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Monsieur le Président, je souhaite participer au débat sur la motion présentée par le député de . Le député propose que le Comité permanent de la procédure et des affaires de la Chambre examine les déclarations du député de et le contexte dans lequel elles ont été faites. Je dirai, tout d'abord, que nous connaissons déjà les faits. Il faut maintenant déterminer ce qu'il faut faire.
À mon avis, l'examen du Comité permanent de la procédure et des affaires de la Chambre serait redondant; ce serait une perte de temps. Ce comité est l'un des plus occupés. Il produit d'ailleurs plus de rapports que les autres comités permanents et il a déjà beaucoup de dossiers en cours, dont l'étude de plusieurs initiatives parlementaires et une question de privilège relative à Élections Canada. Le comité fait la révision du Règlement et étudie actuellement le projet de loi , Loi sur l'intégrité des élections.
À l'heure actuelle, le comité est paralysé par les néo-démocrates, qui font de l'obstruction dans le but de retarder l'adoption du projet de loi . C'est malheureux, parce qu'il s'agit là d'une mesure législative fort importante, qui protégerait les électeurs contre les appels frauduleux et l'usurpation d'identité en rendant obligatoire la consignation des grandes campagnes téléphoniques dans un registre public, en établissant des peines d'emprisonnement pour ceux qui se font passer pour des fonctionnaires électoraux et en prévoyant des sanctions accrues pour ceux qui trompent les électeurs afin de les empêcher de voter. Cette mesure législative permettrait au commissaire d'imposer des peines plus lourdes en cas d'infraction et de créer de nouvelles infractions pour contrer l'influence indue de l'argent ainsi que les appels et les votes frauduleux. Elle réprimerait la fraude électorale, rendrait les règles plus faciles à suivre, permettrait les dons modestes, mais interdirait les gros, garantirait le respect des résultats d'élections démocratiques, défendrait la liberté d'expression et assurerait aux électeurs un meilleur service à la clientèle.
Revenons à la motion dont nous sommes saisis. J'aimerais attirer l'attention de la Chambre sur les faits qui ont conduit à cette question de privilège et que je rappellerai brièvement. Le 6 février, au cours du débat sur le projet de loi , Loi sur l'intégrité des élections, le député de a fait une déclaration à la Chambre au sujet des cartes d'information de l'électeur. Il a pris la parole à la Chambre le 24 février pour rétablir les faits. Le jour suivant, il a ajouté: « [...] j'ai réalisé que c'était une erreur de ma part. » Il a alors présenté ses excuses sincères à tous les Canadiens et à tous les députés pour la déclaration qu'il avait faite. Il a affirmé qu'il ne cherchait d'aucune façon à induire en erreur la Chambre, pour laquelle il a le plus grand respect.
Comme nous le savons, une tradition de longue date de la Chambre veut que nous croyions les députés sur parole et que nous acceptions leurs excuses. Néanmoins, le 25 février, le député de a soulevé la question de privilège en accusant le député de d'outrage à la Chambre, et ce, après que celui-ci eut présenté ses excuses aux Canadiens et à tous les députés.
Le leader du gouvernement à la Chambre a répondu ceci:
[...] il est d'usage à la Chambre de croire tous les députés sur parole et de présumer que leurs déclarations sont exactes et vraies. Nous avons tous le bénéfice du doute, ce qui veut dire que lorsque nous nous trompons, nous avons le devoir de rectifier les faits afin que tous soient bien renseignés.
C'est exactement ce qui s'est produit ici. Quand le député de Mississauga-Streetsville a constaté qu'il avait tenu des propos erronés à la Chambre, il est intervenu pour rétablir les faits.
Les députés ont ce devoir: ils doivent corriger les renseignements erronés, afin que les gens soient bien informés. C'est ce qu'a fait le député. Il s'est acquitté de ce devoir qui incombe à tous les députés. Par conséquent, je crois qu'il n'y a pas lieu de considérer cette situation comme un outrage.
Je conclue ici ma citation des propos du .
J'ajoute que le député de a reconnu pendant le débat que la Chambre débat de cette question uniquement parce qu'elle a été soulevée par le député de , qui prend au sérieux son devoir de rectifier les faits.
Au lieu d'accepter les excuses présentées par le député de , le a choisi de soulever une question de privilège à ce sujet, faisant porter au Président l'odieux de la décision.
Lorsque le Président estime qu'il y a de prime abord matière à question de privilège, il revient au député qui a soulevé la question de formuler la question posée à la Chambre. Dans ce cas-ci, il s'agit du député de . Comme nous le savons, sa motion de privilège met de côté les travaux de la Chambre. Je crois qu'il aurait pu exprimer son mécontentement autrement, et nous éviter tout le processus, le débat et le psychodrame d'une question de privilège.
Non seulement la motion fait perdre un temps précieux à la Chambre, mais elle risque d'en faire perdre encore plus au comité. Il s'agit d'un exercice inutile et d'un pur gaspillage.
J'encourage les députés à voter contre la proposition du NPD pour trois raisons. Premièrement, le député qui a fait des affirmations erronées a présenté ses excuses et a volontairement corrigé ces affirmations. C'est un point très important dont nous devons tenir compte. Il s'est excusé et a volontairement corrigé ce qu'il a dit.
Deuxièmement, une étude de la question par un comité ne serait d'aucune utilité puisque tous les faits sont connus. Il a tenu certains propos, puis il s'en est excusé. La seule question que la Chambre doit encore réellement trancher consiste à savoir comment elle compte procéder dans ce dossier, dont elle connaît déjà tous les faits.
Troisièmement, je m'oppose à la motion parce que nous ne souhaitons pas créer un environnement où des députés sont punis pour avoir agi correctement. La Chambre devrait prendre la décision d'accepter les excuses du député et passer à autre chose.
Cependant, je crains qu'il soit actuellement trop tard pour faire preuve de noblesse. Le député de est en train d'inciter toute la Chambre à le suivre.
Qu'est-ce que le NPD souhaite accomplir en demandant à un comité d'étudier la question? J'ai regardé les ouvrages de procédure cités par le lorsqu'il est intervenu pour soulever cette question de privilège. Il a cité alors un extrait se trouvant à la page 115 de la deuxième édition de La procédure et les usages de la Chambre des communes.
Sa citation concerne une affaire soulevée le 6 décembre 1978. Le Président Jerome avait alors jugé qu'un fonctionnaire avait délibérément induit en erreur un ministre et qu'à première vue, il y avait matière à question de privilège. Le député de Northumberland—Durham, qui avait soulevé la question de privilège, avait été invité à présenter sa motion à la Chambre, qui l'avait rejetée, ce qui fait que l'affaire n'avait pas été renvoyée à un comité.
Le a aussi fait référence à une décision du 19 octobre 2000 concernant des affirmations erronées faites aux Communes. Le Président Parent avait indiqué n'avoir constaté aucun fait pour étayer une allégation voulant que les privilèges de la Chambre aient été violés. Par conséquent, la question n'avait pas été renvoyée à un comité.
Le leader a aussi cité une décision du Président actuel de la Chambre, le 7 mai 2012. Le Président avait constaté, dans ce cas également, qu'à première vue, il n'y avait pas eu matière à question de privilège.
Cependant, une décision du Président, le 1er février 2002, à laquelle le leader a fait référence, avait entraîné le renvoi de l'affaire à un comité. Il s'agissait de deux déclarations faites par le ministre de la Défense de l'époque. Dans sa décision, le Président Milliken avait souligné l'impératif de clarté dans les travaux de la Chambre et la nécessité de garantir l'intégrité de l'information fournie par le gouvernement à la Chambre. Il avait en outre indiqué que, dans le cas en présence, l'intégrité de l'information avait une importance cruciale puisqu'elle concernait directement les règles d'engagement des troupes canadiennes impliquées dans le conflit en Afghanistan, règles qui sont au coeur de la participation du Canada à la guerre contre le terrorisme.
Une motion avait été présentée pour renvoyer l'affaire au Comité permanent de la procédure et des affaires de la Chambre. Près d'une semaine plus tard, le jeudi 7 février 2002, la motion était adoptée.
Le comité avait entendu plusieurs témoins dans cette affaire. Il avait entendu le député ayant soulevé la question, M. Brian Pallister. Il avait entendu le greffier et le légiste et conseiller parlementaire de la Chambre des communes. Il avait entendu l'honorable Art Eggleton, ancien ministre de la Défense nationale; le sous-chef d'état-major de la défense; le sous-ministre du ministère de la Défense nationale; le chef d'état-major de la défense; le sous-greffier, conseiller juridique et coordonnateur de la sécurité du Conseil privé; le greffier du Conseil privé et secrétaire du Cabinet; le sous-ministre adjoint, Politique mondiale et sécurité, du ministère des Affaires étrangères et du Commerce international; et J. P. Joseph Maingot, ancien légiste et conseiller parlementaire de la Chambre des communes et auteur de l'ouvrage Le privilège parlementaire au Canada.
En outre, les membres du comités avaient été invités à soumettre des questions par écrit au commodore Jean-Pierre Thiffault, commandant de la Force opérationnelle interarmées du Canada en Asie du Sud-Ouest.
C'est une liste de témoins impressionnante. Il y a évidemment des ressemblances entre l'actuelle question de privilège et celle de 2002, mais je pense que les députés reconnaîtront que les différences sont nombreuses. Dans l'affaire de 2002, il y avait probablement davantage matière à discussion qu'en ce qui concerne les simples faits de l'affaire qui nous intéresse.
Je pense aussi qu'il convient de mentionner que la position des deux députés en cause est très différente. En 2002, l'affaire concernait un ministre. Le rôle que joue un ministre est spécial car il fournit des renseignements à la Chambre.
Cela dit, et malgré toutes les implications de l'étude de 2002, malgré tout ce qui était en jeu, le comité a dû se concentrer sur la tâche qui lui incombait, c'est-à-dire les deux déclarations contradictoires faites à la Chambre.
Le rapport du Comité de la procédure et des affaires de la Chambre disait:
Nous ne nous intéressons pas ici à la performance du ministre ni à la chaîne de commandement ou aux voies de communication au sein des Forces canadiennes, du ministère de la Défense nationale ou du gouvernement.
Le comité avait également jugé nécessaire de signaler ce qui suit:
Les comités parlementaires chargés d’examiner les questions de privilège doivent faire preuve de prudence et agir de façon responsable au moment de tirer des conclusions. Ils doivent veiller à ne pas laisser l’esprit de parti colorer leur jugement. Le pouvoir de punir les outrages ne doit pas être exercé à la légère. Il existe pour les rares occasions où l’aptitude du Parlement à fonctionner est entravée ou compromise.
Dans le cas présent, on pourrait faire le lien et conclure que la véritable question n'est pas tant les déclarations faites par le député de que les desseins du NPD, lesquels embrouillent son jugement. Je suis convaincu que la plupart des gens raisonnables seraient d'accord pour dire que le cas présent est d'une tout autre portée et d'une tout autre importance que celui de 2002. Néanmoins, la conclusion du comité en 2002 était simple et allait à l'essentiel. Je la cite:
Après un examen approfondi de toutes les circonstances, le Comité est venu à la conclusion que le ministre a fait une erreur [...]
