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Monsieur le Président, je suis honoré de participer au débat, entouré de mes collègues du caucus conservateur, alors que nous poursuivons l'étude de la motion sur l'avenir de la mission contre le groupe État islamique.
J'ai pensé commencer par donner aux députés, et possiblement aux téléspectateurs, des renseignements généraux sur la mission jusqu'à présent, en particulier en ce qui concerne les appareils CF-18 du Canada. Je crois que les chiffres sont éloquents: nos hommes et nos femmes courageux ont déjà accompli beaucoup et cela a eu une incidence considérable sur la mission globale, l'opération Impact.
Au début du mois, les CF-18 canadiens avaient mené à bien 249 missions contre les positions de combat du groupe État islamique, 83 missions contre du matériel et des véhicules du groupe État islamique et 24 sorties contre des fabriques et des dépôts d'engins explosifs improvisés du groupe État islamique.
De toute évidence, nos hommes et nos femmes ont un impact dans l'opération Impact, et contribuent de manière marquée à une mission très importante. Les Canadiens sont d'accord. Les sondages d'opinion publique sont très stables sur la question depuis que le débat a été soulevé par le gouvernement libéral. Plus des deux tiers des Canadiens appuient la continuation de la mission, c'est-à-dire l'utilisation de nos CF-18 dans des frappes aériennes contre les positions du groupe État islamique.
Voilà la réalité sur le terrain en Syrie et en Irak, et voilà la réalité ici au Canada alors que nous considérons quelle sera la prochaine étape.
[Français]
Les conservateurs croient fermement que le Canada devrait maintenir son rôle de combat aérien dans la lutte contre le groupe État islamique et le terrorisme et que nos CF-18 devraient rester dans la lutte.
[Traduction]
Voilà notre position. Nous l'avons exprimée pendant la période des questions et pendant le présent débat. À notre avis, le désengagement du Canada de la mission de combat contre le groupe État islamique constitue un recul par rapport à son rôle traditionnel de défenseur des droits de la personne et de la sécurité mondiale.
Le Canada a toujours fièrement défendu les populations innocentes et vulnérables en s'en prenant aux individus qui commettent des atrocités de masse. C'est justement ce que font nos alliés en Irak et en Syrie.
Je rappelle que les agressions perpétrées ou inspirées par le groupe État islamique dépassent maintenant les frontières de l'Irak et de la Syrie. Ce problème s'est propagé dans le monde entier, en Amérique du Nord et ailleurs, et les Canadiens ont fait l'objet d'attaques.
Encore au cours des dernières semaines, les Canadiens ont été pris pour cibles. Il est donc plus que jamais essentiel d'affaiblir et de contrer le groupe État islamique afin de protéger la population, non seulement dans des territoires que certains Canadiens pourraient croire lointains, mais aussi au Canada, qui est directement touché.
Il ne fait aucun doute que le Canada est un allié clé.
[Français]
Le Canada est un allié clé dans la mission de combat aérien. Aujourd'hui, il est le cinquième participant en importance. Il est extrêmement irresponsable de la part du gouvernement non seulement de réduire la contribution du Canada, mais de le faire à des fins politiques.
[Traduction]
Il est très clair que le gouvernement libéral actuel évoque ses prises de position passées à la Chambre et le discours qu'il a tenu durant la campagne électorale pour se retirer d'une mission capitale. Je dirais à mes collègues d'en face que, s'ils ont besoin d'une couverture politique pour prendre les mesures qui s'imposent, croyez-moi, de ce côté-ci de la Chambre, nous les appuierons. S'ils étaient francs avec la population canadienne et disaient que les choses ont changé depuis les élections, que la situation n'est plus la même depuis les attentats de Paris, qu'ils ont compris l'important travail que nos courageux militaires faisaient dans la campagne aérienne et qu'ils veulent changer d'idée, de ce côté-ci de la Chambre, nous les applaudirions.
Nous nous abstiendrions de toute rebuffade ou moquerie. Nous ne profiterions pas de l'occasion pour marquer un point sur eux et dire qu'ils font volte-face. Ils le font sur bien des questions, mais pour celle-ci, nous voulons qu'ils prennent la bonne décision.
Ils sont disposés à revenir sur leur promesse d'un déficit de 10 milliards de dollars et c'est de plusieurs dizaines de milliards de dollars dont il est question maintenant. Ils ne veulent pas tenir cette promesse, celle de gérer les finances publiques de manière responsable. En revanche, les libéraux estiment qu'ils ont une promesse importante à tenir à un moment où nos alliés ont besoin de nous. C'est la partie inacceptable de la motion dont nous sommes saisis et la raison pour laquelle nous sommes si convaincus que nous devons adopter une autre position de ce côté-ci de la Chambre. Il va sans dire que nous voterons contre cette motion.
Le groupe État islamique a déclaré la guerre. À un moment, le a dit que ce n'était pas une vraie guerre. Au contraire, lorsque l'opposant nous fait une déclaration de guerre et qu'il a les moyens militaires de s'en prendre à nos intérêts et à la sécurité de nos citoyens, que cela nous plaise ou non, il y a guerre.
[Français]
Le groupe État islamique a déclaré la guerre au Canada et à nos alliés. Il est primordial que le gouvernement reste aux côtés de nos alliés afin de défendre et de protéger la sécurité des Canadiens au pays et à l'étranger.
[Traduction]
Je ressens davantage de tristesse que de colère devant l'incohérence que les libéraux continuent de manifester par rapport à cette mission de combat aérien. Ils n'ont pas le moindrement expliqué de quelle manière le retrait des CF-18 aidera la coalition à vaincre plus efficacement le groupe État islamique.
Bien que le gouvernement libéral s'oppose aux bombardements, des appareils canadiens continuent de ravitailler les avions qui mènent les frappes aériennes et de repérer leurs cibles. Les libéraux sont contre les bombardements, mais ils y contribuent. C'est ce genre d'incohérence qui laisse nos alliés perplexes et qui, bien franchement, fait de nous un objet de risée dans les coulisses du pouvoir de nos alliés. C'est pourquoi, de ce côté-ci de la Chambre, nous réclamons une stratégie plus cohérente face à nos alliés, pour travailler à leurs côtés et jouer un rôle d'avant-plan dans les réunions qui ont lieu, nous le savons, plutôt de rester dans les coulisses. Voilà le message que nous voulons envoyer à l'ennemi. C'est ce genre d'aide que nous voulons apporter à nos alliés. La motion du gouvernement est incohérente et va à l'encontre des intérêts des Canadiens.
Nous sommes un grand pays. Nous pouvons faire beaucoup de choses à la fois. Nous pouvons participer à la mission diplomatique, nous pouvons participer à la mission humanitaire et nous pouvons participer à la mission aérienne. Nous pouvons contribuer aux frappes aériennes parallèlement à la formation, à l'aide humanitaire et aux initiatives diplomatiques pour maîtriser le groupe État islamique.
Nos militaires ont été très efficaces au cours de la dernière année. Le président Obama a déclaré que les frappes aériennes sont l'un des piliers de la lutte contre le groupe État islamique. Les députés n'ont pas à me croire sur parole; ils n'ont qu'à croire le président démocrate à la Maison-Blanche.
Bien que nous appuyions l'idée de mettre l'accent sur l'aide humanitaire et l'assistance à la sécurité, ce qui n'est que la continuité de ce que le Parti conservateur a fait quand il était au pouvoir, nous ne devrions pas perdre de vue l'efficacité des CF-18 dans le cadre de la mission.
Il arrive parfois au de se lancer dans des discours un peu farfelus. Il a déclaré que l'ennemi mortel du barbarisme n'est pas la haine, mais la raison. Si c'est la raison, alors quelle raison justifie que nous nous désengagions d'un combat juste? Ce combat est juste. Ce pourrait être le combat de notre génération. Hélas, ce pourrait être aussi celui des générations futures. J'espère que ce ne sera pas le cas, mais c'est fort probable.
Le et les libéraux ont dit que le Canada était de retour. Pourtant, l'un des premiers gestes qu'a posés le gouvernement, c'est de se retirer du combat d'une génération. De ce côté-ci de la Chambre, nous ne pouvons approuver ce geste. Nous ne pouvons l'appuyer. Nous ne pouvons voter en faveur de cela. Nous voterons contre cette résolution.
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Monsieur le Président, c'est avec plaisir et conviction que je présente aujourd'hui les volets sur l'aide humanitaire et l'aide à la résilience et au développement du plan d'action de notre gouvernement pour répondre à la crise au Moyen-Orient.
Mon intervention traitera principalement de la dimension humaine de la crise actuelle en Syrie et en Irak, ainsi que de ses incidences sur les hommes, les femmes et les enfants qui ont été forcés de fuir leur domicile et qui vivent dans la peur et, trop souvent, dans des conditions inhumaines. Je parlerai également des pays voisins et de leurs citoyens qui font preuve d'une immense générosité à l'égard des réfugiés.
Nous avons entendu de nombreuses fois les chiffres sur la crise en Syrie. Plus de 11 millions de personnes ont soit fui vers d'autres pays, soit été déplacées à l'intérieur de leurs frontières en raison des violences. Plus de 250 000 Syriens ont perdu la vie, et plus de 13,5 millions de Syriens ont besoin d'aide humanitaire. Le conflit a dévasté des villes, ravagé des quartiers entiers et donné lieu à des atrocités sans nom.
La situation en Irak n'est guère mieux. En effet, depuis les deux dernières années, le conflit a entraîné le déplacement de 3 millions d'Irakiens. À l'heure actuelle, près de 4 millions de personnes vivent dans des zones contrôlées par le groupe État islamique, des zones auxquelles les organisations humanitaires n'ont pas, ou trop rarement, accès.
Étant donné l'ampleur de la dévastation, il est difficile de comprendre pleinement les conséquences de cette crise pour les millions de personnes touchées, y compris les personnes vivant en tant que réfugiés dans d'autres pays. La communauté internationale a le devoir d'agir. Nous avons le devoir d'agir.
Plus tôt ce mois-ci, je me suis rendue en Jordanie et au Liban pour essayer de mieux comprendre les besoins des familles, des communautés et des gouvernements touchés par la crise. J'ai pu constater les souffrances inimaginables infligées à ces gens. J'ai aussi entendu le point de vue des hauts responsables des gouvernements, des représentants des Nations unies et d'ONG, d'enseignants, de travailleurs communautaires et de familles syriennes chassées de leurs foyers.
Dans des centaines d'écoles en Jordanie et au Liban, la durée de l'enseignement a été réduite à une demi-journée, pour permettre l'accueil de groupes de réfugiés en après-midi.
Malgré la générosité des communautés locales, des centaines de milliers d'enfants réfugiés sont toujours réduits à travailler illégalement et dans des conditions difficiles pour apporter un soutien financier à leur famille.
En effet, près de 2 millions d'enfants ne fréquentent plus l'école en Syrie, et 700 000 autres enfants syriens sont dans la même situation, ailleurs dans la région. Toute une génération de jeunes filles et de jeunes garçons ne reçoit aucune éducation, et cela aura des conséquences humaines et économiques importantes à long terme.
