Que le Comité permanent de la santé soit chargé de faire une étude sur les moyens de faire profiter davantage le public de la recherche en santé subventionnée par le fédéral, avec pour objectifs la réduction du coût des médicaments et l’amélioration de l’accès aux médicaments, au Canada comme ailleurs; et que le Comité fasse rapport de ses conclusions et de ses recommandations à la Chambre dans l’année suivant l’adoption de la présente motion
Madame la Présidente, c'est avec honneur et beaucoup d'humilité que je prends la parole pour discuter de la motion que j'ai proposée, la motion M-132. Cette dernière vise à demander au comité de la santé de réaliser une étude portant sur ce que le Parlement pourrait faire pour améliorer les résultats de la recherche en santé subventionnée par le fédéral et en faire profiter davantage le public.
Avant d'aller plus loin, j'aimerais prendre un instant pour dire à mon amie et collègue la députée de combien j'apprécie sa force, sa sagesse et son courage. Son histoire nous montre à quel point la recherche sur le cancer a progressé au Canada, mais combien aussi il reste à faire. Je lui souhaite, et à sa famille, la meilleure des chances.
Le gouvernement investit dans la formation des futurs chefs de file de la recherche et il appuie les scientifiques dont les travaux innovateurs sont essentiels à l'avancement des connaissances médicales et à la production des données probantes nécessaires à la prise de décisions judicieuses pour l'avenir de notre système de santé et de notre société. D'ailleurs, plus tôt cette semaine, le a réitéré l'engagement du gouvernement envers les sciences en nommant la Dre Mona Nemer, chercheure médicale, au poste de conseillère scientifique en chef du Canada.
Par ailleurs, les Instituts de recherche en santé du Canada constituent la principale source de financement de la recherche en santé au pays et font partie des plus importants organismes de financement en la matière au monde. Nous devrions tous être extrêmement fiers des efforts déployés au Canada pour trouver des solutions aux problèmes de santé et pour lutter contre les maladies.
Alors que le Canada investit dans la recherche en santé, nous devons aussi savoir qu'il est possible d'améliorer les choses. Nous devons veiller à ce que l'argent des contribuables consacré à la recherche permette d'obtenir les meilleurs résultats possible, tout en favorisant l'innovation. Le Canada est un chef de file mondial dans l'innovation en santé et il doit continuer de prêcher par l'exemple.
Nous devons faire en sorte que les sommes investies dans la recherche portent fruit et que les résultats des recherches soient accessibles. D'après l'Institut de la médecine, un organisme américain, il faut en moyenne 17 ans avant que les connaissances obtenues grâce aux essais cliniques randomisés soient mis en oeuvre dans le système de santé. Nous pouvons faire mieux, je crois. Pour le bien du Canada, on ne peut pas laisser à l'écart la moindre partie de nos ressources intellectuelles. Pour le bien du monde entier, les découvertes canadiennes ne peuvent pas être abandonnées dans des bureaux de brevets ou enfouies dans les profondeurs de revues scientifiques oubliées, dormant dans de vieilles bibliothèques.
Si on regarde l'histoire de l'humanité, il n'y a pas si longtemps, les soins médicaux les plus avancés se résumaient à l'emploi de sangsues et de saignées. Depuis le début du XXe siècle particulièrement, l'ère moderne a été source de changements rapides, de nouvelles idées, de meilleures technologies et de méthodes de recherche beaucoup plus performantes dans le monde de la médecine.
Au moment où je prononce ce discours, j'ai le bonheur de vivre dans un monde où l'Initiative mondiale pour l'éradication de la poliomyélite a permis de réduire de 99 % les cas de polio, où la variole a été complètement éliminée à l'échelle mondiale il y a plus de 25 ans, et où, en 2015, un nombre record de 979 millions de personnes ont pu profiter d'un traitement à grande échelle pour au moins une maladie tropicale négligée.
Des recherches menées ici, au Canada, ont mené à la mise au point de l'insuline; à la découverte des cellules souches hématopoïétiques, élément essentiel des greffes de moelle osseuse; et à la découverte des récepteurs de l'antigène des lymphocytes T, élément essentiel du système immunitaire. Ces avancées sont le fruit d'un travail acharné, de longues journées de labeur et de nombreuses expériences. Ces percées ont été possibles grâce à la recherche. Les gouvernements comme le nôtre ont la responsabilité d'offrir le meilleure soutien possible aux chercheurs, de façon à favoriser l'innovation qui mènera à de meilleurs traitements et à de nouveaux remèdes.
Les enjeux de santé publique ne manquent pas. Comme je suis pharmacien de profession, je sais à quel point nous avons besoin de meilleurs traitements et de recherches soutenues. Sclérose en plaques, maladie de Lyme, diabète, accidents vasculaires cérébraux, cancer, troubles cardiaques, troubles mentaux, asthme, allergies, ostéoporose — chaque jour, les Canadiens sont confrontés à ces problèmes de santé et à beaucoup d'autres.
Pendant que bon nombre de Canadiens font de la recherche afin de vaincre ces maladies, il faut absolument que le système soit le plus efficace et le plus efficient possible afin que la priorité aille aux résultats de la recherche en santé subventionnée par le fédéral. Les ressources étant limitées, de nos jours, nous devons nous doter d'une stratégie aussi rigoureuse que porteuse. Nous devons absolument savoir comment utiliser les fonds de recherche de manière optimale et guider les chercheurs pour qu'ils s'intéressent aux sujets qui constituent une priorité nationale et internationale.
En définissant mieux nos priorités et objectifs, nous pourrons aussi collaborer plus aisément avec nos collègues de l'étranger et nous attaquer plus efficacement à la crise sanitaire mondiale, qu'il s'agisse des maladies tropicales négligées ou de notre rôle dans les collaborations internationales de lutte contre le cancer. Grâce à sa nouvelle politique de développement international, le Canada se démarque sur la scène mondiale. Il contribue notamment à renforcer les systèmes de santé afin que les médicaments et les interventions se rendent jusqu'aux personnes les plus vulnérables et les plus difficiles à atteindre.
Nous mettons à profit les succès que nous avons connus relativement à l'immunisation, au VIH-sida, à la malaria et à la tuberculose. Nous collaborons de près avec les grands organismes internationaux, comme le Fonds mondial, l'Alliance Gavi, Nutrition International et l'Organisation mondiale de la santé. De son côté, l'organisme Grands Défis Canada contribue à financer les innovateurs qui appliquent leurs innovations à grande échelle, favorisent le développement dans une perspective durable et font bouger les choses.
