Que, compte tenu des déclarations faites sous serment par le caporal Greg Horton de la GRC, qui ont révélé que: (i) le 21 février 2013, le Bureau du premier ministre s'est mis d'accord, en ce qui a trait aux dépenses controversées de Mike Duffy, que le Parti Conservateur du Canada le « soulagerait du remboursement »; (ii) le 22 février 2013, le chef de cabinet du premier ministre voulait « parler au PM avant que tout soit considéré final »; (iii) plus tard dans la journée du 22 février 2013, le chef de cabinet du premier ministre a confirmé que « Nous avons le feu vert du premier ministre une fois que Ben aura reçu confirmation de Payne »; (iv) une entente a été conclue entre Benjamin Perrin et Janice Payne, avocats du premier ministre et de Mike Duffy; (v) le montant nécessaire pour garder Mike Duffy entier devenant plus grand que prévu suite à une révision, requérant un ajustement de la source des fonds du Parti conservateur aux fonds de Nigel Wright, après lequel l'entente a procédé et les dépenses de Duffy ont été remboursées, et (vi) que, subséquemment, le Bureau du premier ministre s'est impliqué dans l'obstruction d'une vérification de Deloitte et le blanchiment d'un rapport du Sénat; cette Chambre condamne les actions du Bureau du premier ministre en ce qui a trait au développement, l'organisation et à leur participation à une entente qui, selon la GRC, a violé les articles 119, 121 et 122 du Code criminel du Canada, et rappelle au premier ministre que son propre Guide pour ministres et ministres d'État énonce, à la page 28, que les « Ministres et ministres d'État sont personnellement responsables du comportement et des activités de leur bureau et de leur personnel exonéré », et que la Chambre demande au premier ministre d'expliquer en détails aux Canadiens, sous serment, ce que Nigel Wright ou tous autres membres de son personnel ou tous autres Conservateurs lui ont dit à n'importe quel moment au sujet de n'importe quel aspect de toutes ententes relatives à Mike Duffy, comment il a réagi, et quand.
— Monsieur le Président, je tiens d'abord à remercier mon collègue de d'avoir appuyé cette motion importante.
Aujourd'hui, par l'entremise de la Chambre, les Canadiens sont appelés à réfléchir à deux questions, puis à se prononcer sur celles-ci ce soir.
D'une part, quel rôle a joué le Cabinet du , c'est-à-dire les conseillers principaux du premier ministre, dans une opération de camouflage peut-être criminelle et dans une série d'événements qui, selon la GRC, vont à l'encontre de trois articles du Code criminel?
D'autre part, quel est le degré d'implication de hauts dirigeants du Parti conservateur et de sénateurs conservateurs de haut rang dans le blanchiment d'un rapport sénatorial dans le but d'influencer l'exercice de vérification indépendant d'un firme nationale?
Nous estimons que les Canadiens sont de plus en plus nombreux à ne pas croire le , dont la version des faits change constamment. C'est pour cette raison qu'il faut tenir ce débat aujourd'hui à la Chambre des communes. J'espère que nos collègues conviendront avec nous, en votant ce soir, que la seule solution pour le premier ministre, c'est en fait de témoigner sous serment et de dire exactement aux Canadiens dans quelle mesure on l'avait informé de nombreux détails de cette affaire.
[Français]
Le véritable problème dans cette affaire, outre le fait que la GRC croit que des actes criminels ont eu lieu au sein du bureau du premier ministre, est que non seulement il y a de multiples versions des faits en ce qui a trait au degré d'implication du premier ministre, mais que les versions offertes par la GRC et par ce gouvernement démontrent des comportements inacceptables de la part de ce et de son Cabinet.
Il est devenu évident que les Canadiens et Canadiennes ne croient plus le lorsqu'il raconte sa version changeante de cette affaire sordide. En fait, la personne qui enlève le plus de crédibilité au premier ministre est le premier ministre lui-même, car il nous a donné tellement de versions différentes. Son histoire ne cesse de changer. Chaque fois, de nouveaux détails sont rendus publics. Nous sommes rendus au point où les gens doutent des paroles du premier ministre canadien.
[Traduction]
Premièrement, dans une déclaration sous serment présentée à un juge, un agent de la Gendarmerie royale du Canada parle d'un courriel de Nigel Wright, le chef de cabinet du . Voyons le contenu de ce courriel.
Le 22 février, Nigel Wright a déclaré dans son courriel qu'on se servirait des fonds du Parti conservateur pour soulager Mike Duffy de son remboursement, mais qu'il voulait « parler au PM avant que tout soit considéré final ». Selon la déclaration sous serment de l'agent de la GRC, Nigel Wright a envoyé un autre courriel, une heure plus tard, dans lequel il dit: « Nous avons le feu vert du premier ministre ».
[Français]
En français, ce serait quelque chose comme : « On a l'approbation du premier ministre ». L'inférence est très claire ici. Nigel Wright a confirmé les détails de l'entente pour rembourser Mike Duffy avec le .
Je veux bien donner le bénéfice du doute au lorsqu'il prétend que Nigel Wright ne lui avait pas donné les détails de cette entente. Cependant, Nigel Wright a été très clair. À ce moment-là, l'entente était bel et bien de rembourser avec des fonds du Parti conservateur l'argent que Mike Duffy avait touché de façon inappropriée.
C'est ridicule de prétendre que M. Wright avait besoin de l'approbation du pour demander à Mike Duffy de rembourser ses dépenses frauduleuses avec son propre argent. Franchement, c'est une histoire qui frise le ridicule.
[Traduction]
Ce qui compte dans le cas d'un acte illégal comme celui qui, au dire de la GRC, s'est produit dans le Cabinet du , c'est non seulement l'identité de l'auteur du pot-de-vin et la date du versement, mais aussi le fait qu'un tel transfert d'argent a bien eu lieu. Le dilemme du premier ministre, c'est que toutes les preuves circonstancielles indiquent qu'il était au courant et qu'il a approuvé le versement d'au moins 32 000dollars au sénateur Duffy, ainsi que le paiement de ses frais juridiques. La somme devait au départ provenir du Parti conservateur, par l'entremise du sénateur Irving Gerstein, qui était un membre influent du caucus conservateur et le président du Fonds conservateur.
Au final, peu importe que la source du paiement ait changé et que le montant ait augmenté. Le semble avoir approuvé un plan visant à corrompre un législateur en exercice, et c'est là l'origine de toute cette affaire sordide. Les porte-parole du gouvernement n'ont pas réussi à présenter des arguments crédibles, face à ces allégations, et la GRC, dans sa déclaration sous serment, donne un récit très convaincant de toute cette histoire.
En effet, la déclaration de la GRC décrit clairement et irréfutablement la vaste opération de camouflage à laquelle se sont livrés les plus hauts responsables du Cabinet du , y compris des membres influents du caucus conservateur au Sénat, dont une femme qui, à l'époque, était un ministre important du cabinet conservateur. La GRC est d'avis que, dans la somme de la preuve, les actes commis et les tentatives de camouflage qui les ont suivis constituent des infractions à au moins trois articles du Code criminel du Canada.
[Français]
Même si on croyait le lorsqu'il dit que Nigel Wright ne l'a informé de rien et qu'il n'a jamais été mis au courant du remboursement à Mike Duffy, du blanchiment du rapport du Sénat, dont l'ordre a été émis de son propre bureau, ou de l'implication de quatre des sénateurs les plus proches de lui, même si nous décidions de croire toutes ces excuses plus ridicules les unes que les autres, il y a un grave problème. En effet, ce gouvernement a décidé de protéger les gens qui ont participé à cet acte potentiellement criminel, au lieu de les punir comme il se doit.
Je vais nommer quelques-uns des exemples les plus flagrants. Certaines de ces personnes sont toujours sénateurs du Parti conservateur, et d'autres étaient des employés directs du du Canada avant d'être promus à des rôles supérieurs au sein des bureaux des ministres conservateurs.
[Traduction]
Commençons par les sénateurs conservateurs. Quatre d'entre eux, les sénateurs LeBreton, Carolyn Stewart Olsen, David Tkachuk et Irving Gerstein, ont été interrogés par la GRC au sujet de leur rôle dans le stratagème utilisé par les conservateurs pour édulcorer un rapport du Sénat qui, au départ, devait dénoncer le comportement du sénateur Duffy.
La GRC a constaté que, dans leur déclaration sous serment, ces sénateurs conservateurs ont pris des libertés avec la vérité dans les réponses qu'ils ont données à notre police nationale. La sénatrice Marjory LeBreton était une ministre importante du cabinet conservateur du actuel. C'était l'un des cerveaux du plan concocté pour édulcorer l'audit du Sénat, et elle a fait des pieds et des mains pour étouffer toute l'affaire.
Elle a donc présidé, au Sénat, à une tentative de dissimulation d'actes criminels, et on l’a récompensée en l'autorisant à rester membre du Comité sénatorial de la régie interne.
La sénatrice Carolyn Stewart Olsen a été le maître d'œuvre de toute l’opération visant à édulcorer le rapport du Sénat. Elle a littéralement caviardé l'ébauche du rapport afin de supprimer toute critique à l'égard des dépenses du sénateur Duffy. C'est elle qui a eu l'idée de ménager le sénateur Duffy, et cela a ensuite été négocié entre l'avocat du , M. Perrin, et l'avocate de M. Duffy, Mme Payne. On a constaté qu’au cours de son interrogatoire à la GRC, la sénatrice a pris beaucoup de libertés avec la vérité.
Le gouvernement ne cesse de répéter qu'il collabore entièrement avec la GRC dans cette enquête, mais il ferait mieux de commencer par dire aux membres influents de son caucus, ainsi qu'à la sénatrice Stewart Olsen, qui fut l'attachée de presse du , qu'ils sont tenus de dire la vérité lorsqu'ils sont interrogés par la GRC.
D'aucuns se souviendront que le sénateur David Tkachuk a été impliqué dans un scandale financier au parlement de la Saskatchewan. Le sénateur Tkachuk a lui aussi joué un rôle déterminant. Il était président du Comité de la régie interne. Il a par la suite démissionné, mais les Canadiens se souviendront que le sénateur a été informé verbalement par le cabinet Deloitte des progrès de l'audit.
C'était dans le cadre d'une réunion privée. Trois sénateurs étaient présents. Les vérificateurs étaient venus leur présenter un rapport préliminaire de leurs conclusions. Deloitte avait constaté que le sénateur Duffy avait réclamé des indemnités quotidiennes aux contribuables canadiens comme s'il était à Ottawa, alors que ses relevés de téléphone cellulaire indiquaient qu'il était à ce moment-là en Floride. Qu’a fait le sénateur Tkachuk? Il a appelé le sénateur Duffy au téléphone pour lui demander d'expliquer pourquoi il réclamait des indemnités quotidiennes comme s'il était à Ottawa, alors qu'il se trouvait en Floride.
Toujours prêt à rendre service, ce cher sénateur Duffy a alors envoyé une lettre fallacieuse au sénateur Tkachuk au sujet d'une conversation qu'ils avaient eue deux jours plus tôt, disant qu'il avait réexaminé ses dossiers et qu'en fait, c'est un des employés de son bureau qui avait fait une erreur en réclamant aux contribuables des indemnités quotidiennes comme s'il était à Ottawa, alors qu'il était en Floride.
Le sénateur Tkachuk avait l'obligation de protéger l'argent durement gagné des contribuables, et non d'alerter un collègue qui faisait l'objet d'une vérification judiciaire. C'est comme si, après avoir rencontré un policier pour lui délivrer un mandat de perquisition, un juge se précipitait sur son téléphone pour appeler la personne visée par le mandat de perquisition pour lui conseiller de se débarrasser des éléments de preuves, parce que la police est en route vers son domicile. C'est insensé. C'est pourtant ce que le sénateur Tkachuk a fait, et on l’a lui aussi récompensé de ses bons offices en l'autorisant à rester au Comité sénatorial de la régie interne.
Les Canadiens savent que le sénateur Irving Gerstein est le grand argentier du Parti conservateur, à titre de président du Fonds conservateur. Chose curieuse, ce sénateur a jugé bon de prendre son téléphone, sur instruction du Cabinet du , comme on l'apprend dans la déclaration sous serment de la GRC, pour appeler un membre du cabinet Deloitte, un cabinet de vérification comptable réputé, afin d'exercer des pressions pour que l'on ne parle plus du sénateur Duffy dans la vérification, puisque celui-ci allait rembourser l'argent. Voilà ce qu'il a proposé au cabinet Deloitte.
Le sénateur Gerstein n'est pas membre du comité. Il n'a pas du tout participé au rapport préparé par le Sénat, mais il connaissait vraisemblablement quelqu'un de haut placé chez Deloitte. C'est peut-être parce que ce cabinet a eu pour 50 millions de dollars de contrats du gouvernement fédéral au cours des dernières années. Peut-être. Mon collègue, le leader parlementaire du NPD, pense sans doute comme moi que c'est peut-être là l'une des raisons pour lesquelles le sénateur Gerstein a jugé bon de tout simplement téléphoner à Deloitte et proposer d'oublier toute l'affaire.
Il s'agit là, de la part du sénateur Gerstein, d'un grave manquement à l'éthique professionnelle. Il est inexplicable que le Cabinet du puisse demander à quiconque de contacter un cabinet de vérification indépendant. Je me réjouis que le Comité sénatorial de la régie interne ait décidé, suite à une intervention du Parti libéral, de convoquer Deloitte devant le comité sénatorial cette semaine pour savoir exactement par qui le cabinet a été contacté, et à quel moment des membres influents du Parti conservateur l’ont appelée pour essayer d'édulcorer un audit.
Le sénateur Gerstein était aussi disposé à payer 32 000 dollars pour rembourser Mike Duffy de ses dépenses potentiellement frauduleuses. Comme l'indique le rapport de la GRC, le sénateur Gerstein ne s’est manifestement pas posé la question de savoir s'il était approprié d'essayer de corrompre un législateur en exercice. La seule chose qui l'intéressait, c'était le montant de la somme à payer, et il était prêt à refiler à Mike Duffy 32 000 dollars des cotisations versées personnellement par les Canadiens au Parti conservateur, tout ça pour régler le problème du et de M. Wright, mais finalement, il a décidé que la somme était trop élevée, et c'est là que Nigel Wright est arrivé avec la cagnotte.
[Français]
Regardons maintenant les mesures prises par des employés du , ceux qui ont un rôle quelconque à jouer dans cette affaire sordide et qui travaillent toujours pour le Parti conservateur et au sein du gouvernement canadien: Chris Woodcock, David van Hemmen, Patrick Rogers et Ray Novak. Regardons ce qu'ils savaient, quand ils le savaient et quelles mesures ont été prises par le premier ministre pour ses propres employés responsables dans cette affaire.
Commençons par M. Woodcock. Il était gestionnaire des enjeux au bureau du premier ministre. En d'autres mots, quand il y avait un feu, c'est à Chris Woodcock qu'on faisait appel pour l'éteindre. D'ailleurs, dans les documents de la GRC, il est démontré qu'il a non seulement participé à la falsification du rapport du Sénat, mais pire, M. Wright lui a aussi envoyé un courriel le 8 mars pour l'informer qu'on allait rembourser 90 000 $ à Mike Duffy des fonds personnels de Nigel Wright.
Au lieu d'informer les autorités policières ou peut-être appeler un avocat, qu'a-t-il fait? De toute évidence, il ne pouvait pas appeler l'avocat du au bureau du premier ministre parce qu'on sait très bien que M. Perrin était lui-même impliqué dans l'affaire. Il a donc participé encore davantage au camouflage de l'affaire. Dans le secteur privé, il aurait été renvoyé et la police aurait été appelée. Au sein du Parti conservateur, il est devenu le directeur du cabinet du .
