Que, étant donné que des millions de Canadiens n’ont pas d’assurance médicaments, et que de nombreuses données, dont celles du directeur parlementaire du budget, ont clairement montré qu’un régime d’assurance médicaments universel pourrait être offert à chaque Canadien tout en économisant des milliards de dollars chaque année, la Chambre demande au gouvernement d’entreprendre, au plus tard le 1er octobre 2018, des négociations avec les provinces pour la mise en place d’un régime d’assurance médicaments universel.
-- Monsieur le Président, j'ai l'honneur de partager mon temps de parole aujourd'hui avec la députée de .
Le Canada est un pays qui s'enorgueillit de son système de santé universel. Il n'est pas exagéré de dire que notre système public d'assurance soins médicaux et hospitaliers à payeur unique est l'une des caractéristiques de notre pays dont les Canadiens sont le plus fiers. J'estime qu'il nous définit comme pays.
Toutefois, notre système de santé n'est ni parfait ni complet, même qu'on y trouve des lacunes de couverture flagrantes, notamment dans les services dentaires et les services en clinique externe, en santé mentale, de réadaptation et à domicile. La motion que les néo-démocrates sont fiers de présenter aujourd'hui demande au gouvernement de prendre des mesures pour remédier à l'une des lacunes les plus pressantes et faciles à combler: l'absence d'assurance pour les médicaments.
Actuellement, cette lacune est attribuable à un ensemble disparate de protections privées et publiques qui varient grandement partout au Canada. À l'extérieur du Québec, chaque province et territoire offre une assurance-médicaments publique, mais uniquement dans des circonstances très définies: parfois pour les bénéficiaires de l'aide sociale, parfois pour les personnes âgées, et parfois pour des gens qui sont dans une situation particulière, par exemple si elles ont un cancer, ont subi une greffe ou sont atteintes d'une maladie infectieuse. Les gens qui ne font pas partie de ces groupes doivent payer les médicaments de leur poche.
Le Québec est la seule province ayant un programme obligatoire qui exige que chaque citoyen soit assuré. Cependant, il s'agit d'un programme mixte public-privé faisant que les citoyens qui sont les plus difficiles à assurer et pour qui la protection est la plus dispendieuse sont refilés au régime public, ce qui le rend extrêmement coûteux. La situation est problématique même pour ceux qui disposent d'un meilleur régime au travail. Ces régimes ont souvent des limites annuelles ou des contributions qui exposent les demandeurs à des dépenses remboursables. Les employeurs d'un bout à l'autre du pays disent éprouver des difficultés à payer pour ces avantages et offrent des avantages de moins en moins intéressants pour leurs employés.
Les conséquences de ces avantages moins intéressants sont ressenties dans chaque collectivité et dans chaque groupe démographique. Elles sont réelles. Elles sont pressantes. Elles sont graves.
Voici un exemple typique décrit récemment dans un article rédigé par deux médecins de l'Alberta. Ces derniers décrivent le cas réel d'une femme de Calgary âgée de 60 ans souffrant d'hyperglycémie et d'hypertension. Chaque mois, elle payait ses médicaments de sa poche, car elle n'avait pas d'assurance au travail et ne pouvait pas payer la prime de Blue Cross. Pour un mois donné, toutefois, ayant eu plus de dépenses que d'habitude, elle s'est retrouvée à l'hôpital, car elle n'avait pas pu payer ses coûteux médicaments contre l'hypertension et le diabète. Cette femme n'aurait probablement pas eu à se rendre à l'urgence si elle avait pu prendre ses médicaments. Ironiquement, son utilisation des services hospitaliers a coûté beaucoup plus cher au système de soins de santé que ce qu'auraient coûté ses médicaments.
Malheureusement, son cas est loin d'être rare. Des études ont montré que de 10 % à 20 % des Canadiens n'ont aucune assurance-médicaments. Autrement dit, de 4 à 7,5 millions de Canadiens ne prennent pas le médicament que leur a prescrit leur médecin pour qu'ils demeurent en santé ou même en vie. Un Canadien sur cinq affirme que lui-même ou un membre de sa famille ne fait pas remplir ses ordonnances en raison des coûts. En fait, le Canada arrive au deuxième rang parmi des pays comparables pour ce qui est du nombre d'ordonnances non respectées. Les aînés et les personnes à faible revenu sont particulièrement touchés. Parmi les Canadiens âgés de 55 ans et plus, une personne sur douze ne respecte pas ses ordonnances en raison des coûts. Les Canadiens à faible revenu sont trois fois plus susceptibles de manquer d'argent pour se procurer des médicaments essentiels.
Il est honteux de constater que le Canada est pratiquement le seul pays développé dans cette situation. Le Canada reste le seul pays industrialisé doté d'un système de soins de santé universel qui ne couvre pas les médicaments. Le Canada est l'un des cinq pays seulement de l'OCDE dont le régime public de soins de santé n'offre pas à tous les habitants un régime d'assurance-médicaments financé par l'État. D'un côté, des millions de Canadiens sont sans couverture et, de l'autre, les prix des médicaments sur ordonnance au pays sont parmi les plus élevés du monde industriel. En effet, seuls les États-Unis devancent le Canada à ce chapitre, et les coûts continuent d'augmenter à un rythme alarmant.
Voyons à quel point c'est absurde: si une personne se coupe au doigt et que le médecin lui fait des points de suture, elle peut retourner chez elle l'esprit tranquille, car elle ne recevra jamais de facture. Si, au contraire, elle a une maladie qui doit être traitée au moyen de médicaments, elle doit alors avoir les moyens nécessaires pour se soigner. En plus d'être irrationnel, c'est injuste et c'est contraire à l'esprit d'un régime universel de soins de santé. Sans compter que c'est inutilement coûteux.
Il y a pourtant une solution. Le pire, c'est qu'elle est tellement évidente, tellement claire et tellement simple à mettre en oeuvre qu'il n'y a aucune raison justifiant qu'on attende pour l'appliquer. C'est d'ailleurs précisément ce que visent les néo-démocrates avec la motion d'aujourd'hui: convaincre le gouvernement de passer à l'action et d'entreprendre la mise en oeuvre d'un régime d'assurance-médicaments universel au Canada.
Avec un tel régime, la totalité des Canadiens — chaque homme, chaque femme et chaque enfant — pourraient être couverts, et nous réaliserions des économies variant de 4 à 13 milliards de dollars par année. Je répète: comme pour le régime universel d'assurance-maladie, nous pourrions permettre à l'ensemble des Canadiens de se procurer les médicaments dont ils ont besoin tout en épargnant collectivement des milliards de dollars. Voici pourquoi, et comment.
La mise en oeuvre d'un régime public et universel permettrait de réaliser une myriade d'économies. D'abord, nous disposerions d'une liste nationale des médicaments assurés qui serait élaborée à partir de données scientifiques reconnues, qui ferait l'objet d'un suivi indépendant et qui engloberait les médicaments les plus efficaces et les plus sensibles à l'évolution des coûts. On estime que plus de 5 milliards de dollars par année sont gaspillés parce que les régimes privés d'assurance-médicaments paient des sommes inutilement élevées pour des médicaments et des honoraires professionnels. Comme ils remboursent tel ou tel médicament uniquement quand il offre un bon rapport qualité-prix, les régimes publics sont mieux placés pour maintenir les coûts à un niveau raisonnable.
La mise en oeuvre d'un régime public permettrait en outre l'achat de médicaments en gros à l'échelle pancanadienne, ce qui, comme nous le montre l'expérience de la Nouvelle-Zélande, de l'organisme gouvernemental américain responsable des anciens combattants et de divers pays d'Europe, se traduit par une réduction moyenne de 40 % du prix des médicaments de marque. Au Canada, il en coûte 143 $ pour se procurer de l'atorvastatin — un médicament contre le cholestérol fréquemment utilisé — pendant un an, alors qu'il en coûte seulement 27 $ en Suède et 15 $ en Nouvelle-Zélande pour la même quantité du même médicament.
Un régime public universel permettrait également de négocier des contrats de licence avec les sociétés pharmaceutiques afin d'obtenir les meilleurs prix pour les médicaments largement utilisés. Il rationaliserait les frais d'administration, éliminerait des milliers de systèmes administratifs redondants pour n'en conserver possiblement qu'un seul par province et par territoire. Les frais d'administration liés aux régimes privés à but lucratif représentent en moyenne 15 %, alors qu'ils représentent moins de 2 % dans le cas des régimes publics.
Par surcroît, il éviterait les coûts liés à la non-observance du traitement, le terme technique qui signifie que les malades ne prennent pas leur médicament, ce qui aggrave leur état de santé. Un témoin qui a comparu devant le comité de la santé a soutenu qu'il en coûterait moins cher à l'État de fournir des médicaments à vie à une personne diabétique plutôt que de devoir la traiter aux soins intensifs, parce qu'elle n'a pas pu s'acheter de l'insuline faute de moyens financiers.
Les députés n'ont pas à me croire sur parole. Cependant, le rapport du directeur parlementaire du budget sur les coûts pour le gouvernement fédéral d'un programme national d'assurance-médicaments, publié le 28 septembre, confirme ce que les experts en politiques de santé affirment depuis des années: un régime d'assurance-médicaments universel, c'est-à-dire qui couvre toute la population, coûterait des milliards de dollars de moins que ce que les Canadiens paient actuellement pour les médicaments sur ordonnance. Le directeur parlementaire du budget a constaté que, en 2015, les Canadiens ont dépensé en moyenne 24,6 milliards de dollars pour des produits pharmaceutiques qui auraient pu être couverts par un régime national d'assurance-médicaments. En tenant compte des changements dans les prix et la consommation, le directeur parlementaire du budget estime que le Canada aurait plutôt dépensé 20,4 milliards de dollars si un régime national d'assurance-médicaments avait été en place en 2015. Si on se fie aux estimations les plus conservatrices, autrement dit, si on fait entièrement abstraction de certaines économies et qu'on applique le formulaire du Québec, l'un des plus exhaustifs au Canada, le directeur parlementaire du budget affirme que le Canada aurait pu épargner 4,2 milliards de dollars cette même année.
Selon d'autres études, notamment celles menées par des chercheurs canadiens de renom, les économies annuelles potentielles pourraient même être supérieures et se chiffrer entre 9 et 13 milliards de dollars. Voilà pourquoi tant de Canadiens — notamment des organisations de retraités, de médecins, de personnel infirmier et d'autres professionnels de la santé; des entreprises et des associations patronales, le Congrès du travail du Canada, des chercheurs en soins de santé et divers groupes de défense des patients — favorisent cette approche. Par surcroît, nous savons que la population appuie largement le principe d'un régime national d'assurance-médicaments. Aussi étonnant que cela puisse paraître, un sondage réalisé en 2015 révèle que 9 Canadiens sur 10 sont en faveur d'un tel régime.
Les modalités du régime à instaurer restent à déterminer. Il pourrait s'agir d'un programme pancanadien distinct, ou nous pourrions intégrer à la Loi canadienne sur la santé un régime d'assurance couvrant les médicaments sur ordonnance, comme ce qui se fait pour les autres services médicaux nécessaires.
Au bout du compte, nous devons évidemment payer nos médicaments, mais d'une façon ou d'une autre, qu'il s'agisse de ressources publiques ou privées, ce sont toujours les citoyens canadiens qui paient. Il faut donc nous demander si nous voulons payer 24,6 milliards de dollars par année, sans que des millions de Canadiens soient assurés, ou payer plutôt en tout 20 milliards de dollars pour que l'ensemble des Canadiens soient couverts. Poser la question, c'est y répondre.
L'objectif primordial devrait être que tous les Canadiens aient accès aux médicaments dont ils ont besoin pour leur santé. Les députés néo-démocrates demandent donc au gouvernement libéral d'approuver cet objectif. Ils demandent aux libéraux de voter en faveur de cette motion raisonnable et nécessaire et d'organiser d'ici un an une rencontre avec les provinces afin de lancer les discussions qui permettront de réaliser ce projet.
Il a fallu les idées néo-démocrates et du courage pour instaurer un régime d'assurance-maladie au Canada. Nous allons poursuivre nos efforts dans ce sens pour instaurer aussi un régime d'assurance-médicaments.
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Monsieur le Président, je suis très fière de pouvoir me lever aujourd'hui pour appuyer la motion de mon collègue de , qui vise à ce que tous les Canadiens puissent bénéficier d'une assurance-médicaments universelle. Cela serait très bénéfique pour la santé publique, mais aussi pour les finances publiques. C'est un objectif que le NPD poursuit depuis au moins 50 ans, afin d'améliorer la société, de protéger les plus démunis et les plus vulnérables et de promouvoir la solidarité et la santé partout au pays.
Nous sommes une société riche membre du G7. Cela signifie que nous sommes l'un des sept pays les plus riches de la planète, mais malheureusement, nous sommes le seul pays industrialisé qui a une assurance-maladie universelle et aucune assurance-médicaments. La province du Québec a contribué en instaurant un régime d'assurance-médicaments. Comment peut-on encore justifier qu'un habitant de Cornwall, en Ontario, ne puisse avoir accès à des médicaments et qu'un habitant de Saint-Anicet y ait accès, alors que seul un fleuve les sépare?
Il est très clair que l'assurance-médicaments est un programme fédéral qui nécessite une longue réflexion, un processus de négociation avec les provinces et des discussions à la Chambre. C'est pourquoi nous devons entamer les débats dès que possible et discuter avec les provinces dès l'année prochaine.
Tournons-nous encore une fois vers le Québec, qui est désormais un pionnier en matière d'assurance-médicaments. Les députés provinciaux du Québec se sont battus et sont parvenus à leurs fins: garantir une couverture aux Québécois lorsqu'ils ont besoin d'aide pour faire face aux frais de soins de santé et de prescription. Pour ce faire, le Québec s'est doté d'un outil pour organiser cet accès aux médicaments.
La Régie de l'assurance maladie du Québec est responsable de la gestion du régime public d'assurance-médicaments. Les personnes qui souhaitent bénéficier de ce service et qui y ont droit doivent au préalable aller s'inscrire auprès de la Régie. Le système mis en place est semblable à d'autres utilisés en Europe, par exemple. Il répond à un besoin au sein de la population, mais surtout, il s'agit de faire preuve d'humanité.
Voici comment cela fonctionne. Au Québec, pour qu'un médicament soit remboursé, il doit figurer sur une liste établie au préalable par les autorités compétentes et être obtenu par prescription fournie par un pharmacien. Le bureau du directeur parlementaire du budget, ou DPB, a fait son étude en se basant notamment sur le système québécois. Il annonce qu'un programme d'assurance-médicaments à la grandeur du pays permettrait d'économiser près de 4,2 milliards de dollars, et ce, en couvrant tous les Canadiens. C'est quand même incroyable. Un tel programme permettrait donc de diminuer les coûts des médicaments pour des millions de Canadiens qui utilisent le système de santé public.
Le Centre canadien de politiques alternatives a expliqué que non seulement nous sommes le seul pays de l'OCDE qui a un système universel d'assurance-maladie et aucune assurance-médicaments, mais nous sommes aussi l'un des pays où les médicaments sont les plus chers. En fait, seuls les États-Unis ont des médicaments qui sont plus onéreux qu'au Canada. Les médicaments au Canada coûtent 30 % de plus que la moyenne de l'OCDE.
De plus, selon l'étude du CCPA, le secteur public pourrait économiser environ 18 milliards de dollars par année. Les familles et les entreprises canadiennes, quant à elles, pourraient économiser environ 13,7 milliards de dollars. Le DPB et le CCPA ont également démontré que les coûts de la mise en place d'un tel système sont très élevés, mais que cela ne veut pas dire qu'on doit abandonner. Cela coûterait quand même moins cher que de payer des compagnies privées pour obtenir une assurance-médicaments.
Comme mon collègue de l'a dit, cela coûterait environ 4 milliards de dollars de moins pour couvrir tous les Canadiens. Alors, qu'est-ce qu'on ne comprend pas? C'est simple. Tous les Canadiens pourraient avoir accès à des médicaments de façon équitable partout et pourvoir à leur santé, tout en continuant de payer moins cher pour leurs médicaments. Il me semble que 1 + 1 = 2. Cela fait des années que nous le disons.
Quand Tommy Douglas a proposé une assurance-maladie universelle, il ne s'est pas laissé démonter. Il a cherché un moyen de mettre en place le système sans détruire les finances publiques. Santé Canada abrite de brillants fonctionnaires et des experts. Nos centres universitaires, nos groupes de réflexion et nos centres de recherche peuvent nous aider à avoir une assurance-médicaments qui aide tous les Canadiens.
Je suis sûre que nous pouvons réussir si nous nous attelons à la tâche dès maintenant. Ce sont des mesures qui font appel au gros bon sens. Ce que nous souhaitons accomplir avec cette motion, c'est simplement de nous assurer que tous les Canadiens auront les mêmes droits en ce qui concerne leur santé.
Nous nous targuons d'être un pays puissant, moderne, développé et démocratique. Or l'un des critères fondamentaux pour mesurer ces caractéristiques et demeurer en haut du classement est le niveau des inégalités.
Un système de remboursement trop disparate est source d'inégalité. Le fait de ne pas payer le même prix, que l'on habite au Québec ou en Saskatchewan, crée de l'inégalité entre les Canadiens. Les populations les plus touchées par cette injustice sont déjà celles qui en ont le plus besoin, soit nos jeunes et nos aînés.
Allons-nous vraiment tenter de faire des économies sur la santé de nos enfants, quand en fait nous savons que nous ne ferons pas d'économies, et que nous perdons presque 5 milliards de dollars par année en ne mettant pas en place un système universel d'assurance-médicaments?
On parle aussi des aînés qui ont travaillé toute leur vie à bâtir ce pays, à tenter d'améliorer la société et à chercher à en laisser plus pour les enfants. Tous, ici présents, nous accordons sur le fait que nous sommes assez brillants pour savoir que ce qui ne se fait pas maintenant, devra être payé plus tard. Il est temps d'investir dans notre avenir, dans notre santé, dans l'avenir de nos jeunes et dans l'avenir de notre pays tout entier.
L'autre population la plus touchée, et je l'ai dit tout à l'heure, ce sont nos aînés. Nous connaissons et reconnaissons ce qu'ils ont apporté au Canada. En mettant leur vie au service de notre économie, de notre gouvernement, peu importe le corps de métier ou le domaine, ils méritent de pouvoir bénéficier d'un système de santé juste en matière de médicaments, après une vie passée au travail.