L'éducation est le ciment qui permet de construire des sociétés démocratiques et d'entretenir la paix, en plus d'être à la base de la croissance économique. L'impact de cette carence éducative se fera ressentir non seulement dans les pays qui accueillent les réfugiés, mais aussi dans toute la Syrie et en Irak, lorsque viendra le temps de la reconstruction.
[Traduction]
J'ai discuté avec une mère syrienne qui avait trouvé refuge dans un entrepôt avec ses neuf enfants: neuf bouches à nourrir, la promiscuité à gérer, les esprits à cultiver, l'avenir à penser, mais aucun emploi à espérer. Quant à son mari, il était encore en Syrie.
J'ai aussi rencontré des enfants qui voulaient devenir médecins, journalistes ou enseignants. C'était rassurant de voir que leurs espoirs étaient ceux de tous les enfants. À peu près les mêmes, en fait, que les espoirs et les rêves des enfants canadiens. Pourtant, ces enfants devront tous surmonter des obstacles terribles avant que leurs rêves puissent devenir réalité. Malgré leur énergie, leur détermination et leur courage à toute épreuve, on les a retirés de l'école sans leur donner la permission de travailler. Et c'est sans parler des filles qui, pour bon nombre d'entre elles, risquent d'être mariées à un très jeune âge.
La majorité de ces enfants devront surmonter des difficultés d'adulte beaucoup plus rapidement qu'ils ne le devraient.
Ces pays, ces gens, ces familles de réfugiés qui ont fui la violence de leur pays ont désespérément besoin de notre aide.
Voilà pourquoi j'étais ravie d'être aux côtés du lorsqu'il a annoncé la stratégie globale que le gouvernement comptait mettre en oeuvre au Moyen-Orient et qu'il a précisé que des sommes importantes serviraient à répondre aux besoins des plus pauvres et des plus vulnérables de la région.
Cette stratégie permettra au Canada de lutter concrètement et significativement contre cette crise humanitaire et de contribuer à ramener la paix et la sécurité dans cette partie du globe. Elle prévoit le déploiement d'une aide opportune et réfléchie aux efforts militaires et sécuritaires. Elle confirme que notre pays est sensible au sort d'autrui, qu'il est résolument tourné vers l'avenir et qu'il sera toujours là pour ceux qui sont dans le besoin, les préparant aux difficultés qui les attendent. Enfin, elle pave la voie à une tâche essentielle, celle d'engager un dialogue politique constructif afin de mettre fin à ces dangereux conflits.
[Français]
Par cette approche, nous reconnaissons, à l'instar de nos partenaires internationaux, que cette crise est parmi les plus graves auxquelles nous ayons été confrontés. Cette crise en Syrie et dans la région, malheureusement, tout comme la période de reconstruction qui lui succédera, pourrait être longue. C'est avec cette perspective en tête que j'ai consulté les communautés touchées et nos partenaires afin de prendre la mesure des besoins.
Je suis très fière que notre plan permette une aide humanitaire, à la résilience et au développement significative sur une période de trois ans. C'est la première fois dans l'histoire de notre pays que le gouvernement formule un engagement humanitaire sur plusieurs années. Cette innovation est l'illustration de ma volonté de mettre en oeuvre le mandat qui m'a été confié par le , soit de faire du Canada un chef de file en ce qui a trait à l'innovation et à l'efficacité en matière de développement.
Dans le cadre de notre stratégie globale, nous verserons 1,1 milliard de dollars en aide humanitaire, à la résilience et au développement pour les personnes les plus vulnérables touchées par cette crise, notamment en Jordanie, au Liban, en Irak et en Syrie. De cet engagement de 1,1 milliard de dollars sur trois ans, 840 millions de dollars seront consacrés à des programmes d'aide humanitaire qui visent à apporter une aide de première nécessité, comme de la nourriture, des services de santé d'urgence, de l'eau, des abris, un accès à l'éducation de base et de la protection.
Cette contribution sur trois ans permettra au Canada de collaborer plus efficacement avec les Nations unies, des organisations internationales et des donateurs, de manière à améliorer la prestation d'aide humanitaire dans la région.
Étant donné la persistance de cette crise, le nombre de personnes dans le besoin augmente constamment. Grâce à la collaboration de nos partenaires de confiance et expérimentés sur le terrain, notre aide pourra parvenir aux plus vulnérables, y compris les enfants et les victimes de violences sexuelles, de violences sexistes et de mariages précoces et forcés.
Le Canada est conscient que les ressources permettant de répondre aux crises humanitaires actuelles ou nouvelles dans le monde sont limitées. C'est pourquoi nous examinerons la possibilité de conclure de nouveaux partenariats, afin de mobiliser d'autres ressources pour soutenir l'action humanitaire dans le monde et assurer son efficacité et son efficience au Moyen-Orient.
Notre ministère peut compter sur une équipe compétente et sur l'expérience de nos partenaires dans la région pour déterminer où les besoins sont les plus grands et où l'aide canadienne s'avérera la plus utile et complémentaire à celle des autres donateurs.
Je suis fière de rappeler que le Canada a toujours respecté les principes humanitaires que sont la neutralité, l'impartialité, l'indépendance et l'humanité. J'insiste sur l'importance du respect de ces principes par tous les donateurs, puisque la sécurité des travailleurs humanitaires et l'accès des organisations humanitaires aux populations assiégées, comme celle de Madaya, dépendent de la reconnaissance de ces principes par toutes les parties impliquées dans un conflit.
Ce respect des principes humanitaires n'exclut cependant pas les nécessaires procédures d'examen que mon ministère exerce à l'égard de tous ses partenaires. Ainsi, en faisant preuve d'une grande rigueur dans l'analyse et le suivi des projets et des organisations que nous soutenons financièrement, nous nous assurons de faire affaire avec des partenaires fiables qui ont toutes les compétences nécessaires pour secourir des civils pris au milieu des conflits en Syrie, en Irak et ailleurs dans le monde.
Ces partenaires d'expérience se sont depuis longtemps dotés de systèmes de responsabilisation stricts qui permettent d'obtenir l'assurance que les fonds sont utilisés uniquement aux fins prévues et de la façon la plus efficiente et appropriée possible. Ces systèmes visent à ce que chaque dollar dépensé ait la plus grande incidence possible sur la vie des personnes qui ont besoin de notre aide.
Nous évaluons les partenaires avec qui nous travaillons et déployons tous les efforts nécessaires pour veiller à ce qu'ils se conforment à toutes les exigences en matière de lutte contre le terrorisme. Des organismes des Nations Unies et d'autres organisations humanitaires ont adopté de strictes mesures de reddition de comptes afin d'atténuer le risque de détournement de fonds destinés à l'aide humanitaire, notamment afin d'exiger que du personnel de l'organisme accompagne les convois d'aide et que l'on assure une surveillance par une tierce partie.
Passons maintenant aux programmes de développement et de renforcement de la résilience. Bien que la crise constitue une tragédie sur le plan humain, elle touche également à la sécurité et à la stabilité des pays avoisinants. Nous devons avant tout éviter que la région ne sombre dans un chaos plus généralisé.
Durant notre rencontre, mes homologues jordaniens et libanais m'ont décrit les sinistres conditions qui présentent une menace immédiate et soutenue pour la stabilité de leur pays. Avant la crise en Syrie, les taux de chômage étaient déjà élevés. Les loyers coûtaient cher et les revenus étaient à la baisse. L'arrivée de plus de 625 000 réfugiés enregistrés en Jordanie, et de plus de 1,2 million d'entre eux au Liban, au cours des trois dernières années, entraîne leur société et leur économie au bord du gouffre.
Je demande à mes collègues d'imaginer comment leur propre localité composerait avec une augmentation de 30 ou 40 % de sa population; la population de certains villages a même doublé. Ce n'est pas viable. Comment nos électeurs réagiraient-ils face à une telle pression?
Pendant mon séjour au Moyen-Orient, j'ai rencontré les maires de villes qui m'ont dit avoir vu la population de leur municipalité augmenter du tiers en 14 mois. La pression ainsi exercée sur les cliniques de santé, les réseaux d'alimentation en eau, les réseaux électriques et d'autres services municipaux préoccupe tous les fonctionnaires et les citoyens.
L'aide offerte par les citoyens des pays voisins de la Syrie a déjà dépassé de loin ce que la communauté internationale aurait été en droit d'attendre d'eux. Toutefois, les grandes difficultés émanant de l'afflux de personnes dans certaines municipalités menacent de créer des tensions sociales entre les citoyens et les réfugiés. Nous ne pouvons pas rester là à regarder le tissu social, l'économie et l'infrastructure même des pays hôtes s'effondrer. Pourquoi devraient-ils souffrir de leur générosité?
En investissant 270 millions de dollars, également sur trois ans, dans les programmes axés sur la résilience et le développement, nous allons accroître notre travail, surtout en Jordanie et au Liban, pour aider les collectivités à gérer la crise de façon durable. Nous aiderons à mettre au point la capacité nécessaire pour fournir des services aux collectivités hôtes et aux réfugiés. Nous travaillerons avec les populations touchées pour qu'elles aient les outils dont elles ont besoin pour commencer à rebâtir leur société lorsque la crise sera finie.
Nos programmes aideront à créer des emplois, à accroître l'accès des enfants à l'éducation et à s'assurer que les populations ont accès aux services essentiels dont elles ont tant besoin.
À ce titre, nos programmes dans la région permettront de donner de la formation à des fonctionnaires locaux sur l'exploitation d'installations d'approvisionnement en eau, une mesure efficace de prévention contre les maladies transmises par l'eau et liées au manque d'hygiène.
Nous fournirons un cadre d'apprentissage sûr et sain pour les enfants des populations locales et des réfugiés, y compris pour la rénovation d'écoles et l'amélioration des installations d'approvisionnement en eau, d'assainissement et d'hygiène.
Grâce à notre nouvelle stratégie, nous mettrons l'accent sur une approche globale, intégrée et à long terme en vue de surmonter la crise. Nous ferons preuve de leadership en tirant profit de nos domaines d'excellence et collaborerons avec des partenaires multilatéraux expérimentés et efficaces, qui bénéficient d'un accès stratégique sur le terrain.
Nous coopérerons avec les populations et les pays touchés en appliquant des méthodes nouvelles et différentes. Par exemple, nous apporterons un soutien au pacte de la Jordanie, qui vise à mettre en place les conditions propices à la création d'emplois pour les réfugiés syriens en échange d'une aide au développement accrue et ciblée et d'un meilleur accès aux marchés étrangers pour les exportations jordaniennes. Nous pourrons ainsi fournir notre aide de façon stratégique en tenant compte de la nature à long terme de cette crise.
J'insiste sur le fait que notre aide ne consiste pas seulement à répondre aux besoins immédiats. Il est clair aux yeux de tous que cette crise perdurera et qu'elle aura des conséquences à long terme, même après la fin des hostilités.
Grâce à notre nouvelle approche, nous aurons un horizon de trois ans pour mener une action stratégique et mettre en place des programmes avec une planification minutieuse et un financement adéquat. Nous élaborerons des programmes qui renforceront la résilience des populations locales et des pays qui accueillent les réfugiés, pour que leurs sociétés puissent faire face à ces événements dévastateurs et en sortir plus fortes.
