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Monsieur le Président, j'ai le plaisir d'intervenir dans le débat sur le projet de loi au nom du caucus néo-démocrate — en fait des néo-démocrates des quatre coins du Canada — et de tous les Terre-Neuviens, les Labradoriens et les Néo-Écossais.
Le projet de loi fait environ 260 pages. Il comporte des éléments d'information très utiles et des orientations politiques majeures en matière de santé et de sécurité au travail; il s'agit d'une première étape très importante. Par contre, nulle part dans ces 260 pages, on ne trouve un terme de quatre mots qui est très important pour les Terre-Neuviens, les Labradoriens, les Néo-Écossais et, à mon avis, tous les Canadiens. Les néo-démocrates reviendront d'ailleurs souvent sur cette question dans le débat d'aujourd'hui. Ces quatre mots sont « organisme de réglementation indépendant ».
Bien que nous ayons poussé le gouvernement à sortir, à son corps défendant, de son inaction en matière de santé et de sécurité au travail, celui-ci répugne toujours à donner suite à la 29e recommandation du rapport élaboré par le juge Wells ainsi qu'aux recommandations venant d'un peu partout dans l'Atlantique, notamment de Terre-Neuve-et-Labrador et de la Nouvelle-Écosse, en ce qui concerne la création d'un organisme indépendant de réglementation de la sécurité pour l'industrie extracôtière. Nous ne comprenons pas vraiment d'où vient la réticence du gouvernement.
Bien que nous entendions appuyer le projet de loi et que celui-ci contienne des éléments louables, le fait que le gouvernement n'ait pas encore instauré d'organisme de réglementation indépendant constitue une lacune affligeante qui dénote un mépris manifeste envers les travailleurs extracôtiers.
D'entrée de jeu, je rappelle que nous tous, à la Chambre des communes, devons une fière chandelle à la Fédération des travailleurs de Terre-Neuve et du Labrador, à la Fédération des travailleurs de la Nouvelle-Écosse, au gouvernement néo-démocrate de la Nouvelle-Écosse, dirigé par Darrell Dexter, ainsi qu'au gouvernement de Terre-Neuve-et-Labrador, car ils ont tous joué un rôle d'impulsion à l'égard du projet de loi.
En effet, il y a environ 14 ans, une succession de tragédies au large des côtes a suscité un véritable mouvement pronormes en matière de santé-sécurité au travail en zone extracôtière, mais le gouvernement libéral de l'époque a laissé tomber le dossier. À leur arrivée, les conservateurs se sont engagés à régler ce problème potentiellement et concrètement mortel qui perdurait pour les travailleurs extracôtiers. Les conservateurs ont affirmé qu'ils feraient le nécessaire.
Ce qui est tragique, c'est qu'il a fallu que les deux fédérations que j'ai mentionnées ainsi que le gouvernement de Terre-Neuve-et-Labrador et celui — néo-démocrate — de la Nouvelle-Écosse usent de toute leur influence combinée afin de convaincre les conservateurs de finalement présenter ce projet de loi de première importance.
Ce n'est pas une mince affaire. Les travailleurs extracôtiers ont beau ne représenter qu'une faible proportion de l'économie canadienne, il n'en reste pas moins qu'ils ont été frappés par une série noire de tragédies et de décès. Pensons simplement au naufrage de l'Ocean Ranger dans les années 1980, aux accidents fatals survenus dans les années 1990 ou encore à l'écrasement de l'hélicoptère de Cougar en 2009, qui a coûté la vie à 17 Canadiens.
Pour beaucoup de Canadiens, cette dernière tragédie a tiré une sonnette d'alarme. Nous avons pris conscience qu'il fallait faire quelque chose. Le gouvernement de la Nouvelle-Écosse, les fédérations de travailleurs et le gouvernement de Terre-Neuve-et-Labrador sont enfin parvenus à convaincre le gouvernement d'instaurer des normes en matière de santé-sécurité au travail, ce qui relève du gros bon sens et de la décence la plus élémentaire.
Nous avons également des défenseurs acharnés à la Chambre des communes. J'aimerais rendre un hommage spécial au député de , qui a su susciter un débat sur ces questions. Il a été d'une éloquence remarquable. Il est toujours très éloquent, mais il l'a été encore plus dans ce dossier et il a défendu les travailleurs extracôtiers à Terre-Neuve-et-Labrador et en Nouvelle-Écosse. Je tiens à dire au député de — par votre entremise, monsieur le Président, — qu'il a fait un travail phénoménal et qu'il mérite la gratitude des Canadiens de tout le pays.
Je souligne le travail du député de , le travail du député de ainsi que celui des gouvernements provinciaux de la Nouvelle-Écosse et de Terre-Neuve-et-Labrador et des deux syndicats que j'ai mentionnés plus tôt, car le gouvernement fédéral n'a absolument rien entrepris pour assurer la sécurité dans la zone extracôtière.
Comme je suis de la Colombie-Britannique, je peux citer trois exemples de manque de jugement épouvantable de la part du gouvernement depuis qu'il est au pouvoir.
En Colombie-Britannique, à l'autre bout du pays, nous avons constaté directement l'irresponsabilité du gouvernement. C'est la raison pour laquelle la présentation de ce projet de loi, qui prévoit des mesures importantes, bien qu'il n'aille pas jusqu'à prévoir un organisme indépendant de réglementation de la sécurité, tranche sur la tendance du gouvernement, en général.
L'année dernière, en Colombie-Britannique, le gouvernement n'a pas écouté le vigoureux plaidoyer des Britanno-Colombiens, de la Ville de Vancouver et de plusieurs municipalités de la vallée du Bas-Fraser en faveur du maintien du poste de la Garde côtière à Kitsilano.
Le poste de la Garde côtière de Kitsilano, à Vancouver, en Colombie-Britannique a sauvé des vies au cours de toute son existence. Or, pour des raisons qu'il n'a toujours pas expliquées adéquatement, le gouvernement a tout simplement décidé de le fermer.
Cela veut dire que, l'été prochain, des habitants de la Colombie-Britannique pourraient perdre la vie tragiquement à cause d'une décision très insensée, imprudente et irréfléchie. Nous espérons que cela ne sera pas le cas.
À l'exception des députés conservateurs, tout le monde en Colombie-Britannique a dénoncé cette fermeture. Tout le monde, des employés du secteur de la santé à ceux du secteur de la navigation de plaisance, en passant par les municipalités et les élus provinciaux, a dit que la fermeture de ce poste de la Garde côtière allait mettre des vies en danger. Le gouvernement l'a fermé quand même. Pour moi, il était inconcevable que le gouvernement agisse de façon aussi irréfléchie et imprudente en matière de sécurité publique, mais il l'a fait.
Après avoir fermé ce poste, le gouvernement s'est ensuite affairé à fermer le centre de contrôle du trafic maritime de Vancouver. Ce centre est également un établissement important en matière de sécurité. Des fermetures semblables ont aussi eu lieu ailleurs au pays, à Québec par exemple, au sein de la Garde côtière et du contrôle du trafic maritime. Ce sont des décisions imprudentes, irréfléchies et insensées qui mettent en péril la sécurité du public, mais le gouvernement les a prises. Il a fermé le centre de contrôle du trafic maritime.
Pour couronner une série de décisions terriblement insensées, le gouvernement a fermé le centre d'intervention d'urgence en cas de déversement d'hydrocarbures. Le gouvernement ne veut pas écouter ce que la population de la Colombie-Britannique a à dire au sujet du projet Northern Gateway. Il veut faire adopter le projet à toute vapeur malgré le fait que 80 % de la population de la Colombie-Britannique y soit opposée. Ce projet met en péril des milliers d'emplois, et il ne créerait que 104 emplois à temps plein une fois construit. C'est tout à fait insensé.
