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Monsieur le Président, reprenons où nous en étions il y a déjà quelques minutes.
Suivant l'étude du projet de loi , ainsi que l'étude que j'ai faite avec mes collègues et la rencontre qui a eu lieu il y a deux jours avec les représentants du RTPA et de l'Assemblée des Premières Nations, qui s'est déroulée au bureau du chef de l'opposition, j'ai insisté auprès de mes collègues sur la nécessité de se tenir en retrait lors du déploiement des mesures assertives par les Premières Nations. Celles-ci désirent se faire entendre et vont fort probablement se mobiliser dans les prochains mois en raison de cette ébauche de projet de loi qui porte sur l'éducation des Premières Nations. Ce que j'entends par là, c'est de ne pas faire de capital politique.
Au cours de mes dernières années à la Chambre, lors des rassemblements publics, j'ai trop souvent remarqué que certains politiciens, tous partis confondus, tentent le plus souvent d'en retirer un certain capital politique. Compte tenu de la matière hautement identitaire qui est touchée par ce projet de loi, soit l'éducation des Premières Nations, il faut demeurer conséquent. C'est la raison pour laquelle ce sont les membres des Premières Nations qui doivent être à l'avant-plan et faire primer leurs mesures assertives, leur propre argumentaire et leurs propres éléments.
Dans un même souffle, il est essentiel de reconnaître le caractère de sous-financement chronique ayant affecté la qualité de l'éducation, par la force des choses, telle qu'elle est prodiguée auprès des communautés éloignées des Premières Nations. Contrairement à ce qui a été affirmé, c'est véritablement le sous-financement chronique qui a affecté la prestation de services éducatifs dans la plupart des territoires éloignés. C'est contraire à ce qui a été indiqué et à ce que ce projet de loi tente de démontrer à mots semi-couverts, selon lesquels la surveillance et le maintien de la qualité de l'enseignement reposent sur les épaules des Premières Nations et qu'ils sont les seuls tributaires de leur propre laxisme en matière d'intégration et d'application de principes reconnus en matière d'éducation.
Les statistiques et les interventions démontrent que le caractère de sous-financement chronique a été le principal acteur en ce qui concerne l'adversité dans les communautés. Mon chef indiquait que ce sous-financement s'observait à la hauteur de 35 % de financement de moins que ce qui peut être appréciable à l'ensemble de la population canadienne.
Alors, par la force des choses, les membres, le personnel enseignant, les directeurs et le personnel des Premières Nations qui veillent à l'enseignement ont dû composer avec un financement moindre et des conditions non idéales. Alors, le simple fait que je sois présent ici aujourd'hui et qu'il y ait une montée sur le plan de l'éducation dans les communautés témoigne bien de la résilience propre aux membres des Premières Nations.
Il faut également insister sur la recherche de l'assentiment et l'adhésion des membres des collectivités dans le cadre de l'édiction des politiques publiques, ce qui n'a pas été fait ou a été fait à un moindre degré. Dans ce projet de loi et bien d'autres, on sait que les conservateurs ont une vision réduite du concept de consultation et de recherche de l'assentiment. Mes très courtes années à la Chambre me l'ont démontré.
C'est pourquoi les membres des Premières Nations, qui sont les principaux acteurs, n'ont été que plus ou moins impliqués. En fait, le degré d'implication reste encore nébuleux aujourd'hui. L'APNQL nous indiquait qu'elle n'avait pas été mise à contribution et que la grande majorité des membres des Premières Nations abondaient dans le même sens. Cela est hautement déplorable, considérant entre autres la nature du sujet à l'étude, à savoir la matière hautement identitaire qu'est l'éducation des Premières Nations, qui va ultimement mener à l'autodétermination, un principe de base de notre système de justice et de notre système parlementaire. L'autodétermination des peuples passe obligatoirement par l'affranchissement via l'éducation. C'est pourquoi l'implication des acteurs de première ligne est nécessaire lors de l'édiction et de l'ébauche de ces projets de loi bien précis.
Il importe de garder à l'esprit que l'honneur de la Couronne et la responsabilité de l'État sont indissociables des mesures s'inscrivant dans l'édiction de politiques publiques interférant avec les domaines de quiddité indienne. Les domaines identitaires et de quiddité indienne sont des synonymes, bien qu'ils aient des différences. Le terme « quiddité » est surtout utilisé dans le domaine judiciaire et du « droit autochtone ».
L'éducation des Premières Nations est également couverte par la relation fiduciaire qui doit s'observer entre la Couronne et les Premières Nations. C'est ma perception, et je pense que plusieurs juristes du pays la partage. Par conséquent, tenter de transposer tout l'odieux des résultats discutables en ce qui a trait à l'éducation des communautés sur le dos des enseignants et des Premières Nations, c'est bien malvenu.
En effet, le Canada est actuellement exposé sur le plan international. La raison pour laquelle les représentants, les vérificateurs de l'ONU et les rapporteurs de l'ONU se sont déplacés au pays au cours des deux dernières années, c'est parce que cette réputation s'est rendue jusqu'à l'étranger.
Des Européens, qui sont tout de même qualifiés en la matière, ont décidé de venir jeter un coup d'oeil à la situation telle qu'elle est vécue par rapport à l'éducation, au logement et à l'alimentation.
Pour avoir rencontré deux de ces rapporteurs, je dirais que la cote du Canada est en chute libre en ce qui a trait aux droits humains, et ce, un peu partout sur la planète. Cela fait partie d'un autre débat.
L'éducation est couverte par cette relation fiduciaire. L'honneur de la Couronne et de l'État canadien est impliqué chaque fois que des situations déplorables sont dévoilées. Il y a à peine six jours, j'étais à Pakuashipi, dans une communauté innue qui a mentionné que l'adaptation en matière d'éducation était nécessaire, compte tenu de la distance, de l'éloignement et des subtilités culturelles propres aux communautés aborigènes. Les enseignants ont dû s'adapter par la force des choses. Quelquefois, les enfants sont tout simplement amenés en forêt parce qu'elle est à proximité. C'est pertinent sur le plan culturel. Cela s'inscrit dans le cycle nomade et dans le cycle de vie propre à ces communautés. Il y a donc des ajustements à faire.
L'État canadien se doit de tenir compte de ces particularités lors de l'ébauche de tels projets de loi. En outre, lorsque de telles réformes sont mises en avant, il doit y avoir une réelle implication des acteurs du milieu. Autrement, cela demeure une coquille vide. Dans ce cas-ci, j'irais même jusqu'à dire qu'on fait face à du directivisme. Je vais y revenir plus tard.
La lettre du projet de loi soumis aujourd'hui à notre attention fait preuve de cette volonté de contrôle et d'intervention qui est le plus souvent sélective. Le gouvernement conservateur tente d'intervenir de façon sélective dans les éléments qui pourraient jeter une lumière défavorable sur la situation à l'échelle internationale et de l'éducation. Compte tenu du fait que le gouvernement était exposé, il tente d'intervenir de façon draconienne, un peu comme il l'a fait dans bien d'autres domaines au cours des dernières années. J'ai été à même de jauger de la volonté d'intervention. Les conservateurs font du cherry picking, c'est-à-dire qu'ils interviennent dans des dossiers qui les exposent et avec lesquels ils sont plus ou moins à l'aise.
Conséquemment, l'outil législatif soumis à l'attention de la Chambre se devait de faire état des obligations et des responsabilités du gouvernement fédéral en matière de fourniture de services d'éducation dans les réserves, plutôt que de tenter d'exonérer l'État de ses obligations en transposant l'odieux des conséquences du sous-financement chronique des institutions d'enseignement sur le compte de l'administration locale des établissements.
La trame narrative présentée jusqu'à maintenant par les intervenants, qui sont le plus souvent des intervenants conservateurs, est à l'effet que les communautés et les intervenants sont responsables de la qualité de l'enseignement, alors même que le sous-financement chronique est maintenant chiffré. En effet, le sous-financement chronique se calcule et s'observe à un taux de 35 %. C'est mon patron, le officielle, qui l'a annoncé.
Je souligne au passage que le gouvernement du Canada est responsable, en vertu du paragraphe 91(24) de la Loi constitutionnelle, des Indiens et des terres réservées pour les Indiens. C'est la première brique dans notre établissement.
Le gouvernement doit fournir l'éducation de la maternelle à la 12e année dans les réserves, et il doit prévoir des mesures pour l'éducation postsecondaire. Cela implique nécessairement l'injection de fonds là où c'est essentiel. Jusqu'à maintenant, c'est à cet égard que toute cette dynamique a été le plus exposée.
Il y a eu une reconnaissance tacite à mots voilés lorsque, dans un grand battage médiatique, le a annoncé dernièrement qu'une injection massive de fonds s'observerait en 2016 ou en 2017. Or ces fonds devraient être administrés et injectés en ce moment même, et pas en 2016, parce que le besoin est criant.
C'est tout de même une avancée, il faut le concéder. Cette reconnaissance n'avait pas été faite jusqu'à maintenant. Le gouvernement s'est donc avancé et a indiqué que, si on doit investir 2,4 milliards de dollars, à mon souvenir, en 2016, c'est donc que le sous-financement est appréciable à l'heure actuelle. Reste maintenant à savoir où il va piger ce montant, mais cela ne dépend pas de moi.
L'interventionnisme sélectif et la tangente punitive caractérisant les initiatives du gouvernement conservateur illustrent bien l'inadéquation de l'approche directive en matière de prestation de services aux citoyens et de rencontre des obligations étatiques liées aux droits fondamentaux. Je parle de tangente punitive et d'interventionnisme sélectif, parce que je suis à même de les constater, car je me déplace dans des communautés qui ont fait valoir leurs droits et qui ont pris position et qui, aujourd'hui, se voient punies.
