propose que le projet de loi , soit lu pour la deuxième fois et renvoyé à un comité.
— Monsieur le Président, c’est pour moi un privilège d’intervenir ce soir pour parrainer le projet de loi , appelé la loi Wynn en l’honneur du regretté agent David Wynn, tué par balle dans l’exercice de ses fonctions.
Aux petites heures du matin le 17 janvier 2015, l’agent Wynn et l’agent auxiliaire Derek Bond faisaient une inspection de routine des plaques d’immatriculation à l’extérieur d’un casino de St. Albert. Ils découvrent alors qu’une plaque d’immatriculation est celle d’un individu faisant l’objet d’un mandat d’arrêt. L’agent Wynn et l’agent auxiliaire Bond pénètrent alors dans le casino pour arrêter l’individu en question. Des coups de feu sont tirés en direction de l’agent auxiliaire Bond, qui est touché, et de l’agent David Wynn, qui perd tragiquement la vie.
Lorsqu'un agent de police est assassiné dans l'exercice de ses fonctions, c'est plus qu'une tragédie; c'est un scandale. Ce qui rend le meurtre de l'agent Wynn encore pire, cependant, c'est qu'il aurait très bien pu être évité. Au moment du drame, le meurtrier de l'agent Wynn était en liberté sous caution. Il était en liberté sous caution malgré le fait que 50 condamnations antérieures au criminel pesaient contre lui, y compris des condamnations pour des infractions commises avec une arme et pour plusieurs infractions avec violence. En plus de ces 50 condamnations au criminel, le meurtrier faisait aussi l'objet d'au moins 38 accusations en instance et, pour couronner le tout, il avait à son actif plusieurs défauts de comparution. Mais malgré tout cela, il était là à se promener en liberté dans les rues de St. Albert, à l'insu de la population.
Le meurtre de l'agent Wynn a poussé le commissaire de la GRC à demander comment il se fait qu'une personne avec d'aussi lourds antécédents criminels que le meurtrier de l'agent Wynn puisse se promener parmi nous. La raison, c'est qu'aucun des antécédents criminels du meurtrier — ni les 50 condamnations antérieures au criminel, ni les 38 accusations en instance, ni les nombreux défauts de comparution — n'a été divulgué lors de l'enquête sur le cautionnement. Et si ces antécédents n'ont pas été divulgués, c'est notamment en raison de l'article 518 du Code criminel, qui laisse au poursuivant le choix de divulguer ou non les antécédents criminels d'une personne demandant à être libérée sous caution. Le projet de loi vise à remédier à cette lacune flagrante du Code criminel en obligeant les poursuivants à présenter une preuve en vue d'établir les antécédents criminels d'un prévenu, ce qui comprend les condamnations antérieures au criminel, les accusations en instance et les défauts de comparution qui pèsent contre lui.
Il ne fait aucun doute dans mon esprit ni dans celui de Shelly MacInnis-Wynn, la veuve du regretté agent David Wynn, que si la loi de Wynn avait été en vigueur au moment du drame, le meurtrier de l'agent Wynn serait resté derrière les barreaux, là où il aurait dû être, et l'agent Wynn serait encore en vie aujourd'hui.
Je prendrai quelques instants pour décrire ce qu'accomplirait et n'accomplirait pas le projet de loi .
Le projet de loi n'imposerait pas un nouveau fardeau excessif aux poursuivants ni aux forces de l'ordre. Il ne viendrait aucunement réduire ou entraver le pouvoir du magistrat ou du juge de déterminer, à sa discrétion, s'il convient d'accorder une libération sous caution, en fonction des faits et des circonstances de l'affaire. Par contre, le projet de loi S-217 ferait en sorte que tous les renseignements pertinents soient portés à l'attention du juge ou du juge de paix afin que celui-ci puisse prendre une décision éclairée au sujet de la demande de libération, ce qui ne s'est pas produit lorsque le meurtrier du gendarme Wynn a présenté sa demande.
Il est tout à fait inconcevable qu'un juge puisse prendre une décision au sujet d'une demande de libération s'il n'a pas de renseignements sur les antécédents criminels du prévenu, et s'il ne sait pas qu'il existe de nombreuses accusations en instance contre ce prévenu et que celui-ci a souvent omis de se présenter devant le tribunal. Ce scénario est pourtant possible à l'heure actuelle, puisque le Code criminel n'exige pas la divulgation de ces renseignements. Voilà la faille que le projet de loi vise à corriger.
Je tiens à remercier quelques personnes. Premièrement, je félicite le sénateur Bob Runciman de son excellent travail et du leadership dont il a fait preuve dans la rédaction du projet de loi . Je tiens à le remercier d'avoir parrainé le projet de loi au Sénat, où il a obtenu l'appui de la très grande majorité des sénateurs, après avoir été approuvé à l'unanimité par le comité sénatorial des affaires juridiques et constitutionnelles.
Je tiens aussi à remercier mon prédécesseur, Brent Rathgeber, du leadership dont il a fait montre en présentant un projet de loi semblable durant la dernière législature, à la suite du meurtre de l'agent David Wynn.
Chose plus importante encore, je tiens à féliciter et à remercier Shelley MacInnis-Wynn de la détermination et du courage dont elle a fait preuve en appuyant le projet de loi , notamment lors de sa comparution devant le comité sénatorial des affaires juridiques et constitutionnelles, où elle a livré un témoignage très poignant.
En termes simples, on peut dire qu'il s'agit d'un projet de loi sensé. Son adoption devrait aller de soi. C'est pourquoi le projet de loi a été approuvé à l'unanimité par le comité sénatorial des affaires juridiques et constitutionnelles. C'est pourquoi il a été adopté par l'écrasante majorité des sénateurs. C'est pourquoi il a reçu l'appui d'intervenants clés, dont l'Association canadienne professionnelle de la police montée et le Centre canadien de sensibilisation aux abus. C'est pourquoi il a obtenu l'appui de policiers ordinaires. Des dizaines d'entre eux m'ont d'ailleurs écrit pour m'en faire part. L'ancien ministre de la Justice et procureur général de l'Alberta, qui occupait ces fonctions lorsque l'agent Wynn a été assassiné, m'a dit qu'il appuyait cette mesure législative.