Comment le gouvernement a-t-il réagi aux préoccupations accrues exprimées au sujet de la circulation des pétroliers à proximité des côtes et de son incapacité à mettre en place un système de protection de la sécurité publique? Il a fermé le centre d'intervention d'urgence en cas de déversement d'hydrocarbures. C'est incroyable. Il a fermé ce centre d'intervention d'urgence et, dorénavant, s'il y a un déversement de pétrole, les Britanno-Colombiens doivent composer un numéro 1-800 à Ottawa. Peut-être que quelqu'un leur répondra. Sinon, ils devront laisser un message.
Le gouvernement fait preuve d'un mépris évident envers les gens des régions côtières, qu'il s'agisse de la côte de l'Arctique, de la côte de l'Atlantique ou de la côte du Pacifique.
Pour sauver la face après la mise en oeuvre d'une série de mesures insensées, irréfléchies et irresponsables, le a organisé une conférence de presse pour annoncer que le gouvernement entendait protéger les côtes du pays. Nous nous souvenons tous que le navire d'urgence qui devait être sur place pour la conférence de presse s'est en fait échoué avant le début de celle-ci.
Cela prouve que les conservateurs sont incompétents et irresponsables, et montre aussi qu'ils ne se soucient absolument pas des faits. Ils préfèrent dorer leur image plutôt que de mettre en place un système garantissant la sécurité environnementale et la sécurité publique sur les côtes.
Le projet de loi constitue une exception car en général, qu'il soit question de la ville de Québec, de la côte Atlantique ou encore du mépris flagrant dont le gouvernement fait preuve à l'égard des Britanno-Colombiens sur la côte Pacifique, nous constatons que dans toutes les régions côtières du pays, le gouvernement tente de fermer des établissements qui devraient être là pour assurer la sécurité de la population. Cependant, le projet de loi constitue une amélioration, et c'est pour cette raison que je dis que l'exception confirme la règle. Même s'il ne vise pas la création d'un organisme indépendant de réglementation de la sécurité, le projet de loi constitue une exception par rapport à toutes les autres décisions prises par le gouvernement, qui étaient irresponsables, insensées, imprudentes et irréfléchies.
Nous ne parlons pas seulement de sécurité maritime. Pensons au nombre de déversements impliquant des pipelines, qui a triplé depuis que les conservateurs sont au pouvoir. Quand on examine les statistiques du Bureau de la sécurité des transports du Canada, on constate que le nombre de fuites et de déversements a augmenté considérablement sous le présent gouvernement, pour une raison bien simple: il ne prend pas la sécurité publique au sérieux.
Ce qui se passe dans le transport ferroviaire, où la sécurité se détériore et où les tragédies font de plus en plus de morts chaque année depuis l'arrivée au pouvoir des conservateurs, est le résultat néfaste du comportement d'un gouvernement imprudent et téméraire sur les plans de la sécurité publique et de l'environnement. Le gouvernement semble ne se soucier ni du Canada, ni de l'environnement du pays, ni des Canadiens.
Mais revenons à l'exception qu'est le projet de loi . Les conservateurs l'ont présenté grâce aux pressions exercées publiquement par les fédérations de travailleurs, par les gouvernements de Terre-Neuve et Labrador et de la Nouvelle-Écosse ainsi que par les vaillants députés néo-démocrates.
Malheureusement, l'idée d'établir un organisme de réglementation indépendant, idée que j'ai mentionnée tout à l'heure, est absente du projet de loi. Quelle importance a cette idée? Voyons ce qu'en dit le juge Wells, qui a mené l'enquête sur l'écrasement de l'hélicoptère Cougar en 2009, où 17 personnes ont trouvé la mort et une seule a survécu. Cette tragédie laisse donc dans le deuil 17 familles qui ont perdu pour toujours leur soutien. Je vous laisse imaginer la douleur que laissent dans leur sillage de tels décès, pourtant évitables.
Certains diront que ces 17 personnes décédées ne représentent qu'une partie des 1 000 travailleurs qui perdront leur emploi cette année, mais nous pensons qu'il faut réduire le taux de mortalité au pays. Nous devons étendre les mesures de santé et de sécurité au travail. Et le gouvernement fédéral doit agir en véritable chef de file dans ce dossier.
Le juge Wells et des personnes clés de la région de l'Atlantique nous disent qu'établir un organisme de réglementation indépendant serait une mesure cruciale pour réduire le nombre de décès et, par conséquent, le nombre de familles endeuillées, qui doivent subir la tragédie indescriptible qu'est la perte d'un être cher dans un accident de travail, en mer ou ailleurs.
Voici ce qu'écrit le juge Robert Wells, de la Commission d'enquête sur la sécurité des hélicoptères extracôtiers:
Je suis d'avis que la recommandation qui suit la présente note explicative sera la plus importante de tout le rapport. [...] l'organisme de réglementation en matière de sécurité doit être distinct et indépendant des autres volets de la réglementation extracôtière et autonome, la sécurité constituant sa seule tâche réglementaire [...] Je crois que l'organisme de réglementation devrait être indépendant, compétent et doté de pouvoirs importants. Il devrait pouvoir compter sur des experts. Les recommandations suivantes en découlent [...] Il est recommandé qu'un nouvel organisme soit établi pour réglementer la sécurité dans la zone extracôtière.
Cette recommandation est on ne peut plus claire. Mais le juge Wells n'est pas le seul à s'être exprimé avec éloquence sur la question. Le ministre des Ressources naturelles de Terre-Neuve-et-Labrador a déclaré que, pendant les discussions pour mettre en oeuvre la recommandation 29, qui vise à établir un organisme de réglementation indépendant, le gouvernement fédéral n'a pas manifesté le moindre intérêt pour la création de cet organisme.
La présidente de la Fédération du travail de Terre-Neuve-et-Labrador, Lana Payne, a déclaré:
Il s'agit d'une mesure concrète et positive en matière de santé et sécurité des travailleurs extracôtiers. Il reste que ce n'est pas une agence indépendante chargée de la sécurité, qui est ce dont nous avons besoin au bout du compte et ce que nous allons continuer de réclamer.
Les conclusions de l'enquête Wells sont sans équivoque, de même que la position des travailleurs et celle des gouvernements du Canada Atlantique. Par ailleurs, d'autres gouvernements ont eu recours à cette pratique exemplaire que constitue un organisme de réglementation indépendant.
Durant une allocution prononcée il y a quelques semaines, le député de a mentionné que la Norvège, l'Australie et le Royaume-Uni mettent en place des organismes de réglementation indépendants. Les travailleurs ne méritent rien de moins.
Les étapes mentionnées dans le projet de loi sont des premiers pas, mais sans l'organisme de réglementation indépendant — la plus importante recommandation selon le juge Wells même — le gouvernement ne met pas en oeuvre le régime de sécurité que les travailleurs et leur famille méritent. Celui-ci est nécessaire pour les protéger et pour éviter des tragédies telles que l'écrasement de l'hélicoptère Cougar en 2009 ou la catastrophe de l'Ocean Ranger, et d'autres pertes de vie au large de nos côtes.
Aujourd'hui, quatre travailleurs canadiens trouveront la mort au travail. Parmi les travailleurs qui se rendront au boulot ce matin, que ce soit au large de nos côtes ou ailleurs au Canada, quatre d'entre eux perdront la vie.
Il est tragique de constater que le nombre de décès a augmenté depuis l'arrivée des conservateurs au pouvoir. Au cours des 20 dernières années, la moyenne annuelle de décès s'élève à 900, ce qui est effarant.
Cependant, sous les conservateurs, le nombre annuel de décès de travailleurs est supérieur à 1 000. C'est une augmentation considérable du nombre de familles en deuil, une augmentation considérable du nombre de familles de travailleurs qui ont perdu un être cher et qui ressentiront jusqu'à la fin des temps une tristesse indescriptible. Un garçon ou une fille qui perd son père ou sa mère ne s'en remet jamais vraiment. C'est une tragédie dont on ne peut jamais se remettre. Lorsqu'un homme perd son épouse ou qu'une femme perd son époux, alors qu'ils s'étaient mariés pour la vie, ils ressentent une tristesse inouïe.
