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Monsieur le président, parmi les députés comme parmi la population en général, nous avons été nombreux au Canada ces derniers jours et ces dernières semaines à penser à l'Ukraine et aux violences affligeantes qui ont embrasé la place de l'Indépendance de Kiev, le Maïdan, ainsi qu'une bonne partie du pays. Hélas, cette crise a déjà coûté la vie à trop de gens innocents.
J'aimerais d'abord revenir sur le rôle que le gouvernement canadien a tenté de jouer dès le début de la crise. Le Canada a toujours cherché à faire preuve de leadership et à respecter les aspirations du peuple ukrainien. Sa position reposait d'ailleurs sur un certain nombre de grands principes: la liberté du peuple ukrainien; le retour de la démocratie; la protection pleine et entière — il va sans dire — des droits de la personne, qui ont été bafoués à qui mieux mieux depuis quelque temps; l'engagement ferme du pays à l'égard de la primauté du droit — lui dont les institutions ont été profondément marquées par l'ère soviétique, alors qu'il mérite amplement de croire à un avenir meilleur fondé sur une économie de marché; et l'intégration à l'Europe, que réclame la population.
La crise actuelle couve depuis longtemps. En novembre dernier, les tractations diplomatiques allaient bon train, et l'Ukraine était sur le point de conclure une entente historique d'association avec l'Union européenne, une perspective qu'une forte majorité d'Ukrainiens semblait appuyer. Chose certaine, elle représentait l'aboutissement de longues et vastes consultations auprès des États membres de l'Union européenne.
Puis, soudainement, le 21 novembre, cette possibilité n'était plus. Les manifestations ont immédiatement commencé et ont duré tout le mois de décembre. La violence a commencé en janvier. Le Canada était aux côtés des Ukrainiens à chaque étape; de nombreux députés de la Chambre, et bien sûr les députés ministériels, ont fait des déclarations publiques régulières. Je ne sais pas combien de déclarations publiques a faites le , mais elles ont été nombreuses, demandant au gouvernement de signer l'accord d'association. Lorsque cela a échoué, on lui a demandé de faire preuve de retenue, de ne pas s'éloigner davantage de ce que nous et les Ukrainiens considérons comme leur destin économique. Puis, lorsqu'ont commencé les violences, nous avons uni notre voix à celle de nos partenaires et alliés du monde entier pour mettre un terme à la violence.
Mais la violence n'a pas cessé. À la fin de janvier, nous avons dû prendre des mesures sans précédent concernant l'Ukraine et imposer une interdiction de voyager aux membres du régime de Ianoukovitch responsables d'actes de violence à ce moment limités, mais très graves. On comptait alors environ 12 morts.
Avec l'arrivée de février, la violence s'est accrue. Nous avons maintenant la confirmation que des dizaines de personnes, bien au-delà de 80 — presque 100 —, ont été tuées. La menace planait pendant le spectacle des cérémonies d'ouverture des Jeux olympiques à Sotchi, un spectacle qui évoquait des aspects du soviétisme, ou qui faisait à tout le moins un clin d'oeil à l'époque soviétique — dont il donnait une vision plutôt idyllique. Les Jeux olympiques de Sotchi ont été un moment de triomphe, de victoire et de gloire pour nos athlètes, dont nous sommes tous très fiers.
Mais à seulement quelques centaines de milles de là, les rues de Kiev étaient le théâtre d'une tragédie. Nous avons été pris dans une situation paradoxale, car nous étions évidemment profondément préoccupés à l'idée que les manifestants courageux qui avaient choisi de mettre leur vie en péril au centre de Kiev subissent une répression brutale de la part de leur propre gouvernement, et ce, à très grande échelle, avec une intervention de l'armée.
La semaine dernière, nous avons pris la décision difficile mais nécessaire d'annoncer que des sanctions seraient imposées aux membres du régime auteurs des violences, qui ont infligé des souffrances inutiles aux Ukrainiens en prenant littéralement leurs rêves et leurs aspirations en otage.
Toutefois, comme les députés le savent, la situation a évolué extrêmement rapidement. Un jour ou deux après l'annonce des sanctions, l'opposition a soudainement pris le contrôle de Kiev; sans crier gare, la Verkhovna Rada a pris la décision de destituer le président et, tout à coup, celui-ci était en fuite. Puis, il y a eu un nouveau président par intérim, un premier ministre par intérim et maintenant une série de nouveaux ministres qui devront être confirmés dans leurs fonctions dans le cadre d'un processus démocratique organisé par les représentants démocratiquement élus de l'Ukraine. En outre, le gouvernement a consenti assez rapidement à certaines demandes de l'opposition.
Soyons clairs, les sanctions annoncées demeurent un outil dont pourra user le Canada. Les mesures législatives dont nous avons besoin pour imposer des sanctions existent. Les décrets nécessaires à l'imposition de sanctions sont disponibles, et il serait possible de les promulguer très rapidement. Toutefois, nous n'avons pas imposé de sanction, car, heureusement, le régime de Ianoukovitch n'est plus. Nous espérons que les personnes responsables des violences ne feront plus partie du régime et que nous n'aurons pas à prendre ce genre de mesures pour sévir contre celui-ci.
Nous surveillons la situation de près. Nous consultons nos alliés. Les députés savent que, en ce qui concerne l'Ukraine, le Canada continuera de défendre ses principes. Ce soir, plusieurs de nos collègues accompagnent le , qui est en route pour l'Ukraine, où il sera accueilli très chaleureusement par l'opposition, dont certains membres forment un nouveau gouvernement, ainsi que par le peuple ukrainien, qui a entendu le Canada prendre sa défense pendant ces semaines marquées par la violence et l'incertitude.
Quel est le principal problème qui nous attend en Ukraine? Ce pays, l'un des plus grands d'Europe, compte 44 millions d'habitants. Parmi les pays d'Europe qui ont quitté l'ancienne Union soviétique, l'Ukraine se classe au deuxième rang au chapitre de la superficie. Le Canada fut le premier pays à reconnaître l'indépendance de l'Ukraine, en 1991. Notre relation est à ce point étroite. C'est le Canada, et non la Pologne, qui fut le premier pays à le faire; je peux le prouver puisque j'étais là-bas. Nos deux pays entretiennent une relation si étroite que nous avons participé à toutes les étapes du développement de l'Ukraine. Nous avons envoyé des observateurs lors des élections. Nous avons formé des fonctionnaires. Nous avons aidé l'Ukraine à former ses institutions judiciaires. Cependant, que s'est-il vraiment passé au cours des quelque 23 années qui se sont écoulées depuis 1991?
[Français]
C'est comme un pendule dans la vie des Ukrainiens. Il y a eu une période de grand enthousiasme et de grande effervescence démocratique au début des années 1990, suivie d'une période, non pas de dictature dans sa forme la plus dure, mais de comportement dictatorial, sous un régime qui se comportait de plus en plus autocratiquement. Il se fiait à l'influence des oligarques, des gens à l'ombre, souvent en Russie et en Ukraine, avec des moyens énormes. Ceux-ci ne rendaient pas de comptes au peuple et n'avaient aucun respect pour l'État de droit, mais ils géraient le pays.
Ensuite, en 2004, la révolution orange a mis ce système autocratique de côté pendant un certain temps, avant que le président Ianoukovitch ne s'établisse et ne recommence le processus. Il a consolidé son pouvoir et s'est installé dans un système de plus en plus répressif.
[Traduction]
Voici le véritable choix auquel l'Ukraine doit faire face. Veut-elle être comme la Pologne? Est-ce possible? Pourra-t-elle être comme la Pologne, un pays européen en plein essor grâce à la libre entreprise, aux investissements étrangers et au talent de ses citoyens? Ou veut-elle être comme le Bélarus, un pays fortement influencé par une autre région de l'Europe, un pays où les conditions de vie se sont détériorées au lieu de s'améliorer, un pays qui offre peu de possibilités, et où les perspectives d'avenir ne sont guère reluisantes à cause du régime autocratique qui y règne toujours?
Notre choix est très clair. Le peuple ukrainien a clairement fait connaître le sien la fin de semaine dernière. Au cours du débat de ce soir, j'espère que l'ensemble des députés feront tout en leur pouvoir pour montrer que les Canadiens sont unis afin de défendre la liberté et le progrès pour le peuple ukrainien.
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Monsieur le président, nous sommes tous évidemment très préoccupés par la situation en Ukraine. C'est pourquoi je suis vraiment heureuse de pouvoir me lever ce soir à la Chambre à l'occasion de ce débat exploratoire.
J'aimerais souligner que nous avons demandé un débat d'urgence lundi dernier — que nous n'avons pas pu avoir —, mais au moins ce soir nous pouvons parler de cette très importante question.
C'est avec soulagement qu'on a vu la désescalade de la violence de ces derniers jours. C'est aussi avec grand soulagement que nous avons appris, il y a quelques heures à peine, la formation d'un gouvernement d'unité nationale en Ukraine. C'est un bon signe et un pas dans la bonne direction. C'est cruellement nécessaire. Il ne faut pas se tromper, ce n'est pas parce que le président Ianoukovitch est parti et qu'il y a ce nouveau gouvernement d'unité nationale que tout est réglé. Il reste énormément à accomplir.
Une des urgences de l'heure est la situation économique en Ukraine. Ce pays a besoin de milliards de dollars. Je crois qu'à ce titre le Canada devrait travailler avec ses partenaires au sein du FMI pour s'assurer qu'on pourra au moins parer aux plus grandes urgences.
Il y a encore des enjeux de stabilité et de sécurité. Ces dernières ne seront retrouvées que si tous les secteurs de la société ukrainienne travaillent ensemble, comme il semblerait que cela veuille se dessiner.
Sur ce sujet, soit travailler ensemble, je vais me permettre un petit aparté. On a annoncé l'envoi d'une délégation canadienne à Kiev. Je salue cette initiative, car c'est quelque chose que nous avions demandé. Bravo de le faire. Toutefois, c'est un peu triste que cette délégation ne comprenne, du côté parlementaire, que des députés conservateurs et qu'on ait refusé d'inviter des députés de l'opposition. Alors qu'on s'en va livrer en Ukraine un message d'unité nationale, on n'est pas capable d'en donner l'exemple en invitant des parlementaires des deux côtés de la Chambre pour traiter d'une question sur laquelle on a des divergences d'opinion, tout en étant d'accord sur le coeur de la question.
Il reste encore beaucoup de défis à adresser, y compris celui de rallier toutes les régions du pays. Un peu partout, les gens semblent se rallier, bien que la situation en Crimée reste un peu incertaine. C'est une situation qu'on suit de près d'heure en heure. Reste incertaine aussi la réaction du voisin russe, mais il faut espérer que les choses vont se tasser dans les prochaines heures et les prochains jours.
Le mois de mai n'est pas très loin et il a des élections à organiser. Il est absolument essentiel dans le parcours actuel de l'Ukraine que ces élections se déroulent bien. Il est tout aussi essentiel pour le Canada d'y envoyer des observateurs électoraux.
Même là, ce ne sera pas fini. On n'aura pas tout fait et tout dit. Après, il faut aussi reconstruire ce pays. À cette étape, il sera important que le Canada soit présent plus que jamais. Il faut faire du renforcement des institutions, et j'y inclus la police et les services publics. Il faut lutter contre la corruption. Il faut faire du développement démocratique; c'est absolument essentiel. Il faut travailler au développement économique. Je mentionnais plus tôt que la situation économique très difficile est l'un des enjeux très chauds en Ukraine en ce moment.
À ce sujet, je vais ouvrir une autre parenthèse. Cet après-midi, au Comité permanent des affaires étrangères et du développement international, on a entendu plusieurs personnes, dont des groupes d'Ukrainiens canadiens. J'étais sidérée d'apprendre qu'on attend toujours un appel d'offres pour un projet qui a été discuté avec l'ACDI visant à favoriser les petites entreprises en Ukraine.
Les petites entreprises sont essentielles à l'économie, mais elles aident aussi à écarter la corruption, car elles sont moins visées par les grands réseaux de corruption. Toutefois, cela fait plus d'un an que les gens attendent que l'appel d'offres soit lancé. Au-delà de la situation plus générale, j'en profite donc pour encourager le gouvernement à faire en sorte que cet appel d'offres soit finalement lancé.
Revenons aux grands défis de l'Ukraine. En ce qui concerne l'évasion fiscale, on a entendu que plus de 40 milliards de dollars avaient échappé à l'impôt. Il faut donc réformer le système fiscal. Puisque le Canada a une expertise dans ce domaine, il devrait être présent jusqu'à ce que l'Ukraine puisse s'attaquer à ces problèmes fondamentaux.
