Que, étant donné l’amitié et les relations économiques et diplomatiques de longue date qui unissent le Canada et Israël, la Chambre rejette la campagne du mouvement Boycott, désinvestissement et sanctions (BDS), qui encourage la diabolisation et la délégitimation de l’État d’Israël, et prie le gouvernement de condamner toute tentative de la part d’organismes, de groupes ou de particuliers du Canada de promouvoir le mouvement BDS, ici et à l’étranger.
— Monsieur le Président, d'entrée de jeu, je précise que je souhaite partager mon temps de parole avec ma collègue et voisine de banquette, la députée de .
Je suis heureux que la Chambre discute et débatte de cet enjeu très important. Je tiens à souligner, à l'intention de ceux qui nous regardent ou nous écoutent, que je parlerai beaucoup d'un mouvement qu'on appelle BDS, un acronyme qui signifie « boycott, désinvestissement et sanctions ». Ce mouvement cherche à isoler et à délégitimer l'État d'Israël et, disons-le franchement, à s'attaquer à cet État à l'échelle internationale.
[Français]
Le principe derrière ce mouvement est la promotion d'une explication odieuse voulant qu'Israël soit l'unique responsable du conflit israélo-arabe.
[Traduction]
De plus, les activistes qui font partie de ce mouvement réclament que tous les pays boycottent la seule démocratie libérale du Moyen-Orient, mais parallèlement, ils n'accordent aucune attention à certains États qui figurent pourtant parmi les pires pays au monde pour ce qui est du respect de la personne.
Ces boycotts prennent différentes formes. Ainsi, on fait pression sur les consommateurs pour qu'ils n'achètent pas de produits provenant d'Israël, on demande aux universités de couper les liens qu'elles entretiennent avec des universitaires israéliens, et on exige que les athlètes israéliens ne soient pas autorisés à participer aux compétitions sportives internationales.
En préconisant de telles mesures, ces activistes s'attaquent à tous les Israéliens qui habitent dans ce pays, peu importe leur allégeance politique ou leur point de vue. Ils tiennent des propos qui sont uniquement réservés aux États parias, et ils les appliquent uniquement et exceptionnellement à la seule démocratie libérale du Moyen-Orient et au seul État juif dans le monde.
[Français]
Il est clair que l'intention de ceux qui sont en faveur de ce mouvement n'est pas de résoudre le conflit, mais plutôt d'isoler Israël et de contester le droit de l'État juif d'être traité avec équité.
[Traduction]
J'irais même jusqu'à dire à la Chambre que le mouvement BDS est un mouvement discriminatoire. En effet, en ciblant tous les Israéliens et en les plaçant sur une liste noire, uniquement à cause de leur origine nationale, les organisateurs du mouvement exercent une forme de discrimination à leur égard. Les Juifs ont été victimes de boycottage tout au long de l'histoire, et ils le sont encore aujourd'hui parce que les activistes du mouvement BDS réclament le boycottage des citoyens de l'État juif.
Ce mouvement n'est pas propalestinien; il est anti-Israël. Je veux vraiment insister sur ce fait. Je dirais à mes collègues et aux autres députés que ce mouvement nuit à la paix. Il ne contribue pas du tout à rapprocher les deux parties, à promouvoir la paix ou à améliorer la qualité de vie des citoyens palestiniens. Il fait porter tout le blâme à Israël, ce qui est absurde, et agit comme si personne d'autre, y compris les Palestiniens, n'a sa part de responsabilité à assumer. Si ce mouvement réussit, le gagne-pain de milliers de Palestiniens employés par des entreprises israéliennes serait menacé.
En outre, le mouvement BDS importe le conflit: en ciblant de manière illégitime des entreprises, des universités et des institutions de la société civile, il tente d'amener le conflit du Moyen-Orient au Canada. Les organismes canadiens ne devraient jamais être utilisés comme un véhicule pour l'exclusion sociale et la diabolisation des Canadiens en fonction de leur origine nationale.
[Français]
Ce mouvement, comme je l'ai déjà dit, importe ce conflit: en ciblant de manière illégitime des entreprises, des universités et des institutions de la société civile, il tente d'amener le conflit du Moyen-Orient au Canada.
Les organismes canadiens ne devraient jamais être utilisés comme un véhicule pour l'exclusion sociale et la diabolisation des Canadiens en fonction de leur origine nationale.
[Traduction]
Le mouvement BDS a déjà eu certaines conséquences néfastes. Il a par exemple ciblé l'entreprise SodaStream. Le déménagement, en septembre 2015, de l'entreprise SodaStream de la Cisjordanie au Néguev est directement attribuable à la campagne du mouvement BDS. Ce sont des employés palestiniens qui ont été touchés par le déménagement. Pourtant, les activistes mal avisés du mouvement BDS ont prétendu qu'il s'agissait d'une victoire.
Ce n'est là qu'un exemple de la façon dont le mouvement peut être utilisé à des fins répréhensibles. Les députés de ce côté-ci de la Chambre attachent une grande valeur à la liberté. Nous attachons de l'importance à nos droits et à notre capacité de nous exprimer et d'agir librement. Ce n'est pas là-dessus que porte le débat. La motion ne vise pas à empêcher les gens de s'exprimer sur la place du marché ou sur la place politique. Nous devons prendre position. Il s'agit d'une question importante non seulement pour les Israéliens, mais aussi pour les Canadiens de tous les points de vue, qui attachent de l'importance à un discours approprié et à la démocratie dans une région difficile du monde.
Je demande aux députés de tous les partis politiques de se ranger de notre côté. Il ne s'agit pas d'une question partisane. Je leur demande de se ranger de notre côté relativement à cette motion. Nous devons envoyer un message clair aux Canadiens et aux défenseurs de la liberté partout dans le monde et appuyer la motion.
:
Madame la Présidente, au Canada nous jouissons de la liberté d'expression. Nous pouvons exprimer nos idées et nos pensées sans avoir peur de représailles. On tire la ligne au discours haineux, au harcèlement criminel et aux paroles qui incitent à la violence. Sinon, la plupart du temps, nous pouvons dire ce que nous voulons au Canada.
Or, la liberté d'expression ne signifie pas que le public doit embrasser la cause d'autrui. En fait, la liberté d'expression qui permet à une personne d'exprimer une idée nous permet aussi, à moi et aux dirigeants du pays qui sont ici aujourd'hui, de condamner cette même idée. Il revient à la société de choisir quelles idées elle épouse et quelles idées elle condamne. La motion à l'étude aujourd'hui demande à chacun de nous en cet endroit de faire un tel choix.
Voici ce que dit la motion:
Que, étant donné l’amitié et les relations économiques et diplomatiques de longue date qui unissent le Canada et Israël, la Chambre [c'est-à-dire nous tous ici présents] rejette la campagne du mouvement Boycott, désinvestissement et sanctions (BDS), qui encourage la diabolisation et la délégitimation de l’État d’Israël, et prie le gouvernement de condamner toute tentative de la part d’organismes, de groupes ou de particuliers du Canada de promouvoir le mouvement BDS, ici et à l’étranger.
Sur le site Web BDSmovement.net, les fondateurs du mouvement ont déclaré: « Le mouvement mondial pour une campagne de boycott, de désinvestissement et de sanctions [...] contre Israël durera tant que le droit international et les droits des Palestiniens ne seront pas respectés... » Les députés noteront que les auteurs de cette déclaration d'intention ne lancent aucun appel en faveur de la paix dans le conflit israélo-palestinien. En fait, le mot d'ordre de ce mouvement est « contre Israël ».
Il ne s'agit pas d'un boycott ordinaire. Dans ses mesures qu'il qualifie lui-même d'orientées « contre Israël », le mouvement BDS s'emploie à délégitimer le droit du peuple juif à l'autodétermination et le droit de l'État d'Israël d'exister. Comme tous les partis à la Chambre ont exprimé leur appui au droit d'Israël d'exister et, comme le mouvement BDS constitue l'antithèse de cette position puisqu'il s'oppose à ce droit, je condamne ouvertement ce mouvement.
Dans un article publié en 2011, l'auteure Robyn Urback rapporte un incident survenu à l'Université Carleton, qui serait lié au mouvement BDS:
Selon des rapports qui nous sont parvenus de l'Université Carleton hier soir, la situation a dégénéré lors d'une réunion de l'association des étudiants [...] après l'abandon d'une motion de désinvestissement par le groupe Students Against Israeli Apartheid. Des manifestants à l'extérieur de la salle du conseil ont commencé à protester et à crier au sujet de cette décision et certains étudiants ont déclaré s'être sentis pris au piège et menacés.
« C'est à ce moment-là que la situation a dégénéré [à l'association] », a déclaré Emile Scheffel, un étudiant de l'Université Carleton et membre de l'Ottawa Israel Awareness Committee. « Le conseil a fait une pause de cinq minutes, mais les participants ne se sentaient pas à l'aise de quitter la salle. »
« La situation est devenue très tendue », selon les dires de Scheffel. « Les protestataires ont commencé à frapper les murs et à crier “c'est honteux” ». Certains étudiants ont même affirmé avoir été victimes d'intimidation physique et d'insultes homophobes pour avoir [appuyé] la [...] motion.
« Je me suis senti personnellement menacé hier soir et je suis extrêmement inquiet à l'idée de me rendre sur le campus », [a déclaré] un conseiller de l'association étudiante représentant la faculté d'affaires publiques...
Au lieu de contribuer au discours voulant que la paix passe par des actions concrètes et l'apprentissage, le mouvement BDS voudrait donner une place à l'intimidation physique et à la diabolisation dans le discours canadien sur le conflit israélo-palestinien. Or, c'est tout le contraire qu'il devrait faire. Cette philosophie est contraire à l'esprit canadien, et je ne peux que la condamner. Le mouvement BDS voudrait museler la liberté universitaire. Les différents aspects de ce mouvement seront abordés par bon nombre de mes collègues ici présents au courant de la journée, mais en ce qui me concerne c'en est un que je trouve particulièrement révoltant.
Selon un article sur le site jadaliyya.com, le mouvement BDS incite les gens à « s'abstenir d'assister aux conférences organisées par les universités israéliennes » et demande à ses partisans de ne pas prendre la parole publiquement dans ces mêmes établissements, de ne pas mener de recherches conjointes avec eux, de ne pas y financer de séjours étudiants et de n'étudier ni les propositions de bourses universitaires associées à des organismes subventionnaires israéliens ni les articles de revues savantes dont le siège est dans une université israélienne. Il demande en fait aux Canadiens d'étouffer les idées d'une nation démocratique et souveraine avec laquelle nous entretenons des relations diplomatiques depuis longtemps.
Voici un exemple qui me touche personnellement. Dans le cadre d'une initiative conjointe, le renommé institut de neurologie de l'Université de Calgary reçoit des chercheurs israéliens venus chercher de nouveaux moyens d'améliorer la santé de notre cerveau. Il y a tellement de possibilités qui s'offrent à nous.
Le musellement de la pensée universitaire, voilà ce que préconise ce mouvement. Cette philosophie est contraire à l'esprit canadien, et c'est pourquoi je la condamne.
Je sais que de nombreux étudiants du pays sont visés par des motions dont ont été saisis leurs associations et conseils étudiants. J'ai cru comprendre que ce sera la septième fois en autant d'années que l'Université McGill sera appelée à se prononcer sur une motion lui demandant d'appuyer le mouvement BDS. J'ai demandé aux étudiants à qui reviendra la décision de demander aux représentants du mouvement pourquoi ils ne misent pas plutôt sur la collaboration et ne contribuent pas à amasser des fonds pour aider les organismes qui travaillent directement à doter l'État palestinien d'un cadre démocratique. Voilà ce qu'ils devraient leur demander: « Pourquoi ne recueillez-vous pas des fonds pour soutenir cette cause, à la place? ». Ils devraient leur demander pourquoi leur mouvement n'aspire pas à la paix. Car c'est plutôt ainsi que nous agissons, nous, les Canadiens.
Mes collègues libéraux, à l'instar de tous les députés, appuient l'aide humanitaire, pourvu qu'elle ne soit pas destinée à des organisations qui soutiennent le terrorisme. Il y a moyen d'y arriver, mais ce n'est pas ce que fait le mouvement BDS. Les étudiants qui s'y opposent ont été victimes de violence, d'humiliation et d'intimidation sur leur campus. Je veux qu'ils tiennent bon. Quand nous voterons sur la motion, ceux qui se lèveront pour dénoncer ce mouvement montreront qu'ils sont de leur côté. Il ne s'agit pas de rejeter les idées du mouvement, mais de refuser de l'appuyer, car il y a une meilleure façon de s'y prendre. Ces étudiants peuvent compter sur nous pour défendre le droit des établissements d'enseignement canadiens de promouvoir les valeurs à la base de l'édification de notre pays et, comme mon collègue l'a dit, pour affirmer notre appui à Israël et notre approche en matière de relations diplomatiques. Que ces étudiants soient donc rassurés, car nous nous lèverons pour dénoncer ce mouvement.
J'ai parlé aux étudiants, et j'aimerais maintenant m'adresser à mes collègues.
En 2010, une motion semblable a été présentée à Queen's Park, et les députés provinciaux de l'Ontario ont condamné à l'unanimité la semaine contre l'apartheid israélien. Pour ceux qui se demandent peut-être de quoi il s'agit, voici ce qu'en disent ses organisateurs:
La semaine contre l'apartheid israélien vise à sensibiliser l'opinion publique au projet colonial d'Israël et à ses politiques d'apartheid à l'encontre du peuple palestinien [et] à renforcer le soutien au mouvement [...] Boycott, désinvestissement et sanctions dirigé par la Palestine.
Ce débat a déjà eu lieu dans une assemblée législative provinciale canadienne, et la motion qui avait alors été présentée a reçu un appui unanime.
Voici une déclaration de Cheri DiNovo, députée provinciale néo-démocrate: « bien que la motion, adoptée à l'unanimité, soit symbolique, elle fait comprendre que les parlementaires préconisent plutôt une discussion positive. »
Nous condamnons ces activités.
J'aimerais aussi lire une déclaration de John Milloy, qui était alors ministre libéral provincial. Il n'était pas présent lors du vote, mais il a dit ceci:
Les campus universitaires sont des lieux de débat et de discussion. Les discussions portent souvent sur des sujets qui peuvent offenser les gens, les ébranler. [...] Selon moi, il faut éviter absolument la haine sur les campus et tout ce qui pourrait faire en sorte qu'un étudiant se sente menacé.
J'étais en Israël la semaine dernière et j'étais accompagnée de députés des trois principaux partis à la Chambre. Nous avons rencontré des chefs palestiniens et israéliens, et les députés des trois partis leur ont demandé ce que les Canadiens pouvaient faire pour aider.
La Chambre est actuellement saisie d'une motion qui pourrait justement être utile. Grâce à elle, nous pourrions rappeler que les Canadiens sont partisans de la paix et qu'ils condamnent les idées fausses et le caractère néfaste de ce mouvement, qui ne favorisent pas le processus de paix dans cette région. Nous défendons les valeurs canadiennes et nous dénonçons les actions de ce mouvement.
:
Madame la Présidente, au nom du et de tout le gouvernement, j'annonce d'emblée que le gouvernement va appuyer cette motion de l'opposition officielle. Nous allons l'appuyer parce que nous sommes d'accord sur le fond, malgré nos réserves quant à la forme et quant aux visées réelles du Parti conservateur dans cette affaire.
[Traduction]
La motion se lit comme suit:
Que, étant donné l'amitié et les relations économiques et diplomatiques de longue date qui unissent le Canada et Israël, la Chambre rejette la campagne du mouvement Boycott, désinvestissement et sanctions (BDS), qui encourage la diabolisation et la délégitimation de l'État d'Israël, et prie le gouvernement de condamner toute tentative de la part d'organismes, de groupes ou de particuliers du Canada de promouvoir le mouvement BDS, ici et à l'étranger.
Revoyons le libellé de la motion: « Que, étant donné l'amitié et les relations économiques et diplomatiques de longue date qui unissent le Canada et Israël [...] ». Je vais m'arrêter là.
[Français]
Nous sommes tout à fait d'accord. Il y a des relations d'amitié et des relations économiques et diplomatiques entre le Canada et Israël. D'ailleurs, qui à la Chambre n'est pas d'accord? Israël n'est-il pas non seulement un allié, mais également un ami indéfectible pour le Canada? Comment pourrions-nous ne pas admirer ce que ce pays de si petite taille a pu apporter en grandeur, si la grandeur se mesure par le courage, la détermination, l'inventivité, la solidarité? Comment ne pas espérer que cette démocratie fasse tache d'huile dans une région aux prises avec toutes sortes de dérives autoritaires? Comment ne pas se réjouir que le peuple juif, persécuté depuis des millénaires, puisse trouver un coin de la Terre où il se sentira toujours chez lui?
