Que la Chambre reconnaisse l’importance de la transparence et de la reddition de comptes au chapitre de l’utilisation des deniers publics et qu'elle reconnaisse aussi que la plupart des partis ont déjà commencé à divulguer les frais de déplacement et d’accueil de leurs députés; par conséquent, qu'elle demande au Bureau de régie interne d’ordonner aux membres du personnel administratif professionnel non partisan de la Chambre des communes de commencer à divulguer tous les frais de déplacement engagés au titre du Système des points de déplacement ainsi que tous les frais d’accueil des députés, sur le site Web du Parlement du Canada, d'une manière analogue à celle prescrite dans les lignes directrices du gouvernement pour la divulgation proactive des dépenses ministérielles.
— Monsieur le Président, je tiens à remercier mon collègue de pour l'accueil le plus enthousiaste dont j'ai été témoin à la Chambre depuis longtemps. Je lui en suis très reconnaissant.
Je tiens aussi à féliciter mon collègue de Terre-Neuve-et-Labrador, qui représente la magnifique circonscription d', et le remercier d'avoir appuyé la motion.
La lumière du soleil est le désinfectant par excellence, dit-on. Dans le cas qui nous occupe, la lumière, ou la transparence, correspond à la reddition de comptes envers le public. Nous voulons rendre davantage de comptes au public pour une excellente raison: l'argent que nous dépensons ici n'est pas le nôtre, mais bien celui des contribuables canadiens.
En adoptant cette motion, nous signalerions aux Canadiens que nous sommes prêts, disposés et en mesure de leur faire rapport sur la façon dont les deniers publics sont dépensés, notamment en ce qui concerne notre travail à titre de députés et de parlementaires.
Avant d'aborder la motion à l'étude aujourd'hui, j'aimerais revenir en arrière quelques instants pour parler de ce que notre parti a accompli récemment.
Le 5 juin 2013, notre chef, le député de a annoncé un plan global visant à améliorer l'ouverture et la transparence au Parlement. Voici les quatre piliers du programme Parlement ouvert que nous proposons.
Premièrement, exiger des députés et des sénateurs qu'ils divulguent proactivement leurs frais de déplacement et d'accueil, ainsi que ceux de leur personnel.
Deuxièmement, présenter une mesure législative pour que les réunions du Bureau de régie interne de la Chambre des communes soient ouvertes et transparentes pour le public. Le Bureau pourra toujours se réunir à huis clos en cas de besoin — par exemple, pour traiter de questions délicates touchant les RH —, mais non comme c’est le cas actuellement. Les réunions du Bureau de régie interne du Sénat sont déjà publiques.
Troisièmement, établir et mettre en ligne un rapport commun, trimestriel et plus détaillé — que nous avons, bien sûr, déjà rendu accessible sur le site liberal.ca — couvrant les dépenses des députés et des sénateurs, et le rendre plus facilement accessible au public, à partir de la page d’accueil du site Web du Parlement du Canada
Quatrièmement, la Chambre devrait collaborer avec le vérificateur général pour élaborer des vérifications obligatoires de gestion de l'administration de la Chambre des communes et du Sénat qui devraient avoir lieu aux trois ans, et établir et rendre publiques des lignes directrices précisant quand le vérificateur général doit être appelé à effectuer des vérifications plus approfondies des dépenses parlementaires.
Par ailleurs, le chef du Parti libéral a présenté, à la même époque, un projet de loi d'initiative parlementaire qui est inscrit au Feuilleton de la Chambre des communes. Cette mesure contient trois dispositions principales. Elle modifierait la Loi sur le Parlement du Canada de sorte que les réunions du Bureau de régie interne soient ouvertes au public. Le Bureau de régie interne pourrait toutefois tenir des rencontres à huis clos quand les sujets traités concernent la sécurité, les relations de travail ou les appels d'offres, à la condition d'obtenir le consentement unanime des membres présents.
Cela vous donne un aperçu de nos initiatives. Elles contribueraient à rendre le Parlement plus ouvert, puisqu'il suffirait de consulter des sites Web pour connaître les sommes dépensées en frais de déplacement et d'accueil. Comme on le sait, les ministres communiquent déjà ce genre de renseignements, une mesure mise en place par le gouvernement libéral de Paul Martin.
J'aimerais rappeler très clairement à la Chambre pourquoi nous proposons ce changement.
Regardons tout d'abord la motion, qui commence par les mots « Que la Chambre reconnaisse ». La plupart des députés le reconnaissent déjà, mais pas tous. Nous devons obtenir un soutien unanime, qui confirmera que tous appuient cette façon de faire.
La motion se lit comme suit:
Que la Chambre reconnaisse l’importance de la transparence et de la reddition de comptes au chapitre de l’utilisation des deniers publics et qu'elle reconnaisse aussi que la plupart des partis ont déjà commencé à divulguer les frais de déplacement et d’accueil de leurs députés; par conséquent, qu'elle demande au Bureau de régie interne d’ordonner aux membres du personnel administratif professionnel non partisan de la Chambre des communes de commencer à divulguer tous les frais de déplacement engagés au titre du Système des points de déplacement...
J'aimerais faire une parenthèse pour parler un peu du système des points de déplacement. Les déplacements que font les députés pour venir à Ottawa représentent un certain nombre de points, peu importe le prix des billets. Comme je viens moi-même du centre de Terre-Neuve, le trajet jusqu'à Ottawa peut coûter cher, même dans les meilleures conditions. D'autres députés n'auront pas à payer aussi cher pour venir à Ottawa. Donc, nous avons un système de points, qui doit cependant être transparent. Nous devons montrer clairement aux Canadiens comment nous dépensons les fonds publics pour faire le travail qu'ils nous ont confié.
La motion se termine comme suit:
[...] ainsi que tous les frais d’accueil des députés, sur le site Web du Parlement du Canada, d'une manière analogue à celle prescrite dans les lignes directrices du gouvernement pour la divulgation proactive des dépenses ministérielles.
Nous aimerions voir tous les députés pratiquer ce que les libéraux appellent « la nouvelle transparence », qui permet aux Canadiens de se rendre sur le Web pour savoir à quoi leur député et les autres parlementaires dépensent leur argent. Car c'est bien de l'argent des contribuables qu'il s'agit. J'estime donc qu'ils ont le droit de savoir à quoi nous le dépensons, au même titre qu'un investisseur a le droit de savoir à quoi sert l'argent qu'il met dans une entreprise. Si les gens confient sans regarder leur argent à leur conseiller financier, ils ont au moins le droit de savoir ce que le conseiller en question en fait.
La raison est bien simple: c'est parce qu'il s'agit de leur argent et qu'ils font confiance à ceux à qui ils le confient. C'est la même chose pour les finances nationales: les citoyens investissent dans la saine gouvernance, et comme il s'agit de leur argent, nous, les parlementaires, — qui sommes leurs représentants directs — devons mettre cartes sur table et leur dire exactement à quoi nous le dépensons.
Nous confions aux membres du personnel administratif professionnel non partisan de la Chambre des communes la tâche d'afficher tous les frais de déplacement que nous déclarons dans le Système des points de déplacement ainsi que nos frais d'accueil. Nous croyons que ce modèle de divulgation proactive permettra de renforcer la transparence et la reddition de comptes à la Chambre des communes. Voilà à quoi sert la motion d'aujourd'hui.
La confiance des Canadiens dans les titulaires de charges publiques que sont les politiciens a été sérieusement mise à mal par le scandale entourant le paiement de 90 000 $ que le chef de cabinet du a versé à un législateur en exercice et la culture du secret qui caractérise les conservateurs. Il faut faire la lumière sur une situation déplorable — c'est le moins que l'on puisse dire. Cet incident a semé le doute dans l'esprit des Canadiens, qui exigent maintenant de leurs représentants directs qu'ils se comportent plus dignement, et c'est ce que fait la motion dont la Chambre est présentement saisie. Elle haussera la barre éthique et enverra un message clair aux Canadiens: « Nous avons entendu vos doléances et nous allons nous atteler à la tâche. » Car les beaux discours ne suffisent plus, il faut joindre le geste à la parole. Je répète: les beaux discours ne suffisent plus, il faut joindre le geste à la parole.