En effet, certaines études ont démontré que les personnes qui ne font pas remplir leurs ordonnances en raison du coût peuvent en subir les conséquences. Par exemple, un chercheur a constaté que les patients de 65 ans et plus avaient tendance à moins faire remplir leurs ordonnances, parce qu'ils devaient les payer et qu'ils n'en avaient pas les moyens.
Cette tendance a entraîné une hausse des hospitalisations, des soins d'urgence et des visites chez le médecin. Pour certains chercheurs du domaine des politiques de la santé, c'est la preuve que les médicaments d'ordonnance devraient être considérés comme médicaments nécessaires au sens de la Loi canadienne sur la santé.
Je voudrais maintenant m'arrêter sur les conditions d'accès à ce régime public. Les personnes qui bénéficieraient de ce programme seraient loin d'être des profiteurs du système. Au Québec, il s'agit de venir en aide à ceux qui ne peuvent pas souscrire à un régime de santé privé, ainsi qu'à leur famille, mais aussi aux aînés et à ceux qui vivent dans le plus grand dénuement et dont l'État est le dernier recours.
Ce système me semble loin d'être irréalisable et superflu. Nous sommes capables de venir en aide à nos amis, nos voisins et nos concitoyens qui sont dans le besoin et qui ne demandent pas la charité, mais simplement des conditions de vie décentes.
Sommes-nous insensibles au point de ne pas aller vers un système public d'assurance-médicaments et de continuer avec un système d'assurances privées qui n'est pas efficace et qui ne couvre pas toute la population? Ne pas se pencher sur un moyen d'accès équitable aux médicaments sur le plan national serait rompre l'engagement pris envers nos concitoyens dans le cadre de la Loi canadienne sur la santé.
La première mission de l'État est d'assurer la sécurité de ses citoyens et de mettre fin à la violence, mais quand on doit choisir entre manger et se soigner, il me semble que cela constitue une forme de violence assez grave.
Pour conclure, un système universel d'assurance-maladie doit être accompagné d'une assurance-médicaments universelle. Les experts disent qu'il coûte moins cher de souscrire à un système universel de santé pour couvrir tous les Canadiens, plutôt que de vivre avec le système actuel où le cinquième des Canadiens ne peut pas se payer ses médicaments. C'est un projet ambitieux qui est gagnant à terme sur le plan de la santé publique, de la protection de la population et des finances publiques.
Je demande en toute sincérité à mes collègues: comment peut-on, en 2017, dans un pays aussi riche que le Canada, un pays du G7, laisser des retraités choisir entre manger et se soigner?
Comment peut-on laisser dans un état de santé précaire une ancienne travailleuse en nettoyage industriel ayant respiré toute sa vie des produits chimiques, et qui reçoit maintenant une pension d'invalidité, mais qui a trop peu de revenus pour se payer des médicaments?
Comment peut-on dire à nos enfants que nous sommes une société solidaire quand nous dédaignons aider les plus démunis de notre société?
Chers collègues, ne passons pas à coté de cette histoire. Écrivons-là. Finissons ce que Tommy Douglas, le plus grand des Canadiens, a commencé. Offrons une assurance-médicaments à tous et à toutes.
J'espère que les arguments financiers pourront gagner ceux et celles pour qui l'économie prime sur la santé des autres.
:
Monsieur le Président, je prends la parole aujourd'hui pour débattre de la motion de l'opposition, qui demande au gouvernement d’entreprendre des négociations avec les provinces pour la mise en place d’un régime national d’assurance-médicaments.
Le gouvernement est résolu à protéger et à favoriser la santé et la sécurité de tous les Canadiens. Nous sommes également résolus à rendre plus abordables et plus accessibles les médicaments sur ordonnance au pays ainsi qu'à en accroître l'utilisation adéquate.
Comme le sait probablement le député, le Comité permanent de la santé étudie présentement l'élaboration d'un programme national d'assurance-médicaments à titre de service assuré aux termes de la Loi canadienne sur la santé. Dans le cadre de cette étude, le Comité a demandé au directeur parlementaire du budget de préparer une estimation des coûts d'un programme fédéral universel d'assurance-médicaments. Les résultats ont été publiés le 28 septembre dernier. Faisant fond sur ce rapport, le député demande au gouvernement d'entreprendre, au plus tard le 1er octobre 2018, des négociations avec les provinces et les territoires pour la mise en place d'un régime d'assurance-médicaments universel.
[Français]
Monsieur le Président, notre gouvernement est pleinement conscient qu'il faut améliorer l'accès aux médicaments d'ordonnance nécessaires, et de les rendre plus abordables pour tous les Canadiens et les Canadiennes.
Nous devons améliorer l'efficacité et la souplesse du système de médicaments d'ordonnance actuel avant de commencer des discussions sur le programme national d'assurance-maladie. Notre gouvernement prend des mesures audacieuses pour améliorer le système, dans le but de réduire les prix de médicaments d'ordonnance et de mieux gérer leur utilisation. Je tiens également à souligner aux députés l'approche de notre gouvernement à l'égard du renforcement de la façon dont notre système des soins de santé aborde les médicaments d'ordonnance.
[Traduction]
Comme nous le savons tous, les médicaments sur ordonnance améliorent directement la santé des Canadiens. Ils aident à prévenir, à maîtriser et à guérir des maladies. Dans les milieux hospitalier et communautaire, les professionnels de la santé et les fournisseurs de soins font appel aux médicaments sur ordonnance pour les aider à gérer les symptômes des patients, à améliorer le bien-être de ces derniers et également à sauver des vies.
Des nouvelles études et des découvertes continuent d'élargir l'éventail de maladies pouvant être traitées par des médicaments et le nombre de personnes qui pourraient bénéficier d'un tel traitement au pays. Ainsi, l'utilisation de médicaments sur ordonnance évolue. Les statistiques sont très convaincantes. Santé Canada approuve chaque année environ 200 nouveaux médicaments destinés au marché canadien.
[Français]
Nous constatons l'effet combiné du vieillissement de la population et de l'augmentation des conditions chroniques des taux croissant de prise de médicaments. Près de 40 % des Canadiens et des Canadiennes prennent au moins un médicament d'ordonnance sur un base régulière. Ce pourcentage monte à 80 % pour les Canadiens et les Canadiennes âgés de 65 ans et plus.
De plus, près d'un aîné sur trois prend au moins cinq médicaments différents chaque jour. Dans certains cas, cette réalité est peut-être bénéfique, mais dans d'autres cas, nous avons des raisons justifiées d'être préoccupés du nombre de prescriptions de médicaments qu'ils reçoivent. Parallèlement, nous constatons une entrée globale de médicaments de niche plus chers visant à traiter des maladies touchant des petites populations. En fait, le nombre de médicaments qui coûtent plus de 10 000 $ par patient, par année, a doublé au cours des cinq dernières années. Le nombre de médicaments qui coûtent plus de 50 000 $ par patient, par année, a augmenté de 50 %.
[Traduction]
Alors que certains de ces médicaments permettent de réaliser une percée au chapitre des soins aux patients, d'autres par contre ne font pas grand-chose pour améliorer la santé des Canadiens. Une meilleure gestion de l'utilisation des produits pharmaceutiques est donc essentielle; il suffit de considérer les coûts en cause pour s'en convaincre. Chaque année, dans l'ensemble du système, les produits pharmaceutiques représentent une part de plus en plus importante des dépenses en matière de santé au pays. En 2014, les dépenses pour les médicaments ont atteint 29 milliards de dollars; cela représente environ 16 % des dépenses en santé. Pour 2016, ce chiffre devrait atteindre environ 36 milliards de dollars. C'est une somme considérable.
De toute évidence, les produits pharmaceutiques sont un volet de plus en plus important des soins de santé du Canada. Malheureusement, pendant que les payeurs des secteurs public et privé doivent composer avec des coûts de plus en plus élevés, les Canadiens ne jouissent toujours pas de tous les avantages que ce niveau d'engagement devrait leur apporter. Cela s'explique en grande partie par le fait que, au Canada, le prix des médicaments brevetés et génériques est élevé comparativement aux normes internationales.
Il n'y a qu'aux États-Unis et en Allemagne que le prix des médicaments brevetés est plus élevé qu'au Canada; les prix au Canada sont bien au-dessus de la moyenne des 35 pays de l'OCDE. Selon les données les plus récentes, le prix des médicaments génériques dans les pays de l'OCDE en 2015 était en moyenne de 28 % inférieur à ce que l'on voit au Canada.
Il y a d'autres facteurs qui nous compliquent la tâche en matière de gestion de l'utilisation des produits pharmaceutiques au Canada. Par exemple, le système fédéral d'examen et d'approbation des médicaments, qui comprend un examen réglementaire fédéral de la qualité, de l'innocuité et de l'efficacité afin de déterminer s'il y a lieu d'autoriser la vente d'un médicament au Canada, suivi d'un examen de la rentabilité par l'Agence canadienne des médicaments et des technologies de la santé, est lourd et doit être revu.
[Français]
Ce système n'a pas la souplesse de répondre aux besoins des patients en temps opportun. Ces préoccupations doivent être abordées avant que nous puissions commencer à envisager toute occasion d'élargir le système d'assurance-médicaments. C'est la raison pour laquelle notre gouvernement prend des moyens pour relever ces défis, grâce à des mesures visant à rendre les médicaments plus abordables pour les Canadiens et les Canadiennes tout en améliorant l'accessibilité et l'utilisation adéquate des médicaments d'ordonnance.
Le dernier budget fédéral, en 2017, a appuyé ces mesures par un investissement de 140 millions de dollars sur une période de cinq ans, suivi de 18,2 millions de dollars chaque année sur une base permanente. Ce financement appuie les travaux de Santé Canada, du Conseil d'examen du prix des médicaments brevetés et de l'Agence canadienne des médicaments et des technologies de la santé. En collaboration avec les organismes de santé pancanadiens et nos collègues provinciaux ainsi que nos collègues des territoires, nous travaillerons à réduire les prix des médicaments, à offrir un accès plus rapide aux nouveaux médicaments dont les Canadiens et Canadiennes ont besoin, et à améliorer les soins offerts aux patients grâce à des méthodes de prescription qui sont plus adéquates.
[Traduction]
Afin de mieux prémunir les consommateurs canadiens et les régimes d'assurance-médicaments publics et privés contre les prix excessifs des médicaments brevetés, le gouvernement modernise les règles de fixation des prix. Ce sera la première fois en plus de 20 ans qu'un met à jour la réglementation entourant les médicaments brevetés, qui, conjuguée aux dispositions pertinentes de la Loi sur les brevets, donne au Conseil d'examen du prix des médicaments brevetés les outils et les renseignements dont il a besoin pour encadrer et réglementer l'établissement des prix dans le milieu pharmaceutique actuel.
[Français]
À la fin de juin de cette année, Santé Canada a réalisé une première série de consultations publiques sur les changements possibles. Les intervenants, ainsi que les Canadiens et les Canadiennes concernés auront une autre occasion de faire des commentaires une fois que les modifications réglementaires seront publiées dans la Partie 1 de la Gazette du Canada plus tard cette année. De plus, le gouvernement du Canada collabore étroitement avec les provinces ainsi que les territoires pour réduire le coût des médicaments de ce pays.
[Traduction]
De plus, le gouvernement du Canada collabore étroitement avec les provinces et les territoires afin de réduire le coût des médicaments. À titre de membre de l'Alliance pancanadienne pharmaceutique, que les provinces ont créée en 2010, nous combinons le pouvoir d'achat de tous les régimes d'assurance-médicaments au Canada afin de rendre les médicaments sur ordonnance plus abordables et de réduire le coût des médicaments génériques pour tous les intervenants.
Cette entreprise a donné de fort bons résultats. En date de mars 2017, les efforts de l'Alliance ont mené à des économies annuelles de presque 1,3 milliard de dollars.
[Français]
Notre gouvernement reconnaît également l'importance d'appuyer une innovation significative et d'offrir un accès plus rapide aux nouveaux médicaments dont les Canadiens et les Canadiennes ont besoin, tout en continuant à veiller à leur qualité et à leur efficacité. C'est la raison pour laquelle Santé Canada a lancé une nouvelle initiative étalée sur cinq ans, qui verra le ministre devenir un régulateur plus souple, mieux adapté et plus moderne. Cette mesure comprendra l'harmonisation des processus fédéraux d'examens médicaux et ceux des partenaires de la santé, comme l'ACMTS. Le fait d'exécuter ces programmes en tandem contribuera à accélérer des décisions sur l'ajout de nouveaux médicaments à la liste des médicaments assurés et, ultimement, cela signifiera que de nouveaux traitements utiles seront disponibles plus tôt pour les Canadiens et les Canadiennes.
En outre, Santé Canada étendra sa politique de traitement prioritaire et mettra en place de nouvelles mesures d'application des règlements afin d'accélérer l'examen des nouveaux médicaments qui ont le potentiel de répondre aux besoins pressants des patients dans le système de santé.
Cette initiative supposera également un recours accru aux données du monde réel concernant les nouveaux médicaments après leur introduction sur le marché. L'objectif est de confirmer leur innocuité et leur efficacité afin que le gouvernement puisse agir en cas de problème.
Enfin, le gouvernement collaborera avec ses partenaires du système de santé en vue d'améliorer la qualité et l'efficience des soins aux patients au moyen de pratiques mieux adaptées en matière de prescription de médicaments. Grâce à un soutien accru du fédéral, l'Agence canadienne des médicaments et des technologies de la santé pourra créer des outils améliorés en matière de prescription et donner des conseils aux professionnels de la santé quant à l'utilisation optimale des médicaments et des produits pharmaceutiques.
Ces mesures, lorsqu'elles seront regroupées, auront des répercussions considérables et rendront les médicaments plus abordables et plus accessibles, tout en assurant l'utilisation adéquate des médicaments d'ordonnance. Elles aideront à faire progresser les intérêts communs des gouvernements fédéral, provinciaux et territoriaux en améliorant le système de gestion des produits pharmaceutiques du Canada, de façon à ce qu'il soit durable et qu'il réponde mieux aux besoins des Canadiens et Canadiennes.
[Traduction]
J'ajoute que, dans le cadre de discussions récentes sur le financement de la santé, les gouvernements fédéral, provinciaux et territoriaux se sont engagés à rendre les médicaments sur ordonnance plus abordables et les soins de santé plus innovateurs.
Le budget de 2017 a investi plus de 140 millions de dollars sur cinq ans pour accroître l'accès aux médicaments sur ordonnance et faire baisser leur prix. Comme je l'ai dit plus tôt, cette somme appuiera le travail qu'accomplissent Santé Canada et d'autres groupes comme le Conseil d'examen du prix des médicaments brevetés et l'Agence canadienne des médicaments et des technologies de la santé.
De manière à promouvoir le recours à l'ordonnance électronique, les initiatives de soins virtuels et l'adoption et l'utilisation des dossiers médicaux électroniques, nous investirons plus de 300 millions de dollars sur cinq ans pour aider à financer Inforoute Santé du Canada.
[Français]
Inforoute Santé du Canada élabore à l'échelle nationale un système sécurisé d'ordonnances électroniques qui contribuera à diminuer les erreurs d'ordonnance, à aviser les pharmaciens et pharmaciennes des interactions médicamenteuses potentiellement nocives et à aider les patients à prendre leurs médicaments tels qu'ils sont prescrits.
De plus, nous envisageons investir 51 millions de dollars sur trois ans dans la Fondation canadienne pour l'amélioration des services de santé, afin de contribuer à l'accélération ainsi qu'à l'innovation de notre système de soins de santé.
[Traduction]
Nous prévoyons également investir 53 millions de dollars sur cinq ans dans l'Institut canadien d'information sur la santé afin d'améliorer le processus décisionnel et de renforcer la communication des politiques et des résultats en matière de santé.
Je suis heureuse de pouvoir donner à la Chambre un aperçu des principales mesures que prend le gouvernement dans ce dossier qui nous concerne tous. Je tiens à souligner le rôle prépondérant de la recherche, qui produit les données nécessaires à la réalisation des progrès à venir.
[Français]
Comme je l'ai mentionné plus tôt, notre gouvernement est conscient du besoin d'améliorer d'abord l'efficacité et la souplesse du système de médicaments d'ordonnance actuel du Canada de façon à ce qu'il réponde mieux aux besoins de santé de tous les Canadiens et toutes les Canadiennes.
Nous sommes aussi convaincus que les mesures que nous prenons pour améliorer le système nous aideront à réduire les prix des médicaments d'ordonnance et à mieux gérer leur utilisation.
Notre gouvernement est déterminé à renforcer le système de santé du Canada et cela, en rendant les médicaments plus abordables et plus accessibles, tout en assurant l'utilisation adéquate des médicaments d'ordonnance.
[Traduction]
Nous sommes impatients d'étudier le rapport du directeur parlementaire du budget sur l'analyse des coûts d'un programme national d'assurance-médicaments universel. Toutefois, les mesures proposées par le député de , même si elles reposent sur des intentions louables, seraient prématurées. En effet, il faut d'abord atteindre les objectifs connexes que nous nous sommes fixés, comme réduire le prix des médicaments sur ordonnance et mieux gérer leur utilisation dans le système de santé.
[Français]
Les médicaments d'ordonnance forment une partie importante du système de soins de santé au Canada. Ils aident les Canadiens et Canadiennes en prévenant, en traitant et en guérissant les maladies.
Voilà pourquoi les ministres de la Santé fédéral, provinciaux et territoriaux ont établi comme priorité commune l'importance de rendre les médicaments plus abordables et accessibles tout en assurant l'utilisation adéquate des médicaments d'ordonnance.
Comme je l'ai mentionné, pour la première fois en plus de 20 ans, le gouvernement propose d'apporter des modifications considérables — je dis bien « considérables » — au Règlement sur les médicaments brevetés.
[Traduction]
Je le répète: pour la première fois en plus de 20 ans, le gouvernement propose d'apporter des modifications considérables au Règlement sur les médicaments brevetés. C'est important. En termes simples, avant de lancer les discussions sur un régime national d'assurance-médicaments, il faut d'abord accroître l'efficacité et la souplesse du système de médicaments sur ordonnance du Canada.
[Français]
En raison de toutes ces initiatives et des autres que j'ai soulignées aujourd'hui, je soutiens que le gouvernement réalise des progrès quant à bon nombre de ces questions et que les députés de la Chambre doivent voter contre la motion de l'opposition.
:
Monsieur le Président, je vais partager mon temps de parole avec le député de .