Il faudra voir aussi à la justice et à la réconciliation. Toutefois, cette dernière demande souvent que la justice soit faite. Je crois que le Canada devrait soutenir la demande du Parlement ukrainien, qui veut que la Cour pénale internationale lance une enquête sur les crimes commis par l'ancien régime.
Je sais que les Ukrainiens vont mettre l'épaule à la roue et qu'ils vont relever leurs manches dans la reconstruction, et il faut que le Canada les appuie. À cette fin, nous pouvons geler les avoirs des dirigeants ukrainiens. À moins qu'aucun dirigeant ukrainien n'ait quelque avoir au Canada, ce qui pourrait changer de toute façon, on devrait y procéder. Je n'arrive pas à comprendre pourquoi le gouvernement refuse de le faire.
Il s'agit de milliards de dollars qui ont été volés au peuple ukrainien et qui dorment dans des banques un peu partout dans le monde. Cet argent devrait être retourné à ses propriétaires légitimes, soit le peuple ukrainien. On devrait donc geler cet argent afin que personne d'autre ne puisse s'en servir entre temps, par exemple, pour se sauver dans une nouvelle région du monde.
Nos frères et nos soeurs ukrainiens ont droit à un pays stable, démocratique et prospère. Le Canada doit être à leurs côtés et les accompagner dans leurs efforts. Travaillons avec eux pour les aider à réaliser leurs espoirs.
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Monsieur le président, j'aimerais tout d'abord parler un peu de ce qui s'est passé en Ukraine et de la façon dont nous devrions interpréter les événements incroyablement mouvementés, tragiques et utiles qui sont survenus au cours des trois derniers mois.
Ce qui importe le plus dans nos discussions d'aujourd'hui au sujet de l'Ukraine, c'est de comprendre que le conflit est clairement un combat politique et même moral. Le conflit porte sur le type de régime dans lequel les Ukrainiens veulent vivre et dont ils veulent faire partie. Veulent-ils vivre dans une démocratie qui respecte la primauté du droit, les droits de la personne et les libertés individuelles, ou veulent-ils vivre dans un régime autoritaire?
Ce conflit a éclaté à cause d'un simple accord de commerce et d'association. Il reposait toutefois sur cet enjeu plus vaste. Il est important de le souligner car parfois, surtout à l'extérieur de l'Ukraine, la lutte est dépeinte comme une bataille au sujet du nationalisme, de la religion, de la langue ou de la culture.
Il y a assurément des différends en Ukraine au sujet de certaines de ces questions, mais ce n'était pas l'enjeu au coeur de ce conflit. Les manifestants du Maïdan se sont exprimés en ukrainien et en russe, ce qui est un point essentiel sur lequel il faut insister.
La raison pour laquelle je le souligne, c'est en partie parce que nous entendons et continuerons d'entendre des Russes exprimer un point de vue bien arrêté, mais pas tous. Un grand nombre d'entre eux aimeraient vivre dans un régime plus démocratique et ont suivi les événements sur le Maïdan avec beaucoup de sympathie. Toutefois, certaines autorités russes essaient et continueront d'essayer d'étiqueter le conflit en tant qu'affrontement nationaliste ou que guerre civile.
Nous entendons déjà ce genre de discours. Je suis le ministère russe des Affaires étrangères sur Twitter et déjà on commence à qualifier les Ukrainiens de terroristes et de nazis. Nous devons donc faire très attention de ne pas laisser libre cours à ce genre de propagande.
Je sais que les députés ici présents et les Canadiens à l'écoute s'intéressent à ce sujet. Par conséquent, j'ajoute une note de bas de page à mes observations et je suggère à ceux qui s'intéressent à cet aspect du conflit en Ukraine de lire un excellent article de Timothy Snyder, professeur d'histoire à Yale, paru récemment dans la New York Review of Books. L'article traite précisément de ce sujet. Nous allons entendre bien des réactions négatives qui diront autre chose de l'Ukraine, et il est très important de bien nous informer.
Nous avons suivi de près les événements en Ukraine avec crainte et angoisse pour les vies perdues. De quoi l'Ukraine a-t-elle besoin maintenant?
Tous ceux qui souhaitent voir la démocratie prospérer en Ukraine, et je suis convaincue que c'est le cas de chacun ici présent, doivent maintenant se concentrer sur trois choses: nous devons offrir aide et soutien pour les nouvelles élections; nous devons soutenir l'Ukraine économiquement; et nous devons appuyer l'intégrité territoriale de l'Ukraine, particulièrement en ce qui a trait aux revendications que nous entendons déjà et que nous entendrons peut-être de la part de la Russie.
Pour ce qui est des élections, la date du scrutin a été fixée, et celui-ci se tiendra en mai. Il importe que nous mettions l'accent là-dessus, que le Canada soit présent et qu'une délégation canadienne de haut niveau soit sur place à l'avance. C'est à ce moment-là que nous verrons se former un nouveau gouvernement ukrainien pleinement légitime. C'est un point crucial. Gardons à l'esprit cette récompense. Les observateurs internationaux sont vraiment essentiels pour conférer cette légitimité — non pas simplement pour marquer le processus de notre sceau d'approbation, mais aussi pour garantir qu'il soit véritablement juste et ouvert.
Par ailleurs, et ce point a déjà été mentionné aujourd'hui, mais je ne saurais insister suffisamment sur son importance, l'Ukraine a maintenant réussi à renverser un gouvernement autoritaire, un régime dont les intentions sanglantes sont devenues de plus en plus évidentes à mesure que le conflit s'aggravait.
L'Ukraine n'a pas encore de nouveau gouvernement fonctionnel et efficace. La grande difficulté pour ce gouvernement, c'est que, au début de la crise, la situation économique était très mauvaise en Ukraine. La crise n'a fait qu'exacerber le problème. Si nous croyons aux valeurs défendues par les manifestants au Maïdan — et je suis persuadée que c'est notre cas à tous —, nous devons absolument appuyer les autorités démocratiques ukrainiennes. Il faut déployer des efforts multilatéraux et multipartites. Il faut que le FMI, l'Union européenne et le Canada mettent l'épaule à la roue.
Je ne saurais trop insister là-dessus. Après tout, au cours de notre vie, soit ces 20 dernières années, l'Ukraine a déjà connu deux révolutions démocratiques. Elle en est maintenant à sa troisième révolution. L'Ukraine est devenue un État indépendant en 1991. Puis, en 2004-2005, lors de la révolution orange, les Ukrainiens se sont débarrassés d'un gouvernement qui avait des tendances autoritaristes.
Appuyons l'Ukraine maintenant pour que, dans 10 ans, nous n'ayons pas encore à débattre à la Chambre de la façon de réagir à une autre révolution dans ce pays. Cela serait insupportable pour le peuple ukrainien, qui, jusqu'ici, a fait preuve d'un engagement exemplaire à l'égard de la démocratie, d'une foi inébranlable en celle-ci et d'une volonté remarquable de ne pas céder au cynisme. Les Ukrainiens finiront aussi par en avoir assez. En ce moment crucial, il est important de ne pas abandonner les idéaux démocratiques et les efforts consacrés à la mission. L'étape vraiment difficile commence maintenant.
Un de nos collègues, qui, je l'espère, prendra la parole ce soir, possède une vaste expérience de la situation en Pologne et des révolutions que ce pays a connues. La première leçon qu'on peut tirer de la Pologne, c'est qu'une société civile puissante est essentielle pour renverser un régime autoritaire. Deuxièmement, l'appui donné par des institutions de l'extérieur peut faire la différence entre la réussite ou l'échec des nouvelles autorités démocratiques. On ne saurait trop insister sur l'importance des liens avec l'Union européenne, la volonté de faire partie de l'Europe et l'appui que les pays européens ont offert à la Pologne pour l'aider à bâtir une société démocratique. Nous devons offrir un soutien semblable à l'Ukraine afin d'atteindre un objectif semblable.
La troisième chose dont les Ukrainiens ont besoin maintenant, c'est notre appui à l'intégrité territoriale du pays. C'est absolument essentiel. Les événements survenus en Ukraine n'étaient pas ce que le Kremlin voulait, ni ce qu'il prévoyait. Je pense réellement qu'il ne s'y attendait vraiment pas, à en juger par les déclarations qui en proviennent. Il est très difficile, pour les autorités russes actuelles, d'imaginer les Ukrainiens comme peuple indépendant, après avoir entendu Vladimir Poutine dire qu'il considère les Ukrainiens et les Russes comme un seul peuple. Vladimir Poutine ne comprend pas que les Ukrainiens puissent vouloir vivre sous un régime différent.
Nous devons faire savoir très clairement aux Russes que la communauté internationale défend l'intégrité territoriale de l'Ukraine, que le peuple ukrainien a pris sa décision dans le sang et que nous devons l'appuyer. C'est essentiel pour la démocratie ukrainienne et pour la stabilité géopolitique de toute la région.
En terminant, je lance un appel à mes collègues d'en face. Je crois qu'il y a consensus à la Chambre au sujet de l'Ukraine. Si nous sommes parvenus à un consensus, ce n'est pas seulement parce que nous sommes nombreux à être d'origine ukrainienne ou à compter des Canadiens d'origine ukrainienne dans notre circonscription — beaucoup de membres de ma famille, Canadiens d'origine ukrainienne, comme moi, vivent dans la circonscription de la députée d' —, mais parce que nous croyons tous à la démocratie. C'est une valeur absolument fondamentale pour les Canadiens.
Querellons-nous ici au sujet de questions politiques sur lesquelles nous ne nous entendons généralement pas. Querellons-nous au sujet du fractionnement du revenu ou de Keystone, mais n'utilisons pas l'Ukraine à des fins politiques partisanes, en oubliant ceux à qui cette révolution a coûté la vie. Ne diminuons pas l'importance de leur sacrifice. Je pense que personne ici ne veut cela. Si nous pouvons affirmer aux Ukrainiens que nous nous unissons pour les soutenir, nous leur envoyons un message très fort.
Nous leur disons que nous mettons de côté nos allégeances politiques et que le Canada tout entier les appuie. Nous pouvons donner un bel exemple à la population ukrainienne. Nous ne nous entendons pas sur certaines questions, c'est vrai, mais nous partageons tout de même certaines valeurs et nous sommes disposés à mettre nos désaccords de côté pour leur venir en aide.
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Monsieur le président, je tiens à souligner les efforts remarquables déployés par le et le dans ce dossier, et ce, depuis le début de la crise.
Revenons au 21 novembre, jour où nous avons appris que l'Ukraine et son dirigeant comptaient couper les liens avec l'Union européenne, rejeter l'entente prévue avec elle, pour ensuite créer une association avec la Russie.
Seulement trois jours plus tard, le 24 novembre, des centaines de milliers de gens se sont rassemblés à Kiev. Quelques jours plus tard, lorsque les manifestations semblaient commencer à se calmer, la police ukrainienne a attaqué les manifestants, ce qui a mis le feu aux poudres.
Je vois mon collègue commencer à piaffer; je vais donc mentionner que je vais partager mon temps de parole avec le député de .
Au début décembre, notre ministre s'est rendu à Kiev. Comme je l'ai dit plus tôt, l'opposition avait du mal à comprendre la raison de sa visite. Il est allé rencontrer les manifestants. Il a passé du temps avec eux et a exprimé son appui à l'égard de leur position.
Et là les événements se sont succédé rapidement. Nous avons tenu un débat ici à la Chambre le 10 décembre. Les problèmes se sont exacerbés en décembre et en janvier. Le 22 janvier, quelques manifestants ont été tués par balle, freinés dans leur combat pour la liberté. Le cessez-le-feu temporaire qui avait été déclaré a été rompu le 25 janvier. Depuis, la violence s'est intensifiée.
Notre gouvernement a pris des mesures très tôt. Le 28 janvier, nous avons imposé une interdiction de voyager aux principaux leaders du gouvernement de l'Ukraine. À la mi-février, plus précisément le 18, d'autres actes de violence extrême ont été commis. Ce jour-là, nous avons décidé d'offrir de l'aide directement à l'Ukraine et à ses manifestants. Nous avons pris l'engagement d'offrir de l'aide médicale.
Le 20 février, nous avons prolongé l'interdiction. Nous avons commencé à mettre en place des sanctions. Je pense que, le 21 février, tout le monde fut très heureux de constater que ces sanctions ne seraient pas nécessaires car le président Ianoukovitch avait quitté son poste. Nous croyons qu'il sera jugé par l'Ukraine, tout comme ses supporters. Le système de justice est déjà à sa recherche. Un mandat d'arrêt a été émis à son nom.
