La Chambre reprend l'étude de la motion portant que le projet de loi , soit lu pour la deuxième fois et renvoyé à un comité.
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Monsieur le Président, il était vraiment temps que l’on discute de l’Accord à la Chambre des communes. Cela s'imposait depuis longtemps. En fait, lorsque je suis devenu ministre du Commerce international en 2010, les négociations sur cet accord avaient déjà commencé, grâce au leadership du premier ministre Harper et de mon prédécesseur Stockwell Day.
Cet accord était attendu depuis longtemps, mais il faut reconnaître qu’à l’époque où que je suis devenu ministre, la Chine était très à la mode. Selon les rumeurs, elle pourrait l’être encore aujourd’hui. Ce qui m’a toutefois frappé à l’époque, ce sont, me semble-t-il, les nombreux déséquilibres qu’il y avait dans la relation commerciale avec la Chine. Notre déficit commercial avec ce pays était très lourd. Les investisseurs canadiens avaient de grandes difficultés à faire respecter leurs droits en Chine. Quoi qu'il en soit, j’ai estimé qu’il valait peut-être mieux prioriser la négociation d’un accord de libre-échange entre le Canada et l’Europe, pour reprendre le nom que je lui avais donné à l'époque.
Cette entente commerciale est alors devenu la priorité du Ministère et certainement la mienne, en ma qualité de ministre. J’y voyais l’occasion de regrouper des collectivités ayant des valeurs et des approches économiques semblables. Dans bien des cas, la langue et le système juridique étaient également semblables. Les possibilités étaient immenses et, comme nous l’avons vu, les négociations ont connu un succès retentissant.
Pourquoi était-ce si important? Nous avons commandé une étude pour déterminer s’il valait ou non la peine d’entreprendre des négociations. L’étude a révélé qu’un tel accord stimulerait l’économie canadienne à hauteur de 12 milliards de dollars par année, et c’était bien avant 2010. Quand nous entendons ce chiffre, et je l’ai entendu circuler pendant le débat, il est raisonnable d’estimer que ce chiffre, qui date maintenant de presque 10 ans, serait beaucoup plus élevé aujourd’hui à la lumière de la progression des économies et des débouchés. Je crois donc que nous pouvons parler maintenant d’un apport beaucoup plus élevé que 12 milliards de dollars pour l’économie canadienne. Nous en aurons certainement besoin. Cet apport sera le fruit d’un accord commercial comme celui-ci.
La façon de négocier cet accord a comporté des aspects très spéciaux qui l’ont distinguée de toutes les négociations du passé, notamment l’inclusion des provinces. La répartition des sphères de compétence au Canada est complexe, ce qui rend difficile la négociation d’accords commerciaux parce qu’une grande partie de ce qui est sur la table, une grande partie de ce que nous allons devoir mettre en place par l’entremise de mesures législatives ou de modifications réglementaires, est de compétence provinciale, en raison de notre Constitution. Par conséquent, nous avons établi un processus de négociation qui incluait la participation des provinces aux discussions pour la toute première fois. Je sais que des intellectuels influents aiment raconter aux médias que nous n’avons pas bénéficié d’une excellente coopération. Nous avons profité d’une meilleure coopération des provinces en matière de commerce que tout autre gouvernement de l’histoire. C’était novateur, et très important. C’était l’une des raisons qui nous ont permis de mener cette négociation complexe à bon port, sans parler des complexités inhérentes à la gamme des sphères de compétence au sein de l’Union européenne.
Nous avons aussi tenu des consultations sans précédent auprès des divers intervenants. Certaines étaient structurelles. Certaines étaient des séances d’information régulières. Je me souviens par exemple d’avoir rencontré des représentants de municipalités de l’ensemble du Canada, par exemple, pour les tenir au courant, parce que certains enjeux allaient les toucher. Tous les intervenants ont participé au processus.
L’une des chances extraordinaires que je voyais pour nous était la présence au Canada de populations importantes originaires de chacun des pays de l’Union européenne. Je pensais à nos possibilités formidables de tirer parti des liens qu'ont nos gens avec ces pays par la langue, la culture, l’ethnicité, la famille et les activités commerciales antérieures. Nous avons beaucoup de nouveaux immigrants ainsi liés à leur pays d’origine. Avec l’occasion qui nous est donnée d’accroître nos échanges, on peut imaginer tout ce que nous pourrions réaliser.
Le Canada a dû composer avec un défi commercial unique qui est également sa plus grande force. Nous sommes voisins des États-Unis d’Amérique, un pays aux valeurs semblables, aux langues semblables, avec un système judiciaire semblable, et des origines aux nôtres. Cette proximité a créé un vaste potentiel commercial dont les Canadiens et les entreprises canadiennes ont pu profiter. Nos liens commerciaux sont extrêmement solides. À titre de pays relativement petit, nous dépendons de notre capacité d’exporter, particulièrement vers l’énorme marché des États-Unis.
Cependant, le problème qui a fini par se poser, pour le Canada, est celui de la facilité. Je crois d'ailleurs que ce problème existe toujours. Il est tellement facile d’établir des relations commerciales avec des gens dont nous partageons la langue, dont nous connaissons intimement l’appareil judiciaire et l’administration. Avec eux, nous pouvons causer de la partie de football que nous avons suivie à la télévision ou des téléromans qui ont été diffusés sur les réseaux la semaine dernière. Ce n’est qu’un exemple de ces liens qui nous rapprochent.
La décision de chercher d’autres marchés d’exportation ailleurs dans le monde, d’apprivoiser ces nouveaux marchés, d’aborder ces nouveaux systèmes et ces nouveaux usages locaux est beaucoup plus difficile à prendre. Nous avons toutefois un atout: notre population.
L’une de mes tâches les plus exigeantes comme ministre du Commerce a consisté à entretenir des liens avec les nombreuses diasporas du Canada. Presque tous les pays avaient une chambre de commerce canadienne réunissant des gens de même origine et partageant les mêmes intérêts pour le Canada, que ce soit une chambre germano-canadienne, une chambre Belgique-Canada ou autre, et qui ne demandaient pas mieux que de faire des affaires avec nous. Je peux affirmer que tous, sans exception, étaient enthousiasmés, motivés et prêts à saisir les occasions qu’offrirait cet admirable accord commercial, des occasions de prospérer, d’exporter, de créer des emplois et le reste.
Il faut préciser que nous avions aussi quelques atouts additionnels dans notre manche. Je me souviens d’avoir reçu de nombreux investisseurs potentiels au Canada à l’époque. Ce qu’ils me vantaient tour à tour, c’était les nombreux atouts du Canada. Le gouvernement conservateur avait fixé le plus bas taux d’imposition de toutes les économies comparables pour les créateurs d’emploi. Nous disposions de la main-d’œuvre la plus compétente, notre population affichait la plus forte proportion de diplômés de niveau postsecondaire, et j'en passe. Ces investisseurs connaissaient notre ratio dette-PIB et savaient que nous étions déterminés à maintenir l’équilibre budgétaire, ce qui leur faisait dire qu’aussi longtemps que le gouvernement conservateur serait au pouvoir et qu’il maintiendrait des niveaux d’endettement aussi bas, ils pouvaient être certains que les chiffres qu’ils appliquaient à leurs déclarations fiscales types demeureraient des garants valables de la stabilité de leurs investissements pour un avenir prévisible. Ils constataient tout cela et nous invitaient à imaginer que si nous parvenions signer un accord de libre-échange avec l’Europe, nous serions le seul pays du monde, la seule grande économie développée, à avoir des accords de libre-échange avec les deux plus grandes économies du monde, les États-Unis grâce à l’ALENA, et l’Union européenne, si bien que pour ceux qui cherchent un endroit où investir, où créer des emplois et produire des marchandises destinées à ces deux marchés, il n’y aurait pas de meilleur endroit que le Canada.
Nous verrons si cela demeurera le cas. Le gouvernement pourra, il faut l'espérer, faire un assez bon boulot, bien qu’il ait déjà entrepris le désarmement unilatéral avec les Américains au sujet de l’ALENA. Toutefois, s’il peut tenir son bout dans ces négociations, nous conserverons cette position, cet accord livrera ses promesses au Canada et les choses demeureront ainsi. Compte tenu de l’orientation politique prise par les États-Unis, il semble maintenant improbable que ce pays consacrera beaucoup d’efforts à conclure un accord de libre-échange avec l’Europe. C’est donc l’occasion pour nous de devenir une destination pour investir. Cet accord est très prometteur pour la création d’emplois et les perspectives d’investissement au Canada; il offre un potentiel énorme.
Il y a toutefois des signes inquiétants. J’ai parlé du désarmement unilatéral du gouvernement libéral, alors qu’il s’est déjà porté volontaire pour renégocier l’ALENA. Voilà le problème. Peu importe les perceptions des gens, les Américains ne sont pas des négociateurs commerciaux idéologiques. Ils sont des négociateurs qui pensent beaucoup à leurs intérêts, qu’ils cherchent à maximiser. Si ce n’avait été du charme d’un Brian Mulroney et de son habileté à se lier avec Ronald Reagan, nous n’aurions jamais eu l’ALENA, un accord équitable et bénéfique pour les deux pays. En conséquence, je suis très inquiet à ce sujet.
Les libéraux ne sont pas des négociateurs commerciaux naturels. Au cours des 13 années où ils ont été au pouvoir, ils n’ont négocié que trois accords commerciaux. Certains ont parlé de deux accords plus tôt. Il y en a eu trois. C’était avec des puissances économiques gigantesques: le Costa Rica, le Chili et Israël. Ces accords étaient si modestes que lorsque j’ai été ministre du Commerce, nous les avons rouverts tous les trois pour les renforcer et obtenir plus d’avantages pour le Canada. J’ai le plaisir de dire que nous avons réussi à améliorer les trois accords. Alors, les libéraux sont-ils des négociateurs naturels? Je ne sais pas. Heureusement, ils ont hérité de cet accord de libre-échange Canada-Europe, et même s’ils ont trouvé le moyen de le retarder d’un an et de mettre beaucoup de choses en danger, j’espère qu’ils ont conservé 90 % de l’accord, comparativement à ce qu’il était lorsque notre gouvernement conservateur est arrivé à s’entendre avec les Européens, et qu’il y aura du potentiel dans cet accord.
Je suis enchanté de voir que cet accord est enfin devant nous à la Chambre des communes et qu’une partie de son potentiel peut être mis à profit. Ces choses prennent beaucoup plus de temps qu’elles le devraient à cause de la complexité que représente le nombre très grand de gouvernements en présence, non seulement ici au Canada, mais, ce qui est plus important, dans l’Union européenne.