En tant que porte-parole adjointe en matière de santé de l'opposition officielle, je suis heureuse de prendre la parole aujourd'hui au sujet de la motion présentée par le député de . En somme, sa motion repose principalement sur les résultats du récent rapport produit par le directeur parlementaire du budget et portant sur les coûts pour le gouvernement fédéral d'un programme national d'assurance-médicaments au Canada. La motion demande au gouvernement d'entreprendre l'an prochain des négociations avec les provinces pour la mise en place d'un régime d'assurance-médicaments universel.
Au moment d'étudier la motion, nous devons tenir compte du fait que le rôle principal du gouvernement fédéral en ce qui concerne les produits pharmaceutiques. Selon le rapport du directeur parlementaire du budget, il consiste à réglementer l'accès au marché, assurant ainsi la sécurité, l’efficacité et la qualité des médicaments, à fournir un soutien financier aux provinces, comme le précise la Loi canadienne sur la santé, par l’intermédiaire du Transfert canadien en matière de santé, à livrer des produits pharmaceutiques à certaines populations, ainsi qu'à contrôler le prix des médicaments nouveaux et innovateurs.
Le Comité permanent de la santé étudie la possibilité d'instaurer un régime d'assurance médicaments universel. C'est d'ailleurs lui qui a demandé au directeur parlementaire du budget d'évaluer le coût d'un tel régime. Il semble donc que le moment soit mal choisi pour étudier la motion de l'opposition présentée aujourd'hui, puisque le Comité n'a reçu le rapport du directeur parlementaire du budget que la semaine dernière. Ne serait-il pas logique de laisser au Comité le temps de prendre connaissance du rapport, de réfléchir à ce qu'il contient, puis de faire rapport à la Chambre? Je demanderais au député de , vice-président du comité de la santé, de laisser à ses collègues du Comité le temps de faire leur travail.
Le Parti conservateur du Canada tient à faire le nécessaire pour que tous les Canadiens reçoivent les meilleurs soins de santé possible et que même les personnes les plus vulnérables aient accès aux soins pharmaceutiques les plus récents. Comme on le sait, en vertu de la Loi canadienne sur la santé, les médicaments sur ordonnance administrés à l'hôpital sont couverts par une assurance-médicaments universelle. De plus, les gouvernements fédéral, provinciaux et territoriaux offrent tous des régimes d'assurance-médicaments, qui procurent une certaine protection à quelque 53 % de la population canadienne. Si nous envisageons d'ajouter un autre niveau d'assurance, il faut garder à l'esprit que 24 millions de Canadiens sont aussi couverts par un régime d'assurance-médicaments privé.
Je crois que nous devrions nous concentrer sur le résultat d'une étude réalisée en 2002 par le Fraser Group, qui a estimé que 11 % des Canadiens risquaient de faire face à des coûts élevés pour des médicaments sur ordonnance parce qu’ils n’ont pas d’assurance-médicaments ou que cette assurance est largement insuffisante. Voilà les Canadiens qui ont besoin de ce genre de programme. Une approche plus ciblée serait donc de commencer par l'étude du comité de la santé sur un régime national d’assurance-médicaments.
Examinons les coûts, la logistique et l'effet global d'un programme axé sur les Canadiens actuellement sans la moindre assurance-médicaments. Ce groupe inclut les aînés, les personnes qui ont un faible revenu fixe, les gens qui ont un travail précaire ou peu rémunéré sans avantages sociaux, les personnes handicapées et les autres Canadiens dans le besoin. Si le comité et la Chambre acceptent d'étudier un tel plan, il serait possible de recueillir les commentaires des provinces, des intervenants, et bien sûr des Canadiens eux-mêmes pour savoir si le plan permettrait effectivement de fournir des soins de santé de qualité à ceux qui en ont besoin. De plus, les renseignements recueillis sur les coûts réels par rapport aux coûts estimés seraient très utiles dans les discussions ultérieures sur un éventuel programme élargi.
Cela m'amène à souligner que mes collègues conservateurs et moi sommes préoccupés par le manque de données et le coût initial élevé de la mise en oeuvre d'un régime national d'assurance-médicaments au Canada, compte tenu des déficits croissants auxquels les Canadiens sont confrontés en raison de l'irresponsabilité du gouvernement. Cette motion reflète malheureusement ce que j'appellerais la façon de penser typique du NPD. Les députés semblent croire que les deniers publics sont inépuisables et infinis.
Le directeur parlementaire du budget a estimé que la mise en oeuvre d'un programme national d'assurance-médicaments destiné à tous les Canadiens, même ceux qui bénéficient déjà d'un régime en la matière, coûterait environ 22,6 milliards de dollars par année. Il a indiqué que, selon son étude initiale, ce programme national connaîtrait une croissance de 11 % en seulement 5 ans, faisant passer son coût annuel de 19,3 milliards de dollars à 22,6 milliards de dollars en 2020. Il a aussi précisé que ce chiffre pourrait être considérablement plus élevé, puisque la consommation globale de médicaments sur ordonnance pourrait fort bien augmenter dans le cadre d'un programme national d'assurance-médicaments. Le coût des médicaments sur ordonnance est la principale raison pour laquelle des patients ne suivent pas les traitements qui leur sont prescrits. Advenant la mise en oeuvre d'un programme universel d'assurance-médicaments, le régime pourrait soudainement être engorgé par un nombre élevé de personnes ayant dorénavant accès aux médicaments. Il n'est pas possible d'en prévoir le coût.
Le directeur parlementaire du budget a produit une estimation des coûts en fonction de la liste des médicaments du Québec. Toutefois, les médicaments qui y figurent sont très différents de ceux qui apparaissent sur les listes des autres provinces. Il s'agit donc d'un autre facteur qui nous empêche de connaître les véritables coûts. Les besoins en santé de la population de chaque province, les habitudes d’ordonnance des médecins, le prix des médicaments génériques et les négociations concernant les prix varient. Il en résulte des écarts au chapitre de la consommation, voire de la couverture de divers médicaments pour certaines populations en particulier. Afin de pouvoir envisager sérieusement la création d'un régime d'assurance-médicaments, il faut déterminer la source potentielle de son financement. Or, comme le gouvernement actuel a dépassé largement ses cibles proposées en matière de déficit, il reste peu de marge manoeuvre pour la création d'un tel régime.
Le Parti conservateur du Canada appuie un système de soins de santé durable et de haute qualité permettant d’offrir aux Canadiens les meilleurs soins possibles. Comme on l’a déjà mentionné, environ 12 % des Canadiens ne sont pas suffisamment assurés, voire pas du tout. Étant donné que la majorité des gens sont déjà assurés, nous devrions utiliser les ressources limitées dont nous disposons pour offrir une assurance à ceux qui n’en ont pas. Il pourrait s’agir d’aînés, de gens dont le revenu fixe est faible, qui n’ont pas de travail ou qui occupent des emplois peu rémunérés et sans avantages sociaux, les personnes handicapées et d’autres.
Il y a d’autres moyens de réduire les coûts que doivent assumer les Canadiens, surtout ceux qui n’ont pas d’assurance-médicaments, comme j’en ai parlé récemment au sujet de la motion M-132. On pourrait faire des économies en achetant de gros volumes de médicaments et des médicaments génériques sans que ce soit dans le cadre d'un programme particulier. Ces économies pourraient atteindre 7 milliards de dollars, selon le directeur parlementaire du budget.
Je le répète, le rapport du directeur parlementaire du budget sur le financement des soins de santé a pour cadre la liste exhaustive de médicaments assurés au Québec, les exigences relatives à l’admissibilité, les niveaux de contribution et les exigences d’admissibilité aux exemptions de contribution. Il est important de noter cependant que le Québec a un système hybride qui s’apparente à un régime d’assurance-médicaments universel auquel les gens adhèrent dans le cadre d’un régime privé parrainé par l’employeur, une association professionnelle, ou d’un régime public. Même dans cette province, 7,2 % des gens ne suivent pas les traitements prescrits à cause du coût des médicaments.
Je propose au comité de la santé d’examiner la façon dont l’Alberta, ma province d’origine, gère le dossier. L’Alberta s’efforce d’offrir une assurance-médicaments publique à ceux qui en ont le plus besoin, tels que les aînés, mais elle l’offre aussi à des particuliers qui n’ont pas d’autre assurance, même s’ils ont les moyens de payer leurs médicaments. Le nombre de gens qui ne souscrivent pas à une assurance-médicaments en raison des coûts n’est que de 0,4 % plus élevé qu’au Québec. Le point essentiel à considérer cependant, c’est que pour des résultats semblables à ceux du Québec, l’Alberta dépense 209 milliards de dollars de moins.
En bref, il est vrai qu’aucun Canadien ne devrait avoir à se passer des médicaments nécessaires, mais il faut songer à la façon la plus efficace et efficiente de les leur fournir. Je demanderais au député de laisser le comité de la santé terminer son travail pour que nous puissions disposer d'une information complète afin de trouver la meilleure façon d’offrir l’assurance-médicaments universelle aux Canadiens.
:
Monsieur le Président, nous allons discuter aujourd’hui de la motion du NPD concernant un régime universel d’assurance-médicaments. Le Bureau du directeur parlementaire du budget a publié un rapport intitulé « Coût d’un programme national d’assurance-médicaments de régie fédérale ». Ce rapport de 99 pages vise à donner aux Canadiens un aperçu des constatations du directeur parlementaire du budget. Le rapport conclut qu’un programme universel d’assurance-médicaments coûterait 22,6 milliards de dollars.
À une époque, à la Chambre, les gouvernements expliquaient comment ils comptaient financer les nouveaux programmes. Je comprends que le NPD ne forme pas le gouvernement actuel, mais nous avons tous le devoir d’économiser pour l’avenir et d’assumer nos responsabilités.
J’aimerais vous raconter une histoire intéressante, que j’ai entendue de l’ancien Président Milliken. Nous avons eu à l’occasion le privilège d’entrer dans son bureau, à l’arrière, où se trouve un magnifique lustre, auquel se rattache une histoire intéressante.
Il nous a raconté qu’un ancien Président croyait que, comme des dignitaires importants et d’autres gens seraient invités dans le bureau, un dispositif d’éclairage approprié était nécessaire, plutôt que le simple luminaire qui se trouvait là. Il s’est alors procuré un superbe lustre. Il a par la suite été convoqué dans le bureau du premier ministre d’alors, John Diefenbaker. Ce dernier lui a présenté la facture et lui a demandé de quoi il s’agissait. Le Président lui a expliqué qu’elle correspondait à l’achat d’un nouveau lustre pour son bureau. Le premier ministre l’a regardé et lui a dit qu’il n’était pas question que des deniers publics servent à payer pour des luminaires, et le Président s’est retrouvé à devoir payer la facture. J’adore cette histoire et je ne me lasse pas de la raconter.
La morale de cette histoire, c’est que John Diefenbaker savait ce qui était dépensé à la Chambre. Je me demande combien d’entre nous aujourd’hui savons exactement ce qui est dépensé dans notre bureau, sans parler de la Chambre. Cela nous enseigne quelque chose. Cela nous montre que nous sommes responsables des deniers publics. J’aimerais parler un peu plus de cela aujourd’hui. J’aborderai d’autres questions aussi, mais je veux parler des libéraux et de ce qu’ils semblent avoir fait.
Les libéraux ont cette nouvelle approche de gouvernance, comme en témoignent les dépenses insensées prévues dans le dernier budget. Nous aurons un déficit de 30 milliards de dollars, sans aucune indication d’un changement de trajectoire à l’horizon. Même s’ils disent avoir adopté un budget équilibré, ils se préparent à endetter les générations futures, celles de nos enfants et de nos petits-enfants. Ils vont hypothéquer leur avenir avec cette dette. Ils se vantent d’avoir un magnifique programme. J’ai des enfants qui ont des enfants et ils reçoivent à tous les mois ce chèque de l’Allocation canadienne pour enfants. C’est agréable à recevoir, mais ils reconnaissent, comme la plupart des Canadiens, que quelqu’un doit payer pour cela.
En toute franchise, et je veux être honnête avec mes collègues d’en face, ils disent aux Canadiens de quelle façon ils vont payer pour cela et comment ces dépenses insensées seront gérées: par une augmentation des impôts. Nous venons d’avoir une série de débats et de discussions avec les libéraux, au cours desquels nous les avons suppliés de cesser d’agir de la sorte. Ils vont imposer les entreprises et commencer à enlever certains de leurs bénéfices aux entreprises, aux agriculteurs et aux Canadiens ordinaires pour essayer d’équilibrer leurs comptes. Ils veulent prendre cet argent pour payer leurs dépenses irresponsables.
Les membres du Parti conservateur savent que les entreprises embauchent des gens. En fait, dans le secteur privé, aujourd’hui, ce sont essentiellement les PME, les petites et moyennes entreprises, qui embauchent. Comprenez-moi bien: nous sommes tous vraiment emballés lorsqu’une grosse société s’installe dans notre circonscription, et c’est fantastique lorsque cela arrive.
Toutefois, la grande majorité des emplois créés au Canada le sont par les petites et moyennes entreprises. Ce sont elles qui créent la richesse. Ce sont elles qui remplissent les coffres du gouvernement, par les impôts qu’elles paient, pour que nous puissions redistribuer cet argent en fournissant les services auxquels les gens s’attendent. En effet, les Canadiens s’attendent à recevoir de bons services de santé. Ils veulent également des services d’éducation et de défense militaire, pour ne nommer que ceux-là. Somme toute, nous avons accompli un travail admirable comme société. Toutefois, une tendance troublante se dessine: nous avons oublié que ce que nous voulons a un prix.
Nous, les conservateurs, comprenons la dynamique des marchés et nous avons créé des ouvertures pour nos entreprises, nos agriculteurs et nos ressources. J’ai siégé au comité du commerce et à celui des finances. Je suis toujours étonné de voir combien d’accords de libre-échange les conservateurs ont conclus avec des pays comme la Colombie, le Honduras, le Pérou, le Panama et la Jordanie. On pourrait penser que ce sont là de petits pays, mais il y a eu des accords avec de gros joueurs, comme Israël et la Corée du Sud. En outre, ce sont les conservateurs, lorsqu’ils étaient au pouvoir, qui ont préparé l’accord conclu avec l’Ukraine. Le gouvernement libéral a le mérite de l’avoir mené à bonne fin. Un accord de libre-échange entre le Canada et l’Union européenne avait été conclu avant le célèbre Accord économique et commercial global, l’AECG. J’en parlerai dans un instant. Un certain nombre de petits pays européens n'étaient pas partie à l’accord. Et il y a, naturellement, l’AECG, l’accord commercial le plus important jamais conclu entre deux groupes. L’Europe compte 500 millions de personnes et l’accord offre donc des possibilités immenses et infinies. Voilà le genre de choses que nous devons accomplir pour faire croître notre économie et nous offrir les services proposés par le NPD.
Parlons clairement, les libéraux font adopter un nouveau projet de loi sur une drogue. Je siège au comité de la santé. Nous avons étudié le texte, article par article. Ce projet de loi sera promulgué en juillet de l’an prochain. Il permettra à toutes les personnes âgées de 18 ans et plus de fumer de la marijuana en toute légalité. Le projet de loi comporte un certain nombre d’ajouts, que les gens doivent réellement bien comprendre. Nous aurons l’occasion d’en parler plus tard. Le NPD appuie le projet de loi. En fait, le nouveau chef du parti appuie la légalisation de toutes les drogues.
Je suis un père. Beaucoup de députés ont beaucoup d’enfants et de petits-enfants. J’adore faire des cadeaux à mes enfants et leur donner de bonnes choses. C’est pourquoi lorsqu’ils étaient au pouvoir, les conservateurs se sont battus pour réduire les impôts. Nous savions que si nous voulions donner ces choses à nos concitoyens, nous devions en assumer le prix. Nous reconnaissions qu’il fallait donner à nos produits accès aux marchés. Nous nous sommes donc mis à la tâche pour avoir accès au marché de notre plus important partenaire commercial, à la porte d’entrée la plus occupée du pays, dès que le projet du pont Gordie-Howe sera terminé.
Je parle ainsi parce que nous devons payer pour ce que nous faisons en ces lieux. Il est de notre devoir, nous, les législateurs, qui représentons nos concitoyens, de ne pas hypothéquer l’avenir de nos enfants et de nos petits-enfants avec les dettes que nous faisons aujourd’hui. Nous pouvons prendre un certain nombre de mesures très importantes concernant les médicaments. Ce sont des mesures qui sont à notre portée, mais la proposition du NPD n’est pas viable. Je ne l’appuierai donc pas.
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Monsieur le Président, je vais partager mon temps aujourd’hui avec la députée d’.
En ma qualité de porte-parole du NPD pour les aînés, je connais malheureusement trop bien la barrière du coût des médicaments dans notre pays pour les plus vulnérables d’entre nous. Je suis heureuse que la Chambre des communes prenne le temps de discuter de la mise en œuvre d’un régime universel d’assurance-médicaments. Sans l’excellent travail et le dévouement de notre porte-parole en matière de santé, le député de , je ne suis pas certaine que nous pourrions nous pencher aujourd’hui sur la question avec autant de crédibilité.
J’ai consulté les aînés de ma circonscription et j’en ai écouté beaucoup de toutes les régions du Canada. J’entends trop d’histoires décourageantes, trop souvent liées au coût élevé des médicaments sur ordonnance.
Trop de nos personnes âgées se retrouvent dans la même situation en raison d'un accroissement de la pauvreté. La capacité de payer les médicaments essentiels dont ils ont besoin en vieillissant est un obstacle qui devient de plus en plus grand. Des personnes âgées m’ont dit prendre leurs médicaments tous les deux jours pour en avoir plus longtemps et des professionnels de la santé m’ont dit qu’ils s’efforcent désespérément de trouver les médicaments les plus abordables, parce que trop de leurs patients n’ont pas les moyens de payer ceux-ci et ne prennent donc pas ce qu’il faut pour demeurer en santé.
Le Canada est malheureusement le seul pays doté d’un système de santé universel qui n’est pas accompagné d’un régime universel d’assurance-médicaments. Je crois qu’il est temps que ça change.
Ce sont les personnes âgées de 65 ans et plus qui consomment le plus de médicaments sur ordonnance au pays. La plupart des personnes âgées prennent plusieurs médicaments. En fait, 62 % des personnes âgées inscrites à un régime universel d’assurance-médicaments consomment cinq classes de médicaments ou plus. L’argent s’envole très vite.
Il y a une raison pour laquelle nous avons besoin d’un régime universel d’assurance-médicaments. Les statistiques révèlent un besoin criant de leadership fédéral. Voici quelques exemples. La Colombie-Britannique connaît le degré le plus élevé de problèmes d’accès aux médicaments, à 29 %. Un Canadien sur cinq signale qu’un membre de sa famille ou lui-même néglige de faire remplir ses ordonnances à cause du coût. En fait, nous avons entendu Mme Wanda Morris de CARP nous confirmer très clairement cette réalité cette semaine au comité des ressources humaines, où nous étudions une stratégie nationale pour les aînés.