[Traduction]
Nous, les Canadiens, avons toutes les raisons de manifester notre solidarité avec Israël, et en premier lieu à cause des erreurs de notre passé. Le Canada a refoulé des juifs qui frappaient à sa porte pour être accueillis sur son territoire. Rappelons-nous l'expression « aucun, c'est déjà trop ». Le Canada a exclu les juifs des organes décisionnels et des universités. Il a exercé de la discrimination contre eux de nombreuses façons, parfois ouvertement et parfois de manière voilée.
Voyons où en sont les juifs au Canada aujourd'hui. Comment pourrions-nous ne pas nous féliciter de leur avoir ouvert nos portes de telle sorte qu'ils constituent aujourd'hui, chez nous, la quatrième population juive dans le monde, après les États-Unis, Israël et la France?
La musique de Leonard Cohen nous a fait vibrer. Nous nous sommes extasiés devant l'architecture de Moshe Safdie. Les récits de Mordecai Richler nous ont enchantés. Nous nous sommes ralliés aux décisions convaincantes de Jean Beetz. Le dévouement d'Irwin Cotler nous a inspirés. Les juifs font sentir de plus en plus leur présence enrichissante dans toutes les sphères d'activité, au Canada.
Alors, puisque nous devons tant à la population juive canadienne, ne devrions-nous pas manifester notre solidarité envers Israël, un pays qui subit d'intenses pressions militaires, qui vit constamment sous la menace du terrorisme et qui a besoin de notre aide? Et, de toute façon, il est dans notre intérêt d'être aux côtés d'Israël. Nous ne pouvons nier, par exemple, qu'il est avantageux pour nous d'entretenir des liens avec le deuxième investisseur, parmi les pays de l'OCDE, dans le domaine de la recherche-développement.
Voyons encore la motion qui nous est soumise: « [...] la Chambre rejette la campagne du mouvement Boycott, désinvestissement et sanctions (BDS) [...] ».
[Français]
Encore là, nous sommes tout à fait d'accord. Le rejet du boycott d'Israël est dans la tradition canadienne.
[Traduction]
Le Canada s'est fermement opposé aux campagnes arabes de boycottage d'Israël depuis qu'elles ont commencé, dans les années 1970.
[Français]
L'opposition au mouvement BDS a d'ailleurs été exprimée avec force par le chef libéral et le Parti libéral, avant comme durant la campagne électorale. Ainsi, lors de la campagne, The Canadian Jewish News a publié une publicité électorale signée par les candidats libéraux de Papineau, donc notre , de Mont-Royal, d'Outremont, de Notre-Dame-de-Grâce—Westmount, de Pierrefonds—Dollard et de Saint-Laurent, qui se lisait comme suit:
Le Parti libéral du Canada est d'avis que:
Le Canada a toujours été un ami d'Israël et doit le demeurer.
Nous devons lutter contre l'antisémitisme sous toutes ses formes.
Nous devons nous opposer localement aux campagnes de boycottage, de désinvestissement et de sanctions contre Israël et continuer de les condamner avec force.
Nous, les libéraux, n'appuyons pas ce mouvement de boycott, car nous ne croyons pas qu'il est susceptible de favoriser l'atteinte de la paix au Moyen-Orient. Or il faut rechercher inlassablement la paix et ne pas se tromper dans les solutions que nous préconiserons pour l'atteindre.
Le statu quo est intenable tant pour les Israéliens que pour les Palestiniens. Les tendances démographiques vont rendre de plus en plus invivable l'occupation des territoires.
Il faut trouver la voie pacifique qui, par la négociation, mènera à l'avènement de deux États: Israël et la Palestine, vivant côte à côte dans la sécurité et la paix. Le boycott d'Israël ne mènera pas à cette paix juste tant désirée.
[Traduction]
C'est le rapprochement et non le rejet qui mène à la paix. La paix nécessite plus d'interaction et de collaboration, et non le contraire. Un boycott crée des victimes. Il met au chômage des travailleurs, qu'ils soient israéliens, juifs ou arabes; palestiniens, chrétiens ou musulmans.
Faire obstacle aux investissements ne peut qu'engendrer plus de misère et de désespoir. L'exemple de SodaStream, une société israélienne de renommée mondiale, est éloquent. L'entreprise s'est vue forcée de fermer son usine en Cisjordanie parce que le mouvement BDS menaçait de lancer un boycott contre elle. Des centaines de Palestiniens ont donc perdu des emplois bien rémunérés. Dans la conjoncture actuelle, ce genre de conséquences négatives pour la population palestinienne est inacceptable. En soi, le boycott ne fait rien pour promouvoir la paix.
Pour assurer la dignité de la population palestinienne, le Canada juge essentiel d'améliorer ses perspectives économiques, puisque cela a l'effet souhaitable de favoriser la stabilité et la sécurité dans la région. Dans cette optique, le Canada finance une foule de projets destinés à améliorer les débouchés pour les Palestiniens. Ce sont les activités de ce genre qui permettront de faire avancer le processus de paix. Or, le mouvement BDS nourrit des tensions déjà vives entre les Israéliens et les Palestiniens, au détriment de ceux-ci.
Non seulement le monde n'a rien à gagner en boycottant Israël, mais il se priverait ainsi du talent et de l'inventivité de ce pays. Il serait injuste et contre-productif de priver les étudiants canadiens de la contribution des professeurs israéliens, de priver les chercheurs de la collaboration de leurs collègues israéliens, ou d'empêcher les entreprises de conclure ou de maintenir des partenariats avec des sociétés israéliennes. Cette approche ne ferait rien pour promouvoir la paix et engendrerait une injustice considérable tout en portant atteinte à la liberté d'expression.
Il est inadmissible et contre-productif d'exercer des pressions sur les musiciens, les écrivains, les poètes et les autres artistes pour les empêcher de se rendre en Israël ou d'y pratiquer leur art. Au lieu d'encourager le dialogue et la compréhension, nous ne ferions que répandre la méfiance et l'intimidation.
Il semblerait que des étudiants juifs se sentent menacés dans les universités canadiennes. C'est à la fois troublant et inacceptable.
[Français]
Il ne nous faut pas moins d'échange entre le Canada et Israël. Au contraire, il nous en faut plus. Il nous faut mettre en oeuvre l'Accord de libre-échange Canada—Israël afin de réduire les obstacles techniques, de renforcer la coopération, d'accroître la transparence dans les questions réglementaires et de diminuer le coût des transactions pour les entreprises. Voilà la voie à suivre.
Nous devons nous objecter à ce qui porte entrave au renforcement de ces liens en tous genres entre le Canada et Israël.
[Traduction]
Du fait de son unilatéralisme, le mouvement Boycott, désinvestissement et sanctions fait obstacle à une véritable recherche de paix et de justice puisqu'il ne cible qu'Israël, qu'il exhorte seulement Israël à agir. Une fois de plus, au lieu de faciliter un règlement pacifique et durable, le mouvement BDS crée une espèce de châtiment collectif qui nuit tant aux Israéliens qu'aux Palestiniens.
Alors que le Canada examine le contexte du processus de paix au Moyen-Orient en cherchant comment contribuer à l'atteinte d'une solution conciliant les intérêts des Israéliens et des Palestiniens, le moment est mal choisi pour chercher des façons de punir l'un de ces deux peuples. Nous devrions plutôt nous demander comment les encourager à reprendre le dialogue, comment lancer, de concert avec les Israéliens et les Palestiniens, un processus de paix positif.
Examinons maintenant la dernière section de la motion à l'étude:
[...] du mouvement Boycott, désinvestissement et sanctions (BDS), qui encourage la diabolisation et la délégitimation de l’État d’Israël, et prie le gouvernement de condamner toute tentative de la part d’organismes, de groupes ou de particuliers du Canada de promouvoir le mouvement BDS, ici et à l’étranger.
[Français]
Voilà une rhétorique qui suscite la méfiance venant des conservateurs, lesquels n'ont cessé, ces dernières années, de chercher à transformer l'appui à Israël en enjeu partisan au Canada. Oui, il y a parmi les adeptes du boycott des gens aux mauvaises intentions qui ne veulent pas la paix et qui s'acharnent contre Israël.
[Traduction]
Ceux-ci ne cherchent pas vraiment à résoudre le conflit israélo-palestinien, mais plutôt à délégitimer Israël, à le pointer du doigt.
[Français]
Il y a aussi certainement dans les rangs de ce mouvement des extrémistes, des racistes et des antisémites animés par la haine. Ceux-là, il faut les condamner avec la plus grande fermeté.
[Traduction]
Force est toutefois de reconnaître que bon nombre de partisans du mouvement BDS sont animés de bonnes intentions, bien qu'ils fassent fausse route. Au Canada comme à l'étranger, beaucoup d'organismes et de gens soutiennent le mouvement BDS parce qu'ils y voient une initiative non violente qui accélérera le processus de paix et mènera à une résolution durable du conflit israélo-palestinien. Ils souhaitent la même chose que nous, en fait: la coexistence de deux États, Israël et la Palestine, tous les deux stables, sûrs et démocratiques. Les partisans du mouvement BDS se trompent toutefois sur la façon d'atteindre ce but.
[Français]
Ceux-là, ceux qui sont de bonne foi, on ne les convaincra pas de leur erreur en leur tapant sur la tête et en leur assénant des condamnations tous azimuts. Ce n'est pas par l'intimidation, les invectives et les procès d'intention qu'on établira un dialogue constructif avec eux. Il faut leur parler avec respect et leur faire valoir les arguments qui font faire ressortir le boycott d'Israël pour ce qu'il est: une fausse solution.
Ce débat, comme bien d'autres, nous l'avons mené et nous le mènerons encore, au Canada ou ailleurs, avec des interlocuteurs que nous respectons, qui parfois sont eux-mêmes Juifs, d'ailleurs. Ce n'est pas par l'ostracisme et l'intimidation, mais bien par le dialogue et le débat franc et ferme que les ralliements aux solutions véritablement prometteuses pourront se produire.
[Traduction]
Le Canada et Israël sont des démocraties fortes et dynamiques dans lesquelles on s'attend à des critiques légitimes et on les accepte dans le cadre d'un discours légitime pour dégager un consensus.
[Français]
Toutefois, nos collègues conservateurs sont-ils intéressés par ce dialogue, par cette recherche du consensus? Au pouvoir, ils ont fait tout le contraire. Ils ont lancé des menaces et des invectives et ont pratiqué l'amalgame systématique à des fins partisanes crasses. Ils ont fait de l'appui à Israël et à la communauté juive canadienne un enjeu partisan. Cela n'a pas fonctionné pour eux, mais ils semblent n'en avoir tiré aucune leçon.
Ils nous reviennent aujourd'hui avec cette motion et nous savons très bien que son but est de créer la division. Personne ne sort gagnant de ce genre d'exercice.
À nos collègues et amis conservateurs, nous disons que les Canadiens sont nombreux à en avoir soupé de leur manichéisme simpliste, assez de leur hyper-partisanerie. Voilà l'une des principales raisons pour lesquelles les Canadiens les ont relégués dans les bancs de l'opposition. À eux, les conservateurs, d'en tirer les leçons qui s'imposent. Sinon, ils resteront dans l'opposition.
Concluons sur ce qui compte vraiment: l'amitié indéfectible du Canada envers Israël, le partenariat soutenu et constructif que nous entretenons avec l'autorité palestinienne, la recherche de la justice pour tous, y compris le peuple palestinien, la recherche de la sécurité pour tous, y compris le peuple juif, et l'érection de deux États vivant leur voisinage dans la concorde.
Voilà ce que nous devons rechercher sans relâche et avec détermination, mais aussi avec lucidité et discernement. Il nous faut trouver ensemble, avec tous les humains de bonne volonté, les solutions porteuses de paix et de justice parmi lesquelles le boycott d'Israël ne figure pas.
:
Madame la Présidente, nous sommes saisis d’une motion très bizarre et c’est le moins qu’on puisse dire. La première partie rejette le mouvement BDS, mais j’y reviendrai. La seconde prie le gouvernement de condamner toute tentative de la part d’organismes, de groupes ou de particuliers du Canada de promouvoir le mouvement BDS, ici et à l’étranger.
J’y vois un grave problème. Le Parlement n’a pas pour rôle de limiter les sujets dont les Canadiens peuvent débattre, ou de condamner des opinions. Le NPD n’appuie pas ce mouvement qui, à son avis, nous détourne des progrès réels à accomplir dans la région.
Permettez-moi de citer une déclaration qu’a faite Jack Layton en 2010. Il affirmait: « […] notre parti n’a jamais refusé à Israël le droit, non seulement d’exister, mais d’exister dans des frontières et dans une région sûres, et il ne le fera jamais. » De la même façon en ce qui concerne le mouvement BDS, il ne s’agit pas d’une politique du parti et nous ne l’appuyons pas.
Il serait plus sage de collaborer avec des partenaires qui souhaitent la paix des deux côtés afin de trouver une solution durable pour tous. Comme je l’ai dit, la motion n’a pas de rapport avec le mouvement BDS, mais plutôt avec la politique de division et la liberté d’expression.
[Français]
Je vais relire en français ce que dit la deuxième partie de cette motion.
[...] prie le gouvernement de condamner toute tentative de la part d'organismes, de groupes ou de particuliers du Canada de promouvoir le mouvement BDS, ici et à l'étranger.
On ne parle pas ici de tentatives extrémistes. Comme je le disais un peu plus tôt, je suis convaincue que ce n'est pas le rôle du Parlement d'empêcher qui que ce soit de débattre d'idées et d'avoir une opinion. En fait, le rôle du Parlement est le contraire de cela. Son rôle est de défendre la liberté d'opinion et la liberté d'expression de tous les Canadiens, incluant ceux avec qui on peut être d'accord ou pas.
Si j'avais aujourd'hui devant moi une motion qui me demandait de condamner tout groupe qui s'oppose au libre choix pour les femmes, je ne l'approuverais pas, parce que ce n'est pas notre rôle de condamner les gens pour leur opinion. Est-ce que le délit d'opinion devient un crime au Canada? Les conservateurs aimeraient probablement cela, mais je ne pense pas que ce Parlement devrait prendre cette direction.
En même temps, cela ne m'étonne pas trop qu'une telle idée, une telle motion nous vienne du Parti conservateur. Nous en avons vu d'autres de leur part. Nous avons vu le projet de loi . C'est assez intéressant de voir que les libéraux qui, on l'apprend, vont appuyer cette motion, ont aussi voté en faveur du projet de loi C-51 qui limite notre droit d'expression.
Nous connaissons les conservateurs pour leur utilisation de bâillons. Chaque fois que l'opposition n'était pas d'accord avec leurs politiques, ils imposaient un bâillon. Ils ont muselé les bureaucrates et les scientifiques en plus d'avoir limité l'accès à l'information. Ils ont empêché les médias de faire correctement leur travail, ce qui est pourtant un des principes de notre démocratie.
Ils ont harcelé et intimidé une foule d'organisations de la société civile, notamment par l'entremise de l'Agence du revenu du Canada, organisations dont le grand péché était de ne pas être d'accord sur les politiques du gouvernement. Cela me rappelle presque George Orwell. Dans quel monde vivons-nous pour qu'ici, au Canada, on s'attaque au droit fondamental de ne pas être d'accord?
Ce qui est assez ironique, c'est que les conservateurs ont présenté des projets de loi émanant des députés visant à diminuer nos protections contre le discours haineux — c'est assez étrange — dont font souvent l'objet les minorités culturelles et d'orientation sexuelle différente.
La motion, typique des conservateurs, vise surtout à bâillonner ceux avec qui ils ne sont pas d'accord. Personnellement, je refuse cela. Je reprendrai ici les mots de Voltaire: « Je désapprouve ce que vous dites, mais je me battrai jusqu'à la mort pour que vous ayez le droit de le dire. »
Il y a des gens qui pensent que c'est une bonne idée, mais je ne suis pas forcément d'accord là-dessus. Je pense qu'il faut plutôt concentrer ses efforts à travailler avec les partenaires pour la paix, des deux côtés, pour en arriver à une solution juste, durable et équitable pour le bien-être de tous. Toutefois, certains ont une autre idée. Il y en a en Israël, et j'en rencontre dans ma propre circonscription. On constate notre désaccord, et on peut en discuter. La discussion et le dialogue sont la voie qui nous permettra de progresser sur ces questions fort épineuses.
