:
Monsieur le Président, je vous remercie de me donner l'occasion de passer en revue la réponse que propose le gouvernement aux amendements au projet de loi émanant de l'autre endroit. Le gouvernement prend très au sérieux la responsabilité d'assurer la sécurité des Canadiens. De plus, il est également déterminé à appuyer les membres fiers et dévoués du service national de police du Canada, comme en témoigne sa réponse aux amendements.
J'ai toujours été impressionnée par le professionnalisme des policiers et leur engagement envers les collectivités qu'ils servent et protègent. Les membres de la GRC collaborent avec la collectivité pour prévenir et régler les problèmes ayant une incidence sur la sécurité et la qualité de la population. Ils sont de véritables modèles et chefs de file. C'est par respect pour ces agents que la GRC a instauré un certain nombre de mesures pour promouvoir un milieu de travail sain et respectueux. Par exemple, conformément aux modifications apportées en 2014 à la Loi sur la GRC, plusieurs processus, politiques et procédures de gestion des ressources humaines de la GRC ont été mis à jour. J'aimerais en souligner quelques-uns.
La GRC a adopté une nouvelle politique en matière d'enquête et de règlement des plaintes de harcèlement, laquelle procure une plus grande clarté ainsi qu'une approche unique simplifiée pour le traitement des plaintes. En outre, elle a instauré un processus pour traiter les cas d'inconduite plus rapidement et plus efficacement et au plus bas niveau possible de la hiérarchie. De plus, elle a élaboré un nouveau code de conduite qui désigne précisément le harcèlement comme étant une violation du code. Un programme de formation modifié vient compléter le tout; il a été mis en place pour aborder précisément la question du respect et du harcèlement en milieu de travail. Enfin, la GRC a lancé un programme de gestion informelle des conflits.
Ce n'est pas tout. Outre ces mesures, en février 2016, le a demandé à la Commission civile d'examen et de traitement des plaintes relatives à la GRC d'entreprendre un examen complet des politiques et procédures de la GRC en matière de harcèlement en milieu de travail et d'évaluer la mise en oeuvre des recommandations formulées par la Commission en 2013.
La Commission est en train d'examiner ces politiques, procédures et lignes directrices pour déterminer si elles sont adéquates, pertinentes, claires et suffisantes. Par ailleurs, en juillet 2016, le ministre de la Sécurité publique a annoncé la nomination de Sheila Fraser à titre de conseillère spéciale. Son rôle consiste à prodiguer conseils et recommandations au ministre concernant l'application des diverses politiques et des divers processus par la GRC.
La GRC a fait d'excellents progrès grâce aux programmes, initiatives et politiques qu'elle a mis en place. Ces deux examens aideront grandement le ministre à s'acquitter du mandat que lui a confié le , c'est-à-dire de veiller à ce que le milieu de travail de la GRC soit exempt de harcèlement et de violence sexuelle.
Le projet de loi s'inscrit dans le prolongement de ces travaux et vise à instaurer un régime de relations de travail robuste à la GRC. En réponse aux préoccupations de l'autre endroit, nous avons élargi la gamme d'enjeux qui peuvent être soumis à la négociation collective tout en préservant l'intégrité opérationnelle de la GRC, un facteur essentiel à son efficacité.
Avant d'expliquer en détail ce que nous avons fait après avoir reçu les amendements au projet de loi, j'aimerais fournir un peu de contexte. Comme on le sait, le projet de loi C-7 modifie la Loi sur les relations de travail dans la fonction publique et la Loi sur la Gendarmerie royale du Canada de manière à instituer un régime de relations de travail pour les membres de la GRC et les réservistes. Il comprend plusieurs éléments cruciaux fondés sur les préférences que les membres de la GRC ont clairement exprimées pendant les consultations de l'été 2015. Les membres ont notamment indiqué clairement qu'ils souhaitaient un cadre de relations de travail prévoyant une seule unité de négociation nationale, un syndicat visant principalement à représenter les membres de la GRC, et la possibilité d'avoir recours à l'arbitrage exécutoire s'il n'est pas possible d'arriver à une entente négociée.
