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Monsieur le Président, je suis heureux de parler du projet de loi , Loi sur la protection des Canadiens contre la cybercriminalité, qui moderniserait le Code criminel afin de s'attaquer au problème pernicieux de la cyberintimidation. Pour y parvenir, le projet de loi C-13 prévoit la création de nouvelles infractions criminelles visant la distribution non consensuelle d'images intimes.
Le projet de loi prévoit aussi la modernisation des outils d'enquête prévus au Code criminel afin que la police puisse appliquer les dispositions qui créent de nouvelles infractions ainsi que les anciennes dispositions qui portent sur l'utilisation d'Internet à des fins criminelles et sur les éléments de preuve électronique. La Loi sur l’entraide juridique en matière criminelle et la Loi sur la concurrence seront aussi modernisées de façon semblable afin qu'elles soient adaptées aux exigences de la technologie moderne.
Les médias ont beaucoup parlé du projet de loi C-13, notamment des modifications concernant les outils d'enquêtes, et je souhaite donc mettre l'accent sur ces éléments dans mon intervention.
Il n'est pas rare d'entendre les gens dire que la technologie a grandement changé leur vie. Il est maintenant possible de réserver des billets d'avion sur Internet de chez nous à toute heure du jour et de la nuit. Grâce aux GPS, on peut se rendre de Montréal à Saskatoon sans carte routière et sans même être obligé de demander notre chemin. La technologie a aussi changé la façon dont nous communiquons les uns avec les autres. Les cellulaires nous permettent de rester en contact peu importe où nous nous trouvons, et les messages textes sont tellement rapides et peu dispendieux qu'il est facile de communiquer avec des gens qui se trouvent à l'autre bout du monde.
Les Canadiens sont à l'avant-garde dans le monde en ce qui concerne l'utilisation d'Internet. En 2012, 83 % des Canadiens de plus de 16 ans utilisaient Internet à des fins personnelles, et ce pourcentage continue de grimper. Les possibilités et les occasions que ces technologies nous offrent sont tout simplement incroyables. Bien que la technologie puisse rapprocher les gens, elle peut également être utilisée à des fins malveillantes. Elle peut faciliter la perpétration d'un grand nombre d'actes criminels, notamment l'exploitation sexuelle d'enfants et la fraude liée à l'identité, et nous avons été récemment témoins de graves cas de cyberintimidation.
La technologie a également entraîné la perpétration de nouveaux crimes qui n'existaient pas avant la création de l'ordinateur. Il est maintenant question en droit criminel de piratage informatique et d'attaques causant des dénis de service.
La technologie a changé la nature des éléments de preuve laissés après la perpétration d'un crime. Alors que, dans le passé, un numéro de téléphone pouvait révéler l’identité d’un suspect, de nos jours, les données de transmission d’un courriel peuvent fournir cette information. Des complots peuvent être montés dans des salons de clavardage, et les gens parlent même d’empreintes numériques.
Il est temps d’actualiser les infractions figurant au Code criminel de façon à tenir compte des nouvelles manières de commettre des crimes qui n'ont rien de nouveau, comme l'intimidation, qui a évolué en cyberintimidation. Les modifications proposées par le projet de loi actualiseraient les pouvoirs en matière d’enquête prévus dans le Code criminel et la Loi sur la concurrence afin que les enquêteurs disposent des outils qu'il leur faut pour traiter des éléments de preuve dans ce nouveau contexte technologique.
Certaines des modifications proposées dans le projet de loi C-13 dans le but de moderniser le Code criminel actualiseraient des infractions ou encore mettraient à jour ou créeraient des outils d'enquête.
En ce qui a trait aux infractions qui figurent déjà dans le Code criminel, le projet de loi C-13 actualiserait celles qui concernent la communication de faux renseignements, les communications indécentes et les appels téléphoniques harassants, à l'article 372. Actuellement, le libellé des trois infractions fait référence à des technologies désuètes, comme le téléphone et le télégraphe. Les modifications proposées institueraient en délit le fait de commettre les mêmes actes au moyen du courriel, d'un message texte ou de tout autre mode de communication.
Les comportements interdits aux termes de l'article 372 se rapportent déjà dans une large mesure à l'intimidation traditionnelle, comme les appels répétés et harcelants, mais les modifications leur permettraient d'englober également la cyberintimidation.
En outre, le projet de loi propose d'apporter des modifications mineures à d'autres infractions au titre du Code criminel. Les modifications s'inscriraient dans la démarche gouvernementale de modernisation du Code criminel pour qu'il tienne compte de l'évolution technologique. Ainsi, les modifications apportées à l'article qui porte sur la possession de moyens permettant d'obtenir des services de télécommunication le seraient aussi à un autre article du Code criminel, cette fois sur la possession d'outils de piratage informatique, harmonisant ainsi deux dispositions similaires dans le but de gagner en transparence et de les rendre conformes à la jurisprudence lorsqu'elle considère que ces moyens englobent les programmes informatiques.
Sur ce point en particulier, les médias ont rapporté tout à fait à tort que le projet de loi criminaliserait le vol de signaux de câblodistribution. Or, cette infraction figure déjà au Code criminel, et ce, depuis 1960.
Quant aux dispositions du projet de loi visant à moderniser les outils d'enquête, ces modifications visent les appareils électroniques et sont conçues pour réduire au minimum les atteintes à la vie privée et aux libertés civiles.
Il y a eu une certaine confusion à propos des outils d'enquête compris dans le projet de loi. Aujourd'hui, j'espère dissiper certains de ces mythes en expliquant les raisons qui justifient ces changements nécessaires à la loi pénale.
Premièrement, le projet de loi propose deux nouvelles dispositions visant la préservation de la preuve électronique, un élément de preuve éphémère. Il s'agit des ordres et des ordonnances de préservation. Notons qu'on ne devrait pas confondre les mesures de préservation avec les mesures de conservation des données.
Aucune disposition de ce projet de loi n'exigerait que les fournisseurs de services Internet recueillent des données sur tous leurs clients et les conservent indéfiniment. Un ordre ou une ordonnance de préservation exigerait qu'une personne ou une entreprise non visée par l'enquête préserve certaines données informatiques, y compris des images intimes trouvées sur un site Web. Les données pourraient être préservées seulement pour une période limitée et aux fins d'une enquête précise.
On peut voir ces dispositions comme un ordre de non-suppression. Il s'agit simplement de demander à une personne concernée de préserver ou de sauvegarder des données dont elle dispose déjà, pendant une période déterminée. Ces dispositions donnent un pouvoir indispensable pour permettre à la police de mener ses enquêtes de manière efficace lorsque des éléments de preuve essentiels peuvent être supprimés en appuyant sur une simple touche.
L'ordre ou l'ordonnance de préservation donnerait suffisamment de temps à la police pour demander à un juge les mandats ou les ordonnances nécessaires afin d'obtenir des éléments de preuve particulièrement éphémères. Ainsi, en attendant d'obtenir un mandat ou une ordonnance de communication, la police n'aurait pas à craindre que les données nécessaires soient perdues ou supprimées — volontairement ou non — dans le cadre des activités normales de l'entreprise.
La durée d'une ordonnance de préservation serait limitée à 21 jours pour les enquêtes nationales, et à 90 jours pour les enquêtes internationales. Cela signifie que, si un agent de police n'obtenait pas une ordonnance d'un tribunal ou un mandat visant les données préservées avant l'expiration de l'ordre, les données ne seraient pas conservées dans le cadre normal de l'activité commerciale et seraient détruites. Les données ne seraient pas remises aux forces de l'ordre en l'absence d'une ordonnance judiciaire ou d'un mandat.
S'il fallait prolonger la durée de l'ordonnance de préservation, les policiers devraient obtenir d'un juge une ordonnance de préservation, qui leur laisserait au plus 90 jours pour obtenir une ordonnance de communication ou un mandat afin d'obtenir les données préservées. Si les policiers ne pouvaient pas obtenir l'ordonnance de communication ou le mandat avant que l'ordonnance de préservation prenne fin, la personne détenant les données conservées devrait les détruire, à moins que ses pratiques commerciales l'obligent à les conserver. Autrement dit, on ne conserverait pendant un temps limité que des données informatiques précises, qui serviraient seulement à l'enquête.
La mesure législative prévoit un mécanisme de protection des renseignements personnels encore plus fondamental. En effet, les données qui, normalement, ne seraient pas conservées par le fournisseur de services seraient détruites dès qu'elles ne seraient plus nécessaires à une enquête.
Ces mécanismes de protection illustrent notre volonté de respecter, dans le projet de loi, le caractère privé des renseignements personnels et de nous conformer au droit à la vie privée établi dans la loi canadienne.
