcer la sécurité nationale du pays, ce qui profitera aux entreprises et aux consommateurs.
Il est évident que le gouvernement conservateur est capable de prendre les décisions difficiles qui s'imposent pour assurer la sécurité de tous les Canadiens. J'espère que, lorsque ce très important projet de loi sera mis aux voix demain soir, tous les députés se joindront à moi pour l'appuyer.
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Monsieur le Président, je me réjouis de pouvoir participer à ce débat important.
Selon des sondages récents, la sécurité nationale et la lutte contre le terrorisme djihadiste constituent l’une des grandes priorités des Canadiens de tout le pays. Je déplore que mes collègues d’en face soient aussi nombreux à refuser d’utiliser ce qualificatif pour décrire une nouvelle variante extrêmement dangereuse du terrorisme, et qu’ils refusent de reconnaître que c’est l’un des grands défis que doit relever la société canadienne.
La grande majorité des électeurs de ma circonscription, , le reconnaissent, eux. Au cours des derniers mois, j’ai reçu énormément d’appels téléphoniques de gens qui veulent savoir précisément ce que nous comptons faire pour protéger nos collectivités contre les terroristes djihadistes.
Je suis très fier de pouvoir répondre à chacun d’entre eux que c’est justement l’objectif du projet de loi dont nous débattons en ce moment, la Loi antiterroriste de 2015, et je profite bien sûr de l’occasion pour rappeler le bilan positif du gouvernement conservateur.
Premièrement, nous avons présenté le plan d’action économique 2015, qui va permettre de consacrer près de 300 millions de dollars à la lutte contre le terrorisme djihadiste. Cela s’ajoute au fait que les ressources mises à la disposition de nos agences de sécurité nationales ont augmenté du tiers depuis que nous sommes arrivés au pouvoir. Nous avons répertorié des dizaines de nouvelles entités terroristes à qui nous interdisons toute activité au Canada, y compris le recrutement et les levées de fonds. Il s’agit notamment du groupe État islamique, de Jabhat Al-Nosra, d’Al-Chabaab et d’Al-Qaïda.
Nous avons fait adopter la Loi sur la justice pour les victimes d’actes de terrorisme, afin de permettre aux familles qui ont perdu des proches dans des actes terroristes de demander une indemnisation aux États qui financent le terrorisme.
Nous avons fait adopter la Loi sur la lutte contre le terrorisme, qui permet, avec de nouveaux outils, d’empêcher des individus de se rendre à l’étranger pour se livrer à des actes de terrorisme.
Nous avons fait adopter la Loi sur la protection du Canada contre les terroristes, qui met à la disposition du SCRS des outils plus performants pour lutter contre les menaces à la sécurité du Canada.
Nous avons aussi présenté le projet de loi dont nous débattons aujourd’hui, la Loi antiterroriste de 2015.
J’aimerais rappeler à la Chambre les quatre grands axes de ce projet de loi: la création d’un système d’échange de renseignements intra-gouvernemental; l’amélioration du Programme de protection des passagers, qu’on appelle communément la liste d’interdiction de vol; la pénalisation de toute activité de diffusion de littérature ou de propagande terroriste; et le pouvoir donné au SCRS de perturber toute attaque terroriste planifiée avant qu’elle ne se produise.
Ces mesures sont tout simplement inspirées par le gros bon sens. Il serait complètement illogique que la main droite du gouvernement n’ait pas le droit de savoir ce que fait la main gauche. C’est la raison pour laquelle nous éliminons les cloisons et tout obstacle susceptible de compromettre la sécurité des Canadiens.
Il est illogique que nous acceptions à bord d’un avion des individus que nous soupçonnons de vouloir s’engager dans des activités terroristes à l’étranger. Il est inadmissible que nous laissions des recruteurs terroristes afficher de la propagande en ligne et en toute impunité. Il est inconcevable que nous interdisions à nos agents de la sécurité nationale de prendre les mesures nécessaires pour contrecarrer un complot terroriste.
C’est la raison pour laquelle nous avons déposé ce projet de loi, qui est plein de bon sens, de gros bon sens. Mais comme on dit, le bon sens n’est pas monnaie courante.
La députée néo-démocrate de a dit que « le projet de loi C-51 [...] ne va qu’empirer cette surreprésentation dans nos prisons ». C’est ridicule.
Je vais être clair. Ce que vise le projet de loi, ce sont les terroristes et absolument pas les manifestants, les environnementalistes et autres groupes d’électeurs que le NPD se plaît à imaginer. Il est tout simplement irresponsable de faire du projet de loi un épouvantail en prétendant qu’il va aggraver le taux d’incarcération des Autochtones. Ceux qui ne se livrent pas à des activités terroristes ou qui ne distribuent pas de la propagande djihadiste pourront continuer de vaquer à leurs occupations quotidiennes sans être touchés le moindrement par ce projet de loi.