Voilà pourquoi, en juin dernier, comme je le disais, le chef du Parti libéral a présenté le programme Parlement ouvert, qui permettra d'atteindre plusieurs objectifs: exiger la divulgation proactive des frais de déplacement et d'accueil; rendre publiques les réunions du très secret Bureau de régie interne de la Chambre des communes; faire en sorte que les rapports de dépenses trimestriels affichés en ligne soient facilement accessibles aux Canadiens; et le dernier objectif, mais non le moindre: travailler de concert avec le vérificateur général pour élaborer des lignes directrices afin d'assurer que les dépenses au Parlement sont appropriées.
Je vais même avouer à la Chambre que, depuis plusieurs années, je consigne les dépenses que je fais dans l'exercice de mes fonctions dans un classeur que je garde dans mon bureau. N'importe qui, parmi mes électeurs, peut venir le consulter. Je le lui remettrai. Mes électeurs peuvent éplucher mes dépenses à leur guise et, s'ils ont des questions, je me fais un plaisir d'y répondre. Cela constitue une partie essentielle du travail quand on est au service de la population. Si une personne décide de se mettre au service de la population, c'est ce qu'elle doit faire. Ce n'est pas un service qu'offre gentiment à la population, mais plutôt un devoir que nous devons remplir pour représenter de manière responsable la population. C'est la chose à faire. C'est ce que nous devons nous employer à faire — les 308 députés, bientôt 338 — et à améliorer chaque fois que nous entrons à la Chambre des communes et chaque fois que nous sommes élus pour représenter notre circonscription.
Comme je l'ai mentionné plus tôt, à l'heure actuelle, les gens peuvent aller en ligne et obtenir par les canaux officiels, pour tous les députés, les grandes catégories de dépenses, mais ce que les libéraux aimeraient, et ce que le parti a fait, c'est aller encore plus loin et permettre aux gens de connaître la nature des dépenses, surtout pour les déplacements et l'accueil. Encore une fois, cela s'inspire de ce qui a été fait pour les dépenses des ministres au début des années 2000, sous le gouvernement de Paul Martin.
Nous avons pensé que c'était le modèle qu'il fallait suivre. Nous l'avons donc élargi pour inclure les députés, du moins ceux de notre caucus. Certains partis ont emboîté le pas, d'autres pas. Nous espérons néanmoins que, bientôt, ce système sera en place. Nous ne pouvons pas imposer la divulgation proactive aux députés. Nous voulons inciter les députés à dévoiler aux Canadiens comment ils dépensent leur argent.
Tant de choses peuvent être améliorées. Il reste du chemin à parcourir au sein de notre parti, mais nous nous efforçons d'améliorer les choses. Nous avons été les premiers à prendre des mesures parce que nous estimons qu'il faut être responsable et prêcher par l'exemple. Puisque nous nous efforçons de donner le bon exemple à nos enfants, nous devons certainement faire de même ici et montrer la voie à la Chambre.
Les gens nous confient leur argent et ils s'attendent à ce qu'on prenne les décisions pour le bien du Canada tout entier, et non seulement pour leur circonscription.
Je comprends les gens qui disent que nous devons aller de l'avant d'un seul bloc, en groupe. Pour notre part, nous l'avons fait grâce à la divulgation proactive. Être proactif c'est prendre les devants, aller encore plus loin, montrer l'exemple. Voilà qui constitue en soi une bonne mesure de saine gestion des affaires publiques.
Les députés ne peuvent se contenter de réagir au dernier scandale déclenché par un gazouillis de 140 caractères ou moins. Nous ne devrions pas seulement répondre à tout scandale repris par les chaînes de nouvelles sur le câble ou par les autres médias. Si nous ne faisons que réagir aux besoins de la population, nous décevrons grandement les Canadiens, nous ne serons pas à la hauteur. Il n'est pas question de perdre des élections, mais plutôt de bien représenter nos électeurs.
Dans l'ensemble, les gens estiment que les dépenses doivent être rendues publiques, et ils le réclament. Ces nouvelles retiennent l'attention, car elles donnent l'impression qu'on a essayé de dissimuler une pratique répréhensible.
On peut essayer de les maquiller autant qu'on voudra, mais les faits demeurent les faits, et il en va de même dans le présent dossier. On peut tout faire en notre pouvoir pour déformer la réalité, mais rien ne peut changer les faits.
Trop souvent, nous tendons à sous-estimer l'intelligence du citoyen moyen. Ne nous y trompons pas. Je ne décrie pas une situation en particulier. Je parle de différentes situations qui suscitent des tollés de la part de la population parce qu'elles touchent une corde sensible. Les gens se demandent essentiellement si nous les prenons vraiment pour des imbéciles. Voilà justement ce que nous voulons leur dire: nous ne les prenons ni pour des imbéciles ni pour des naïfs. Nous ne voulons rien leur cacher parce que, à notre avis, ils n'y comprendront rien ou parce que nous attendons qu'un autre agisse ou que le cadre voulu soit en place pour que cela se fasse. Nous devrions prendre l'initiative.
Il est paradoxal que nous parlions de divulgation proactive. La divulgation devrait aller de soi pour tout représentant du peuple. Il est étrange que nous la disions proactive, même si elle l'est, car nous la pratiquons. Il y a un grand nombre de politiciens et de représentants comme nous qui ne sont pas proactifs.
La règle n'exige pas que nous allions aussi loin. C'est pour cela que nous disons que c'est insuffisant. Ce n'est pas parce que la règle dit que nous n'avons pas à en faire plus qu'il ne faut pas nous engager dans ce qui nous apparaît, à nous et aux Canadiens, être la bonne voie.
Voilà pourquoi je suis très heureux de présenter la motion d'aujourd'hui. Je suis convaincu que c'est un pas dans la bonne direction. C'est ce qu'on appelle la divulgation. C'est le rayon de soleil qui s'avérera être le désinfectant ultime.
Est-ce le dernier mot? Est-ce que c'est tout? Est-ce tout ce qu'il faut faire? Non, il y aura toujours des améliorations à faire. Nous devons rectifier les choses. Cela ne devrait pas nous empêcher de faire ce qui s'impose.
La divulgation proactive est une de ces choses qui inspirent beaucoup de gens au Canada. J'espère qu'un jour, tous les parlementaires, tous les députés de la Chambre des communes, pratiqueront la divulgation proactive.
Certains le font déjà. Mon collègue, juste-là, l'a fait, malgré maints obstacles. Il l'a fait il y a plusieurs années. C'est tout à son honneur. Il a été réélu pour les bonnes raisons, et pas parce que les électeurs n'aimaient pas l'autre candidat, mais bien parce qu'il a fait la bonne chose. Beaucoup de gens dans sa circonscription l'ont reconnu.
En ordonnant aux membres du personnel administratif professionnel non partisan de la Chambre des communes de divulguer tous les frais de déplacement engagés au titre du Système des points de déplacement, ainsi que les frais d'accueil des députés, selon le modèle de la divulgation proactive, nous espérons établir la marche à suivre qui servira de modèle officiel à l'avenir.
Les Canadiens ont le droit de savoir comment leur argent est dépensé. Les députés n'ont pas à me croire sur parole. J'ai reçu plusieurs courriels dans les six derniers mois de la part de citoyens ordinaires me demandant justement cela. Je répète: les Canadiens ont le droit de savoir comment leur argent est dépensé. C'est ce qu'un Canadien m'a écrit dans un courriel. Je me suis dit, qui sommes-nous, en tant que représentants directs, pour les contredire là-dessus? Ce serait plutôt insensé.
Voilà bientôt un an que notre a annoncé que les libéraux allaient améliorer la transparence et l'ouverture en divulguant proactivement les frais de déplacement et d'accueil, mais la pratique n'a toujours pas été standardisée pour tous les partis par la Chambre des communes.
Nous espérons que les partis ne sentiront pas que nous cherchons à leur faire la morale en présentant la motion aujourd'hui et en la débattant, bien que cela risque d'en venir à ça; nous espérons plutôt qu'ils se sentiront inspirés. Nous voulons un système uniforme et standardisé qui s'appliquera à tous les députés. Nous voulons que toutes les dépenses soient faciles à trouver et affichées au même endroit dans un format convivial.