En définitive, avec le libre-échange, il y a moins d’interventions du gouvernement, des impôts moins élevés, plus de possibilités d’affaires, plus d’emplois, plus de croissance économique et plus de développement économique. Voilà pourquoi le Parti conservateur a été associé à toutes les grandes avancées du libre-échange depuis environ un siècle au Canada. Je suis très fier d’avoir joué un très petit rôle à ce sujet, avec mes collègues.
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Monsieur le Président, j'ai le plaisir de me lever à la Chambre afin de participer au débat sur le projet de loi .
Je dois admettre qu'en premier lieu, j'étais inquiet pour certains secteurs de l'économie de ma circonscription, notamment celui de la production laitière. Je veux féliciter la et le pour leur travail. Ce travail a répondu aux inquiétudes liées à cet accord. Ce n'est qu'un début, et j'y reviendrai un peu plus tard dans mon discours.
[Traduction]
Au cours des 12 derniers mois, j’ai rencontré de nombreux représentants du secteur agricole, et entendu des points de vue différents. Ce qui revenait toujours, c’est que la production alimentaire doit augmenter d’au moins 50 % d’ici à 2050. Le Canada est particulièrement bien placé pour servir de fournisseur privilégié en vue de répondre à la demande mondiale. Mais pour ce faire, nous devons donner à nos agriculteurs, à nos transformateurs et à la chaîne d’approvisionnement agroalimentaire un avantage concurrentiel. C’est là que l’AECG joue son rôle. Même s’il n’est pas parfait, il donnera à nos agriculteurs et au secteur agroalimentaire la possibilité de se positionner comme des acteurs clés sur le marché européen. L’Union européenne est l’un des plus grands marchés de la planète pour ce qui est des produits alimentaires. La suppression des barrières tarifaires pour notre secteur agricole fait partie de cet accord.
Voici quelques chiffres importants qu’il ne faut pas perdre de vue: près de la moitié de la valeur de la production agricole canadienne est exportée; les deux tiers de la production de porc, 80 % du canola et des produits du canola, et 90 % des légumineuses sont exportés.
[Français]
Alors, considérons ceci: en ce moment, la moyenne des barrières tarifaires se situe à approximativement 14 %. Cela signifie que nos entreprises agricoles canadiennes sont désavantagées sur le plan de la concurrence par rapport à celles de l'Union européenne. L'AECG va leur donner l'occasion d'être aussi compétitives que les entreprises agricoles européennes. Lorsque l'entente entrera en vigueur, près de 94 % des barrières tarifaires seront éliminées. Ce sont de bonnes nouvelles.
Cependant, j'invite mes collègues à ne pas se fier à moi, mais plutôt aux experts de Cereals Canada, qui inclut les Producteurs de grains du Québec et Grain Farmers of Ontario, de la Canadian Cattlemen's Association et du Conseil canadien du porc, pour en nommer quelques-uns. Ils appuient tous cet accord. Ce sont de bonnes nouvelles pour notre secteur agricole.
Toutefois, nous ne lèverons pas le pied de l'accélérateur. Nous allons continuer à nous battre pour que notre secteur agricole canadien soit florissant et pour que le système de la gestion de l'offre soit maintenu. Il est vrai que l'entente n'est pas parfaite, mais le , le , mes collègues et moi-même avons travaillé d'arrache-pied pour nous assurer que notre secteur laitier continue d'être prospère.
Plusieurs rencontres ont eu lieu avec les producteurs laitiers du Canada, les transformateurs, les associations provinciales et plusieurs jeunes producteurs. Les discussions ont porté sur la meilleure façon de renforcer le secteur afin qu'il puisse relever les défis nationaux et internationaux, ainsi que sur l'aide à la transition en vue d'un nouvel accès au marché en vertu de l'AECG.
Notre gouvernement a été clair depuis le début sur la nécessité d'aider les producteurs laitiers et les transformateurs à faire la transition en ce qui concerne l'AECG. C'est pourquoi nous avons annoncé un investissement de 350 millions de dollars dans deux nouveaux programmes visant à renforcer la compétitivité de l'industrie laitière en prévision de l'entrée en vigueur de l'AECG. Le gouvernement tient à préserver la vigueur de l'industrie laitière en contribuant à permettre aux producteurs et aux transformateurs de l'industrie de continuer d'innover et d'améliorer leur productivité.
Le premier programme est le Programme d'investissement dans les fermes laitières. Ce programme de 250 millions de dollars sur cinq ans versera des contributions ciblées aux producteurs laitiers canadiens afin de les aider à adapter leurs technologies et systèmes à la ferme, de même qu'à accroître leur productivité en modernisant leur équipement.
Le deuxième programme est le Fonds d'investissement dans la transformation des produits laitiers. Ce programme de 100 millions de dollars sur quatre ans vise à aider les transformateurs de produits laitiers à moderniser leurs opérations et, du coup, à accroître leur productivité et leur efficience, ainsi qu'à diversifier leur gamme de produits en vue de profiter de nouveaux débouchés commerciaux.
[Traduction]
Ces programmes serviront de complément aux investissements consentis par l’industrie laitière et contribueront à assurer la rentabilité à long terme des générations actuelles et futures de producteurs et de transformateurs laitiers et à leur fournir la capacité de soutenir la concurrence, dans le cadre d’un bon système de gestion de l’offre.
Nous avons déjà observé des retombées positives de cette annonce. En effet, la société Gay Lea Foods de l'Ontario a annoncé un investissement de 140 millions de dollars dans la construction d’une usine de fabrication d’ingrédients.
Mais ce n’est pas tout. Nous avons longuement entendu parler des difficultés qui se posent dans les secteurs assujettis à la gestion de l’offre, notamment dans le cas des producteurs laitiers et des éleveurs de volaille. Nous devons trouver une solution en ce qui concerne le Programme d'exonération des droits et la volaille de réforme. Des consultations seront menées auprès des représentants de l’industrie concernant les changements que nous pourrions apporter au Programme d'exonération des droits et au Programme d’importation pour réexportation.
Nous examinons diverses mesures au sujet des rapports d’inventaire, afin de rendre ces importations plus prévisibles. Le gouvernement examinera également différentes options pour ce qui est des certifications requises pour l’importation de la volaille de réforme, tout en s’assurant que ces exigences seront entièrement conformes aux obligations contractées par le Canada en matière de commerce international. Ce sont des préoccupations très importantes pour l’industrie canadienne qui est assujettie à la gestion de l’offre, et le gouvernement prend les mesures nécessaires pour y répondre.
S’agissant des contingents tarifaires pour le fromage prévus dans l’AECG, le gouvernement examine actuellement les résultats de la consultation publique qui s’est terminée à la fin du mois d’août. La tiendra compte des avis et intérêts exprimés par les intervenants pour déterminer comment allouer les nouveaux contingents. La politique régissant l'allocation des contingents tarifaires sera finalisée après l’adoption de la loi portant mise en oeuvre de l’AECG et avant l’entrée en vigueur de cet accord.
[Français]
C'est cela un gouvernement engagé envers les gens qu'il représente. Certains diront que nous prenons trop de temps, mais comme le disait ma mère: « mieux tard que jamais ». Il vaut mieux prendre la bonne décision que la mauvaise.
Bien qu'il y ait des défis, le secteur laitier canadien demeure un secteur progressiste et innovateur. Les producteurs laitiers canadiens font un excellent travail pour répondre aux besoins des consommateurs, qu'il s'agisse de la qualité de la nourriture, du bien-être animal, de l'environnement ou de bons produits ayant une haute valeur nutritive.
Les consommateurs aiment les produits laitiers canadiens. La production continue de croître chaque année. La consommation de beurre a augmenté de 10 % au cours de la dernière décennie. De plus, la consommation de yogourt a augmenté de plus de 60 % au cours de la même période, et elle devrait continuer à croître.
Les producteurs laitiers canadiens comptent parmi les leaders mondiaux de l'industrie en matière d'environnement.
L'industrie laitière du Canada à une empreinte écologique plus faible pour le carbone, l'eau et la terre que la plupart des autres grands producteurs laitiers du monde entier. Voilà de bonnes nouvelles.
Aujourd'hui, les producteurs laitiers sont capables de produire 14 % plus de lait qu'il y a 20 ans, et ce, grâce à une meilleure génétique, une meilleure nutrition et de meilleures pratiques agricoles. Ils sont capables d'accomplir cela avec 24 % moins de vaches, tout en produisant 20 % moins de gaz à effet de serre. Il y a de quoi être fiers de nos producteurs laitiers.
L'annonce du 10 novembre contribue au succès de l'industrie en continuant à moderniser davantage notre secteur laitier. Beaucoup de progrès ont été réalisés, mais nous devons toujours continuer à innover.
Le et le ont entendu haut et fort nos producteurs laitiers, et ils continueront d'être à l'écoute de ces derniers, alors que le gouvernement continuera de consulter l'industrie laitière pour obtenir son avis, afin d'orienter la conception du programme et d'aider à faire en sorte que les programmes répondent concrètement aux besoins des producteurs et des transformateurs.
Je m'engage à faire de même, en continuant à travailler en étroite collaboration avec les producteurs et les transformateurs de Glengarry—Prescott—Russell, la circonscription que je représente.
La gestion de l'offre est un système qui fonctionne, et c'est par l'entremise de la collaboration que nous assurerons sa pérennité. Quand j'étais petit, on me disait « Jamais sans mon lait ». Je n'oublierai jamais ceux qui produisent ce lait.
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Monsieur le Président, je prends aujourd’hui la parole en tant que député de la circonscription de Surrey—Newton et membre du Comité permanent du commerce international pour appuyer le projet de loi . L’Accord économique et commercial global signé entre le Canada et les États membres de l’Union européenne représente un nouveau modèle pour le monde, illustrant ce qu'il est possible d'accomplir grâce à de vastes relations commerciales bien pensées.
Quand on y pense, le potentiel que cet accord recèle pour le Canada est extraordinaire. Les chiffres ne mentent pas: 28 États membres de l’Union; plus de 500 millions d’habitants; un PIB de plus de 19 billions de dollars. C’est le plus gros marché unique au monde et, selon un rapport conjoint publié par le Canada et l’Union européenne, on estime qu’un tel partenariat augmentera de 22,9 % la valeur des échanges commerciaux bilatéraux et ajoutera quelque 13 milliards de dollars à la croissance annuelle de notre PIB. En fait, l’AECG ferait du Canada le seul pays du G8 et un des seuls pays au monde à avoir un accès privilégié aux deux plus grands marchés du monde: les États-Unis et l’Union européenne.