Si les députés ne veulent pas me croire, j’aimerais leur rappeler ce qu’a dit un ancien juge de la Cour suprême, John Major : « je suis convaincu que les organismes agiront de bonne foi et qu’ils ne fabriqueront pas de toutes pièces des motifs pour s’immiscer dans la vie privée des citoyens qui n’ont aucune bonne raison d’être soupçonnés de quoi que ce soit ».
Ray Boisvert, un ancien agent du SCRS, est allé plus loin en dénonçant des propos selon lesquels « les personnes qui souhaitent manifester vont désormais être la cible des agences de sécurité. Je crois que votre groupe ne devrait pas se targuer d’être aussi important ».
La réalité, c’est que nous sommes en train de prendre des mesures pour éviter que les Canadiens ne deviennent la cible de terroristes djihadistes.
Il n’y a pas longtemps, à peine six mois, nous avons connu deux attaques terroristes sur notre territoire. Nous avons perdu deux vaillants soldats des Forces armées canadiennes. Nous ne devons jamais l’oublier, surtout quand on parle de la modernisation de la législation sur la sécurité nationale.
Pendant que le NPD et les libéraux feront l'autruche en souhaitant que nous n'ayons pas de problème de sécurité nationale, le gouvernement conservateur continuera de prendre les décisions difficiles.
Pendant que le NPD fantasme autant comme autant sur des théories conspirationnistes, comme en témoigne plus particulièrement son scepticisme quant à la mort d'Oussama ben Laden, et que le chef de l'opposition officielle refuse de croire que le Canada a été la cible de terroristes, le gouvernement conservateur continuera de prendre les décisions difficiles.
Pendant que le chef libéral fait des blagues infantiles sur le fait d'exhiber des CF-18, le gouvernement conservateur continuera de prendre les décisions difficiles.
Le fait est que les Canadiens savent qu'ils ne peuvent compter que sur le gouvernement conservateur pour prendre les décisions difficiles pour les tenir à l'abri des menaces terroristes, plus précisément des menaces de djihadistes.
Alors que mon temps de parole est presque écoulé, me reviennent en mémoire des propos tenus au Comité de la sécurité publique par Louise Vincent, la soeur de l'adjudant Patrice Vincent, qui a été tué de sang froid par un terroriste djihadiste. Elle a dit:
Si le projet de loi C-51 avait été en vigueur le 19 octobre, Martin Couture-Rouleau aurait été en prison et mon frère ne serait pas mort aujourd'hui.
Au moment de me prononcer sur cette importante mesure législative, je me rappellerai ces mots. J'espère que mes collègues de l'opposition, les néo-démocrates, les libéraux et les autres, en feront autant.
:
Monsieur le Président, je me lève aujourd'hui pour parler du projet de loi . Ce sera un honneur pour moi de représenter les gens de Pierrefonds—Dollard au cours des 10 prochaines minutes. J'ai reçu nombre de courriels et de demandes au sujet de ce projet de loi.
J'ai fait une visite au cégep Gérald-Godin récemment. J'ai été surprise de constater à quel point les étudiants de ce cégep étaient intéressés par certains enjeux politiques, même à l'échelle fédérale, alors qu'on peut parfois avoir l'impression que c'est loin de leur vie de tous les jours. J'ai été surtout surprise de constater qu'ils connaissaient ce projet de loi par son nom et qu'ils étaient capables de donner un bref résumé du projet de loi quand je le mentionnais. Cela veut dire qu'il s'agit de quelque chose d'assez important pour eux et que le mot a circulé dans la communauté par rapport à ce projet de loi.
Avant de continuer, je voudrais simplement souligner que je partagerai mon temps de parole et que je ferai un discours de 10 minutes sur le projet de loi .
Bref, aujourd'hui, comme je l'ai fait au cours des quatre dernières années, je me fais la voix des gens que je représente et j'aimerais partager leurs préoccupations avec la Chambre et le gouvernement conservateur.
J'étais dans le Parlement avec mon bébé, lors de la fusillade de l'automne dernier. Le lendemain, j'étais de retour au Parlement avec mon bébé, parce que j'étais convaincue qu'il ne fallait pas céder à la peur et à l'intimidation. En outre, je croyais que le Parlement était capable de veiller à la protection des parlementaires, des touristes et des Canadiens en général qui se trouvaient ici. S'il y a un espoir qui nous a tous animés, à la suite de ces événements tragiques, c'était l'espoir que les parlementaires travailleraient ensemble pour trouver une solution qui correspondrait vraiment à la gravité de la situation, sans que ce soit nécessairement une réponse spontanée à cette menace, à cette intimidation et à cette peur.
Malheureusement, j'ai l'impression, et je ne suis pas la seule, que le projet de loi est en fait une réponse qui contredit les espoirs que nous avions à la suite des événements tragiques. C'est une réaction qui utilise non seulement des arguments basés sur la promotion de la peur, des arguments politiques partisans, mais aussi — et c'est plus important que tout le reste — des arguments qui n'ont pas réussi à convaincre l'opposition officielle ni à écouter et à prendre en considération toutes les critiques, les commentaires et les suggestions des experts et des groupes citoyens, partout au Canada.