Le projet de loi est important. Nous en avons grandement besoin. Il vise à supprimer une grosse lacune dans le Code criminel, lacune qui a causé la mort de l'agent Wynn, qui a fait de Shelly MacInnis-Wynn une veuve, qui a rendu orphelins de père trois garçons, Nathan, Matthew et Alexander, et qui a privé la population de St. Albert d'un formidable policier de la GRC et d'un bénévole dévoué.
En terminant, je voudrais lire pour la Chambre un extrait du témoignage très poignant de Shelly MacInnis-Wynn devant le comité sénatorial des affaires juridiques et constitutionnelles. Selon le sénateur Runciman, ce témoignage est celui qui l'a ému le plus au cours de ses 35 années de titulaire d'une charge publique. Voici les mots de Mme MacInnis-Wynn:
En quatre secondes, une collectivité a perdu un gendarme, une femme a perdu son mari, trois garçons ont perdu leur père, et une mère et des sœurs ont perdu un fils et un frère — tout cela en quatre secondes. Je me réveille chaque jour en souhaitant pouvoir récupérer ces quatre secondes, mais je ne peux pas. Il n'y a rien que je puisse faire pour changer la réalité. Chaque jour, je dois vivre ma vie seule, sans Dave à mes côtés pour profiter des moments que nous étions censés partager en famille et en tant que mari et femme. Chaque jour, ses enfants doivent vivre de nouvelles choses et franchir de nouvelles étapes sans leur père. [...] Ils ne pourront plus créer de nouveaux souvenirs. [...] En changeant ce terme, on pourrait assurer le bonheur d'une personne pour toute une vie, et cette personne aurait très bien pu être vous. Dave a été le malheureux qui était présent ce soir-là, mais cela aurait pu être n'importe qui.
Ce qui est arrivé à l'agent Wynn n'aurait pas dû arriver, mais nous ne pouvons pas refaire le passé. Ce qu'il nous est possible de faire et ce que nous avons l'obligation de faire en tant que députés, à mon avis, c'est de prendre les mesures nécessaires pour que ce qui est arrivé à l'agent Wynn et ce que sa famille devra endurer pour toujours ne se reproduisent plus jamais. Aucun autre Canadien ni aucune autre famille canadienne ne doivent être obligés de vivre une pareille tragédie.
La meilleure façon d'accomplir cela, c'est d'adopter le projet de loi , la loi de Wynn. Au nom et en l'honneur de l'agent David Wynn, j'implore les députés de se joindre aux sénateurs, de faire ce qui s'impose et d'adopter le projet de loi S-217. Passons à l'action.
:
Madame la Présidente, je me réjouis de pouvoir prendre la parole pour participer au débat à l'étape de la deuxième lecture du projet de loi , Loi modifiant le Code criminel (détention sous garde).
Le projet de loi d'intérêt public émanant du Sénat a été présenté à la suite des événements tragiques survenus en Alberta en 2015. Je présente encore une fois mes plus sincères condoléances à la famille de l'agent Wynn et je remercie son épouse, Shelly, de son témoignage devant le comité du Sénat. La douleur éprouvée par la famille de David Wynn, ses collègues de la GRC et la collectivité de St. Albert est incommensurable.
Je tiens à signaler, d'entrée de jeu, que j'appuie l'objet du projet de loi. Les décideurs chargés de déterminer l'admissibilité à la liberté sous caution ont besoin de tous les renseignements nécessaires pour prendre des décisions appropriées en temps opportun en la matière. Ce n'est pas une tâche simple. Il faut des systèmes de gestion de l'information à jour et des juges, des procureurs et des policiers parfaitement formés.
Malheureusement, je ne pense pas que le projet de loi dont nous sommes saisis aujourd'hui atteigne son objectif. Je crains qu'il n'ait des répercussions juridiques et une incidence sur les politiques qui pourraient faire que le système de libération sous caution ne fonctionnerait adéquatement pour personne.
Le Code criminel indique comment déterminer si un accusé doit être remis en liberté ou gardé en détention en attendant son procès. Après une arrestation, la police peut décider de remettre l'accusé en liberté avec ou sans condition. S'il n'est pas remis en liberté par la police, l'accusé doit comparaître devant un juge pour l'audience sur la libération sous caution. Dans certains cas, la Couronne consent à la remise en liberté de l'accusé à certaines conditions, mais, parfois, le juge décide de garder l'accusé en détention ou encore de le remettre en liberté, souvent après lui avoir imposé des conditions, comme des heures de rentrée ou l'obligation de se présenter à la police. Ces décisions importantes concernant la remise en liberté avant le procès sont prises quotidiennement dans de nombreux tribunaux partout au Canada.
Au moment de modifier les dispositions sur le cautionnement, il est important de mentionner que le processus diffère beaucoup entre les provinces et territoires. Dans certaines provinces, notamment au Nouveau-Brunswick, un juge seul décide des remises en liberté. D'autres provinces, notamment l'Ontario, recourent beaucoup aux juges de paix qui tiennent les audiences de remise en liberté sous caution.
Il y a aussi de grandes différences quant à qui assiste aux audiences sur la libération sous caution. L'Alberta, par exemple, où cette tragédie est survenue, est la seule province où les policiers assument le rôle de procureur à la plupart des premières comparutions à une audience sur la libération sous caution. Je crois comprendre que cette pratique existe, quoique dans une moindre mesure, dans certaines régions de la Saskatchewan et de la Colombie-Britannique. C'est, en fait, un policier qui a consenti à la remise en liberté de M. Rehn, le délinquant qui a fini par tuer le gendarme Wynn.