Ce sont des punitions. On coupe, tout simplement. On estime que le nombre d'élèves ne correspond pas à la liste qui date de qui sait quand, et en raison de cela, on coupe 460 000 dollars dans le budget. Pour une communauté éloignée, c'est beaucoup. Ce sont des mesures punitives, il ne faut pas se leurrer.
Je maintenant vais introduire les manoeuvres répétées des conservateurs afin de se délester de leurs obligations et de l'odieux de l'inaction étatique en matière d'éducation de la jeunesse des Premières Nations en transposant le blâme sur les intervenants locaux qui doivent composer avec des conditions d'adversité et des ressources limitées.
Le gouvernement actuel tente de se délester de ses obligations pas simplement à l'égard des peuples autochtones et aborigènes au pays mais également au niveau de la prestation de services. On l'a vu avec Postes Canada; il tente de se délester de ses obligations. La prestation de services est plus ou moins favorable, plus ou moins au menu de ce gouvernement, et d'ailleurs il va devoir réviser sa position puisque les élections arrivent à grand pas. La distribution de bonbons, si je peux me permettre l'expression, va fort probablement s'observer assez prochainement.
Je vais citer un paragraphe qu'on a porté à mon attention et qui appartient à une autre époque. La dernière fois que j'ai été appelé à analyser un article de loi qui se lisait a contrario remonte à au moins 13 ou 14 ans, lorsque je suis entré en faculté de droit. Cela appartient à une autre époque mais c'est toujours d'actualité, parce que l'article 41 du projet de loi soumis à notre attention aujourd'hui prévoit que:
41. (1) Le directeur de l’éducation, le directeur de l’école, les enseignants et les autres membres du personnel de l’école sont tenus de prêter à l’administrateur provisoire toute l’assistance possible dans l’exercice de ses attributions et de lui fournir les renseignements utiles à l’administration de l’école qu’il exige. En outre, ils sont tenus de respecter toute directive qu’il donne relativement à l’administration de l’école.
C'est au deuxième paragraphe que cela va faire mal:
(2) Ils ne peuvent être poursuivis pour avoir de bonne foi prêté assistance à l’administrateur provisoire, lui avoir fourni des renseignements ou avoir respecté ses directives.
Assez étrangement, ce paragraphe est intitulé « Immunité ». Sachant pertinemment que les conservateurs donnent souvent un nom contradictoire — ils parlent de transparence et de la , mais en vérité il n'y a rien de très équitable dans tout cela —, ce paragraphe ne fait pas exception. Si on le lit a contrario, c'est donc dire que les directeurs de l'éducation, le directeur de l'école, les enseignants et les autres membres du personnel pourront être poursuivis s'ils ne prêtent pas de bonne foi assistance à l'administrateur.
Reste à voir quelle est la bonne foi et quel est le niveau de collaboration adéquats selon l'appréciation des conservateurs et du ministre, parce qu'au final, je me doute bien que ce sera le ministre qui va être tenu d'apprécier. Ce genre de menace à peine voilée est hautement répréhensible. Les conservateurs, à la force des choses, vont voir qu'il n'y a pas seulement eux qui sont en mesure de mettre en avant des menaces comme celles-là. Ils vont devoir composer avec la chaleur au cours de l'été.
Je soumets le tout humblement.
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Monsieur le Président, je partagerai mon temps de parole avec la députée de .
Je prends la parole pour appuyer le projet de loi , Loi sur le contrôle par les premières nations de leurs systèmes d'éducation. Je suis fière de faire partie d'un gouvernement qui appuie la réussite des Premières Nations en matière d'éducation. Le gouvernement est fier de l'étroite collaboration qui a été établie dans ce dossier et qui donne des résultats probants.
Dès le début, le gouvernement s'est engagé à travailler de concert avec les Premières Nations pour créer un projet de loi sur leurs systèmes d'éducation. La consultation des parents, élèves, dirigeants et enseignants autochtones et des provinces a joué un rôle essentiel dans l'élaboration et la rédaction du projet de loi. Permettez-moi de souligner les principaux jalons de cette démarche.
En 2011, le gouvernement et l'Assemblée des Premières Nations ont mis sur pied conjointement un groupe national sur l'éducation primaire et secondaire des Premières Nations. Pendant cinq mois, le groupe a tenu sept tables rondes régionales et une table ronde nationale. Les membres du groupe ont visité 25 écoles et 30 collectivités autochtones un peu partout au Canada et ont rencontré des acteurs et des organismes clés dans chaque région.
Dans son rapport final, le panel national affirme que les mesures législatives sur l'éducation font partie intégrante d'un système d'éducation. Pour reprendre les termes du panel:
[...] des mesures législatives [...] qui établissent et protègent le droit de l'enfant à une éducation de qualité, qui prévoient du financement stable et suffisant, qui fournissent un cadre pour la mise en oeuvre des structures et des services de soutien de l'éducation et qui énoncent les rôles, les responsabilités et les obligations en matière de reddition de compte de tous les partenaires du système.
Dans la foulée du rapport, le gouvernement s'est engagé, dans le Plan d'action économique de 2012, à faire adopter un projet de loi sur l'éducation des Premières Nations. En décembre 2012, il a lancé un vaste processus de consultation. Ce processus s'est déroulé en deux temps.
Tout d'abord, le gouvernement a diffusé un guide de discussion à toutes les Premières Nations au pays pour les informer de la teneur éventuelle du projet de loi sur l'éducation primaire et secondaire dans les réserves. Le guide était fondé sur des années d'études, de vérifications et de rapports, notamment le rapport Le Point de la vérificatrice générale du Canada de juin 2011, le rapport de 2011 du Comité sénatorial permanent des peuples autochtones et le rapport de 2012 du panel national.
De janvier à mai 2013, le gouvernement a sollicité la participation des parents, des jeunes et des éducateurs autochtones ainsi que des partenaires provinciaux, d'autres parties intéressées et des spécialistes de l'éducation à des séances de consultation régionales tenues aux quatre coins du pays. À cela se sont ajoutés une trentaine de vidéos et de téléconférences ainsi que d'autres moyens de formuler des commentaires additionnels, comme le courriel et des cybersondages.
Parmi les questions d'intérêt et les préoccupations soulevées au cours de ces consultations, mentionnons le contrôle de l'éducation des Premières Nations par les Premières Nations, le financement, la transition vers un système légiféré, la participation parentale à l'éducation, la langue et la culture, les droits ancestraux et les droits issus des traités.
Après avoir examiné les conclusions du panel national et les commentaires recueillis pendant les consultations, le gouvernement a élaboré un plan annoté du projet de loi. Ce plan a été publié en juillet 2013. Il a été transmis aux chefs des Premières Nations et aux conseils de bande, à des organismes, aux gouvernements provinciaux et à d'autres intervenants possédant une expertise ou un intérêt dans l'éducation des Premières Nations, afin qu'ils donnent leur avis.
En octobre 2013, après avoir reçu de nouveaux commentaires, le gouvernement a publié « Travaillons ensemble pour les élèves des Premières Nations - Une ébauche de projet de loi sur l'éducation des Premières Nations ». En plus de publier cette ébauche sur le site Web d'Affaires autochtones et Développement du Nord Canada, le gouvernement l'a transmise à plus de 600 chefs et conseils de bande, à toutes les collectivités des Premières Nations du pays et aux gouvernements provinciaux, pour obtenir leur avis.
Nous avons mené auprès des Premières Nations de tout le pays des consultations approfondies et sans précédent qui ont mené à des lettres ouvertes et à un dialogue entre le et le chef national de l'Assemblée des Premières Nations.
En novembre 2013, l'Assemblée des Premières Nations a adressé une lettre ouverte au gouvernement du Canada pour lui demander sa collaboration à propos de cinq enjeux. Parmi ces cinq points figuraient le respect des droits inhérents, des droits issus des traités et du principe du contrôle de l'éducation par les Premières Nations; un financement garanti par la loi; le soutien des langues et de la culture des Premières Nations; une responsabilisation mutuelle qui respecte les droits et les responsabilités des Premières Nations; et l'importance d'un dialogue véritable et constant.
En décembre 2013, mon collègue, le , a publié une lettre ouverte qui affirmait l'engagement du gouvernement à donner suite à ces demandes.
Le gouvernement a collaboré avec l'Assemblée des Premières Nations afin que la loi réponde aux cinq conditions de réussite énoncées. Subséquemment, en février 2014, le Canada et l'Assemblée des Premières Nations ont annoncé la Loi sur le contrôle par les premières nations de leurs systèmes d'éducation.
Le projet de loi comporte d'importants changements, comme la création d'un Comité mixte de professionnels de l'éducation qui doit conseiller les Premières Nations et le gouvernement du Canada et les aider à mettre en oeuvre et à surveiller le contrôle, par les Premières Nations, de leurs systèmes d'éducation, de l'intégration des cours de langue et de culture dans les programmes d'enseignement, ainsi que du financement des cours de langue et de culture dans le cadre de l'ensemble du financement prévu par la loi; troisièmement, le gouvernement s'engage à collaborer avec les Premières Nations pour rédiger les règlements d'application du projet de loi; et finalement, le projet de loi prévoit un financement suffisant, stable, prévisible et durable.
Ce fut un moment historique pour les relations entre le Canada et les Premières Nations, et il importe de ne pas perdre l'élan ainsi acquis. Ces changements répondent pleinement aux cinq conditions de succès de l'APN.
Le gouvernement a adopté une attitude ouverte, transparente et itérative à la création législative, notamment, comme je l'ai indiqué, par une mesure inhabituelle de publication préalable en ligne de l'ébauche de projet de loi.
