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Monsieur le Président, vous excuserez cette voix un peu caverneuse, durant les 10 prochaines minutes, mais je n'allais certainement pas laisser une vilaine grippe me mettre hors jeu pour ce débat vraiment très important qui a trait à la mission canadienne, à cette opération de retapage qui va tout à fait à contresens de ce qu'on nous avait laissé entendre pendant la dernière campagne électorale. Pour vous rassurer tout de suite, je ne vous infligerai pas 20 minutes de cette voix caverneuse, puisque je partagerai mon temps de parole avec la députée d'.
Il est d'autant plus important pour moi de prendre la parole puisqu'au NPD, comme on peut le constater jour après jour, nous sommes probablement les seuls maintenant à porter une voix non moins solidaire mais différente de celle des conservateurs et des libéraux. Pendant la dernière campagne électorale, il m'est arrivé à maintes reprises d'avoir des discussions avec des citoyens qui n'étaient pas nécessairement tous d'accord avec mes propos sur le retrait du Canada d'une mission de combat. Au fil de la discussion, les arguments et le bon sens prenant place, nous comprenions aisément qu'il n'existe pas de solution simple à un problème aussi complexe que celui de la lutte contre le groupe armé État islamique.
Quelle était à ce moment-là la meilleure position que pouvait prendre le Canada pour être un partenaire majeur et efficace et pour pouvoir vraiment toucher les sources du problème plutôt que de mettre un diachylon sur une jambe de bois, comme on le dit dans le jargon populaire? On le voit avec cette nouvelle mission de combat, bien que les libéraux n'osent pas encore prononcer les mots « mission de combat », alors que cela en a toutes les allures. On est exactement dans la même dynamique que le gouvernement précédent. Je ne crois pas que nous allons obtenir de meilleurs résultats.
Alors, qu'est-ce que nous aurions dû faire?
Nous reconnaissons qu'il est difficile de prétendre qu'il existe une solution simple à un problème complexe; cependant, tenter de nous faire croire qu'un prolongement de la mission militaire est la seule solution au conflit qui oppose le monde au groupe terroriste État islamique est un leurre.
La discussion se corse davantage lorsqu'il s'agit de définir clairement quels sont les objectifs de la mission canadienne, quels critères nous permettront de mesurer notre progression ou, enfin, comment nous allons mesurer notre succès ou l'obligation de prolonger la mission après l'échéance prévue. L'échéance est de deux ans, ce qui nous apparaît fort loin pour faire une étude ou un suivi particulier et constant de la situation.
Voilà autant de questions laissées sans réponse par ceux-là même qui tentent de nous convaincre de la nécessité d'élargir la portée de la mission militaire canadienne, puisque c'est bien de cela dont il s'agit. Pour six CF-18 que l'on retire, on va envoyer sur le terrain davantage de militaires qui auront des positions encore plus à risque que celles qu'ils avaient auparavant. C'est donc une extension de la mission de combat qu'avait déjà le Canada.
L'examen de la motion du gouvernement et de la stratégie qui en découle met clairement en évidence la rupture d'une promesse électorale. Après s'être engagés à mettre fin à la mission de combat, les libéraux prolongent la mission militaire en élargissant la portée. Ce ne sera pas la première promesse rompue ou enfin la première promesse qui n'avait pas été comprise comme elle avait été annoncée.
À vrai dire, à propos des baisses d'impôt pour la classe moyenne, si on avait demandé aux citoyens de ma circonscription ce que signifiait la classe moyenne, ils ne se seraient probablement pas attendus à ce que tous ceux qui gagnent 45 000 $ et moins n'aient pas accès aux baisses d'impôt. On ne se serait probablement pas attendu, non plus, à ce qu'un déficit modeste puisse tourner autour de 18 milliards de dollars. Bref, on voit bien qu'il y a là, à toutes les fois, un maquillage de la réalité.
L'ancien gouvernement conservateur avait entraîné nos Forces armées dans un conflit militaire sans objectif clair ni stratégie de retrait. Au lieu de rectifier le tir, le gouvernement persiste sur la même voie avec une mission au contour flou et à l'issue incertaine. On n'a pas besoin d'être un général cinq étoiles pour comprendre qu'une mission militaire sans objectif se solde généralement par un échec.
Le conflit auquel nous faisons face aujourd'hui est justement le fruit d'une telle approche où, sous de fausses prétentions, les États-Unis ont jadis envahi l'Irak, démantelé ses structures et laissé derrière un pays à réorganiser, où les tensions sont multiples, les rapports de force, inégaux, et la gouvernance, désorganisée.
De plus, il faut bien le dire, cette mission de combat ne trouve de justification ni dans un mandat de l'ONU ni dans un mandat de l'OTAN. Ici encore, le gouvernement, malgré le rapprochement du avec Ban Ki-moon, continue de prôner la même approche que les conservateurs, à savoir une approche qui fait fi des institutions traditionnelles dans le cadre desquelles agissait le Canada.
Est-ce que cela signifie pour autant que nous devons ne rien faire et que le Canada doit rester insensible face aux atrocités commises par le prétendu État islamique? Évidemment, la réponse est non. Le NPD ne dit pas que le Canada doit se croiser les bras et ne rien faire. Il dit au contraire que la participation canadienne à la lutte contre ce groupe terroriste doit faire appel à notre expertise reconnue internationalement, à savoir l'aide humanitaire.
À ce chapitre, notre aide humanitaire doit être séparée de l'action politique. J'en ai pour preuve les propos de Médecins sans frontières qui dit que l'aide humanitaire et l'action militaire opérées conjointement mènent à des résultats contre-productifs.
Pour une aide humanitaire efficace sur le terrain, les ONG doivent gagner la confiance des populations locales. Quand les communautés locales se méfient du travail des ONG en raison du mariage contre-nature entre le militaire et l'humanitaire, c'est là que les dérapages commencent et mettent en danger la vie des coopérants.
En 2004, Médecins sans frontières s'est retiré d'Afghanistan à la suite de l'assassinat brutal de cinq de ses travailleurs humanitaires. C'est entre autres en raison du manque de confiance de la population et de l'insécurité créée par l'intervention militaire que cette ONG a dû battre en retraite. Finalement, ce sont les personnes vulnérables qui sont les premières à souffrir au départ des intervenants de première ligne.
Bien souvent, même des gouvernements utilisent l'aide humanitaire pour chercher des appuis dans l'opinion et justifier leurs ambitions politiques et militaires. Cette confusion des genres nuit au travail des ONG et empêche de sauver des vies.
Le prolongement de la mission militaire rencontre ma plus ferme opposition et c'est pourquoi je voudrais braquer les projecteurs sur trois politiques cruciales à nos yeux, dans lesquelles le Canada aurait pu faire figure de proue. Mon temps de parole s'écoulant à grande vitesse, je les résumerai en trois points. D'abord, mettre sur pied une stratégie de déradicalisation ici même. Un des grands problèmes, ce sont les combattants étrangers. Il faut que chaque pays, le Canada en tout premier lieu évidemment, mette en place des mesures qui évitent que des combattants étrangers n'aillent rejoindre le prétendu État islamique.
Il faut aussi mettre en place des mesures qui permettront de fermer le robinet du financement de ce groupe terroriste. C'est un autre élément qui est totalement absent de la motion. Finalement, le Canada devrait se faire un devoir de signer le Traité sur le commerce des armes, puisque voilà les trois éléments à la source du problème: l'afflux d'armes, le financement et les combattants étrangers. Sur ces trois éléments, la motion demeure muette.
Évidemment, j'aurais pu parler en long et en large également du travail que le Canada pourrait faire pour permettre de diminuer, voire d'éradiquer les violences sexuelles qui sont faites lors de conflits. Là aussi, le Canada par l'entremise d'un certain nombre d'ONG dispose d'expertises absolument extraordinaires qu'il pourrait mettre à profit.