Nos efforts pour protéger la santé et le bien-être des citoyens de tous les pays sont essentiels à l'éradication de la pauvreté et au développement durable. Ce sont des objectifs louables, mais nous devons aussi, pour les atteindre, collaborer avec nos alliés et nos partenaires afin de mettre en oeuvre des pratiques exemplaires pour augmenter l'accès aux médicaments, créer les conditions qui nous permettront d'atteindre nos objectifs internationaux et veiller à optimiser l'argent des contribuables.
L'avenir de la recherche canadienne en santé est prometteur. Au cours de la dernière décennie, les Canadiens ont découvert un composé synthétique qui inhibe un enzyme après s'y être lié, un enzyme clé dont le parasite du paludisme a besoin pour se reproduire et survivre. Ils ont décodé le génome d'une tumeur d'un cancer du sein métastatique. Ils ont aussi entamé la deuxième et la troisième phase des essais cliniques d'un vaccin contre le VIH.
Prouvant que des percées ont parfois lieu lorsqu'on jette un regard neuf sur de vieux outils, en 2009, une équipe de recherche canadienne et américaine a découvert que Metformin, un médicament contre le diabète, semble augmenter l'efficacité des vaccins utilisés dans les traitements contre le cancer.
Par ailleurs, en 2008, en repensant les pratiques admises, les docteurs P. J. Devereaux et Homer Yang ont découvert que la pratique courante consistant à administrer des bêtabloquants aux personnes qui subissent une intervention chirurgicale augmente en fait les risques d'accident vasculaire cérébral grave et de décès.
La médecine n'est pas statique et les découvertes de ce genre démontrent à quel point la recherche, de même que les outils et les paradigmes qui l'appuient, sont constamment mis à jour. Le progrès humain signifie qu'il sera toujours important d'examiner, de renouveler et d'améliorer les pratiques existantes. Cette vérité s'applique non seulement à la recherche médicale, mais aussi à l'administration qui la soutient.
Tous les jours, on fait des découvertes médicales aux quatre coins du monde. Plus tôt ce mois-ci, une équipe de l'Institut de technologie du Massachusetts a annoncé une découverte qui révolutionnera la manière dont les vaccins pour enfants sont administrés. Elle a inventé une microparticule qui peut être remplie de vaccins et qui est conçue pour se dégrader et diffuser la dose à des moments précis. Cela permettra aux médecins et aux infirmières de gagner un temps précieux, mais ce sera particulièrement révolutionnaire dans le contexte du développement international.
Les programmes de vaccination sont incroyablement efficaces et ont eu des effets énormes sur le terrain. Cependant, l'accès à des injections de rappel et la mise en oeuvre au bon moment des programmes ont toujours constitué des obstacles à la mise en oeuvre efficace des campagnes de vaccination.
Cette découverte récente pourrait être particulièrement utile pour lutter contre une éclosion aiguë de maladies, où plusieurs doses d'un vaccin peuvent être nécessaires pendant des semaines et des mois avant que l'immunité soit suffisamment renforcée. Cette technologie pourrait être utilisée beaucoup plus tôt que prévu grâce à la volonté de l'équipe de l'Institut de diffuser équitablement les technologies médicales et à sa participation active aux communautés de brevets.
Les universités de recherche de par le monde, y compris le MIT et certaines écoles au Canada, ont été les premières institutions à croire que la recherche en santé est plus efficace lorsqu'elle est appuyée par des politiques dont l'objectif principal est d'avoir une incidence directe et positive sur l'efficacité des soins aux patients le plus rapidement possible.
Les politiques en matière de recherche qui favorisent les périodes de transition efficaces de la recherche à la commercialisation, en passant par le développement, permettront de guérir plus de maladies, d'administrer plus de vaccins et de sauver plus de vies.
Alors que le Canada réaffirme son engagement en vue d'être un chef de file mondial en innovation, nous devons déterminer ce que nous souhaitons tirer de notre recherche en santé. Quels sont nos objectifs nationaux et les résultats escomptés, nos priorités et nos valeurs? Comment pouvons-nous renforcer l'autonomie tant des chercheurs que des collectivités qu'ils tentent d'aider par leurs efforts?
Nous savons qu'il y a matière à amélioration au sein des cadres nationaux. Pas plus tard qu'hier, une équipe de l'Institut de la santé publique O'Brien a demandé publiquement une intégration plus poussée des patients et une participation accrue du public dans la politique en matière de recherche en santé comme un moyen d'améliorer les soins aux patients. Si nous voulons améliorer l'efficacité des soins de santé au Canada, nous devons créer des occasions pour écouter les chercheurs en santé comme ceux-là.
Par ailleurs, nombre d'entre nous sont peut-être au courant du rôle exceptionnel qu'a joué le Canada dans l'élaboration d'un vaccin contre le virus Ebola qui s'est avéré très efficace pour contrer une éclosion dévastatrice du virus en Afrique occidentale. Les chercheurs qui ont élaboré ce vaccin ont fait la fierté du Canada. Cependant, ce que les personnes ici présentes ignorent peut-être, c'est que ce vaccin contre Ebola est resté beaucoup plus longtemps qu'il ne l'aurait dû dans un laboratoire avant d'être distribué là où on en avait le plus besoin à cause d'un différend en matière de propriété intellectuelle avec l'entreprise américaine qui a acheté le permis de commercialisation du vaccin au gouvernement du Canada.
Nous investissons de l'argent dans la recherche pour élaborer des produits et des procédés qui peuvent changer la vie des gens. Si nous ne pouvons pas nous en servir quand nous en avons le plus besoin, alors nous servons très mal nos intérêts et ceux des contribuables. Les gouvernements et les laboratoires universitaires ont rarement l'expertise et les ressources colossales nécessaires pour lancer la fabrication de masse d'un produit comme un vaccin.
Les ententes avec des sociétés sont des partenariats importants et nécessaires. Dans certains cas, elles sont la seule façon de soutenir la recherche et d'y consacrer les ressources et le financement nécessaires pour que les efforts de développement aboutissent à un produit final.
Toutefois, le litige concernant la propriété intellectuelle du vaccin contre le virus Ebola prouve qu'il y a des choses qui clochent dans l'approche actuelle du Canada de ces partenariats. Je crois qu'il y a moyen de maximiser les retombées de la recherche subventionnée par le gouvernement fédéral sans nuire à la commercialisation des produits qui résultent de la recherche en santé.