Nous avons écouté les préoccupations, et nous y avons répondu. Tout au long des consultations, le gouvernement a adressé aux chefs et aux conseils des Premières Nations des mises à jour sur les prochaines étapes de l'élaboration du processus législatif envisagé.
Le contrôle par les Premières Nations est le principe fondamental sur lequel repose ce projet de loi, comme son titre en fait foi. Cette mesure législative reconnaîtra la capacité des Premières Nations de prendre en charge l'éducation de leurs élèves et leur en confiera la responsabilité. Elle reconnaîtra l'importance des droits issus des traités et des droits ancestraux, qui sont garantis par la Constitution, et elle ne s'appliquera pas aux Premières Nations qui ont conclu des accords généraux ou sectoriels d'autonomie gouvernementale englobant l'éducation.
Quand il a annoncé son intention de présenter une mesure législative, le gouvernement a bien précisé que le partenariat ne prendrait pas fin avec la présentation d'un projet de loi. À l'avenir, grâce à la création et au rôle du Comité mixte des professionnels de l'éducation envisagé dans le projet de loi , le Canada et l'Assemblée des Premières Nations vont continuer à chercher des formules assurant une plus grande participation des Premières Nations dans le contexte du respect du contrôle, par les Premières Nations, de leurs systèmes d'éducation.
Dans cet esprit, le ministre s'est engagé à négocier avec l'APN un protocole politique sur le rôle et la composition du comité mixte. Les Premières Nations et tous les Canadiens auront l'occasion de continuer à participer au processus parlementaire.
En outre, lorsque le projet de loi recevra la sanction royale, le gouvernement va travailler avec les Premières Nations pour assurer une transition en douceur aux collectivités et aux organismes éducatifs des Premières Nations, et il a réservé du financement à cette fin.
Compte tenu de l'importance de la question, ces discussions ont parfois suscité des points de vue divergents et passionnés. Le point d'entente, c'est que tous les enfants de notre pays ont droit à une éducation de qualité, quel que soit l'endroit du Canada où ils se trouvent. Tout le monde reconnaît également que malgré tous les efforts d'innombrables parents, enseignants et collectivités, un trop grand nombre d'enfants des Premières Nations accusent un retard.
La collaboration historique avec l'Assemblée des Premières Nations reflète cet échange constructif et le processus de consultation avec les Premières Nations. Je suis fière de l'approche de collaboration étroite que nous avons adoptée dans ce dossier. Cela nous a permis de conclure un accord historique qui donne aux Premières Nations le contrôle de leurs systèmes d'éducation et de combler un besoin qui existe depuis plusieurs générations.
Le projet de loi représente un progrès important. Le gouvernement va garder le cap et travailler avec encore plus d'ardeur pour que les résultats des élèves des Premières Nations dans les réserves s'améliorent.
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Monsieur le Président, je prends la parole à la Chambre aujourd'hui pour appuyer le projet de loi , Loi sur le contrôle par les premières nations de leurs systèmes d'éducation. Je suis contente d'avoir l'occasion d'exposer les nombreux avantages du projet de loi C-33 pour les Premières Nations et tous les Canadiens.
La mesure législative proposée donnerait une certaine latitude à chaque Première Nation, tout en établissant des normes pour encourager le succès scolaire. Pour la toute première fois, tous les enfants des Premières Nations auraient un accès garanti à une éducation de grande qualité, dont bénéficient tous les étudiants canadiens.
Je vais expliquer pourquoi il est nécessaire d'améliorer la qualité de l'éducation pour les étudiants des Premières Nations et pourquoi c'est une priorité partagée par le gouvernement et les Premières Nations. Premièrement, je tiens à rendre hommage aux communautés des Premières Nations d'un bout à l'autre du Canada qui ont démontré leur détermination à améliorer l'éducation de leurs enfants. Nous avons vu le succès qu'il est possible d'obtenir grâce à ces approches et nous espérons que le projet de loi pourra habiliter d'autres communautés des Premières Nations à obtenir des résultats semblables.
Même si les Premières Nations ont travaillé sans relâche avec notre gouvernement, les gouvernements provinciaux et d'autres partenaires pour établir des écoles de qualité, la grande majorité des enfants des Premières Nations n'ont pas les mêmes possibilités scolaires que les autres enfants canadiens. Les statistiques montrent que cela a des conséquences catastrophiques sur leurs chances de succès plus tard dans la vie.
Les réussites sont nombreuses, mais il n'en demeure pas moins que la situation est urgente au niveau national. D'après l'Enquête nationale sur les ménages de 2011, seulement 38 % des Indiens inscrits âgés de 18 à 24 ans qui habitent dans des réserves avaient terminé leurs études secondaires, contre 87 % pour ce qui est des Canadiens non autochtones. Les députés conviendront, j'en suis certaine, que ce chiffre est troublant et consternant.
Quand on considère que les jeunes Autochtones représentent le segment de la population canadienne qui connaît la plus forte croissance, il devient clair que des mesures doivent être prises pour combler ce retard en matière d'éducation. À l'heure actuelle, les normes varient d'une école à l'autre dans les réserves et, en conséquence, les étudiants n'ont aucune garantie de pouvoir passer au réseau provincial sans pénalité scolaire ni de recevoir un diplôme ou un certificat reconnu par l'université ou l'employeur de leur choix.
Étant donné que les Premières Nations sont les mieux placées pour déterminer comment obtenir les meilleurs résultats pour leurs collectivités, le projet de loi est fondé sur le principe fondamental voulant que les Premières Nations contrôlent leurs propres systèmes d'éducation. Il donne donc aux Premières Nations les mêmes pouvoirs qui sont conférés aux conseils scolaires provinciaux. Le pouvoir d'établir le programme d'études, d'embaucher et de congédier des enseignants et de procéder à l'évaluation des élèves et des enseignants ne sont que quelques exemples qui viennent à l'esprit.
Les Premières Nations conserveraient ces pouvoirs tant et aussi longtemps qu'elles respecteraient les normes de base établies par la loi, lesquelles comprendraient des exigences pour l'accréditation des enseignants; un nombre minimum de jours d'études semblable aux exigences provinciales; un diplôme d'études secondaires reconnu; la transférabilité d'un système à l'autre sans pénalité; et l'accès à l'éducation pour tous les enfants des Premières Nations.
Ce sont là des exigences de base que toute école hors réserve doit respecter et qui sont essentielles pour assurer une éducation de grande qualité. En établissant des normes, la loi garantit que le système d'éducation respecte constamment les exigences de qualité pour nos enfants.
Dans le reste du pays, la loi permet aux provinces d'établir des normes pour les écoles et les conseils scolaires, notamment en ce qui concerne la planification annuelle, la santé et la sécurité au travail, et les exigences pour le fonctionnement quotidien. La loi veille à ce que chacun connaisse son rôle et ses responsabilités, depuis les directeurs d'école jusqu'aux enseignants, en passant par les comités de parents.
Une telle loi est en vigueur dans toutes les provinces et territoires du Canada, sauf dans les réserves des Premières Nations. La loi proposée établirait un financement stable et prévisible conforme au modèle de financement de l'éducation dans les provinces. Cela veut dire que la Première Nation aurait les ressources voulues pour déterminer les meilleurs moyens de scolariser ses enfants, d'intégrer la langue et la culture et d'élaborer des politiques et procédures pour son système scolaire.
Autre élément d'égale importance: les Premières Nations seraient en mesure de choisir un modèle de gouvernance pour leur système d'éducation. Les Premières Nations pourraient décider si elles veulent exploiter leur propre école communautaire, ou faire partie d'une autorité scolaire des Premières Nations, ou encore participer à un réseau provincial d'éducation.
Bénéficiant d'un financement pour la gouvernance et les coûts administratifs, les autorités scolaires des Premières Nations seraient des organisations semblables à des conseils scolaires qui seraient dirigées par les Premières Nations et qui auraient la taille et la capacité voulues pour donner aux Premières Nations participantes des fonctions comme l'embauche des enseignants, l'établissement des politiques et l'achat des fournitures, tout en fournissant un vaste éventail de services de soutien aux étudiants. Peu importe que les Premières Nations choisissent de conclure des ententes avec les provinces ou décident de constituer des autorités scolaires des Premières Nations, ces organisations fourniraient un soutien aux écoles pour s'assurer que celles-ci respectent les exigences de la loi et fournissent une éducation de qualité.
J'insiste encore une fois sur le fait que le projet de loi donnerait aux Premières Nations le contrôle de l'éducation de leurs membres et la souplesse voulue pour déterminer ce qui est préférable pour le succès des élèves. Les parents, les membres de la collectivité et les dirigeants des Premières Nations pourraient travailler de concert avec les administrateurs scolaires pour établir le fonctionnement, la planification et les processus de rapport de leurs écoles.
En plus d'établir des normes importantes, le projet de loi renforcerait la gouvernance et la reddition de comptes, et il mettrait en place des mécanismes pour assurer un financement stable, prévisible et durable.
Nous voulons que les écoles des réserves puissent offrir les services de soutien essentiels pour obtenir de bons résultats scolaires, et faire en sorte que les enfants des Premières Nations aient les ressources dont ils ont besoin pour réussir. Nous voulons fournir à tous les enfants des Premières Nations suffisamment d'outils d'apprentissage de qualité, y compris des pupitres, des manuels, des ordinateurs et de l'équipement de sport. Nous voulons aussi assurer, au besoin, une transition sans heurt entre le système d'éducation des réserves et celui des provinces pour les élèves des Premières Nations.
Les élèves des Premières Nations et leurs parents méritent qu'on leur assure une éducation de qualité permettant d'obtenir un diplôme ou un certificat reconnu afin de pouvoir entrer sur le marché du travail ou poursuivre des études.
