propose que le projet de , soit lu pour la deuxième fois et renvoyé à un comité.
— Monsieur le Président, c'est un privilège pour moi de prendre la parole à la Chambre pour parler de ce projet de loi important au début de l'étape de la deuxième lecture. Il s'agit de la première fois depuis que je suis que j'ai l'occasion d'intervenir à propos d'une mesure législative gouvernementale relevant de mon portefeuille, et les députés peuvent donc s'imaginer à quel point je suis heureux d'être ici aujourd'hui pour leur parler d'un élément important du programme du gouvernement.
Le Canada a l'avantage exceptionnel de bénéficier d'une abondance de zones d'eau douce et de zones marines côtières qui sont diversifiées sur le plan écologique et qui revêtent aussi une grande importance économique. Le gouvernement sait que nous avons la responsabilité de gérer ces ressources pour les générations futures.
Dans ma lettre de mandat, le m'a demandé d’accroître la proportion de zones marines et côtières protégées à 5 % d’ici la fin de 2017 et à 10 % d’ici 2020. Je suis heureux et fier de dire que grâce aux efforts d'un grand nombre de personnes et d'organismes, nous atteindrons ces objectifs. C'est un engagement que nous avons pris envers les Canadiens, et nous voulons qu'ils sachent que nous allons respecter cette importante obligation.
Sur la scène internationale, le Canada a confirmé son engagement à atteindre l'objectif de 10 % lorsqu'il a signé l'objectif 11 d'Aichi, dans le cadre de la Convention des Nations unies sur la diversité biologique. Il a confirmé de nouveau cet engagement en 2015 lorsqu'il a appuyé le Programme de développement durable à l'horizon 2030 adopté par l'Assemblée générale des Nations unies. Ces efforts font l'objet d'un appui multipartite depuis de nombreuses années, et je tiens à remercier mes collègues des deux côtés de la Chambre de leur engagement à protéger les ressources marines du Canada.
[Français]
Pour atteindre nos objectifs de conservation marine, notre approche d'établissement des zones de protection marine et des réseaux d'aires marines protégées est guidée par trois principes fondamentaux, soit un processus décisionnel fondé sur la science, la transparence et la réconciliation avec les groupes autochtones.
La collaboration est essentielle pour faire progresser nos travaux de protection marine, et nous travaillons avec les provinces et les territoires, avec les groupes autochtones, l'industrie et d'autres intervenants environnementaux pour établir nos réseaux d'aires marines protégées.
Nous sommes résolus à faire progresser la réconciliation pendant l'établissement de ces zones. Nous nous efforçons de collaborer avec les groupes autochtones, dont les Inuits évidemment, pour éclairer le processus et mettre à contribution leurs connaissances traditionnelles.
[Traduction]
Le gouvernement dispose d'un plan précis pour atteindre ces objectifs en matière de conservation marine. Ce plan oriente nos efforts à l'échelle nationale et, de surcroît, il nous aide à rétablir la réputation du Canada en tant que chef de file international au chapitre de la conservation des océans. Nous faisons de grands progrès à cet égard. Nous protégeons maintenant 3,63 % du milieu marin du Canada. Couvrant plus de 200 000 kilomètres carrés, cette superficie totale comprend la fermeture à long terme de zones de pêche, à laquelle le a fait allusion il y a quelques instants, pendant la période de questions.
Le premier élément de notre plan consiste à terminer ce que nous avons commencé. Nous allons donc finir de désigner les zones de protection marine qui étaient déjà visées par le processus réglementaire. À l'heure actuelle, en vertu de la Loi sur les océans, il se trouve 11 zones de protection marine réparties dans les trois océans du pays. Cette année seulement, nous avons annoncé la création de la zone de protection marine du détroit d'Hécate, au large de la Colombie-Britannique. Cette décision permettra de protéger des récifs d'éponges siliceuses vieux de milliers d'années qui sont uniques au monde. Nous avons aussi créé la zone de protection marine du banc de Sainte-Anne, qui est située au large du Cap-Breton et qui abrite de nombreuses espèces en péril, dont la tortue luth. Nos efforts se poursuivent en vue de créer d'autres zones de protection marine, comme celles du chenal Laurentien et du banc des Américains.
Le mois dernier, ma collègue la a annoncé les frontières définitives de l'aire marine nationale de conservation du Détroit de Lancaster. Il s'agit d'une étape très importante qui a été franchie en partenariat avec les Inuits, bien évidemment. Les limites de cette aire marine de conservation, la plus vaste au Canada, ont été établies par le gouvernement fédéral en collaboration avec le gouvernement du Nunavut et sont situées dans le passage du Nord-Ouest. Cet endroit revêt une importance particulière puisqu'elle abrite l'une des populations de narval parmi les plus nombreuses au monde.
Le deuxième élément de notre plan consiste à protéger de grandes zones extracôtières. Au mois de mai, on a annoncé la désignation d'un nouveau site d'intérêt dans la biorégion du Pacifique située en mer. Ce nouveau site d'intérêt permettra de protéger des monts sous-marins et une série d'évents hydrothermaux, qui sont reconnus comme étant des écosystèmes marins uniques au large des côtes du Canada.
L'établissement de ce réseau d'aires marines protégées est lié au troisième élément de notre plan: protéger les zones soumises à des pressions d'origine anthropique.
[Français]
Nous avons réalisé de grands progrès dans le quatrième élément de notre plan, l'élaboration de directives pour l'identification d'autres mesures de conservation efficaces par zone. Ces autres mesures sont une composante importante de la trousse d'outils de conservation marine reconnue par la Convention sur la diversité biologique et l'Union internationale pour la conservation de la nature. Trente-deux fermetures de zones de pêche qui répondent à nos rigoureux critères contribueront à l'atteinte de nos objectifs de conservation. D'autres mesures seront proposées au fil du temps.
Le dernier point de notre plan est la nécessité d'établir plus rapidement des zones de protection marine en vertu de la Loi sur les océans, mais sans réduire ou sacrifier, de quelque façon que ce soit, les activités de recherche scientifique et socioéconomique et le travail de consultation et de collaboration avec nos partenaires.
Le projet de loi correspond précisément à ce dernier point. Les modifications proposées prévoient un processus plus rapide pour l'établissement de zones de protection marine tout en garantissant leur protection. Les modifications sont collaboratives, nécessitant la participation des groupes autochtones, des provinces et des territoires, de l'industrie et d'autres intervenants au processus d'établissement et de gestion.
Par exemple, en vertu du nouveau pouvoir conféré au ministre de déléguer des pouvoirs d'application de la loi à d'autres personnes, des groupes autochtones, comme les gardiens de la côte, ou d'autres groupes environnementaux pourraient se voir accorder le pouvoir d'exécution pour superviser les aires protégées dans leurs eaux. Les modifications peuvent améliorer nos zones de protection marine, mais pas au détriment de nos relations de travail, évidemment.
Essentiellement, le projet de loi propose des modifications à la Loi sur les océans pour refléter plus clairement les responsabilités qui m'incombent, à titre de ministre des Pêches, des Océans et de la Garde côtière canadienne, en ce qui concerne l'établissement d'un réseau national d'aires marines protégées au Canada.
J'aimerais parler plus particulièrement de certaines modifications importantes. Il faut actuellement entre sept et dix ans pour officialiser une zone de protection marine en vertu de la Loi sur les océans. Pendant cette longue période, aucune protection n'est accordée à la zone envisagée. La solution proposée dans le projet de loi consiste à mettre en place des mesures provisoires pour protéger les zones essentielles et uniques des océans du Canada au moyen d'un arrêté ministériel. Cela se fera après les évaluations scientifiques et les consultations initiales en seulement 24 mois, tandis que l'ensemble du processus réglementaire fédéral se poursuivra pour désigner la zone de protection marine au cours des cinq prochaines années. La mise en place complète d'une zone de protection marine peut toujours prendre jusqu'à sept ans, mais une certaine protection intérimaire peut être mise en place au cours des deux premières années.