À la suite de cette tragédie, le gouvernement de l'Alberta a examiné avec soin le rôle que jouent les policiers lors des audiences sur la libération sous caution, et cet examen se poursuit. Les modifications proposées dans le projet de loi ne s'inspirent pas des recommandations formulées dans le rapport de l'Alberta ni des enjeux mentionnés par les autres provinces et territoires qui procèdent à un examen approfondi du processus de libération sous caution.
Le projet de loi , dont nous sommes saisis, propose deux modifications aux dispositions du Code criminel relatives à la libération sous caution.
L'article 1 propose d'élargir les motifs sur lesquels se fondent les tribunaux pour déterminer si un prévenu devrait être détenu sous garde avant son procès. Le Code criminel prévoit actuellement que les demandes de libération sous caution peuvent être refusées pour trois motifs: premièrement, si le prévenu risque de s'enfuir, donc de ne pas se présenter devant le tribunal; deuxièmement, pour protéger la sécurité publique; troisièmement, pour ne pas miner la confiance du public envers l'administration de la justice.
Le projet de loi élargirait le troisième motif de façon à inclure la prise en compte du dossier criminel du prévenu, de même que les autres infractions criminelles dont il est inculpé.
Lorsqu'on parle aux professionnels qui travaillent en première ligne dans les cours criminelles du Canada, ils soulignent que le dossier criminel du prévenu et les accusations en instance à son sujet jouent un rôle clé dans presque tous les cas et à presque toutes les étapes du processus de libération sous caution. Le dossier du prévenu fait l'objet d'un examen à toutes les étapes, de l'arrestation du prévenu jusqu'à la décision concernant sa remise en liberté sous caution en attendant la décision de l'appel. On examine automatiquement son dossier pour déterminer si le premier motif de détention s'applique, c'est-à-dire s'il faut le détenir pour garantir qu'il se présentera devant le tribunal, et si le deuxième motif, la protection du public, s'applique.
Si on ajoute la prise en compte du dossier pour l'examen du troisième motif de détention, comme le propose le projet de loi , on sèmera le doute à propos des nombreuses dispositions relatives à la libération sous caution qui ne mentionnent pas expressément le dossier criminel du prévenu.
La Cour suprême du Canada a récemment examiné et clarifié la constitutionnalité de ces motifs de détention dans la décision Queen c. St-Cloud, rendue en 2015.
Le projet de loi permettrait d'étendre les dispositions aux nouveaux contrôles judiciaires et aux nouvelles interprétations judiciaires alors que la Cour suprême vient de rendre une décision à cet égard. L'article 2 du projet de loi propose d'éliminer le pouvoir discrétionnaire du poursuivant prévu à l'article 518 en exigeant que le poursuivant présente, lors de l'enquête sur le cautionnement, une preuve en vue d'établir que le délinquant a déjà été déclaré coupable d’une infraction criminelle, que d'autres accusations en instance pèsent contre lui, qu'il n’a pas répondu à une convocation du tribunal ou qu'il a commis une infraction contre l'administration de la justice.
Actuellement, l'alinéa 518(1)c) accorde aux poursuivants beaucoup de latitude concernant les éléments de preuve qui peuvent être présentés lors de l'enquête sur le cautionnement ainsi que la façon de les présenter à la cour. Une telle marge de manoeuvre est nécessaire pour pouvoir gérer les nombreuses procédures de libération sous caution qui doivent se tenir dans un court délai.
En obligeant les poursuivants à présenter des éléments de preuve précis et en soulignant, avec le libellé « établir le fait », l'obligation de s'acquitter du fardeau de la preuve, le projet de loi pourrait compliquer et prolonger indûment le processus de libération sous caution; obliger les poursuivants à demander l'ajournement des procédures afin d'établir la preuve et prolonger les procédures. Les retards excessifs et la suspension des procédures d'accusation au sein du système de justice pénale ne profiteraient à personne, pas même aux victimes.
De façon similaire, lorsque l'Association canadienne des chefs de police a témoigné devant le comité sénatorial chargé de l'étude de ce projet de loi, elle a dit craindre que les modifications proposées entraînent des retards et des problèmes de ressources. Ces préoccupations trouveraient probablement écho parmi les procureurs et les avocats de la défense, c'est-à-dire les intervenants de première ligne de notre système de justice.
Les changements législatifs de la nature de ceux qui sont proposés doivent tenir pleinement compte de ces points de vue importants. Dans le cadre de son mandat, la doit notamment passer en revue le système de justice pénale — et plus particulièrement les mises en liberté sous caution — et faire le nécessaire, en collaboration avec les intervenants concernés, dont ses homologues provinciaux et territoriaux, pour que cet élément essentiel du système de justice soit efficace et qu'il permette de protéger adéquatement tous les Canadiens, y compris les premiers répondants.
Le gouvernement s'emploie en outre à rendre le régime de mise en liberté sous caution plus efficace. Personne ne souhaite qu'une personne accusée de crimes graves s'en tire parce que les procédures se sont étirées trop longuement, ce qui peut justement arriver quand les décisions relatives à la mise en liberté sous caution ne sont pas prises rapidement et efficacement.
Il s'agit d'un problème complexe auquel il n'existe pas de solution unique et qui touche l'ensemble des personnes oeuvrant dans le système de justice pénale.
Même si je ne doute pas un instant que les modifications contenues dans le projet de loi d'intérêt public du Sénat soient inspirées par de bonnes intentions, elles ne constituent pas la solution à ce problème complexe. Elles ne feraient au contraire qu'ajouter des retards et de la confusion au reste, sans parler des conséquences juridiques et opérationnelles imprévues qu'elles risqueraient fort d'avoir sur le régime de mise en liberté sous caution.