Outre le régime de préservation, le projet de loi propose de mettre à jour le régime actuel sur les ordonnances de communication. Une ordonnance de communication est une ordonnance judiciaire qui exige qu'un tiers, par exemple une banque, fournisse aux policiers des documents contenant des données liées à une enquête. Le mandat de perquisition est également une ordonnance judiciaire, mais il permet aux policiers de chercher les documents eux-mêmes.
Le Code criminel prévoit actuellement deux types d'ordonnances de communication: celles qui concernent des renseignements financiers de base très précis, par exemple l'état et le type d'un compte bancaire, ainsi que les ordonnances générales de communication concernant toutes les données pouvant être nécessaires à une enquête.
Souvent, les objectifs d'une enquête sont assez bien définis et les ordonnances de communication générales pourraient fournir à la police beaucoup plus de renseignements que ce dont elle a besoin dans certaines circonstances. En pareils cas, il est logique de disposer d'outils particuliers, comme les ordonnances de communication de données financières, qui permettent à la police d'obtenir les données qu'elle recherche et qui sont conçus pour répondre aux attentes en matière de protection de la confidentialité des données en question.
On peut voir cette façon de faire comme la protection ciblée de la confidentialité. Au lieu d'utiliser un seul outil pour tous les problèmes, nous proposons plusieurs outils mieux adaptés aux différents types de problème.
Le projet de loi prévoit le maintien des deux types d'ordonnance de communication qui existent déjà dans le Code criminel. Il en propose en outre trois autres, qui visent des types particuliers de données liées aux technologies modernes.
Le projet de loi prévoit ainsi la création d'ordonnances de communication visant des données de localisation historiques qui permettraient à la police de déterminer, par exemple, l'usage d'une carte bancaire pendant une période particulière; des données historiques liées à l'acheminement des télécommunications, comme l'adresse à laquelle un courriel a été envoyé et le moment où il l'a été, que l'on appellerait des données de transmission; et des données historiques en vue de retracer une communication précise.
Ce dernier type d'ordonnance de communication constituerait un outil très important, adapté à la complexité des communications modernes, car il permettrait à la police d'identifier la source d'une communication qui pourrait avoir passé par différents fournisseurs de services de télécommunication avant d'atteindre sa destination finale.
D'autres modifications prévues dans le projet de loi auraient une incidence sur les dispositions existantes concernant le mandat de localisation. Le mandat de localisation n'est pas la même chose que l'ordonnance de communication des données de localisation, qui fournit des renseignements sur les déplacements antérieurs.
Voilà plus de 20 ans que la police peut demander à un juge un mandat de localisation lui permettant de suivre les allées et venues d'une personne en temps réel. Comme nous pouvons nous l'imaginer, la technologie a beaucoup évolué en 20 ans. Alors que la précision des moyens était limitée autrefois, il existe maintenant des technologies qui permettent de suivre des objets de beaucoup plus près.
Le projet de loi propose de scinder les dispositions existantes relatives au mandat de localisation afin de créer deux types de mandats: l'un pour la localisation des personnes physiques, et l'autre pour la localisation d'une opération ou le déplacement d'une chose, comme une voiture.
À l'instar de la disposition existante relative au mandat de localisation, on pourrait continuer à recourir au mandat pour la localisation de choses s'il existe des motifs raisonnables de soupçonner. Ce projet de loi propose toutefois de relever les seuils juridiques à respecter pour l'obtention d'un mandat de localisation de personnes physiques. Autrement dit, lorsqu'un policier demande au juge ou à la justice de décerner un mandat pour ce genre de localisation plus continue et précise, il devrait remplir des critères plus stricts pour convaincre le juge de la nécessité d'obtenir un mandat de localisation.
C'est une approche à deux volets qui permettrait à la police de conserver l'efficacité du mandat aux critères moins stricts tout en rehaussant la protection de la vie privée lorsque cela s'impose.
Le projet de loi mettrait également à jour la disposition relative au mandat pour l'enregistreur de numéro qui permet à la police de surveiller les appels sortants et entrants d'un numéro de téléphone donné.
Certes, certains d'entre nous utilisent encore des téléphones traditionnels, mais la ligne terrestre est en perte de vitesse. Un nombre croissant de Canadiens utilisent des téléphones intelligents, la messagerie texte, le courriel et d'autres méthodes de communication à la fine pointe de la technologie. La police doit être en mesure d'obtenir les données de routage de ces nouvelles technologies, de la même façon qu'elle peut obtenir les numéros de téléphone grâce aux mandats existants. C'est la latitude que lui conféreraient le mandat proposé pour l'enregistreur de données de transmission et la nouvelle ordonnance de communication pour les données de transmission.
Alors que, actuellement, la police peut obtenir uniquement le numéro de téléphone de l'appelant, elle pourrait dorénavant obtenir des renseignements sur les nouvelles formes de communication et de destination, comme les adresses courriel, par exemple. Il est grand temps d'élargir la portée des mandats, eu égard aux avancées technologiques dans les modes de communication.
Je pense qu'il est important de souligner que ce mandat maintiendrait les mesures de protection de la vie privée prévues actuellement dans le Code criminel. Ni le mandat, ni l'ordonnance de communication ne permettraient à la police d'accéder au contenu des courriels, des messages texte ou des appels téléphoniques. Ce mandat ne lui permettrait même pas d'obtenir le contenu de la ligne « objet » des courriels. Essentiellement, le projet de loi permettrait à la police de connaître la provenance ou la destination d'une communication. C'est le seul renseignement qu'elle obtiendra au moyen de ce mandat ou de cette ordonnance de communication.
Outre ces outils d'enquête nouveaux et améliorés, le projet de loi permettrait également de préciser et de renforcer les pouvoirs que la common law confère aux policiers. L'article 487.014 serait modifié de telle sorte que les policiers ne seraient plus tenus d'administrer ou de faire appliquer une loi du Parlement pour demander de l'information. Le libellé actuel complique souvent le travail quotidien des policiers, par exemple lorsqu'ils ont besoin d'information pour communiquer avec le plus proche parent.
D'aucuns se sont demandé si ce changement ne ferait pas tomber les limites concernant l'information qu'un policier peut demander à une personne de fournir de son plein gré. Qu'on se comprenne bien: les pouvoirs dont jouissent les policiers en vertu de la common law peuvent être exercés uniquement dans le cadre d'une opération policière légitime, ce qui constitue déjà une limite en soi. Qui plus est, les restrictions que doivent actuellement respecter les personnes qui fournissent de l'information demeureront inchangées. Une personne ne peut pas fournir de l'information que la loi lui interdit de fournir. En fait, les personnes à qui les policiers vont demander de l'information vont continuer de devoir respecter les lois fédérales et provinciales sur la protection de la vie privée et la divulgation des renseignements personnels. Autrement dit, cette disposition vise d'abord et avant tout à éviter aux policiers d'avoir à demander une ordonnance de communication chaque fois qu'ils veulent poser une question à quelqu'un.
Qu'elles portent sur la nouvelle infraction de distribution non consensuelle d'images intimes ou sur la modernisation des outils d'enquête, ces modifications sont le fruit de vastes consultations.
Les modifications proposées dans le projet de loi étaient en outre recommandées dans un rapport fédéral-provincial-territorial sur la cyberintimidation et la distribution non consensuelle d'images intimes. Ce rapport, publié en juillet 2013, a reçu l'aval des ministres fédéral, provinciaux et territoriaux en novembre de la même année.
On y recommande fortement, d'une part, de créer les nouvelles infractions qui se trouvent dans la mesure législative et, d'autre part, de ramener les éléments relatifs à la modernisation des outils d'enquête. On y recommande enfin d'assortir les nouvelles infractions d'outils d'enquêtes modernes.
Grâce au projet de loi , les policiers disposeront des outils dont ils ont besoin pour mener, de manière efficace et efficiente, des enquêtes complexes dans le monde d'aujourd'hui. Ils pourraient notamment s'attaquer aux formes les plus graves de cyberintimidation, comme la distribution non consensuelle d'images intimes, ainsi qu'aux autres infractions associées à la cyberintimidation, comme le harcèlement criminel ou l'extorsion.
Le gouvernement s'est engagé à combattre la cybercriminalité sous toutes ses formes. Ce projet de loi constitue un ajout essentiel à son arsenal législatif.
Il est bien important de comprendre le contexte dans lequel s'inscrit la mesure législative. La technologie a changé et l'environnement dans lequel les policiers font leur travail aussi, et ces derniers ont besoin d'outils modernes pour faire le travail qu'on leur demande de faire depuis de nombreuses années.