Le projet de loi C-7 respecte ces exigences. S'il est adopté, il garantira que, si les membres de la GRC choisissent de se syndiquer, ils auront une seule unité de négociation nationale, qu'elle sera consacrée à la GRC, et que le mécanisme de règlement des différends sera l'arbitrage exécutoire.
À l'heure actuelle, le régime de relations de travail conçu à l'intention des membres de la GRC ne respecte pas toutes ces préférences.
[Français]
Nous avons déposé le projet de loi en mars 2016. Après une étude approfondie par un comité, il a été adopté à la Chambre des communes le 21 juin et envoyé à l'autre Chambre pour y être étudié. Nous avons pris le temps d'analyser et d'étudier soigneusement toutes les modifications proposées par l'autre Chambre. La réponse que nous proposons tient compte de ses principales préoccupations en augmentant la portée des questions qui peuvent faire l'objet de négociations. La réponse que nous proposons harmonisera le régime de relations de travail qui régit la GRC avec celui qui régit les autres employés de la fonction publique fédérale.
[Traduction]
Notre position respecte en outre la décision dans laquelle la Cour suprême conclut que de grands pans du régime de relations de travail de la GRC sont inconstitutionnels parce qu'ils compromettent le droit à la négociation collective des agents. Il s'agit de l'arrêt Association de la police montée de l'Ontario c. Canada (Procureur général), qui a été rendu en 2015. Dès sa première version, le projet de loi visait à donner suite à ce jugement, et c'est aussi ce que fait la réponse que nous donnons aux amendements proposés par le Sénat.
Notre intention demeure d'offrir à la GRC un véritable processus de négociation collective tenant compte des circonstances particulières dans lesquelles évolue cette organisation.
[Français]
Examinons plus en détail la façon dont nous proposons de tenir compte de chacun des changements. Les membres de l'autre Chambre ont déclaré que, dans l'ensemble, le projet de loi était trop restrictif quant aux questions qui pourraient être incluses dans les conventions collectives et les décisions arbitrales. Les questions comme le harcèlement, les transferts et les nominations, par exemple, ne pouvaient pas être présentées à la table de négociation.
À cet égard, l'autre Chambre a apporté plusieurs modifications au projet de loi. Elle a supprimé les restrictions quant à ce qui pourrait être inclus dans les conventions collectives et les décisions arbitrales propres à la GRC. Elle a ajouté une clause sur les droits de la direction pour remplacer les restrictions qui visent à préserver les pouvoirs du commissaire à l'égard des questions liées aux ressources humaines. Le gouvernement accepte de lever les restrictions propres à la GRC qui ont trait aux questions qui pourraient faire l'objet de négociations collectives.
Ensuite, nous proposons d'adopter une clause plus ciblée sur les droits de la direction que celle qui est proposée par l'autre Chambre. Nous mettons l'accent sur les pouvoirs dont le commissaire a besoin pour assurer l'efficacité des opérations policières. Ensemble, ces deux changements auront l'effet d'élargir la portée des questions qui pourraient éventuellement être ajoutées à une convention collective, ce qui donnerait suite aux critiques du projet de loi .
[Traduction]
Ils permettront en outre à l'employeur et au futur agent de négociation des membres de la GRC, quel qu'il soit, de discuter de sujets qui sont importants pour les membres et les réservistes de l'organisation, mais qui étaient exclus de la version d'origine du projet de loi .
J'aimerais donner quelques exemples de sujets qui pourront être négociés ou soumis à l'arbitrage: primo, les grandes lignes du processus de nomination et d'évaluation des membres de la GRC; secundo, les critères servant à l'évaluation des membres de la GRC et le moment où ces évaluations ont lieu; tertio, les mesures visant à atténuer les conséquences lorsqu'un membre de la GRC est démis de ses fonctions ou rétrogradé, ce qui englobe les dispositions sur le réaménagement des effectifs.
