propose que le projet de loi , soit lu pour la deuxième fois et renvoyé à un comité.
-- Monsieur le Président, je suis très fière de me lever à la Chambre aujourd'hui pour la deuxième lecture de mon premier projet de loi d'initiative parlementaire, le projet de loi .
Le poste de l'ombudsman des victimes d'actes criminels a été créé en 2007. Tout comme l'ombudsman du ministère de la Défense et de l'ombudsman des criminels, l'enquêteur correctionnel à sa raison d'être. Son mandat constitue principalement à défendre les droits et les intérêts des personnes qui ont besoin de cette représentation.
Contrairement aux autres postes d'ombudsman fédéraux, le poste de l'ombudsman des victimes d'actes criminels fonctionne actuellement en vertu d'un programme du ministère de la Justice du Canada et, par conséquent, il n'est pas indépendant de ce dernier.
Le projet de loi C-343 vise principalement à rendre le poste de l'ombudsman des victimes d'actes criminels équivalent à celui du poste d'enquêteur correctionnel pour les criminels, lequel est communément appelé ombudsman pour les délinquants. Le poste est de compétence fédérale et il est indépendant du ministère de la Justice, contrairement à celui de l'ombudsman des victimes d'actes criminels.
Actuellement, n'étant pas indépendant du ministère de la Justice, l'ombudsman des victimes d'actes criminels doit déposer tous ses rapports annuels au ministère plutôt qu'au Parlement. Ainsi, si l'ombudsman des victimes d'actes criminels soulève dans son rapport une recommandation ou une critique qui n'est pas favorable au ministère de la Justice, ce dernier peut la retirer du rapport à tout moment et ainsi directement outrepasser une des principales raisons d'être de l'ombudsman des victimes d'actes criminels, soit être leur voix et représenter leurs droits et leurs intérêts.
Pour les victimes d'actes criminels, avoir une voix et une représentation juste et équitable devant le ministère de la Justice est indispensable dans leur processus de guérison, laquelle guérison est trop souvent difficile à atteindre. En effet, en plus d'avoir subi un traumatisme horrible et incroyablement difficile à survivre, les victimes doivent trop souvent se battre pour faire reconnaître leurs droits dans chacune des étapes qu'elles doivent franchir et subir.
La route est longue et très ardue en période de réhabilitation et de guérison. Il y a l'étape de la dénonciation et le témoignage lors d'un procès. En outre, la victime doit pouvoir comprendre et assimiler tout le jargon judiciaire, en plus de peut-être avoir à contester une décision. Elle reçoit aussi une multitude de formulaires à remplir adéquatement pour obtenir, ne serait-ce que le droit de recevoir de l'information,
Comme les fonctions de l'ombudsman ont grandement évolué depuis la création du poste en 2007, notamment avec l'adoption de la Charte canadienne des droits des victimes en 2015, il va de soi, pour les victimes d'actes criminels, que leurs droits soient respectés, et que dans le cas contraire, que l'ombudsman des victimes d'actes criminels soit en mesure de les représenter adéquatement, et surtout de manière indépendante du ministère de la Justice, particulièrement lorsqu'un problème survient et qu'il est directement lié à ce même ministère.
Les droits des victimes d'actes criminels sont regroupés sous quatre volets dans la Charte: le droit à l'information; le droit à la protection; le droit à la participation et le droit au dédommagement.
Il est important que la Charte canadienne des droits des victimes soit mise à jour pour faire de l'ombudsman des victimes un agent du Parlement indépendant du ministre, et qui est chargé de faire des critiques et de surveiller.
Pour une victime d'actes criminels, faire respecter ses droits de manière indépendante est une question de survie. Au Canada, notre système de justice doit être juste et équitable dans tous les aspects de son application.
Les droits des victimes d'actes criminels devraient être égaux aux droits des criminels, et les postes d'ombudsman devraient aussi être égaux en termes d'indépendance.
Rendre l'ombudsman des victimes égal à celui des criminels en ce qui a trait à son indépendance serait un grand pas dans la bonne direction pour démontrer aux victimes qu'elles comptent et que tous les députés de la Chambre considèrent qu'il est tout à fait injuste qu'en 2017, les droits des victimes ne soient toujours pas considérés avec la même importance que ceux des criminels qui ont brisé leur vie, que cela doit prendre fin et qu'il faut se donner les outils législatifs nécessaires pour y arriver.
Pour les victimes, l'adoption du projet de loi signifie que l'ombudsman fédéral des victimes d'actes criminels sera indépendant du ministère de la Justice, et cela est d'une importance capitale pour toutes les victimes. L'ombudsman pourrait mieux défendre les droits et les intérêts de ces victimes lorsqu'elles déposent une plainte contre les ministères fédéraux, notamment celui du ministère de la Justice fédéral.
J'invite mes collègues à s'imaginer qu'ils ont subi un important traumatisme parce qu'ils ont été durement éprouvés par un acte criminel violent, que leurs droits fondamentaux inscrits dans la Charte canadienne des droits des victimes ont été bafoués au cours de leur procès devant un tribunal, et qu'ils veulent déposer une plainte contre le ministère de la Justice fédéral. Ils se rendront alors compte, en faisant des recherches sur le site Web de l'ombudsman fédéral des victimes d'actes criminels, que ce dernier est en fait un agent du ministère de la Justice, donc une forme d'extension du même ministère duquel ils sont devenus méfiants.