L'interdiction de voyager a été établie puis prolongée. Je pense qu'il règne une certaine confusion quant aux sanctions. J'ai entendu certains reportages. J'aimerais m'attarder un moment là-dessus.
Les sanctions et les interdictions de voyager annoncées par le , sur lesquelles nous travaillions la semaine dernière, sont calibrées de manière à ce qu'elles s'adaptent à l'évolution de la situation en Ukraine. Les interdictions de voyager demeurent en place pour les personnes précédemment visées. Nous continuerons de surveiller la situation.
Nous avons discuté de ces interdictions et de leur signification aujourd'hui au Comité des affaires étrangères. Le fait est que les personnes visées par ces interdictions le sont toujours. Les sanctions que nous envisagions n'ont pas été prises car M. Ianoukovitch a quitté son poste, et nous attendons de voir comment la situation en Ukraine se développe. Les sanctions seront adaptées à la réalité sur le terrain.
De concert avec nos partenaires qui partagent le même point de vue que nous, nous poursuivons nos efforts afin de coordonner une intervention internationale. Puisque le Canada figure parmi les pays qui ont joué un rôle de premier plan, il est d'autant plus intéressant de voir que les changements qui s'amorcent actuellement en Ukraine seront, à notre avis, majeurs, et nous espérons qu'ils seront permanents. Selon nous, le Parlement ukrainien a agi en toute légitimité en nommant le chef du Parlement, M. Tourtchinov, président par intérim en attendant la tenue des élections le 25 mai prochain. Aujourd'hui, le Parlement a formé un gouvernement intérimaire en nommant Iatseniouk premier ministre par intérim. La constitution du Cabinet sera confirmée demain.
Je tiens à souligner encore une fois le leadership dont fait preuve le , qui est à la tête d'une délégation dépêchée en Ukraine pour reconnaître le nouveau gouvernement, lui témoigner notre appui et lui montrer que nous sommes solidaires. Par ailleurs, je dois souligner le soutien que nous obtenons également de partout dans le monde, notamment de la part du secrétaire général du Congrès mondial des Ukrainiens. Le secrétaire général a exprimé, au nom du congrès, toute sa gratitude envers le et le gouvernement ainsi qu'envers le pour le leadership et la fermeté avec lesquels il appuie le peuple ukrainien dans ses efforts pour instaurer la démocratie et mettre fin au règne tyrannique actuel.
Nous sommes privilégiés de pouvoir participer aux efforts pour concrétiser ces changements et aider le peuple ukrainien à se libérer et à instaurer la démocratie.
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Monsieur le président, on ne peut qualifier que d'incroyables les événements — en particulier ceux de la fin de semaine dernière — qui se sont déroulés depuis notre dernier débat d'urgence sur l'Ukraine, tenu le 27 janvier. Le Canada déplore les vies perdues, mais nous sommes heureux que la paix soit rétablie. Tout au long de cette crise, le Canada a appuyé fermement le peuple ukrainien, qui réclame un pays libre et démocratique. Nous continuerons d'appuyer l'Ukraine au cours de ce moment charnière de son histoire.
Rappelons à la Chambre comment cette crise a commencé. Le Canada a été consterné et déçu lorsque le gouvernement ukrainien a annoncé soudainement, le 21 novembre, qu'il ne poursuivrait pas les négociations avec l'Union européenne en vue de conclure un accord d'association et un accord de libre-échange approfondi et exhaustif. Cette volte-face soudaine, survenue après des années de planification et de négociations assidues de la part de nos partenaires européens, a fait dérailler le processus qui devait permettre à l'Ukraine de renforcer ses liens avec l'Occident. Le Canada croyait et croit toujours que l'amélioration des perspectives d'avenir pour l'Ukraine passe par une association avec l'Union européenne.
Dans la foulée des manifestations qui ont suivi la volte-face soudaine de M. Ianoukovitch, le peuple s'est réuni pour exprimer son désenchantement et son mécontentement à l'égard de certains problèmes beaucoup plus graves tels que la corruption et le détournement de biens nationaux.
Un jour après notre débat du 10 décembre, les autorités ukrainiennes ont ordonné le déploiement de la police anti-émeute contre ceux qui manifestaient de façon pacifique sur la place Maïdan, à Kiev. Le a fait une déclaration pour exprimer sa profonde inquiétude au sujet du recours à la force contre des citoyens ukrainiens qui avaient le droit de manifester et d'exprimer leurs opinions.
Après quelques jours, je me suis rendu à Kiev avec la délégation canadienne. Nous avons rencontré les manifestants de la place Maïdan et avons encouragé les Ukrainiens à trouver une solution pacifique à la crise. Les Ukrainiens que j'ai rencontrés en ont assez de la corruption au pays, et veulent s'ouvrir à l'Europe et à l'Occident. Ils ne veulent pas redevenir un État satellite de l'empire russe. Les manifestants avaient une attitude positive et optimiste quant à leur avenir et étaient déterminés à obtenir ce qu'ils réclament. Malheureusement, pendant que les manifestants s'exprimaient dans l'espoir de changer l'avenir de leur pays et de se rapprocher de l'Europe, bravant les rigueurs de l'hiver au cours de manifestations de 24 heures, le président Ianoukovitch anéantissait encore une fois l'espoir des Ukrainiens d'un avenir meilleur.
Le 17 décembre, le président Ianoukovitch s'est rendu en Russie pour rencontrer le président Poutine, où il a accepté un programme d'aide de 15 milliards de dollars, ainsi qu'une réduction du prix du gaz naturel. Bien que cette entente ait permis de stimuler l'économie ukrainienne en chute libre, les conditions imposées par la Russie n'étaient pas claires. Loin de calmer la colère des manifestants, l'entente a plutôt eu l'effet opposé. De grands rassemblements ont eu lieu à Kiev et dans d'autres régions de l'Ukraine. Nous connaissons maintenant le résultat de ces manifestations. Des dizaines de personnes ont été tuées ou gravement blessées. Ianoukovitch a abandonné ses fonctions et un gouvernement de transition se forme en prévision des élections libres qui se tiendront plus tard cette année.
J'aimerais formuler quelques observations sur la situation actuelle. Même si le régime oppressif de Ianoukovitch n'est plus, l'Ukraine aura des défis importants à relever au cours des mois et des années à venir. L'économie là-bas demeure fragile, et l'Ukraine a absolument besoin de l'aide des pays étrangers. Le Canada et l'Occident sont prêts à fournir une aide financière à l'Ukraine, par l'intermédiaire du Fonds monétaire international, qui a, quant à lui, consenti un prêt de 15 milliards de dollars. Même si l'Europe et l'Occident offrent à l'Ukraine sa meilleure chance d'accroître ses débouchés commerciaux, il faudra des négociations et des compromis pour parvenir à des ententes.
Nous demandons aussi au gouvernement russe de continuer à respecter la souveraineté de l'Ukraine. J'ai été très encouragé d'entendre l'ambassadeur russe dire récemment que son pays n'interviendra pas militairement.
Pour ce qui est de la situation politique nationale, la diversité et la quantité des partis politiques rendent difficile l'obtention d'un consensus sur les nombreux enjeux importants avec lesquels l'Ukraine est aux prises. Nous demandons néanmoins à tous les partis politiques et à leurs chefs de respecter les droits de tous les Ukrainiens. Les pays qui attachent de l'importance à la liberté et à la primauté du droit se doivent de protéger les droits des minorités. De plus, dans un État de droit, les personnes qui ont commis des crimes, par exemple en tirant sur des manifestants non armés, doivent être traduites en justice et jugées impartialement.
Même si les barricades sont en train d'être démantelées et que les gens reprennent le cours de leur vie normale, les événements qui sont survenus sur la place Maïdan et dans les villes ukrainiennes seront un rappel constant de l'attachement profond que les Ukrainiens portent à la liberté. C'est un attachement que les Canadiens partagent, et nous soutiendrons l'Ukraine dans sa quête pour un meilleur avenir, durant cette difficile période de transition.
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Monsieur le président, je suis heureuse, encore une fois, de participer à ce débat spécial sur la situation en Ukraine.
Le Canada entretient une relation très particulière avec l'Ukraine, étant donné que plus de 1,2 million de Canadiens disent être d'origine ukrainienne, que le Canada a été le premier pays à reconnaître l'indépendance de l'Ukraine et que nous travaillons depuis longtemps avec ce pays pour l'aider à instaurer la démocratie. J'ai personnellement eu l'occasion d'agir à titre d'observatrice des élections en Ukraine à trois reprises.
Je ne suis pas de descendance ukrainienne, mais je suis fière que ma circonscription compte de nombreuses personnes d'origine ukrainienne ainsi qu'un grand nombre d'institutions ukrainiennes. On y trouve deux coopératives de crédit de même que des organismes offrant des services aux aînés et aux nouveaux arrivants. Les personnes d'origine ukrainienne ont contribué à façonner la merveilleuse collectivité qu'est la circonscription de Parkdale—High Park, que je suis fière de représenter.
Bon nombre de personnes provenant de l'Europe de l'Est vivent dans notre collectivité, qu'elles viennent de la région des Balkans, de la Lituanie, de la Lettonie ou de la Pologne. Ces personnes ont souhaité l'indépendance et ont lutté pour celle-ci dans des pays qui sont aujourd'hui des démocraties florissantes.
De nombreuses personnes qui ont communiqué avec mon bureau ont affirmé qu'elles sont très angoissées par la situation qui existe en ce moment en Ukraine. Compte tenu de l'expérience que j'ai acquise auprès des membres de la collectivité de Parkdale—High Park, et étant donné que je suis allée en Ukraine et que j'y ai rencontré de nombreux Ukrainiens lorsque j'étais observatrice des élections, je sais à quel point les Ukrainiens veulent une démocratie normale. Ils veulent une démocratie qui respecte la primauté du droit et les droits de la personne et qui n'est pas corrompue. Ils veulent une démocratie où il sera possible de faire des investissements commerciaux et où les entreprises auront la garantie que la règle de droit sera respectée.
De toute évidence, les Ukrainiens ont eu un parcours difficile. Je ne compte plus les fois où ils m'ont dit à quel point il était important pour eux d'avoir une démocratie normale en Ukraine.
Les événements tragiques auxquels nous avons assisté récemment ont touché de très près les gens de Parkdale—High Park de même que le reste de la population canadienne et les gens ailleurs dans le monde.
Il s'est tenu à Toronto de nombreux ralliements et rassemblements en guise de solidarité avec le peuple ukrainien. Dimanche dernier, des centaines de personnes se sont rassemblées à Queen's Park, l'Assemblée législative de l'Ontario, à Toronto. Lors d'un moment sombre et solennel, on a énuméré les noms des nombreuses personnes qui sont décédées au cours des événements récents. Ces gens étaient du Maïdan, de Kiev, la capitale de l'Ukraine, et d'autres villes de ce pays. Il s'agit d'une perte triste et tragique de vies humaines. Le Canada, quant à lui, doit faire tout son possible pour aider à stabiliser la situation et à empêcher de nouvelles effusions de sang.
La route sera parsemée de nombreuses embûches. Les choses se sont calmées, du moins pour l'instant. Il est primordial que le Canada mette tout en oeuvre pour aider à trouver une solution politique à la situation actuelle et à prévenir les actes de violence.
Le NPD et son porte-parole en matière d'affaires étrangères réclament depuis longtemps l'imposition de sanctions, ce qu'a finalement fait le gouvernement.
Aujourd'hui, pendant une réunion du Comité des affaires étrangères, nous avons interrogé des fonctionnaires, mais ils se sont montrés vagues au sujet des sanctions imposées au titre des déplacements. Ils n'ont pas pu nous dire quelle forme prendront ces sanctions.
Par ailleurs, le gouvernement a mis en suspens les sanctions économiques contre les responsables de la violence et du bain de sang en Ukraine. C'est très préoccupant, car, au cours de la présente période de transition, il se pourrait fort bien que ces responsables en profitent pour sortir d'énormes sommes de l'Ukraine par le biais de la corruption. Plus que jamais, c'est le temps de faire en sorte que ces sanctions économiques aient du mordant. Cependant, des fonctionnaires nous ont dit que les sanctions avaient été mises en suspens. Elles ne sont donc pas mises en application. J'aimerais que des ministériels nous donnent des précisions là-dessus, car c'est très préoccupant.
