La Chambre reprend l'étude du projet de loi , dont le comité a fait rapport avec des propositions d'amendement, ainsi que du groupe de motions no 1.
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Monsieur le Président, j'ai le plaisir aujourd'hui d'appuyer le projet de loi . Le projet de loi créerait le Comité des parlementaires sur la sécurité nationale et le renseignement. Je tiens d'abord à remercier les membres du Comité permanent de la sécurité publique et nationale de leur travail acharné sur ce dossier et, d'après ce que j'ai compris, de leur excellente discussion en comité.
Le gouvernement s'est engagé à protéger à la fois la sécurité nationale et les droits et libertés des Canadiens. En formant le Comité des parlementaires sur la sécurité nationale et le renseignement, le gouvernement remplit la promesse qu'il a faite aux Canadiens en 2015. Le rôle du Comité consistera à veiller à ce que le cadre de la sécurité nationale permette véritablement d'assurer la sécurité des Canadiens tout en protégeant leurs droits et libertés.
Il y a 17 mois, les Canadiens ont élu le gouvernement afin qu'il apporte un véritable changement dans la société canadienne. Le projet de loi fait partie de notre plan en vue de remédier au manque de confiance du public canadien dans les agences du renseignement qui les protègent. Or, restaurer la confiance du public n'est pas une mince affaire. Cela requiert un retour à l'essentiel en matière de service public. Il n'est pas nécessaire de chercher bien loin pour trouver ces principes fondamentaux. Ils sont inscrits dans notre Constitution, qui a maintenant 150 ans. L'expression « la paix, l'ordre et le bon gouvernement » est devenue le symbole des principes constitutionnels canadiens. Ces mots sont toujours valables aujourd'hui et sont en fait essentiels au mandat de ce nouveau comité.
La paix est une valeur canadienne reconnue universellement. Le comité participerait à la surveillance de nos organismes militaires et du renseignement. Les Canadiens procurent à leurs agences de sécurité les outils dont ils ont besoin pour faire du Canada un lieu sûr et maintenir la paix et la sécurité publique, mais il faut aussi des mesures pour s'assurer qu'on n'abuse pas de ces outils. Voilà pourquoi le comité aura un large mandat pangouvernemental, plus large, en fait, que celui de tout autre pays partenaire du Groupe des cinq. Cela permettra aux membres du comité d'examiner toute question liée à la sécurité nationale dans tous les ministères et organismes gouvernementaux et, si la sécurité le permet, de présenter leurs constatations à la Chambre. Donner aux citoyens l'assurance du respect de leur vie privée est une difficulté qui persiste pour les démocraties du monde entier. Cette prochaine étape aiderait à fournir la transparence pour laquelle les Canadiens ont voté avec une majorité écrasante en 2015.
La notion d'« ordre », le deuxième élément fondamental de notre Constitution, est un élément essentiel du projet de loi. Chaque démocratie s'efforce de trouver un juste équilibre entre la sécurité collective et la liberté individuelle. Les députés et les sénateurs siégeant au comité auront accès à des renseignements classifiés et se verront confier le mandat d'examiner la portée complète du Cadre de sécurité nationale du Canada dans l'ensemble du gouvernement fédéral. Tous les pays faisant partie du Groupe des cinq disposent d'un tel comité, et la vaste portée du mandat du comité fera de celui-ci un organisme plus fort, comme je l'ai mentionné plus tôt.
Là aussi, le gouvernement a su établir un équilibre raisonnable entre la paix et l'ordre. Les députés et les sénateurs siégeant au comité auront accès à des renseignements classifiés et auront le mandat d'examiner la portée complète du Cadre de sécurité nationale du Canada .
Cependant, le projet de loi comporte des dispositions limitant l'accès à certains renseignements, notamment ceux sur les opérations militaires en cours, les documents confidentiels du Cabinet, ainsi que les renseignements relatifs aux enquêtes policières en cours. Cet équilibre garantit la sécurité des renseignements classifiés et l'efficacité opérationnelle du ministère de la Défense nationale, du SCRS et de la GRC, tout en offrant aux députés et aux sénateurs un pouvoir de surveillance, qui leur permettra de protéger adéquatement les garanties offertes par la Charte des droits et libertés.
La notion de « bon gouvernement » est la dernière valeur comprise dans la locution, et elle est le mieux représentée par la collaboration entre les députés et les sénateurs dans l'intérêt de notre pays. Les amendements du gouvernement prévoient que le comité sera composé d'un nombre maximal de 11 membres, dont huit députés et trois sénateurs. Jusqu'à cinq députés pourront venir du parti au pouvoir.
Le projet de loi est un élément essentiel de notre stratégie en matière de sécurité nationale. Il repose sur certaines des mesures énoncées dans notre plateforme, ainsi que sur les résultats des consultations menées auprès des Canadiens afin de déterminer les autres mesures nécessaires.
Il est vital de rétablir la confiance de la population dans les organismes de sécurité du Canada. Le projet de loi à l'étude est loin d'être la seule mesure que le gouvernement prendra pour atteindre cet objectif. En effet, le examine actuellement le projet de loi afin de procéder à des réformes grandement nécessaires.
L'histoire nous permet de tirer bien des leçons; la plus importante étant peut-être le rôle du gouvernement dans la société. Le gouvernement est un instrument du bien, qui rassemble les gens et les aide à poursuivre un but commun. À titre de députés, nous ne devons pas oublier cette simple vérité. Nous sommes chargés de protéger les droits des électeurs que nous représentons, ainsi que ceux des générations futures. Nous ne pouvons pas devenir complaisants, et nous laisser berner par un faux sentiment de sécurité et de fausses suppositions. C'est pourquoi le projet de loi recommande, entre autres, que les dirigeants canadiens fassent preuve d'une vigilance constante afin de préserver nos libertés.
L'été dernier, lors de son discours à la Chambre, l'ancien président des États-Unis, M. Obama, a souligné la nécessité d'une telle vigilance. Il a cité les propos du regretté premier ministre Pierre Trudeau, qui avait dit qu'« on ne bâtit pas un pays comme les pharaons bâtissaient leurs pyramides pour les laisser en place à défier l'éternité. Un pays se bâtit chaque jour [...] ».
Si nous voulons continuer à faire du Canada un monument dans le monde, nous devons prendre ces paroles à coeur.
En terminant, j'exhorte mes collègues à appuyer le projet de loi , qui est une mesure législative exhaustive et complète. Il fournirait aux députés les ressources dont ils ont besoin pour exercer une diligence raisonnable. Je prie mes collègues d'appuyer ce projet de loi sensé visant à promouvoir la responsabilité gouvernementale.
Je suis prêt à répondre à toute question.