Dans le contexte d'une crise prolongée comme celle du Moyen-Orient, nous croyons profondément à la pertinence des projets de résilience qui permettent de combler l'écart entre l'aide humanitaire et les projets de développement. Nous sommes en mesure de nous positionner comme l'un des leaders dans le domaine. Par exemple, dans le secteur de l'éducation, un accès immédiat à une éducation temporaire informelle est une première étape cruciale appuyée par notre aide humanitaire.
Parallèlement à ces efforts, en termes de résilience, il faut collaborer avec les autorités locales afin de renforcer le système d'éducation et d'améliorer l'accès et la qualité des services à long terme pour la prochaine génération. Il s'agit de l'approche la plus durable pour répondre aux besoins découlant d'une crise prolongée.
[Traduction]
En offrant un accès immédiat à des services de base comme l'éducation par l'entremise de nos programmes, nous pourrons créer les conditions favorables à la protection des personnes au sein des collectivités. Nos projets aideront à mettre les enfants à l'abri des dangers du conflit et à protéger les jeunes garçons contre l'attrait que pourraient exercer sur eux les groupes extrémistes, et les jeunes filles contre les mariages précoces et forcés.
Nous sommes aussi conscients qu'un manque de gouvernance et une faible croissance économique créent un vide que les extrémistes peuvent exploiter en offrant de faux espoirs et de fausses promesses aux populations désespérées. Nos programmes visent donc à favoriser une croissance économique inclusive et la création d'emplois pour éviter les coûts humains qui découleraient de l'absence de telles mesures.
Ce sont des objectifs à long terme essentiels qui exigent un engagement à long terme envers la région.
Nous prodiguerons de l’aide qui répond aux besoins des réfugiés eux-mêmes, pour qu'ils soient en mesure de gagner leur vie, d’aller à l’école et de maintenir ou de perfectionner leurs compétences en vue de reconstruire la Syrie dès que le contexte sécuritaire et la situation politique le permettront.
Nous travaillerons pour aider à établir la paix tant souhaitée dans la région. Nous collaborerons avec la communauté internationale pour aider à mettre en place le capital humain nécessaire pour reconstruire la région au moment opportun. Nous devons agir aujourd'hui pour assurer un avenir meilleur et pour en arriver à la paix.
[Français]
Notre stratégie globale montre aux populations, aux gouvernements locaux et aux partenaires canadiens et internationaux avec qui nous travaillons que le Canada prend très au sérieux cette crise, que nous sommes conscients que le seul moyen d'en venir à bout consiste à s'y attaquer sur plusieurs fronts.
Nous savons qu'il s'agit d'une crise complexe et qu'il faut en tenir compte dans nos interventions. Nous devons les élaborer et les gérer avec cohérence. Bien que nous respections les principes humanitaires, nous continuerons de faire preuve d'une grande vigilance pour veiller à ce que la contribution du Canada soit utilisée aux fins prévues uniquement.
Notre contribution de 1,1 milliard de dollars en aide humanitaire, à la résilience et au développement est un élément crucial de cette action. Cette contribution permet de reconnaître que nous pouvons et nous devons faire tout en notre pouvoir pour tendre la main aux personnes qui souffrent et qui ont besoin de notre aide.
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Monsieur le Président, je partagerai mon temps de parole avec le député d'.
Je prends la parole aujourd'hui pour appuyer la motion du gouvernement et la réorientation attendue de la mission contre Daech, afin que le Canada contribue de façon plus exhaustive, vigoureuse et efficace aux activités de la coalition internationale contre ce groupe terroriste barbare.
Rien n'a de plus grande importance pour un gouvernement que de déployer ses forces armées à l'étranger. En tant que fille et soeur de militaires, j'ai pu constater de première main le stress et les inquiétudes que vivent les militaires ainsi que les membres de leur famille qu'ils laissent derrière eux.
Les députés doivent, dans l'intérêt des militaires et des familles de ceux-ci, tenir un débat de fond respectueux, vérifier que cette mission est nécessaire et importante et veiller à ce que les militaires reçoivent l'équipement et les ressources dont ils ont besoin pour réussir leur mission.
Chaque fois que nous envoyons nos militaires à l'étranger, il y a des risques. Toutefois, la menace qui pèse sur nous est particulièrement grave. Daech est une menace à la paix, à la stabilité mondiale et à la sécurité. Il doit être vaincu. La liste de crimes et d'actes barbares qu'il a commis est longue. Il cible les personnes les plus vulnérables et a déraciné des millions de personnes. D'après la Commission des droits de l'homme des Nations unies, 6,5 millions de personnes ont été déplacées à l'intérieur de la Syrie et 3 millions d'autres personnes se sont réfugiées dans des pays avoisinants.
Une crise, une menace, aussi multidimensionnelle nécessite une intervention pangouvernementale, et c'est exactement ce que le gouvernement propose. Nous allons accroître la formation militaire, de même que l'aide humanitaire et l'aide au développement que nous fournissons, et nous nous efforcerons de renforcer la stabilité dans la région.
Le Canada fait partie d'une vaste coalition internationale, qui est déterminée à vaincre Daech et à mettre fin à la crise humanitaire. Nous sommes fiers de collaborer avec nos partenaires et alliés internationaux, qui apportent tous leur contribution unique, en fonction de leurs compétences, de leur expérience et de leur capacité. Le Canada ne peut pas tout faire par lui-même, et, en tant que membre d'une coalition, il n'a pas besoin de le faire.
La motion propose que le Canada contribue de façon plus exhaustive aux activités de la coalition internationale contre Daech, en fonction de notre capacité et de nos aptitudes. Il doit faire ce qui est nécessaire pour vaincre Daech une fois pour toutes.
Il est clair, à mes yeux, que la solution aux crises secouant la région doit être, d'abord et avant tout, politique. Nous allons donc accorder plus d'importance à notre rôle diplomatique pour trouver une solution politique à la crise en Syrie en appuyant le processus de paix parrainé par l'ONU, ainsi que les efforts de réconciliation du gouvernement irakien.
À cause de la crise humanitaire croissante, nous engagerons 1,1 milliard de dollars sur plusieurs années en aide humanitaire et en aide au développement pour les personnes les plus vulnérables, y compris les enfants et les survivants de violence sexuelle et de violence fondée sur le sexe.
Des groupes haineux tels que Daech se nourrissent du sentiment de désespoir, de l'absence d'options et de possibilités, en particulier chez les jeunes. Cette instabilité leur permet de prospérer. Par conséquent, de concert avec nos partenaires locaux, nous travaillerons à bâtir la capacité voulue pour assurer la prestation de services sociaux essentiels, pour favoriser la croissance inclusive et l'emploi, et pour promouvoir une gouvernance inclusive et responsable. En outre, nous augmenterons nos efforts de renforcement des capacités auprès de la Jordanie et du Liban pour contribuer à stopper la propagation de l'extrémisme violent.
Notre intervention doit également être militaire. En triplant la taille de son contingent de formation dans le Nord de l'Irak et en augmentant de manière considérable ses ressources de collecte de renseignements, le Canada apportera une contribution plus substantielle et plus efficace à l'effort militaire contre Daech.
Comme tous les Canadiens, je suis fière de l'armée canadienne et du succès de sa mission de formation en Afghanistan. Nos soldats comptent parmi les meilleurs formateurs au monde, et cette nouvelle mission étendue de formation tirera parti des leçons chèrement apprises en Afghanistan et apportera une précieuse contribution fort nécessaire à la coalition internationale.
Comme je l'ai dit, le Canada ne peut tout faire. Nos ressources sont limitées. Nous devons déterminer stratégiquement quelle est la contribution la plus efficace que nous pouvons apporter à la coalition internationale, et c'est exactement ce que le gouvernement fait.
Nous sommes fiers du rôle qu'ont joué nos pilotes de chasseurs CF-18 dans le combat contre Daech. Nous les accueillons au pays les bras ouverts et les remercions. Toutefois, le Canada ne peut tout faire. Comme nous l'avons promis aux Canadiens en campagne électorale, nous rapatrierons nos chasseurs de manière à pouvoir nous concentrer sur une mission élargie de formation.
Le territoire qu'a saisi Daech, déplaçant ce faisant des millions de réfugiés et semant le chaos dans la région, ne sera regagné que par des efforts au sol. Et, pour ce faire, nos alliés locaux ont besoin de formation et d'appui. Nous devons bâtir la capacité locale de combat direct contre Daech afin de permettre aux gens de recouvrer leur domicile. Voilà ce que ferait la mission de formation du Canada.
Il s'agit d'une contribution militaire plus substantielle et plus complète. Nos effectifs militaires participant à l'opération Impact passeront de 630 à 850 environ et mettront l'accent sur la planification des opérations, la détermination des cibles et le renseignement.
La mission de formation, de conseil et de soutien du Canada triplera de taille. Elle permettra de contribuer à l'entraînement des forces de sécurité irakiennes, notamment par la prestation d'armes légères, de munitions et de dispositifs optiques. L'appareil de ravitaillement aérien CC-150 Polaris et un ou deux appareils de surveillance aérienne CP-140 Aurora continueront de fournir un apport important aux efforts internationaux.
La contribution du Canada est complète et substantielle, et nous ne la prenons pas à la légère. Nous voulons contribuer à stabiliser et à pacifier une région en crise et nous avons pleinement conscience de la menace que Daech et les autres groupes extrémistes du même genre font peser sur le Canada et sur le monde entier.
Le Canada n'est pas isolé du reste du monde. Il n'est pas à l'abri de la menace croissante que représente l'extrémisme dans le monde, ni de la haine que Daech et d'autres groupes cherchent à alimenter et à exploiter. Mais nous ne nous découragerons pas. Nous resterons un membre important, ici et à l'étranger, de la coalition internationale. Nous continuerons d'accueillir les réfugiés, syriens et autres, qui ont été déplacés à cause de ce conflit. Le Canada devrait, d'ici la fin février, avoir accueilli 25 000 réfugiés syriens et, d'ici la fin de l'année, avoir atteint l'objectif qu'il s'était fixé d'accueillir 25 000 réfugiés parrainés par l'État. Aux quatre coins du pays, les Canadiens ont accueilli à bras ouverts ces gens dont la vie a été détruite par le conflit et qui ont besoin de ce que nous tenons tous acquis, c'est-à-dire un endroit sûr où nos enfants pourront grandir et s'épanouir.
Nous sommes très chanceux d'être Canadiens et de connaître la paix et la prospérité. Nous sommes privilégiés, et ces privilèges s'accompagnent de devoirs. Devant les millions de personnes qui souffrent, nous avons le devoir d'agir. Le plan du gouvernement s'inscrit dans la plus pure tradition canadienne: nous utilisons nos capacités et nos forces pour participer concrètement et efficacement à la coalition internationale.
Le chemin à parcourir ne sera pas facile. Je tiens d'ailleurs à exprimer ma solidarité avec les militaires, les diplomates et les responsables du développement canadiens ainsi que leur famille. Ces gens font la fierté du Canada et nous les appuyons.
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Monsieur le Président, j'aimerais d'abord souligner la contribution exceptionnelle de nos militaires et de nos anciens combattants qui ont combattu à l'étranger et qui ont assuré la défense du Canada. J'aimerais aussi souligner leur contribution significative à la paix et à la sécurité internationale.