Afin de protéger nos familles et nos êtres chers lorsqu'ils sont victimes de cyberintimidation et de cybercriminalité, nous devons faire en sorte que les policiers aient accès aux outils et à l'information nécessaires. Lorsque nous verrons quelqu'un inciter une autre personne à faire quelque chose de mal ou que nous serons témoins d'intimidation ou de harcèlement, les outils pour empêcher que de telles situations ne s'aggravent existeront.
Il est primordial d'adopter une mesure législative qui soit adéquate. Il est extrêmement important que nous établissions un juste équilibre entre les droits individuels, d'une part, et les droits des policiers et des victimes, d'autre part. La présente mesure législative, dans sa version actuelle, permet justement d'atteindre cet équilibre. Les données pourront être conservées, mais les policiers visés devront avoir reçu le mandat avant de pouvoir les utiliser. Cette mesure est pertinente et très sensée. À mon avis, bien des Canadiens seront de cet avis.
J'ose espérer que tous les députés seront sensibles à l'importance de ce projet de loi. Il est très important que nous modernisions les lois et les moyens dont nous disposons pour tirer parti des nouvelles technologies dès qu'elles sont accessibles et pour lutter contre les nouvelles activités criminelles perpétrées au moyen des nouvelles technologies, et ce, en veillant à ce que les policiers aient les outils nécessaires pour faire en sorte que les nouvelles technologies soient utilisées non pas à mauvais escient, mais aux fins pour lesquelles elles ont été conçues au départ: dans l'intérêt public.
J'espère que tous les députés appuieront la nécessité d'instaurer des outils modernes adaptés à notre époque. Le projet de loi prévoit justement de tels outils. Je répondrai avec plaisir aux questions.
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Monsieur le Président, je tiens tout d'abord à remercier mes collègues du NPD de me permettre de prendre la parole au sujet du projet de loi aujourd'hui. En effet, en raison du recours à l'attribution de temps, pour la 58
e fois si je ne m'abuse, nombreux sont mes collègues qui n'auront pas la possibilité de participer au débat sur ce projet de loi. En dépit du fait que mes collègues soient évidemment tous néo-démocrates, notre caucus est très diversifié et il est composé de gens aux expériences variées qui représentent différents types de circonscriptions à la Chambre des communes.
J'interviens en faveur du projet de loi , mais avec certaines réserves.
Malheureusement, le projet de loi est, en réalité, un autre projet de loi omnibus qui mélange de nombreux problèmes à celui qui aurait dû en être l'élément central, c'est-à-dire l'intimidation et la cyberintimidation. Nous nous retrouvons plutôt avec un ramassis de dispositions au lieu d'une réponse ciblée aux défis pressants que posent l'intimidation et la cyberintimidation.
Au lieu d'essayer d'aborder tous les problèmes inhérents au projet de loi, je concentrerai mes observations sur deux de ses aspects: premièrement, la nécessité d'agir efficacement pour lutter contre l'intimidation; deuxièmement, la modification proposée à la partie du Code criminel qui traite des crimes haineux qui figure aussi, étonnamment, à l'article 12 du projet de loi.
Depuis 2011, les députés ont eu l'occasion d'agir à plusieurs reprises contre l'intimidation et la cyberintimidation mais, malheureusement, nous avons fait peu de progrès. Il y a presque 18 mois, mon collègue, le député de a présenté la motion M-385, qui exhortait le gouvernement fédéral à élaborer une stratégie nationale constituée de mesures concrètes pour lutter contre l'intimidation. Malheureusement, les conservateurs ont voté contre la motion, ils l'ont rejetée comme s'il s'agissait d'un appel en faveur d'une étude plus approfondie, alors qu'il s'agissait d'un appel au leadership du gouvernement fédéral dans la lutte contre l'intimidation et la cyberintimidation.
L'été dernier, le 17 juin, le député de a présenté un projet de loi d'initiative parlementaire, le , qui visait à ériger en infraction au Code criminel le fait de produire ou de distribuer des images intimes d'une personne sans consentement. À l'époque, nous avons demandé au gouvernement d'accélérer l'adoption du projet de loi pour tenter d'éviter d'autres tragédies comme celle de Rehtaeh Parsons, qui s'est suicidée après avoir été victime de cyberintimidation. Malheureusement, le gouvernement a préféré attendre son propre projet de loi, ce qui a retardé de près d'un an l'adoption de mesures relatives à ce grave problème.
Nous sommes maintenant saisis du projet de loi , qui est beaucoup plus limité qu'une stratégie pour lutter contre la cyberintimidation, bien qu'il contienne certaines dispositions semblables à celles que le député de a proposées il y a plusieurs mois.
Bien évidemment, nous voulons que le projet de loi soit renvoyé à un comité, justement parce qu'une mesure législative luttant contre la cyberintimidation s'impose, mais je tiens à souligner une fois de plus qu'il ne suffit pas de s'intéresser seulement aux mesures à prendre après le fait.
J'aimerais aujourd'hui répéter deux arguments que j'ai fait valoir il y a 18 mois lorsque je suis intervenu en faveur de la motion néo-démocrate visant à établir une stratégie nationale de lutte contre l'intimidation. Ils concernent le fait que l'intimidation est très répandue dans la société et que les nouvelles technologies exacerbent le problème.
L'incidence et l'omniprésence de l'intimidation au Canada est troublante. L'intimidation est présente partout, en tout temps. Une analyse des écoles de la région de Toronto révèle qu'un enfant se fait intimider toutes les sept secondes.
Egale Canada a effectué un sondage sur l'homophobie et la transphobie au Canada, selon lequel 74 % des élèves qui s'identifient comme étant transgenres, 55 % des élèves gais, lesbiennes et bisexuels et 26 % des élèves n'appartenant pas à la communauté LGBTQ ont affirmé avoir subi du harcèlement verbal. Plus de la moitié d'entre eux ont affirmé que cela leur arrive tous les jours ou toutes les semaines.
D'après une étude de l'Université de la Colombie-Britannique, 64 % des élèves de la huitième à la dixième année affirment avoir été intimidés. Ce qui m'afflige le plus, c'est le fait qu'ils acceptent que c'est inévitable; en effet, ces mêmes élèves ont affirmé que, selon eux, l'intimidation est un aspect normal de la vie à l'école.
Les raisons pour lesquelles les gens se font intimider sont infinies, mais dans la grande majorité des cas, c'est une déviation par rapport à la norme perçue qui entraîne de l'hostilité: trop petit, trop grand, trop gros, trop maigre; le lieu de naissance, la couleur de la peau, la langue parlée à la maison; le fait d'avoir un accent, le style vestimentaire, l'orientation sexuelle, le sexe, l'identité sexuelle, ce qu'on a les moyens d'acheter. La liste est longue, mais le résultat est toujours le même: la création d'un sentiment d'exclusion.
À mesure que la technologie se développe, les méthodes d'intimidation se multiplient; le réseautage social, les téléphones intelligents et Internet font partie intégrante de la vie des Canadiens, surtout les jeunes. Ceux-ci s'en servent également pour intimider les autres. Par conséquent, l'intimidation s'est intensifiée et son incidence est plus généralisée.
L'intimidation n'est plus limitée à la cour d'école, à l'autobus scolaire ou à la salle de classe. Elle n'est plus limitée au lieu de travail. Elle cible les gens même lorsqu'ils rentrent chez eux, 24 heures par jour, à longueur d'année.
Les conséquences et les effets de l'intimidation doivent être pris au sérieux. Nous savons tous que l'intimidation peut avoir de graves répercussions à long terme sur les jeunes. Ainsi, les jeunes qui en sont victimes sont beaucoup plus susceptibles de faire une dépression. On estime que les garçons sont cinq fois plus susceptibles d'afficher des comportements dépressifs que leurs camarades de classe qui ne subissent pas d'intimidation, tandis que les filles, elles, sont trois fois plus susceptibles d'afficher de tels comportements.
Les personnes victimes d'intimidation sont aussi beaucoup plus susceptibles d'avoir une faible estime d'elles-mêmes, de faire de l'anxiété et de tomber malades. Les jeunes qui se font intimider risquent davantage de devenir toxicomanes et de s'automutiler, et au cours des dernières années, le nombre de suicides attribuables à l'intimidation a malheureusement augmenté. Beaucoup trop de jeunes se sont déjà enlevé la vie à cause de l'intimidation et malheureusement, ce nombre ne cesse de croître.
Il n'y a pas que les particuliers qui doivent assumer les conséquences de l'intimidation. En effet, ce phénomène entraîne aussi des coûts sociaux importants. Une étude a révélé que le quart des jeunes qui se livrent à l'intimidation à l'école primaire auront un casier judiciaire avant l'âge de 30 ans.
Nous pouvons et devons faire plus que parler simplement de l'intimidation et dire que ce phénomène nous préoccupe. Nous ne devons pas non plus nous contenter d'agir seulement une fois que le mal est fait.