Je le répète, l'idée n'est pas que le Canada soit absent du travail international qui se fait pour voir disparaître les combattants du groupe État islamique, mais il faut voir comment le Canada peut apporter une expertise différente, complémentaire, qui s'attaque aux sources du problème, plutôt qu'aux conséquences.
Je m'arrête ici, et je suis disponible pour répondre aux questions de mes collègues.
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Monsieur le Président, je suis satisfaite d'avoir l'occasion de parler à nouveau, au Parlement, de la mission de combat que nous menons présentement en Irak. Il s'agit d'un enjeu particulièrement important de notre époque, alors il est très important d'en débattre ici. Je remercie le gouvernement d'avoir déposé cette motion afin que nous puissions parler de la prolongation de cette mission. Il a au moins la décence de permettre ce débat.
Malheureusement, plusieurs lacunes de cette mission n'ont pas été corrigées au fil du temps. Il n'y a toujours aucun plan ou objectif précis qui définissent la mission. D'ailleurs, le député d' a posé nombre de questions au précédent premier ministre, qui était incapable de fournir des réponses de base, par exemple, sur les coûts de la mission et sur sa durée. Ainsi, plusieurs questions de base restent totalement sans réponse.
On n'a toujours aucune idée de l'évolution des coûts engendrée par la transformation de la mission, et on ne connaît toujours pas la durée de la mission. On dit qu'on débattra à nouveau de la prolongation dans deux ans. On nage donc dans l'inconnu, ce qui est extrêmement regrettable.
Sans objectif, on risque de s'enliser encore une fois dans une mission sans savoir où on va. Peut-être qu'on est incapable de définir un plan précis parce que la mission n'est pas sous l'égide de l'ONU ou de l'OTAN, personne n'ayant la responsabilité d'évaluer le succès de la mission. Par ailleurs, il n'y a aucun plan de retrait. On dit qu'on en discutera à nouveau dans deux ans, ce qui démontre un manque de sérieux par rapport à une mission militaire de ce genre.
D'autre part, nos ressources serviront à entraîner et à armer des milices kurdes. Ainsi, on va peut-être armer des gens qui, dans plusieurs années, vont devenir de nouveaux ennemis. Qui sait? Il n'y a aucun plan à cet égard. Malheureusement, c'est ce qu'on a tendance à faire au Moyen-Orient. On se concentre sur un groupe terroriste et on oublie les autres, ce qui crée une sorte de rotation des groupes terroristes.
Par exemple, lors de notre intervention en Libye, nous avons armé des rebelles, et par la suite, certains d'entre eux se sont tournés vers le groupe État islamique. Aucun plan global n'est prévu pour le Moyen-Orient afin d'éviter que cela ne devienne qu'une simple rotation des différents groupes terroristes qui prennent le contrôle de la zone et afin qu'on apporte une véritable stabilité au Moyen-Orient.
En Irak, on est en train de répéter des méthodes inefficaces qui avaient été employées en Afghanistan. Au départ, la mission en Afghanistan était censée être une mission restreinte et de courte durée. Toutefois, cela est devenu le théâtre d'opérations où on a déployé le plus de militaires. C'était la mission la plus longue, comptant plus de 40 000 vétérans, 160 morts, des milliers de blessés et des milliers d'autres qui souffrent du syndrome de stress post-traumatique. Encore là, c'est un impact majeur.
Dans ce cas également, on n'a constaté aucun ajustement des effectifs médicaux des Forces armées canadiennes pour répondre aux blessures physiques ou psychologiques éventuelles. Il m'apparaît donc évident que l'on décide de l'orientation de la mission et des impacts au fur et à mesure. Il n'y a aucun plan ou objectifs précis.
Lors de la campagne électorale, le gouvernement libéral a promis qu'il mettrait fin à la mission de combat en Irak. Malheureusement, on forme des gens qui se retrouvent vraiment sur la ligne de front. Par conséquent, on ne peut pas dire que c'est simplement une mission de formation. Il ne s'agit pas ici de soldats irakiens qui sont dans une classe et qui reçoivent une formation théorique donnée par des soldats canadiens. En effet, des soldats canadiens accompagnent directement sur la ligne de front les soldats irakiens qui sont menacés et qui essuient des tirs ennemis.
D'ailleurs et malheureusement, nous pouvons regretter la mort du sergent Doiron. Je tiens encore une fois à offrir mes condoléances à la famille. C'est un exemple précis où on doit avouer que la formation, telle qu'on la donne, n'est pas banale. En effet, nos soldats sont en situation de combat et ils risquent leur vie. Il faut appeler un chat un chat. Quand on est sur la ligne de front, on est en mission de combat.
Quand j'étais militaire, si j'avais participé à une mission de ce genre et que le gouvernement d'en face m'avait dit que je n'avais pas participé à une mission de combat, j'aurais probablement été insultée. Je me serais fait tirer dessus, des gens auraient tiré autour de moi et le gouvernement m'aurait dit que ce n'était pas une mission de combat. Je serais probablement profondément insultée, compte tenu du fait que j'aurais risqué ma vie et qu'après cela on m'aurait dit que ce n'était pas une mission de combat.
Appelons un chat un chat. C'est une mission de combat et ce n'est pas vrai que l'on fait de la formation dans une classe. C'est vraiment des soldats qui accompagnent les gens sur la ligne de front. Il y a de vrais risques. Je remercie des soldats qui sont prêts à faire ce travail. Toutefois, on a le devoir d'être honnêtes avec les Canadiens et de leur dire exactement en quoi consiste la mission qu'on mène.
Cette mission doit aussi comprendre plusieurs mesures importantes, par exemple le travail sur la déradicalisation. C'est primordial de faire en sorte que nos soldats ne combattent pas éternellement. D'ailleurs, il y a eu une énorme confusion au début de la mission. Au départ, quand les conservateurs avaient entrepris la mission, ils parlaient d'éradiquer le groupe État islamique. Ensuite, on a parlé de le ralentir, pour enfin parler de lui nuire. Là aussi, il y a confusion.
Les meilleurs moyens pour mettre fin, si on peut dire, à toute cette situation, c'est d'empêcher la radicalisation des gens partout dans le monde, mais particulièrement au Canada. Il faut empêcher l'afflux de combattants et discuter sérieusement avec certains pays qui ont tendance à propager des idéologies extrémistes qui nuisent profondément à la stabilité de cette zone.
Il faut faire mieux, surtout sur le plan de la déradicalisation. Il faut faire en sorte de pouvoir parler intelligemment de cette situation et qu'il n'y ait plus de combattants qui se joignent au groupe État islamique. Il y a énormément de mesures que l'on peut prendre par le biais de l'informatique pour retracer ces gens, les empêcher de se joindre au groupe État islamique et les retrouver à temps pour permettre que le processus de radicalisation prenne fin.
Sur le plan de l'armement, un système de traçabilité est nécessaire afin de s'assurer que les armes vendues par le Canada ne se retrouvent pas, par des moyens détournés, dans les mains des terroristes qu'on tente de combattre. C'est une autre mesure extrêmement importante. Il faut faire en sorte, de manière générale, de créer un climat de stabilité au Moyen-Orient, et pour ce faire, il faut avoir une vision globale. Il faut considérer avec nos alliés la situation dans sa globalité. On ne doit pas avoir une vision à court terme et se battre seulement à court terme.
Il y a énormément à faire, et je crois qu'à l'heure actuelle la mission n'aborde pas le sujet de façon intelligente. La manière dont on veut procéder maintenant ne contribuera pas à résoudre le conflit.
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Monsieur le Président, j'interviens aujourd'hui pour exprimer mon appui à la motion visant à redéfinir la mission canadienne contre le groupe État islamique. Je partagerai mon temps de parole avec le député de .