[Traduction]
À l'heure actuelle, une zone de protection marine établie en vertu de la Loi sur les océans peut être désignée uniquement au moyen de règlements pris par le gouverneur en conseil. Ces règlements n'offrent aucune mesure de protection à un site d'intérêt tant que les règlements définitifs sur la désignation ne sont pas publiés.
La durée du processus actuel s'explique en partie par le temps nécessaire pour réaliser les évaluations scientifiques et les consultations d'envergure. Ces étapes sont importantes, car elles garantissent que les zones de protection marine permettront d'atteindre les objectifs poursuivis tout en soutenant la culture et, il va sans dire, l'économie locales.
Cela dit, nous savons que, bien souvent, tout le monde s'entend dès le départ sur ce qu'il faut protéger. Pensons par exemple aux espèces qui se reproduisent seulement dans tel ou tel secteur de l'océan ou à l'incroyable merveille naturelle que sont les récifs d'éponge siliceuse, même si nous ne savons pas encore tout de la manière dont ces espèces sont influencées par les écosystèmes qui les entourent, la circulation maritime ou la pêche.
En créant une zone de protection marine provisoire, nous pourrons accélérer grandement le processus, établir le tracé de la zone à protéger et définir les objectifs de conservation à atteindre. Résultat: pendant que les scientifiques font leurs recherches et que les parties intéressées font connaître leur point de vue, les éléments essentiels de ces écosystèmes de grande valeur sont déjà protégés.
Les zones de protection marine provisoires permettront bel et bien de protéger les zones concernées, car elles interdiront l'expansion des activités en cours tant que le règlement final ne sera pas terminé, c'est-à-dire, comme je le disais, dans les cinq ans. Seules les activités déjà en cours — par exemple celles qui ont débuté dans l'année précédente — pourront se poursuivre. Cela peut paraître évident, mais je précise que ce sera la nature des activités, qui seront regroupées par catégories, qui déterminera si elles pourront être autorisées ou pas, et non la personne ou l'entreprise qui les mènent.
Le projet de loi prévoit que le principe de précaution devra s'appliquer lorsque viendra le temps de décider s'il y a lieu de créer de nouvelles zones de protection marine. On veut dire par là que, lorsqu'il y a un risque de dommages irréversibles, l'absence de certitude scientifique ne peut servir de prétexte pour remettre une décision à plus tard. En vertu du projet de loi, il ne sera plus possible d'invoquer le fait que les données ne sont pas complètes ou qu'il n'y a pas de certitude absolue pour empêcher la création d'une zone de protection marine dans les secteurs présentant des risques substantiels et immédiats.
[Français]
Le projet de loi comprend aussi des pouvoirs d'exécution, des amendes et des peines actualisées, modernisées et renforcées.
Les dispositions relatives à l'exécution, aux amendes et aux sanctions appuieront ceux qui travaillent à gérer et à surveiller les zones de protection marine.
Les agents d'application de la Loi seront habilités à jouer leur rôle dans la gestion des zones de protection marine.
[Traduction]
Le projet de loi propose aussi des modifications à la Loi fédérale sur les hydrocarbures qui permettraient de compléter le processus de gel de l'empreinte d'une zone de protection marine provisoire. Ces modifications permettraient au ministre responsable d'interdire l'exploration pétrolière et gazière et les activités d'exploitation telles que les essais sismiques, le forage ou la production dans une zone de protection marine désignée.
Les modifications proposées à la Loi fédérale sur les hydrocarbures reconnaissent que lorsqu'il y a un intérêt pour une exploration pétrolière ou gazière et que l'exploitation chevauche une zone de protection maritime, il pourrait y avoir de l'ambiguïté et de l'incertitude quant à l'efficacité des interdictions. Ressources naturelles Canada et Affaires autochtones et du Nord Canada poursuivraient les discussions avec tous les partenaires sur la meilleure façon d'appliquer ce principe.
[Français]
J'aimerais décrire brièvement les efforts que nous avons déployés pour discuter avec nos partenaires réglementaires, les organisations autochtones et les autres parties concernées pour qu'ils se familiarisent avec les modifications proposées à la Loi et répondre à leurs préoccupations.
Au cours des derniers mois, nous avons rencontré les représentants des provinces et des territoires, ainsi que les organisations autochtones, les membres de l'industrie de la pêche, du transport maritime, du pétrole et du gaz, de même que les groupes environnementaux et plusieurs autres Canadiens.
Dans l'ensemble, nous avons reçu un soutien général en faveur des modifications proposées. Les Canadiens, dans l'ensemble, se réjouissent des efforts visant à protéger nos écosystèmes marins uniques et précieux.
J'aimerais parler de quelque chose que ce projet de loi ne vise pas à faire.
Les modifications proposées n'ont pas pour but de court-circuiter l'élaboration des données scientifiques fiables ni de priver les Canadiens de possibilités de collaborer lors de l'établissement des zones de protection marine intérimaires. Notre gouvernement sait que la gestion efficace des océans repose sur une compréhension approfondie du milieu marin acquise grâce aux données scientifiques examinées par les pairs, aux connaissances traditionnelles des peuples autochtones, ainsi qu'aux renseignements de l'industrie de la pêche et des collectivités locales.
L'étude approfondie et la mobilisation demandent beaucoup de temps, que certaines zones vulnérables des océans n'ont peut-être pas. C'est pourquoi nous proposons la mise en oeuvre du principe de précaution, de concert avec l'option d'utiliser des arrêtés ministériels pour assurer la protection intérimaire immédiate. Nous utiliserons le principe de précaution judicieusement, sachant qu'il s'agit d'un sujet de préoccupation pour les intervenants de l'industrie.
Beaucoup craignent que les ressources scientifiques soient insuffisantes pour effectuer les travaux nécessaires dans le délai de cinq ans suivant l'arrêté ministériel ou que l'approche de précaution serve d'excuse pour ne pas effectuer de recherche du tout. C'est faux. Notre engagement envers les sciences et la collecte des données demeure ferme. Nous avons entendu ces préoccupations et nous convenons que notre principe fondamental de prise de décision fondée sur les sciences ne doit en aucun cas être compromis.
[Traduction]
En conclusion, si le projet de loi doit accélérer la protection marine sans sacrifier la science ou la capacité des Canadiens de façonner ce processus important, j'espère que tous les députés se joindront au gouvernement en vue de l'adopter. C'est un pas décisif du gouvernement en vue de respecter l'un de ses principaux engagements envers les Canadiens, en protégeant 5 % de nos zones marines et côtières cette année, et 10 % d'ici 2020.
Je suis heureux de participer à ce débat important aujourd'hui. Je suis impatient de travailler avec mes collègues de tous les partis et les membres du comité permanent — si la mesure législative se rend en comité — afin de veiller à ce que tous les détails de ce grand projet de loi soient bien réglés. Nous serons ravis d'entendre la population canadienne pendant l'étape des comités, tant à la Chambre qu'au Sénat.
Si nous travaillons ensemble en vue d'atteindre les objectifs communs qui tiennent à coeur aux Canadiens, comme la protection des ressources marines pour les générations à venir, alors la population pourra être fière du travail du Parlement et nous pourrons améliorer non seulement la protection de précieux écosystèmes, mais aussi la survie économique des collectivités côtières de l'ensemble du pays.
:
Madame la Présidente, c'est un honneur pour moi de participer aujourd'hui au débat sur le projet de loi . J'aimerais faire remarquer, pour commencer, que nous nous entendons tous pour dire qu'il y a des choses que nous pouvons mieux faire. Nous voulons que nos rivières, nos lacs, nos ruisseaux et nos océans conservent leur splendeur naturelle, non seulement pour les temps présents mais aussi futurs.
Aujourd'hui, je voudrais discuter un peu plus du processus. Je vais commencer par faire une citation parce que le a parlé du plan en trois ou cinq points du gouvernement concernant le processus relatif aux zones de protection marine. Un de ces points portait sur l'utilisation de données scientifiques. En comité, nous avons entendu un certain nombre de témoins, et les mêmes arguments reviennent sans cesse.