David van Hemmen était l'adjoint exécutif de M. Wright au bureau du premier ministre. Non seulement était-il au courant du plan illégal de rembourser M. Duffy, mais c'est lui-même qui a participé au transfert des fonds. Il a lui-même apporté le chèque à la banque de l'avocate de Mike Duffy. Il était au courant au point d'être en possession de ce chèque, chèque que la GRC a qualifié comme étant la preuve centrale d'un acte de corruption. Encore une fois, quelle a été sa punition? Il a été promu conseiller politique au bureau du .
Patrick Rogers était le directeur des affaires parlementaires au bureau du premier ministre. Selon la GRC, il était impliqué, avec le sénateur Gerstein, pour tenter de mettre un terme à la vérification de la firme Deloitte afin de protéger Mike Duffy. Il a également eu affaire avec les sénateurs Tkachuk et Stewart Olsen qui ont blanchi le rapport du Sénat au sujet de Mike Duffy, effaçant toute critique concernant son comportement. À la suite de ce comportement inacceptable, qu'est-il arrivé à M. Rogers? Il est maintenant au bureau de la , à titre de directeur de la politique.
Finalement, parlons du cas de Ray Novak. Il était directeur de cabinet adjoint du . Nous savons deux choses sur Ray Novak. Il était assez au courant des détails de cette affaire sordide pour traiter Mike Duffy de menteur continuel, et il a travaillé au dossier du Sénat avec la sénatrice LeBreton. Si nous pensons accepter que le premier ministre ne savait rien à ce sujet, et c'est un gros « si », il est clair que Ray Novak en savait beaucoup plus et que lui, n'avait jamais partagé cette information avec le premier ministre. Quelle a été sa sentence? Il a remplacé Nigel Wright comme directeur au Cabinet du premier ministre.
Les Canadiens sont en droit de se demander comment le peut avoir confiance en Ray Novak en tant que directeur de cabinet. Pourquoi remplacer un directeur de cabinet qui, selon le premier ministre lui-même, a induit son patron en erreur, par une autre personne qui aurait également fait la même chose?
[Traduction]
Les choses sont pourtant simples. Dans le secteur privé, si un PDG donnait l'apparence d'avoir autorisé un comportement aussi aberrant de la part de l'un de ses cadres, ou qu’un conseil d'administration découvrait, dans des déclarations sous serment de la GRC, qu'un PDG avait autorisé des opérations qui enfreignent probablement trois articles très importants du Code criminel du Canada, ce PDG serait mis à la porte immédiatement. Il ne pourrait certainement pas donner une promotion à tous les employés incompétents et malhonnêtes qui ont participé, sous sa gouverne, à ce qui risque d'être considéré comme une conspiration illégale qui enfreint trois articles importants du Code criminel.
Dans ses propres consignes aux ministres et aux ministres d'État, le décrit ce qu’est la responsabilité ministérielle. Quand on embauche tous les acteurs, on est l'ultime responsable de leurs actions. L'actuel premier ministre ne respecte même pas ses propres normes de responsabilité, et les Canadiens se méfient et doutent de plus en plus de la véracité de ses déclarations.
Les scénarios et les explications du gouvernement ne tiennent pas la route: un jour M. Wright est un homme extraordinaire; puis, tout d'un coup, il accepte l'entière responsabilité des événements et donne sa démission; et enfin, coup de théâtre, nous apprenons qu'il a été renvoyé.
La simple notion qu'une personne assume seule la responsabilité d'un acte criminel ne tient pas la route en droit. Si un groupe de personnes conspirent pour enfreindre le Code criminel, on ne peut pas accepter que l'une d'entre elles décide d’en assumer la responsabilité à elle seule, et que les autres lui en soient redevables.
Cela ne tient pas debout. Les Canadiens se méfient de plus en plus d'un gouvernement qui a perdu tout sens moral et qui est incapable de leur dire la vérité sur cet énorme scandale.
:
Monsieur le Président, je suis heureux de pouvoir prendre la parole dans le présent débat. Le député libéral a effleuré le sujet du résultat des élections partielles annoncé hier soir. Je voudrais prendre un instant, très brièvement, pour féliciter les deux nouveaux membres du caucus conservateur, que nous retrouverons aux Communes très bientôt. Je voudrais féliciter également tous les candidats à ces élections. Une campagne électorale n'est jamais chose facile. À plus forte raison lors d'une élection partielle, qui n'est pas au coeur de l'actualité et où le candidat est livré à lui-même. Quoi qu'il en soit, félicitations aux nouveaux députés conservateurs et aux autres candidats victorieux hier soir.
Premièrement, je voudrais donner suite à la question que j'ai posée au député d'en face. Tous les Canadiens sont profondément désolés à la vue du comportement de certains sénateurs. La vaste majorité des Canadiens veulent que les personnes qu'ils élisent députés ou celles qui sont nommées sénateurs fassent le meilleur usage possible de l'argent des contribuables pour exercer leurs fonctions. Ils veulent que les sénateurs fassent de leur mieux pour utiliser l'argent dans le respect pour les contribuables. Lorsque les Canadiens constatent que ce n'est pas le cas, ils exigent à raison que des mesures soient prises.
Je ne défendrai pas les agissements de ces sénateurs, comme d'autres ont essayé de le faire, car je pense que c'est indéfendable. Le présent débat nous permet de voir que des changements importants doivent être apportés au Sénat. Le gouvernement tente d'y parvenir depuis des années. Nous avons présenté un projet de loi qui est actuellement examiné par la Cour suprême du Canada, car nous ne voulons pas procéder à l'aveuglette dans notre réforme du Sénat.
Les Canadiens nous disent qu'ils veulent une réforme du Sénat. Ils souhaitent pouvoir de nouveau en être fiers. Mais ils ne veulent pas que des querelles constitutionnelles détournent l'attention des élus qui les représentent au Parlement et qui devraient se concentrer sur l'objectif principal du gouvernement, soit créer des emplois, améliorer les perspectives économiques et susciter de l'espoir pour les Canadiens de partout au pays. C'est pourquoi nous avons soumis certains changements à la Cour suprême, qui nous indiquera, espérons-le, la marche à suivre dans ce dossier.
Je souligne également que, en juin dernier, le Sénat a pris des mesures pour resserrer les règles de reddition de comptes au Sénat. Mes électeurs déplorent souvent que le Sénat ait tant tardé à agir. En effet, pourquoi a-t-il mis tant de temps à rattraper son retard par rapport à la Chambre des communes et à obliger les sénateurs à rendre compte de leurs dépenses? J'aimerais pouvoir répondre à cette question. Si le Sénat avait agi plus tôt, les sénateurs ne se trouveraient peut-être pas dans cette position.
Cela dit, le député de a soulevé un certain nombre d'aspects. Il a parlé un peu du et des actions du Cabinet du . Le député m'a entendu à un certain nombre de reprises dire ce que je vais répéter, en allusion au rapport. Cela se trouve à la page 21. Je vais lire les sections pertinentes. Voici ce que dit l'enquêteur de la GRC à la page 21:
Rob Staley, représentant juridique du Cabinet du premier ministre, a avisé mon bureau qu'il avait reçu une directive claire de la part du premier ministre: le cabinet doit pleinement collaborer avec les enquêteurs et fournir tout document exigé par la GRC. Les employés (actuels et anciens) du Cabinet du premier ministre à l'origine des courriels susceptibles d'être pertinents ont tous consenti, par l'intermédiaire de leur avocat, à en divulguer le contenu. Le Cabinet du premier ministre a également levé l'obligation du secret professionnel entre l'avocat et son client en ce qui concerne ces courriels [...]
À la suite des allégations et après le début de l'enquête entreprise en mai 2013, [le] premier ministre a ordonné au personnel de son cabinet de conserver tous les courriels dans l'éventualité où la GRC exige à les voir.
On peut ensuite lire ceci dans le rapport:
Ce processus a permis de repérer environ 260 000 courriels susceptibles d'être pertinents. Par courriels, on entend les messages en tant que tels ou encore les pièces jointes à ces messages. À l'issue d'un processus d'examen, ce nombre a été réduit à environ 19 000 courriels. Une analyse plus poussée de ces données a permis de diminuer le nombre de courriels pouvant servir de preuve à environ 2 600.
Depuis des mois, l'opposition ne cesse d'aborder ce sujet. Tout d'abord, au printemps, elle a laissé entendre que le ne participait pas à l'enquête et n'offrait pas son concours. De toute évidence, les preuves montrent que c'est plutôt le contraire qui s'est produit. Dès qu'il a été mis au courant des allégations, le premier ministre est intervenu très rapidement pour voir à ce que son cabinet offre son aide dans le cadre de l'enquête et participe à celle-ci.
Si j'aborde cette question, c'est que je souhaite établir une comparaison. En effet, le député de a soulevé plusieurs points, et parfois, il faut revenir en arrière pour mieux évaluer les propos d'un député. Je crois qu'il existe un contexte, et c'est pour cette raison que je veux parler un peu du problème des fiducies de revenu, avec lequel le gouvernement Martin a dû composer. Pour commencer, j'aborderai certains aspects de ce problème, puis je reviendrai au sujet dont il est question aujourd'hui afin d'établir une comparaison. Je vais citer certains extraits d'un rapport.
[Le député de ] a également été interrogé par la GRC à propos d'un courriel qu'il a envoyé à une connaissance qui travaille à la Banque canadienne impériale de commerce, le jour précédant l'annonce [du député de ].
Il est ici question de l'approche que le gouvernement d'alors voulait adopter en ce qui concerne les fiducies de revenu. Le député de Kings—Hants a écrit dans un courriel que le destinataire de celui-ci serait « bientôt plus heureux ». Je cite le député de Kings—Hants.
On a ensuite mené une enquête un peu plus poussée. Le député de Wascana a alors déclaré que le député de Kings—Hants avait communiqué avec lui et lui avait demandé de dire publiquement que le souvenir qu'il gardait des événements était exactement le même. Donc, il semblerait que le député de Kings—Hants a tenté de convaincre le député de Wascana qu'ils devaient discuter de la situation avant l'enquête de la GRC, s'entendre sur les faits et faire une déclaration publique.
Ce n'est pas tout.
Lorsqu'il a été interrogé par la GRC, le député de Wascana semblait mal à l'aise de discuter de son collègue du Cabinet. Il a dit: « Je suppose que d'autres personnes devront juger de la conduite [du député de Kings—Hants] dans ce dossier. »
Ce sont des faits importants, car ils montrent bien l'hypocrisie dont le Parti libéral fait preuve à de nombreux égards.
Lorsqu'on lui a demandé de fournir ses courriels et ses communications par BlackBerry, le député de a répondu:
qu'il n'avait pas de service de courriel, ni sur un appareil portatif ni même sur son ordinateur de bureau, parce que cette technologie l'irritait, surtout lorsque ses collègues pitonnaient sur leur BlackBerry pendant les réunions.
Voila l'approche adoptée par les libéraux à l'égard d'un sujet aussi sérieux que les fiducies de revenu.
La décision du gouvernement d'imposer ou non les fiducies de revenu aurait eu une incidence marquée sur le marché, qui aurait réagi. Les gens détenaient des avoirs et des ressources considérables sur lesquels la décision du gouvernement aurait eu des répercussions.
À première vue, il semble que lorsque — la veille même de la journée où devait avoir lieu l'annonce — le député de a affirmé à un employé de la CIBC qu'il serait bientôt plus heureux, il l'informait en réalité du fait que le député de , qui était alors ministre des Finances, allait prendre une décision concernant les fiducies de revenu qui allait lui plaire.
Il semble que le député de ait transmis l'information au député de , qui l'aurait à son tour communiquée à l'employé de la Banque canadienne impériale de commerce. Ils semblent avoir oublié le secret ministériel et cherché plutôt à exercer une influence positive sur des gens qui versaient alors des sommes énormes au Parti libéral.
Les députés se souviendront que l'une des premières mesures prises par le gouvernement conservateur est l'adoption de la Loi fédérale sur la responsabilité, qui a mis fin à l'influence du grand capital, des gros syndicats et des banques. Lorsqu'on a tenté de pousser l'enquête, il n'avait supposément pas de service de courriel, ni de BlackBerry ou d'autre appareil du genre.
À l'opposé, le a agi sans tarder, dès qu'il a appris et qu'on l'a informé qu'il pourrait y avoir des problèmes au sein de son cabinet. Son personnel a dû signer une renonciation afin de pouvoir pleinement collaborer à l'enquête de la GRC. Le CPM a fourni des centaines de milliers de courriels à la GRC. Tout ce qu'elle demande, elle l'obtient. L'objectif est de faciliter l'enquête.
Apparemment — et cela témoigne de l'hypocrisie du Parti libéral— c'est une priorité pour les libéraux. À mon avis — et je sais que nous sommes en désaccord —, l'économie est une priorité pour les Canadiens, à l'instar de la création d'emplois et de débouchés, de la sécurité publique et de l'exploitation des ressources naturelles.
Or, les libéraux ne semblent pas partager la même philosophie. Pour eux, cette question est primordiale. C'est une telle priorité à leurs yeux que, chaque jour, le chef libéral ne parle que de cela à la Chambre. Il n'a pas le droit de parler d'autre chose. Il ne parle pas des priorités des Canadiens, car celles-ci ne semblent pas suffisamment importantes à ses yeux. Il n'est pas important à ses yeux de poser des questions au sujet des enjeux de l'heure. Il ne le fait pas. Il demande à un substitut de le faire.
Comme je l'ai déjà dit, dans le cadre d'un autre débat, je réfute l'idée que ce soit la priorité absolue des Canadiens, mais je sais que c'est une priorité pour au moins un des deux partis de l'opposition. Tous les jours, le pose des questions à la Chambre. Tous les jours.
Le pose des questions tous les jours, parce qu'il dit que c'est une priorité — et je présume que c'est une priorité, car il pose ces questions à la Chambre. Je ne suis peut-être pas d'accord. Je n'aime peut-être pas les questions qu'il pose et je sais qu'il n'aime pas les réponses que je donne, mais il est cohérent; il en fait une priorité.
Voilà qui diffère de ce que font la plupart des députés libéraux. Ceux-ci prennent la parole et tentent de faire valoir des arguments dès qu'ils croient se trouver devant une caméra ou pouvoir se faire du capital politique à bon marché.
Quant au chef du Parti libéral, il ne prend la parole que pour projeter une image positive et sereine. Il laisse aux autres le soin de tenir des propos calomnieux à l'endroit de l'opposition officielle ou du gouvernement et de proférer des insultes. Il ne se montre ni responsable ni honnête dans sa façon de traiter avec les Canadiens.
Jour après jour, les Canadiens en viennent de plus en plus à la conclusion à laquelle nous sommes arrivés depuis longtemps: le chef libéral est loin d'être à la hauteur. Son incapacité à commenter les motions qu'il considère de première importance pour les Canadiens reflète soit son manque de confiance envers le processus parlementaire, soit son incapacité à avancer des faits pour étayer ses propos.
On a beaucoup parlé des actions de M. Wright et des raisons à l'origine du courriel du 22 février, qui a causé pas mal de soucis.
Ces documents représentent une somme de travail assez impressionnante et je félicite la GRC. Toutefois, certains demandent pourquoi le a dû dire au sénateur Duffy de rembourser ses dépenses. Comme je l'ai dit à la Chambre hier, le sénateur Duffy s'est défendu en déclarant, le 7 février, que ses dépenses étaient tout à fait légitimes. Le 11 février, il a tenté à nouveau de justifier le fait qu'il avait réclamé un remboursement alors que les dépenses visées étaient inappropriées.