[Traduction]
C'est très triste de voir les conservateurs faire de la politique avec cet enjeu. Je suis d'accord avec le . Ils jouent une fois de plus le jeu de la division et ce genre de politique n'aide personne. Elle n'aide pas nos amis. Les conservateurs s'adonnent à ce jeu tellement souvent.
L'approche mise en oeuvre pendant des années par les conservateurs, au Moyen-Orient surtout, a entaché la réputation du Canada. Le Canada a perdu sa capacité d'agir à titre d'intermédiaire honnête et d'aider nos amis, notamment Israël. Le Canada n'a aucun pouvoir ni influence dans la région parce qu'il a perdu sa crédibilité, puisqu'un trop grand nombre d'acteurs veulent se faire les agents du changement et de la paix et prendre part au processus. Les conservateurs ont coupé tous les ponts.
Oui, nous devons jouer un rôle positif, mais nous ne pourrons le faire si nous adoptons des politiques d'interdiction et si nous empêchons le débat. Je vais vous lire une citation que j'aime et que j'appuie:
Je suis Canadien [...] libre de m'exprimer sans crainte, libre de servir Dieu comme je l'entends, libre d'appuyer les idées qui me semblent justes, libre de m'opposer à ce qui me semble injuste, libre de choisir les dirigeants de mon pays. Ce patrimoine de liberté, je m'engage à le sauvegarder pour moi-même et pour toute l'humanité.
C'est le premier ministre progressiste-conservateur John Diefenbaker qui a prononcé ces mots. Je pense qu'il serait très triste aujourd'hui.
[Français]
À voir ce que les conservateurs tentent de faire aujourd'hui, il se retournerait dans sa tombe.
Plutôt que de semer encore plus la division, travaillons ensemble à trouver des solutions positives face à cette situation si difficile et, surtout, levons-nous pour défendre nos valeurs, nos droits et nos libertés, incluant le droit de parole et le droit à l'opinion, et c'est au nom de ce dernier droit que je vais dire non à cette motion.
:
Madame la Présidente, je partagerai mon temps de parole avec le député de .
Madame la Présidente, le débat d'aujourd'hui ne devrait pas être un débat partisan. Cela dit, je tiens à souligner d'entrée de jeu que mon parti, qui forme l'opposition officielle, est le seul parti n'ayant pas compté en ses rangs un député ou un candidat qui a appuyé ou appuie maintenant le mouvement BDS. Le et le chef du troisième parti ont tous deux dénoncé vivement le mouvement BDS. J'ai hâte que nous nous prononcions sur la motion pour savoir si les députés voteront à l'unanimité en faveur de celle-ci.
Ceux qui participent au mouvement Boycott, désinvestissement et sanctions prétendent qu'il s'agit d'un mouvement axé sur les droits de la personne. En fait, il s'agit plutôt d'une campagne haineuse à peine déguisée, qui comporte plusieurs facettes.
D'une part, elle cible l'économie et les citoyens de la seule démocratie du Moyen-Orient. Elle vise à délégitimer et à diaboliser l'État d'Israël par des attaques antisémites haineuses et hypocrites.
D'autre part, sur les campus des universités et des collèges du Canada, le mouvement BDS axe le nouvel antisémitisme sur les étudiants pro-israéliens et les étudiants juifs. Il perturbe ainsi l'expérience de ces derniers, qui devrait être positive et inspirante, par ses propos haineux.
Les effets vicieux de cette campagne mondiale, financée et appuyée par des éléments extrémistes opposés à Israël, se font sentir dans bon nombre de grands campus, comme ceux de l'Université Concordia, de l'Université McGill, de l'Université McMaster, de l'Université Ryerson, de l'Université de Toronto, de l'Université de Waterloo et de l'Université York, qui se trouve à la périphérie de ma circonscription, . La campagne est très souvent parrainée par des syndicats étudiants contrôlés par la Fédération canadienne des étudiantes et étudiants. On observe très souvent, trop souvent, dans les référendums étudiants, des tactiques d'intimidation visant à dissuader les opposants au mouvement BDS de voter, ainsi que différentes formes de truquage des votes.
Dans quelques jours seulement, on demandera de nouveau aux étudiants de McGill — pour la troisième fois en deux ans — d'appuyer le mouvement BDS.
Toutefois, j'ai de bonnes nouvelles à annoncer: les étudiants de l'Université de Waterloo ont rejeté une proposition référendaire visant à rompre les liens entre leur université et les établissements universitaires israéliens. On peut espérer que les étudiants de McGill suivront leur exemple. Après le référendum, Ilia Sucholutsky, un étudiant de deuxième année de l'Université de Waterloo, a dit: « Si les activistes anti-Israël de l'université tenaient vraiment à la paix, ils auraient proposé des initiatives visant à établir entre les deux parties une relation fondée sur le dialogue, la réconciliation et la coopération. » Il a ajouté: « Ils ont choisi plutôt d'adopter une approche unilatérale, punitive et discriminatoire, afin de tenter d'isoler les universitaires israéliens, mais les étudiants de l'université ont vu clair dans leur jeu. »
Même si nous saluons la perspicacité et le courage de certaines populations étudiantes qui résistent aux tyrans du mouvement BDS, je suis désolé que, en 2016, la Chambre soit contrainte de reconnaître une fois de plus qu'une nouvelle forme d'antisémitisme s'est répandue au Canada et ailleurs dans le monde.
Malgré tous les efforts de générations de parlementaires et de simples citoyens ainsi que la vigilance et la détermination d'organismes de défense des droits de la personne comme B'nai Brith Canada et Les Amis du Centre Simon Wiesenthal, la haine originelle de l'humanité, c'est-à-dire l'antisémitisme, se porte encore ignoblement bien, chez nous comme à l'étranger. Le plus récent rapport annuel de B'nai Brith Canada sur les incidents antisémites, publié l'an dernier, fait état du nombre le plus élevé d'incidents antisémites jamais enregistré par B'nai Brith et la Ligue des droits de la personne. Au total, 1 627 incidents ont été relevés partout au Canada, ce qui représente une hausse de 28 % par rapport à 2013.
Les Canadiens se souviennent sûrement de brèves périodes au cours des dernières décennies où l'on a pu croire, naïvement peut-être, que l'antisémitisme était un phénomène ignoble, mais appartenant à une époque révolue. Nous constatons toutefois la résurgence de cette haine ancestrale sous une forme hybride.
Dans ma circonscription, , il y a des actes de vandalisme et des graffitis antisémites. On voit par exemple des croix gammées surmontant l'étoile de David. À Montréal, des bombes incendiaires ont été lancées dans des entreprises juives, et des cimetières juifs ont été profanés. Lors de périodes de tensions au Moyen-Orient, certains rassemblements anti-Israël à Calgary, à Mississauga et à Toronto ont dégénéré en manifestations ouvertement antisémites.
La Semaine contre l'apartheid israélien et le mouvement Boycott, désinvestissement et sanctions constituent de l'antisémitisme hybride. Les partisans et les propagandistes de cette semaine et de ce mouvement déclarent qu'ils ne sont pas antisémites et qu'ils n'ont rien contre les Juifs, mais qu'ils en ont seulement contre Israël, l'État sioniste.
Le terme « sioniste » est devenu une façon détournée et odieuse de désigner les Juifs.
On observe maintenant une nouvelle variation du mouvement BDS. L'Union européenne impose aujourd'hui des directives d'étiquetage pour les produits israéliens fabriqués en Cisjordanie ou dans le plateau du Golan, des règles qui sont largement considérées comme étant des sanctions modérées. L'Union européenne nie que l'inscription du lieu d'origine sur les étiquettes constitue un boycott d'Israël, mais, dans une Europe de plus en plus anti-Israël, un tel étiquetage risque de causer de vastes dommages à l'économie d'Israël.
Cela dit, la politique semble bel et bien légitimer le boycott. Par exemple, il y a à peine deux mois, un grand magasin haut de gamme de Berlin a retiré tous les vins israéliens de ses tablettes, pas seulement ceux du plateau du Golan, mais ceux d'Israël même. Lorsque le journal Jerusalem Post a rapporté que le magasin avait été volé par les nazis avant la Seconde Guerre mondiale, celui-ci a remis les vins sur les tablettes.
L'Union européenne justifie le boycott modéré en argumentant que la cause première du conflit israélo-palestinien vient des colonies de peuplement et que l'inscription du pays d'origine sur les étiquettes accélérera la résolution du conflit grâce à la solution à deux États que nous tous à la Chambre souhaitons voir. Pourtant, l'Union européenne n'envisage aucunement d'inscrire le lieu d'origine sur l'étiquette des produits turcs provenant de Chypre du Nord , territoire illégalement occupé, ni de sanctionner le Maroc parce qu'il s'est emparé illégalement du Sahara-Occidental.
Voici une bonne nouvelle d'outre-Atlantique: le gouvernement britannique a récemment adopté une loi qui interdit aux conseils municipaux, des institutions financées à même les deniers publics, et à certaines associations universitaires étudiantes de boycotter les produits israéliens ou les produits en provenance de colonies israéliennes. Les institutions publiques qui continuent à imposer des restrictions visant les biens, les services et les produits en provenance d'Israël, qui les boycottent ou qui prennent des mesures contre les entreprises britanniques qui vendent ces produits ou services, seront passibles de peines sévères.
D'autre part, voici une mauvaise nouvelle, cette fois des États-Unis: le département d'État et la U.S. Customs and Border Protection Agency ont décidé d'imposer des sanctions sur les produits provenant des colonies israéliennes. Un représentant du département d'État a déclaré que cette mesure pouvait être perçue comme une première étape vers un boycott plus important. Un haut placé du département a ensuite ajouté que les États-Unis ne considèrent pas que la discrimination fondée sur l'origine des produits constitue une forme de boycott. Quoi qu'il en soit, la décision du département d'État contraste nettement par rapport aux déclarations contre l'étiquetage faites par le Congrès et aux lois antiboycott adoptées par divers États, notamment la Californie, la Caroline du Sud, la Pennsylvanie, l'Illinois et l'Indiana.
Après avoir consulté les électeurs de Thornhill et bon nombre de défenseurs des droits de la personne, j'envisage de présenter à la Chambre un projet de loi d'initiative parlementaire qui condamnerait le mouvement BDS. Cette mesure législative forcerait les institutions financées à même les deniers publics au Canada à prendre des mesures fermes contre toute forme de discours haineux. Elle prônerait également l'élaboration, par l'entremise des comités parlementaires concernés, d'une loi qui interdirait aux établissements d'enseignement supérieur financés par l'État de boycotter les biens et services en provenance d'Israël, conformément aux accords commerciaux que le gouvernement du Canada a conclus avec l'État d'Israël.
Malheureusement, mon nom figure assez bas sur la liste de priorité pour les projets de loi d'initiative parlementaire. Cependant, je serais ravi qu'un collègue d'un côté ou de l'autre de la Chambre me devance et présente un projet de loi visant le même objectif. Comme je l'ai indiqué au début de mon intervention, le débat d'aujourd'hui ne devrait pas être de nature partisane. J'ose espérer que lorsque la motion sera soumise au vote, la Chambre se prononcera à l'unanimité contre le boycott, le désinvestissement et les sanctions.
:
Madame la Présidente, je remercie mon éminent collègue de , mes collègues, les députés de et de , pour leur contribution, jusqu'ici, au débat. Cette question me touche personnellement. Mon épouse, Evangeline, est d'origine juive et mon beau-père, Winfred Winfield, est étalement Juif de naissance.
La motion dont la Chambre est saisie traite du mouvement BDS, pour boycott, désinvestissement et sanctions, contre Israël. Comme déjà auparavant, je me rappelle le proverbe yiddish « La plus petite vengeance est un poison pour l'âme. »
Le mouvement BDS est un mouvement vengeur, mesquin et contre-productif. Il pourrit le rameau d'olivier, symbole de la paix, que les partis des deux côtés du conflit tentent d'entretenir. Il introduit une discrimination en fonction de la nationalité et de l'ethnie. Il mine la paix en mettant en péril les emplois de Palestiniens qui sont tributaires d'entreprises israéliennes. Il importe un conflit étranger au Canada.
Il ne permet d'atteindre aucun des objectifs de ses partisans. Il n'est pas pro-palestinien, mais anti-Israël, anti-juif et, dans bien des cas, antisémite. Il détruit tout potentiel de bonne volonté entre les deux opposants. Il sert d'écran aux antisémites, qui se drapent dans leur vertu, prétendant défendre les faibles et les opprimés alors que, dans les faits, ils font la promotion de la haine, une haine qui est un poison pour l'âme.
En 2011, la boutique de chaussures Le Marcheur, sur la rue Saint-Denis, à Montréal, a été la cible d'activistes d'un groupe pro-BDS qui protestaient contre le fait que les propriétaires, Yves Archambault et Ginette Auger, avaient en stock des chaussures fabriquées en Israël. La pure mesquinerie qu'il y avait à s'en prendre aux propriétaires d'une petite entreprise au Canada qui ne cherchent qu'à gagner leur vie n'a rien fait pour régler le conflit israélo-palestinien.
[Français]
J'aimerais également signaler à la Chambre que l'Assemblée nationale du Québec a rejeté toute tentative de boycott, désinvestissement et sanctions contre Israël. En effet, M. François Bonnardel, député de Granby, a déposé, le 9 février 2011, la motion suivante, conjointement avec M. Lawrence Bergman, député de D'Arcy-McGee, M. Martin Lemay, député de Sainte-Marie-Saint-Jacques, M. Éric Caire, député de La Peltrie, et M. Marc Picard, député des Chutes-de-la-Chaudière.
Je salue ces députés de l'Assemblée nationale du Québec. Voici le texte de la motion:
Que l'Assemblée nationale du Québec déplore la campagne de boycott qui se tient depuis plusieurs semaines devant la Boutique Le Marcheur de Montréal.
Qu'en vertu des principes de libre entreprise et de libre marché, l'Assemblée nationale appuie le propriétaire de ce commerce, M. Yves Archambault, qui a pignon sur rue dans la métropole depuis 25 ans et qui paie ses taxes et ses impôts au Québec.
Que l'Assemblée nationale réitère son soutien à l'Entente de coopération entre le gouvernement du Québec et le gouvernement de l'État d'Israël, laquelle a été signée en 1997 et renouvelée en 2007.
Le seul député de l'Assemblée nationale qui a refusé de donner son consentement pour débattre de la motion fut le député de Mercier, M. Amir Khadir. M. Khadir s'est donc comporté de façon honteuse en refusant de consentir au débat sur la motion, car il savait très bien que son appui à la campagne de boycott était moralement indéfendable et tout simplement répugnant.
Les députés de l'Assemblée nationale ont donc vivement dénoncé la campagne de boycott contre la Boutique Le Marcheur, et donc contre Israël. Le Québec a ainsi clairement affirmé que l'antisémitisme est inacceptable dans une société libre et démocratique.
[Traduction]
Les retombées de la campagne BDS se font sentir dans les cités universitaires du monde entier ainsi qu'au Canada, où les campagnes deviennent des événements contre Israël, c'est-à-dire contre les Juifs.
J'ai honte de la réaction laxiste de l'Université Concordia — d'où je détiens un baccalauréat en science politique — à la campagne BDS sur le campus. En 2014, l'association étudiante de l'Université Concordia a posé une question référendaire sur la campagne BDS lors d'une élection partielle, et les étudiants ont répondu « oui ». J'ai honte parce que cela empoisonne la liberté universitaire, la liberté d'expression, le débat ouvert et le respect mutuel.
Je suis d'accord avec ce qu'a dit Alan Shepard, recteur de l'Université Concordia, à l'époque:
[...] la liberté [universitaire] — c'est-à-dire faire les réflexions que nous voulons, mettre à l'essai des idées même si elles suscitent la controverse — est le fondement de la vie universitaire. Par définition, le boycottage écarte toute possibilité de tenir librement un tel échange d'idées et de points de vue.
Dans les cités universitaires canadiennes, le mouvement BDS empoisonne le milieu d'apprentissage. Il engendre un milieu favorable à une haine grandissante envers les Israéliens et les Juifs.
Bassem Eid, défenseur des droits de la personne et chroniqueur sur les affaires intérieures palestiniennes, a rédigé un article pour le compte de l'Institut de Washington pour la politique au Proche-Orient. Il a écrit que les partisans du BDS « alimentent la haine, l'hostilité et la polarisation ». C'est un défenseur de la cause palestinienne qui le dit. Quand il a tenté de prendre la parole lors d'un événement organisé par l'Université de Johannesburg pour critiquer l'établissement de colonies israéliennes en Cisjordanie, il a été décontenancé par la « haine viscérale et l'agressivité irrationnelle à l'état pur » des partisans du BDS.