Le comité a conclu que le ministre ne s'était pas rendu coupable d'outrage à la Chambre.
Quels sont les faits entourant les déclarations faites par le député de ? Il a fait une erreur. Il a pris la parole à la Chambre et a dit: « [...] j'ai réalisé que c'était une erreur de ma part. » Après avoir reconnu sa faute, il a présenté des excuses à la Chambre et à tous les Canadiens. Il a fait savoir clairement qu'il n'a jamais eu l'intention d'induire la Chambre en erreur.
À mon avis, cette affaire n'a pas besoin d'être étudiée par un comité. Seuls les néo-démocrates, qui s'opposent ardemment à toute mesure constructive présentée à la Chambre ou aux comités, trouvent que c'est logique. Je comprends que le rôle de l'opposition est de s'opposer, mais là, elle va trop loin.
Conformément à la mise en garde du Comité permanent de la procédure et des affaires de la Chambre en 2002, nous devons, à la Chambre, faire attention que la partisanerie ne brouille notre jugement dans les questions de privilège. Nous ne devons pas prendre notre pouvoir à la légère.
Le NPD devrait s'abstenir d'utiliser cette question de privilège pour mener sa lutte contre la . Tout ce qu'il fait, c'est exposer son fanatisme, son indignation et sa fausse croisade contre une mesure législative qui rendrait les Canadiens ordinaires, plutôt que les patrons des syndicats, maîtres de leur démocratie.
J'ai des citations de gens de tout le pays. J'ai des documents d'Élections Canada sur des cas de fraudes électorales passées.
De plus, j'entends ce que disent mes électeurs, qui en parlent quotidiennement. Je peux dire aux députés qu'ils ne veulent pas plus que n'importe qui ici, à la Chambre, de fraude électorale. Voter en faveur de la contribuerait beaucoup à redonner des élections honnêtes aux Canadiens.
Nous savons tous qu'il se passe des choses qui ne devraient pas se produire durant les élections. Le projet de loi permettrait de les prévenir.
Pour ce qui est de la question dont nous sommes saisis, j'invite tous les députés à voir au-delà de leur allégeance politique. Remettons-nous au travail et laissons les comités faire le leur. Cette question n'a pas sa place dans un comité. Elle est réglée. Le député a pris la parole pour s'excuser.
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Monsieur le Président, je voudrais vous informer que je vais avoir le plaisir de partager mon temps de parole avec l'extraordinaire députée de . Je tiens à la féliciter. C'est important d'entendre ce qu'elle a à nous dire. Ce sont des choses très intéressantes, plus intéressantes que ce qu'on vient d'entendre.
Je veux quand même prendre le temps de citer les déclarations du député de qui vont nous donner l'évaluation pour les conservateurs de ce qu'est un « misspeak », ou, à leurs yeux, que représente le fait d'avoir mal prononcé quelque chose.
Le député en question disait, le 6 février:
Monsieur le Président, j'aimerais revenir un peu sur le système de recours à un répondant. Je sais que la ministre représente une ville urbaine. Pour ma part, je viens d'une région semi-urbaine de Mississauga, où l'on trouve de nombreuses tours d'habitation. Le jour où les cartes de vote sont distribuées dans les boîtes postales communautaires de ces immeubles, la plupart d'entre elles finissent par être jetées aux poubelles ou dans les bacs bleus. En fait, j'ai vu de mes propres yeux des gens ramasser des cartes de vote qui ne leur étaient pas destinées, puis se rendre au bureau de campagne du candidat qu'ils appuient [j'imagine qu'il est en train de les suivre] et les remettre à d'autres personnes [il a vu trois actions là], qui, à leur tour, communiquent avec les bureaux de scrutin où ils ont des amis qui peuvent se porter garants pour eux, sans qu'ils n'aient à présenter de pièce d'identité.
Cela fait au moins quatre actions qu'il a visuellement vues, lui-même personnellement, et dont il est témoin.
Plus tard, dans la même journée, il poursuit:
J'ai posé une question cet après-midi à la ministre d’État à la Diversification de l’économie de l’Ouest. Je pense que mon collègue d'York-Sud—Weston sera en mesure de comprendre, parce qu'il y a beaucoup d'immeubles à appartements dans sa circonscription, tout comme dans la mienne. Je tiens à raconter quelque chose que j'ai vu de mes propres yeux.
Il répète et réitère l'affirmation précédente, dans la même journée. Je reprends:
Le jour où les cartes d'information de l'électeur sont distribuées par la poste, des gens, lorsqu'ils retournent à la maison, prennent ces cartes et les jettent aux poubelles. Or, j'ai déjà vu [première personne du singulier] des travailleurs de campagne électorale ramasser une dizaine de ces cartes. Pourquoi font-ils ça? Parce qu'ils les remettent ensuite à des gens qui iront voter illégalement grâce un répondant. Il faut mettre un terme à cette pratique.
Or, 18 jours plus tard, le député de a un éclair de génie. Il réalise soudainement que c'est une histoire montée de toutes pièces et qu'il s'est trompé lamentablement en disant qu'il avait vu, de ses propres yeux, des gens utiliser les cartes d'information de l'électeur pour commettre des fraudes électorales. Il lui a fallu 18 jours. Je me demande ce qu'il lui était passé par la tête, le 6 février. Était-ce un épisode psychotique? Était-ce l'effet de stupéfiants? Avait-il reçu la commande de son propre parti de tenter de manière lamentable et frauduleuse de justifier le projet de loi , qui tente d'empêcher des gens de voter en supprimant cette capacité d'aller voter avec la carte d'électeur que l'on reçoit d'Élections Canada et quelqu'un qui répond de notre identité?
Il y a une inhabilité et une consistance du côté des rangs des conservateurs à nous présenter des politiques publiques fondées sur des fabulations. Une bonne politique publique est généralement basée sur une bonne recherche et sur un regard objectif, sur l'analyse d'une situation où on est capable d'apporter des faits qui étayent notre propos ou notre proposition.
Dans le cas du projet de loi , qui va utiliser des techniques de suppression de votes dignes du Parti républicain, on est en présence de la remise en question d'un droit fondamental des citoyens canadiens, c'est-à-dire l'exercice de leur droit de vote, basée sur des déclarations qui sont, en fait, des histoires de ma grand-mère qui ont induit le Parlement en erreur.
Des voix: Oh, oh!
M. Alexandre Boulerice: C'est vrai, monsieur le Président, ma grand-mère n'aurait pas osé faire ça. Elle était intellectuellement plus honnête que ça.
Je chercher à comprendre ce qui s'est passé entre le 6 et le 24 février.
Si on raconte à la Chambre qu'on a vu des gens poser des gestes illégaux, comment se fait-il qu'on mette 18 jours à réaliser qu'on n'a jamais vu rien de tel?
Ce ne sont pas des excuses qui effaceront l'outrage au Parlement commis le 6 février dernier. Que s'est-il passé pendant ces 18 jours? Comment se fait-il que le député de semble avoir eu des hallucinations le 6 février et qu'il ait soudainement dû rétablir les faits le 24 février? Nous aimerions comprendre.
À la base, cette supercherie, cette histoire abracadabrante est censée justifier le projet de loi de réforme électorale du ministre conservateur. Or baser des politiques publiques et des réformes très importantes sur des justifications qui ne reposent sur rien, sur de la poudre aux yeux, c'est très grave et complètement inacceptable.
À l'opposition officielle, nous agissons de manière responsable et honnête. Nous voulons savoir ce qui s'est passé exactement. Ce député a-t-il été influencé pour tenir de tels propos? A-t-il été influencé à nouveau pour dire qu'il n'avait vu personne commettre un acte illégal? Si c'est vrai, comment se fait-il qu'en tant qu'homme politique honnête, il n'ait pas averti Élections Canada?
On n'est plus du tout dans la mauvaise prononciation d'un mot. Je pourrais me tromper dans le nom d'une circonscription ou d'une personne et devoir m'excuser par la suite, mais ce n'est pas du tout le cas ici. À deux reprises, le député a affirmé qu'il avait vu de ses propres yeux de telles actions.
Cela nous ramène aux failles du projet de loi sur la réforme électorale. Avec une attitude complètement « orwellienne », on nous dit que ce projet de loi nous mettra à l'abri de l'influence de l'argent, alors qu'on hausse les cotisations maximales de 1 200 $ à 1 500 $. Comment peut-on avoir ces deux idées en tête en même temps? C'est absolument incohérent.
Lorsqu'on veut réduire l'influence de l'argent sur les élections et sur les partis politiques, on augmente le financement public et on réduit les contributions individuelles. Cependant, les conservateurs font le contraire. Ils ont probablement beaucoup plus d'amis que nous qui sont capables de faire des chèques de 1 500 $. Ils ne sont pas du tout sérieux. Ils trichent en préparant à l'avance le cadre légal qui les avantagera lors du prochain scrutin électoral.
Dans une démocratie représentative comme la nôtre, où les gens doivent avoir confiance dans les lois qui les encadrent, cela est extrêmement grave. Les conservateurs risquent d'empêcher des dizaines de milliers de personnes de voter. Non seulement cela, mais ils haussent à 1 500 $ la limite de cotisation individuelle à une formation politique, et ils retirent maintenant à Élections Canada le pouvoir enquêter pour le donner à un tiers.
Ce qui m'enrage le plus, dans le projet de loi , c'est que les conservateurs veuillent interdire à Élections Canada de faire la promotion du droit de vote. C'est quand même assez inquiétant, car le taux de participation est en baisse depuis des années.
Ainsi, le principal corps qui organise le scrutin dans notre pays ne pourra pas dire aux gens qu'il serait bien qu'ils aillent voter, que leur voix compte et qu'on a besoin d'eux. Non, tout ce qu'on pourra leur dire, c'est l'emplacement de leur bureau de vote. Élections Canada n'aura plus le droit de promouvoir l'exercice du droit des citoyens de se prononcer et d'avoir leur mot à dire en ce qui concerne la représentation et la gouvernance de leur pays. Cela doit faire l'affaire de quelqu'un. Cela doit avantager des gens qui ne comptent pas sur la mobilisation citoyenne et sur le goût des gens de voir du vrai changement dans ce pays.
Il est particulièrement odieux d'utiliser de fausses déclarations à la Chambre pour justifier un projet de loi de réforme électorale qui n'a fait l'objet d'aucune consultation publique, ni avec les partis d'opposition ni avec le directeur général des élections, et encore moins avec les citoyens de notre pays.
Pour le NPD, c'est inacceptable. Nous allons nous tenir debout contre cela.
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Monsieur le Président, je suis très heureuse de me lever aujourd'hui à la Chambre pour ce débat. En effet, j'estime qu'il revêt une très grande importance pour l'avenir de la démocratie du pays.