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Monsieur le Président, je suis heureux de prendre la parole aujourd'hui au sujet du projet de loi , Loi constituant le Comité des parlementaires sur la sécurité nationale et le renseignement et modifiant certaines lois en conséquence, ou, ce qui pour moi est une autre mauvaise mesure législative visant à camoufler une promesse électorale que les libéraux ont faite sans vraiment y réfléchir.
Il y a quelques éléments que je tiens à aborder au sujet du projet de loi, comme je l'ai mentionné notamment: l'utilisation d'une mauvaise mesure législative visant à camoufler de mauvaises promesses électorales, le problème que pose la création d'une loi reposant sur une confiance aveugle envers le gouvernement, la redondance de certaines mesures législatives et les commentaires des intervenants à l'égard du projet de loi.
Tout a commencé par une allocution électorale qui a fini en programme électoral mal formulé: comment concilier l'appui du pour le projet de loi lorsqu'il était chef du troisième parti avec sa propension actuelle à s'opposer à tout ce que l'ancien gouvernement a accompli? Mon collègue de l'a très bien dit en affirmant que « le diable n'est pas seulement dans les détails, il est également dans le fait qu'on ne respecte pas la promesse faite aux électeurs ».
Le projet de loi à l'étude aujourd'hui n'est qu'une autre piètre tentative pour donner l'impression qu'on remplit une promesse électorale populaire sur le plan politique, mais difficilement réalisable sur le plan opérationnel. Il accorde au gouvernement un grand pouvoir discrétionnaire concernant les discussions liées au renseignement et à la sécurité nationale, avec une surveillance « étroite » par le Cabinet du premier ministre, mais pas par le Parlement. On dit aux députés de faire confiance aux libéraux, que ces derniers régleront les détails plus tard. Notre expérience nous a appris qu'il ne faut pas leur accorder notre confiance si facilement. Ils trouvent des façons de briser et de contourner les règles.
Par conséquent, nous utilisons les mécanismes de la Chambre afin de demander des comptes au gouvernement libéral et de nous assurer que la population canadienne est au courant de ce qu'il fait. Le projet de loi établirait un comité avec un grand pouvoir de surveillance, une forte influence libérale et une obligation de divulgation publique qui serait à la discrétion du Cabinet du premier ministre. Le fonctionnement de ce régime serait fondé sur une confiance aveugle à l'égard du gouvernement au pouvoir. Cependant, nous savons qu'un régime démocratique de gouvernement qui est solide et sûr garantira notre sécurité et notre liberté, peu importe le gouvernement au pouvoir. Le projet de loi C-22, qui demande aux Canadiens de faire aveuglément confiance aux libéraux, n'offre pas ce genre de garantie.
Abus de ses privilèges, manquements à l'éthique et refus d'assumer la responsabilité des erreurs commises: le bilan du gouvernement est déjà lourd. Le gouvernement est également bien connu pour son attitude méprisante envers l'opposition lorsque celle-ci s'oppose à des mesures législatives boiteuses. Il m'est tout à fait impossible de lui faire confiance pour qu'il agisse dans l'intérêt fondamental des Canadiens. Le projet de loi ne fournit tout simplement pas les mécanismes raisonnables et valables nécessaires à une surveillance parlementaire.
Voyons ce que dit le projet de loi. Le comité spécial est nommé par le Cabinet du premier ministre, dont il relève aussi. Il devrait plutôt, il me semble, être nommé par le Parlement et relever de lui. Le a promis, pendant la campagne électorale, que son cabinet prendrait moins de place, mais il n'a jamais joint le geste à la parole. En janvier, sans même discuter avec les autres partis, il a nommé le président du comité, alors que le projet de loi n'existait même pas encore. Il a refusé de consulter les partis de l'opposition, même si mon parti et le NPD avaient dit publiquement qu'ils souhaitaient discuter de cet important sujet. Nous étions là, prêts à discuter, mais les libéraux nous ont posé un lapin.
Ce comité n'a pas pour but de favoriser la transparence des services de sécurité ou de vérifier qu'ils agissent de manière transparente, ils le font déjà dans les limites de ce que leur permet leur mandat, qui est de protéger le Canada et ses intérêts. Il s'agit plutôt d'une mesure prise à la va-vite de la part des libéraux, qui voulaient se faire pardonner par le population d'avoir voté pour le projet de loi . Le projet de loi fournira au Cabinet du un moyen détourné de contrôler le fonctionnement des services de sécurité du pays et de politiser des institutions qui devraient toujours être imperméables aux considérations politiques. Si le projet de loi avait réussi à équilibrer la surveillance exercée par les parlementaires et celle exercée par le comité tout en contribuant à la sécurité nationale, les conservateurs l'auraient peut-être appuyé, mais dans sa forme actuelle, il ne sert à absolument rien.
La surveillance de chaque ministère ou organisme fait déjà partie du mandat des organismes de surveillance, y compris le Bureau du commissaire du Centre de la sécurité des télécommunications, la Commission civile d'examen et de traitement des plaintes relatives à la Gendarmerie royale du Canada, le Comité externe d'examen de la GRC, le Bureau de l'ombudsman de la Défense nationale et des Forces canadiennes et le Comité de surveillance des activités de renseignement de sécurité. Les organismes de surveillance doivent notamment présenter des rapports annuels au Parlement.
Examinons le processus de nomination du comité. Voici ce que dit le paragraphe 4(2) du projet de loi:
Le Comité est composé, au plus, de deux sénateurs et de sept députés, dont au plus quatre des députés sont des membres du parti gouvernemental.
Il y a deux membres provenant du Sénat et sept membres provenant de la Chambre, dont au plus quatre ministériels. Il pourrait donc y avoir quatre secrétaires parlementaires du gouvernement qui devraient avant tout rendre des comptes au ministre qu'ils représentent, deux sénateurs prétendument indépendants et trois députés de l'opposition.
J'ai entendu des députés ministériels dire qu'ils peuvent aller jusqu'à quatre, mais qu'ils ne seront pas nécessairement quatre. Soyons honnêtes ici. Personne ne s'attend à ce que le gouvernement nomme une majorité de députés de l'opposition et de sénateurs conservateurs.
Nous avons trop souvent vu que le et son bureau croient vraiment que leurs décisions unilatérales sont les meilleures pour les Canadiens. Ils dictent les questions du jour et ce qu'ils estiment être les solutions.
La a proposé des amendements pour que le paragraphe 4(2) dise: « Le Comité est composé, au plus, de trois sénateurs et de huit députés, dont au plus cinq des députés sont des membres du parti gouvernemental. »
Même à cela, nous pourrions avoir cinq députés ministériels, trois sénateurs soi-disant indépendants et trois députés de l'opposition. Nous aurions quand même une majorité libérale qui pourrait orienter unilatéralement nos organismes de renseignement et de sécurité.