C'est pourquoi sur le site Internet liberal.ca, les gens peuvent savoir exactement combien chaque député a dépensé en frais d'accueil et de déplacement. Ils peuvent voir le modèle détaillé de divulgation proactive que nous avons mis au point et mis en oeuvre.
Comme je l'ai mentionné plus tôt, l'ancien premier ministre Paul Martin a présenté ce modèle en 2003 pour les ministres de l'époque, c'est-à-dire ses propres ministres. Il ne demandait pas à tous les parlementaires de respecter ce modèle, seulement à ses propres ministres. C'était une mesure courageuse à prendre à l'époque, mais c'est ce qu'il a fait. Nous croyons que ce modèle devrait être appliqué à l'ensemble des députés, toutes allégeances confondues, y compris les députés indépendants.
Je crois que, au bout du compte, les contribuables conviendront que la lumière est le désinfectant par excellence, et qu'ils se réjouiront de cette mesure parce qu'elle leur montrera comment nous nous servons de leur argent pour faire notre travail. Nous saurons si nous faisons bien notre travail le jour des élections.
Les citoyens peuvent déjà juger les politiques de défense, de justice, de libre-échange et de lutte contre la criminalité, entre autres. Ils pourront maintenant aussi déterminer si leurs représentants utilisent à bon escient leur argent. Cela devrait être le prolongement naturel de notre rôle de député.
Tous les députés aiment prêcher l'ouverture et la transparence. J'encourage donc chacun d'entre eux à mettre en pratique ce qu'ils prêchent.
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Monsieur le Président, je rappelle que nous sommes saisis aujourd'hui d'une motion de l'opposition qui provient du Parti libéral du Canada. Je remercie d'ailleurs le député de de l'avoir présentée. Après tout, le gouvernement conservateur est depuis toujours un ardent partisan de la transparence et de la reddition de comptes. En effet, le gouvernement a un bilan éloquent à ce chapitre, lui qui a amélioré la transparence tous azimuts au sein de l'administration de l'État, notamment en ce qui concerne les contrats, les soumissions et les dossiers gouvernementaux.
On tend à oublier tout le chemin parcouru depuis 2006. On tient pour acquis toutes les protections dont nous jouissons maintenant grâce à nos initiatives, mais ne perdons pas de vue ce qui, à l'origine, nous a incités à apporter ces changements.
Le gouvernement libéral s'est fait prendre en flagrant délit. De mystérieux et lucratifs contrats étaient accordés à des agences de publicité amies du Parti libéral, qui ont reçu de l'argent sans fournir grand-chose en retour, voire sans rien fournir. Des deniers publics ont été détournés, des pots-de-vin ont été versés et des sommes ont été transmises dans des enveloppes brunes. À mesure que la commission Gomery révélait l'étendue de la gangrène, nous avons pu voir se dessiner les contours d'un système taillé sur mesure pour favoriser les libéraux et leurs amis. L'absence d'obligations de rendre des comptes et l'absence de surveillance étaient d'ordre systémique. Les lignes directrices concernant les nominations, la publicité et le comportement des ministres et de leur personnel étaient insuffisantes.
Ayant fait ce constat, nous avons entrepris en priorité, dès que nous sommes arrivés au pouvoir, de faire adopter la Loi fédérale sur la responsabilité, qui est la plus sévère en matière de reddition de comptes de toute l'histoire du Canada. Nous avons donné un grand coup de balai pour éliminer les échappatoires que le gouvernement avait utilisées dans le but de s'enrichir et d'enrichir ses amis.
Voici quelques exemples de mesures contenues dans la Loi fédérale sur la responsabilité et son plan d'action: réforme du financement des partis politiques; assainissement de l'attribution des marchés; rationalisation des sondages et de la publicité effectués par l'État; mesures de protection réelle des dénonciateurs; renforcement de la législation sur l'accès à l'information; augmentation des pouvoirs du vérificateur général; resserrement des mécanismes de vérification et des obligations de rendre des comptes dans les ministères fédéraux; renforcement du rôle du commissaire à l'éthique; durcissement de la Loi sur l'enregistrement des lobbyistes.
En tout, avec la Loi fédérale sur la responsabilité et son plan d'action, nous avons modifié en substance 45 lois fédérales et avons apporté des modifications diverses à plus d'une centaine d'autres lois, ce qui a touché pratiquement toutes les parties de l'appareil de l'État. Ce fut une réalisation majeure.
Depuis, notre gouvernement a poursuivi son travail sans précédent de renforcement de la transparence et des obligations de rendre des comptes de nos institutions publiques. Par exemple, nous nous employons à faire en sorte que les ministères fédéraux diffusent davantage d'information sur les contrats, y compris les contrats de services professionnels et de services d'expert-conseil en gestion qui sont accordés à d'anciens fonctionnaires.
Nous avons en outre pris des mesures déterminantes pour que l'information importante puisse être plus accessible que jamais au public. Par exemple, l'information sur les marchés auxquels participe l'État fédéral a été regroupée dans un seul site Web, achatsetventes.gc.ca, où elle peut être consultée librement et gratuitement, sans que les internautes ne soient obligés de s'inscrire.
En 2012, les ministères ont commencé à publier des rapports financiers trimestriels, qui peuvent être obtenus en ligne dans le Portail de données ouvertes, à l'adresse donnees.gc.ca. Les internautes peuvent se servir de ce portail pour effectuer des recherches dans les résumés des demandes d'accès à l'information traitées.
Par ailleurs, nous avons mis en service une base de données interrogeable sur les dépenses. Pour la première fois, l'ensemble des citoyens, y compris les parlementaires, ont un accès facile aux données et aux analyses sur l'ensemble des dépenses de l'État.
Nous continuons de nous efforcer de rendre l'information encore plus accessible aux Canadiens.
Même si, en 2012-2013, le gouvernement a rendu public un nombre record de documents à la suite de demandes d'accès à l'information — soit 27 % de plus que l'année précédente —, nous avons affiché l'un des délais de traitement des demandes d'accès à l'information les plus rapides jamais enregistrés. C'est un vrai record qui montre non seulement que nous réalisons des progrès constants en vue d'accroître la transparence et la reddition de comptes, mais que nous respectons le droit des contribuables de savoir où va leur argent.
Nous avons déployé beaucoup d'efforts pour accomplir ce que nous avons accompli et nous devrons en déployer davantage pour continuer à faire des progrès. Nous avons investi du temps et fait montre de volonté politique pour continuer à aller de l'avant. Nous l'avons fait parce que c'était la chose à faire.
Nous savons que l'information qui aide les Canadiens à comprendre l'appareil gouvernemental peut également être déformée et dénaturée par nos opposants politiques, ce qui pourrait expliquer pourquoi les gouvernements précédents n'ont pas adopté les changements que nous avons adoptés et pourquoi nous avions tellement de pain sur la planche pour améliorer la transparence et la reddition de comptes. Cela ne nous a pas découragés. Nous continuerons d'aller de l'avant, en sachant que nous mettons en place un système grâce auquel il sera plus difficile pour les gens d'utiliser les ressources gouvernementales à des fins personnelles.
Au bout du compte, notre détermination découle d'un respect pour les contribuables qui sous-tend les politiques de notre parti. Nous n'avons pas peur de nous imposer des normes plus élevées. Nous n'essayons pas de tromper les Canadiens avec des grands projets qui détournent l'attention et vident les coffres de l'État sans donner de résultats. Nous essayons de trouver des solutions pratiques à des problèmes réels sans gaspiller les deniers publics. Nous ne gouvernons pas pour nous enrichir, mais pour bâtir un Canada meilleur et plus fort. Nous avons fait preuve d'un leadership sans précédent à l'égard de la transparence et de la reddition de comptes, et nous sommes très fiers de notre bilan dans ce domaine.
Aujourd'hui, j'aimerais mettre l'accent sur des mesures précises que les parlementaires conservateurs ont prises pour appliquer ces principes à leurs affaires personnelles, plus particulièrement en améliorant la transparence et la reddition de comptes à l'égard des frais de déplacement et d'accueil.