Les Canadiens doivent se demander en quoi consisterait une victoire contre l'EIIL. Lorsque nos courageux soldats reviendront de leurs missions, quel sera le résultat de leurs efforts? De quoi se souviendront-ils? Qu'auront-ils accompli? Comment devons-nous mesurer le succès? Ces soldats verront-ils une région divisée, toujours en proie à la guerre civile, et des citoyens vivant dans les ruines de leur fier passé ou verront-ils des citoyens qui sont parvenus à rebâtir leurs maisons et leur vie?
Ne mesurons pas notre succès en Syrie et en Irak en fonction du nombre de frappes aériennes que nous voyons à la télévision, mais plutôt en fonction des circonstances dans lesquelles nous partirons. Il est bien sûr important de vaincre l'EIIL, mais il est tout aussi important d'établir une société civile. En mettant en place des services essentiels que les Canadiens tiennent parfois pour acquis, grâce à la formation de forces de police et de sécurité, nous pouvons donner à ces pays les outils nécessaires au maintien de la stabilité et de la paix ainsi que les moyens d'établir un gouvernement convenable et efficace.
On ne peut qualifier notre mission de réussie si les gens d'Irak et de Syrie sont oubliés, livrés à eux-mêmes dans une région notoirement instable et imprévisible qui est entourée de nations souhaitant utiliser ce conflit pour servir leurs fins politiques. Sans aide au sol, la région demeurera divisée, un incubateur d'extrémisme violent.
Si nous voulons agir honorablement envers nos militaires, envers nos partenaires de la coalition et envers les millions d'innocents pris entre deux feux, nous devons penser à long terme. À la base, l'insurrection est un problème politique. Ce que nous proposons, c'est une approche pangouvernementale pour former un plan complet: cela comprend le ministère des Affaires étrangères; le ministère de la Défense nationale; le ministère de l'Immigration, des Réfugiés et de la Citoyenneté; et le ministère du Développement international. Un vaste éventail d'agences, d'éléments, de pouvoirs et de capacités, en plus des forces militaires, doit se mobiliser dans le but de vaincre le groupe État islamique.
La défaite d'un mouvement insurrectionnel nécessite plus que de simples bombardements. À l'heure actuelle, beaucoup de bombardiers sont disponibles dans la région, comme l'a si éloquemment mentionné la semaine dernière le . Jusqu'à maintenant, comme nous en avons discuté en long et en large à la Chambre, le Canada appuie la coalition en fournissant six avions de chasse qui s'ajoutent à sa flotte aérienne de 300 appareils. Les pilotes et le personnel au sol du Canada appuient la mission en effectuant 2,5 % des frappes aériennes de l'ensemble de la coalition, tâche dont ils s'acquittent admirablement.
En tant que nation, nous avons l'obligation d'envisager la prochaine étape du conflit armé, non seulement en raison de l'imminence de la date butoir du 31 mars, non seulement parce que les Canadiens nous ont confié un nouveau mandat, mais parce que les réalités de la mission l'imposent.
Le a répondu à de nombreuses questions à la Chambre concernant les consultations de son ministère avec nos partenaires de la coalition. À mesure que progresse la campagne, le gouvernement propose de fournir le soutien qui fait la renommée des Canadiens: procurer de la stabilité au moyen d'une présence visible pour prêter assistance aux forces policières locales; aider les forces de la coalition en fournissant des ressources en matière de collecte de renseignements et de reconnaissance pour accroître la stabilité de la région; former les forces locales; augmenter l'aide humanitaire et l'aide au développement.
L’opposition continue de réclamer des détails concernant le plan pour l’avenir. L’approche axée sur la consultation que le gouvernement adopte pour bien faire les choses exige du temps pour l'élaboration d'un plan dont les Canadiens pourront être très fiers.
Nos pilotes et notre personnel au sol ont honoré leur engagement envers les Canadiens et nos partenaires de la coalition en assurant un soutien essentiel dans cette région déchirée par la guerre.
En Afghanistan, en 2010, l’ancien gouvernement a appris que la coalition internationale qui luttait contre les insurgés devait adopter une nouvelle approche plus avisée que nous appelons pangouvernementale. Cette nouvelle approche consistait à examiner la vaste gamme d’outils disponibles parmi nos alliés et à tirer profit des forces de chaque membre de la coalition pour obtenir des résultats.
L’ancien gouvernement a décidé de réorienter ses efforts sur la formation des forces locales et l’augmentation de l’aide humanitaire et de l’aide au développement, et de travailler d’arrache-pied en vue de réussir à renforcer la stabilité dans la région. Il a fourni des ressources supplémentaires de renseignement et de reconnaissance et a réorienté ses efforts sur la formation. C’est exactement ce que nous proposons de faire en Syrie et en Irak. Nous mettons en pratique les leçons retenues de l’Afghanistan.
En ce qui concerne l’effort militaire, nous reconnaissons que ce seront au final les gens en Irak et en Syrie qui auront la charge de stabiliser leur pays. En collaborant avec eux, nous pouvons contribuer à l’adoption d’une approche disciplinée dans cette lutte. Il faut leur donner les moyens de combattre l’EIIL, et nous avons l’expertise pour renforcer leurs capacités et les préparer à cette lutte.
Dorénavant, c'est là-dessus que nous concentrerons nos efforts, comme nous l'avons annoncé la semaine dernière. Nous triplerons notre engagement au titre de la mission de formation, de conseil et d'appui dans le Nord de l'Irak. Du même souffle, nous renforcerons substantiellement notre capacité en matière de renseignement.
Une interaction complexe de forces sous-tend le conflit en Irak et en Syrie. Nous devons avoir une idée plus claire de la façon dont les divers éléments en jeu s'imbriquent et nous devons mieux anticiper l'incidence des mesures que nous prenons. Le renforcement de notre participation dans le domaine du renseignement se révélera d'une valeur inestimable à cet égard. La solution à des problèmes complexes comme ceux auxquels nous sommes confrontés exige une approche réfléchie et également complexe mettant à profit les forces du Canada pour appuyer les efforts concertés de la communauté internationale visant à anéantir l'EIIL.
Le Canada doit continuer à offrir de l'appui sur le terrain dans les domaines du renseignement et de la formation afin que les forces locales disposent des ressources nécessaires pour assurer une paix durable. À cette fin, notre gouvernement s'est engagé à collaborer avec nos alliés de la coalition et à leur être solidaire.
C'est grâce à cette approche collaborative typiquement canadienne que le Canada et les Forces canadiennes ont acquis le respect de la communauté internationale. Au retour de cette mission, nos militaires seront accueillis par leur famille et leurs amis qui pourront les féliciter pour l'excellent travail qu'ils ont accompli.
Les Canadiens peuvent s'enorgueillir du rôle que nos militaires joueront pour assurer la sécurité et, espérons, la reconstruction de nations ravagées par les forces de l'EIIL. Nos compatriotes peuvent également être fiers des familles de nos militaires qui, chez nous, appuient les membres des forces canadiennes déployées outre-mer.
Nous sommes fiers de l'extraordinaire générosité dont les Canadiens ont fait preuve partout au pays. Ils ont accueilli des familles de la Syrie qui sont venues au Canada dans l'espoir d'entreprendre une nouvelle vie. Grâce aux efforts qu'ils ont déployés au pays et à l'étranger, les Canadiens ont montré qu'ils sont prêts à faire tout en leur pouvoir pour aider.
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Monsieur le Président, je suis fier de prendre la parole aujourd'hui en faveur de la motion du gouvernement et pour exprimer ma satisfaction de voir le Canada renouer avec les types d'engagements internationaux qui l'ont toujours caractérisé. Cette motion suppose qu'on comprend que le Canada a un rôle important à jouer dans la lutte contre le groupe État islamique.
Notre pays étant membre d'une coalition de plus de 60 pays, le gouvernement comprend que c'est en misant sur ses points forts et en veillant à ce que sa participation s'élève au-dessus du tapage politique qu'il peut être le plus efficace.