Le 13 février, il s'est adressé au pour tenter de justifier ces mêmes dépenses illégitimes. Le premier ministre a répondu au sénateur qu'il devait les rembourser de sa poche.
Le 19 février, le sénateur Duffy a essayé de justifier ses dépenses inappropriées. Le 20 février, le sénateur Duffy a essayé de justifier ses dépenses inappropriées. Le 21 février, le sénateur Duffy a encore essayé de justifier ses dépenses inappropriées. À aucun moment, le sénateur ne s'est dit d'accord pour les rembourser.
Comme je l’ai dit plusieurs fois, ce n’est pas parce que quelqu’un peut trouver une façon de contourner les règles qu’il devrait chercher à trouver une façon de le faire. Il y a l’esprit de la loi, comme l’a dit le , et il y a la lettre de la loi. Quand des règles sont en place, nous ne nous attendons pas à ce que les députés ni les sénateurs trouvent toutes sortes de façons pratiques de les contourner et de se justifier. Les Canadiens nous paient cher pour être ici, ils nous fournissent beaucoup de ressources pour être ici, ils sont équitables avec nous, mais ils veulent être traités équitablement, eux aussi. Or, pour cela, il ne faut pas trouver des façons de déjouer ou de contourner les règles.
En conséquence, lorsque le sénateur Duffy s’est présenté au cabinet du le 13 février, le premier ministre lui a dit de rembourser ses dépenses, mais le sénateur a prétendu, les 7, 11, 12, 13, 19, 20 et 21 février, qu’il n’était pas tenu de le faire. Finalement, le 22 février, il semblait prêt à rembourser ses dépenses. Naturellement, nous avons tous appris qu’il n’en était rien, que quelqu’un d’autre payait à sa place.
Voilà essentiellement ce sur quoi porte l’enquête de la police actuellement. Ce qui est en cause, c’est que le sénateur Duffy a réclamé le remboursement de dépenses qu’il n’avait pas engagées; s’ajoute à cela le remboursement de ces dépenses par Nigel Wright, qui aggrave la situation. Comme je l’ai dit un nombre incalculable de fois — et si les gens lisent ceci, c’est très probant — Nigel Wright a déclaré qu’il accepte les conséquences des décisions qu’il a prises. Il appert également qu’il collabore avec la GRC sur ce sujet. Toutefois, malgré ce qu’il a dit au Sénat il y a quelques semaines, le sénateur Duffy ne collabore d’aucune façon à l’enquête. Il a déclaré qu’il remettrait des lots de courriels, mais, chaque fois, il a trouvé une raison pour ne pas le faire.
On peut également lire dans le rapport de la GRC:
« À ma connaissance, aucune preuve ne démontre que le premier ministre a pris part au paiement ou au remboursement versés au sénateur Duffy ou à son avocat. »
La GRC en est venu à cette conclusion après examen de milliers de courriels et de documents.
Nigel Wright a également déclaré qu’il n’avait pas informé le sur cette question. Il est donc très clair que le premier ministre ne savait pas ce qui se passait. S’il l’avait su, il aurait mis un frein à cela. Nigel Wright n’a pas agi de façon appropriée. Cela n’aurait jamais dû se produire et il doit subir les conséquences de sa décision.
En définitive, les Canadiens sont furieux de ce que les sénateurs Duffy, Harb, Brazeau et Wallin ont fait et ils ont raison de l’être. Voilà une bonne raison pour laquelle nous collaborons avec la GRC et également pour laquelle nous devons aller de l’avant comme parlementaires pour procéder à une réforme substantielle du Sénat.
Concernant toutes ces questions, il est très clair que le a fait montre de leadership, qu’il a collaboré avec la GRC, qu’il s’est montré réceptif et honnête et qu’il veut tout autant que tout le monde voir la conclusion de cette affaire.
Comme nous l’avons dit à de nombreuses occasions, nous continuerons de gouverner pour tous les Canadiens. Nous avons fait adopter 61 projets de loi et 19 projets de loi d’initiative parlementaire, ce qui est extraordinaire. Notre bilan est très impressionnant et je sais que la majorité des Canadiens en sont conscients chaque jour et qu’ils en sont très fiers. Voilà pourquoi je suis si fier de travailler avec le premier ministre.
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Monsieur le Président, c’est comme toujours un grand honneur pour moi de prendre la parole au nom de la population de Timmins—James Bay, qui m’a accordé sa confiance pour défendre ses intérêts. Nous sommes tous ici pour défendre l’intérêt public, y compris le Cabinet du .
Je vais certainement voter en faveur de cette motion. Elle exprime la préoccupation et la tristesse qu’éprouve la Chambre des communes en constatant que le Cabinet du premier ministre fait l’objet d’une enquête pour corruption, abus de confiance et fraude et que la GRC cherche à obtenir des ordonnances de communication adressées à tous les membres clés du Cabinet du premier ministre, sauf un. Benjamin Perrin est le seul qui ne recevra pas une telle ordonnance parce que tout son courriel a été effacé.
Aujourd’hui, plutôt que de parler des personnages douteux impliqués dans ce scandale honteux, j’aimerais concentrer mes observations sur Benjamin Perrin. Je trouve son rôle particulièrement intéressant puisqu’il assume au CPM les fonctions d’avocat du du Canada.
Monsieur le Président, je voudrais signaler que je partagerai mon temps parole avec la députée de .
Comme avocat, M. Perrin avait certaines obligations et responsabilités. Il devait défendre les intérêts du et travailler pour lui. La question qui se pose est la suivante: quel rôle Benjamin Perrin a-t-il joué dans cette affaire qui fait maintenant l’objet d’une enquête pour fraude, corruption et abus de confiance?
Le 21 mai, Benjamin Perrin a dit: « Je n’ai pas été consulté au sujet de la décision de Nigel Wright de donner un chèque personnel pour rembourser les dépenses du sénateur Duffy. » Toutefois, la déclaration sous serment de la GRC permet de croire que ce n’est pas le cas. M. Perrin a également dit: « Je n’ai jamais communiqué avec le premier ministre à ce sujet. » Toutefois, comme il était l’avocat du premier ministre, je trouve cela plutôt étrange.
Poursuivons dans la même voie.
M. Perrin commence à être impliqué dans cette intrigue le 19 février. Ainsi, Mme Payne, avocate de Duffy, a un interlocuteur valable au CPM.
Le 20 février, Nigel Wright parle du stratagème appelé « l'argent pour le remboursement », et dit que Deloitte n'y trouverait rien à redire.
Par conséquent, Benjamin Perrin a participé à ces négociations. Qui l’a autorisé à le faire? Étant l’avocat du , faisait-il cela de sa propre initiative, à l’encontre de la position explicite du premier ministre, telle que l’a affirmé à plusieurs reprises et d’une façon très douteuse le secrétaire parlementaire?
Les 21 et 22 février sont des dates à retenir dans ce scandale.
Nigel Wright prend contact avec Benjamin Perrin. Les deux discutent de l’histoire que Mike Duffy devra raconter aux médias. Nigel Wright dit à M. Perrin qu’il n’aime pas l’idée de transmettre cette histoire à un avocat et qu’il préfère que ce soit fait au téléphone.
S’il s’était agi d’une entente juridique honorable, le l’aurait-il appuyée? Pourquoi ne voulaient-ils pas mettre cette entente par écrit? Quoi qu’il en soit, ils n’ont pas voulu en parler à l’avocate et ont préféré en parler à Duffy au téléphone. N’oublions pas que c’est l’avocat du qui est en cause.
Le 21 février, nous pouvons constater que Benjamin Perrin, avocat personnel du du Canada, présente une entente en cinq points.
Le premier point consiste à mettre fin à la vérification et à affirmer que les dépenses de Duffy étaient justifiées. La vérification portait sur la question de savoir si Mike Duffy avait ou non tenté d’escroquer les contribuables du Canada. Par conséquent, ils estimaient que la première chose à faire était de mettre fin à la vérification et d’affirmer que Mike Duffy n’avait commis aucune fraude à l’égard des contribuables.
Le deuxième point, c’était de confirmer que Duffy satisfaisait aux exigences de résidence. Or ils savaient fort bien que ce n’était pas le cas. En effet, Chris Woodcock a dit: « Soutenir que les arrangements de Duffy à Charlottetown constituent une « résidence » serait peut-être un peu exagéré […] Je vais supprimer cette ligne. » N’empêche, ils allaient prétendre que le chalet d’été de Duffy était son domicile principal.
Le troisième point, qui est particulièrement important, était de reconnaître que ses dépenses découlaient des déplacements qu’il faisait pour le parti, que ses frais juridiques seraient remboursés et qu’il serait soulagé de tout remboursement. Comme nous le dit la GRC, Mike Duffy n’aura rien à débourser.
Le quatrième point, c’est que si les règles étaient encore changées, Duffy aurait aimé pouvoir prétendre que son domicile principal se trouvait dans l’Île-du-Prince-Édouard pour être en mesure d’escroquer encore les contribuables; c'était dans l’entente.
Le cinquième point était que le Cabinet du premier ministre prendrait toutes les mesures raisonnables pour veiller à ce que le caucus conservateur s’en tienne à l’histoire inventée à l’intention des médias. Autrement dit, personne ne dirait du mal de Duffy.
Ainsi, Benjamin Perrin répond qu’ils ont négocié cette entente. Une fois de plus, pour qui Benjamin Perrin négociait-il l’entente?
Ensuite, Nigel Wright lui dit: « J’ai maintenant le feu vert sur le troisième point, avec quelques conditions. » Le feu vert signifie qu’ils allaient payer les dépenses de Mike Duffy et prétendre qu’il les avait lui-même remboursées. Qui a donné le feu vert avec certaines conditions? Devons-nous supposer que ce n’est pas du fantôme qu’ils ont reçu le feu vert?
Plus tard, le même jour, à mesure que les négociations avancent, ils disent qu’ils ont besoin de l’accord du avant de finaliser l’entente. C’est l’avocat du premier ministre qui a élaboré l’entente, et celle-ci fait maintenant l’objet d’une enquête pour fraude et abus de confiance. Ensuite, ils disent que tout va bien: « Nous avons le feu vert. »
Comment peut-on s'attendre à ce que la population canadienne croie qu'un avocat de l'importance de M. Perrin, étant donné toutes les obligations professionnelles et juridiques auxquelles il est tenu, a participé aux négociations de sa propre initiative, a mal informé le au sujet de celles-ci et a argumenté avec un premier ministre fictif quant à la troisième modalité de l'entente, à savoir que le Parti conservateur rembourserait les dépenses de Mike Duffy? Et qu'il a ensuite fait volte-face, prétendant tout ignorer, et que, en plus, il n'a même pas jugé bon d'en parler au premier ministre? Je serais très étonné qu'un homme aussi intègre que M. Perrin, compte tenu de ses responsabilités professionnelles et juridiques, ait pu agir ainsi.
Autre fait intéressant, l'avocate du sénateur Duffy a demandé qu'on mette l'entente par écrit. Or, M. Perrin s'y est opposé, prétextant qu'il ne s'agissait pas d'un contrat de vente de voiture. On se croirait dans Les Affranchis. Nul autre que l'avocat du du pays refuse de mettre l'entente par écrit, sous prétexte qu'il ne s'agit pas d'une vente de voiture.
Quelles étaient les modalités de l'entente, qu'on ne voulait pas mettre par écrit? Transférer des fonds de la caisse du Parti conservateur, édulcorer les résultats d'une vérification et prétendre qu'un homme manifestement inadmissible à siéger au Sénat respecte tout de même les exigences constitutionnelles à cet égard. Encore une fois, qui représente M. Perrin, l'avocat du , lorsqu'il prétexte qu'il ne s'agit pas ici d'un contrat de vente de voiture? On doit faire signer un gros contrat légal lors de la vente d'une voiture, mais on conclut une entente potentiellement illégale au Cabinet du premier ministre, sans la mettre par écrit et sans même en parler au premier ministre.
Mais le 27 février, le plan dérape lorsque le pauvre Nigel Wright apprend, non sans désarroi, que Mike Duffy a tellement escroqué d'argent que le montant est passé de 30 000 $ à 90 000 $. Le sénateur Gerstein fait alors marche arrière. Dans le pétrin, Nigel Wright accepte, pour une raison inexplicable, de tirer un chèque personnel de façon à ne pas compromettre l'entente.
On revient ensuite à M. Benjamin Perrin, l'avocat du de notre pays. On peut lire ce qui suit à la page 5 de la déclaration de la GRC:
Nigel Wright a décidé de rembourser personnellement le sénateur Duffy. Après les négociations entre Janice Payne et Benjamin Perrin (l'avocat du Cabinet du premier ministre), qui se sont renvoyé la balle, les modalités de l'entente ont été établies.
Le 21 mai, Benjamin Perrin nous a dit qu'il n'avait pas été consulté au sujet de la décision de Nigel Wright, qui a fait un chèque personnel au sénateur Duffy pour qu'il rembourse ses dépenses, et qu'il n'avait pas non plus participé à cette décision. Il a aussi déclaré qu'il n'avait jamais communiqué avec le à ce sujet.
Ce qui ressort de ce scandale, c'est le fait que le Cabinet du s'est engagé dans une opération de camouflage. Nous avons nommé les sénateurs qui ont tenté d'édulcorer la vérification. Il a été question de l'appel que M. Wright a fait au sénateur Gerstein ainsi que de l'appel que ce dernier a fait à un représentant de la firme Deloitte, Michael Runia — l'un de ses amis —, afin d'essayer d'édulcorer la vérification. Qu'est-ce que j'entends par là? La vérification visait à déterminer si Mike Duffy avait bel et bien escroqué les Canadiens de 90 000 $ et élaboré un stratagème afin de réclamer des allocations quotidiennes de logement.
Le sénateur Tkachuk et la sénatrice Stewart-Olsen étaient impliqués, tout comme la sénatrice LeBreton et le sénateur Gerstein. Tous ont agi de façon honteuse. Cela dit, deux personnes clés du Cabinet du ont aussi été impliquées: le chef de cabinet, Nigel Wright, ainsi que l'avocat du premier ministre, Benjamin Perrin. Comment pouvons-nous croire que personne n'a informé le premier ministre de la situation alors que, le 22 février, ces gens ont dû avoir le feu vert en ce qui concerne le point 3? Au point 3, on voit que l'objectif était de trouver un moyen de payer Mike Duffy pour qu'il se taise, et d'ainsi se débarrasser du problème.
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Monsieur le Président, je ne dirai pas que j'ai l'honneur de parler d'un tel sujet, car je suis très déprimée d'avoir à me lever pour parler encore une fois de scandales. Celui dont on parle pourrait faire l'objet d'un livre de John Grisham et je ne serais pas surprise que ce soit de la fiction pure et simple.
Depuis déjà plusieurs semaines, pour ne pas dire plusieurs mois, on se fait marteler toutes sortes de discours. Cette motion de l'opposition libérale demande qu'on condamne les actions du bureau du premier ministre et que ce dernier témoigne sous serment en comité, entre autres.
Je suis d'accord avec mon collègue de que nous avons tous prêté serment ici avant même d'entrer à la Chambre, lorsqu'on nous avons été élus en tant que députés. J'ose donc espérer que lorsqu'on s'exprime, on le fait sous serment.
Le leader libéral semblait donner l'impression que de voir le témoigner sous serment quelque part allait changer quelque chose, or je ne le pense pas. Par contre, il serait intéressant qu'en comité, on se penche sur la question et qu'on pose toutes sortes de questions au . Encore là, je doute fortement que cela change quoi que ce soit.