Comme pour les autres négociations du secteur public, le projet de loi permet déjà qu'un vaste éventail de sujets puissent aussi être négociés et inclus dans les conventions collectives ou alors soumis à l'arbitrage. Je pense par exemple aux salaires, aux horaires de travail et aux congés, comme les vacances, les congés de maladie et les congés parentaux.
Les autres amendements apportés par le Sénat suppriment certaines restrictions pourtant conformes à ce qui se fait ailleurs dans la fonction publique fédérale, par exemple en ce qui concerne la négociation des régimes de retraite.
On exige en outre un vote obligatoire par scrutin secret pour l'accréditation d'un agent négociateur représentant les membres de la GRC.
Enfin, on élargit le mandat de la Commission des relations de travail et de l'emploi dans la fonction publique.
Toutefois, le gouvernement n'est pas d'accord avec ces changements et il ne les juge pas dans l'intérêt public. Nous proposons de conserver certaines limites sur les questions qui peuvent être visées par les conventions collectives et les décisions arbitrales. L'élimination de ces réserves viendrait perturber des processus qui fonctionnent bien depuis 40 ans.
Depuis 1967, certaines questions qui ont une incidence générale sur la fonction publique sont exclues des négociations et sont traitées aux termes d'autres lois afin de veiller à ce que l'intérêt public soit pris en compte.
Prenons l'exemple des pensions. Les pensions du reste de la fonction publique relèvent de la Loi sur la pension de la fonction publique. Les pensions exigent une grande stabilité sur le long terme pour faire en sorte que les prestations des participants au régime soient à l'abri des risques et puissent être versées comme prévu. La pension de la GRC se compare favorablement avec celles d'autres corps policiers au Canada.
Le gouvernement fédéral a toujours consulté les représentants des employés sur les questions relatives aux pensions et il entend conserver cette façon de faire. En réalité, il en fait même un peu plus pour la GRC, car la Loi sur la pension de retraite de la Gendarmerie royale du Canada exige la mise sur pied d'un comité consultatif en matière de pension, appelé le Comité consultatif de la Gendarmerie royale du Canada.
Ce comité, formé de membres réguliers et de hauts dirigeants de la GRC, fait des recommandations sur l'administration, la conception et le financement des régimes de retraite.
À titre de corps de police national du Canada, la GRC relève de l'administration publique fédérale. De ce fait, le régime de relations de travail proposé pour la GRC a été conçu pour s'inscrire dans le droit fil du cadre fédéral en matière de relations de travail et de négociation collective.
Je passe maintenant à la question de l'accréditation.
Le gouvernement estime que les employés devraient avoir le choix entre le scrutin secret et un système de vérification des cartes. Un système axé uniquement sur le scrutin secret est restrictif. Il ne permet pas un processus d'accréditation syndicale juste et équilibré et ne reconnaît pas comme il se doit le rôle que jouent les agents négociateurs dans le processus. De plus, il n'est pas logique que les membres de la GRC soient assujettis à un régime d'accréditation différent des autres. Il faut uniformiser ces régimes.
Nous estimons que l'accréditation d'un agent négociateur pour représenter les membres réguliers de la GRC et les réservistes ne devrait pas faire uniquement l'objet d'un vote obligatoire au scrutin secret. En fait, le projet de loi que présente le gouvernement laisse à la Commission des relations de travail dans la fonction publique la discrétion de choisir la méthode d'accréditation et d'opter soit pour le scrutin secret, soit pour un système de vérification des cartes. La Commission fera un choix en fonction de l'intérêt des membres.
[Français]
Enfin, nous exprimons respectueusement notre désaccord au sujet des changements qui élargiraient la portée des questions qui pourraient être étudiées par la Commission des relations de travail et de l'emploi dans la fonction publique.
Des processus d'appel et de règlement de griefs spécialisés ont déjà été établis en vertu de la Loi sur la Gendarmerie royale du Canada pour traiter les questions de ce genre. Nous pensons donc qu'il n'est pas nécessaire d'en établir d'autres. En fait, de tels changements limiteraient la capacité du commissaire d'assurer l'efficacité des opérations policières.