D'autres administrations, comme Sao Paolo au Brésil, et des établissements, comme l'Université de la Colombie-Britannique, l'Université d'Exeter et l'Université Johns Hopkins, ont mis en place des régimes d'attribution de licences d'un nouveau genre conçus pour maximiser les avantages pour les institutions, mais aussi pour favoriser l'avancement de leur programme de recherche.
Si cette motion est adoptée, j'espère que ces exemples, et les régimes d'attribution de licences mis en place entre les chercheurs canadiens et les sociétés commerciales, feront partie du cadre de recherche en santé financée par le fédéral que le comité approfondira. C'est l'une des meilleures façons d'accroître l'accès aux médicaments partout dans le monde.
Nous avons la possibilité de vraiment changer les choses. Nous voulons et nous pouvons combattre certaines des maladies les plus dévastatrices ici et partout dans le monde. Nous devons aux électeurs, aux contribuables et aussi à ceux qui ont besoin d'aide médicale dans le monde de bien faire les choses.
Je recommande vivement à tous mes collègues d'appuyer cette motion et ainsi de veiller à ce que nos chercheurs en santé, qui sont de calibre mondial, soient mieux équipés pour faire face aux défis du XXIe siècle.
:
Madame la Présidente, je suis heureuse de prendre la parole au sujet de la motion M-132, présentée par le député de . Si la motion M-132 est adoptée, le Comité permanent de la santé sera chargé de faire une étude sur les moyens de faire profiter davantage le public de la recherche en santé subventionnée par le fédéral, avec pour objectifs la réduction du coût des médicaments et l'amélioration de l'accès aux médicaments, au Canada comme ailleurs.
La recherche sur les diverses façons de réduire le coût des médicaments pour les Canadiens ainsi que celle sur le niveau d'accès aux médicaments des différents groupes sociaux pourraient améliorer considérablement le bien-être de tous les Canadiens. Je suis d'accord avec l'intention de la motion, et je remercie le député de l'avoir présentée.
À titre de ministre adjointe du cabinet fantôme pour la santé, je considère que cette étude aurait une valeur inestimable pour les membres du comité de la santé. Nous devrions étudier comment la recherche en santé subventionnée par le fédéral peut aider à réduire le coût des médicaments sur ordonnance. En fait, en tant que conservatrice, je crois que nous devrions toujours chercher à tirer le maximum des investissements financés par l'argent des contribuables.
J'ai eu la chance de travailler brièvement pour la compagnie pharmaceutique Merck et je sais tout ce qu'implique le développement des médicaments. Les compagnies pharmaceutiques travaillent d'arrache-pied pour offrir aux Canadiens les médicaments dont ils ont besoin pour demeurer en santé et je suis consciente des coûts élevés associés à la découverte de nouveaux médicaments efficaces.
Cependant, le coût des médicaments d'ordonnance au Canada est présentement le deuxième en importance dans le monde et les médicaments constituent la dépense qui connaît la plus forte croissance dans le système de santé canadien, devant le coût pour l'embauche de médecins. Lorsqu'une personne ou un de ses proches devient malade, la dernière chose à laquelle elle veut penser est le coût de ses médicaments.
Environ un Canadien sur quatre qui n'a pas d'assurance-médicaments n'achètera pas les médicaments qu'un médecin lui a prescrits seulement en raison du coût. C'est un nombre beaucoup trop élevé. Les gens qui ne suivent pas les indications du médecin risquent de mettre leur vie en danger et d'entraîner des coûts encore plus élevés à long terme pour le système de santé.
Le coût élevé des médicaments force ceux qui ont du mal à se les permettre à diviser les comprimés, à sauter une dose ou même à s'endetter. Certaines personnes peuvent même perdre la vie en raison du coût élevé des médicaments qui les rends inabordables.
Si le prix des médicaments sur ordonnance augmente, c'est notamment parce que l'on consomme davantage de médicaments en général et que les nouveaux médicaments sont plus coûteux. Actuellement, Santé Canada réglemente le prix des médicaments brevetés afin d'éviter qu'il soit trop élevé.
L'un des principaux problèmes, cependant, c'est que la réglementation a très peu changé depuis 20 ans et qu'elle ne tient donc pas compte de l'évolution considérable du marché pharmaceutique. De plus, étant donné que la réglementation actuelle ne s'applique qu'aux médicaments brevetés, le prix des produits génériques au Canada peut être jusqu'à 90 % plus élevé qu'ailleurs dans le monde.
Il faut éviter que les Canadiens paient les médicaments trop cher, sans compter des honoraires élevés en pharmacie, quand il existe éventuellement des options plus abordables. Par ailleurs, ce sont les sociétés pharmaceutiques elles-mêmes qui fournissent aux médecins une bonne partie de l'information dont ils disposent sur les nouveaux médicaments. Elles peuvent ainsi se contenter de mousser leurs propres produits, même s'ils ne constituent pas le traitement le plus efficace ou le plus abordable pour le patient.
Je tiens à signaler en passant que gonfler artificiellement le prix des médicaments peut finir par nuire au secteur privé. En effet, quand il est question de médicaments vitaux, les gens font tout en leur pouvoir pour se les payer, surtout lorsque c'est un proche dont la vie est en danger.
Or, quand les Canadiens consacrent plus d'argent qu'ils ne le devraient aux produits pharmaceutiques, c'est autant d'argent qu'ils ne peuvent plus dépenser. Ils ne peuvent plus l'injecter dans d'autres secteurs de l'économie. Si le coût des médicaments continue à grimper, le secteur privé risque de ne plus disposer de ressources suffisantes pour composer avec la situation.
Les personnes âgées de ma province, l'Alberta, sont très chanceuses que le gouvernement provincial assume le coût de leurs médicaments sur ordonnance. Cependant, les aînés d'autres régions du Canada n'ont pas la même chance. Nous devons comprendre les répercussions que peut avoir le coût grandissant des médicaments sur les Canadiens vieillissants, puisqu'ils font partie du groupe démographique à qui cette recherche profitera le plus.
Je crois que nous sommes tous conscients que le coût des médicaments sur ordonnance impose également beaucoup de stress sur tous les ordres de gouvernement au Canada. En tant que législateurs, nous pouvons réellement améliorer les choses en baissant le coût des médicaments. Plus les montants que nous consacrons aux soins de santé servent à améliorer les soins aux patients et les services, mieux c'est. Nous devrions nous pencher sur la possibilité de faire diminuer les coûts afin d'améliorer le bien-être des Canadiens.