Je dis cela avec une tristesse absolument incroyable. Le fait son travail, mais je trouve quand même qu'on l'envoie dans la fosse aux lions. Il essaie de s'en sortir tant bien que mal. Évidemment, il n'est absolument pas impliqué dans ce scandale, mais il a été choisi pour jouer ce rôle et pour être une source de crédibilité. C'est un peu malheureux pour lui d'avoir à jouer ce rôle, bien que cela lui permette de mettre en pratique certains de ses talents naturels.
Cela dit, s'il pense que ce n'est pas une préoccupation pour les Canadiens, c'est qu'il est un peu trop occupé par le dossier et qu'il est trop concentré à apprendre ses lignes. Il aurait intérêt à se rendre dans son comté et à parler à ses concitoyens.
Pour ma part, sans blague, quand je me présente à Gatineau, les gens n'ont qu'une phrase à la bouche: « Le Sénat, ne le lâchez pas! » Sérieusement, c'est la phrase la plus fréquente que j'entends. C'est parce que les Canadiens, les gens du Québec et de Gatineau, entre autres, en ont plein le casque de se faire prendre pour des valises.
Nous aussi, nous avons l'impression de voir leur version de l'histoire changer peu à peu. D'ailleurs, on ne parle pas d'un dossier mineur, mais d'une situation qui concerne une institution extrêmement importante. Celle-ci a pris énormément d'importance au cours des dernières années, et de plus en plus, peu importe que le gouvernement soit libéral ou conservateur, on concentre presque la totalité des pouvoirs au bureau du premier ministre.
Quand plus personne des banquettes du gouvernement ne peut parler ni même éternuer sans en avoir la permission du bureau du premier ministre au préalable, c'est une bonne indication du pouvoir de ce dernier. Alors, lorsque le scandale passe par ce bureau, cela fait trembler l'un des principaux piliers de notre grande institution démocratique qu'est le Parlement canadien.
Je savais déjà que le gouvernement n'avait pas un grand respect pour le domaine juridique, pour les juges, pour les tribunaux et, même maintenant, pour la Cour suprême du Canada. Cependant, il est incroyable que le bureau du premier ministre du Canada soit au coeur d'une telle situation.
Il ne faut pas se leurrer. Les conservateurs peuvent jouer aux saintes-nitouches et aux vierges offensées autant qu'ils le voudront, et dire, la main sur le coeur, qu'ils ont voulu que les contribuables canadiens se fassent rembourser, les informations qu'on a reçues prouvent le contraire. C'est peut-être là que leur problème se situe.
Leur crédibilité est maintenant nulle, parce que leurs versions de l'histoire, du premier jour jusqu'à hier, et peut-être même jusqu'à aujourd'hui, sont diamétralement opposées, différentes et divergentes. Les gens suivent cette histoire passionnément, parce qu'elle se lit comme un méchant livre de fiction politique et de suspense.
Les gens se demandent ce qui s'est passé. Tout le monde a une image en tête. Si vous ne l'avez pas, je vais vous la donner. Tout le monde se rappelle des rencontres absolument extraordinaires du avec Mike Duffy. C'était la star qu'ils sont allés le chercher pour venir jouer le rôle de faire-valoir du premier ministre dans tellement d'occasions que c'en est presque risible.
Cela étant dit, on se distance maintenant de Mike Duffy, alors qu'il était un élément extrêmement essentiel pour le Parti conservateur et le gouvernement. En effet, les conservateurs pouvaient rencontrer des gens un peu partout au Canada et, par la bouche de Mike Duffy, donner un côté un peu humain au . Personne n'a de difficulté à croire ce qu'on lit maintenant dans la déclaration sous serment qu'a la GRC, où l'on sent qu'on a voulu protéger un individu réellement très important pour le parti.
Cependant, à un moment donné, quand on s'invente des histoires, quand on essaie de jouer avec la vérité, de faire de la rationalisation, vient un temps où on se crée certains problèmes sur le plan de ce qui est correct et de la vérité. À un moment donné, ça ne tient plus la route. On est alors obligé de faire un virage à 180o et de prendre absolument ses distances et de façon carrément évidente. C'est ce qui se produit présentement.
À un moment donné, j'ai posé une question au secrétaire parlementaire et je lui ai dit qu'il serait tellement plus simple d'appliquer l'adage: faute avouée est à moitié pardonnée.
Les conservateurs auraient peut-être pu dire qu'il y avait eu une incompréhension quant aux frais, mais qu'ils allaient s'occuper de ça, plutôt que de monter cette espèce de scénario absolument cauchemardesque où on essaie de justifier quelque chose d'injustifiable et où on essaie de changer les choses par la porte arrière. Après cela, ils se lèvent et essaient de faire croire qu'ils faisaient cela pour les Canadiens, pour les assurer qu'on ne leur avait pas pris les fameux 90 000 $. Une personne a donc fait le remboursement, et pas n'importe laquelle: la personne la plus proche du .
Je pense que le gouvernement, et en fait le bureau du premier ministre, en raison des notes qu'il distribue allégrement à tout son monde, confond le concept de responsabilité avec celui d'avoir trouvé un bouc émissaire.
Je suis convaincue que pour les conservateurs, le fait de pouvoir se lever à la Chambre et de mentionner que Nigel Wright a endossé la responsabilité, devrait être suffisant pour nous tous. On devrait s'incliner et dire que, d'accord, on a notre responsable. Ça ne fonctionne pas ainsi. On parle du bureau du premier ministre de la même façon qu'on parle d'un ministère qui est sous la gouverne d'un ministre. Il faut que cette démocratie canadienne et ces piliers démocratiques veuillent dire quelque chose. Or on a un système de responsabilités ministérielles qui n'a plus l'air de vouloir dire grand-chose, quand on peut se réfugier derrière les Nigel Wright de ce monde pour se justifier de ne pas prendre ses responsabilités.
En fait, que ce soit avec la connaissance du ou non, qu'il soit au courant ou pas, il reste que lorsqu'il se passe quelque chose on his watch, c'est sa responsabilité. C'est à lui de se présenter devant les Canadiens et de leur dire qu'il s'excuse, qu'il s'est passé quelque chose de pas correct, qu'il va aller chercher l'heure juste dans tout cela et qu'il veut trouver la vérité. Il ne s'agit pas de dire ceci, d'apprendre cela, de changer, de reculer de trois pieds, d'avancer à nouveau de deux pieds, d'aller sur le côté, de laisser son secrétaire parlementaire se lever et répondre à sa place et ainsi de suite.
En conclusion, ce qu'il y a de malheureux dans tout cela, c'est que, encore une fois, après le scandale des commandites et la Commission Gomery, après s'être faits promettre mer et monde par ce gouvernement conservateur qui devait être plus blanc que blanc, tout ce qu'on a depuis qu'on est ici, c'est un scandale après l'autre. Cela a un impact sur nous tous, sur tous les députés, tous partis confondus. Ce ne sera pas évident de regagner la confiance du public canadien. Présentement, tous les Canadiens pensent qu'on doit aller au fond des choses et s'assurer de faire ressortir la vérité concernant le Sénat.
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Monsieur le Président, la motion libérale présentée par mon collègue de invite la Chambre à faire trois choses.
Premièrement, elle invite à condamner les comportements et les agissements irresponsables et inacceptables de certains membres du bureau du premier ministre. Deuxièmement, elle rappelle au que, selon le guide intitulé « Un gouvernement responsable : Guide du ministre et du ministre d’État », il est personnellement responsable des agissements de son propre bureau. Troisièmement, elle demande au de témoigner sous serment dans un contexte où il pourra cesser d'éviter de répondre, comme il le fait toujours à la Chambre.
La raison de la motion libérale que nous avons devant nous tient à la déclaration sous serment du caporal Greg Horton de la GRC. On y lit qu'une fraude a été commise par l'ancien chef de cabinet du , M. Nigel Wright, et le sénateur Mike Duffy: « [They] have committed [...] frauds [...] ».
Le premier, M. Wright, a secrètement donné un chèque de 90 000 $ au second, M. Duffy, pour lui permettre de rembourser des réclamations de frais infondées. Le second, M. Duffy, a accepté ce chèque à condition qu'il prétendrait en public que c'était lui qui avait payé cet argent. Ils ont commis une fraude, selon la GRC. La GRC semble même les accuser non seulement de fraude, mais aussi de corruption et d'abus de confiance. C'est extrêmement grave.
Qui donc savait que cette fraude avait été commise, en plus de M. Wright et de M. Duffy? Qui y a participé? Qui a fermé les yeux? Ces complices font-ils encore partie du gouvernement? Travaillent-ils encore pour lui? Si oui, pourquoi?
Le gouvernement refuse de répondre à ces questions. Il se contente de répéter que seuls MM. Wright et Duffy sont sous enquête et que toute la responsabilité leur incombe.
Le refus du gouvernement de répondre à cette simple question — qui savait quoi? — est très inquiétant. Comme cette attitude fuyante vient d'en haut, du lui-même, elle fait craindre le pire.
On peut craindre que le lui-même soit impliqué et que lui-même savait. Il se comporte en effet comme quelqu'un qui a quelque chose à cacher, et non pas comme quelqu'un qui a la conscience tranquille. Il esquive les questions, répète les mêmes formules toutes faites et ne joue pas franc jeu.
Dans cette sale affaire, au point où nous en sommes, seulement deux scénarios sont possibles. Dans le premier, le connaît la vérité, mais il la cache aux Canadiens. Dans le second, le premier ministre ne le savait pas, et des membres de son entourage lui ont caché la vérité. C'est soit l'un soit l'autre. Soit il le savait et il nous cache la vérité, soit il ne le savait pas et on lui a caché la vérité. Ce « on » inclut plus que seulement M. Wright, si on en croit l'affidavit du caporal Horton.
Le soutient le contraire. Parmi les membres de son bureau, seul Nigel Wright lui aurait caché la vérité.
Le vendredi 22 novembre, alors que le premier ministre était au Manitoba, un journaliste de Radio-Canada lui a demandé: « À part Mike Duffy et Nigel Wright, pensez-vous que d'autres personnes vous ont caché des choses? » C'était la question. Le premier ministre a répondu non. Cela n'est pas possible. Cette réponse du premier ministre est impossible. Il a induit les Canadiens en erreur en donnant cette réponse. Cette réponse est une impossibilité, car nous savons que d'autres membres du bureau du premier ministre savaient que des efforts étaient faits pour permettre à Mike Duffy de ne pas rembourser lui-même ce qu'il devait. Certains savaient que Nigel Wright lui avait versé un chèque de 90 000 $. Si le premier ministre n'était pas au courant, plusieurs membres de son bureau lui ont caché la vérité, pas seulement Nigel Wright.
Reprenons le fil des événements tel que le rapporte le caporal Horton dans sa déclaration sous serment, en commençant par ce qui s'est passé en février 2013.
[Traduction]
Au cours d’une entrevue avec la police, Nigel Wright a confirmé qu’il avait demandé au président du Fonds conservateur, sénateur et agent de financement conservateur Irving Gerstein de verser 32 000 $ pour rembourser les dépenses injustifiées du sénateur Duffy.
Le 21 février, Benjamin Perrin, avocat personnel du premier ministre au CPM, et l’avocate du sénateur Duffy échangent des courriels qui expliquent en détail un plan selon lequel le Parti conservateur verserait 32 000 $ pour rembourser les indemnités de logement injustifiées demandées par Duffy et assumerait ses frais juridiques. L’accord dit que cette mesure « soulagerait » Duffy « du remboursement ».
Le 22 février, Wright confirme avec Gerstein que le parti paiera les dépenses et les frais juridiques. Plus tard, le même jour, Wright écrit un courriel à Perrin disant qu’il voulait « parler au PM avant que tout soit considéré final ». Moins d’une heure plus tard, Wright envoie à Perrin un courriel de suivi: « Nous avons le feu vert du premier ministre une fois que Ben aura reçu confirmation de Payne. » Ben, c’est M. Perrin, avocat au Cabinet du premier ministre, et Mme Payne est l’avocate de M. Duffy.
Le chef de cabinet et l’avocat personnel du premier ministre discutent expressément d’un plan qui est exposé dans un courriel émanant de l’avocate de Duffy et qui prévoit le remboursement des dépenses injustifiées et des frais juridiques de son client. Lorsque Wright dit qu’il doit vérifier auprès du premier ministre avant que tout ne soit considéré comme définitif, il ne peut vouloir parler que de l’entente négociée avec l’avocate de Duffy. Lorsque Wright dit que le premier ministre donne « le feu vert une fois que Ben aura reçu confirmation de Payne », on peut dire que la seule chose qui a été discutée avec Payne est le plan prévoyant que le Parti conservateur rembourse les dépenses et les frais juridiques de Duffy.
Les échanges de courriel et la chronologie présentés par la GRC sont clairs. Nigel Wright a demandé au premier ministre d’approuver quelque chose. Au moment précis où cette approbation a été demandée et obtenue, le Cabinet du premier ministre négociait une entente avec l’avocate de Duffy pour que le Parti conservateur rembourse les dépenses injustifiées du sénateur. Étant donné que les courriels montrent que les éléments de l’entente avec l’avocate de Duffy étaient au centre des préoccupations de Wright et de Perrin à ce moment-là, pour quoi d’autre auraient-ils voulu obtenir l’approbation du premier ministre?
Les éléments de preuve sont si solides qu’on ne peut attacher foi à l’affirmation du premier ministre prétendant qu’il autorisait Duffy à rembourser ses propres dépenses. Outre le fait que cette affirmation est manifestement absurde et peu crédible, les courriels nous donnent une version fort différente des faits.
[Français]
Pour que la version du soit crédible, il faudrait que Nigel Wright ait menti au premier ministre en lui faisant croire que Mike Duffy allait rembourser lui-même et qu'il ait menti à tous ses complices en leur faisant croire que le avait approuvé que le paiement soit fait par le Parti conservateur. C'est un scénario assez incroyable, n'est-ce pas?
Toutefois, même si on accepte cette version qui fait de Nigel Wright un double menteur, il faudrait en déduire que les autres membres de la machination ont, eux aussi, caché la vérité au . Ils savaient que le paiement ne serait pas effectué par Mike Duffy. Ils n'en auraient jamais informé le premier ministre.
Si tel est le cas, pourquoi certains travaillent-ils toujours au gouvernement? Pourquoi, par exemple, le sénateur Gerstein fait-il toujours partie du caucus conservateur, lui qui aurait caché la vérité au ? Pourquoi est-il impossible d'obtenir une réponse à cette question ni du premier ministre ni d'aucun membre de son caucus? Nos collègues conservateurs n'ont-ils donc aucun désir d'aider les Canadiens à apprendre la vérité?
Reprenons le fil des événements.
[Traduction]
Le 27 février, l’avocate de Duffy envoie un courriel à Perrin et l’informe que le montant que Duffy doit pour ses demandes de remboursement injustifiées s’élève maintenant à 90 000 $.
Wright a également dit à la police que, en dehors de Perrin, il a aussi informé les personnes suivantes du fait qu’il allait lui-même donner à Duffy les 90 000 $ nécessaires pour rembourser les dépenses injustifiées: le sénateur conservateur Irving Gerstein, président du Fonds conservateur du Canada; Benjamin Perrin, comme je l’ai dit, avocat personnel du au CPM; David van Hemmen, autrefois l’adjoint de Nigel Wright et aujourd’hui conseiller en politiques auprès du ; Patrick Rogers, alors adjoint législatif auprès du et maintenant directeur de la politique auprès de la ; Chris Woodcock, alors directeur de la gestion des enjeux et maintenant chef de cabinet du .