Nous savons que, pour offrir l'enseignement de haute qualité dont bénéficient tous les autres Canadiens, nous devons faire en sorte que les cours offerts aux élèves des Premières Nations soient donnés par des enseignants certifiés, et que les élèves bénéficient d'un nombre minimum de jours de classe chaque année.
Le projet de loi permettrait aux Premières Nations d'amorcer un tournant en matière d'éducation primaire et secondaire. C'est pourquoi l'annonce historique faite en février par le et l'Assemblée des Premières Nations au sujet du projet de loi sur la gestion de l'éducation par les Premières Nations comprenait un financement sans précédent de 1,9 milliard de dollars. Une fois ce projet de loi adopté, le financement serait garanti par la loi. Il mettrait également en place un facteur de progression de 4,5 % pour remplacer le plafond de financement de 2 % imposé aux Premières Nations par les libéraux.
Le projet de loi et le nouveau financement répondent aux cinq conditions pour la réussite établies dans une résolution adoptée par l'Assemblée des Premières Nations et entérinée par l'assemblée des chefs en décembre 2013.
Ce sont des investissements pour l'avenir des enfants des Premières Nations et la prospérité du Canada. Le projet de loi permettrait aux Premières Nations de gérer leur système d'éducation et de choisir ce qui convient le mieux à leur communauté. Il ne s'agit pas de rendre toutes les écoles identiques dans les réserves, mais plutôt de faire en sorte que tous les élèves aient des chances égales, peu importe où il vivent au pays.
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Monsieur le Président, je suis heureux de prendre la parole aujourd'hui et je souligne tout d'abord que nous sommes le 1
er mai, la Journée internationale de solidarité des travailleurs dans le monde. Mes collègues de ce côté-ci de la Chambre prennent cette journée très au sérieux. Cette première journée du mois de mai me rappelle « Mayday », expression qui a une toute autre signification. C'est en effet le signal international de détresse utilisé par les marins. Et c'est justement un appel de détresse que lancent les Premières Nations partout au Canada en réaction à la présentation du projet de loi .
Je dirais à la Chambre, et je le maintiens, que le projet de loi est un bel exemple de novlangue orwellienne. Dans le roman 1984 de George Orwell, c’est le ministre de la Paix qui déclare la guerre. C'est le ministre de l'Amour qui s'occupe de la torture. C’est le ministère de l'Abondance qui s'occupe du rationnement. Nous sommes ici témoins de la présentation par le gouvernement conservateur d'un projet de loi qui s'appelle par euphémisme la Loi sur le contrôle par les Premières Nations de leurs systèmes d'éducation, projet de loi qui devrait plutôt s'intituler Loi pour accroître le pouvoir du ministre en ce qui concerne l'éducation des Premières Nations et limiter les droits inhérents des Premières Nations.
À l'heure actuelle, le ministre ne détient pas la longue liste de pouvoirs que le présent projet de loi prévoit lui accorder. Le ministre doit se rabattre sur une forme d'extorsion moins élégante, à savoir que les Premières Nations doivent accepter de signer un accord de contribution qui accorde de tels pouvoirs au ministre afin d'obtenir des fonds pour l'éducation de leurs enfants. Le projet de loi donnerait tous ces vastes pouvoirs au ministre, qui n'a pas, je me permets de le rappeler à la Chambre, la même culture, la même langue, les mêmes origines et le même vécu.
J'ai des nouvelles pour le ministre. Le droit des Premières Nations d'avoir le contrôle sur leur éducation existe déjà. Il faut que le Parlement reconnaisse ce droit, un droit inhérent, un droit confirmé par des traités sacrés, un droit reconnu par des traités internationaux. J'avance que le projet de loi limiterait à dessein ces droits.
Les Premières Nations n'exigent rien de plus que ce que nous tenons déjà pour acquis, à savoir le droit, pour leurs enfants, de recevoir une éducation conforme à leur culture et à leur langue, ainsi que l'enseignement de leur histoire et de leurs valeurs. Les Premières Nations n'ont pas renoncé à ce droit en signant des traités. Il n'est pas nécessaire qu'une loi du Parlement confirme un droit existant. Tout ce qu'il faut, c'est un mécanisme permettant à ce droit d'être respecté et concrétisé en fournissant les moyens nécessaires pour y parvenir. En fait, si on laisse le Parlement accorder ou donner ce droit, il devient un droit prévu par la loi et non un droit inhérent. C'est une des lacunes inhérentes à ce projet de loi.
Après l'effort de créativité qui a été déployé pour rédiger le titre de ce projet de loi, je demande à la Chambre de s'intéresser à son préambule. Nous savons tous que le préambule n'a pas pour effet d'engager le Canada à faire quoi que ce soit, mais je mets aujourd'hui les députés au défi de lire ces nobles strophes et d'essayer de les relier de façon un tant soit peu concrète au contenu réel du projet de loi.
Je vais donner un exemple à la Chambre. Le préambule indique:
que les Premières Nations doivent recevoir du soutien en vue de leur permettre d’exercer leurs droits et de s’acquitter de leurs responsabilités relativement à l’éducation [...] dispensée à leurs enfants;
Tout cela est bien beau, mais comparons cela au fait qu'on leur offre une malheureuse augmentation annuelle de 4,5 % des sommes dérisoires qu'elles reçoivent actuellement, qui correspondent plus ou moins à la moitié de ce que leurs homologues provinciaux reçoivent. Il faudrait près de 22 ans pour combler l'écart, sans même tenir compte de la croissance démographique, de l'inflation et de l'augmentation du coût de l'éducation. Comparons cela aux nobles principes énoncés dans le préambule. On nous demande ici d'adopter une mesure législative qui est une tromperie cruelle.
Cet autre exemple figure aussi dans le préambule:
que les systèmes d’éducation des Premières Nations doivent recevoir du financement adéquat, stable, prévisible et soutenu [...]
Nous leur donnons ensuite un projet de loi qui rend cette promesse vide de sens; c'est une tromperie cruelle et un double discours orwellien, s'il en est. Ce sont des contradictions inhérentes qui visent à tromper.
Le ministre se vante d'accorder aux Premières Nations, grâce à ce projet de loi, la reconnaissance de leur langue et de leur culture, qui n'existe pas dans le système actuel. C'est un autre exemple de l'eurocentrisme, du paternalisme et du colonialisme du gouvernement. Il n'a pas à donner ce droit aux Premières Nations, puisque c'est un droit inhérent et inaliénable qui leur appartient déjà.
Les Premières Nations peuvent déjà enseigner la langue et la culture, si elles le souhaitent. Elles n'ont pas besoin de l'autorisation du ministre. Toutefois, aux termes du projet de loi , le ministre peut imposer des règlements qui dicteraient la façon d'enseigner la langue et la culture. Il peut fixer le montant qu'on peut dépenser à cette fin. Il peut définir qui est qualifié pour enseigner ces deux matières et décider si les lois de la province s'appliquent à l'enseignement de ces cours. Au bout du compte, les Premières Nations auraient moins de contrôle que maintenant sur l'enseignement de la langue et de la culture. Insinuer le contraire est tout à fait malhonnête ou insensé.
L'article 43 est un autre exemple de novlangue orwellienne contradictoire. Cet article précise que le ministre doit verser à l'autorité scolaire d'une Première Nation un montant établi selon un calcul, qui permet de déterminer le coût, par élève, que doit payer une école publique provinciale, située dans une région comparable, pour fournir des services d'éducation. À la première lecture, on pourrait penser qu'en application de cette mesure législative, les élèves des Premières Nations recevraient le même montant que les élèves d'écoles provinciales. Toutefois, en lisant le reste, on voit à la page suivante que l'article 45 du projet de loi précise que le ministre obtiendra un décret pour imposer une limite au montant à verser au cours d'un exercice financier; le ministre établira ce plafond comme bon lui semble ou selon ce qu'il peut arracher des mains du ministre des Finances qui siège au Cabinet. Du coup, l'obligation de fournir une éducation équitable se volatilise complètement, car la réalité est que l'article 45 l'emporte, encore une fois, sur le noble principe que l'on fait miroiter à l'article 43.
Je sais que les députés d'en face diront que nous devons être financièrement responsables, que nous ne pouvons pas tout faire d'un coup, mais qu'il faut procéder progressivement. En fait, cet argument pose deux problèmes. Le premier est le suivant: si une école des Premières Nations estime qu'elle ne peut plus priver ses enfants de l'éducation à laquelle ils ont droit et décide de les envoyer à une école du voisinage régie par la province, le ministre paiera la totalité des frais de scolarité de ces élèves, doublant ainsi le montant qu'il avait prévu affecter à leur éducation s'ils étaient demeurés dans la réserve. Il aura l'argent voulu pour cela, alors pourquoi ne l'a-t-il pas pour permettre aux élèves, comme première option, de rester à l'école de la réserve?
Le deuxième est un problème peut-être plus vaste sur lequel nous devons vraiment nous pencher dans le cadre d'une question de financement de ce genre. Les Premières Nations ne reçoivent absolument pas un sou des dizaines de milliards de dollars tirés de l'exploitation des ressources pétrolières, minières, forestières et naturelles de leurs terres. Avec les années, cela fait des billions de dollars. On ne peut pas dire aux gens qu'il n'y a pas d'argent pour répondre au besoin fondamental des enfants des Premières Nations de réaliser leur plein potentiel quand on récolte des dizaines de milliards de dollars chaque année des terres des Premières Nations. En notre âme et conscience, nous, à la Chambre des communes, devons nous attaquer à ce problème crucial. Les enfants des Premières Nations sont des enfants canadiens, et tous les enfants canadiens ont le droit de réaliser leur plein potentiel grâce à une éducation de qualité.