Et pourtant, le nombre de travailleurs décédés augmente progressivement sous le présent gouvernement. Et ce, tout simplement parce que le gouvernement ne fait preuve d'aucun leadership et refuse de mettre en place les pratiques qui réduiront le nombre de décès évitables de travailleurs.
Le gouvernement fédéral devrait faire preuve d'un tel leadership. Le gouvernement fédéral devrait modifier le projet de loi en fonction des recommandations du juge Wells et de l'expérience de la Norvège, de l'Australie et du Royaume-Uni, et mettre en place un organisme indépendant de réglementation en matière de sécurité. Les travailleurs extracôtiers ne méritent rien de moins.
Nous offrons également de travailler avec le gouvernement pour commencer à réduire le taux de décès tragiques chez les travailleurs de l'ensemble du pays. Cette offre est permanente. Même si le gouvernement ne semble pas disposé à prendre au sérieux la sécurité des travailleurs et la santé et la sécurité au travail, nous continuerons de lui offrir notre aide.
Cependant, le nombre de tragédies ne fait qu'augmenter. Beaucoup de gens affirment, avec raison, qu'il nous faut un nouveau gouvernement, un gouvernement qui fera une priorité de la sécurité des travailleurs et de la santé et sécurité au travail, un gouvernement qui ferait preuve de leadership à l'échelle nationale et qui serait disposé à travailler avec les provinces pour faire chuter le taux de mortalité.
Même quand un travailleur meurt, c'est trop. Mille travailleurs par année, c'est beaucoup trop. Il faut mettre fin à ces tragédies. Il faut faire preuve de leadership. C'est pourquoi nous continuerons de réclamer, à la Chambre des communes, un réel leadership, des organismes indépendants de réglementation en matière de sécurité et une solution au problème des tragédies qui ont lieu tous les jours.
Quatre travailleurs perdront leur vie aujourd'hui. C'est quatre de trop.
Tâchons de travailler ensemble afin que, un jour, nous puissions prendre la parole à la Chambre des communes pour affirmer qu'aucun travailleur n'a perdu la vie aujourd'hui, cette semaine, ce mois-ci, et que le Canada a réussi à mettre en place un régime en matière de santé et de sécurité au travail que méritent tous les travailleurs du Canada.
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Monsieur le Président, je tiens à dire d'entrée de jeu que je vais partager le temps dont je dispose avec mon collègue de .
Il est difficile de prendre la parole à la suite d'un grand discours passionné comme celui du député qui m'a précédé. Toutefois, ce dossier nous touche tous. Même si le projet de loi concerne particulièrement les provinces de l'Atlantique, nous avons tous un rôle à jouer dans cet enjeu global qu'est la sécurité des travailleurs et nous devons vraiment en faire plus pour améliorer ces conditions de travail.
Comme mon collègue l'a dit, malheureusement, à l'exception de ce projet de loi, et sans mentionner le fait que le projet de loi vient défaire une certaine partie du travail fait dans le projet de loi , il reste que le gouvernement n'est pas l'écoute de ces préoccupations. Je peux d'ailleurs citer plusieurs exemples qui me font dire cela.
Ce qui compte le plus pour moi, c'est ma propre circonscription. En fait, en répondant à des lettres de citoyens ou en assistant à des événements, j'entends souvent que les citoyens ont l'impression que les entreprises présentes dans nos communautés ont de plus en plus carte blanche. L'exemple qui me vient en tête pour ce qui est de l'industrie ferroviaire, c'est la tragédie de cet été à Lac-Mégantic. Ce n'est qu'un exemple des conséquences que la déréglementation peut avoir sur la vie des gens. J'ose dire que c'est pertinent parce que la question de la sécurité des travailleurs fait partie de cet effet domino.
Actuellement, le gouvernement fédéral manque de leadership en donnant carte blanche à l'industrie pétrolière ou à l'industrie ferroviaire, et conséquemment, toutes ces industries laisseront aussi pour compte leurs employés, soit les travailleurs.
Dans cette optique, en tant que législateurs, nous sommes responsables de nous assurer que les règlements permettent aux gens de travailler dans un environnement le plus sûr possible. Pourrions-nous nous retrouver dans une situation où 100 % des gens seront protégés et où il n'y aura aucun accident de travail? C'est sûr que non. Il y aura toujours un risque possible.
Toutefois, cet argument n'est pas suffisant pour nous convaincre, en tant que législateurs, de délaisser nos responsabilités. Pour cette raison, nous pouvons être fiers du travail accompli par les différents paliers de gouvernement dans le projet de loi . Ce bel exemple démontre aussi au gouvernement qu'il est bon, une fois de temps en temps, de s'asseoir avec le gouvernement des différentes provinces afin d'obtenir un résultat, comme celui que nous avons aujourd'hui.
Cela étant dit, malgré le beau travail qui semble avoir été fait dans ce projet de loi, il est important de souligner qu'il y a encore certaines lacunes. La plus frappante de ces lacunes, c'est l'absence de la fameuse recommandation no 29 du rapport Wells. Cette recommandation dénote une situation qui revient souvent avec ce gouvernement.
Au départ, cette recommandation visait à mettre sur pied un organisme autonome chargé de la sécurité dans ces milieux de travail. Or, chaque fois qu'une telle recommandation est faite en vue de mettre en place un organisme indépendant qui fasse l'évaluation de la sécurité ou d'autres choses, le gouvernement semble frileux. On sait comment il a traité le directeur parlementaire du budget, cet agent indépendant du Parlement qui avait un travail à faire pour le bien des citoyens du pays. On peut penser à d'autres exemples aussi. Je me souviens d'un projet de loi sur la police militaire déposé il y a à peu près un an.
Même dans ce cas, on voyait que le gouvernement n'était pas prêt à inclure dans son projet de loi la mise en place d'un ombudsman indépendant qui serait en mesure de faire des évaluations indépendantes au nom de la population. Après tout, nous ne sommes pas toujours bien placés, en tant que politiciens. Même à l'intérieur de ces institutions, et surtout à l'intérieur d'une entreprise, on n'est pas toujours bien outillé pour prendre une décision qui n'est pas entachée par nos propres préjugés. Dans cette optique, il est très important d'entendre cette recommandation.
Nous aimerions bien demander au député du gouvernement pourquoi notre recommandation n'est pas incluse dans le projet de loi. Malheureusement, je ne pense pas qu'on aura une réponse, à moins qu'un député conservateur décide enfin de prendre part au débat. En effet, depuis que nous sommes revenus à la Chambre et que le discours du Trône a marqué la fin de la prorogation, il y a de cela plusieurs semaines, on a très peu ou en aucune façon entendu les députés du gouvernement sur plusieurs projets de loi, notamment celui-ci.
Alors, lorsqu'il est temps de faire notre travail de parlementaire sur de telles questions et de parler des lacunes d'un projet de loi, même si nous appuyons ce dernier, nous ne sommes pas en mesure de poser des questions et d'avoir un débat sain. Finalement, nous sommes obligés de soulever des préoccupations quant aux lacunes d'un projet de loi devant des députés du gouvernement qui sont, dans ce cas-ci, silencieux.
Nous en sommes à la deuxième lecture du projet de loi, mais lorsque nous serons en comité, j'espère que nous entendrons davantage les députés du gouvernement et le secrétaire parlementaire qui y siègent. Nous aurions peut-être enfin des réponses à nos préoccupations. Même si c'est un pas dans la bonne direction, nous aimerions savoir pourquoi le gouvernement n'a pas cru bon d'aller jusqu'au bout et d'implémenter toutes les recommandations, afin d'avoir un projet de loi beaucoup mieux blindé en ce qui concerne les droits des travailleurs.