Le Canada affiche actuellement le deuxième taux le plus élevé d’ordonnances non remplies à cause de leurs coûts parmi les pays comparables. Il en coûte ainsi beaucoup plus cher au système de santé au bout du compte, parce que les troubles non traités s’aggravent et causent des séjours à l’hôpital et des visites chez le médecin qui auraient pu être évités.
Le Centre canadien de politiques alternatives estime que 5,4 % à 6,5 % des hospitalisations sont dues au non-respect des traitements prescrits, et la facture est lourde, soit 1,63 milliard de dollars. Dans un pays comme le Canada, ces chiffres sont terribles.
Les dépenses augmentent également. Les dépenses publiques au titre des médicaments pour les personnes âgées sont passées de 603 millions de dollars en 2002 à 1 milliard en 2008. D’ici 2036, le nombre de personnes âgées aura doublé. Combien de milliards de plus allons-nous dépenser avant de passer à l’action?
En septembre 2016, le Comité permanent de la santé de la Chambre des communes a demandé au directeur parlementaire du budget de lui fournir une estimation du coût de la mise en place d’un programme national d’assurance-médicaments. Le Comité a fourni le cadre du programme, y compris la liste complète des médicaments qui seraient couverts par cette assurance.
Selon les calculs du directeur parlementaire du budget, en 2015-2016, les Canadiens ont dépensé 28,5 milliards de dollars en produits pharmaceutiques. Sur cette somme, 24,6 milliards auraient pu être couverts par un régime national d’assurance-médicaments. En tenant compte de l’évolution des prix et de la consommation, le directeur parlementaire du budget estime que le Canada n’aurait dépensé que 20,4 milliards de dollars en 2015-2016 dans le cadre d’un programme national d’assurance-médicaments. Autrement dit, si nous avions pris les mesures nécessaires, nous aurions économisé 4,2 milliards en 2016.
Le directeur parlementaire du budget n’est pas la seule source crédible à laisser entendre qu’un programme d’assurance-médicaments universel est une bonne politique économique.
En 2015 était publié un rapport intitulé « Pharmacare 2020: L’avenir de l’assurance-médicaments au Canada », signé par d’éminents experts canadiens en politique de la santé. D’après cette étude, une assurance-médicaments universelle entraînerait des économies publiques et privées de l’ordre de 4 à 11 milliards de dollars par an, selon des hypothèses raisonnables.
L’assurance-médicaments permettrait aux Canadiens de faire des économies importantes, qui se traduiraient surtout par une augmentation de leur pouvoir d’achat. Pendant les négociations sur les prix, les sociétés pharmaceutiques gonflent souvent le prix de leurs médicaments et offrent des rabais confidentiels qui dépendent du pouvoir de négociation de chaque acheteur. L’universalité, en offrant une couverture à tous les Canadiens, augmenterait encore davantage le pouvoir de négociation du Canada.
Tous les Canadiens comprennent la vraie raison pour laquelle nous devons avoir cette conversation.
La classe de médicaments la plus couramment utilisée par les personnes âgées vise à faire baisser les taux de cholestérol. Est-il normal qu’une année de traitement avec un médicament contre le cholestérol très courant coûte environ 143 $ au Canada, mais seulement 27 $ au Royaume-Uni et en Suède, et moins de 15 $ en Nouvelle-Zélande?
Les Canadiens sont parmi ceux qui paient le plus pour leurs médicaments délivrés sur ordonnance dans le monde industrialisé; seuls les États-Unis paient plus cher.
Les frais d’administration des régimes privés à but lucratif sont également énormes, environ 15 %, alors que les frais d’administration des régimes publics sont inférieurs à 2 %. Il s’agit donc tout simplement d’une bonne politique financière. Remplacer des régimes privés par un régime public universel réduirait non seulement des dépenses inutiles, mais ferait économiser aux Canadiens 1,3 milliard de dollars supplémentaires par an en frais d’administration.
L'immense majorité des Canadiens, en fait à 91 %, s'est déclarée favorable à l’idée d’un programme national d’assurance-médicaments qui donnerait un accès universel aux médicaments délivrés sur ordonnance. Ce n’est guère surprenant quand on sait que des millions de Canadiens n’ont pas accès le moment venu aux médicaments essentiels dont ils ont besoin, ce qui est tout simplement inacceptable.
Tommy Douglas, le père de l’assurance-maladie, n’a jamais voulu d’une lacune aussi étrange dans la couverture médicale canadienne. Il a toujours été prévu d’intégrer dans un régime de couverture publique globale les médicaments délivrés sur ordonnance et d’autres services, avec les services hospitaliers et médicaux.
Aujourd’hui, je prends la parole à la Chambre, comme les néo-démocrates le font depuis plus d’un demi-siècle, pour proclamer avec fierté notre conviction que les soins de santé doivent être un droit au Canada et pas un privilège.
Il est plus évident que jamais, avec la publication récente du rapport du directeur parlementaire du budget, qu’un programme national d’assurance-médicaments est non seulement une bonne chose pour la santé de tous les Canadiens, mais aussi une bonne politique économique pour tous les Canadiens et, en particulier, nos aînés.
Notre motion aujourd’hui demande au gouvernement d’entamer des négociations avec les provinces au plus tard le 1er octobre 2018, afin de mettre en place un programme d’assurance-médicaments universel. Avec un peu de volonté politique, nous pourrons enfin faire de cette idée une réalité pour tous les Canadiens.
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Monsieur le Président, j'ai le plaisir de parler de la motion de mon collègue de , parce que c'est quelque chose d'extrêmement important à comprendre. C'est quelque chose qui nous permettrait d'avancer tellement, quand il est question de la santé des Canadiens.
Dans tous les discours précédents, il était clair qu'il n'y avait aucun doute que l'implantation de l'assurance-médicaments universelle au Canada permettrait d'économiser des millions de dollars. Je ne voudrais pas m'étendre davantage sur le sujet, parce que c'est tellement évident. En effet, toutes les études démontrent qu'il y aurait des économies à faire. Personne n'a dit jusqu'à maintenant que cela nous coûterait plus cher que le système actuel. Comme cela a été exposé très clairement, il n'y a pas lieu d'insister davantage.
On a aussi parlé du système québécois qui a été le premier à être mis en place. Le système québécois est un peu une réaction à une situation. On voulait s'assurer que toutes les personnes ont au minimum une assurance-médicaments, mais c'est loin d'être un système parfait. Même le ministre de la Santé estime que le système n'est pas parfait. C'est pour cela qu'il est intéressé à avoir un système réellement universel et qu'il est ouvert aux discussions. Au Québec, on ne voit pas nécessairement souvent un ministre de la Santé intéressé par un programme national. S'il y est intéressé, c'est parce qu'il est conscient des économies potentielles et qu'il pourrait être plus efficace que le système que nous avons actuellement.
Je vais essayer d'exposer clairement les limites du système québécois. Si une personne n'a pas accès à une assurance offerte par un employeur, elle doit prendre celle du gouvernement. Si cette personne a accès à une assurance-médicaments offerte par l'employeur, elle a l'obligation de prendre cette assurance.
Le problème est que certains employeurs ont beaucoup augmenté les prix de l'assurance-médicaments pour différentes raisons, et que les contrats sont négociés individuellement, selon les employeurs. Comme les employés d'un employeur dont le domaine de travail comporte des risques plus élevés vont prendre plus de médicaments, la prime d'assurance de l'employeur sera plus élevée. Les gens sont donc obligés de prendre une assurance-médicaments qui leur coûte plus cher que celle du gouvernement, car c'est la seule qui leur est accessible. Ils sont aussi obligés de prendre l'assurance-médicaments de leur employeur, même s'ils n'ont pas d'argent pour payer leur prime.
Prenons l'exemple d'un employé qui commence à travailler comme préposé aux bénéficiaires dans un centre privé. Au début, il fera peut-être un quart de travail par semaine ou toutes les deux semaines, selon l'horaire du personnel. Il fera de la suppléance, du travail sur appel. Il pourrait travailler une semaine et gagner peut-être 100 $. Si l'assurance-médicaments coûte 60 $ par mois, tout son salaire va quasiment passer à payer cette assurance qu'il est obligé de prendre. En matière d'assurance-médicaments de l'employeur, il n'y a pas de gradation en fonction de la capacité à payer de l'employé. La plupart du temps, c'est un taux fixe par mois, peu importe la capacité à payer. C'est une des limites importantes du système québécois et le ministre en est conscient. Ce n'est pas un système parfait. C'est pour cela qu'il a ouvert la porte à une assurance-médicaments universelle.
J'aimerais parler de toutes les autres économies qu'on pourrait faire avec une assurance-médicaments universelle. Elles sont, je l'avoue, difficiles à calculer, mais très intéressantes. Comme on a l'assurance-maladie, on n'a pas souvent conscience du coût d'une visite à l'hôpital. On oublie qu'une hospitalisation aux soins intensifs coûte dans les cinq chiffres, et que c'est pour quelques jours. L'hospitalisation coûte très cher. On a tendance à l'oublier parce qu'au bout du compte, on ne voit pas la facture. Après une hospitalisation, personne parmi nous ne reçoit une facture qui indique combien le traitement aurait coûté si on n'avait pas d'assurance-maladie. Comme on est moins conscient de cela, on ne se rend pas compte à quel point faire en sorte que les Canadiens soient capables de prendre des médicaments peut permettre d'économiser. Une des preuves qu'on a constatées, c'est que les personnes non couvertes vont souvent attendre avant de consulter un médecin, parce qu'elles n'ont pas d'argent pour payer un médicament. Au bout du compte, quand elles finissent par se présenter chez le médecin, leur état s'est tellement compliqué qu'il nécessite des soins avancés beaucoup plus coûteux.
C'est la même logique en ce qui concerne les médicaments. Quand les gens sont incapables de se payer des médicaments, ils ne les prennent pas et ils espèrent aller mieux. Leur état de santé se dégrade, mais ils se disent qu'ils vont faire attention. Il arrive finalement un moment où leur état s'est tellement dégradé que cela coûte beaucoup plus cher que si nous avions pu leur fournir leurs médicaments.
Il en coûte beaucoup moins cher de fournir des médicaments à une personne qui souffre de troubles cardiaques que de soigner quelqu'un qui a fait une crise cardiaque, de faire des triples pontages, des stents ou toutes autres interventions chirurgicales, en plus d'une hospitalisation aux soins intensifs.
Ce n'est pas nécessairement aussi facile à quantifier que de simplement calculer le coût des médicaments, comme le fait la méthode utilisée par le directeur parlementaire du budget, mais c'est possible de le faire. Il y a des économies à faire lorsque les gens peuvent mieux prendre en charge leur santé.
Une autre économie que permettrait un régime universel d'assurance-médicaments, c'est l'accès aux données et, par la suite, aux interventions de santé qui y sont reliées. Présentement, comme il n'y a pas de régime universel d'assurance-médicaments, il est très difficile de connaître les habitudes des médecins sur le plan des ordonnances, de savoir si ce sont les bons médicaments et de savoir s'il y a trop d'ordonnances; il est impossible de contrôler les chiffres.
Avec un régime universel d'assurance-médicaments, on a accès à des données qui permettent d'avoir une idée beaucoup plus précise du profil de la santé et de faire des interventions plus efficaces, par exemple, sur le plan de la prévention. Cela permet aussi de surveiller les médecins et éviter qu'ils ne prescrivent trop de médicaments. Présentement, puisque les données se trouvent aussi dans de nombreux programmes d'assurance-médicaments privés, on n'y a pas facilement accès. C'est un autre aspect qui n'est pas quantifiable.
Nombre de fois, on donne des contrats à des firmes privées pour faire des études sur la santé pour voir ce qui en est. Toutefois, un régime universel d'assurance-médicaments donnerait accès à ces données beaucoup plus facilement, et on aurait la possibilité d'intervenir de manière plus efficace sur le plan de la santé.
Ce n'est pas évident de mettre un tel régime en place. Cependant, avec l'ouverture manifestée par les provinces, l'ensemble de la population serait mieux servi avec un régime universel d'assurance-médicaments. Nous pourrions mieux contrôler différents problèmes de santé et faire davantage pour les patients. Nous éviterions les complications, et nous pourrions faire en sorte que les médicaments génériques, beaucoup moins chers, soient prescrits plutôt que la forme commerciale du médicament.
Ce programme permettrait une plus grande efficacité financière, en matière de prise en charge des patients et sur le plan de la santé publique. C'est pour cette raison qu'il est très important d'avancer dans ce dossier. Il faut mettre en place ce régime pour l'ensemble de la population canadienne. Il permettrait aussi d'éviter les inégalités, car certains médicaments sont couverts par un régime d'assurance-médicaments privée et d'autres ne le sont pas. Par exemple, certains régimes d'assurance-médicaments publics ne couvrent que les contraceptifs sous forme orale, alors qu'on a vu une grande évolution sur le plan de la contraception et du contrôle des naissances avec des médicaments tels que les patchs, les anneaux contraceptifs ou les stérilets qui permettent une contraception plus efficace pour les femmes qui éprouvent des problèmes avec la pilule contraceptive.
Les gens ne font pas toujours le choix en fonction de la logique de leur santé, parce que bien souvent les régimes d'assurance-médicaments privés n'offrent pas de choix, alors que d'autres méthodes contraceptives existent et que le coût mensuel est à peu près le même. Ils doivent faire des choix en fonction de ce que couvre leur régime d'assurance-médicaments. Malheureusement, lorsqu'on ne choisit pas en fonction de ce qui est le plus efficace pour une personne dans une situation donnée, on a moins de chance que cela soit efficace ou que le médicament soit bien pris.
Un régime universel d'assurance-médicaments couvrant un large éventail de médicaments permettrait d'aider les professionnels de la santé. En effet, ils auraient l'occasion de choisir un médicament précisément en fonction des besoins de leurs patients, et d'aider ces derniers à mieux prendre en charge leur santé.
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Madame la Présidente, je céderai une partie de mon temps à la députée de .
D’entrée de jeu, je souhaite dire un mot au sujet du député de . Nous nous connaissons depuis fort longtemps. Il a déjà été mon voisin de banquette de ce côté-ci, et nous avons appris à nous connaître. Nous siégeons tous deux au Comité permanent de la santé. Je tiens d’ailleurs à souligner la qualité de son travail au comité, de même que la grande sincérité et la diligence dont il fait preuve dans ses fonctions. Il se trouve que nous avons, à ce comité, adopté une motion qu'il appuyait. Maintenant il se précipite, en quelque sorte, pour ne pas dire plus. Le Comité a accepté la décision du comité de direction, dont il est membre, soit « D’entreprendre une étude sur l’élaboration d’un programme national d’assurance-médicaments comme étant des services assurés pour les Canadiens en vertu de la Loi canadienne sur la santé et d’en faire rapport à la Chambre ».
Nous n’en sommes pas encore là. Nous n’avons pas achevé le travail sur cette motion dont nous sommes tous convenus au comité. Nous avons fait un bout de chemin, mais nous avons encore beaucoup à apprendre. Le rapport du directeur parlementaire du budget était vraiment intéressant et très encourageant pour tous ceux et celles d’entre nous qui s’intéressent au sujet. Cependant, il ne proposait aucun modèle que nous puissions utiliser ni aucun cadre que nous puissions présenter au gouvernement, aux provinces et à toutes les différentes instances concernées. Il y a tellement d’organismes distincts dans l'ensemble de l’appareil des soins de santé au Canada, c’en est essoufflant.
Nous avons entendu 89 témoins à notre comité. Nous avons tenu 20 réunions et ce n’est toujours pas fini. Nous sommes avancés dans le processus, mais il y a encore à faire. Nous avons encore bien des questions. Le directeur parlementaire du budget est attendu à notre comité le 17 octobre et je suis certain que mon collègue aura beaucoup de questions à lui poser, parce qu’il y en a beaucoup sans réponse.
Le rapport est très encourageant pour les optimistes. Je suis entré dans ce débat sur l’assurance-médicaments sans idée préconçue ni parti pris. Un témoin après l’autre était d’avis qu’il serait préférable d’avoir un régime national au Canada. Je parle d’après mes propres observations et non pas au nom du comité, mais il y a eu un nombre appréciable d’interventions soulignant les points forts d’un régime national d’assurance-médicaments. Je trouve cela vraiment encourageant, en général.
J’ai été surpris d’apprendre le nombre de Canadiens qui ne prennent pas leurs médicaments parce qu’ils n’en ont pas les moyens. J’ai été surpris aussi d’apprendre que, s’ils pouvaient les prendre, cela épargnerait beaucoup de temps et d’argent à notre système de santé. C’était fascinant de voir à quel point toute l’industrie de l’assurance-médicaments au Canada s’est érigée en un système intégré, avec ententes secrètes entre acteurs et tout ce qui s’ensuit. J’ai été surpris d’apprendre comment fonctionne l’appareil pharmaceutique au Canada. Il est très difficile d’obtenir des réponses claires sur son fonctionnement, mais un régime national d’assurance-médicaments mettrait fin à tout cela.
On compte déjà au pays environ une centaine de différents régimes d’assurance-médicaments. Les provinces en ont toutes un pour les personnes âgées. Elles en ont un pour les cas d’invalidité, un pour les services sociaux, un pour leurs propres employés. La GRC a le sien du côté fédéral. L’armée a le sien. Le gouvernement en a un pour les Autochtones. Il y a une multitude de régimes d’assurance-médicaments. Tous sont différents, tous doivent être gérés et tous entraînent des coûts indirects. Un seul régime national pourrait les éliminer tous. Nous aurions un même régime cohérent à la grandeur du pays et tout le monde aurait accès à l’assurance-médicaments.
Je penche moi-même en faveur d’un tel régime, mais nous n’en sommes pas encore là. Nous avons encore beaucoup à apprendre. Le travail de notre comité, comme le précisait la décision originale, est de faire rapport à la Chambre dès notre étude achevée. Notre étude n’est pas achevée. Il reste tant de questions!