En 10 ans, sous la gouverne des conservateurs, l'image du Canada a changé sur la scène internationale, et pas pour le mieux, comme la majorité des Canadiens le savent. Pendant cette décennie, les conservateurs se sont éloignés d'une longue tradition d'engagement responsable sur la scène internationale. Notre pays s'est même absenté de plusieurs grandes discussions à l'échelle internationale. Le Canada a perdu son siège non permanent au Conseil de sécurité des Nations unies.
Je me rappelle très bien cet épisode du 12 octobre 2010. Nous avons dû retirer notre candidature pour l'obtention d'un siège au Conseil de sécurité des Nations unies, après avoir perdu les deux premiers tours du scrutin. C'était la première fois que le Canada subissait un tel revers lors des élections pour l'occupation des sièges non permanents au Conseil de sécurité des Nations unies. Depuis 1948, le Canada avait toujours décroché ce siège, à chacune de ses candidatures.
Le 12 octobre 2010, c'était la consternation. Comme bien des gens, j'avais honte. Le Canada ne représentait plus une force diplomatique dans le monde. Ce n'était pas une surprise totale. On savait très bien que la position controversée adoptée par le gouvernement conservateur de l'époque au sujet de la lutte contre les changements climatiques n'était pas étrangère à la réserve que certains pays de l'ONU avaient pu entretenir lors du vote d'octobre 2010. Une chose était devenue claire: nous avions perdu notre image de force diplomatique et de gardien de la paix.
Je me suis engagé en politique pour bien des raisons. D'abord, je voulais contribuer activement à redonner à ma région les outils dont elle a besoin pour relancer son économie. Puis, je voulais participer à la reconstruction de l'image du Canada à l'international.
Au Canada, il existe une vieille tradition d'engagement responsable dans les affaires internationales. Cette tradition fait partie intégrante de l'identité de notre pays. L'expertise exceptionnelle du Canada doit servir à agir comme chef de file mondial en matière de coopération entre les pays. Pour être vu et entendu, il faut s'énoncer clairement, parler fort et envoyer un message clair et percutant.
Le 19 octobre dernier, les Canadiens et les Canadiennes ont envoyé un message clair qui a résonné partout dans le monde: le Canada est de retour sur la scène internationale, après une décennie de désengagement diplomatique des conservateurs.
Je le répète: le Canada est finalement de retour. Il est de retour pour accroître le soutien du Canada aux opérations de maintien de la paix des Nations unies et pour dynamiser à nouveau les efforts de médiation, de prévention des conflits et de reconstruction à la suite de ces mêmes conflits.
Le Canada en fera davantage, mais il le fera de façon différente. Notre approche se distingue clairement et avantageusement de celle des conservateurs par l'accent mis sur l'aide humanitaire, l'accueil des réfugiés et la diplomatie, plutôt que sur l'effort strictement militaire.
C'est dans le contexte de cette nouvelle approche que s'inscrit la redéfinition de la mission en Irak et en Syrie. Notre objectif est aussi très clair: augmenter l'efficacité et mieux tirer profit des forces de l'armée canadienne, afin de répondre aux besoins actuels de la coalition.
Les conservateurs sont étonnés. Pourtant, nous avons réitéré à de multiples reprises notre engagement visant à mettre fin aux frappes aériennes menées par les CF-18 en Irak et en Syrie pour privilégier la formation des troupes locales luttant sur le terrain irakien. Au lendemain de notre élection, le a informé le président Obama de nos intentions. Le , quant à lui, a participé à de multiples rencontres bilatérales pour expliquer notre approche et contribuer davantage pour répondre aux besoins en matière de formation, de transport et d'aide médicale.
Comme nous l'avons promis, nous bonifions le volet humanitaire. Le volet diplomatique est aussi renforcé par une augmentation du personnel au Liban, en Jordanie et en Irak. Nous allons aussi déployer davantage de personnel militaire dans la région pour différentes fonctions, dont la formation.
Je rappelle aux députés de la Chambre les changements que nous apporterons. Nous allons augmenter le nombre de membres des Forces armées canadiennes déployés dans le cadre de l'opération IMPACT de 650 à environ 830.
Nous allons tripler l'effort du Canada en matière de formation, de conseil et d'aide dans le Nord de l'Irak afin d'accroître l'autonomie des forces de sécurité locales. Nous augmenterons les ressources dédiées au renseignement, tant dans le Nord de l'Irak que dans l'ensemble du théâtre des opérations, afin de mieux protéger les forces de la coalition et du pays hôte. Cela permettra à la coalition de dresser un portrait plus détaillé de la menace et améliorera sa capacité à cibler, à affaiblir et à vaincre le groupe armé État islamique.
Nous continuerons d'appuyer les opérations de la coalition avec l'avion de ravitaillement Polaris, et jusqu'à deux aéronefs de surveillance Aurora. Nous assurerons la formation sur l'utilisation de l'équipement militaire fourni par le gouvernement du Canada en application de la législation canadienne et internationale.
Nous offrirons de participer à la liaison ministérielle de la coalition qui fournit du soutien au ministère de la Défense et au ministère de l'Intérieur de l'Irak. Nous augmenterons la participation à l'effort actuel de renforcement des capacités de la Jordanie et nous créerons un nouveau programme pour le Liban. Finalement, nous fournirons une plus grande capacité médicale des Forces armées canadiennes afin de soutenir les forces de sécurité canadiennes et leurs homologues irakiens.
Les changements que je viens d'énumérer constituent un plan clair et éclairé. Nos alliés reconnaissent que le Canada continue de soutenir la mission aérienne en fournissant deux avions de surveillance et un avion de ravitaillement. En plus, nous contribuerons à ce qui est considéré comme essentiel au succès militaire à long terme de la mission: la formation des troupes kurdes.
Soyons clairs, nous n'avons jamais préconisé un arrêt total de la participation militaire, comme le promettaient les néo-démocrates. Nous privilégions la formation à la participation aux frappes aériennes. Le Canada se rendra plus utile de cette façon, puisqu'il a développé une véritable expertise en la matière.
Le chef d’état-major de la défense, le général Jonathan Vance, a souligné récemment qu'il ne fallait pas tomber dans le piège de vouloir définir la mission en Irak autrement que par une mission de soutien. Si les frappes aériennes peuvent être utiles à court terme, elles ne peuvent offrir la stabilité à long terme. Pour cela, il faut offrir à la population les moyens d'assurer sa défense et sa sécurité.
L'ère d'isolement que nous avons connue sous les conservateurs depuis 10 ans est terminée. Le Canada reprend son rôle diplomatique afin d'aider à trouver des solutions politiques à la crise qui sévit au Moyen-Orient, en appuyant le processus de paix parrainé par les Nations unies et en contribuant aux efforts déployés par le gouvernement de l'Irak en vue de favoriser la réconciliation.
Notre gouvernement a une approche pragmatique et moderne. C'est cela la promesse d'un Canada responsable et engagé de façon positive dans le monde.
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Monsieur le Président, c'est avec plaisir que je prends part au débat sur la motion consacrée à la modification du rôle du Canada dans le combat contre le groupe État islamique.
Je partagerai mon temps de parole avec le député de .
Tout d'abord, je tiens à dire combien je suis fier des militaires canadiens qui, en plus de défendre notre pays, défendent les intérêts et les valeurs du Canada à l'étranger. Les militaires sont la pierre d'assise de nos dispositifs de défense, comme le veut une longue et noble tradition militaire remontant aux débuts du Canada.
On ne peut jamais prendre à la légère la décision d'envoyer des militaires au combat. Cependant, quand le Canada subit des attaques sur son territoire et que des Canadiens sont attaqués à l'étranger, il faut agir. Malgré cela, le a décidé que les CF-18 canadiens ne participeraient plus au combat que mène la coalition contre le groupe État islamique. Il les a retirés du combat sans expliquer pourquoi. Apparemment, le Canada est prêt à tracer des cibles, à mener des activités de surveillance et à ravitailler les bombardiers, mais pas à lâcher des bombes canadiennes. Ce retrait du combat contre le groupe armé État islamique envoie un mauvais signal aux Canadiens et à nos alliés.
La motion proposée fait augmenter les risques pour les membres des Forces armées canadiennes, mais elle réduit le soutien aérien du Canada. Le Parti conservateur croit fermement que nous devrions continuer d'utiliser nos CF-18 pour lutter contre le groupe État islamique. Mon parti et moi pensons que, en les retirant de cette mission, le Canada s'éloigne de son rôle habituel en tant que défenseur des droits de la personne et de la sécurité internationale. Notre pays a une longue et fière tradition lorsqu'il s'agit de défendre les populations innocentes et vulnérables et de s'attaquer à ceux qui commettent des atrocités de masse.
Pendant ma carrière précédente au sein de la GRC, j'ai fait partie d'une équipe d'intervention d'urgence spéciale qui offrait du soutien aux agents sur le terrain dans des situations d'urgence. En tant qu'agents de soutien, nous étions là pour contribuer à résoudre des situations dangereuses, et donc à mieux protéger la population et les agents des forces régulières. Il aurait été alors irresponsable de la part de nos dirigeants de nous relever de ces fonctions, laissant ainsi nos agents intervenir seuls, sans soutien spécialisé. Or, n'est-ce pas précisément ce que le gouvernement fait maintenant avec nos militaires?
Les chasseurs que le gouvernement libéral vient de clouer au sol fournissaient le soutien aérien dont avaient besoin les troupes luttant contre le groupe État islamique. Si nous envoyons davantage de soldats sur place, nous devons les protéger adéquatement. Nous ne devrions pas avoir à nous fier à nos alliés pour protéger nos soldats. Parce que, si nos troupes étaient attaquées, nous devrions compter entièrement sur nos alliées pour nous soutenir. Résultat: au lieu d'un seul lien direct avec nos troupes sur le terrain, nous nous retrouverons avec un nombre inutilement élevé de canaux de communication.
Voici quelques exemples de ce que j'avance.
En Afghanistan, en 2002 et en 2006, nos alliés ont bombardé nos propres soldats à cause d'erreurs de communication.
J'aimerais aussi que les députés se rappellent ce qui s'est produit sur la Colline, en octobre 2014. À l'époque, la sécurité sur la Colline était assurée par plusieurs services distincts, ce qui a causé des problèmes de communication et gêné l'intervention. Lorsqu'elle est revenue sur les événements qui sont survenus ce jour-là, la GRC a conclu que:
[l]a relation de travail entre le service de sécurité de la Chambre des communes, le service de sécurité du Sénat et la GRC est inadéquate. Ces trois groupes travaillent en vase clos, interagissent peu et ne se transmettent pas d’information.
Pour éliminer ces nombreux canaux de communication et faciliter les futures interventions, la sécurité sur la Colline du Parlement a depuis été confiée à un seul et unique organisme.
Les exemples que je viens de donner montrent que le gouvernement libéral compliquera la tâche de ceux qui, du haut des airs, sont chargés d'intervenir et d'aider les soldats que nous avons déployés sur le terrain. Nos CF-18 étaient ce lien direct qui assurait la sécurité de nos troupes.