La motion demande que les frais de déplacement et d'accueil des députés soient divulgués d'une manière analogue à celle prescrite dans les lignes directrices du gouvernement pour la divulgation proactive des dépenses ministérielles. Je suis fier de dire que les députés conservateurs sont allés plus loin que les autres députés.
Nous savions que les Canadiens étaient préoccupés par les dépenses ici et à l'autre endroit et nous avons cherché un moyen de leur donner l'assurance dont ils ont besoin en ce qui concerne la façon dont leur argent est utilisé. Nous avons réclamé une meilleure reddition de comptes qui fournirait davantage de détails pour tous les députés, particulièrement au chapitre des frais de déplacement et d'accueil, mais nous nous inquiétions du laps de temps nécessaire à cette fin dans le cadre des mécanismes de reddition de comptes officiels qui s'appliquent à tous les députés. Au lieu d'attendre, nous avons élaboré notre propre système de suivi pour les frais de déplacement et d'accueil.
Nous nous sommes inspirés du système utilisé pour la divulgation proactive des frais de déplacement et d'accueil des ministères. Le modèle est adapté aux dépenses des députés et repose sur deux principes de base. Selon le premier, les frais de déplacement et d'accueil payés à même les deniers publics doivent être consignés dans notre système. Selon le deuxième, la relation la plus importante, sur le plan de la reddition de comptes en matière de dépenses, c'est celle qui existe entre le député et ses électeurs.
Nos collègues libéraux ont, eux aussi, mis en place un système de reddition de comptes, mais il existe un certain nombre de différences entre leur approche et la nôtre. Quant au NPD, pas de comparaison possible avec lui, parce qu'il n'a pas de système de reddition de comptes. Au lieu de faire un effort honnête pour exiger plus de transparence de la part de ses députés, il se contente d'inventer des excuses et de chercher des faux-fuyants.
Un examen attentif de la divulgation proactive faite par les bureaux des ministères révèle une comptabilité exhaustive des frais de déplacement et d'accueil engagés non seulement par les ministres, mais également par leur personnel politique.
À l'heure actuelle, le Parti conservateur est le seul parti à divulguer tous les frais de déplacement et d'accueil des membres de son personnel, en plus de ceux des parlementaires. Les employés des députés font un travail important pour nos électeurs et se trouvent en position de confiance. Pour nous, il est donc tout aussi important de rendre compte des frais de déplacement et d'accueil des membres de notre personnel. Tout comme le personnel ministériel, qui doit divulguer tous les frais de déplacement assumés par les contribuables, les députés conservateurs doivent aussi assurer la divulgation proactive de tous les frais de déplacement des membres de leur personnel.
Les députés libéraux se contentent d'une demi-mesure à cet égard, car ils semblent divulguer les frais de déplacement de leurs employés seulement entre Ottawa et leur circonscription, mais ils ne disent rien au sujet des frais de déplacement qui sont engagés à l'intérieur de la circonscription. Ils font les choses à moitié, mais, en toute équité, c'est déjà beaucoup mieux que le NPD, qui, lui, n'a pris absolument aucune mesure en ce sens.
Une autre différence qui saute aux yeux entre la façon de faire des conservateurs et celle des libéraux, c'est que les conservateurs affichent tous les postes imputés au budget d'accueil en tant que frais d'accueil. Ce n'est pas clair si c'est le cas dans le système utilisé par les libéraux. Ils pourraient préciser s'ils divulguent tous les frais d'accueil ou seulement certains d'entre eux.
Une chose est claire toutefois, c'est qu'un seul parti — le NPD — ne présente pas en détail ses frais d'accueil. Les députés néo-démocrates ont décidé de ne pas divulguer les détails de leurs dépenses. Qui plus est, ils dénigrent nos efforts en vue d'accroître la transparence de nos dépenses. Ils ont le culot de nous faire croire que leur manque de transparence dénote plutôt chez eux une grande vertu. Les députés néo-démocrates prétendent ne pas divulguer leurs frais de déplacement et d'accueil parce que, à l'heure actuelle, il n'y a pas de système qui s'applique à tous les députés.
Eh bien, nous sommes d'accord pour dire qu'il faudrait implanter un système qui s'applique à tous les députés. Toutefois, nous ne pensons pas que cela devrait empêcher les députés de prendre des mesures pour accroître leur transparence. Comme un nouveau système n'apparaîtra pas du jour au lendemain, nous avons agi pour combler cette lacune. Au bout du compte, alors que le NPD attend l'arrivée d'un système qui s'appliquera à tous les députés, presque tous les députés, sauf ceux du NPD, utilisent déjà un système de divulgation de leurs dépenses.
M. Peter Julian: Le 1er avril, le 1er avril.
M. Blaine Calkins: La vérité fait mal.
L'hon. John Duncan: Ils me chahutent maintenant, monsieur le Président.
Les députés du NPD disent qu'ils ne publieront pas leurs dépenses parce que les systèmes actuellement employés par d'autres partis sont fondés sur l'autosurveillance. Bien que nous soyons d'accord pour dire que nous devrions viser un système examiné par l'administration de la Chambre, nous ne croyons pas que ce modèle empêche les députés de rendre des comptes à leurs électeurs. Je n'ai pas ménagé les efforts pour que mes rapports de voyage et de dépenses reflètent fidèlement mes dépenses, et je crois pouvoir en dire autant de mes collègues.
Je me demande pourquoi le NPD rechigne autant à l'idée de publier ses dépenses. Est-ce parce qu'il accorde si peu de confiance à ses propres députés qu'il préférerait ne rien publier plutôt que de les encourager à le faire eux-mêmes? Ou est-ce parce qu'il est préoccupé par ce que verrait la population si les dépenses de ses députés étaient publiées? Quels que soient les arguments avancés par le NPD pour faire diversion, il reste qu'il n'y a absolument rien qui l'empêche de prendre des mesures immédiates pour favoriser la transparence.
Actuellement, les dépenses des députés sont examinées de près par les experts non partisans de l'administration de la Chambre. À ce que je sache, la qualité de leur travail n'est pas mise en doute, et le vérificateur général a confirmé que les mesures de contrôle qu'ils ont mises en place sont rigoureuses et efficaces. Je crois comprendre que cette motion nous permettrait d'explorer des façons de recueillir et de consigner des renseignements en vue de les présenter dans un format semblable à celui employé par les ministères pour la divulgation proactive. C'est une méthode sensée et largement acceptée.
Quant au NPD, il voudrait éliminer complètement le système actuel et en établir un nouveau fondé sur le modèle britannique, qui, selon les témoignages présentés au Comité de la procédure et des affaires de la Chambre, ressemble beaucoup à notre propre système.
Le Parlement britannique a mis en place un organisme indépendant parce que son système ne fonctionnait pas. La mise en place a nécessité plusieurs années et s'est faite au prix de millions de livres et d'énormes efforts. Les coûts et les efforts étaient d'autant plus nécessaires qu'il fallait remplacer un système complètement défaillant. Le résultat fut un système de contrôles qui n'est pas particulièrement différent de celui que nous avons déjà mis en place. Pourquoi le NPD nous demanderait-il de dépenser des millions de dollars pour obtenir à un résultat à peine différent?
Je suis fier du bilan du gouvernement en matière de transparence et de reddition de comptes, et je n'hésite pas à dire que nous demeurerons des chefs de file à cet égard. Puisque cette motion va dans le sens de ce que nous faisons déjà grâce au leadership du Parti conservateur, je ne vois aucun inconvénient à l'appuyer. D'ailleurs, je propose:
Que la motion soit modifiée par adjonction, après les mots « de commencer à divulguer », de ce qui suit: « , le 1er avril 2014, ».
:
Monsieur le Président, je suis fier de pouvoir féliciter le Parti libéral. Cela n'arrive pas très souvent. Je suis député depuis 10 ans, et je n'ai pas aimé certaines décisions prises par les libéraux.
Mon point de vue est celui d'un ancien administrateur financier. Je suis l'un des seuls députés des Communes à avoir déjà préparé des documents en vue d'une vérification comptable. Je sais que, lorsque nous préparons des états des dépenses, nous devons nous assurer de trois choses: ils doivent être uniformes, complets et vérifiés.