Mettons-nous à la place d'une victime qui croyait pouvoir aller chercher une représentation solide devant un tribunal, mais qui ne peut pas compter sur l'indépendance de l'ombudsman qui la représente au même titre que les militaires et les criminels peuvent le faire avec celui qui les représente. Vers qui pourra-t-elle se tourner?
Par ailleurs, une très importante partie du travail de l'ombudsman consiste à cerner les questions qui ont une incidence sur les victimes d'actes criminels et à formuler des recommandations pour que le gouvernement fédéral puisse rendre ses lois, ses politiques et ses processus plus bienveillants envers les victimes.
De plus, l'ombudsman doit veiller à sensibiliser le personnel du système de justice pénale et les décideurs aux besoins des victimes, ainsi qu'à cerner les enjeux systématiques qui ont des répercussions négatives sur elles, lesquels enjeux viennent parfois du ministère de la Justice. De ce fait, je considère la réalisation de cette partie du travail de l'ombudsman plus qu'essentielle pour les victimes, et je me demande vraiment s'il peut parvenir à la réaliser pleinement sans toute l'indépendance nécessaire.
D'autre part, la position de non-indépendance dans laquelle se trouve actuellement l'ombudsman des victimes d'actes criminels n'est pas plus facile pour la personne qui occupe ce poste que pour les victimes. Devoir défendre les intérêts de sa clientèle auprès du ministère de la Justice, par exemple, sans pouvoir mener une enquête formelle afin de déterminer si une plainte est fondée et de formuler des recommandations pour corriger une injustice, par manque d'indépendance et de pouvoir d'enquête, est frustrant pour les victimes et pour l'ombudsman.
Les victimes d'actes criminels méritent d'être représentées de manière forte et indépendante, et cela devrait être un droit fondamental, droit que les criminels ont depuis toujours. En adoptant le projet de loi , le poste de l'ombudsman des victimes d'actes criminels ne sera plus un programme, et pour assurer la pérennité du poste, une reconnaissance significative est demandée par les victimes.
Le temps est venu de faire de l'ombudsman des victimes un agent qui rend des comptes au Parlement. Compte tenu que le gouvernement actuel défend la transparence dans le processus de sélection pour ce genre de nomination, l'adoption du projet de loi est l'occasion idéale pour renforcer sa position. L'adoption du projet de loi permet de lancer un message fort aux victimes d'actes criminels.
C'est-à-dire que nous sommes toutes et tous d'avis, ici à la Chambre, qu'il est plus que temps que tous les droits des victimes d'actes criminels soient égaux à ceux des criminels sur le plan de l'équité, et que la reconnaissance qui leur revient n'est aucunement partisane. Le bien-être des victimes n'est pas la préoccupation d'un seul parti politique; elle appartient à tous les partis confondus.
En conclusion, pour les victimes d'actes criminels et leurs proches, je souhaite que tous les députés appuieront le projet de loi .
:
Madame la Présidente, je vais commencer par féliciter ma collègue pour tout son travail relativement à ce projet de loi.
Je suis ravi d'avoir l'occasion de faire le point sur le projet de loi . Ce projet de loi est parrainé par la députée de , au Québec. Ce projet de loi vise à établir un bureau pour l'ombudsman fédéral des victimes d'actes criminels.
Comme tous le savent sûrement, il existe déjà un Bureau de l'ombudsman fédéral des victimes d'actes criminels. Ce bureau a été créé en 2007. Depuis 2010, Mme Sue O'Sullivan assume de façon très efficace le rôle d'ombudsman des victimes d'actes criminels. Le nouveau bureau proposé par le projet de loi apporterait un élargissement draconien du rôle, du mandat et des pouvoirs accordés à l'ombudsman fédéral des victimes d'actes criminels.
Bien que j'estime nécessaire le Bureau de l'ombudsman fédéral des victimes d'actes criminels, je ne peux pas appuyer ce nouveau bureau pour les trois raisons que je vais énumérer.
[Traduction]
Premièrement, le projet de loi nécessiterait des ressources supplémentaires, en plus de celles qui sont actuellement fournies, pour établir un nouveau ministère pour l'ombudsman des victimes. Cette question a été soulevée dans un recours au Règlement par le , le 12 mai. Il nous a rappelé que l'article 54 de la Loi constitutionnelle prévoit que tout projet de loi portant appropriation d'une partie quelconque du revenu public doit être recommandé à la Chambre par le gouverneur général. De la même façon, le paragraphe 79(1) du Règlement interdit à la Chambre d'adopter des projets de loi comportant des affectations de fonds sans le soutien du gouverneur général. Il a aussi souligné alors que le projet de loi tenterait de contourner l'exigence d'obtenir une recommandation royale en incluant une disposition d'entrée en vigueur. Le projet de loi établirait un nouveau bureau qui, selon les précédents, pourrait nécessiter une recommandation royale.
La deuxième raison pour laquelle je ne peux malheureusement pas appuyer le projet de loi est qu'il ferait de l'ombudsman fédéral des victimes d'actes criminels un agent du Parlement. Les agents du Parlement ont des pouvoirs étendus qu'ils exercent à leur discrétion. Ils n'ont pas besoin de l'approbation des parlementaires pour les gestes qu'ils posent, et il n'y a aucune possibilité pour les députés ou les sénateurs de diriger leurs activités.
[Français]
Il y a présentement seulement huit agents du Parlement qui assument des rôles tels que ceux de vérificateur général, de directeur général des élections et de commissaire à la protection de la vie privée.