Tout comme notre porte-parole en matière d'affaires étrangères le réclame depuis longtemps, mes collègues et moi disons qu'il faut envoyer une délégation parlementaire de haut niveau en Ukraine pour que la situation ne dégénère pas. Cette délégation pourrait tout mettre en oeuvre pour aider à trouver une solution politique et offrir un modèle de démocratie dans lequel les parties qui ont des vues différentes peuvent travailler ensemble pour une grande cause commune. En l'occurrence, cette cause est la démocratie en Ukraine.
Nous avons été attristés et assez fâchés de voir que le gouvernement a décidé d'acquiescer à notre demande, mais d'exclure les parlementaires de l'opposition. Selon nous, il s'agit d'une décision éminemment déplorable et particulièrement immature. Nous devons collaborer et travailler tous ensemble si nous voulons que les Ukrainiens fassent de même, c'est-à-dire collaborer et travailler tous ensemble à un objectif commun: le bien de leur pays.
Les électeurs de qui ont communiqué avec moi étaient eux aussi navrés de voir que la partisanerie l'avait emporté sur les enjeux bien plus importants que sont la démocratie et les droits de la personne en Ukraine. Nous devons travailler de concert. Nous devons faire tout ce qui est en notre pouvoir pour que les dirigeants ukrainiens actuellement en poste connaissent le meilleur succès possible.
S'offre actuellement à l'Ukraine une occasion unique: s'ouvrir à l'Ouest, tirer parti des nombreuses réussites et des marchés de l'Union européenne et adopter une démocratie à l'occidentale. Rien ne l'empêche de maintenir les liens étroits qui l'unissent depuis longtemps à la Russie tout en devenant une démocratie entièrement indépendante et moderne. C'est ce que le peuple ukrainien réclame à grands cris.
Depuis longtemps, le Canada a pris l'habitude de dépêcher des observateurs électoraux en Ukraine et de contribuer au développement démocratique de celle-ci. Nous voudrions que la tradition se perpétue et que le Canada envoie une mission d'observation en bonne et due forme en prévision des élections qui auront lieu prochainement. Nous devons tout faire pour favoriser l'émergence d'une presse et d'institutions libres, normales et démocratiques.
De nombreux jeunes Ukrainiens viennent faire des stages sur la Colline du Parlement. J'en ai moi-même accueilli plusieurs. L'espoir qui se dégage d'eux est tout simplement saisissant. S'il n'en tenait qu'à eux, l'Ukraine serait en de bonnes mains. Ils sont une véritable source d'inspiration, et nous devons tout faire pour que les espoirs et les rêves de ces jeunes Ukrainiens se réalisent et que l'Ukraine devienne la démocratie moderne qu'elle peut devenir. Les députés doivent faire tout ce qui est en leur pouvoir pour que cet avenir devienne une réalité.
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Monsieur le président, d'entrée de jeu, je précise que je ne suis pas un Canadien d'origine ukrainienne. Je suis né et j'ai grandi en Pologne, mais il y a beaucoup de Canadiens d'origine ukrainienne dans ma circonscription. Il y a une magnifique église catholique ukrainienne et un grand nombre d'entreprises ukrainiennes dans ma circonscription.
Je voulais participer à ce débat parce que je peux vraiment m'identifier aux luttes de la population ukrainienne et à ce qui se passe en Ukraine depuis quelques mois.
Je vais partager mon temps de parole avec mon collègue d'.
Je suis d'accord avec la députée de que, pour bien saisir ce qui s'est passé et vraiment aider l'Ukraine, nous devons connaître l'historique de la lutte des Ukrainiens pour accéder à l'indépendance. Je ne parle pas des 24 dernières années, depuis 1991. La lutte a commencé bien avant.
J'aimerais citer deux vers du poème intitulé Zapovit, ou Le testament, d'une figure emblématique de l'Ukraine, Taras Chevtchenko:
[Le député s'exprime en ukrainien et fournit la traduction suivante:]
Enterrez-moi. Mais vous — Debout ! Brisez vos chaînes.
[Traduction]
Ce poème a été écrit il y a plus de 150 ans. L'Ukraine a dû attendre 130 ans après le décès de Chevtchenko pour briser ces chaînes.
Plus récemment, il y a dix ans, lors de la révolution orange, la population s'est soulevée, car elle a refusé d'accepter les résultats des élections truquées. Elle n'a pas accepté que des agents secrets empoisonnent l'un des candidats à la présidence. En 2004 et en 2005, après la révolution orange, tout le monde avait espoir que le passage à la démocratie de l'Ukraine se déroulerait sans heurt. Malheureusement, ce n'est pas ce qui s'est produit.
Les événements des derniers mois sont réellement tragiques, et pas uniquement en raison des décès. Certes, il est tragique que des gens aient perdu la vie, mais il est tout aussi tragique que le gouvernement ait utilisé la force contre la population. Il n'a pas seulement fait appel à la police et à l'escouade antiémeute. Le gouvernement a ordonné à des tireurs d'élite de monter sur les toits et de tirer sur les gens au hasard. Ce genre de chose ne devrait pas se produire à notre époque. Voilà pourquoi nous devrions nous préoccuper de la suite des événements.
Aujourd'hui, nous avons eu de bonnes nouvelles. Le nouveau gouvernement d'unité nationale a été formé. La jeune journaliste rouée de coups et laissée pour morte en fait partie, de même qu'un monsieur du nom de Boulatov, qui avait également été battu et qui a dû être transféré dans un hôpital de Lituanie.
L'Ukraine aura besoin de beaucoup d'aide et de conseils. Ce n'est pas une mince tâche qui attend les Ukrainiens.
J'aimerais aussi citer les prochaines strophes de l'hymne national:
[Le député s'exprime en ukrainien et fournit la traduction suivante:]
Nos ennemis périront comme la rosée au soleil, et nous régnerons, mes frères, dans un pays libre qui sera le nôtre.
[Traduction]
Voilà l'élément important: « le nôtre ». Le peuple ukrainien ne veut plus vivre sous le joug de personne.
L'Ukraine a un très grand voisin, mais la Russie n'est malheureusement pas un pays démocratique, ce qui est le principal problème. Il est très difficile d'avoir de l'espoir lorsque le pays voisin s'emploie à revenir à l'ère soviétique.
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Monsieur le président, j'aimerais d'abord exprimer ma profonde tristesse et transmettre mes plus sincères condoléances aux familles des héros qui ont perdu la vie ou qui ont été grièvement blessés en Ukraine. Je joins ma voix à celle de tous ceux qui sont grandement préoccupés par la crise qui perdure en Ukraine. Le véritable prix de la liberté et des valeurs démocratiques est trop souvent payé avec le sang et la vie des patriotes.
Je me suis rendu en Ukraine à 10 reprises, y compris pendant 8 élections. Je vais revenir en arrière et répéter certains points que j'ai vus progresser dans ce dossier. C'est la deuxième fois en 10 ans que nous assistons à ce que j'appellerais une révolution. Il y a eu la révolution orange, et nous avons maintenant la révolution EuroMaïdan. La tactique à l'époque était la même qu'aujourd'hui, tout comme les acteurs et les parties concernées: Ianoukovitch et Poutine. Les deux fois, Ianoukovitch a perdu le pouvoir.
Remplir frauduleusement des boîtes de scrutin faisait partie des tactiques employées à l'époque. J'étais dans une prison du Sud de l'Ukraine, et j'ai des photos d'une boîte vide qu'on avait apportée dans un bureau de scrutin et d'un sac de bulletins de vote. J'ai la photo. C'était incroyable. À l'époque, on n'avait même pas considéré ou pensé que c'était vraiment répréhensible. À vrai dire, aucune personne présente n'a dit quoi que ce soit jusqu'à ce que celui qui portait la boîte de scrutin m'aperçoive. C'est à ce moment-là qu'il s'est rapidement rendu dans un coin et qu'il a recouvert la boîte d'un manteau. Parmi les 20 autres personnes qui se trouvaient là, personne n'a rien dit. Ce n'était seulement qu'un autre geste posé pendant la journée.
Les choses ont changé depuis. Dans le contexte actuel, après les élections de 2010, nous avons le même acteur, mais qui sait comment rendre la fraude invisible. Il sait maintenant qu'il faut être plus discret pour éviter les photos et les dénonciations.
Pendant la révolution orange en 2004, je me suis senti très à l'aise quand je suis monté sur la scène devant 500 000 personnes, car j'avais vu les gestes frauduleux et je pouvais dire directement aux gens comment on avait volé les élections.
Après les élections de 2010, il a été dûment accepté par la communauté internationale. Lors des élections, le vote s'était cependant partagé entre les représentants de l'opposition, Iouchtchenko et Timochenko. Le fait que ces candidats n'aient pas été capables d'unir leurs forces, de réunir leurs factions a constitué un véritable problème qui leur a coûté la victoire. Ils se contentaient de se battre entre eux, ce qui est très malheureux.
Qu'a fait Ianoukovitch une fois au pouvoir? Il a renié toutes ses promesses et ses engagements et modifié la Constitution afin de s'accorder encore plus de pouvoirs pour pouvoir faire encore plus de mal, et ce, contre la volonté du peuple. Ces agissements ont bien sûr donné naissance à l'EuroMaïdan et à l'agitation. Le second problème, c'est que les manifestants étaient peu nombreux. On a affirmé qu'ils allaient disparaître, qu'ils allaient se lasser des démonstrations. Mais il ne pouvait pas attendre. Il a envoyé ses fiers-à-bras fracasser des crânes et faire couler le sang. Les anciens combattants d'Afghanistan sont alors intervenus pour protéger les enfants. Il aurait encore été possible de faire marche arrière, à ce moment-là. Ianoukovitch aurait pu faire des concessions et apaiser les tensions, mais, comme nous le savons tous, il a plutôt choisi d'intensifier ses crimes atroces, allant même jusqu'à opposer ses tireurs d'élite à la foule. Le monde entier en a été révolté. Le tyran est devenu un paria à l'échelle planétaire, ce qui a facilité sa destitution comme président, et c'est très bien ainsi.
Et maintenant, que faisons-nous? Des élections ont été annoncées. Que pouvons-nous faire? Diverses observations et idées ont été formulées à la Chambre. Il y a un certain nombre de choses que nous pouvons faire, mais je suis convaincu qu'à peu près tous ceux qui sont ici présents, peu importe leur allégeance politique, veulent que l'on prenne les mesures nécessaires pour faire avancer les choses et faire en sorte que l'Ukraine retrouve la place qu'elle mérite sur la scène internationale, ce qui adviendra tôt ou tard.
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Monsieur le président, c'est un grand honneur de participer au débat exploratoire. Je suis heureuse que nous nous efforcions de faire régner la bonne entente, comme ce fut d'ailleurs le cas lors du dernier débat exploratoire. Je tiens en haute estime tous les députés de la Chambre. Cette crise nous concerne tous. Nous disons tous d'une seule voix:
Slava Ukraini.
Le Nouveau Parti démocratique, à l'instar des autres partis, appuie le peuple ukrainien. Mes collègues et moi offrons nos plus sincères sympathies aux Ukrainiens dont des proches ont été tués ou grièvement blessés. Je sais que tous les députés ici ce soir participent à leur douleur. Nous sommes soulagés que la violence ait cessé, et nous espérons que cela ne repartira pas de plus belle.
Mes collègues et moi essayons de suivre la situation très attentivement, et nous recevons toutes les heures des messages des quatre coins de la planète, surtout de gens en Ukraine et d'Ukrainiens d'ailleurs dans le monde qui nous tiennent au courant des développements. Selon ce que je comprends, un gouvernement a été formé, et, dans quelques minutes, je parlerai des conditions extrêmement strictes que devront remplir les futurs membres du Cabinet.
Nous demeurons à l'écoute du peuple ukrainien, de ceux avec qui nous pouvons communiquer en cette période difficile, et de la communauté ukrainienne du Canada. D'autres collègues ont dit que, chez eux, à Edmonton, plus de 200 personnes se sont réunies par un temps glacial afin de rendre hommage à ceux qui ont perdu la vie en Ukraine. Ensuite, comme l'a dit mon collègue d', des gens se sont réunis dans une résidence de l'Université de l'Alberta où vivent des étudiants ukrainiens afin de regarder les affiches produites durant les événements de décembre dernier pour encourager les gens à venir sur la place afin d'appuyer le soulèvement populaire en faveur d'une société plus juste. C'était très émouvant. J'encouragerais les députés à organiser cette exposition dans leur municipalité. C'est génial.