Tout d'abord, lors de témoignages précédents, certaines personnes ont soutenu que des preuves scientifiques irréfutables démontraient l'extrême efficacité des zones de protection marine. Cela ne donne pas une idée juste des connaissances scientifiques dans ce domaine. Mon collègue vient de citer quelques-unes des études selon lesquelles les zones de protection marine ne produisent pas, de façon générale, des résultats positifs. Faire respecter les zones de protection marine coûterait cher et ne donnerait probablement pas les résultats escomptés. Il est difficile de reproduire les facteurs qui ont contribué à la réussite d'un projet particulier. L'efficacité d'une zone de protection marine dépend en grande partie de son emplacement et du moment choisi. Il est impossible de mener une expérience où on aurait trois zones de protection marine d'un côté, et trois zones témoins ailleurs, car chaque zone est à la merci de perturbations et de changements environnementaux sur lesquels nous n'avons aucun contrôle.
Pour que le processus soit source de confiance et de bonne volonté, il ne faut pas rester sourd aux propos des intervenants ni mener des consultations qui se limiteraient à quelques-unes des zones de protection marine recommandées. Je repense, par exemple, au commentaire de Sean Cox, professeur à l'Université Simon Fraser. Ce n'est pas le seul.
Notre collègue a aussi parlé de réconciliation et de consultations auprès des Autochtones. Voici ce qu'a dit le conseil des chefs héréditaires des Lax Kw’alaams, établis dans notre coin de la Colombie-Britannique:
[...] nous rejetons catégoriquement l'ingérence d'ONG environnementales de l'extérieur (plus particulièrement les ONG étrangères) qui semblent dicter la politique gouvernementale sur notre territoire traditionnel.
Dans mon discours, je ne m'opposerai pas à ce que mon collègue a dit ni ne minimiserai l'importance de nous assurer de faire le maximum pour protéger nos rivières, nos lacs et nos ruisseaux. Nous parlerons plutôt de la notion de consultation, un sujet dont nous aimons beaucoup parler à la Chambre. Comme nous l'avons vu dès le début, ce n'est qu'un mot pour le gouvernement. Ce qui se fait dépend des personnes en cause. Le gouvernement aime dire qu'il consulte.
Notre collègue a pris la parole pour dire à la Chambre qu'il est important que le gouvernement collabore avec les provinces et les territoires, mais le gouvernement écoute-t-il vraiment? Je le demande, car nous entendons encore de nombreux intervenants dire qu'il se les met à dos. Qu'on parle des peuples autochtones ou de ceux qui dépendent de ces zones pour leur subsistance dans les collectivités côtières éloignées du Canada, le gouvernement les oublie.
Qu'il s'agisse du processus de réforme électorale, de la réforme de l'accès à l'information ou de la dernière proposition du gouvernement libéral d'apporter des changements fiscaux qui nuiront beaucoup à la compétitivité des petites entreprises, nous l'entendons souvent dire qu'il veut être le gouvernement le plus ouvert et transparent de l'histoire du Canada. Or, il ne consulte que pour la forme, pour pouvoir dire qu'il l'a fait, qu'il a rencontré les personnes concernées. Il ne les a pas vraiment écoutées, mais il peut dire qu'il les a consultées.
Le gouvernement n'a pas vraiment l'intention d'apporter des changements pour le mieux-être de nos collectivités, ou pour les personnes qui seront touchées par les dispositions des projets de loi, comme celui dont nous sommes saisis aujourd'hui. Le député a parlé de l'importance de la collaboration avec les gouvernements provinciaux et territoriaux.
Je crois qu'il a répété l'une des promesses électorales des libéraux, soit qu'ils allaient travailler avec tous les partis à la Chambre afin d'accroître la collaboration. Or, nous assistons toujours à des annonces à la période de questions. De plus, certains députés libéraux sont mis au courant des initiatives gouvernementales par les médias.
Pour revenir à l'abolition du programme de mise en valeur des salmonidés et à la fermeture éventuelle de postes de la Garde côtière, certains députés d'arrière-ban libéraux, qui siègent à notre comité, ont appris ces nouvelles par l'entremise des médias. Encore une fois, cette façon de procéder est loin d'être ouverte et transparente.
Le projet de loi dans sa forme actuelle aura de graves conséquences sur les industries du tourisme, du transport maritime et de la pêche. C'est là un autre clou de plus dans le cercueil des petites collectivités et des entreprises locales qui dépendent des voies navigables d'un bout à l'autre du pays.
Le projet de loi découle directement de la lettre de mandat du , qui lui enjoint de collaborer avec la afin d'augmenter la proportion des zones marines et côtières qui sont protégées à 5 % en 2017, et qui devront l'être à 10 % d'ici 2020.
Le projet de loi permettra la désignation temporaire de zones d'importance ou de zones sensibles, qui seront encore une fois définies par les scientifiques dans le cadre de consultations avec les Autochtones, les collectivités locales et les autres intéressés de la région. Voilà ce que disent les libéraux.
Aussitôt que les libéraux entameront le processus, on interdira certaines activités pendant cinq ans. Les activités cesseront-elles complètement? Faut-il comprendre qu'aucune prise ne sera permise? Y a-t-il des activités qui seront limitées? Ce sont des éléments qui n'ont été communiqués ni aux collectivités, ni aux pêcheurs, ni aux familles qui dépendent de cette industrie pour gagner leur vie.
Une fois la protection provisoire mise en place, le ministre aurait jusqu'à cinq ans pour recommander l'aménagement d'une zone de protection marine permanente. Selon les travaux du gouvernement conservateur précédent sur les zones de protection marine et les témoignages entendus au comité, nous savons que, en moyenne, il faut entre cinq et sept ans pour désigner une seule zone protégée. On ne peut pas le nier, puisque nous le savons. C'est le temps qu'il faut pour faire les choses correctement et pour assurer la tenue de consultations en bonne et due forme.
Un professeur de la Californie est venu nous parler d'une série de zones de protection marine qui ont été aménagées au large des côtes de la Californie. Son groupe a parlé de vraies consultations. J'ai écouté toute la présentation de cet expert et je me suis dit: « Ce groupe a vraiment bien compris. » Il a commencé dès le départ. D'entrée de jeu, il a communiqué ses objectifs aux intervenants, notamment les groupes autochtones, l'industrie, les collectivités, les groupes environnementaux et les ONG. Le groupe a convié tous les intervenants à la table de négociations et il a exposé ce qu'il souhaitait faire au large des côtes de la Californie.
Ce groupe a établi des objectifs et il a chargé les intervenants de communiquer avec les gens, de mobiliser les collectivités et de trouver le moyen d'atteindre l'ensemble des cibles fixées. Ce témoignage est vraiment ressorti du lot. On parle toujours de ce que font les conservateurs ou les libéraux, mais dans le cas qui nous intéresse ici, un intervenant indépendant est venu parler des études scientifiques qui sous-tendent la création des zones de protection marine. Il a dit qu'il fallait bien faire les choses, qu'il fallait tenir compte du processus global à l'origine des zones de protection marine, sans oublier les écosystèmes. Les poissons ne savent pas où se trouvent les zones de protection marine. Ils ne savent pas qu'il y a des limites virtuelles. Ils se déplacent.
Les scientifiques de ce groupe ont étudié une série de zones de protection marine en bordure de la côte californienne et ils ont rallié tout le monde. Il s'agit vraisemblablement du témoignage le plus éloquent présenté à ce jour sur le bien-fondé des zones de protection marine.
Par surcroît, le gouvernement libéral prend des mesures pour accélérer le processus de désignation des zones de protection marine, sachant que, à défaut de ce faire, il ne pourra pas atteindre ses objectifs politiques et respecter les échéanciers prévus dans les lettres de mandat. Le gouvernement n'a pas donné suite à toutes les promesses faites pendant la campagne électorale. Le ministre a lui-même affirmé que dans ce cas-ci, le gouvernement peut dire qu'il a tenu parole. Cependant, cette mesure entraînera des coûts économiques pour les collectivités concernées qui comptent désespérément sur la pêche et le commerce. Elle entraînera également des coûts pour l'économie canadienne.
Les libéraux savent que, s'ils ne font pas adopter le projet de loi à toute vapeur, cela viendra s'ajouter aux nombreuses autres promesses rompues.