Le 17 décembre dernier, si on se le rappelle bien, les forces spéciales du Canada chargées de former les combattants kurdes se sont retrouvées au milieu d'une attaque de grande envergure de la part des activistes du groupe État islamique. Deux de nos CF-18 ont donné un sérieux coup de pouce à nos troupes en attaquant la position de combat du groupe État islamique qui soutenait l'offensive des extrémistes. Voilà qui devrait prouver que nos troupes courent des risques en étant sur le théâtre des opérations et qu'elles ont besoin des frappes aériennes pour garder leurs arrières. Et c'est justement ce que faisaient nos CF-18.
Le général Vance a déclaré que le fait de tripler les effectifs d'intervention spéciale sur le terrain augmenterait les risques, ce que le a confirmé à la Chambre. Si c'est le cas, pourquoi le gouvernement se retire-t-il du combat contre le groupe État islamique, exposant ainsi les troupes au danger? Selon nous, les troupes devraient avoir directement accès à tous les outils disponibles pour se protéger et accomplir leur mission. Les avions-chasseurs comptent parmi les meilleurs outils disponibles.
Freiner et affaiblir le groupe État islamique est plus crucial que jamais, maintenant que le groupe opère au-delà des frontières de l'Irak et en Syrie, et qu'il a récemment assassiné des Canadiens. Le Canada a été un allié important dans la campagne de frappes aériennes et a contribué efficacement aux efforts déployés par la coalition pour détruire le groupe État islamique. Le Canada a aussi fourni du soutien aérien aux troupes canadiennes au sol ainsi qu'à celles des pays alliés. Il est extrêmement irresponsable de la part du gouvernement d'atténuer l'apport du Canada, d'autant plus qu'il le fait pour des raisons politiques.
La capacité du Canada est suffisante pour lui permettre de continuer à contribuer aux frappes aériennes tout en fournissant de la formation et de l'aide humanitaire. Le gouvernement choisit plutôt de se concentrer uniquement sur l'aide humanitaire et l'assistance à la sécurité, des mesures qui sont déjà en place. Il y a bien des cas où il est nécessaire de recourir à une intervention militaire plus musclée et au combat. Il est primordial que le gouvernement épaule les pays alliés, pour défendre et protéger non seulement les troupes sur le terrain, mais aussi la sécurité de tous les Canadiens et celle des pays alliés.
Le et le doivent faire en sorte que les troupes canadiennes soient protégées par les CF-18. Assurons-nous que celles-ci rentrent au pays et souhaitons qu'elles fassent attention et se protègent.
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Monsieur le Président, c'est un plaisir d'être ici aujourd'hui. Je suis content de parler de la mission de lutte contre le groupe État islamique et de l'apport du Canada à l'importante coalition internationale.
Avant d'entrer dans les détails de la nouvelle mission, j'invite tous les députés à remercier les vaillants membres des Forces armées canadiennes, qui ont courageusement et volontairement accepté de se battre pour protéger les valeurs canadiennes dans le monde. Je ne crois pas qu'on puisse mieux servir le Canada, et je remercie tous ceux et celles qui ont combattu à l'étranger pour protéger les Canadiens.
J'aimerais parler aujourd'hui des valeurs canadiennes. Le et ses collègues semblent se complaire à utiliser ce terme pour justifier la mission dont il est question. Mais à voir le rôle qu'ils veulent jouer dans la mission de lutte contre le groupe État islamique, on se rend compte qu'il s'agit d'un discours creux.
Pour moi, ce ne sont pas les paroles des gens qui révèlent leurs valeurs, mais bien ce qu'ils font. Il y a un vieil adage qui dit que les gestes sont plus éloquents que les paroles. En ce qui concerne la mission de lutte contre le groupe État islamique, nos partenaires internationaux auront tôt fait de comprendre que le Canada est content de laisser le travail ingrat aux autres. Or, ce n'est pas ainsi que les Canadiens agissent.
Voyons ce à quoi nos partenaires étrangers se préparent pendant que nos avions chasseurs rentrent au pays.
La France intensifie ses frappes aériennes. Les États-Unis intensifient leurs frappes aériennes. Le Parlement britannique vient d'approuver une motion visant à intensifier les frappes aériennes du pays. Pendant que nos partenaires se préparent à livrer combat au groupe État islamique, nos pilotes de chasse reçoivent pour ordre de plier bagage.
Je pense exprimer l'opinion de nombreux Canadiens si je dis qu'il n'a jamais été dans les valeurs canadiennes de tourner le dos à une situation difficile. Il n'a jamais été conforme aux valeurs canadiennes de laisser tomber nos amis et certainement pas de fuir un combat qui vise à protéger ceux qui ont besoin de notre aide.
Voyons comment les Canadiens ont répondu à l'appel lors de conflits passés.
Durant la Première Guerre mondiale, les Canadiens ont vraiment montré de quoi ils étaient faits et cette guerre a forgé notre identité dans la communauté mondiale. Personne ne dira le contraire. Comme le Canada était un pays relativement jeune qui était surtout perçu comme étant sous l'autorité britannique, un grand nombre des acteurs de la scène mondiale ne savaient pas à quoi s'attendre. Les soldats canadiens ont fait preuve d'une grande force durant ce conflit et ont joué un rôle déterminant dans de nombreuses missions.
Je ne puis penser à un meilleur exemple que la bataille de la crête de Vimy pour illustrer la force du Canada. Les Canadiens avaient reçu l'ordre d'attaquer les troupes allemandes et de s'emparer de la crête qu'elles occupaient. Ils ont réussi là où plus de 200 000 militaires britanniques et français avaient échoué. La victoire de Vimy en 1917 a constitué la plus grande avancée contre les Allemands depuis le début de la guerre et ouvert la voie à la fin du conflit. Cette victoire a eu un prix, cependant, car plus de 10 000 Canadiens ont été tués ou blessés au cours de l'affrontement. Quand il a été appelé à agir, le Canada ne s'est pas défilé.
Lors de la Seconde Guerre mondiale, les militaires canadiens ont combattu courageusement sur de nombreux fronts, notamment à la plage Juno. Encore une fois, ils ont fait preuve d'une force et d'une détermination indéfectibles pour servir leur pays. Dans le cadre de l'opération Overlord, ils ont pris d'assaut la plage Juno, dont ils sont parvenus à s'emparer. Environ 574 de nos combattants ont été blessés et à peu près 340 ont fait le sacrifice ultime au cours de cette mission.
Le succès des troupes canadiennes à la plage Juno a néanmoins donné accès à une tête de pont cruciale et conduit à la libération de l'Europe. Là encore, le Canada ne s'est pas défilé.
La plupart d'entre nous avons quelque chose à raconter au sujet de la Seconde Guerre mondiale ou d'un autre conflit. Un de mes grands-oncles est enterré dans le cimetière de Groesbeek, en Hollande. Il a donné sa vie pour aider à libérer la Hollande. De nombreux autres militaires ont fait preuve du même courage. Ils ne se sont pas défilés.
On peut aussi penser à la guerre de Corée. Entre 1950 et 1953, environ 26 000 militaires canadiens ont prêté main-forte à la Corée du Sud au cours de ce conflit, et 516 d'entre eux y ont trouvé la mort.
Quand on considère aujourd'hui la différence qui existe entre la Corée du Nord et la Corée du Sud, il est évident que c'est une bataille qui méritait d'être menée. Une fois de plus, le Canada ne s'est pas défilé.
Si j'ai parlé de ces conflits historiques, c'était pour démontrer que se défiler devant une bataille qui mérite d'être menée n'a jamais été une valeur pour les Canadiens. Quand la démocratie, la liberté, la tolérance et la primauté du droit étaient menacées, le Canada a réagi de façon significative.
C'est la même chose aujourd'hui. Un sondage réalisé par la firme Angus Reid le 6 février dernier a révélé que 63 % des Canadiens estiment que le Canada devrait poursuivre les bombardements contre l'EIIS au rythme actuel ou aller encore plus loin. En outre, seulement 18 % des Canadiens interrogés estiment que retirer nos avions du combat aura un effet positif sur notre réputation internationale. Si 18 % des Canadiens veulent que le Canada se défile, cela signifie que 82 % ne le souhaitent pas.
Le premier ministre David Cameron a très bien résumé la situation récemment: « Nous ne devons pas nous contenter [de confier] notre sécurité à nos alliés. Si nous estimons que passer à l'action peut contribuer à nous protéger, alors nous devons — avec nos alliés — passer à l'action [...] et non nous tenir à l'écart de celle-ci. » La même logique devrait s'appliquer au Canada. Si nous croyons vraiment qu'il faut agir pour vaincre le groupe État islamique, et bien agissons. Il ne faut pas prendre des décisions fondées sur des discours électoraux, mais plutôt sur les véritables besoins de nos partenaires internationaux.
Je vais conclure dans quelques instants. Auparavant, je tiens toutefois à remercier les députés de la Chambre qui ont pris la parole pour faire valoir ce que le Canada devrait faire pour assumer ses responsabilités et ses obligations à l'échelle internationale. De ce côté-ci de la Chambre, le député de , le député de et bien d'autres ont expliqué très clairement pourquoi le Canada ne doit pas se défiler. Cela ne correspond pas à ce que nous sommes et ce n'est pas ce que nous devons faire. Je serais maintenant heureux de répondre aux questions.
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Monsieur le Président, je partagerai mon temps de parole cet après-midi.
Je tiens à lancer le débat en témoignant ma gratitude à nos militaires déployés au Moyen-Orient et ailleurs dans le monde, ainsi qu'aux nombreux fonctionnaires qui ont fait preuve et continueront de faire preuve de dévouement au Moyen-Orient en notre nom et au nom de tous les Canadiens.
C'est un grand privilège de discuter de cet engagement important du gouvernement et de la population canadienne. Il ne fait aucun doute que nous avons un rôle à jouer dans la géopolitique de notre époque et que nous devons appuyer nos alliés de l'OTAN au Moyen-Orient. Je crois que c'est précisément ce que nous faisons, de ce côté-ci de la Chambre, en allant de l'avant avec assurance et confiance. Non seulement nous jouerons un rôle dans le monde en luttant contre le groupe État islamique, mais nous veillerons également à ce que cette partie du monde puisse se reconstruire, combattre pour sa propre défense et élaborer une approche à long terme en vue de stabiliser la région.
Notre motion comporte cinq éléments que j'aborderai avant de parler davantage des mérites du débat.
Premièrement, nous voudrions recentrer notre contribution militaire en développant la mission de conseil et d’assistance des Forces armées canadiennes en Irak; augmenter considérablement les capacités de renseignement en Irak et dans toute la région visée; déployer des membres du personnel médical des Forces armées canadiennes; offrir au gouvernement de l'Irak les services d’agents de liaison ministérielle auprès des ministères de la Défense et de l’Intérieur; augmenter les efforts de renforcement des capacités auprès de nos partenaires de la défense en Jordanie et au Liban pour favoriser la stabilité régionale; et, comme de nombreux députés l'ont souligné, retirer nos CF-18 tout en maintenant la capacité aérienne de surveillance et de ravitaillement en carburant.
Deuxièmement, nous voudrions améliorer les conditions de vie des populations touchées par le conflit et aider à jeter les bases d’une stabilité régionale à long terme pour les communautés d’accueil, dont le Liban et la Jordanie.