C'est ce que mon parti, le NPD, soutient depuis des années. Notre pratique actuelle remonte à l'époque j'ai été élu pour la première fois, en 2004. J'ai été l'un des premiers, en compagnie de quelques-uns de mes collègues du NPD, à mettre en ligne des états de mes dépenses vérifiés de la Chambre des communes. Je suis fier de pouvoir dire que tous les membres du caucus des députés du NPD, sans exception, font de même. Leurs électeurs peuvent consulter en ligne, dans le site Web du député, l'information qui leur indique quelles dépenses leur député a faites. C'est très important. C'est un principe que nous continuons d'appliquer depuis des années, pour veiller à ce que tout électeur représenté par un député du NPD puisse consulter en ligne la liste complète et vérifiée des dépenses faites par ce député au cours de l'année. Nous sommes le seul parti à le faire, bien qu'un petit nombre de conservateurs le fassent également.
Mais je félicite maintenant le Parti libéral. Plutôt que de persister dans les dérobades et la diffusion d'information parcellaire qu'ils tentaient d'adopter comme pratique à l'automne, les libéraux ont décidé d'imiter le NPD et de diffuser des états des dépenses uniformes, complets et vérifiés.
Ce changement est extrêmement important. Les gens doivent être capables de comparer les pommes avec les pommes et les oranges avec les oranges, conformément à la longue tradition de saine gestion financière du NPD. Comme les députés le savent, le recueil annuel publié par le ministère fédéral des Finances, où ne pullulent certainement pas les sociaux-démocrates, nous apprend année après année, depuis 20 ans, que les gouvernements néo-démocrates sont les meilleurs pour équilibrer les budgets et rembourser les dettes. C'est un bilan dont nous sommes très fiers. Nous réussissons mieux que tout autre parti dans ce domaine.
Nous étions très fiers de voir le Parti libéral se ranger du côté du NPD. Pour ce qui est de l'amendement proposé par les conservateurs, nous constatons qu'ils semblent eux aussi adhérer au principe selon lequel les dépenses des députés doivent être présentées de façon uniforme, faire l'objet d'une divulgation complète et être vérifiées pour les Canadiens qui veulent les consulter. C'est extrêmement important. Cela signifie que ce ne sont pas seulement les électeurs représentés par un député néo-démocrate qui pourront aller sur Internet et consulter les dépenses de leur député. En fait, tous les partis divulgueront leurs dépenses de façon uniforme, et le tout sera vérifié par la Chambre des communes. C'est extrêmement important. La divulgation sera aussi complète.
J'insiste sur le mot « complète », car il y a déjà eu des divulgations partielles. Les divulgations partielles nuisent aux vérifications. Un député ou encore une institution ou un particulier qui fait une divulgation partielle peut choisir de dévoiler uniquement les renseignements qui lui donnent le beau rôle. Nous l'avons certainement déjà constaté, plus particulièrement du côté des conservateurs. Je parle du député de l', qui a refusé de répondre à la question que je lui ai posée il y a quelques minutes.
Cela dit, la réalité, c'est que lorsque nous examinons les efforts de divulgation des députés conservateurs, nous constatons que le tiers du caucus a même refusé de participer au programme de divulgation partielle qui a été mis en oeuvre par les conservateurs eux-mêmes. Bien entendu, de nombreux sénateurs conservateurs ont aussi refusé d'y participer. C'est tout simplement inacceptable. Les Canadiens s'attendent à plus. Ils veulent pouvoir consulter des dépenses divulguées de façon uniforme et complète et ayant fait l'objet d'une vérification, qu'il s'agisse des dépenses d'un membre du Sénat, une institution qui, à notre avis, devrait être abolie, ou encore de celles d'un député à la Chambre des communes.
Le Parti libéral a présenté une très bonne motion, que nous allons parfaire. À la fin de mon discours, je vais proposer un amendement. Mon collègue s'est déjà montré disposé à accepter cet amendement. De toute évidence, il semblait prêt à accepter celui des conservateurs.
Le député nous a rendu un fier service en présentant cette motion aujourd'hui à la Chambre, car cela nous permettra d'aller de l'avant et d'ajouter en fait ces éléments le 1er avril ou autour de cette date. Il est utile, d'abord pour les députés conservateurs, puis pour les députés de notre côté, que le vérificateur général participe à la vérification des dépenses des députés.
Je vais remettre les choses en contexte, car je crois que c'est important. Il faut remonter aux beaux jours de juin 2013. Le 18 juin, le NPD a présenté une motion. Nous avons dit qu'étant donné l'importance d'avoir une divulgation et une transparence totale, nous proposions que le Comité de la procédure et des affaires de la Chambre abolisse le Bureau de régie interne, qui cultive le secret et régit actuellement les dépenses des députés.
Les députés se souviendront que le 18 juin, une date historique, les autres partis ont accepté. Les conservateurs ont dit que ce serait peut-être une bonne chose d'éliminer le Bureau de régie interne, qui cultive le secret. Les points d'achoppement liés aux dépenses des députés ne seraient plus réglés en catimini, par les députés eux-mêmes. Peut-on s'attendre à ce que les députés contrôlent eux-mêmes leurs dépenses? Pour le Canadien moyen, ce n'est pourtant pas sorcier. Celui-ci considère important d'avoir un système de contrôle. D'ailleurs, il n'est guère logique que les députés s'autocontrôlent.
Le 18 juin, nous avons présenté cette motion. Elle a été adoptée à l'unanimité. Puis, nous l'avons renvoyée au Comité de la procédure et des affaires de la Chambre. Les députés se souviendront du résultat désolant.
Nous avons entendu de nombreux témoignages importants. Je vais contredire le député d', qui a indiqué, il y a quelques minutes, que le Bureau du vérificateur général est d'accord avec l'idée de ne pas exercer de contrôle sur les dépenses des députés. Je tiens à dire que c'est entièrement faux. Permettez-moi de citer Sheila Fraser, l'ancienne vérificatrice générale, qui a déclaré: « Je crois que le vérificateur du Parlement devrait vérifier le Parlement. » L'actuel vérificateur général a témoigné devant le Comité de la procédure et des affaires de la Chambre. Il a répété les propos de Sheila Fraser, soit que le vérificateur général doit pouvoir vérifier les dépenses des députés.
Réagissant à cette remarque, les députés pourraient se demander, comme la plupart des Canadiens: « Le vérificateur général n'a-t-il pas déjà ce pouvoir? » Non, il ne l'a pas, ce qui étonne bien des Canadiens. Le gouvernement actuel compte sur le Bureau de régie interne, qui cultive le secret. Les conservateurs ne veulent rien y changer. Ils refusent avec acharnement de donner au vérificateur général le pouvoir de surveiller les dépenses des députés.
Qu'est-ce qui cloche dans cette histoire? Même les partisans des conservateurs nous demanderaient probablement, étonnés: « Êtes-vous sérieux? Vous voulez dire que les conservateurs veulent continuer de traiter ces renseignements en cachette et empêcher le vérificateur général de les examiner? Cela n'a aucun sens! » Et pourtant, c'est bel et bien la position des conservateurs. Ils ont une stratégie partielle à l'égard des dépenses, qui permet d'exclure tous les sénateurs et les dizaines de députés qui choisissent de ne pas y participer. D'ailleurs, pour voir combien de conservateurs ne font pas partie de la stratégie de divulgation partielle, il suffit de consulter le site Web. Les conservateurs ne veulent pas que le vérificateur général ait droit de regard sur ce dossier, et ils ne veulent rien changer à l'autosurveillance secrète qui caractérise le Bureau de régie interne.
Le vérificateur général était pourtant d'un autre avis quand il a soutenu que « les audits indépendants et [...] une certaine forme de surveillance renforceraient la reddition de comptes des députés, ce qui permettrait d’accroître la confiance du public à l’égard des mécanismes de gouvernance de la Chambre des communes ».
Plus d'un vérificateur général a donc déclaré très clairement qu'il voulait avoir droit de regard sur les dépenses des députés. Le vérificateur général actuel a aussi parlé de la nécessité d'instaurer une surveillance indépendante.