Un autre aspect que devra examiner le comité de la santé au terme de la motion M-132, c'est de savoir si l'accès aux produits pharmaceutiques au Canada peut être amélioré grâce à la recherche fédérale. Très peu d'études ont été menées pour savoir si l'accès des Canadiens aux médicaments varie en fonction de la province, de l'emplacement rural ou urbain, du statut d'Autochtone, du sexe ou du revenu. Si nous le savions, nous pourrions ensuite nous affairer à rendre l'accès aux médicaments plus équitable pour tous.
Bien que les provinces soient les principales responsables de l'administration des services de santé, le financement fédéral peut nous permettre de détecter les faiblesses et les inégalités au Canada. Il est tout à fait logique de vouloir déterminer s'il y a des variations dans l'accès aux services médicaux d'une province à l'autre et si la recherche financée par le gouvernement fédéral dans le domaine de la santé pourrait être utile afin de réduire les écarts. Les provinces les moins nanties et les territoires, dans le Grand Nord, peuvent être particulièrement vulnérables au problème de l'accès réduit, et la recherche nous aiderait à trouver des solutions.
La vie est en outre très différente au Canada selon qu'on habite en milieu urbain ou dans les régions rurales. Nous savons qu'il est possible d'obtenir, dans les villes, une grande variété de traitements médicaux, et nous devons veiller à ce que les habitants des régions rurales aient un accès égal aux médicaments. Nous devons faire tout notre possible pour que ces personnes n'aient pas à parcourir de longues distances simplement pour obtenir un médicament, car elles ne sont pas toujours capables de se déplacer, notamment lorsqu'elles sont à mobilité réduite. De tels déplacements peuvent aussi être difficiles pour les Canadiens à faible revenu. Il faut réaliser des études qui nous permettront de déterminer si l'accès varie substantiellement et, si tel est le cas, les chercheurs doivent se pencher sur les moyens d'améliorer la situation.
Nous devons nous assurer que toute étude entreprise inclut les populations les plus vulnérables, telles que les Autochtones. Une enquête est requise pour déterminer si les Autochtones bénéficient d'un accès équitable aux médicaments, et pas seulement les Autochtones vivant dans les réserves. Le gouvernement a besoin de renseignements fournis par des études pour déterminer si les Autochtones ont un accès équitable, surtout dans les domaines de la santé mentale et de la toxicomanie.
L'écart entre les sexes au chapitre de l'accès aux médicaments est un autre aspect où l'on a besoin de plus d'information. Les hommes et les femmes ont des besoins très différents en matière d'accès aux médicaments, et il serait bon de déterminer la cause des écarts, qu'il s'agisse de la disponibilité des médicaments fréquemment utilisés dans les pharmacies locales ou de la capacité de payer les médicaments.
Comme je l'ai déjà dit au début de mon discours, nous devons brosser un tableau plus complet de l'incidence du revenu sur l'accès aux médicaments d'ordonnance, en tenant compte de l'admissibilité à un régime d'assurance public ou de la disponibilité de régimes d'assurance privés. Il faut réaliser une étude pour déterminer où l'on peut réduire les coûts afin d'aider les personnes à faible revenu à accéder aux médicaments dont ils ont besoin.
Il est essentiel que le Comité permanent de la santé étudie les moyens de faire profiter davantage le public de la recherche en santé subventionnée par le fédéral, avec pour objectifs la réduction du coût des médicaments et l’amélioration de l’accès aux médicaments, au Canada comme ailleurs. Les Canadiens se soucient de la santé des membres de leur famille, et un accès accru à des médicaments plus abordables fera certainement beaucoup pour y contribuer.
En conclusion, j'appuie la motion M-132. Nous devons enquêter sur la possibilité de réduire les coûts afin d'améliorer le bien-être des Canadiens. J'invite tous les députés à appuyer la motion.
:
Madame la Présidente, j'aimerais remercier mon collègue de d'avoir proposé cette motion. Sa connaissance du domaine de la santé et sa passion pour celui-ci étaient très évidentes dans son discours. Comme il est pharmacien de profession, il est certainement bien placé pour nous présenter ce genre de motion.
J'aimerais faire une brève parenthèse. Il s'agit d'une simple observation qui n'est pas liée directement au contenu de la motion, le député n'a donc pas à s'inquiéter. Mon commentaire porte plutôt sur nos façons de procéder.
Il me semble que, de plus en plus souvent, nous adoptons des motions d'initiative parlementaire visant à donner des instructions aux comités. C'est très bien puisque la Chambre est le grand patron de tous les comités, mais nous avons également une règle qui dit que les comités sont maîtres de leurs travaux. Or, il leur est plutôt difficile d'avoir ce genre d'autonomie si la Chambre leur envoie constamment des directives les informant de leur prochaine priorité. C'est une simple observation en passant. Je sais qu'il n'y a pas de solution simple, mais c'est quelque chose que nous devrions garder à l'esprit.
Je vais assurément appuyer la motion étant donné, surtout, qu'il s'agit de financement et de coordination de la recherche en santé. Les exemples que nous a donnés le député était instructifs et pertinents; je l'en remercie.
La motion vise à faire profiter davantage le public de la recherche en santé subventionnée par le fédéral, avec pour objectifs la réduction du coût des médicaments et l’amélioration de l’accès aux médicaments. Il est intéressant de souligner que la motion a été présentée le même jour où le directeur parlementaire du budget a présenté un rapport dévoilant les avantages qu'offrirait la mise en oeuvre d'un régime national d'assurance-médicaments pour le Canada, ses citoyens et ses résultats financiers. Je suis convaincu que, au fur et à mesure que nous nous pencherons sur cette idée, des données supplémentaires montreront le nombre de Canadiens qui ne prennent pas leurs médicaments parce qu'ils n'ont pas les moyens de les acheter.
Je fais simplement valoir que faire de la recherche est une excellente idée et que trouver de nouveaux traitements est fantastique, mais, en fin de compte, beaucoup des traitements sont pharmaceutiques. C'est la réalité. Je ne suis pas un professionnel de la santé, mais, selon moi, si toutes les recherches pour lesquelles le public paye montrent que, par exemple, un certain type de traitement accompagné d'un médicament quelconque peut améliorer la vie, guérir un problème ou redonner la santé, mais qu'un nombre croissant de Canadiens n'ont pas les moyens de se procurer les médicaments, comment profitent-ils alors de la recherche? Quel est l'avantage de la recherche si on ne peut pas utiliser le produit final, le produit final étant les médicaments qui accompagnent le traitement? À mon humble avis, agir à la vitesse de l'éclair afin d'instaurer un régime national d'assurance-médicaments est au moins aussi important que d'augmenter le financement de la recherche en santé.