On lance souvent des chiffres sans les mettre en contexte. S’il est vrai qu’ils sont très impressionnants, ils ne disent pas l’effet qu’ils auront sur des collectivités comme ma circonscription, Surrey—Newton. Je veux consacrer quelques minutes à cet aspect précis de ce projet de loi historique, car, en fin de compte, il n’est qu’un élément parmi d’autres de l’intention du gouvernement de renforcer la classe moyenne canadienne et de donner davantage de possibilités à ceux qui voudraient en faire partie. La suppression des barrières commerciales est synonyme de prix plus bas sur toutes les importations d’Europe, des aliments aux voitures. Toutefois, cela ne s’arrête pas là. Pour Surrey—Newton comme pour d’autres collectivités d’un bout à l’autre de la Colombie-Britannique, le nouvel accès privilégié au marché de l’Union représenterait d’immenses possibilités.
L’Union européenne est déjà le cinquième plus important marché d’exportation de la Colombie-Britannique et son quatrième partenaire commercial. La suppression des droits de douane que je viens de mentionner s’appliquerait à presque toutes les exportations actuelles de la province et donnerait à la Colombie-Britannique un avantage concurrentiel sur certains de ses principaux concurrents qui ne bénéficieraient pas d’un tel accord. Pour nos produits forestiers, nos métaux, nos ressources minérales, nos produits aquacoles, nos technologies de l’information et des communications, les possibilités de croissance sont infinies. Pour les fournisseurs de services de la Colombie-Britannique, qui représentent 76 % du PIB total de la province et qui forment un secteur qui occupe 1,7 million de Britanno-Colombiens, les nouveaux débouchés offerts par l’AECG présenteraient une sécurité et une prévisibilité accrues.
Pour les petites et moyennes entreprises, les marchés de l’Union européenne seraient maintenant accessibles et représenteraient une nouvelle possibilité de fournir des biens et des services à des institutions à l’échelon de l’UE comme la Commission européenne et le Parlement européen, mais aussi aux gouvernements des États membres et à des milliers d’administrations locales et régionales. Ce marché est estimé à quelque 3,3 milliards de dollars par an, un chiffre prodigieux.
Je ne veux pas me contenter de vanter les avantages de l’AECG sans m’arrêter au travail qui nous attend pour que l’accord devienne réalité.
C’est ce dont il est question dans le projet de loi . En plus d’approuver officiellement l’accord et d’établir les coûts administratifs et de fonctionnement récurrents à la charge du Canada, il modifie plusieurs lois pour faire en sorte que notre pays soit à même de respecter les obligations que nous avons contractées. Les nombreux changements nécessaires aux lois qui régissent l’importation et l’exportation, les brevets et l’investissement, tant depuis que vers le Canada, sont des modifications législatives pour garantir que les Canadiens et les entreprises canadiennes puissent tirer parti au maximum des avantages de cet accord.
Ces changements constituent également une occasion pour les opposants à l’AECG et les opposants à tous les accords commerciaux multilatéraux de pratiquer la désinformation et de semer la peur et la confusion.
Le fait est qu’il a fallu plus de sept ans pour parvenir à un accord qui garantit la protection des services publics pour les Canadiens; qui garantit que le gouvernement continue à contrôler et à réglementer les normes environnementales, de travail, de soins de santé et de sécurité; qui garantit que notre système public de soins de santé et la qualité des soins qu’attendent les Canadiens ne sont pas menacés; que nos ressources en eau et les normes auxquelles elles doivent satisfaire sont protégées et maintenues; que des investisseurs étrangers ou des entreprises ne peuvent pas exiger la modification des lois et des règlements canadiens; et surtout, que les Canadiens continuent à avoir accès à l’information et bénéficient d’une transparence totale quant aux modalités de l’accord.
Tels sont les points que les négociateurs canadiens ont âprement défendus pour qu’il n’y ait pas de renoncement à la souveraineté canadienne.
Au cours de l’année, j’ai écouté le témoignage de nombreuses organisations qui ont présenté leurs observations et leurs inquiétudes. J’atteste ici aujourd’hui que la et tous les membres du Comité permanent du commerce international ont considéré avec soin chaque témoignage.
L’AECG ne menace pas l’intérêt public. En fait, c’est toujours dans l’intérêt supérieur des Canadiens que le gouvernement a participé à des négociations au cours de la dernière année. Autrement dit, les compromis ont toujours comporté des avantages. Une fois encore, les pouvoirs du gouvernement canadien ainsi que ceux des gouvernements provinciaux et des administrations municipales ne sont pas menacés.
Je voudrais conclure en disant que notre souveraineté vaut plus qu’un volume d’échanges, aussi élevé soit-il, et que l’AECG ne la menace pas, contrairement à ce que beaucoup d’alarmistes voudraient faire croire aux Canadiens. Le Canada reste aussi fort que jamais et, à la suite de cet accord, nous nous apprêtons à entrer dans une ère nouvelle de prospérité et de possibilités qui aura des avantages pour tous les Britanno-Colombiens et tous les Canadiens.
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Monsieur le Président, au risque de répéter ce qui a déjà été dit à maintes reprises à la Chambre aujourd'hui, les néo-démocrates appuient les accords commerciaux qui réduisent les droits de douane et qui stimulent les exportations. Toutefois, nous sommes convaincus que des dispositions comme celles sur le règlement des différends entre les investisseurs et l'État, qui menacent la souveraineté du Canada, n'ont pas leur place dans les accords commerciaux.
À notre avis, le gouvernement doit entretenir de meilleurs échanges commerciaux, c'est-à-dire ceux qui défendent les droits de la personne, qui respectent les normes du travail, qui protègent l'environnement et qui protègent, surtout, les emplois canadiens. Un accord commercial final doit être évalué en fonction de ses coûts et de ses avantages nets. Nous avons toujours été clairs à ce sujet, et c'est pourquoi, par le passé, nous nous sommes opposés à des accords commerciaux qui auraient eu un effet négatif net sur les emplois canadiens et l'environnement.
Pour répéter ce que mes collègues ont déjà dit, en particulier la députée d', qui fait un travail remarquable dans ce dossier, le commerce avec l'Europe est trop important pour que nous manquions notre coup. Le NPD est favorable au resserrement des liens commerciaux entre le Canada et l'Union européenne pour que nous puissions diversifier nos marchés. Toutefois, il reste encore des inquiétudes importantes et des questions sans réponse au sujet de l'AECG.
Premièrement, les changements que propose l'AECG feront augmenter le coût des médicaments pour les consommateurs. Deuxièmement, des intervenants, en particulier les administrations locales, ont des réserves quant à l'approvisionnement à l'échelle locale. Troisièmement, les dispositions investisseur-État devront être retirées avant la ratification de l'Accord et, quatrièmement, les libéraux n'ont pas suffisamment indemnisé les producteurs laitiers pour la perte de parts de marché qu'ils encaisseront à cause de l'AECG.
En ce qui concerne le premier point, la hausse du coût des médicaments constitue un désavantage connu et considérable de l'AECG. Pourtant, les libéraux n'ont pas tenu leur promesse d'indemniser les provinces et les territoires pour la hausse du coût des médicaments sur ordonnance imposée aux contribuables et aux consommateurs provinciaux. Les modifications aux droits de propriété intellectuelle associés aux produits pharmaceutiques, dans le cadre de l'AECG, devraient faire augmenter le coût des médicaments de plus de 850 millions de dollars par année.
Je cite les propos de Jim Keon, président de l'Association canadienne du médicament générique:
D'après une étude effectuée pour l'[Association canadienne du médicament générique] par deux économistes canadiens de renom, spécialistes du domaine de la santé, au début de 2011, les propositions, si elles étaient adoptées, retarderaient l'introduction de nouveaux médicaments génériques au Canada de trois ans et demi en moyenne. Le coût estimé de ce retard pour les acheteurs de médicaments était de 2,8 milliards de dollars par année, d'après le prix des médicaments génériques en 2010.
La Fédération canadienne des syndicats d'infirmières et d'infirmiers a également souligné qu'il pourrait être plus difficile de réduire le prix des médicaments au moyen d'un programme national d'assurance-médicaments si l'AECG entre en jeu.
Lorsqu'ils siégeaient dans l'opposition, les libéraux ont demandé aux conservateurs de présenter une étude sur les répercussions financières de l'Accord sur les provinces et les territoires, c'est-à-dire sur leur système de soins de santé et le coût des médicaments sur ordonnance. Maintenant qu'ils sont au pouvoir, ils disent aux provinces qu'ils sabreront les transferts en matière de santé, tout en cherchant à conclure des accords qui risquent de faire augmenter le coût des médicaments pour les provinces.
Selon la Coalition canadienne de la santé, l'arrivée tardive de médicaments génériques à prix inférieur fera augmenter de 850 millions à 2,8 milliards de dollars par année le coût des médicaments sur ordonnance pour les Canadiens.
L'AECG est le premier accord de libre-échange bilatéral du Canada depuis l'ALENA à inclure un chapitre sur les droits de propriété intellectuelle. Il va bien au-delà des obligations actuelles du Canada. Les protections accrues des brevets accordés aux produits pharmaceutiques de marque étaient une priorité de l'Union européenne, mais elles ne sont pas une priorité pour le Canada. Nous avons entendu cela à répétition pendant la campagne électorale. Lorsque nous avons fait du porte-à-porte, dans toutes sortes de quartiers, des Canadiens nous ont raconté qu'ils divisaient leurs pilules, sautaient des ordonnances, ne prenaient pas entièrement leurs médicaments sur ordonnance chaque jour ou devaient faire le choix atroce entre acheter de la nourriture ou les médicaments prescrits par leur médecin. C'est une situation terrible. Il est impensable que le gouvernement actuel risque d'aggraver ce problème pour les consommateurs. Cela va certainement à l'encontre de ses promesses électorales.
La deuxième chose qui me préoccupe, c'est l'approvisionnement local. Lorsque j'ai été élue au sein de l'administration municipale, on a proposé l'Accord sur le commerce, l’investissement et la mobilité de la main-d’œuvre, ou ACIMMO, qui était très controversé en Colombie-Britannique.