[Traduction]
J'aimerais aussi parler de l'augmentation de salaire qui a été accordée, récemment, aux membres de la GRC. En avril, le gouvernement a annoncé une hausse totale de 4,8 % du salaire des membres de la GRC. Leur rémunération globale, en tenant compte du régime de retraite et des avantages sociaux, est maintenant au même niveau que celle des huit autres corps policiers comparables du Canada.
Ces huit corps policiers servent la vaste majorité de la population canadienne, c'est-à-dire environ 90 %. La rémunération globale d'un agent de la GRC de première classe est maintenant supérieure de 1 % à la moyenne de ce qu'obtiennent les agents de niveau équivalent de ces huit corps policiers. Pour donner un exemple concret, la rémunération globale des agents de la GRC est désormais égale à celle des agents de la Police provinciale de l'Ontario.
Le projet de loi prévoit un cadre définissant les relations de travail et intégrant les principaux éléments réclamés par les membres de la GRC, si ceux-ci décident de se syndiquer. En vertu du projet de loi C-7, les futures négociations salariales pourront se faire avec une seule et unique unité de négociation nationale ayant à coeur les intérêts des membres de la GRC.
Le gouvernement appuie les membres dévoués du corps de police national du Canada. Nous continuons de tout faire pour créer un cadre de relations de travail qui respecte leur droit à la négociation collective. Grâce à la réponse que nous proposons aux amendements adoptés par l'autre endroit, l'employeur et le futur agent de négociation des membres de la GRC, quel qu'il soit, pourront discuter concrètement et en toute bonne foi des sujets qui comptent le plus pour les membres de la GRC et les réservistes.
[Français]
Notre réponse cadre aussi avec l'approche globale du gouvernement de rétablir l'équité et l'équilibre des lois du travail et reconnaît le rôle important des syndicats au Canada.
Pour terminer, je tiens à exprimer ma reconnaissance à tous les membres de l'autre Chambre qui ont contribué à l'élaboration de ce projet de loi.
[Traduction]
J'aimerais également souligner l'excellent travail des membres du Comité permanent de la sécurité publique et nationale, qui ne rechignent jamais à l'ouvrage. Ils ont soigneusement étudié le projet de loi et proposé des amendements, que le gouvernement a acceptés.
Même si nous n'acceptons pas tous les amendements proposés par l'autre endroit, le travail effectué par le Comité nous donne l'occasion d'améliorer le régime de relations de travail de la GRC dans l'intérêt des hommes et des femmes qui y travaillent.
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Monsieur le Président, je suis heureux de pouvoir prendre la parole au sujet de la motion présentée par le gouvernement en réponse aux amendements au projet de loi adoptés par le Sénat.
Avant d'entrer dans le vif du sujet, j'aimerais profiter de l'occasion pour remercier les quelque 28 000 membres réguliers de la GRC. Tout au long de notre histoire, les membres de la GRC ont toujours joué un rôle important et ils continuent aujourd'hui de servir et de protéger les collectivités dans lesquelles ils sont affectés.
Le Parti conservateur respecte la décision de la Cour suprême voulant que les agents de la GRC aient le droit de se syndiquer et de négocier collectivement. Nous allons toujours appuyer la GRC et nous remercions tous ses membres de l'excellent travail qu'ils accomplissent aux premières lignes pour assurer la sécurité dans nos collectivités et de nos quartiers.
Dans l'ensemble, le projet de loi est une réponse raisonnable à la décision de la Cour. En revanche, je suis contre toute disposition législative qui prive des employés, surtout les membres de la GRC, du droit à l'utilisation du scrutin secret pour se prononcer pour ou contre la syndicalisation. Les membres de la GRC risquent leur vie tous les jours. Leur donner le droit démocratique de voter sur cette question à l'abri de l'intimidation est la moindre des choses.