Nous avons demandé au directeur parlementaire du budget de faire cette étude, et cela lui a pris des mois. Nous étudions ce dossier depuis près de deux ans. Je le répète, nous avons entendu 89 témoins et tenu 20 réunions et nous continuons à en apprendre beaucoup. Le directeur parlementaire du budget s’est présenté à quelques reprises pour nous demander des précisions à propos des listes de médicaments et de la structure qu’il devrait utiliser. Nous lui sommes très reconnaissants, ainsi qu’aux membres de son équipe, d'avoir réalisé ce travail. Nous devons cependant finir ce que nous avons entrepris. Nous n’avons pas terminé notre travail qui consiste notamment à l’interroger et à trouver des réponses à certaines de nos questions. Je suis persuadé qu’il n’est pas encore en mesure de répondre à toutes les questions, car nous ne lui avons pas fourni de modèle à suivre.
Nous parlons d’économiser des milliards de dollars, mais il en coûtera autant à certains organismes et ordres de gouvernement; nous devons donc déterminer le modèle qui convient le mieux avant d’entamer des négociations. Nous ne pouvons négocier sans savoir de quoi nous parlons ou sans avoir un modèle de départ.
Voilà près de deux ans que le Comité permanent de la santé étudie la question et nous entendons encore des témoins. En fait, nous en entendrons dans deux semaines. Nous avons entendu les points de vue des défenseurs des droits des patients, puis ceux des spécialistes de la médecine, de la politique sociale et du droit constitutionnel. Nous n’avons pas abordé cet enjeu ici, et le directeur parlementaire du budget non plus, car la question ne relève pas de sa compétence, mais l’établissement d’un programme national d’assurance-médicaments soulève des enjeux constitutionnels. Quelles sont les responsabilités des provinces? Quelles sont celles du gouvernement fédéral? Où s’inscrivent-t elles et comment établir les réponses? Nous devons d’abord avoir un modèle et nous n’avons encore aucune idée de ce que sera ce modèle.
Il y a un processus à suivre et nous ne sommes qu’à mi-chemin. Au bout du compte, le comité présentera une recommandation au gouvernement et c’est le gouvernement qui décidera. Nous ne sommes même pas prêts. Le député qui a présenté cette motion siège au comité. Il a en quelque sorte court-circuité le processus pour nous devancer. C’est ce que la motion nous demande de faire: ne pas terminer l’étude que nous avons tous convenu d’entreprendre. Il veut que nous allions de l’avant même si nous ne disposons que d’une partie de l’information. C’est une aberration. Cela n’a aucun sens.
J’admire le travail du député et son intention. Certes, les témoignages que nous avons entendus sont convaincants et nous invitent à faire preuve d’une grande compassion, mais nous ne sommes pas encore rendus à cette étape. Notre propre comité n’est pas prêt à formuler de recommandation; je ne vois donc pas comment le gouvernement pourrait amorcer des négociations, sans le comité dont il fait partie, pour en arriver à des conclusions sur la démarche que nous adopterons et l’élaboration du modèle.
Nul doute que nous avons entendu des preuves convaincantes et que tous les arguments en faveur sont vraiment forts. Il est intéressant d’écouter les témoignages qui ont été livrés au sujet de notre système de soins de santé.
Je reviens à l'objectif de l'étude que nous avons lancée. La raison pour laquelle nous débattons de cette motion aujourd'hui est qu'il en a été question lors d'une réunion de notre comité. Lors de nos travaux, nous avons proposé que ce soit le directeur parlementaire du budget qui prépare ce budget. Nous avons fait cette proposition dans le cadre du processus alors c'est ce que nous avons maintenant. C'est précieux. Nous en avons tiré beaucoup d'information. Cependant, de nombreuses questions demeurent sans réponse: qui sera responsable de quels secteurs?
Certains disent que c'est constitutionnellement impossible. Il faut bien comprendre. Il faut avoir une meilleure idée de qui sera responsable de quoi; il est aussi nécessaire de démêler les pouvoirs. Allons-nous procéder lentement? Allons-nous effectuer une transition progressive ou procéder à un changement soudain? Les deux approches nous ont été recommandées, mais nous n'avons toujours pas décidé, nous devons encore nous réunir.
L'Agence canadienne des médicaments et des technologies de la santé a un rôle à jouer. Nous devons obtenir son point de vue. Le Conseil d'examen du prix des médicaments brevetés aura son mot à dire, car les prix changent tout. L'analyse présentée dans le rapport du directeur parlementaire du budget est fondé en partie sur l'obtention d'un rabais important lié à l'achat d'un volume élevé de médicaments pour l'ensemble du pays; il y aurait essentiellement un acheteur pour tout le pays. Nous devons nous assurer que ce rabais est vraiment possible. À l'heure actuelle, l'Alliance pancanadienne pharmaceutique obtient un rabais. Nous devons vérifier auprès d'elle si cela pourrait se faire à l'échelle nationale, et ainsi de suite.
Ce à quoi je veux en venir, c'est qu'il nous reste encore beaucoup à faire. Quelle liste de médicaments serait utilisée? Les listes de médicaments assurés varient. Les médicaments approuvés ne sont pas toujours les mêmes. Nous ne nous sommes même pas encore entendus sur cette question.
J'admire le député et je ne le blâme pas d'envisager un programme national d'assurance-médicaments. Après les 89 témoignages que nous avons entendus, il est difficile de ne pas penser que nous devons à tout le moins étudier la possibilité d'un tel programme. Toutefois, le comité n'a pas terminé la rédaction de son rapport. Il n'a pas tiré ses conclusions. Il n'a pas fait rapport à la Chambre, comme nous en avions tous convenu. Nous ne sommes donc pas prêts à aller de l'avant dans ce dossier.
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Madame la Présidente, je suis heureuse d'avoir l'occasion de prendre la parole sur cette question extrêmement importante. Pour les Canadiens, le système de soins de santé est une source de grande fierté.
L'opposition a proposé que la Chambre demande au gouvernement d'entreprendre des négociations avec les provinces pour la mise en place d'un régime d'assurance-médicaments universel. Je voudrais donc parler d'un aspect très important du système de soins de santé et de ses liens avec la réduction des coûts et l'utilisation plus adéquate des produits thérapeutiques au Canada, sans oublier l'amélioration de leur accessibilité.
Le gouvernement est déterminé à faire progresser ce dossier important en collaboration avec les organismes de santé pancanadiens et ses partenaires provinciaux et territoriaux.
Depuis 1989, l'un de ces organismes de santé pancanadiens, l'Agence canadienne des médicaments et des technologies de la santé, joue un rôle prépondérant dans le système de soins de santé. L'Agence fournit des données, des analyses, des conseils et des recommandations aux décideurs du secteur de la santé afin de leur permettre de prendre des décisions éclairées. Dans le cadre des réformes que le gouvernement met en place pour rendre les médicaments sur ordonnance plus abordables, plus accessibles et plus adéquats, le rôle de l'Agence sera élargi.
Les Canadiens méritent les meilleurs soins de santé au monde. Cependant, les soins de santé modernes dépendent beaucoup des médicaments et des technologies de la santé. En 2014, la dernière année pour laquelle on dispose de données définitives, les dépenses en médicaments ont atteint 29 milliards de dollars. Selon les dernières estimations, qui datent de 2012, les dépenses en appareils médicaux étaient évaluées à 6,4 milliards de dollars. On s'attend à ce que ces chiffres continuent d'augmenter au cours des prochaines années.
Utilisés de façon efficace et efficiente, ces médicaments et autres technologies de la santé contribuent à améliorer la santé et offrent un excellent rapport qualité-prix. Toutefois, ils peuvent aussi être mal utilisés ou être utilisés de façon abusive et entraîner des effets néfastes chez les patients, ainsi qu'un gaspillage de ressources précieuses qui auraient pu mieux être utilisées ailleurs. Par exemple, une étude récente sur l'utilisation de médicaments inappropriés a révélé que plus du tiers des aînés ont déjà acheté au moins un médicament qui n'était pas approprié pour eux, ce qui signifie que les programmes provinciaux d’assurance-médicaments ont dû débourser environ 419 millions de dollars pour les mauvais médicaments. La crise des opioïdes qui fait rage actuellement est un autre exemple de médicaments qui peuvent ne pas être correctement prescrits. Ces situations montrent clairement la nécessité d'obtenir des données plus solides et d'adopter de meilleures pratiques en matière de prescription.
L'Agence canadienne des médicaments et des technologies de la santé, anciennement l’Office canadien de coordination de l’évaluation des technologies de la santé, a été créée après qu'un comité mixte représentant les ministères fédéral, provinciaux et territoriaux de la Santé a cerné le besoin d'établir un nouvel organisme national et indépendant pour évaluer les nouvelles technologies de la santé afin de permettre à tous les Canadiens de profiter des progrès réalisés dans ce domaine.
L'évaluation des technologies de la santé consiste en une analyse systématique des propriétés, des effets et de l'incidence de chaque technologie de la santé. L'Agence canadienne des médicaments et des technologies de la santé effectue des évaluations complètes de l'efficacité clinique et de la rentabilité de même que des conséquences éthiques, juridiques et sociales des médicaments et des technologies de la santé sur la santé des patients et sur le système de soins de santé.
L'évaluation des technologies de la santé offre aux responsables des politiques un outil précieux pour prendre des décisions rationnelles fondées sur des données probantes, concernant l'adoption de nouveaux médicaments et d'autres technologies de la santé. Le mandat de l'Agence canadienne des médicaments et des technologies de la santé consiste à fournir, en temps opportun, aux responsables des politiques de santé à l'échelle du Canada de l'information fondée sur des données probantes concernant l'efficacité et l'efficience de divers produits pharmaceutiques et appareils, procédures et diagnostics médicaux.
L'Agence canadienne des médicaments et des technologies de la santé a contribué à faire du Canada un chef de file mondial en matière d'évaluation des technologies de la santé. L'Agence est une société indépendante sans but lucratif qui offre un excellent exemple de coopération entre les provinces, les territoires et le gouvernement fédéral dans le domaine des soins de santé. Elle est la propriété des 13 sous-ministres provinciaux et territoriaux de la Santé et de leur homologue du gouvernement fédéral et relève directement de ceux-ci. Son budget de 27 millions de dollars est financé conjointement à hauteur de 70 % par le gouvernement fédéral et de 30 % par les gouvernements provinciaux et territoriaux. Les contribuables canadiens obtiennent un excellent rendement sur cet investissement.
L'un des programmes les plus importants de l'Agence canadienne des médicaments et des technologies de la santé, c'est le Programme commun d'évaluation des médicaments. C'est un processus pour la réalisation d’évaluations rigoureuses des données sur l’efficacité et la rentabilité des médicaments ainsi que sur les patients. Les gouvernements fédéral, provinciaux et territoriaux utilisent ces renseignements pour déterminer quels médicaments doivent figurer sur les formulaires et être couverts par leur régime d'assurance public. L'examen pancanadien des médicaments oncologiques, également géré par l'Agence canadienne des médicaments et des technologies de la santé, joue un rôle semblable en ce qui concerne les médicaments contre le cancer. Ces deux programmes aident à faire en sorte que les patients aient accès à des traitements efficaces et que les fonds publics soient dépensés judicieusement. Certains nouveaux médicaments n'améliorent pas vraiment l'état de santé des patients et sont beaucoup plus chers que les traitements qui existent déjà. Ces médicaments doivent-ils être payés par les régimes d'assurance-médicaments publics? L'Agence canadienne des médicaments et des technologies de la santé nous aide à faire ces choix importants.
Les recommandations de l'Agence canadienne des médicaments et des technologies de la santé ont favorisé une plus grande uniformité quant aux nouveaux médicaments ajoutés aux régimes d'assurance-médicaments publics. De plus, en tant que signataire du plan d'action sur les opioïdes, l'Agence fait partie du groupe de travail mixte chargé de remédier à cette crise à l'échelle du Canada.
L'Agence offre divers autres services importants. Par exemple, elle évalue les technologies de la santé nouvelles et existantes. Ces évaluations des technologies de la santé offrent une analyse complète des aspects cliniques et économiques des technologies de la santé et comprennent parfois d'autres facteurs qui portent sur les répercussions plus vastes des technologies sur la santé des patients et sur le système de soins de santé. Ces évaluations portent sur divers sujets, dont l'efficacité des médicaments pour la gestion de l'arthrite rhumatoïde et les meilleures façons de cesser de fumer.
L'Agence canadienne des médicaments et des technologies de la santé joue également d'autres rôles dans le cadre de notre système de santé. Elle effectue des analyses environnementales et de prospection. Ces analyses offrent des renseignements aux décideurs quant à l'utilisation de technologies de la santé dans d'autres régions et aident à orienter les décisions importantes prises au sein du système de santé du Canada. Par exemple, on effectue des analyses environnementales des pratiques, des processus et des protocoles en matière de soins de santé à l'intérieur et à l'extérieur du Canada. Ces analyses permettent aux décideurs de mieux comprendre les contextes national et international. Les analyses prospectives, quant à elles, visent à informer les décideurs des nouvelles technologies de la santé qui pourraient avoir des répercussions sur la prestation de soins de santé au Canada. Ces renseignements préliminaires favorisent une planification efficace en vue de l'ajout des nouvelles technologies dans notre système de soins de santé.
Comme en témoigne ce qui précède, on sait que l'Agence canadienne des médicaments et des technologies de la santé joue actuellement un rôle important au sein du système de santé, mais il reste encore beaucoup à faire. En plus de déterminer s'il est nécessaire d'avoir un formulaire national, le gouvernement à l'intention d'investir des millions de dollars dans l'Agence. Cet argent permettra à l'organisme de mieux harmoniser ses examens de la rentabilité avec les examens réglementaires de Santé Canada et d'élargir la portée de ses activités, notamment en menant des examens sur les données à toutes les étapes des activités thérapeutiques et en travaillant avec les provinces et les territoires pour élaborer un processus de détermination et de priorisation des besoins. Ces mesures contribueront à ce que la gestion, la prescription et l'utilisation des produits thérapeutiques soient plus efficaces et qu'elles se fondent sur des données probantes dans l'ensemble du système de santé du Canada.
Actuellement, Santé Canada approuve un médicament après avoir vérifié son innocuité, sa qualité et son efficacité. Les données montrent-elles que les effets du médicament correspondent à ce que prétend le fabricant? Le médicament est-il sans danger, et le fabricant respecte-t-il les normes de qualité? Dans la plupart des cas, les promoteurs d'un médicament n'entament le processus de demande en vue d'inscrire leur médicament sur les formulaires provinciaux et territoriaux, en soumettant des renseignements à l'examen de l'Agence canadienne des médicaments et des technologies de la santé, qu'après avoir reçu l'approbation de Santé Canada. Ce processus peut prendre au moins six mois, tandis que l'Agence prépare une recommandation pour les régimes publics d'assurance-médicaments quant à savoir si un médicament devrait être couvert, en partie en fonction de sa rentabilité et en partie en fonction des données cliniques et des données sur les patients.
Il faudrait harmoniser ces deux processus et veiller, dans la mesure du possible, à ce que les deux fonctionnent de concert afin que les Canadiens puissent accéder plus rapidement à de nouveaux traitements prometteurs.
Nous menons actuellement un projet pilote pour harmoniser ces deux processus. Une meilleure coordination de ces processus contribuerait à mettre au point des méthodes plus efficaces et fondées sur les données probantes en ce qui concerne la gestion, la prescription et l'utilisation des produits thérapeutiques dans l'ensemble du système de santé du Canada. De plus, nous allons...
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Madame la Présidente, je partagerai mon temps avec mon collègue d'Okanagan-Sud—Kootenay-Ouest.
Samedi dernier, j'ai assisté à l'exposition des aînés Forever Young à Cranbrook, dans ma circonscription, Kootenay—Columbia. C'était un événement extraordinaire organisé par l'Association canadienne des individus retraités de Kootenay, mieux connue sous le sigle CARP, à l'occasion de la Journée nationale des aînés. J'y ai parlé avec beaucoup d'aînés et plusieurs personnes qui défendent les intérêts des aînés. Certes, de nos jours, les aînés sont confrontés à de nombreux problèmes. CARP a dressé une liste de 10 points de discussion qu'elle aimerait voir les députés aborder à la Chambre. Je me permets d'en faire un survol rapide.
Le premier est la sécurité du revenu de retraite. Les pensions et le Supplément de revenu garanti doivent augmenter. Comme les députés l'ont entendu dans une question que j'ai posée au début de la semaine, il est essentiel que le gouvernement comprenne l'importance cruciale de verser les prestations comme le Supplément de revenu garanti chaque mois, sans interruption. Beaucoup de Canadiens n'ont pas suffisamment d'économies pour couvrir leurs dépenses au-delà de la fin du mois si un de leurs chèques n'arrive pas. Cependant, chaque fois que l'Agence du revenu du Canada décide d'examiner un cas ou d'apporter un changement à un dossier, cela interrompt les versements mensuels sur lesquels comptent les aînés, notamment pour acheter leurs médicaments sur ordonnance. En conséquence, les aînés et les autres pensionnés sont contraints de choisir entre payer le loyer, l'épicerie ou les médicaments sur ordonnance. La constance est importante, tout comme le montant du revenu que reçoivent les retraités.
Le deuxième point que mentionne CARP concerne la transformation du système de soins de santé. CARP souligne que la réduction des transferts fédéraux en matière de santé versés aux provinces exerce une pression indue sur l'ensemble du système. De plus, des cliniques privées ont entrepris des démarches judiciaires qui visent à démolir le régime universel de soins de santé auquel nous tenons tant. Tout cela préoccupe grandement les aînés.
Par ailleurs, l'amélioration des soins à domicile serait source d'économies pour les Canadiens. Selon CARP, nous devons faire de notre mieux pour que les aînés continuent de vivre chez eux, ce qui suppose de soutenir une variété d'activités comme la popote roulante et le programme Mieux chez soi de Centraide. L'amélioration des soins à domicile permettrait d'éviter l'hospitalisation de nombreux aînés, une option coûteuse, et de libérer des lits d'hôpitaux. On pourrait ainsi offrir de meilleurs services aux aînés tout en réduisant le temps d'attente et les coûts dans le système de santé.
J'ajouterais que les médicaments sur ordonnance ont aussi un effet sur le temps passé à l'hôpital. J'y reviendrai plus tard.
Toujours dans le domaine des soins à domicile, CARP souhaite que les pourvoyeurs de soins puissent bénéficier d'un meilleur appui. Un salaire minimum à 15 $, comme le prône le NPD, irait tout à fait en ce sens, puisqu'il procurerait à ces personnes un meilleur revenu.
En sixième lieu, CARP souligne qu'il faut offrir de meilleures perspectives d'emploi aux travailleurs âgés, en plus de la possibilité de se présenter aux élections, bien sûr.
Le septième point de la liste propose de rendre les villes canadiennes plus accessibles aux personnes qui se déplacent en fauteuil roulant ou avec une marchette, ce qui les rendra plus accessibles aux aînés.