Troisièmement, nous voudrions investir considérablement dans l’aide humanitaire tout en travaillant de concert avec des partenaires humanitaires d’expérience afin de répondre aux besoins essentiels des populations touchées par le conflit, dont les enfants et les victimes de violence sexuelle ou sexiste.
Quatrièmement, nous voudrions entretenir des rapports plus efficaces avec les dirigeants politiques dans toute la région; augmenter la contribution du Canada aux efforts internationaux visant à trouver des solutions politiques aux crises qui touchent la région; renforcer notre présence diplomatique pour faciliter la mise en œuvre de programmes améliorés; appuyer l’augmentation des déploiements des Forces armées canadiennes; renforcer le dialogue avec les partenaires locaux et internationaux sur le terrain; et donner généralement au Canada une plus grande influence dans la région. C'est de toute évidence ce que nous faisons de ce côté-ci de la Chambre.
Cinquièmement, et fait non négligeable, nous accueillons au Canada des dizaines de milliers de réfugiés syriens. Nous avions pris cet engagement important pendant la campagne électorale, et nous sommes en train de le concrétiser. Je crois que 20 000 réfugiés syriens sont déjà arrivés au Canada. Ce travail se poursuit.
Ce geste fait clairement savoir au monde entier et à la région touchée que nous sommes prêts à fournir un soutien à long terme. De plus, l'accent mis sur la dignité de la population et l'aide humanitaire reçoit un accueil favorable à l'échelle internationale. Plus important encore, il dénote les valeurs du Canada, toujours prêt à aider, à offrir un refuge en cas de tempête et à aider les gens des régions touchées à rebâtir leur vie.
Voilà essentiellement ce que nous accomplissons en tant que gouvernement, et j'en suis très fier.
J'aimerais attirer l'attention des députés sur les points qu'on oublie quand on se concentre seulement sur le retrait des CF-18. Il faut regarder, de façon plus globale, tout ce que nous faisons pour soutenir nos alliés de l'OTAN, les 65 États partenaires qui combattent le groupe État islamique. Il faut regarder ce que nous apportons à cette coalition et la façon la plus efficace d'y contribuer. Il ne fait aucun doute que le Canada respecte ses engagements envers ses partenaires de l'OTAN. Tant les généraux américains que nos partenaires internationaux affirment que le Canada joue un rôle important. C'est un fait.
Dans l'ensemble, notre contribution s'est avérée supérieure à celle du gouvernement précédent. Nous fournissons notamment plus de personnel, plus d'aide et plus de soutien sur le plan technologique. Nous aiderons la région à court terme en favorisant l'acquisition, par les forces irakiennes et d'autres forces sur le terrain, de compétences supplémentaires afin de lutter contre l'EIIL. Nous l'aiderons également à long terme sur les plans humanitaire et politique et dans le cadre de la reconstruction du pays, notamment au moyen de notre approche pangouvernementale, dans l'espoir de la pacifier et de la rendre plus sûre. Si l'on compare les efforts que nous déployons et ceux du gouvernement précédent, il est évident que nous en faisons davantage.
Lorsque nous examinons la situation, il semble y avoir beaucoup de rancoeur relativement au retrait des avions CF-18. Il ne fait aucun doute que la réorientation de notre mission a permis à nos partenaires de l'OTAN de poursuivre la mission de bombardement. Manifestement, ce n'est pas là le signe d'un gouvernement qui se défile. Nous demeurons engagés dans la lutte. Nous avons redéfini notre capacité à cet égard et nous allons de l'avant avec une approche différente, une approche qui non seulement est fidèle à ce que nous avions promis pendant la campagne électorale, mais qui permettra également de soutenir la région durablement. C'est sur ce plan que les Canadiens excellent depuis toujours.
Le 150e anniversaire du pays approche à grands pas, et je m'en voudrais de ne pas rappeler que le Canada a toujours répondu « présent » lorsque les événements nécessitaient son intervention, depuis la guerre des Boers jusqu'aux deux guerres mondiales; il était d'ailleurs là lorsque les Alliés ont pris d'assaut les plages de Normandie. Nous avons joué un rôle pendant la guerre froide, et nous étions en Afrique, en Bosnie et en Afghanistan. Le Canada n'est pas isolationniste; il ne l'a jamais été et il ne l'est pas davantage ces jours-ci. J'ai au contraire le sentiment que la manière dont nous abordons la politique étrangère, la forme que nous lui donnerons et le rôle porteur que nous jouerons auprès des organismes d'aide humanitaire, en partenariat avec nos partenaires des Nations unies, serviront les intérêts de notre pays.
L'ancien gouvernement refusait de faire du Canada le partenaire de choix qu'il était à l'époque de MM. Pearson, Trudeau, Clark, Mulroney et Chrétien. Le ton a changé sous l'ancien gouvernement. Nous avons été nombreux à constater qu'il abandonnait les rôles dans lesquels le Canada avait pourtant toujours excellé, c'est-à-dire être un partenaire indéfectible des organismes étrangers qui veulent ramener la paix, l'ordre et la saine gouvernance dans les autres parties du monde et contribuer concrètement à leurs efforts.
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Monsieur le Président, j'aimerais d'abord remercier les membres des Forces armées canadiennes qui sont actuellement en Irak et en Syrie. C'est grâce à leur courage et à leur compétence que nous avons pu formuler une politique plus ample permettant d'aider toutes les personnes de la région.
[Traduction]
Je veux axer mes remarques sur trois grands thèmes: premièrement, notre mandat; deuxièmement, la nature du travail d'équipe, pour ainsi dire; et troisièmement, le leadership. J'utiliserai quelques métaphores sportives. Je ne le fais pas parce que cette question n'est pas sérieuse, mais pour expliquer la nature du travail d'équipe. C'est souvent utile. J'ai enseigné au niveau universitaire pendant 20 ans. Je comprends donc que, pour aider les Canadiens de différents milieux à comprendre ce que nous faisons, il est parfois utile d'employer des analogies et des métaphores d'autres domaines, et c'est exactement ce que je vais faire.
Premièrement, concernant notre mandat, les libéraux ont dit clairement en campagne électorale que nous retirerions les chasseurs aériens de l'Irak et que nous examinerions notre rôle global dans la lutte contre Daech, et c'est précisément ce que nous faisons. Nous avons également été clairs dans notre condamnation de Daech et de tout ce qu'il représente et tente d'accomplir, promettant d'épauler nos alliés contre vents et marées, et c'est précisément ce que nous faisons. En proposant cette reformulation de la mission, nous remplissons notre mandat; en mettant l'accent sur l'aide humanitaire, la formation et la collecte de renseignements, nous fournissons les moyens voulus pour aider à remporter cette lutte, car cette lutte a évolué.
Je vais maintenant employer une métaphore sportive pour expliquer mes propos dans des termes que les Canadiens comprennent.
[Français]
J'ai été entraîneur de soccer pendant plusieurs années et j'ai joué au hockey toute ma vie. J'ai été entraîneur, gérant et sélectionneur. J'ai donc beaucoup d'expérience en ce qui concerne la formulation de stratégies d'équipe et l'évaluation des atouts et des faiblesses des joueurs. Il est très important que je fasse part de cette expérience aux Canadiens et Canadiennes afin qu'ils saisissent exactement ce que nous sommes en train de faire en ce qui a trait à notre mission contre Daech.
Lorsque j'étais vice-doyen de ma faculté de droit, la blague était que j'étais entraîneur de soccer à temps plein et professeur de droit à temps partiel. Dans une équipe, chaque joueur a un rôle et chaque joueur a ses atouts et ses faiblesses. Parfois, les rôles changent selon les circonstances. Il faut toujours tenir compte des circonstances qui changent sur le terrain et au cours d'une saison.
Je vais donner quelques exemples. Dans mon équipe, un joueur s'appelait Benjamin. Lors de la saison hivernale, il était mon meilleur marqueur dans une ligue à sept contre sept. Durant l'été, les besoins de l'équipe ont changé et il a été muté vers le rôle de défenseur central, un rôle très important pour l'équipe. Nous avions perdu notre meilleur marqueur de la saison hivernale, mais c'est quelque chose qu'il faut faire de temps à autre, après une évaluation des atouts et des faiblesses de l'équipe et des circonstances.
Je pourrais aussi parler de Benoît, qui était un autre marqueur de très grande qualité. Lorsque notre gardien de but était blessé, il a dû prendre sa place. Parfois, il faut faire ce qu'il faut.
Je mentionnerai maintenant un exemple que tous pourront comprendre facilement. Tous les quatre ans, lorsque vient le temps de former l'équipe de hockey du Canada en vue des Jeux olympiques, on demande parfois à des marqueurs de première qualité de la Ligue nationale de hockey de jouer un rôle défensif. Ce n'est pas nécessairement parce qu'ils sont moins bons. Ils sont parfois meilleurs offensivement que les autres joueurs de première ou deuxième ligne. Toutefois, ils ont également d'autres atouts qui les rendent plus aptes à combler un rôle défensif.
On gagne assez souvent. Tout cela pour dire que c'est une stratégie gagnante. Le contexte change également. Il faut tenir compte du contexte et de ce qui se passe sur le terrain en Irak et en Syrie.
Voici un autre exemple: j'ai créé une équipe basée sur le contrôle du ballon. Un jour, je suis arrivé sur un terrain où le gazon n'avait pas été coupé; il était d'une hauteur de 10 centimètres. J'ai tout de suite dit à mes joueurs que dans de telles circonstances, notre façon de jouer n'allait pas fonctionner, qu'on allait botter le ballon loin et qu'on allait courir pour l'attraper. Cela a bien fonctionné. On a très vite marqué deux ou trois buts dans le match, et on l'a gagné.
Parfois, il faut regarder le terrain, analyser ce qui se passe et prendre une décision en conséquence.
[Traduction]
C'est exactement ce qui se passe avec notre mission contre Daech. Nous ne pouvons pas tous être marqueurs, même si nous sommes très talentueux. Nous ne pouvons pas tous être des premiers défenseurs, même si nous sommes les meilleurs. C'est ainsi, tout simplement. Il faut former une équipe et tous les rôles doivent être remplis.
Lorsque j'ai demandé au député, il y a un instant, si d'autres alliés consacraient plus d'efforts à la mission humanitaire ou à la collecte de renseignements, il n'a pas su me répondre.
Nous ne faisons pas cela parce que nous sommes faibles, que nous n'avons aucun rôle à jouer ou que nous ne sommes pas des leaders dans la lutte contre Daech. Au contraire, nous le faisons parce que nous sommes des leaders, parce que nous pouvons remplir ce rôle et parce que nous avons vu les conditions sur le terrain changer au cours des derniers mois. Nous savons qu'il faut recueillir des renseignements, entraîner les combattants locaux, fournir une aide humanitaire et recourir à la diplomatie.
Ne vous méprenez pas: cette bataille sera remportée par les combattants locaux qui reprendront leur territoire. Nous aidons à leur entraînement. Oui, les frappes aériennes sont utiles. Il faut toutefois que certains d'entre nous forment les combattants locaux pour nous positionner de manière à remporter la victoire finale.
Il ne s'agit pas d'une mission unidimensionnelle. Franchement, il est parfois assez curieux de voir les députés d'en face insister sur les frappes aériennes canadiennes comme s'il s'agissait de la seule façon de vaincre l'adversaire, sans tenir compte des capacités de la coalition, dont les frappes aériennes constituent un grand atout.