Le 6 février dernier, lors d'un discours prononcé à la Chambre des communes, le député de a rapporté avoir été personnellement témoin d'actes de fraude électorale. Il s'agit-là d'une importante accusation. Il a déclaré:
En fait, j'ai vu de mes propres yeux des gens ramasser des cartes de vote qui ne leur étaient pas destinées, puis se rendre au bureau de campagne du candidat qu'ils appuient et les remettre à d'autres personnes, qui, à leur tour, communiquent avec les bureaux de scrutin où ils ont des amis qui peuvent se porter garants pour eux, sans qu'ils n'aient à présenter de pièce d'identité.
Je pense que notre collègue de a porté une accusation très grave. Quelques semaines plus tard, le 24 février, le député s'est réveillé et a modifié sa version des faits. Il a affirmé qu'en fait, il n'avait pas vraiment été un témoin oculaire direct de ce qu'il avait précédemment rapporté. Il a indiqué avoir pris connaissance de ces histoires alors qu'il était employé dans le secteur de la location de logements. C'est d'ailleurs pour cette raison que le 25 février, mon collègue, le , a soulevé une question de privilège. Il a affirmé que le député avait délibérément induit la Chambre en erreur. Je pense effectivement que c'est ce que le député a fait.
Que peut-on penser de ces propos totalement contradictoires sortant de la bouche d'un député? En tant que représentant des citoyens de sa circonscription, il devrait veiller, plus que n'importe qui d'autre, à ce que ses paroles et ses actes respectent l'éthique que tous les Canadiens sont en droit de s'attendre de la part d'un membre élu du Parlement.
Je n'aimerais pas être à la place de ses employés présentement. J'ai un devoir envers les citoyens de ma circonscription, que je représente tous les jours à la Chambre. Je suis ici pour porter leur idéaux et leurs valeurs, et informer la Chambre de ce que pensent les citoyens. Si j'avais raconté de fausses histoires à la Chambre des communes, j'imagine que plusieurs citoyens appelleraient mon bureau, m'enverraient des courriels ou m'écriraient sur Facebook. Je pense que ça doit être assez hallucinant pour ses employés. Le député a effectivement décidé que ce qu'il a dit à la Chambre n'était plus la vérité. Il a décidé cela deux semaines et demie plus tard.
Je ne sais pas ce qui s'est passé. L'accusation était assez grave. Il accusait des gens d'avoir fraudé lors des élections. Il a peut-être compris avoir été un peu loin. Pourtant, depuis deux jours, nos collègues conservateurs disent que ce n'est pas grave. Il n'a pas dit la vérité, mais puisqu'il s'est excusé, on balaie ça sous le tapis, on n'y pense plus et on passe à autre chose.
C'est vrai que j'aimerais parler de choses très importantes, dont la situation en Ukraine ou l'économie. Hier, on était censés tenir un débat sur la sécurité alimentaire, un sujet très important. Finalement, on se retrouve à parler de cette histoire. Je trouve aussi qu'on en parle longuement, mais je pense que c'est très important. On est en train de parler de la démocratie de notre pays et de ce qui se passe au Parlement canadien.
Hier, le 3 mars, le Président de la Chambre a donné raison à mon collègue du NPD, en indiquant clairement que le député avait fait de fausses déclarations, et ce, en toute connaissance de cause et dans l'intention d'induire la Chambre en erreur. Il a délibérément raconté quelque chose de faux à la Chambre.
Avant de parler, il faut penser. Plus tôt, mon collègue, le , a dit que si on s'excusait 18 jours plus tard, ce n'était pas grave.
Je voudrais raconter une anecdote. J'ai eu connaissance d'un cas lié à l'immigration dans mon comté il y a quelques semaines. La dame venait de Russie. Quand elle est arrivée au Canada, on lui a demandé quelle était sa situation. On lui a demandé si elle était mariée, si elle vivait en union de fait ou si elle était célibataire. L'union de fait n'existe pas dans tous les pays du monde. Elle a donc inscrit qu'elle était célibataire. Une semaine plus tard, elle réalise qu'elle vivait en union de fait. Elle voulait corriger son erreur, mais elle n'a pas pu le faire.
Il y a donc des occasions où il faut être conscient de ce qu'on dit et de ce qu'on fait. On est des parlementaires. On parle au nom des Canadiens. Je ne vois pas pourquoi on a dit à cette femme qu'elle ne pouvait pas changer ça. Ça a été le bordel de pouvoir changer son formulaire. Ici, on a un député qui s'excuse, qui dit ne pas avoir fait exprès, être désolé, avoir sorti cette histoire pour aider son parti, mais que ce n'est pas vrai. Il s'excuse. « I misspoke » a-t-il dit. On veut maintenant passer à autre chose.
Je pense et j'espère qu'on est plus sérieux que ça. Je trouve que c'est une farce et que c'est important d'en parler. C'est important d'aller voir en comité pourquoi ce député a fait ça.
On en parle depuis hier. Le député était présent à la Chambre hier. Il ne s'est jamais levé pour se défendre, pour poser une question, pour dire qu'on devrait peut-être enquêter davantage. Il n'a rien dit.
Je veux rappeler ici que trois conditions doivent être remplies pour qu'une personne soit accusée d'avoir induit la Chambre en erreur. Le député a rempli ces trois conditions. La première, c'est que la personne fasse une fausse déclaration. La deuxième, c'est que la personne soit au courant que cette déclaration est fausse au moment où elle la prononce. Comme c'était inventé de toutes pièces, le député était au courant que c'était faux au moment où il a parlé. La dernière condition, c'est que la personne veuille sciemment induire l'assemblée des personnes présentes en erreur. On a déjà vu ça dans le passé. Si le député s'est levé pour dire que ce n'était pas vrai, il savait pertinemment qu'il voulait induire l'assemblée en erreur.
Le député de a donc commis un tel outrage, puisqu'il a déclaré avoir vu de ses propres yeux ce qu'il a décrit, alors qu'il était parfaitement conscient que ce qu'il venait de dire ne correspondait pas à la réalité des événements.
Comme on l'a dit plus tôt, il ne l'a pas dit juste une fois. Il a dit une deuxième fois qu'il avait vu ces fraudes. Ce député avait donc clairement l'intention de tromper les personnes de l'assemblée devant lui. Il s'agit là d'un problème de la plus haute importance qui touche directement au coeur de notre démocratie et au respect des institutions les plus importantes de notre pays.
Il a délibérément choisi de présenter comme des faits établis des éléments d'information qu'il savait erronés, afin de justifier l'adoption d'un projet de loi du gouvernement qui priverait une partie des Canadiens de leur droit de vote.
On pourrait parler de choses beaucoup plus sérieuses. J'aimerais beaucoup mieux parler du projet de loi et de son contenu que de parler de ça, mais c'est ce qui est arrivé.
En outre, les conservateurs nous accusent de perdre du temps. Je m'excuse, mais ce n'est pas à cause de moi qu'on est en train de discuter de ça. C'est à cause d'un de leurs collègues qui s'est levé à la Chambre, au début du mois de février, et qui a dit complètement n'importe quoi. Si je me levais et que je disais n'importe quoi, j'espère que mes collègues me rappelleraient à l'ordre et me diraient que je représente des gens et que je dois me lever pour dire la vérité.
Il a présenté des éléments d'information dans le but de justifier les raisons qui ont motivé le gouvernement à présenter un projet de loi de réforme électorale qui met fin au système des répondants, et que des dizaines de milliers de Canadiens utilisent à bon escient. Il l'a fait en sa qualité de député. Nous n'avions donc, à priori, aucune raison de croire que ce n'était pas vrai. En faisant cette déclaration, le député était parfaitement conscient que son statut de représentant élu au Parlement fédéral était une garantie de la véracité de ses propos aux yeux des Canadiens.
Alors, pourquoi avoir commis un tel outrage envers les citoyens de notre pays? Je ne comprends pas.
Toutefois, je pense que la raison est simple. Le député de a inventé des preuves pour appuyer les efforts du gouvernement visant à éliminer, dans le cadre du projet de loi , le système d'identification par un pair. Je trouve triste qu'on utilise de telles manoeuvres pour faire adopter un projet de loi.
Ça n'a sans doute pas échappé à l'attention de bon nombre de personnes que les conservateurs sont prêts à utiliser tous les moyens possibles pour arriver à s'approprier la prochaine élection. C'est ce qui est en train de se passer.
Le député a parlé d'un des aspects du projet de loi . Il a voulu mettre en avant une prétendue faille inventée de toutes pièces, afin de manipuler l'opinion que les députés et les Canadiens pourraient se faire du projet de loi C-23, défendu par les conservateurs.
Le seul but du député était de conforter la pertinence du projet des conservateurs d'abolir le système d'identification par un pair, qui a permis à plus de 100 000 Canadiens de voter lors des élections de 2011.
Je vais conclure en disant que c'est très important d'envoyer cet enjeu en comité afin qu'on puisse faire la lumière sur cette affaire et qu'on sache ce qui s'est passé durant ces 18 jours.
En effet, quand on en a parlé, certains députés ont argué qu'il ne faudrait absolument pas faire peur aux députés et qu'ils ne veuillent plus se lever et s'excuser. Toutefois, le député ne s'est pas levé le lendemain, mais 18 jours plus tard, et c'est ce qui est problématique. Je crois donc qu'il faut étudier cela en comité.
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Monsieur le Président, normalement, je dirais que je suis heureux de participer au débat, mais je ressens plutôt de l'inquiétude. Le député de est une personne que j'ai appris à connaître et pour qui j'ai beaucoup de sympathie. Il devient donc difficile de parler de sa conduite à la Chambre.
J'aurais préféré que le gouvernement permette tout simplement le renvoi de cette affaire au comité, qui aurait pu s'occuper de la question il y a longtemps. Le comité aurait pu prendre une décision et faire une recommandation à la Chambre. Ainsi, nous n'aurions pas, comme l'a dit le leader du gouvernement à la Chambre, passé deux jours à parler de cette question qui a fini par se centrer sur le député de .
Évidemment, le débat est public. Il est télévisé. Il est diffusé sur CPAC. Les gens peuvent le regarder sur Internet. Les réunions du comité sont accessibles sur Internet, mais elles sont moins accessibles que cette tribune.
N'aurait-il pas été généreux de la part du gouvernement, dont le député fait partie, de confier ce dossier au comité? C'est ce que proposait la décision du Président. Le croyait judicieux de se pencher sur la question et de la résoudre ailleurs.
Voilà que nous examinons la question à la Chambre en présentant sans cesse les mêmes faits; cela n'aide en rien le député de . Cependant, le gouvernement ne nous a donné aucun autre choix. C'est le seul moyen qu'il nous a donné.
Un ministériel a dit qu'on peut parfois mal s'exprimer à la Chambre. Je me suis alors demandé quand cela se produit. L'ai-je déjà fait en tant que député? C'est ce qui m'est arrivé lundi, lors du débat sur le , projet de loi d'initiative ministérielle portant sur l'agriculture.