[Traduction]
La marraine du projet de loi affirme que le projet de loi conférerait les mêmes pouvoirs à l'ombudsman des victimes que ceux de l'enquêteur correctionnel sur le plan de l'indépendance et de la reddition de comptes au Parlement. C'est faux. L'enquêteur correctionnel n'est pas un agent du Parlement. L'enquêteur correctionnel est plutôt nommé par le gouverneur en conseil.
Bien que la marraine du projet de loi ait souligné le fait que les responsabilités de l'ombudsman des victimes ont évolué depuis l'entrée en vigueur de la Charte canadienne des droits des victimes, cela ne justifie pas que l'on élève le statut de l'ombudsman des victimes à celui d'un agent du Parlement qui jouit d'une indépendance pratiquement illimitée. L'ombudsman des victimes est déjà en mesure de fournir un deuxième niveau d'examen pour les présumées violations des droits des victimes en vertu de la Charte canadienne des droits des victimes une fois que tous les processus de plaintes internes ont été épuisés. Un nouvel agent du Parlement ne devrait pas être institué avant que l'on ait d'abord procédé à une analyse complète. Malheureusement, dans le cas qui nous occupe, une telle analyse n'a pas été effectuée.
La troisième raison pour laquelle je ne peux pas appuyer le projet de loi est qu'il propose de nouveaux pouvoirs d'examen sans restrictions et un mandat beaucoup trop large pour l'ombudsman des victimes. Le mandat prévu dans le projet de loi permettrait à l'ombudsman d'examiner les plaintes formulées à l'endroit de n'importe quel ministère fédéral. Le mandat actuel de l'ombudsman permet l'examen des plaintes liées à la Loi sur le système correctionnel et la mise en liberté sous condition, ou LSCMLC, ainsi qu'à la Charte canadienne des droits des victimes. Le mandat actuel répond aux exigences de la répartition constitutionnelle des pouvoirs, qui explique également le nombre limité de lois et de programmes fédéraux concernant les victimes d'actes criminels. Il correspond également au mandat d'autres ombudsmans.
Le mandat trop étendu proposé par le projet de loi soulève des préoccupations quant à un recoupement entre le mandat et les fonctions de l'ombudsman des victimes et ceux d'autres ombudsmans ou organismes de surveillance fédéraux. Par exemple, les Forces armées canadiennes ont leur propre ombudsman. Également, l'actuel ombudsman des victimes n'a pas le pouvoir d'examiner les plaintes relatives à la GRC, puisque cette responsabilité incombe à la Commission civile d'examen et de traitement des plaintes. Je ne crois pas qu'il soit judicieux de créer un système qui pourrait réduire les pouvoirs des autres organismes de surveillance en place ou interférer avec leurs affaires.
Comme je l'ai mentionné, la marraine du projet de loi nous dit qu'il s'inspire des pouvoirs de l'enquêteur correctionnel, qui est responsable d'examiner les plaintes des détenus du système carcéral fédéral. Les pouvoirs accordés à l'enquêteur correctionnel sont nécessaires en raison de la nature des plaintes qu'il reçoit, qui peuvent concerner des allégations de mauvais traitement ou de violation des droits de la personne. L'ombudsman des victimes n'a pas besoin de pouvoirs aussi étendus, car son travail s'effectue dans un contexte fort différent. Le rôle de l'ombudsman des victimes se rapproche davantage de celui des autres ombudsmans fédéraux, notamment celui de l'ombudsman des vétérans, qui n'a pas le pouvoir d'ordonner la production de documents ou de contraindre une personne à rendre témoignage sous serment.
[Français]
Notre gouvernement s'est engagé à veiller à ce que notre système de justice pénal assure la sécurité de nos collectivités, protège les victimes et tienne les délinquants responsables de leurs actes. Notre appui soutenu pour l'ombudsman fédéral des victimes d'actes criminels témoigne de l'importance que nous accordons à cet engagement. Cependant, je ne peux pas appuyer ce projet de loi pour les très importantes raisons de nature fondamentale et procédurale que je viens de souligner.
[Traduction]
Toute proposition de modification du mandat de l'ombudsman devrait être bien étayée et ne pas reposer uniquement sur des suppositions. Je n'ai vu aucune information qui fasse ressortir des faiblesses dans le mandat actuel de l'ombudsman ou dans sa capacité à s'acquitter de ce mandat, par exemple, une évaluation du bureau de l'ombudsman des victimes. En fait, comme l'indiquent de nombreux rapports publiés par le bureau de l'ombudsman, son mandat lui a permis, depuis la création du bureau en 2007, de traiter une vaste gamme de dossiers ayant trait à la justice pénale et au système correctionnel et de provoquer des changements pour les victimes de crime.
[Français]
De plus, je ne dispose d'aucune preuve suggérant qu'il soit nécessaire d'octroyer de la discrétion et de l'indépendance additionnelles à l'ombudsman, telles que celles octroyées aux agents du Parlement.
[Traduction]
Je n'ai pas non plus trouvé d'information qui donne une raison d'accorder à l'ombudsman des pouvoirs discrétionnaires ou une indépendance accrue comme dans le cas des mandataires du Parlement.
Une évaluation du bureau de l'ombudsman des victimes nous permettrait de déterminer avec justesse s'il y a lieu de modifier les pouvoirs conférés à l'ombudsman. Elle nous permettrait aussi d'apprécier l'indépendance de l'ombudsman des victimes dans sa relation avec le ministère de la Justice, afin de déterminer s'il est nécessaire de renforcer cette indépendance. En l'absence d'une telle évaluation, nous ne disposons pas d'une information suffisante pour justifier le vaste élargissement du mandat de l'ombudsman qui est proposé dans le projet de loi.