Nous savons tous que les comportements liés à l'intimidation sont acquis. Personne n'est rempli de haine à la naissance. Pour bien intervenir dans les cas d'intimidation, nous devons déployer des efforts pour que notre société soit plus ouverte et tolérante. Si nous rejetions en bloc l'intolérance et la discrimination, il ne fait aucun doute que l'intimidation ne serait pas aussi généralisée.
Nous pourrions d'abord commencer par dire les choses telles qu'elles sont. Ainsi, il importe de reconnaître que la plupart des cas d'intimidation sont liés au sexisme, au racisme, à l'homophobie, à la transphobie, ainsi qu'à la discrimination fondée sur la capacité physique ou la classe sociale. Ce sont des préjudices graves que la plupart des Canadiens trouvent inacceptables en théorie, mais, pour une raison ou une autre, ils sont jugés acceptables lorsqu'ils prennent la forme d'actes d'intimidation.
Il est on ne peut plus évident qu'il faut établir une stratégie globale visant à lutter contre l'intimidation et légiférer en ce sens. Malheureusement, le projet de loi dont nous sommes saisis comprend aussi un tas de dispositions indirectement liées à ce phénomène, tandis que d'autres dispositions n'ont absolument aucun lien avec l'intimidation.
Certaines dispositions du projet de loi ont déjà été présentées dans le défunt projet de loi , mais, heureusement, il semblerait que dans la version actuelle un principe important sera conservé, en l'occurrence la surveillance judiciaire de l'accès aux communications par Internet par les policiers. Je me réjouis à la perspective d'entendre de nouveau le point de vue des Canadiens à ce sujet lorsque le projet de loi sera étudié par le comité.
L'article 12 du projet de loi est une surprise. Il ajouterait d'importantes dispositions à l'article sur les crimes haineux du Code criminel. Je ne saurais vous dire pourquoi cet article est apparu dans le projet de loi, mais je suis d'avis que c'est une bonne chose.
Le projet de loi prévoit l'ajout de l'origine nationale, de l'âge, du sexe et des déficiences physiques ou mentales aux dispositions existantes de l'article sur les crimes haineux du Code criminel. Bien que le lien avec le reste du projet de loi ne soit pas évident, je pense que cet ajout serait effectivement bénéfique. Toutefois, il faudrait qu'il comprenne aussi l'identité sexuelle. La Chambre s'est prononcée deux fois pour l'ajout de l'identité sexuelle à l'article sur les crimes haineux du Code criminel. Pourtant, on ne la retrouve pas à l'article 12 du projet de loi.
Mon projet de loi d'initiative parlementaire, le projet de loi , est encore à l'étude au Sénat, un an après avoir été adopté par les Communes. Même si j'ai bon espoir qu'il sera bientôt adopté, il pourrait manifestement entrer en conflit avec le projet de loi . Si le Sénat adopte le projet de loi C-279, l'article 12 du projet de loi C-13 nous ferait malheureusement régresser. Dans sa forme actuelle, le projet de loi C-13 aurait pour effet de faire disparaître l'identité sexuelle de l'article sur les crimes haineux du Code criminel, après que mon projet de loi d'initiative parlementaire, éventuellement adopté par le Sénat, l'eut ajoutée. Si, au moment où le comité entreprendra l'étude du projet de loi C-13, mon projet de loi d'initiative parlementaire est déjà adopté, il nous faudra discuter sérieusement d'un amendement visant à inclure l'identité sexuelle pour réparer cette omission.
Il y a plus de trois ans, alors que le gouvernement était minoritaire, la Chambre s'est prononcée pour ajouter l'identité sexuelle à l'article sur les crimes haineux du Code criminel. De plus, comme je l'ai dit, nous avons adopté il y a plus d'un an mon projet de loi d'initiative parlementaire, qui prévoyait cet ajout. Par conséquent, j'espère que c'est par inadvertance que l'on a omis d'inclure l'identité sexuelle dans la modification de l'article sur les crimes haineux qui nous est proposée actuellement. J'espère que nous pourrons y remédier lors des travaux du comité.
Mais permettez-moi de revenir à la question importante qui, selon moi, devrait être au coeur du débat sur le projet de loi , à savoir qu'il est urgent que le Parlement assume son rôle de chef de file national de la lutte contre l'intimidation.
Même si nous déplorons le caractère omnibus du projet de loi et même si nous nous opposons à beaucoup de dispositions qu'il contient, mon parti est pour son renvoi au comité de manière à ce que nous y poursuivions le dialogue sur le problème important de l'intimidation et de la cyberintimidation.
Comme je l'ai signalé d'entrée de jeu, ce qui me préoccupe, c'est la tendance qu'a le gouvernement de mettre un terme au débat une fois que trois ou quatre députés se sont exprimés sur une question donnée. Or, l'origine même du mot « Parlement » signifie qu'il s'agit d'un lieu où il est possible de discuter des enjeux nationaux importants.
J'estime que c'est pour moi un grand privilège d'avoir la possibilité d'intervenir ici au sujet du projet de loi en tant que membre de la communauté LGBTQ, laquelle souffre de manière démesurée d'intimidation. Je pense que, dans ce contexte, je peux présenter un point de vue quelque peu différent de celui de certains autres députés. Je viens de l'île de Vancouver, où beaucoup de gens adoptent très rapidement les nouvelles technologies. Je sais que, dans les écoles de ma région, les problèmes d'intimidation et de cyberintimidation sont énormes. En toute honnêteté, les enseignants ne savent plus à quel saint se vouer pour trouver des façons de lutter efficacement contre ces problèmes.
Ce qui est revenu souvent dans les commentaires que j'ai recueillis, c'est que nous devrions éviter de simplement imposer des sanctions pénales aux jeunes pour lutter contre la cyberintimidation et que, dans le cas des jeunes, la criminalisation de l'intimidation pourrait en fait causer un problème grave.
Je reviens à l'idée que nous ne pouvons pas simplement nous concentrer sur les conséquences de l'intimidation. Nous devons faire preuve de leadership à l'échelle nationale pour trouver des façons de lutter contre ce problème avant qu'il ne cause des torts. Certaines personnes pourraient prétendre qu'il ne s'agit pas d'une responsabilité fédérale. Toutefois, je pense que c'est bel et bien le cas, si l'on tient compte du fait que, poussées à l'extrême, l'intimidation et la cyberintimidation entraînent souvent la perpétration d'actes criminels. Puisque le Code criminel relève du Parlement fédéral, nous sommes responsables de la prévention du crime. Je suis fermement convaincu qu'une stratégie nationale visant à prévenir l'intimidation et la cyberintimidation tient de la prévention du crime en général.
Les députés d'en face parlent constamment des victimes. Nous partageons leurs préoccupations pour celles que compte la société canadienne, mais comment peut-on le mieux répondre aux besoins de ces victimes? En prévenant la victimisation. C'est, une fois de plus, à la Chambre qu'il incombe de trouver comment empêcher que l'intimidation et la cyberintimidation ne fassent de victimes.
Je demande aux députés d'en face de garder l'esprit ouvert, lorsque le projet de loi sera renvoyé au comité, relativement à ce qu'on peut faire. Il ne suffit pas de créer des infractions criminelles, même si je conviens que certaines propositions du projet de loi sont nécessaires et s'avéreront utiles pour les cas extrêmes, mais nous pouvons en faire encore bien davantage pour façonner le Canada que nous aimons et que nous admirons tous, un pays qui fait place à tous les Canadiens.
Hélas, comme le prouvent les actes d'intimidation et de cyberintimidation, ce n'est pas toujours le cas. Que ce soit par rapport aux immigrants, avec leur volonté d'apporter pleinement leur pierre à l'édifice du Canada, aux membres de la communauté LGBTQ, avec leur désir d'être acceptés au sein de la société canadienne et d'y jouer pleinement leur rôle, ou encore aux personnes handicapées, trop souvent laissées pour compte au sein de notre société, il faut faire tout en notre pouvoir pour rendre notre pays plus inclusif de manière à ce que nous puissions en être encore plus fiers qu'actuellement.
Comment y parvenir? Je reviens toujours au même argument. Nous avons proposé une motion réclamant une stratégie nationale de lutte contre l'intimidation et la cyberintimidation. Sur ce point, le projet de loi laisse à désirer. Il comporte des dispositions sur les moyens de réagir après coup pour enquêter sur les affaires d'intimidation d'ordre criminel. Il comporte des dispositions qui permettraient d'appréhender plus aisément les auteurs d'actes criminels liés à l'intimidation. Cependant, il ne comporte rien du tout qui permettrait d'atténuer le problème au sein de la société.
Revenons aux préoccupations que j'ai concernant le projet de loi .