Ensuite, le 25 juin 2015, monsieur Eid a écrit ceci sur le site Fikra Forum: « Il n'y a pas de lien entre les tactiques et les objectifs du mouvement BDS et ce qui se passe vraiment au Moyen-Orient. » Je le répète, ce mouvement cultive une version empoisonnée et vindicative d'antisémitisme.
En 2012, 81 % des exportations palestiniennes étaient destinées à Israël, ce qui représente moins de 1 % du PIB israélien, mais deux tiers des importations palestiniennes venaient d'Israël, ce qui représente 27 % du PIB palestinien. Comment les sanctions vont-elles améliorer la donne à ce chapitre? Comment le boycottage va-t-il aider les familles qui ont besoin de ces emplois?
Les sympathisants du mouvement BDS veulent éliminer l'imposant excédent commercial qu'apporte Israël à la Palestine sans proposer quoi que ce soit en échange. Le commerce favorise la compréhension. Avec le temps, le commerce nourrit la confiance. Le commerce — et, en particulier, le libre-échange — permet de concrétiser les réussites sur lesquelles pourra s'appuyer un futur accord de paix.
Israël et le Canada ont conclu un accord de libre-échange en 1997, ce qui a permis de tripler nos transactions commerciales avec ce pays, lesquelles, en 2015 seulement, ont atteint 1,5 milliard de dollars. Israël est un partenaire commercial loyal; c'est aussi un ami lorsque vient le temps de lutter contre le terrorisme international.
Le mouvement BDS empoisonne le dialogue mondial entourant le processus de paix plutôt qu'il ne l'éclaire. Israël investit énormément en Palestine, ce que fait rarement le reste du monde.
Le mouvement BDS vise à encourager un traitement particulier à l'égard d'Israël, alors qu'il existe des régimes horribles qui affichent un bilan bien plus grave sur le plan des droits de la personne. Le mouvement BDS cible Israël pour son bilan en matière de droits de la personne, mais il n'y a aucun mouvement d'une telle envergure contre des pays qui violent constamment les droits de la personne, y compris Cuba, la Russie, la Syrie, l'Iran, le Pakistan, la Chine, le Soudan, l'Égypte, le Yémen, la Libye, le Zimbabwe et la Corée du Nord. Je ne connais aucun mouvement BDS contre ces régimes.
Où est le mouvement BDS contre le régime de la Corée du Nord, qui a brutalisé des millions de ses concitoyens — des générations, en fait — pendant un demi-siècle, qui a eu recours ouvertement à des camps de travail forcé où les gens aux idées politiques indésirables sont envoyés, et où leurs enfants passeront possiblement leur vie à travailler dans des conditions de vie moyenâgeuses?
Où est le mouvement BDS contre le régime chaviste de Maduro, au Venezuela, qui intimide, censure et poursuit en justice ses détracteurs, et qui jette des politiciens de l'opposition en prison en se fondant sur des motifs fallacieux? Ses forces de police font des arrestations arbitraires et répriment des manifestations avec violence et en toute impunité. Ce pays siège quand même au Conseil des droits de l'homme des Nations unies.
Le mouvement BDS est immoral. Il s'appuie sur une erreur fondamentale qui est commise à l'égard de la population juive. Les Israéliens, ou Israélites, sont issus de la région, et ils continuent de retourner dans leur patrie après leur exil. Les demandes du mouvement BDS sont incompatibles avec l'atteinte d'une paix durable et les circonstances liées au conflit actuel.
Israël a accepté la paix au moins trois fois dans le passé, si je ne m'abuse. En 1967, Israël a accepté les conditions établies dans la résolution 242 du Conseil de sécurité des Nations unies, mais les Palestiniens ont refusé. L'ancien premier ministre d'Israël Ehoud Barak leur a tendu la main deux fois, en 2000-2001 et en 2007, afin de conclure un accord de paix. La première fois, les dirigeants palestiniens ont refusé et, la deuxième fois, ils n'ont même pas répondu à son geste d'ouverture.
Même si la campagne de boycottage, de désinvestissement et de sanctions n'atteint pas ses objectifs avoués, elle a tout de même pour effet de saper le principe moral selon lequel Israël a le droit d'exister en tant qu'État juif prospère, le seul État au monde qui a nettement un caractère juif.
Les Palestiniens et les Israéliens doivent se réconcilier. Je suis pour la réconciliation, et il faut qu'elle ait lieu. Ils ne devraient pas se rejeter et se calomnier sans cesse. Nous ne devons pas prêter notre concours aux manifestations de rejet et aux calomnies en permettant aux promoteurs de la campagne de boycottage, de désinvestissement et de sanctions de sévir au Canada sans que le Parlement leur exprime sa désapprobation. J'invite les députés à appuyer la motion pour que la Chambre s'exprime clairement et l'adopte à l'unanimité.
:
Monsieur le Président, je partagerai mon temps de parole avec le député de .
Nous débattons aujourd'hui d'une motion demandant à la Chambre de rejeter le mouvement Boycott, désinvestissement et sanctions, car, si on en croit le texte, il encourage la diabolisation et la délégitimation de l’État d’Israël.
J'aimerais tout d'abord rappeler à mes collègues qu'ils ont oublié quelques d très importants dans leur motion, à savoir ceux de la règle des deux poids, deux mesures à l'égard d'Israël.
Je crois que c'est encore le qui a trouvé la meilleure façon de le dire:
Je suis contre le mouvement BDS. Il s'agit à mon avis d'un bon exemple de la nouvelle forme que prend l'antisémitisme dans le monde [...] un exemple de ce qu'on pourrait appeler les quatre d, à savoir la diabolisation d'Israël, sa délégitimation et l'application de la règle des deux poids deux mesures à son égard.
Je suis fier de la position exprimée par le . L'histoire humaine nous a appris une chose: quand on laisse l'intolérance se répandre et prendre racine, on court droit à la tragédie. Le mouvement BDS est synonyme d'intolérance. Il a pour grands objectifs de diaboliser et de délégitimer Israël et de punir collectivement tous les Israéliens en tenant leur pays pour seul responsable du conflit arabo-israélien.
Alors que les antisémites ont longtemps blâmé les Juifs de ce monde pour tous les maux de la société, cette forme d'antisémitisme a cela de nouveau qu'elle cible Israël à titre de nation juive et la pointe du doigt comme étant la source de tous les problèmes du monde.
De nombreux exemples illustrent l'attention excessive concentrée sur Israël. On le voit chaque année aux Nations unies, où le programme du Conseil des droits de l'homme et de l'Assemblée générale foisonne de résolutions unilatérales qui ne condamnent qu'Israël, dans les termes les plus odieux, et détournent du même coup l'attention loin des pays qui détiennent le record du plus grand nombre de violations des droits de la personne.
Je suis fier que le Canada ait voté contre les résolutions annuelles anti-Israël lors de la dernière Assemblée générale de l'ONU, en novembre 2015. Cette décision s'appuyait sur les principes adoptés par le premier ministre Martin et maintenus par le gouvernement précédent.
Je me permets maintenant d'attirer l'attention des députés sur le Protocole d'Ottawa sur la lutte contre l'antisémitisme, un outil fort utile pour repérer l'antisémitisme omniprésent dans le mouvement BDS. Ainsi, on se montre antisémite quand on refuse au peuple juif le droit à l'autodétermination sous prétexte que l'existence d'Israël est en soi un phénomène raciste. On se montre antisémite quand on utilise deux poids, deux mesures en exigeant d'Israël un comportement qu'on n'exigerait ou n'attendrait jamais d'une autre nation démocratique. On se montre antisémite quand on utilise, pour représenter Israël ou les Israéliens, des symboles ou des images traditionnellement associés à l'antisémitisme. On se montre antisémite quand on compare la politique israélienne contemporaine à celle des nazis. On se montre antisémite quand on tient les juifs collectivement responsables des gestes posés par le gouvernement d'Israël.
L'antisémitisme qui imprègne le mouvement BDS se caractérise par une discrimination envers les Juifs ainsi que par le refus de reconnaître aux Juifs le droit de disposer d'eux-mêmes et à l'État juif celui d'exister en tant que membre à parts égales dans le concert des nations, un principe universellement reconnu et inscrit dans la Charte des Nations unies.
Il n'est pas étonnant que tant de dirigeants et d'activistes du mouvement BDS s'opposent à une solution fondée sur la coexistence de deux États et admettent que leur véritable objectif est la destruction d'Israël.
Soyons clairs: le fait de critiquer Israël n'est pas antisémite, et il est faux de prétendre le contraire. Si la critique à l'endroit d'Israël est de même nature que celle formulée à l'égard de tout autre pays, elle ne peut être qualifiée d'antisémite. Cependant, cibler Israël pour le condamner et lui faire subir l'opprobre de façon sélective, sans parler de la négation de son droit d'exister ou la recherche de sa destruction, sont des gestes discriminatoires et haineux, et j'invite tous les députés à reconnaître cette vérité fondamentale devant la Chambre.
Personne ne prétend qu'Israël devrait être au-dessus de la loi. Il n'est pas question de soustraire Israël à l'obligation de respecter les droits universels de la personne. Ceux-ci devraient y être appliqués dans la même mesure qu'elles le sont ici, au Canada. Malheureusement, ce n'est pas le cas.
On détourne et on exploite la cause des droits de la personne, si chère aux Canadiens, et Israël se voit refuser un traitement juste et équitable.
Les solutions à ces problèmes ne sont pas faciles. Au plan international, nous devons continuer de dénoncer ce processus vicié et discriminatoire. Au Canada et en tant que Canadiens, nous ne pouvons pas réagir à la haine par la haine. Nous devons lutter contre l'intolérance par des discours civils et par l'éducation. Le mouvement BDS cherche en revanche à étouffer le dialogue et l'éducation.
Le mouvement BDS dont il est question aujourd'hui se limite presque exclusivement aux campus universitaires du pays. Comme l'indique le Protocole d'Ottawa, on devrait encourager les universités à combattre l’antisémitisme avec le même sérieux que pour les autres formes de haine. Elles doivent appliquer le principe de tolérance zéro pour tous les genres de discrimination dont fait l'objet qui que ce soit au sein de la communauté universitaire et qui est fondée sur la race, le sexe, la religion, l’origine ethnique, l’orientation sexuelle ou les positions politiques. Trop souvent dans les campus universitaires, des petits groupes faisant beaucoup de bruit appellent, de façon haineuse et hargneuse, au boycott des institutions universitaires israéliennes. Ce faisant, ils favorisent l’exclusion plutôt que l’inclusion. Si nous convenons que l’éducation et le dialogue sont les meilleurs outils pour réduire l’intolérance, il s’ensuit que l’idéal est de multiplier les contacts et la collaboration entre universitaires. Le dialogue permet les échanges d’idées et favorise la liberté universitaire.
Lorsque des groupes appellent en revanche au boycott des universités israéliennes, cela amoindrit le dialogue et l’éducation, et dégrade le discours et les idées. Au lieu de renforcer la compréhension et la tolérance, cette attitude favorise l’intolérance et la xénophobie. L’objectif étroit de diabolisation et de délégitimation du mouvement BDS exclut toute conversation constructive. Nous ne pouvons pas nous taire lorsque des étudiants juifs ne se sentent pas en sécurité dans les campus parce qu’ils sont victimes de harcèlement et d’intimidation, et que des agents de l’extérieur viennent créer cet environnement d’intolérance.
En tant que juif et père de deux jeunes, je me soucie beaucoup de ce qui se passe dans les campus universitaires et collégiaux partout au Canada. Le mouvement BDS a créé une atmosphère toxique pour de nombreux étudiants juifs. Je redoute ce qui suivra. Lundi prochain, pour la troisième fois en moins de deux ans, on demandera aux étudiants de l'Université McGill d'appuyer une campagne BDS sur la délégitimisation d'Israël. C'est un phénomène qui n'est pas limité à McGill; on le retrouve dans les universités du Canada et du monde entier. Je suis fier des étudiants qui s'opposent ouvertement à ce genre d'attaque. Tout particulièrement, ayant moi-même étudié à McGill, je tiens à souligner la campagne qui encourage les gens à y voter non et les efforts extraordinaires des étudiants qui l'ont lancée, à qui je souhaite bonne chance, lundi. J'espère qu'ils sauront faire rejeter nettement cette énième motion BDS.
J'ai une citation à faire: « Le mouvement BDS [...] n'a pas sa place sur les campus des universités canadiennes. » Ce n'est pas moi qui l'ai dit, mais bien le . Il l'a dit l'année dernière en réponse à une campagne BDS à McGill et il l'a répété clairement lorsque le mouvement a réapparu à l'Université de la Colombie-Britannique.
Comme l'illustrent beaucoup d'organismes et de campus au Canada, l'intolérance est une bête qui ne dort jamais; c'est pourquoi nous devons constamment ouvrir l'oeil pour la combattre. Le silence n'est pas une option. Il faut faire comme aujourd'hui et condamner l'intolérance. Chaque fois qu'elle se manifeste, que ce soit sous la forme d'un mouvement BDS ou autre, il faut la dénoncer et l'appeler de son vrai nom: la haine.
Je m'engage à ne jamais garder le silence devant une telle haine, et il est clair que le ne gardera pas lui non plus le silence. Je demande à mes collègues d'appuyer la motion et je les remercie.
:
Monsieur le Président, je suis heureux d'intervenir au sujet de la motion dont nous sommes saisis aujourd'hui et je profite de l'occasion pour rappeler à la Chambre l'importance des liens économiques qui unissent le Canada et Israël.
Comme nous le savons, le gouvernement du Canada estime que le mouvement BDS est non seulement nuisible mais également injuste. Le Canada est fier des liens économiques et commerciaux qu'il a tissés avec Israël. Les députés se rappelleront entre autres que dans la lettre de mandat qu'il a adressée à la , le a demandé de prioriser la mise en oeuvre de la nouvelle mouture de l'accord de libre-échange avec Israël.
[Français]
Le Canada et Israël jouissent de solides relations bilatérales multidimensionnelles marquées par des liens politiques, économiques, sociaux et culturels étroits. L'appui à Israël, surtout pour son droit de vivre dans la paix et la sécurité avec ses voisins, est au coeur de la politique sur le Moyen-Orient du Canada depuis 1948.
La relation est toujours en plein essor, comme on le constate en raison de la coopération dans plusieurs domaines, y compris la sécurité publique, la défense, le commerce et l'investissement, ainsi que des visites de part et d'autre.
[Traduction]
Nous appuyons Israël, mais nous soutenons aussi les Palestiniens et leur désir légitime de vivre dans la paix, la sécurité et la justice. Mais pour y arriver, nous devons poursuivre le dialogue avec toutes les parties dans la région, et ce, en tout temps.
Comme dans n'importe quelle amitié, et c'est ce qui caractérise notre relation avec Israël, nous ne serons pas toujours d'accord entre nous, au risque même de nous critiquer mutuellement, mais nous allons quand même rester amis. Toutefois, le mouvement BDS n'aidera pas les Palestiniens à obtenir la paix, la sécurité et la justice qu'ils souhaitent.
Après cette mise en contexte générale, je vais expliquer à la Chambre certains aspects économiques de notre relation avec Israël.
[Français]
Le Canada et Israël visent l'amélioration des relations commerciales et économiques entre les deux pays. Dans cette lignée, le Protocole d'entente du partenariat stratégique Canada-Israël vise à renforcer et à consolider des relations bilatérales dans plusieurs domaines, notamment l'énergie, la sécurité, l'aide internationale et le développement, l'innovation et la promotion des droits de la personne dans le monde.
Afin de répondre aux objectifs dont il est fait mention dans le partenariat stratégique, le Canada et Israël ont signé une déclaration conjointe de solidarité et d'amitié. De plus, les deux pays ont signé des protocoles d'entente sur la coopération des ministères des Affaires étrangères et sur la coopération sur la diplomatie ouverte ainsi qu'une déclaration d'intention sur le renforcement de la promotion du commerce.
Divers accords bilatéraux viennent appuyer les relations commerciales du Canada avec Israël. Citons notamment l'Accord Canada-Israël sur le transport aérien (2015), le renouvellement et le financement d'un accord sur la science et la technologie, la Convention de double imposition (1977) et le Protocole d'entente entre l'Agence spatiale canadienne et l'Agence spatiale israélienne sur la coopération spatiale (mars 2005).