Comme bien des gens l'ont dit, près de 1,5 million de personnes de descendance ukrainienne vivent au Canada. Bon nombre d'entre elles sont chez moi, en Alberta, et dans ma ville, comme le député d' l'a indiqué. Bien des résidants de ma propre circonscription sont de descendance ukrainienne. J'ai déjà dit que j'ai eu le privilège de prendre part à une magnifique fête ukrainienne organisée la veille de Noël. Plus je côtoie mes amis canadiens d'origine ukrainienne, plus j'ai l'impression de devenir un peu ukrainienne. Quiconque vit assez longtemps en Alberta finit par ressentir cela dans une certaine mesure.
La liberté d'expression et le droit de manifester pacifiquement sont des principes fondamentaux dans toute démocratie. C'est ce que réclament les Ukrainiens. En tant que Canadiens libres, nous devrions tous leur consacrer une partie de notre temps et de nos ressources afin de les aider à obtenir ce qu'ils désirent si ardemment.
Nous saluons le fait que le gouvernement ait envoyé une délégation. Nous sommes toutefois déçus du fait qu'elle ne comprenait aucun représentant de l'opposition. J'ai bon espoir que les prochaines délégations compteront des députés de tous les partis. Pourquoi? Parce que l'Ukraine est en train de former un gouvernement composé de membres de plusieurs partis. Il semble que même certains représentants du Parti des régions aient répondu à l'appel et désirent prendre part à une forme de gouvernement plus démocratique. Il est donc important que nous fassions preuve de bonne foi, en montrant que nous sommes capables de collaborer.
La communauté ukraino-canadienne, y compris le Congrès des Ukrainiens-Canadiens, presse le gouvernement de faire preuve d'initiative sur la scène internationale. Je sais que nous comptons tous sur l'orientation que peut offrir le Congrès des Ukrainiens. Nous en avons tous des composantes dans nos collectivités, qui réclament que nous appuyions le peuple ukrainien dans sa quête d'une solution politique durable assurerant justice pour les victimes de violations des droits de la personne et respect de la liberté démocratique. Je crois comprendre que ces facteurs comptent parmi les principales considérations et conditions préalables à la nomination du nouveau gouvernement ukrainien.
Jusqu'à présent, le Canada a grandement encouragé le développement économique et démocratique en Ukraine. En 2009, je crois que le Canada avait désigné l'Ukraine comme l'un des pays auxquels le Canada offrirait son assistance en priorité par le biais de l'ACDI. Des sommes considérables ont été versées, dont une grande partie est allée au développement économique, notamment aux petites et moyennes industries, mais aussi à des initiatives d'engagement civique. Il y a un an et demi, certains députés ici présents ont participé à une mission en Ukraine visant à analyser les questions de l'érosion de la primauté du droit et de la démocratie.
Nous avons rencontré des représentants des chambres de commerce, des défenseurs des droits de la personne, des députés de l'opposition et des députés ministériels. Ils nous ont parlé de nombreuses mesures qu'ils aimeraient mettre en place et, ont proposé des façons de les aider. Nous devons, en collaboration avec d'autres États, déterminer comment le gouvernement ukrainien pourrait mettre en place des mesures qui lui permettront d'entamer sa lutte contre la corruption, un problème endémique dans ce pays.
J'ai travaillé dans divers pays aux prises avec un problème de corruption. Ce problème survient, tout simplement, quand les fonctionnaires ne reçoivent pas un salaire acceptable. Ils ont alors recours aux pots-de-vin pour assurer leur subsistance et celle de leur famille. Ce sera l'un des plus grands défis que le gouvernement ukrainien aura à surmonter, et il devra compter sur l'expertise internationale pour y arriver. D'autres pays ont déjà pu profiter de cette expertise. Le Canada peut offrir une contribution considérable dans ce domaine.
À ce propos, la délégation qui accompagne les représentants des Affaires internationales a fait plusieurs recommandations au gouvernement du Canada. Nous les avons approuvées à l'unanimité. Notre parti en avait aussi proposé quelques-unes de plus. Nous avons fortement recommandé que les leaders politiques soient relâchés dans les plus brefs délais. Bien sûr, nous nous sommes tous réjouis de la libération de Timochenko. D'autres personnes ont aussi été emprisonnées. D'autres encore ont dû quitter le pays. Nous espérons que ces gens pourront y rentrer et jouer un rôle juste et équitable en Ukraine.
Nous avons demandé un renforcement du principe de la primauté du droit, puisque sa faiblesse est au coeur du problème. Bien des gens, y compris des députés de l'Ukraine, m'ont dit combien il est essentiel que le nouveau gouvernement se tourne vers la justice pour tous et la démocratie, et non vers la vengeance. Sous le coup de l'émotion inspirée par les victimes abattues sur la place publique, plusieurs voix s'élèveront pour crier vengeance contre les policiers et les juges qui ont laissé ces événements se produire. Nous avons le devoir d'envoyer en Ukraine des experts qui travailleront avec le ministère de la Justice et les forces policières du pays. Nous avons déjà joué ce rôle auprès d'autres États; je crois que nous pouvons le jouer de nouveau.
Les membres de la mission, tout particulièrement les néo-démocrates, ont proposé que l'on veille soigneusement à la protection des investissements canadiens en Ukraine et qu'on les mette à l'abri de la corruption. J'ai parlé à un représentant de la Chambre de commerce Canada-Ukraine juste avant de me joindre au débat. Il m'a dit qu'un certain nombre de personnes au Canada envisagent d'établir un fonds dans lequel les Canadiens pourraient investir pour appuyer l'Ukraine. Cependant, elles veulent s'assurer que l'on renforcera les mesures de lutte contre la corruption, parce que nous voulons protéger les investissements canadiens.
Il va sans dire que l'Ukraine a de grandes difficultés financières. Le pays demande de l'aide. Il y a de gros risques qu'il ait perdu l'appui de la Russie et qu'il lui faudra une grande infusion d'argent pour maintenir le gouvernement à flot, et c'est sans parler de l'économie. Une des choses que le Canada pourrait faire, c'est faire preuve de leadership — comme il l'a fait par le passé, notamment lorsqu'il a offert une aide considérable à l'Indonésie dans les années 1980 et 1990, initiative à laquelle j'ai participé — et réunir les donateurs du monde entier afin de coordonner de la meilleure façon possible l'expertise, l'aide et les dollars visant à assurer que l'Ukraine se lance sur la meilleure voie possible.
Comme l'expriment très clairement les Ukrainiens, les manifestations sur la Maïdan ne peuvent se résumer à la question de l'Europe et de la Russie. Ce que l'on réclame, c'est une société juste. Un certain nombre de députés ont demandé ce soir qu'on ne parle pas de la division entre les investissements russes et les investissements européens ou encore du gouffre qui sépare ceux qui parlent russe et ceux qui parlent ukrainien. Il nous incombe d'aider les Ukrainiens à combler eux-mêmes ces gouffres et à unifier leur pays.
Je voulais parler de certaines des conditions imposées au Cabinet, mais mon temps de parole achève. Peut-être pourrais-je y revenir dans une réponse à une question. Il est absolument essentiel que notre gouvernement reconnaisse le Parlement de l'Ukraine, comme il se montre disposé à le faire. Il est peut-être un peu tôt. L'Ukraine a établi son Parlement. Peut-être que des liens seront noués lorsque la délégation gouvernementale se rendra en Ukraine, ou peut-être à son retour. Il incombe au Canada de ne pas se contenter d'envoyer une délégation politique, mais aussi de préparer une délégation d'experts, notamment en finances, en lutte contre la corruption, en réforme démocratique et en établissement de processus judiciaires. Il s'agira d'un engagement à long terme.
Pour terminer, j'aimerais simplement dire: Slava Ukraini.
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Monsieur le président, j'allais dire que je suis heureuse d'intervenir dans le débat, mais compte tenu de la situation, ce serait déplacé. En écoutant les interventions, ce soir, j'ai pensé à la révolution orange. Je me trouvais en Ukraine avec ma collègue quand ces événements ont eu lieu. Je me suis rappelé toutes les tentes oranges que je voyais quand je marchais dans les rues de Kiev. Il y avait de l'orange partout. Des Ukrainiens très patriotes voulaient avoir une démocratie et le droit de voter comme ils l'entendaient, choses dont nous jouissons dans notre beau grand pays. Je me suis rappelé que je m'étais assise dans une tente avec six jeunes gens qui me parlaient de leur rêve pour l'Ukraine.
C'est avec une profonde tristesse que j'ai appris le renversement de la démocratie sous le régime de Ianoukovitch. J'offre mes plus sincères condoléances au peuple ukrainien pour ceux qui ont perdu la vie et aux familles qui ont dû faire face à une violence extrême à cause de leur patriotisme.
Quand j'étais dans la campagne ukrainienne, j'ai vu de magnifiques fermes familiales où on préparait le meilleur bortsch au monde, croyez-moi. C'était merveilleux. Et les gens avaient pour leur pays un amour passionné.
Avant de poursuivre, je veux d'abord vous aviser que je partagerai mon temps de parole avec le député de .
Nous pouvons partager notre temps de parole et exprimer nos espoirs et nos rêves pour l'Ukraine. Notre pays compte 1,3 million de Canadiens d'origine ukrainienne. Ces Canadiens, qui aiment tout autant l'Ukraine que le Canada, ont maintenant le coeur brisé. Cette situation me touche de près puisque mon beau-frère est Ukrainien. Les Canadiens d'origine ukrainienne ont beaucoup de souvenirs de leur vie en Ukraine et de leur arrivée au Canada. Le Canada et l'Ukraine sont, à bien des égards, des pays frères. Les immigrants ukrainiens ont beaucoup contribué à l'édification de notre grande nation. Pourtant, aujourd'hui, dans Kildonan—St. Paul, la circonscription que je représente, je vois des Canadiens d'origine ukrainienne se rendre dans leurs églises et leurs centres communautaires afin de recueillir de l'argent pour aider leurs soeurs et leurs frères, leurs cousins, leurs tantes et leurs oncles en Ukraine. Ils veulent s'assurer qu'ils ont les ressources nécessaires pour surmonter ces moments très difficiles.
Comme d'habitude, le Canada est encore en tête de liste pour l'aide fournie à l'Ukraine et à sa population. Les Canadiens se soucient vraiment du sort de ce pays et de ses citoyens. Les Canadiens n'ont jamais eu à manifester dans les rues pour faire respecter leurs droits démocratiques. Nous sommes très privilégiés. Nous vivons dans un pays démocratique où nous pouvons nous promener où nous voulons, voter de la façon que nous souhaitons et parler de n'importe quel sujet.
J'ai visité l'Ukraine durant la révolution orange, et j'y suis retournée depuis. Le sentiment qui règne dans les rues est très différent. La liberté n'est pas seulement enchâssée dans les règlements et les lois du pays. Elle se trouve aussi dans le coeur de ses citoyens. Ce soir, tous les députés songent à la façon dont nous, pas seulement les Canadiens d'origine ukrainienne, mais tous les habitants du pays, pouvons aider la population de notre pays frère à surmonter cette période difficile.
J'ai une grande confiance dans les citoyens ukrainiens. Je sais qu'ils sont conscients des solutions qui devront être adoptées dans leur pays, et je sais qu'ils feront ce qui est nécessaire. Ils l'ont montré quand ils sont descendus dans les rues de l'Ukraine, qu'ils ont fait entendre leur voix et qu'ils ont versé leur sang.
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Monsieur le président, lors du dernier débat sur l'Ukraine, le 27 janvier dernier, je ne crois pas que quiconque ici présent aurait pu prévoir que les événements allaient prendre cette tournure. « Saisissant »; c'est le seul mot qui me vient en tête. D'abord pour la férocité et la violence dont nous avons été témoins, puis pour la rapidité avec laquelle le régime Ianoukovitch est finalement tombé et a été remplacé par un gouvernement de transition.
Je tiens en outre à faire écho aux propos de mon collègue d' et à transmettre moi aussi mes plus sincères condoléances à tous les gens qui ont été victimes de violence, lors des manifestations, que ce soit sur le Maïdan ou dans le reste de l'Ukraine. Nos pensées et nos prières accompagnent les proches et les amis de ceux qui ont perdu la vie dans le cadre de ces manifestations.
Nous exprimons notre solidarité et notre appui aux courageux manifestants pacifiques, pour qui la démocratie était — et demeure — l'objectif ultime. Nous pressons les autorités concernées de traduire en justice le plus rapidement possible ceux qui sont derrière ces violences et ces morts. Nous appuyons le peuple ukrainien dans sa quête de démocratie et de respect des droits de la personne, y compris la liberté de la presse, et nous réjouissons de la libération de Ioulia Timochenko et de tous les prisonniers politiques.