Bien des gens ont de la difficulté à comprendre de quoi il en retourne. Mon projet de loi aurait déjà dû être adopté par le Sénat et être en vigueur. À l'heure actuelle, les Canadiens transgenres sont l'objet de crimes haineux et d'intimidation, et aucun autre groupe de notre société n'est autant victime de violence. Si ce projet de loi d'initiative parlementaire, lequel a été adopté par la Chambre il y a un an, comme je l'ai répété à plusieurs reprises, était déjà entré en vigueur, nous disposerions d'outils pour lutter contre la vague de violence dont les transgenres sont victimes au Canada.
Le Canada n'est pas un cas unique. Les transgenres sont victimes de violence partout dans le monde. Il est très regrettable que le Sénat mette autant de temps à étudier le projet de loi . Le Comité des droits de la personne a tenu des audiences et entendu des témoins il y a un an, en juin dernier. Le Sénat avait pour ainsi dire terminé l'étude du projet de loi et il avait jugé que la mesure législative était acceptable, mais il a fallu recommencer à zéro à cause de la prorogation.
Je ne comprends tout simplement pas pourquoi le projet de loi doit être renvoyé à un autre comité, soit au Comité des affaires juridiques et constitutionnelles. Les sénateurs nous ont promis que le projet de loi serait bientôt étudié en comité; or, cette promesse a été faite en février, et nous sommes en avril.
Je tenais à le souligner dans le cadre du débat sur le projet de loi parce que c'est ce qui lie les deux mesures législatives: l'article 12 du projet de loi C-13 modifie la disposition du Code criminel portant sur les crimes haineux, mais il ne prévoit pas l'identité sexuelle. Malheureusement, les deux Chambres ne semblent pas être sur la même longueur d'onde. Il serait bien que le comité ajoute l'identité sexuelle au projet de loi C-13: puisqu'il s'agit d'un projet de loi d'initiative ministérielle, le Sénat en sera rapidement saisi. Je commence à craindre que le projet de loi subisse le même sort que l'ancien projet de loi sur les droits des transgenres et qu'il meure au Sénat lors du déclenchement des prochaines élections. Je suis prêt à déployer des efforts pour obtenir une demi-victoire grâce au projet de loi . Je compte sur les ministériels pour m'aider à corriger ce que j'espère être une omission involontaire par l'ajout de l'identité sexuelle aux modifications prévues à l'article 12.
Quand nous retournerons dans nos circonscriptions et que le projet de loi sera au comité, je suis certain que nous entendrons tous parler, par nos électeurs, de l'urgence de ce que nous faisons. Et je sais que nous entendrons encore parler d'urgence par les conservateurs. Je dois cependant souligner que, depuis 2011, nous avons eu de nombreuses occasions de prendre ce que j'appelle des « mesures correctives », c'est-à-dire des mesures prises a posteriori. Je le répète, je suis déçu que les conservateurs aient refusé d'adopter rapidement le projet de loi du député de , car la distribution non consensuelle d'images intimes serait déjà interdite par le Code criminel. Nous n'attendrions pas encore qu'elle le soit. Bien entendu, un comité aurait déjà pu avoir élaboré une stratégie nationale comportant des mesures concrètes pour combattre l'intimidation et la cyberintimidation.
La pause estivale approche, et j'espère que le projet de loi sera adopté d'ici là. Il lui restera cependant à franchir l'étape de l'étude par le Sénat. Le Sénat étudiera-t-il rapidement le projet de loi? Adoptera-t-il rapidement ces dispositions? Je ne peux que l'espérer. L'ironie de la situation, c'est que le projet de loi C-13 sera renvoyé au Comité sénatorial des affaires juridiques et constitutionnelles, comme mon projet de loi d'initiative parlementaire est censé l'être. La possibilité que les deux projets de loi soient étudiés avant l'été semble plutôt mince. Le groupe nombreux de ceux qui doivent faire face à l'intimidation et celui, plus restreint, des Canadiens transgenres attendent tous deux du Sénat qu'il agisse sans tarder. Toutefois, ce n'est apparemment pas la façon de fonctionner du Sénat.
Une voix: C'est un mystère.
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Monsieur le Président, j'ai le plaisir de parler du projet de loi , Loi sur la protection des Canadiens contre la cybercriminalité.
J'aimerais d'abord faire un retour en arrière pour bien mettre les choses en contexte. Les députés savent peut-être que le Web a été testé pour la première fois il y a 25 ans. Voyons comme les choses ont évolué en 25 ans.
Facebook, un outil très puissant, a été créé en 2004. Je vais peut-être trahir un peu mon âge, mais je me souviens de ma première leçon pour apprendre à utiliser le Web; c'était très compliqué. Il y avait des commandes DOS et les ordinateurs étaient énormes. Aujourd'hui, il est possible de prendre une photo avec un appareil tenant dans la main et de la diffuser immédiatement dans le monde entier. Ces changements inimaginables se sont produits dans une période relativement courte de 25 ans.
Avant de me pencher sur les détails du projet de loi et d'expliquer pourquoi il est si important, je dois dire que le Web permet aux Canadiens et aux gens de partout dans le monde de faire des choses formidables. Un collègue m'a dit que sa grand-mère, en Argentine, lisait chaque soir une histoire à ses enfants sur Skype pour les endormir.
Nous pouvons payer nos factures par courriel. Nous pouvons communiquer instantanément avec des proches dans le monde entier. Il est beaucoup plus facile de conserver les liens que nous chérissons et auxquels nous tenons.
Nous, les politiciens, avons fait l'expérience du côté obscur d'Internet. Quiconque a un compte Twitter ou Facebook constate régulièrement les remarques très méchantes qui sont diffusées sur ces tribunes. Comme le député d'en face vient de le dire, ces remarques sont souvent anonymes et méchantes. Nous sommes des politiciens et nous composons avec cela, mais cela n'est rien en comparaison des débordements et des problèmes auxquels certains enfants et certains adultes doivent faire face.
Une recherche rapide sur la cyberintimidation dans Google permet de trouver immédiatement des centaines de noms. Il y a les histoires de Ryan, de Bronagh et de Megan. Pensons à Rehtaeh Parsons et Amanda Todd. Nous avons appris tout récemment qu'elle aurait été victime d'une personne se trouvant de l'autre côté de la planète.
Les temps ont considérablement changé et nous devons changer avec eux.
Cette mesure législative propose de modifier le Code criminel, la Loi sur la concurrence et la Loi sur l'entraide juridique en matière criminelle. Cette mesure créerait une loi qui s'attaquerait aux comportements qui peuvent être liés aux cas de cyberintimidation. Cette nouvelle infraction serait nommée « distribution non consensuelle d'images intimes ». Il faut actualiser les pouvoirs d'enquête pour veiller à ce qu'ils soient alignés sur les technologies modernes dont je viens de parler, qui tiennent dans la main et qui traversent la planète en une minute.
J'aimerais parler un peu plus des modifications au Code criminel et faire ressortir qu'elles sont conçues pour offrir une protection adéquate de la vie privée face aux nouvelles technologies. C'est un exercice d'équilibre délicat, car nous devons veiller à protéger la vie privée, tout en offrant les outils nécessaires pour lutter contre ces problèmes terribles.
Je voudrais aborder quelques points. Je vais commencer par les ordonnances et les demandes de préservation et la modernisation des dispositions prévoyant le mandat de localisation, qui sont des outils essentiels pour assurer l'efficacité des enquêtes menées au Canada par les forces policières lorsque celles-ci doivent faire face à des crimes liés à la technologie.
En quoi consiste cette nouvelle ordonnance de préservation? Elle vise à créer de nouveaux pouvoirs qui pourront être invoqués lorsqu'il y a violation du Code criminel et de la Loi sur la concurrence. Ces deux dispositions visent à faire en sorte que les données informatiques éphémères ne soient pas supprimées avant que les policiers n'aient eu le temps d'obtenir un mandat ou une ordonnance pour les recueillir aux fins de l'enquête.
De toute évidence, ces outils sont nécessaires. Non seulement les données informatiques s'effacent facilement, mais elles peuvent aussi être perdues par négligence ou simplement dans le cadre normal des activités commerciales.
Un ordre ou une ordonnance de préservation obligeraient légalement une personne à conserver suffisamment longtemps des données informatiques essentielles aux enquêtes pour que les policiers puissent se procurer les renseignements. Cet outil permettrait aux policiers de démarrer l'enquête sans que des éléments de preuve extrêmement importants soient perdus.
Certains pourraient certes s'inquiéter des répercussions de ces modifications sur le droit à une attente raisonnable de protection des renseignements personnels. Ils ont peut-être entendu parler du régime européen de conservation des données, et craignent que notre législation importe ce régime au Canada. Or, ce n'est aucunement ce que vise à faire le projet de loi .