Outre le fait d'accélérer le processus de désignation, le gouvernement libéral propose également des modifications à la Loi fédérale sur les hydrocarbures, des modifications qui interdiront les activités pétrolières et gazières dans les zones marines où une protection provisoire est en vigueur. Pour faire avancer le dossier, le gouvernement donnera au et à la le pouvoir d'annuler les intérêts pétroliers et gaziers des entreprises.
Nous avons parlé du processus et du fait que les entreprises et les intervenants n'en font pas partie. Nous avons demandé à maintes reprises que le ministre assiste aux séances du comité et qu'il écoute les témoignages, parce que les intervenants sont en train de nous supplier, même ceux que l'on supposerait être du côté du gouvernement. Les députés libéraux disent qu'ils apprennent des choses en écoutant des reportages et les annonces faites pendant la période des questions. Les habitants de leurs collectivités dans les provinces de l'Atlantique ou sur la côte du Pacifique leur font également part de ce qu'ils pensent.
Les habitants de ma circonscription me parlent des problèmes liés aux petites entreprises ou au tourisme, et je fais part de leur point de vue à la Chambre. Il y a quelque 30 députés des provinces de l'Atlantique, et, hormis ceux siégeant au comité, ils ne défendent pas réellement les intérêts de leur région. Je crois qu'ils craignent d'exprimer leur point de vue, mais nous les entendons. Nous entendons leur point de vue dans le cadre de discussions parallèles.
Nous avons déjà vu le sentiment d'incertitude s'accroître ces derniers temps en ce qui concerne le développement commercial. Qu'il soit question du projet Northern Gateway ou du projet de Pacific NorthWest LNG, les incertitudes principalement causées par les libéraux font peur aux entreprises, car celles-ci ne savent plus de quel côté le vent souffle ou quelles sont les règles du jeu. Il est inacceptable de donner à un ministre le pouvoir de dire oui ou non ou « cette personne est peut-être un initié du Parti libéral, donc nous allons approuver son projet ». C'est honteux.
Voici ce que M. Brian Clark, conseiller en environnement et biologiste professionnel agréé de la Pacific NorthWest, a déclaré au comité:
[...] il y a un manque de processus clairs en matière de planification intégrée des côtes qui pousse les promoteurs à élaborer des stratégies sans informations externes. Quelles sont les zones interdites? Quels sont les seuils en matière d’impact? [...] nous avons besoin de plans précis pour les zones côtières où l’activité industrielle est élevée. Le projet de Pacific NorthWest [était] réalisé dans un port fédéral situé dans une zone industrielle. Pourtant, aucune activité n’a été acceptée pour simplifier le processus d’évaluation environnementale. [...] [De plus], il y a un manque flagrant d’examen et de ressources scientifiques pour établir les bases et fixer les seuils pour la région nordique de la côte ouest.
Nous convenons tous que certains organismes fédéraux ont besoin de plus d'argent, mais M. Clark a déclaré qu'il « [...] ne faudrait pas négliger la base de connaissances des promoteurs. »
L'industrie et les collectivités font toutes leur part. L'industrie est plus consciente que jamais du fait que tout le monde a un téléphone cellulaire. Que ce soit l'industrie du transport maritime, des croisières ou de la pêche, on sait que tout le monde a un téléphone cellulaire. Nous voulons tous être certains de faire notre part et c'est ce que fait l'industrie. Le comité a entendu à de multiples reprises des représentants de l'industrie lui dire que l'industrie avait proposé de fournir les conclusions de ses études ou la technologie qu'elle employait, des offres auxquelles le gouvernement est resté sourd. C'est un peu l'attitude « merci, mais nous avons tout ce qu'il faut ». C'est inacceptable.
Le gouvernement libéral a eu de nombreuses fois la possibilité de travailler avec des promoteurs de projets du secteur de l'énergie qui ont à coeur la santé des milieux marins. Le projet de loi est un autre exemple de l'approche musclée et anti-développement du gouvernement dans le secteur des ressources et de l'industrie maritime.
L'an dernier, lorsque j'ai pris le rôle de porte-parole dans le dossier des pêches et des océans dans le cabinet fantôme, je dois avouer avoir pensé que les cibles énoncées dans les lettres de mandat du gouvernement libéral étaient audacieuses. Le gouvernement conservateur précédent avait fixé la cible de protection à 10 % d'ici 2020. C'était la cible de l'ancien gouvernement conservateur: 2020. Nous voulions être certains de bien faire les choses.
Les députés savent-ils que le Canada compte l'un des plus longs littoraux au monde, si ce n'est pas le plus long? Les zones de protection marine proposées auront des impacts disproportionnés sur les régions du Nord et du Pacifique. L'argument est soulevé encore et encore.
La grande différence, c'est que nous n'étions pas déterminés à atteindre ces cibles au détriment des besoins des collectivités côtières de partout au pays, qui tirent leur gagne-pain de l'océan.
Après avoir découvert que le pourrait envisager de désigner des zones de protection marine sans consultation appropriée, mon collègue de a présenté une motion pour que le comité étudie la question en profondeur. Nous avons lancé l'étude avant que le ministre présente le projet de loi , à peine quelques jours avant l'ajournement de la Chambre pour l'été. Malheureusement, il semble que le ministre n'a pas lu le compte rendu des témoignages entendus dans le cadre de cet examen important.
Je me rappelle que le ministre a dit dans son discours qu'il avait hâte d'entendre les opinions des Canadiens, des représentants de l'industrie et des intervenants. Il a reconnu l'excellent travail que les comités effectuent pour la Chambre et l'autre endroit. Je peux voir les gens à la tribune hocher la tête. Ils ont entendu la même chose que moi.
Toutefois, le gouvernement continue à ne pas tenir compte des témoignages présentés par les intervenants, par des gens dont on pourrait croire qu'ils seraient de son côté.
Au cours des derniers mois, nous avons eu l'occasion d'entendre un nombre considérable d'universitaires, de professionnels de l'industrie, de groupes de pêcheurs commerciaux et sportifs, d'organismes non gouvernementaux et d'environnementalistes. Beaucoup avaient une chose en commun: il leur était impossible d'appuyer l'échéancier précipité du gouvernement concernant le processus de désignation des zones de protection marine. Ils ont tous dit la même chose: « Faites un bon travail. »
L'un des principaux problèmes à nous avoir souvent été signalé, c'est que le processus de consultation comporte de grandes lacunes. Un témoin, Leonard Leblanc, directeur général du Gulf of Nova Scotia Fleet Planning Board, a déclaré ce qui suit:
Le processus utilisé par le MPO, pour s'adresser aux associations de pêcheurs et les consulter sur les secteurs d'intérêt à désigner éventuellement comme ZPM, n'était pas structuré ni du tout transparent. On a précisé que le processus d'établissement des ZPM est habituellement long et qu'il se prolonge sur plusieurs années, mais le processus semblait être en mode accéléré afin de respecter de stricts échéanciers [...]
Plus tard dans son témoignage, il a dit:
Enfin, ce processus de consultation sur le secteur d'intérêt relativement à la désignation de ZPM [...] a contribué à perpétuer le manque de confiance entre les membres de l'industrie et le MPO. Le manque d'inclusion et de réponses à l'étape des consultations, le manque de vraies preuves scientifiques servant à justifier le secteur d'intérêt et l'absence d'information visant à garantir la poursuite de la pêche traditionnelle, tous ces facteurs ont contribué à accentuer la méfiance au sujet du processus consultatif et décisionnel du MPO.
Les témoignages ne se terminent pas là. Jordan Nickerson, un pêcheur indépendant qui s'est exprimé au nom de son entreprise familiale, a déclaré ceci:
La directive actuelle visant à protéger les océans m'amène à me poser plus de questions qu'à trouver des réponses. En tant que pêcheur et transformateur, j'aimerais savoir quelles seront les conséquences pour moi, mon entreprise, mes employés et notre avenir commun. Quels sont nos objectifs concernant les ZPM [...] ?