Nous parlons constamment de l'importance de consulter les principaux intéressés à propos des mesures législatives envisagées. Je vais donc lire ce que certains ont dit au sujet du projet de loi . J'informe mes collègues d'avance que ce ne sont pas des éloges.
L'Association canadienne des libertés civiles a dit:
Nous sommes préoccupés par le fait que le gouvernement peut mettre fin à une enquête du comité ou refuser de fournir de l'information lorsqu'il juge que cela « porterait atteinte à la sécurité nationale ». Bien que nous admettons qu'il faut parfois faire preuve du plan grand secret, cette disposition nous inquiète particulièrement car ces décisions sont finales et non assujetties à un examen judiciaire ou tout autre mécanisme de résolution des différends. Nous sommes également préoccupés par le fait que le premier ministre peut modifier des rapports de comités (sans possibilité de savoir quelles modifications ont été apportées), ainsi que par les nombreuses catégories de renseignements auxquels le comité ne peut avoir accès. De plus, le choix du président du comité devrait incomber aux membres de ce comité, et non au premier ministre.
L'Association canadienne des libertés civiles semble généralement partager nos préoccupations. Le projet de loi accorderait au le contrôle de la majorité des pouvoirs discrétionnaires et des mécanismes de surveillance.
Je ne sais vraiment pas comment le gouvernement peut prétendre accroître la surveillance en augmentant le capacité discrétionnaire du Cabinet du premier ministre de censurer de l'information qui porterait atteinte à la sécurité nationale, mais qui pourrait dans les faits simplement porter atteinte au gouvernement libéral.
Le gouvernement semble vouloir cacher ce qui ne lui plaît pas. Il y a deux semaines à peine, les députés débattaient d'une motion demandant au gouvernement de divulguer les données caviardées du ministère des Finances concernant la taxe fédérale sur le carbone. Comme ces données seraient défavorables au gouvernement, celui-ci refuse de les divulguer et a donc défait la motion.
Le gouvernement a muselé à vie 100 fonctionnaires pour les empêcher de dire un mot sur la décision à caractère politique d'acheter des avions Super Hornet après s'être adressé à un seul fournisseur. Les témoins qui ont comparu devant le comité nous ont appris que le gouvernement ne s'était même pas donné la peine d'informer ces fonctionnaires de leurs droits en vertu de la Loi sur la protection des fonctionnaires divulgateurs d'actes répréhensibles, mais il n'a ménagé aucun effort afin de les museler à vie.
L'Association du Barreau canadien, qui me semble passablement apte à donner un avis éclairé sur les répercussions des lois, a affirmé ceci dans le cadre du débat sur le projet de loi :
Bien que nous ayons fait des suggestions et exprimé des objections concernant divers éléments du projet de loi, nous nous inquiétons beaucoup plus de l'article 16 que de n'importe quelle autre disposition. Cet article permettrait aux ministres et aux ministères ou organismes de refuser à leur guise de fournir de l'information en invoquant vaguement la sécurité nationale et en interprétant librement le concept de renseignement opérationnel spécial contenu dans la Loi sur la protection de l'information.
Récemment, le Comité permanent des opérations gouvernementales et des prévisions budgétaires a entendu des témoins lui expliquer que le gouvernement invoquait abondamment la sécurité nationale pour se soustraire aux règles sur les achats, par exemple lorsqu'il a remis des manteaux aux réfugiés syriens sous le couvert de la sécurité nationale. Pourtant, nous sommes censés faire confiance aux ministres et nous dire qu'ils ne chercheront pas à se soustraire comme bon leur semble au régime de communication de l'information prévu dans le projet de loi C-22.
Alors, tout va très bien et nous n'avons qu'à faire confiance au gouvernement libéral, qui agira toujours dans l'intérêt de tout le monde. Nous devrions avoir honte de douter de son prétendu engagement à faire preuve de transparence et d'honnêteté.
Je n'aime pas les projets de loi qui reposent sur la seule idée qu'il faut faire confiance au gouvernement pour bien agir. Nous avons été témoins de trop nombreux cas où le gouvernement a fui ses responsabilités pour faire des gains politiques, et ce projet de loi ne fera qu'encourager ce genre de comportement, sans améliorer pour la peine la surveillance du domaine de la sécurité nationale au Canada.
Par conséquent, en mon âme et conscience, il m'est impossible d'appuyer le projet de loi.
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Monsieur le Président, je prends la parole aujourd'hui au sujet de la deuxième lecture du projet de loi , Loi constituant le Comité des parlementaires sur la sécurité nationale et le renseignement.
L'objet du projet de loi C-22 est de rebâtir la confiance des Canadiens et de leur donner l'assurance que les organismes responsables de la sécurité nationale et du renseignement mènent leurs activités de façon responsable. Les députés peuvent et doivent jouer un rôle important dans l'examen de ces activités. Dans ce but, le gouvernement s'est engagé à adopter une approche qui protège les droits, les libertés et la sécurité de Canadiens.
Le projet de loi suscitait de sérieuses préoccupations chez beaucoup de gens. Aujourd'hui, l'analyse des consultations et une mesure législative améliorée montrent que nous sommes proactifs et justes dans notre engagement à l'égard de la sécurité nationale du Canada et de la protection des droits et des libertés des Canadiens; j'en suis ravie.
La démocratie et la liberté ne devraient jamais être tenues pour acquises. Protéger la démocratie et la liberté exige une vigilance constante. Le projet de loi C-22 représente un important pas en avant. Il empêche l'État de jouir de pouvoirs excessifs, principe dans lequel nombre de députés et moi croyons fermement.
Le projet de loi C-22 prévoit un cadre bien conçu et judicieux pour permettre au gouvernement de communiquer des renseignements hautement classifiés à certains députés de différents partis et à des sénateurs, pour que les activités associées à la sécurité nationale et au renseignement fassent l'objet d'un examen minutieux.
Je suis heureuse de poursuivre le débat sur cet important projet de loi, qui permettra de protéger tant la sécurité nationale que les droits et les libertés des Canadiens. Les amendements proposés par le gouvernement renforceront le projet de loi. En outre, le projet de loi et un amendement proposé par le comité permettront au comité sur la sécurité nationale et le renseignement d'examiner les activités de tout ministère ou organisme du gouvernement fédéral et, en raison d'un récent amendement, de toute société d'État qui exerce des activités liées à la sécurité nationale ou au renseignement. Il pourrait s'agir notamment du Service canadien du renseignement de sécurité, du Centre de la sécurité des télécommunications, de l'Agence des services frontaliers du Canada ou de la Gendarmerie royale du Canada.