De nos jours, on encourage les administrations municipales à dépenser autant que possible dans la collectivité locale l'impôt foncier qu'elles perçoivent. Par exemple, si elles doivent faire appel à un fournisseur pour la création d'un site Web ou pour les services de traiteur à une réunion municipale ou publique, il se peut qu'elles favorisent les fournisseurs locaux, voire qu'elles paient une prime. Cela se fait de plus en plus. Or, les restrictions de l'approvisionnement local menacent et intimident de plus en plus les municipalités, les faisant renoncer à ces pratiques fantastiques qui sont pourtant bonnes pour les affaires et l'économie locales.
Il semblerait qu'au-delà d'un certain seuil, les politiques de contenu local minimum seront interdites, même pour les approvisionnements municipaux et provinciaux. Les entreprises pourront même faire davantage appel à des travailleurs étrangers temporaires, sans la réalisation d'une étude préalable des répercussions sur les Canadiens.
La troisième chose qui me préoccupe, ce sont les dispositions investisseur-État. Il s'agit de mécanismes qui permettent aux entreprises étrangères de poursuivre le gouvernement du Canada si elles estiment que nos règlements nuisent à leur capacité à générer des profits. On en sait quelque chose ici. Le Canada est déjà l'un des pays les plus poursuivis du monde en vertu des mécanismes de règlement des différends investisseur-État. Les entreprises canadiennes ont eu gain de cause dans seulement 3 des 39 poursuites les opposant à des gouvernements étrangers, et notre gouvernement fait encore l'objet de nouvelles plaintes dans lesquelles on réclame des milliards de dollars de dommages-intérêts.
Par exemple, une des causes actuellement devant les tribunaux est celle de la Lone Pine Resources, un promoteur pétrolier et gazier qui avait obtenu un permis de prospection pour chercher du gaz de schiste sous le fleuve Saint-Laurent. Le gouvernement du Québec, plein d'audace, a révoqué le permis à la suite des préoccupations soulevées par les citoyens au sujet de la fracturation. Or, la Lone Pine poursuit le gouvernement du Canada par l'entremise de sa filiale étatsunienne en vertu du chapitre 11 de l'ALENA, et elle réclame 250 millions de dollars en dédommagement.
Quelle autre province aura, comme le Québec, le courage de dire non à la fracturation si cette perspective peu réjouissante leur pend au bout du nez? C'est un vrai problème. Les dispositions investisseur-État existantes ont aussi causé un refroidissement du côté de la réglementation, puisqu'elles ont convaincu des gouvernements de ne rien faire pour défendre l'intérêt public de crainte d'être poursuivis par tel ou tel investisseur.
Voici ce qu'a déclaré l'Association canadienne du droit de l'environnement:
[L'AECG] aura d'énormes répercussions sur la protection de l'environnement et le développement durable au Canada. Plus particulièrement, l'inclusion d'un mécanisme de résolution des différends entre les investisseurs et les États, la libéralisation des échanges commerciaux dans le domaine des services et la déréglementation des marchés publics affaibliront le pouvoir des gouvernement fédéral et provinciaux de protéger l'environnement, de favoriser la préservation des ressources ou de se servir de méthodes d'approvisionnement écologiques pour faire valoir les politiques et les objectifs environnementaux.
Chaque mot de cette déclaration me donne le frisson.
En février 2016, pendant la phase de peaufinage juridique de l'Accord, la ministre a annoncé des modifications aux dispositions investisseur-État censées favoriser la transparence et renforcer les mesures visant à éviter les conflits d'intérêts chez les arbitres. Or, la nouvelle façon de faire, qui s'appuie sur les tribunaux, permet toujours aux investisseurs étrangers de réclamer un dédommagement à n'importe quel ordre de gouvernement dès lorsqu'ils estiment qu'une décision risque de nuire à leur rentabilité.
Les libéraux ne nous ont pas encore expliqué comment ils s'y prendront pour soustraire les règlements sur l'environnement, la santé et la sécurité aux contestations par des sociétés étrangères.
Quatrièmement, les libéraux n'ont pas indemnisé adéquatement les producteurs laitiers pour les parts de marché que l'AECG leur fera perdre. Dans les propres mots des Producteurs laitiers du Canada:
L'AECG entraînera l'expropriation de jusqu'à 2 % de la production laitière canadienne. Cela représente 17 700 tonnes de fromage qui ne seront plus produites au Canada. C'est l'équivalent de la production laitière annuelle totale de la Nouvelle-Écosse, ce qui coûtera aux producteurs laitiers canadiens jusqu'à 116 millions de dollars par année en pertes de revenus perpétuelles.
Nous ne pouvons nous permettre de diminuer la production et la transformation de nos propres aliments. Nous ne pouvons pas laisser cela affecter les producteurs laitiers, qui sont les piliers sur lesquels a reposé la croissance du pays et des économies rurales. Nous ne pouvons pas laisser faire cela.
Les libéraux n'ont pas non plus précisé si, ni comment, ils dédommageraient Terre-Neuve-et-Labrador des pertes subies par le secteur de la transformation du poisson. Je le répète, c'est le temps d'ajouter de la valeur à nos ressources naturelles, pas de les sacrifier.
Compte tenu de toutes ces préoccupations et de tous les problèmes non résolus, je vais citer Maude Barlow, du Conseil des Canadiens:
Étant donné que le processus pourrait prendre jusqu’à cinq ans en Europe, le fait de vouloir précipiter les choses ici n’est qu’un exercice de relations publiques. Il faut lancer un processus de consultation publique à grande échelle sur l’AECG, comme le gouvernement l’a fait pour le Partenariat transpacifique.
Je termine en répétant que les néo-démocrates veulent de meilleures ententes commerciales, notamment au chapitre des droits de la personne et des normes du travail ainsi que de la protection de l'environnement et des emplois canadiens. Cet accord ne sera pas un accord commercial progressiste tant que ces mesures ne seront pas mises en oeuvre. Si le gouvernement libéral ne se bat pas pour la conclusion d'accords commerciaux progressistes, les néo-démocrates, eux, ne manqueront pas de le faire.
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Monsieur le Président, je ne peux pas dire aux députés combien j’étais excité lorsque j’ai constaté que la création d’emplois à Nova-Centre allait être à l’ordre du jour aujourd’hui. C’est de cela qu’il s’agit quand on parle de commerce international.
Qu’il s’agisse des producteurs agroalimentaires de Musquodoboit Valley, des usines de transformation du poisson installées sur la rive est du nord du détroit de Northumberland, des petites entreprises d’Antigonish ou des fabricants du comté de Pictou, le commerce international va représenter pour eux de nouveaux débouchés et des créations d’emplois, ce qui est ma grande priorité dans la fonction que j’occupe actuellement.
Avant de commencer, j’aimerais décrire le contexte général dans lequel a lieu ce débat sur l’Accord économique et commercial global entre le Canada et l’Union européenne.
J’observe une tendance très nette vers ce que j'appelle la politique de repli sur soi. Très franchement, je trouve cela très inquiétant sur le plan politique, et cela risque d’être le débat intellectuel le plus important de notre génération, après le changement climatique.
Dans le monde entier, que ce soit avec le Brexit ou avec le regain du nationalisme dans d’autres pays, je constate que, de plus en plus, les peuples se disent qu'ils n'ont plus besoin de leurs voisins pour réussir. Qu’il s’agisse d’immigration, de sécurité, d’économie ou de changement climatique, je suis absolument convaincu que nous avons intérêt à travailler tous ensemble, main dans la main.
On peut comprendre pourquoi les gens réagissent comme cela. Quand on parle de milliards de dollars, quand on lie tout au PIB, je peux comprendre que, pour beaucoup de gens, ces chiffres ne leur apportent pas grand-chose. Je ne suis pas du tout d’accord avec eux, car le commerce international est une bonne façon de développer notre économie et de créer des emplois dans ma circonscription.
Pour moi, le point de départ, c'est que le développement économique est une bonne chose. C’est peut-être une évidence, mais il n’est pas inutile de le rappeler. Ce n’est pas seulement parce que cela nous donne la possibilité de mettre plus d’argent à la banque. Grâce au développement économique, nous pouvons améliorer les services de santé et les soins dispensés dans nos hôpitaux pour nos enfants. Grâce au développement économique, des emplois sont créés dans nos collectivités, ce qui est positif pour les Canadiens. Grâce au développement économique, il y a davantage de possibilités de formation dans les collectivités, ce qui est positif pour les jeunes. Au final, le développement économique rend les collectivités plus dynamiques et offre aux Canadiens une meilleure qualité de vie.
Comment faire pour stimuler le développement économique au Canada?
Voyons les atouts dont nous disposons. Nous avons des ressources naturelles en abondance. Nous avons la chance d’avoir la capacité de produire quelque chose jusque dans les moindres recoins de ce pays. Nous avons aussi une main-d’oeuvre incroyablement qualifiée. Nous avons des établissements d’enseignement remarquables. Nous avons les outils nécessaires pour que le développement économique bénéficie à nos collectivités.
Or, nous avons un handicap, celui d'avoir une population relativement faible, en comparaison de nos ressources abondantes et de notre main-d’oeuvre qualifiée. Ce qu’il faut pour transformer ces atouts en nouveaux emplois, c’est commencer par trouver des acheteurs à l’étranger — d’où la raison d’être du commerce international, pour moi.
Si nous réussissons à trouver de nouveaux débouchés pour nos ressources naturelles et pour les produits que nous fabriquons grâce à notre main-d’oeuvre qualifiée, nous serons capables de donner des emplois à un plus grand nombre de personnes dans nos collectivités. C’est la raison pour laquelle l’approche choisie par le gouvernement en matière de commerce international m’enthousiasme tout particulièrement. En fait, après plusieurs interventions de mes collègues du caucus libéral de l’Atlantique, nous avons réussi à obtenir des investissements pour la stratégie de croissance de l’Atlantique, qui a été annoncée l’été dernier.
Après avoir décrit le contexte général, j’aimerais maintenant passer à un niveau plus local.
Quand je pense aux petites entreprises de ma circonscription, je pense tout de suite à MacKay Meters, sur Abercrombie Road, dans le comté de Pictou. C'est l’exemple parfait d'une entreprise qui va pouvoir créer des emplois dans ma région grâce à l’Accord économique et commercial global entre le Canada et l’Union européenne. C’est une entreprise incroyablement novatrice qui fabrique des parcomètres. Elles ne sont pas nombreuses dans ce créneau à l’échelle de la planète, et cette entreprise-là est tout simplement la meilleure.