La protection des investisseurs figure aussi sur la liste établie par CARP. L'association donne l'exemple d'une dame de 93 ans qui a réussi à contracter un prêt hypothécaire mais à qui la banque a refusé d'accorder une assurance-vie. C'est tout simplement inacceptable.
Le NPD a souvent dit qu'il fallait améliorer les soins de fin de vie. Nous souhaiterions qu'une stratégie nationale sur les soins palliatifs vienne se greffer aux lois actuelles sur l'aide médicale à mourir. Nous sommes donc heureux que CARP en ait fait une priorité.
Dans la même veine, CARP demande qu'une stratégie nationale sur la démence soit intégrée à une éventuelle stratégie nationale sur la santé mentale. La démence se fait de plus en plus présente au fur et à mesure que la population du Canada vieillit. Le temps est donc venu de mieux faire face à cette crise de santé publique.
J'ai sauté par-dessus l'une des grandes priorités de CARP, mais c'est parce qu'il s'agit du sujet à l'ordre du jour aujourd'hui, c'est-à-dire la mise en oeuvre d'un régime universel d'assurance médicaments.
J'aimerais prendre un instant pour les gens qui viendraient de se joindre à nous et relire la motion à l'étude. La voici:
Que, étant donné que des millions de Canadiens n'ont pas d'assurance médicaments, et que de nombreuses données, dont celles du directeur parlementaire du budget, ont clairement montré qu'un régime d'assurance médicaments universel pourrait être offert à chaque Canadien tout en économisant des milliards de dollars chaque année, la Chambre demande au gouvernement d'entreprendre, au plus tard le 1er octobre 2018, des négociations avec les provinces pour la mise en place d'un régime d'assurance médicaments universel.
Beaucoup de mes collègues du NPD ont déjà parlé des questions fondamentales: nous sommes le seul pays qui est doté d'un régime universel d'assurance-maladie, mais qui n'a pas de programme d'assurance-médicaments universel. Un tel programme nous permettrait d'épargner de l'argent. Le directeur parlementaire du budget a publié un rapport inédit, cette semaine, où il indique noir sur blanc qu'un système universel d'assurance-médicaments coûterait des milliards de dollars de moins aux Canadiens que ce qu'ils paient actuellement pour obtenir leurs médicaments sur ordonnance. Selon son estimation conservatrice, les Canadiens économiseraient 4,2 milliards de dollars par année s'ils se dotaient d'un système national d'assurance-médicaments.
En plus, je pense que le directeur parlementaire du budget n'a pas bien fait le calcul. Dans son rapport, il a omis de tenir compte d'un facteur important qui nous permettrait de réaliser encore plus d'économies. Je m'explique.
Nous savons que beaucoup de médecins prolongent l'hospitalisation de leurs patients, y compris des personnes âgées, parce que, tant que les gens sont à l'hôpital, ils peuvent obtenir gratuitement leurs médicaments sur ordonnance. Cette dépense est couverte par le régime d'assurance-maladie de leur province. Cependant, dès que le patient est renvoyé chez lui, il doit acheter lui-même ses médicaments. Les médecins savent que beaucoup de patients n'ont pas d'assurance privée qui rembourse le prix des médicaments et que même les programmes destinés à fournir des médicaments aux personnes âgées ne paient pas entièrement le prix de ces médicaments. Donc, les patients qui obtiennent leur congé de l'hôpital risquent de ne pas pouvoir prendre les médicaments dont ils ont un besoin vital. Les médecins préfèrent donc souvent les garder à l'hôpital plus longtemps que ce ne serait nécessaire, ce qui entraîne des coûts supplémentaires.
Selon l’Institut canadien d'information sur la santé, le coût annuel des soins hospitaliers au Canada se chiffre à environ 63 milliards de dollars. En moyenne, un séjour à l'hôpital coûte à peu près 6 000 $ par jour. C'est considérable, alors les économies pourraient être importantes. En plus de faire baisser le coût des soins de santé pour les contribuables, la mise en oeuvre d'un régime national d'assurance-médicaments libérerait des lits d'hôpital et réduirait le temps d'attente. On gagnerait sur tous les plans. Comme l'excellent rapport du directeur parlementaire du budget ne tient pas compte de ces économies, on peut présumer que le montant estimé à 4,2 milliards de dollars par année pourrait être encore plus élevé.
Ce rapport n'est pas le premier à faire valoir les avantages d'un régime universel d'assurance-médicaments pour le Canada. Selon moi, le directeur parlementaire du budget s'est peut-être légèrement trompé. Son rapport demeure néanmoins extrêmement important et bien préparé. Il montre qu'un régime d'assurance-médicaments entraînerait des économies considérables pour le Canada en raison du pouvoir de négociation accru qu'il lui ferait gagner. En effet, si l'acquisition de tous les médicaments au Canada était effectuée par un seul acheteur, celui-ci serait en mesure de négocier avec les sociétés pharmaceutiques pour faire baisser les prix. Dans son rapport, le directeur parlementaire du budget estime que les Canadiens pourraient négocier des rabais de 25 % par rapport aux prix payés actuellement. En fait, les économies pourraient être beaucoup plus grandes, si on en juge par la baisse de 40 % que le Québec vient tout juste de négocier.
Nous avons besoin d'un régime d'assurance-médicaments. C'est urgent. Hier, à l'édifice du Centre, j'ai rencontré des citoyens de Cranbrook et de Nelson, dans ma circonscription, dont des infirmières. L'un d'entre eux prend de multiples médicaments. Ils ont tous dit à quel point l'instauration d'un tel régime est importante pour eux.
Le Canada est présentement deuxième parmi les pays comparables pour le taux le plus élevé d'ordonnances non exécutées pour des raisons financières. Un Canadien sur cinq dit qu'un membre de sa famille ou lui néglige de faire exécuter ses ordonnances en raison des coûts. Par le passé, ma province, la Colombie-Britannique, affichait le plus haut taux de problèmes d'accès aux médicaments sur ordonnance: 29 % des citoyens, surtout des jeunes, des aînés et des pauvres, n'avaient pas les moyens de les payer. Évidemment, nous payons des prix parmi les plus élevés du monde industrialisé pour les médicaments sur ordonnance. Par conséquent, nous connaissons le problème et nous connaissons la solution. Ce n'est qu'une question de volonté politique.
L'Institut Angus Reid a récemment réalisé un sondage qui révèle que 91 % des Canadiens sont favorables à l'établissement d'un régime d'assurance-médicaments universel. L'idée a de nombreux partisans, dont Médecins canadiens pour le régime public, l'Association canadienne du diabète et la Fondation des maladies du coeur. Tous soutiennent qu'un régime national d'assurance-médicaments est important pour la santé des Canadiens.
À l'échelle nationale, des organismes hautement respectés qui oeuvrent pour l'amélioration des soins au Canada sont favorables à l'établissement d'un régime d'assurance-médicaments, tout comme les médecins et 91 % des Canadiens. Aujourd'hui, je demande à mes collègues de part et d'autre de la Chambre de se joindre à eux pour appuyer l'établissement d'un régime d'assurance-médicaments. C'est une excellente occasion pour vous de le faire.
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Madame la Présidente, je suis fier et heureux, en tant que néo-démocrate, de parler aujourd'hui de la motion portant sur la nécessité de mettre en oeuvre un régime d’assurance-médicaments et la merveilleuse occasion que cela représenterait d'assurer l'accès gratuit aux médicaments sur ordonnance à tous les Canadiens. Les Canadiens sont aussi fiers de leur système de soins de santé que je le suis, moi, de défendre cette idée. Cela nous définit en tant que Canadiens. Nous ne croyons pas que les soins de santé ne devraient être accessibles qu'à ceux qui en ont les moyens.
Quand Tommy Douglas a développé cette idée des soins de santé universels au Canada, il était prévu que le coût des médicaments nécessaires soit couvert. Malheureusement, il n'en a pas été ainsi quand le régime de soins de santé universel est entré en vigueur au Canada. Le Canada est le seul endroit parmi les pays au monde qui ont un régime de soins de santé universel où le coût des médicaments n'est pas couvert. Comment notre régime peut-il être universel s'il ne couvre pas ces mêmes médicaments qui nous redonnent la santé et, de fait, nous sauvent la vie?
On se retrouve dans des situations absurdes où, par exemple, je peux aller voir mon médecin sans frais pour une entaille au pied afin qu'il fasse des points de suture, mais où je dois ensuite payer pour obtenir les antibiotiques qu'il me prescrit. Supposons que je n'aie pas les moyens de payer pour ces médicaments, il est fort possible que je finisse par devoir aller à l'urgence, où on m'administrera gratuitement les médicaments dont j'ai besoin. Cela n'a aucun sens.
Cette pression accrue sur le système de santé entraîne des coûts supplémentaires pour tous les ordres de gouvernement. Le Centre canadien de politiques alternatives a estimé qu'environ 6 % des personnes admises dans les hôpitaux le sont parce qu'elles ont omis d'acheter et de prendre les médicaments qui leur ont été prescrits. Les coûts annuels qui découlent de cette situation atteindraient 1,63 milliard de dollars à l'échelle du pays, et on ne parle pas de la qualité de vie réduite des personnes qui pensent s'en sortir sans prendre les médicaments requis, mais qui doivent ensuite demeurer à la maison, ou même au lit, en raison de ce choix. C'est un exemple flagrant du manque d'équité du système actuel. Pourquoi les gens qui ont les moyens financiers pour se procurer des médicaments obtiennent-ils dans les faits de meilleurs soins de santé que ceux qui n'ont pas les mêmes moyens?
Au cours du débat d'aujourd'hui, j'ai entendu plusieurs députés demander où on ira chercher les 20 milliards de dollars qui seront nécessaires pour financer un programme d'assurance-médicaments au Canada et qui paiera pour les médicaments. Nous allons tous être mis à contribution, comme c'est le cas maintenant. La bonne nouvelle, c'est que si nous disposions d'un régime universel d'assurance-médicaments, nous paierions au moins 4 milliards de dollars de moins qu'à l'heure actuelle, selon le rapport publié la semaine dernière par le directeur parlementaire du budget. Il s'agit d'une estimation très prudente. Or, selon d'autres études très crédibles, les économies pourraient même s'élever à 11,5 milliards de dollars. Si un régime universel d'assurance-médicaments était mis en oeuvre au Canada, tous les gens seraient couverts et obtiendraient des médicaments gratuits, et la population paierait des milliards de dollars de moins chaque année.
Pour en revenir à la question de savoir qui paie pour le régime actuel, je réponds que ce sont les particuliers, les entreprises et le gouvernement. Les conservateurs parlent toujours des effets des charges sociales sur les petites entreprises du pays. Les prestations d'assurance-maladie complémentaire qui comprennent le remboursement de médicaments d'ordonnance font partie des charges sociales les plus élevées qui soient. C'est la raison pour laquelle les coûts que doivent assumer les entreprises canadiennes ne cessent d'augmenter.
Il est peut-être un peu hypocrite de la part des députés de dénoncer l'idée d'un régime national d'assurance-médicaments alors que leurs médicaments sont déjà payés par la population du Canada. À l'instar de bien des Canadiens qui ont un bon emploi, nous, à la Chambre des communes, avons une assurance privée payée par notre employeur, qui couvre le coût de la plupart de nos médicaments. Avant d'être élu, j'étais couvert par un régime semblable qui était offert par mon ancien employeur, mais des millions de Canadiens ne bénéficient pas d'une telle couverture.
Par ailleurs, comme de nombreux Canadiens, je prends un médicament contre le cholestérol pour réduire les risques de subir une grave crise cardiaque ou un accident vasculaire cérébral. Si je devais moi-même payer pour ce médicament, il me coûterait bien au-delà de 100 $ par année. Si j'étais encore travailleur autonome, je choisirais probablement de ne pas prendre le médicament en question, ce qui me ferait courir des risques et pourrait entraîner des coûts supplémentaires pour le système de santé. Il est intéressant de noter que les Canadiens paient extrêmement cher pour le médicament que je prends. Ailleurs dans le monde, dans les pays qui possèdent un régime d'assurance-médicaments universel et qui ont le pouvoir de négocier des prix équitables avec les sociétés pharmaceutiques, ce médicament est beaucoup moins cher.
Les Néo-zélandais paient seulement le dixième de ce que nous payons au Canada pour ce médicament pour réduire le cholestérol. La même chose est vraie pour la plupart des médicaments utilisés au Canada. Nous payons nos médicaments plus chers au Canada que dans presque tous les autres pays du monde. Nous pourrions régler le problème avec un système d’assurance-médicaments national doté d’un mécanisme central d’achat qui nous placerait dans une excellente position pour négocier avec les compagnies pharmaceutiques.
Aujourd’hui, nous avons entendu de nombreux exemples de Canadiens qui ne peuvent se permettre de payer leurs médicaments, de l’effet négatif que cela a sur eux et des coûts encourus par le système de soins de santé partout au pays.
Je donnerai juste un autre exemple. L’un des électeurs de ma circonscription est un ancien combattant. Il prend du cannabis médical pour traiter un trouble de stress post-traumatique sévère. Le ministère des Anciens Combattants assumait le coût de ce médicament, ce qui lui permettait de mener une vie relativement normale ces dernières années. Cette couverture a aidé des centaines d’autres anciens combattants partout au pays, les gardant à l’abri des dangereux opioïdes et de la consommation destructive d’alcool.
Dernièrement, le ministère des Anciens Combattants a cessé de payer la note. Cet électeur s’est trouvé dans l’obligation, comme de nombreux autres, d’endurer de nouveau les effets douloureux du trouble de stress post-traumatique. Un certain nombre d’entre eux se sont retrouvés à maintes reprises dans les salles d’urgence des hôpitaux. Le coût de ces visites, surtout si on le compare aux petites économies réalisées grâce aux compressions, est astronomique.
Le rapport du directeur parlementaire du budget est clair. Notre système actuel, qui sépare le coût des médicaments sur ordonnance des autres coûts de soins de santé, n’a aucun sens. Il n’a aucun sens si la question est de garder les Canadiens en santé et n’a aucun sens si l’on songe à la quantité d’argent que nous consacrons à nos soins de santé. Un système d’assurance-médicaments universel est une politique économique solide.
Si les députés ne croient pas le directeur parlementaire du budget, ils peuvent écouter ce qu’a à dire la Fondation des maladies du cœur et de l’AVC du Canada:
Il est grand temps que le Canada comble les lacunes de son système de santé en fournissant à tous des soins de santé réellement universels. La Fondation des maladies du cœur s’attache profondément aux valeurs de l’universalité, de l’équité et de l’égalité du système de santé. Toutes les personnes qui vivent au Canada devraient avoir un accès équitable et rapide aux médicaments qui leur sont prescrits selon les meilleurs résultats de santé possible plutôt que selon leur capacité de les payer.
L’Association canadienne du diabète est d'avis qu'un « accès universel aux médicaments requis est essentiel à la santé de tous les Canadiens et à l'établissement d'un système de soins de santé durable au Canada. »
Un système universel d’assurance-médicaments permettra aux Canadiens d’économiser des milliards de dollars. Tous les députés devraient être heureux d’entendre cela. Un tel système permettra aux particuliers d’épargner de l’argent et aux propriétaires d’entreprise de réaliser des économies substantielles partout au pays. Il soulagera aussi notre système de soins de santé, permettant également d’économiser des milliards de dollars. Nous serions tous en meilleure santé.
La motion demande simplement au gouvernement d’entreprendre des pourparlers avec les provinces sur la façon de structurer un régime universel d’assurance-médicaments au Canada. Elle donne une année complète au gouvernement pour organiser ces pourparlers.
Sauf que le gouvernement dit que ce n’est pas le bon moment. Nous connaissons tous le proverbe qui dit que le meilleur moment pour planter un arbre, c’était il y a 50 ans, et que le deuxième meilleur moment, c'est maintenant. Nous aurions dû inclure l’assurance-médicaments dans notre système de soins de santé il y a 50 ans, mais nous pouvons poser ce geste audacieux dès maintenant.
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Madame la Présidente, je vais partager mon temps avec le député de .
Je vous remercie de me donner la possibilité de parler de la motion du député de sur le programme national d’assurance-médicaments.
Pour moi, c’est très simple. N’importe quel Canadien qui a besoin d’un traitement devrait pouvoir rencontrer son médecin de famille ou l’équivalent, recevoir une ordonnance, si cela est nécessaire, se rendre à la pharmacie du coin et obtenir les médicaments prescrits sans frais, ou à un coût très faible.
Aujourd’hui, environ 10 % des Canadiens n’ont pas les moyens de se procurer le médicament qui leur est prescrit. En outre, un Canadien sur quatre dit ne pas pouvoir acheter soit un médicament, soit tous les médicaments qui lui sont prescrits. Le plus souvent, ce sont les populations les plus défavorisées — tout particulièrement les gens qui ont des emplois mal payés, la plupart du temps sans avantages sociaux — qui sont aux prises avec ce problème. Ces gens occupent souvent des emplois temporaires, entrecoupés de périodes de chômage.
Les Canadiens ne voudraient pas, je crois, qu’une mère de deux enfants, temporairement en chômage, ne puisse acheter les médicaments de base dont elle a besoin parce qu’elle n’en a pas les moyens. Pourtant, c’est ce qui arrive aujourd’hui au Canada. De plus en plus, même les personnes qui ont un emploi à temps plein éprouvent des difficultés à payer les médicaments prescrits, car les employeurs réduisent la couverture offerte, augmentant ainsi le fardeau financier des gens.
De nouveaux traitements pour des maladies rares apparaissent sur le marché, mais ils coûtent très cher. Un de nos concitoyens les plus célèbres, Paul Henderson, celui qui a marqué le but gagnant dans la série de 1972 contre la Russie, a reçu, plus tard dans sa vie, un diagnostic de leucémie lymphoïde chronique. Je crois savoir que le coût des médicaments d’importance vitale pour cette maladie s’élève à plus de 50 000 $ par année, et qu'il pourrait en avoir besoin pour le restant de ses jours. Qui d’entre nous pourrait s’offrir un tel traitement sans que tous participent au coût? Nous et les membres de nos familles courons tous le risque de ne pas pouvoir nous payer des médicaments essentiels par manque de moyens financiers. Nous devons donc travailler ensemble, mettre le risque en commun et nous appuyer les uns les autres, comme nous l’avons fait pour d’autres services de santé importants.