Le Comité de la procédure et des affaires de la Chambre a examiné cette étude. Il a alors entendu plusieurs témoins, grâce à la motion présentée par le NPD à cet effet le 18 juin, une motion appuyée à l'unanimité, si je me souviens bien. Les témoins ont décrit la forme que pourrait prendre l'entité qui remplacerait le Bureau de régie interne, un organisme qui cultive le secret. Au lieu de la façon actuelle de procéder, fondée sur une autosurveillance secrète, on pourrait, par exemple, adopter une méthode semblable à celle du Royaume-Uni, qui confie à une autorité indépendante en matière de normes parlementaires la tâche de surveiller les dépenses des députés. Le Royaume-Uni mise donc non pas sur l'autosurveillance, mais bien sur une surveillance assurée par une entité indépendante.
Sur ce point de politique, le NPD et les conservateurs ont des vues très divergentes. Les conservateurs souhaitent que les députés se surveillent eux-mêmes, alors que le NPD recommande une surveillance indépendante. On ne pourrait pas trouver d'exemple plus clair pour montrer la différence entre ceux qui sont pour une réelle reddition de comptes à la Chambre, et ceux qui sont contre.
À notre avis, le vérificateur général devrait avoir un rôle à jouer; j'en parlerai dans un instant et proposerai un amendement que je pense que mon collègue du Parti libéral accepterait. Nous pensons que le vérificateur général devrait avoir le pouvoir d'examiner les dépenses des députés, et pas seulement quand il est invité à le faire. À l'heure actuelle, les conservateurs sont déterminés à ne pas aller plus loin. Ils disent qu'on peut l'inviter si tout le monde est d'accord. C'est encore une fois de l'autosurveillance. À notre avis, le vérificateur général devrait avoir les ressources et le pouvoir de vérifier à son gré.
Je viens de recevoir une mise à jour de notre excellente équipe de lobbyistes. Il est toujours intéressant de voir ce qui se passe sur le parquet de la Chambre des communes.
Comme il a été clairement établi dans le rapport du Comité de la procédure et des affaires de la Chambre, nous avons également envisagé un scénario où les dépenses des députés seraient visés par la Loi sur l'accès à l'information. Le commissaire à l'information a réclamé cet accès. Selon lui, la Loi sur l'accès à l'information devrait également s'appliquer aux activités sur la Colline du Parlement et aux bureaux de députés, auquel cas, il faudrait mettre en place un système de freins et de contrepoids afin d'assurer le respect de la vie privée.
Il s'agit de dépenses. Ce sont des informations qui sont rendues publiques. Après avoir obtenu l'appui unanime de la Chambre des communes le 18 juin, nous avons présenté un plan accroissant la responsabilité des députés en matière de dépenses et faisant en sorte qu'ils les rendent entièrement publiques. Nous avions déjà proposé la date du 1er avril que tous les partis ont acceptée, et nous sommes tous très heureux de savoir que la divulgation sera améliorée à partir du 1er avril. À compter de cette date, l'information sera publiée tous les trois mois, ce qui est également très important.
Le plus important c'est que les dépenses divulguées soient présentées de façon uniforme et intégrale et qu'elles aient été vérifiées. Nous ne voulons pas que les députés s'autosurveillent et usent de stratagèmes pour présenter des dépenses partielles sans qu'il y ait de surveillance du vérificateur général et qu'ils publient ce qu'ils veulent tout en cachant ce qu'ils ne veulent pas divulguer. L'information doit être complète, elle doit être vérifiée et elle doit être présentée de façon uniforme afin que l'on puisse réellement comparer les dépenses des députés. La grande majorité des députés travaillent fort et s'assurent de justifier leurs dépenses, mais la vérité, c'est que si on ne peut comparer des éléments comparables, les Canadiens auront beaucoup de mal à savoir combien dépense leur député et à comparer ces dépenses à celles d'autres députés.
Le fait que tous les députés néo-démocrates publient ces renseignements sur leur site Web et que cela fasse partie de l'information qu'ils communiquent à leurs électeurs est très important. Ce n'est pas pour bien paraître. Il s'agit d'un outil très pratique que mes électeurs utilisent depuis huit ans.
En effet, cela fait huit ans que je divulgue ces renseignements annuellement et réponds à ceux qui me demandent de justifier certaines dépenses. Je peux répondre à ces questions. Elles me viennent des citoyens de ma circonscription. Parce que depuis huit ans, ceux-ci peuvent consulter mes dépenses directement sur mon site Web.
La résolution propose de le faire sur une base trimestrielle, ce qui est bien. Cela signifie que, tous les trois mois, nous répondrions aux questions très légitimes des électeurs qui paient notre salaire. C'est extrêmement important.
La divulgation améliorée à compter du 1er avril procurera également une transparence accrue, mais ni moi ni le caucus néo-démocrate estimons que c'est suffisant. Ces trois autres éléments doivent faire partie de l'équation. Je sais que les conservateurs se montrant récalcitrants à divulguer davantage de renseignements, mais nous soutenons et continuerons de soutenir que le vérificateur général doit être habilité à examiner les dépenses des députés, comme il le réclame et comme l'ont réclamé ceux qui ont occupé son poste avant lui.
Cela doit se faire de manière nette, et non d'une manière qui obligerait le Bureau du vérificateur général à interrompre certains examens des dépenses en cours en raison d'un manque de ressources. Sous le gouvernement conservateur, le Bureau du vérificateur général a vu son budget considérablement réduit. Par conséquent, il est d'autant plus difficile pour cet organisme de faire un travail efficace au nom des contribuables. Nous estimons que le vérificateur général doit examiner les dépenses des députés et se voir allouer les ressources voulues pour ce faire.
Nous disons également que le principe de l'accès à l'information devrait s'appliquer à la Colline du Parlement. Comme la commissaire à l'information l'a demandé, nous pensons qu'il s'agit d'un élément extrêmement important, qui devrait être inclus dans un plan de transparence général.
De plus, nous sommes toujours persuadés que le Bureau de régie interne, une entité secrète qui n'a aucun compte à rendre, devrait cesser de surveiller les dépenses des députés.
J'ai mentionné le Royaume-Uni. Ce pays compte un organisme indépendant responsable des normes qui fonctionne très bien. Permettez-moi de citer un autre exemple de surveillance indépendante au Canada. Le gouvernement néo-démocrate du Manitoba a créé un commissariat chargé de surveiller ces dépenses.
Je pense que si on demandait à 100 Canadiens si les députés devraient se surveiller eux-mêmes, 99 d'entre eux diraient: « Certainement pas. Ils doivent faire l'objet d'une forme quelconque de surveillance indépendante. Les députés ne devraient pas s'autosurveiller en matière de dépenses. Il faut qu'il y ait un mécanisme de surveillance indépendant. » C'est ce que diraient 99 personnes sur 100. La centième personne demanderait probablement qu'on répète la question, puis elle dirait que les députés ne devraient pas s'autosurveiller en ce qui concerne leurs dépenses et que c'est plutôt une entité indépendante qui devrait être chargée de cette tâche.
C'est ce que nous proposons. Le témoignage de la commissaire à l'information va d'ailleurs dans le même sens, de même que ceux du vérificateur général actuel et de certains de ses prédécesseurs. Tous ont clairement dit qu'il faut que l'examen des dépenses des députés relève de leurs compétences, ce qui n'est actuellement pas le cas. Beaucoup d'autres témoins ont aussi exprimé le même point de vue.
Hélas, comme le savent les députés, nous nous sommes butés à un mur même si la population nous a exprimé son appui le 18 juin et que nous jouissons d'appuis aux quatre coins du pays. Une multitude de Canadiens d'un océan à l'autre m'ont téléphoné ou écrit personnellement pour féliciter le NPD d'avoir présenté la motion et tous les partis de l'avoir appuyée. Cependant, j'ai l'impression que les conservateurs ont préféré former un comité de manière à étouffer tranquillement et en douce cette proposition judicieuse. Le comité a effectivement étouffé ces excellentes idées auxquelles la vaste majorité des Canadiens étaient manifestement favorables.
Nous avons présenté un rapport minoritaire qui a beaucoup circulé au pays et dans lequel nous exhortions le gouvernement à envisager de soumettre les dépenses des députés à l'examen du vérificateur général, une idée dont nous ne démordrons pas. Nous sommes fermement convaincus que les dépenses des députés doivent faire l'objet d'une analyse en bonne et due forme de la part d'un organe indépendant et digne de confiance.