Le Comité des parlementaires sur la sécurité nationale et le renseignement disposera d'un mandat pangouvernemental qui le distinguera des autres organismes de surveillance créés pour examiner les activités d'un organisme particulier, comme le Comité de surveillance des activités de renseignement de sécurité, le commissaire du Centre de la sécurité des télécommunications ou la Commission civile d'examen et de traitement des plaintes relatives à la GRC.
Pour garantir la transparence, le Comité des parlementaires sur la sécurité nationale et le renseignement présentera un rapport annuel faisant état de ses conclusions et de ses recommandations au Parlement. Il pourra également présenter à tout moment un rapport spécial s'il est d'avis que c'est nécessaire. Comme les rapports seront mis à la disposition du public, ils devront d'abord être soumis au premier ministre pour qu'il s'assure qu'ils ne contiennent pas de renseignements classifiés. Je tiens cependant à insister sur le fait que le premier ministre n'aura aucunement le pouvoir de modifier les conclusions ou les recommandations du comité.
Le projet de loi permettra également au comité de présenter aux ministres, à sa convenance, des rapports contenant des renseignements classifiés. Pour garantir la transparence des examens effectués, le comité sera tenu d'inclure un résumé des rapports spéciaux dans son rapport annuel.
Bien qu'il soit essentiel qu'un nombre accru de parlementaires examinent comment les agences fédérales s'acquittent de leurs responsabilités en matière de sécurité nationale, il faut définir des limites afin que les ministres demeurent pleinement responsables des activités de leur ministère et qu'ils en rendent compte.
Le secteur de la sécurité et du renseignement regroupe plusieurs ministères et agences. Chacun relève d'un ministre, et c'est lui qui est ultimement responsable de la conduite du ministère ou l'agence qu'il dirige. Le ministre doit rendre des comptes au Parlement et aux Canadiens sur la façon dont l'organisme sous sa gouverne veille à la sécurité des Canadiens, conformément à son mandat, tout en respectant les droits et libertés fondamentaux en vigueur au pays. Un ministre peut juger nécessaire de mettre fin à l'examen d'une opération de sécurité ou de renseignement, ou de ne pas divulguer des renseignements opérationnels sensibles, s'il est d'avis que l'examen ou la divulgation en question pourraient nuire à la sécurité nationale.
Je crois qu'un mécanisme de contrôle comme celui-là est pertinent puisque, dans certains cas, l'intégrité d'une opération en cours pourrait être en jeu. C'est pourquoi le gouvernement a proposé des amendements concernant l'accès aux renseignements. Ces amendements ne permettraient pas au ministre de prendre des décisions arbitraires au sujet de la divulgation ou de la non-divulgation de renseignements. Si le ministre souhaite ne pas divulguer certains renseignements, il devra s'en justifier au comité; si le comité n'est pas satisfait de la décision du ministre, il pourra faire rapport au Parlement. Le comité disposerait donc d'une plateforme légitime pour contester la décision du ministre, en public, au Parlement, devant tous les Canadiens.
Grâce au projet de loi C-22, le comité des parlementaires serait en mesure de demander des comptes au gouvernement. Le comité jouerait un rôle essentiel, puisqu'il s'assurerait que les ministres posent les gestes nécessaires afin de régler les problèmes et de combler les lacunes. De toute évidence, le projet de loi accorderait des pouvoirs considérables au comité des parlementaires sur la sécurité nationale et le renseignement. Il prévoit aussi la création d'un secrétariat qui aurait pour rôle de fournir au comité le soutien nécessaire.
En outre, il importe de souligner que le mandat et les pouvoirs du Comité des parlementaires sur la sécurité nationale et le renseignement ne pourront être modifiés qu'en apportant des modifications à la loi, c'est-à-dire par la volonté du Parlement. Par ailleurs, le projet de loi prévoit l'obligation de procéder à l'examen de toutes les dispositions de la loi et des activités qui en découlent après une période de cinq ans afin de vérifier qu'elle remplit bel et bien son objectif.
Avec le projet de loi , le gouvernement montre qu'il hausse les exigences en matière de transparence et de reddition de comptes dans les dossiers de sécurité nationale. Les Canadiens peuvent avoir l'assurance que le Parlement est en mesure de demander des comptes au gouvernement et qu'il le fera.
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Monsieur le Président, je suis heureuse de participer au débat sur le projet de loi , Loi sur le Comité des parlementaires sur la sécurité nationale et le renseignement.
J'ai déjà fait des observations sur le projet de loi à l'étape de la deuxième lecture. Malheureusement, on n'a pas tenu compte de mes préoccupations. Comme je l'ai souligné plus tôt, cette mesure législative prescrit la constitution d'un comité qui serait davantage un groupe de travail du Cabinet du premier ministre qu'un comité de surveillance parlementaire.
Le rôle principal du Parlement consiste à surveiller le gouvernement et l'exécutif. Malheureusement, le projet de loi aurait l'effet contraire. Ce seraient le gouvernement et l'exécutif qui surveilleraient les parlementaires. Le comité rendrait des comptes au , et non au Parlement. Le premier ministre pourrait censurer les rapports du comité. Les parlementaires ne seraient pas protégés par le privilège parlementaire lorsqu'ils travailleraient pour le comité. Le comité ne pourrait pas non plus assurer la surveillance parlementaire des organismes de sécurité nationale du Canada puisqu'il ne s'agit pas d'un comité du Parlement, loin de là. S'il bénéficie uniquement de l'appui du parti au pouvoir, le comité n'aurait aucune légitimité multipartite et n'aurait donc aucun effet tangible.
Quand le projet de loi a été étudié en comité, des députés conservateurs et néo-démocrates ont présenté des amendements qui auraient fait que le comité de parlementaires aurait ressemblé un peu à un comité parlementaire normal, notamment en assurant que les chefs des partis de l'opposition aient leur mot à dire sur la nomination de députés de l'opposition au comité. La réponse du gouvernement, qui fut de rejeter ces amendements, montre bien comment ce projet de loi est vide de sens.
Je vais citer le député de :
[...] si cet amendement était adopté, le premier ministre n'aurait plus la pleine responsabilité de la recommandation des nominations au comité. Étant donné que ce comité est une extension de l'exécutif et qu'il rendrait compte au premier ministre et au Cabinet du premier ministre, cela serait contraire à l'objectif de ce projet de loi.
Ce qu'a dit le député d' est clair. Ce sera le qui nommera les membres du comité sans consultation ou participation des autres chefs de parti. Selon le député, le fait de confier la responsabilité de la recommandation des nominations à quelqu'un d'autre que le réduirait le pouvoir de l'exécutif, et c'est ce qui rendrait l'amendement inacceptable.