Je m'en suis aperçu de deux façons. Je ne m'étais pas rendu compte que je m'étais mal exprimé. En voulant parler de l'UPOV de 1991, j'ai parlé de la convention internationale pour la protection des végétaux de 1929. J'ai interchangé les nombres 91 et 29.
Plus tard dans le débat, en me posant une question, le m'a signalé que je faisais erreur et que je parlais en fait d'une très vieille convention. C'est alors que j'ai compris que j'avais fait un lapsus et que je m'étais trompé de date. C'est ça, faire un lapsus.
Les responsables du hansard m'ont envoyé un courriel. Je l'ai ici. Ils me demandaient des précisions sur ce que j'avais dit. Je le lis:
Pouvez-vous confirmer que [le député de Welland] parlait bien de la Convention internationale de 1929 pour la protection des obtentions végétales (Rome), ou qu'il voulait plutôt parler de la Convention de l'UPOV de 1991? Merci de nous transmettre la réponse [...]
Bien sûr que je parlais de la Convention de l'UPOV de 1991, et non de la Convention internationale pour la protection des obtentions végétales, qui date de 1929 et qui a été abrogée bien longtemps avant ma naissance. Je commence à me faire vieux, mais pas tant que ça.
Voilà donc un exemple de quelqu'un — moi en l'occurrence — qui commet un lapsus parce qu'il s'est trompé de date. J'ai dû me reprendre, mais je n'avais pas besoin de m'excuser. Je m'étais simplement trompé de date, et il suffisait que je rectifie le tir pour que tout le monde sache de quoi il était question exactement, c'est-à-dire le projet de loi et la Convention de l'UPOV de 1991.
Alors, quand le gouvernement, pour défendre son député — ce que je comprends très bien et qui est au demeurant tout à fait admirable —, nous dit qu'il a fait un lapsus, je trouve que c'est extrêmement difficile à croire. Disons qu'il pousse notre crédulité à sa limite.
Voici les paroles exactes du député en question. Je les cite textuellement, parce que je tiens à attirer l'attention des députés sur certains passages afin qu'ils comprennent bien qu'il ne pouvait pas s'agir d'un lapsus.
Voici ce qu'a déclaré le député de le 6 février 2014: « Monsieur le Président, j'aimerais revenir un peu sur le système de recours à un répondant. Je sais que la ministre représente une ville urbaine. Pour ma part, je viens d'une région semi-urbaine de Mississauga » — et voici le passage que je veux mettre en évidence — « où l'on trouve de nombreuses tours d'habitation. »
Il a insisté sur ce fait. Il savait qu'il y a beaucoup de tours d'habitation dans sa région.
Il a ajouté:
Le jour où les cartes de vote sont distribuées dans les boîtes postales communautaires de ces immeubles, la plupart d'entre elles finissent par être jetées aux poubelles ou dans les bacs bleus.
Il savait qu'elles finissaient soit dans les poubelles ou dans le recyclage. Il a ensuite ajouté:
En fait, j'ai vu de mes propres yeux des gens ramasser des cartes de vote qui ne leur étaient pas destinées, puis se rendre au bureau de campagne du candidat qu'ils appuient et les remettre à d'autres personnes, qui, à leur tour, communiquent avec les bureaux de scrutin où ils ont des amis qui peuvent se porter garants pour eux, sans qu'ils n'aient à présenter de pièce d'identité.
Je tiens à souligner qu'il a déclaré l'avoir vu de ses propres yeux et qu'il savait que les cartes finissaient soit dans les poubelles ou dans le bac gris, car en Ontario le bac utilisé pour le papier est gris. Il a fait une déclaration très détaillée et a affirmé connaître les personnes qui ont récupéré les cartes dans les poubelles et les bacs. Ce n'étaient pas des étrangers, mais des travailleurs de campagne. J'admets qu'il ne précise pas s'il s'agit de travailleurs de campagne conservateurs, libéraux ou d'une autre allégeance politique. Il a simplement dit « travailleurs de campagne ». Nous n'avons pas obtenu d'informations décisives à ce sujet. Le comité pourrait lui demander qui étaient ces travailleurs de campagne et ce qu'il a effectivement vu.
Il savait que ces personnes s'étaient rendues dans les bureaux de scrutin. Elles ont eu recours à des répondants pour voter. Il était au courant de tout cela. Cela n'a rien avoir avec ce que j'ai mentionné plus tôt, au sujet de mon lapsus concernant la date lors du débat sur le projet de loi . Il est important de donner la bonne date, mais je n'ai pas induit la Chambre en erreur lorsque j'ai dit que la convention avait été signée en 1929 alors que, dans les faits, elle a été signée en 1991. Ces situations sont incomparables.
Pour faire valoir mon argument encore plus clairement, je tiens à souligner que le député de a répété son histoire. Il l'a racontée d'une manière un peu différente, mais sa teneur était essentiellement la même. Voici ce qu'il a affirmé.
J'ai posé une question cet après-midi à la ministre d'État à la Diversification de l'économie de l'Ouest. Je pense que mon collègue d'York-Sud-Weston sera en mesure de comprendre, parce qu'il y a beaucoup d'immeubles à appartements dans sa circonscription, tout comme dans la mienne.
Je veux attirer votre attention sur ce qu'il a dit ensuite.
Je tiens à raconter quelque chose que j'ai vu de mes propres yeux. Le jour où les cartes d'information de l'électeur sont distribuées par la poste, des gens, lorsqu'ils retournent à la maison, prennent ces cartes et les jettent aux poubelles. Or, j'ai déjà vu des travailleurs de campagne électorale ramasser une dizaine de ces cartes. Pourquoi font-ils ça? Parce qu'ils les remettent ensuite à des gens qui iront voter illégalement grâce à un répondant. Il faut mettre un terme à cette pratique.
Le projet de loi mettrait un terme à cette pratique. Il éliminerait le recours aux répondants et empêcherait un tel problème de se reproduire, Les gens pourraient ramasser toutes les cartes qu'ils veulent, et cela ne serait pas important parce qu'ils ne pourraient plus répondre d'électeurs. Nous nous débarrasserions des cartes, et cela n'aurait plus d'importance.
Je ne crois pas que le député se soit mal exprimé. Il a inventé cette histoire, et il a décidé par la suite de dire à la Chambre qu'il n'avait jamais été témoin de ce qu'il avait raconté. Il n'a pas dit à la Chambre qu'il s'était mal exprimé et que cette situation ne s'était pas produite dans un immeuble à appartements, mais ailleurs. S'il l'avait fait, on pourrait dire qu'il s'était mal exprimé. On pourrait aussi affirmer qu'il s'était mal exprimé s'il avait dit ceci: « Je ne savais pas s'il s'agissait de travailleurs de campagne électorale, mais j'ai vu des gens prendre ces cartes. » S'il avait dit qu'il n'était pas certain si les gens avaient jeté les cartes aux poubelles ou dans une boîte grise, mais qu'ils les avaient jetées, on pourrait dire encore une fois qu'il s'était mal exprimé. Cependant, il a décrit la situation de manière détaillée. Il a souligné que la situation s'était produite dans un immeuble à appartements, le jour où les cartes d'information de l'électeur sont distribuées par la poste, et que les gens avaient jeté ces cartes.
Le député a déclaré qu'il avait été témoin de cette situation, qu'il l'avait vue de ses propres yeux, ce qui signifie donc qu'il était bel et bien là. Il fallait donc qu'il se trouve à cet endroit le jour où le courrier a été distribué pour voir ces résidents, ce qui signifie qu'il aurait dû passer du temps là-bas.
Après avoir fait cette déclaration une première fois, on aurait pu croire que si le député s'était réellement mal exprimé, il se serait dit que ses propos n'étaient pas réellement ou entièrement exacts. Si c'est effectivement le cas, pourquoi les a-t-il répétés? S'il a de nouveau dit la même chose, en employant pratiquement les mêmes termes, cela nous laisse devant deux possibilités.
On pourrait d'abord penser qu'il avait des notes d'allocution. Je ne veux pas dire par là que c'est une pratique courante au sein d'un parti plus qu'au sein d'un autre. Beaucoup d'entre nous utilisent des notes.
Si le député a été autorisé à comparaître devant le comité, nous pourrions lui demander si un membre du personnel du Cabinet du premier ministre lui a remis des notes d'allocution en lui disant de présenter cette histoire comme s'il en avait lui-même été témoin, alors que ce n'était pas vraiment le cas. Peut-être que le député s'est ensuite rendu compte qu'il avait décrit une situation dont il n'avait pas réellement été témoin, même si elle figurait dans ses notes d'allocution, et qu'il devrait rétablir les faits. Le député était peut-être contrit et il a peut-être pensé qu'il n'aurait pas dû agir ainsi, et il s'est donc rétracté.
Je crois qu'il serait légitime de poser cette question au député. Cela dit, nous n'en aurons pas l'occasion, car nous sommes en train de débattre de la question, et le gouvernement pense que c'est suffisant.
Cela m'amène à parler de la position adoptée par le leader du gouvernement à la Chambre. Selon lui, le fait de raconter cette histoire n'était pas trompeur, dans la mesure où personne n'a délibérément été induit en erreur, même si c'est en quelque sorte ce qui est arrivé.
Essentiellement, voici ce que le a déclaré dans cette enceinte:
Il arrive assez souvent que des erreurs se glissent dans nos conversations...
— je pense l’avoir clairement dit —
[…] Je peux facilement comprendre que le député se soit trompé à propos des cartes de vote. En fait, j’imagine que la plupart des députés ont entendu des anecdotes semblables provenant de diverses sources.
Le affirme donc que tout le monde a entendu des histoires de ce genre concernant les cartes de vote qui seraient ramassées. D'après lui, tout le monde a entendu parler de cela.
Il ajoute:
— il s’agit bien entendu du ministre, du leader du gouvernement à la Chambre —
[…] entendu des anecdotes racontées par d’autres, mais je n’ai pas été moi-même témoin de la situation. C’est une chose d’entendre une anecdote une fois, mais c’en est une autre de l’entendre fréquemment, car l’histoire prend alors un caractère réel et on croit que c’est ce qui se passe vraiment.
Autrement dit, si on a entendu une histoire de nature anecdotique à plusieurs reprises, on peut en conclure qu’elle est vraie. Elle doit être vraie puisqu’on l’a entendue plus d’une fois. J’aimerais bien que ce soit vraiment le cas car alors mes amis d’en face n’auraient qu’à dire: « Nous savons que vous mesurez six pieds; nous savons que vous mesurez six pieds » pour que j’aie effectivement une taille de six pieds.