J'aimerais prendre un moment pour jeter un coup d'oeil sur les obligations internationales que le projet de loi omet de reconnaître. L'année 2014 marque le 25e anniversaire de la Convention des Nations Unies relative aux droits de l'enfant, dont l'article 28 reconnaît le droit de l'enfant à l'éducation sur la base de l'égalité des chances.
Selon la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones, ceux-ci doivent avoir accès à des écoles qui tiennent compte de leur langue, de leur culture et de leurs valeurs, et ils « ont le droit d’établir et de contrôler leurs propres systèmes et établissements scolaires où l’enseignement est dispensé dans leur propre langue » et en fonction de leurs cultures.
Voici ce que dit l'article 13 de la déclaration des Nations Unies:
Les peuples autochtones ont le droit de revivifier, d’utiliser, de développer et de transmettre aux générations futures leur histoire, leur langue, leurs traditions orales, leur philosophie, leur système d’écriture et leur littérature, ainsi que de choisir et de conserver leurs propres noms pour les communautés, les lieux et les personnes.
Le projet de loi ne reconnaît aucunement ces instruments internationaux ni les responsabilités et les obligations du Canada à cet égard. Je pense qu'il a été conçu ainsi et que ce n'est pas un oubli.
Le ministre a également mentionné que le projet de loi C-33 est une première étape, une transition vers quelque chose de mieux qui sera plus acceptable avec le temps.
C'est exactement ce qu'ils ont dit à propos de l'Acte pour encourager la Civilisation graduelle il y a 140 ans, et nous avons toujours la Loi sur les Indiens aujourd'hui, une loi qu'on pourrait mieux décrire comme 140 ans de tragédie sociale, une loi indigne d'un pays démocratique développé d'Occident. Plutôt que de s'élever au-dessus de la Loi sur les Indiens, ce projet de loi va dans le même sens.
Quel est l'objectif de ce projet de loi? L'article 3 dit:
La présente loi a pour objet d’assurer le contrôle par les premières nations de leurs systèmes d’éducation, notamment en permettant aux conseils des premières nations d’administrer les écoles situées dans leurs réserves [...]
Plus que n'importe quelle autre phrase, c'est peut-être celle-ci qui résume le mieux le problème.
Il y a une grande différence entre le contrôle de l'éducation par les Premières Nations et le fait de permettre aux conseils d'administrer les écoles. Toute la structure du projet de loi vise à donner le contrôle de l'éducation des Premières Nations au ministre pour ensuite laisser les conseils locaux administrer les écoles selon ses directives. C'est le patron qui dicte les moyens de production, et les travailleurs peuvent décider de la couleur de la salle à manger. Voilà à quoi se résume le projet de loi, mais on ne parlerait pas alors d'une vision de démocratie industrielle.
Selon le projet de loi, les Premières Nations pourront, au final, être leur propre agent des Indiens. Encore une fois, c'est à cela que se résume le projet de loi. Ils administreraient les règlements pris à Ottawa par le ministre pour eux.
La comédie se poursuit à l'article 7:
Le conseil de la première nation est tenu d’offrir, conformément à la présente loi, un accès à l’éducation primaire et secondaire aux personnes [...] qui résident ordinairement dans une réserve [...]
Ainsi, le projet de loi obligerait le conseil d'une Première Nation à offrir une éducation, que les ressources nécessaires soient fournies ou non, et le conseil n'aurait aucune marge de manoeuvre quant à la façon d'y parvenir. Il devrait le faire conformément au projet de loi.
Ce projet de loi accroîtrait les pouvoirs discrétionnaires du ministre de plusieurs façons. Si nous ne voyons pas ce qui cloche dans cette façon de penser et cette vision du monde, nous n'avons pas le droit de traiter d'un sujet aussi important aujourd'hui.
À l'article 10, il est question du Comité mixte de professionnels de l’éducation. Pourquoi le gouvernement parle-t-il de comité mixte alors que tous les membres y sont nommés par le Cabinet, que le président est nommé par le Cabinet et que le ministre peut en expulser quiconque sort du rang? C'est dire à quel point ce groupe n'aurait pas de pouvoirs. Essentiellement, il siégerait en attendant que le ministre lui demande conseil sur certaines questions, mais le ministre ne serait aucunement obligé de suivre ces conseils ou d'expliquer pourquoi il ne l'a pas fait. Ce n'est pas de l'autodétermination dans quelque sens du mot que ce soit et cela ne correspond pas à une délégation réelle d'un pouvoir sur le système.
Le ministre serait uniquement obligé de consulter le comité s'il le juge souhaitable. Nous ne saurions jamais quels conseils lui ont été donnés et pourquoi il les a ou ne les a pas suivis, car les conseils émanant d'un organisme créé par une loi à un ministre sont considérés comme de l'information confidentielle du Cabinet et sont protégés de la divulgation. Le comité ne serait pas tenu d'appuyer le contrôle de l'éducation par les Premières Nations.
Le ministre dit que le comité encadrerait l'application de la loi, mais, malheureusement, le projet de loi ne donne aucun pouvoir à cet égard. Là encore, c'est une lacune inhérente à cette mesure législative qui est délibérée, et non fortuite.
Lorsque de telles préoccupations sont soulevées, le ministre répond: « Faites-moi confiance. » Il a assuré à ceux qui en doutent que des protocoles politiques seront établis. Or, je n'ai pas besoin de rappeler à la Chambre que, à Ottawa, les protocoles politiques sont très souvent relégués aux oubliettes. Pourquoi le ministre veut-il attendre que le projet de loi soit adopté avant de présenter un protocole? Nous connaissons tous la réponse à cette question.
L'article 20 du projet de loi traite de gouvernance. Encore une fois, c'est, à mon avis, une disposition astucieuse et calculée pour jeter de la poudre aux yeux. Il faut lire l'article 21 en se concentrant à la fois sur ce que le projet de loi permet aux Premières Nations de faire et le fait que le ministre a le pouvoir de prendre des règlements. Par exemple, le conseil doit établir des politiques et procédures; établir des programmes d’enseignement, les politiques scolaires et les plans de réussite; contrôler la qualité de l'éducation; et remettre au ministre un rapport annuel. Le ministre fait valoir qu'il s'agit là d'éléments de preuve d'un contrôle local.
Le projet de loi va même jusqu'à accorder au ministre le pouvoir unilatéral d'imposer des règlements prévoyant la forme et le contenu des budgets, des plans, des programmes et des politiques. Le ministre pourrait également imposer une loi provinciale pour régir ces aspects.
Je le répète, il faut lire le projet de loi dans son entièreté, et non uniquement des dispositions distinctes triées sur le volet qui laissent croire que l'autonomie locale ou le pouvoir local sont une réalité.
L'article 21 prévoit également que la langue d'instruction peut être une langue d'une Première Nation, mais en plus de l'anglais ou du français. Cette disposition rend carrément impossible l'instruction en immersion. Imaginez qu'on oblige une école d'immersion en français à offrir en parallèle une instruction en anglais.
Fournira-t-on des fonds supplémentaires pour assurer l'instruction dans une langue d'une Première Nation? Encore une fois, le projet de loi ne prévoit rien à cet égard. L'enseignement d'une langue autochtone devra donc se faire conformément aux règlements établis unilatéralement par le ministre. « Faites-moi confiance », dit-il.
Mon temps de parole est presque écoulé et je n'en suis même pas à la moitié du projet de loi. C'est une occasion pour nous de réfléchir à quel point ce projet de loi va dans tous les sens. Je n'ai pas le temps de dire comment les provinces réagiront lorsque le ministre les forcera, peu à peu, à assumer une partie des coûts jusqu'à ce que, à mon avis, il leur transfère l'entière responsabilité des dépenses.
Je me suis appuyé sur des commentaires et des analyses que commencent à faire les Premières Nations, et je demande aux députés d'en face de faire de même.
Je vais conclure mes observations en soulignant que je suis consterné de voir qu'un projet de loi d'une telle nature fait l'objet d'une attribution de temps et d'une clôture avant même que les opinions des Premières Nations puissent être consignées et entendues par les décideurs.
Rien n'est plus contraire à la culture des Premières Nations que de mettre fin à ce débat, elles qui accordent une valeur à la tradition orale et qui reconnaissent l'importance de laisser la chance à chacun de s'exprimer jusqu'à ce qu'on atteigne un consensus.
Sincèrement, je ne croyais pas que les conservateurs oseraient invoquer la clôture à l'égard d'un projet de loi d'une telle nature, qui porte sur ce sujet, mais ils l'ont fait. Ils répètent sans cesse que l'APN est en faveur du projet de loi, et que c'est pour cela qu'ils vont de l'avant. Nous avons eu des nouvelles des Premières Nations. Il y a deux heures, le conseil exécutif de l'Assemblée des Premières Nations a dérogé à l'opinion de son chef. Une résolution à cet effet suivra.
Le 14 mai, une confédération viendra à Ottawa, et les dirigeants de ces Premières Nations présenteront la vraie position des associés de l'Assemblée des Premières Nations, pour faire part de leur réelle opinion à l'égard de ce projet de loi, auquel ils s'opposent de façon unanime. Aucune communauté des Premières Nations n'appuie ce projet de loi.
La mise en oeuvre du projet de loi démontrerait une grande hypocrisie et une arrogance eurocentrique; une arrogance coloniale et eurocentrique. En disant cela, je regarde le , qui est bien avisé et qui sait à quel point il serait offensant pour les sensibilités des Premières Nations et de tous les Canadiens de perpétuer cette tradition de colonialisme paternaliste et de leur imposer une mesure législative dont ils ne veulent pas.