Dans un débat aussi important et aussi sensible, un gouvernement responsable a le devoir de s'assurer d'unir les gens autour d'un combat et de mesures intelligentes, plutôt que de diviser et de propager de l'information qui peut sembler partisane et démagogique.
J'ai parlé plus tôt des citoyens que je représente et qui m'ont écrit.
[Traduction]
Au cours des dernières semaines, j'ai reçu une cinquantaine de courriels, de lettres et d'appels téléphoniques de la part de personnes que je représente à la Chambre des communes et qui se préoccupent du projet de loi . Je tiens à les remercier d'avoir participé à leur démocratie, mais aussi de m'avoir fait part de leurs préoccupations.
Mme Fine a écrit:
Je vous écris pour vous inviter à vous opposer fermement au projet de loi C-51 qui est irresponsable, dangereux et inefficace. Je vous demande de vous ranger du côté des Canadiens et de voter contre cette mesure législative.
C'est précisément ce que je vais faire. Je vais voter contre le projet de loi . Elle a aussi dit:
Si ce projet de loi est adopté, le gouvernement pourrait espionner quiconque, à n'importe quel moment, sans que cette personne sache qu'elle en a été victime. Je ne peux imaginer que nous voulions créer une force de police secrète et sombre qui ne justifiera pas ses actes et qui bafouera nos libertés.
Je remercie Mme Fine de m'avoir écrit. Elle n'est pas la seule à l'avoir fait pour me faire part de ce type d'inquiétudes. Ces préoccupations sont fondées non seulement sur ce que l'opposition affirme, car le gouvernement a tenté de blâmer l'opposition d'avoir fait peur aux gens concernant le projet de loi , mais aussi sur les renseignements que des experts et des groupes inquiets ont transmis à la population canadienne concernant ce projet de loi.
Une étude a récemment été réalisée en comité. Il est déplorable que le gouvernement n'ait pas tenu compte de l'avis de nos experts canadiens en la matière ou qu'il ne leur ait pas accordé plus d'attention.
J'ai un autre courriel de quelqu'un qui ne réside pas dans ma circonscription, ce qui est intéressant. Cette personne reste à Baie-d'Urfé, qui est une municipalité représentée par un député libéral. Bien entendu, cette personne n'a pas eu de discussion ouverte avec son député parce que les libéraux ont vaguement affirmé qu'ils allaient effectivement voter pour le projet de loi même s'ils ne l'appuient pas. Nous ne comprenons pas vraiment cette position, mais nous savons que ce député n'appuierait pas l'auteur de ce courriel.
M. Lahey a écrit ceci:
De nombreuses personnes, dont moi, sont très préoccupées par l'adoption du projet de loi C-51.
J'ai moi-même examiné ce projet de loi, et je m'inquiète de la disparition de la protection de la vie privée qu'il sera difficile d'empêcher et des conséquences des opérations secrètes [...] le projet de loi semble même permettre le recours à la torture.
Plus loin, dans la lettre, on peut lire:
Il est évident que le projet de loi profite de cet événement...
Il fait allusion à la tragédie qui s'est produite au Parlement l'automne dernier.
[...] pour cautionner ce réaménagement en profondeur du système de renseignement aux dépens de la souveraineté personnelle et de la vie privée de tous les citoyens.
Plus loin, il ajoute:
Je vous en prie, faites-vous entendre un tant soit peu sur cette question lorsque que vous passerez à la dernière lecture du projet de loi et qu'il sera temps d'en débattre.
Le pays n'a pas besoin de ce projet de loi et il ne VEUT pas qu'il soit adopté. Je suis persuadé de cela.
Je remercie M. Lahey d'avoir pris le temps d'examiner les conséquences. Je suis entièrement d'accord avec lui: il faut empêcher l'adoption de ce projet de loi.
M. Mojtahedi écrit ceci: « Je veux vous remercier, vous et les autres députés du NPD, de vous opposer au projet de loi .
Et il ajoute:
Nous ne devrions pas rester muets lorsque le gouvernement dépense des quantités massives de deniers publics et surtout lorsqu'il limite nos libertés civiles au lieu de combattre les dangers plus importants qui menacent la sécurité publique.
Un autre électeur de ma circonscription écrit ceci:
Je constate à la lumière de certains sondages que le projet de loi est de moins en moins populaire et fait constamment l'objet de critiques de plus en plus nombreuses. M. Allan Gregg, un ancien sondeur du Parti conservateur, vient d'exprimer sa ferme opposition. Pourriez-vous me rassurer? Je voudrais être certain que vous ne baissez pas les bras au Parlement. Pourriez-vous m'indiquer quels autres gestes pourraient être faits à l'échelle locale pour vous aider?