Eh bien, ce n’est pas vrai. Le fait qu’on ait entendu une anecdote ne la rend pas réelle, même si on l’a entendue cent fois. Fonder une mesure législative sur des anecdotes ne peut aboutir qu’aux pires lois possibles. Prétendre qu’une anecdote est vraie et qu’il faut changer la loi parce que nous savons que cela arrive car quelqu’un nous l’a dit serait insensé. Mais voilà, comme quelqu’un dit que ces choses se produisent, nous devons interdire carrément la pratique en question. Oui, on nous l’a dit.
En toute franchise, cela dépasse l’entendement. Comment un gouvernement peut-il déposer un projet de loi fondé sur des renseignements anecdotiques et laisser entendre que ces données sont claires, précises et véridiques? Voilà un gouvernement qui nous dit souvent, surtout dans le secteur agricole, que les choses doivent être basées sur des données scientifiques solides. Maintenant, il suffira que ce soit basé sur de bonnes anecdotes. Maintenant, tant que l’anecdote est bonne et qu’on l’a répétée assez souvent, on considérera qu’elle est vraie.
On aura beau les réciter à répétition, les fables d'Ésope demeureront toujours des fables. Elles ne seront jamais vraies. Elles seront des fables. Les mythes, qu'ils soient urbains ou de l'ancien temps, ne sont pas autre chose que des mythes. Un mythe est un mythe, peu importe le nombre de fois qu'on le répète, peu importe que ce soit un mythe urbain ou une autre sorte de mythe; il ne sera jamais vrai.
Quant au fait que le député ait présenté des excuses, je dois admettre que je l'en félicite, mais ses excuses ne changent rien au fait qu'il est venu à la Chambre et qu'il a littéralement explicité en détail ce qu'il dit avoir vu personnellement, non pas une fois, mais deux fois. Il a maintenu sa version des faits. Il ne s'est pas rétracté ce jour-là, et il n'a pas dit: « Oh, Seigneur, je pense que j'ai raconté là une petite anecdote. Je devrais retourner à la Chambre et dire que ce n'est pas une histoire vraie. Je n'ai pas vraiment été témoin de cela. Je l'ai plutôt entendu dire. »
Il l'a fait beaucoup plus tard. Il est louable qu'il se soit rétracté, mais cela n'efface pas ce qu'il a fait la première fois.
Nous sommes nombreux à être très souvent désolés de certains gestes que nous avons posés, mais quand on pose des gestes, il y a des conséquences.
Le gouvernement nous dit toujours, quand il s'agit de mesures législatives dans le domaine criminel, que les gens doivent assumer la responsabilité de leurs actes et que si leurs actes sont tels qu'ils méritent une punition quelconque, alors c'est ce qu'ils méritent. Je dois parfois hocher la tête en signe d'assentiment, quoique pas toujours, bien sûr. Il y a parfois des circonstances atténuantes.
Dans ce cas particulier, le député devrait comparaître devant le comité. C'est ce que le Président de la Chambre attend de nous. À mon humble avis, c'est ce que le Président a dit que nous devrions probablement exiger. Je ne veux pas lui faire dire ce qu'il n'a pas dit, que Dieu m'en garde, mais à mon humble avis, c'est ce qu'il essayait de nous dire, parce que ce qui est en cause, c'est ce que nous nous disons entre nous, et ce que nous disons aux Canadiens.
Cela m'attriste de le dire, mais quand on demande aux Canadiens de faire un classement des professions, malheureusement, nous ne figurons pas en haut de la liste. Très souvent, malheureusement, c'est à cause de comportements comme celui auquel nous assistons dans cette affaire que nous ne sommes pas en tête de la liste.
C'est aussi à cause de la période des questions. C'est très souvent juste à cause de la période des questions. Cependant, le débat actuel porte sur le fait d'induire la Chambre en erreur. Qu'est-ce que cela donne, pour ceux qui suivent le débat et ceux qui le regardent à la télévision? Ils haussent les épaules en disant: « À quoi d'autre peut-on bien s'attendre de leur part? Voilà ce qu'ils font. De toute façon, ils ne disent pas vraiment la vérité. »
La seule chose que nous ayons, ce sont les mots que nous utilisons. Ce sont les outils de notre métier. Les paroles que nous nous adressons mutuellement et que nous partageons sont les outils de notre métier. Pour la Chambre, la seule façon de fonctionner consiste à veiller à ce que les propos et les échanges de nature partisane et autre demeurent acceptables. C'est pour cela que le Président occupe le fauteuil et joue un rôle d'arbitre: pour veiller à ce que nous restions dans les limites raisonnables et que l'échange de propos soit acceptable.
Ce qui n'est pas acceptable, c'est d'induire la Chambre en erreur. C'est pourquoi il existe des règles. Elles existent pour une bonne raison. Elles empêchent que l'on nous soumette des projets de loi fondés sur des mythes, des faussetés, des anecdotes ou des histoires qui n'existent pas dans la vraie vie, de façon qu'on ne puisse pas les invoquer pour dire: « Il faut agir ainsi parce que c'est une histoire vraie ».
Tandis que le gouvernement se flatte de fonder son action sur des données scientifiques et des preuves, qu'il ne parle que de vérités mesurables, quantifiables et qualifiables, lorsqu'il s'agit de qualifier les propos du député de , on est malheureusement bien loin du compte, et le Président a été très clair à ce sujet.
Il nous incombe donc maintenant, même si c'est difficile, même si c'est désagréable pour notre collègue et pour nous, de renvoyer l'affaire au comité, où notre collègue devra faire face aux conséquences des décisions qui seront prises en fonction de sa conduite, et non pas de la nôtre; c'est sa conduite qui a déclenché tout le processus. Ensuite, les décisions du comité et leurs conséquences seront soumises à la ratification de la Chambre.
Ce n'est pas nous qui avons enclenché cette procédure. Ce sont les propos qu'il a tenus ici même, qui nous ont lancés sur cette voie, dont la destination finale, même si ce n'est pas celle qu'on souhaitait au départ, est le renvoi de l'affaire au comité, où le député aura l'occasion de répondre aux questions. À partir de là, le comité en viendra à une résolution. Et c'est alors qu'on pourra enfin tirer la conclusion de l'affaire.
:
Monsieur le Président, c'est avec fierté que je prends la parole aujourd'hui dans ce dossier. Vous aurez donc entendu deux petits Écossais l'un après l'autre.
J'aimerais revenir sur le sujet dont il était question quand le député de a fait les déclarations qui ont donné lieu au débat d'aujourd'hui. Il soulignait alors qu'il peut y avoir certains risques à permettre aux bureaux de scrutin d'accepter la carte d'identité de l'électeur comme preuve d'identité.
Ici à Ottawa, il nous arrive trop souvent d'oublier la vue d'ensemble quand nous examinons une question. Les Canadiens souhaitent que nous gardions à l'esprit qu'ils nous ont élus pour adopter des lois. Nous devons donc adopter de bonnes lois; c'est la moindre des choses.
Nous adoptons des lois qui visent à régler des problèmes et des méfaits connus. La situation problématique à la source des déclarations qui ont mené au débat de ce soir demeure un sujet important, qui mérite discussion. Il ne faudrait pas l'oublier alors que nous nous concentrons sur le débat de ce soir.
J'aimerais d'abord parler du recours à un répondant. Le recours à un répondant pendant des élections fédérales comporte des risques réels, comme le montrent les données recueillies par les commissions mises sur pied par Élections Canada.
D'après le rapport Neufeld, un rapport commandé par Élections Canada qui porte sur les lacunes administratives constatées dans les bureaux de vote lors des élections de 2011, les procédures d'attestation de l'identité par un répondant sont complexes. On a constaté des irrégularités dans 25 % des cas où un électeur a eu recours à un répondant, donc dans un cas sur quatre.
Selon le rapport, même en augmentant les mesures d'assurance de la qualité, le problème persisterait. Il montre que l'attestation de l'identité par un répondant est une pratique risquée, qui peut donner lieu à un fort pourcentage d'irrégularités. Voici ce que dit le rapport à ce sujet:
Parmi toutes les procédures d'exception administrées aux bureaux de scrutin, l'attestation d'identité par un répondant est incontestablement la plus complexe: elle est entachée d'irrégularités dans 25 % des cas en moyenne. Pendant deux des quatre élections étudiées, des conseillers à la conformité sur place (CCP) ont surveillé les processus, ce qui n'a pas empêché le taux d'irrégularités d'atteindre 21 % dans les cas de répondants. Ainsi, l'amélioration des programmes d'assurance de la qualité ne suffit pas quand une procédure est indûment complexe.
Je le répète: malgré la présence de personnes qui avaient reçu une formation de conseillers à la conformité et surveillaient les activités, le taux d'irrégularités a atteint 21 %.
De toute évidence, les experts ont mis en lumière un problème qui risque, si nous ne le réglons pas, de mettre en péril l'intégrité d'un aspect central de la démocratie canadienne, un aspect qui mérite toute notre attention, la pureté du processus électoral.
Mon collègue de s'est excusé des propos qu'il avait tenus dans le cadre du débat et il a de plein gré corrigé le compte rendu, mais cela ne devrait pas minimiser ce qu'il essayait de faire valoir, parce que ses arguments revêtent une importance capitale dans le débat de ce soir. Le député souhaitait nous faire comprendre qu'il s'inquiétait pour l'intégrité du processus électoral, voilà le coeur de son intervention.
Voici une citation d'Hillary Clinton, ancienne sénatrice américaine: « Nul autre droit n'est plus précieux que le droit de vote, et nous avons l'obligation morale de protéger l'intégrité de notre processus électoral. »
Peu importe notre allégeance politique, nous comprenons tous que l'intégrité de notre processus électoral repose sur le fait que les Canadiens savent que leur vote compte: chaque électeur inscrit et identifié a droit de voter.
Si le système était vulnérable aux abus, alors le processus électoral même et notre démocratie seraient affaiblis et perdraient de leur sens. Voilà pourquoi nous avons besoin du projet de loi , Loi sur l'intégrité des élections: il répond à la menace qui planait sur l'intégrité de notre système électoral.
La Loi sur l'intégrité des élections interdirait purement et simplement le recours aux répondants et exigerait qu'Élections Canada informe les électeurs des pièces d'identité qui seraient acceptées aux bureaux de scrutin; ainsi les électeurs sauraient d'avance ce dont ils auraient besoin pour voter.
Le rapport Neufeld révèle le nombre considérable d'irrégularités associées à la pratique désuète qu'est l'attestation d'identité par un répondant. En outre, nous savons que ces irrégularités ont mené d'emblée à des contestations judiciaires et à des controverses, ce qui ne fait que miner d'autant plus la confiance des Canadiens dans notre système électoral démocratique.
Tout comme le système de recours à un répondant, les cartes d'information de l'électeur ouvrent la porte à d'éventuels abus et minent l'intégrité du processus électoral depuis qu'elles ont été acceptées, dans le cadre d'un projet pilote, comme pièce d'identité. C'était au coeur des préoccupations formulées par mon collègue de .