Je tiens à ce que les députés me comprennent bien: les mises en liberté sous caution correspondent à une étape cruciale du processus de justice pénale. Comme l'a montré la tragédie de St. Albert, les décisions qui sont prises à ce moment-là peuvent être lourdes de conséquences dévastatrices.
Même s'il en approuve l'objectif, le gouvernement n'appuie pas ce projet de loi. Pour être efficaces, les changements devraient faire suite à une vaste démarche dans le cadre de laquelle le point de vue des parties intéressées serait pris en compte et les conséquences juridiques et stratégiques sur le processus de remise en liberté sous caution, soigneusement évaluées.
:
Madame la Présidente, je suis heureux d'expliquer la position dont j'ai fait part à mes collègues du caucus du NPD à titre de porte-parole en matière de sécurité publique. En fait, je ne devrais pas dire « heureux », étant donné la nature délicate et tragique du projet de loi.
[Traduction]
Je tiens à remercier le député de d'avoir parrainé le projet de loi à la Chambre.
Avant d'aller plus loin à propos de ce projet de loi, je souhaite d'abord et avant tout souligner que tous les députés, et bien sûr j'inclus le caucus néo-démocrate, offrent leurs pensées et leurs prières à la famille Wynn, qui a vécu une tragédie lorsque l'agent Wynn a été assassiné dans l'exercice de ses fonctions. Nous reconnaissons tous ce grand sacrifice et il est important de le garder en tête pendant le débat sur le projet de loi.
Je tiens également à dire que, même si j'exprimerai certaines préoccupations que nous avons par rapport au projet de loi, dont certaines sont similaires à celles du gouvernement, nous allons l'appuyer à l'étape de la deuxième lecture. Nous pensons que la visée est suffisamment importante et pertinente pour que nous demandions à tout le moins l'avis des experts en comité et que nous ayons un débat sur certains aspects problématiques du projet de loi.
Il est crucial, étant donné la tragédie qui a mené à la présentation du projet de loi, autant dans la présente législature que dans la précédente par le prédécesseur de mon collègue, que nous menions un débat approfondi au moyen de l'étude en comité. Voilà où nous en sommes actuellement.
[Français]
J'aimerais prendre le temps de parler de chacun des changements spécifiques que le projet de loi va apporter. Bien que ce soit inhabituel pour moi, je vais prendre le temps de les lire, parce qu'il me semble important de bien les comprendre.
Le premier aspect du projet de loi, c'est qu'on ajoute deux motifs justifiant la détention sous garde, lorsque le juge de paix considère la mise en liberté provisoire, par voie judiciaire, d'un prévenu. Les deux motifs sont le fait que le prévenu n'a pas répondu à une convocation du tribunal par le passé et le fait que le prévenu a été antérieurement déclaré coupable d'une infraction criminelle ou qu'il est en attente de procès pour une autre infraction dont il est inculpé.
L'autre aspect du projet de loi concerne la question des pouvoirs de la Couronne, voire ses obligations. En ce moment, la Couronne a un pouvoir discrétionnaire d'offrir certaines preuves qu'elle considère légitimes dans ce processus. Toutefois, le changement apporté par ce projet de loi obligerait la Couronne à présenter des preuves dans les procédures engagées dans le contexte d'une enquête sur le cautionnement.
On parle ici d'établir le fait que le prévenu a antérieurement été déclaré coupable d'une infraction criminelle; on parle d'établir le fait que le prévenu est en attente de procès pour une autre infraction pour laquelle il est inculpé; on parle d'établir le fait que le prévenu a antérieurement commis une infraction au terme de l'article 145, qui inclut l'évasion, le fait d'être en liberté sans excuse, l'omission de comparaître et l'omission de se conformer à une condition; ensuite, il s'agit d'exposer les circonstances de l'infraction présumée, notamment la probabilité de la condamnation du prévenu; et enfin, il s'agit d'établir le fait que le prévenu n'a pas répondu à une convocation du tribunal.
Le défi auquel le secrétaire parlementaire a fait allusion est celui de l'obtention de l'information. J'apprécie l'idée que mon collègue de a soulevée, à savoir que cette information est facilement accessible. Cependant, ce n'est malheureusement pas ce que nous avons entendu de l'Association canadienne des chefs de police dans le témoignage
David Truax, surintendant détective à la Police provinciale de l’Ontario et membre de l'Association canadienne des chefs de police, a dit au comité sénatorial qu'il appuyait effectivement le projet de loi, mais qu'en même temps, il avait des préoccupations par rapport au fardeau placé sur le système judiciaire et les corps de police pour envoyer de l'information, ce qui peut être plus facile pour certaines instances. Toutefois, il faut aussi considérer les instances de différentes compétences provinciales, d'une province à une autre, par exemple, car il y a clairement des lacunes dans la documentation disponible en ce moment auprès du CIPC.
Quand on examine ce mécanisme, on constate qu'il faut se poser une question: met-on en péril la sécurité publique en créant une situation telle où le fardeau, sur le système judiciaire, peut entraîner un ajournement des procédures et causer la remise en liberté d'un accusé qui, même avant l'adoption d'un tel projet de loi, aurait été détenu? Ne vient-on pas un peu nuire aux objectifs mêmes du projet de loi? C'est une question qu'on doit se poser, et on aimerait la creuser davantage pendant les témoignages au comité.
[Traduction]
Je veux aussi mentionner un problème majeur qui touche les procédures judiciaires et le système de justice pénale au Canada. Je parle de la surreprésentation de certains groupes dans les pénitenciers fédéraux canadiens, et plus particulièrement des Autochtones. Nous savons qu'il s'agit d'un problème très grave. Nous en discutons régulièrement au comité de la sécurité publique.