Le Canada devrait prendre le temps d'écouter ce qu'ont à dire ses citoyens, affecter les fonds nécessaires et mener les recherches appropriées avant de prendre une décision aussi importante que celle d'établir des zones de protection marine, en se fondant apparemment sur des données scientifiques. Pourtant, on nous a répété à maintes reprises que ce n'est pas ce qu'il fait. C'est notamment le cas de Christina Burridge, de la BC Seafood Alliance, qui dit ceci: « Sur la côte Ouest, nous ne voyons pas beaucoup de prises de décisions fondées sur des données probantes. Cela commence à ressembler à une prise de décision politique. »
Je vais alléger un peu mon discours parce que je sais que mon temps de parole s'achève.
La semaine dernière, Johnny Mike, un ministre du Nunavut, s'est servi de la période réservée aux déclarations de députés pour parler spécifiquement du manque de consultation du gouvernement libéral sur le projet de loi . Voici ce qu'il a dit:
[Les gens de ma circonscription] sont bien conscients du potentiel de nos zones extracôtières, qui sont utilisées à des fins économiques par des intérêts à l'extérieur du Nunavut.
Il a ajouté:
En proposant ce projet de loi sur la gestion marine et la gestion de l'industrie pétrolière, le gouvernement semble tourner le dos à la population de Pangnirtung.
En effet, le gouvernement fédéral n'a jamais mené de consultations auprès des habitants du Nord ou de mes concitoyens pour savoir s'ils ont des inquiétudes au sujet de ce projet de loi.
Nous ne sommes pas opposés aux zones de protection marine. Ce qui nous dérange, c'est que le processus de consultation du gouvernement fédéral n'est rien de plus qu'un simulacre.
:
Madame la Présidente, je prends la parole pour appuyer le projet de loi , Loi modifiant la Loi sur les océans et la Loi fédérale sur les hydrocarbures, et pour faire quelques suggestions qui permettraient d'améliorer le projet de loi.
Je voudrais d'abord affirmer que je partage l'engagement du gouvernement envers la communauté internationale et envers la protection de 5 % des aires marines canadiennes en 2017 et de 10 % d'ici 2020, afin de protéger les océans en arrêtant la destruction des écosystèmes marins. Cependant, depuis la signature de la Convention sur la biodiversité de 1992, les gouvernements libéraux et conservateurs qui se sont succédé n'ont rien fait de significatif pour donner suite à cet engagement international.
En matière de protection des aires marines, jusqu'à tout récemment, le Canada se situait derrière la Chine, qui est à 1,6 %, et il est toujours derrière le Japon avec ses 5,6 %. L'Australie et les États-Unis sont loin devant à 33,2 % et 30,4 % respectivement.
Le projet de loi à l'étude crée de nouveaux outils légaux dont nous avons tellement besoin pour accélérer la création d'aires marines protégées, mais il est loin de permettre au Canada de remplir ses engagements internationaux en matière de protection de la biodiversité marine.
Il était encourageant de voir, pendant la dernière année, des annonces répétées à propos des nouvelles zones de protection marine. Le Canada a toutefois du rattrapage à faire, et les meilleurs éléments du projet de loi y contribueront. Malheureusement, pressé de satisfaire aux engagements internationaux du Canada, le gouvernement a misé sur la quantité de zones protégées plutôt que sur leur qualité. C'est une grave erreur.
La plupart des zones de protection marine du Canada ne respectent pas les normes internationales en matière de conservation, et la mesure à l'étude ne comblera pas ces lacunes. Elle n'établit pas de normes minimales de protection ni de cibles pour la détermination des zones de protection marine. Résultat: au mieux, cette désignation manquera d'uniformité; au pire, elle n'aura aucune valeur.
Il va sans dire que l'intégrité écologique doit être prioritaire quand il s'agit de la gestion des zones de protection marine. Toutefois, étant donné l'absence de normes minimales de protection, les zones de protection marine du Canada ne protègent pas adéquatement les écosystèmes fragiles à l'heure actuelle.
Dans un rapport intitulé « Linking Science and Law Minimum Protection Standards for Canada's Marine Protected Areas », l'organisation West Coast Environmental Law indique que l'intégrité écologique devrait être une priorité absolue dans le contexte des zones de protection marine. Voici un extrait:
On devrait exiger que les décisions relatives aux activités permises dans les aires marines protégées accordent la priorité à la préservation des processus et des fonctions des écosystèmes protégés.
La Loi sur les parcs nationaux du Canada et ses règlements d'application exigent que la priorité soit « la préservation ou le rétablissement de l’intégrité écologique » afin de guider les décisions à l'égard des activités autorisées.
La Politique sur les parcs nationaux décrit ce principe plus en détail, déclarant que « Les écosystèmes des parcs nationaux doivent recevoir le plus haut degré de protection pour assurer la perpétuation de milieux naturels relativement peu dégradés par l'activité humaine. » Elle dit en outre que « Parcs Canada interdit dans un parc national toutes les activités humaines qui menacent l'intégrité des écosystèmes du parc. »
La Loi sur les parcs nationaux du Canada confère également au ministre le pouvoir de désigner comme réserve intégrale « toute zone à l’état sauvage — ou susceptible d’être ramenée à l’état sauvage — d’un parc ». En outre, elle prévoit que « Le ministre ne peut autoriser, dans les réserves intégrales, les activités susceptibles de compromettre leur caractère distinctif. »
L'inclusion de l'exigence de préserver l'intégrité écologique des écosystèmes marins protégés dans la Loi du Canada sur les océans garantirait le respect des normes de protection et, par conséquent, établirait un lien entre la science et la pratique légale.
Une préoccupation dont nous entendons de plus en plus parler est la présence de plastique et de débris marins dans les océans. Nous croyons fermement qu le gouvernement doit mettre en oeuvre une stratégie et financer des programmes qui préserveront l'intégrité écologique des aires marines protégées du Canada contre ce danger de plus en plus menaçant.
Les activités dommageables sont permises dans certaines zones de protection marine existantes et proposées, notamment l'exploration et l'extraction pétrolières et gazières, l'exploration minière ainsi que la pêche industrielle, y compris le chalutage par le fond. Évidemment, ces activités devraient être interdites dans les zones de protection marine.
L'insuffisance de la protection saute encore plus aux yeux lorsqu'on compare les zones de protection marine à la protection dont jouissent les parcs terrestres. Voici à cet égard les propos du président du World Wildlife Fund, David Miller:
L’extraction pétrolière et gazière n’est pas compatible avec la conservation et ne devrait jamais être permise dans une aire marine protégée. Les parcs nationaux en milieu terrestre ont depuis longtemps adopté des normes minimales qui observent de telles restrictions. S’il peut sembler aberrant que des activités d’exploitation pétrolière et gazière puissent être pratiquées dans une aire marine protégée, c’est exactement ce qui est sur le point d'être autorisé dans le chenal Laurentien, à moins que le gouvernement du Canada ne fasse volte-face. Ce chenal est une voie migratoire d’une importance critique pour certaines de nos espèces de baleines en péril, et les activités d’exploration et d’exploitation pétrolière et gazière les menacent avec la pollution sonore, la perturbation de leur habitat et les blessures physiques engendrées par les explosions sismiques.
Cette situation est un cas flagrant de principe à géométrie variable. On n'aurait pas l'idée de permettre l'exploration pétrolière et gazière dans un parc national terrestre, alors pourquoi la permettre dans une zone de protection marine? La réponse au problème est évidente. Le gouvernement devrait adopter un ensemble de règles de protection conformes aux normes de l'Union internationale pour la conservation de la nature et intégrer à la loi des objectifs de protection, de manière à ce que le Canada puisse respecter ses engagements auprès de la communauté internationale.
C'est exactement ce qu'ont demandé 59 scientifiques du monde entier dans une lettre ouverte adressée au et à la . On fait valoir dans la lettre que des études scientifiques ont démontré à maintes reprises qu'une protection plus rigoureuse offre de plus grands avantages sur le plan de la diversité biologique. Les scientifiques soulignent qu'il faut à tout le moins interdire les activités qui nuisent le plus à la biodiversité marine, notamment les activités pétrolières et gazières, l'exploitation sous-marine, le rejet de déchets dans l'océan et la pêche à l'échelle industrielle. Les zones de protection marine abritent d'innombrables espèces en péril, et, par définition, ces écosystèmes ont grand besoin de protection.