Je rappelle à mes collègues que Tommy Douglas a été élu le plus grand Canadien en grande partie pour sa vision des soins de santé universels, mais c'est aussi lui qui a dit qu'un régime de soins de santé universel n'est pas complet tant que nous ne faisons rien au chapitre des médicaments et des soins dentaires. C'était sa vision des choses. Notre plus grand citoyen, qui a eu un effet profond sur notre qualité de vie grâce au système de santé universel, a dit: « Ne perdez pas de vue, mes chers concitoyens, que ce n'est qu'une partie du travail. »
Puis, nous faisons le lien avec le rapport extraordinaire du directeur parlementaire du budget, qui vient juste d'être déposé, aujourd'hui. Il dit:
Le directeur parlementaire du budget (DPB) est chargé de fournir des analyses indépendantes au Parlement sur l’état des finances publiques, les prévisions budgétaires du gouvernement et les tendances de l’économie nationale. À la demande d’un comité ou d’un parlementaire, il est tenu de faire une estimation des coûts de toute proposition concernant des questions qui relèvent de la compétence du Parlement.
Dans le sommaire, il dit:
En septembre 2016, le Comité permanent de la santé de la Chambre des communes a demandé au directeur parlementaire du budget [(DPB)] de lui fournir une évaluation des coûts que représenterait la mise en oeuvre d’un programme national d’assurance-médicaments [...] Le présent document donne une évaluation des coûts que le gouvernement fédéral devrait assumer pour mettre en oeuvre ce cadre particulier d’assurance-médicaments. Il reprend les hypothèses d’économies possibles avancées par le DPB, qui découleraient d’une meilleure posture du fédéral grâce à la négociation du prix des médicaments, aux changements d’habitudes de consommation ou de comportement découlant du type de couverture envisagé ainsi qu’aux changements possibles du profil du marché pharmaceutique.
Après le résumé, le directeur parlementaire du budget ajoute:
Après avoir pris en compte les modifications tarifaires et de consommation, le DPB a estimé qu’en vertu d’un programme national d’assurance-médicaments, les dépenses à ce chapitre auraient atteint 20,4 milliards de dollars si un tel programme avait été mis en oeuvre en 2015-2016. Il en aurait découlé des économies d’environ 4,2 milliards de dollars.
Nous disposons d'une analyse de calibre mondial réalisée par le bureau du directeur parlementaire du budget et reconnue par nous tous comme étant non partisane. Selon cette analyse, les Canadiens pourraient avoir accès aux médicaments et aux produits pharmaceutiques dont ils ont besoin pour être en santé. L'accessibilité faisait partie des objectifs de la motion. Le terme « accès » figure dans la motion.
Tout le monde y aurait accès en tout temps. On ne verrait plus des gens assis dans leur cuisine qui se demandent s'ils vont devoir couper leurs pilules en deux parce que c'est leur seul moyen d'économiser suffisamment d'argent pour pouvoir également s'acheter des aliments. Cela n'arriverait plus. Ceux qui ont besoin de médicaments pourraient se les procurer de la même façon qu'ils ont accès à des soins de santé. Ceux qui ont besoin de soins hospitaliers n'ont qu'à aller à l'hôpital. Personne ne leur demande une carte de crédit. Personne ne vérifie leur compte bancaire. S'ils sont canadiens, et s'ils ont besoin de soins de santé, l'hôpital est là pour les soigner.
Selon la vision de Tommy Douglas, et d'après le rapport du directeur parlementaire du budget, tous les Canadiens devraient avoir accès aux médicaments et aux produits pharmaceutiques dont ils ont besoin, et nous économiserions 4 milliards de dollars. La création d'un régime national d'assurance-médicaments, voilà une proposition que je serais prêt à appuyer. Il n'y a plus d'argument valable pour ne pas le faire.
Même si je suis en faveur de ce que le député cherche à faire à l'égard du financement fédéral, si on ne peut pas fournir les médicaments nécessaires, ces travaux de recherche ne serviront à rien pour ceux qui ne peuvent pas se procurer les médicaments dont ils ont besoin.
Je remercie le député de la motion. Je vais voter pour son adoption. Toutefois, la création d'un régime national d'assurance-médicaments est la meilleure façon de résoudre nombre de problèmes soulevés par le député, et c'est la priorité pour le système de santé des Canadiens.
:
Madame la Présidente, avant d'entrer dans le vif du sujet, j'aimerais remercier mon collègue et ami le député de d'avoir présenté la motion M-132, qui demande qu'un comité parlementaire étudie la façon d'utiliser les travaux de recherche financés par le gouvernement fédéral pour faire baisser le coût des médicaments et pour en améliorer l'accès, tant au Canada qu'ailleurs dans le monde.
Je suis très heureux de parler de la façon dont les investissements du gouvernement du Canada aident à créer de nouveaux médicaments et à produire des innovations qui peuvent améliorer la qualité de vie des Canadiens. Comme les députés le savent peut-être, le gouvernement du Canada appuie la recherche en santé, principalement par l'entremise des Instituts de recherche en santé du Canada, les IRSC, comme on les appelle couramment. Chaque année, les IRSC investissent environ 1 milliard de dollars pour soutenir plus de 13 000 chercheurs et stagiaires qui, partout au pays, travaillent dans tous les secteurs de la santé. À l'aide d'un système rigoureux d'évaluation par les pairs, les IRSC sont résolus à investir dans les meilleurs travaux de recherche en santé au Canada et à appuyer ceux-ci. Les IRSC jouent un rôle de premier plan en favorisant l'acquisition de nouvelles connaissances scientifiques et en favorisant leur application en vue d'améliorer la santé et de rendre les services et les produits de santé plus efficaces.