Avant ce projet pilote mené au cours de récentes élections, les Canadiens votaient sans utiliser un carte d'information de l'électeur comme preuve d'identité et de résidence. Il est donc faux de prétendre qu'interdire la carte d'information de l'électeur comme preuve d'identité au scrutin déstabiliserait le processus démocratique. Si c'était vrai, toutes les élections tenues au Canada avant l'utilisation de cette carte seraient illégitimes et leurs résultats, faussés. Selon moi, cet argument ne tient pas la route.
Cependant, depuis 2011, les médias rapportent que l'utilisation de cartes d'information de l'électeur comme pièce d'identité présente un risque de fraude électorale. Les votes illégaux constituent un problème grave. Les cartes d'information de l'électeur comportent souvent des erreurs qui pourraient permettre à ceux qui souhaitent contourner la loi électorale de s'en servir pour voter plus d'une fois ou dans plus d'une circonscription.
Le site Web d'Élections Canada définit la carte d'information de l'électeur comme étant une carte portant le nom et l'adresse d'une personne. Elle prouve que quelqu'un est sur la liste électorale et précise où et quand aller voter. Dans le cadre d'élections fédérales, le directeur de scrutin de chaque circonscription envoie une de ces cartes à chacun des électeurs dont le nom apparaît sur la liste électorale préliminaire.
Voilà qui nous ramène au vice grave que mon collègue, le député de , voulait nous signaler. Nous avons besoin de la Loi sur l'intégrité des élections, parce qu'elle interdirait l'utilisation de cartes d'information de l'électeur comme pièce d'identité acceptable et exigerait qu'Élections Canada communique aux électeurs les pièces d'identité qui seront acceptées au bureau de scrutin afin qu'ils sachent, avant de s'y rendre, quels documents ils doivent apporter.
Malgré ce changement, les Canadiens pourront choisir, parmi 39 autres pièces d'identité acceptables, le document qu'ils voudront présenter lorsqu'ils se rendront voter. Ils pourront choisir parmi toutes sortes de documents, et mon collègue, le député de , en était bien conscient lorsqu'il a fait sa déclaration.
Je veux m'assurer que les gens à la maison comprennent qu'ils pourraient utiliser un vaste éventail de pièces d'identité pour aller voter et que tout le monde aurait la possibilité de voter honnêtement et légitimement. Je vais donc énumérer quelques-unes des pièces d'identité qui seraient acceptées: permis de conduire, carte d'assurance-maladie; passeport canadien; certificat de citoyenneté canadienne; carte de citoyenneté; certificat de naissance; certificat du statut d'Indien; carte d'assurance sociale; carte d'identité de la Sécurité de la vieillesse; carte d'identité d'étudiant; carte d'identité provinciale ou territoriale; carte d'identité d'une société des alcools; carte d'hôpital ou de clinique médicale; carte de crédit ou de débit; carte d'identité d'employé; carte de transport en commun; carte de bibliothèque; carte d'identité des Forces canadiennes; carte d'identité des soins de santé d'Anciens Combattants Canada; carte de la Société canadienne du sang; carte d'identité de l'INCA; permis d'acquisition et de possession d'arme à feu ou permis de possession seulement; permis de pêche, de piégeage ou de chasse; carte ou permis relatif au plein air ou à la faune; bracelet d'hôpital porté par les résidants d'établissements de soins de longue durée; carte d'identité du libéré conditionnel; facture d'un service public (téléphone, télévision, commission des services publics, électricité, gaz ou eau); état de compte bancaire ou relevé de carte de crédit; document de propriété d'un véhicule.
Je crois que les députés commencent à saisir qu'aux prochaines élections, une fois que sera en vigueur la Loi sur l'intégrité des élections, les gens auront la possibilité d'utiliser un vaste éventail de pièces d'identité. Nul ne serait refusé aux urnes, car nous veillerions, et Élections Canada serait chargée de veiller, à ce que les gens sachent quelles pièces d'identité apporter au bureau de scrutin afin de pouvoir voter.
La présentation de pièces d'identité valides permettrait de vérifier le lieu de résidence des personnes qui se présentent aux bureaux de scrutin. Ainsi, nous aurions l'assurance d'avoir des élections justes où les citoyens votent comme il se doit en présentant une pièce d'identité adéquate. Je crois que les Canadiens ne méritent rien de moins.
:
Monsieur le Président, la troisième personne de suite qui se lève pour parler de cet aspect en particulier n'apporte pas grand-chose de neuf, n'est-ce pas?
Plus tôt aujourd'hui, j'ai posé une question à mon collègue de . Comme je l'ai mentionné, j'aurais aimé avoir plus de temps, car je veux qu'on règle cette question. Je veux qu'on fasse la lumière là-dessus.
Nous parlons ici de la question de privilège soulevée par mon collègue de , qui estime qu'il y a eu outrage au Parlement. Le a déterminé que la question mérite d'être examinée de plus près par le comité approprié. Une motion a été présentée. Une décision a été rendue. Le Président a ensuite invité le député de Skeena—Bulkley Valley à présenter la motion traditionnelle. C'est ce qui s'est passé. Le Président renvoie la question au comité.
Je trouve très curieux que depuis une journée et demie, les députés conservateurs qui prennent la parole à la Chambre — et qui, soit dit en passant, font valoir certains arguments et présentent les « faits », et j'insiste sur les guillemets — semblent être en désaccord avec le . Ils affirment qu'il n'y a pas eu outrage au Parlement et que personne n'avait l'intention d'induire qui que ce soit en erreur. Je viens tout juste d'entendre le député de dire qu'il pense que le député voulait défendre un principe et que, selon lui, il ne cherchait pas à induire la Chambre en erreur.
J'ai l'impression que ces députés sont en désaccord avec la décision du , qui a choisi de renvoyer la question au comité. Je ne comprends pas leur raisonnement ni les raisons qui le sous-tendent.
Cependant, les choses commencent à se préciser. Du point de vue de la procédure, je ne savais pas qu'il était possible de voter contre la décision du , mais maintenant, je comprends que c'est exactement ce qui se passe.
Aujourd'hui, les communications sont instantanées. Je peux lire certains articles dans les médias bien avant la parution des journaux le lendemain. Je vais citer un article du Globe and Mail, qui a été écrit par Josh Wingrove. Voici le premier paragraphe:
Le gouvernement conservateur a indiqué qu'il votera contre une motion visant à déterminer si l'un de ses députés a induit en erreur la Chambre des communes. Il s'oppose ainsi à la décision rendue par le Président, qui a jugé que la question mérite d'être étudiée de plus près, ne serait-ce que pour tirer les choses au clair.
C'est là que j'ai compris. Je saisis peut-être moins vite que d'autres mais, maintenant, j'ai compris qu'ils vont voter contre cette décision. C'est incroyable.
L'une des porte-parole du bureau du whip a dit que nous connaissons tous les faits dans ce dossier et que par conséquent, il n'y a pas matière à étudier la question en comité. Elle a aussi déclaré qu'il n'y a rien à gagner en renvoyant cette question au comité. J'aimerais aussi citer le leader du gouvernement à la Chambre, qui a déclaré ceci:
Ce qu'il faut se demander, c'est s'il est utile de le faire. Il n'y a aucun désaccord [...] On peut difficilement concevoir en quoi il pourrait être utile d'approfondir davantage la question.
Ils vont voter contre cette motion. Je trouve cela absolument incroyable.
Tout d'abord, le député de dit qu'il croit savoir ce que le député a voulu dire et qu'il n'a pas voulu nous induire en erreur. Si c'est ce qu'il croit, alors pourquoi ne pas tirer les choses au clair? Pourquoi ne pourrions-nous pas en parler pour comprendre ce qui s'est passé? Pourquoi a-t-il formulé ces commentaires? Quelle était son intention?
Revenons à ce qu'a dit le :
[...] la Chambre demeure saisie de deux déclarations entièrement contradictoires. Cela laisse les députés dans une position difficile, eux qui doivent pouvoir compter sur l’intégrité des renseignements qu’on leur fournit dans le cadre de l’exercice de leurs fonctions parlementaires.
Ce sont très peu de mots. Il ne s'agit que de deux phrases, mais celles-ci ont beaucoup de poids. Les députés « doivent pouvoir compter sur l’intégrité des renseignements qu’on leur fournit dans le cadre de l’exercice de leurs fonctions parlementaires ». Fonctions parlementaires. Parlement. Nous sommes précisément dans cette institution où nous utilisons des mots, où nous discutons et où nous débattons. C'est un endroit consacré à la parole.
Je sais qu'au Royaume-Uni, d'où est issue notre tradition parlementaire, il n'y a pas de compte-rendu papier. Tout est oral. Seules les paroles et l'intégrité comptent. C'est le Parlement.
Or, nous nous trouvons dans une situation où un député a porté atteinte non seulement à sa propre intégrité, mais aussi à celle du Parlement et à notre capacité de nous fier aux paroles prononcées, de leur accorder de l'importance et d'y croire.
J'estime que le Président a rendu la bonne décision. J'ignore quelle sera l'issue du vote. Peut-être qu'il y aura des francs-tireurs parmi les conservateurs, mais j'ai l'impression que ceux d'en face voteront contre, et ça me révolte.
Il y a autre chose qui me révolte. Je pense que nous arrivons à la fin du débat. Or, j'étais présente, hier, à son début. J'ai entendu la décision du Président, puis la réaction du . Lorsque le secrétaire parlementaire du leader du gouvernement à la Chambre des communes prend la parole, je considère qu'il s'exprime au nom du gouvernement. Ce n'était pas une intervention à titre personnel relativement à une motion d'initiative parlementaire; c'étaient les mots du gouvernement.
J'étais assise dans ce fauteuil même et j'en croyais à peine mes oreilles. J'ai beaucoup de respect pour le secrétaire parlementaire et je pense qu'il est un chic type, mais son argumentaire m'a pratiquement fait grimper dans les rideaux. À un certain moment du débat — j'ignore si vous l'aviez remarqué, monsieur le Président —, j'ai même levé les bras en jetant les hauts cris. Cela ne semble pas figurer dans le hansard, mais je l'ai bel et bien fait, car je n'en revenais pas d'entendre un argumentaire aussi grotesque de la bouche du secrétaire parlementaire.
J'ai maintenant l'occasion de déconstruire cet argumentaire, comme je rêvais de le faire. Le secrétaire parlementaire a commencé par dire ceci:
[...] on a dit certaines choses à la Chambre cet après-midi qui, selon moi, sont inexactes, et je voudrais rectifier les faits.
C'est un objectif louable, mais le secrétaire parlementaire a-t-il effectivement rectifié les faits? J'en doute parce qu'il a ensuite dit:
L'autre chose que je voudrais souligner, et je crois que je n'apprendrai rien aux députés, du moins aux plus expérimentés, [...] tous les députés, sans exception, sont à l'occasion portés à déformer quelque peu la réalité dans leurs propos, pour l'embellir ou l'exagérer. Devons-nous encourager cela? Certainement pas. Est-ce que cela se produit fréquemment? Absolument.