C'est important. Nous ne pouvons pas laisser l'absence de rigueur sur le plan juridique et l'empressement du gouvernement nous empêcher d'atteindre l'objectif convenu. Le gouvernement a beaucoup parlé de son engagement en ce qui concerne les politiques fondées sur des données scientifiques, mais, en présentant le projet de loi , il a une fois de plus choisi de ne pas tenir compte des meilleures données scientifiques disponibles dans le domaine de la conservation. Le gouvernement libéral devrait écouter les experts de la communauté scientifique. Ce projet de loi ne doit pas constituer une autre promesse non tenue aux Canadiens.
Malheureusement, le bilan environnemental du gouvernement consiste en une série de promesses rompues et d'engagements électoraux non respectés. Il y a eu tout d'abord l'approbation étonnante du pipeline de Kinder Morgan, assortie d'une promesse de consultations publiques et d'évaluation environnementale. Les habitants de la Colombie-Britannique n'ont pas approuvé la multiplication par sept du trafic de pétroliers dans le port de Vancouver, et ils n'ont certainement pas accepté le risque de déversements de pétrole dévastateurs au large de nos côtes.
À ce piètre bilan s'ajoute une inaction totale pour donner suite à la promesse de rétablir des mesures législatives essentielles en matière de protection de l'environnement. Pendant la campagne électorale, les libéraux avaient pourtant promis de rétablir des mesures de protection dans la Loi sur les pêches, la Loi canadienne sur l'évaluation environnementale et la Loi sur la protection de la navigation. Nous attendons toujours qu'ils passent à l'action. Entretemps, ils ont approuvé la construction du terminal de la Pacific NorthWest LNG — projet maintenant abandonné — dans des frayères de saumon essentielles. Par surcroît, comme ils ont affaibli la loi, ils ont ouvert la voie à la construction du barrage du site C.
Compte tenu du bilan des libéraux, qui disent une chose, mais en font une autre, il y a tout lieu de craindre que le projet de loi ne donne beaucoup trop de latitude au ministre pour décider quelles activités sont permises dans les zones de protection marine.
La discrétion ministérielle est devenue un signal d'alarme pour les Canadiens. Il est arrivé trop souvent que le gouvernement fasse des promesses au sujet de la protection environnementale et du changement climatique, mais qu'il se serve ensuite de la discrétion ministérielle pour faire exactement le contraire. Récemment, le a accordé une exemption à la Loi sur les pêches pour permettre la réalisation de l'un des projets potentiellement les plus destructeurs sur la planète, en l'occurrence l'exploitation d'une mine par KSM, en Colombie-Britannique.
Cette mine sera la plus grosse mine à ciel ouvert d'Amérique du Nord. Pour la construire et aménager un endroit où stocker les résidus miniers, il faudra détruire les affluents supérieurs des ruisseaux North Treaty et South Teigen, qui se déversent dans les rivières à saumon Nass et Bell-Irving. Imaginons un peu: la mine KSM emploiera la même technologie qui a provoqué une catastrophe il y a trois ans pour stocker plus de 27 fois la quantité de résidus stockés à la mine Mount Polley.
Nous avons besoin d'une mesure législative claire encadrant rigoureusement les pouvoirs discrétionnaires du ministre. Ces pouvoirs devraient servir à assurer l'intégrité écologique des zones de protection marine plutôt qu'à autoriser des activités nuisibles. Selon les plus récentes études, les zones de protection marine où les activités nuisibles sont autorisées réussissent moins bien à préserver la biodiversité que celles où il n'y a aucune zone de prélèvement et où l'extraction minière est interdite.
Selon Susanna Fuller, de l'Ecology Action Centre, les zones sans prélèvement devraient couvrir 75 % des zones de protection marine. Le Canada est très loin du compte. À l'heure où on se parle, c'est le ministre qui a le pouvoir de déterminer quelles activités sont autorisées à l'intérieur d'une zone de protection marine donnée et quelles seront les restrictions dans chacun des secteurs de cette même zone.
Jusqu'ici, le du Canada a créé des zones sans prélèvement dans seulement cinq zones de protection marine, et encore, ces zones sans prélèvement sont minuscules par rapport à la taille totale des zones de protection marine où elles se trouvent. Le Canada devrait s'inspirer de ce qui se fait ailleurs et faire des zones sans prélèvement la norme, et non l'exception.
J'aimerais m'arrêter quelques instants sur les possibilités de cogestion des zones de protection marine au Canada par les peuples autochtones et la Couronne.
L'organisme West Coast Environmental Law a publié un document intitulé « Un océan de possibilités: Cogestion des zones de protection marine au Canada ». On peut y lire ceci:
Les peuples autochtones gèrent les territoires marins selon leurs propres traditions juridiques depuis des temps immémoriaux. Cependant, la plupart des régimes juridiques autochtones n'ont pas été reconnus ou maintenus dans la gestion des zones de protection marine (ZPM) au Canada. L'actuel gouvernement du Canada s'est engagé à « renouveler la relation de nation à nation avec les peuples autochtones pour qu'elle soit fondée sur la reconnaissance des droits, le respect, la collaboration et le partenariat ». Des mécanismes de cogestion dans les ZPM représentent une façon de créer une véritable relation de nation à nation ou entre les Inuits et la Couronne, car ils permettent de créer un espace propice à une saine interaction entre les lois canadiennes et les lois autochtones. Étant donné l'engagement réitéré par le gouvernement du Canada de protéger au moins 10 % des océans du Canada d'ici 2020, il se présente une occasion unique de mettre en oeuvre des mécanismes de cogestion au sein de nouvelles ZPM et de ZPM établies.
L'auteure de ce document estime que le Canada a la possibilité de devenir un chef de file mondial de la reconnaissance et de la mise en oeuvre d'une cogestion efficace des zones de protection marine dans la loi. Je suis d'accord.
Pour terminer, j'aimerais mentionner que les néo-démocrates du Canada savent bien qu'il n'existe pas de solution universelle à la question des zones de protection marine et que ces zones ne vont pas toutes exiger le même genre de protection. Le Canada est un pays vaste et diversifié sur le plan géographique. Il faut tenir compte du contexte local. Il n'est peut-être pas logique d'imposer des normes uniformes pour toutes les régions du pays, mais il est absolument logique d'imposer des normes de protection minimales. C'est cet élément qui manque dans le projet de loi.
Le gouvernement doit écouter les scientifiques, les Premières Nations, les pêcheurs de métier, les provinces et les territoires, de même que les Canadiens qui s'intéressent à la question, afin de pouvoir apporter les améliorations qui s'imposent au projet de loi .
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Madame la Présidente, le Canada a le plus long littoral au monde. Il existe un lien puissant entre les Canadiens qui vivent sur la côte et le monde naturel. Il s'agit de notre identité, de notre gagne-pain et de notre vie. Les Canadiens ont à coeur la santé de l'océan. Nous observons tout ce qui se produit sur nos côtes, dans les eaux côtières et dans les zones extracôtières et nous nous en soucions. Les Canadiens réclament de meilleures mesures de protection et la capacité de surveiller leur application et de garantir leur respect.
Le projet de loi est une mesure législative du gouvernement qui vise à protéger les écosystèmes marins et à promouvoir la santé des océans de concert avec un prochain projet de loi qui apportera des modifications à la Loi sur la protection de la navigation, à la Loi sur les pêches et au processus d'évaluation environnementale.
Les zones de protection marine représentent un moyen de protéger l'océan. Ces zones spéciales visent à trouver un équilibre entre la conservation et la protection des ressources marines et leur utilisation durable. Elles constituent des réseaux vivants dans lesquels des espèces marines naissent, grandissent, se reproduisent et s'épanouissent. C'est en protégeant ces systèmes que nous pouvons protéger les océans et les ressources maritimes dont de nombreux Canadiens dépendent.