Les députés d'en face aiment répandre de fausses informations au sujet de la décision du Canada de retirer ses CF-18 des missions de frappes aériennes. Les partis de l'opposition multiplient les propos alarmistes au sujet de cette décision. Ils aiment recourir à la désinformation pour semer la confusion et susciter des réactions dramatiques. Un parti dit que nous nous soustrayons à nos engagements. L'autre allègue que nous engageons les soldats canadiens dans un rôle de combat. Les deux affirmations sont non seulement erronées, mais elles dénotent une incompréhension totale de l'ennemi qu'est le groupe État islamique.
Le fait est que les missions de bombardement ne nous rapprochent en rien de la solution. En réalité, seules des forces terrestres locales fortes pourront venir à bout du groupe État islamique pour longtemps. Dans cette optique, le Canada est bien placé pour apporter de l'aide grâce à son savoir-faire de longue date en matière de formation militaire.
C'est en Afghanistan que les Forces canadiennes ont véritablement affermi leur réputation et se sont classées parmi les meilleurs formateurs au monde. Nos militaires ont encadré les Forces nationales de sécurité de l'Afghanistan et, à ce jour, on considère souvent que la contribution du Canada en Afghanistan continue de porter fruit.
Aujourd'hui, en ayant recours au Régiment d'opérations spéciales du Canada pour former les combattants peshmergas et en demandant aux instructeurs de l'armée de se concentrer sur les forces classiques irakiennes, le Canada apporte une contribution directe et durable à la lutte contre le groupe État islamique. Au bout du compte, ce sont ces forces locales qui doivent combattre directement ceux qui ont envahi leurs foyers, leurs collectivités et leurs terres.
En réalité, le retrait du Canada des frappes aériennes ne diminue en rien sa contribution militaire dans cette région. Il y aura 180 militaires de plus sur le terrain, ce qui portera leur nombre à 830. Les Forces armées canadiennes aideront directement les membres de la coalition et les forces de sécurité irakiennes à planifier les opérations militaires. Cela signifie une participation importante aux opérations, au ciblage et à la collecte de renseignements. Nous augmenterons aussi notre contribution en triplant la taille de notre mission de formation, de prestation de conseils et d'assistance pour aider les forces irakiennes à mener des opérations militaires contre l'EIIL.
Du personnel médical sera déployé directement sur place pour prendre en charge des blessés dans divers théâtres de combat.
Nous fournirons aux forces de sécurité irakienne des armes légères, des munitions et des dispositifs optiques dans le cadre de leur formation. Nous renforcerons le transport tactique sur place à l'aide de nos avions de ravitaillement et de surveillance.
Peu importe la façon dont les partis de l'opposition choisissent de présenter la contribution militaire du Canada, la réalité, c'est que le gouvernement offre un soutien concret et à long terme à nos partenaires de la coalition. Nous faisons aussi un travail plus difficile.
Nous collaborons aussi avec nos partenaires du domaine de la défense, en Jordanie et au Liban, pour empêcher la propagation de l'extrémisme violent dans la région. Nous fournissons une équipe de conseillers stratégiques aux ministères irakiens de la Défense et de l'Intérieur.
Nous consacrons des sommes considérables à l'aide humanitaire. Au cours des trois prochaines années, nous dépenserons 840 millions de dollars pour aider les victimes les plus lourdement touchées par le conflit, c'est-à-dire les plus vulnérables, notamment les enfants et les personnes qui ont subi de la violence sexuelle ou de la violence fondée sur le sexe dans cette région. En outre, nous fournirons 270 millions de dollars au cours des trois prochaines années pour fournir des services sociaux de base, notamment l'éducation, la santé, l'approvisionnement en eau, les installations sanitaires et l'emploi, de manière à entretenir ou à reconstruire les infrastructures publiques ainsi qu'à améliorer les perspectives économiques dans toute la région.
Nous fournirons de plus 145 millions de dollars au cours des trois prochaines années pour la lutte antiterroriste, la stabilisation et les programmes de lutte contre les armes chimiques, biologiques et nucléaires.
Nous continuerons d'exercer activement une forte influence pour aider la région à trouver des solutions politiques grâce aux programmes communs et au dialogue.
Enfin, le Canada a accueilli 25 000 nouveaux arrivants syriens et s'emploie constamment à réaliser la prochaine étape de ses efforts d'accueil de réfugiés.
Voilà ce que nous qualifions de contribution multidimensionnelle à la lutte contre le terrorisme du groupe État islamique. La présente motion représente les efforts réunis de plusieurs ministères fédéraux, qui collaborent étroitement afin d'améliorer la sécurité et la stabilité, tout en contribuant aux efforts humanitaires visant à reconstruire la région.
Par ailleurs, la motion montre que les partis de l'opposition doivent engager un dialogue honnête avec le public canadien. Ils ont parfaitement le droit de ne pas être d'accord avec le gouvernement et de proposer un autre plan et d'autres solutions, mais, lorsqu'ils propagent des mythes et balaient du revers de la main tous les efforts que je viens de mentionner, ils ne rendent service ni à notre pays, ni à nos forces armées, ni à notre personnel diplomatique, ni aux Irakiens et aux Syriens que le Canada aide directement. C'est une mission très importante et, quelle que soit l'ampleur des manoeuvres partisanes, le rôle du Canada ne saurait être diminué.
Nos partenaires de la coalition sont très heureux que le Canada continue de multiplier ses efforts, avec les mesures que nous prenons. Aujourd'hui, j'encourage fortement tous les députés à continuer de souscrire à nos efforts, malgré nos divergences d'opinions.
Je suis heureux d'avoir pu m'adresser à la Chambre.
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Monsieur le Président, j'ai le plaisir de partager mon temps de parole avec le député de , et j'ai très hâte d'entendre ses observations pertinentes.
Au cours des derniers jours, j'ai écouté ce débat très important, et je souhaite faire ressortir trois aspects de notre discussion au sujet de la mission.
Je vais d'abord démontrer que les autres partis nous offrent de fausses alternatives. Ensuite, j'aimerais souligner que les paramètres de la mission ne sont pas clairement définis, et parler de la façon dont la mission et la situation en général ont été décrites. Enfin, je souhaite aborder de façon plus générale la question de l'intervention, c'est-à-dire quand intervenir, comment intervenir, et cetera.
Tout d'abord, en ce qui concerne les fausses alternatives, nous avons entendu des ministériels et le NPD parler de l'importance de diverses mesures que nous devrions prendre dans la région, et je suis d'accord avec eux dans une large mesure. Nos collègues néo-démocrates ont fait de bonnes observations sur l'importance des mesures visant à contrer la radicalisation et le financement du terrorisme. Il ne fait aucun doute que de telles mesures doivent faire partie d'une stratégie globale.
Le gouvernement parle d'aide humanitaire, d'aide aux réfugiés et de formation, d'autres aspects importants. De ce côté-ci de la Chambre, en particulier, nous accordons aussi beaucoup d'importance à la mission de bombardement et, de façon plus générale, à la nécessité de participer au combat contre Daech, non seulement en soutenant les combattants, mais en prenant part aux combats.
Au-delà de cela, nous avons souligné qu'il fallait adopter une approche coordonnée qui comprendrait tous les éléments mentionnés par les autres partis. Nous croyons en la valeur de l'aide humanitaire — les libéraux n'ont rien inventé —, de l'aide aux réfugiés, de la formation, de la lutte contre la radicalisation et de la lutte au financement des terroristes. Le Canada oeuvre déjà depuis très longtemps dans ces domaines. Toutefois, nous avons aussi pour tradition de participer au combat contre les forces du mal, de protéger les innocents et d'être présents au front. C'est une tradition canadienne bien établie, et c'est la chose à faire.