Je soulève ce point parce que le sénateur Sinclair l'a abordé durant le débat sur ce projet de loi. Il a affirmé que, même s'il croyait que le projet de loi était sensé compte tenu du meurtre tragique de l’agent Wynn, nous devrions nous demander s'il aurait des conséquences néfastes pour les délinquants moins dangereux qui ne devraient pas nécessairement être gardés en détention.
Est-ce que cela va perpétuer le problème de la surreprésentation dans les pénitenciers canadiens de certains groupes, plus particulièrement les Autochtones? C'est certes une question que nous devons nous poser et que nous espérons soulever au comité afin de mieux comprendre les répercussions.
[Français]
Une question importante se pose quand on parle de mieux comprendre les répercussions. C'est facile de tirer la conclusion qu'un tel projet de loi aurait empêché ou prévenu la tragédie qui a eu lieu dans le cas du gendarme Wynn. Le défi auquel nous faisons face est celui de prendre des décisions politiques en fonction des faits et des données disponibles. Dans ce cas précis, cela peut être une réponse facile, mais pour les autres cas, cela devient plus corsé, parce que nous n'avons pas de statistiques disponibles sur la question de la détention sous garde et sur le taux de crimes commis par les gens qui ne sont pas gardés en détention sous garde.
J'ai un exemple intéressant. J'ai lu un rapport qui, certes, est américain, mais il est néanmoins intéressant dans le cadre du débat actuel.
[Traduction]
Il s'intitule « Assessing Pretrial Risk without a Defendant Interview ».
[Français]
Le rapport a été publié par la Laura and John Arnold Foundation. J'aimerais lire une citation prise dans ce rapport et que je trouve particulièrement intéressante.
[Traduction]
Je cite: « Même si le recours à des évaluations des risques avant le procès a augmenté au cours des dernières années, le pourcentage d'États [américains] s'en servant demeure faible, et on estime qu'il ne dépasse pas les 10 %. » C'est en partie parce qu'elles sont coûteuses et prennent beaucoup de temps.
[Français]
Encore une fois, c'est un exemple américain, mais il s'applique ici au Canada. Quand on lit ce rapport, on constate que le défi est de pouvoir mesurer le taux de criminalité ou les crimes commis par les accusés qui sont remis en liberté à la suite de telles procédures. Encore là, je n'ai pas la réponse. C'est une question que nous nous posons et à laquelle nous aimerions trouver une réponse en comité.
[Traduction]
En ce qui concerne le meurtre de l'agent Wynn, je ne peux que me l'imaginer. Je n'ai pas encore d'enfant. J'aimerais un jour en avoir. C'est déchirant et ahurissant de s'imaginer ce que la famille de l'agent Wynn a vécu et de savoir que ce meurtre aurait pu être évité.
Comme ce genre de crime pourrait être évité, nous croyons qu'il est important de faire preuve de la diligence voulue et d'appuyer le projet de loi à l'étape de la deuxième lecture, de le renvoyer au comité et de l'examiner en tenant compte du fait que nous avons certaines préoccupations. J'ai soulevé certaines d'entre elles au cours de mon intervention, et le secrétaire parlementaire en a soulevé d'autres. Nous devons poser ces questions et veiller à ce que, une fois le processus législatif terminé, nous ayons l'assurance que nous n'avons pas laissé passer une occasion d'éviter ce genre de tragédie. Nous devons veiller à ce que le projet de loi soit étudié adéquatement.
:
Madame la Présidente, c'est un honneur d'intervenir à la Chambre au sujet du projet de loi . Ce projet de loi obligerait les procureurs à présenter tous les faits concernant des déclarations de culpabilité antérieures, les accusations actuelles et les défauts de comparution. Au titre de la loi actuelle, les procureurs ne sont pas tenus de divulguer de tels éléments de preuve.
Les députés ont entendu mon collègue parler des préoccupations soulevées lorsqu'un agent de la GRC âgé de 42 ans, David Wynn, a été tué par un criminel endurci à St. Albert, en Alberta, en janvier 2015. L'agent Wynn a lutté pendant quatre jours pour survivre, mais il a succombé à ses blessures dans un hôpital d'Edmonton, laissant son épouse et ses trois fils tenter de trouver un sens à un acte insensé.
Les antécédents du criminel s'étendaient sur deux décennies. Il avait commis plus de 100 infractions, la première remontant à 1994. Il importe de souligner que ce criminel avait omis de comparaître devant un tribunal après que trois mandats distincts aient été émis pour son arrestation en 2014. Comment se fait-il qu'un homme qui avait été déclaré coupable de toutes sortes d'infraction, dont introduction par effraction, vol, fuite devant un policier, infraction grave pouvant mener à la détention, voies de fait, évasion et contrainte, sous la menace d'une arme, d'une personne afin que celle-ci vide son compte en banque, n'était pas en détention?
Le projet de loi nous permettrait d’empêcher les délinquants à risque élevé de commettre de nouveaux actes criminels en attendant leur procès. Les procureurs seraient tenus de prouver que l’accusé a déjà été déclaré coupable d’une infraction criminelle ou qu’il est déjà en instance de procès pour une autre infraction criminelle.
Quant à la Couronne, elle serait obligée de prouver que le prévenu n’a pas répondu à une convocation du tribunal à une ou plusieurs occasions et d’exposer les circonstances de l’infraction ou des infractions présumées. Cela relèverait d’une obligation légale de fournir des preuves. La Couronne serait tenue de le faire. La détention avant le procès serait déjà établie, ce qui rendrait les requêtes d’habeas corpus improbables. Le projet de loi vise la détention des délinquants à risque élevé attendant leur procès.
Les conservateurs ont toujours fait passer la sécurité des Canadiens avant tout, dans le respect des droits des victimes et de leur famille respective. Le projet de loi garantirait la protection de ces droits.