Le projet de loi permettrait au gouvernement d'établir rapidement des zones de protection marine et de protéger ainsi les zones essentielles et uniques des océans du Canada en seulement 24 mois. Les modifications qu'il propose permettraient de mettre en place, au besoin, des zones de protection marine provisoires où l'on interdirait les nouvelles activités qui pourraient causer des dommages supplémentaires aux écosystèmes, aux habitats ou à la faune et flore marines des océans. La protection provisoire offerte par les nouvelles dispositions de la Loi sur les océans contribuerait grandement à protéger à long terme le gagne-pain des pêcheurs canadiens de mollusques et crustacés, de poissons à nageoires ou d'autres organismes marins. En adoptant des mesures de protection pour les habitats marins essentiels, nous protégerions les ressources marines dont nous sommes tributaires.
Deux des principaux objectifs du projet de loi consistent à renforcer la loi et à infliger des peines. Nous conférerions aux agents de l’autorité le pouvoir de faire respecter le statut protégé des zones de protection marine. En vertu des modifications proposées, le ministre pourrait désigner les agents de l'autorité. Par exemple, les Autochtones qui travaillent actuellement comme gardiens de la côte nord du Pacifique ou comme membres de forces de l'ordre provinciales ou locales pourraient être chargés de l'application de la Loi sur les océans dans leurs eaux. Cette disposition favoriserait la collaboration avec des organisations autochtones et permettrait de confier des responsabilités en matière d'application de la loi à nos partenaires. Cela aiderait grandement les citoyens sur le terrain, qui réclament ce genre d'attention et de collaboration.
Les modifications permettraient aux agents de l'autorité de faire bien meilleur usage de la technologie au cours d'une enquête. Par exemple, un agent de l'autorité pourrait demander qu'une personne sous enquête communique des documents ou des données électroniques, prendre connaissance de données au moyen d'appareils électroniques et demander l'accès aux appareils en question. Il est difficile de croire que nous parlons de cela en 2017. Il est donc important que nous soyons de notre temps. Ces nouveaux pouvoirs contemporains ressemblent à ceux prévus dans la Loi sur les pêches.
Non seulement les agents de l'autorité auraient des pouvoirs plus grands, mais les modifications et les ajouts proposés dans le projet de loi correspondraient aux pouvoirs des agents de la protection de l'environnement en vertu d'autres lois. On trouve des pouvoirs semblables dans la Loi canadienne sur la protection de l'environnement. Les modifications proposées correspondraient à celles proposées dans d'autres mesures législatives sur les ressources naturelles. Par exemple, l'obligation de fournir de l'assistance aux agents de l'autorité serait ajoutée dans la Loi sur les océans. En vertu de ce nouveau pouvoir, les personnes impliquées seraient obligées de fournir une assistance raisonnable aux agents de l'autorité durant une inspection. L'agent pourrait aussi examiner tous les objets, en prélever des échantillons et les saisir s'il avait des motifs raisonnables de croire qu'ils ont été acquis par la perpétration d'une infraction à la loi.
De plus, les droits de passage seraient ajoutés à la Loi sur les océans. Lorsqu'un agent de l'autorité aurait à circuler dans une propriété privée en vue de visiter une zone autrement inaccessible, il aurait désormais le droit d'aller dans la propriété privée afin d'accéder à la zone marine faisant l'objet de la visite, comme un quai, un bateau de pêche ou du matériel de pêche. De plus, il pourrait légalement donner un ordre aux navires nécessitant une visite et détenir ces derniers dans les eaux canadiennes. Il aurait l'autorité de le faire s'il a des motifs raisonnables de croire que le navire ou une personne à son bord a commis une infraction à la Loi sur les océans. Des pouvoirs semblables se trouvent dans la Loi canadienne sur la protection de l'environnement (1999) et la Loi sur la protection de l'environnement en Antarctique.
La Loi sur les océans contiendrait aussi une nouvelle disposition selon laquelle le propriétaire légitime et toute personne ayant légitimement droit à la possession des objets saisis, détenus, abandonnés ou confisqués seraient solidairement responsables des frais liés à la visite, à la saisie, à la confiscation ou à l’aliénation supportés par le gouvernement.
Par ailleurs, une infraction aux termes de la Loi sur les océans pourrait désormais entraîner des poursuites aux termes d'autres lois canadiennes applicables, y compris la Loi sur les pêches et la Loi sur les espèces en péril. Par exemple, on pourrait également ordonner l'interruption des activités de pêches dans des zones de protection marine. Un pêcheur qui va à l'encontre de cette ordonnance s'exposerait à des accusations aux termes de la Loi sur les pêches et à des accusations pour ne pas avoir respecté une interdiction dans une zone de protection marine.
Je vais passer aux amendes et aux peines que prévoit le projet de loi afin d'assurer plus de clarté et de cohérence administrative. Selon les dispositions actuelles de la Loi sur les océans, qui datent de 20 ans, quiconque contrevient à une interdiction en vigueur est passible d'une amende maximale de 100 000 $ sur déclaration de culpabilité par procédure sommaire ou à une amende maximale de 500 000 $ sur déclaration de culpabilité par mise en accusation. Les peines ou les sanctions peuvent varier en fonction de l'infraction et comprennent l'imposition d'une amende, la suspension du permis, des ordonnances d'interdiction ainsi que des peines créatives comme des travaux communautaires.
Le projet de loi vise à harmoniser les amendes avec celles prévues dans d'autres lois. Le montant de l'amende à imposer au contrevenant augmenterait, passant de 200 000 $ à 300 000 $ pour une infraction punissable sur déclaration de culpabilité par procédure sommaire, et de 500 000 $ à 1 million de dollars pour une infraction criminelle.
En outre, le projet de loi propose d'autoriser les tribunaux à imposer des amendes visant des sociétés et des navires. Cette mesure est conforme à celles prévues dans d'autres lois environnementales, dont la Loi canadienne sur la protection de l’environnement.
Nous ajoutons des facteurs dont les tribunaux pourront tenir compte lorsqu'ils déterminent l'amende qui sera imposée à la personne, à la personne morale ou au navire trouvé coupable. Voici les facteurs à prendre en compte. S'agit-il de la poursuite d'une infraction? Le contrevenant a-t-il commis l'infraction plus d'une fois ou pendant plusieurs jours, semaines ou mois? S'agit-il d'une récidive? Le contrevenant a-t-il été jugé coupable d'une autre infraction par le passé? Y avait-il des facteurs aggravants, tel le fait d'avoir commis l'infraction malgré un avertissement, par un agent d'application de la loi, de ne pas commencer ou poursuivre l'activité?
Les tribunaux pourraient également tenir compte de questions telles que le statut de personne morale à revenu modeste et la responsabilité des administrateurs, des maîtres, des propriétaires, des agents et des mandataires. Le projet de loi prévoit également la possibilité de clémence, si l'accusé invoque la défense fondée sur la diligence raisonnable. Cela signifie que si une personne est accusée d'une infraction, elle peut expliquer au tribunal qu'elle était prudente et raisonnable dans les circonstances.
Le projet de loi prévoit également plus d'ordonnances de la cour. Notamment, il habilite le tribunal à exiger une somme pour la surveillance des effets sur l'environnement, pour la sensibilisation à la conservation et à la protection des zones de protection marine, pour la réalisation de travaux de recherche, pour le soutien d'un groupe dans son travail relatif à la zone de protection marine, ou pour l'appui d'un établissement d'enseignement.
Le projet de loi est un pas important pour protéger les océans du Canada, comme s'y attendent les Canadiens et comme ils le réclament. En tant que représentante de West Vancouver—Sunshine Coast—Sea to Sky Country, je considère qu'il s'agit d'un progrès important. C'est également un pas vers la protection du gagne-pain de nombreux Canadiens.
Je suis impatiente de continuer de participer à la protection des écosystèmes marins du Canada, d'un océan à l'autre.
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Madame la Présidente, je suis heureux de prendre la parole aujourd'hui, mais c'est un peu embêtant de ne pas savoir quand on coupera court à mon intervention. J'espère arriver à la terminer aujourd'hui.
Je prends la parole aujourd'hui au sujet du projet de loi , Loi modifiant la Loi sur les océans et la Loi fédérale sur les hydrocarbures. Le projet de loi propose d'augmenter considérablement les pouvoirs du , de sorte qu'il puisse désigner des zones de protection marine pour une période provisoire maximale de cinq ans.