Pendant les discussions à la Chambre, il a été question d'une approche à plusieurs volets. De toute évidence, notre approche est celle qui comporte le plus de volets. Nous convenons tous qu'il faut agir sur plusieurs plans pour contrer Daech. Nous sommes toutefois mécontents de voir le gouvernement abandonner l'un des volets importants de la mission. On nous présente une fausse alternative: on nous dit qu'il faut choisir soit la formation et l'aide humanitaire, soit une participation au combat. En fait, nous n'avons pas à choisir entre ces différentes interventions. Nous pouvons et devons agir sur tous ces plans. Voilà notre position de ce côté-ci de la Chambre.
Certains députés affirment qu'il faudra, au bout du compte, vaincre Daech sur le terrain, comme s'il fallait choisir entre une intervention terrestre et une intervention aérienne. Encore une fois, il s'agit d'un faux choix. Bien sûr qu'il faut vaincre Daech sur le terrain et bien sûr qu'il est important que nous unissions nos forces à celles des troupes locales qui le combattent dans la région, mais il est clair qu'il est impossible de mener une mission de combat terrestre efficace sans un quelconque soutien aérien. C'est l'évidence même selon moi. Toute intervention militaire concertée nécessite des manoeuvres à la fois terrestres et aériennes. Encore une fois, le gouvernement nous donne un faux choix. Nous pouvons participer aux frappes aériennes tout en offrant de la formation aux forces locales sur le terrain.
Nous ne devrions pas accepter ces choix qui n'en sont pas comme s'il nous était impossible de faire plus d'une chose en même temps. En fait, en règle générale, puisque différents ministères sont responsables de différents aspects de la mission, la participation de différents secteurs n'est pas du tout problématique. Des dossiers comme la lutte contre la radicalisation et le financement du terrorisme peuvent être traités par des organismes d'application de la loi ou à l'échelon communautaire, tandis que l'aide humanitaire, l'aide aux réfugiés et la formation relèvent de secteurs gouvernementaux qui n'ont aucun lien avec les combats sur la ligne de front. Il nous est possible de mener toutes ces activités simultanément de façon assez efficace. Nous en avons la capacité.
Le second argument que je veux soulever est que certains aspects de la mission ne sont vraiment pas bien définis. Le député de , qui vient juste de parler, a formulé un commentaire l'autre jour pendant la période des questions et observations. Il a laissé entendre qu'il s'agissait d'un type de mission de maintien de la paix. Un certain nombre d'autres députés ont fait allusion à l'héritage de Lester Pearson dans le contexte du maintien de la paix, comme s'ils avaient l'impression que les soldats envoyés dans cette région portent des casques bleus. Il est clair que ce n'est pas l'approche que privilégie le gouvernement et que ce n'est pas ce qui se produit.
On a utilisé des terminologies liées aux missions humanitaires et de formation. Les libéraux n'ont pas précisé s'il s'agissait ou non d'une mission de combat. Le fait qu'on la définisse comme telle a des implications pour les personnes concernées, pour les troupes, car le type de soutien que celles-ci recevront là-bas et à leur retour chez elles dépend de la façon dont on définira la mission.
La mission n'a pas été définie. L'autre côté de la Chambre nous sert plutôt tout un méli-mélo de termes.
Un député — je ne me souviens plus lequel — a fait référence à la théorie de l'avantage comparatif de Ricardo dans son allocution. Le député qui vient d'intervenir a encore une fois fait valoir que nous misons sur nos points forts. Ont-ils seulement songé aux corollaires de ce genre d'arguments, qui impliquent que de participer en première ligne aux campagnes de bombardement ne compte pas parmi nos forces?
Pour ma part, je suis d'avis que l'efficacité de notre force aérienne et des militaires canadiens au front est une de nos forces et constitue pour nous un avantage comparatif. Les déclarations entendues suggèrent que nous sommes moins aptes à combattre que d'autres pays, ce qui est tout à fait stupide et pour le moins troublant.
Le gouvernement emploie toutes sortes de termes dont on ignore la définition. Nous avons entendu dire que son approche est plus perfectionnée. Compte tenu de toutes les choses qui se disent au sujet de la mission, je soumets respectueusement que son approche est si perfectionnée que les députés ministériels en oublient en quoi consiste la mission. Qu'ils tirent tout cela au clair afin de pouvoir répondre à des questions plutôt élémentaires au sujet de la nature de la mission.
Il y a un autre flou important dans le dossier. Les députés ministériels ne semblent pas disposés à décrire la situation sur le terrain. S'ils ne nous donnent aucune précision, c'est parce que tout élément d'information influencerait la nature de notre intervention. De ce côté-ci de la Chambre, nous faisons souvent remarquer que ce qui se passe en Syrie et en Irak n'est rien de moins qu'un génocide. C'est le mot qu'a employé l'ancienne secrétaire d'État Hillary Clinton. Il a été employé dans une résolution adoptée par le Parlement européen. Il a été employé pas maints groupes de défense des droits de la personne.
Pourquoi le gouvernement refuse-t-il de parler d'un génocide? Il refuse d'utiliser ce mot parce qu'il sait qu'avec lui vient une responsabilité de protéger, une responsabilité d'intervenir de façon beaucoup plus importante que ce qu'il est prêt à faire.
Si le gouvernement est parfaitement convaincu qu'il fait du mieux qu'il peut, alors pourquoi ne pas utiliser le mot juste et décrire la situation avec exactitude? Ce refus d'utiliser le mot génocide est un aveu tacite que le Canada ne veut pas s'acquitter de sa responsabilité de protéger. Ainsi, la mission et la vraie situation sur le terrain sont mal définies.
Pour conclure, je veux aborder la question de l'intervention de façon plus générale. Souvent, lorsque nous parlons des soldats canadiens impliqués dans un conflit au Moyen-Orient, il y a un certain malaise. Les gens pensent peut-être aux conflits passés et se demandent si nous allons nous retrouver dans une situation similaire.
Certains députés ont notamment parlé du rôle que le Canada a joué en Libye. Personne ne l'a encore signalé — du moins pas à ma connaissance —, mais à l'époque, la mission en Libye faisait consensus parmi les députés. Les libéraux, et même les néo-démocrates, si je ne m'abuse, ont voté pour que le Canada prenne part aux bombardements en Libye. Avec le recul, nous pouvons certainement dire que les choses ne se sont pas passées comme nous l'avions espéré, mais cela ne change rien au fait que, cette mission, en quelque sorte, nous y avons tous souscrit.
Il y a évidemment certaines différences notables entre la lutte contre Daech et la situation en Libye. Premièrement, nous ne cherchons pas à renverser un gouvernement au pouvoir, sans trop comprendre pour qui nous nous battons. Au contraire, nous collaborons présentement de très près avec le gouvernement irakien et les forces kurdes. Pour soutenir les troupes au sol, nous devons agir du haut des airs, mais nous le faisons de concert avec ceux sur le terrain. La meilleure garantie de réussite, à mon avis.
Ce ne sont pas les exemples d'intervention qui ont mal tourné qui manquent, mais les cas où les choses ont empiré précisément parce qu'il n'y a pas eu d'intervention ne manquent pas non plus. Il suffit de penser aux groupes terroristes qui ont été laissés au pouvoir pendant trop longtemps et qui ont pu semer le chaos à leur guise.
Je rappelle donc les facteurs dont nous devons tenir compte: primo, le gouvernement nous met devant de fausses alternatives; secundo, la mission en général n'a pas été clairement définie; et tertio, notre réflexion devrait nous amener à conclure que, dans les circonstances, notre intervention doit prendre plusieurs formes.
Le Canada n'a jamais hésité à prendre les armes pour défendre ses valeurs, et c'est ce qu'il devrait faire encore cette fois-ci.
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Monsieur le Président, je vais mettre l'accent sur trois aspects dans mon discours sur le groupe État islamique, notre mission contre ce groupe et la modification par le gouvernement libéral de la mission que nous avions amorcée.