Je peux donner à M. Roloff l'assurance que je continuerai de lutter contre le projet de loi avec mes collègues du NPD. Le combat n'est pas fini.
Nous avons fait du porte-à-porte avec de nombreux bénévoles pour informer les gens sur le projet de loi . Nous leur avons demandé ce qu'ils en pensaient et nous leur avons offert de signer une pétition. Après m'avoir indiqué qu'il était totalement contre le projet de loi C-51, un homme a refusé de signer la pétition parce qu'il avait peur de fournir des renseignements personnels sur lui que le gouvernement pourrait utiliser pour l'espionner après l'adoption du projet de loi C-51. On voit bien que les gens ont peur de ces nouveaux pouvoirs et des répercussions du projet de loi C-51.
[Français]
Plusieurs autres personnes m'ont écrit pour me faire part de leurs craintes. Elles veulent que le Parlement s'oppose au projet de loi . Elles veulent au moins qu'il réfléchisse et écoute les préoccupations des Canadiens et des experts. C'est la raison pour laquelle le NPD est là, et c'est pour cela que nous voulons que les conservateurs prêtent une oreille plus attentive aux préoccupations soulevées partout au pays.
:
Monsieur le Président, en cette semaine de commémoration du 70
e anniversaire de la fin de la Seconde Guerre mondiale, dans laquelle les alliés sont partis défendre la liberté et la démocratie, je ne peux m'empêcher de faire un parallèle avec le projet de loi dont nous débattons ici, puisque celui-ci vient réduire nos libertés si durement conquises. N'avons-nous rien retenu de ces épreuves? Pourtant, aujourd'hui, ce gouvernement montre à tous les Canadiens et Canadiennes qu'il bafoue les principes de base de la démocratie. Il muselle l'opposition en écourtant le débat sur un projet de loi touchant un sujet aussi important que la sécurité.
La raison de ce bâillonnement est toute simple: en comité, 45 témoins ont affirmé que ce projet de loi devait être modifié et que, dans son état actuel, il était mauvais. Il s'agit bien de 45 témoins; ce n'est pas rien, surtout quand nous savons que la plupart d'entre eux venait du gouvernement. Avec de tels témoignages et une telle opposition venant de la société civile et des experts, le ou le aurait dû comprendre que le projet de loi n'était pas la meilleure proposition pour répondre aux défis de la sécurité publique. Ce projet de loi n'a pas été élaboré en consultation avec les autres partis qui, par ailleurs, reconnaissent la menace terroriste et appuient l'adoption de mesures concrètes et efficaces pour assurer la sécurité des Canadiens. Ce n'est pas ce que fait le projet de loi , qui vise plutôt à brimer nos droits et libertés, les droits fondamentaux des Premières Nations et le droit de différents groupes de la société civile de manifester, pour ne donner que quelques exemples.
Quand nous avons reçu le budget, avec presque deux mois de retard, j'espérais voir une bonne enveloppe budgétaire accordée à la lutte contre le terrorisme. J'ai vu ce qui était inclus dans ce budget, j'ai regardé le montant et à ma grande surprise, l'argent n'était pas là. Pour l'Agence des services frontaliers, pour le Service canadien du renseignement de sécurité et pour la Gendarmerie royale du Canada, l'enveloppe est d'un peu moins de 300 millions de dollars sur cinq ans. Cinq ans! Avant 2017, ces agences vont pouvoir toucher collectivement moins de 20 millions de dollars pour s'attaquer au terrorisme. C'est une goutte d'eau dans un océan et c'est rire du travail que font nos services de police. Ceux-ci sont pris à la gorge et sont obligés de déplacer leurs effectifs pour faire le travail qui leur est demandé. Ce budget ne leur accorde que des miettes pour faire leur travail.
Quand un gouvernement prétend être présent pour la sécurité de ses communautés, de ses collectivités, de ses villes et du pays entier pour servir les citoyens et pour assurer la sécurité nationale, il doit passer de la parole aux actes. Il faut donner l'argent nécessaire. Il faut déplacer des fonds et s'assurer d'en donner à nos forces de l'ordre pour qu'elles aient les moyens d'agir. Or cela n'est présent ni dans le projet de loi ni dans le budget de 2015 qui a été déposé par le gouvernement conservateur. Je suis extrêmement déçue de constater le manque de leadership du gouvernement et le manque flagrant de sérieux qu'il accorde à la lutte contre le terrorisme et la radicalisation. Il manque beaucoup de choses dans l'approche bâclée des conservateurs. Par exemple, il aurait été intéressant que ceux-ci proposent un travail contre la radicalisation. Différents acteurs en ont parlé. Cela se fait notamment dans certaines de nos régions et de nos communautés et c'est également le cas aux États-Unis.
Les termes de la loi sont en effet très flous mais très larges en même temps. Ils sont tellement larges que nous pouvons considérer n'importe quelle action de protestation comme étant un acte de terrorisme.