Donc, il a parlé des gens qui déforment la réalité, qui l'embellissent ou qui exagèrent. Il a posé la question: devons-nous encourager cela? « J'ai exagéré. Je suis prêt à l'admettre devant la Chambre des communes. » Mais voyons plutôt ce qu'a dit le député de :
En fait, j'ai vu de mes propres yeux des gens ramasser des cartes de vote qui ne leur étaient pas destinées, puis se rendre au bureau de campagne du candidat qu'ils appuient et les remettre à d'autres personnes, qui, à leur tour [...]
Il est peut-être capable de voir à travers les murs:
[...] communiquent avec les bureaux de scrutin où ils ont des amis qui peuvent se porter garants pour eux, sans qu'ils n'aient à présenter de pièce d'identité.
Et il ajoute ceci, en s'adressant au ministre:
Je tiens à raconter quelque chose que j'ai vu de mes propres yeux.
Il ne s'agit pas d'exagérer, de déformer ou d'embellir les faits. Il s'agit de prétendre avoir vu des actes qui n'ont pas vraiment eu lieu.
Je reviens au discours du secrétaire parlementaire, qui a déclaré ceci:
Selon moi, des déclarations de ce genre sont peut-être trop fréquentes au Parlement. Mais devrait-on les considérer comme un outrage? Le député d'en face continue de soutenir que oui, mais je crois qu'il fait fausse route. Le Président a simplement confié ce dossier au comité pour qu'il l'examine.
Je reviens maintenant à ce que le Président a dit:
[...] la Chambre demeure saisie de deux déclarations entièrement contradictoires. Cela laisse les députés dans une position difficile, eux qui doivent pouvoir compter sur l'intégrité des renseignements qu'on leur fournit dans le cadre de l'exercice de leurs fonctions parlementaires.
Les députés devraient se faire à l'idée qu'ils m'entendront encore beaucoup leur rappeler ces deux extraits. Le secrétaire parlementaire a dit encore ceci:
Le problème qui se pose maintenant, c'est que le député de Mississauga-Streetsville pourrait se voir imposer des sanctions parce qu'il a repris la parole pour rectifier ses propos erronés.
Ce n'est pas ça, le problème qui se pose. C'est plutôt que ce type risque seulement une petite tape sur les doigts alors qu'à deux reprises, il a affirmé dans cette enceinte qu'il avait « vu de ses propres yeux » des individus en train de commettre de tels actes. C'est incroyable.
Et le secrétaire parlementaire d'ajouter:
Si on punit les gens pour une correction, la vérité risque de rester souvent cachée sous le tapis.
Quoi? Comment la vérité peut-elle rester cachée sous le tapis si les déclarations n'étaient pas fondées sur la vérité?
Si un député déclare à la Chambre qu'il n'a pas vraiment été témoin de tels agissements, comment est-il possible de cacher la vérité sous le tapis en l'exposant? Comment cacherions-nous la vérité sous le tapis en renvoyant la question au comité et en posant les questions suivantes au député de : « Que s'est-il passé? Dites-nous, dans vos propres mots, ce qui s'est passé. Étiez-vous emballé à l'idée de faire ces déclarations? Vouliez-vous contribuer au débat? Vouliez-vous attirer l'attention du ? »
En fait, il faut que nous ayons cette discussion au comité. Je ne pense pas du tout qu'on essaie de cacher la vérité sous le tapis.
Le secrétaire parlementaire enchaîne, mais il dit tellement de choses que je vais passer à un autre point, plus loin dans son intervention.
Voici ce qu'il dit:
Mes collègues d'en face ne cessent d'affirmer que la présidence a jugé que le député a menti, ce qui n'est pas le cas. Ils devraient peut-être rétablir les faits parce que la présidence n'a pas conclu que le député de Mississauga-Streetsville avait délibérément induit la Chambre en erreur.
Autrement dit, le Président n'a pas jugé que le député avait menti, mais tout simplement que le comité devrait examiner la question et essayer d'élucider les observations concernant sa déclaration du 6 février.
Je reviens au document que j'ai en main. Le Président a conclu qu'il y avait des déclarations contradictoires. Je ne crois pas que nous puissions insister suffisamment sur le fait que tout ce que nous avons, c'est notre intégrité et ce que nous disons à la Chambre. Les lois canadiennes sont créées grâce au Parlement, parce que nous pouvons prendre la parole et raconter les histoires de nos circonscriptions dans nos propres mots. Il serait à souhaiter que ces histoires soient vraies.
Le secrétaire parlementaire a ensuite déclaré ceci:
Même si je sais que l'opposition veut convaincre les Canadiens que mon collègue de Mississauga-Streetsville avait des raisons malhonnêtes de faire ces remarques, je vous suggérerais, ainsi qu'à tous les députés, qu'il a simplement fait ce que beaucoup d'entre nous avons fait par le passé: dans le feu du débat, il a dépassé les bornes.
Monsieur le Président, vous m'avez déjà entendu reconnaître que j'avais exagéré. Je suis convaincu que la plupart des députés admettraient — même si c'est à leur corps défendant — avoir déjà exagéré. Mais dans ce cas-ci, le député n'était pas dans le feu de l'action; il n'a pas tout simplement dépassé les bornes. Il n'y avait pas d'échange virulent. Je regarde les déclarations du député de . Ce n'est pas un échange de propos cinglants. Ce n'est pas un cas où l'on fait: « Oups, ce n'est pas ce que je voulais dire ». Il l'a dit à deux reprises, et je répète ces propos.
En fait, j'ai vu de mes propres yeux des gens [...]
Il n'a pas dit vaguement que cela pourrait se produire, qu'il avait vu des gens ramasser les cartes, que c'est peut-être déjà arrivé. Il a dit: « En fait, j'ai vu de mes propres yeux des gens ramasser des cartes de vote ». Il a dit: « Je tiens à raconter quelque chose que j'ai vu de mes propres yeux. » Nous ne sommes pas dans le feu de l'action. Il n'a pas un peu exagéré. Il a fait des affirmations gratuites.
Le député a admis que c'était faux. Je n'en reviens pas que le gouvernement dise que ce n'est qu'un peu d'exagération, une légère déformation des faits. Les députés conservateurs considèrent que s'ils vont trop loin, ils ne devraient pas avoir à en subir les conséquences.
Premièrement, il n'y a pas eu exagération. Deuxièmement, il n'est pas question de punition. Je ne crois pas que le Président ait dit — j'ai ses paroles ici — « Par conséquent, envoyons cet homme au comité pour qu'il soit puni ». Pas du tout. Il a dit qu'il fallait renvoyer l'affaire au comité. Ce que nous faisons, c'est renvoyer l'affaire au comité.
Le Président a dit qu'il fallait au moins tirer les choses au clair. Le député de prend la parole, dit qu'il n'a pas voulu dire ce qu'il a dit, veut corriger ses propos, et c'est tout. Il n'y a plus rien.
Nous allons au fond des choses, voilà ce que nous faisons. Au comité, nous tirons les choses au clair. Parfois, nous nous déplaçons. Parfois, nous entendons des citoyens. Parfois, nous entendons le témoignage d'experts. Dans ce cas-ci, c'est celui qui a tenu ces propos que nous devons entendre. Nous devons savoir pourquoi il a dit cela, qu'est-ce qui lui a traversé l'esprit et qu'est-ce qui s'est passé ici.
J'ai bondi d'exaspération quand j'ai entendu: « Est-ce que j'aimerais que tous les propos tenus dans cette enceinte soient sensés, pondérés et exempts de la partisanerie dont nous sommes trop souvent témoins? »
Je saute un peu plus loin, à un passage où il est de nouveau question de partisanerie:
Les partis de l'opposition cherchent à marquer des points politiques avec cette affaire, et je ne peux pas leur en vouloir. C'est leur rôle. Ils se sont opposés au C-23, Loi sur l'intégrité des élections. Nous comprenons qu'ils cherchent par tous les moyens à retarder le processus, à faire de l'obstruction, voire à faire avorter la mesure législative. Je comprends. Et selon moi, c'est ce qui se cache véritablement derrière la motion dont la Chambre est aujourd'hui saisie.
Vraiment? Je pense que le Président aurait probablement vu clair dans ce jeu. S'il avait pensé qu'il s'agissait simplement de retarder le processus, j'ai de la difficulté à croire qu'il aurait jugé la question de privilège fondée de prime abord.
Je reviens aux tentatives pour marquer des points politiques, au fait que nous aimerions que les propos soient exempts de la partisanerie dont nous sommes trop souvent témoins. C'est tout le contraire que nous avons ici. Les déclarations du député de sont un exemple de ce dont parle le secrétaire parlementaire. Ces déclarations sont le fait d'une personne qui essaie de marquer des points politiques. Ces déclarations sont des exemples de la partisanerie dont nous sommes trop souvent témoins.
Le député tentait de marquer des points politiques, en disant des choses qui n'étaient pas vraies pour justifier un point de vue après le fait. Si nous voulons parler de partisanerie, de tentatives pour marquer des points politiques, je pense que nous devons revenir à cette déclaration: « [...] j'ai vu de mes propres yeux des gens ramasser des cartes de vote. »
Pourquoi le député a-t-il dit cela? Était-ce pour mal faire, pour prouver la justesse des arguments des conservateurs après le fait, plutôt que de tenir une audience sur la nécessité de modifier la Loi électorale?
Je vais terminer en citant le secrétaire parlementaire:
En conclusion, je conviens -- et je suis certain que mon collègue, le député de Mississauga-Streetsville, en conviendra aussi -- que, lorsqu'un député tient des propos erronés, il est de son devoir de les corriger. La Chambre ne devrait jamais tolérer qu'un de ses députés tienne des propos erronés, que ce soit par rapport à une mesure législative ou dans le cadre d'un débat. Cela étant dit, quand doit-on punir un député parce qu'il a fait amende honorable? Pourquoi un député qui a pris sur lui de revenir sur ce qu'il a dit devrait-il devenir une victime?
Le député de est maintenant une victime. Bien sûr. La méchante opposition se ligue contre lui. Voyons donc. Cela fait longtemps que je n'ai pas entendu de paroles aussi déformées.
Je pense que le Président avait raison dans sa décision. Je pense que nous avons besoin d'aller au fond de cette histoire. Nous devons comprendre ce que le député faisait. Je ne pense pas qu'il était une victime. Je ne pense pas que nous essayons de le punir. Je pense que nous essayons d'aller au fond d'une affaire survenue au Parlement, où nous utilisons nos mots pour parler des enjeux et en débattre et pour représenter les Canadiens.
:
Monsieur le Président, je suis ici depuis le début de la journée, et j'ai pu entendre les arguments des députés des deux côtés de la salle. Au fil de la discussion, je me suis aperçu que certains thèmes ont commencé à se dégager. Les députés d'en face ont dit que personne n'en avait contre le député de personnellement, ce qui ne m'a pas empêché d'entendre quelques commentaires plutôt désobligeants envers ce même député. Certains ont dit qu'il s'était excusé sincèrement, d'autres que ses excuses étaient insuffisantes, et d'autres encore qu'il ne s'était pas excusé du tout.