Pour ces raisons, et malgré tout le travail que ma collègue a fait et pour lequel je l'ai félicitée au début de mon intervention, les députés de mon parti ne pourront pas appuyer ce projet de loi. J'invite tous mes collègues à rejeter le projet de loi.
:
Madame la Présidente, il me fait vraiment plaisir de pouvoir parler de ce projet de loi parce que je crois que la question des victimes d'actes criminels est primordiale.
Le projet de loi de ma collègue de la région de Québec aborde cette question. Présentement, le bureau de l'ombudsman est un programme qui est sous la responsabilité du ministère de la Justice. Le projet de loi de ma collègue va faire en sorte qu'il devienne un organisme indépendant et permanent. Ce ne sera donc plus un simple programme du ministère de la Justice. Le bureau aura beaucoup plus d'indépendance. Je pense que c'est particulièrement intéressant, surtout si l'ombudsman doit intervenir et souligner des problèmes au sein du ministère de la Justice. Si on lui donne plus d'indépendance, il va être en mesure de le faire adéquatement.
Je trouve que c'est un projet de loi très intéressant et qu'il vaut vraiment la peine de l'envoyer en comité. Bien sûr, il aura peut-être d'autres répercussions, mais je crois qu'en comité on pourra en faire le tour. J'espère sincèrement que le projet de loi va se rendre en comité.
Il est important d'assurer une plus grande indépendance au bureau de l'ombudsman parce que cela permet de faciliter pour les victimes l'accès aux programmes et aux services fédéraux. Le projet de loi, en étant étudié davantage, va pouvoir répondre à cet objectif et et être bonifié grâce à des amendements potentiels.
Je trouve importante de dire que, trop souvent, les victimes autochtones sont complètement oubliées. Je pense que le bureau de l'ombudsman, en étant plus indépendant, pourrait aider davantage les Autochtones victimes d'actes criminels. Souvent, les communautés autochtones sont très éloignées. Ces personnes ne peuvent pas faire comme d'autres Canadiens et se rendre simplement au palais de justice le plus proche pour obtenir de l'information. Elles sont obligées d'obtenir de l'information sur Internet ou par téléphone dans une langue autre que leur langue maternelle. C'est pour cela que je trouve particulièrement important de souligner la situation dans laquelle se trouvent souvent les victimes autochtones, alors que le criminel peut recevoir une aide juridique s'il a peu de moyens. Souvent, la victime est obligée de courir après l'information et de se battre pour essayer de comprendre ce qui lui arrive. Malheureusement, elle peut se sentir oubliée.
On voit actuellement tout le cafouillage dans l'enquête sur les femmes autochtones assassinées et disparues. Je peux comprendre que les victimes autochtones soient inquiètes et méfiantes envers le système de justice canadien. Un bureau de l'ombudsman plus indépendant serait en mesure de leur rendre davantage justice. Il serait en mesure aussi de formuler des recommandations pour que ces femmes puissent obtenir davantage, qu'on puisse mieux les appuyer et qu'on comprenne mieux la réalité des petites communautés.
Pour les personnes qui habitent à Waskaganish ou dans le petit village qui se trouve dans la circonscription de mon collègue d', Kangiqsualujjuaq, il n'y a pas de palais de justice à la porte. Les services d'aide aux victimes ne sont pas situés dans leur communauté. De plus, les personnes qui sont victimes d'un acte criminel commis localement peuvent êtres obligées de vivre avec la personne qui a commis le geste ou avec sa famille. C'est donc encore plus difficile pour une victime dans ces communautés. Bien qu'elles voudraient avoir un peu d'intimité, tout est exposé à la grandeur de la communauté. C'est une situation particulièrement difficile à vive.
Je pense que l'ombudsman pourrait se pencher précisément sur l'enjeu des services offerts aux victimes autochtones qui vivent dans ces communautés. En ayant une plus grand indépendance, l'ombudsman n'aura pas peur d'émettre des recommandations qui vont demander une action rapide du ministère de la Justice. C'est peut-être plus difficile à formuler pour quelqu'un qui n'est pas complètement indépendant.
Par la suite, on réussira peut-être à améliorer concrètement la vie des femmes qui vivent dans le Nord, mais aussi des hommes qui peuvent être victimes d'actes criminels.
On voit ce qui s'est passé avec l'arrêt Jordan, alors que des criminels sont libérés sans avoir reçu de sanction. Le problème d'accès à la justice dans le Nord est déjà extrêmement compliqué. Le fait d'avoir un ombudsman plus indépendant et plus efficace et qui est assuré de la permanence de son rôle va pouvoir faire beaucoup pour améliorer la justice dans le Nord. J'estime donc que cela vaut la peine d'envoyer ce projet de loi en comité pour qu'on puisse vraiment comprendre à quel point cela pourrait nous être utile. En adoptant un projet de loi comme celui-ci, on pourrait rendre davantage justice à des personnes qui sont trop souvent oubliées dans notre système de justice actuellement. Je parle des Premières Nations dans le Nord du Québec, mais aussi dans tout le territoire canadien.
:
Madame la Présidente, quel plaisir, quel honneur et quel privilège de prendre la parole pour ce projet de loi déposé par ma collègue, la très patiente et surtout très engagée députée de . Vers la fin de mon propos, j'aurai l'occasion de raconter un peu les circonstances entourant ce projet de loi, mais surtout les circonstances entourant l'engagement de cette députée.