La conservation des données permettrait de recueillir, au cours d'une période définie, une diversité de données pour tous les abonnés au téléphone et à Internet, qu'elles soient liées ou non à l'enquête.
Le projet de loi ne prévoit pas la conservation des données. Il prévoit la préservation des données, ce qui est très important. Aux termes du projet de loi, il serait obligatoire de préserver pour une durée limitée des données spécifiées ayant un rapport avec une enquête précise et des personnes précises.
Il faut bien comprendre que ces données seront remises aux policiers uniquement si ces derniers ont d'abord obtenu un mandat ou une ordonnance en vue de cette divulgation. Par ailleurs, les données qui n'auraient pas été préservées dans le cadre normal d'une activité commerciale devront être détruites dès qu'elles ne sont plus utiles à l'enquête. Cette mesure vise à protéger le droit à la vie privée des Canadiens et à empêcher que le régime établi par ce projet de loi aboutisse, par inadvertance, au type de conservation de données que je viens de décrire.
Comme les députés peuvent le constater, le régime de préservation des données que propose le gouvernement est tout ce qu'il y a de contraignant et constitue une excellente mesure palliative, puisque les mandats et les ordonnances que les policiers doivent obtenir auprès des tribunaux pour avoir accès à la preuve auront encore leur utilité. Il s'agit, je le répète, d'une mesure temporaire très importante.
Le projet de loi va également actualiser la disposition du Code criminel sur les mandats de localisation, qui date du début des années 1990, tout le monde s'en souviendra. Selon le libellé actuel, les policiers peuvent se servir d'un tel mandat pour localiser indifféremment une personne, une voiture ou un objet. Or, comme je le disais tout à l'heure, la technologie a beaucoup évolué depuis 20 ans, surtout pour ce qui est des dispositifs de localisation, qui sont beaucoup plus précis qu'auparavant et qui permettent dorénavant de suivre un appareil à la trace.
Dans ce contexte, la disposition sur le mandat de localisation est devenue désuète. En effet, les balises qu'elle contient en matière de protection de la vie privée sont loin d'être adaptées à la technologie de localisation d'aujourd'hui, qui peut être cause de violations beaucoup plus importantes de la vie privée. Il s'agit d'un élément important auquel nous devions nous attaquer.
Le projet de loi propose de renforcer les mesures de protection de la vie privée contre les violations les plus dévastatrices pouvant être commises au moyen d'un dispositif de localisation. Pour ce faire, il va créer deux types de mandats distincts. Les policiers pourront obtenir le premier type de mandat de localisation comme ils le faisaient jusqu'ici pour les cas où les violations possibles sont moins graves, c'est-à-dire en prouvant au juge ou au juge de paix qu'ils ont des motifs raisonnables de soupçonner qu'un mandat les aiderait à mener leur enquête. Ce type de mandat servira à localiser des objets et des véhicules ou à retracer certaines transactions.
Par contre, pour localiser une personne au moyen d'un appareil qu'elle porte habituellement sur elle, comme un téléphone cellulaire — ce qui peut donner lieu à des violations plus graves —, les policiers devront obtenir un mandat du second type, plus contraignant que le premier.
Le projet de loi prévoit que, pour obtenir un mandat du second type, les policiers devront prouver au juge qu'ils ont des motifs raisonnables de croire qu'un mandat de localisation les aidera à mener leur enquête.
Légalement parlant, ce critère est plus difficile à satisfaire, ce qui veut dire que le second type de mandat de localisation offrira des protections accrues par rapport au premier type, qui servira à localiser des objets. Il s'agit d'une distinction importante, car le niveau de protection offert par le second type sera proportionnel à la gravité des violations qui peuvent survenir lorsqu'on cherche à localiser une personne. Cette disposition a été rédigée précisément dans le but de trouver le juste milieu entre donner aux policiers les outils dont ils ont besoin pour faire leur travail dans le monde d'aujourd'hui et protéger adéquatement la population.
Pour terminer, je rappellerai aux députés que j'ai plus particulièrement parlé de deux mesures. Les Canadiens ont été scandalisés — et on les comprend — de voir que certaines personnes ont pu se servir d'Internet pour commettre des crimes, frauder massivement leurs concitoyens ou s'adonner à de vils actes de cyberintimidation. Je suis convaincue que le projet de loi constitue une solution aussi raisonnable que nécessaire, puisqu'il donnera aux forces de l'ordre les outils dont elles ont besoin pour mettre un terme à ces activités criminelles. J'invite donc tous les députés à appuyer le projet de loi C-13.
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Monsieur le Président, comme c'est le cas pour la grande majorité de mes collègues de la Chambre, le sujet de la cyberintimidation m'intéresse au plus haut point, mais celui de l'intimidation dans son ensemble aussi. Ce sujet me tient tellement à coeur que j'ai moi-même décidé que mon seul projet de loi qui allait être débattu et voté à la Chambre des communes allait porter là-dessus. C'est pourquoi j'ai déposé, il y a presque deux ans, une stratégie nationale de prévention de l'intimidation. Les conservateurs et le Bloc québécois ont voté massivement contre.
Dix minutes, c'est vraiment peu de temps pour dire tout ce que je veux sur ce sujet. Avant de commencer mon discours, j'aimerais répliquer à ma collègue conservatrice qui vient à peine de terminer son discours et ses réponses. La secrétaire parlementaire mentionnait à quel point son gouvernement conservateur est proactif dans le dossier de l'intimidation. Ce sont des mensonges. Ce n'est pas vrai. On est en 2014 et on débat du projet de loi .
En 2011, Jenna Bowers-Bryanton, lorsqu'elle avait 15 ans, s'est enlevé la vie. Elle vivait à Truro, en Nouvelle-Écosse. Lorsque les médias ont rapporté la nouvelle, sa famille, ses parents et ses amis ont parlé de ce qu'avait vécu cette jeune femme. Ils ont mentionné qu'elle avait été intimidée dans les médias sociaux. Elle recevait des messages et des commentaires anonymes qualifiés de vicieux. Dans ces messages, on lui disait même qu'elle devrait s'enlever la vie.
En 2011, aussi en Nouvelle-Écosse, Courtney Brown a été intimidée sur Facebook, selon ses parents. Elle s'est aussi enlevé la vie, lorsqu'elle n'a plus pu supporter la situation. Je viens donc de rapporter le cas de deux jeunes femmes canadiennes qui, en 2011, étaient victimes d'intimidation sur Internet, ce qu'on appelle de la cyberintimidation. Le gouvernement conservateur, qui était là à l'époque, n'a rien fait.
Entre-temps, deux projets de loi venant de l'opposition ont été mis de en avant. On est proactif, au sein du NPD. J'ai parlé de mon initiative, la stratégie nationale de prévention de l'intimidation, qui a été refusée. Le projet de loi de mon collègue de , quant à lui, visait strictement à colmater les lois canadiennes en matière de diffusion d'images intimes sans consentement. Les conservateurs ont voté à deux reprises contre cela.
Je ne crois donc pas la députée conservatrice lorsqu'elle nous dit que son gouvernement est proactif. Ce n'est pas vrai. Je suis très émotif par rapport à ce débat. J'en parlais justement, tout à l'heure, à mon adjoint parlementaire, Steve Slepchik. Nous nous échangions des messages pour se dire à quel point nous étions tristes lors de la préparation de mon discours, que j'effectue assez librement. Nous avons cherché le nombre de jeunes qui se sont enlevé la vie à la suite d'intimidation depuis que nous avons été élus, en 2011. Certains l'ont fait à la suite de cyberintimidation. D'autres ont été victimes d'intimidation à l'école. Nous comprenons la différence, à la Chambre des communes, et savons que l'intimidation qui se fait à l'école relève davantage du niveau provincial. Toutefois, nous savons également que les télécommunications relèvent du niveau fédéral, et c'est pourquoi le gouvernement fédéral doit jouer son rôle à cet égard. Ce rôle va au-delà de la mesure proposée par le gouvernement.
Je tiens encore à rappeler que le NPD est en faveur de ce projet de loi, puisqu'il est assez similaire à ce qu'il avait lui-même proposé. De plus, pour ce qui est de la cyberintimidation, dans cette brique de 75 pages, nous sommes d'accord sur la partie qui colmate la brèche quant à la distribution d'images intimes sans consentement. Toutefois, l'intimidation sur Internet va bien plus loin que cela.
J'ai un autre exemple, et cela m'attriste toujours d'en parler. Un adolescent de North Battleford, en Saskatchewan, Todd Loik, s'est aussi enlevé la vie, à l'âge de 15 ans. Il recevait ce qu'on appelle des taquineries sur Internet, mais cela dépassait la taquinerie. C'était des menaces. Il a reçu des menaces et subi de l'intimidation sur Facebook, jusqu'à la nuit où il a décidé de s'enlever la vie parce qu'il ne pouvait plus supporter cette situation. Même sa mère, qui a lu avec grand chagrin les messages Facebook à son fils, a qualifié ceux-ci de « dégoûtants ».