Nous devons prendre un moment pour faire le point et bien comprendre comment nous en sommes arrivés à ce projet de loi.
À l'heure actuelle, les membres de la GRC n'ont pas le droit de se syndiquer et de négocier collectivement. Par conséquent, ils ne peuvent recourir ni à l'arbitrage ni à la grève. Cette situation a été portée à l'attention de la Cour suprême du Canada, qui a déclaré inconstitutionnelle l'exclusion des membres de la GRC de la définition de « fonctionnaire » figurant dans la Loi sur les relations de travail dans la fonction publique.
Par surcroît, la Cour suprême a statué que certaines dispositions du Règlement de la GRC contrevenaient à la Charte canadienne des droits et libertés. C'est précisément dans cette décision que la Cour suprême a conclu que des consultations en bonne et due forme devaient avoir lieu. La plus haute instance judiciaire du pays a également exigé que la Chambre des communes inscrive dans la loi que la Constitution canadienne donne aux membres et aux réservistes de la GRC le loisir de prendre part à de véritables négociations collectives, si c'est leur souhait.
Une majorité substantielle de participants à ces consultations a appuyé la syndicalisation. Lors de ces mêmes consultations, les membres de la GRC ont indiqué leur préférence pour un arbitrage exécutoire sans droit de grève, en cas d'impasse dans les négociations collectives. Ce choix correspond à celui qu'ont fait de nombreux autres corps de police à l'échelle du pays. Les membres de la GRC ont également clairement exprimé le souhait d'être représentés par une seule organisation syndicale nationale dont le mandat principal consisterait à se faire leur porte-voix.
Beaucoup de députés représentent des citoyens qui sont des membres de la GRC ou qui l'ont déjà été. En fait, des membres de la GRC sont affectés sur la Colline du Parlement, et nous les croisons quotidiennement lorsque la Chambre siège.
De nombreux membres de la GRC suivent de près l'étude de ce projet de loi et ont applaudi le travail du Sénat ainsi que les amendements qu'il a apportés au projet de loi , qui vise à modifier la Loi sur les relations de travail dans la fonction publique, la Loi sur la Commission des relations de travail et de l'emploi dans la fonction publique ainsi que d'autres lois et qui comporte d'autres mesures.
Je pense qu'il convient de souligner que le Sénat a adopté ces amendements et renvoyé le projet de loi à la Chambre il y a plus de dix mois. Mon collègue vient d'indiquer dans sa question que ce serait en fait il y a presque onze mois.
Je sais que le gouvernement voulait examiner les amendements en profondeur et tenir une vaste consultation. Le ministère de la Sécurité publique, le Secrétariat du Conseil du Trésor, le Bureau du Conseil privé et le Cabinet du premier ministre ont tous participé à l'élaboration de la réponse du gouvernement à ces amendements. Toutefois, même si beaucoup de ministères et de fonctionnaires ont été appelés à prendre part à cette démarche, le gouvernement aurait dû permettre au débat de se poursuivre dans cette enceinte il y a des mois, comme on vient de le faire valoir, puisque la décision de la Cour suprême, je le rappelle, contenait un échéancier pour la mise en oeuvre de ce projet de loi qui moisit sur une tablette.
Je sais que nombre d'agents de la GRC ainsi que divers intervenants qui ont contribué à la mise au point du projet de loi auraient préféré que cette étape arrive bien plus tôt.
Par ailleurs, en ce qui a trait à la procédure, les membres subalternes de la GRC devraient savoir que le gouvernement libéral a attendu jusqu'à tard hier soir pour présenter sa motion d'adoption des amendements proposés par le Sénat et qu'il s'attendait quand même à ce que les députés soient prêts à en débattre aujourd'hui. Je ne peux qu'émettre des hypothèses sur la raison pour laquelle le gouvernement à choisi de procéder ainsi. Cependant, je crois que, depuis la présentation du projet de loi, en 2016, même le caucus ministériel était profondément divisé au sujet des exclusions prévues à l'égard du processus de négociation.