Je vais d'abord parler de mon fils, qui a 18 ans et qui est cadet de l'air. Il veut servir notre pays. C'est ce qu'il désire depuis qu'il est enfant. Je ne suis pas d'accord avec les députés d'en face quand ils affirment que nous sommes bellicistes, que nous allons en guerre pour des raisons frivoles ou que nous voulons juste faire la guerre. J'aime mon fils, et je sais que les nombreux parents canadiens ayant des enfants dans l'armée les aiment eux aussi. Nous n'allons pas en guerre par ambition. C'est une décision que nous prenons avec prudence, et uniquement lorsque c'est ce que nous devons faire en tant que Canadiens.
Je veux que mon fils soit protégé sur le terrain. Je respecte le et son glorieux passé militaire. Il a tout mon respect, mais priver les troupes au sol de soutien aérien n'est pas, à mon avis, une bonne stratégie militaire, surtout quand ces troupes sont formées de nos enfants. Je pense que retirer nos CF-18 est une énorme erreur. Peu importe les promesses politiques faites durant la campagne, je crois que nous devons d'abord agir dans l'intérêt de nos militaires sur le terrain.
Voici quelques citations de certains dirigeants respectés au Canada au sujet de la mission aérienne contre l'EIIS.
Chaque chef du groupe État islamique ne doit jamais avoir un seul moment dans sa vie où il n'est pas inquiet lorsqu'il regarde vers le ciel. Chacun d'eux doit craindre d'être la cible d'un missile qui mettra fin à sa vie. Chacun d'eux doit craindre de se mettre au lit, de voir sa porte d'entrée défoncée et d'être capturé ou tué par des commandos.
On doit faire en sorte qu'ils soient inquiets, parce que, s'ils ne le sont pas, ils disposeront de plus de temps pour planifier. Je crois que le Canada doit participer à cette lutte.
Ces paroles sont celles de Rick Hillier, l'ancien chef d'état-major de la Défense. Je pense que tous les partis à la Chambre le respectent énormément en raison de son expérience et de ce qu'il continue d'accomplir sur la scène internationale. Il s'agit de l'un des plus grands spécialistes militaires au Canada, et je le respecte. Il a affirmé que nous devons participer à la mission aérienne contre l'EIIS.
L'un de nos alliés internationaux, le premier ministre britannique, a également parlé de la participation à une campagne. Je crois que, comme Canadiens, si nous voulons jouer un rôle dans la lutte contre l'EIIS, nous devons veiller à ne pas laisser un autre pays assumer pour nous nos responsabilités. Nous devons participer. Nous devons accomplir ce que les Canadiens attendent de nous dans la lutte contre l'EIIS, car ce groupe nous a menacés dans notre propre pays. Le premier ministre David Cameron a affirmé: « nous ne devrions pas nous contenter de confier notre sécurité à nos alliés. Si nous croyons qu'une intervention peut contribuer à notre protection, il faut y prendre part avec nos alliés... [...] plutôt que de rester à l'écart ».
Je crois que ces paroles sont très révélatrices. Les Canadiens ne se sont jamais soustraits à leur rôle, et les militaires ne reculent devant rien. Ils sont prêts à faire ce qui doit être fait pour défendre des intérêts contre l'EIIS.
J'aimerais aborder un autre sujet relatif à la mission militaire contre l'EIIS. C'est un sujet dont on ne parle pas souvent. Notre porte-parole en matière de défense en a parlé la semaine dernière. Il s'agit de l'incidence de la mission de bombardement sur l'EIIS et sur les finances de celui-ci.
Le National Post a publié un article de l'Associated Press qui parle de l'incidence des frappes aériennes contre le groupe État islamique. Elles lui font mal financièrement. Je crois que toute stratégie impliquant le retrait de quelque chose qui paralyse le groupe État islamique et l'affaiblit est une mauvaise stratégie. Je cite un passage de l'article en question:
Les extrémistes qui déjà se vantaient de battre leur propre monnaie ont du mal à couvrir leurs dépenses, grâce aux frappes aériennes de la coalition et à d'autres mesures qui ont érodé leurs finances à raison de millions depuis l'automne dernier.
À mon sens, lorsque quelqu'un se sauve, on doit continuer de le poursuivre alors qu'il est à son plus faible. J'ai joué au rugby et été entraîneur de rugby pendant des années. Une bonne stratégie pour gagner, c'est de repérer la faiblesse de l'adversaire, et d'exploiter cette faiblesse jusqu'à ce que l'on remporte la victoire. Je crois que c'est la stratégie militaire des bombardements. Le groupe État islamique est affaibli et nous devons continuer de l'attaquer du haut des airs.
Voici un autre extrait de l’article:
« Pas seulement les militants. Ils ont réduit le salaire de tous les fonctionnaires, des tribunaux aux écoles, de 50 % », raconte un activiste de Raqqa qui vit maintenant à Gaziantep, en Turquie, et qui demeure en contact étroit avec sa ville d’origine. Cependant, ce n’était apparemment pas suffisant pour combler l’écart pour un groupe qui a besoin d’argent pour remplacer les armes détruites lors des frappes aériennes et des combats...
Je répète que cette citation mentionne que les frappes aériennes ont des répercussions sur le groupe État islamique, ses armes et son argent.
Selon une estimation d’Aymenn Jawad Al-Tamimi, un chercheur du Middle East Forum, qui se fonde sur des documents du groupe État islamique, ces deux dépenses représentent les deux tiers du budget du groupe.
Le groupe État islamique bat en retraite. Il est à genoux. Nous devons poursuivre la lutte.
Voici un autre extrait de l’article qui porte sur les combattants. « Nous pouvons sentir la frustration. Leur moral est bas. » Plus loin, l’article mentionne:
En Irak, où le groupe État islamique perd tranquillement du terrain depuis un an, le gouvernement irakien a arrêté en septembre de payer les fonctionnaires dans le territoire... Les représentants américains sont optimistes que la perte de cet argent, en combinaison avec les bombardements menés par les États-Unis sur les réserves d’argent, réduise la fortune du groupe État islamique.
Je fais une intervention, ce n'est pas à moi de poser une question au parti d'en face. Cependant, je remets en question le retrait de la participation du Canada aux frappes aériennes. Pourquoi nous retirer de ces opérations alors qu'elles affaiblissent les réserves financières et la capacité militaire de l'EIIS?
On peut certainement soutenir que les Américains peuvent poursuivre les opérations et que les autres alliés continuent d'appuyer la mission contre l'EIIS en participant aux frappes aériennes. Pourquoi ne participerions-nous plus à ces efforts? Nous avons des chasseurs F-18 prêts à entrer en action. De plus, les pilotes des Forces canadiennes sont eux aussi prêts à être déployés pour continuer à pilonner les bases de l'EIIS. Pourquoi souhaiterions-nous affaiblir une stratégie qui se révèle efficace?
Voici un dernier extrait de l'article que j'ai déjà cité:
Je ne pense pas que ce soit fatal pour l'EIIS [...], je n'entrevois pas encore la rébellion interne comme conséquence. J'envisage plutôt un affaiblissement et un déclin graduels.
Le Canada doit continuer à participer à ces frappes aériennes jour après jour, année après année, jusqu'à ce que le moral des forces de l'EIIS soit si mauvais que l'organisation soit défaite. Une bonne stratégie militaire ne s'arrête pas au beau milieu d'une opération efficace. Elle se poursuit jusqu'à ce que la mission soit accomplie.
Or, à l'heure actuelle, la mission n'est pas encore accomplie. Les F-18 canadiens doivent continuer à participer aux frappes aériennes. Je crois que nos pilotes le savent et que les Forces canadiennes le savent aussi. Je comprends ce que sont les promesses politiques, mais le gouvernement doit quant à lui comprendre qu'on n'abandonne pas une bonne stratégie. Le gouvernement doit renvoyer les F-18 dans la lutte contre l'EIIS.
J'exhorte le parti d'en face à revoir sa position. Si les libéraux se préoccupent des militaires canadiens qui sont déployés sur le terrain, comme ce sera peut-être le cas de mon fils dans l'avenir, ils doivent leur fournir l'appui nécessaire. Ce sont des enfants canadiens qui sont déployés là-bas. Le gouvernement devrait s'engager de nouveau à participer aux frappes aériennes pour que nos enfants soient le mieux protégés possible.