La définition du terrorisme que l'on retrouve dans ce projet de loi va comme suit:
[...] une activité qui porte atteinte à la souveraineté, à la sécurité ou à l'intégrité territoriale du Canada, [...] entrav[e] le fonctionnement d'infrastructures essentielles [...] [ou] la stabilité économique et financière du Canada.
À première vue, on a du mal à voir le terrorisme dans ces éléments. C'est une définition qui ratisse bien trop large, si bien que n'importe qui à la Chambre pourrait être condamné pour participation à des actes terroristes pour avoir contesté un pipeline. Le même genre de problème se pose avec la détention préventive. Le moins que l'on puisse dire, c'est que les conservateurs savent jouer avec les mots.
Plus précisément, un juge pourra autoriser une détention préventive, non plus quand il a une absolue certitude qu'il s'agit d'une activité terroriste, puisqu'un soupçon ou un doute suffira: « croire à la possibilité qu'une activité terroriste soit entreprise ». Ainsi, il pourra ordonner l'arrestation d'une personne si cela « aura vraisemblablement pour effet d’empêcher que l’activité terroriste ne soit entreprise ».
Ainsi, les actions entreprises ne seront plus décidées selon une absolue certitude, mais selon des soupçons. Ce n'est pas ainsi que la loi est censée fonctionner. L'information sur les citoyens respectueux de la loi sera compilée et transférée aux autorités policières. C'est du véritable fichage de personnes. Du fichage de personnes! Un des pires instruments des régimes totalitaires voit bel et bien le jour ici, au Canada. Big brother is watching us. Qu'en est-il du droit à la vie privée énoncé dans la Charte canadienne des droits et libertés?
J'entends les arguments des députés de l'autre côté de la Chambre qui affirment que c'est pour la sécurité des Canadiens. Cependant, qui assurera un contrôle strict de cette collecte d'informations, si aucun juge ne vérifie les pratiques et si aucun mécanisme ni aucune autorité n'encadre le travail de cette agence? C'est comme si le loup s'occupait de la bergerie. Il faut mettre en place des contre-mesures et des garde-fous pour prévenir toute dérive et tout abus.
Avec ce projet de loi, les conservateurs veulent nous faire croire qu'il existe un dilemme entre sécurité et liberté. Ils veulent obliger les Canadiens à choisir entre leurs droits et leur sécurité, prétendant que les deux ne sont pas cumulables.
Ce n'est pas notre position au NPD. Pour nous, il n'y a aucun choix à faire. Les deux sont possibles. Ils l'ont toujours été, et le resteront toujours.
Finalement, le terrorisme a gagné. En utilisant la peur, les conservateurs ont réussi à nous faire renoncer à notre liberté. Si les conservateurs pensent agir dans l'intérêt général, ils se trompent totalement. Ils font fausse route, et il est de notre devoir de se tenir debout contre toute mesure qui nuira à nos principes les plus élémentaires.
Plus de sécurité, oui, mais à quel prix? Le gouvernement conservateur trahit les engagements les plus fondamentaux de ce pays, il trahit les valeurs historiques qui sont les nôtres et il trahit les Canadiens et les Canadiennes.
Que dirons-nous à nos enfants?
:
Monsieur le Président, je partagerai mon temps de parole avec le député d'.
Ce soir, nous mettrons aux voix un projet de loi important, la . Je suis fière d'intervenir aujourd'hui pour appuyer cette mesure très importante, qui protégerait les Canadiens contre ceux qui ont promis de nous faire du mal, particulièrement le mouvement djihadiste international.
Ce projet de loi est très bien accueilli par mes concitoyens de Calgary-Centre et par les Canadiens de toutes les provinces et de tous les groupes démographiques. Malgré cela, on entend encore des mythes à son sujet, notamment de la part de l'opposition, comme on a pu le constater aujourd'hui. J'aimerais donc déboulonner ces mythes.
Voici les faits. Malheureusement, comme nous le savons tous, la menace qui plane sur le Canada est maintenant beaucoup plus grave qu'elle ne l'était par le passé. Nous avons été témoins des actes terroristes inspirés de l'EIIL dont ont été victimes nos militaires, que ce soit à Saint-Jean-sur-Richelieu ou à Ottawa. Ici même à la Chambre et sur la Colline du Parlement, nous avons vécu la fusillade du 22 octobre 2014. Ces événements nous ont clairement démontré, à moi comme à de nombreux Canadiens, qu'il faut prendre très au sérieux la menace qui plane sur le Canada.
Heureusement, les autorités ont pu contrecarrer des plans terroristes qui ciblaient notamment le West Edmonton Mall, un centre commercial de ma province.
Le projet de loi assurerait notre sécurité en conférant au SCRS le pouvoir de réagir à de graves menaces afin de protéger les Canadiens.