Elle fabrique des parcomètres solaires, parfois presque exclusivement à partir de matériaux recyclés. Elle est également sur le point d’utiliser une technologie qui lui permettra d’adapter ses parcomètres pour qu’ils puissent servir de bornes de rechargement pour les véhicules électriques. Elle détient également un brevet qui lui permet d’accepter les principales cartes de crédit pour le paiement du stationnement et, éventuellement, pour le rechargement des véhicules électriques.
Quand je regarde ce qui se fait ailleurs, je vois que les Pays-Bas ont adopté une loi qui prévoit qu’après 2025 on ne pourra plus vendre de voitures alimentées à l’essence ou au diesel. L’achat de voitures électriques va donc augmenter en Europe. Si je veux pouvoir offrir des débouchés à une entreprise qui a une usine dans ma collectivité et un centre de recherche-développement à Halifax, ce groupe qui fait fonctionner des automobiles en Europe depuis une génération est tout indiqué.
Ce n’est qu’une entreprise parmi d’autres. Il y a beaucoup de petites et moyennes entreprises qui génèrent des résultats économiques positifs. C’est le cas de Velsoft, qui fabrique des didacticiels informatiques pour des géants de la technologie comme Microsoft, qui n’aura pas à payer des tarifs douaniers exorbitants et qui pourra se développer sur les marchés internationaux. C’est le cas de Bionovations, qui a son siège à Antigonish et qui fabrique, grâce à sa propre recherche-développement, des conteneurs qui lui permettent de transporter des fruits de mer vivants, ce qui, comme on le sait, est la deuxième exportation canadienne en importance. C’est donc un débouché extraordinaire pour l’Est du Canada.
Si je pense à la pêche au homard, nous constatons déjà les gros avantages économiques qui découlent d’une politique visant à établir des liens avec le reste du monde pour assurer l’exportation de nos produits de la mer.
Dans les villages de pêcheurs au homard, il n'y a que deux conditions qui peuvent donner lieu à une pêche miracle, si l’on peut dire. Il pourrait y avoir plus de poissons dans la mer, ce qui, essentiellement, échappe au cadre de la politique gouvernementale, ou encore, un meilleur prix de vente pour le poisson. L’année dernière a été exceptionnelle, car les pêcheurs de ma collectivité pouvaient vendre leurs stocks 7,75 $ la livre. C'était du jamais vu ou presque. La meilleure chose qui pourrait arriver aux collectivités que je représente, qu’il s’agisse de Sheet Harbour, de Lismore ou de Sonora, ce serait un bon prix pour le homard. Ce serait merveilleux pour elles, mais pas forcément pour moi, quand viendrait le temps de calmer une fringale, à la maison.
Cet accord contribuera à soutenir le milieu rural au Canada. Nous allons pouvoir sauver de petits villages de pêcheurs le long d'Eastern Shore et du détroit de Northumberland si nous continuons à établir des liens avec le reste du monde. La demande pour le homard de la Nouvelle-Écosse augmente de plus en plus, chaque fois que nous échangeons avec d’autres membres de la communauté internationale.
Ce ne sont pas seulement les industries primaires ou les petites sociétés manufacturières qui vont en profiter. Il y a d'excellents débouchés dans les secteurs du XXIe siècle, comme dans l’industrie aérospatiale. L’aéroport international de Halifax se trouve dans ma circonscription ainsi que le parc industriel Aerotech. La société Pratt & Whitney Canada se heurte actuellement à d’importants obstacles tarifaires et commerciaux érigés par l’Union européenne, qui est le plus important importateur de technologie aérospatiale. Je perçois une occasion pour les protagonistes de l’innovation, comme Pratt & Whitney, à l’aéroport et dans les environs. Si, à terme, il y a plus d’ingénieurs en aérospatiale qui travaillent dans les collectivités qui m’ont élu, alors, j’estimerai avoir assez bien réussi dans mon travail.
Les occasions dans le domaine des transports sont également excellentes. Ma circonscription compte deux rives et on y retrouve des chantiers navals et des ports. Dans le cas du port de Sheet Harbour, nous aimerions bien avoir un accès ouvert vers les marchés locaux de l’Union européenne. Le port est en eau profonde et ce serait extraordinaire de pouvoir en assurer son expansion et de pouvoir accepter la hausse du trafic maritime. Il y aurait plus de travail pour les débardeurs et pour leurs collectivités.
Nous pourrions profiter de bien plus que du commerce international. Le fait d’adopter des accords commerciaux comme celui-ci contribue également à promouvoir l’investissement dans nos collectivités.
Il suffit de penser au chantier naval de Pictou qui a fabriqué les turbines qui sont récemment entrées en service pour produire de l’énergie propre pour le XXIe siècle, grâce à l’exploitation des marées, à Parrsboro. Voilà une intéressante retombée pour toute la région qui favorise la production d'énergie propre et la création d’emplois hautement spécialisés dans le secteur manufacturier canadien, autant d’éléments dont nous devons assurer la promotion.
Nous aurons de quoi être fiers si nous parvenons à instaurer un degré de certitude pour les investisseurs du monde entier qui les incite à injecter des fonds, par l'entremise de leurs entreprises internationales, dans les collectivités que nous représentons au Canada afin de créer des emplois pour les gens qui y vivent.
Comme je l’ai mentionné au début, ma plus grande priorité, dès mon entrée en fonction, a été de créer plus d’emplois dans ma circonscription. En valorisant le commerce international et en ouvrant des marchés pour les entreprises canadiennes dans les pays de l’Union européenne, nous créerons des débouchés pour le secteur privé qui lui permettra de prospérer et d'embaucher d’autres personnes qui vivent dans le comté de Pictou, à Antigonish, dans la région de Musquodoboit Valley et celle d'Eastern Shore ainsi que partout autour.
En prenant la parole aujourd’hui pour appuyer ce projet de loi, j’aurai accompli mon travail pour lequel j’ai été élu et j’aurai contribué à permettre aux entreprises de créer des emplois pour les gens qui en ont désespérément besoin dans ma circonscription.
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Monsieur le Président, je prends la parole aujourd'hui au sujet de l'Accord économique et commercial global entre le Canada et l'Union européenne.
J'ai écouté attentivement les débats au cours des derniers jours. J'estime que ce sont des débats sains. De toute évidence, deux groupes appuient l'accord et sont disposés à aller de l'avant afin de créer des emplois au Canada, alors que d'autres personnes à la Chambre semblent s'opposer au commerce, malgré les gazouillis et les messages publiés sur Facebook qu'ils peuvent lire grâce à leurs iPhone et leurs ordinateurs Apple, qui sont des produits obtenus au moyen du commerce. Je suis toujours surpris de voir qu'il y a des gens qui veulent s'opposer au commerce coûte que coûte.
J'aimerais d'abord souligner l'excellent travail accompli par mes collègues de ce côté-ci de la Chambre, c'est-à-dire les députés d', de et de . Ces députés ont consacré beaucoup d'efforts à cet accord sous le gouvernement précédent. Je crois qu'il est important de souligner aujourd'hui que le gros du travail a été fait par le gouvernement conservateur et notre équipe commerciale, qui ont déployé de grands efforts pour faire du projet ce qu'il est en ce moment.
Comme la finale de la Coupe Grey aura lieu ce week-end et pour rendre hommage à la Ligue canadienne de football, je vais, si on me le permet, amorcer mon allocution en faisant quelques analogies liées au football.
C'est le ministre du Commerce précédent et l'équipe commerciale des conservateurs qui nous ont amenés tout près de la ligne des buts. La et l'équipe commerciale actuelles en sont maintenant à leur quatrième essai, pour ainsi dire. Comme je l'ai indiqué, le gros du travail a été fait par nous et notre équipe commerciale. C'est le travail acharné de cette équipe qui nous a menés à la ligne des buts. Elle a fait un travail remarquable pour que nous arrivions à ce point, et le gouvernement actuel a épuisé tous ses temps morts pour nous amener à quelques pouces de la ligne des buts.
Il reste encore du travail à faire. Je ne veux pas amoindrir le travail que le gouvernement libéral a fait pour nous permettre d'en arriver là, et je reconnais que l'actuelle a mené l'Accord jusqu'au stade où il est en aujourd'hui, Toutefois, je tiens aussi à reconnaître l'excellent leadership de l'ancien premier ministre Stephen Harper, qui s'est battu farouchement pour les emplois canadiens et l'industrie canadienne.
L'ancien premier ministre Harper avait bien compris que le Canada est d'abord et avant tout un pays commerçant. Il était conscient qu'un emploi sur cinq dépendait du commerce et que 70 % de notre PIB était stimulé par celui-ci. Lorsque l'ancien premier ministre Harper s'assoyait à la table de négociation, il obtenait des résultats. Surprise, surprise, aucun égoportrait n'était requis.
Cette entente est une réussite en raison du leadership et des efforts de l'ancien premier ministre Stephen Harper. Il savait que les ententes commerciales nourrissent la compétitivité de notre pays dans un contexte de mondialisation constante. Les ententes commerciales internationales génèrent une hausse des activités économiques parce que la diversification des relations commerciales stimule la prospérité et la création d'emploi. Je pense qu'il est tout à fait approprié aujourd'hui à la Chambre de féliciter l'excellente équipe commerciale précédente, l'ancien premier ministre Stephen Harper et, comme je l'ai dit plus tôt, l'actuelle .
Le gouvernement précédent a signé 43 accords commerciaux au cours de son passage au pouvoir. Nous avons fait des investissements essentiels dans les industries, les transports et le développement des marchés. Le Canada est ainsi devenu un chef de file sur la scène internationale, ce qui nous a aidés à affronter le pire ralentissement économique depuis celui des années 1930. C'est grâce à la forte vision de l'ancien premier ministre Harper que le commerce s'est diversifié au Canada.
L’Accord économique et commercial global est le plus vaste accord commercial bilatéral et la plus grande initiative commerciale du Canada depuis l’ALENA. Lorsqu’il entrera en vigueur, le Canada sera l’un des rares pays à jouir d'un accès préférentiel garanti aux deux plus grandes économies du monde, celle des États-Unis et celle de l’Union européenne.
En fait, c’était encore le cas il y a deux semaines à peine, jusqu'à ce que le décide finalement de renégocier l’ALENA — mais j’y reviendrai à un autre moment.
Imaginons: alors que nous nous engageons dans le Partenariat transpacifique et l’Accord économique et commercial global, le premier ouvrira au Canada les portes d'un marché de 800 millions de consommateurs avec un PIB combiné de 29 billions de dollars, soit 35 % du PIB mondial; le second permettra au Canada de devenir une plaque tournante de l'activité commerciale en Amérique du Nord et de saisir ainsi une occasion que nos amis au sud laissent regrettablement échapper aujourd'hui.