Le Comité permanent des pêches et des océans mène actuellement une étude sur les zones de protection marine, tout particulièrement sur les critères et le processus utilisés pour les repérer et les établir.
En décembre dernier, j'ai présenté au Comité une motion en vue de mener cette étude parce qu'il m'apparaissait clairement que le gouvernement déployait d'énormes efforts et investissait des ressources financières considérables afin d'augmenter les zones de protection marine, alors que les parties intéressées qui vivent et qui travaillent le long des côtes canadiennes n'étaient pas au courant de ce qui se passait. À ce moment-là, il était évident que le gouvernement exerçait une pression sur le processus et les protocoles existants qui servent à établir les zones de protection marine afin d'accélérer le processus. Il était également évident que le gouvernement, pour des raisons de commodité, était disposé à sacrifier des processus de recherche de consensus avec les Canadiens.
Des communautés des Premières Nations, des pêcheurs, des transporteurs de marchandises, le milieu touristique, des groupes de conservation, des universitaires et de nombreux autres intervenants continuent de subir les conséquences de l'approche improvisée et précipitée que le gouvernement a adoptée afin d'accélérer le processus d'établissement des zones de protection marine.
Pourquoi le gouvernement est-il si pressé? Pourquoi est-il désespéré au point de devoir présenter un projet de loi qui invalidera des processus et des protocoles utilisés depuis longtemps pour dégager un consensus parmi les intervenants?
C'est parce que, en 2015, les libéraux ont fixé des échéanciers pour l'atteinte des objectifs concernant les zones de protection marine que le gouvernement conservateur précédent s'était engagé à respecter au moyen des objectifs d'Aichi, dans la cadre de la Convention des Nations unies sur la diversité biologique.
Par l'entremise des objectifs d'Aichi, le gouvernement conservateur s'est engagé en 2010 à conserver 10 % des aires côtières et marines du Canada grâce à des réseaux de zones protégées et d'autres mesures de conservation efficaces, sans qu'il s'agisse forcément de zones de protection marine.
Les objectifs liés à la conservation d'aires côtières et marines sont fort louables, mais des milliers de Canadiens qui travaillent et qui vivent dans des régions côtières sont exclus du processus de création des zones de protection marine. Pourquoi? Parce que le gouvernement libéral a trahi tellement de promesses électorales qu'il subit des pressions pour remplir les engagements pris par les conservateurs. Le problème, c'est que les échéanciers promis par les libéraux pendant la campagne électorale n'étaient pas réalistes en 2015 et qu'ils ne le sont toujours pas aujourd'hui.
Le gouvernement libéral a invalidé les structures et les processus établis pour créer des zones de protection marine. Au lieu de prendre du recul et de réévaluer les échéanciers, le gouvernement libéral a présenté ce projet de loi pour tenter de se débarrasser des systèmes, des structures et des processus qui servent depuis des années à créer des zones de protection marine au Canada.
Avec ce projet de loi, le gouvernement libéral propose d'accroître les pouvoirs permettant au de contourner les structures et les processus servant actuellement à trouver un consensus et à atteindre le juste équilibre entre les intérêts des Premières Nations, des pêcheurs et des autres Canadiens touchés par les zones de protection marine.
Le projet de loi permettra de créer arbitrairement des zones de protection marine provisoires, avant même que ne soient consultées les Premières Nations et les parties intéressées.
C'est absolument inacceptable qu'au Canada — n'importe où, en fait —, le gouvernement fédéral sape les structures et les processus permettant aux citoyens, y compris les Premières Nations, de défendre leurs intérêts quand il songe à prendre une décision qui risque d'avoir d'énormes répercussions sur eux.
Il suffisait de lire la lettre de mandat du pour comprendre que le gouvernement allait tout faire pour parvenir coûte que coûte à ses fins politiques.
Comme les pays avaient 10 ans pour atteindre les objectifs d'Aichi fixés en 2010, je me suis figuré qu'il y avait sans doute une raison pour laquelle le gouvernement s'était donné autant de temps pour atteindre ses cibles.
Le Comité permanent des pêches et des océans est composé de députés de partout au pays représentant les trois grands partis politiques présents à la Chambre. C'est un honneur d'y siéger aux côtés de députés qui, j'en suis convaincu, s'intéressent tous de près aux poissons, à leur habitat et à la pêche en général.
Le comité des pêches et des océans n'a pas encore terminé son étude sur les zones de protection marine et, jusqu'ici, il a entendu des témoins de nombreuses régions du Canada et de l'étranger. Il a appris beaucoup de choses grâce au témoignage de membres des Premières Nations, de pêcheurs, d'agents de protection de la nature et de représentants des secteurs naval et touristique. Nous avons trouvé particulièrement intéressant de constater que les mêmes thèmes revenaient sans cesse dans les témoignages entendus.
On a dit au comité que des consultations appropriées auprès des collectivités locales, avant et pendant le processus de création des zones de protection marine, étaient primordiales pour que celles-ci soient efficaces et acceptées. Ce n’est nulle part aussi évident que dans le Nord, où des zones de protection marine ont été créées pour protéger les zones de pêche et de récolte autochtones. Elles ont été créées aux endroits où les gens les voulaient, de la façon dont ils les voulaient, et seulement après des consultations appropriées. Cela n’a pas été fait de façon arbitraire, en l’absence de certitude scientifique et à des fins politiques.
Je soulève la question de la certitude scientifique à cause de l’une des dispositions les plus alarmantes du projet de loi , l'article 35.2, qui dit:
Le gouverneur en conseil et le ministre ne peuvent utiliser l’absence de certitude scientifique concernant les risques que peut présenter l’exercice d’activités dans certains espaces maritimes comme prétexte pour remettre à plus tard l’exercice des attributions qui leur sont conférées par les paragraphes 35(3) ou 35.1(2) ou ne pas les exercer.
Certes, tout le monde ne prendra pas le temps de comprendre ce que cela signifie. Toutefois, cela signifie que le ministre n’aurait pas besoin de s'appuyer sur des données scientifiques pour désigner une zone de protection marine. Ce ne serait pas nécessaire.
Dans leur plateforme de 2015, les libéraux parlaient de fonder les décisions sur des données scientifiques. Or, maintenant qu'ils forment le gouvernement, ils proposent de mettre de côté les structures et les processus de consultation et les données scientifiques en accordant à la volonté du ministre préséance sur les besoins et les intérêts de la population canadienne, y compris les Premières Nations. C'est honteux.
Je suis en faveur des zones de protection marine. Le Canada compte des régions d'une biodiversité exceptionnelle. Nos côtes, par exemple, profitent d'une riche biodiversité. Nous nous devons de repérer ces zones importantes et délicates et de prendre des mesures pour les protéger tout en reconnaissant que nous pouvons exploiter les ressources de manière durable pour permettre au pays de prospérer, en conservant nos normes élevées et en appliquant les lois adoptées pour protéger les zones désignées. Si nous décidons d'aller de l'avant sans même savoir ce que nous voulons protéger au juste ou à quelle industrie nous causons peut-être du tort, nous allons manquer à notre devoir envers les Canadiens qui nous ont élus pour les représenter à la Chambre des communes.
Pour en revenir à l'étude menée par le Comité permanent des pêches et des océans, je pourrais citer de nombreux témoins qui ont dit que le processus lié à l'établissement des zones de protection marine s'était fait de façon précipitée. Ainsi, Ian MacPherson, directeur exécutif de l'association des pêcheurs de l'Île-du-Prince-Édouard, a dit ceci:
[...] la PEIFA comprend la nécessité de protéger les milieux marins, mais les échéanciers serrés pour réaliser cet objectif nous préoccupent. La première étape qui est de désigner par décret ministériel une ZPM consiste à recueillir des données scientifiques, économiques, sociales et culturelles sur la zone en question. L'Île-du-Prince-Édouard est une petite province dont l'économie repose sur les petites collectivités de pêcheurs. Le déplacement des pêcheurs d'une collectivité...
Il semblerait qu'il ne me reste plus de temps. J'espère pouvoir poursuivre mon intervention demain.