Par le passé, le SCRS n'avait aucun pouvoir lui permettant de perturber la planification d'une attaque terroriste sur laquelle il détenait des renseignements. Non seulement le projet de loi confère au SCRS le pouvoir de réprimer des complots terroristes, mais il permet aussi aux organismes de sécurité de recevoir de l'information de la part des ministères, de sorte qu'ils pourront protéger les Canadiens des terroristes. Il est important de noter que les activités du SCRS font l'objet d'examens subséquents effectués par les spécialistes qui siègent au Comité de surveillance des activités de renseignement de sécurité, ou CSARS.
Contrairement à ce que le NPD ne cesse de répéter, le droit de manifester sera protégé. En fait, dès le départ, nous avons écouté les Canadiens et exclu les manifestations du projet de loi. Pour être parfaitement claire, je précise qu'en réponse aux commentaires exprimés par les Canadiens à la suite des propos alarmistes tenus par l'opposition, nous avons reformulé le libellé du projet de loi lors de son examen à l'étape du comité. Le libellé mentionnait les activités licites de défense d'une cause, de protestation ou de manifestation d'un désaccord; le mot « licites » a été retiré, pour que demeure le droit des Canadiens de protester en général ou de participer à des actes de désobéissance civile.
Nous avons été à l'écoute. Le droit de manifester est une liberté chère aux Canadiens; le gouvernement le reconnaît dans le projet de loi à l'étude.
Nous sommes aussi conscients qu'il est de notre devoir, si nous voulons protéger les Canadiens contre les nouvelles menaces, d'actualiser les lois en conséquence.
Le projet de loi contient quatre grandes mesures. La première créera un mécanisme de communication de l'information entre les organismes gouvernementaux. La deuxième améliorera le Programme de protection des passagers, aussi connu sous le nom de liste d'interdiction de vol. La troisième érigera en infraction le fait de diffuser de la propagande terroriste djihadiste. La quatrième donnera au SCRS le pouvoir de neutraliser les attentats terroristes avant qu'ils n'aient lieu. Que des mesures sensées, bref, et ça, les Canadiens l'ont compris.
Les électeurs de ma circonscription craignent les dangers que le mouvement terroriste djihadiste fait planer sur le Canada, et ils me l'ont encore dit pas plus tard qu'en fin de semaine. Ils craignent aussi, pour tout dire, la manière dont les néo-démocrates et les libéraux réagissent à la menace terroriste.
Les néo-démocrates préfèrent jouer à l'autruche et nier que les Canadiens sont directement pris pour cibles par les terroristes djihadistes qui haïssent nos valeurs et notre mode de vie. Malgré les nombreuses preuves, le chef du NPD a même refusé d'appeler les terribles attentats perpétrés en octobre par leur nom et d'admettre qu'ils étaient attribuables au terrorisme djihadiste. Quant au chef libéral, il s'en est tenu à des blagues puériles en affirmant que le Canada, en prenant sur lui d'affronter directement la menace terroriste, cherchait surtout à montrer au monde la taille de ses CF-18.
J'aimerais déboulonner quelques-unes des autres faussetés colportées par les néo-démocrates et les libéraux. Et si jamais c'était parce qu'ils n'ont pas fait preuve de la rigueur intellectuelle à laquelle les Canadiens sont en droit de s'attendre qu'ils ont ainsi colporté ces faussetés, qu'ils se rassurent, je suis là pour les aider.
D'aucuns ont prétendu que les manifestants autochtones et environnementalistes pourraient se retrouver dans la mire du SCRS. Examinons le libellé du projet de loi. On peut y lire que les organismes gouvernementaux pourront échanger de l'information concernant toute activité susceptible d'« entraver le fonctionnement d'infrastructures essentielles ». Si je m'arrêtais là, je pourrais effectivement en déduire qu'en manifestant contre la construction d'un pipeline, cette définition s'appliquerait théoriquement à moi.
Toutefois, en lisant l'entièreté de la disposition, force est de constater qu'une manifestation ne remplit pas les critères de la définition, à savoir toute activité « qui porte atteinte à la souveraineté, à la sécurité ou à l'intégrité territoriale du Canada ou à la vie ou à la sécurité de la population du Canada ». C'est une mesure très différente et elle fait la distinction entre une manifestation pacifique contre un pipeline, qui n'est pas visée par cette disposition, et le fait de faire exploser un pipeline et de mettre en danger la vie de Canadiens, qui est visé par la disposition.
J'ai déjà démystifié le mythe voulant que le SCRS n'aurait pas besoin de mandats pour contrer des menaces d'une telle gravité. C'est faux.
Actuellement, le SCRS a les mains liées et il ne peut neutraliser les menaces. Il ne peut même pas approcher les parents d'un présumé radical pour leur demander de dissuader leur fils d'abandonner ses croyances radicales. Sans l'adoption du projet de loi , le SCRS peut parler aux parents uniquement pour recueillir des renseignements. Aux termes du projet de loi C-51, le SCRS pourrait demander aux parents de parler à leurs enfants, afin de contrer une menace ou de les empêcher de participer à des conversations sur des sites de clavardage en ligne.