Les conservateurs ont beau dire que leurs consultations sont de vraies consultations en bonne et due forme — et je ne crois pas que ce soit le cas —, la situation a été renversée aujourd'hui. Les choses ont changé il y a deux heures. Or, débattrons-nous encore de ce projet de loi le 14 mai? La Chambre des communes l'aura-t-elle adopté en vitesse et renvoyé au Sénat, qui est dominé par les conservateurs?
Ce projet de loi doit être examiné minutieusement. Les Premières Nations ont leur mot à dire dans le processus législatif et ont le droit de témoigner devant le comité. S'il y a un projet de loi qui doit faire l'objet de consultations dans toutes les régions du pays, c'est celui-ci.
Je sais que ce n'est pas à moi de leur poser des questions. Ce sont eux qui me poseront des questions. Toutefois, comment les conservateurs justifient-ils le fait d'étouffer le débat sur une mesure législative d'une telle importance, et de refuser la participation des Premières Nations au processus législatif? Cela me dépasse.
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Monsieur le Président, je vais partager mon temps de parole avec un collègue qui a été enseignant comme moi, le député de .
La première fois que je suis entré dans une salle de classe comme enseignant remonte à 40 ans. Je venais tout juste de terminer mes études à l'Université de l'Alberta. L'un de mes professeurs était J.W. Chalmers, un grand historien en éducation des Autochtones et défenseur des intérêts des jeunes Autochtones. J'ai acquis une connaissance et une compréhension de la culture autochtone que je n'ai pas perdues au fil des ans.
J'ai également eu l'honneur, en 1976, d'assister à la commémoration du centenaire de la signature du traité no 6 à la réserve de Saddle Lake, en compagnie de nombreux dirigeants politiques provinciaux, dont l'ancien ministre albertain de l'Éducation, Bob Clarke, l'ancien premier ministre de l'Alberta, Peter Lougheed, et l'ancien chef du NPD, Grant Notley. L'un des souvenirs que j'ai rapportés avec moi ce jour-là est un autocollant pour pare-chocs en souvenir de la cérémonie qui portait ce message très important:
Tant que le soleil brille, la rivière coule et l'herbe pousse.
Ce message est demeuré dans ma salle de classe pendant le reste de ma carrière en enseignement et je l'ai fièrement affiché dans mon bureau ici à Ottawa. C'est dans cet esprit que je suis si fier de prendre la parole au sujet de cette importante mesure législative cet après-midi.
Il y a de nombreuses raisons d'appuyer le projet de loi . Citons notamment les mécanismes de reddition de comptes et de gouvernance qu'il renferme. Ils sont essentiels pour réduire l'écart entre les résultats scolaires des enfants et des jeunes des Premières Nations et des autres élèves canadiens, ce qui est le but ultime du projet de loi. La répond à la nécessité d'apporter des précisions concernant la gouvernance et la reddition de comptes, l'une des cinq priorités qui ont été relevées par le chef national de l'Assemblée des Premières Nations et énoncées dans une résolution de l'assemblée de décembre 2013.
En février dernier, le a déclaré ceci dans une annonce historique qu'il a faite avec le chef national:
La législation mettra fin au pouvoir unilatéral d'Ottawa sur l'éducation des Premières Nations tout en exigeant que les communautés et les parents des Premières Nations assument la responsabilité et la reddition de comptes en ce qui concerne l'éducation de leurs enfants dans les réserves.
Le principe fondamental de ce projet de loi consiste à permettre aux Premières Nations de contrôler leurs systèmes d'éducation. Le gouvernement conservateur est peut-être le premier à prendre cette mesure importante et à intégrer ce principe dans un projet de loi, mais l'idée ne date pas d'hier.
Le gouvernement du Canada a amorcé le processus de dévolution du contrôle des établissements d'enseignement des Premières Nations aux conseils des Premières Nations en 1973, notamment en réaction à l'énoncé de principe de 1972, intitulé La maîtrise indienne de l'éducation indienne, rédigé par la Fraternité des Indiens du Canada, qu'on appelle aujourd'hui l'Assemblée des Premières Nations. Plus récemment, divers rapports, études et vérifications ont réclamé une loi donnant le contrôle aux Premières Nations, y compris certains rapports du vérificateur général et du Comité sénatorial permanent des peuples autochtones.
Bien que ces rapports aient mené à de modestes améliorations structurelles, la principale mesure législative de dévolution du contrôle de l'éducation aux Premières Nations est le projet de loi que la Chambre étudie aujourd'hui. Grâce au projet de loi , les Premières Nations auraient, pour la première fois, la possibilité de choisir le mode de gestion de leurs écoles.
Elles pourraient décider d'exploiter leurs propres écoles communautaires, ou de créer une entité responsable de la gestion des établissements scolaires de plusieurs Premières Nations. Le cas échéant, cette entité servirait en réalité de conseil scolaire dirigé et exploité par les Premières Nations. Ces dernières pourraient également décider de conclure ou de maintenir une entente avec un conseil scolaire provincial pour la gestion d'une école dans la réserve.
Quelle que soit la décision, les Premières Nations seraient responsables de fournir aux élèves des Premières Nations dans les réserves l'accès à une éducation élémentaire et secondaire leur permettant d'obtenir un diplôme d'études secondaires reconnu. Qu'une Première Nation choisisse d'administrer sa propre école communautaire ou de déléguer cette responsabilité à une entité responsable de l'éducation des Premières Nations, la gestion des écoles et la prestation de services éducatifs devraient respecter les conditions de base énoncées dans la réglementation.
Par exemple, il faudrait consulter les élèves et leurs parents, les aînés ainsi que les membres de la collectivité en ce qui a trait à l'élaboration des politiques et des programmes de l'école, y compris les politiques ou éléments de programme relatifs aux langues et cultures autochtones.
Les conseils des Premières Nations devraient également faire rapport aux membres de leur collectivité. Cela leur permettrait d'évaluer si l'entente qu'elles ont conclue répond à leurs besoins et à ceux de leurs élèves. Ces changements entraîneraient la création, dans les réserves, de systèmes d'éducation plus solides et plus sensibles aux besoins des élèves. De plus, et c'est tout aussi important, ils entraîneraient la création d'une relation fondée sur la responsabilité mutuelle entre les gouvernements, les Premières nations et les membres des collectivités, ce qui contribuerait au succès à long terme de l'administration de l'éducation. À son tour, cela améliorerait les résultats scolaires des Premières Nations, ce qui est, bien sûr, l'objectif primordial du projet de loi .
Il est important de comprendre que même si les Premières Nations contrôlent le programme scolaire et les activités quotidiennes des écoles dans les réserves, les gouvernements provinciaux assument également des responsabilités. Les provinces sont des partenaires importants dans l'éducation des Premières Nations, en raison du taux élevé de mobilité étudiante entre les écoles gérées par les Premières Nations et celles gérées par les provinces.
En 2011-2012, environ 39 % des élèves des Premières Nations fréquentaient une école provinciale aux termes d'une entente sur les frais de scolarité. Il est important de se rappeler que, aux termes du projet de loi , les Premières Nations ont la possibilité d'opter pour la participation au système provincial d'éducation. Les provinces connaissent les programmes scolaires, les critères d'obtention du diplôme d'études secondaires et les examens uniformisés, et les écoles gérées par les Premières Nations pourraient en profiter.
Le projet de loi clarifierait les rôles et les responsabilités à l'égard de l'éducation dans les réserves, puisqu'on y reconnaît à la fois l'obligation continue du gouvernement du Canada et le rôle des provinces. Plus important encore, il permettrait aux Premières Nations d'assumer la direction de leurs systèmes d'éducation.
La mesure législative conférerait des responsabilités et un contrôle accrus aux Premières Nations. Entre autres, elles pourraient choisir et mettre en oeuvre l'une des trois options de gouvernance pour gérer les écoles et fournir les services d'éducation; déterminer les mesures à prendre pour inclure la langue et la culture; élaborer des règlements concernant les politiques et les procédures de leur système d'éducation; assumer la responsabilité de la gestion et de la reddition de comptes à l'égard de leur système d'éducation; embaucher et licencier les enseignants, les directeurs et les inspecteurs; élaborer le programme scolaire; établir le calendrier scolaire et publier les résultats.
Pour sa part, le gouvernement fédéral s'occuperait uniquement du financement de l'éducation — y compris 1,9 milliard de dollars en transferts de fonds de base obligatoires —, de l'infrastructure et du renforcement de la capacité. Il constituerait un Comité mixte de professionnels de l'éducation, en collaboration avec l'Assemblée des Premières Nations, il élaborerait des règlements et conclurait des ententes de collaboration avec les Premières Nations; il fournirait des ressources additionnelles pour faciliter la mise en oeuvre de la loi, notamment en ce qui concerne le renforcement de la capacité; et, en s'appuyant sur les conseils du comité mixte, il nommerait des administrateurs par intérim dans des circonstances exceptionnelles, seulement si le comité mixte a conseillé au ministre d'agir ainsi.
En application de la loi, les partenariats entre les Premières Nations et les provinces seront encore plus importants pour veiller à ce que tous les gouvernements collaborent de la manière la plus efficace possible.
Bien des détails relatifs à ces enjeux feront l'objet de règlements qui seront élaborés de concert avec les Premières Nations. Ces règlements renfermeront des dispositions concernant la création et le fonctionnement des administrations scolaires des Premières Nations, y compris le pouvoir d'adopter des règlements administratifs et de définir des conditions, ainsi que des ententes de gouvernance entre les Premières Nations et les autorités scolaires des Premières Nations. Les règlements énonceraient également les fonctions des comités, des autorités scolaires des Premières Nations, des directeurs de l'éducation et des directeurs d'école. Le comité mixte serait obligé de consulter les chefs, les parents et les éducateurs avant de collaborer avec un gouvernement en vue d'élaborer les règlements nécessaires.