Les IRSC appuient les idées dans toutes les sphères de la recherche et exploitent les idées les plus susceptibles de faire progresser la recherche en santé, les systèmes et les soins de santé, ainsi que les résultats en matière de santé. Plus précisément, le programme de subventions Projet des IRSC appuie des projets qui ont un but précis et une fin déterminée. De plus, les subventions Projet encouragent l'inclusion de partenaires, le cas échéant, pour faciliter la mise en marché des découvertes au Canada. Les projets de commercialisation financés par les IRSC visent à faire progresser les découvertes vers la création de technologies susceptibles d'attirer de nouveaux investissements, de créer de nouvelles entreprises, organisations et initiatives scientifiques et, ultimement, d'améliorer la santé des Canadiens.
Par l'intermédiaire des IRSC, le gouvernement du Canada s'est engagé à faciliter l'avancement de la recherche en santé au Canada et à faire que la recherche universitaire atteigne un stade qui soit accessible au public canadien. Par exemple, le gouvernement du Canada, par l'intermédiaire des Instituts, appuie la recherche de la Dre Cheryl Arrowsmith à l'Université de Toronto, qui travaille sur l'établissement de nouvelles cibles pharmacologiques. Depuis 2003-2004, la Dre Arrowsmith a reçu 2,8 millions de dollars dans le cadre du Programme des chaires de recherche du Canada. Il s'agit d'un programme fédéral qui investit environ 265 millions de dollars par année afin d'attirer et de conserver certains des esprits les plus chevronnés et prometteurs du monde.
Dans le cadre de son programme de recherche, la Dre Arrowsmith étudie des protéines spéciales qui déterminent quels gènes du corps sont actifs pendant la croissance d'une cellule, ce qui peut causer certaines maladies. L'action de ces protéines est réversible, ce qui fait d'elles d'excellentes cibles pharmacologiques potentielles. Cependant, pour qu'un médicament puisse être créé, il faut déterminer des façons de modifier l'action de ces protéines. C'est précisément dans ce domaine que le laboratoire de la Dre Arrowsmith est un chef de file mondial.
Sa recherche comprend l'utilisation de techniques d'imagerie spéciales pour déterminer la structure tridimensionnelle précise de ces protéines. Grâce à cette information, des chercheurs de l'industrie pharmaceutique sont ensuite capables de créer des sondes chimiques agissant comme des médicaments, qui se lieront à la protéine de façon à ralentir ou accélérer ses actions. Dans le cadre de sa collaboration, le laboratoire de la Dre Arrowsmith a permis de créer de nouveaux traitements possibles pour certaines formes de cancer.
Dans ma circonscription, les IRSC ont financé les professeures Elizabeth McGibbon, Elsa Arbuthnot et Agnes Calliste. Grâce à leur travail, c'est la toute première fois au Canada que des chercheurs seront en mesure de déterminer l'état des connaissances canadiennes au sujet des iniquités liées à l'accès aux services de santé des Autochtones et des Afro-Canadiens qui vivent dans des régions rurales.
Une étude au comité parlementaire concernant l'utilisation de travaux de recherche financés par le gouvernement fédéral en vue d'améliorer l'accès aux médicaments nous aiderait à comprendre les manières dont nous pourrions utiliser de tels travaux de recherche du laboratoire au chevet des patients, et ce, à moindre coût pour les Canadiens. Souvent, les nouvelles découvertes mises sur le marché pour la vente sont hors de prix pour les Canadiens.
Par exemple, les travaux de recherche de M. Nabil Seidah, titulaire de la Chaire de recherche du Canada, et de son équipe de l'Université de Montréal ont mené au développement d'un nouveau médicament très puissant, mais très cher pour réduire un taux de cholestérol élevé. De 2003 à 2010, M. Seidah a reçu 1,4 million de dollars des Instituts de recherche en santé du Canada dans le cadre du Programme des chaires de recherche du Canada. Pendant cette période, son équipe a découvert un nouvel enzyme qui joue un rôle clé dans la régulation des récepteurs de lipoprotéines de basse densité, communément appelées le mauvais cholestérol. Cela me rappelle mon baccalauréat en cinétique. C'était une découverte importante dans la lutte contre les maladies cardiovasculaires, car cet enzyme précis inactive les récepteurs de la surface de la cellule hépatique qui transportent le mauvais cholestérol pour le dégrader. Sans ces récepteurs, le taux de mauvais cholestérol est plus élevé dans le sang, ce qui peut accroître le risque de développer une maladie du coeur ou d'avoir une crise cardiaque.
Grâce à ces travaux importants, un nouveau médicament a été créé pour réduire l'activité de cet enzyme, ce qui aide le foie à éliminer le mauvais cholestérol dans le sang. Pour ceux qui ont un taux de cholestérol élevé, le nouveau médicament réduit le taux de mauvais cholestérol de 60 %. Le plus important au sujet de cette découverte, c'est que tous les patients réagissent bien au nouveau médicament, même ceux qui, habituellement, ne tolèrent pas les médicaments d'emploi courant utilisés pour traiter un taux élevé de cholestérol.
Ce nouveau médicament, qui a été homologué en 2015, pourrait très bien sauver des vies. Le hic, c'est qu'il coûte 7 500 $ par année. Peu de Canadiens à risque de développer une maladie cardiovasculaire ont donc les moyens de s'offrir ce traitement, même s'il pourrait leur sauver la vie.
Voilà pourquoi la motion M-132 revêt une telle importance. Elle nous aidera à trouver l'équilibre délicat entre les gains financiers associés aux nouvelles découvertes, la promotion des innovations subventionnées par le fédéral et l'accès des Canadiens à ces innovations afin qu'ils puissent améliorer leur état de santé. À ce sujet, j'insiste sur le fait que c'est uniquement lorsque l'accès aux recherches et aux connaissances de pointe est entièrement libre et universel que les avancées sont possibles. Les politiques qui facilitent l'accès aux résultats de recherche permettent aux chercheurs, aux universitaires, aux cliniciens, aux décideurs, aux organismes privés, aux ONG et au grand public d'assimiler ces connaissances et de les mettre à profit.
De nombreux organismes et établissements se sont par exemple dotés de politiques de libre-accès. Au Canada, les Instituts de recherche en santé collaborent de près avec deux organismes fédéraux de financement de la recherche, à savoir le Conseil de recherches en sciences naturelles et en génie et le Conseil de recherches en sciences humaines. Aucun de ces trois organismes fédéraux ne conserve ou ne réclame la propriété intellectuelle de leurs travaux. Ils ne détiennent pas non plus de droits d'auteur sur les résultats des recherches qu'ils financent, pas plus qu'ils n'exigent leur part des profits résultant de ces investissements. Par conséquent, les universités et établissements de recherche peuvent commercialiser les produits de leurs recherches et les rendre plus facilement accessibles au public.