Nous sommes impatients de voir le déroulement des nouvelles élections présidentielles, maintenant que Ianoukovitch et son gouvernement ont été destitués. Par ailleurs, nous appelons toutes les nations, y compris les voisins de l'Ukraine, dont la Russie, à respecter les frontières de l'Ukraine et le droit à l'autodétermination du peuple ukrainien. Nous exhortons également le président Poutine à reconnaître le nouveau gouvernement ukrainien de transition. Je tiens aussi à souligner que nous appuyons le FMI et la communauté internationale dans leurs efforts pour aider l'Ukraine à stabiliser son économie nationale. Comme les députés le savent, le Canada est un contributeur important au FMI.
Le Canada doit appuyer la démocratie en Ukraine, ce qu'il fera en y envoyant une vaste mission d'observation électorale en mai, lorsque se dérouleront les nouvelles élections présidentielles. Je suis très confiant que nous obtiendrons de judicieux conseils de CANADEM et du Congrès des Ukrainiens Canadiens sur la structure souhaitée de cette mission. Il faut permettre au peuple ukrainien de décider de son avenir économique et démocratique, et toutes les nations, y compris la Russie, se doivent de respecter ses choix démocratiques.
Le Canada accueille favorablement la transition présidentielle en Ukraine. Nous sommes prêts à appuyer les efforts pour instaurer la stabilité, la démocratie et l'unité dans ce pays. À un moment où l'Ukraine entre dans une phase de désescalade et qu'elle devra relever de nombreux défis durant cette période de transition, la situation demeure extrêmement fragile.
En décembre 2012, j'ai eu l'honneur d'assister à la réunion de l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe tenue à Dublin et de me familiariser avec cette organisation et ce qu'elle peut faire pour appuyer la démocratie, la liberté des médias et d'autres droits de la personne dans cette région du monde. Par son approche multidimensionnelle de la sécurité, qui englobe les aspects politico-militaire, économique, environnemental et des droits de la personne, l'organisation, bien connue sous l'acronyme OSCE, est l'un des outils qui peuvent aider l'Ukraine. Cette organisation, qui regroupe toutes les parties ayant contribué à la conclusion de l'accord du 21 février, dont la France, la Pologne, l'Allemagne et la Fédération de Russie, en plus de l'Ukraine, possède une expérience précieuse qui lui permet d'aider les États participants à surmonter des troubles politiques en misant sur la transparence et la confiance.
Tout au long de la crise, la délégation du Canada auprès de l'OSCE, établie à Vienne, a publié des déclarations hebdomadaires exhortant toutes les parties à éviter la violence et à résoudre la crise par le dialogue et des voies politiques, dans le respect des droits de la personne. L'ambassadeur du Canada à l'OSCE a également exprimé son soutien à la participation de l'organisation aux efforts visant à désamorcer la situation et a continuellement encouragé le gouvernement ukrainien d'alors à accepter l'aide offerte par le président suisse de l'OSCE. Je voudrais porter à l'attention de mes collègues le rôle que peut et devrait jouer l'OSCE en vue de stabiliser l'Ukraine au cours des semaines et des mois à venir.
Cela dit, j'aimerais dire ce qui suit à tous mes amis en Ukraine et de la communauté ukrainienne du Canada: Slava Ukraini. Slava Canada.
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Monsieur le président, l'Ukraine représente beaucoup pour moi. J'aimerais pouvoir expliquer pourquoi je ressens un tel attachement envers ce pays, mais c'est difficile. J'imagine que beaucoup me comprennent. On s'attache quelquefois à des peuples étrangers au gré de voyages ou de découvertes culturelles. On se sent bien quelque part. On comprend spontanément les gens. On se dit: « Ici, je vais revenir. » C'est une question d'affinités électives.
Ce que je décris là, je l'ai vécu pour l'Ukraine. Quand j'y étais pour la toute première fois, en Crimée, je ne savais pas que je venais de déclencher par accident un tout nouveau chemin de mon éducation culturelle et sentimentale.
C'était en 2006, deux ans après la révolution orange. J'arrivais de Russie. J'ai pu constater directement la différence d'atmosphère entre les deux pays, parce que malgré les hauts et les bas politiques, toujours nombreux en Ukraine, la société ukrainienne capitalisait sans retenue sur son geste libérateur posé deux ans auparavant. L'énergie relâchée par la révolution orange était presque aussi forte que celle de la déclaration d'indépendance de 1990. Le pays s'édifiait avec enthousiasme, à sa propre image, selon ses inclinaisons et en toute liberté. Même si les conditions matérielles et économiques n'étaient pas les meilleures, l'Ukraine représentait à l'époque, après les pays baltes, le meilleur espoir d'en finir avec la misère post-soviétique.
Puis, en février 2010, tout a basculé. La victoire de Ianoukovitch lors des élections présidentielles n'augurait rien de bon. J'en profite pour revenir sur les événements des trois dernières années, qui ont été un cauchemar lent et grotesque duquel on vient tout juste de se réveiller.
Au lendemain de cette victoire du Parti des régions, les démocraties occidentales ont été frappées d'une certaine stupeur. Le verdict des urnes était clair. Le déroulement des élections, grosso modo, était propre. Il fallait reconnaître que la volonté démocratique du peuple ukrainien avait été exprimée. Les États-Unis ont accepté le résultat du scrutin, l'Europe aussi.
L'attitude adoptée par les démocraties occidentales oscillait entre un pragmatisme de nécessité et le déni le plus absurde. Il y avait eu beaucoup d'irrégularités électorales, d'intimidation, de tours de passe-passe, bref, la magouille habituelle, mais on ne voulait pas trop s'en mêler. Le message se résumait à dire que le temps des révolutions était passé.
Quant à Ianoukovitch lui-même, on s'en est accommodé, un peu comme d'un primate auquel on pense enseigner les bonnes manières à l'usure. Après tout, nous sommes tous libres maintenant de dire haut et fort ce que nous chuchotions alors. Je tiens à rappeler que lors de son élection, tout le monde se doutait que Ianoukovitch était derrière la tentative d'assassinat par empoisonnement de Viktor Iouchtchenko. Il ne s'agissait pas de légendes ni de ouï-dire. Toute la littérature de l'époque sur le sujet le confirme; en gros, c'était un secret de Polichinelle.
La disgrâce était inévitable dans son cas. Dorénavant, un mandat d'arrêt international existe au nom de cet homme. Je ne sais pas combien de temps il pourra se cacher.
Mais j'en reviens à 2010. Au début, l'Europe sentait qu'elle avait suffisamment tissé de liens avec l'Ukraine pour doucement amener l'administration de Ianoukovitch à se mettre au diapason. Bien que je demeure convaincue que la diplomatie européenne n'entretenait pas d'espoirs démesurés, elle pensait pouvoir jouer un rôle positif pour l'Ukraine, si ce n'était que par l'exemple.
Quelle fut la réaction sur le terrain? Elle fut très mitigée. Les Ukrainiens, durant les 500 dernières années de leur histoire, en ont vu de toutes les couleurs et n'en étaient pas à leur première déception. Le public a cru que la division marquée des opinions dans le pays suffirait à garder le gouvernement nerveux, même si l'opposition était affaiblie par les tiraillements internes.
Timochenko, alors candidate vaincue, a déclaré sans mâcher ses mots, le 22 février 2010, que les oligarques ont besoin de main-d'oeuvre bon marché à exploiter, de gens pauvres et isolés qu'ils pourront contraindre à travailler dans leurs usines pour des miettes. Ils ont aussi besoin des richesses de l'Ukraine, qu'ils continuent de piller depuis 18 ans.
Ces paroles se sont avérées résumer parfaitement les quatre années de règne de Ianoukovitch. Le refus de signer l'accord de rapprochement avec l'Union européenne, l'automne dernier, n'était que la conséquence logique de ce programme d'amoindrissement systématique. La mise en garde de Timochenko se concrétisait.
Et justement, en ce qui la concerne, les choses allaient rapidement empirer. Sa condamnation illégale en août 2011, après un long procès truqué, avait confirmé les pires craintes. Ianoukovitch était un revanchard prêt à tordre toutes les règles, sans gêne et sans vergogne, dans le but de garder le pouvoir. La communauté internationale a condamné sans équivoque ce procès.
Le Canada non plus n'a pas perdu de temps. Ce Parlement, dès l'automne 2011, a décidé d'avertir le gouvernement ukrainien qu'il ne tolérerait pas d'affronts aussi graves à la primauté du droit et aux droits humains.
En mai 2012, une délégation parlementaire, dont moi-même et plusieurs de mes collègues ici présents faisaient partie, s'est rendue en Ukraine pour prendre connaissance in situ de l'état des choses.
Notre ambassade à Kiev a facilité le contact avec plus d'une cinquantaine d'intervenants issus de plusieurs milieux politiques et civils. Pendant une semaine, nous avons pu entendre de nombreux témoignages révélateurs.
Le constat était accablant. Malgré des réseaux d'intervenants civils admirablement développés et un message uni parmi eux, le pays semble être revenu au jour incertain de la transition postsoviétique. L'insécurité, la corruption et une légalité de pacotille affaiblissaient l'État et la société.
Moi qui connaissais déjà le pays, j'ai été à même de voir la différence. Le vent de liberté qui soufflait en 2006 s'était tari. Les conversations avec les amis étaient lourdes et tristes. Les Ukrainiens voyaient tous les efforts investis depuis 2004 être sapés par le régime. Une chape de plomb venait d'être posée sur leur avenir. Comprenez-vous ce qu'une telle débâcle signifie pour un peuple qui a déjà vécu autant de revers?
Les Ukrainiens, par dépit, ont remis leurs vieilles oeillères usées, simplement pour avoir la force de continuer à vivre dans ce pays que l'histoire refusait d'affranchir.
Sauf que justement, l'histoire enseigne une leçon que nul ne peut nier. L'âme de l'Ukraine est forte et, toujours, elle finit par resurgir. Je me le répétais en me disant que ce peuple extraordinaire, ces cosaques vont finir par réagir.
En novembre dernier, l'administration de Ianoukovitch a refusé de signer l'accord de rapprochement avec l'Union européenne qui progressait depuis des années. D'un seul coup, c'est comme si le coeur du pays avait cessé de battre.
Les gens ont spontanément repris la rue, se portant sur la place de l'Indépendance, comme en 2004, pour demander des comptes au gouvernement. La décision égoïste et indéfendable de Ianoukovitch de préférer l'union douanière exclusive avec la Russie, a choqué profondément les Ukrainiens. On leur fermait la seule porte vers un avenir meilleur, pour les forcer à accepter un rôle incertain dans une sphère sous contrôle moscovite aux conséquences prévisibles.
Si la question est de savoir si le gouvernement russe est impliqué dans ce qui se passe, la réponse est oui, bien sûr. Comme le sont d'ailleurs l'Europe et les États-Unis. Il faut arrêter de se surprendre que le gouvernement russe cherche par tous les moyens à garder une emprise sur les anciennes républiques soviétiques. Vers qui peuvent-ils se tourner? Le constat qui peut être fait, c'est que ça ne fonctionne pas.
Je brosserai rapidement un tableau. Le Kazakhstan et ses richesses se tournent vers la Chine voisine. La Géorgie, grâce à la Turquie, est passée à l'Ouest. L'Azerbaïdjan mène ses petites affaires très lucratives de son côté et est heureux comme un coq en pâte. L'Ukraine se tourne vers l'Europe. Au bout du compte, il ne leur reste plus grand-chose sinon Lukashenka.
J'ai suivi avec attention la suite incroyable des événements de la semaine dernière. Si on m'avait annoncé mercredi dernier que j'aurais à me prononcer sur la situation, je n'aurais pu qu'exprimer mon désarroi le plus profond. Les choses semblaient tellement irrémédiables que je commençais à désespérer.
Jeudi, lorsque j'ai appris que des tireurs d'élite avaient abattu sans discrimination des manifestants pacifiques, mes pires sentiments se confirmaient. Sauf que voilà, l'esprit cosaque a triomphé, comme une digue qui lâche, en 24 heures. La révolution qui semblait impossible était devenue inévitable.
Durant toute la fin de semaine, j'étais rivée aux nouvelles en direct, alors que les appuis de Ianoukovitch s'effondraient et que la Verkhovna Rada destituait le président. L'apparition de Ioulia Timochenko en fauteuil roulant sur la place de l'Indépendance, devant une foule immense mais silencieuse qui écoutait son discours enflammé et livré sans hésitation, était indescriptible.
C'est pour moi une fierté sans mesure de disposer de cette tribune aujourd'hui pour exprimer ce que je ressens. Je veux réitérer mon amour profond de l'Ukraine et de son peuple. Je veux transmettre mes plus sincères condoléances aux familles des victimes, tuées parce qu'elles croyaient en la liberté de l'Ukraine. Je veux leur dire:
[La députée s'exprime en ukrainien ainsi qu'il suite:]
Slava heroyam!