La raison d'être de ce projet de loi n'est pas d'accroître les pouvoirs du Parlement, mais bien ceux du . La composition du comité est d'une importance capitale puisque ce sont les membres qui établissent le programme du comité, qui choisissent les témoins qui comparaîtront et qui décident quelles questions devraient être posées. Ce sont également eux qui examinent les documents qu'ils demandent et qui rédigent les rapports du comité. Plus important encore, ce sont les membres du comité qui agissent en tant qu'intermédiaires entre le comité et chacun des caucus.
Il n'y a rien de plus important pour le succès d'un comité que les membres qui y siègent, ainsi que leur capacité à participer de façon significative aux travaux du comité. L'expérience des membres ainsi que leur contribution au processus du comité déterminent si ce dernier est efficace ou pas.
Si le refuse de se défaire de la responsabilité de choisir quels députés siégeront à ce comité, le processus de formation du comité consistera simplement à cocher une petite boîte sur le programme électoral du Parti libéral.
Madame Heather Sheehy, du Bureau du Conseil privé, a bien décrit ce comité:
Ce comité est un comité de parlementaires plutôt qu'un comité du Parlement. Le paragraphe qui limite les privilèges parlementaires est applicable à un comité de parlementaires qui n'est pas la même chose qu'un comité du Parlement.
Je le dis bien franchement, presque n’importe qui peut former un comité de parlementaires. L’équipe de hockey du caucus du Parti conservateur pourrait être considérée comme un comité de parlementaires. Cela n’en fait pas un organisme de surveillance des agences et des ministères chargés de la sécurité des Canadiens.
Le comité composé de parlementaires n’est tout simplement pas suffisant. Pour être efficaces, les parlementaires qui siègent à ce comité doivent avoir davantage de pouvoirs que ceux qui leur sont conférés par la loi. Comme on l’a dit, le Canada n’a pas à confirmer la supervision, de la part de l’exécutif, des agences de sécurité nationales. Le conseil des ministres, qui détient le pouvoir exécutif, assume déjà les responsabilités de surveillance des agences de sécurité du Canada. Au Canada, le pouvoir exécutif est détenu par le Cabinet du premier ministre et le Bureau du Conseil privé, qui l’appuie.
Le n’a pas besoin d’un nouveau groupe consultatif de parlementaires pour le conseiller sur la sécurité nationale du Canada. Le présumé problème que les libéraux voulaient régler par cette loi aurait été que le Parlement, plutôt que le pouvoir exécutif, n’a pas les outils nécessaires pour surveiller convenablement nos agences de sécurité. Autrement dit, le pouvoir exécutif peut déjà convoquer n’importe quel membre d’une agence de sécurité pour lui poser des questions et lui ordonner d’apporter, au besoin, des changements aux opérations. Le Parlement n’a pas ce pouvoir. En conséquence, il est illogique de créer un autre comité qui rend compte à l’exécutif.
La plate-forme des libéraux était claire sur les objectifs visés, à savoir créer un « comité multipartite qui devra surveiller les opérations de tous les ministères et organismes fédéraux chargés de la sécurité nationale ».
Afin de respecter cet engagement, les chefs des partis de l'opposition devraient être responsables de la nomination des membres de leur parti au comité. Le Parlement doit aussi disposer de l'autonomie nécessaire pour superviser les activités de chaque ministère ou organisme gouvernemental ayant des responsabilités en matière de sécurité nationale. Si l'on veut que le comité prenne part au processus décisionnel, on doit lui permettre d'influencer les politiques. Il convient également de souligner que, lorsqu'ils étaient dans l'opposition, les libéraux ont eux-mêmes réclamé ce type de surveillance parlementaire. En revanche, si le Cabinet du premier ministre choisit de donner au comité un rôle purement consultatif, celui-ci perdra l'avantage de présenter une diversité de points de vue aux organismes de sécurité du Canada et la qualité des conseils qu'ils recevront sera compromise.
De plus, lorsqu'il s'agit de modifier le Règlement du Parlement ou le processus de nomination d'agents du Parlement, le parti au pouvoir s'efforce normalement d'obtenir l'appui de tous les partis. Il veille ainsi à ce que tout changement apporté au Règlement n'avantage ni le parti au pouvoir ni l'opposition. Cela permet aussi d'assurer que tous les agents du Parlement entrent en fonction avec le soutien de tous les autres parlementaires, leur conférant ainsi un mandat réel pour accomplir leur travail.
Malheureusement, la création de ce comité enfreint toutes les règles qui régissent habituellement cet endroit. Le comité n'aurait même pas de quorum établi pas le Parlement. Quand on pense que le président du comité pourrait être le seul membre présent et être autorisé à recevoir des témoins, on est au bord du ridicule.
Comme des membres de tous les partis siégeraient au comité, il est tout simplement logique qu'une majorité des députés de tous les partis appuient sa création, son mandat, la façon dont il mènera ses travaux, et la façon dont il fera rapport au Parlement. Tout au long du processus législatif, les partis de l'opposition ont tenté de faire de ce comité une sorte d'agent du Parlement, alors que le gouvernement insiste pour dire qu'il doit être un agent du pouvoir exécutif. Malheureusement, le gouvernement a rejeté ces amendements pratiques de l'opposition.
En conclusion, je suis déçue de ce projet de loi. Je ne peux me défaire de l'impression qu'il s'agit seulement d'une façade pour permettre au de dire qu'il a rempli sa promesse électorale. Le cas échéant, il n'a réussi à respecter ni l'esprit, ni la lettre de cette promesse. Tant que le comité demeure un groupe de travail du , il n'a ni légitimité ni utilité pratique.
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Monsieur le Président, c'est pour moi un honneur de pouvoir parler de cette mesure législative extrêmement importante. Avant de discuter de certains de ses éléments, j'aimerais expliquer un peu d'où vient mon enthousiasme pour ce projet de loi. Lorsque j'étais conseiller municipal de Toronto, j'ai fait partie de la Commission des services policiers, notamment pendant le sommet du G20. On présentait quotidiennement aux élus municipaux des renseignements qu'ils ne pouvaient pas partager avec leurs concitoyens, même s'ils siégeaient justement à la Commission parce qu'ils représentaient des concitoyens. Ce fut une période très éprouvante, où il fallait surveiller un important corps policier et une opération de sécurité de premier plan. Il était impossible de parler aux responsables de l'opération, car elle était gérée à partir des locaux de la Police provinciale de l'Ontario et non de l'hôtel de ville, comme bien des gens le croient. Il était également impossible d'expliquer à nos concitoyens les mesures prises pour garantir leurs droits civils, leur droit de manifester et même leur droit d'avoir accès à leur foyer.