Lorsqu'il s'agit des droits, de la sécurité et de la santé des travailleurs, on ne peut pas se permettre de travailler en demi-mesures. On ne dira quand même pas non à une demi-mesure, puisque c'est déjà un pas dans la bonne direction. Toutefois, au NPD, nous croyons qu'il faut aller jusqu'au bout et implémenter ces recommandations à 100 %. Nous croyons fermement à cette philosophie, et nous la mettrons en place une fois que nous aurons formé le gouvernement. Ainsi, si jamais une recommandation s'avère insuffisante, nous allons au moins nous lever à la Chambre, par respect pour les travailleurs, et expliquer le point du vue du gouvernement, à savoir pourquoi certaines recommandations ont été laissées pour compte.
En conclusion, je vais profiter des deux dernières minutes dont je dispose pour renchérir sur un point que j'ai soulevé dans mon discours. Cet enjeu affecte surtout mes collègues des provinces de l'Atlantique, mais pour les gens de Chambly—Borduas, les législateurs ont le mandat de protéger non seulement les travailleurs des entreprises pétrolières, mais aussi ceux de toutes les grandes entreprises que nous accueillons chez nous. C'est la première préoccupation que soulève ce projet de loi.
Ces entreprises ont des affaires à faire et il est bon pour l'économie de les accueillir dans nos communautés. Toutefois, à mon avis, en tant que député de Chambly—Borduas, lorsqu'elles viennent s'installer dans nos communautés, elles devraient non seulement être de bons citoyens corporatifs, mais aussi respecter l'intention des législateurs de mettre en place des règlements, afin qu'elles comprennent que ce sont nos concitoyens qui travaillent pour elles et qui leur permettent de faire leur travail et de faire du profit. C'est une relation symbiotique, une rue à deux sens. À cet égard, je crois que ce n'est pas beaucoup demander.
Nous espérons qu'elles pourront accepter ce genre de proposition et qu'elles en seront une partie prenante. Les fédérations de travailleurs font de nombreux témoignages, mais il est important que les entreprises soient une partie prenante dans la santé et la sécurité de leurs travailleurs, qui sont les citoyens que j'ai l'honneur de représenter.
C'est extrêmement important.
J'attends maintenant les questions de mes collègues.
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Monsieur le Président, je suis heureux de prendre la parole aujourd'hui au sujet du projet de loi qui nous est soumis, le projet de loi . Il porte un nom très long que je n'ai pas l'intention de répéter.
Les députés ont entendu mes collègues néo-démocrates se prononcer avant moi pour ce projet de loi à l'étape de la deuxième lecture. Je veux exprimer mon appui également, mais, à l'instar de mes collègues, j'ai des réserves et je tiens à dire que nous saurons faire mieux lorsque l'occasion nous en sera donnée en 2015.
Je commence par les fleurs. Le projet de loi est l'aboutissement de plus de 12 années de négociations entre le gouvernement fédéral et les gouvernements provinciaux de la Nouvelle-Écosse et de Terre-Neuve-et-Labrador. Il vient combler une vieille lacune qui existe depuis 1992 dans la législation au sujet de la santé et de la sécurité des travailleurs du secteur de l'exploitation pétrolière dans l'océan Atlantique. Il intègre aux pouvoirs conférés par l'Accord atlantique les principes de la santé et de la sécurité au travail. Ce faisant, il enchâsse, dans une loi qui sera appliquée par les organismes de réglementation provinciaux, les pratiques actuelles de l'industrie en matière de santé et de sécurité au travail.
Le projet de loi comprend un certain nombre de dispositions importantes, mais la première est celle qui décrit les obligations des responsables de la santé et de la sécurité au travail et qui leur accorde des pouvoirs pour faire respecter la loi, y compris le pouvoir de délivrer des mandats, d'effectuer des inspections et des enquêtes et de prendre d'autres mesures, dans des circonstances dangereuses.
Je signale au passage l'observation qu'a faite mon collègue, au cours du présent débat, concernant le conflit apparent entre ces dispositions et le projet de loi d'exécution du budget. Elles reconnaîtraient le droit des employés de refuser une tâche lorsqu'ils ont des motifs raisonnables de croire qu'elle est dangereuse. Elles les mettraient à l'abri des représailles pour avoir signalé des conditions de travail dangereuses. C'est la pierre angulaire de toute loi sur la santé et la sécurité au travail. De plus, le projet de loi autorise les ministres fédéraux concernés à établir des règlements sur le travail en mer ainsi que sur le transport pour se rendre sur les lieux de travail en mer et en revenir.
Le NPD réclame depuis des années, de toutes les autorités concernées, l'ensemble des dispositions contenues dans le projet de loi, qui consacre un modèle de gestion coopératif, ce que le gouvernement n'a encore jamais mis en pratique. Selon ce modèle, les gouvernements fédéral et provinciaux doivent collaborer pour résoudre les problèmes véritables et effectuer les changements nécessaires.
Le projet de loi est toutefois une oeuvre inachevée. Il ne prévoit pas la création d'un organisme de réglementation indépendant ou d'une division autonome chargée de la sécurité dans les offices des hydrocarbures, qui sont chargés de la réglementation.
C'est le juge Robert Wells qui a recommandé la création d'un organisme de réglementation indépendant, comme nous l'avons vu ce matin, à la suite de son enquête sur l'écrasement d'un hélicoptère Sikorsky S-92A, en mars 2009, à environ 30 milles nautiques de St. John's. Une seule personne a survécu à cet écrasement, et 17 personnes sont mortes.
Au sujet de cette proposition, l'honorable Robert Wells a écrit:
Je crois que la recommandation qui suit la présente note explicative est la plus importante du rapport entier.
Pour formuler cette recommandation, le juge Wells s'est tourné vers d'autres gouvernements et a constaté que la Norvège, le Royaume-Uni et l'Australie comptaient tous des organismes de réglementation en matière de sécurité indépendants et autonomes, et que les États-Unis étaient à développer, à l'époque, un concept semblable pour l'exploitation pétrolière dans le golfe du Mexique.
Le juge Wells a écrit:
Conformément à ma recommandation, il disposerait d’un rôle de surveillance qui n’entrerait pas en conflit avec les rôles des autres organismes de réglementation, mais servirait au besoin à accroître les mesures réglementaires. [...] Au cours du dernier quart de siècle, la façon de concevoir et d’assurer la sécurité s’est considérablement développée et modifiée dans le monde entier. Dans la zone extracôtière C-NL — l’industrie des hydrocarbures extracôtiers de Terre-Neuve-et-Labrador —, le temps est venu d’adopter une approche plus globale à l’égard de la réglementation de la sécurité extracôtière.
Selon le juge Wells, si l'établissement d'un organisme de réglementation indépendant s'avérait infaisable, la solution de remplacement suivante devrait être considérée: créer une division de la sécurité, indépendante et autonome, au sein de l'Office Canada–Terre-Neuve-et-Labrador des hydrocarbures extracôtiers, dotée de son propre budget, d'une direction distincte et d’une structure organisationnelle conçue pour régler les questions de sécurité seulement. Cette division aurait le mandat et la capacité d'embaucher des experts qui l'aideraient à accomplir ses tâches réglementaires et pourrait compter sur un conseil consultatif chevronné qui représenterait entièrement la communauté et n’aurait aucun lien avec l’industrie pétrolière.
Ma profonde inquiétude devant le fait qu'on ne donne pas suite à la recommandation visant la création d'un organisme de réglementation indépendant et autonome en matière de sécurité, ni à la solution de rechange proposée, ne tient pas à mes connaissances de l'industrie pétrolière extracôtière, ou des dangers que pose celle-ci à la santé et la sécurité des travailleurs. Mon inquiétude vient plutôt de la longue expérience que j'ai acquise en représentant des travailleurs ainsi que des superviseurs, tels que définis dans la législation sur la santé et la sécurité au travail, dans un secteur qui compte des dangers particuliers: le secteur de l'électricité.