En fait, il y a quelques instants à peine, la députée de a elle aussi dit que le député de ne s'était pas excusé. J'ai trouvé cela très intéressant.
J'aimerais lire les excuses du député de Mississauga—Streetsville, afin que tous les députés s'en souviennent. S'il y a une chose que j'ai comprise, c'est que nous sommes des êtres imparfaits qui essaient de faire un travail parfait — ou en tout cas aussi parfait que possible. Ma collègue d'en face, qui vient de parler de la manière dont nous nous acquittons de nos fonctions de parlementaires, disait plus tôt qu'il nous arrive de nous tromper. Elle avait bien raison.
Quoi qu'il en soit, j'aimerais qu'on me permette de relire les paroles exactes du député de . Les voici:
J'aimerais présenter mes sincères excuses à tous les Canadiens et à tous les députés pour la déclaration que j'ai faite. Je ne cherchais d'aucune façon à induire en erreur la Chambre, pour laquelle j'ai le plus grand respect.
Il se peut que je termine mon intervention en répétant ces mots, seulement pour souligner ce que le député a dit.
Suis-je ici pour remettre en question ses intentions? Ma foi, je siège depuis des années à la Chambre et j'ai vu des députés des deux côtés se comporter de façon vraiment honteuse et j'ai entendu parler de telles situations. Le Président a dû intervenir parce que quelqu'un parlait trop, criait des insultes à des collègues ou leur attribuait des étiquettes qui, bien franchement, n'étaient pas méritées. La conduite parlementaire la plus basse, c'est d'en arriver à proférer des insultes et, franchement, à dire n'importe quoi.
Ma mère, qui venait du Cap-Breton, m'a déjà dit très sincèrement: « Ed, dans la vie, on a deux choses. On a son nom et son intégrité, et on ne salit pas l'un sans gâcher l'autre. »
Je pense au député de et aux circonstances dans lesquelles il s'est trouvé. Voici ce qui s'est produit. Il a voulu en mettre un peu trop et s'est trompé. Appelez ça comme vous voulez. Puis, trop tard aux yeux de certains, il a retiré ses propos. Après les avoir retirés, il a présenté ses excuses. Ce faisant, il a manifesté une sincérité dont la Chambre pourrait bénéficier, si nous nous donnions la peine d'écouter.
Soit dit en passant, je n'ai pas l'intention de sanctifier les propos tenus à l'origine ni le député lui-même pour les avoir tenus. Mais, n'est-il pas vrai que ce député a bien agi en s'acquittant de son devoir et en avouant sa faute à la Chambre comme il l'a fait? Franchement, il n'avait pas le choix. Il devait le faire. Était-ce la bonne décision? Il a fait absolument le bon choix.
Agissons avec pondération, chers collègues, en prenant toujours la bonne décision, même s'il nous faut parfois un peu plus de temps pour y arriver.
Par ailleurs, le pays en entier, du moins ceux qui regardent la chaîne CPAC — comme tous les Canadiens le font, je l'espère —, est conscient que le député dont nous parlons actuellement, notre collègue, a dû présenter sincèrement ses excuses à la Chambre, devant nous tous et devant les Canadiens. À ceux qui affirment que ce n'est pas le député qui est au coeur de notre débat actuel, je répondrais que ce n'est pas l'impression que j'ai eue en écoutant les interventions.
Si des députés ne croient pas qu'il se soit amendé pour son geste, je puis leur assurer que c'est le cas, qu'il ait pu justifier sa conduite ou non. Tous les députés sont ici pour protéger l'intégrité de la Chambre et représenter les Canadiens le mieux possible.
Peut-on dire que ce fut un moment glorieux pour la Chambre ou pour le pays? Je ne crois pas. Toutefois, qui oserait douter de sa sincérité? Je suis prêt à croire sur parole quiconque se dit profondément désolé. Je tiens à revenir aux mots employés: « J'aimerais présenter mes sincères excuses à tous les Canadiens et à tous les députés [...]. »
Je suis prêt à croire ce député sur parole. Je ne vois pas pourquoi d'autres ne le pourraient pas. Si je parlais ainsi aux députés, j'ose espérer qu'ils me croiraient aussi sincère que je le suis.
Ce qui me trouble, ce sont les réponses données par certains. J'ai parlé de la députée de , qui a dit qu'aucune excuse n'avait été faite. J'ai entendu le député de dire: « Rappelons-nous ce que le député de Mississauga-Streetsville a dit dans ses prétendues excuses. »
C'est une honte. Comment un député peut-il s'imaginer que ce sont de prétendues excuses, si ce n'est pour faire de la politique partisane? Je suis sûr que ce n'est l'intention ni des députés d'en face, ni des députés de ce côté-ci de la Chambre.
Je cite le député de : « Ensuite, il y a la rétractation. Je n'appellerai pas cela des excuses, car cela n'en avait pas la forme. »
Je reviens à la phrase suivante: « J'aimerais présenter mes sincères excuses [...]. » Je ne mettrai pas en doute la parole de notre collègue.
Soit dit en passant, notre collègue est conservateur, mais c'est quand même notre collègue. Je ne vais pas lui prêter des intentions alors qu'il a déjà présenté ses excuses. J'ignore pourquoi on voudrait le faire si ce n'est par intérêt. Je me suis posé la question, parce que j'ai entendu toutes les observations qui ont été faites. Beaucoup de députés n'ont pas tant parlé du député de que des questions concernant la Loi sur l'intégrité des élections. Je respecte le fait que les députés d'en face ne partagent pas nécessairement notre opinion; c'est leur droit. Cependant, j'ai comme l'impression qu'on profite de la situation pour faire valoir un autre point aux dépens d'un député. C'est répréhensible. C'est mal. Lorsqu'un député nous donne sa parole, nous l'acceptons. C'est notre obligation.
Je sais qu'on cherchait à saisir le comité de la question pour voir ce qu'on pourrait obtenir de plus. Lorsqu'un député affirme s'être trompé et se rétracte et présente des excuses, le comité aurait-il vraiment autre chose à apprendre?
À l'origine, le Président a saisi la Chambre de l'examen. La Chambre est une sorte de tribunal. Peut-être pas un tribunal, mais une instance préliminaire. On a le droit d'entendre la preuve. On a entendu ce qui a été inscrit au compte rendu, la déclaration inexacte ainsi que les excuses. Lorsqu'on a les deux côtés de l'histoire, les députés peuvent évaluer s'ils l'acceptent ou non. Cependant, j'ai du mal à comprendre pourquoi on attribuerait des motifs au député lorsqu'on ignore ce qu'ils sont. Peut-être les députés ont-ils été emportés et se sont mis à exagérer? Pour ma part, quoi que dise un député à la Chambre, s'il présente ensuite des excuses sincères, je suis disposé à les accepter.
Nous savons tous que, lorsque quelqu'un retire ses paroles, parfois sur invitation du Président, parfois volontairement, ou lorsqu'il s'excuse d'avoir trop parlé, nous l'applaudissons. Nous le remercions de faire preuve de classe et de dignité. Il y a donc lieu de se demander pourquoi nous ne sommes pas prêts à offrir cette même classe et cette même dignité.
J'ai dit plus tôt que l'erreur est humaine mais que le pardon est divin, chose que j'ai apprise de ma mère, une citoyenne du Cap-Breton. Pourquoi ne pouvons-nous pas tous faire simplement cela? Lorsque quelqu'un présente ses plus sincères excuses, pourquoi sommes-nous incapables de le prendre au mot, sans s'imaginer que les véritables motifs sont dissimulés? Il serait inapproprié de ma part d'attribuer quelque motif que ce soit à cela.
Ironiquement, si le député n'avait pas exposé l'incident et ne s'était pas excusé, nous n'aurions peut-être même pas entendu parler des propos qu'il a tenus. Je n'essaie pas de diminuer l'importance des excuses. Ce que je dis, c'est que si le député n'avait jamais pris la parole pour s'excuser et retirer ses paroles, nous ne l'aurions peut-être jamais su. A tout le moins, il a eu suffisamment de classe pour faire cela.
Nous pourrions nous aussi faire preuve de classe en le prenant au mot. C'est d'ailleurs l'obligation de chacun des députés. N'importe lequel d'entre nous pourrait se retrouver dans une telle situation. Si cela devait nous arriver, ne serait-il pas agréable de voir un peu de charité de la part des députés d'en face? Ne serait-il pas bien si les députés d'en face comprenaient que de telles choses peuvent arriver et acceptaient sur parole que les propos sont retirés et que le député s'excuse?
Je m'imagine dans une telle situation à la Chambre. Voudrais-je que les députés me condamnent à vie, m'accusant d'avoir menti, d'avoir induit la Chambre en erreur, d'avoir commis des gestes inappropriés? Ce serait injuste et inadéquat. Ce serait ne faire preuve d'aucune charité. Cela ne reflète pas ce que les députés de la Chambre des communes sont censés faire, c'est-à-dire procéder aux travaux de la Chambre et ne jamais négliger les questions d'importance.
Nous devrions reconnaître que le député a pris la peine de se rétracter et de s'excuser. Je mets tous les députés au défi de faire de même s'ils se retrouvent dans pareille situation. Ne souhaiteraient-ils pas que je leur pardonne leur erreur? Pour ma part, je demanderais aux députés de m'excuser si j'allais trop loin. J'espère que la Chambre m'appuierait si je commettais une telle erreur. Je ne suis pas parfait, je pourrais bien faire des erreurs. Je siège à la Chambre depuis un certain temps, j'ai certainement fait des erreurs, et je suis convaincu que je récidiverai.
Je tiens à rappeler à mes collègues que le député a fait preuve d'humilité à la Chambre. Je tiens à citer de nouveau ses excuses pour que ce soit clair comme de l'eau de roche. Ainsi, aucun député ne pourra dire qu'il n'a pas présenté ses excuses, et elles seront de nouveau consignées au compte rendu. Je tiens à ce que les députés y portent attention, parce que si l'un ou l'autre d'entre nous se trouvait dans une telle situation, nous souhaiterions que la Chambre fasse preuve de compassion à notre égard; à tout le moins, c'est ce à quoi je m'attendrais. Voici ses excuses:
J'aimerais présenter mes sincères excuses à tous les Canadiens et à tous les députés pour la déclaration que j'ai faite. Je ne cherchais d'aucune façon à induire en erreur la Chambre, pour laquelle j'ai le plus grand respect.
J'ai le plus grand respect pour la Chambre des communes et pour tous les députés qui y siègent. Je suis fier de les compter parmi mes collègues, quelle que soit leur allégeance politique. J'aimerais que nous conservions cet esprit de collaboration alors que nous nous efforçons de tirer cette affaire au clair pour pouvoir reprendre nos travaux.