Nous parlons donc de l’AECG, un accord qui est bon pour l’ensemble du Canada et, en particulier, pour ma province d’origine, la Colombie-Britannique. Grâce à lui, les producteurs canadiens auront accès à 500 millions de consommateurs. Il ouvre la porte de la plus grande économie du monde. C’est une bonne chose pour les producteurs canadiens et une excellente chose pour les consommateurs canadiens. Il libéralisera le commerce en éliminant presque toutes les lignes tarifaires associées aux échanges avec l’Union européenne.
Des études montrent que l’Accord ferait augmenter de 20 % le commerce bilatéral et de 12 milliards de dollars l’économie canadienne. Cela équivaut à hausser de 1 000 $ le revenu d’une famille canadienne moyenne ou à créer 80 000 emplois. Quatre-vingt mille emplois de plus, c’est incroyable.
L’Union européenne est déjà la cinquième destination d'exportation et le quatrième partenaire commercial en importance de la Colombie-Britannique. La Colombie-Britannique devrait tirer de grands avantages d’un accès préférentiel à l’Union européenne. Une fois en vigueur, l’AECG éliminera les tarifs imposés sur presque toutes les exportations de la Colombie-Britannique et multipliera les débouchés dans l’Union européenne. Les dispositions que contient l’Accord contribueront à supprimer les barrières réglementaires, à renforcer les droits de propriété intellectuelle et à rendre plus transparentes les règles d’accès au marché. La Colombie-Britannique est en bonne position pour tirer un avantage concurrentiel du nouvel accord.
L'AECG est bon pour les agriculteurs canadiens. Il a été dit maintes fois par des députés de tous les partis que cet accord profitera aux producteurs laitiers, aux éleveurs de bovins et aux producteurs de porc, qui se lèvent tous les jours à l'aube et qui continuent de travailler bien après que le soleil se soit couché. Il profitera à l'ensemble du secteur agricole.
Tout serait parfait si seulement les libéraux pouvaient agir de la même façon que le gouvernement conservateur précédent et réussir à conclure un accord sur le bois d’oeuvre. Peut-être même aurions-nous ainsi la chance de conserver les niveaux d’emploi actuels dans l’industrie forestière.
Au Parti conservateur, nous croyons que le Canada doit faire tout ce qu'il peut pour profiter le plus possible de ses avantages en tant que pays commerçant fort. La création de nouvelles relations commerciales au-delà de l’Amérique du Nord, c’est exactement ce que l’AECG réussit à faire.
L’AECG profitera également aux exportateurs de poisson et de fruits de mer, puisque l’Union européenne est le plus grand importateur de poisson et de fruits de mer, à raison de 21 milliards de dollars par année en moyenne. L’industrie des produits de la mer a subi plusieurs transformations et son avenir est incertain. Quand l’AECG entrera en vigueur, près de 96 % des lignes tarifaires de l’Union européenne applicables au poisson et aux fruits de mer seront exemptes de droits. Dans sept ans, 100 % des produits seront exempts de droits. C’est extrêmement important, car, comme je l’ai déjà dit, l’Union européenne est le plus grand importateur de poisson et de fruits de mer au monde. Tout cela se résume à obtenir un avantage concurrentiel. Lorsque l’Accord entrera en vigueur, c’est ce que le Canada aura gagné.
J'aimerais tourner à nouveau mon attention vers ma province. Le gouvernement conservateur a fait preuve d'un leadership solide en investissant dans les ports, les portes d'entrée et les structures de la Colombie-Britannique afin de permettre aux consommateurs et aux fabricants canadiens de profiter pleinement des accords commerciaux. Nous avons investi dans la Porte de l'Asie-Pacifique. Nous avons également investi dans le programme Le monde à votre portée, qui aide les petites et moyennes entreprises à bénéficier au maximum des avantages engendrés par les accords commerciaux et à bien se préparer à percer les nouveaux marchés. En plus de cela, nous avons aussi investi dans les ports, les aéroports, les chemins de fer et le réseau routier pour acheminer les produits canadiens jusqu'aux marchés. Voilà exactement ce que le gouvernement dont je faisais partie a fait. Nous avions compris ce qu'il fallait faire.
La Colombie-Britannique est une porte d'entrée stratégique et elle peut tirer pleinement avantage de ce nouvel accord. D'ailleurs, dans ma seule circonscription, on trouve le port de Prince Rupert, qui est l'une des plus grandes voies maritimes et l'une des plus rapides. Nous avons aussi la troisième plus longue piste d'aéroport au Canada, à Prince George, qui se trouve à égale distance de l’Europe et de l’Asie.
Nous devons discuter de ce que nous ferons une fois que l'Accord entrera en vigueur. Nous devons examiner nos politiques pour voir comment en profiter au maximum. Nous devons aussi élaborer des programmes pour investir dans les marchés intérieurs et dans les petites et moyennes entreprises canadiennes afin de leur permettre de tirer pleinement parti des perspectives que leur ouvrira cet accord.
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Monsieur le Président, je tiens à féliciter tous les députés de l'excellent débat tenu jusqu'à présent. Je siège à la Chambre des communes depuis 2004. J'ai fait partie de l'Association parlementaire Canada-Europe et je suis fier d'être maintenant président de cette association. Nous avons beaucoup discuté avec nos homologues de l'Union européenne, tant avec des députés du Parlement — c'est-à-dire d'États membres, qu'il s'agisse de députés du Royaume-Uni ou de sénateurs d'Italie —, qu'avec des députés du Parlement européen, qui s'attendent à tenir un vote sur cette question, tout comme nous aujourd'hui, au mois de décembre. Dans quelques semaines, nos homologues à Bruxelles feront à peu près la même chose.
L'Union européenne est un partenaire économique très important, représentant la deuxième économie du monde, et le deuxième partenaire commercial du Canada après les États-Unis. Il s'agit donc d'un accord extrêmement important.
En outre, nous occupons le deuxième rang après les États-Unis à cet égard. Il faut aussi tenir compte du fait qu'il ne s'agit pas d'un accord bilatéral avec un seul pays, mais avec 28 pays. Le moins qu'on peut dire, c'est qu'il s'agit d'un accord global. Non seulement il nous faut négocier avec 28 pays membres de l'Union européenne, mais il y a également eu au cours des années une participation sans précédent de la part des provinces canadiennes dans le cadre des négociations.
Nous avons parlé de façon ponctuelle dans le passé de l'ampleur de la participation des provinces. On compte parmi nos réussites la conférence de Rideau sur l'environnement. Il y a eu des discussions sur l'accord de libre-échange avec les États-Unis à la fin des années 1980, mais les provinces n'avaient jamais participé autant. Si elles le font dans ce cas-ci, c'est qu'une grande partie de l'AECG a trait aux compétences provinciales. L'approvisionnement est l'un des éléments les plus importants. Il s'agit de l'une des exigences initiales de l'Union européenne, qui souhaitait, avec raison, discuter de la façon dont les provinces participeraient, de sorte que les provinces ne puissent pas faire fi de certains éléments prévus dans l'Accord.
Même si les provinces n'ont pas de pouvoir de ratification, je puis en toute honnêteté affirmer, d'un point de vue personnel, que, d'après ce que j'ai vu, elles ont toutes participé à fond aux négociations avec le gouvernement fédéral. J'ai parlé à des représentants de ma province, Terre-Neuve-et-Labrador, qui y ont participé assez activement.
Il y a eu des problèmes au début au sujet des produits de la mer, des produits du phoque et d'autres choses du genre ainsi que de certains embargos et interdictions commerciaux, mais tout cela est maintenant réglé. Je travaille encore à essayer de convaincre les parlementaires européens qu'ils ne devraient pas interdire les produits du phoque et qu'il faudrait envisager des modifications à cette mesure d'un point de vue commercial, mais ce sera une bataille pour une autre fois, comme on dit.
Mon collègue de la Colombie-Britannique a parlé de chiffres, notamment d'environ 21 milliards de dollars pour les fruits de mer. Réfléchissons-y un instant. Dans ma circonscription, j'ai eu une usine de transformation de la crevette nordique, la petite crevette. En Europe, on l'appelle la crevette à salade. Au Royaume-Uni, on en est particulièrement friand, et nous en exportons beaucoup.
Au cours des 15 à 20 dernières années, le secteur de la crevette a généré une grande partie des revenus de bon nombre de pêcheries dans l'ensemble du Nord-Est de Terre-Neuve, et une bonne partie du produit de cette pêche a été exportée en Europe. Ces exportations ont été dès le départ assujetties à des droits de douane de 20 %, ce qui a causé bien des difficultés. Nous avons vendu de forts volumes malgré cela, mais je ne peux m'empêcher de penser aux occasions manquées.
Dans ma circonscription, une grande usine de transformation de la crevette a fermé ses portes il y a environ quatre ans, à Port Union. Encore aujourd'hui, je suis absolument convaincu que, si on avait alors mis en place un accord qui aurait éliminé les droits de douane visant la crevette, l'usine serait encore ouverte aujourd'hui. Nous avons manqué de ressources dans le secteur de la crevette, mais je crois que cette usine en particulier aurait survécu si je me fonde sur les ventes qu'elle aurait pu réaliser dans l'Union européenne, en particulier en Europe occidentale, et c'est bien dommage. On a établi des critères qui prévoyaient l'imposition de droits de douane de 7 % au lieu de 20 % pour les 20 000 premières tonnes de crevette. Maintenant, grâce à cet accord, il n'y aura plus de droits de douane.
Par ailleurs, comme je l'ai souligné plus tôt, 96 % de ces droits de douane disparaîtront lorsque cet accord entrera en vigueur. C'est une occasion exceptionnelle pour le secteur des fruits de mer, en particulier pour les transformateurs, parce qu'il ne fait aucun doute que nous devrions créer des emplois dans nos usines.
J'ai entendu certaines interventions des députés au sujet de l'agriculture et, bien franchement, les chiffres fournis sont impressionnants, en particulier dans le secteur du porc. Cet accord commercial aura des retombées incroyables.