[Français]
J'en appelle au gouvernement du Canada pour qu'il suive l'exemple de l'Union européenne et des États-Unis, qu'il appuie le nouveau gouvernement de transition et qu'il réaffirme son appui indéfectible envers l'Ukraine et ses aspirations démocratiques.
[La députée s'exprime en ukrainien et fournit la traduction suivante:]
Ensemble nous vaincrons! Gloire à l'Ukraine!
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Monsieur le président, c'est pour moi un privilège de prendre la parole ce soir au sujet des événements qui se déroulent en Ukraine. En cette période très éprouvante, j'aimerais d'abord offrir mes condoléances à ceux qui ont perdu des membres de leur famille, des gens qui ont fait le plus grand des sacrifices pour défendre leurs convictions. Il y a eu de nombreux blessés. Certains ont été enlevés et battus violemment. Nombreux sont ceux qui ont été victimes de mauvais traitements. Bien des gens ont été emprisonnés pour avoir fait ce qu'on considérerait légal, c'est-à-dire exercer leur liberté d'association et d'expression face à un gouvernement, à un régime et à un président qui n'avaient pas ménagé les efforts pour les empêcher de vivre dans l'Ukraine libre et démocratique qu'ils avaient espérée. Leurs espoirs étaient en partie fondés sur une association avec l'Union européenne, et sur l'idée que cette association les encouragerait à améliorer leur démocratie naissante et leur système judiciaire. Voyant cet espoir leur échapper, ils sont descendus dans la rue pour que la liberté à laquelle ils avaient déjà goûté ne s'arrête pas là.
Grâce aux médias sociaux et à Internet, nous pouvons voir en direct les événements qui se déroulent en Ukraine. Pour les Ukrainiens, il est encourageant de savoir qu'ils ne sont pas seuls, qu'il y a des gens et des pays qui les soutiennent. Fait tout aussi important, les médias sociaux leur permettent d'avoir un aperçu de ce que sont les démocraties. Comme ils en avaient déjà eu un avant-goût, ils n'étaient pas prêts à y renoncer.
Je me souviens de ma première année comme jeune parlementaire, en 2004. C'était l'époque de la révolution orange. Aux alentours de minuit, je suis venu prendre la parole à la Chambre afin d'encourager le peuple ukrainien, car il semblait que la démocratie et la liberté d'association étaient alors à leur portée. Cet espoir ne s'est pas concrétisé comme nous l'espérions. Ces rêves et ces aspirations ont été anéantis pour diverses raisons, peut-être parce que les dirigeants n'ont pas su saisir l'occasion qui se présentait. Nous avons donc assisté à un revirement de situation qui a empêché l'Ukraine d'atteindre l'objectif qu'elle était en bonne voie de voir se concrétiser.
Je devrais indiquer que je partagerai mon temps de parole avec le député de . Je veux être sûr qu'on en tienne compte.
Rempli d'espoir et de détermination, le peuple croyait progresser. Ses espérances ont été déçues, notamment lorsque le régime d'Ianoukovitch a éliminé sa rivale potentielle, Ioulia Timochenko, en l'incarcérant, pour l'empêcher de se présenter aux élections. À ce moment, nous savions que le pays se dirigeait dans la mauvaise direction et qu'il fallait corriger la situation.
Qui aurait pu prévoir, il y a seulement quelques jours, que les événements se dérouleraient ainsi, au point de voir Mme Timochenko libérée de prison? Dans une démocratie, une magistrature indépendante et libre de toute manipulation fait partie des droits fondamentaux; on peut alors s'attendre à être traité en vertu de la primauté du droit, par un appareil judiciaire qui prononcera sa décision sans subir d'ingérence ou de manipulation. C'est ce qui a été fondamental ici. Ce fut remarquable de voir Mme Timochenko ainsi libérée grâce aux efforts du peuple venu défendre sa position sur la place Maïdan.
Il est extraordinaire de voir que des élections seront tenues le 26 mai, après la tenue de votes d'investiture en mars. En tant que pays, nous devons appuyer l'Ukraine, non seulement pour assurer que les élections se déroulent librement et démocratiquement, mais aussi pour l'aider à améliorer sa situation économique et lui fournir les bases dont elle a besoin actuellement pour réussir. De nombreux défis se posent à l'Ukraine, qui devra mener bien des combats. Je sais que l'intégrité territoriale est importante. Nous devons faire en sorte qu'elle soit maintenue. Il nous faut aussi aider les Ukrainiens à affronter un avenir difficile, comme nous l'avons fait jusqu'à maintenant. Il est important de le faire pour que la démocratie, fragile, prenne racine dans ce pays. Nous devons faire tout en notre pouvoir pour que cela se produise.
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Monsieur le président, je veux ajouter ma voix à celle de mes collègues qui ont exprimé leur profonde inquiétude au sujet des récents événements en Ukraine. Je tiens également à dire que j'ai été profondément attristé d'apprendre que des personnes avaient consenti le sacrifice ultime pour protéger la liberté et la démocratie en Ukraine.
Mon inquiétude s'accroît quand je pense à la situation économique du pays, qui s'est aggravée quand l'ancien président Ianoukovitch a décidé de tourner le dos à l'Union européenne et à l'Occident et de mépriser la volonté de son peuple.
Le gouvernement et la population du Canada sont résolus à favoriser le plus possible le développement économique de l'Ukraine, de manière à ce que l'Ukraine puisse améliorer le niveau de vie de sa population, donner à ses consommateurs plus de choix économiques, et consacrer les libertés découlant d'un système économique fondé sur des règles, à l'abri des contraintes imposées par la corruption et une gouvernance inefficace.
L'Ukraine connaît actuellement une période de grande incertitude économique. Dans son dernier rapport, la Banque mondiale prévoit que le pays connaîtra une croissance de 0 % en 2013, en raison d'un contexte mondial fragile et du temps qu'il lui a fallu pour modifier ses politiques internes, ce qui a aggravé les déséquilibres macroéconomiques et les a rendu insoutenables.
Elle a cité une dette fiscale élevée, ainsi que la nécessité d'adopter une politique flexible sur le taux de change et de s'attaquer aux ajustements structurels, y compris le déséquilibre entre le prix auquel l'Ukraine achète et revend l'essence et l'huile de chauffage.
Le FMI a décrit l'Ukraine comme étant sur la mauvaise voie. Le problème de liquidité du pays ne cesse d'empirer, son secteur bancaire est précaire et il est difficile pour les entreprises d'obtenir du financement à long terme.
Le programme de privatisation du gouvernement ukrainien a également suscité de l'inquiétude, et beaucoup pensent qu'il bénéficiera au bout du compte aux oligarques ukrainiens. C'est en partie à cause de l'indignation ressentie à l'égard de la corruption en Ukraine que les gens manifestent dans la rue.
L'entente d'association établissant une zone de libre-échange approfondi et complet avec l'Union européenne pourrait remettre l'Ukraine sur la voie de la stabilité économique et de la prospérité, malgré le risque qu'elle ressente certains chocs économiques à court terme. Cependant, le gouvernement Ianoukovitch a rejeté cette option et est revenu à ses vieilles habitudes, préférant se fier à un modèle économique dépassé soutenu par des partenaires peu fiables.
Le Canada s'est toujours efforcé d'entretenir des liens commerciaux positifs et mutuellement avantageux avec l'Ukraine, des organisations du secteur privé comme la Chambre de commerce Canada-Ukraine jouant un rôle dans l'expansion des liens commerciaux entre entreprises.
En 2013, le commerce bilatéral a augmenté de près de 3 %, totalisant plus de 322 millions de dollars. Les exportations canadiennes totalisaient environ 210 millions de dollars, en hausse de 40 % comparativement à 2012. Les importations ukrainiennes au Canada totalisaient environ 112 millions de dollars en 2013, soit une diminution de 32 % par rapport à 2012.
À la lumière des événements politiques en Ukraine, Exportation et développement Canada, qui jugeait jusqu'à tout récemment le marché ukrainien « très limité », révise actuellement sa position.
Malgré le climat difficile pour les investisseurs étrangers en Ukraine, des sociétés canadiennes cherchent à investir dans les secteurs stratégiques du pays, soit l'agriculture, l'énergie et l'exploitation minière, et cherchent également à exploiter des créneaux dans les secteurs de la technologie propre et de l'énergie renouvelable.
Cependant, ces sociétés ont besoin de prévisibilité et de transparence pour prendre de bonnes décisions d'affaires; c'est pourquoi le Canada appuie les réformes en Ukraine qui visent à réduire la corruption et à améliorer la compétitivité et la protection des investisseurs.
Nous avons espoir que le changement de gouvernement en Ukraine stimulera des réformes économiques bien nécessaires et constituera un point tournant qui mènera au renforcement des relations commerciales bilatérales.
Il est temps pour les Canadiens de redoubler d'efforts afin d'aider les Ukrainiens à réaliser leurs aspirations. Nos efforts doivent faire fond sur les programmes de développement pour stimuler le commerce mutuel et les intérêts économiques de l'Ukraine et du Canada et pour aider l'Ukraine à établir une économie transparente, fondée sur les règles et concurrentielle à l'échelle mondiale.
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Monsieur le président, c'est avec plaisir que je prends la parole aujourd'hui au sujet de ce que je considère une question très importante, non seulement pour l'Ukraine, mais aussi pour le Canada et, à vrai dire, pour le monde entier.
Les événements en Ukraine ont des répercussions partout dans le monde. Toutefois, au Canada, il est important de savoir que des centaines de milliers de personnes suivent l'actualité sur cette situation. C'est une des choses merveilleuses que permettent Internet et les nombreux bulletins de nouvelles. Partout dans le monde, et surtout au Canada, de nombreuses personnes ont pu suivre de près la situation en Ukraine.
Nous comprenons et mesurons l'anxiété et la peur très réelle qui règnent en Ukraine. Je ne suis absolument pas historien, mais cette situation a beaucoup retenu l'attention, même à la Chambre. Nous avons eu un débat d'urgence en janvier. Nous avons tenu un débat exploratoire en décembre et nous tenons un autre débat exploratoire ce soir. Tout cet intérêt souligne la nécessité d'un débat. Les gens se sentent interpellés par ce qu'ils voient aux nouvelles du soir.
J'ai pu discuter avec un certain nombre de personnes, et trois éléments revenaient inlassablement. Les voici. Ma position personnelle en ce qui concerne le peuple ukrainien et nos attentes à nous repose sur un principe fondamental. Par exemple, les Ukrainiens doivent avoir le droit de manifester. Les lois interdisant les manifestations antigouvernementales adoptées en janvier étaient aussi antidémocratiques qu'inacceptables.
Ensuite, les Ukrainiens ont clairement dit qu'ils veulent faire partie de l'Europe, et les décisions prises par le gouvernement ukrainien en novembre dénotent un mépris flagrant pour les citoyens. Ces derniers estiment que c'est à eux qu'il revient de choisir leur avenir.
Enfin, les sociétés véritablement démocratiques devraient favoriser la responsabilité ainsi que la liberté de parole et d'expression, et leurs citoyens ne devraient jamais craindre d'être violentés ou incarcérés simplement parce qu'ils se sentent suffisamment interpellés par une question pour manifester pacifiquement leur opposition. L'Ukraine a plutôt été le théâtre d'un véritable massacre, où les gens étaient battus, torturés et — trop souvent — tués.
Nous estimons que, pour les Ukrainiens comme pour les Canadiens, la démocratie, la primauté du droit et la liberté sont des droits fondamentaux. À nos yeux, ces principes sont absolument essentiels.
Jusqu'à maintenant, l'appui des Canadiens est saisissant. De nombreux rassemblements ont eu lieu ici, sur la Colline du Parlement. Dans , il y en a aussi eu devant l'Assemblée législative du Manitoba. J'y ai d'ailleurs participé. Divers organismes religieux ont aussi organisé des activités. Dans un restaurant où j'ai passé l'après-midi, quelqu'un montrait à son voisin une vidéo sur YouTube où il était question de la crise ukrainienne. Bref, les Canadiens de partout au pays ont trouvé toutes sortes de moyens de dire qu'ils s'intéressent à l'Ukraine.
Ils demandent au gouvernement du Canada de s'abstenir de toute partisanerie et d'envoyer un message très fort à l'Ukraine, un message d'amour et de bonté, tout en restant ferme et en étant solidaire du peuple ukrainien. À mon avis, c'est absolument essentiel.