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Monsieur le Président, évidemment, à la Chambre, on prépare toujours un beau document ou une belle note de service pour débuter 20 longues minutes de temps de parole.Toutefois, je vais prendre le temps de faire une petite parenthèse. Étant moi-même un ancien combattant ayant servi sous les drapeaux en Afghanistan, on comprendra que les discussions menées présentement m'interpellent beaucoup. Je sais que je ne suis pas le seul à la Chambre à avoir servi sous les drapeaux.
Le poids des décisions pèse lourd sur nos épaules, et il peut rompre notre sommeil et amener son lot d'insomnie, du moins c'est mon cas. C'est personnel, mais je tiens néanmoins à partager la lourdeur des choix que nous devons faire à la Chambre.
Le gouvernement libéral a fait son choix concernant la nature de la mission qu'il entend conduire en Irak et en Syrie. Cela reflète surtout l'engagement électoral qu'il a pris. Retirer les chasseurs CF-18 et augmenter l'aide humanitaire étaient en effet les deux axes proposés par le gouvernement libéral l'automne dernier durant la période électorale.
La semaine dernière, j'ai quand même souligné les bons éléments présentés par le gouvernement. On ne peut pas être contre la vertu et les bonnes intentions, car l'heure et la situation sont graves. C'est une guerre. Il faut déployer des hommes et des femmes et ne pas oublier le lot de misère humaine vécu au quotidien depuis de nombreuses années dans la zone de combat. On ne peut qu'être d'accord avec l'augmentation de l'aide humanitaire aux plus déshérités de la région. Les victimes de la guerre civile en Syrie se comptent par centaines de milliers, sans compter le nombre de réfugiés déplacés. En Irak, le nombre de déplacés est également extrêmement élevé. C'est pratiquement sans précédent depuis la Seconde Guerre mondiale.
Le groupe État islamique a surpris tout le monde à l'été 2014 lorsqu'il a entamé l'offensive majeure qui a permis de prendre des pans importants de territoires syriens et irakiens. Au même moment, le groupe prenait possession d'une quantité importante d'armes lourdes. J'en cite quelques-unes: des Hummer, des chars d'assaut T-72, des chars d'assaut Abrams, de l'artillerie lourde, et même un avion de combat MiG-27. Ce ne sont pas de petits jouets.
Pour une force terroriste, c'est un arsenal puissamment lourd et dangereux pour la stabilité, nous le savons. Nous ne pouvons pas faire la sourde oreille, nous ne pouvons pas jouer à l'autruche en tant que pays occidental et société responsable. Puisque l'intention du gouvernement est de déployer nos troupes, le Bloc Québécois entend tendre la main à la Chambre, au gouvernement et à l'opposition, pour que nous arrivions à trouver des moyens pour que cela se fasse dans les meilleures conditions possible.
Aujourd'hui, le groupe État islamique est présent dans plusieurs pays. La Syrie et l'Irak sont certainement les États les plus touchés par ce groupe. Or il y a également la Libye, le Yémen, le Liban et même l'Afghanistan où la situation n'est pas encore résolue. Combien d'autres États du Moyen-Orient, notamment, en Asie centrale et en Afrique, sont présentement menacés par le groupe, même si c'est de façon plus ou moins indirecte ? La menace y est effectivement présente.
En 2011, plusieurs armes ayant servi aux rebelles islamistes ont transité vers la Libye, pour ensuite se retrouver dans un théâtre d'opérations au Mali. L'ennemi que nous affrontons, que nous tentons de combattre, est un ennemi diffus. En ce qui nous concerne présentement, il est plus que possible que Daech tente de répéter le scénario et de répandre encore une fois ses cellules cancéreuses un peu partout dans la région.
Avec l'arsenal considérable à sa disposition, le groupe État islamique a les reins solides et la capacité nécessaire pour déstabiliser plusieurs autres États. Le monde entier s'attend à ce que les États influents prennent l'initiative de combattre ce fléau, ce cancer qu'est le groupe État islamique. J'ai bien dit « États influents »; je pense que le Canada en fait partie, avec le concours du Québec certainement, même si nous affichons des différences.
Pour cela, je dois souligner que le gouvernement n'a pas failli à sa tâche. Il a l'intention d'atteindre un résultat, je le reconnais et j'entends y prêter mon concours.
Je le répète, il y a du bon, mais ce n'est pas tout à fait rose non plus. Comme d'autres collègues de l'opposition, je me questionne encore une fois quant à la décision de retirer les avions de combat CF-18 du théâtre des opérations. Essentiellement, on comprend de la promesse du Parti libéral qu'il avait l'intention de cesser les bombardements. On peut comprendre l'intention. Cela peut-il se justifier dans un renouvellement de la mission? Certainement. Toutefois, le ministre a déjà bien expliqué à la Chambre que nous devons conserver tous les atouts que nous pourrons utiliser considérant que l'ennemi et la menace sont changeants et que le plan devra évoluer avec le temps.
Donc, quand nous disposons d'équipements modernes par rapport à la force que nous affrontons, les CF-18 demeurent un élément important, que nous avons présentement en capacité de soutien, avec bien d'autres moyens d'ailleurs.
Je ne dévoile rien de nouveau en disant que le Bloc québécois est favorable au maintien de la mission aérienne en Irak et en Syrie. Par contre, il y a peut-être moyen de redéfinir le rôle de la force aérienne dans le plan proposé par le gouvernement. Là, un compromis intéressant pourrait être envisagé.
Nous croyons que les frappes sont parvenues à atteindre, du moins en partie, leur objectif depuis l'été 2014. Grâce aux frappes, les combattants kurdes de Kobané ont réussi à repousser les offensives de Daech au courant de l'automne 2014. On se rappelle qu'à l'époque, un phénomène de tache d'huile se déployait dans la région. Les frappes ont également permis aux peshmerga d'Irak de rescaper les yézidis sur le mont Sinjar. Ces populations qui ont été déplacées faisaient face à un génocide et les frappes aériennes ont certainement permis d'empêcher cela.
Bien que les frappes n'aient pas permis de détruire Daech, d'éliminer ou de rayer de la carte le groupe État islamique, elles ont quand même réussi à contenir les forces dans la région. Cela est indéniable. Comme je le disais précédemment, la force de l'organisation terroriste que nous affrontons est inouïe et exceptionnelle. Son arsenal est massif, et ses sources de revenus, très diversifiées.
J'aimerais aussi que nous puissions prendre le temps de sortir de la partisanerie relativement à cet enjeu. J'aimerais finir ce débat en félicitant le gouvernement et que le gouvernement remercie aussi l'opposition pour son travail constructif quant à cet enjeu dont nous débattons. Pour le moment, nous n'avons pas pris le temps de le faire.
Bien sûr, il y a des visions différentes. J'entends le caucus du parti néo-démocrate nous parler d'une vision plus idéaliste, dans laquelle les terroristes vont échanger les AK-47 pour des branches d'olivier avec le groupe État islamique. Il y a du beau là-dedans. Nous ne sommes pas contre la vertu. Le caucus conservateur est un peu plus faucon; parfois, certains propos nous amènent à ramener l'Irak et la Syrie à l'âge de pierre pour éradiquer une menace néanmoins limitée. Le gouvernement est pris avec sa promesse électorale, coûte que coûte, mais sans peut-être prendre en compte les considérations qui s'y rattachent. Pourtant, il y a un juste milieu dans ce débat, et du moins, si cela peut apporter un éclaircissement et un rapprochement, j'espère que nous pourrons le faire. Je pense que nous pouvons le faire. J'ose croire que oui, j'ose croire que certains débats sont au-dessus des lignes partisanes à la Chambre. J'ose croire que le sort des Syriens et des Irakiens, mais surtout et plus important que tout, que le sort de nos soldats ne fasse l'objet d'aucune joute partisane.