Le projet de loi C-343 vise à créer le bureau de l'ombudsman des victimes d'actes criminels. On ne le retrouvera jamais écrit nulle part, que ce soit dans un projet de loi, un code civil ou un code criminel, mais il y a un principe de justice selon lequel il faut qu'il y ait justice, mais il faut surtout qu'il y ait apparence de justice. C'est exactement ce que veut faire ce projet de loi.
Nous reconnaissons qu'il existe depuis 2007 au Canada l'ombudsman des victimes d'actes criminels. Cependant, comme l'a si bien exprimé la députée qui présente ce projet de loi, cette personne, qui est une personne honorable, qui exerce son travail avec rigueur, sérieux et professionnalisme, est malheureusement en conflit d'intérêts. Pourquoi? Parce que l'ombudsman est sous l'égide du ministère de la Justice.
Des victimes d'actes criminels peuvent avoir naturellement, dans la douleur de leur situation, des griefs face au ministère de la Justice. Or l'ombudsman, malgré toute sa bonne volonté, son professionnalisme, ainsi que la rigueur, l'intensité et la qualité de son travail, se retrouve en conflit d'intérêts quand vient le temps de juger si oui ou non le ministère de la Justice a bien fait ou mal fait son travail concernant une victime d'actes criminels.
C'est essentiellement l'esprit qui animait la députée quand elle a déposé le projet de loi qu'elle débat. Le projet de loi vise à assurer l'indépendance de l'ombudsman face à tous les niveaux, paliers, services et interventions avec lesquels une victime d'actes criminels peut être en lien.
C'est un peu comme si on disait que l'ombudsman relève actuellement des juges; cela ne fonctionne pas. Si la victime d'actes criminels estime avoir été mal traitée par un juge, il est en conflit d'intérêts. Ou encore, que l'ombudsman soit sous l'égide des procureurs de la Couronne, des avocats de la défense ou du monde carcéral, cela ne fonctionne pas. Il faut que l'ombudsman soit complètement indépendant, car il est le protecteur des victimes d'actes criminels.
Lorsque j'ai été saisi du projet de loi de la députée de Beauport—Côte-de-Beaupré—Île d'Orléans—Charlevoix, j'ai été surpris de constater que ce n'était pas déjà ainsi, parce que cela allait pourtant de soi. Comment se fait-il que le protecteur des victimes d'actes criminels ne soit pas indépendant? Il me semble que cela va de soi. C'est là tout le génie et la sagesse de ce projet de loi. Cela met en vigueur un principe fondamental que l'on doit avoir en justice, soit celui de l'indépendance.
Nous devons préserver ce principe fondamental, et ce projet de loi, non seulement le préserve, mais l'enchâsse littéralement dans l'exercice de la profession et surtout, il tient compte d'abord et avant tout des victimes d'actes criminels.
La députée l'a bien expliqué plus tôt; il y a quatre piliers sur lesquels repose la Charte canadienne des droits des victimes, soit l'information, la protection, la participation et le dédommagement.
Ces quatre piliers sont bien enchâssés dans le projet de loi, et cela permet justement aux victimes d'avoir une information pertinente lorsqu'ils estiment devoir faire appel au protecteur des victimes d'actes criminels. La protection est nécessaire pour ces gens, et force est d'admettre que quiconque a été mis en contact avec une victime d'actes criminels, sait que la première chose qu'elle demande, c'est la protection. La victime a déjà subi un acte criminel, elle n'a pas envie d'en subir un deuxième de la part du système ou bien pire encore, de la part de la personne ou des personnes ou de l'institution qui l'a agressée de façon criminelle. C'est pourquoi ce pilier est bien préservé dans le projet de loi actuellement à l'étude.
Il y a la participation au processus de tous les intervenants, et surtout de la victime. Bien entendu, il y a aussi la question du dédommagement où évidemment, tout est très subjectif.
C'est justement pour cette raison qu'il faut avoir un bureau qui va administrer avec rigueur et surtout indépendance les demandes des victimes d'actes criminels. En 2007, lorsqu'un législateur a décidé de soumettre ce projet de loi, on en était aux premiers balbutiements. Cela va de soi que l'expérience nous conduit à vouloir ajuster la situation, mais quand j'entends les observations du parti ministériel, je trouve cela malheureux, pour ne pas dire suspect, avec tout respect.
Tout d'abord, on dit que l'on porte ombrage à l'actuel ombudsman, alors que ce n'est aucunement le cas. Au contraire, on veut donner encore plus de coffre et d'autorité au protecteur des victimes d'actes criminels afin qu'il puisse agir concrètement, et surtout, assurer son indépendance. C'est un élément fondamental de notre système de justice.
Par ailleurs, contrairement à ce que le gouvernement suggère, cela ne va entraîner aucune dépense supplémentaire, puisque l'ombudsman a déjà son équipe. Avec un budget de plus de 300 milliards de dollars, le gouvernement du Canada est capable de trouver les sommes nécessaires pour assurer cette fonction fondamentale qu'est l'ombudsman des victimes d'actes criminels.
Les employés de son bureau font un travail correct, mais malheureusement, ils ne sont pas indépendants, puisqu'ils relèvent du ministère de la Justice. On n'a qu'à mettre ces gens dans un endroit à part et à changer la plaque, ce qui ne coûterait pas cher. J'exagère à peine. C'est clair que nous en sommes capables. Ce n'est pas la question financière qui doit nous inquiéter.