La surveillance civile est au coeur même de toute démocratie et de toute stratégie responsable en matière de sécurité publique, surtout lorsqu'il s'agit de mesures de sécurité et de renseignement comme celles qu'on adopte de nos jours et qui, lorsque le Parlement a été établi, étaient considérées comme ne relevant pas du Parlement, mais plutôt du pouvoir exécutif et d'autres organes de la société. En parallèle avec l'évolution qu'a connue le Parlement au cours des siècles derniers, l'évolution des pratiques a mené à un renforcement graduel de la surveillance civile, particulièrement en ce qui concerne la reddition de comptes publique à propos du fonctionnement des services de police et de sécurité. On a développé et élargi les services de police et de sécurité en y créant de multiples niveaux au fur et à mesure que les dossiers en cause se sont multipliés et qu'ils ont gagné en complexité. La société change, et on a appris à mieux connaître les réalités auxquelles elle est confrontée. Par conséquent, le Parlement ne supervise pas une seule et unique opération policière, mais bien 17, 18 ou 19, dans ces eaux-là. On pourrait même ajouter à la liste la sécurité des frontières, un domaine que nous devons examiner de plus près étant donné les nouvelles dynamiques de ce monde en constante évolution.
À cela s'ajoute le fait que, depuis 10, voire 20 ans je dirais, on a confié des pouvoirs considérables aux services de sécurité. Or, les mécanismes de surveillance n'ont pas évolué au même rythme que les services de sécurité, qui sont maintenant très complexes et dont la portée s'est beaucoup accrue. À l'origine, lorsque la GRC a été créée, il y a plus de 100 ans, on ne pouvait pas imaginer qu'elle ferait un jour de l'espionnage et qu'elle devrait contrer l'ingérence de pays étrangers au Canada. Le contexte historique était complètement différent.
Le Service canadien du renseignement de sécurité — le SCRS — a vu le jour lorsqu'on s'est aperçu, dans les années 1970, que la réglementation régissant les activités de la GRC et la surveillance dont elle faisait l'objet étaient déficientes. La création du SCRS a complètement changé la façon dont le Canada et le Parlement canadien, par l'intermédiaire d'organismes de sécurité, protègent la population. Toutefois, la réglementation encadrant les activités du Service canadien du renseignement de sécurité ne s'appliquait pas aux autres secteurs d'activité de l'État. Se sont ajoutées la surveillance électronique et la mise en commun de renseignements avec nos alliés, sans compter la complexité inhérente aux percées technologiques. De toute évidence, il est temps de revoir les mécanismes de surveillance civile — qui sont, comme je l'ai déjà dit, la pierre d'assise de la démocratie — afin de protéger vraiment la population, que ce soit dans la sphère publique ou privée, ainsi que les libertés civiles. Voilà le défi que nous voulons relever avec le projet de loi dont nous sommes saisis.
Au cours des dix dernières années en particulier, les pouvoirs octroyés aux organismes de sécurité ont été renforcés, mais pas les pouvoirs de surveillance à leur égard. Ce sont ces derniers que le projet de loi cherche à renforcer. Un des éléments les plus importants du projet de loi est que le comité serait mis sur pied de façon à relever directement au Parlement. Je sais que l'opposition a soutenu qu'il passerait par l'exécutif, puisque le Bureau du Conseil privé et le Cabinet du premier ministre, en particulier, auraient la capacité d'examiner les rapports au préalable pour s'assurer que leur présentation à la Chambre ne nuira pas à la sécurité publique. Il s'agit d'une mesure prudente et non politique. Elle a été expressément mise en place pour garder les renseignements de nature délicate à l'abri du regard du public et non pour freiner le comité dans son travail ou l'empêcher de donner des conseils au Parlement en matière de sécurité publique. Il s'agit d'une distinction très importante. Il faudrait justifier par écrit auprès et du comité, et du Parlement toutes les censures et tous les examens préalables. Il faudrait aussi que ces mesures soient considérées comme des filtres qui n'excluent aucune activité et qui ne limitent aucunement la sphère d'examen, mais qui garantissent plutôt que la reddition de comptes sur les activités se fait de la façon la plus sûre possible afin de protéger la sécurité publique.
La critique selon laquelle le comité serait un comité des parlementaires plutôt qu'un comité parlementaire est un autre élément extrêmement important. Les mots employés dans le projet de loi peuvent sembler très familiers — ils sont simplement dans un ordre différent —, sauf qu'un comité des parlementaires suppose la participation du Sénat.
Je crois qu'il s'agit de faire un pas crucial. Puisque les deux Chambres assument des responsabilités en matière de sécurité publique au pays, le comité pourrait fournir aux deux de l'information tangible et de l'information sensible leur permettant de prendre rapidement des décisions lorsqu'il le faut. Ce que nous savons de la situation en constante évolution dans le monde et au Canada nous amène à penser qu'il faut s'arranger pour que les décisions puissent se prendre rapidement au pays grâce à l'amélioration des pratiques de reddition de comptes.
L'autre question qui me semble avoir une importance cruciale est celle de la représentation du gouvernement, qui ne serait pas majoritaire au sein du comité. Je le répète, il s'agirait d'un comité de parlementaires où le gouvernement ne serait pas majoritaire. Donc, les activités, les avis, la description du travail accompli et sa publication seraient déterminés par des parlementaires dont la majorité ne serait pas membre du parti ministériel et où l'exécutif serait encore plus minoritaire. Autrement dit, lorsque certains parlementaires seront convaincus que, dans les domaines sur lesquels le comité se penche, le gouvernement n'assure pas les libertés civiles ou la sécurité publique, leur majorité leur permettra de produire un rapport pour dénoncer ce comportement et amener le public à exercer des pressions. Ce sera la meilleure façon, pour le comité, de bien rendre des comptes au sujet de ses activités.
Actuellement, les divers organismes de sécurité fonctionnent en vase clos. Selon l'idée qu'on se fait de la configuration de la liste, ces organismes sont sous la responsabilité de 17 à 19 agents en tout. Selon moi, il est extrêmement important de comprendre que la reddition de comptes n'a pas lieu en temps réel. Les renseignements sont communiqués en temps réel entre ces organismes, mais la reddition de comptes ne se fait pas de façon coordonnée, entière et globale. Ce comité permettrait de rassembler le tout sous un modèle de reddition de comptes. Il mesurerait les relations entre ces deux organismes ou plusieurs organismes, et s'assurerait que les renseignements communiqués, les pratiques adoptées et le comportement de ces organismes sont uniformes dans l'ensemble du gouvernement en même temps que des efforts sont déployés pour protéger les libertés civiles et le droit à la sécurité publique population.
Ces questions nous permettent d'accroître l'accès des parlementaires aux renseignements de sécurité et de nature délicate ainsi qu'aux opérations secrètes et aux renseignements connexes. Plutôt que d'être réservé à l'exécutif, cet accès est désormais à la portée du Parlement du Canada. Il s'agit d'un pas en avant extrêmement important qui nous permet de réaliser notre mandat et de respecter notre promesse aux électeurs qui nous ont élus pour renforcer, élargir et mobiliser tout le Parlement alors que nous nous efforçons d'assurer la sécurité publique au pays au moyen d'une surveillance civile aussi précise, efficace et à jour que possible. Il s'agit d'un principe sur lequel les libéraux ne feront pas de compromis.