Ceux d'entre nous qui font, ou qui ont déjà fait, ce genre de travail, suivent un seul principe, qui gouverne et motive tout ce que nous faisons, disons, pensons et proposons. Je parle de la prévention, qui consiste à prendre toutes les moyens possibles pour éviter que les tragédies se produisent ou se répètent.
Le travail consiste toujours à déterminer les dangers et les risques et à éliminer les dangers. Lorsqu'il n'est pas possible d'éliminer les dangers, il faut atténuer les risques qui peuvent en découler. Les raisons qui justifient cette approche ou ce principe sont simples. Quand on parle de la santé et de la sécurité au travail, on parle en fait des travailleurs qui sont des mères, des pères, des frères, des soeurs, des fils et des filles. Il ne faut pas perdre de vue la vérité essentielle, car, oserais-je dire, la valeur de la prévention saute aux yeux quand on sait qu'il s'agit de la sécurité d'une mère ou d'un père, ou encore d'un fils ou d'une fille.
La responsabilité de faire en sorte que ces gens rentrent à la maison en parfaite santé tous les soirs incombe très certainement à tous les intervenants en milieu de travail. La santé et la sécurité au travail constituent une responsabilité partagée. Les travailleurs doivent se soucier du sort de leurs collègues et, pour ce faire, ils doivent notamment faire profiter de leurs connaissances et de leurs compétences toutes les parties présentes en milieu de travail.
Il s'agit fondamentalement d'une question d'éthique. Les personnes qui connaissent les dangers et les risques et qui savent comment éliminer ou atténuer ceux-ci ont le devoir de mettre les autres à l'abri. Ce devoir découle évidemment de la loi, mais, chose plus importante encore, il s'agit d'un devoir moral. Ce devoir incombe aussi à tous les députés, tant à la Chambre des communes que dans les assemblées législatives provinciales. Il leur incombe encore plus qu'aux autres, car les députés fédéraux et provinciaux ont le privilège de disposer du pouvoir nécessaire pour intervenir en la matière.
À la Chambre aujourd'hui, nous avons l'obligation d'examiner le projet de loi et d'en débattre, de cerner ses lacunes et d'amender le texte afin de l'améliorer. Nous avons ainsi la capacité de faire tout en notre pouvoir pour que les mères, les pères, les frères et les soeurs rentrent bel et bien à la maison après une journée de travail.
Nous adhérons tous au principe de la suprématie du Parlement. Toutefois, il n'en demeure pas moins que ceux qui rejettent la recommandation très ferme et très claire du juge Robert Wells ou qui n'en tiennent pas compte doivent expliquer leur position.
Par conséquent, nous allons appuyer le renvoi du projet de loi à un comité, car, d'une certaine manière, nous avons l'obligation de le faire. Cependant, il reste une question en suspens: pourquoi ne pas avoir donné suite à cette recommandation importante? Il incombe toujours au gouvernement de répondre à cette question d'une manière claire et convaincante et de nous expliquer pourquoi il rejette les arguments exposés par le juge Wells dans son rapport. Cela est nécessaire d'ici à ce que nous formions le gouvernement et à ce que nous mettions sur pied cet organisme de réglementation indépendant, qui améliorera la sécurité des travailleurs, qu'il s'agisse d'un père, d'une mère, d'un fils ou d'une fille.
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Monsieur le Président, je suis fière de joindre ma voix à celles de mes collègues afin d'appuyer le projet de loi à l'étape de la deuxième lecture. Avant de débuter, j'aimerais préciser que je partagerai mon temps de parole avec ma collègue, l'extraordinaire députée de .
Le projet de loi devant nous aujourd'hui est important. Il résulte de longues négociations, plus de 12 ans, en fait, entre les gouvernements du Canada, de la Nouvelle-Écosse et de Terre-Neuve-et-Labrador.
Ce projet de loi cherche à corriger des problèmes de longue date dans les lois existantes relatives aux normes de santé et de sécurité au travail dans les zones extracôtières, en ce qui concerne les secteurs pétrolier et gazier.
S'il est adopté, le projet de loi aura pour effet d'enchâsser les pratiques de sécurité dans la loi, ainsi que d'établir un cadre qui clarifie les rôles individuels et collectifs du gouvernement fédéral, des gouvernements provinciaux, des organismes de réglementation, des exploitants, des employeurs, des fournisseurs et des travailleurs.
Trois grands principes sous-tendent le projet de loi . Tout d'abord, les lois relatives à la santé et à la sécurité au travail doivent protéger les travailleurs des zones extracôtières au moins aussi bien que les travailleurs terrestres. De plus, les travailleurs ont le droit de savoir, de participer, de refuser, d'être protégés contre les représailles et de recevoir une protection adéquate. Finalement, il est nécessaire d'appuyer une culture de santé et de sécurité au travail qui met en avant le principe de partage des responsabilités en milieu de travail.
Le NPD est fier d'appuyer le projet de loi , qui permettra la mise en place d'un régime renforcé de protection des travailleurs, ce que nous réclamons comme parti depuis très longtemps. De toute évidence, selon nous, le projet de loi ne va pas encore assez loin à cet égard, mais c'est tout de même un premier pas dans la bonne direction. C'est pour cette raison que nous allons l'appuyer. Nous espérons pouvoir collaborer avec nos collègues de tous les partis pour améliorer le projet de loi et s'assurer que dans les zones extracôtières, les travailleurs des secteurs gazier et pétrolier bénéficient de protections adéquates en matière de santé et de sécurité au travail.
Bien honnêtement, je trouve assez rafraîchissant que les conservateurs nous présentent un projet de loi qui accroît la protection des droits des travailleurs. C'est surprenant. On n'a pas été habitués à cette approche de la part de ce gouvernement, bien au contraire.
En fait, depuis qu'ils sont majoritaires, les conservateurs ont multiplié les mesures visant à éroder les protections accordées aux travailleurs et à amoindrir leurs droits, ce qui est très dommage. On voit ici un petit virage. Toutefois, il ne faudrait surtout pas oublier les différentes mesures prises par ce gouvernement pour vraiment amoindrir les régimes de protection qui existent pour nos travailleurs dans différents secteurs.
Je pense, notamment, au projet de loi , un projet de loi sournois et mesquin qui vise à attaquer les syndicats canadiens en créant une bureaucratie massive à laquelle les syndicats devront se soumettre et, tout ça, sous le faux prétexte d'accroître la transparence des organisations. Toutefois, on sait très bien que le véritable objectif poursuivi par les conservateurs avec un tel projet de loi est d'amoindrir la capacité des organisations syndicales à bien représenter leurs membres et à défendre leurs droits.
On sait que ce concept est peut-être difficile à comprendre pour les députés d'en face, parce qu'en fait, aucun ne participe au débat actuellement. On parle de protection des travailleurs et de mise en place de mesures très importantes pour protéger des gens qui travaillent dans les secteurs gazier et pétrolier, des secteurs pourtant très chers au coeur des conservateurs. Toutefois, ils ne sont pas en mesure de se lever, de représenter leurs citoyens et de défendre les droits des travailleurs.
Par contre, ils n'ont aucune gêne à multiplier les mesures visant à réduire les droits qu'on accorde à nos travailleurs dans différents secteurs. Pour être bien honnête, c'est assez incompréhensible.
Une autre des mesures qui attaquaient les droits des travailleurs que je peux nommer est la loi spéciale adoptée par les conservateurs lors du lockout de Postes Canada, en juin 2011. Cette loi avait forcé le retour au travail des travailleurs, bien évidemment à des conditions moindres et en réduisant leur pension ainsi que leur protection, qui étaient des droits acquis, en fait. Les conservateurs s'étaient donnés le droit de saccager certaines mesures qui avaient été négociées entre la partie patronale et les employés. Toutefois, bien évidemment, les conservateurs ont décidé de passer outre à cela.