D'ailleurs, sans vouloir trop bifurquer, est-ce bien le gouvernement libéral qui dit qu'il faut être attentif aux sous, lui qui accumule des déficits 80 % plus élevés que ce qu'il avait promis? Les libéraux n'ont aucune idée de la date du retour à l'équilibre budgétaire et ils oseraient maintenant nous faire la morale concernant des dépenses. Soyons prudents.
Pour toutes ces bonnes raisons, nous estimons qu'en effet, ce projet de loi devrait faire l'objet d'une étude article par article pour qu'il soit bonifié en comité parlementaire. C'est l'exercice même qui le veut.
Comme je l'avais dit d'entrée de jeu, c'est avec beaucoup d'émotion que j'appuie ce projet de loi, ayant le privilège de connaître la marraine du projet de loi, la députée de , qui a été élue pour la première fois en 2006. Comme le hasard fait bien les choses, j'étais journaliste à cette époque et c'était moi qui couvrais l'élection fédérale. Nous étions dans le sous-sol d'un restaurant, qui est d'ailleurs dans la circonscription de Louis-Saint-Laurent aujourd'hui, lorsque j'ai vu cette brave dame que j'avais croisée lors des élections, accompagnée de son chef, le très honorable Stephen Harper, du député de , du député de , du député de Beauce et du reste de l'équipe. Ils étaient tous heureux de savourer la victoire
Je me souviendrai toujours de cette dame qui était à une table avec quatre personnes tout au plus et qui venait d'être élue par la population. C'est cela qui est beau, dans la démocratie. Voilà des gens qui s'investissent dans leur travail, qui se présentent, qui offrent leurs services et qui sont élus.
Sans vouloir faire un mélodrame, rappelons que la députée a subi la défaite en 2011. Cela arrive. Je n'ai pas encore connu cela, mais cela risque d'arriver éventuellement, même si je ne suis pas pressé. Ce que je veux dire, c'est qu'un échec en politique n'est pas une raison pour abandonner. Au contraire, la députée s'est présentée à nouveau. Elle s'est soumise au vote populaire en 2015 et les gens de sa circonscription, Beauport—Côte-de-Beaupré—Île d'Orléans—Charlevoix, lui ont accordé leur confiance, et c'est tout à son honneur.
En conclusion, c'est un bon projet de loi qui assure l'indépendance du protecteur des victimes d'actes criminels. Nous sommes bien protégés et il faut assurer l'indépendance de cette institution. Le bureau tel que proposé par le projet de loi va garantir cela et va faire en sorte qu'au Canada, il y aura non seulement une justice, mais aussi une apparence de justice.
:
Madame la Présidente, je prends la parole aujourd'hui au sujet du projet de loi et j'adopterai peut-être une approche différente.
Je crois que tous les députés comprennent que des tragédies surviennent dans toutes les régions de notre pays. Lorsqu'il y a des victimes, nous voulons leur venir en aide d'une façon quelconque. Pendant un certain nombre d'années, alors que je siégeais dans l'opposition, j'ai souvent parlé de victimes et du fait que, lorsqu'une infraction était commise, il devait y avoir une conséquence. Nous devons nous montrer très attentifs aux besoins des victimes.
Pendant des années, j'ai été président du comité de la justice des jeunes du Keewatin. Nous intervenions, de façon bénévole, auprès de jeunes contrevenants dans les collectivités que nous représentions. L'une des questions qui ont suscité beaucoup d'intérêt, c'est la façon de venir en aide aux victimes. Nous avons eu d'excellentes discussions au sujet de la justice réparatrice, croyant que c'était une façon de procéder. On réunit la victime et la personne ayant commis le crime et on tente d'arriver à un consensus quant à la conséquence que devrait subir le jeune contrevenant, de sorte que la victime ait l'impression que justice a été faite. Bien que nous n'ayons pas joué un grand rôle à cet égard, nous souhaitions ardemment travailler dans ce sens.
Lorsque j'ai l'occasion d'aborder des enjeux de cette nature, je tiens toujours à souligner qu'il existe différentes façons de collaborer avec les victimes et de les appuyer, tout en étant conscient des nombreuses épreuves qu'elles ont dû traverser. C'est donc avec beaucoup de compassion que je me penche sur ce genre de questions.
Nous devrions examiner des façons d'empêcher qu'il y ait des victimes au départ. Nous pouvons y arriver au moyen de différents types de programmes et d'activités, notamment en incitant les jeunes à y participer davantage. Il nous incombe tous, en tant que députés, d'encourager et de promouvoir ces programmes et ces activités ainsi que d'inciter les citoyens à y prendre part autant que possible.
J'ai toujours fait ardemment la promotion des services de police et des programmes communautaires comme la surveillance de quartier. Je pense au Bear Clan, qui est présent dans le quartier nord de Winnipeg. Il s'agit d'un groupe de bénévoles remarquables, qui sont résolus à améliorer les conditions de vie et la sécurité de leurs concitoyens et, par le fait même, à prévenir la victimisation. D'autres groupes à l'oeuvre un peu partout au pays sont très souvent composés de bénévoles. Je les remercie sincèrement de leurs efforts et des choses qu'ils font pour rendre les quartiers plus sûrs.