[Traduction]
Le gouvernement du Canada est déterminé à offrir aux entreprises canadiennes les outils dont elles ont besoin pour réussir et pour soutenir la concurrence sur le marché mondial. Dans l'économie moderne d'aujourd'hui, une économie qui est fondée sur le savoir, les accords de libre-échange ne doivent pas se limiter à réduire les droits de douane sur les produits. Pour être dignes du XXIe siècle, les accords doivent tenir compte des nouveaux défis commerciaux. Israël est un partenaire économique important pour le Canada au Moyen-Orient et en Afrique du Nord. Le pays offre une foule de débouchés commerciaux, notamment sur le plan des échanges, de l'investissement, des sciences, de la technologie et de l'innovation.
J'ai enseigné ou donné des conférences en Israël à deux reprises, auprès de trois établissements différents, dans le domaine de la propriété, dont la propriété intellectuelle. On y trouve d'excellentes universités, sans compter un secteur de la recherche et de la technologie tout à fait remarquable. Je peux témoigner du dynamisme du secteur de l'innovation en Israël, que l'on qualifie souvent de pays idéal pour les nouvelles entreprises.
Afin de profiter de ce potentiel, nous avons modernisé l'Accord de libre-échange Canada-Israël, ou ALECI, de manière à éliminer ou réduire les droits de douane sur certains produits, ce qui est avantageux pour les entreprises canadiennes. De plus, grâce à l'élimination d'un certain nombre d'obstacles commerciaux, l'accord ouvrira de nouvelles perspectives aux exportateurs canadiens sur le marché israélien, par exemple, dans les secteurs agricole et agroalimentaire ainsi que dans le secteur des fruits de mer.
Le 21 juillet 2015, le Canada et Israël ont annoncé la conclusion d’un ALECI élargi et modernisé, adapté au XXIe siècle, qui réduit les obstacles techniques, renforce la coopération, accroît la transparence dans les questions réglementaires et fait diminuer le coût des transactions pour les entreprises.
Israël offre un large éventail de technologies dans les domaines des exportations, des investissements, des sciences et de la technologie, ainsi que de l'innovation.
[Français]
L'ALECI modernisé permettra aux entreprises canadiennes de profiter davantage de ces possibilités. Également, cet accord permettra de soutenir les entreprises et les investisseurs canadiens, de resserrer les liens sur les plans du commerce et de l'investissement, et de renforcer le commerce bilatéral des marchandises du Canada avec Israël.
Ainsi, nous allons permettre d'élargir davantage le partenariat économique Canada-Israël. Ce faisant, le Canada et Israël créent les conditions propices au commerce dans leurs économies modernes et fondées sur le savoir. Cet ALECI modernisé est véritablement un accord du XXIe siècle.
Ainsi, l'ALECI modernisé comprend des dispositions relatives à l'élimination des obstacles non tarifaires en Israël. Prenant appui sur les relations commerciales solides qui existent déjà entre le Canada et Israël, l'ALECI modernisé met en place des mécanismes permettant au Canada et à Israël de discuter, de prévenir ou de résoudre des obstacles non tarifaires qui pourraient nuire aux exportations de produits.
Le Canada et Israël mènent à bien leurs processus internes respectifs afin que l'accord modernisé entre en vigueur le plus rapidement possible, au profit d'un partenariat économique Canada-Israël plus fort.
Un élément clé de la relation commerciale est la collaboration dans le domaine de la science, de la technologie et de l'innovation, ou STI. Les relations bilatérales en matière de STI sont solides et fondées sur une collaboration étroite qui existe depuis longue date. Actuellement, un nombre d'organisations gouvernementales canadiennes et quelques provinces sont impliquées dans la recherche et le développement coopératif avec Israël.
[Traduction]
Israël a un environnement assez propice à l’investissement. Les investisseurs étrangers profitent généralement du même traitement que les ressortissants du pays, bien que l’investissement étranger soit restreint dans certains secteurs, comme la défense, et qu’il nécessite l’approbation du gouvernement dans d’autres secteurs, tels que les services bancaires et l'assurance. Israël dispose d'infrastructures solides et d'une main-d'oeuvre hautement qualifiée, et tire profit de ses accords de zones industrielles qualifiées avec la Jordanie et l'Égypte. Israël est un pays riche, qui est doté d'une technologie de pointe et qui compte des secteurs agricoles et industriels développés. Le Canada et Israël entretiennent des relations bien établies dans le commerce et l'investissement, un marché qui offre des débouchés commerciaux dans un large éventail de secteurs.
En effet, les agences de notation internationales accordent à Israël une cote de solvabilité élevée pour l'investissement. De plus, le Service des délégués commerciaux du Canada peut offrir des renseignements sur le terrain et des conseils pratiques sur le marché israélien afin d'aider les entreprises canadiennes à prendre des décisions plus éclairées, plus opportunes et plus rentables et à répondre aux objectifs de leurs clients qui se trouvent dans ce marché. De même, Exportation et développement Canada est un partenaire de choix pour les entreprises canadiennes en Israël.
En résumé, la coopération entre les gouvernements et les populations du Canada et d'Israël est vaste. Les gouvernements des deux pays travaillent en étroite collaboration sur des questions liées au commerce, à l'investissement, aux sciences, à la technologie, à l'innovation, à l'éducation et à bien d'autres domaines. De nombreuses initiatives mises en oeuvre dans un contexte de coopération permettent de réunir un nombre croissant de Canadiens et d'Israéliens.
Enfin, une des forces sous-jacentes de la relation bilatérale entre le Canada et Israël réside dans les liens étroits qui existent entre les gens. Quelque 20 000 citoyens canadiens habitent en Israël et de nombreux Canadiens ont de la famille dans ce pays.
Ces initiatives prouvent hors de tout doute le non-sens du mouvement BDS. En entretenant des liens avec Israël, nous allons aider à promouvoir la paix, la sécurité et la justice pour Israël et ses voisins, en particulier les Palestiniens.
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Monsieur le Président, je vais partager mon temps de parole avec le député de .
Je prends la parole aujourd'hui pour exprimer mon appui à la motion présentée par mon collègue de .
Unis par des liens établis de longue date, le Canada et Israël entretiennent depuis des années des relations économiques et diplomatiques. Pensons notamment à l'accord de libre-échange récemment élargi entre eux.
Quand j'étais mairesse de Surrey, j'ai dirigé deux délégations commerciales en Israël qui ont connu beaucoup de succès et j'ai passé du temps en Cisjordanie. Ces missions avaient pour but de favoriser la compréhension et de raffermir les relations entre le Canada et Israël. J'étais fière de promouvoir, en qualité de représentante du Canada, un renforcement des liens entre les deux pays.
C'est également à cause de mon expérience au sein de ces délégations commerciales que j'interviens aujourd'hui pour affirmer que le mouvement international Boycott, désinvestissement et sanctions est en réalité un moyen pour répandre l'antisémitisme et prôner l'élimination de l'État juif. L'appui à ce mouvement est carrément inadmissible.
Les députés doivent reconnaître et confirmer qu'Israël a le droit d'exister et de se défendre. Beaucoup de mes collègues ont pris la parole pour l'affirmer. Je les en félicite et les remercie de défendre cette position. Nous ne devons pas nuire à Israël, qui est l'un de nos plus proches alliés, mais le soutenir et veiller à sa prospérité.
Rappelons ce que le mouvement BDS représente pour Israël, car il faut absolument comprendre ce qui est en cause.
En ciblant les entreprises, les universités et les institutions civiles, le mouvement BDS cherche à transporter ce conflit moyen-oriental au Canada. Les organismes canadiens ne devraient pas servir à exclure ou à diaboliser certains Canadiens en raison de leur origine. Voilà précisément ce que ce mouvement fait aux Canadiens et aux Israéliens.
Et ce n'est pas tout. Le mouvement BDS compromet aussi la paix. Il ne favorise en rien le rapprochement des deux parties du conflit israélo-palestinien et ne permet pas d'améliorer la qualité de vie des Palestiniens. En fait, c'est tout le contraire. Il compromet le gagne-pain des milliers de Palestiniens qui travaillent pour le compte d'entreprises israéliennes.
On en voit déjà de nombreux exemples: des compagnies et des usines ont quitté la Cisjordanie et des Palestiniens ont perdu leur gagne-pain. Cela ne favorise pas la paix ni n'améliore la vie des Palestiniens ou des Israéliens et cela n'aide pas les Canadiens ici, car il se fait un travail important en Israël, en Cisjordanie, travail auquel participent tous les membres de la société.
Lorsque j'étais en Israël et que j'ai rencontré un groupe de gens d'affaires palestiniens, le message que j'ai entendu était clair. Ils voulaient qu'il y ait du commerce et ils voulaient inciter des entreprises à venir s'établir en Cisjordanie. Pendant ce temps, le mouvement BDS ne fait rien pour promouvoir le commerce ou créer des emplois pour les Palestiniens, bien au contraire.
Ce boycott s'exerce de maintes façons, que ce soit en faisant pression sur les consommateurs pour qu'ils n'achètent pas de produits israéliens ou en demandant aux universités de couper leurs liens avec les universitaires et les chercheurs israéliens et même en réclamant l'exclusion des athlètes israéliens des compétitions sportives internationales.
Je vais vous donner quelques exemples du travail important que le mouvement BDS tente activement de bloquer.
Dans la ville de Surrey, nous avons l'Université Simon Fraser, qui a des liens avec l'Université Ben Gourion du Néguev en Israël. Nous avons plusieurs projets de recherche en cours. Je vais parler de deux des principaux projets pour illustrer les conséquences qu'aurait l'absence de cette coopération entre le Canada et Israël.
Vous êtes probablement nombreux à avoir entendu l'histoire du capitaine Trevor Greene. C'était un soldat canadien qui servait dans les forces armées en Afghanistan. Un soir qu'il était assis avec un groupe d'aînés, en signe de respect il a enlevé son casque et l'a posé sur le sol. Il a reçu un coup de hache derrière la tête. Ce qui rend cette histoire remarquable, c'est qu'il a survécu, mais sa famille et lui ont été informés qu'il ne marcherait plus jamais et qu'il allait passer le reste de sa vie dans un lit, sans pouvoir bouger.
Un jeune neuroscientifique, le Dr Ryan D'Arcy, a constitué une équipe pour travailler avec le capitaine Greene et, pendant plusieurs années, ils ont travaillé à recâbler son cerveau. Ils ont travaillé ensemble. Le Dr D'Arcy est l'une des personnes qui m'ont accompagnée dans les deux missions commerciales en Israël. Nous avons établi un partenariat avec une entreprise israélienne, appelée ReWalk, qui fabrique des exosquelettes. Des spécialistes de cette entreprise sont venus au Canada pour équiper Trevor d'un exosquelette. Je suis très fière d'annoncer que, il y a six mois environ, Trevor a réussi à marcher avec l'exosquelette et a repris une vie normale.
Ces recherches qui changent des vies se poursuivent. Elles ont modifié le cours des recherches sur la moelle épinière. C'est cette initiative importante et le travail innovateur réalisé aujourd'hui en Israël qui ont rendu possible l'histoire du capitaine Greene.
Je résumerais le projet qui nous occupe en disant qu'il s'agit d'une collaboration entre des universités, des médecins de Surrey et l'équipe de recherche Ben-Gurion, en Israël, afin de favoriser l'étude par des chercheurs de renom des corrélations qui existent entre le diabète et l'Alzheimer, deux maladies qui touchent un trop grand nombre de Canadiens. C'est un travail important qui changera notre façon de traiter les populations qui ont un fort taux de diabète. On pense entre autres aux populations d'Asie du Sud. Cette importante recherche nous permettra aussi de mieux comprendre l'Alzheimer et d'avancer dans notre lutte face à cette affection qui touche tant de gens à travers le monde. Ces dernières années, on nous a souvent répété qu'il fallait s'attendre à une augmentation de la prévalence de ces deux maladies. Ces partenariats entre les universités et le monde de la recherche nous permettent de mieux combattre ces épidémies. Voilà une autre initiative susceptible de changer la donne.
Ce ne sont là que quelques exemples des travaux, des innovations et des avancées technologiques découlant des solides partenariats qui lient nos deux pays. En ayant toujours à l'esprit cette recherche de pointe, les députés peuvent-ils s'imaginer combien de gens au Canada et dans le monde entier seraient touchés par la disparition de ces liens si le mouvement BDS réussissait dans son entreprise?
Le fait que le mouvement BDS sympathise avec des groupes qui font la promotion de l'antisémitisme est inacceptable. C'est une dynamique qui va à l'encontre de tout ce que nous défendons en tant que Canadiens. Comprenez-moi bien. Cette motion ne s'oppose pas à la liberté d'expression ou à la liberté de penser. Elle ne fait que condamner des actions qui ont eu des effets négatifs énormes, tant ici qu'à l'étranger, et qui sont absolument inacceptables.
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Monsieur le Président, les députés savent, puisque je l'ai déjà mentionné, que ma grand-mère était une survivante de l'Holocauste, et je suis particulièrement honoré de m'opposer vigoureusement aujourd'hui à la discrimination contemporaine à l'égard du peuple juif.
Je suis très fier d'être sioniste. À l'origine, on définissait un sioniste comme une personne qui appuyait la création de la nation juive qu'on appelle Israël, et maintenant, on le décrit comme une personne qui en appuie le développement et la protection. À mon sens, il y a un lien important entre se souvenir des leçons de l'Holocauste et soutenir l'État juif moderne d'Israël.
Le sionisme a commencé à la fin du XIXe siècle, mais l'appui au sionisme n'était pas automatique, même au sein de la communauté juive. Certains Juifs aux idées libérales percevaient le tiraillement entre l'appel à un État juif distinct et la demande d'égalité complète pour les Juifs au sein des États européens existants. Ils considéraient l'appel à un territoire juif distinct comme étant contraire à leur projet de demander l'intégration et l'assimilation.
Cependant, pour la plupart des Juifs, mais aussi des non-Juifs, la situation horrible vécue par la population juive d'Europe pendant la Seconde Guerre mondiale a démontré la nécessité d'établir un État juif. Même si les Juifs du monde entier ont toujours voulu être acceptés dans toutes les nations autres qu'Israël où ils ont vécu, ce pays propre à leur communauté ethnique et religieuse a représenté et continue de représenter un lieu de refuge essentiel. En cas de difficulté, les Juifs ont toujours un endroit où se réfugier, ce qui n'était pas le cas à l'époque de l'Holocauste.
Ma grand-mère faisait partie d'une famille aux origines diverses. Comme sa famille n'avait pu obtenir qu'un seul visa, son père, le seul à être entièrement d'ascendance juive, est parti pour l'Amérique du Sud. Ma grand-mère et sa mère n'ont pas pu l'accompagner. Nous connaissons tous l'histoire tragique du St. Louis, un navire qui transportait des réfugiés juifs en provenance de l'Allemagne; Mackenzie King a refusé de les laisser entrer au Canada.
Depuis cette expérience, les Juifs considèrent, à juste titre, que, même s'ils aimeraient pouvoir le faire, ils ne peuvent pas toujours compter sur la bonne volonté des autres nations où ils ont vécu. Non seulement Israël a le droit d'exister, mais son existence est aussi nécessaire. Sans cela, les Juifs n'auraient pas l'assurance d'avoir toujours un endroit où se réfugier en cas de difficulté.
Malgré certains moments sombres, le Canada et Israël ont établi un partenariat solide. Nous avons manifestement beaucoup de choses en commun. Bien sûr, nous sommes en désaccord sur certaines questions. C'est une idée fausse que ceux d'entre nous qui sont sionistes sont toujours d'accord avec les politiques du gouvernement d'Israël. Comme le député de l'a déclaré, bien sûr, comme tout autre pays, Israël peut faire l'objet de critiques justifiées, et, comme tout pays libre, Israël peut s'autocritiquer et tenir un débat sain, nécessaire et démocratique. Cette autocritique est en partie ce qui fait d'Israël un grand pays, c'est-à-dire un pays où se tient un débat dynamique et ouvert en matière de politique entre des gens ayant des idéologies différentes et pratiquant des traditions religieuses très différentes.
En Israël, la seule démocratie libérale au Moyen-Orient, tous les citoyens peuvent se présenter aux élections, fréquenter une université, occuper n'importe quel emploi, siéger à la cour suprême ou représenter leur pays sur la scène internationale, tout comme les Canadiens peuvent le faire au Canada. Les Israéliens, tout comme les Canadiens, peuvent aspirer à n'importe quel objectif et sont libres de travailler pour atteindre leur objectif. Franchement, la population musulmane en Israël jouit d'une plus grande liberté sur les plans économique, politique et religieux que les populations musulmanes dans de nombreux pays voisins à majorité musulmane.