Notre gouvernement s’emploie déjà à rendre les médicaments sur ordonnance plus abordables et plus accessibles. Nous nous appliquons actuellement à réduire le prix des médicaments, ce qui aidera à améliorer l’accès aux produits nécessaires. Nous avons adhéré, comme les provinces et les territoires, à l’Alliance pancanadienne pharmaceutique, qui négocie une baisse des prix pour les programmes publics d’assurance-médicaments. Nous en faisons partie depuis un an et demi, et nous avons pu utiliser le pouvoir d’achat en vrac que nous procure cette plateforme pour négocier 60 accords qui permettent déjà aux Canadiens d’économiser de l’argent. Nous poursuivons d’autres façons notre collaboration avec les provinces et les territoires afin de rendre les médicaments plus abordables et plus accessibles pour les Canadiens.
Par la voie du Conseil d’examen du prix des médicaments brevetés, le gouvernement du Canada réglemente les prix maximaux autorisés pour ces médicaments. Le Conseil vient de terminer la première étape d’une consultation auprès des Canadiens sur les changements à apporter à ses lignes directrices qui permettraient de mieux protéger les consommateurs contre les prix excessifs des médicaments brevetés.
Beaucoup a déjà été accompli afin de rendre les produits pharmaceutiques plus abordables pour les Canadiens, mais il faut faire plus encore. Je ne crois pas que des prix plus bas rendraient les médicaments vraiment plus abordables pour une mère de famille monoparentale de deux enfants qui est temporairement sans emploi. Le problème tient à ce qu’en dehors de l’hôpital, les médicaments d’ordonnance ne sont pas couverts par la Loi canadienne sur la santé.
Nous, les Canadiens, sommes fiers de notre régime national de soins de santé. Aujourd’hui, notre programme national couvre les soins prodigués par les médecins, la plupart des services de diagnostic, les séjours à l’hôpital et les médicaments sur ordonnance des gens hospitalisés. Toutefois, il ne couvre pas les frais d’achat de médicaments sur ordonnance, qui se sont élevés à 28,5 milliards de dollars 2015.
Le Comité permanent de la santé, dont je suis membre, a commencé en 2016 une étude sur l’élaboration d’un programme national d’assurance-médicaments. Nous avons entendu des dizaines de témoins, y compris des responsables d’organismes de défense des droits des patients. Nous avons reçu également des experts dans les domaines de la médecine, des politiques sociales, du droit constitutionnel et de la fabrication des médicaments, ainsi que des pharmaciens et des représentants du secteur des assurances.
En septembre 2016, le Comité permanent de la santé de la Chambre des communes a demandé au directeur parlementaire du budget d’évaluer le coût d’un programme national d’assurance-médicaments. Le Comité avait fourni les grandes lignes du programme. Nous y avions inclus une liste des médicaments qui devaient être couverts par l’assurance, basée sur la liste du Québec; les critères d’admissibilité; les niveaux de partage des paiements; et les critères d’admissibilité pour les exemptions de partage de paiement.
Le comité a reçu le rapport, qui est public, le 28 septembre dernier, soit il y a une semaine. Le directeur parlementaire du budget y évalue ce qu’il en coûterait au gouvernement fédéral de mettre en oeuvre le programme d’assurance-médicaments envisagé. Il tient compte d’économies possibles résultant d’une position plus forte dans les négociations des prix des médicaments, de la consommation qui serait faite des médicaments ou de la réaction des gens à la prestation d’une couverture universelle ainsi que des changements qui pourraient survenir dans la composition du marché des médicaments.
Après avoir pris en compte les prix et les changements dans la consommation des médicaments, le directeur parlementaire du budget évalue que le coût total d’un programme national d’assurance-médicaments se serait élevé à 20,4 milliards de dollars si le programme avait été mis en oeuvre au cours de l’exercice 2015-2016. Il y aurait donc eu une économie d’environ 4,2 milliards de dollars par rapport aux dépenses réelles, ce qui, selon moi, est une estimation prudente.
En 2015-2016, les régimes d’assurance publics ont versé 13,1 milliards de dollars pour des médicaments, alors que les régimes privés, fournis pour la plupart par des employeurs privés, ont versé 10,7 milliards de dollars. Avec un programme national d’assurance-médicaments, ces deux mécanismes d’assurance fourniraient une couverture à toute la population du Canada et permettraient de faire économiser les employeurs. C’est un scénario gagnant sur tous les fronts.
Je pense comme mon collègue du NPD que le Canada a besoin d’un programme national d’assurance-médicaments. En qualité de société soucieuse du bien des autres, nous sommes tous désireux, je crois, de veiller à ce que personne ne soit privé de médicaments sur ordonnance essentiels. Pourquoi, alors, ne pas agir immédiatement et adopter un programme national d’assurance-médicaments, comme cela est proposé dans la motion?
Comme je l’ai indiqué précédemment, le Comité permanent de la santé a entendu beaucoup de témoins à ce sujet. On nous a dit que l'abordabilité n’est pas la seule difficulté. D’autres complexités doivent aussi être prises en considération. Devrait-il y avoir une liste des médicaments assurés? Cette liste devrait-elle être établie à l’échelle nationale ou encore par chaque province ou territoire? Comment faire en sorte que la recherche-développement se poursuive au Canada et que l’on accorde des droits de brevet, tout en garantissant un accès universel aux médicaments génériques pour que le programme soit abordable? Devrions-nous envisager un régime à payeur unique ou plutôt appliquer un système structuré autour de multiples assureurs privés? Comment notre modèle de fédéralisme s’appliquera-t-il?
Cette question ne manque pas de complexité. Par exemple, le Royaume-Uni a fondé le National Institute for Health and Care Excellence — un centre pour la santé et l’excellence des soins de santé — qui vise à améliorer les résultats pour les usagers du système de santé national et d’autres services de santé publique et de soins sociaux. On y prodigue des conseils fondés sur des données probantes et des conseils en matière de santé, de santé publique et de prestation de services sociaux. Mieux encore, on y dispense des conseils sur l’utilisation des médicaments, les procédures et les traitements — nouveaux ou non — dans le système national de santé. Si nous établissons un régime d’assurance-médicaments, nous aurons besoin d’un organe scientifique qui se fonde sur des données probantes pour donner des conseils au sujet des médicaments qui devraient être compris dans le régime d’assurance.
Le Comité permanent de la santé en est aux dernières étapes de son étude du régime national d’assurance-médicaments universel. Nous formulons des recommandations au sujet de toutes ces complexités et à propos du modèle de coût. Le Comité a demandé au directeur parlementaire du budget de préparer un rapport à partir de certains critères pour orienter le Comité dans son évaluation des possibilités en matière de politiques. Nous sommes en train d’envisager certaines possibilités.
Nous n’avons même pas eu l’occasion de rencontrer le directeur parlementaire du budget, d’examiner son travail et de lui poser des questions au sujet des hypothèses et des procédures qu’il a utilisées pour produire son rapport. Nous n’avons pas fini de travailler sur ce rapport au Comité. Je crois sincèrement qu’il est bien trop tôt pour que le Parlement demande au gouvernement d’agir, alors que le Comité n’a même pas encore rédigé — et encore moins déposé — son rapport. Je suis navré qu’un membre estimé du comité permanent se précipite à la Chambre pour déposer une motion demandant au Parlement de donner une directive au gouvernement en amont du rapport de son propre comité. En conséquence, je dis au député de , membre du Comité, que nous devrions laisser le Comité terminer son travail.
De plus, je crois que nous avons besoin d’un leadership fédéral fort pour favoriser ce changement. Il faut d’abord modifier la Loi canadienne sur la santé, et non simplement entreprendre des discussions avec les provinces et les territoires, comme le suggère cette motion. Nous avons besoin de leadership de la part du fédéral sur cette question.
C’est pourquoi je me prononcerai contre la motion, mais je tiens à être très clair sur cette question pour le bénéfice des habitants d’Oakville, de mes collègues à la Chambre et de tous les Canadiens qui défendent la mise en place d’un régime d' assurance-médicaments national. J’appuie entièrement cette initiative. Si je suis entré en politique, c’est notamment pour faire tout mon possible pour que tous les Canadiens aient accès de droit à des médicaments délivrés sur ordonnance.
Comme je l’ai dit plus tôt, nous tous et nos familles courons le risque de ne pas pouvoir accéder à des médicaments essentiels, faute d’en avoir les moyens. Nous devons travailler de concert, mutualiser les risques et nous soutenir les uns les autres, comme nous l’avons fait pour d’autres services de santé importants.
Je suis favorable à un régime national d'assurance-médicaments, mais il doit être mis en oeuvre convenablement et de manière réfléchie pour garantir que les Canadiens bénéficient des soins excellents qu’ils méritent.
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Madame la Présidente, il y aurait tant à dire sur la question de l’assurance-médicaments et sur l’importance d'un tel régime dans l’ensemble du secteur de la santé. Au fil des ans, j’ai souvent eu l’occasion d’aborder ce sujet, toujours avec le même enthousiasme. La question dont nous sommes saisis aujourd’hui n’est pas aussi simple que le NPD veut bien le faire croire.
Le gouvernement a eu une attitude très progressiste dans le dossier des soins de santé. Voilà peut-être une bonne façon de commencer mon intervention. Durant toutes ces années où je siégeais dans l’opposition, je n’ai eu de cesse de talonner le gouvernement — et je n’étais pas le seul à le faire — pour qu’il négocie un nouvel accord sur les soins de santé. Je revois encore les ministres de Stephen Harper affirmer qu’ils avaient augmenté les transferts en santé, que ceux-ci atteignaient des sommets jamais égalés et patati et patata. En réalité, les transferts avaient été augmentés en vertu d’un accord conclu par Paul Martin.
Les gouvernements libéraux précédents et l’actuel gouvernement comprennent à quel point les soins de santé sont importants pour tous les Canadiens, peu importe dans quelle région, quelle province ou quel territoire ils vivent. C’est également une priorité pour notre gouvernement. En fait, en un an et demi à peine, notre a réussi à discuter avec chaque province et territoire dans le but de mettre en place un nouvel accord sur les soins de santé.
Quand nous parlons de soins de santé, nous parlons forcément d’assurance-médicaments. Nous devrions également aborder d’autres questions comme les services de soins à domicile et les soins palliatifs. Le dossier des soins de santé englobe une myriade d’enjeux qui revêtent une importance cruciale pour tous les Canadiens.
J’ai été un peu déçu par l’une des questions posées à ma collègue de . Que ce soit ma collègue de Brampton ou mon collègue d’, ou d’autres membres du Comité permanent de la santé, tous ont reconnu le rôle important de l’assurance-médicaments et ils connaissent les attentes des Canadiens. Ils faisaient partie du Comité. Lorsque le comité directeur leur a demandé quel sujet ils souhaitaient aborder dans le cadre des travaux du Comité, ces deux députés ont répondu vouloir discuter de l’assurance-médicaments, comme l’ont fait de leurs collègues des autres partis. Ils connaissent et comprennent l’importance de cet enjeu. Il est évident que le Comité permanent de la santé se devait d’étudier cette question.
J'étais très fier du comité permanent, qui a reconnu la nécessité de travailler pour faire avancer ce dossier. J'applaudis aux efforts que nos membres ont déployés à ce jour. L'étude n'est pas encore terminée. Le comité a tenu de nombreuses réunions et a entendu de nombreux intervenants et témoins se prononcer sur les avantages et les désavantages d'un régime universel d'assurance-médicaments, et sur plusieurs autres problèmes. Je sais qu'il y a de nombreux problèmes parce que j'ai été porte-parole en matière de soins de santé au Manitoba.
De sérieux enjeux et problèmes se posent dans le secteur des soins de santé, et la question de l'assurance-médicaments revient continuellement sur le tapis. On aimerait croire qu'une personne qui quitte un hôpital de soins tertiaires, un établissement communautaire ou un établissement d'accès serait en mesure de prendre les médicaments nécessaires. Mes préoccupations reflètent celles des gens que je représente et je sais très bien ce que les Canadiens attendent de leur gouvernement. Voilà pourquoi j’applaudis les efforts du comité permanent.
C'est le comité permanent qui a demandé au directeur parlementaire du budget de se pencher sur la question et de faire rapport au comité. D'ailleurs, le rapport vient d’être rendu public. Le comité permanent voulait faire réaliser cette étude, mais un de ses membres voudrait maintenant nous faire croire que c'était une idée du NPD.
Le NPD n'est absolument pas à l'origine de cette initiative. J’aimerais que ce soit le cas, car les propositions sont très peu nombreuses, mais ce n'est pas une idée du NPD. Les Canadiens sont à l’origine de cette étude. C'est leur intérêt pour ce sujet qui a finalement incité le Comité permanent de la santé à se pencher sur la question. C'est le comité qui a demandé au directeur parlementaire du budget de mener une étude et de lui faire rapport. Le comité n'a même pas encore pris connaissance du rapport. Je crois qu’il le fera dans les prochains jours, peut-être dans une semaine, lorsqu’il obtiendra copie du rapport. Celui ci renferme des informations absolument cruciales qui doivent être communiquées, discutées et débattues par le comité avant que celui-ci ne puisse à son tour faire rapport à la Chambre.
Je suis très conscient de l'importance de l’enjeu. Vous n’avez pas idée du nombre de fois où j'ai parlé aux gens de ma circonscription, en particulier les aînés de ma collectivité. Il est très souvent question du coût des médicaments. Il faut toutefois comprendre que le gouvernement fédéral ne peut pas dicter sa ligne de conduite aux provinces et aux autres intervenants.
Il y a plusieurs décennies, un gouvernement libéral a promulgué la Loi canadienne sur la santé. Si les députés demandent aujourd'hui aux Canadiens ce que représente cette loi, ces derniers leur diront qu'elle fait partie de notre patrimoine, de l'identité canadienne. Nous avons confiance en notre système de soins de santé. Celui-ci n’est toutefois pas l’œuvre de seulement quelques personnes. Il est le fruit d’un consensus au sein du public et des parlementaires à différents niveaux. Sa concrétisation n’est pas seulement attribuable au gouvernement fédéral.
Le gouvernement est conscient de l’enjeu, c'est pourquoi les membres du comité constateront que les ministériels soutiennent fortement l’avancement de ce dossier. Les néo-démocrates n’ont rien à nous rappeler ou à nous apprendre. Nous consultons les gens que nous représentons et nous comprenons ce qui est important. Cependant, nous avons également une responsabilité.
Je suis impatient de connaître la position du comité permanent et de prendre connaissance de son rapport. Finalement, il devra y avoir des négociations du côté des provinces. Dans les années à venir, des pourparlers très délicats devront avoir lieu sur la façon de s'attaquer au coût des produits pharmaceutiques.
En 1988, lorsque j'ai été élu pour la première fois, je crois que les dépenses en matière de santé étaient d'environ 1,5 milliard de dollars. Si je me souviens bien, c'était à peu près le montant. Aujourd'hui, les dépenses en santé dépassent largement les 6 milliards de dollars. Certains députés d'en face trouvent peut-être cela amusant, mais ces dépenses engloutissent plus de 40 % du budget des provinces.
Avant que les députés de l'opposition, particulièrement les néo-démocrates, se précipitent pour réclamer un programme national d'assurance-médicaments, ils devraient comprendre comment un tel programme serait financé, à moins, bien sûr, que les députés de ce parti qui avait promis de n'accumuler aucun déficit proposent que le gouvernement fédéral le finance entièrement. Toutefois, les députés de ce parti qui avait juré de ne pas enregistrer de dettes, ne semblent pas comprendre le principe du financement.
Nous avons la responsabilité de collaborer avec les provinces. Au cours des 20 ans que j'ai passés à l'Assemblée législative du Manitoba, en grande partie sous un gouvernement néo-démocrate, je ne me souviens pas d'une seule fois où des efforts ont été faits pour régler ce problème.
Maintenant, moins de 18 mois après être arrivé au pouvoir, le gouvernement propose la création de l'Alliance pancanadienne pharmaceutique, une formidable initiative de la ministre de la Santé, dans le but de négocier de meilleurs prix pour les médicaments couverts par les régimes publics d’assurance-médicaments. La ministre de la Santé collabore avec les provinces et les intervenants pour trouver une meilleure façon de maintenir les coûts des régimes d’assurance-médicaments le plus bas possible.
Bon nombre de députés comprennent l'importance de ce que les électeurs leur disent. Pour sa part, le gouvernement actuel prend des mesures dans l'important dossier des soins de santé, comme en font foi la mesure que je viens de mentionner et la volonté de renouveler l'accord sur les soins de santé...
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Madame la Présidente, je suis heureux de parler de cette motion très opportune au sujet de l'assurance-médicaments. Pour les gens qui nous écoutent et qui n'ont pas encore entendu la motion, cela vaut la peine de la relire. Elle se lit comme suit:
Que, étant donné que des millions de Canadiens n'ont pas d'assurance médicaments, et que de nombreuses données, dont celles du directeur parlementaire du budget, ont clairement montré qu'un régime d'assurance médicaments universel pourrait être offert à chaque Canadien tout en économisant des milliards de dollars chaque année, la Chambre demande au gouvernement d'entreprendre, au plus tard le 1er octobre 2018, des négociations avec les provinces pour la mise en place d'un régime d’assurance médicaments universel.
Ce genre d'initiatives sensées sont la raison pour laquelle je suis entré en politique. Elles ont comme but d'aider les simples citoyens avec leurs difficultés quotidiennes en matière d'abordabilité. De plus, il s'agit d'une bonne politique publique parce qu'elle procurera de l'aide à ceux qui en ont besoin, et ce, d'une manière plus efficace. Il s'agit d'une bonne politique publique parce qu'elle permettra de réaliser des économies.
Je partagerai mon temps avec la députée d', qui aura beaucoup à ajouter sur ce sujet, j'en suis certain.
Voilà exactement le genre d'initiative d'intérêt public que le gouvernement devrait chercher à prendre, peu importe sa position idéologique. Personne ne devrait s'opposer, pour des raisons idéologiques, à aider les gens à obtenir ce dont ils ont besoin pour vivre en santé. J'estime que, sur le plan idéologique, personne ne voit d'inconvénient à fournir une telle aide à moindre coût.
Le rapport du directeur parlementaire du budget est le plus récent d'une série de rapports publiés au fil des ans. Je connais mieux ceux qui ont été publiés au cours des trois dernières années, mais les rapports sur l'assurance-médicaments remontent à plusieurs décennies.