De plus, les trois organismes comptent un certain nombre de politiques, qui font en sorte que les connaissances acquises dans le cadre de recherches financées par le gouvernement fédéral soient rendues accessibles. Par exemple, en février 2015, les Instituts de recherche en santé du Canada, ainsi que le Conseil de recherches en sciences naturelles et en génie et le Conseil de recherches en sciences humaines, ont publié leur politique des trois organismes sur le libre accès aux publications, selon laquelle « [l]es titulaires d’une subvention doivent s’assurer que les articles découlant de la recherche financée par les organismes qu’ils publient dans une revue avec comité de lecture sont accessibles gratuitement [en ligne] dans les 12 mois qui suivent leur publication ».
Cette importante politique a pour objet d'accroître l'accès aux résultats des travaux de recherche financés par le gouvernement fédéral, ainsi que la diffusion et l'échange de ces résultats. En outre, en juin 2016, les trois organismes subventionnaires ont adopté une déclaration de principes sur la gestion des données numériques. Il s'agit d'une étape importante en vue de renforcer la gestion des données de recherche et de soutenir l'excellence de la recherche au Canada.
Lorsqu'elles sont bien gérées et communiquées de façon responsable, les données numériques permettent aux chercheurs de poser de nouvelles questions, de poursuivre de nouveaux programmes de recherche innovants et de tester d’autres hypothèses. Elles favorisent l'avancement de la science et le développement de solutions novatrices au Canada. Les organismes croient que les données de recherche recueillies à l’aide de deniers publics méritent d’être, dans la mesure du possible, du domaine public et à la disposition d’autrui. Par conséquent, la déclaration de principes décrit les attentes globales des organismes en matière de gestion des données de recherche ainsi que les responsabilités des chercheurs, des communautés de chercheurs, des établissements de recherche et des bailleurs de fonds de recherche dans la satisfaction de ces attentes.
J'ai donné quelques exemples d'innovations financées par le gouvernement du Canada qui peuvent améliorer la vie des Canadiens dans nos collectivités. Je mets également l'accent sur le fait que ces découvertes sont souvent commercialisées à des fins lucratives et qu'elles risquent d'être financièrement inaccessibles pour beaucoup de Canadiens. Bien qu'il existe des politiques pour garantir un accès ouvert aux innovations financées par le gouvernement fédéral, il est tout de même important d'étudier les nouvelles façons dont les investissements en recherche peuvent profiter aux Canadiens.
Comme je l'ai déjà mentionné, il est essentiel de trouver l'équilibre entre les gains économiques liés aux nouvelles découvertes et l'accessibilité des recherches subventionnées par le fédéral. Une étude parlementaire visant à améliorer l'accès aux médicaments grâce à des programmes financés par le fédéral aiderait à faire la lumière sur la manière de rendre abordables les nouvelles découvertes issues des recherches en santé pour améliorer la vie des Canadiens. Voilà pourquoi je suis très heureux que le gouvernement du Canada appuie la motion M-132.
:
Madame la Présidente, je remercie le député de d'avoir présenté la motion M-132, ce qui nous permet de tenir ce débat.
J'ai eu l'honneur de siéger avec le député au comité des affaires étrangères. Nous avons parfois discuté ensemble, souvent de questions liées aux affaires étrangères. Il a aussi mentionné à plusieurs reprises son expérience de pharmacien.
Dans ce cas-ci, le député a parlé de médecins plutôt que de pharmaciens, malheureusement. Cela me rappelle un proverbe yiddish qui dit que « le temps est le meilleur médecin ». C'est faux, pourtant. Le temps n'est pas vraiment le meilleur médecin. Le proverbe laisse entendre que si une personne est malade, elle n'a qu'à attendre, et les choses s'amélioreront tôt ou tard. On emploie surtout ce proverbe quand quelqu'un se cogne un orteil, par exemple. Dans ce genre de situation, il est vrai que les choses s'améliorent sans médecin et sans médicament.
Un autre proverbe convient mieux ici: « La santé vient avant le métier ». Nous l'avons constaté à la Chambre par le passé. Aujourd'hui même, une députée a parlé de sa santé. La santé passe avant tout. C'est l'élément le plus crucial de notre vie, qu'il s'agisse de notre santé personnelle ou de celle de notre famille. C'est le facteur qui a le plus d'influence sur notre capacité de réaliser nos rêves, de mener notre carrière et de prendre soin de notre famille.
Les patients ne disposent pas de beaucoup de temps. Lorsque nous parlons de soins de santé, nous ne parlons pas d'installations ni de recherches, mais bien de patients, de personnes atteintes d'une maladie pour laquelle elles doivent recevoir des traitements ou une quelconque thérapie dans le but de prolonger leur vie ou d'améliorer leur qualité de vie.
La motion parle de faire profiter davantage le public de la recherche subventionnée par le gouvernement fédéral, ce qui constitue un objectif louable. En tant que conservateur, j'aime croire que nous en avons pour notre argent. Nous devrions toujours essayer de maximiser le rendement du capital investi. Par conséquent, j'appuie la motion, le principe et le libellé sans réserve. Le fait que le comité doive présenter un rapport avec des solutions d'ici un an aux Canadiens est d'une importance particulière.
Je me souviens de l'époque où je travaillais à la Division de l'Alberta-Sud de la Fondation canadienne du rein. Rien n'est plus important pour la Fondation que d'en avoir pour son argent: 60 % des fonds recueillis sont investis dans la recherche du secteur privé. Elle cherche toujours ce qui est le mieux pour le patient. Que veulent les patients? Que peut-on offrir aux patients grâce aux fonds recueillis? C'est ce que je pense et ce que la recherche subventionnée par le fédéral devrait viser. L'objectif ne devrait pas être la fondation d'un empire de la recherche, la création de grappes ou de supergrappes, ou encore l'embauche de nouveaux professeurs auxiliaires d'université. Tout devrait reposer sur ce qui peut être fait pour les patients. Ce devrait être le coeur de la recherche. Les objectifs de réduction du coût des médicaments et d'amélioration de l'accès aux médicaments servent l'ensemble des patients et leur famille. Ils visent à améliorer la qualité de vie et à prolonger des vies.
Mes observations porteront principalement sur les maladies rares et le cadre de travail pour les médicaments orphelins, qui devait être mis en oeuvre il y a environ deux ans. Nous l'attendons toujours.