Je pense aussi au récent projet de loi , qui contient des dispositions visant à réduire le nombre de protections assurant la santé et la sécurité des travailleurs, situation assez ironique, et qui permet au ministre de déterminer seul et de façon arbitraire quels services de la fonction publique fédérale sont considérés essentiels, ce qui permettra de réduire les possibilités d'action des travailleurs lorsque viendra le temps de défendre leurs droits et de revendiquer de meilleures conditions de travail.
Enfin, comment oublier le saccage du régime d'assurance-emploi? Les conservateurs s'attaquent directement aux travailleurs saisonniers de partout au pays. Ainsi, ce n'est pas seulement le Québec et les provinces de l'Est du Canada que les conservateurs ont clairement abandonnés. Tout le pays ressentira les répercussions de la réforme de l'assurance-emploi.
Dans ma circonscription, , il ne se passe pas une seule journée sans qu'un citoyen appelle au bureau ou s'y présente parce qu'il subit les contre-coups et les effets néfastes de la réforme imposée par les conservateurs sans consultation avec les provinces et les territoires ou les groupes de travailleurs.
Tous les exemples que j'ai donnés sont symptomatiques de l'attitude généralisée des conservateurs. Toutefois, il y a aujourd'hui une petite lueur d'espoir puisque le projet de loi accroît les protections accordées à certains travailleurs. Profitons de cette lueur d'espoir!
Le NPD appuiera le projet de loi. Toutefois, je dois répéter que je trouve vraiment dommage que les conservateurs ne participent pas au débat sur le projet de loi . C'est peut-être tout simplement parce qu'ils en ont perdu l'habitude ou qu'ils ne savent pas comment défendre les droits des travailleurs puisqu'ils ne l'ont jamais fait. Pourquoi le feraient-ils aujourd'hui? Même si le gouvernement présente un projet de loi qui a cet effet, les conservateurs sont trop près des big corporate bosses et ne sont plus en mesure de se lever à la Chambre pour défendre les droits des travailleurs, même s'ils ont des concitoyens qu'ils se doivent de représenter.
Les députés du NPD continueront de faire leur travail, c'est-à-dire qu'ils continueront de représenter le mieux possible les Canadiens et les Canadiennes. Nous allons le faire au nom des citoyens que les conservateurs sont censés représenter. Le débat que l'on tient aujourd'hui à la Chambre est important. Je trouve vraiment déplorable qu'il y ait une si piètre participation des députés du gouvernement.
Revenons au projet de loi . Comme je l'ai mentionné plus tôt, il s'agit d'un projet de loi qui améliore certains aspects de la vie des travailleurs extracôtiers. Toutefois, le projet de loi comporte certaines lacunes, dont la plus criante est le fait que le gouvernement a refusé de créer un organisme autonome et distinct de réglementation de la sécurité dans la zone extracôtière. Il y a eu des demandes répétées de la part des gouvernements provinciaux de la Nouvelle-Écosse et de Terre-Neuve-et-Labrador, mais ils ont fait face à un refus complet de la part du gouvernement conservateur, et ce, à toutes les étapes des 12 années de négociations.
En juin 2010, le rapport produit par l'honorable Robert Wells proposait plusieurs recommandations, dont la recommandation no 29 qui, selon lui, était la recommandation la plus importante du rapport. Cette recommandation exigeait la création d'un nouvel organisme autonome et distinct chargé de réglementer les questions liées à la sécurité dans la zone extracôtière. Ainsi, il s'agirait d'un organisme distinct et indépendant de toutes les autres instances de réglementation des activités extracôtières et il aurait la seule responsabilité de réglementer les questions liées à la sécurité. Il existe déjà des organismes similaires en Norvège, au Royaume-Uni et en Australie. Les États-Unis seraient aussi en train de considérer l'instauration de ce type d'organisation dans le golfe du Mexique. Du côté des conservateurs, on refuse de même considérer l'idée. Ce n'est pas l'attitude qu'aurait eu un gouvernement néo-démocrate. En effet, selon nous, il est important d'en arriver à la création d'un tel organisme. Nous continuerons nos démarches en ce sens, c'est-à-dire que nous continuerons à faire pression sur le gouvernement pour en arriver à la création d'un tel organisme, et nous continuerons d'épauler nos partenaires provinciaux pour en arriver à un tel but, qui est très important.
Nous avons vécu différents accidents et différents moments tragiques sur nos côtes, et cela a entraîné des décès. Plusieurs de mes collègues en ont parlé à la Chambre, notamment mon collègue de . Malgré tout, malgré le rapport de l'honorable Wells et malgré les demandes répétées venant de partout au pays, le résultat est le même: cet organisme ne fait pas partie des dispositions du projet de loi et ne sera pas créé.
Je trouve cela dommage, mais malgré tout, il existe certains éléments dans le projet de loi que le NPD peut appuyer concernant la protection de la santé et sécurité au travail des travailleurs. C'est donc avec joie que nous le ferons.
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Monsieur le Président, il m'apparaît très important de dire aujourd'hui que, bien que j'aie pu débattre maintes fois de questions à la Chambre des communes, c'était malheureusement rarement pour féliciter les conservateurs. Comme je me lève pour parler du projet de loi , je tiens à leur dire que, même si nous appuyons ce projet de loi, je ne leur ouvre pas grand les bras parce qu'il y encore des améliorations à faire.
Je tiens à souligner que les conservateurs compliquent souvent trop les choses, alors qu'on pourrait rédiger des projets de loi qui soient à 100 % dans l'intérêt des Canadiens. Je pense, par exemple, au projet de loi qui s'est fait en consultation avec les acteurs du milieu et les provinces de l'Atlantique et qui, après 12 ans de pourparlers — ce qui est quand même assez long — ne respecte pas les recommandations les plus fondamentales du rapport.
Pour cette raison, je tiens à demander aux conservateurs pourquoi adopter un projet de loi qui ne va pas jusqu'au bout et pourquoi toujours adopter des projets de loi parsemés de vide et de trous pour ainsi laisser, soit les tribunaux, soit les Canadiens, dans un flou législatif.
Ce qui fait que ce gouvernement est mauvais, c'est que ses députés ne sont pas capables de prendre leurs responsabilités à coeur, à un point tel — mon collègue de la Colombie-Britannique vient de le mentionner — qu'ils ne débattent même pas de leurs propres projets de loi. On se rend compte du ridicule! Le gouvernement présente des projets de loi, mais refuse de les défendre et de répondre aux inquiétudes des Canadiens.
C'est pourquoi ce gouvernement est mauvais. Je suis désolée de le dire parce que j'apprécie beaucoup mes collègues de l'autre côté de la Chambre. Ce projet de loi aurait pu être le meilleur des projets de loi si les conservateurs avaient respecté les principales recommandations du rapport. Tous les experts et tous les groupes consultés l'ont dit. Ce projet de loi est bon, sauf qu'il aurait pu être encore meilleur si le gouvernement avait bien voulu entendre leurs demandes et respecter simplement leurs recommandations.
Je crois que nous ne saurons malheureusement jamais pourquoi ils ne l'ont pas fait. Il est dommage que ce gouvernement refuse, jour après jour, de débattre de son projet de loi et de l'améliorer pour offrir aux Canadiens et aux Canadiennes la meilleure législation et la meilleure protection qui soient.
Cela étant dit, je voudrais parler des aspects positifs de ce projet de loi, car je pense que c'est important. On connaît l'histoire des conservateurs en matière de droits des travailleurs et en matière de travail en général. J'espère que cela démontre maintenant qu'ils prennent au sérieux les travailleurs canadiens et qu'ils viennent à leur défense.