Je veux souligner d'autres éléments du projet de loi qui revêtent une importance cruciale, selon moi. Il est faux de prétendre que nous ne remplissons pas notre mandat avec le projet de loi. En fait, les experts qui ont critiqué l'approche du gouvernement précédent en matière de sécurité publique disent être d'accord avec la nôtre.
D'après Craig Forcese, « ce comité possédera des pouvoirs plus importants que les comités semblables au Royaume-Uni et en Australie. L'obligation de rendre des comptes des organismes canadiens de sécurité nationale changera radicalement [...] C'est un bon projet de loi [...] » Il lui accorde facilement la note de passage.
C'est cette personne qui a le plus critiqué le projet de loi , et voilà qu'il donne son appui à notre projet de loi. Assurément, nous avons amélioré les choses.
Je vais conclure sur une dernière réflexion. Il s'agit d'une critique.
On semble croire que les gouvernements sont capables de régler les questions de sécurité publique ou de droits civils du premier coup. C'est ce que j'ai observé avec le projet de loi durant la dernière législature. C'est une erreur de penser ainsi. Je dirais même que c'est de l'arrogance.
En ce qui concerne la sécurité publique et les droits civils, c'est un processus qui évolue constamment. Il faut à la fois se montrer prudent et protéger les droits le mieux possible. Cependant, on ne peut jamais tout prévoir. Les circonstances changent, le comportement des institutions évolue et les membres de ces organismes ont leur façon de faire.
Les facteurs à considérer évoluent constamment, qu'il s'agisse d'assurer la sécurité publique au Canada ou de protéger les droits garantis par la Charte. Je puis assurer aux députés que le processus entourant la création de ce comité évoluera au fil du temps. Il doit évoluer parce que les circonstances auxquelles il faut répondre évoluent également au fil du temps. Pour agir de façon responsable, il faut être ouvert, respecter les principes parlementaires et voir à ce l'on rende des comptes à ce comité, et non au pouvoir exécutif.
Or, c'est précisément ce que ce projet de loi permettrait de faire. Il nous aiderait à franchir dès maintenant des étapes importantes. Je puis assurer aux députés que, tant que je serai à la Chambre, je ferai le nécessaire pour promouvoir les critiques et les débats constructifs qui permettent de trouver des mesures législatives efficaces et de bonnes idées qui tiennent compte des facteurs de sécurité complexes que nous devons actuellement prendre en considération afin de respecter les libertés civiles tout en assurant la sécurité de la population.
Je prends très au sérieux les idées qui ressortent du travail parlementaire. Au cours des derniers jours, je pense que les députés ont constaté que, lorsque de bonnes idées et des critiques constructives sont présentées au Parlement, tous les parlementaires savent reconnaître une bonne idée qui mérite d'être appuyée et d'être inscrite dans la loi afin de mieux protéger les Canadiens ou leurs droits.
C'est ce que ferait ce projet de loi. Il respecte ce genre de réflexions et de principes à l'égard de la sécurité publique et des droits civils. C'est ce qui distingue le Parti libéral et le gouvernement actuel. Je suis fier d'appuyer ce projet de loi parce qu'il s'accorde avec cette réputation.
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Monsieur le Président, je prends la parole aujourd'hui pour parler du projet de loi dans sa forme présentée à la Chambre des communes par le Comité permanent de la sécurité publique et nationale.
Cela fait maintenant plus de 10 ans que nous discutons de la nécessité d'établir ce comité des parlementaires, et le temps est venu d'agir. Ces 10 années ont vraiment été perdues. De fait, le Canada a du rattrapage à faire par rapport à nos plus proches alliés.
Connus sous le nom de « Groupe des cinq », le Canada, l'Australie, la Nouvelle-Zélande, le Royaume-Uni et les États-Unis ont une entente de partage de renseignements datant du début de la guerre froide.
Tous les membres du Groupe des cinq, sauf le Canada, possèdent un organisme de parlementaires ayant un accès privilégié à des renseignements classifiés en matière de sécurité nationale et de renseignement. De plus, j'estime que la portée étendue du mandat du comité canadien en fera un organisme encore plus robuste que ses équivalents à l'étranger.
J'aimerais prendre le temps d'expliquer à la Chambre des communes où se situerait le Comité des parlementaires sur la sécurité nationale et le renseignement, ou le CPSNR tel que proposé par le projet de loi , par rapport aux cadres qu'ont établis nos alliés pour permettre aux parlementaires de surveiller des activités de sécurité et de renseignement.
Je me limiterai au modèle des pays s'inscrivant dans la tradition parlementaire de Westminster au sein du Groupe des cinq, plus précisément le Parliamentary Joint Committee on Intelligence and Security, le PJCIS d'Australie, ainsi que les Intelligence and Security Committee du Royaume-Uni et de la Nouvelle-Zélande, soit le ISC-UK et le ISC-NZ.
On remarque plusieurs similarités entre le comité canadien proposé, le CPSNR, et les organismes d'examen parlementaire de ces trois pays.
La taille de ces trois comités varie de 5 à 11 membres, qui sont nommés par le premier ministre en consultation avec les partis de l'opposition. À l'heure actuelle, la a déposé une motion visant à faire passer de 9 à 11 le nombre de membres du CPSNR au titre du projet de loi , ce qui permettrait l'ajout d'un membre de chaque Chambre du Parlement.
J'appuie cet amendement, car il apportera la flexibilité nécessaire pour veiller à ce que les membres du comité soient représentatifs de la diversité des opinions au Parlement. Le CPSNR du Canada sera comparable à celui de nos alliés, c'est-à-dire que ses membres seront astreints au secret.
Les mandats des comités de nos alliés prévoient l'autorité d'examiner les questions liées à l'administration, aux politiques, à la législation et aux dépenses relatives aux ministères et aux agences chargées de la sécurité nationale. Ils diffèrent toutefois substantiellement en ce qui a trait à l'évaluation des opérations. Je me pencherai sur cette question sous peu.
Chaque pays impose des restrictions similaires relativement à la divulgation publique des activités de son comité, et ce, en vue de veiller à ce qu'aucun renseignement classifié ne soit divulgué.
Dans les autres gouvernements fondés sur le régime de Westminster, comme celui du Canada, le personnel qui appuie les travaux des comités se doit d'obtenir les attestations de sécurité appropriées.
En ce qui concerne l'accès aux renseignements classifiés, les autres démocraties fondées sur le régime britannique définissent également de façon législative l'étendue de ce pouvoir. Généralement, les autorisations d'accès à certaines informations sont limitées.