En 2014, le gouvernement conservateur précédent a marqué l’histoire en édictant la Charte canadienne des droits des victimes, qui enchâssait pour la première fois les droits des victimes dans une loi fédérale. Ce projet de loi-ci sera complémentaire à la Charte canadienne des droits des victimes.
J'aimerais parler d'une affaire qui a ébranlé tout le monde à Fort Erie, dans ma circonscription, Niagara Falls — à Niagara-on-the-Lake et à Fort Erie. Il s'agit de l'histoire de Blake Nicholls, un homme d'affaires retraité de 81 ans qui était aussi un de mes amis. M. Nicholls a été assassiné par un criminel endurci qui avait déjà 50 condamnations à son casier, y compris pour des incendies criminels, des cambriolages et des vols à main armée. Ce criminel était d'ailleurs recherché à l'extérieur de la province sous accusation d'avoir attaqué sa petite amie de l'époque avec un marteau.
L'homme qui a tué mon ami M. Nicholls à coups de marteau a agi par vengeance injustifiée. Il est devenu fou de rage lorsqu'il a appris que M. Nicholls avait averti une voisine de se tenir loin de lui. Il a alors attaqué M. Nicholls avec un marteau, lui assénant 16 coups. Le criminel a ensuite saccagé la maison de M. Nicholls tandis que ce dernier gisait par terre, mort, dans le salon. Le criminel n'a manifesté aucun remords. Il n'a pas non plus montré le moindre regret. Blake Nicholls avait tout simplement voulu être un bon voisin, comme il l'avait été toute sa vie. En plus de pleurer sa perte, ses trois enfants et six petits enfants devront vivre toute leur vie avec le traumatisme de savoir qu'un de leurs êtres chers a perdu la vie d'une façon aussi brutale et inhumaine.
Si ce projet de loi avait été en vigueur, l'agent Wynn et Blake Nicholls seraient peut-être toujours parmi nous. En tant que parlementaires, nous avons le devoir solennel de mettre au point et d'adopter des lois qui protégeront les Canadiens. Il est évident qu'une détention sous garde était justifiée dans ces deux cas. Pourtant, ces criminels endurcis, qui ensemble se partageaient 150 condamnations, n'étaient pas incarcérés. Ils étaient libres de poursuivre leurs affaires criminelles respectives.
Si les condamnations antérieures étaient divulguées lors des enquêtes sur le cautionnement, les juges et les juges de paix disposeraient ainsi des outils dont ils ont besoin pour accroître la sécurité publique. Il convient également de mentionner que le projet de loi n'apporterait pas d'énormes modifications au Code criminel. Il aiderait la magistrature au pays à prendre de bonnes décisions fondées sur des éléments de preuve complets et il ne porterait nullement atteinte au pouvoir discrétionnaire des juges d'accorder la libération sous caution.
Le projet de loi fait primer les droits des victimes. Le Parti conservateur a toujours donné la priorité aux droits des victimes et il jouit de l'appui sans réserve de la veuve de l'agent Wynn, Shelley Wynn. D'ailleurs, c'est Mme Wynn qui a aidé à mettre en branle le projet de loi, qui est conforme à la Déclaration canadienne des droits adoptée par le gouvernement précédent.
Les Canadiens s'attendent à ce que nous nous acquittions de notre devoir en tant que législateurs, qui consiste à faire en sorte que les lois du pays protègent pleinement les citoyens. La famille Wynn et la famille Nicholls comptent là-dessus. La Chambre a l'obligation d'appuyer ce projet de loi.
:
Madame la Présidente, c’est avec plaisir que je me joins au débat sur le projet de loi , que j’appuierai.
Il est question aujourd'hui d’un incident survenu à St. Albert, en Alberta. La nouvelle a fait le tour de la circonscription, et on en a aussi parlé à Calgary. D’une ville à l’autre, personne ne veut voir des agents de police mourir dans l’exercice de leurs fonctions, alors qu’ils servent leur collectivité. Pour moi, c’est logique. Cette modification aurait sauvé la vie de David Wynn. Elle aurait également permis d’éviter les blessures qu’a subies l’agent auxiliaire. Les antécédents judiciaires de l’agresseur, M. Rehn, auraient dû suffire pour qu’on lui refuse la libération sous caution, qui devrait être beaucoup plus difficile à obtenir pour les récidivistes.
Comme l’ont dit le sénateur Runciman et mon collègue de , le point essentiel de ce projet de loi figure à l’article 2, selon lequel le « poursuivant présente » au lieu de « peut présenter ». Ce changement fera une énorme différence lors des enquêtes sur cautionnement et il évitera que se répète l’expérience qu’a vécue la famille de l’agent Wynn. Aucune famille ne devrait avoir à subir une telle épreuve.
À ce sujet, j’aimerais vous citer un proverbe yiddish, qui dit: « La rivalité des savants augmente la science ». Après avoir entendu les déclarations du et les raisons pour lesquelles le gouvernement n’appuiera pas le projet de loi, je ne crois toutefois pas que le débat se soit élevé à ce niveau.
Dans cette histoire, un agent a été tué par balle dans l’exercice de ses fonctions. L’agent auxiliaire Derek Bond a été blessé par balle. N’oublions pas que ces deux personnes servaient leur collectivité. L’une a été tuée et l’autre, blessée, a dû subir une longue hospitalisation avant de pouvoir reprendre le travail.
Shawn Rehn était l'individu impliqué dans cette affaire. J'ai consulté les rapports du gouvernement de l'Alberta qui portent là-dessus. Entre 1994 et 2014, Rehn a été accusé de 206 infractions. Les accusations suivantes arrivaient en tête de liste: 103 infractions contre les biens; 13 infractions avec violence; 24 infractions liées aux armes à feu; 46 infractions liées à des manquements à des conditions; 6 infractions au code de la route; 7 infractions liées à la drogue; et 7 infractions contre l'administration de la justice. Les antécédents de Rehn en matière de condamnations sont assez spectaculaires pour un criminel de carrière: il a été reconnu coupable de 66 infractions, dont 3 infractions contre l'administration de la justice, 41 infractions contre les biens, et j'en passe. Il faisait l'objet de 27 accusations en instance lorsqu'il a été libéré sous caution, la caution ayant alors été fixée à 4 500 $. En raison de cette situation, il n'aurait pas dû être remis en liberté. Il était aussi recherché en vertu de mandats d'arrestation non exécutés et, pourtant, il a été libéré sous caution.