Au début, nous avons discuté des reproches que nous faisait l'Union européenne, relativement entre autres aux directives sur la qualité des carburants et à la chasse au phoque, une question dont j'ai parlé. Mais nous sommes parvenus à surmonter tellement bien ces écueils que nous avons conclu non seulement un accord commercial, mais également un accord de partenariat stratégique. Essentiellement, cela revient à dire que, parallèlement à la mise en oeuvre de l'accord commercial, nous allons respecter les principes auxquels nous adhérons, en matière de respect des droits de la personne. Évidemment, si des violations des droits de la personne sont commises, il y aura remise en question de l'accord commercial également, ce qui est une bonne chose. Donc, à mon avis, l'accord constituera un modèle d'excellence à imiter pour les autres accords bilatéraux ou multilatéraux.
L'accord tient compte aussi des normes du travail et les normes environnementales. Évidemment, lorsque nous avons réglé les détails juridiques de l'accord, nous avons discuté du mode de règlement des différends. Personnellement, je me suis toujours intéressé aux dispositions de règlement des différends dans cet accord, car la présence de ces dispositions est inévitable. Voici un exemple qui le démontre.
Un ancien premier ministre provincial a exproprié une scierie dans ma circonscription. Une erreur a été commise et la province a voulu retirer à un moulin ses droits de coupe et relatifs à l'utilisation de l'eau, ce qui a eu pour effet de l'exproprier. L'affaire a donné lieu à une amende imposée en vertu de l'ALENA. Dans ce genre d'affaires, il faut régler des différends. Nous avons un tribunal à cet effet et j'y crois.
Bien sûr, le tribunal fait partie du 10 % de l'Accord qui entrera en vigueur une fois qu'il sera ratifié par les États membres. La plus grande partie de l'Accord, soit un peu plus de 90 %, prendra effet après avoir obtenu un vote favorable du Parlement européen et l'approbation de la Commission européenne.
Je veux mentionner d'autres points concernant l'Accord.
Les marchés publics représentent également une occasion en or de faire connaître nos compétences et d'exporter notre main-d'oeuvre spécialisée. Dans ma région du centre de Terre-Neuve et dans toute la province de Terre-Neuve-et-Labrador, y compris les régions rurales, notre main-d'oeuvre spécialisée constitue notre principale exportation depuis 20 ans.
À la suite de l'effondrement de l'industrie de la pêche à la morue en 1992, une multitude de petits collèges privés ont ouvert leurs portes parce que beaucoup de gens se faisaient payer pour suivre une formation. À l'époque, ces collèges ont été en mesure de guider les gens vers un nouvel univers — celui des secteurs pétrolier, gazier et minier —, où les métiers techniques sont en forte demande. Après avoir reçu une éducation et avoir travaillé dans ces secteurs pendant 10 à 15 ans, ces personnes, comme quelqu'un l'a souligné, ne se rendent plus aussi souvent au quai pour pêcher. Elles se rendent plutôt à l'aéroport et apportent avec elles leurs compétences dans des endroits comme l'Afrique, la Russie, la Norvège et l'Alberta.
La reconnaissance des compétences professionnelles dans cet accord est l'un de ses aspects qui me réjouissent le plus. Il y a un chapitre sur ce sujet qui, à mon avis, sera un autre modèle d'excellence pour ce qui est de faire connaître nos compétences et d'exporter notre main-d'oeuvre spécialisée vers d'autres marchés.
Toutefois, il y a une tendance alarmante qui s'observe. D'après le plus récent rapport de l'Organisation mondiale du commerce et d'autres institutions internationales sur les barrières commerciales, publié en juin, les économies du G20 ont adopté 145 nouvelles mesures restreignant le commerce de la mi-octobre 2015 à la mi-mai 2016. Il s'agit de la moyenne mensuelle la plus élevée depuis 2009. J'en ai moi-même été témoin.
Le mouvement anti-commerce et certaines de ces inquiétudes ont déjà été évoqués ici. Je partage ces inquiétudes, notamment en ce qui concerne le règlement des différends, les produits pharmaceutiques ainsi que l'industrie agricole et celle des fruits de mer. Je crois néanmoins qu’un accord commercial progressiste tel que celui-ci aidera le pays pour la simple raison que, comme on l’a probablement dit des centaines de fois aujourd'hui, le Canada doit jouer dans la cour des grands lorsqu’il s’agit de commerce. Nous n’avons pas d’autre choix.
Pour une nation de la taille de la nôtre, avec l’économie qui est la sienne et sa population de 35 millions d’habitants, il est presque ridicule de s'interroger sur le bien-fondé du libre-échange. On n’en est plus là. C’est comme si l’on débattait de la question à savoir si la terre est plate ou ronde. Non, nous sommes des libres-échangistes. Nous n’avons pas d’autre choix.
À mon avis, c’est un bon exemple de la façon dont nous devons procéder à l’avenir. Par exemple, nous savons que le Brexit va se concrétiser. J’encourage le gouvernement fédéral et les autres gouvernements à amorcer des négociations avec le Royaume-Uni pour s’assurer que les normes qui ont été établies dans l’Accord économique et commercial global continueront de s'appliquer dans ce qu'on pourrait appeler l'« après-Brexit ».
Cela dit, j’attends avec impatience questions et observations.
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Monsieur le Président, j’ai le plaisir de prendre la parole au sujet de l’AECG, l’accord commercial entre le Canada et l’Europe. Une chose me surprend: cet accord arrive, mais, dans nos débats, il a à peine été question des aspects mesurables d’un accord commercial. J’ai moi-même soulevé la question à quelques reprises. Les aspects mesurables des accords commerciaux qui sont importants pour les Canadiens, ce sont les probabilités qu’ils leur permettent de trouver un emploi ou qu’ils assurent un avenir plus souriant à leurs enfants.
Je vais englober les libéraux et les conservateurs dans la droite idéologique. C'est étonnant, mais la droite affirme qu'il suffit d'instaurer le libre-échange pour que tout aille bien. Ils soutiennent que nous devrions tout simplement ouvrir les marchés et faire du commerce bilatéral. Cependant, ils finissent par comprendre — et ensuite par s'en plaindre — que ces accords ne nous aident pas à prospérer parce que la main-d’œuvre canadienne est trop chère et que les gouvernements font d’autres choses. Ils mentionnent ces deux préoccupations dans une même phrase sans jamais penser qu'il existe un lien entre les deux.
Les droits des travailleurs, les droits environnementaux et les droits de responsabilité sociale, quand nous essayons de les ajouter à ces accords, sont habituellement repoussés dans la marge. L’accord qui nous occupe ici a l’avantage d’être avec l’Europe, qui partage avec nous certaines de ces préoccupations, mais nous ne tenons pas compte non plus des énormes subventions qu’accorde l’Union européenne. La première industrie qui me vient à l’esprit est celle de l’automobile, par exemple, qui reçoit une aide énorme de l’État.
Les députés libéraux affirment que le marché sera équitable, mais d’un autre côté ils favorisent et sacrifient des industries comme celle de l’automobile dans des accords du genre de celui qu’ils viennent de conclure avec la Corée du Sud, par exemple, où nous devons soutenir la concurrence de sociétés d’État. Ce pays ferme aussi ses marchés. Il met des barrières non tarifaires. Les libéraux disent que nous ferons plus d’échanges commerciaux et que nous aurons un meilleur accès, sauf qu’en fait, nous ferons concurrence à des fabricants d’automobiles qui sont propriété de l’État, donc propriété du peuple, et qui suivent une stratégie nationale. Elles reçoivent des subventions énormes et exportent des millions d’autos dans notre pays en vertu de ces accords. Par contre, nous ne recevons presque rien en retour de la Corée du Sud, juste quelques douzaines. Ces échanges n’ont rien de réciproque, mais les libéraux trouvent cela normal.
Je sais qu’aujourd’hui tout le monde se réjouit parce que le participe à des événements de collecte de fonds avec les Chinois et avec d’autres gens d’affaires d’un pays communiste. Toutefois, dans le monde réel, il y a leur monnaie, leurs politiques environnementales et leur énergie sale qui font concurrence à nos entreprises canadiennes. Nous nous vantons et nous nous flattons d’aller vendre notre énergie partout dans le monde et de jouer un rôle positif dans le monde, mais nous la vendons à des prix ridicules à des pays qui s'en servent comme forme de subvention pour fabriquer des choses qui nuisent à nos travailleurs et qui poussent les entreprises canadiennes à la faillite. Puis ces pays attirent d’autres entreprises chez eux en se servant de l’énergie pour subventionner le développement et la production de biens et de services.
Mais nous ne pouvons pas discuter de ces choses. Nous ne pouvons pas tenir ce genre de débat sérieux à la Chambre des communes. Le fait est que nous facilitons la disparition d'emplois au Canada, pas tellement à cause de la concurrence, mais parce que nous acceptons que d'autres pays manipulent la soi-disant économie de marché. Nous tolérons l’intervention de l’État, le subventionnement de l’État qui nuit aux travailleurs de notre pays, qui nous supplient d’établir une stratégie nationale dans certains domaines, mais ne reçoivent aucune réponse.
Prenons par exemple l’exportation de nos automobiles au Japon. Selon le cabinet J.D. Power et d’autres évaluateurs indépendants, les automobiles fabriquées au Canada sont tout aussi bonnes, sinon meilleures en ce qui concerne la qualité, la finition, la valeur de production et la satisfaction des consommateurs. Malgré cela, nous ne pouvons pas produire d’autos pour les vendre dans ces marchés. Est-ce équitable? Pas du tout. Pourtant, le discours ambiant est que, si nous ouvrons plus de marchés, tout ira bien et notre économie prospérera.
C’est là où nous en sommes depuis l’an 2000 pour ce qui est des accords commerciaux, des accords de promotion et de protection et des accords d’investissement. Essentiellement, nous allons dans des pays et nous renforçons les droits des entreprises. Nous travaillons aux frais des contribuables, mais nous ne nous attendons pas à ce que ces accords créent des emplois au Canada. Nous travaillons pour les grandes sociétés dans le but de leur ouvrir ces marchés, sans attendre quoi que ce soit sur le plan des emplois.