Par exemple, lors de l'étude article par article, le député de a dit ceci à la réunion du comité de la sécurité publique du 21 avril 2016:
[J]'ai de sérieuses réserves à l'égard des exclusions actuelles, car comme nous l'avons entendu à maintes reprises, ces exclusions, particulièrement dans le contexte de la sécurité en milieu de travail, constituent des enjeux importants que les syndicats ne pourront pas apporter à la table dans le cadre des négociations collectives.
Je ne me plaindrai pas trop du peu de temps que le gouvernement laisse pour préparer une réponse à cette motion, d'autant plus qu'il est disposé à y accepter des amendements, mais je remercie au moins les libéraux d'enfin revenir à la tâche qui nous incombe et de nous permettre, à nous députés, de discuter des amendements apportés par le Sénat. Nous avons déjà assez perdu de temps et nous devons faire avancer ce projet de loi qui a été longtemps retardé.
Pour donner un peu plus de contexte, il est important de souligner que nombre des amendements adoptés par le Sénat avaient été présentés lors du premier débat à la Chambre des communes ainsi qu’au Comité permanent de la sécurité publique et nationale. Après avoir lu le procès-verbal, je ne peux que remercier les députés de la diligence dont ils ont fait preuve lorsqu'ils ont signalé les lacunes du projet de loi d’origine.
Je tiens en particulier à remercier mon collègue manitobain le député d’ du travail qu’il a accompli, comme il vient de le dire, pour examiner le projet de loi et offrir d’autres points de vue.
Il est parfaitement clair que les députés du caucus conservateur étaient tout à fait disposés à collaborer avec le gouvernement pour respecter le délai fixé par la Cour suprême. Le projet de loi n’aurait pas pu être rédigé en une nuit, car la composition même de la GRC est unique et distincte de celle des autres corps de la fonction publique. Nous savons que la nature paramilitaire de la GRC devait être prise en compte dans la définition des paramètres de négociation collective.
Je ne pense pas choquer les députés du NPD en disant que la GRC doit trouver un libellé explicite, dans le projet de loi, qui garantira à ses membres le droit au scrutin secret s’ils décident de mettre sur pied un syndicat et de négocier une convention collective avec la Couronne. Ce principe démocratique fondamental doit être consacré dans la loi, non seulement dans le projet de loi , mais aussi dans le projet de loi , que le Sénat a amendé. Je tiens à déclarer officiellement que le caucus conservateur appuie les amendements apportés par le Sénat à la fois au projet de loi C-7 et au projet de loi C-4 qui concernent le droit des employés au scrutin secret.
J'ai déjà exprimé mon opposition à toute tentative de faire reculer les droits des travailleurs syndiqués et d'abroger les mesures favorisant la transparence des syndicats qui avaient enfin permis de faire la lumière sur leurs finances. Bien que le projet de loi ne traite pas de la transparence des syndicats, il a certainement beaucoup à voir avec la capacité de la GRC d'accréditer un syndicat ou d'en révoquer l'accréditation. Je crois que si le gouvernement actuel tente d'éliminer la garantie de scrutin secret, ce n'est pas parce qu'il veut appuyer les travailleurs canadiens, mais bien parce qu'il a des motifs cachés, comme obtenir un levier de négociation auprès d'autres syndicats de la fonction publique.
L'élimination de la politique gouvernementale actuelle, c'est-à-dire l'inscription du scrutin secret dans la loi, dépasse de loin la seule GRC. Elle aura des répercussions pour des centaines de milliers d'employés assujettis à la réglementation fédérale partout au pays.
J'ai d'abord critiqué les libéraux pour l'extrême rapidité avec laquelle ils ont présenté le projet de loi , la mesure législative qui dépouille les travailleurs de leurs droits, mais je tiens à souligner le fait que nous sommes encore en train de débattre la mesure qui a été présentée en février 2016, qui n'a toujours pas obtenu la sanction royale. Ce n'est pas une si mauvaise chose. D'ailleurs, pour rendre à César ce qui appartient à César, le Sénat a également amendé cette mesure, puis l'a renvoyée à la Chambre.