Les modifications proposées dans le projet de loi , qui ont été examinées et adoptées par le Sénat et qui ont été présentées à la Chambre, empêcherait qu'une situation semblable puisse se reproduire à l'avenir.
La fusillade a soulevé des questions au sujet de la procédure provinciale de cautionnement, car l'audience a été tenue sans qu'un avocat de la Couronne soit présent pour représenter le responsable de la poursuite, ce qui est très courant en Alberta. C'est une pratique normale là-bas.
Il a été question de certaines études menées en Alberta et de recommandations formulées par différentes provinces. Je vais surtout parler de la façon de procéder en Alberta, puisque ce projet de loi aurait une incidence considérable sur l'administration de la justice en Alberta.
Le rapport sur Shawn Rehn, intitulé « A review of the involvement of the Alberta Crown Prosecution Service », a été rédigé par Kimberly Armstrong, sous-procureure générale et sous-ministre intérimaire, juge de l'Alberta et solliciteure générale provinciale. Il ne porte pas sur des questions d'ordre fédéral, puisque ce n'était pas le domaine d'intérêt. L'accent a été mis sur ce que la province pouvait contrôler. Par conséquent, le rapport portait uniquement sur les recommandations en matière d'administration provinciale du système judiciaire.
Nous établissons le Code criminel à la Chambre, et celui-ci est adopté par le Sénat, puis approuvé par le gouverneur général. Nous établissons les dispositions du Code criminel, et les provinces sont chargées d'administrer la justice.
À la page 14, le rapport en question porte sur les recommandations, qui sont toutes d'ordre provincial. La page 1 du rapport dit ceci: « Cet examen porte uniquement sur les rapports que le service des poursuites de l'Alberta a eus avec [M.] Rehn; il ne tient pas compte de ses rapports avec d'autres organismes ou intervenants du système de justice pénale. » Il devrait être absolument évident pour le gouvernement qu'il s'agit d'un rapport. Il ne peut pas renvoyer à ce rapport et dire qu'il n'a pas recommandé de changements à l'article 515 ou 518 du Code criminel. Ce n'était pas l'intention de l'auteur du rapport. Le rapport ne visait pas à proposer au gouvernement fédéral ou à des partis politiques des modifications à des dispositions du Code criminel. Le rapport portait strictement sur les mesures qui pourraient être prises pour empêcher qu'une tragédie semblable puisse se reproduire un jour.
Je tiens à remercier le député de de sa contribution au débat et d'avoir présenté ce projet de loi à la Chambre.
Je ne veux pas revenir sur les points que le député a traités ni sur ce que le sénateur Runciman aurait dit.
L'article 2 du projet de loi est la clé. Le terme « peut présenter » sera remplacé par « présente ». Cette simple modification aurait pu sauver la vie de l'agent Wynn. Elle aurait pu éviter que l'agent auxiliaire Derek Bond soit blessé. Tout l'incident aurait pu être évité, et M. Rehn se serait retrouvé là où il se doit, c'est-à-dire en prison. Il n'aurait pas dû être en liberté dans la collectivité. Il n'aurait pas dû être en liberté à St. Albert. Il n'aurait pas dû être en liberté dans le stationnement d'un casino. Il aurait dû être en prison.
Le projet de loi ferait en sorte que tous les antécédents criminels d'une personne accusée doivent être divulgués au juge lors d'une audience sur le cautionnement. J'ai entendu les députés soulever des préoccupations quant à l'administration de la justice et au fait que procéder ainsi pourrait donner lieu à des complications, que cela pourrait ralentir le processus d'enquête sur le cautionnement.
Je ne suis pas membre du Barreau. Je ne suis pas avocat, et je le dis avec fierté et gratitude. Je connais cependant l'administration de systèmes technologiques pour une association professionnelle. En Alberta, j'ai été registraire pour une association du domaine des ressources humaines qui comptait 6 000 membres. Il nous arrivait de tenir des audiences disciplinaires. Il ne s'agissait pas d'audiences ni d'enquêtes par des avocats, loin de là. Ce sont des professionnels des ressources humaines qui examinent les gestes posés par nos membres. À l'époque, ces professionnels possédaient le titre de conseiller en ressources humaines agréé.
Comme le député de l'a indiqué, les craintes qui peuvent exister concernant les remises en liberté sous caution ne tiennent pas compte du fait que ces renseignements sont faciles à obtenir dans les systèmes d'information. Mon collègue de , un ex-policier, a signalé qu'il est très facile d'avoir accès à ces renseignements d'un simple clic. La question n'est pas de savoir si les renseignements sont accessibles, mais bien si on a les moyens de les obtenir, si on peut y accéder et avec quelle rapidité on peut le faire. C'est très simple s'il y a un ordinateur dans la salle d'audience. C'est une question de technologie. En vertu du droit pénal, l'accès aux renseignements voulus n'est pas un problème. Il s'agit simplement d'une question de technologie.
Je n'aime pas vraiment l'argumentation du gouvernement selon laquelle cela pourrait ralentir le processus et compliquer les choses et que nous devrions donc l'éviter. Je suggérerais que nous modernisions nos systèmes et notre façon d'administrer le système judiciaire pour pouvoir répondre aux exigences du Code criminel. Si nous voulons modifier le Code criminel pour que ce genre de tragédies ne se reproduisent pas et que des personnes comme l'agent Wynn ne perdent pas la vie dans l'exercice de leurs fonctions par la faute de quelqu'un qui n'aurait pas dû se promener librement et n'aurait pas dû être remis en liberté sous caution, pourquoi alors ne pas investir davantage dans des moyens technologiques?