Le dernier débat d'urgence que nous avons tenu sur cette question a eu lieu le 27 janvier. J'ai eu l'occasion de conclure le débat. J'avais alors dit ce qui suit:
[...] nous reconnaissons les souhaits du peuple ukrainien et [...] nous voulons qu'ils soient exaucés. La Chambre des communes est prête à appuyer le peuple ukrainien et à répondre aux centaines de milliers de Canadiens qui veulent que nous passions à l'action. Nous voulons tous prendre les meilleures mesures possibles.
Ces propos demeurent vrais aujourd'hui, au sens où nous devons faire tout ce que nous pouvons.
Le week-end dernier, lors de l'extraordinaire congrès libéral qui a eu lieu à Montréal, l'Ukraine était un sujet brûlant d'actualité. Dans les petites comme les grandes salles, moult discussions avaient lieu sur les événements en UIkraine. Plus de 3 000 personnes de partout au Canada ont assisté au congrès à Montréal. Nous avons adopté une résolution d'urgence. Je vais lire, pour la gouverne des députés, les trois parties fondamentales de la résolution, car mon temps est limité.
Voici les trois sections qu'il m'apparaît particulièrement important de répéter ce soir:
Qu'il soit également résolu que le Canada fasse appel à une mission d’observateurs d’au moins 500 personnes menées par un éminent Canadien afin de s’assurer du bon déroulement de cette élection;
Quelle excellente déclaration! Comme je l'ai dit plus tôt, rien ne nous empêche d'envoyer plus de 500 personnes.
La résolution se poursuit:
Qu'il soit également résolu que la communauté internationale prenne tous les moyens pour s’assurer que toutes les violations de droits humains en Ukraine soient examinées et, au besoin, amenées en cour;
Qu'il soit également résolu que le gouvernement du Canada demande au FMI de se réunir rapidement avec le gouvernement de transition afin de lui donner un appui financier et de développer un plan économique.
On doit cette résolution à des Canadiens de partout au pays qui, inquiets devant les événements qui se produisaient en Ukraine, ont jugé important d'adopter une résolution d'urgence alors qu'ils étaient réunis en congrès.
Les députés ont déjà eu l'occasion d'en parler à divers endroits depuis la fin de semaine. Je sais qu'à l'instar d'autres députés, notre porte-parole en matière d'affaires étrangères a pris la parole lundi dans cette enceinte pour exprimer ses inquiétudes et a même parlé de la résolution que je viens de citer partiellement. D'autres députés ont saisi l'occasion de parler du sujet, eux aussi. J'ai eu l'occasion de présenter une pétition et j'ai abordé le sujet dans une de mes questions.
Le Congrès des Ukrainiens Canadiens a accompli un travail phénoménal en collaboration avec des organismes provinciaux pour sensibiliser le public à ce qui se passe et pour encourager la population dans son ensemble à unir ses forces et à mettre la main à la pâte d'une manière ou d'une autre.
Je sais qu'il me reste peu de temps. Je voudrais lancer un appel à tous les députés, car je pense que le chef et les autres membres du caucus du Parti libéral ont indiqué très clairement qu'à leurs yeux, le Canada devait jouer un rôle de chef de file très ferme. Nous sommes prêts à oeuvrer hors des cadres partisans. Nous voulons participer et apporter notre aide. Nous voulons faire partie de la solution. Nous appuyons le peuple ukrainien. Nous lui souhaitons ce qu'il y a de mieux pour l'avenir.
Nous estimons être en mesure de fournir de l'aide utile, qu'il s'agisse d'envoyer des observateurs, d'imposer des sanctions ciblées, de stimuler le développement économique de l'Ukraine, dans lequel le Canada aurait un rôle à jouer, ou encore de renforcer les institutions ukrainiennes.
Il y a lieu d'apporter de l'aide dans tous les domaines que je viens d'énumérer. Nous sommes prêts à oeuvrer du mieux que nous pouvons, sans partisanerie, de manière à accomplir vraiment ce que les Canadiens souhaitent et à manifester notre bonne volonté envers un grand pays.
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Monsieur le président, il existe diverses organisations au Canada, comme Démocratie en surveillance, le Congrès des Ukrainiens Canadiens et diverses organisations provinciales, y compris une section du Congrès des Ukrainiens Canadiens, qui accomplit un excellent travail à Winnipeg. Cette section est dirigée par Oksana Bondarchuk, qui me communique constamment des renseignements, de concert avec d'autres personnes, comme Bill Balan, et bon nombre de gens de Winnipeg.
Ces organisations peuvent nous aider à élaborer des politiques, y compris une politique étrangère liée à ce qui se passe aujourd'hui en Ukraine.
Je crois que ces organisations devraient jouer un rôle dans les mesures que le Canada doit prendre pour gérer comme il se doit ses relations avec l'Ukraine, non seulement aujourd'hui, mais aussi au cours des années à venir.
Cela va bien au-delà de la situation actuelle qui, nous l'espérons, aura changé pour le mieux d'ici la fin juin. À mon avis, nous devons examiner comment établir des liens pour entretenir des relations à long terme.
Par exemple, qu'en est-il des relations entre les parlementaires du Canada et de l'Ukraine? Qu'en est-il des institutions comme Élections Canada et l'organisme indépendant qui surveille les élections, quel qu'il soit, en Ukraine? Nous devons renforcer ces relations et faire appel aux différents intervenants qui ont une très bonne compréhension de la situation.
Je suis abasourdi par la compréhension que certains de ces intervenants ont de la situation actuelle en Ukraine. Je pense qu'il faudra en profiter. Je l'ignorais, mais la mère de ma collègue de a contribué à l'élaboration de la constitution de l'Ukraine. Étant donné ses antécédents personnels, j'aurais cru qu'elle aurait été un atout précieux pour la délégation en Ukraine, aux côtés du . Un député néo-démocrate aurait également dû y participer.
Il faut commencer à envisager des façons de réunir des experts en Ukraine et d'amener l'Ukraine a envoyé des experts ici. J'ai assisté à une réunion du Comité des affaires étrangères il y a quelques années. Un parlementaire ukrainien est venu témoigner devant nous. Il y a certaines questions sur lesquelles nous pourrions travailler.
Pour terminer, nous voulons que des mesures plus concrètes soient prises. Tâchons de ne pas sous-estimer le potentiel d'autres intervenants à l'extérieur de la Chambre des communes.
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Monsieur le président, je suis heureuse de participer au débat. Comme bon nombre de mes collègues, j'ai suivi avec attention les récents événements en Ukraine. Nos pensées et nos prières accompagnent toutes les personnes touchées par la violence.
Le gouvernement a été ravi d'apprendre les décisions remarquables prises par le Parlement ukrainien au cours de la fin de semaine. Nous croyons que ces développements marquent un retour à une véritable démocratie en Ukraine, reflétant la volonté de la majorité des Ukrainiens. Nous sommes convaincus que les démocrates ukrainiens sont déterminés à assurer un retour ordonné à la démocratie et à la politique de réforme économique. Comme toujours, le Canada sera là pour appuyer les Ukrainiens pendant ce processus.
Dans l'immédiat, le gouvernement a répondu aux besoins pressants des Ukrainiens blessés lors des protestations. Le gouvernement a également fourni une aide juridique aux manifestants accusés par le gouvernement Ianoukovitch. Nous sommes heureux de constater que, dimanche dernier, le nouveau gouvernement de l'Ukraine a retiré toutes les accusations pesant contre les manifestants et les a libérés de prison. Nous ne pouvons toutefois faire aucune conjoncture sur la voie qu'empruntera l'Ukraine dans la foulée de ces événements historiques. Nous devrions plutôt nous tenir prêts à appuyer ses premiers vers un retour à la démocratie à court terme et un développement économique stable à long terme.
Après tant d'années de gouvernance incompétente et corrompue, l'Ukraine a besoin de réformes draconiennes ainsi que de l'appui et la diligence des autres nations. Le Canada a toujours été dans le camp des Ukrainiens qui se battent pour une Ukraine démocratique et européenne. Si elle aspire à la démocratie et à la prospérité économique, l'Ukraine n'aura d'autre choix que de se rapprocher des normes et des institutions européennes et nord-américaines.
J'aimerais prendre quelques moments pour décrire aux députés les efforts de développement à long terme déployés par le Canada pour aider l'Ukraine à réaliser une prospérité économique durable. Au fil du temps, il s'est créé des rapports bilatéraux solides, des partenariats économiques forts et des liens étroits entre nos deux peuples. En 1991, le Canada a été le premier pays occidental à reconnaître l'indépendance de l'Ukraine et, plus récemment, à saluer la sortie de prison d'Ioulia Timochenko.
Depuis l'indépendance de l'Ukraine, une grande partie de notre aide au développement vise principalement à accroître les débouchés économiques pour les Ukrainiens au sein d'une démocratie renforcée. Au fil des ans, les investissements canadiens d'aide au développement dans la gouvernance et l'expansion du secteur privé en Ukraine ont aidé le pays à faire la transition d'un système de planification centralisée vers un modèle démocratique de libre entreprise. Toutefois, le fait que l'Ukraine faisait partie intégrante de l'ancienne Union soviétique a rendu sa transition économique beaucoup plus lente et ardue qu'on l'anticipait. La transition n'est toujours pas terminée.
Pour accroître sa résilience et connaître une prospérité à grande échelle, l'Ukraine doit diversifier et développer son économie réelle, en développant plus particulièrement ses petites et moyennes entreprises, un secteur qui est beaucoup plus modeste que celui des autres pays européens. La stimulation de la croissance de ces entreprises aidera également à élargir et à renforcer la classe moyenne. Nous savons d'expérience qu'une classe moyenne et un secteur de la petite entreprise sains qui participent à la vie civile aident au maintien d'une démocratie en santé et améliorent la sécurité et la stabilité.
Compte tenu de ses richesses naturelles, du coût peu élevé de sa main-d'oeuvre et de sa population nombreuse bien scolarisée, l'Ukraine possède un excellent potentiel économique, mais elle devra surmonter des obstacles pour devenir compétitive. S'ils se concrétisent, les accords de libre-échange avec l'Europe et le Canada aideront à fournir une feuille de route afin d'atteindre une capacité concurrentielle supérieure à l'intérieur d'un cadre prévisible et réglementé.
Pour accélérer la croissance économique de l'Ukraine, le Canada concentre ses efforts dans trois domaines d'intervention. Premièrement, il faut favoriser les investissements de façon durable en consolidant les assises économiques du pays. Autrement dit, il faut améliorer la capacité de tous les ordres de gouvernement, y compris des administrations locales, de répondre aux besoins fondamentaux des citoyens et créer un réseau de soutien pour favoriser non seulement la croissance des entreprises locales, mais le commerce et l'investissement. Nous donnons des assurances et des chances égales aux petites et moyennes entreprises, en adoptant des règlements équitables et transparents, et en garantissant l'application indépendante et prévisible du principe de la primauté du droit.
Nous appuyons aussi l'aide technique fournie au gouvernement ukrainien par le Fonds monétaire international dans les domaines de la réglementation du secteur bancaire et de la modification de la politique monétaire. Nous sommes prêts à élargir cette aide si le nouveau gouvernement de l'Ukraine se montre disposé à apporter des réformes économiques fondamentales.
Deuxièmement, il faut assurer la prospérité des entreprises, surtout les microentreprises et les PME, notamment celles du secteur agricole. Notre objectif est de les aider à devenir plus viables et concurrentielles. Pour y parvenir, nous aiderons les entrepreneurs à avoir accès à des outils que nous tenons pour acquis au Canada, comme les réseaux d'entreprises, les chaînes de valeur, les technologies permettant d'accroître la productivité, les assurances et le financement des entreprises.
Troisièmement — et j'y crois fermement, pour plusieurs raisons —, il faut investir dans les gens, surtout les femmes et les jeunes. Notre objectif est de former une main-d'oeuvre compétente, composée de femmes et d'hommes capables de saisir les occasions dans un marché du travail en pleine croissance, alimenté par les besoins d'employeurs locaux et internationaux.
À mesure que l'économie ukrainienne croîtra, les liens économiques entre nos deux pays se solidifieront. Le programme de développement du Canada a considérablement contribué à la croissance économique durable de l'Ukraine. L'un des secteurs en croissance est celui de l'agriculture. J'espère que, lorsque je répondrai aux questions, j'aurais un peu de temps pour parler de certains des investissements incroyables faits par le Canada.
L'Ukraine est un pays ciblé par le Canada. Nous continuons de contribuer à son développement. Nous savons que cela permettra de renforcer les liens entre nos deux peuples.