À mon avis, enchâsser dans la loi des dispositions sur la santé et la sécurité des Canadiens est extrêmement important parce que cela offre des balises claires aux employés, aux employeurs et aux organismes provinciaux de réglementation. Il faut mentionner que le pas qu'on fait est quand même très important. Sur le fond, tous les organismes et toutes les provinces s'entendent pour dire que c'est un bon projet de loi. En revanche, pour ce qui est du contenu, il y a encore place à l'amélioration, et je reviendrai sur ce point un peu plus loin dans mon discours.
Comme je l'ai mentionné, ça corrige des lacunes. C'est en 2001 que le gouvernement a commencé les pourparlers avec les provinces et ce projet de loi en est donc l'aboutissement après 12 ans.
Le gouvernement est là pour écouter les provinces et pas nécessairement pour toujours se faire l'avocat du diable. Malheureusement, même en se faisant l'avocat du diable, il n'est même pas capable de présenter un projet de loi qui respecte les recommandations qu'il a lui-même dit vouloir respecter. C'est dommage.
Par exemple, en 1992, on a décidé d'enlever de la loi les questions relatives à la santé et à la sécurité. En fait, cela a créé un genre de flou. Les provinces ont dû procéder de différentes manières non encadrées par des balises législatives pour faire respecter les principes de santé et sécurité.
On sait à quel point ça peut être compliqué dans les provinces de l'Atlantique en raison de tout le développement de l'exploitation des hydrocarbures extracôtiers. On sait, par exemple, que BP commence à faire de nouvelles explorations sur les côtes des provinces atlantiques. On s'en va vers une augmentation de l'exploitation des hydrocarbures. C'est vraiment le moment d'adopter de fortes réglementations pour protéger les gens qui iront peut-être même risquer leur vie sur des plateformes extracôtières. C'est vraiment important.
Je tiens vraiment à féliciter le gouvernement de reconnaître enfin les droits de ces travailleurs. Ils ont le droit d'être défendus tout comme n'importe quel autre Canadien et Canadienne.
Je sais à quel point les conservateurs ont des politiques assez régressives en matière des droits syndicaux des Canadiens et Canadiennes. On l'a vu avec Postes Canada. On l'a vu avec Air Canada et Aveos; bref, c'est la Loi sur la participation publique au capital d'Air Canada.
Je pense que c'est important de constater que, peut-être aujourd'hui, le gouvernement a fait un examen de conscience et s'est rendu compte qu'il est là pour offrir une protection aux travailleurs et non à des organismes privés.
Comme je l'ai dit, le projet de loi décrit le rôle des exploitants, des employeurs et des employés. C'est important. C'est vrai qu'on doit mettre en place une réglementation sur la santé et la sécurité à l'intention des employeurs, mais il est intéressant pour les employés d'avoir des balises et un cadre clairs pour savoir exactement à quoi s'en tenir. Par exemple, il faut inculquer aux employés et aux employeurs une culture sur la santé et sécurité, mais il faut aussi protéger les employés.
Je tiens à mentionner une disposition très importante. Le projet de loi permet aux employés de refuser d'exécuter des tâches qui seraient considérées non sécuritaires pour eux. Bien sûr, le projet de loi mentionne aussi que les employés doivent avoir des motifs raisonnables de le croire. Je pense que c'est important. Ce sont des règles non seulement pour les employeurs, mais aussi pour les employés.
Une autre disposition très importante protège des représailles les employés qui dénoncent des situations non sécuritaires. On peut ainsi éviter de grandes catastrophes, comme celles dans le golfe du Mexique, par exemple.
Je pense que c'est important d'inculquer cette culture de santé et sécurité au travail. Le gouvernement doit le faire non seulement pour la sécurité des Canadiens, mais aussi pour éviter des catastrophes et pour protéger tous les Canadiens contre ce genre de problème.
Comme je sais qu'il ne me reste pas beaucoup de temps, j'aimerais parler de la recommandation no 29. Comme je l'ai dit, le gouvernement a conduit des négociations et engager des pourparlers pendant 12 ans avec les provinces, sans respecter la recommandation la plus importante et celle pour laquelle tous les organismes provinciaux et les provinces voulaient un leadership de la part du gouvernement. C'est dommage. Il s'agit de la recommandation portant sur la création d'un organisme indépendant pour réglementer la sécurité.
Il est très important de souligner que plusieurs pays ont déjà ce genre d'organisme indépendant. Comme ma collègue de l'a déjà mentionné, ce sont la Norvège, le Royaume-Uni et l'Australie. Par ailleurs, les États-Unis considèrent la possibilité d'en créer un.
Si le gouvernement veut vraiment démontrer sa bonne volonté, il doit aller jusqu'au bout et respecter toutes les demandes des provinces.
Je pense que c'est important. Si le gouvernement veut vraiment démontrer sa bonne volonté, il doit aller jusqu'au bout et respecter toutes les demandes des provinces.
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Monsieur le Président, ce n'est pas la première fois que je prends la parole à la Chambre au sujet de l'Office Canada—Terre-Neuve-et-Labrador des hydrocarbures extracôtiers. Depuis mon élection, en mai 2001, j'ai parlé tellement souvent de cet office que je ne compte plus les fois où je l'ai fait. J'ai parlé des problèmes et des lacunes de l'Office Canada—Terre-Neuve-et-Labrador des hydrocarbures extracôtiers à maintes reprises, y compris des nominations partisanes.
La nomination la plus renversante qui me vient à l'esprit est celle de l'ancien directeur de campagne de Peter Penashue, l'ex-député conservateur de Labrador, qui a été ministre des Affaires intergouvernementales durant son bref passage en politique fédérale. Ce directeur de campagne n'était pas plus qualifié pour siéger au conseil d'administration de l'office qu'il l'était pour mener la campagne électorale frauduleuse de Penashue, raison pour laquelle il ne siège plus au conseil d'administration de l'office.
Par ailleurs, je ne peux pas dire combien de fois j'ai mentionné l'écrasement du Cougar, vol 491, en 2009, dans lequel 17 travailleurs extracôtiers ont péri. La confiance de la population dans l'office a été ébranlée, c'est certain. Par conséquent, je suis heureux, pour faire changement, de prendre la parole à la Chambre aujourd'hui pour appuyer un projet de loi qui porte vraiment sur la santé et la sécurité des travailleurs extracôtiers.
Ce n'est pas trop tôt. Cela aurait dû être fait depuis longtemps. C'est une importante victoire pour le mouvement syndical à Terre-Neuve-et-Labrador et en Nouvelle-Écosse de même que pour les néo-démocrates des deux provinces, qui se battaient pour cette mesure depuis des lustres. Ils réclamaient depuis une dizaine d'années l'instauration d'un régime de sécurité extracôtière dans la loi.
J'appuie le projet de loi , Loi modifiant la Loi de mise en oeuvre de l’Accord atlantique Canada—Terre-Neuve et la Loi de mise en oeuvre de l’Accord Canada—Nouvelle-Écosse sur les hydrocarbures extracôtiers. Le projet de loi modifie l'Accord atlantique afin de prévoir des régimes de santé et de sécurité du travail dans la loi. Le projet de loi clarifie les rôles et responsabilités individuels et communs du gouvernement fédéral, des gouvernements provinciaux, des organismes de réglementation, des exploitants, des employeurs, des fournisseurs et des employés.
Le projet de loi repose sur trois grands principes. Le premier veut que les lois sur la santé et la sécurité au travail dans les zones extracôtières doivent assurer aux travailleurs de ces zones une protection au moins aussi bonne que celle dont bénéficient les travailleurs oeuvrant sur la terre ferme. En vertu du deuxième principe, le projet de loi protège et consacre les droits des travailleurs extracôtiers. Le troisième principe consiste à favoriser une culture qui est axée sur la santé et la sécurité au travail et qui reconnaît qu'il s'agit d'une responsabilité partagée.