Le gouvernement de l'Alberta admet que cela coûterait plus cher. Il y a un coût à cela. Il faudrait dépenser, selon lui, quelques millions de dollars pour que les centres de détention provisoire puissent mettre leurs systèmes à niveau. N'est-ce pas de l'argent bien dépensé, toutefois, pour éviter la mort d'un policier dans l'exercice de ses fonctions et épargner la douleur que cette mort occasionne à sa famille? Je le crois. Quand on pense à l'argent que la Chambre dépense chaque semaine, aux dépenses de 30 milliards de dollars que nous votons ici et au déficit de 10 milliards de dollars accumulé par le gouvernement de l'Alberta, quelques millions de dollars pour que les centres de détention provisoire aient des systèmes informatiques modernes et disponibles pour les audiences de libération sous caution est un prix minime à payer, il me semble.
Je voudrais signaler également un autre rapport, intitulé « Alberta Bail Review: Endorsing a Call for Change », produit le 29 février 2016 par Nancy Irving. C'est un document assez volumineux, qui fait presque un demi-pouce d'épaisseur et qui brosse un tableau assez complet du système de libération sous caution en Alberta. Il fait le tour de la question, de manière exhaustive, et contient 31 recommandations qui traitent uniquement des questions de compétence provinciale. Mon collègue du NPD qui déplorait l'absence de statistiques sera heureux d'en trouver dans ce rapport, qui fait le bilan du nombre d'audiences de remise en liberté sous caution de l'année 2014-2015 et de leur déroulement.
Le même rapport indique que la vaste majorité des premières demandes de remise en liberté sous caution sont entendues par des juges de paix dans deux bureaux où est centralisé le traitement de ces demandes. C'est la police qui représente la Couronne. L'auteure du rapport précise qu'elle s'est penchée en particulier sur l'article 524 du Code criminel, qui régit la révocation de la liberté sous caution lorsqu'il est allégué qu'une personne a violé les conditions de sa remise en liberté. Le rapport ne porte pas sur les articles 515 et 518, qui font l'objet du projet de loi sénatorial . L'auteure s'est intéressée uniquement à l'administration des dispositions actuelles du Code criminel.
Nous avons l'occasion maintenant de changer ces dispositions, afin d'indiquer aux provinces qu'elles doivent changer leur façon d'administrer le système judiciaire de manière à ce que nous puissions éviter un événement malheureux comme le décès de l'agent Wynn. Nous ne voulons plus que des policiers meurent dans l'exercice de leurs fonctions.
La dernière comparution de Rehn devant un juge soulève des interrogations quant à l'exactitude de l'information fournie aux personnes qui, en Alberta, président les audiences de remise en liberté sous caution et à celles qui y participent. Les 31 recommandations du rapport portent là-dessus, et le gouvernement de l'Alberta s'efforce de les mettre en oeuvre.
Je vais appuyer le projet de loi. C'est un excellent projet de loi. J'invite tous les députés à faire de même.
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Je vous remercie, madame le Présidente. J'ignorais que cette expression était non parlementaire. Il me semble qu'il y a d'autres expressions encore bien pires qui me viennent en tête et que j'aimerais utiliser, mais disons-le comme ceci: « que fichait-il dans les rues? »
Ce tueur avait été arrêté plusieurs mois plus tôt parce qu'il était accusé d'un certain nombre d'infractions, dont possession d'une arme prohibée. Un mandat d'arrêt avait aussi été délivré contre lui l'année précédente parce qu'il n'avait pas répondu à une convocation du tribunal. Il a malgré tout été mis en liberté sous caution — une bagatelle, à peine 4 500 $. Comment est-ce possible? Comment se fait-il qu'on n'ait pas invoqué l'une des nombreuses dispositions figurant déjà dans la loi pour le mettre en détention sous garde et l'obliger à se présenter devant le tribunal, bref pour assurer la sécurité publique et maintenir la confiance dans l'appareil judiciaire?
C'est évidemment plus facile à dire après coup. Le tribunal n'a jamais rien su de son imposant casier judiciaire, du profond mépris qu'il a toujours affiché pour les tribunaux, du fait qu'il avait déjà omis de répondre à une convocation du tribunal ou de se conformer à une ordonnance, et j'en passe.
Nous voici donc aujourd'hui à vouloir corriger le Code criminel et à nous étonner que le gouvernement libéral y oppose une fin de non-recevoir.
L'article 515 du Code criminel définit les règles régissant ce qu'au Canada, on appelle la mise en liberté sous caution, même si le nom officiel est « mise en liberté provisoire par voie judiciaire ». Le paragraphe 515(10), quant à lui, dresse la liste des motifs pour lesquels un prévenu devrait être détenu sous garde. Il y est aussi question des mesures à prendre pour assurer sa présence au tribunal, protéger la sécurité du public ou ne pas miner la confiance du public envers l'administration de la justice.
Quand un juge doit déterminer si un prévenu doit demeurer ou pas derrière les barreaux, on serait tenté de croire, si ledit prévenu a déjà omis de répondre à une convocation du tribunal, que cela entrerait en ligne de compte, non? Peut-on faire confiance au prévenu? Doit-il répondre d'autres accusations au même moment, sans nécessairement avoir été reconnu coupable de quoi que ce soit? C'est difficile à croire, mais actuellement, la loi n'oblige pas les juges à être mis au courant de ce genre de choses. Cela dépasse l'entendement.
L'article 1 du projet de loi corrigerait cette aberration. L'objectif, ici, est de maintenir la confiance du public envers l'administration de la justice, plus précisément...