Elle mentionnait même qu'il recevait ces insultes sur son téléphone cellulaire et sur l'ordinateur à la maison.
La cyberintimidation que vivent les jeunes au Canada et dans le monde entier va au-delà de l'échange de photos intimes sans consentement. Ce n'est pas en adoptant le projet de loi et en lui accordant la sanction royale que les conservateurs, qui se vantent d'être pour la loi et l'ordre mais qui ne font pas grand-chose, pourront se vanter d'avoir fait quelque chose pour baliser et limiter la cyberintimidation au Canada. L'échange de photos intimes sans consentement n'est seulement qu'une partie de la cyberintimidation.
Les médias parlent beaucoup de jeunes qui se sont enlevé la vie, mais il ne s'agit que de la pointe de l'iceberg. Dans toutes les provinces et territoires canadiens, des parlementaires ont dit avoir été victimes d'intimidation, et je suis l'un d'eux. Il faut faire quelque chose. Il est nécessaire d'adopter une stratégie nationale de prévention de l'intimidation qui donne davantage d'outils aux parents.
Au Canada, les parents qui savent que leur enfant est victime d'intimidation ou de cyberintimidation ne sont pas outillés pour y faire face. Le gouvernement, avec les moyens à sa disposition, peut informer la population canadienne et offrir de la documentation aux parents afin de leur permettre de jouer leur rôle et de défendre et d'outiller leurs enfants.
L'approche conservatrice ne vise qu'à criminaliser la cyberintimidation, sans la prévenir. Malheureusement, l'intimidation laisse des cicatrices. Lorsqu'un jeune est victime d'intimidation pendant des mois ou des années, le mal est fait, même si l'intimidateur subit des conséquences. Parfois, la victime n'est même plus en vie lorsque l'intimidateur subit les conséquences de ses gestes. Cela est-il juste? Je ne pense pas. Les familles et les proches des jeunes qui sont victimes d'intimidation, même ceux qui ne vont pas jusqu'au suicide, ont des cicatrices.
Je ne souhaite à aucun jeune au Canada d'être victime d'intimidation, mais celle-ci concerne le plus souvent des jeunes. On peut appeler cela de l'insouciance ou de la cruauté de la part de ces chérubins, qui ne sont pas conscients du mal que leurs actions peuvent infliger aux autres. Certains jeunes imitent leurs parents ou leurs proches. Lorsqu'ils voient leurs parents parler en mal d'un collègue de travail ou être mesquins l'un envers l'autre, ces enfants absorbent cette information et émulent ce genre de comportement à l'école, dans l'autobus ou sur Internet.
J'aimerais que l'on adopte une loi pour qu'il y ait davantage d'amour entre les Canadiens, entre les jeunes et entre les moins jeunes, afin que l'intimidation et la cyberintimidation cessent, mais c'est utopique.
Par contre, il n'est pas trop tard pour agir et le gouvernement ne doit pas s'asseoir sur ses lauriers. Après l'adoption du projet de loi , il devra aller de l'avant et baliser davantage la cyberintimidation. Il faut faire de la prévention.
Par exemple, le comité devra se pencher sur une mesure concrète permettant à un jeune qui se fait intimider par des textos, sur Facebook, sur Twitter ou par courriel, d'aller sur un site Web chapeauté par le gouvernement fédéral pour porter plainte. Le jeune pourrait faire une capture d'écran et indiquer où a lieu l'intimidation, afin que les autorités policières puissent enquêter. En travaillant avec les fournisseurs Internet, il serait possible de retracer l'intimidateur et d'envoyer un avertissement par courriel au propriétaire de l'adresse IP, soit les parents, probablement. Ainsi, les parents pourraient jouer leur rôle et parler à leur enfant au sujet de ses actes.
Ce sont des moyens concrets de contrer l'intimidation que le NPD veut mettre en avant.
Je remercie mes collègues de prendre tout cela en considération.
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Monsieur le Président, c'est toujours un honneur pour moi de prendre la parole à la Chambre à titre de député de Lambton—Kent—Middlesex, mais ce l'est encore plus aujourd'hui puisque nous débattons du projet de loi . Comme l'ont déjà dit tous les intervenants, cette mesure législative concerne les comportements criminels graves qui accompagnent la cyberintimidation.
Il s'agit d'un problème qui accable des Canadiens aux quatre coins du pays, aussi bien dans les petites localités, comme la mienne, que dans les grandes villes, les régions éloignées ou les zones urbaines. Il nous préoccupe tous. Pour Barb et moi, en tant que parents, grands-parents, oncle, tante, parlementaire et Canadiens, c'est là l'objet du projet de loi.
Nous avons tous eu des échos des répercussions tragiques de la cyberintimidation. Les députés qui se sont exprimés ont mentionné diverses personnes qui se sont retrouvées aux prises avec les conséquences de la cyberintimidation. On sait que certains jeunes sont si bouleversés qu'ils se suicident, incapables de continuer à se faire mitrailler par les railleries, les menaces et les humiliations absolument déchirantes tant pour eux que pour leur entourage.
Nous avons actuellement la possibilité de prendre des mesures fermes dans le but d'éviter autant que possible toute nouvelle tragédie. Le projet de loi dont nous sommes saisis réformerait nos lois pour décourager divers types de comportements destructeurs et prévenir leurs conséquences. De toute évidence, l'imposition de sanctions plus lourdes dissuaderait fortement les gens d'afficher sur Internet des photos intimes de quelqu'un d'autre sans son consentement. Il est par ailleurs essentiel, comme il en a beaucoup été question aujourd'hui, de prendre toutes les mesures possibles pour prévenir l'intimidation sous toutes ses formes.
Durant le temps qui m'est alloué aujourd'hui, je veux parler du gouvernement, en particulier de Sécurité publique Canada, qui se prépare à entreprendre certaines activités de prévention, d'éducation et de sensibilisation. En tant que principal ministère fédéral chargé de combattre la cyberintimidation, Sécurité Publique Canada entend s'attaquer à cette forme d'intimidation, en appuyant, notamment, des programmes visant à modifier les comportements des jeunes et ainsi prévenir l'intimidation sous toutes ses formes, qu'elle ait lieu en ligne ou en personne.
Par exemple, le gouvernement appuie actuellement l'élaboration de certains programmes scolaires visant à prévenir l'intimidation, grâce à un montant de 10 millions de dollars prévu dans le budget de 2012 pour de nouveaux projets de prévention du crime, projets qui s'attaquent à l'intimidation ainsi qu'à d'autres priorités, comme la prévention de la violence chez les jeunes à risque et de la délinquance chez les jeunes Autochtones vivant en milieu urbain. L'éducation et la sensibilisation sont également cruciales pour régler ce comportement nuisible et extrême. Nous travaillons à certains projets visant à encourager les jeunes à parler, car il est nécessaire que les jeunes s'expriment et disent aux adultes ce qui se passe.
Le gouvernement appuie le Centre canadien de protection de l'enfance, qui gère le fonctionnement du site cyberaide.ca, lancé en 2002, ainsi que le site aidezmoisvp.ca. Sur ces deux sites, les Canadiens peuvent signaler des cas d'exploitation sexuelle d'un enfant sur Internet et trouver de l'aide en cas de préjudice résultant de la distribution d'images à caractère sexuel.
En outre, le Centre de prévention du crime chez les jeunes de la GRC offre des ressources, comme des fiches documentaires, des plans de cours, des outils d’apprentissage interactifs sur l'intimidation et la cyberintimidation, qui sont destinés aux jeunes, aux parents, aux policiers et aux enseignants. Il est également question de la cyberintimidation durant le Mois de la sensibilisation à la cybersécurité, qui a lieu chaque année en octobre.
L'initiative Pensez cybersécurité de Sécurité publique Canada vise à renseigner les Canadiens de tout âge sur les moyens simples qu'ils peuvent prendre pour se protéger des gens qui souhaitent leur causer du tort en ligne, voler leur identité, commettre une fraude, ou encore propager un virus informatique.
Pour aider les gens à se protéger en ligne, entre autres choses, nous les rendons conscients des dangers de la cyberintimidation et des moyens d'y mettre fin. Pour y parvenir, nous avons lancé, par l'intermédiaire de Sécurité publique Canada, une campagne nationale intitulée « Non à la cyberintimidation » en janvier 2014. Elle intervient sur plusieurs fronts. Elle informe les jeunes et leurs parents des graves conséquences juridiques possibles de la cyberintimidation et de la diffusion d'images intimes sans consentement.