Le projet de loi autorise les deux ordres de gouvernement — fédéral et provincial — à collaborer en vue d'adopter des règlements pour assurer la santé et la sécurité dans les zones extracôtières. Il exige également que Transports Canada élabore des règlements régissant la santé et la sécurité des travailleurs qui sont en transit entre les installations extracôtières et la terre ferme, lorsqu'ils se rendent vers une installation en mer, une plateforme ou une structure à embase-poids, par exemple ou en reviennent. Pour ceux qui ne l'auraient pas deviné, il n'y a que deux façons de se rendre dans les zones extracôtières. La première est par voie aérienne, à bord d'un hélicoptère Cougar ou d'un hélicoptère de sauvetage, et la deuxième est à bord d'un navire de ravitaillement des zones extracôtières.
Soyons bien clairs: le projet de loi est une bonne nouvelle que nous attendions. Mais il ne va pas assez loin. Je dois de nouveau prendre la parole aujourd'hui pour dénoncer les conservateurs fédéraux et leur incapacité à mettre la santé et la sécurité des travailleurs extracôtiers à l'avant-plan. La santé et la sécurité de ces personnes devrait être la priorité absolue, mais ce n'est pas le cas en ce moment.
J'ai parlé un peu plus tôt de l'écrasement du vol Cougar 491 survenu en 2009 à quelque 30 miles nautiques au large de St-John's. Lors de cette horrible tragédie, 17 personne sont mortes, une seule a survécu. Des catastrophes du genre, les gens des Maritimes comme les Terre-Neuviens et les Labradoriens en ont vu de nombreuses autres. Elle a provoqué une onde de choc ressentie dans toutes les petites localités de Terre-Neuve-et-Labrador mais aussi partout au pays.
Le juge Robert Wells a mené une enquête sur l'écrasement de l'hélicoptère Cougar. Comme il le dit lui-même, la recommandation la plus importante du rapport est la recommandation numéro 29.
La recommandation réclamait la création d'un organisme de réglementation indépendant et autonome qui superviserait la sécurité dans le secteur pétrolier extracôtier. Où est cet organisme de réglementation indépendant? Cette recommandation date de trois ans et le gouvernement de Terre-Neuve-et-Labrador l'appuie. Quelle est la position du gouvernement conservateur? Pourquoi n'a-t-il rien fait à propos de la recommandation la plus importante du rapport d'enquête Wells?
Permettez-moi de citer ce rapport.
[...] l'organisme de réglementation en matière de sécurité doit être distinct et indépendant des autres volets de la réglementation extracôtière et il doit être autonome, la sécurité constituant sa seule tâche réglementaire [...] Des organismes de réglementation en matière de sécurité indépendants et autonomes ont été mis sur pied en Norvège, au Royaume-Uni et en Australie, et le même concept est [...] en cours d'élaboration aux États-Unis et s'appliquerait au golfe du Mexique.
On se souviendra de l'incident de plate-forme Deepwater Horizon dans le golfe du Mexique. La plate-forme a pris feu et près d'une douzaine de travailleurs ont été tués. Le coût des dommages et du nettoyage s'est élevé à plusieurs milliards de dollars.
La santé et la sécurité des habitants de Terre-Neuve-et-Labrador et des Canadiens ne sont-elles pas aussi importantes que celles des Norvégiens, des Australiens, des Américains et des habitants du Royaume-Uni? Bien sûr, qu'elles le sont.
Dans son rapport d'enquête, le juge Wells a écrit que les règles de surveillance qu'il recommandait n'entreraient pas en contradiction avec le rôle des autres organismes de réglementation mais que, au besoin, elles renforceraient les autres mesures réglementaires. Le juge Wells a dit qu'il était temps d'adopter une nouvelle, et il a souligné « nouvelle », approche plus globale en matière de réglementation de la sécurité des opérations au large du Canada et de Terre-Neuve-et-Labrador. Ce que le projet de loi ne fait pas, c'est de créer cet organisme de réglementation indépendant.
Plus tôt ce mois-ci, Transports Canada a publié un projet de réglementation visant la sécurité des opérations en hélicoptères en haute mer. C'était il y a une semaine et demie environ. Les nouveaux règlements interdiraient l'utilisation d'hélicoptères en haute mer lorsque les conditions météorologiques ou de mer ne permettent pas d'amerrir de façon sécuritaire. En vertu des nouveaux règlements, tous les membres d'équipage seraient tenus de porter une combinaison de survie en cas d'immersion et tous les exploitants seraient tenus d'avoir à bord des dispositifs respiratoires submersibles de secours pour chaque passager.
Dans le cadre de cette annonce, la a émis un communiqué dans lequel elle dit ceci:
Notre gouvernement est déterminé à renforcer la sécurité aérienne pour tous les Canadiens. Nous avons collaboré étroitement avec le milieu de l'aviation pour élaborer ces nouvelles dispositions réglementaires qui amélioreront la sécurité des opérations en hélicoptère en haute mer, aussi bien pour les passagers que pour l'équipage.
Des travailleurs extracôtiers et leurs proches m'ont téléphoné lorsque le communiqué de presse a été publié, après avoir appris la nouvelle. Ils étaient fâchés. Pourquoi? Ces nouvelles dispositions réglementaires sont du réchauffé. La directrice d'Unifor pour la région de l'Atlantique, Lana Payne, qui représente les gens qui travaillent sur le Terra Nova, une unité flottante de production, stockage et déchargement en mer, et sur la plateforme pétrolière Hibernia, a souligné que ces recommandations avaient déjà été mises en oeuvre à Terre-Neuve-et-Labrador. L'Office Canada-Terre-Neuve-et-Labrador des hydrocarbures extracôtiers a été chargé d'appliquer ces mesures à la suite de l'écrasement du Cougar. Voici ce que Lana Payne a dit:
Les mesures annoncées par la ministre n'amélioreront aucunement la sécurité dans les zones extracôtières, car la plupart d'entre elles ont déjà été mises en oeuvre.
Les travailleurs extracôtiers qui ont communiqué avec moi étaient furieux. « Comment peut-on prétendre qu'il s'agit d'une nouvelle? », m'ont-ils demandé. Ils ne comprenaient pas en quoi il s'agissait d'une annonce, car rien de neuf n'a été proposé, et ils ont absolument raison.
Voici une autre lacune: le règlement n'exige pas que les hélicoptères puissent fonctionner à sec pendant 30 minutes. Autrement dit, les hélicoptères devraient être capables de rester dans les airs pendant 30 minutes après que la boîte de transmission a perdu toute son huile. Que Dieu nous en garde, mais nous savons qu'une telle chose est déjà arrivée.
Cette recommandation a été présentée il a bien longtemps, voilà deux ou trois ans. Qu'en est-il advenu? Elle est restée lettre morte.
Nous appuyons le projet de loi à l'étape de la deuxième lecture. Il s'agit d'une victoire pour les travailleurs extracôtiers. Voilà des lunes que les partis néo-démocrates de Terre-Neuve-et-Labrador et de la Nouvelle-Écosse demandent une telle mesure législative, et elle est à l'avantage de l'industrie.
Cependant, si les conservateurs pensent que les travailleurs extracôtiers, leurs syndicats, leurs proches ou même les gouvernements provinciaux sont satisfaits, ils se mettent le doigt dans l'oeil. Il ne s'agit que d'un pas dans la bonne direction. Le gouvernement fédéral fera un pas de géant lorsqu'il envisagera enfin de créer un organisme de réglementation indépendant.
Voici ce qui me rend optimiste: les travailleurs extracôtiers, leurs proches et leurs syndicats ne se laissent pas berner par le gouvernement conservateur. Les néo-démocrates ne lâcheront pas prise; nous continuerons à défendre les intérêts des travailleurs tant et aussi longtemps que leur sécurité ne sera pas la priorité absolue. Les travailleurs ne méritent rien de moins.