Par exemple, le 8 mars, Nigel Wright a informé Chris Woodcock par courriel qu’il allait lui-même fournir les 90 000 $ à Duffy. Le 23 mars, il a adressé un courriel à David van Hemmen disant que son chèque était dans le dossier de correspondance. Le même jour, il a écrit un courriel à Benjamin Perrin pour lui dire qu’il allait envoyer son chèque le lundi suivant.
Il est vrai que rien de prouve que le était au courant de ce chèque, mais, selon Wright, il était au courant de quelque chose. Il a écrit dans un courriel: « Le premier ministre sait, en termes généraux seulement, que j’ai personnellement aidé Duffy ». Le était au courant de ce fait.
[Français]
Même si l'on accepte la version du , selon laquelle il ne savait rien de cette aide financière accordée à Mike Duffy, pourquoi garde-t-il au service de son gouvernement des individus qui lui ont caché la vérité et la fraude? Pourquoi David van Hemmen est-il encore conseiller politique du ministre d'État aux finances? N'a-t-il pas caché la vérité au ?
Pourquoi Patrick Rogers est-il encore le directeur des politiques du ? N'a-t-il pas caché la vérité au ? Pourquoi Chris Woodcock est-il encore le chef de cabinet du ? N'a-t-il pas caché la vérité au premier ministre. Et, pourquoi le sénateur Gerstein est-il toujours membre du caucus conservateur et grand argentier du Parti conservateur? N'a-t-il pas caché la vérité au premier ministre? À moins que tous ces personnages n'aient rien caché du tout au premier ministre. Alors, cela veut dire que le premier ministre était au courant de la fraude et tente de le cacher aux Canadiens.
Les conservateurs doivent choisir entre les deux seuls scénarios possibles. Soit le était au courant de la fraude et cherche à le cacher aux Canadiens, soit le premier ministre ne savait rien de la fraude, et des membres influents de son entourage lui ont caché la vérité. Alors, pourquoi les garde-t-il à son service?
En fait, les conservateurs peuvent mieux faire que de choisir entre ces deux scénarios. Ils doivent nous dire lequel des deux scénarios correspond à la vérité. Les Canadiens ont droit à la vérité. Ils ont le droit de savoir s'ils ont un homme honnête et franc comme ou un dissimulateur et manipulateur qui croit que cacher la vérité est un comportement acceptable en politique canadienne.
Les Canadiens peuvent compter sur le leader libéral et sur l'opposition libérale pour ne laisser aucun répit aux conservateurs et au , tant que la vérité, toute la vérité, n'aura pas éclaté au grand jour.
Les Canadiens ont droit à la vérité.
:
Monsieur le Président, je suis heureux d'avoir l'occasion de prendre la parole aujourd'hui à la Chambre pour appuyer la motion du Parti libéral.
D'entrée de jeu, j'aimerais dire quelques mots sur ce dont il est question, non seulement ici, à la Chambre, mais aussi dans le cadre des discussions publiques. Je parle évidemment de la politique, mais dans son sens général, c'est-à-dire dans le contexte de ce que nous faisons ici, soit débattre des enjeux dans cette enceinte, car c'est ce qui intéresse les Canadiens.
Bien des gens pourraient dire que le sujet dont nous discutons aujourd'hui ne se rapporte pas à nos activités quotidiennes, ni à la manière dont nous vivons et nous fonctionnons en tant que membres de la société. Comme nous l'avons déjà dit, l'économie, l'emploi et la lutte contre la criminalité sont tous des sujets qu'il est important de débattre dans cette enceinte.
Toutefois, permettez-moi de dire ceci: nous obligeons également nos politiciens à se comporter en conformité avec les plus hautes normes éthiques.
Nous le savons. Au fil des ans, de nombreux députés ont déjà été accusés, traduits en justice et reconnus coupables d'infractions. Plusieurs ont admis leur culpabilité et plusieurs ont été reconnus coupables. Certains d'entre eux ont été déclarés innocents de toutes les accusations qui pesaient contre eux.
Toutefois, voilà le genre de débat que nous tenons ici. C'est le type de conversation que nous devons avoir pour découvrir tout ce qui s'est passé au Cabinet du premier ministre, lequel est financé par les contribuables. Tous les quatre ans, nous exerçons notre droit démocratique — dans ce pays qui, selon moi, est la plus grande démocratie au monde — afin de décider qui en sera à la tête.
Permettez-moi de revenir au noeud de l'affaire. Nous nous attendons à ce que les titulaires de charges publiques s'efforcent de se conformer aux plus hautes normes éthiques possibles et à ce qu'ils gèrent les finances publiques et nos impôts dans le cadre des pouvoirs conférés à ce bureau. Évidemment, leur comportement doit être conforme aux attentes qu'entretient tout Canadien raisonnable à leur égard.
Permettez-moi pendant un court instant de faire un retour en arrière. J'ai été élu pour la première fois à la Chambre des communes à l'automne de 2004. À cette époque, mon siège se trouvait de l'autre côté, car le Parti libéral formait le gouvernement.
J'ai alors fait face à une multitude de commentaires empreints de colère et de haine, ainsi que d'accusations — certaines vraies, d'autres fausses. L'ambiance était fortement marquée par les attaques haineuses et vitrioliques.
Quelques années plus tard, il y a des élections, nous sommes éjectés du pouvoir et nous nous retrouvons sur les banquettes de l'opposition.
J'en ai bien eu quelques échos à l'époque, en 2004, mais essentiellement, ces attaques vitrioliques et hargneuses nous venaient de ceux qui étaient dans l'opposition à ce moment-là et qui, dois-je le dire, relèvent aujourd'hui du parti ministériel. Je vois que plusieurs d'entre eux sont encore ici.
Je dois cependant souligner que, parmi les députés qui sont ici aujourd'hui, et je dirais même parmi ceux qui occupent actuellement les banquettes ministérielles, très peu étaient là à l'époque.
Chaque fois que nous parlons de la situation aux Canadiens et à la Chambre, on nous ressert invariablement le même argument. Chaque fois que nous expliquons que ce qui s'est passé au Cabinet du premier ministre est déplorable et va à l'encontre des normes éthiques auxquelles on s'attend dans ce pays, on nous répond qu'à l'époque, les libéraux ont fait ceci ou cela, sans jamais répondre aux questions que nous posons.
Voici ce que j'en pense, moi: si le gouvernement ne trouve rien de mieux que de ressasser le passé en faisant carrément abstraction du présent, il prouve lui-même qu'il est devenu exactement ce qu'il avait juré de ne jamais devenir.
Voilà, nous avons un portrait chronologique complet.
Il faudrait malheureusement que les politiciens d'aujourd'hui — moi y compris, parfois — apprennent à ne pas renier les éléments négatifs de leur bilan. Il faudrait qu'ils prennent conscience qu'il vient un temps où ils doivent réfléchir à ce qu'ils ont dit, ou fait, et se demander si leurs paroles et actions correspondent aux attentes que le contribuable ou le citoyen moyen peut avoir. Force est de constater que, dans bien des cas, la réponse est « non », mais qu'ils font comme si de rien n'était.
Ce qui me dérange le plus, c'est que, quand une personne fait comme si de rien n'était, évite le sujet et détourne la conversation, elle peut seulement espérer que les citoyens qui suivent le débat n'ont rien remarqué ou qu'ils s'en moquent assez pour ne pas écouter attentivement les questions qui sont posées. Nous nous retrouvons alors dans la situation affligeante où, que ce soit lorsque nous faisons campagne, que nous diffusons des publicités à la télé ou que nous répandons des méchancetés sur Twitter, le gros du débat se résume à ceci: « Ah, tu crois que j'ai gaffé? Regarde donc ce que tu as fait de ton côté. » Et il n'y a alors plus moyen d'en sortir. On croirait entendre des enfants de 4 et 5 ans: « Celui qui le dit, celui qui l'est. » Nous faisons semblant que les Canadiens ne remarquent rien, mais nous nous trompons. Nous ne prêtons même pas à M. et Mme Tout-le-Monde assez d'intelligence pour savoir lire entre les lignes.
Et avant qu’on ne me pose la question, je dis que je vais suivre mon propre conseil et que je vais m’efforcer de respecter les principes qui s’appliquent à ceux qui siègent à la Chambre des communes. Savez-vous combien de Canadiens rêvent de pouvoir un jour se trouver ou même siéger dans cette enceinte, chers collègues? Faisons porter le présent débat sur des normes d'éthique qui n’ont pas été respectées, sur des normes d'éthique que nous devons tâcher d'appliquer. Mais il faut bien reconnaître qu’il y a des gens, dans tous les partis, qui ne répondent pas aux attentes du public. Il y a des gens qui reçoivent la confiance du public et dont il faut examiner le comportement. Il faut scruter leurs actes pour trouver des explications. On parle d’enquêtes judiciaires, qui sont longues et coûteuses, mais qui sont parfois nécessaires. N'oublions pas que la Chambre des communes est une tribune qui est financée par les contribuables. Il importe que la voix de la population puisse se faire entendre.
La motion d’aujourd’hui a été présentée par le député de , au Nouveau-Brunswick. Il y est question des déclarations sous serment du caporal Greg Horton, de la GRC, qui révèlent un grand nombre de manquements à l’éthique, c’est le moins que l’on puisse dire. Dans certains cas, il semble que les normes d'éthique ont été perverties.
Le 21 février, le Cabinet du avait accepté, eu égard aux dépenses controversées de Mike Duffy, que le Parti conservateur du Canada le soulage du remboursement. Voilà le genre de conversation qui a eu lieu. Mais qu’est-ce que cela signifie exactement? Nous essayons de trouver des explications, tout comme le Canadien moyen, j’en suis sûr. Autrement dit, comment peut-on protéger quelqu’un qui a commis de sérieuses entorses aux normes d’éthique?
Le 22 février, le chef de cabinet du a voulu « parler au PM avant que tout soit considéré final ». Plus tard dans la journée, il a confirmé que « nous avons le feu vert du une fois que Ben aura reçu confirmation de Payne ».
Mes collègues ont déjà parlé des détails, des noms et des personnes, notamment le député de . Ce sur quoi j’aimerais revenir encore une fois, c’est la suite des actes commis, et le fait qu’ils ne respectent pas les normes d’éthique.
Une entente a été conclue entre Benjamin Perrin et Janice Payne, les avocats du et de Mike Duffy. Mais comme la somme nécessaire pour soulager Mike Duffy du remboursement était plus élevée que prévu, ce n’est plus le Parti conservateur du Canada qui allait payer, mais Nigel Wright, à même ses fonds personnels. L’arrangement a été conclu, et les dépenses de Duffy ont été remboursées.
Revenons un instant en arrière. À titre de citoyens, nous avons le droit, dieu merci, parce que nous vivons dans la plus belle démocratie au monde, non seulement de voter pour le parti de notre choix, pour ses convictions, ses idéaux et son idéologie, mais aussi de lui donner de l’argent pour l’aider à communiquer son message à la population.
Si je recueillais des fonds pour le Parti conservateur, et encore plus si je lui faisais des dons, je serais absolument scandalisé de voir que mon argent a permis à Mike Duffy de s’en sortir la tête haute, malgré ce qu’il a fait. C’est absolument choquant, c’est le moins que l’on puisse dire. À telle enseigne que même le sénateur Gerstein n’a pas pu le supporter. Il y avait des limites qu’il ne pouvait pas dépasser. Il était prêt à verser une certaine somme, mais pas plus, c’était trop.
Puis la somme grimpe à près de 100 000 dollars, et un chèque personnel est signé. Imaginez un peu le scénario, et j'invite les gens qui nous regardent chez eux ou à la tribune à l’imaginer avec moi: quelqu'un que vous connaissez à peine, qui a fait quelque chose de mal et que vous allez rembourser avec un chèque de presque 100 000 dollars, et soit dit en passant, c'est un chèque sur votre propre compte. Imaginez cela. C'est quelque chose qu'on ferait pour ses propres enfants, mais certainement pas pour quelqu'un qu'on connaît à peine. Le rapport indique bien qu'il n'y a pas qu'un coupable, mais que c'est tout un réseau de personnes qui ont essayé d'étouffer l'affaire. Et c'est ça qui déçoit grandement les Canadiens.
Je sais que les conservateurs vont reparler du passé et de certains événements qui se sont produits dans mon propre parti, mais ce que nous voulons, c'est essayer d'obtenir des réponses, tout comme nous nous sommes efforcés, en 2004, d'obtenir des réponses pour empêcher que ça ne se reproduise.
Ce matin, j'ai assisté à une séance d'information avec le vérificateur général, et ce fut un exercice extraordinaire, où l'on a souligné l'inefficacité du gouvernement, malgré ses meilleures intentions. Par exemple, il a été question de l'inspection de la viande, des gardes-frontières, des services en ligne qui ont besoin d'être centralisés et rendus plus accessibles à toutes les couches de la population, partout au Canada, que ce soit dans les zones urbaines ou rurales, dans l'Est, dans l'Ouest ou dans le Nord. Mais c'est l'inefficacité d’un système qu’au départ on a mis sur pied avec les meilleures intentions.
Nous invitons tous les citoyens du Canada à utiliser les ressources en ligne. Non seulement ses services coûtent moins cher, mais ils sont accessibles à n'importe quelle heure. Nous savons que les Canadiens passent beaucoup de temps à se rendre au travail et à en revenir. Certains, comme c'est le cas de nombreux travailleurs dans ma circonscription, font la navette entre Terre-Neuve et l'Alberta tous les 15 jours, et d'autres vont même jusqu’en Russie et en Afrique. Ils ont besoin d’avoir accès à des services en ligne.
Je donne ces exemples d’inefficacité pour montrer qu’au départ, les intentions étaient bonnes. Mais quel est le rapport avec le débat en cours, me direz-vous? Il y en a un. La situation dont nous discutons aujourd’hui n’était pas le fruit de bonnes intentions, et ensuite, cela n’a fait qu’empirer. Un nombre croissant de personnes s’y sont enlisées, si bien que ce n’est plus un problème d’inefficacité mais un problème d’éthique.
J’estime que la motion déposée aujourd’hui décrit bien cet état de choses, et surtout, qu’elle propose des mesures à prendre.
Voyons un peu les autres détails. Le a donné des réponses contradictoires à la Chambre des communes, cela, nous le savons. À ceux qui nous regardent aujourd'hui, je tiens à dire que nous savons exactement de quoi nous parlons. A-t-il démissionné? A-t-il été renvoyé? Au départ, on nous a dit qu'il avait démissionné. Que c'était un type bien, qu'il était plein de bonnes intentions. Mais quelques mois plus tard, on nous a dit qu'il avait été renvoyé.
À Terre-Neuve, nous utilisons le mot « sleeven » pour désigner une personne qui manque d'éthique, et je suis gentil, car bien souvent, on emploie des mots beaucoup plus crus. À défaut d’autre chose, j'espère que je vous ai appris un nouveau mot du dictionnaire terre-neuvien: « sleeven », une personne qui manque d'éthique.
Eh bien, ils présentent maintenant cet homme comme le plus « sleeven », le plus amoral qui soit. Je ne sais même pas si c’est concevable. J'essaie simplement de dire que toute la population canadienne en parle. Tout le monde veut savoir ce qui s'est passé, parce qu'on ne veut pas que cela se reproduise.
Le document présenté par la GRC fait une description assez inquiétante des hauts responsables du Cabinet du premier ministre. On apprend que l’« escouade des fraudeurs » a essayé de blanchir un rapport du Sénat, que plusieurs personnes sont impliquées, et que des membres du Comité de la régie interne ont appelé le sénateur qui faisait l'objet de l'enquête.