La radicalisation est une question qui me touche de près. En effet, à Calgary-Centre, la circonscription que je représente, plusieurs jeunes hommes, qui sont nés et ont grandi ici, se sont radicalisés et sont partis en Syrie pour aller rejoindre des groupes terroristes djihadistes, y compris l’EIIL. Les parents de ces jeunes sont naturellement désemparés, et ils ont réclamé l'aide du gouvernement. C'est notamment le cas de Christianne Boudreau, dont le fils a été tué en Syrie après s'être rendu là-bas pour combattre aux côtés de l'EIIS. Elle estime que le gouvernement ne devrait pas se contenter de retirer les passeports des jeunes radicalisés. Même si elle n'aime pas tous les éléments du projet de loi, comme je l'ai dit, elle a demandé au Canada de commencer à sensibiliser les familles afin qu'elles puissent intervenir avant que les jeunes ne se radicalisent. C'est ce que permettrait de faire le projet de loi.
Mme Boudreau a ajouté qu'il y avait de la propagande sur les médias sociaux et sur Internet, et qu'elle était facilement accessible.
Le projet de loi corrigerait ce problème en enlevant la propagande terroriste d'Internet. Il érigerait en infraction criminelle entraînant une peine maximale de cinq ans d'emprisonnement le fait de préconiser ou de promouvoir des activités terroristes. Je signale en passant que la GRC s'est elle aussi lancée dans des stratégies de déradicalisation afin d'empêcher les jeunes de se laisser attirer dans une voie mortelle.
Voici un autre mythe. Certains ont dit que ce projet de loi minerait la liberté d'expression. Le Canada a déjà des lois contre la propagande haineuse, mais elles ne s'appliquent qu'aux propos haineux contre un groupe « identifiable », ce qui peut donc exclure les menaces générales contre le Canada ou tous les Canadiens. Ce sont exactement le genre de menaces que profèrent l'EIIS et Al-Qaïda lorsqu'ils font référence à « l'Occident » ou aux « infidèles » dans leur propagande haineuse. La nouvelle définition nous permettrait de poursuivre les personnes qui en radicalisent d'autres en faisant de la propagande et la promotion de la violence.
Voilà les outils dont nos organismes d'application de la loi affirment avoir vraiment besoin pour faire face à cette menace terroriste. De nombreux experts crédibles ont exprimé leur appui au projet de loi. Scott Tod, sous-commissaire, enquêtes et crime organisé, de la Police provinciale de l'Ontario, a déclaré ceci:
Le projet de loi C-51 contient des améliorations qui permettront aux services de police fédéraux de communiquer de l'information avec leurs partenaires du milieu de la justice et du milieu de la sécurité et, ce qui est encore plus important et que nous espérons de tout coeur, avec les partenaires de la collectivité et les tables de discussion gouvernementales conçues pour atténuer la menace terroriste et améliorer la sécurité et le bien-être communautaires.
C'est quelque chose que nous souhaitons tous.
M. Salim Mansur, de l'Université Western Ontario, a dit que « les mesures [...] sont requises, de toute urgence, pour protéger et préserver la liberté de nos citoyens ».
Le Conseil du patrimoine a dit que le projet de loi C-51 vise à « renforcer la protection physique des citoyens sans entraîner la perte des libertés civiles [...] Elles [dispositions] combinent transparence et ouverture ».
C'est un excellent projet de loi qui aiderait à protéger les Canadiens. J'en suis fière. Je suis fière des nouveaux investissements prévus dans le budget, et je suis reconnaissante que le gouvernement alloue quelque 300 millions de dollars pour lutter contre le terrorisme djihadiste, ce que le NPD semble huer. Je suis ravie que nous ayons doublé le budget du CSARS, pour renforcer les examens et la reddition de comptes.
Je crois que le projet de loi offrirait aux Canadiens ce qu'ils veulent et ce à quoi ils s'attendent du gouvernement: une loi qui protégerait à la fois leur sécurité et leur liberté. La majorité des Canadiens appuient ce projet de loi, et au moment du vote ce soir, j'exhorte tous les députés à se prononcer en sa faveur.
:
Monsieur le Président, je suis ravi de prendre la parole pour me prononcer en faveur du projet de loi très important dont nous sommes saisis aujourd'hui.
La Loi antiterroriste de 2015 vise à accroître la sécurité des Canadiens. Il ne faut pas oublier que le mouvement djihadiste international a déclaré la guerre au Canada et à ses alliés, comme ma collègue l'a dit tout à l'heure dans son intervention. Les Canadiens sont menacés, nous avons même été attaqués. Les terroristes djihadistes s'en prennent à nous seulement parce qu'ils détestent nos valeurs. Ils haïssent notre liberté et veulent nous l'enlever.