À titre d'exemple, les comités ne peuvent pas divulguer des détails concernant les sources, les méthodes et les opérations, ou encore des détails indiquant si les renseignements ont été fournis par un gouvernement étranger.
Chacun des pays dont le système est fondé sur le modèle de Westminster confère au département du pouvoir exécutif, plus précisément au ministre responsable du ministère ou de l'agence faisant l'objet d'un examen, le pouvoir de ne pas divulguer des renseignements sensibles en vue de s'assurer qu'on ne porte pas atteinte aux intérêts nationaux ni à la sécurité de l'État.
Le comité permanent a apporté certains changements importants à cet égard dans le projet de loi . Plus précisément, ce comité a supprimé presque toutes les dispositions des articles 14 et 16 du projet de loi, ce qui inclut les dispositions qui protègent des types d'informations importantes, comme l'identité des sources et des personnes dans le Programme de la protection des témoins.
Je me réjouis de constater que le gouvernement a soigneusement considéré l'esprit et l'intention des changements du comité permanent et qu'il propose un compromis. Nous avons devant nous une motion de la visant à rétablir l'article 16 et une partie de l'article 14.
En vertu de cette approche, le comité des parlementaires sur la sécurité nationale et le renseignement aura accès à tous les renseignements pertinents qui lui permettront de mener à bien son mandat, sous réserve de certaines restrictions applicables seulement lorsque cela sera nécessaire, notamment pour protéger des tiers, pour éviter de nuire à des enquêtes policières actives ou pour ne pas nuire à la sécurité nationale.
Je considère qu'il s'agit là d'une approche responsable et équilibrée, et je recommande avec insistance à tous les députés de se joindre à moi et d'appuyer ces amendements.
Jusqu'ici, j'ai décrit les similarités entre ce qui est proposé dans le projet de loi et ce qui est déjà en place chez nos alliés du Groupe des cinq. Toutefois, le comité dont nous proposons la création différera grandement, à certains égards, des autres comités d'examen parlementaire.
Les différences entre les comités du Groupe des cinq concernent la portée de leurs mandats respectifs, c'est-à-dire la mesure dans laquelle chacun d'entre eux peut mener des examens portant sur diverses organisations participant à la sécurité nationale. Les trois autres régimes de Westminster limitent les domaines de compétence de leurs comités aux principaux organismes de sécurité nationale. Le Royaume-Uni et la Nouvelle-Zélande permettent d'ajouter des organismes ou des programmes nationaux aux domaines de compétence de leurs comités, mais seulement si le gouvernement y consent.
Le projet de loi accordera un mandat plus étendu au comité des parlementaires. Ainsi, ses membres pourront examiner toutes les opérations ayant trait à la sécurité nationale et au renseignement qui sont menées par le gouvernement du Canada, peu importe le ministère ou l'organisme responsable de celles-ci. Cela comprendra les principaux organismes de sécurité et de renseignement, c'est-à-dire le Service canadien du renseignement de sécurité, le Centre de la sécurité des télécommunications et la Gendarmerie royale du Canada, ainsi que les quelque 17 autres organisations fédérales dont les responsabilités concernent la sécurité nationale, comme l'Agence des services frontaliers du Canada.
L'un des amendements présentés par le comité permanent fera en sorte que le mandat du comité des parlementaires et les pouvoirs de celui-ci en matière d'accès à l'information incluront les sociétés de la Couronne. J'appuie cet amendement, qui est entièrement conforme au mandat pangouvernemental du comité.
Comme je l'ai mentionné plus tôt, les pays du Groupe des cinq ont des approches très différentes en ce qui concerne les mandats d'examen de leurs comités respectifs. En effet, les mandats des comités de l'Australie et de la Nouvelle-Zélande ne leur permettent pas d'examiner des questions opérationnelles. Au Royaume-Uni, le comité peut examiner des opérations, mais uniquement si cet examen répond à certaines conditions, à savoir que le premier ministre est d'accord sur le fait qu'il n'est pas réalisé dans le cadre d'une opération courante et que la question est d'un grand intérêt pour le pays.
De plus, le comité du Royaume-Uni peut uniquement examiner une opération courante si la question a été soumise par le gouvernement britannique. En vertu du projet de loi qui est devant nous, le comité canadien disposerait d'un mandat plus étendu et permettant d'examiner des opérations ayant trait à la sécurité nationale et au renseignement. Il serait, par exemple, habilité à effectuer les examens des opérations courantes de son propre chef, mais un ministre pourrait mettre un terme à un tel examen pour des raisons de sécurité nationale.
Je me réjouis de constater que le comité permanent a renforcé cet aspect du projet de loi, en précisant que les examens des opérations peuvent seulement être interrompus pour des raisons de sécurité nationale durant le déroulement de l'opération en question, et qu'une fois l'opération terminée, le comité des parlementaires peut poursuivre son examen. De plus, les cas où ce pouvoir sera utilisé seront consignés dans le rapport que le comité présentera chaque année au Parlement afin de veiller à la responsabilité gouvernementale.
Une autre caractéristique unique de ce projet de loi est la capacité du comité à collaborer avec les trois organismes d'examen qui se penchent sur les activités de certaines organisations et de certains organismes, à savoir la Commission civile d'examen et de traitement des plaintes relatives à la GRC, le Comité de surveillance des activités de renseignement de sécurité du SCRS et le Bureau du commissaire du Centre de la sécurité des télécommunications. Cela permettra au comité de s'inspirer des travaux réalisés par ces organismes d'examen hautement spécialisés.
J'ai souligné certaines ressemblances et différences entre le contenu du projet de loi et les caractéristiques des organismes d'examen et de surveillance des activités liées à la sécurité et au renseignement qui ont été mis sur pied par nos alliés du Groupe des cinq. Nous nous sommes inspirés de certaines pratiques exemplaires de nos alliés et sommes allés plus loin afin d'établir un organisme solide, responsable et transparent chargé d'examiner les opérations de la communauté canadienne de la sécurité et du renseignement.
Il s'agit donc d'une approche purement canadienne en matière d'examen parlementaire de la sécurité et du renseignement. Notre pays a peut-être agi tardivement pour établir ce comité, mais les Canadiennes et les Canadiens disposeront dorénavant d'une structure d'examen robuste et progressiste. La création de ce comité témoigne de notre volonté de faire preuve d'une plus grande ouverture et d'une plus grande transparence et de protéger notre pays.
Je remercie le gouvernement d'avoir collaboré avec le comité permanent de façon constructive et rigoureuse, afin d'améliorer le projet de loi . Je recommande avec insistance à Mmes et MM. les députés de se joindre à moi pour appuyer les amendements proposés par la , ainsi que l'adoption de ce projet de loi.