C'est comme ça que c'est parti, et c'est pour ça que tout le monde en parle, parce que jusque là les gens comprennent à peu près. Je ne suis pas avocat, et je constate qu'une partie de ce rapport est rédigée en jargon juridique, parfois difficile à comprendre. Mais ce qui est facile à comprendre, c'est qu'ils voulaient supprimer les passages du rapport qui indiquaient que le sénateur Mike Duffy avait réclamé des indemnités comme s'il avait été à Ottawa, alors qu'il se trouvait en Floride.
Ça c'est quelque chose que j'arrive à comprendre et que la plupart des Canadiens arrivent à comprendre. Un sénateur a réclamé des indemnités parce qu'il prétendait travailler à Ottawa, alors qu'il se trouvait en Floride. Je ne pense pas qu'on puisse considérer la Floride comme la 11e province du Canada.
Mme Lois Brown: Ou le Mexique…
M. Scott Simms: D'accord, prenons l'exemple du Mexique. Ça revient au même, et la personne visée n'est plus là. C'est ce qu'on appelle de la malveillance, mais il faut s’y faire.
Que ma collègue qui a interrompu mon discours sache que je n'avais pas l'intention d'interrompre ses interruptions de mon discours. Je la prie de m'en excuser.
Quoi qu'il en soit, c’est arrivé. L'affaire est sortie au grand jour et des mesures ont été prises, mais qui est en cause?
Aujourd'hui, nous nous trouvons face à une situation où il ne s'agit plus simplement d'une personne, mais de plusieurs. Chaque jour on en apprend davantage sur toute cette histoire, avec de nouveaux détails, de nouveaux documents. De quoi s'agit-il ? De personnes qui ont eu un comportement répréhensible. De personnes qui se sont comportées d'une façon inadmissible pour les Canadiens.
Je vais vous laisser sur cette réflexion. En 2006, j'appartenais à la majorité, et le candidat conservateur de l'époque avait envoyé par la poste un dépliant à tous les électeurs de ma circonscription. Il disait que la pire chose était de ne pas tenir ses promesses. Je suis tout à fait d'accord.
Mais il y en a une qui est encore pire. Comme c'est arrivé maintes et maintes fois avec ce gouvernement, non seulement les conservateurs n'ont pas tenu leur promesse, mais ils continuent d'essayer de faire accroire aux Canadiens qu’ils l'ont tenue alors qu'ils savent pertinemment qu'ils ne l'ont pas tenue. Quand les conservateurs vont-ils mettre en pratique ce qu'ils préconisaient jadis?
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Monsieur le Président, je remercie le député d'avoir utilisé un terme très utile dans son discours: mauzy. Il se sous-estime en tant qu'ancien chroniqueur météo. J'en ai entendu s'excuser de leurs prévisions météorologiques et dire: « Eh bien, je me suis trompé hier, le temps qu'il a fait ne correspondait pas à ce que j'avais annoncé. » J'aimerais que le gouvernement fasse la même chose. Il pourrait simplement dire que c'était une erreur, présenter tous les faits, la vérité, reconnaître qu'il a fait une erreur, accepter le châtiment et passer à autre chose. Si le gouvernement avait fait cela au début, cela aurait limité les répercussions du scandale au Cabinet du premier ministre.
Ce scandale a englouti beaucoup de temps et de ressources à Ottawa. Le gouvernement prétend qu'il veut s'occuper de l'économie, mais la nécessité d'assainir le gouvernement, de découvrir tous les méfaits des conservateurs dans l'entourage du , a pris beaucoup de temps. Beaucoup de ressources ont été affectées pour mener une enquête en bonne et due forme, et il est malheureux qu'il ait fallu y consacrer ce temps.
Compte tenu du travail que je dois faire dans ma circonscription et de mon rôle de porte-parole du Parti libéral en matière de sciences, de technologie, d'études postsecondaires et de développement économique, je ne peux pas me permettre d'explorer tous les méandres du scandale au Cabinet du premier ministre. C'est probablement le cas de la plupart des Canadiens. La vie quotidienne les tient bien occupés. Ils doivent prendre soin des membres de leur famille, ils travaillent et ils sont actifs dans leur collectivité. Ils n'ont pas le temps de se plonger dans tous les détails de cette affaire. Moi non plus.
J'entends tous ces noms, et il est très difficile de suivre le comportement de tous ceux qui sont associés au Cabinet du premier ministre, au leader des conservateurs au Sénat et au Parti conservateur. On dirait que les hommes et les femmes de la garde rapprochée du premier ministre sont tous impliqués dans cette opération de dissimulation. J'aimerais que le premier ministre nous dise comment il peut être complètement déconnecté de son personnel et néanmoins s'acquitter correctement de ses responsabilités de premier ministre, qui consistent à diriger le pays et à en gérer l'économie pour les Canadiens, comme les conservateurs se plaisent à le revendiquer. Une telle hypothèse ne me semble pas raisonnable du tout.
À mon avis, le était forcément au courant puisque beaucoup de membres de sa garde rapprochée ont participé à la dissimulation. Tout récemment, un porte-parole du premier ministre a d'ailleurs parlé lui-même de dissimulation. Ce n'est pas ce que l'on attendrait normalement d'une équipe bien rodée qui est responsable de diriger le pays et d'en gérer l'économie dans l'intérêt des Canadiens. Soit le premier ministre est impliqué, soit il ne gère pas vraiment l'économie du pays et ne fait qu'espérer que le prix des ressources naturelles demeure élevé.
Beaucoup de députés conservateurs sont au courant des faits présentés par la GRC. Ils comprennent que les preuves sont accablantes. Ils ne veulent pas prendre la parole pour défendre le premier ministre ou essayer d'expliquer ce qui est arrivé. lls ne veulent pas nous dire dans leurs propres mots ce qui s'est vraiment passé. Si j'ai bien compris, aucun député conservateur ne fera un discours ou ne posera des questions aujourd'hui. Jusqu'à maintenant, seul le secrétaire parlementaire a pris la parole pour répondre aux questions auxquelles le premier ministre n'a pas répondu en personne.
J'ai oublié de dire au début de mon intervention, monsieur le Président, que j'aimerais partager mon temps de parole avec le député de .
Compte tenu des éléments de preuve que les enquêteurs de la GRC ont présentés et vu les conclusions qu'ils ont eux-mêmes tirées, il est clair que les députés conservateurs savent qu'ils auraient beaucoup moins de chance d'être réélus en 2015 s'ils défendaient le . Ils ont pu constater lors des élections tenues hier que les Canadiens sont outrés par la conduite et les agissements non éthiques du personnel du Cabinet du premier ministre. Les Canadiens ont choisi de ne pas aller voter, c'est très clair.
Je tiens aussi parler de certaines observations qui ont été formulées aujourd'hui. Je ne m'étais pas préparé pour intervenir sur cette question, mais des députés en ont parlé. Par exemple, le secrétaire parlementaire semble prétendre, à tort, précisons-le, que le chef du Parti libéral ne pose pas de questions au sujet du scandale mettant en cause le Cabinet . C'est faux, et j'ai d'ailleurs fait lecture d'une longue série de questions que le chef du Parti libéral a posées ces derniers jours à ce sujet. Le chef du Parti libéral prend toujours la parole lorsqu'il est à la Chambre.
Comme le Parti libéral détient seulement 34 sièges à l'heure actuelle — ce nombre passera à 36 dans quelques jours—, nous ne pouvons poser qu'un nombre limité de questions pendant la période des questions. Des 17 premières qui sont posées, le caucus libéral ne peut en poser que 3. Il n'est donc pas facile pour le chef du Parti libéral de poser beaucoup de questions. Cependant, il le fait chaque fois qu'il est à la Chambre. Il profite toujours de ces 3 questions pour demander au gouvernement de rendre des comptes. Je viens d'ailleurs de faire lecture de quelques-unes de ses questions. Le secrétaire parlementaire invente donc des faussetés parce qu'il ne sait plus vers quoi se tourner.
Les conservateurs refusent de répondre aux questions qui leur sont posées pendant la période des questions et au cours du présent débat, ils lancent donc des attaques personnelles contre le chef des libéraux, et ils ont redoublé d'ardeur depuis les élections partielles d'hier. Ils n'ont d'autre choix que de rabâcher de vieilles allégations non fondées.
Ce que nous devrions faire aujourd'hui — et c'est l'intention de la motion dont nous débattons — c'est parler du camouflage et du fait qu'il est insensé qu'on ait demandé au d'autoriser Mike Duffy à rembourser les dépenses qu'il avait indûment réclamées. Il ressort de la période des questions que le premier ministre s'attendait à ce que n'importe quel membre de son caucus rembourse de telles dépenses. Par conséquent, pourquoi demanderait-on au premier ministre d'approuver quelque chose d'aussi fondamental? Il ressort clairement du document de la GRC — ainsi que des débats et de la période de questions — qu'on a demandé au premier ministre d'approuver quelque chose de beaucoup plus important. Nous ne savons pas de quoi il s'agit, mais il est insensé qu'on demande au premier ministre d'autoriser le sénateur Duffy à rembourser les dépenses qu'il avait indûment réclamées.
À l'instar de tous les Canadiens, j'ai une idée générale du problème, mais je ne connais pas tous les détails. Étant donné que nous entendons beaucoup de déclarations contradictoires du Parti conservateur et que ces dernières changent d'une semaine et d'un mois à l'autre, je suis d'avis que nous devons tirer les choses au clair. Comme l'a dit mon collègue de Terre-Neuve-et-Labrador, nous devons sortir du mauzy.
Nous devons tirer cette histoire au clair. Voilà pourquoi il est important que le et sa garde rapprochée — qui ont, selon la GRC, participé à ce camouflage — témoignent sous serment pour donner leur version des faits.
À mon avis, il ressortira clairement de ce témoignage, s'il a lieu, qu'il y a eu de graves manquements éthiques au sein du Cabinet du premier ministre. Il apparaîtra que les personnes qui, selon le rapport de la GRC, ont participé à ce camouflage et qui travaillent toujours pour le gouvernement ne devraient plus y travailler, car elles seront accusées aux termes de certains articles du Code criminel. Il apparaîtra que les membres du personnel du Cabinet du premier ministre ne devraient pas travailler pour le gouvernement si le veut maintenir les normes qu'il affirme maintenir.
Voilà pourquoi il est important pour nous d'appuyer cette motion et de demander aux ministériels qui sont impliqués dans le scandale qui éclabousse le Cabinet du premier ministre de témoigner sous serment, d'expliquer clairement ce qui s'est, selon eux, passé, de tirer les choses au clair et de sortir les Canadiens du mauzy.
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Monsieur le Président, je vais poursuivre mon intervention, car je crois savoir que le député de aimerait prendre la parole pendant toute la période de 20 minutes.
J'aimerais revenir sur certains points qui ont été soulevés aujourd'hui dans le cadre du débat. Le secrétaire parlementaire a parlé des fiducies de revenu. C'est une vieille accusation et rien ne prouve que c'est bien ce qui s'est passé. Le député de a été très clair à ce sujet. Il siégeait dans cette enceinte lorsque ces accusations ont été lancées pour la première fois. C'était simplement des accusations.
Les députés font des accusations chaque jour à la Chambre. Cela dit, j'aimerais que pendant la période des questions, les conservateurs se contentent de répondre aux questions qui leur sont posées, au lieu de revenir des années en arrière et de soulever d'autres accusations. Voilà un exemple de la façon dont les députés ministériels essaient de détourner les questions en revenant sur de vieilles accusations. Une telle façon de faire nuit au déroulement des travaux de la Chambre, et ce n'est pas ce que les électeurs veulent.
Lorsque je me promène dans les rues de ma circonscription, Kingston et les Îles, il arrive fréquemment que des gens viennent me voir pour me parler de la période des questions. Ils me disent que ce doit être frustrant, car nous n'obtenons jamais de réponses à nos questions.
Le débat d'aujourd'hui porte sur une question très importante. Il s'agit de déterminer si nous pouvons faire confiance au chef du gouvernement. Voilà pourquoi il est très important que les conservateurs répondent vraiment aux questions qui leur sont posées. Ils devraient prendre le taureau par les cornes, reconnaître l'importance de ces questions et fournir les meilleures réponses qui soient. Ils ne devraient pas détourner les questions en soulevant de vieilles accusations ou de vieilles histoires à propos de membres de la famille ou d'un livreur de pizza. Nous avons entendu tout cela à la Chambre, et ce n'est pas ce que nous sommes censés faire ici. Ce n'est pas de cette façon que nous sommes censés servir les Canadiens.
Lorsque je retourne dans ma circonscription, Kingston et les Îles, il est difficile pour moi de dire aux gens que c'est ainsi que les choses se passent et que c'est pour cette raison qu'on appelle cela la période des questions. Les députés ministériels doivent se plier volontairement à ces exigences. La Chambre doit jouer un rôle utile et servir les Canadiens. Les questions posées ont un objectif précis, soit obliger le gouvernement à rendre des comptes. C'est ce qui se passait autrefois à la Chambre.
Il faut se demander pourquoi le gouvernement veut être au pouvoir et pourquoi il devrait y rester. À l'heure actuelle, comme le gouvernement détient la majorité, il nous est impossible de gagner un vote de défiance, mais si nous demandions à l'ensemble des députés de voter par scrutin secret pour dire s'ils font confiance au gouvernement, je me demande si la motion serait adoptée, surtout si les députés d'arrière-ban du caucus conservateur avaient droit au vote secret. J'ai l'impression que ce ne sont pas tous les députés ministériels qui appuieraient le gouvernement.
C'est dire à quel point le scandale qui entoure le Cabinet du est gros. C'est la raison pour laquelle aucun des députés conservateurs ne prend la parole en ce moment. C'est un dossier empoisonné. Ils savent que des manquements à l'éthique se sont produits au Cabinet du et ils sont conscients que c'est très grave. À la lumière des résultats des élections complémentaires tenues hier, ils réalisent que les électeurs canadiens prennent cette question très au sérieux. Ils veulent être réélus en 2015, mais cela n'arrivera pas, en raison de la direction du Parti conservateur, qui ne veut pas admettre que des erreurs ont été commises et qui refuse de corriger la situation. C'est ce dont nous devons parler aujourd'hui.
Je ne peux pas parler de la présence ou de l'absence à la Chambre de certains députés conservateurs, mais je crois que le hansard confirmera, d'ici la fin de la journée, que seul le secrétaire parlementaire a pris la parole. Peut-être que les faits me donneront tort. Je l'espère. Nous verrons ce qui arrive d'ici la fin de la journée. Jusqu'à présent, cependant, rien ne donne à penser que d'autres députés conservateurs viendront défendre le .
Là-dessus, je suis prêt à répondre à des questions ou à écouter des observations.
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Monsieur le Président, je veux dire tout d'abord que je ne m'inquiète pas trop des accusations du , car il ne saurait voir la vérité même s'il la recevait en plein visage.
Je me réjouis d'avoir l'occasion de parler de cette motion de l'opposition, dont le point clé est le suivant:
[...] la Chambre demande au premier ministre d'expliquer en détails aux Canadiens, sous serment, ce que Nigel Wright ou tous autres membres de son personnel ou tous autres Conservateurs lui ont dit à n'importe quel moment au sujet de n'importe quel aspect de toutes ententes relatives à Mike Duffy, comment il a réagi, et quand.
C'est le contexte, la partie importante de la motion. Selon moi, la motion de l'opposition donne en vérité l'occasion au de tirer les choses au clair, s'il n'a rien à cacher.