Il ne faut pas non plus oublier ce qui a fait naître ce débat. Si, il y a de cela un an ou plus, on avait demandé aux Canadiens ce qu'ils pensaient de la possibilité de prendre des mesures supplémentaires pour assurer la sécurité nationale, ils auraient probablement dit que les mesures fermes prises par le gouvernement conservateur étaient suffisantes. Or, le 22 octobre, tout a changé. À deux reprises, en moins de trois jours, nous avons été victimes d'attentats perpétrés par des terroristes djihadistes, pour reprendre leurs mots.
L'adjudant Patrice Vincent et le caporal Nathan Cirillo ont été tués de sang-froid par des terroristes djihadistes. Ces attentats ont clairement démontré que nos lois en matière de sécurité devaient être modifiées et évoluer au fil du temps. Il y a toutefois des gens pour qui cela n'est pas clair.
Le député néo-démocrate de a déclaré que ces attentats étaient de simples événements malheureux. Ces commentaires sont choquants et, bien franchement, offensants. J'espère que le député ou le chef du NPD vont faire ce qui s'impose, c'est-à-dire intervenir à la Chambre pour présenter des excuses aux familles des victimes de ces attentats.
Pour en revenir au sujet, j'aimerais souligner que le budget de 2015 prévoit un investissement de près de 300 millions de dollars dans la lutte contre le terrorisme djihadiste. Ce montant s'ajoute à la hausse des budgets des organismes de sécurité nationale, qui ont augmenté du tiers depuis notre arrivée au pouvoir.
Comme l'opposition a colporté énormément de faussetés, j'aimerais souligner dans les termes les plus simples possibles ce que permettra de faire exactement le projet de loi .
Le projet de loi permettra l'échange de renseignements entre des organismes du gouvernement lorsque la sécurité nationale est en jeu. Il modernisera le Programme de protection des passagers, communément appelé liste d'interdiction de vol. Il érigera en acte criminel le fait de produire et de distribuer du matériel de propagande terroriste djihadiste. Il accordera aussi au SCRS de nouveaux outils qui l'aideront à prévenir des attentats terroristes. Il s'agit de mesures qui relèvent du bon sens et qui permettent d'atteindre un juste équilibre.
Comme les députés le savent, il n'y a pas de liberté sans sécurité. Contrairement à ce que de nombreux députés néo-démocrates ont laissé entendre, c'est l'EIIS — et non le SCRS — qui menace la vie et la sécurité des Canadiens, et il nous incombe, à la Chambre, de nous pencher là-dessus.
Le premier devoir de tout gouvernement est d'assurer la sécurité de ses citoyens, et c'est exactement ce que le gouvernement fera. Le projet de loi veillerait à ce que nos forces policières disposent des outils dont elles ont besoin pour protéger les Canadiens contre la menace toujours changeante des terroristes djihadistes. J'ai parlé à des agents de police à Toronto, et c'est justement ce qu'ils m'ont dit. Ils tiennent à ce que le projet de loi soit adopté. Ils ont besoin de ces outils.
Nous rejetons l'argument voulant que, chaque fois que nous parlons de sécurité, nos libertés soient menacées. Les Canadiens savent que leur liberté et leur sécurité sont intrinsèquement liées. Ils veulent que nous protégions les deux, et c'est exactement la raison d'être des garanties contenues dans ce projet de loi.
L'essentiel à retenir, c'est que ce sont nos services policiers qui protègent nos droits et nos libertés, et que ce sont les terroristes djihadistes qui menacent notre sécurité et qui nous priveraient de nos libertés sans la moindre hésitation. Nous n'avons qu'à voir la situation à l'étranger pour nous rendre compte des dégâts causés par l'EIIS.
Qui plus est, nous ne nous excuserons jamais de retirer toute propagande djihadiste de la circulation. En fait, les sites Web qui offrent des services d'hébergement de contenu à cet égard ou les autres entreprises qui profitent de la diffusion de ce type de matériel horrible devraient sérieusement revoir leur modèle d'affaires et leur manque d'engagement envers les valeurs qui nous unissent en tant que Canadiens.
Partout au pays, les entreprises, grandes et petites, dépendent d'une économie forte, de règles de conduite claires sur le marché, de transactions fiables et de données protégées. En réalité, il ne peut y avoir de rentabilité sans un environnement de sécurité stable, tant physique que virtuel. Le projet de loi renforcerait notre sécurité et profiterait aussi bien aux entreprises qu'aux consommateurs.
J'ai entendu les députés néo-démocrates soutenir qu'aucun expert n'appuie ce projet de loi d'importance. Ce n'est tout simplement pas vrai. J'aimerais leur demander s'ils pensent que le juge John Major n'est pas un expert, lui qui a dit: « Je ne crois pas que le Parlement soit un organisme bien équipé pour agir à titre d'organisme de surveillance, comme le voudrait la proposition. »