Les députés libéraux qui sont à la Chambre aujourd'hui devraient bien examiner la mesure, qui a été amendée par le Sénat. Ils verront rapidement que le Sénat voulait qu'elle garantisse aux membres de la GRC qu'ils pourraient obtenir un bulletin de vote et s'exprimer par scrutin secret sur la formation d'un syndicat. Il s'agit de la seule façon d'avoir l'assurance qu'il n'y a pas de coercition ni d'intimidation, d'une partie comme de l'autre, afin que, indépendamment de leur grade ou de leur l'ancienneté, tous les membres de la GRC soient traités également et équitablement, et surtout qu'ils n'aient pas à craindre les représailles du fait de la position qu'ils adoptent dans le cadre des négociations collectives.
Les sénateurs ont usé très fréquemment de leurs pouvoirs au cours des derniers mois pour amender des projets de loi. Je les félicite d'examiner si attentivement des questions complexes et délicates sur le plan politique. On ne s'attend pas à ce que le gouvernement accepte chacun des amendements présentés, mais il serait bon que les députés libéraux tiennent compte du fait que le leader du gouvernement au Sénat et tous les nouveaux sénateurs indépendants, y compris les anciens sénateurs libéraux qui font maintenant partie du caucus libéral indépendant, ont voté de façon à garantir aux membres de la GRC le droit au scrutin secret. Il arrive rarement qu'un projet de loi soit adopté à l'unanimité, sauf dans des circonstances exceptionnelles ou lorsqu'il est question de sujets faisant l'unanimité, comme la maternité ou la tarte aux pommes.
Je crois que nous sommes tous d'accord pour dire que le projet de loi porte sur une question complexe et remplie de nuances, et qu'il importe de tenir compte du fait que les sénateurs de toutes les allégeances conviennent que le droit au scrutin secret doit être accordé non seulement aux membres de la GRC dans le cadre du projet de loi C-7, mais également aux employés de tous les secteurs sous réglementation fédérale. Je ne souscris pas à l'argument des députés ministériels selon lequel on traite les membres de la GRC différemment des employés d'autres secteurs si on leur accorde le droit au scrutin secret. Je tiens à rappeler aux députés que, lors d'un exposé à l'intention du comité de la sécurité publique, on a souligné que l'accréditation de syndicats du secteur public ne se faisait auparavant que par scrutin secret. En acceptant l'amendement, on traiterait les membres de la GRC de la même façon en matière d'accréditation ou de révocation de l'accréditation que les membres d'autres syndicats du secteur public.
J'aimerais également citer le député de , qui a déclaré:
[…] mes amis des autres partis siègent au Parlement à l'issue non pas de la vérification des cartes de leurs électeurs, mais d'un scrutin à bulletin secret de la part de leurs concitoyens, un mode de scrutin qui constitue un des piliers de notre démocratie.
Cela me gêne que l'on laisse entendre que dans l'environnement de travail du gouvernement fédéral et des milieux syndiqués du gouvernement fédéral circulent les mêmes histoires d'intimidation que celles qui renvoient aux campagnes de syndicalisation d'un passé lointain d'un certain secteur privé connu pour ses pratiques de travail déloyales […]
L'importance du vote secret est un principe démocratique qu'il faut consacrer. Tous les députés de la Chambre sont ici parce que les habitants de leur circonscription ont choisi de leur donner la chose la plus personnelle qu'ils possèdent: leur vote. Notre rôle de député ne comporte aucun devoir plus grand que celui de protéger les principes démocratiques qui soutiennent le pays. Le scrutin secret est la pierre angulaire de ce processus, et j'ai du mal à concevoir qu'un député puisse soutenir qu'il faut moins de protection pour les votants, qu'il faut moins de transparence, qu'il faut moins de démocratie.
Même si le droit au vote secret n'est que l'un des amendements proposés par le Sénat au projet de loi , il compte parmi ceux que le gouvernement a décidé de ne pas accepter.