Je parle des maladies rares parce qu'il s'agit d'un des domaines en recherche médicale qui connaît la croissance la plus rapide. Il existe un grand nombre de nouvelles maladies rares. Des maladies qui étaient considérées comme une seule maladie ont été divisées en deux, en trois ou en quatre grâce au perfectionnement des connaissances.
Je parle en tant que père de famille avec trois enfants et une épouse atteints du syndrome d'Alport. Je n'en suis pas atteint, mais mes trois enfants le sont. La maladie touche environ 40 000 personnes dans le monde, ce qui n'est pas beaucoup, compte tenu du fait que la population mondiale compte sept milliards de personnes, ou six milliards et demi. Ce n'est pas la première fois que j'aborde le sujet à la Chambre. On ne connaît aucun remède à la maladie, qui entraîne éventuellement une insuffisance rénale fatale. Il y a six autres familles à Calgary qui vivent la même chose que mon épouse et mes enfants. En outre, des centaines de Canadiens au pays — 1 sur 12, et on croit maintenant que ce pourrait être 1 sur 10 — sont atteints d'une quelconque maladie rare, dont le degré de gravité peut varier de bénigne à mortelle.
Il existe parfois des traitements qui améliorent la qualité de vie des patients. Il arrive aussi qu'il n'y ait simplement rien, parce que les connaissances sont insuffisantes. La recherche financée par les fonds publics peut mener à la découverte d'un traitement ou d'un médicament qui pourrait apporter un soulagement ou améliorer la qualité de vie des patients.
Comme j’ai pu le constater au cours des deux dernières années en m’informant sur le fonctionnement du système de santé, les essais cliniques prennent de plus en plus de temps. Chaque médecin à qui j’ai parlé et qui fait de la recherche dans le secteur public et même au privé me dit que le processus est retardé par des essais cliniques prolongés dans la phase I, II et III.
Dans la phase I, souvent appelée « premiers essais humains », on fait appel à des volontaires en bonne santé pour déterminer le dosage maximal d’un nouveau médicament ou traitement. Cette phase initiale coûte très cher.
Dans la phase II, à laquelle participe un petit nombre de patients pendant une période de temps assez longue, on détermine s’il y a des améliorations ou des problèmes d'innocuité.
Dans la phase III, à laquelle participe un groupe élargi de patients et un groupe de contrôle, on détermine si le médicament peut être utile pour la pratique clinique.
Il faut de plus en plus de temps pour élaborer les nouveaux traitements et médicaments et pour déterminer si un médicament déjà utilisé pour traiter une maladie pourrait avoir un autre usage auquel on n’avait pas pensé.
Le secteur privé explore toutes ces possibilités, mais à grands frais. Le financement public donne la possibilité d'injecter de fortes sommes en vue de l'atteinte d'un objectif très précis, par exemple guérir le cancer ou le diabète. Cela permet de mettre des ressources en commun.
Tous les députés ont le pouvoir d'affecter des ressources. Le gouvernement a le pouvoir d'affecter des ressources — humaines et autres — à certains dossiers précis. Nous devons en avoir pour notre argent.
En ce qui concerne le syndrome d'Alport, il y a une entreprise privée, Reata Pharmaceuticals, qui est en train de mettre au point un médicament de deuxième génération qui comprend du bardoxolone méthyl. Elle effectue maintenant des tests pour savoir si le médicament peut offrir un quelconque soulagement aux personnes atteintes du syndrome d'Alport.
Plusieurs autres maladies rares pourraient jouir de financement du secteur public et du secteur privé.
Nous parlons d'objectifs nationaux. Voulons-nous être des chefs de file mondiaux et être dotés d'une supergrappe de recherche en santé? Les objectifs nationaux doivent correspondre aux objectifs pour les patients, et non à l'atteinte d'un quelconque pourcentage ou d'un classement à l'échelle internationale qui dépasse celui d'autres pays du G7, de pays de l'OCDE ou de pays de l'Union européenne. Je me fiche complètement que nous soyons les premiers ou les derniers. Si nous atteignons les objectifs que nous nous fixons pour les patients au Canada, si nous mettons au point de vraies thérapies et de nouveaux médicaments et si nous offrons aux malades de vraies possibilités d'aller mieux ou de prolonger leur vie, alors c'est exactement ce que nous devons faire. Si cela fait en sorte que nous nous retrouvons en dernière position, tant pis. Ainsi, au lieu d'objectifs nationaux, nous devrions parler d'objectifs pour les patients. Il faut s'exprimer autrement.
Toute cette recherche doit profiter aux patients. Si ce n'est pas le cas, alors elle ne remplit pas les objectifs. À cet égard, j'ai parcouru le site Web des IRSC et ceux de nombreux organismes publics et ils effectuent beaucoup de travaux de recherche utiles. Par contre, une bonne partie de cette recherche est de la recherche fondamentale, de la recherche pour comprendre le fonctionnement du corps humain, pour comprendre le procédé actif de différents médicaments en cours d'élaboration ou pour découvrir les usages secondaires des médicaments. Il manque parfois cet élément de bénéfice pour les patients.
Ces organismes ont-ils seulement communiqué avec les groupes de personnes atteintes des troubles et maladies en question pour leur demander s'il s'agissait d'un élément sur lequel ils veulent qu'on pousse les recherches, si cela leur sera utile? Leur ont-ils demandé leur participation pour mieux comprendre leur réalité et celles des familles touchées?
Je comprends que cela peut être difficile dans le cas des maladies rares; dans le cas de certaines maladies rares, il peut y avoir aussi peu que 60 personnes atteintes dans tout le Canada. C'est l'une des raisons pour lesquelles la société qui a développé le Soliris est la cible d'autant d'opposition et de colère de la part des patients et des gouvernements provinciaux qui essaient de négocier une entente avec elle. Jusqu'à maintenant, les négociations n'ont rien donné. C'est parce qu'il s'agit d'un médicament bien particulier pour traiter une maladie auto-immune bien particulière.
Il n'y a rien de mal à vouloir repousser les limites de la connaissance, mais il faut le faire pour les gens, pour les enfants et pour les familles. Je pense que la motion à l'étude permet d'appuyer cet objectif. Nous voulons atteindre cet objectif et trouver des moyens de le faire.
J'appuierai cette motion. Je crois que son intention est bonne. Changeons la terminologie, cessons de parler d'objectifs nationaux et parlons plutôt d'objectifs pour les patients.