L’exemple que je vais donner à la Chambre est très triste. Au cours des dernières années, j’ai entendu les libéraux provinciaux et fédéraux parler de commerce et de missions en Inde. Certaines entreprises se sont rendues là-bas aux frais des contribuables canadiens. Je suis entraîneur au hockey et je connais les gens qui viennent avec leurs enfants. Ce sont des gens qui travaillent. Certains d’entre eux sont des ingénieurs. Ces ingénieurs sont en train de perdre leur emploi. Ils forment des personnes venues d’Inde, qui arrivent ici avec un diplôme d’ingénieur et qui prennent leur emploi. Félicitations pour cette brillante stratégie. Ces ingénieurs financent les voyages et les dépenses de ces gens venus d’Inde; ils subventionnent tout cela. Maintenant, ils devront faire face à la réalité, soit qu’ils travailleront tous les jours en compagnie de personnes qui prendront leur emploi, même si ces emplois sont perçus comme ayant une valeur ajoutée au Canada. Ce sont des emplois bien rémunérés au Canada. Cela se déroule dans une entreprise de fabrication de pièces, de matrices et de moules, qui est un pilier de notre économie locale. Il s’agit d’une réussite canadienne unique au monde sur le plan de la qualité et de la fabrication. On ne peut nier que le Canada est chef de file dans la fabrication de pièces, de matrices et de moules. Nous sommes confrontés au subventionnement de nos emplois.
À partir de l’an 2000, nous avons signé des accords avec nombre de pays, des accords qui sont censés avoir créé des emplois pour les Canadiens, lesquels sont censés améliorer leur situation économique et celle de l’ensemble du pays. Voici quelques-uns des pays avec lesquels nous avons signé des accords depuis 2000: le Bénin, le Burkina Faso, le Cameroun, la Chine, le Costa Rica, la Croatie, la République tchèque, la Guyane, Hong Kong, l’Islande, la Jordanie, le Koweït, la Lettonie, le Mali, le Nigeria, la Norvège, le Panama, la Pologne, la Roumanie, le Sénégal, la Serbie, la Slovaquie, la Suisse, la Tanzanie et l’Ukraine. Tous ces accords ont été signés en 2000, et nous n’avons pas parlé des autres.
Comprenons-nous bien. Certaines des dispositions de l’AECG écraseront les industries canadiennes. Nous avons signé toutes ces ententes, mais où sont les emplois? Les conservateurs prennent la parole tous les jours et disent aux libéraux qu’ils n'ont pas créé un seul emploi, bien que le Canada ait signé nombre d’accords commerciaux au cours des dernières années. Où sont les emplois? Nous voudrions le savoir. Nous aimerions savoir quels sont ces emplois afin de pouvoir au moins les mesurer.
Ces ententes nous exposeront à certaines vulnérabilités bien connues. Le coût des produits pharmaceutiques sera une très grande vulnérabilité. Les dispositions investisseur-État et l’industrie laitière sont d’autres exemples.
Le gouvernement doit à tout le moins nous parler des éléments mesurables que nous allons mettre en place. Il a sorti un chiffre pour l'industrie laitière au chapitre de la gestion de l'offre. Tout comme pour l'accord avec le Chili et les autres accords que nous avons signés par le passé, nous devons savoir où sont les emplois, où travaillent nos voisins et, surtout, si le coût de la vie s'en ressentira. Nous devons savoir ce que l'accord fera pour nous, parce que nous l'avons financé.
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Monsieur le Président, les négociations liées à l'AECG nous ont donné une excellente occasion d'innover, notamment en ce qui a trait aux dispositions sur la protection des investissements et au mécanisme de résolution des différends entre les investisseurs et les États. Le gouvernement en a pleinement tiré parti en adoptant une nouvelle approche améliorée à l'égard de la section sur l'investissement dans les accords de libre-échange.
J'aimerais aujourd'hui présenter quelques exemples de ces innovations aux députés.
Je sais que les députés sont bien conscients que le gouvernement du Canada et les États membres de l'Union européenne conservent le droit inaliénable et souverain d'adopter une réglementation dans l'intérêt public. D'ailleurs, nous avons le devoir solennel de le faire dans l'intérêt de tous les citoyens, surtout les plus vulnérables.
Il faut aussi savoir que, selon des principes de droit international bien établis, les dispositions des accords commerciaux internationaux n'ont aucune incidence sur ce droit souverain d'adopter une réglementation dans l'intérêt public. Cependant, pour que l'AECG établisse clairement ce principe, nous avons modifié la section sur l'investissement et ajouté un article visant expressément à réaffirmer le droit des gouvernements d'adopter une réglementation dans l'intérêt public, notamment en ce qui concerne l'environnement, la santé et la sécurité.
Une autre innovation considérable de l'AECG, qui fait la fierté du gouvernement, est la transformation du mécanisme de règlement des différends entre les investisseurs et les États. En effet, l'AECG est le premier accord commercial international en vertu duquel un tribunal permanent est formé pour entendre les plaintes d'investisseurs qui prétendent qu'un État a enfreint des obligations relatives à un investissement.
Actuellement, il y a environ 3 000 accords internationaux sur les investissements en vigueur dans le monde, et la grande majorité de ces accords possèdent des mécanismes de règlement des différends entre les investisseurs et les États. Dans tous ces accords, dont ceux que le Canada a ratifiés, des tribunaux sur l'investissement sont créés de façon ponctuelle et ils sont donc supprimés lorsqu'une décision ultime est rendue. Les membres de ces tribunaux sont des juristes nommés par les partis au différend, soit l'investisseur étranger et l'État défendeur. L'indépendance de l'arbitre suscite de profondes inquiétudes chez des détracteurs du processus.
En revanche, le tribunal de l'AECG consiste en 15 membres nommés uniquement par le Canada et l'Union européenne. Les obligations éthiques seront au coeur du processus menant à la nomination des membres. Entre autres choses, les membres du tribunal n'ont pas le droit d'agir à titre de conseillers ou de témoins experts dans un différend relatif à des investissements en vertu de tout accord international sur les investissements. Les membres sont nommés pour un mandat de cinq ans qui pourra être renouvelé une seule fois. Les cas particuliers seront étudiés devant une division du tribunal composée de trois membres. Ces membres seront choisis par roulement, assurant ainsi que la formation d'une division est aléatoire.
Notre gouvernement est convaincu que de telles innovations répondent aux préoccupations concernant le manque apparent d'indépendance des arbitres et qu'elles conféreront une légitimité accrue au processus de règlement des différends.
D'ailleurs, puisque les membres d'une division qui entendent une cause particulière seront en mesure de consulter les autres membres du tribunal, nous nous attendons aussi à ce que la cohérence des décisions s'améliore grandement.
Mais ce n'est pas tout. En plus du tribunal de première instance, l'AECG établira un tribunal d'appel permanent, créant ainsi un autre précédent dans le droit international en matière d'investissement. Le tribunal d'appel fonctionnera de façon semblable au tribunal de première instance. Il sera chargé de passer en revue les décisions contestées par l'investisseur étranger ou l'État défendeur.
Au fil du temps, le tribunal de première instance et le tribunal d'appel produiront un recueil de décisions qui constitueront une jurisprudence efficace, et celle-ci donnera, à son tour, une plus grande certitude juridique aux investisseurs étrangers et aux gouvernements.
Nous croyons que ces innovations en matière de règlement des différends représentent de grandes réalisations, mais notre gouvernement ne prévoit pas s'arrêter là.
En effet, notre objectif ultime est d'établir, avec l'Union européenne et d'autres partenaires commerciaux intéressés, une institution multilatérale pour la résolution des différends relatifs aux investissements. Une fois établie, cette nouvelle institution prendrait en charge le règlement de ce type de différends aux termes de l'AECG et deviendrait possiblement le mécanisme de règlement des différends relatifs aux investissements de tous les futurs accords d'investissement canadiens avec les partenaires commerciaux qui acceptent de se joindre à l'institution multilatérale.
Les innovations concernant le droit de réglementer et le mécanisme de règlement des différends qui ont été mentionnées précédemment constituent certainement d'importantes innovations dont notre gouvernement est fier.
J'aimerais maintenant attirer l'attention sur une autre innovation, aussi importante, mais peut-être moins évidente, dans les dispositions relatives aux investissements de l'AECG. Nous y avons précisé que, s'il n'y a pas d'engagement précis envers un investisseur à ce sujet, la décision du Canada ou de l'Union européenne de ne pas accorder, renouveler ou maintenir une subvention ne constitue pas une violation des obligations en matière de protection des investissements aux termes de l'AECG.
Nous avons fermé la porte au magasinage des dispositions en énonçant clairement que les investisseurs ne peuvent pas chercher à importer des dispositions d’autres accords commerciaux canadiens ou européens au moyen de l’article sur le traitement de la nation la plus favorisée de l’AECG. Le Canada et l'Union européenne ont défini ce qui constitue une violation de la norme de traitement juste et équitable pour garantir que la norme n'est pas interprétée d'une manière plus large que le prévoit le texte de l'entente.
L’Accord privilégie le recours aux tribunaux nationaux en permettant la suspension des délais prescrits pour la présentation de revendications pendant qu’une solution est recherchée au niveau national. Nous avons ajouté un article sur la médiation pour encourager le règlement des différends à un stade précoce, sans qu’il soit nécessaire de recourir au tribunal de l’AECG. Nous avons également inclus dans l’Accord un mécanisme pour éliminer rapidement les revendications injustifiées. Nous avons pensé aux petites et moyennes entreprises et ajouté des dispositions pour faciliter leur accès au mécanisme de règlement des différends.
Nous avons inclus une obligation qui exige de l’investisseur qui présente une revendication, mais qui profite d’un financement fourni par une tierce partie, qu'il fasse preuve de transparence et qu'il divulgue l’identité de cette tierce partie.
Ce qui est plus important encore, c’est que nous avons créé un comité pour permettre aux parties de l’AECG de se consulter si des difficultés surviennent concernant la mise en œuvre du chapitre ou s’ils conviennent d’améliorations possibles au chapitre des investissements, surtout en fonction des expériences et des progrès réalisés au sein d’autres instances internationales.
Le Canada cherche également depuis longtemps à éviter que ce qu’on appelle les sociétés-écrans profitent des accords commerciaux canadiens. Le même principe s’applique pour l’AECG. Afin d’être considérée comme un investisseur en vertu de l’accord, une entreprise de l’Union européenne appartenant à des intérêts d’une tierce partie doit avoir des activités commerciales importantes sur le territoire de l’Union européenne. Il n’est pas possible de créer simplement une société-écran dans l’UE avec pour seul objectif d’avoir accès au mécanisme de règlement des différends de l’AECG.
Enfin, l’AECG témoigne du leadership constant joué par le Canada pour favoriser la transparence dans le processus de règlement des différends. Toutes les audiences seront ouvertes à la population, et tous les documents présentés au tribunal ou émanant du tribunal seront mis à la disposition de la population.
Notre gouvernement est vraiment fier du chapitre avant-gardiste sur l'investissement obtenu dans l'AECG. Nous estimons que les progrès réalisés ici pourraient devenir la norme internationale des futurs accords d'investissement.