Les commentaires formulés par son secrétaire parlementaire, toutefois, me portent à croire que le gouvernement va poursuivre son opération de camouflage. Mon collègue l'a déjà souligné: il est intéressant de voir que, parmi les conservateurs, seul le secrétaire parlementaire est autorisé à prendre la parole dans ce débat.
Il y a beaucoup de bons députés sur les banquettes arrière du Parti conservateur. On peut le dire. Je me dois de leur demander s’ils ont reçu l’ordre de se taire. Ne se préoccupent-ils pas du scandale qui a éclaté au Cabinet du premier ministre, dans ce groupe qui s’est fait élire à Ottawa en promettant de rendre des comptes et de faire régner la transparence? Ont-ils peur de prendre la parole et de poser une question au ? Le gouvernement conservateur a-t-il renoncé complètement à la transparence et à la reddition des comptes dans ce qui est désormais clairement une manœuvre de camouflage à laquelle sont mêlés non seulement le Cabinet du premier ministre, mais aussi tout le Parti conservateur et tous les simples députés? Tous sont complices de ce camouflage qui vise à protéger le premier ministre .
Il doit être difficile pour tous les simples députés de se renier complètement, eux qui se sont fait élire en proposant un programme axé sur la loi et l’ordre et une lutte intransigeante contre le crime. Ce doit être vraiment difficile. Je sympathise avec eux, car ils sont venus ici avec un programme fondé sur la loi et l’ordre et ils doivent maintenant se renier.
Oui, il existe des lois, et il faut les respecter. Mais les gens du Cabinet du premier ministre n’ont pas à le faire, c’est certain. Sévir contre le crime, cela ne vaut que pour les autres et non pas pour soi, lorsqu’il s’agit du gouvernement dirigé par l’actuel premier ministre.
S’il s’agit d’un jeune issu d’un foyer brisé ou d’un malade mental qui a eu des difficultés et a enfreint la loi, tout ce que le gouvernement conservateur a à proposer, c’est le châtiment, et plus le châtiment est impitoyable, mieux c’est. L’idée, c’est de les jeter en prison, en fait, et de jeter la clé.
Toutefois, lorsqu’il s’agit des gens du gouvernement, lorsqu’il s’agit de ses proches, c’est une toute autre histoire. Dans ce cas-ci, il s’agit, au plus simple, de corruption sous l’égide des plus hautes instances de notre pays, le Cabinet du premier ministre, et il n’y a rien à redire. C’est acceptable aux yeux des simples députés d’en face. Influencer l’exercice des privilèges des sénateurs et édulcorer un rapport sénatorial, c’est acceptable. Ce genre de corruption, ce n’est pas un crime, pour les simples députés conservateurs, et ils semblent ne vouloir obtenir aucune réponse.
Rappelons-nous ce que j’ai dit il y a un instant au sujet de la Loi fédérale sur la responsabilité. Le gouvernement conservateur était peut-être animé par d’excellentes intentions, et il a peut-être fait adopter cette loi, mais il est certain qu’il ne s’y conforme pas. Quant à la transparence, tous les Canadiens, à l’exception, semble-t-il, des simples députés d’en face, savent que le gouvernement actuel est celui qui, dans toute l’histoire du Canada, est le plus cachotier.
Il y a des tas de domaines où les lois ne semblent pas importer tellement au Parti conservateur. Nous avons eu les manœuvres de transfert, les appels automatisés, le scandale de Duffy et du Cabinet du premier ministre, et la liste se poursuit.
Permettez-moi de rappeler ce que l’actuel conservateur a dit à un ancien premier ministre. Et je vais demander aux députés du parti ministériel si les mêmes mots s’appliquent à l’actuel premier ministre . Il a dit que, si le premier ministre était au courant de l’escroquerie, c’était inadmissible et que s’il ne l’était pas, c’était de l’incompétence.
Cette déclaration s’applique-t-elle à l’actuel ? Assurément.
Essayons d’imaginer: son chef de cabinet était au courant, mais le ne l’était pas. Environ une douzaine de personnes étaient au courant, dont certains de ses plus proches conseillers, mais le premier ministre ne l’était pas. Le directeur du Fonds conservateur savait, et il était disposé à verser le pot-de-vin, à condition que cela ne dépasse pas 32 000 $. Il s’agit du directeur du Fonds conservateur, d’un sénateur nommé par le premier ministre actuel. Il était au courant, mais le premier ministre ne savait rien.
Un rapport de vérification concernant le sénateur Duffy a été blanchi à la demande de proches conseillers du , avec la pleine collaboration du leader du gouvernement au Sénat, d’un autre sénateur, de son ancien directeur des communications et d’un troisième sénateur fidèle. Ce trio de loyaux sénateurs était au courant de la manipulation des preuves axée sur la corruption d’un sénateur, mais le premier ministre ne l’était pas.
N’est-ce pas là une déformation excessive de la réalité? Je suis très tenté de le croire. Les députés conservateurs s’attendent-ils vraiment à ce que nous acceptions l’idée que le était dans l’ignorance? C’est incroyable.
Permettez-moi de répéter encore cette déclaration. C’était que si le premier ministre était au courant de l’affaire, c’était inadmissible, et que s’il ne l’était pas, c’était de l’incompétence.
Je demande aux députés du gouvernement, qui sont assis là bouche cousue, laquelle des deux propositions est la vraie? C’est l’une ou l’autre; on ne peut pas y échapper.
Revenons à la vraie raison pour laquelle le scandale du Sénat a abouti sur le bureau du . C’est lui qui a nommé les sénateurs sans tenir compte des exigences de résidence. Pourquoi l’a-t-il fait?
Si on y pense, on peut trouver la réponse. Beaucoup de gens, beaucoup de juristes et de constitutionnalistes canadiens estiment que la nomination des sénateurs Wallin et Duffy par le était contraire aux dispositions de la Constitution. Je crois moi aussi que c’est le cas.
Le sénateur Duffy est censé me représenter. Il vit dans ma circonscription. Toutefois, il ne représente certainement pas l’Île-du-Prince-Édouard. Il ne représente que la voix du revenant dans l’Île-du-Prince-Édouard pour dire aux gens ce qu’ils doivent faire.
Je n’ai pas entendu le sénateur Duffy parler de l’Île-du-Prince-Édouard. Je ne l’ai pas vu dans les cafés, parlant aux gens touchés par les changements apportés à l’assurance-emploi. Il est le messager du dans l’Île-du-Prince-Édouard. Ce n’est pas ainsi que les choses devraient être faites. C’est tout le contraire.
À cet égard et à d’autres, il est clair que le s’en fichait. Peu lui importait de violer la Constitution du Canada que nous, parlementaires, sommes censés protéger. Je dois dire à tous les députés d’en face qui se sont tenus cois, en dépit du fait qu’ils ont l’obligation de représenter leurs électeurs, que s’ils ont assisté à une violation de la Constitution sans dire un mot, c’est qu’ils s’en fichent eux aussi. Ils se lèvent et applaudissent quand le premier ministre se défend au milieu des efforts déployés pour étouffer le scandale.
Quel était le vrai but recherché lors de la nomination au Sénat de deux membres connus des médias? Qu’un député du gouvernement me corrige si je me trompe, mais je pense que l’objectif était d’utiliser ces deux sénateurs bien connus des médias pour faire de la propagande. Souvenons-nous qu’ils ont été pendant un certain temps les deux principaux collecteurs de fonds du Parti conservateur. Je crois qu’ils ont coprésidé le dernier congrès conservateur qui s’est tenu avant celui du mois dernier. Il y a un an ou deux, ils ont été les coprésidents du congrès. Ils appartenaient à l’élite du parti, mais le veut maintenant s’en débarrasser pour masquer son propre rôle dans la corruption du Sénat et le blanchiment d’un rapport.
Je me souviens très bien d’avoir regardé cette émission, d’avoir vu le sénateur Duffy assis sur un petit tabouret interviewer, comme un journaliste, le , le regarder droit dans les yeux et lui poser des questions difficiles, en présence seulement d’invités, tous des avocats conservateurs. L’idée derrière tout cela était de donner l’impression à la télévision que le Mike Duffy d’auparavant interrogeait le premier ministre de façon serrée. En réalité, il s’agissait d’une manœuvre pour manipuler les Canadiens et leur faire gober le message du premier ministre. Ce n’était que cela. C’était une manœuvre et rien d’autre. Voilà une des raisons pour lesquelles le premier ministre a nommé Mike Duffy au Sénat. Le premier ministre a enfreint les dispositions de la Constitution concernant les exigences relatives au lieu de résidence pour nommer deux journalistes bien connus dans le but de leur faire occuper l’espace médiatique et, en fait, tromper la confiance des Canadiens par des moyens détournés favorisant le message conservateur et le refrain des conservateurs.
Lorsque ces personnes-là ont été nommées, pouvez-vous imaginer le lot de conseillers et de parasites tournant autour du Cabinet du en train de discuter de qui devait être nommé et de la façon de faire ces nominations? Ils ont probablement informé le premier ministre qu’il y aurait peut-être violation de la Constitution, mais le premier ministre a probablement dit qu’il ne s’en faisait pas avec ça, qu’il se foutait de la Constitution et qu’ils avaient besoin de ces personnes pour un but précis: faire gober le message conservateur sur tout ce que faisait le gouvernement conservateur, depuis les coupes dans les services aux Canadiens jusqu’aux attaques perpétrées contre les travailleurs saisonniers et tout ce que vous pouvez nommer. Le premier ministre est donc allé de l’avant avec la nomination.
J’irais même un peu plus loin. Le secrétaire parlementaire pourrait peut-être me dire si cela est réellement arrivé. Il n’était pas secrétaire parlementaire alors, mais il était peut-être présent à la réunion. Les députés peuvent-ils imaginer la première réunion du avec les sénateurs Duffy et Wallin? Comme je l’ai dit, le secrétaire parlementaire peut me dire si j’ai raison ou si j’ai tort, mais j’imagine qu’il s’est dit ceci: « Pam, Mike, prenez la parole et vendez le message. Recueillez des fonds pour le Parti conservateur et facturez le Sénat. » Est-ce bien ce qui a été dit? « Facturez le Sénat et faites-le aux dépens des contribuables. »
Je connais bien Mike Duffy. Je le connais depuis des années. Il vient de temps à autre dans la province. Il possède une résidence fictive à Green Gables, je le connais donc bien. Il a bien obéi aux ordres. Je ne répéterai pas ce que le sénateur Duffy a déclaré au Sénat à ce sujet. Il croyait avoir la permission de facturer le Sénat. Il n’a peut-être jamais lu les règles, mais j’imagine que le lui a dit de simplement facturer le Sénat et que tout irait bien. Nous savons toutefois que tel n’a pas été le cas.
En fait, seul le peut nous dire si c'est vraiment ce qui a mis ces sénateurs dans un tel pétrin. Il me semble que le premier ministre et ses larbins de l'autre côté devraient voir cela comme une occasion à saisir. Si le premier ministre n'a rien à cacher, c'est pour lui l'occasion de mettre cartes sur table. Je pense que ce serait une bonne chose.
À titre de député de l'Île-du-Prince-Édouard, je peux dire que tout ce scandale mettant en cause le sénateur Duffy, le et le Cabinet du premier ministre a ébranlé les citoyens de ma province. Cela m'ennuie vraiment quand je lis dans les journaux ou que je vois au téléjournal, soir après soir, le sénateur de l'Île-du-Prince-Édouard Mike Duffy, après quoi on parle du scandale et des dépenses et de tout le reste. Les Prince-Édouardiens ont tellement honte. Des gens m'ont appelé de Vancouver pour me demander ce qui ne va pas chez les Prince-Édouardiens. Ils ne se rendaient pas compte que pour nous, gens de l'île, Mike Duffy n'est pas notre sénateur. Il est le sénateur du premier ministre .
C'est un véritable problème. Je le répète, il est le sénateur du , pas de l'Île-du-Prince-Édouard.
Et que dire de l'ancien propriétaire de cette maison que l'on voit tous les soirs au téléjournal dans le contexte de ce scandale, dont le doit assumer la responsabilité. J'ai parlé à la fille de l'ancien propriétaire qui m'a dit, presque en larmes, que si son père voyait des images de cette maison au téléjournal dans des reportages sur ce scandale, cela l'attristerait énormément. Tout cela parce que le a nommé un sénateur qui n'est pas vraiment résident de l'Île-du-Prince-Édouard et qui a ensuite abusé de ce privilège et de cette confiance.
En terminant, je vais relire le texte de notre motion, par laquelle nous demandons:
que la Chambre demande au premier ministre d'expliquer en détails aux Canadiens, sous serment, ce que Nigel Wright ou tous autres membres de son personnel ou tous autres conservateurs lui ont dit à n'importe quel moment au sujet de n'importe quel aspect de toutes ententes relatives à Mike Duffy, comment il a réagi, et quand.
À mes yeux, c'est l'occasion de mettre cartes sur table, de mettre fin au camouflage, de nous expliquer comment une douzaine de personnes à son cabinet savaient alors que lui ne savait pas, comment son chef de cabinet savait et pas lui, comment les sénateurs à l'autre endroit étaient au courant du blanchiment du rapport du Sénat tandis que lui ne l'était pas.
Ou bien c'est une escroquerie dont il était au courant, ou bien c'est de l'incompétence absolue. Quoi qu'il en soit, il est le de notre pays et il doit assumer la responsabilité des décisions prises à son cabinet. Telle a toujours été la tradition de notre institution et le doit accepter cette responsabilité et se conformer à la motion. Je crois que les députés conservateurs d'arrière-ban aimeraient bien le voir saisir cette occasion; ainsi, le principe de la responsabilité serait respecté à la Chambre et ces députés s'en réjouiraient et respecteraient leur promesse faite aux dernières élections. Ce serait tout un changement.
:
Monsieur le Président, si seulement le NPD représentait actuellement la circonscription de Toronto-Centre.
Je vais commencer par dire que je partagerai mon temps de parole avec la députée d'.
J'aimerais parler très brièvement d'un petit détail de la motion du Parti libéral, soit du point qui exige que le témoigne sous serment. Je vais appuyer cette motion, mais je tiens à dire que cet élément est un peu superflu. Tous les députés de la Chambre, y compris le premier ministre, doivent dire la vérité. C'est lié à notre privilège parlementaire. Chaque fois que le premier ministre prend la parole à la Chambre, il a le devoir de dire la vérité. Par conséquent, il est déjà sous serment, dans le meilleur sens du terme, quand il est à la Chambre. Les libéraux doivent donner un peu plus de détails sur le processus exact qui permettrait d'améliorer ce que le premier ministre est déjà tenu de faire.
Le 21 mai, j'ai pris la parole à la Chambre pour poser la toute première série de questions sur l'aspect criminel d'un stratagème qui est, nous le savons maintenant, de nature criminelle. J'ai mentionné l'article 16 de la Loi sur le Parlement du Canada, puis l'article 119 du Code criminel. Le point que je veux faire valoir est presque symbolique. Le paragraphe 16(1) de la Loi sur le Parlement du Canada dit ceci:
Il est interdit à tout sénateur de recevoir — ou de convenir de recevoir — , directement ou indirectement, une rémunération pour services rendus ou à rendre à qui que ce soit, ou par l'intermédiaire d'un tiers:
a) relativement à quelque [...] dispute, accusation, arrestation ou autre affaire devant le Sénat ou la Chambre des communes ou devant un de leurs comités;
Cela cadre parfaitement avec la situation et s'applique seulement au Sénat et aux sénateurs. Chose intéressante, et c'est là le point symbolique, tout sénateur coupable d'avoir enfreint cette disposition encourt une amende de 1 000 $ à 4 000 $. Cette disposition ne prévoit pas de peine d'emprisonnement, mais, en vertu de l'article 16 de la Loi sur le Parlement du Canada, quiconque donne un pot-de-vin et n'est pas sénateur encourt un emprisonnement maximal d'un an. L'élément symbolique qui ressort de la façon dont cette loi est rédigée est que des sénateurs peuvent se faire offrir des pots-de-vin et éviter la prison. Par contre, une autre personne — un citoyen ordinaire, par exemple — impliquée dans la même affaire peut aller en prison. C'est une déclaration tout à fait symbolique du niveau de privilège et, bien sûr, de corruption institutionnelle qui prévaut au Sénat.