Le Canada et Israël ont bien des choses en commun. Les deux pays sont des démocraties vigoureuses. Nous attachons de la valeur au multiculturalisme. Nous protégeons les droits de tous les citoyens. Nous tenons des débats démocratiques rigoureux dans deux langues officielles, soit en français et en anglais au Canada, puis en hébreu et en arabe en Israël. Compte tenu de ces caractéristiques communes, il est tout à fait naturel que le Canada et Israël entretiennent un lien très solide.
Tout comme Israël, le Canada a dénoncé dans le passé l'antisémitisme mondial, et il doit le faire de nouveau. Soyons clairs. Les antisémites et les racistes ne se désignent à peu près jamais comme tels, mais un mouvement qui préconise des mesures de boycottage, de désinvestissement et de sanctions fondées uniquement sur l'origine nationale et non sur les actes, les points de vue ou le discours des personnes faisant l'objet des mesures de boycottage constitue manifestement un exemple de mouvement raciste antisémite. Nous avons le devoir d'intervenir, non seulement pour appuyer un pays ami, mais aussi pour adopter une position raisonnée sur quelque chose qui va à l'encontre de nos valeurs profondes, comme celles de la diversité et de l'inclusion.
Nous avons la chance de vivre dans un pays où nous sommes à l'abri de la discrimination fondée sur la religion, le sexe, l'âge ou l'origine ethnique ou nationale. La Charte des droits et libertés établit officiellement que tous sont égaux devant la loi, au Canada. Cet article de la Charte affirme des valeurs qui nous sont chères. Personne ne devrait subir de la discrimination en raison de sa religion ou de son origine ethnique ou nationale.
Les interventions que propose le mouvement Boycott, désinvestissement et sanctions, ou BDS, vont à l'encontre de ces valeurs canadiennes. Le mouvement BDS encourage la discrimination contre des personnes ou des entreprises en raison de leur origine nationale. Il invite ouvertement la population à boycotter des personnes, des artistes, des entreprises, des organismes, des professeurs d'université, des universités, des institutions de recherche, des hôpitaux et des projets de technologie et de développement pour la seule raison qu'ils sont israéliens. Le mouvement BDS encourage la discrimination envers les Israéliens et envers les Canadiens détenteurs des deux citoyennetés, canadienne et israélienne. Il encourage une discrimination fondée strictement sur le passeport des gens.
Comme l'a dit George Santayana, ceux qui ne tirent pas de leçons de l'histoire sont condamnés à répéter les erreurs du passé. Au fil des siècles, les Juifs ont fait l'objet de boycottages fondés sur des mensonges, des faux renseignements et des préjugés. Il y a actuellement des boycottages à l'endroit du seul État juif et de ses citoyens. Peut-on vraiment croire que tout cela n'est qu'une question de politique, ou faut-il plutôt se rendre à l'évidence et admettre que l'enjeu en cause est bien plus grave qu'un simple désaccord politique?
Le mouvement BDS ne promeut pas la paix entre les Juifs israéliens et les Palestiniens. De ce côté de la Chambre, nous sommes en faveur des négociations entre les dirigeants israéliens et palestiniens, ainsi que de la solution à deux États. Cependant, au lieu d'essayer de rassembler les gens et de favoriser une collaboration sérieuse, le mouvement BDS cherche à empêcher le dialogue et, encore une fois, à s'attaquer aux Juifs et aux Israéliens. Ces actions ne contribuent pas à la paix, elles ne font que diviser davantage les gens.
J'aurais espéré que cette motion reçoive l'appui unanime de la Chambre et, honnêtement, le fait que certains députés s'y opposent me laisse perplexe. Le meilleur argument que les opposants font valoir se rapporte à la liberté d'expression. Que la Chambre milite en faveur de nos valeurs collectives de tolérance et d'inclusion et qu'elle s'oppose à la discrimination fondée sur l'origine nationale ne restreint en rien la liberté d'expression de quiconque.
En 2010, le magazine Maclean's a publié un article-vedette dans lequel il qualifiait le Québec de « province la plus corrompue au Canada ». La Chambre a répondu en adoptant à l'unanimité une motion dans laquelle elle se disait « profondément attristée par les préjugés véhiculés et les stéréotypes employés par le magazine Maclean's pour dénigrer la nation québécoise, son histoire et ses institutions ».
En 2006, le Globe and Mail a publié un article sur la fusillade du Collège Dawson de Montréal, où l'auteure suggérait que l'incident avait été en partie nourri par les querelles linguistiques dans la province. À la suite de cette publication, la Chambre a unanimement adopté une motion se lisant ainsi: « Qu'il est de l'avis de la Chambre que des excuses soient présentées au peuple du Québec pour les propos offensants de Mme Jan Wong, récemment écrits dans le Globe and Mail par rapport à la récente tuerie du Collègue Dawson. »
Dans ces situations, les députés de tous les partis n'ont pas eu de mal à comprendre que la Chambre peut exprimer son opinion sans limiter la force et la liberté des discussions. Comme il faut souvent se le demander dans ce genre de cas, pourquoi Israël devrait-il être traité différemment?
La collaboration entre le Canada et Israël est profitable pour tous. La semaine dernière, ma fille Gianna et moi avons assemblé notre nouvelle machine SodaStream. Il y a une usine SodaStream en Israël, où des Israéliens et des Palestiniens occupent des emplois bien payés. Condamnons aujourd'hui le racisme et l'antisémitisme. Prenons parti pour la tolérance, l'inclusion et les délicieuses boissons pétillantes.
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Monsieur le Président, je suis heureuse de partager mon temps de parole avec le député de .
Je répète qu'à notre avis, tous les députés devraient appuyer la motion. Le gouvernement du Canada oppose sans équivoque le mouvement de boycottage, de désinvestissement et de sanctions.
La démocratie et la liberté d'expression sont des valeurs canadiennes importantes que nous respectons et protégeons. Cela dit, des activités comme celles menées dans le cadre de ce mouvement, les propos acerbes tenus par ses partisans et les tactiques dures qui les accompagnent souvent vont tous à l'encontre de la liberté d'expression. Comme le montre le débat d'aujourd'hui, le mouvement BDS cible les sociétés canadiennes et compromet leur coopération commerciale légitime avec Israël et ses entreprises. Il nuit à la prospérité et il est contraire à l'objectif qu'est la paix durable au Moyen-Orient.
Mais ce ne sont pas seulement les sociétés canadiennes et israéliennes qui sont défavorisées. Les sociétés palestiniennes le sont aussi. Comme on l'a déjà mentionné, les restrictions imposées aux échanges culturels et universitaires ne font qu'exacerber les tensions dans la région au lieu de renforcer les liens personnels qui constituent le meilleur espoir que nous avons d'obtenir un règlement durable et équitable.
Le Canada est un proche allié et un bon ami d'Israël depuis 1948. Les liens que nous entretenons sont aussi forts qu'ils sont étroits, et ce, sur les plans politique, économique et culturel. Nous coopérons également au chapitre de la sécurité, sans compter que des liens profonds unissent aussi les habitants de nos deux pays.
Le Canada est par ailleurs un important partenaire de l'Autorité palestinienne. L'aide au développement et l'aide humanitaire que nous offrons aux Palestiniens de Cisjordanie et de Gaza répondent aux besoins immédiats du peuple palestinien, ce qui contribue à jeter les assises d'un État palestinien viable, démocratique et sûr, qui un jour coexistera avec un État israélien démocratique et sûr.
À cette fin, le Canada appuie, au moyen du déploiement quotidien de membres des Forces armées canadiennes, les efforts dirigés par les États-Unis en vue d'améliorer la coopération entre Israël et l'Autorité palestinienne et de favoriser le dialogue de manière à ce qu'ils parviennent à bien fonctionner ensemble. Le Canada est impatient d'appuyer les pourparlers directs qui seront nécessaires pour parvenir à une solution à deux États. Nous espérons voir bientôt un climat qui permettra à toutes les parties de retourner à la table des négociations.
Le mouvement BDS nuit au processus de paix. Une paix durable passe obligatoirement par des pourparlers directs entre les deux parties. Nous espérons sincèrement que les condamnations sont chose du passé et que l'on s'efforcera plutôt de trouver un moyen de reprendre les pourparlers. Les efforts qui ciblent et punissent l'une des parties ne font pas progresser la cause. Ceux qui s'en prennent au commerce et aux liens commerciaux nuisent encore davantage aux perspectives de paix en tentant de punir tous les éléments de la société israélienne.
Le processus de paix repose sur le resserrement constant des relations personnelles et non sur la division. Il repose sur une économie forte et non sur une économie affaiblie par des sanctions et des boycotts. Il repose sur un véritable dialogue et non sur la discrimination et l'isolement.
[Français]
Le Canada et Israël entretiennent un partenariat étroit depuis l'indépendance d'Israël. Le Canada continuera d'être un fidèle allié d'Israël et il ne fait aucun doute qu'il accorde une grande importance à cette opération.
Comme on l'a déjà entendu, nos deux pays travaillent en étroite collaboration dans un certain nombre de domaines, y compris en opposition à la campagne BDS. Le Canada demeure préoccupé par les initiatives qui tentent de prendre à partie et d'isoler Israël, et cette campagne de boycottage, de désinvestissement et de sanctions ne fait pas exception.
Le gouvernement du Canada met en oeuvre depuis longtemps une politique d'opposition à tout boycottage fondé sur la race, la nationalité ou l'origine ethnique.
De plus, le Canada s'oppose à toute initiative qui a pour but de s'en prendre à Israël sur la scène internationale. Par exemple, le Canada défend Israël aux Nations unies et au sein d'autres tribunes internationales contre tout traitement injuste dont il pourrait faire l'objet.
[Traduction]
Mon collègue en a parlé plus tôt. J'aimerais toutefois réitérer qu'en tant qu'État membre des Nations Unies, Israël a droit à une participation pleine et égale. De plus, le Canada est solidaire avec Israël par son engagement à l'égard d'une paix juste et durable au Moyen-Orient et parce qu'il s'oppose aux mesures unilatérales qui visent à nuire au processus de paix, qu'elles soient prises d'un côté ou de l'autre.
Je veux aussi souligner que les relations commerciales du Canada avec Israël continuent de croître. Nos deux pays continuent de collaborer à des questions relatives au commerce, à l'investissement, à la science, à la technologie et à l'innovation.
Le Canada a récemment terminé des négociations en vue de l'entrée en vigueur de l'Accord de libre-échange Canada-Israël. Cet accord modernisé a été modifié pour répondre à nos besoins au XXIe siècle et renforcer notre étroite collaboration avec Israël sur toutes les questions relatives au commerce. Nous avons hâte de travailler avec Israël à la mise en oeuvre de cet accord.
Le commerce entre Israël et la Palestine est également important. Le magazine Forbes rapporte que le mouvement BDS a nui de façon disproportionnée aux Palestiniens en raison de l'excédent commercial qui circule d'Israël à la Palestine et des bons emplois qui sont ainsi créés.
Pour terminer, je veux une fois de plus souligner les liens solides qui unissent le Canada et Israël et notre appui à l'égard de l'Autorité palestinienne. Nous continuons de travailler à l'établissement d'une entente négociée durable réalisant la solution à deux États. Notre opposition au mouvement BDS ne vise pas à prendre parti dans le conflit, mais bien à choisir le dialogue plutôt que l'exclusion.
Le mouvement BDS ne mènera pas à une solution constructive pour régler le conflit. Il aggrave la situation. C'est pourquoi nous demandons à la Chambre des communes d'appuyer la motion présentée aujourd'hui et de condamner le mouvement Boycott, désinvestissement et sanctions.
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Monsieur le Président, je suis heureux d'intervenir sur la motion et de faire part à la Chambre de mes réflexions sur cette question importante.
Nous avons tous un rôle constructif à jouer dans la promotion d'une solution pacifique au conflit, qui repose sur la coexistence de deux États, ainsi que dans la défense des intérêts des civils de part et d'autre du conflit.
Il est important de respecter le droit d'Israël d'exister et le droit des Palestiniens d'avoir un pays indépendant. Nous pouvons atteindre cet objectif en encourageant la mobilisation, le dialogue et le respect pour tous.
Soyons clairs: pour créer un milieu favorable au dialogue, nous devons lutter activement contre la haine, le racisme, l'antisémitisme et l'islamophobie sous toutes leurs formes. Le pari est que nous devons aussi favoriser une conversation constructive et fructueuse.
Je ne crois pas qu'un boycott soit une approche constructive. Je n'ai pas fait le saut en politique pour promouvoir des boycotts, mais plutôt pour encourager la mobilisation et le dialogue entre les parties pour en arriver à une paix durable. Nous devons nous poser la question suivante: au lieu de trouver des façons de marquer des points politiques, comment pouvons-nous faire progresser la paix dans cette région?
Selon certains partisans du mouvement BDS, il s'agit d'une approche importante et non violente qui permet de sensibiliser les gens à la situation et à l'absence de progrès dans la région au cours des dernières années. Comme on l'a dit à la Chambre, il faut faire attention de ne pas mettre tout le monde dans le même panier. De nombreux partisans du mouvement BDS sont des défenseurs des droits de la personne, qui veulent voir le dossier avancer. Nous ne devrions pas tolérer la haine, mais encore faut-il savoir se montrer tolérant à l'égard de points de vue totalement divergents.
Nous devons toutefois reconnaître que certains partisans du mouvement BDS pourraient être motivés par l'antisémitisme. D'aucuns sont aveuglés par leur passion. Je crois fermement qu'il faut dénoncer tous les cas où l'on applique deux poids deux mesures. Par exemple, on reproche au gouvernement d'Israël d'adopter certains comportements que l'on excuse chez d'autres; c'est inacceptable. Dans le même ordre d'idées, on devrait pouvoir critiquer le gouvernement israélien lorsqu'il prend des mesures que nous reprochons à d'autres.
Il est dans l'intérêt mutuel des Israéliens et des Palestiniens de faire des progrès et de donner espoir à ceux qui sont frustrés par la situation. Les conservateurs n'ont proposé aucune approche constructive, si ce n'est des éclats et des propos négatifs. Ils veulent diviser les Canadiens, au lieu de rallier leur appui pour le dialogue et l'engagement.
Je le répète. Je crois fermement à l'engagement, et non au boycottage. Je sais aussi que de nombreux étudiants et activistes s'emploient à trouver, de bonne foi, d'autres façons d'exprimer leurs préoccupations et de faire entendre leurs opinions.
Je suis partisan d'un sain dialogue, mais j'hésite à limiter la liberté d'expression de qui que ce soit. Il faut favoriser l'ouverture et la sécurité dans les campus universitaires. Ce sont des lieux de savoir et de débat sacrés, où aucun étudiant ne devrait se sentir menacé en raison de ses origines ou de ses convictions politiques. Comme toujours, j'invite les gens à être ouverts aux autres, à écouter leur point de vue et à veiller à ce que personne ne se sente menacé ni mal à l'aise. Il ne faut pas créer un climat menaçant, mais plutôt un espace de coopération où nous pouvons trouver un terrain d'entente même avec ceux qui ne sont pas d'accord avec nous, afin de faire avancer les choses, c'est-à-dire d'instaurer une paix durable dans le respect mutuel et la coopération.
Comme je l'ai dit, le Canada a un rôle essentiel à jour. Il doit avoir toujours à coeur l'instauration d'une paix globale, durable et juste au Moyen-Orient, et il doit notamment favoriser la création d'un État palestinien vivant en harmonie avec Israël.
Il n'a jamais été facile de discuter de cette question. Le débat est chargé d'émotion, surtout lorsqu'on pense aux innocentes victimes et à la complexité des innombrables conflits. C'est justement pour cela qu'il faut résister à la tentation de tenir des propos virulents et proposer plutôt des solutions sensées, objectives et efficaces. Si nous n'arrivons pas à le faire au Canada, il est difficile d'imaginer qu'on puisse y arriver ailleurs dans le monde.
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Monsieur le Président, j'aimerais indiquer que je vais partager mon temps de parole avec mon respectable collègue de , qui est près de moi aujourd'hui.
Nous débattons de la motion qui est devant nous aujourd'hui depuis déjà quelques heures. Puisqu'il y a peut-être des gens qui viennent de se joindre à nous, je rappelle le texte de cette motion présentée par mon collègue de :
Que, étant donné l’amitié et les relations économiques et diplomatiques de longue date qui unissent le Canada et Israël, la Chambre rejette la campagne du mouvement Boycott, désinvestissement et sanctions (BDS), qui encourage la diabolisation et la délégitimation de l’État d’Israël, et prie le gouvernement de condamner toute tentative de la part d’organismes, de groupes ou de particuliers du Canada de promouvoir le mouvement BDS, ici et à l’étranger.