Pour ce qui est du projet de loi , j'ai déjà signalé, en avril ou en mai de l'an passé, que sa mise en oeuvre ne se fera pas sans coûts. Les deux députés conservateurs qui ont pris la parole ont essayé de prouver le contraire, mais aux yeux du gouvernement, les coûts n'en demeurent pas moins élevés et il demeure d'avis que le projet de loi a besoin d'une recommandation royale. Je crois que, collectivement, c'est une perspective qui devrait nous faire sourciller. Si nous commençons à dire que les projets de loi qui entraînent des coûts n'ont pas besoin de la recommandation royale, nous nous lançons sur une pente glissante. Chose certaine, l'ex-premier ministre et les dirigeants du Parti conservateur n'auraient jamais donné leur assentiment.
Il s'agit ni plus ni moins d'une tradition parlementaire. Je considère donc comme tout à fait légitime de soulever la question.
Il faut aussi bien comprendre en quoi consiste le projet de loi et ce que demande la députée d'en face. Le Bureau de l'ombudsman fédéral des victimes d'actes criminels existe dans sa forme actuelle depuis 2007.
L'ombudsman présentement en poste a été nommée par le gouverneur en conseil. C'est un fait. À l'heure actuelle, l'ombudsman s'occupe d'une foule de choses: elle répond aux plaintes des victimes concernant le non-respect de la Loi sur le système correctionnel et la mise en liberté sous condition; elle fait connaître les besoins et les préoccupations des victimes d'actes criminels ainsi que les lois qui les défendent; elle cerne et examine les nouveaux enjeux et les problèmes systémiques, y compris ceux qui sont liés aux programmes et services administrés par le ministère de la Justice ou celui de la Sécurité publique et qui ont une incidence négative sur les victimes d'actes criminels; elle facilite enfin pour les victimes l'accès aux programmes et aux services fédéraux existants en leur fournissant de l'information et en les dirigeant au bon endroit. Elle doit aussi examiner toutes les questions relatives à ses pouvoirs, devoirs et fonctions, c'est-à-dire à tout ce qui touche son mandat.
Mon collègue, le se demande si une quelconque analyse a jamais été menée à ce sujet. Sur quoi se base la députée d’en face pour dire que ce bureau devrait désormais relever du Parlement? Je ne crois pas qu’elle nous ait expliqué pourquoi il doit en être ainsi.
Si l’on examine les chiffres, on constate que le nombre de dossiers qu’a finalement examinés l’ombudsman est conséquent. Globalement, je pense que le bureau a fait un assez bon travail de représentation des intérêts des victimes, et il ne fait aucun doute qu’il continuera dans cette voie. Toutefois, je ne vois aucun motif justifiant de faire relever ce bureau du Parlement, étant donné qu’il existe depuis près de 10 ans déjà.
Pour autant que je sache, il n’y a eu ni analyse détaillée, rapport ou demande allant dans ce sens. Il faudrait certainement pouvoir justifier une telle démarche avant de l’entreprendre. En disant cela, je ne veux pas rabaisser les opinions de la députée d’en face; je veux dire que bien d’autres travaux doivent être menés dans ce dossier. Il convient de mieux comprendre la situation et de connaître les chiffres réels, comme on l’a souligné en ce qui concerne l’enquêteur correctionnel.
Comme il y a d’autres bureaux d’ombudsman, a-t-on pensé à un chevauchement potentiel des responsabilités? On ne s’en est pas vraiment préoccupé. La députée devrait examiner certains de ces chiffres. Par exemple, nous savons qu’il y a eu en un an 453 demandes qui ont donné lieu à l’ouverture d’un dossier. La moitié de ces dossiers, soit 224, portaient sur des plaintes, sous une forme ou sous une autre. Le Bureau de l’enquêteur correctionnel a donné suite à 25 600 demandes, dont plus de 6 500 plaintes de délinquants sous responsabilité fédérale, et il a interrogé plus de 2 000 délinquants.
Il est très important que nous puissions avoir une meilleure idée du rôle que la députée d'en face envisage. Pour l'instant, il serait peut-être mieux que le projet de loi n'aille pas plus loin et que la députée le...
:
Madame la Présidente, je suis très heureux de me lever ce soir à la Chambre pour la deuxième lecture d'un projet de loi d'initiative parlementaire, le projet de loi de ma collègue de , avec qui j'ai le plaisir, l'honneur et le privilège de travailler depuis 2006. C'est tout à son honneur d'avoir choisi de présenter ce projet de loi.
Le poste de l'ombudsman des victimes d'actes criminels a été créé en 2007 par notre ancien gouvernement conservateur. Toutes les fins de semaines, j'entends des gens nostalgiques dire que c'était un bon gouvernement et qu'ils ont bien hâte qu'il revienne en 2019.
Tout comme l'ombudsman du ministère de la Défense et l'ombudsman des criminels, l'enquêteur correctionnel, le mandat de cet ombudsman constitue principalement à défendre les droits et intérêts des personnes qui nécessitent cette représentation. Contrairement aux autres postes d'ombudsman fédéraux, le poste de l'ombudsman des victimes d'actes criminels fonctionne actuellement dans le cadre d'un programme au sein du ministère de la Justice du Canada. Il n'est donc pas indépendant de ce dernier.
Le projet de loi vise principalement à rendre le poste de l'ombudsman des victimes d'actes criminels équivalent à celui du poste d'enquêteur correctionnel pour les criminels, lequel est communément appelé ombudsman pour les délinquants. Il est sous responsabilité fédérale et indépendant du ministère de la Justice, contrairement à celui de l'ombudsman des victimes d'actes criminels.