J'aimerais présenter un autre exemple, celui-ci un peu plus théorique. David Ricardo, un économiste ayant vécu au XIXe siècle, a mis au point les lois de l'avantage comparatif, sur lesquelles repose notre mission commerciale internationale. Selon cette théorie, il peut arriver qu'on demande à un pays qui dispose des meilleurs pilotes de plutôt mettre à profit ses capacités en matière de formation, d'aide humanitaire, de relations diplomatiques et de collecte de renseignement simplement parce qu'il peut ainsi apporter la meilleure contribution possible à la stratégie d'ensemble, qui vise en l'occurrence à gagner la bataille contre Daech.
Les choses sont très claires pour nos alliés. Ils ont élaboré avec nous une politique globale.
[Français]
Je vais maintenant dire quelques mots sur le leadership. Parfois, le leadership est multiforme. Il faut l'exercer d'une façon large et ample en portant attention aux changements, et c'est exactement ce que nous sommes en train de faire.
L'opposition a un raisonnement très simpliste sur cette question. Une seule façon d'agir nous mène au désastre, comme on l'a vu avec le Conseil de sécurité des Nations unies il y a quelques années.
[Traduction]
Je suis fier d'être Canadien et j'ai confiance en nos militaires, en nos capacités de leadership et en notre aptitude à collaborer avec nos alliés pour vaincre Daech. Nous travaillons côte à côte avec nos alliés.
Il est nécessaire de remanier notre mission contre Daech pour qu'elle tienne compte de nos capacités. C'est ce que souhaitent nos alliés et c'est la meilleure façon de faire avancer les choses.
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Monsieur le Président, je tiens à informer la Chambre que je partagerai mon temps de parole avec le député de .
Comme tous les députés, les néo-démocrates sont heureux de tenir à la Chambre ce débat sur la meilleure façon de lutter contre l'EIIS et de le vaincre.
Il est intéressant de constater que le gouvernement libéral suit le précédent créé par les conservateurs en demandant au Parlement d'approuver le déploiement de troupes canadiennes dans des zones de conflit actives. Je pèse mes mots, parce que les conservateurs et les libéraux affirment, tant l'un que l'autre, que les motions présentées à la Chambre ne portaient pas sur des missions de combat.
Que demande-t-on à la Chambre? Je présume que le précédent établi consiste maintenant à faire approuver le déploiement de troupes dans des zones de conflit actives.
Le Nouveau Parti démocratique estime que c'est tout à fait pertinent, étant donné que les gouvernements prennent peu de décisions plus importantes que celle de mettre leurs militaires en danger. Malgré cela, le débat public semble s'être dirigé vers une impasse sur la question de savoir s'il s'agit d'une mission de combat ou non. Ce que je trouve étrange, c'est que la mission militaire visée par la motion dont nous sommes saisis aujourd'hui semble pratiquement identique à la mission précédente des conservateurs, quelle que soit la façon dont on la qualifie.
Non, ce ne sont pas des avions canadiens qui vont larguer les bombes, mais le Canada continuera de participer pleinement à la mission de bombardement alliée, avec les deux appareils de surveillance Aurora et l'avion ravitailleur. De plus, nous allons envoyer quatre hélicoptères effectuer des missions en Irak. Et c'est sans compter que, comme l'a confirmé le général Vance vendredi, les Forces canadiennes continueront de marquer les cibles au sol pour les missions de bombardement des alliés.
La motion parle aussi de l'autre partie de la mission militaire, que l'on qualifie assez librement de « mission de formation » et qui comprend explicitement les conseils et l'aide fournis aux troupes locales, y compris l'accompagnement des troupes kurdes au front et, toujours selon le général Vance, des combats contre le groupe État islamique au besoin.
En triplant l'importance de cette partie de la mission, le Canada est nettement en train de s'engager dans une plus grande participation aux combats au sol. Et, aux yeux de la plupart des Canadiens, si les Forces canadiennes sont au front et combattent l'État islamique au besoin, il s'agit bel et bien d'une mission de combat.
Je tiens à le dire une fois de plus, tous les députés font confiance aux Forces canadiennes et personne ne doute de leurs capacités, qu'il s'agisse de bombarder l'ennemi ou de former des troupes alliées. Personne ne doute de la volonté des Forces canadiennes de se battre ou de courir autant de risques qu'il le faut, au service du Canada et de la paix dans le monde.
J'irais même jusqu'à défendre les Forces canadiennes et le général Vance en particulier en disant qu'ils subissent les contrecoups de ce débat sémantique sur la nature de la mission, car je crois que l'état-major de la Défense canadienne a toujours décrit clairement la mission en Irak comme une mission hybride se situant quelque part entre la mission de combat traditionnelle et la mission sans combat.
Le problème, pour le gouvernement libéral, c'est qu'il soutenait auparavant que la mission des conservateurs était une mission de combat et qu'il a clairement demandé, durant la campagne, que l'on mette fin à ce qu'il appelait la mission de combat du Canada en Irak. Nous constatons maintenant que les libéraux ont modifié la désignation de la mission plutôt que la mission elle-même. Malheureusement, comme l'un de mes amis l'a laissé entendre, il semble parfois que le rouge soit peut-être le nouveau bleu.
Pour en revenir à la motion dont nous sommes saisis aujourd'hui, il existe clairement une convention voulant que les gouvernements canadiens doivent présenter les motions à la Chambre afin qu'il y ait un débat et un vote. Il est tout simplement ironique que les conservateurs et les libéraux affirment que leurs motions portaient sur des missions sans combat.
Quoi qu'il en soit, il y a ici un enjeu plus important que les paradoxes de la propagande politique. La motion dont nous sommes saisis va au-delà de l'aspect militaire. En fait, un plaisantin pourrait même la décrire comme une motion omnibus.
Il n'en demeure pas moins que les néo-démocrates se réjouissent de constater que dans la motion, le gouvernement met de nouveau l'accent sur la diplomatie, réitère son engagement à aider les populations touchées par le conflit dans cette région et indique qu'il demeure résolu à aider les réfugiés. Les néo-démocrates ont toujours soutenu que le Canada doit jouer un rôle en offrant de l'aide humanitaire dans la région et en tendant la main aux réfugiés.
Les nobles objectifs du gouvernement en ce qui a trait à l'aide aux réfugiés sont dignes d'éloges, même si la majorité des activités sur le terrain ont jusqu'à maintenant été réalisées par des groupes de parrainage privés, et même si le programme comporte encore d'importantes lacunes. Comme le gouvernement le sait très bien, je demeure très préoccupé par l'efficacité des mesures qu'il a mises en place pour aider les personnes les plus à risque, c'est-à-dire les réfugiés LGBT de la région.
Il est de plus en plus urgent d'offrir une aide humanitaire accrue dans cette région. Lorsque je me suis rendu là-bas, il y a deux semaines, les gens étaient extrêmement inquiets, car ils craignaient que les pressions découlant de la présence de réfugiés syriens dans les pays voisins de l'Irak et de la Syrie — 1,9 million en Turquie, 1,2 million au Liban et plus de 650 000 en Jordanie — entraînent ces pays dans le conflit. Il ne fait aucun doute que le Liban et la Jordanie sont au bord de la dévastation économique et sociale, car les réfugiés représentent respectivement 20 % et 10 % de leur population.
Donc, les mesures énoncées dans cette motion, qui visent à offrir cette aide, sont extrêmement importantes. Cela dit, une fois de plus, nous devons essentiellement déterminer aujourd'hui quelle est la meilleure façon de contribuer à la lutte contre le groupe État islamique.
Encore une fois, tout le monde à la Chambre reconnaît que le groupe État islamique représente une menace pour la paix et la sécurité dans le monde. Les néo-démocrates, comme les députés de tous les autres partis à la Chambre, ont vivement condamné les actes terroristes du groupe État islamique et son idéologie extrémiste violente. Nous déplorons qu'il continue de violer les droits de la personne de façon ignoble, systématique et généralisée. Nous croyons non seulement que la communauté internationale a l'obligation de mettre fin à l'expansion du groupe État islamique, d'aider les réfugiés et de lutter contre la propagation de l'extrémisme violent, mais aussi que le Canada devrait être un chef de file à cet égard. Cependant, les néo-démocrates ont dit clairement que la mission actuelle ne correspond pas au rôle que le Canada devrait jouer. Nous voyons peu de différences entre la position des conservateurs et celle des libéraux. Nous croyons qu'il faudrait mettre fin à cette mission militaire au lieu de l'étendre. Nous sommes préoccupés par le caractère indéterminé de l'engagement que nous nous apprêtons à prendre.
Les frappes aériennes et les autres mesures qui ont été prises jusqu'à présent n'ont pas empêché le groupe État islamique d'administrer un territoire et d'agir comme un État, ce qui, selon son idéologie, est essentiel pour établir sa légitimité, et son autorité repose principalement sur sa capacité à inspirer la loyauté chez ses partisans, que ce soit à l'échelle régionale ou à l'étranger. En dépit des réussites tactiques qu'elles ont permis d'obtenir, les frappes aériennes se sont néanmoins avérées un échec sur le plan stratégique.
L'autre option préconisée par le gouvernement, qui consiste à entraîner les forces irakiennes pour qu'elles combattent le groupe État islamique, semble s'appuyer sur la même vision étroite en misant sur l'aspect tactique. Même si cette approche était couronnée de succès, il serait peu probable qu'elle mène à l'objectif stratégique visé, qui est de vaincre le groupe État islamique. La motion propose d'éliminer la menace à court terme au moyen d'une tactique qui, dans le meilleur des cas, prendrait plusieurs années à mettre en oeuvre.
Après avoir fourni pendant plus de 10 années de l'aide dans le cadre de raids aériens et de campagnes terrestres, puis avoir été chargé d'une mission de formation sur le terrain à laquelle ont participé jusqu'à 3 000 Canadiens sur une période tout aussi longue, où en est le Canada dans la lutte contre les talibans en Afghanistan? En décembre, l'aéroport de Kandahar a été envahi pendant une journée, et plus de 70 personnes ont été tuées. Pas plus tard que la semaine dernière, le gouvernement afghan a reconnu qu'il allait concéder aux talibans le contrôle d'à peu près toute la province de Helmand.
S'il n'est pas d'accord avec l'option des conservateurs, qui consiste à accroître les bombardements, ou l'option des libéraux, qui consiste à mettre l'accent sur la formation et sur l'aide aux responsables des bombardements, qu'est-ce que le Parti néo-démocrate recommande? La meilleure stratégie pour éliminer la menace que représente l'EIIS, c'est de priver celui-ci de la capacité de contrôler le territoire par d'autres moyens que le combat militaire, combat qu'il recherche et dont il a besoin. Voilà ce que le Conseil de sécurité des Nations unies a recommandé dans ses résolutions 2170 et 2199. Ces deux résolutions énoncent exactement le genre de rôle de chef de file que le Canada peut jouer pour lutter contre cette menace à la paix et à la sécurité mondiales.