On y informe aussi les adultes canadiens qu'ils ont un rôle à jouer dans la prévention et le signalement de la cyberintimidation et on y sensibilise les jeunes Canadiens aux types de comportements qui constituent de la cyberintimidation et à leurs répercussions sur les autres. Nous voulons les aider à comprendre qu'ils peuvent être plus que de simples spectateurs et leur indiquer ce qu'ils peuvent faire pour contrer la cyberintimidation.
Nous voulons même aller plus loin, en faire davantage. Nous veillons à nous adresser tant aux adultes qu'aux jeunes pour joindre le maximum de personnes. Le gouvernement mise sur une étroite collaboration avec le secteur privé et d'autres partenaires du secteur public pour pouvoir recourir à un éventail de médias et d'activités de sensibilisation pour cette campagne, mais surtout aux médias sociaux, afin de propager le message et de convaincre les Canadiens.
J'espère que les députés ont pu voir les annonces diffusées sur les chaînes de télévision nationales de janvier à mars. Elles visaient les parents et les jeunes. Celle qui s'adressait aux jeunes était un peu plus rythmée et dynamique pour capter l'attention de nos jeunes, qui utilisent beaucoup la technologie. Les deux montraient à quel point il est facile pour les jeunes de s'échanger des images intimes avec leur téléphone cellulaire et dans les médias sociaux, souvent sans trop réfléchir. Les deux annonces se terminaient sur un message clair et sérieux: échanger des messages et des images intimes, sans consentement, n'est pas seulement répréhensible; c'est aussi illégal, et c'est ce sur quoi porte la mesure législative dont nous sommes actuellement saisis.
Comme les jeunes n'écoutent pas forcément le bulletin de nouvelles le soir, les mêmes annonces ont été présentées en ligne et dans les cinémas. Les annonces invitaient les gens à consulter un site Web complet, intitulé « Non à la cyberintimidation », qui donne des outils concrets et des conseils aux jeunes, aux parents, aux enseignants et à tous ceux que la cyberintimidation préoccupe. La campagne est menée dans des médias sociaux comme YouTube, Facebook et Twitter pour joindre les jeunes.
Sur ces sites, nous constatons une participation importante et nous recevons des commentaires positifs de jeunes et de parents qui approuvent cette campagne et nous disent clairement qu'ils ne vont pas accepter de tels comportements destructeurs pour eux, leur famille ou leurs amis.
En fait, Facebook Canada a indiqué que la campagne « Non à la cyberintimidation » suscitait énormément d'intérêt, plus que la moyenne. La vidéo publicitaire YouTube destinée aux jeunes a été visionnée plus d'un million de fois. La page Facebook a reçu 60 000 fois plus de consultations que la moyenne. Bref, tous ces différents médias et ces efforts commencent à porter fruit. Dans les bulletins de nouvelles, nous voyons et nous entendons des gens qui ont été pris dans cet engrenage. Tous doivent prendre conscience de la gravité de la situation.
De toute évidence, en ma qualité de fier papa et de grand-papa, j'invite tous les députés à appuyer le projet de loi .
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Monsieur le Président, c'est un plaisir d'intervenir aujourd'hui dans un débat que j'estime très important. Le problème de la cyberintimidation est réel et concret; il se manifeste au quotidien. Il affecte la vie de milliers de Canadiens de toutes les régions du pays. Le gouvernement a la responsabilité de faire de son mieux pour veiller à ce que nous ayons les outils nécessaires pour changer la situation. C'est ce que souhaitent les membres du Parti libéral. Nous voulons adopter une approche globale à l'égard du problème de la cyberintimidation. C'est le plus important.
Le projet de loi est une partie de la solution. La création de ressources supplémentaires, les idées, les budgets et les discours du Trône en font également partie, et le gouvernement s'intéresse à une question dont beaucoup de Canadiens se soucient. Ils veulent que le gouvernement fasse preuve de leadership dans ce dossier si important.
J'ai écouté le député et je lui ai posé une question précise; je lui suis reconnaissant d'avoir répondu franchement. Cependant, le fait est que nous sommes saisis d'un projet de loi qui propose maints changements. Certains d'entre eux, selon moi, ne sont pas particulièrement utiles dans le cadre de la question de la cyberintimidation. Rappelons-nous du projet de loi , qui avait des répercussions importantes sur l'accès légal. Le gouvernement nous a donné des assurances mais le projet de loi est mort au Feuilleton.
Pourquoi inclure de telles choses dans un débat si important? Il est question de l'industrie de la câblodistribution et du vol de signaux de câblodistribution. Je suppose que beaucoup de députés ici présents s'intéressent à la question de la cyberintimidation. Ce n'est rien de nouveau. Elle existe depuis longtemps. Parlons du site cyber.ca, que tout le monde devrait consulter, d'ailleurs. Il contient beaucoup d'information précieuse. Il faut sensibiliser davantage les gens au sujet de l'intimidation.
En 2005, des mesures ont été proposées sous le gouvernement de l'ancien premier ministre Paul Martin. D'autres députés ont proposé de telles mesures. Je pense notamment à ma collègue de Vancouver, l'exceptionnelle porte-parole du Parti libéral en matière de santé, qui a abordé le problème de la cyberintimidation. Cela fait un certain nombre d'années que la Chambre se penche sur ce problème de plus en plus grave auquel elle doit s'attaquer.
Aujourd'hui, il y a Facebook, Twitter, Instagram, YouTube, et une foule d'autres programmes et applications qui permettent aux internautes de s'en prendre aux autres. On ne peut pas sous-estimer les événements tragiques qui ont été causés par le genre de cyberintimidation ou de harcèlement qui se produit tous les jours.
Je crois que tous les députés — c'est certainement le cas du caucus libéral — appuient ce projet de loi en principe, et qu'ils sont tout à fait d'accord pour que des mesures soient prises afin de lutter contre ce fléau que représente la cyberintimidation.
Toutefois, les libéraux veulent aller encore plus loin. Nous demandons au gouvernement de recentrer certaines de ses priorités. Le député a parlé de publicités. Il s'agit d'un moyen formidable pour sensibiliser la population, puisque ce n'est pas tout le monde qui regarde les nouvelles de 18 heures ou de 22 heures. Le député a raison de dire que l'achat de temps publicitaire pendant les émissions sportives et les émissions pour enfants serait une mesure très bénéfique.
Pensons aux centaines de millions de dollars que le gouvernement dépense en publicités sur son budget, ou son programme économique, ou peu importe le nom qu'on veut lui donner. Le gouvernement dépense des centaines de millions de dollars pour quelque chose qui n'a pas de valeur réelle. Ce n'est que de la propagande sur les mesures prises par le gouvernement. Pourquoi ne pas investir une partie des centaines de millions de dollars dans de bons programmes qui vont apporter du changement? Par exemple, pourquoi ne pas investir dans l'élaboration de publicités dans l'environnement multimédia d'aujourd'hui afin d'informer la population au sujet du cyberespace? Voilà ce que nous devrions faire. Nous demandons au gouvernement actuel de faire preuve d'un peu plus de créativité à cet égard.
Nous devons collaborer avec les intervenants. Nous ne pouvons pas élaborer une stratégie pour éduquer les gens et les encourager à mieux comprendre une question aussi importante si nous ne sommes pas prêts à collaborer avec les différents intervenants de la société. Les écoles sont un exemple. Au Manitoba, plus de 200 000 élèves fréquentent l'école publique. Que fait-on pour encourager la création de programmes qui éduquent nos jeunes? Je ne veux pas que l'éducation de nos jeunes se fasse sur Facebook ou derrière des portes closes où ils pourraient être exposés à des comportements malveillants. Beaucoup plus d'intervenants ont un rôle à jouer, notamment les écoles, les divisions scolaires et les ministères de l'Éducation.
Qu'en est-il du secteur privé? Nous parlons du harcèlement dans le monde virtuel. Des gens vindicatifs n'hésitent pas à s'attaquer à leurs victimes potentielles en publiant des images ou des déclarations sur Internet, lesquelles ont des répercussions négatives considérables sur la vie des personnes touchées. Un seul ordre de gouvernement, à savoir le gouvernement national et le , doit comprendre à quel point il est important d'en faire un enjeu prioritaire. Chaque jour qui passe où le gouvernement conservateur choisit de ne pas être plus proactif dans ce dossier, nous détruisons des vies parce que nous permettons que cela continue à un rythme effréné.
Les libéraux sont favorables aux mesures visant à lutter contre l'intimidation et veulent une stratégie plus complète et globale qui changera plus que le droit pénal. Il est temps que le gouvernement du Canada commence à collaborer avec les intervenants. Nous pourrions vraiment changer le cours des choses si le gouvernement se décidait à prendre de telles mesures.