Le fait que le gouvernement libéral ait l'intention de priver des travailleurs de leurs droits m'inspire un fort et profond mécontentement. Dans la foulée, j'aimerais rappeler ce qu'a dit le député de lors des premières discussions au sujet du projet de loi.
Il a dit que, si on envisage d'empêcher les travailleurs de tenir un scrutin secret, il faut bien comprendre ce que cela signifie. Cela signifie qu'un syndicat pourrait prendre le contrôle d'un lieu de travail sous réglementation fédérale sans que les employés aient pu se prononcer par un vote, et que des milliers d'employés travaillant pour divers organismes fédéraux pourraient être forcés de payer des cotisations et d'être représentés par un syndicat pour lequel ils n'ont jamais eu la chance de voter.
Le député a souligné que « c'est particulièrement alarmant lorsque cela s'applique à la GRC, une organisation formée de personnes qui risquent leur vie chaque jour, en partie pour défendre notre mode de vie démocratique. Il est donc très paradoxal que, de tous les groupes d'employés, les membres de la GRC soient privés de leur droit démocratique le plus fondamental, c'est-à-dire le droit de tenir un scrutin secret afin de décider si un syndicat devrait être accrédité ou non ».
J'espère sincèrement que, après avoir entendu mon discours et mes arguments, un nombre suffisant de députés libéraux demanderont au pouvoir exécutif d'accepter l'amendement apporté par le Sénat qui vise à enchâsser dans la loi le droit au scrutin secret.
Par exemple, la sénatrice conservatrice Nancy Greene Raine a demandé au sénateur Larry W. Campbell — qui a été nommé sénateur libéral par Paul Martin en 2005 et a été agent de la Gendarmerie royale du Canada — son point de vue sur le vote secret et sur le fait que l'absence d'un tel vote pourrait susciter du tort. Le sénateur Campbell s'est dit d'accord avec elle et a déclaré qu'il se réjouissait de son statut de sénateur indépendant, qui lui a permis de proposer que le projet de loi soit lu pour la deuxième fois et de pouvoir vraiment en parler par la suite.
Voilà qui est rafraîchissant à entendre. En effet, il s'agit ici d'un sénateur indépendant, et autrefois libéral, qui, après avoir présenté le projet de loi, a été en mesure de prendre du recul, de se faire une opinion à la suite d'un second examen objectif et de convenir qu'il y a lieu de l'améliorer.
Lors du débat au Sénat, il a souligné que le projet de loi excluait du processus de négociation collective les techniques de contrôle d'application des lois; les transferts et les nominations; les évaluations, les stages, le licenciement ou la rétrogradation; la conduite, y compris le harcèlement; les compétences de base pour l'exercice des fonctions à titre de membre de la GRC ou de réserviste; et l'uniforme, la tenue vestimentaire, l'équipement et les médailles de la Gendarmerie royale du Canada. C'est là toute une liste.
Nous savons, par l'entremise de la motion du gouvernement libéral sur les amendements du Sénat, que les libéraux ont accepté de retirer toutes les exclusions applicables à la négociation collective avec leur propre amendement. De plus, le gouvernement a accru l'autorité du commissaire dans un article sur les droits étendus de gestion et a rejeté une procédure de griefs propre à la GRC selon laquelle les griefs passent par le processus de règlement prévu dans la Loi sur la Gendarmerie royale du Canada, à moins que le grief porte sur une convention collective.
J'ai hâte de savoir si les membres de la GRC de partout au pays sont satisfaits de la réponse du gouvernement. Je suis aussi impatient d'entendre les commentaires des députés qui siègent au comité de la sécurité publique et des sénateurs qui ont participé à l'étude du projet de loi.
Je tiens à réitérer mon appui à la décision de la Cour suprême. Je suis convaincu que les membres de la GRC devraient accréditer un syndicat par vote secret. J'espère qu'à la lumière du débat d'aujourd'hui, le gouvernement reviendra sur sa décision de rejeter l'amendement.