Bon nombre d'entre nous ont lu en détail les quelque 80 pages de l'affidavit du caporal Horton de la GRC, qui invoque non seulement l'article 119 du Code criminel, portant sur la corruption, mais aussi les articles 122 et 121, portant respectivement sur l'abus de confiance et les fraudes envers le gouvernement. Il semble tout à fait justifié qu'on invoque ces trois articles, compte tenu de ce que nous savons au sujet de l'entente réciproque impliquant au moins MM. Duffy et Wright, et selon laquelle M. Duffy devait garder le silence au Sénat et en public, tandis que M. Wright — et fort probablement d'autres personnes au Cabinet du premier ministre — devait rembourser M. Duffy pour qu'il n'ait pas à assumer les dépenses qu'il devait rembourser, et faire en sorte qu'un rapport du Sénat soit édulcoré afin qu'il soit moins sévère envers M. Duffy. Cela faisait aussi partie des aspects essentiels de l'entente.
Pour le temps qui me reste, j'insisterai sur le fait que nous ne pouvons pas nous concentrer aveuglément sur la relation entre M. Wright et M. Duffy, les deux parties clairement et directement impliquées dans l'entente. Toute cette affaire fait certainement partie d'un stratagème. D'autres personnes sont impliquées. Nous connaissons d'autres aspects de l'affaire grâce aux faits très inhabituels établis dans l'affidavit de la GRC. Le Code criminel contient des dispositions concernant l'aide et la participation de la part de personnes qui ne sont pas directement impliquées. Selon l'article 22 du Code criminel, et à la lumière des éléments de preuve révélés, je crois que nous pouvons commencer par nous pencher sur le cas du .
Voici ce que dit le paragraphe 22(1) au sujet d'une personne qui conseille à une autre de commettre une infraction:
Lorsqu’une personne conseille à une autre personne de participer à une infraction et que cette dernière y participe subséquemment, la personne qui a conseillé participe à cette infraction, même si l’infraction a été commise d’une manière différente de celle qui avait été conseillée.
Si quelqu'un dit à un individu d'aller frapper une personne avec un marteau et que l'individu utilise plutôt une barre de fer, cela est sans importance. De même, il est sans importance qu'à l'origine des fonds illicites destinés à être utilisés dans une transaction aient été censés provenir du fonds du Parti conservateur mais qu'ils ont finalement été fournis par M. Wright lui-même. Dans les deux cas, il s'agit d'un acte criminel. Ainsi, quiconque aurait proposé au départ que le paiement soit effectué à même le fonds du Parti conservateur aurait été tout aussi coupable même si, en fin de compte, une autre source a été utilisée.
L'article 21 traite aussi des participants à une infraction. Nous parlons ici d'infractions criminelles, y compris celles dont j'ai déjà fait mention comme la corruption, les fraudes contre le gouvernement et l'abus de la confiance du public. Chacune de ces infractions comporte un corollaire, à savoir que d'autres personnes peuvent être impliquées à titre de complices.
Par ailleurs, l'article 465 du Code criminel traite du complot et du fait que plusieurs personnes peuvent accepter de s'associer à un stratagème.
Passons maintenant à un autre acteur de cet épisode infâme et sordide, le sénateur Gerstein. Voyons un peu comment la transaction entre M. Wright et M. Duffy a été favorisée. Nous savons que le fait de partager l'intention de mettre en place un tel stratagème est une infraction criminelle en soi. Le sénateur Gerstein a tenté de s'ingérer dans le travail de Deloitte en communiquant avec un contact au sein de la firme pour lui demander si le rapport pourrait être bloqué, au motif douteux que M. Duffy remboursait les dépenses engagées et que, de toute façon, cet exercice n'avait plus sa raison d'être. La firme Deloitte a répondu qu'elle déposerait son rapport, mais qu'elle ne présenterait pas de conclusion ferme relativement à la question de la résidence. Cette décision conférait un avantage au Cabinet du premier ministre pour ce qui est du reste de son stratagème. En effet, elle lui disait comment faire obstruction au processus sans exercer d'autres pressions sur Deloitte. Il est très clair que c'était là de l'ingérence dans le travail de Deloitte et que cette ingérence a favorisé le stratagème global. Si ce qui est mentionné dans la déclaration de 80 pages est vrai, ce document renferme amplement de preuves permettant d'accuser le sénateur Gerstein d'avoir participé au stratagème.
J'aimerais également mentionner un autre point. Les députés devraient se rappeler qu'il est possible que certaines choses n'aient pas été menées à terme. Cela pourrait s'appliquer au cas du sénateur Gerstein. Les députés devraient savoir que tenter de commettre une infraction constitue un crime aux termes de l'article 24 du Code criminel.
Je parlerai maintenant de ce qui s'est produit après la mise en place du stratagème. Des preuves commençaient à faire surface, et c'est là qu'il y a eu ce que l'on pourrait appeler une opération de camouflage. Dans le Code criminel, il y a un article, l'article 131, qui s'intitule « Personnes qui trompent la justice » et qui porte sur le parjure. Le parjure ne s'applique pas seulement aux personnes qui disent des faussetés dans un tribunal. Le paragraphe 131(1) précise que:
Sous réserve du paragraphe (3), commet un parjure quiconque fait, avec l’intention de tromper, une fausse déclaration après avoir prêté serment ou fait une affirmation solennelle, dans un affidavit [...]
Par conséquent, les déclarations recueillies par la GRC et révélées dans la déclaration sous serment relèvent de cette disposition. J'aimerais attirer l'attention de tous sur le fait que la GRC a mis entre crochets des observations dans l'ensemble du document, expliquant dans un certain nombre de cas qu'elle a clairement l'impression que des témoins n'ont pas dit la vérité. L'un des points saillants de la déclaration sous serment est que la GRC estime que la sénatrice LeBreton ne disait pas la vérité. C'est expressément écrit dans la déclaration. Le parjure est également un crime, tout comme l'entrave à la justice. Je n'entrerai pas dans les détails.
Finalement, je parlerai des avocats. Il est contraire à l'éthique pour un avocat d'aider sciemment quelqu'un dans la commission d'un crime, comme c'est peut-être le cas ici. J'espère qu'il y a des professionnels du droit qui attireront, sur cette question, l'attention des barreaux dont sont membres les avocats concernés.
:
Monsieur le Président, j'aimerais dire aujourd'hui que j'ai le plaisir de me lever à la Chambre pour parler de tous les scandales du Sénat, mais ce n'est pas le cas. Il est impossible, à moins d'être complètement désillusionné, d'apprécier une situation qui prouve noir sur blanc que le Canada est de moins en moins démocratique. S'il s'agissait seulement du scandale au Sénat, on pourrait faire le ménage, mais ce n'est pas le cas. Il s'agit de quelques sénateurs libéraux et conservateurs, mais surtout du bureau du premier ministre du Canada.
Le monde nous regarde. Je reviens d'un voyage en Europe, au cours duquel on a parlé de tout cela. Lorsqu'on regarde le Canada de l'extérieur, on voit le maire de Toronto, la commission Charbonneau, les politiques arriérées du gouvernement, les dépenses injustifiées des sénateurs alors que le gouvernement impose des mesures d'austérité sans précédent aux familles, et une enquête de la GRC sur le bureau du premier ministre.
Sérieusement, quel gâchis! La GRC mène une enquête sur le bureau du premier ministre.
[Traduction]
« Votre parti fait l'objet de combien d'enquêtes criminelles, Monsieur Martin? »
[Français]
J'imagine que cette question doit revenir hanter le une fois de temps en temps. Il l'avait lancée à M. Paul Martin, lors d'un des débats de la campagne de 2006, celle qu'il a remportée.
[Traduction]
Si on revient à lui, son parti et son administration font l'objet de combien d'enquêtes criminelles?
[Français]
Ce parti s'est fait élire sur la base de la transparence. Il a profité du scandale des commandites pour prendre le pouvoir et faire pire.
Symbolisme fallacieux, le premier projet de loi qu'il a déposé a été le projet de loi , portant sur la responsabilité et l'imputabilité. Très ironiquement, ce projet de loi renforçait la Loi sur les conflits d'intérêts, entre autres pour les titulaires de charge publique, et créait le poste de directeur parlementaire du budget. Les temps changent.
Maintenant, nous sommes devant le même , mais il est arrogant et son parti est majoritaire. Oui, monsieur le Président, je dis qu'il est arrogant. Que ce soit un langage parlementaire ou non, cet homme a l'arrogance de se présenter à la Chambre, devant les parlementaires qui représentent l'ensemble des citoyens et le pays, et de se parjurer d'une fois à l'autre.
Évidemment, « parjure » est un mot trop grave, puisque, selon la décision du Président, le premier ministre n'aurait pas délibérément trompé la Chambre des communes. Il reste qu'il l'a trompée quand même. Quand on ne sait pas, on ne parle pas, c'est tout. On n'invente pas. Cet homme est beaucoup trop intelligent pour ne pas avoir délibérément trompé la Chambre. C'est pour cette raison que les partis de l'opposition prennent les outils qu'il leur reste pour demander une fois pour toutes au de dire la vérité.
A-t-il toujours la légitimité morale de gouverner le pays et de se tenir debout à la Chambre? S'il a pu priver si aisément les trois sénateurs de leur privilège de siéger, je ne vois pas pourquoi il peut encore prétendre pouvoir conserver le sien. Il pensait peut-être avoir à faire à des pantins qui craignaient trop son influence. On pensera d'eux ce qu'on veut, mais Nigel Wright et Mike Duffy sont aussi des gens très influents, et ce sont surtout des gens qu'on ne lance pas sous l'autobus pour sauver sa peau.
Le est en train de le réaliser. Il a même eu l'affront d'aller devant ses membres, dans sa propre ville de Calgary, pour dire à ses militants que Nigel Wright et Mike Duffy ont violé la loi de l'éthique du parti et qu'ils ont agi seuls. Tout le monde le croit, j'en suis sûre.
Même les membres de son propre caucus ont des doutes sur sa version des faits, surtout qu'elle contredit la version que Nigel Wright a donnée aux agents de la GRC. De nombreux gens ont confiance en l'éthique de Nigel Wright et hésitent à croire que ce dernier aurait pu tout orchestrer sans que le ne soit au courant.
Un député conservateur ayant demandé de garder l'anonymat a dit ceci aux médias:
[Traduction]
« Le premier ministre a dit au caucus que Nigel avait agi seul. Mais il est maintenant clair qu'un certain nombre de personnes présentes, y compris des sénateurs et son chef de cabinet, étaient au courant. »
[Français]
Je doute très fort qu'un secret entre le chef de cabinet et un sénateur pour couvrir les foufounes du puisse avoir été connu par autant de gens de l'entourage plus ou moins proche du premier ministre, sans que ce dernier ne soit lui-même au courant.
On prétend que le et les personnes de son entourage n'étaient au courant de rien. Or, soudainement, quatre personnes étaient au courant, puis six, sept, treize, etc. Même les organisateurs de campagne, Jenni Byrne et Doug Finley, étaient au courant. Ce n'est pas croyable.
Un autre député d'arrière-ban a aussi affirmé à La Presse que le serait cuit, soit « done like a toast », si de nouvelles informations faisaient surface indiquant qu'il était au courant et qu'il aurait donc menti à son caucus.
[Traduction]
Plusieurs d'entre nous demanderaient sa démission, mais je ne crois pas que ce soit vrai.
[Français]
Cette affaire a pris une telle envergure que l'on parle désormais du « Duffygate ». Sans faire de mauvaises comparaisons, les ressemblances avec l'époque pas si lointaine de Nixon sont troublantes. Au début de l'affaire, jamais personne n'aurait pu croire à l'implication du président américain. On pointait plutôt du doigt son entourage, notamment son chef de cabinet, Harry Robbins Haldeman, qui a ensuite démissionné. Pour Nigel Wright, on ne sait pas trop encore s'il a démissionné ou s'il s'est fait renvoyer.
Le Sénat américain a enquêté à son tour et il a promis de punir les coupables. On a découvert que l'entourage du président avait fait pression pour qu'on modifie les rapports concernant l'implication du président et de son entourage. La popularité de Nixon a chuté et on s'est alors mis à penser au scénario probable de son implication et de son départ possible de la Maison-Blanche. Une motion d'impeachment a été présentée, mais Nixon a démissionné lui-même, en août 1974 et avant le vote, après avoir rendu public un enregistrement de ses appels téléphoniques démontrant clairement son implication. Cela a été son coup de grâce. Ne trouve-t-on pas qu'il y a des ressemblances ici?
Les députés de l'opposition ne sont pas les seuls à être tannés, voire écoeurés. La situation ne peut plus durer. Ce n'est pas tant pour les beaux yeux des parlementaires de l'opposition que le doit s'expliquer, mais pour rassurer son propre caucus, les sénateurs, et la population canadienne en général qui attend de voir si elle peut encore avoir confiance en cet homme.
Au fond, même si le NPD se bat depuis plus de 30 ans pour l'abolition du Sénat, cet enjeu est accessoire dans le cas précis. Le Sénat sert beaucoup de paravent et de voile pour dévier les conversations et les questions qu'on pourrait lui poser par rapport à son éthique personnelle, à la perception qu'il a de son rôle de premier ministre et à sa vision de la démocratie.
Nous n'avons pas les mêmes idées et c'est parfait. Je suis capable de vivre avec ça. Les débats et la confrontation par rapport à mes idées ne m'ont jamais fait peur. Toutefois, je pensais qu'au moins nous croyions tous en la vérité. Malheureusement, je me trompais.
Le journaliste dont je parlais tout à l'heure a assisté au congrès conservateur plus tôt cette année. Son constat était tout simplement triste:
[Traduction]
Pourtant, tous ceux à qui j'ai parlé ont dit que le Parti conservateur tout entier est troublé. La déception est palpable — on a l'impression que le chef et son personnel ont oublié que le parti s'est fait élire en s'affirmant comme le défenseur de la responsabilité et de la transparence.
[Français]
Ces gens qui le suivent, les militants conservateurs, les députés, les ministres et les sénateurs, ne sont pas intéressés de croire que le a joué un rôle dans cette histoire et je les comprends. C'est ça, la confiance. Ils aiment leur parti et ils aiment leur pays et, même si je ne partage pas leurs idées, je peux comprendre cet aspect des choses.
D'ailleurs, un des sénateurs, Hugh Segal, interrogé sur cette affaire, a déjà rappelé que sa loyauté allait plus haut que le .
[...] notre serment à Sa Majesté de faire ce qui est juste est, en fait, plus important que l'opinion de n'importe quel autre politicien.
Les gens ne sont quand même pas dupes. Ils donnent la chance au coureur et sont davantage indulgents envers ses comportements à lui que lui-même a pu l'être par rapport aux sénateurs qu'il a limogés en faisant fi de toute notion de présomption d'innocence.
Si c'est un vrai leader, il devrait « aller au bat » pour son monde, son caucus ainsi que les gens qui le suivent et croient en lui.
[Traduction]
Les gens doivent savoir si leur président est un escroc.
[Français]
Un vrai leader doit avoir ce courage.