Nous avons entendu aujourd'hui que le gouvernement avait l'intention d'appuyer la motion. La véritable question porte sur la façon dont le gouvernement entend articuler la mise en oeuvre de cette motion afin de faire en sorte que le Canada continue à jouer un rôle de leadership dans la promotion des valeurs canadiennes et dans le respect de la liberté d'expression, mais également dans la dénonciation ferme de toute forme de racisme et d'antisémitisme.
La raison pour laquelle il est juste de se prononcer contre cette campagne, c'est que les intentions derrière le mouvement BDS s'opposent à l'une des deux parties prenantes de la situation que l'on retrouve au Moyen-Orient, ainsi qu'à la position traditionnelle du Canada, qui consiste à appuyer deux États séparés vivant côte à côte et en paix.
Ce dont on a besoin aujourd'hui, ce n'est pas d'appuyer la motion du bout des lèvres simplement pour des gains politiques, mais bien parce qu'elle incarne les valeurs canadiennes et qu'elle doit être articulée par des actions de la part du gouvernement visant à lutter contre toute forme d'antisémitisme.
Nous nous opposons à cette campagne parce que la position du Canada par rapport au conflit israélo-palestinien est claire et qu'elle s'articule en faveur d'Israël et de la Palestine.
Le Canada reconnaît le droit des Palestiniens à s'autodéterminer et appuie la création d'un État palestinien souverain, indépendant, viable, démocratique et doté d'un territoire d'un seul tenant, dans le cadre d'un règlement de paix global, juste et durable.
Cet extrait provient de la Politique canadienne sur les aspects clés du conflit israélo-palestinien, et j'y ajouterais « une paix négociée ». C'est ce dont nous avons besoin. Du même souffle, on y dit également:
Le Canada soutient le droit d'Israël à vivre en paix avec ses voisins à l'intérieur de frontières sécuritaires et reconnaît son droit à assurer sa propre sécurité [...] En vertu du droit international, Israël est en droit de mettre en œuvre les mesures nécessaires, en conformité avec les droits de la personne et le droit international humanitaire, afin de protéger ses citoyens contre les attaques de groupes terroristes.
Encore une fois, derrière les motivations du mouvement BDS, on ne retrouve pas le respect du principe de l'État d'Israël et de la Palestine vivant côte à côte, qui est une politique canadienne. C'est la raison pour laquelle j'encourage les députés à s'exprimer.
Au cours de la journée, plusieurs députés ont dit qu'il s'agissait d'un enjeu de liberté d'expression et ont demandé pourquoi nous devrions prendre position. C'est parce qu'en tant qu'élus, c'est notre rôle, et celui du gouvernement, en tant que leader, de défendre les valeurs et les principes canadiens et de s'attaquer à ces formes insidieuses d'antisémitisme.
Nous ne sommes pas les premiers à le faire. Nous l'avons fait ici, à la Chambre, lorsque la revue Maclean's avait accusé le Québec d'être la province la plus corrompue. L'ensemble des parlementaires s'étaient prononcés unanimement, y compris les néo-démocrates, qui tirent de la patte aujourd'hui, pour dénoncer fermement cette déclaration. Aujourd'hui, nous sommes appelés à le faire sur un enjeu extrêmement important. L'Assemblée nationale du Québec l'a fait, il y a de cela déjà plus de quatre ans, le 9 février 2011, comme nous le rappelait ce matin le député de .
La motion suivante avait été présentée conjointement par des députés des différentes formations politiques que l'on retrouve à l'Assemblée nationale du Québec, soit des libéraux, des péquistes, des adéquistes — ou caquistes, maintenant. Je pense par exemple à Eric Caire, député de La Peltrie, Martin Lemay, député de Sainte-Marie—Saint-Jacques, Lawrence Bergman, député de D'Arcy-McGee et également Marc Picard, le député qui représente la circonscription où j'habite, Chutes-de-la-Chaudière. À ce moment-là, ils avaient mis sur la table la motion suivante:
Que l'Assemblée nationale du Québec déplore la campagne de boycott qui se tient depuis plusieurs semaines devant la Boutique Le Marcheur de Montréal.
On s'en souvient, un honnête marchand québécois qui a une place d'affaires depuis 25 ans à Montréal, et qui vend des chaussures venant de partout dans le monde, s'est retrouvé avec des bandes d'énergumènes devant sa boutique qui menaçaient sa clientèle.
L'Assemblée nationale avait dit:
Qu'en vertu des principes de libre entreprise et de libre marché, l'Assemblée nationale appuie le propriétaire de ce commerce, M. Yves Archambault, qui a pignon sur rue dans la métropole depuis 25 ans et qui paie ses taxes et ses impôts au Québec.
Que l'Assemblée nationale réitère son soutien à l'Entente de coopération entre le gouvernement du Québec et le gouvernement de l'État d'Israël, laquelle a été signée en 1997 et renouvelée en 2007.
Le droit à l'autodétermination est un principe important, particulièrement pour le peuple québécois. Le seul député de l'Assemblée nationale du Québec qui a refusé à ce moment-là de donner son consentement était le député de Mercier, ce qui est regrettable. C'était honteux, comme l'a dit mon collègue de . Il a utilisé le terme « répugnant ». C'était vraiment regrettable que l'on s'attaque à une entreprise québécoise sous forme de boycott.
Ce qu'il faut retenir c'est que le Québec, à l'exception d'un élu, a clairement exprimé que l'antisémitisme est inacceptable dans une société libre et démocratique. C'est inacceptable pour le Québec, inacceptable pour toutes les provinces et tous les territoires canadiens et inacceptable pour le Canada, et c'est la raison pour laquelle nous avons l'occasion aujourd'hui d'appuyer cette motion. Le gouvernement a indiqué qu'il avait l'intention de le faire, ce qui est un pas dans la bonne direction.
Cela s'inscrit dans une longue tradition que le Canada a toujours eue, soit d'être à l'avant-scène des positions pour défendre les opprimés et la liberté d'expression. En novembre 2010, le Canada a été l'hôte de la deuxième Conférence de la Coalition interparlementaire pour la lutte contre l'antisémitisme. À cette occasion, des parlementaires du monde entier se sont attachés à élaborer des mécanismes de lutte contre l'antisémitisme et à s'attaquer à la propagande antisémite que l'on trouve dans les médias et dans Internet. On voit déjà qu'en 2010, notre gouvernement avait posé des gestes concrets. Le député de avait joué un rôle important. Je salue son rôle de leadership dans cette initiative. Je voudrais citer notre ancien premier ministre, l'actuel député de , qui a dit que l'antisémitisme « est un mal pernicieux qu'il faut exposer, affronter et éradiquer partout où il se manifeste, un mal si grave qu'il finit par menacer toute l'humanité. »
Comme leaders de cette société, nous avons la responsabilité d'affronter et d'éradiquer les sources de l'antisémitisme partout où elles se manifestent, puisque derrière cette forme pernicieuse, cette face hideuse que l'on a vue dans différents pans de l'histoire, se cache une menace à notre propre humanité.
En terminant, je cite l'ancien député libéral de Mont-Royal, Irwin Cotler, qui siégeait ici il y a peu de temps:
[Traduction]
L'État d'Israël et le peuple juif sont le seul État et le seul peuple à être la cible constante d'un génocide cautionné par certains États, tout en étant le seul État et le seul peuple à être eux-mêmes accusés de génocide. [...] Il existe une symbiose entre l'antisémitisme génocidaire et le terrorisme international. Cette convergence représente un danger actuel et évident, non seulement pour les Juifs, mais pour notre humanité commune.
C'est de notre humanité commune qu'il est question dans cette motion.
[Français]
Nous avons aujourd'hui l'occasion, comme Canadiens, comme élus, d'indiquer la voie, de nous tenir debout et d'appuyer la motion qui a été présentée par mon collègue.
:
Monsieur le Président, je vais commencer par présenter un bref historique des mesures prises par les députés pour aborder les enjeux liés à l'antisémitisme, des enjeux qui, inévitablement, ont été repris par le mouvement BDS, et je vais aussi parler de certains événements, comme la semaine contre l'apartheid israélien, qui a lieu tous les ans en février sur les campus.
Revenons à la 40e législature, l'avant-dernière. À cette époque, des parlementaires ont formé une coalition, la Coalition parlementaire canadienne de lutte contre l'antisémitisme. Soit dit en passant, les gens peuvent se rendre à l'adresse cpcca.ca; il s'agit de l'adresse de notre site Web, qui existe toujours et où on trouve un rapport.
Il s'agissait d'un groupe multipartite. Nous avons obtenu la collaboration des conservateurs, des libéraux et des néo-démocrates, mais malheureusement, nous n'avons pas pu compter sur la collaboration du Bloc québécois. Quoi qu'il en soit, la majorité des parlementaires ont participé à ce groupe, qui était dirigé par deux coprésidents, Mario Silva, un ancien député libéral, et moi-même. Nous sommes parvenus à travailler ensemble pour formuler des suggestions qui, à notre avis, pourraient aider le Canada à déterminer comment aborder la question de l'antisémitisme.
En fait, Mario Silva et moi avons dirigé la publication d'un livre intitulé Tackling Hate: Combating Antisemitism: The Ottawa Protocol, qui contenait le protocole ainsi que de nombreux essais rédigés par des personnes ayant participé à la conférence. En effet, en 2010, une conférence internationale sur l'antisémitisme a eu lieu à Ottawa, et elle avait aussi été présidée par Mario Silva et moi. Le rapport a été publié en 2011.
Je mentionne tout cela pour faire ressortir ma bonne foi en ce qui concerne l'antisémitisme. Par contre, je le souligne parce que je veux mettre l'accent sur le mouvement Boycott, désinvestissement et sanctions, un mouvement qui, en pratique, frise l'antisémitisme. Je crois que, pour certaines personnes, ce mouvement est un prétexte à l'antisémitisme. Je pense aussi que d'autres personnes qui participent à ce mouvement n'ont pas l'intention d'être antisémites, mais ont tendance à être antisionistes. Quoi qu'il en soit, ces gens veulent couper les ailes à Israël de façon radicale, et ils ne se rendent peut-être pas compte qu'ils offrent une aide et un réconfort involontaires à ceux qui sont antisémites.
Je tiens à être clair en ce qui concerne les questions liées au sionisme, à l'existence d'Israël et au peuple juif.
L'État d'Israël a été créé après la Seconde Guerre mondiale dans le but d'offrir un endroit sûr à tous les Juifs du monde, qui avaient découvert ce qui pouvait leur arriver dans le pire des cas, quand il n'y avait aucun refuge sûr pour eux. Je parle évidemment de l'Holocauste nazi européen, durant lequel ont été assassinés 6,5 millions de Juifs, et beaucoup d'autres personnes. Ces 6,5 millions de Juifs représentent l'Holocauste paradigmatique de tous les temps, qui sert de symbole pour toutes les autres formes de massacres inspirés par la haine et fondés sur la race, l'origine ethnique ou la religion.
Israël était l'endroit où les gens pouvaient aller en sachant qu'ils y seraient pleinement acceptés et qu'ils pourraient avoir une maison. C'est le fondement de l'existence d'Israël. C'est le fondement de la loi de la citoyenneté d'Israël, qui prévoit que tous les Juifs peuvent se rendre en Israël et faire une « Aliyah », c'est-à-dire y immigrer. La définition de Juif est la même que celle utilisée dans la loi de Nuremberg d'Hitler en 1938. Logiquement, si c'est ainsi que nous définissent ceux qui ont cherché à nous éliminer, alors nous savons que c'est le groupe qui doit être protégé. Par conséquent, toute personne ayant un parent juif, même s'il est non pratiquant, peut immigrer en Israël en vertu de cette loi. C'est la raison d'être de l'État d'Israël.
Toutefois, un certain nombre d'États voisins se sont opposés à l'existence d'Israël dès la création du pays, en 1948. Une étude sur ce qui s'est passé au cours de la décennie qui a suivi révèle que les États voisins ont fini par accepter qu'Israël ait le droit d'exister. La Jordanie et l'Égypte reconnaissent désormais le droit d'exister d'Israël et ont des relations diplomatiques avec ce pays. Je n'irais pas jusqu'à dire qu'ils sont amis, mais ils sont disposés à reconnaître l'existence de chacun, contrairement au Liban. Quant à la Syrie, elle n'a actuellement pas de réel gouvernement, mais elle a toujours été nettement contre Israël.
Il y a d'autres États qui ne sont pas seulement contre Israël. Israël est le seul pays dans le monde à avoir été expressément désigné comme cible potentielle d'une attaque nucléaire par le régime de Saddam Hussein, en Irak. Ce régime a tenté de fabriquer une arme nucléaire, et il en était capable. Il fondait sa légitimité en grande partie sur sa capacité à détruire Israël et à éliminer la population juive de ce pays. Le régime Assad, en Syrie, a également tenté de fabriquer une arme nucléaire pouvant être utilisée contre Israël. L'Iran a aussi parlé très ouvertement de la mise en oeuvre d'un programme nucléaire et d'un programme de conception de missiles visant à anéantir Israël et à commettre un génocide.
Ainsi, pendant les dernières législatures, lorsque mon ancien collègue, le professeur Cotler, éminent parlementaire et défenseur des droits de la personne, disait qu'Israël était le seul pays dont le peuple, c'est-à-dire la population juive, était menacé de génocide, il parlait d'un holocauste nucléaire. Cette idée n'est jamais acceptable de la part de n'importe qui, mais il est renversant de constater que certains jugent qu'il s'agit d'une façon respectable de traiter Israël. Cela ne veut pas dire qu'Israël est isolé du reste du monde.
Il n'est pas seulement répréhensible de faire fi de la menace qui pèse sur l'existence d'Israël, une menace que ne subit aucun autre pays, et de déclarer qu'Israël crée une sorte d'apartheid alors qu'il agit pour se défendre. Cette vision des choses est, comble de l'ironie, tout à fait contraire à la réalité.
Je ne veux pas dire par là que tous les gestes d'Israël sont acceptables. Beaucoup de gens, dont de nombreux juifs et Israéliens, critiquent vertement le comportement de leur gouvernement dans tel ou tel dossier. Dieu merci, Israël bénéficie de la liberté de presse et d'une solide culture politique démocratique, qui favorisent les débats. Cela se traduit par un niveau de modération remarquable.
Même lorsque les gestes de l'État israélien manquent de modération, il ne m'apparaît pas raisonnable d'agir comme le proposent de nombreux partisans du mouvement Boycott, désinvestissement et sanctions. À leur avis, les juifs ont l'obligation morale de prendre la parole et d'émettre ouvertement des réserves, comme je viens de le faire moi-même. On ne peut pas s'attendre raisonnablement à ce que les gens se comportent ainsi.
Serait-ce raisonnable en ce qui concerne les politiques de la République populaire de Chine au Tibet? La Chine s'emploie à détruire une culture ancienne au moyen d'une immigration massive. Elle tente de supprimer toute expression de dissidence. Elle détruit des monastères. Serait-il raisonnable de notre part d'affirmer que les Canadiens d'origine chinoise ont l'obligation morale d'intervenir, de dénoncer la situation et d'émettre continuellement des réserves? Non. Nous reconnaissons qu'il est tout à fait légitime d'être d'origine chinoise, sur le plan culturel, sans pour autant être perçu comme moralement responsable des gestes commis par la République populaire de Chine.
J'ajouterais que je n'entends pas comparer les actes de l'État d'Israël à ceux de la République populaire de Chine. J'estime que, contrairement à Israël, la République populaire de Chine, bien qu'elle soit le berceau de ce qui est probablement la culture la plus ancienne et la plus glorieuse à survivre dans le monde, ne fait pas partie des pays respectables qui appliquent les droits fondamentaux de la personne de façon acceptable aux yeux du reste du monde. Je tiens simplement à souligner que la notion de responsabilité collective est exactement le même argument que l'on invoque depuis 2 000 ans pour justifier toutes les formes d'antisémitisme.
Je ne dispose que d'une minute pour conclure, mais je tiens à souligner qu'il est raisonnable de jeter un regard critique sur chaque pays du monde. J'ai présidé le Sous-comité des droits internationaux de la personne pendant sept ans. Tous les partis y travaillaient de concert, par consensus. Nous étions prêts à examiner toutes les violations des droits de la personne, peu importe le pays où elles avaient été commises. Je peux affirmer qu'Israël ne fait pas du tout partie des principaux pays coupables de violations des droits de la personne. Il est très loin de faire partie de ce groupe. Pourtant, il est pointé du doigt, contrairement à n'importe quel autre pays, par le mouvement BDS sur des campus au Canada et, chaque année, dans le cadre de la ridicule et ignoble Semaine contre l'apartheid israélien. C'est scandaleux. C'est une honte. Je crois que nous devons nous sentir absolument libres de dénoncer cette situation.