Nous ne sommes pas d'accord avec l'autosurveillance que semble actuellement préconiser le gouvernement. Nous sommes sincèrement convaincus qu'il faut mettre un terme à la surveillance incestueuse des dépenses des députés par le Bureau de régie interne. De toute évidence, la population serait tout à fait favorable à cette éventualité.
Voilà les idées que nous continuons à défendre. Nous savons que le gouvernement s'y oppose, mais nous sommes convaincus qu'il n'en va pas de même des Canadiens. Par conséquent, je propose la motion suivante:
[Français]
Je propose, appuyé par ma collègue de , que la motion soit modifiée par adjonction après les mots « dépenses ministérielles » de ce qui suit: qu'elle demande au Bureau de régie interne d'inviter le Bureau du vérificateur général à vérifier cette divulgation.
:
Monsieur le Président, je suis contente de parler de la motion d'aujourd'hui. Je tiens aussi à féliciter mon collègue, le député de , de l'avoir présentée. C'est une mesure importante. Je reprends le libellé de la motion:
Que la Chambre reconnaisse l’importance de la transparence et de la reddition de comptes au chapitre de l’utilisation des deniers publics, et qu'elle reconnaisse aussi que la plupart des partis ont déjà commencé à divulguer les frais de déplacement et d’accueil de leurs députés; par conséquent, qu'elle demande au Bureau de régie interne d’ordonner aux membres du personnel administratif professionnel non partisan de la Chambre des communes de commencer à divulguer tous les frais de déplacement engagés au titre du Système des points de déplacement ainsi que tous les frais d’accueil des députés, sur le site Web du Parlement du Canada, d'une manière analogue à celle prescrite dans les lignes directrices du gouvernement pour la divulgation proactive des dépenses ministérielles.
Pourquoi est-ce une bonne idée?
[Français]
La confiance des Canadiens envers les titulaires de charge publique et le milieu politique a été sérieusement ébranlée ces dernières semaines à cause du scandale éthique entourant le versement de 90 000 $, que le chef de cabinet du a fait à un législateur en fonction, et par le culte sacré entretenu par les conservateurs au pouvoir.
[Traduction]
Il existe un certain nombre de raisons pour lesquelles nous devrions franchir cette nouvelle étape dans la recherche de la transparence et de l'ouverture. Les Canadiens ont le droit de savoir comment leur argent est dépensé, et le public s'inquiète beaucoup à ce sujet.
Cela dit, je voudrais dire un mot sur les observations et le sursaut d'indignation du député de , qui nous demande de mettre fin au système d'autosurveillance. Je tiens à souligner le calme de la députée de et sa façon pragmatique de s'exprimer. Bien qu'elle ne siège aux Communes que depuis peu de temps, elle possède beaucoup d'expérience comme parlementaire dans sa province et elle comprend très bien, comme nous tous, qu'il ne s'agit pas d'un système d'autosurveillance. La Chambre des communes a bel et bien des employés administratifs non partisans qui s'occupent de traiter les demandes de remboursement et de nous rembourser le gros de nos dépenses. Ces employés veillent au respect des règles qui régissent l'utilisation des budgets.
Donner l'impression qu'il s'agit d'un système d'autosurveillance ne fait que nuire davantage à la réputation déjà malmenée des parlementaires de la Chambre des communes. J'espère que l'indignation baissera d'un cran, de manière à ce que tous les partis soient animés d'un bon esprit de collaboration et appuient la motion du Parti libéral.
Cela dit, même si ce sont des employés administratifs non partisans de la Chambre des communes qui traitent les demandes de remboursement dans le respect le plus strict des règles, comme l'a indiqué ma collègue de , il est certain que nous pouvons en faire davantage. Pourquoi? Parce que notre pays souffre nettement d'un déficit démocratique et que les gens font de moins en moins confiance au Parlement et aux parlementaires, et ce, pour de nombreuses raisons que j'aborderai en partie tout à l'heure. Mais, pour l'instant, permettez-moi de vous offrir quelques citations qui suffisent à montrer qu'il y a érosion et perte de confiance à l'égard de notre démocratie et de notre système parlementaire.
Dans une allocution prononcée en 2009, le PDG du Forum des politiques publiques, David J. Mitchell, a affirmé que, selon EKOS, une maison de sondage, « la proportion des Canadiens qui font confiance à leur gouvernement a diminué de 30 points de pourcentage entre 1968 et 2006. » Il s'agit de la confiance envers le gouvernement, et non envers le Parlement, mais le gouvernement fait partie de nos institutions démocratiques, alors la réputation des parlementaires est entachée par le fait même.
Qui plus est, M. Mitchell a cité un sondage Gallup selon lequel la confiance dans la Chambre des communes a diminué de 26 % de 1979 à 2001 et, durant la même période, la confiance dans les partis politiques au Canada a diminué de 17 %.
Selon des études effectuées par Élections Canada, il y a une augmentation constante des perceptions négatives du gaspillage, de la corruption et des normes d'éthique à la fonction publique depuis les années 1960. C'est une baisse regrettable de la confiance dans les systèmes et institutions démocratiques du Canada.
C'était en 2009. Comment nous portons-nous depuis? Le Conference Board du Canada a récemment donné un C au Canada, affirmant que nous nous classons au sixième rang parmi 16 pays comparables et que la confiance du public dans le Parlement avait diminué dans la plupart de ces pays au cours des deux dernières décennies. Nous nous trouvons donc au deuxième tiers d'un groupe de 16 pays; cependant, la confiance dans tous ces pays est à la baisse. Nous savons que la confiance dans les institutions politiques est essentielle à la stabilité des sociétés et au fonctionnement d'une démocratie. En fait, la recherche démontre que la santé de la démocratie d'un pays est directement reliée à la santé de son économie; il y a donc un lien direct avec les comptes en banque des Canadiens.
En juin 2013, le Globe and Mail a cité un ancien sous-ministre qui a participé à la Commission du Nouveau-Brunswick sur la démocratie législative. David McLaughlin a signalé que la confiance dans le Parlement du Canada et ses députés était l'une des plus faibles parmi 26 pays dans un sondage effectué en 2012. M. McLaughlin a dit qu'un autre sondage au printemps dernier a noté une diminution de 20 points de pourcentage dans la satisfaction démocratique au Canada dans les huit dernières années, à peine plus de la moitié des Canadiens étant satisfaits de leur démocratie.
Ça ne suffit pas, et l'on peut constater une chute nette depuis que les conservateurs sont arrivés au pouvoir.
En 2012, AmericasBarometer a affirmé que sa recherche démontrait que seulement 17 % des Canadiens faisaient confiance au Parlement et que seulement 10 % d'entre eux faisaient confiance aux partis politiques. Ces chiffres sont différents, mais ils portent eux aussi sur la confiance dans le Parlement. Bien évidemment, quand on pose les questions différemment, on obtient des résultats différents. Cependant, aucun de ces résultats n'est satisfaisant.
Frank Graves, de la maison de sondage EKOS, a noté ceci dans son analyse, en 2014: « Si l'on devait résumer en une seule phrase ce que les sondages nous ont dit à propos de la démocratie canadienne en 2013, ce serait: Nous perdons confiance. » Voilà ce que les Canadiens ont dit à EKOS. Lorsqu'on leur a demandé « Parmi les choix suivants, lequel reflète votre plus profonde préoccupation pour l'avenir? », la réponse la plus populaire était « Le déclin net de nos institutions publiques et démocratiques. »
Je pourrais vous présenter d'autres statistiques du même type, mais je crois que celles-ci suffisent à montrer hors de tout doute le manque de confiance du public envers le Parlement, le gouvernement et la démocratie. Nous savons que ce n'est pas dans cette direction que nous souhaitons aller et qu'il est essentiel de rétablir la confiance du public.
Lorsque les Canadiens ne font pas confiance au Parlement, ils ne font pas non plus confiance à la démocratie, et donc, ils y participent de moins en moins. La situation peut ainsi se détériorer s'ils ne s'intéressent pas aux politiques, aux lois et aux projets de loi. Ils sont alors moins susceptibles de les appuyer, et dans ce cas, il est moins probable que les projets de loi et les politiques reflètent leur opinion. Nous ne pouvons pas accepter que notre pays soit entraîné dans cette spirale descendante.