Voilà des détails qu'il faudra régler au fur et à mesure avec la collaboration de tous les intéressés. Pour l'instant, notre objectif est de faire adopter le projet de loi pour enfin concrétiser l'objectif commun du gouvernement et des Premières Nations au pays, à savoir de reconnaître le contrôle par les Premières Nations de leurs systèmes d'éducation primaire et secondaire dans les réserves.
J’exhorte les députés de tous les partis à appuyer ce judicieux projet de loi qui est le produit de consultations et d'années de collaboration, un projet de loi qui nous permettrait enfin d'atteindre nos objectifs mutuels.
Depuis mes études universitaires et durant mes 34 années en tant qu'éducateur, j'ai toujours été d'avis que les parents d'enfants autochtones, en raison de leurs traditions, veulent tout ce qu'il y a de mieux pour leurs enfants. Par conséquent, le présent projet de loi donnerait enfin à ces enfants l'occasion de grandir et de s'épanouir, « aussi longtemps que le soleil brillera, que la rivière coulera et que l'herbe poussera ».
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Monsieur le Président, je me sens privilégié de prendre la parole aujourd'hui pour débattre d'une question qui me tient vraiment à coeur, à savoir l'éducation. Quand j'étais plus jeune, j'ai eu la chance de consacrer 35 années à l'éducation, en passant de l'enseignement de la chimie et de l'algèbre à un poste de directeur responsable des examens provinciaux et des dossiers des élèves, au sein du ministère de l'Éducation de la Saskatchewan. De plus, j'ai eu l'occasion d'occuper un poste de directeur de l'éducation dans un certain nombre de divisions scolaires. Par conséquent, je considère que ce projet de loi est document très valable qui indique qu'il est temps de structurer dans une certaine mesure le programme d'éducation des jeunes autochtones offert dans les réserves et à l'extérieur de celles-ci.
Permettez-moi de commencer par faire quelques déclarations générales. En réalité, les élèves autochtones ont deux options: ils peuvent aller à l'école dans leur réserve ou fréquenter l'école d'une ville ou d'un village voisin. La plupart des élèves qui ne sont pas d'origine autochtone ne fréquentent pas des écoles autochtones. La structure des écoles prévoit un cheminement scolaire, qu'on appelle programme d'études. Un élève qui va à l'école dans une ville — à Whitewood, par exemple — suit le programme d'études prescrit de la maternelle à la 12e année. Whitewood est une collectivité de la Saskatchewan, et cette province a élaboré un programme d'études provincial de la maternelle à la 12e année. Son cas n'est pas rare ou isolé; c'est la norme. Lorsque nous examinons les écoles de la Saskatchewan ou des quatre coins du pays, nous constatons qu'elles mettent en oeuvre leur programme d'études provincial.
Aux termes du projet de loi à l'étude cet après-midi, les élèves autochtones, leurs parents et leurs conseils scolaires auraient le droit de choisir une école de leur collectivité et de suivre soit le programme d'éducation provincial, soit un programme conçu et mis en oeuvre par les membres des Premières Nations. C'est très différent de la situation d'un élève qui fréquente une école primaire ou secondaire provinciale, où ce ne sont pas les parents qui conçoivent le programme d'éducation, mais bien des rédacteurs engagés à cette fin. Le programme est ensuite approuvé par le ministère de l'Éducation et suivi par les conseils. À elle seule, cette différence aiderait sans aucun doute les élèves autochtones, car le contenu leur tiendrait beaucoup à coeur et, compte tenu de la conception du programme, ils se sentiraient concernés lorsqu'ils étudient des matières comme les mathématiques, la science, l'anglais, les sciences sociales, l'histoire et ainsi de suite.
Il s'agit de deux éléments importants qui valent vraiment la peine d'être soulignés. Le projet de loi énonce les principes décrivant les deux voies que les intéressés peuvent suivre. Il est très important que nous comprenions cela, car si nous voulons vraiment présenter un programme acceptable aux Autochtones et aux membres des Premières Nations, nous devons leur donner le moyen de le mettre en oeuvre. C'est exactement ce que leur permettra de faire le projet de loi .
Cette mesure législative découle de nombreuses années de dialogue et de consultations auprès des Premières Nations du pays et de l'Assemblée des Premières Nations, qui ont cerné la nécessité d'un meilleur système d'éducation pour les Autochtones. De vastes consultations ont été menées d'un bout à l'autre du Canada. Divers groupes ont tenu des réunions pour discuter de ce qui fonctionne bien dans leur programme d'études de la maternelle à la 12e année. Il est intéressant de noter que la Colombie-Britannique a un programme bien conçu. D'autres provinces essaient de se rattraper. Elles prennent l'initiative d'élaborer leur propre programme en y appliquant certains éléments du programme de la Colombie-Britannique.
En décembre 2013, le chef national de l'Assemblée des Premières Nations a énoncé les cinq conditions de réussite d'un système d'éducation des Premières Nations.
La première concerne la prise en charge de l'éducation par les Premières Nations, ce qui signifie que chaque Première Nation verrait à ses propres besoins en matière d'éducation, un grand acte de foi, si on compare cette approche au contrôle universel et uniforme qu'assure généralement le programme d'études. La deuxième condition parle d'un financement fédéral garanti, qui ne sera peut-être pas aussi généreux qu'il pourrait l'être. Comme le secrétaire parlementaire l'a dit aujourd'hui, les règlements donneront certains détails au sujet du financement.
Troisième condition: la protection de la langue et de la culture. Bon nombre d'écoles et d'autres organismes de formation prolongent la journée pour ce genre de cours. À titre d'exemple, les membres des colonies huttériennes parlent allemand. Ils ont des cours d'allemand à l'extérieur des heures de classe, qui se déroulent en Saskatchewan de 9 h à 15 h 30 ou 16 h 30. Les écoles autochtones pourraient envisager une solution de ce genre, c'est-à-dire une prolongation de la journée de classe. Quatrième condition: une supervision conjointe du nouveau système d'éducation. Et la cinquième condition: de véritables consultations auprès des Premières Nations.
Tous ces événements ont précédé la conception et la rédaction du projet de loi.
Nous nous sommes fondés sur ces points de départ pour donner aux Premières Nations un contrôle accru sur les systèmes d'éducation dans les réserves et sur la conception des programmes d'études; pour prévoir un financement stable, prévisible et soutenu; pour donner aux Premières Nations davantage de possibilités d'intégrer la langue et la culture dans le programme d'études; et pour créer un Comité mixte de professionnels de l’éducation qui assurerait une surveillance rigoureuse. C'est par l'entremise de ce comité que les Premières Nations participeraient à l'élaboration des règlements.
Voilà qui illustre encore une fois le désir des concepteurs de programmes d'études de collaborer avec des gens des Premières Nations sur différentes questions, dont la façon d'intégrer la langue et la culture au programme. C'est un autre bel exemple de consultation. Nous pourrions voir beaucoup d'exemples de ce genre pendant la mise en oeuvre du projet de loi.
J'aimerais prendre une minute ou deux pour faire le point sur ce projet de loi. Cette mesure permettrait aux Premières Nations de prendre en charge l'éducation des Premières Nations. Elle créerait aussi un Comité mixte de professionnels de l’éducation, qui offrirait soutien et conseils au Canada et aux Premières Nations en ce qui concerne la mise en oeuvre du projet de loi.
Grâce au projet de loi , le contrôle de l'éducation dans les réserves revient directement aux Premières Nations. Plus précisément, les Premières Nations peuvent faire des choix en matière de gouvernance; en fait, leur première décision portera sur la façon dont ils vont gouverner. En outre, les Premières Nations élaboreront leur propre programme d'enseignement et pourront décider d'y inclure leur langue et leur culture. Les choses semblent loin d'être tyranniques, lorsqu'il est question de choix et du fait que l'assemblée élaborera elle-même le programme. Les Premières Nations sélectionneront leurs propres inspecteurs, contrôleront l'embauche et le congédiement des enseignants et détermineront comment les élèves seront évalués, c'est-à-dire qu'elles choisiront le type d'évaluation utilisé. Elles fixeront le calendrier scolaire de façon à ce qu'il contienne un nombre déterminé de journées scolaires. Là encore, c'est un comité qui décidera comment les journées scolaires seront réparties tout au long de l'année civile.
La loi reconnaîtrait l'importance de la langue et de la culture comme un élément essentiel de l'éducation des Premières Nations, et habiliterait celles-ci à inclure la langue et la culture dans le programme d'enseignement, y compris l'option d'offrir l'immersion en une langue autochtone. Voilà qui est loin d'être dictatorial; c'est au contraire très consultatif.
La loi établirait un cadre législatif énonçant certaines normes minimales. Par exemple, le projet de loi exigerait que les écoles des Premières Nations donnent des cours de base qui répondent aux normes provinciales ou les dépassent; que les élèves assistent à un minimum d'heures de cours; que les enseignants soient dûment certifiés; et que les écoles des Premières Nations délivrent des diplômes ou des certificats reconnus. C'est la même chose pour toutes les commissions scolaires au Canada. Il n'y a là rien d'extravagant.
En conclusion, le projet de loi propose une réforme en profondeur, pour que les jeunes des Premières Nations exploitent leurs aptitudes dans la mesure de leurs potentialités et en viennent à contribuer pleinement à l'économie canadienne. Je presse les députés d'appuyer cet important projet de loi, pour la croissance économique et mentale des jeunes qui vivent dans les réserves comme à l'extérieur de celles-ci.
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Monsieur le Président, je suis très heureux de prendre la parole à la Chambre aujourd'hui pour exprimer mon appui au projet de loi .