Chaque jour, la vente de pétrole sur le marché noir rapporte de 1 million de dollars à 3 millions de dollars à l'EIIS. Si nous voulons vaincre l'EIIS, il faudra y mettre un frein. Chose curieuse, le faible prix du pétrole aurait commencé à faire le travail pour nous, puisque l'EIIS semble avoir de la difficulté à payer les salaires de ses employés en raison de la diminution des revenus découlant des ventes de pétrole. La fin de l'EIIS pourrait arriver beaucoup plus rapidement si nous reconnaissons que le pétrole n'est pas vendu dans des seaux ou n'est pas payé en argent comptant et si le Canada joue un rôle de chef de file pour pousser l'EIIS à la faillite. Malheureusement, le Canada n'a déposé qu'une déclaration de culpabilité pour financement d'activités terroristes en 2010, et plus rien depuis ce temps-là.
En 2013, l'Assemblée générale des Nations unies a adopté le Traité sur le commerce des armes, afin d'empêcher que des armes ne tombent entre les mains de ceux qui les utiliseraient pour commettre des crimes de guerre ou des violations des droits de la personne ou encore prendre part à la criminalité organisée — des groupes comme l'EIIS. Trois ans plus tard, le Canada est le seul pays de l'OTAN à avoir refusé de signer le Traité sur le commerce des armes, malgré la promesse électorale des libéraux.
Pour ce qui est des combattants étrangers qui vont grossir les rangs de l'EIIS, le Canada accuse un net retard par rapport à ses alliés. Des collectivités de partout au pays ont demandé de l'aide au gouvernement fédéral, tant sous les conservateurs que sous les libéraux, afin de protéger les jeunes des techniques de recrutement sophistiquées du groupe État islamique. Pourtant, la motion à l'étude ne parle nullement d'intensifier les efforts de déradicalisation et encore moins de plan à cette fin.
Pourquoi ne jouons-nous pas un rôle de premier plan par rapport à ces objectifs plus vastes? Pourquoi ne pas adopter une approche stratégique plutôt que de s'en tenir à une approche tactique? Voilà qui est difficile à comprendre, à moins, bien sûr, que les mesures qu'il faudrait prendre pour tarir le financement et bloquer la circulation d'armes soient susceptibles de mettre certains alliés et amis du Canada dans l'embarras. Aucune des actions que nous proposons n'implique un renoncement à la lutte contre le groupe État islamique. Certaines d'entre elles nécessiteraient éventuellement le recours aux forces militaires, pour bloquer les frontières afin d'empêcher l'exportation de pétrole ou le transport d'armes. La contribution du Canada exigerait des forces militaires équipées des outils dont elles ont besoin pour accomplir leurs tâches.
Bien qu'on y promette de resoumettre la question à la Chambre dans deux ans, la motion constitue en fait un engagement d'une durée indéfinie, comme la mission du Canada en Afghanistan, qui a duré plus de dix ans avec, comme je l'ai déjà dit, des résultats discutables pour ce qui est de la lutte contre les talibans. Le NPD ne craint pas de confier aux Forces canadiennes des missions difficiles à l'étranger. Toutefois, ce devrait être fait avec un mandat clair de la part d'une organisation internationale, comme les Nations unies ou l'OTAN, et avec des objectifs et des mesures de rendement précis, le tout assorti d'une stratégie de retrait. Le Canada a une longue et fière tradition de ce genre de contribution. Nous pouvons agir comme chefs de file de nouveau et nous devrions le faire. Malheureusement, la motion à l'étude n'offre pas cette possibilité.
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Monsieur le Président, je voudrais tout d'abord féliciter mon collègue d' pour son excellent discours et pour sa bonne connaissance du dossier. Nous avons vraiment la chance d'avoir des députés spécialisés en la matière, ici même au NPD. Nous en sommes très contents et très heureux.
Ce débat est très important. C'est un débat sur la motion du gouvernement visant à prolonger la mission militaire canadienne contre le soi-disant État islamique et du soleil levant et, bien sûr, pour d'autres portées en conséquence. C'est vraiment important d'en discuter aujourd'hui. C'est une question qui touche, d'une manière générale, tous les gens du Canada et, en ce qui me concerne plus précisément, du grand Drummond.
Avant même de parler de la proposition du gouvernement, je voudrais parler de ce qui manque dans cette proposition. Entre autres, ce qui manque, c'est la déradicalisation. On ne parle pas dans cette motion de l'importance de lutter, même ici au Canada, contre la radicalisation et de lutter pour assurer l'inclusion de toutes les communautés qui forment notre belle nation.
À cet égard, je voudrais remercier et féliciter le Regroupement interculturel de Drummondville pour la belle activité qu'il a organisée samedi dernier. Nous avons reçu à Drummondville près de 40 citoyens syriens. Ceux-ci ont été accueillis à Drummondville et nous en sommes très fiers. Nous allons veiller non seulement à ce que ces gens soient accueillis chez nous, mais aussi à ce qu'ils puissent apprendre la langue française et s'intégrer dans notre communauté et qu'il y ait des échanges culturels. C'est cela qui a eu lieu samedi. Nous avons eu la chance de goûter à de la nourriture syrienne et d'échanger, grâce à des interprètes, avec les Syriens qui sont arrivés. Nous avons eu aussi la chance d'offrir des vêtements chauds. Les gens de Drummondville ont tricoté des tuques et des foulards. Ils ont remis ces vêtements chauds aux nouveaux citoyens syriens qui sont arrivés il y a un mois ou quelques jours selon le cas. Nous sommes très fiers de cela.
Juste avant de parler en détail de la motion qui est sous nos yeux, je voudrais parler de ce qui s'est passé au Conseil de sécurité de l'ONU le 20 novembre 2015. La résolution 2249 a été adoptée à l'unanimité. Elle donne instruction à tous les États membres de prendre toutes les mesures nécessaires conformément au droit international pour prévenir et faire cesser les actes de terrorisme commis dans les territoires tombés aux mains du groupe armé État islamique en Syrie et en Irak. Par contre, la résolution n'autorise pas d'intervention militaire. Le secrétaire général Ban Ki-moon a précisé ceci: « [À longue échéance], la plus grande menace [pour les terroristes] n'est pas la puissance des missiles, mais plutôt les politiques d'inclusion [...] ».
C'est cela qui est tellement important. C'est pour cela que je souligne les actions qui ont été réalisées dans ma circonscription de la part du Regroupement interculturel de Drummondville et de la coopérative Goûts du monde. C'est justement pour s'assurer de la cohésion sociale et de l'inclusion de toutes les communautés. Cela commence par de petits pas comme il y en a eu à Drummondville et comme j'espère qu'il y aura partout au Canada. C'est cela qu'il faut faire aussi sur le terrain, à l'échelle locale. Je pense que c'est vraiment important, au-delà des bombes.
À cet égard, les positions du NPD sont très claires. Pour nous, c'est très important. La nouvelle mission du libéral soulève des questions, mais il n'y a pas de réponse. Au contraire, la nouvelle mission est très vague. Le personnel des Forces canadiennes s'enfonce encore plus profondément dans un rôle de combat, alors qu'on avait mentionné, au départ, qu'on voulait au contraire se retirer du rôle de combat pour jouer un rôle de formation. Cela nous préoccupe vraiment.
En outre, en multipliant le nombre de soldats sur la ligne de front, comme l'a indiqué le premier ministre, les libéraux engagent désormais le Canada dans un rôle militaire accru sans date butoir ni paramètre permettant de définir s'il s'agira d'une réussite ou pas.
Comme je l'ai mentionné, le NPD est vraiment préoccupé par la direction que prennent présentement les libéraux. On avait mentionné vouloir se retirer de l'aspect militaire, mais cela ne semble pas être le cas. Au contraire, on va avoir encore plus de militaires sur le terrain. On n'a qu'à se souvenir, malheureusement, de ce qui est arrivé au sergent Doiron, décédé en étant supposément là seulement pour offrir la formation. Toutefois, on se rend compte que lorsque les missions ne sont pas bien définies ou claires et lorsqu'il n'y a pas de paramètre précis, on se retrouve dans des situations où l'on risque d'avoir encore plus de problèmes et où on va probablement risquer la vie de nos soldats. Ce n'est pas ce que désirent les gens du grand Drummond.
Pour nous, c'est très important de tracer une ligne claire de ce que doit être une mission en Syrie, et cela n'est pas le cas présentement. Au contraire, les libéraux vont tripler le nombre de conseillers — c'est ainsi qu'ils les appellent — qui oeuvreront auprès des forces de sécurité irakiennes; certains d'entre eux travailleront dans un contexte de bataille. D'autres examineront des moyens d'améliorer le transport tactique sur le théâtre des opérations. Par conséquent, au lieu d'être une diminution des forces armées, on parle plutôt de tripler le nombre de militaires. C'est très préoccupant.
C'est pourquoi, comme le demande d'ailleurs le Conseil de sécurité de l'ONU, on exhorte les États à redoubler d'efforts pour lutter contre le groupe État islamique, notamment en freinant l'afflux de combattants terroristes dans la région et en coupant les vivres à ce groupe. Par exemple, nous aurions aimé que le gouvernement concentre ses efforts dans ces domaines et qu'il lutte contre la radicalisation, ici, au Canada.
Par ailleurs, la question du Traité sur le commerce des armes est très inquiétante. Comme on le sait, il est vraiment préoccupant que le gouvernement actuel n'ait pas encore signé ce Traité. Il faut le ratifier. Cela serait un premier geste urgent à faire, et ce serait d'ailleurs efficace pour freiner la progression du groupe État islamique, plutôt que de déployer nos soldats sur le terrain à courte échéance.
Comme je le mentionnais, nous sommes très préoccupés par rapport à cette mission et nous espérons à court terme que le gouvernement libéral signe ce traité de non-prolifération des armes, ce qui aiderait beaucoup dans ce dossier.
Certaines choses nous préoccupent depuis longtemps. Tout d'abord, ce n'est pas une mission de combat menée dans le cadre d'un mandat des Nations unies et de l'OTAN. Pour nous, au NPD, c'est très important d'avoir une approche multilatérale dans le cadre d'un conflit armé. C'est pourquoi nous demandons au gouvernement de s'asseoir avec des représentants des Nations unies et d'organisations, comme l'OTAN, afin de trouver des solutions multilatérales et à long terme, et non pas des solutions menées par des intérêts particuliers. Présentement, ce sont plutôt les États-Unis qui dirigent la coalition. Nous avons plutôt besoin d'une coalition neutre, comme une mission multilatérale de l'ONU. Pour nous, c'est vraiment très important. C'est absent de la mission et de la motion des libéraux, et cela nous préoccupe au plus haut point.
Pour terminer, je voudrais revenir sur l'importance de travailler à l'échelle internationale, comme nous le mentionnions, soit en signant le traité sur la non-prolifération des armes, soit en s'assurant d'avoir une mission multilatérale sous l'égide de l'ONU. En outre, sur le territoire même du Canada, nous devons lutter contre la radicalisation et avoir plus d'actions et d'interventions, comme il y en a eu samedi dernier à Drummondville. Le Regroupement interculturel de Drummond, le RID, et la coopérative Goûts du Monde sont passés à l'action en assurant l'inclusion et l'accueil de toutes les communautés.
Il faudra s'assurer qu'il y aura une interrelation entre les communautés, et ce, afin d'avoir un meilleur pays qui soit plus accueillant.