Je suis née dans un pays qui n'était pas démocratique pendant les sept années où j'y ai habité. Ce pays, c'est l'Afrique du Sud. Pour des raisons très personnelles, je m'intéresse donc de près à la santé de la démocratie canadienne et il est important pour moi, à titre de députée — comme pour la plupart des députés d'ailleurs —, de renforcer la confiance de la population à l'égard de la démocratie, car j'ai pu constater par moi-même à quoi ressemble une société qui ne peut pas compter sur une démocratie fonctionnelle et inspirant confiance.
Récemment, Nelson Mandela est décédé en Afrique du Sud. Il est incontestable que cet homme était un héros partout dans le monde en raison du travail qu'il a accompli pour instaurer la démocratie dans un pays qui en avait été privé pendant très longtemps. Il l'a instaurée en rassemblant les gens, et non en créant de la dissension. Dans l'esprit de la contribution que M. Mandela, Madiba, a apportée au monde entier, c'est pour moi un défi personnel et une responsabilité de faire ce que je peux — et je sais que bon nombre de mes collègues partagent aussi mon point de vue — pour rétablir la démocratie dans notre pays.
Plusieurs raisons expliquent que la confiance dans la démocratie s'effrite. Au cours des huit dernières années, cette tendance s'est accélérée. À mon avis, certaines politiques et décisions délibérées du gouvernement conservateur ont joué un rôle dans cette situation. Je dois en mentionner quelques-unes, et ce, même si nous espérons que la motion présentée par les libéraux sera appuyée par tous les partis, dans un esprit de collaboration.
Il convient de souligner que cette perte de confiance envers la démocratie, les institutions, le Parlement et le gouvernement est liée à la surutilisation de la prorogation. Lorsqu'on a recours à cet outil pour se défiler, cela mine la confiance du public dans notre institution. Lorsque des projets de loi omnibus visant une vaste gamme de changements de politiques publiques sont présentés et que la clôture est imposée pendant leur étude, à tel point qu'il est impossible de bien les comprendre et d'en débattre de façon adéquate à la Chambre, il est certain que le public remet en question nos délibérations sur les modifications proposées à des politiques et à des lois.
Le public s'attend à ce que les parlementaires travaillent en comité, examinent les projets de loi et se penchent sur les questions qui préoccupent les Canadiens: les politiques publiques, le financement et les injustices. Les comités ont traditionnellement été considérés comme une tribune indépendante, où les députés peuvent exprimer leurs idées ainsi que leurs inquiétudes quant à l'efficacité des politiques et des projets de loi présentés par le gouvernement et les parlementaires. Les comités ne sont plus aussi efficaces qu'avant. De plus en plus de comités tiennent leurs travaux à huis clos; il y a donc un manque de transparence et de reddition de comptes. En outre, l'indépendance des ministériels est si limitée que les instructions du Cabinet du l'emportent sur toute réserve qu'ils pourraient avoir concernant une mesure que leur propre gouvernement a présentée.
Enfin, la mesure législative que j'appelle « loi sur le manque d'intégrité des élections » minera elle aussi la confiance du public. Les élections sont cruciales dans notre démocratie. Elles assurent l'élection des parlementaires. Si le processus qui sert à élire les députés est moins inclusif et plus susceptible d'exclure les électeurs vulnérables et d'autres Canadiens — les personnes handicapées, les aînés, les sans-abri et les gagne-petit —, il devient alors moins démocratique et moins équitable. Lorsqu'on limite la capacité du dirigeant d'Élections Canada à insister sur l'importance du droit de vote, à inciter le public à voter, à veiller au respect des lois et règlements et à faire en sorte qu'il n'y ait pas de fraude, cela mine aussi la confiance des Canadiens dans notre démocratie et dans le processus à l'issu duquel le gouvernement et le Parlement sont constitués.
Il faut agir. On a beau parler de transparence et d'ouverture, c'est un bon début, mais il faut prendre des mesures. Je suis fière que le Parti libéral ait pris des mesures concrètes pour rétablir la confiance du public dans le Parlement et dans notre démocratie.
D'ailleurs, il n'y a pas si longtemps, le chef du Parti libéral du Canada a annoncé une réforme du Sénat. Certains estiment qu'il s'agit de la plus importante réforme qu'ait connue le Sénat depuis sa création. Le chef du Parti libéral s'est engagé à modifier la façon dont sont nommés les sénateurs. Sous un gouvernement libéral, les sénateurs ne seraient plus nommés parce qu'ils sont les meilleurs collecteurs de fonds de leur équipe partisane et poursuivent leurs activités en ce sens aux frais des contribuables. En vertu de la résolution du chef libéral, un processus de nomination indépendant, non partisan et exempt de copinage serait mis sur pied.
Pour joindre le geste à la parole, le chef libéral a libéré aujourd'hui les sénateurs libéraux de la nécessité de faire partie du caucus national, de penser en fonction d'intérêts partisans comme sont, bien entendu, tenus de le faire les députés. Il les a libérés des directives du chef du Parti libéral, du temps consacré à ces discussions conjointes, et certainement du genre de respect des instructions que l'on observe chez les sénateurs conservateurs, au détriment de leur propre parti et de leur propre gouvernement lorsque, à en croire les allégations, ces instructions viennent du Cabinet du et visent la manipulation de rapports du Sénat et d'une vérification présumément neutre des dépenses de sénateurs. Ce genre d'activités est tout à fait inacceptable et mine la confiance des Canadiens envers le Parlement et le gouvernement.
Grâce à la réforme du Sénat du chef du Parti libéral, les sénateurs libéraux travaillent ensemble de manière constructive. Ils se concentrent sur la politique d'intérêt public, sur le bien-être des Canadiens, sur la représentation de leur région, sur les causes qu'ils défendent et sur la mise à profit de leur expertise dans l'étude des projets de loi et des politiques. C'est ainsi que cela doit se faire et il en demeurera ainsi si les libéraux forment le prochain gouvernement. Ce n'est là qu'une seule grande initiative pour joindre le geste à la parole en matière d'ouverture, de transparence et de démocratie afin de regagner la confiance du public, une confiance qui s'effrite énormément, comme en témoignent les citations que j'ai évoquées au début de mon intervention.
Nous comptons sur la collaboration des autres partis en ce qui a trait à cette motion qui vise à accroître la transparence des dépenses des députés. Le chef du Parti libéral a montré la voie à suivre l'été dernier quand il s'est engagé à publier tous les trois mois les frais de déplacement et de représentation, de manière transparente. Il suivait ainsi l'exemple d'un ancien premier ministre libéral qui, en 2003, a mis en place un modèle très efficace de divulgation proactive des dépenses pour les ministres. Ce modèle existe encore aujourd'hui, et il était très logique d'adopter ce genre de mécanisme pour les députés dans le cadre de nos efforts pour rétablir la confiance des Canadiens dans nos institutions. Il est décevant que, lorsque le Parti libéral a présenté une motion demandant à tous les partis de divulguer leurs dépenses d'une manière analogue à celle prescrite dans les lignes directrices du gouvernement pour la divulgation proactive des dépenses ministérielles, le Nouveau Parti démocratique a bloqué cette motion.
Qui sait pourquoi il a agi ainsi? J'ai entendu certaines des remarques de l'intervenant précédent, le député de , mais je n'ai certainement pas compris clairement pourquoi le NPD estime qu'il ne devrait pas collaborer à ce modèle de divulgation proactive et transparente, comme le font les députés du Parti libéral, ainsi que ceux du Parti conservateur, qui divulguent eux aussi ces renseignements de façon transparente afin de rétablir la confiance du public.
Nous invitons les députés de l'opposition officielle à se joindre à nous afin que le modèle de divulgation puisse être, comme je l'ai dit, géré par les fonctionnaires non partisans qui savent déjà comment veiller au respect des règles qui régissent l'utilisation des budgets.
Il est important que nous rétablissions la confiance et l'esprit de collaboration afin que nous puissions aborder les grands défis en matière de politique publique qui préoccupent les Canadiens.