Actuellement, n'étant pas indépendant du ministère de la Justice, l'ombudsman des victimes d'actes criminels doit déposer tous ses rapports annuels au ministère plutôt que devant notre Parlement. Ainsi, si l'ombudsman des victimes d'actes criminels soulève dans son rapport une recommandation ou une critique qui n'est pas favorable au ministère de la Justice, celui-ci peut la retirer à tout moment du rapport et ainsi directement outrepasser une des principales raisons d'être de l'ombudsman des victimes, soit être la voix des victimes d'actes criminels et représenter leurs droits et intérêts au Canada.
Pour les victimes d'actes criminels, avoir une voix, ainsi qu'une représentation juste et équitable devant le ministère de la Justice, est indispensable dans leur processus de guérison. Cette guérison est trop souvent difficile à atteindre. En effet, en plus d'avoir subi un traumatisme horrible et incroyablement difficile auquel elles doivent survivre, les victimes doivent trop souvent se battre pour faire reconnaître leurs droits à chacune des étapes qu'elles doivent franchir et subir dans ce processus. De l'étape de la dénonciation à celle d'un témoignage lors d'un procès, elles doivent pouvoir comprendre et assimiler tout le jargon judiciaire, contester une décision et recevoir une multitudes de formulaires à remplir adéquatement pour obtenir ne serait-ce que le droit de recevoir cette information. Leur route est très longue et très ardue en période de réhabilitation et de guérison.
Comme les fonctions de l'ombudsman ont grandement évolué depuis sa création en 2007, notamment avec l'adoption de la Charte canadienne des droits des victimes en 2015, il va de soi pour les victimes d'actes criminels que leurs droits soient respectés et que dans les cas contraire, que l'ombudsman des victimes d'actes criminels soit en mesure de les respecter adéquatement et surtout, de manière indépendante du ministère de la Justice, particulièrement lorsqu'un problème survient et qu'il est directement lié à ce même ministère.
Les droits des victimes d'actes criminels sont regroupés sous quatre piliers dans la charte: le droit au dédommagement, le droit à la participation, le droit à la protection et le droit à l'information. Ils sont tous aussi importants. Il est important que la Charte canadienne des droits des victimes soit mise à jour pour faire de l'ombudsman des victimes un agent du Parlement indépendant du ministre, qu'il est chargé de critiquer et de surveiller. Je pense que c'est clair, simple et surtout limpide.
On comprendra que pour une victime d'acte criminel, faire respecter ses droits de manière indépendante est une question de survie. Au Canada, notre système de justice doit être juste et équitable pour toute la population et dans toutes les sphères de son application. Les droits des victimes d'actes criminels devraient être égaux aux droits des criminels, et les postes d'ombudsman devraient aussi être égaux sur le plan de l'indépendance. Nous demandons que les victimes aient les mêmes droits que les criminels. Ce n'est pas trop demander dans notre pays.
Malheureusement, en 2017, ce n'est pas encore le cas ici au Canada, que ce soit par rapport aux droits des victimes relativement à ceux des criminels dans le système de justice canadien ou par rapport à l'indépendance de chacun des postes d'ombudsman respectifs.
Rendre l'indépendance de l'ombudsman des victimes égale à celle de l'ombudsman des criminels serait un grand pas dans la bonne direction pour montrer aux victimes qu'elles comptent et que tous les députés de la Chambre considèrent qu'il est tout à fait injuste, en 2017, que les droits des victimes ne soient toujours pas considérés avec la même importance que ceux des criminels qui ont brisé leur vie, que cela doit prendre fin et qu'il faut se donner les outils législatifs nécessaires pour arriver à atteindre ce but.
Pour les victimes, l'adoption du projet de loi fera en sorte de reconnaître, dans une loi, l'indépendance de l'ombudsman fédéral des victimes d'actes criminels par rapport au ministère de la Justice. Cela est d'une importance capitale pour elles. L'ombudsman pourra mieux défendre leurs droits et leurs intérêts lorsque les victimes déposeront des plaintes contre les ministères fédéraux notamment celui du ministère de la Justice fédéral.
Par exemple, imaginons quelques instants qu'une personne se trouve dans une situation où elle subit un important traumatisme parce qu'elle a été durement éprouvée par un acte criminel violent et qu'en plus de cela, ses droits fondamentaux inscrits dans la Charte canadienne des droits des victimes ont été bafoués au cours d'un processus devant un tribunal et qu'elle veut déposer une plainte contre le ministère de la Justice fédérale. Puis, elle se rend compte, lors de ses recherches sur le site Web de l'ombudsman fédéral des victimes d'actes criminels, que ce dernier n'est en fait qu'un agent du ministère de la Justice, donc une forme d'extension du bras droit ou du bras gauche du même ministère envers lequel elle devenue méfiante.
Comment se sentirait une victime, alors qu'elle croyait pouvoir aller chercher un peu d'aide et une représentation solide devant le ministère?
Si les victimes d'actes criminels ne peuvent compter sur l'indépendance de leur ombudsman au même titre que les militaires peuvent le faire avec le leur, et comme les criminels peuvent eux aussi le faire avec le leur, vers qui pourront-elles se tourner et à qui pourront-elles faire confiance?
Une très importante partie du travail consiste à cerner les questions qui ont une incidence sur les victimes d'actes criminels et à formuler des recommandations pour que le gouvernement fédéral puisse rendre ses lois, politiques et processus plus sensibles envers les victimes. L'ombudsman doit veiller à sensibiliser le personnel du système de justice pénal et les décideurs aux besoins des victimes et également cerner les enjeux systématiques qui ont des répercussions négatives sur elles, lesquels enjeux viennent parfois du ministère de la Justice.