Les libéraux prétendent qu'il s'agit d'une nouvelle question et qu'ils doivent savoir ce que le rapport du comité parlementaire contient avant de pouvoir adopter la motion. La motion demande seulement au gouvernement d'amorcer un dialogue avec les provinces. Elle ne préjuge et n'exclut aucune mesure relative aux recommandations énoncées dans le rapport. Elle signalerait simplement que le gouvernement s'engage à prendre des mesures concrètes dans le dossier de l'assurance-médicaments au lieu de se contenter d'en parler à la Chambre. Je ne comprends mal comment les libéraux peuvent présenter un tel argument à la Chambre sans ressentir le besoin de faire un examen de conscience.
Nous avons besoin d'un régime d'assurance-médicaments depuis longtemps. J'invite les députés libéraux à venir dans ma circonscription afin de rencontrer des aînés et des jeunes qui ont besoin de médicaments pour vaquer à leurs occupations quotidiennes et qui ont de la difficulté à se les payer. Ils pourront alors leur dire en personne qu'il est trop tôt pour mettre en place un régime national d'assurance-médicaments et pour entamer un dialogue avec les provinces sur le mode de financement et les détails de ce régime. Ce sont des aspects importants à considérer, mais, ce qu'il faut retenir, c'est que, quel que soit le gouvernement qui paie, ce sont toujours les mêmes contribuables qui financent le régime. Ce sont les contribuables canadiens qui paient. Ce régime serait financé par les gens qui ont besoin de s'acheter ces médicaments.
Selon le directeur parlementaire du budget, les Canadiens paient actuellement environ 24 milliards de dollars par année pour des médicaments sur ordonnance. Si on mettait en place un régime financé par un autre ordre de gouvernement de manière à assurer une gestion plus efficace, les Canadiens paieraient plutôt 20 milliards de dollars. Pour ceux qui ne sont pas doués en calcul, cela permettrait aux Canadiens de payer 4 milliards de dollars de moins par année pour leurs médicaments sur ordonnance. Je suis stupéfait que la motion ne soit pas appuyée par toute la Chambre, en particulier par un gouvernement qui se dit progressiste et qui prétend vouloir aider la population et la classe moyenne.
J'aimerais donner un exemple particulier, celui d'une jeune femme de ma circonscription prénommée Kerri, qui participe à la campagne Faces of Pharmacare. J'encourage les gens qui nous écoutent à la maison et les députés à aller voir la page Web de Faces of Pharmacare en cherchant avec Google. On y trouve les histoires de Canadiens qui ont de la difficulté à payer leurs médicaments et réclament un régime national d'assurance-médicaments. Kerri dit:
Les quatre médicaments contre l'asthme que je prends me gardent en assez bonne santé. On m'a aussi diagnostiqué un grave TDAH au début de la vingtaine, et les médicaments pour ce trouble m'ont beaucoup aidé dans la vie. Mes médicaments pour le TDAH ne sont pas entièrement couverts [par le régime d'assurance-médicaments du Manitoba], mais, avec l'aide d'autres programmes, je peux couvrir la totalité du coût du médicament de marque que le médecin m'a prescrit... Cette adaptation me permet de me sentir et de fonctionner au meilleur de mes capacités, que ce soit comme employée ou comme travailleuse autonome. Sans le régime d'assurance-médicaments du Manitoba, le coût de mes médicaments sur ordonnance représenterait 24 % de mon revenu — soit près du quart d'un revenu qu'une personne tout à fait « en santé » n'aurait pas à payer!
Un régime d'assurance-médicaments national offrirait un meilleur soutien à Kerri et aux autres personnes qui ont de la difficulté à payer les médicaments dont elles ont besoin pour, comme elle le dit si bien, participer au marché du travail. Nous parlons de réduire le prix affiché des médicaments, mais nous assumons d'autres pertes sur le plan économique associées à la productivité. Ces frais ne sont pas évalués dans le rapport du directeur parlementaire du budget, mais ils sont bien présents lorsque des gens sont incapables de payer les médicaments sur ordonnance qui leur permettent de maintenir leurs activités.
J'ai aussi parlé à beaucoup de personnes âgées dans Elmwood—Transcona. Il est évident que les aînés à revenu fixe, qui ne touchent qu'une pension du Régime de pensions du Canada et qui comptent sur le Supplément de revenu garanti, n'ont pas les moyens de s'acheter des médicaments sur ordonnance. Grâce à un régime d'assurance-médicaments national, ces médicaments deviendraient abordables pour eux. De plus, les personnes qui ont un revenu insuffisant verraient l'une de leurs nombreuses inquiétudes disparaître. Elles sont préoccupées par les questions de logement. Elles se demandent comment payer l'épicerie. Nous pouvons les aider, d'une façon concrète et logique, en mettant en place un régime national. Ainsi, en coordonnant les achats différemment, le montant que nous dépensons déjà pour les médicaments diminuerait, ce qui nous laisserait plus d'argent pour d'autres choses.
Étant donné que bon nombre des personnes qui seraient avantagées par le programme d’assurance-médicaments n'ont pas des revenus très élevés, cette initiative leur permettrait de garder plus d'argent dans leurs poches, soit grâce à un remboursement de la part du gouvernement fédéral, des gouvernements provinciaux ou des administrations municipales, soit grâce au prix plus bas de certains autres médicaments à la pharmacie. En tout cas, cet argent reviendrait aux Canadiens. En effet, nous avons cru comprendre qu'un tel programme permettrait aux Canadiens d'avoir à leur disposition au moins 4 milliards de dollars supplémentaire par année, et certaines études fixent même cette somme à 7 ou 11 milliards de dollars par année. Lorsque les Canadiens à faible revenu ont plus d'argent en poche, ils dépensent cet argent dans leur collectivité. Ils ne le placent pas quelque part dans un paradis fiscal. Il ne s'agit pas d'argent que l'on ne pourrait pas percevoir parce qu'un PDG tire avantage d'une des échappatoires fiscales liées aux options d'achat d'actions. C'est de l'argent dont disposeraient les Canadiens, et qu'ils dépenseraient dans les épiceries locales, de l'argent qui serait réinvesti dans les services de transport en commun de la municipalité où ils habitent. Il y a des gens au Canada qui ont du mal à se procurer ces biens et services, et ce sont eux qui seraient avantagés par un programme national d'assurance-médicaments.
Quels arguments les députés de l'autre côté ont-ils avancés pour s'y opposer? Selon ce que je comprends, le gouvernement convient que le prix des médicaments sur ordonnance est un problème pour les gens. Il ne semble pas le nier, quoique quelqu'un a laissé entendre que le rapport du directeur parlementaire du budget ne fait peut-être pas autorité ou qu'il faut que les libéraux l'examinent de plus près avant de déclarer qu'il est bien fait. Peut-être que le directeur parlementaire du budget s'est trompé de 4 milliards de dollars dans ses calculs et que, en réalité, les économies nettes sont nulles. Je l'ignore. Les députés libéraux d'arrière-ban veulent refaire le travail du directeur parlementaire du budget. Je ne sais pas de quelles ressources leurs bureaux disposent, mais, pour ma part, je suis prêt à me ranger à l'avis du directeur parlementaire du budget.
Les libéraux sont d'avis que c'est prématuré. Pourtant, c'est quelque chose que le Parti libéral réclamait en 1993 et que le NPD réclame depuis bien plus longtemps, de même que les Canadiens qui peinent à payer leurs médicaments sur ordonnance. Il est tout à fait faux d'affirmer que la mise en oeuvre d'un régime d'assurance-médicaments serait prématurée, qu'elle ait lieu aujourd'hui, demain ou dans un an. Nous aurions y voir il y a très longtemps.
Le néo-démocrates veulent que le gouvernement appuie la motion à l'étude. C'est pourquoi la motion demande simplement que le gouvernement fédéral convoque les provinces à une réunion d'ici un an, ce qui donnerait amplement le temps de préparer cette réunion et d'étudier tous les détails.
Les libéraux ont raison. Il y a des détails à régler dans ce dossier, mais il y en a aussi dans celui de la légalisation de la marijuana. Voilà un dossier compliqué, qui touche aux engagements que le Canada a pris aux termes des traités internationaux dont il est signataire. Il devra mener des discussions avec les provinces, puis déterminer le taux de taxation, les modalités de la distribution des recettes et l'âge minimal permis dans chaque province. Aux détracteurs qui leur disaient que ce dossier était trop compliqué et qu'on allait trop vite, les libéraux ont répondu que c'était une question de volonté politique et qu'ils allaient réaliser ce projet.
Il est aujourd'hui question d'un problème qui se pose depuis des dizaines d'années et qui nuit aux aînés et aux autres personnes n'ayant pas les moyens de payer leurs médicaments sur ordonnance. Je ne comprends donc pas pourquoi les libéraux n'ont pas la volonté politique de lancer les démarches le plus rapidement possible. Ils devraient inviter les provinces à la table de négociation et faire ce qui s'impose. C'est ce qu'ils font dans d'autres dossiers. C'est donc ce qu'ils devraient faire aussi dans celui-ci.
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Madame la Présidente, je suis fière de prendre la parole aujourd'hui pour appuyer la motion du NPD, qui demande au gouvernement d'organiser une rencontre pour discuter de la mise en oeuvre d'un régime d'assurance-médicaments universel. Les néo-démocrates militent en faveur d'un tel régime depuis que Tommy Douglas a proposé et mis en oeuvre le régime de santé public du Canada.
La vision remarquable qui guidait Tommy Douglas guide toujours les néo-démocrates aujourd'hui. Nous envisageons, comme lui, un système social accessible à tous. Nous avons la ferme conviction que, comme nous vivons ensemble sur la même planète, notre véritable caractère se révèle dans notre façon de prendre soin des moins fortunés — dans notre façon de prendre soin les uns des autres, et non de nous-mêmes. Nous croyons aussi que les gens devraient toujours recevoir les soins de santé dont ils ont besoin, peu importe leur capacité de payer.
Tommy Douglas n'a jamais eu l'intention de laisser un tel vide dans l'assurance-maladie des Canadiens. Son intention a toujours été d'intégrer les médicaments d'ordonnance et d'autres services, en plus des services offerts par les médecins et les hôpitaux, à un régime d'assurance public qui offrirait une couverture complète.
Le Canada est le seul pays développé au monde dont le régime universel de soins de santé ne comprend pas d’assurance-médicaments universelle. En conséquence, notre système à payeurs multiples fait de notre pays celui où les médicaments d’ordonnance coûtent le plus cher après les États-Unis. Ce système disparate est inefficace et coûteux. Il entraîne des variations énormes par rapport à l’accès à l’assurance-médicaments et à la couverture offerte. Bien des gens paient un montant différent pour le même médicament.
Les gens ne tirent aucun profit du système actuel. Qui en profite donc? Les compagnies pharmaceutiques et les compagnies d’assurances privées qui, chaque année, font des milliards de dollars de profit. Les députés savent-ils qu’en 2016, Merck Canada a fait un profit de 35,2 milliards de dollars et Bristol-Myers Squibb, de 19,2 milliards? Que dire de Purdue Pharma qui a engrangé 31 milliards de dollars? C’est d’ailleurs Purdue qui commercialise l’OxyContin et d’autres produits prescrits pour le traitement de la douleur; la compagnie a été trouvée coupable d’avoir induit les médecins en erreur sur l’innocuité et l’efficacité de ce médicament. Comme nous le savons tous bien, le Canada fait face à une crise de santé publique alors qu’au moins 2 400 Canadiens ont succombé à une surdose d’opioïde en 2016.
Que dire par ailleurs des grandes compagnies d’assurances? Les députés savent-ils que les trois plus grandes compagnies au Canada ont ensemble engrangé des profits nets de plus de 8 milliards de dollars en 2016?
Les compagnies pharmaceutiques peuvent exiger des prix plus élevés pour les médicaments parce qu'elles vendent à de très nombreux acheteurs. Les compagnies d'assurance privées en profitent en faisant payer aux employeurs, aux syndicats et aux employés des frais pour l'administration des régimes d'assurance-médicaments privés.
Comment se peut-il qu'au Canada, une société puisse réaliser des profits de 35 milliards de dollars, mais que des aînés habitant dans ma circonscription ne soient pas en mesure de chauffer leur maison et d'acheter les médicaments dont ils ont besoin?
Les aînés représentent l'un des segments de la population qui croît le plus rapidement au Canada à l'heure actuelle. On s'attend à ce que le nombre de personnes âgées au Canada atteigne 9,8 millions en 2036, et un grand nombre de citoyens prendront leur retraite au cours des prochaines années. Par conséquent, il nous faudra avoir en place un filet de sécurité sociale qui empêchera une augmentation draconienne de la pauvreté. Un régime universel d'assurance-médicaments sera d'une grande aide pour les aînés et coûtera moins cher au système de soins de santé.
J'aimerais parler aujourd'hui de ce que je constate dans mon bureau de circonscription. Il y a des gens qui viennent à mon bureau et qui ont désespérément besoin d'aide. De nombreux aînés, mais aussi des gens de tous âges, disent à mes employés qu'ils n'ont pas les moyens d'acheter les médicaments dont ils ont besoin. Des couples vont souvent se partager une ordonnance, ou alors ils ne prennent pas leur médicament afin de pouvoir s'acheter une nouvelle paire de lunettes pour voir convenablement.
Une femme prestataire du Programme ontarien de soutien aux personnes handicapées est venue au bureau la semaine dernière. Elle ne peut pas travailler en raison de graves problèmes de santé mentale. Elle a besoin de ses médicaments pour fonctionner. Toutefois, ses médicaments ne sont pas tous couverts par le Programme, et certains ne le sont que partiellement. Souvent, elle doit choisir entre régler ses factures de services publics, faire l'épicerie ou payer ses médicaments. Elle est venue à mon bureau parce qu'après avoir choisi de payer ses médicaments un certain mois, elle a perdu sa ligne téléphonique pour défaut de paiement.
Or, cette femme s'appuie sur les services d'écoute téléphonique pour urgences en santé mentale de la région. Les conseillers lui fournissent le soutien dont elle a besoin pour gérer sa maladie. Sans téléphone, elle était dévastée. Elle a dit à mon personnel qu'elle utilise fréquemment son budget d'épicerie pour régler ses factures de services publics ou payer ses médicaments. C'est tout simplement inacceptable. Pourtant, nous voyons de tels cas tous les jours dans nos bureaux de circonscription.
Plus tôt cette semaine, quand la Chambre a débattu d'équité fiscale, j'ai tâché de montrer à quel point l'inégalité des revenus peut être inéquitable. Je me permets donc de répéter certaines des statistiques aussi choquantes que désespérantes qui décrivent la réalité canadienne d'aujourd'hui.
Selon les données du recensement de 2015, les Canadiens les plus riches — le 1 % — gagnent 6,8 fois plus d'argent que les travailleurs touchant le salaire médian au Canada, qui est de 34 204 $.
D'après Centraide, dans la région de Windsor-Essex, environ le quart des jeunes vivent dans la pauvreté, ce qui veut dire qu'en 2013, 19 900 enfants de moins de 17 ans vivaient dans une famille dont le revenu était inférieur à 17 000 $ par année. C'est non seulement inacceptable, c'est scandaleux. Quand une personne gagne si peu dans une année, elle n'a plus d'argent pour acheter des médicaments et elle doit faire des choix cruels pouvant avoir de graves conséquences sur sa santé. Il est temps de nous doter d'un régime universel d'assurance-médicaments qui ferait économiser de l'argent à l'État en augmentant son pouvoir d'achat en gros.
En Nouvelle-Zélande, où une autorité publique négocie au nom du pays au grand complet, il en coûte à peine plus de 15 $ pour se procurer du Lipitor — un médicament contre le cholestérol — pendant un an, alors qu'au Canada, il en coûte 811 $ pour la même quantité du même médicament. Ce médicament permet de sauver des vies, et des centaines de milliers de Canadiens en prennent. Voilà pourquoi le Canada doit conjuguer le pouvoir d'achat de tous les Canadiens en créant un régime universel. Si le gouvernement fédéral investissait 1 milliard de dollars par année, les Canadiens pourraient en économiser 7,3 milliards sur les médicaments dont ils ont besoin.
Je tiens à le souligner, les néo-démocrates croient fondamentalement que les gens ne devraient pas craindre d'être incapables de payer leur facture d'électricité ou leurs médicaments.
J'ai sous la main des statistiques fournies par le Congrès du travail du Canada, mais auparavant, je voudrais citer les propos tenus aujourd'hui par le président de ce syndicat, Hassan Yussuf:
Nous sommes heureux que le NPD, sous la direction de son nouveau chef Jagmeet Singh, continue de donner la priorité à l’assurance-médicaments et nous espérons que tous les partis politiques répondront en voyant à ce que ce régime très nécessaire se matérialise le plus tôt possible.
Si les libéraux sont vraiment favorables aux syndicats et aux travailleurs du pays, comme ils le prétendent, j'espère qu'ils sauront mettre en pratique le conseil donné aujourd'hui par le président du Congrès du travail du Canada et qu'ils appuieront la proposition des néo-démocrates.
Voici quelques statistiques fournies par le Congrès du travail du Canada. Je cite:
Environ 8,4 millions de travailleuses et de travailleurs canadiens n’ont pas d’assurance-médicaments.
Plus le salaire est bas, moins il est probable de bénéficier d’une assurance-médicaments.
Les femmes et les jeunes travailleurs et travailleuses bénéficient plus rarement de l’assurance-médicaments dont ils ont besoin.
Même ceux qui ont une assurance-médicaments doivent débourser davantage en raison des coassurances et des franchises qui augmentent continuellement.
Les néo-démocrates ne sont pas les seuls à croire en un régime d’assurance-médicaments. Une majorité écrasante de Canadiens, 91 %, pensent que notre système de soins de santé public devrait inclure un régime d'assurance-médicaments universel. Ce ne sont pas les néo-démocrates seulement qui demandent la mise en place de ce programme qui fait si cruellement défaut; plusieurs commissions nationales sur les soins de santé ont fait la même recommandation, et aussi l'Association médicale canadienne, la Fédération canadienne des syndicats d’infirmières et d’infirmiers, Médecins canadiens pour le régime public, la Fédération canadienne des municipalités, la Coalition canadienne de la santé, le Conseil des Canadiens, le Syndicat canadien de la fonction publique, Unifor et le Congrès du travail du Canada.
Si le gouvernement actuel est vraiment l'ami de tous ces syndicats et organisations, alors il est temps pour lui de prendre position. Nous demandons qu'une réunion soit organisée. Les libéraux peuvent certainement s'engager à organiser une réunion pour parler de nos objectifs en ce qui concerne le régime assurance-médicaments dans ce pays. La seule chose que nous demandons dans cette motion, c'est la tenue de cette réunion dans un an.
Il est temps d'agir. Les Canadiens ont assez attendu. Il est temps de lancer le débat.