Le projet de loi est le fruit de décennies de dialogue et d'étude. Il a pris forme au fil de vastes consultations sans précédent menées par le gouvernement au cours des 15 derniers mois auprès de centaines de dirigeants, d'éducateurs, de parents et de citoyens des Premières Nations dans tout le pays. Le gouvernement a écouté les préoccupations exprimées au sujet de l'éducation des Premières Nations et y a répondu en s'engageant à collaborer avec l'Assemblée des Premières Nations et d'autres leaders des Premières Nations afin de créer un meilleur système d'éducation pour les élèves des Premières Nations. Le contrôle par les Premières Nations de leur système d'éducation signifie que les Premières Nations disposeront d'un mécanisme qui les aidera à rendre compte des résultats pour leurs élèves.
Je veux parler spécifiquement des outils et des mesures de reddition de comptes que cette mesure législative contribuerait à fournir aux parents et aux collectivités des Premières Nations. Partout au Canada et dans le monde, la participation des parents à l'éducation, tant à la maison qu'à l'école, se traduit par un meilleur rendement scolaire et des taux d'obtention de diplôme plus élevés. La participation des parents et de la collectivité est un élément central de la demande de longue date en faveur du contrôle par les Premières Nations de leur système d'éducation. En fait, les parents et les collectivités peuvent jouer un grand rôle dans la réussite d'une école et de ses élèves.
L'article 25 de la mesure législative inscrit dans la loi la participation des parents et des membres de la communauté, surtout des aînés et des jeunes, à l'élaboration des politiques et des programmes scolaires, particulièrement en ce qui concerne les langues et les cultures des Premières Nations.
Nous savons que les enfants sont avantagés lorsque les parents et la communauté participent aux décisions relatives à la gestion générale et aux activités quotidiennes des systèmes d'éducation. Pour les Premières Nations, favoriser la participation formelle et informelle à l'éducation n'est pas seulement un moyen d'appuyer le succès des élèves, ce qui est un objectif louable en soi, mais c'est aussi une façon d'intégrer la culture et la langue dans les programmes et les activités scolaires. Le gouvernement a vu les avantages que cela apporte aux élèves et à la communauté dans son ensemble.
Les Premières Nations du territoire visé par le Traité no 4, dans le Sud-Ouest de la Saskatchewan, n'en sont qu'un exemple. Le développement et la participation communautaires sont le point de départ pour tous les éléments du Programme de réussite scolaire des élèves du Traité no 4, qui favorise l'alphabétisation et l'apprentissage des mathématiques, et qui encourage les enfants à poursuivre leurs études. La participation des aînés, des dirigeants, des parents, des éducateurs et des jeunes et l'intégration de la culture et des langues des Premières Nations est aussi essentielle pour le programme que la lecture et l'écriture. La participation du milieu accroît le contrôle à l'échelle locale.
La Loi sur le contrôle par les premières nations de leurs systèmes d'éducation ferait exactement ce que suggère son titre. Elle donnerait le pouvoir aux dirigeants, aux aînés et aux parents des Premières Nations en matière d'éducation. Aux termes du projet de loi proposé, les Premières Nations choisiraient leur modèle de gouvernance et géreraient leur système d'éducation, avec l'aide d'un financement stable et soutenu prescrit par la loi.
Le 7 février dernier, le a annoncé qu'une entente historique avait été conclue entre le gouvernement du Canada et l'Assemblée des Premières Nations pour aller de l'avant avec la rédaction définitive et la présetation du projet de loi sur le contrôle par les Premières Nations de leurs systèmes d'éducation.
Accompagné du chef national de l'Assemblée des Premières Nations, le a annoncé un investissement de 1,9 milliards de dollars d'argent frais, réparti en trois volets: un financement prescrit par la loi assorti d'un taux de croissance sans précédent, un financement transitoire pour soutenir la mise en oeuvre du nouveau cadre législatif, et un financement destiné à des investissements à long terme dans l'infrastructure scolaire des réserves.
Ces fonds s'ajouteront aux 1,55 milliard de dollars que le gouvernement fournit déjà chaque année aux Premières Nations au titre de l'éducation.
En outre, les nouveaux fonds feront l'objet d'une clause d'indexation de 4,5 % qui remplacera le plafond de 2 % imposé par les libéraux, ce qui assurera un financement stable, prévisible et à long terme pour l'éducation des Premières Nations.
Ces dispositions législatives concernant le financement répondent à l'une des cinq conditions de la réussite énoncées par l'Assemblée des Premières Nations pour la mise en place de systèmes d'éducation fondés sur les langues et la culture des Premières Nations. Comme l'a indiqué l'organisme dans une analyse publiée récemment, le reste du projet de loi répond à toutes les autres conditions.
Selon les paroles du chef national de l'Assemblée des Premières Nations, cette loi signifie que le ministre des Affaires autochtones « cessera de se mêler de nos affaires » en matière d'éducation, que les Premières Nations obtiendront un financement équitable et qu'elles exerceront le mode de surveillance qu'elles choisiront elles-mêmes.
Comme l'a expliqué le chef national, quand il dit que le ministre cessera d'intervenir dans les affaires des Premières Nations en matière d'éducation, il veut dire que ce seront les Premières Nations qui décideront si elles veulent gérer leurs propres écoles, créer un conseil scolaire dirigé par elles ou conclure une entente avec le ministre de l'Éducation d'une province. Chaque Première Nation déterminera la formule qui convient le mieux aux besoins des élèves.
Quelle que soit la structure de gouvernance sous laquelle elles fonctionnent, toutes les écoles seraient tenues de rendre des comptes aux parents, aux communautés et aux élèves. Cette façon de faire différerait de l'approche actuelle, qui impose aux Premières Nations un lourd fardeau étant donné tous les rapports qu'elles doivent remettre au ministère des Affaires indiennes et du Nord canadien.
En vertu de ce projet de loi, les autorités scolaires choisies seraient au bout du compte tenues responsables et devraient veiller à ce que l'éducation fournie aux élèves soit conforme aux normes et aux règlements prévus dans la présente loi.
Le Comité mixte de professionnels de l'éducation serait composé de professionnels reconnus pour leurs connaissances des systèmes d'éducation des Premières Nations et leurs compétences à cet égard. Selon certains, les membres du comité seraient nommés uniquement par le ministre et utilisés pour exercer un pouvoir unilatéral. Or, la moitié des membres du comité mixte seraient sélectionnés par l'Assemblée des Premières Nations, et le ministre serait tenu de leur demander conseil dans certaines circonstances prévues.
Les parents et les Premières Nations ont dit au gouvernement que leur participation à l'élaboration des règlements et des normes est nécessaire. Le gouvernement et l'Assemblée des Premières Nations ont convenu de collaborer durant l'élaboration des règlements qui s'imposent. Le comité mixte consulterait les Premières Nations et fournirait tant au ministre qu'aux Premières Nations des conseils importants sur les règlements.
Les Premières Nations auraient la possibilité de rajouter certaines normes aux normes minimales proposées auxquelles devraient se soumettre les écoles et les élèves en tenant compte de l'avis des parents et des communautés. Le projet de loi établirait cinq normes essentielles: l'accès à l'éducation, un certificat ou un diplôme d'études reconnu, des enseignants accrédités, un nombre minimal d'heures d'enseignement et de jours de classe, et la transférabilité des élèves, sans pénalité, d'un système scolaire à l'autre. Toutes les autres décisions concernant les normes seraient prises par les Premières Nations, de qui les écoles relèveraient.
La rigueur des normes prévues dans la mesure législative proposée donnerait aux parents autochtones l'assurance que leurs enfants reçoivent une éducation de qualité, alors que leur souplesse renforcerait le pouvoir des Premières Nations et encouragerait l'intégration de l'enseignement de la culture et de la langue de la façon dont chaque Première Nation le juge approprié.
La fréquentation scolaire fait partie des expériences essentielles de l'enfance. Il est important que les parents et les communautés aient l'assurance que leur enfant recevra une éducation de qualité. C'est pourquoi le gouvernement conservateur croit que les parents et les collectivités doivent jouer un rôle important dans la création d'un environnement scolaire qui respecte et reflète les valeurs locales.
Lorsque nous avons tenu des consultations en vue d'élaborer ce projet de loi, les jeunes des Premières Nations et leurs parents ont dit clairement que l'éducation représente davantage qu'un bout de papier ou un accès à l'emploi. L'éducation est essentielle à l'identité nationale. Les élèves veulent bâtir un avenir où ils pourront bénéficier d'une éducation leur permettant de réussir dans la vie, afin d'améliorer non seulement leur sort, mais aussi celui de leur famille et de leur collectivité.
Ce projet de loi reconnaît que les Premières Nations ont la capacité et la responsabilité d'éduquer leurs élèves. Il reconnaît l'importance des droits ancestraux et issus de traités, qui sont garantis par la Loi constitutionnelle de 1982. Le projet de loi favoriserait la reddition de comptes aux parents et à la collectivité. Ainsi, il permettrait à plus d'enfants et de jeunes de réussir à l'école et dans la vie.
Dans ma circonscription, Kootenay—Columbia, la nation Ktunaxa est une nation fière qui assume une partie des services d'éducation dans les réserves, de la première à la sixième année, et qui recommence à enseigner sa langue. Voilà l'un des aspects les plus importants de tout ce projet de loi qui permet aux Premières Nations d'intégrer l'enseignement de leur propre langue, d'être fières de leur histoire et de leur langue, et de transmettre ces enseignements de génération en génération. C'est un aspect qui faisait défaut, et ce projet de loi tiendrait compte de cet élément essentiel de l'éducation des Premières Nations.
Je serais ravi de répondre à toute question à ce sujet.