:
Monsieur le Président, c'est un grand plaisir pour moi d'intervenir à la Chambre aujourd'hui en faveur d'une motion très importante qui tombe à point et qui mérite l'attention de la Chambre.
Lundi prochain, pour la cinquième fois en sept ans, pour la troisième fois en deux ans, l'Université McGill sera saisie d'une motion BDS.
J'aimerais parler de l'histoire des juifs à Montréal et des antécédents d'antisémitisme dans la ville; j'ai une certaine expérience personnelle de ces questions, et elles ont rapport avec le mouvement dont il est question aujourd'hui.
Des étudiants de McGill, où j'ai fait mes études en droit, m'ont contacté l'année dernière et le week-end dernier; pas seulement des juifs, mais des chrétiens, des hindous, des bouddhistes et des musulmans qui s'opposent au mouvement BDS et qui ressentent la haine qui règne sur le campus. Ils sentent que certains groupes montrent de l'animosité à leur égard pour la bonne et simple raison qu'ils s'opposent au mouvement et mènent la charge contre lui.
Les communautés juives de Montréal et de Québec ont une longue histoire. Les juifs n'étaient pas admis en Nouvelle-France, parce qu'il fallait être catholique. Les juifs qui tentaient leur chance étaient renvoyés en France. Une communauté juive s'est toutefois installée à Montréal à la suite de la conquête britannique en 1760. En 1768, la synagogue espagnole et portugaise a été fondée. Elle est située aujourd'hui dans ma circonscription.
L'harmonie a régné durant une longue période. La Banque de Montréal, la compagnie d'électricité et plusieurs institutions qui existent aujourd'hui à Montréal comptent des juifs parmi leurs fondateurs.
Bien sûr, des problèmes sont survenus. En 1807, on a tenté d'empêcher Ezekiel Hart de siéger à l'Assemblée nationale du Québec parce qu'il a refusé de prêter serment sur la vraie foi d'un chrétien. En 1832, l'Assemblée nationale du Québec a corrigé la situation en adoptant une motion présentée par Louis-Joseph Papineau, devenant ainsi la première assemblée du Commonwealth britannique à reconnaître aux juifs le statut de citoyen à part entière.
L'harmonie a régné au XIXe siècle. La communauté juive était petite, mais les choses ont commencé à changer à l'époque de la génération de mes arrières-grands-parents. En effet, dans les années 1880, 1890 et 1910, certaines villes canadiennes comme Montréal, Toronto et Winnipeg ainsi que des régions rurales ont connu un important flot d'immigrants juifs provenant de l'Europe de l'Est. Entre les anglophones et les francophones, les juifs sont devenus la troisième solitude.
À cette époque, quand mes arrière-grands-parents étaient vivants et qu'ils étaient en train de passer à l'âge adulte, l'Université McGill avait établi un système de quotas pour les juifs. Les juifs devaient avoir d'excellentes notes pour y être admis. Ce n'était pas quelque chose que l'Université cachait. Elle était franche à ce sujet. Les juifs n'étaient pas acceptés dans les grands cabinets d'avocats à Montréal. L'Hôpital général juif a été fondé parce que les infirmières et les médecins juifs n'étaient pas autorisés à exercer leur profession dans les établissements anglophones ou francophones de Montréal. C'est pourquoi cet hôpital, qui est aujourd'hui l'un des meilleurs du Québec, a été créé.
La situation a encore empiré. Dans les années 1930, le gouvernement King — qui, je le reconnais, était un gouvernement libéral — a adopté une horrible politique d'immigration, une politique de tolérance zéro à l'égard des juifs. Le Canada est l'un des pays qui a accepté le moins d'immigrants juifs venant de l'Europe en temps de crise.
Nous avons participé aux Jeux olympiques de Berlin, donnant ainsi aux nazis la chance de montrer leurs prouesses. De plus, comme mon collègue l'a mentionné, après s'être vu refuser l'accès à Cuba et aux États-Unis, le SS St. Louis s'est également vu interdire l'accès au Canada. Le Canada a renvoyé ses passagers en Europe, et bon nombre d'entre eux ont ensuite perdu la vie pendant l'Holocauste.
Après la guerre, le Canada a commencé à changer. Dans la génération de mes grands-parents, l'antisémitisme était plus subtil. Mes grands-parents possédaient une maison à Val-David, et dans la ville voisine de Sainte-Agathe, on pouvait voir des enseignes portant l'inscription « Interdit aux chiens et aux juifs ».
Il est ironique que mon collègue, le député de , qui est juif, représente la même circonscription où les juifs et les chiens étaient interdits dans les années 1940 et 1950.
Voilà qui montre à quel point les choses ont changé au Canada. Au fur et à mesure que les choses ont évolué, la situation s’est améliorée. Lorsque mes parents sont devenus adultes, l’antisémitisme flagrant avait disparu. Mais il n’y avait pas encore de ministre juif au gouvernement fédéral. Il n’y avait pas encore de juge juif à la Cour suprême du Canada. L'antisémitisme se limitait aux déclarations polies que l’on faisait à un juif souhaitant devenir membre d’un club de golf, comme: « Oh, notre liste de membres est complète. »
Lorsque je fréquentais l’école dans les années 1990, je n’ai jamais ressenti d’antisémitisme. Pendant les quatre années que j’ai passées à la faculté de droit de McGill, pas une fois je ne me suis senti visé ou mal à l’aise en raison de ma foi ou de mes origines.
Aujourd’hui, malheureusement, à cause du mouvement BDS et de la Semaine contre l’apartheid israélien, ce n’est plus le cas pour les étudiants juifs et tous ceux qui appuient Israël dans les campus canadiens. C’est une honte, car tous les étudiants de notre pays devraient se sentir en sécurité dans les écoles et les campus.
Examinons maintenant les principes de ce soi-disant mouvement BDS, un mouvement qui se justifie en disant qu'il va nous empêcher, je ne sais trop comment, de faire affaire avec Israël, nous empêcher de participer à des échanges avec Israël et empêcher les Israéliens de participer à des événements sportifs à l'extérieur d'Israël, tout cela pour aider les Palestiniens. À mon avis, le mouvement BDS n'aide aucunement les Palestiniens, ne contribue aucunement au processus de paix que nous tous à la Chambre estimons si important, et ne fait nullement progresser les parties vers une solution à deux États. Comme l'a dit mon érudit mentor, Irwin Cotler, qui représentait ma circonscription avant moi, le mouvement BDS fait plutôt simplement partie d'un nouvel antisémitisme qui stigmatise et diffame Israël en y appliquant des normes différentes de celles qui sont utilisées pour les autres pays du monde.
Examinons maintenant pourquoi le mouvement BDS est mauvais.
Ce mouvement interprète mal l'histoire. Il semble alléguer que le conflit israélo-arabe est entièrement imputable à Israël. Il n'attribue aucun tort à l'autre côté et ne le condamne aucunement. Je tiens à préciser une chose. En 1948, lorsque les Nations unies ont partagé la Palestine et déclaré qu'il y aurait un État juif et un État arabe, ce n'est pas l'État juif qui a commencé la guerre. L'État juif se contentait de cohabiter avec ses voisins arabes. Toutefois, tous les pays arabes se sont mobilisés et ont décidé de repousser les Juifs jusqu'à la mer. Alors, les Palestiniens sont devenus des réfugiés parce que la guerre amorcée par les États arabes les a poussés à quitter le territoire qui devait devenir Israël.
En 1967, Israël a élargi son territoire, non pas parce qu'il était expansionniste, mais parce que, une fois de plus, il a été attaqué par un regroupement d'États arabes. La même chose s'est produite en 1973.
Israël n'est pas sans reproche dans ce conflit et personne ne doit le prétendre. Je ne crois pas non plus que tout ce qu'Israël fait est bon. Toutefois, on déforme les faits historiques si l'on prétend, comme le fait le mouvement BDS, que l'État d'Israël est le seul responsable du conflit israélo-arabe. Pour cette raison, la position du mouvement est inacceptable. Celui-ci isole Israël et ne fait rien pour condamner tous les États arabes qui ont déclenché des guerres contre Israël, ni les mesures terroristes ou les atrocités commises par le Hamas, le Hezbollah et les responsables de l'Autorité palestinienne. Il ne condamne même pas les atrocités de masse qui se passent en Israël, où des Israéliens innocents sont poignardés.
Le mouvement BDS est mauvais parce qu'il réclame essentiellement l'élimination de l'État d'Israël. Israël est le seul État à majorité juive au monde. Israël existe en tant qu'État pluraliste. Des gens de toutes les confessions et de tous les milieux vivent en Israël et y sont des citoyens ouverts et libres. Ils ont le droit de voter aux élections, d'être représentés au Parlement, de siéger à la Cour suprême et de représenter le pays à l'étranger. Ce ne sont pas que les Juifs qui représentent la force diplomatique d'Israël ou son Parlement. Les journalistes y jouissent de la liberté de la presse et c'est une démocratie.
Puis, il y a les demandes du mouvement BDS. Celui-ci dit que tous les réfugiés palestiniens doivent avoir le droit de retourner dans ce qui est aujourd'hui Israël, ce qui éliminerait automatiquement la possibilité d'une solution à deux États. Il n'y aurait qu'une solution à un seul État, où Israël ne serait pas un État à majorité juive. Le mouvement BDS souhaite notamment l'élimination d'Israël à titre d'État à majorité juive, le seul au monde, et c'est inacceptable.
Pour quelle autre raison ce que fait le mouvement BDS est-il inacceptable? Parce que ce mouvement s'en prend uniquement à Israël sans s'intéresser à tous les autres pays qui commettent de terribles violations des droits de la personne.
Ces étudiants vont dans les campus universitaires pour convaincre les gens de faire adopter une mesure législative de boycottage contre Israël, mais pourquoi ne s'intéressent-ils pas au régime iranien, qui, l'an dernier, a exécuté plus de 1 000 personnes, qui, pour différents motifs, détient des prisonniers politiques qui s'opposent à l'État, qui soutient à l'étranger des groupes terroristes, comme le Hamas et le Hezbollah, et qui a dit vouloir faire disparaître Israël?
Pourquoi ne dénoncent-ils pas l'Arabie saoudite, qui ne permet même pas aux femmes de conduire et qui ne leur accorde aucun droit? Pourquoi ne dénoncent-ils pas la Syrie, où le régime Assad a tué des milliers de personnes et déplacé des millions de Syriens? Et que dire de la Chine et de la Corée du Nord?
Le mouvement BDS reste muet sur ces autres pays. En dénonçant seulement Israël, il se montre complètement partial. J'ai participé à de nombreuses rencontres où il a été question du mouvement BDS. J'ai entendu dire que certains croient qu'Israël devrait être tenu de respecter des normes plus élevées que les autres et qu'il n'est pas comme les autres pays arabes.
Il s'agit d'une nouvelle forme d'antisémitisme. Le fait d'exiger qu'Israël soit assujetti à des normes morales plus élevées que les autres relève clairement de l'antisémitisme.
Je tiens encore une fois à préciser qu'il n'y a absolument rien de mal à s'opposer aux politiques de l'État d'Israël, au gouvernement israélien, voire à l'expansion des colonies. Par contre, il est inacceptable de boycotter seulement ce pays, d'interdire la participation des universitaires de ce pays aux activités universitaires du Canada, de ne pas permettre aux athlètes de ce pays, quelles que soient leurs opinions politiques, de participer aux épreuves sportives qui se déroulent au Canada.
Il est possible que certains Israéliens voient les choses sous cet angle. D'autre part, de nombreux Israéliens qui vivent dans un pays libre souscrivent à l'idée d'aider les Palestiniens, de créer un État palestinien et de défendre cette cause. Toutefois, le mouvement BDS s'emploie également à empêcher ces gens de participer à des conférences internationales. Il utilise deux poids deux mesures au détriment de l'État d'Israël.
Cela m'amène à me demander en quoi ce mouvement peut aider le Canada. Les relations commerciales que nous entretenons avec Israël, notamment dans le cadre de l'accord de libre-échange conclu à l'origine dans les années 1990 et élargi par le gouvernement précédent, et qui, espérons-le, sera de nouveau amélioré par l'actuel gouvernement, servent l'intérêt du Canada. Israël est un bon partenaire commercial. Par surcroît, il constitue une source d'innovation exceptionnelle au Moyen-Orient.
Israël représente ni plus ni moins la Silicon Valley du Moyen-Orient. Les sociétés Intel, Dell et Hewlett Packard y sont établies. Il en est de même de Dialogic, pour laquelle j'ai déjà travaillé. Pour avoir travaillé en Israël et pour avoir traité avec des entreprises israéliennes, je sais qu'il s'agit d'un pays novateur où le Canada peut faire avancer nos intérêts à titre de partenaire commercial.
Quels sont les autres mauvais côtés du mouvement BDS? Il détourne l'attention de certains problèmes. Examinons-les. À l'heure actuelle, toutes sortes de violations des droits de la personne sont en cours dans le monde. Il existe un problème d'esclavage en Mauritanie. Cependant, le mouvement BDS détourne notre attention des prisonniers politiques incarcérés dans divers pays, comme la Corée du Nord, la Mauritanie et le Venezuela. Il se concentre uniquement sur Israël.
Alors que le monde a très peu de temps à consacrer à des enjeux, le mouvement BDS détourne l'attention des questions les plus importantes pour mettre l'accent sur les moins importantes d'entre elles. Je dis cela parce qu'Israël dispose d'un système judiciaire et d'une cour suprême, ainsi que d'un gouvernement qui respecte et défend les droits de la personne.
Alors, est-ce que ce mouvement vient en aide aux Palestiniens? Quel est son impact sur les Palestiniens qui se trouvent actuellement dans la bande de Gaza? Quel est son impact sur les communautés arabes en Israël? Le mouvement BDS a pour but de nuire à l'économie israélienne et de dire aux entreprises de quitter Israël. Si nous cessons d'investir en Israël, nous disons ainsi aux entreprises de quitter ce pays. Au bout du compte, comment cela peut-il aider les Palestiniens qui travaillent dans des usines de la bande de Gaza? Comment cela peut-il aider les Arabes israéliens? Ce mouvement ne les aide pas du tout.
Par ailleurs, le mouvement BDS ne pourra jamais vraiment atteindre ses objectifs. L'objectif de forcer le gouvernement israélien à céder pour une raison ou une autre aux revendications du mouvement BDS ne se concrétisera jamais. C'est contre-productif. Nous devons plutôt déterminer comment faire avancer le processus de paix, comment trouver une solution fondée sur la coexistence de deux États et comment collaborer avec nos alliés dans le monde entier pour aider les Israéliens et les Palestiniens à cheminer vers la paix.
Lorsqu'on se range d'un seul côté, on se place dans une situation très délicate, car on se met à blâmer une seule partie en lui reprochant d'être l'unique agresseur et le seul coupable, pour ensuite dire à l'autre partie: « Vous n'avez rien fait de mal; c'est vous que nous essayons d'aider. Nous ne rejetons pas le blâme sur vous. »
[Français]
En tant que juif canadien et en tant que juif québécois dont la famille est établie ici depuis des générations, je suis fier d'avoir la possibilité de me lever à la Chambre pour parler contre le mouvement BDS et en faveur de la motion. Selon moi, il s'agit d'un discours très canadien. La communauté juive canadienne compte 400 000 membres, et je suis un des seuls d'entre eux ayant le droit de parler devant la Chambre contre quelqu'un qui attaque notre communauté. Je suis très reconnaissant d'avoir cette occasion.
[Traduction]
Pour conclure, je tiens à dire que j'ai eu la chance d'assister, en décembre, à la conférence du Conseil international des parlementaires juifs, tenue en Israël. À cette occasion, j'ai pu parler du mouvement BDS avec mes collègues du monde entier. Je me suis senti très privilégié de venir d'un pays comme le Canada, où le mouvement BDS ne constitue pas un enjeu puisque le gouvernement le dénonce, de même que l'opposition et presque tous les parlementaires. Or, ce n'est pas le cas dans la plupart des pays. En tant que Canadien juif, je ne me suis jamais senti plus fier d'être Canadien qu'à ce moment-là, car j'ai pu dire aux personnes dans la salle que, dans mon pays, nous reconnaissons presque à l'unanimité que le mouvement BDS est inacceptable.
Monsieur le Président, lorsque nous reprendrons le débat, j'aborderai la question de la liberté d'expression.