Nous faisons face à une situation dont la gravité est extrême. Daech n'est pas seulement un groupe terroriste, c'est devenu un empire en peu de temps. Le territoire que l'organisation contrôle dépasse largement la taille de plusieurs États connus du monde moderne. Daech veut s'étendre, éradiquer des entités politiques, des États, mais surtout des êtres humains.
Des pans entiers de l'humanité, au Moyen-Orient, sont présentement menacés d'extermination par cette organisation, tout comme des éléments culturels historiques et importants de l'humanité, et tout cela parce les Kurdes sont kurdes, parce que les chiites ne sont pas sunnites ou parce que plusieurs, dans cette région, rêvent de liberté au lieu de prêcher la barbarie.
Bien sûr, Daech n'a pas le monopole de la cruauté dans cette région, qui a été drôlement traumatisée par son passé; l'histoire en fait état. Admettons ceci: Daech est quand même à un niveau ou même à deux niveaux au-dessus du reste sur le plan de la barbarie présentement déployée dans la région.
Il est clair qu'il y a urgence d'intervenir. La menace pour les peuples de cette région, et pour nous également en Occident, est sans précédent. Que le gouvernement décide d'une autre stratégie que celle des bombardements peut se débattre. Ce n'est que mon opinion, mais j'admets qu'il y a quand même matière à discussion.
Après tout, les frappes ont quand même permis à elles seules de contenir la force ennemie. Un véritable plan est nécessaire de même que du véritable leadership et des décisions d'hommes et de femmes d'État pour atteindre cet objectif. Pour cela, je suis prêt à tendre la main au . En effet, je ne veux pas faire de politique partisane sur le dos de nos soldats. On ne peut pas me demander cela; c'est hors de question. De bonne foi, je tends donc la main.
Je n'ai en tête que les militaires ainsi que les victimes du conflit lorsque je tiens à débattre du conflit opposant le monde à la barbarie. Il n'y a pas de compromis sur cette question. Par le passé, plusieurs grands chefs d'État ont déjà démontré qu'on pouvait arriver à cette entente. Je pense à de Gaulle, à Churchill et à Roosevelt, pour ne nommer que ceux-là. Les exemples ne manquent pas pour nous guider dans nos décisions et les prendre.
Je reviens sur la décision du gouvernement de retirer les CF-18 du théâtre des opérations. Bien que je ne croie pas que ce soit la bonne stratégie, je suis prêt à travailler dans le but de nous assurer que la nouvelle mission sera couronnée de succès. Cela, c'est clair.
Toutefois, pour que cela puisse se faire, je crois que nous devons néanmoins nous assurer aussi que la protection des hommes et des femmes qui seront déployés au sol se fera dans des conditions professionnelles. Nous sommes sur le point d'envoyer des troupes en territoire kurde d'Irak. Ce n'est quand même pas une zone simple.
En ce moment, nous avons beaucoup de doutes. Beaucoup d'analyses sont à faire lorsqu'on veut déployer 850 hommes et femmes dans une mission de la nature et de l'importance de la nôtre. Or beaucoup de doutes et de questionnements sur cette question demeurent.
Je suis convaincu qu'un compromis sur les chasseurs CF-18 reste possible. Il faut se rappeler que le groupe État islamique est un ennemi diffus. À tout moment, cette organisation peut revenir à sa stratégie de déstabilisation traditionnelle. Nous n'aurions aucune certitude d'avoir éliminé cette organisation même si nous venions à bout de ses capacités de contrôler des pans importants de territoire irakien et syrien.
Il me paraît à propos de maintenir les chasseurs CF-18 dans la région, sans nécessairement maintenir la mission de bombardement qui y était traditionnellement rattachée. Essentiellement, cette mission consisterait à les garder en position en cas de pépin. Ce n'est pas compliqué. D'ailleurs, nous le faisons déjà dans une zone d'opérations dont on ne parle plus: six CF-18 sont déjà en Ukraine et ne servent strictement à rien.
Si le Canada a la capacité de maintenir une force de frappe aérienne qui ne sert strictement à rien dans un soi-disant théâtre des opérations, je ne vois pas pourquoi nous ne pourrions pas maintenir quatre malheureux CF-18 en position d'attente en cas de pépin dans l'éventualité où la mission changerait de nature ou dans celle où des conditions menaçantes qui pèseraient sur nous.
Voilà le compromis par rapport aux CF-18 que nous suggérons au gouvernement. Nous souhaitons qu'il le prenne en considération. Le gouvernement a pourtant le choix de cesser de plomber l'ennemi par les airs tout en conservant une force de frappe préventive, comme je le disais.
C'est nécessaire, afin d'assurer la sécurité de nos forces présentes au sol, mais surtout de continuer à endiguer l'organisation qu'est le groupe armé État islamique. On est dans une ère militaire où le nerf de la guerre moderne se situe dans les airs. On ne peut pas nier cela. Pourquoi abandonner un atout, un avantage stratégique que la force ennemie qu'on affronte ne peut disposer? Poser la question, c'est y répondre.
C'est pour cela que j'ai de sérieux doutes quant à la décision du gouvernement de retirer ipso facto ces chasseurs d'Irak et de Syrie. Il me semble que c'est une décision davantage politique que stratégique.
Nous allons bientôt avoir près de 880 femmes et hommes armés et présents en Irak, en territoire kurde et possiblement en Jordanie. Je me risque à croire que nos hommes et femmes seront déployés sans protection suffisante, compte tenu de la nature de la tâche qu'on leur demande.
Il me semble que le gouvernement aurait tout à gagner, présentement, à dire qu'on déteste tous la guerre, que ce n'est jamais une décision facile à prendre — comme je l'ai dit d'entrée de jeu — mais que, parfois, on n'a pas d'autre choix que de réexaminer nos décisions et de reconsidérer la situation. Il me semble que ce serait la décision responsable à prendre actuellement, d'autant plus qu'on est sur le point de mettre sur pied une importante mission humanitaire pour compléter le tout. Cependant, j'ai des réserves par rapport à nos capacités en ce qui concerne la sécurisation de notre volet humanitaire, mais aussi de notre intervention militaire elle-même. Dans l'objectif de mettre fin à la guerre, c'est nécessaire d'avoir une mission professionnelle.
Je ne contrôle pas la décision. Dans l'opposition, nous ne contrôlons pas la décision de déployer nos hommes et nos femmes, mais le devoir qui nous interpelle ici aujourd'hui, c'est de pouvoir influer sur la décision pour que les choses se fassent de façon professionnelle et de la manière la plus sécuritaire possible.
Au Bloc, nous avons hâte de connaître la réponse à une grande question, soit de savoir qui sera vraiment chargé de protéger nos troupes au sol.
Quand nos troupes font de la formation, elles ne s'occupent pas de la sécurité. Elles n'assurent pas leur propre sécurité. Il y a d'autres éléments sur le terrain qui s'occupent de leur sécurité. J'en déduis — et j'aimerais avoir des réponses ultimement sur ce point — qu'elles dépendront des forces de sécurité privées sur le terrain. Il me semble évident que ce seront les forces armées irakiennes ou les peshmergas kurdes qui vont assurer la protection de nos formateurs, si formateurs ils sont. Or les peshmergas sont déjà débordés. Ils mènent une lutte mémorable contre les forces de Daech, mais ils sont également essoufflés et étirés au maximum sur leur ligne de front. De plus, le gouvernement kurde d'Irak doit composer avec une réalité troublante dans la région. En effet, il est peut-être possible, par exemple, que l'aviation turque bombarde le territoire pour contrer de possibles actions du PKK dans le kurdistan irakien.
Bref, une telle situation de déploiement dans cette région expose nos troupes à des tirs de toutes parts. Ce n'est quand même pas rien cela comme décision.
La formation, c'est de la formation. Cela sous-entend que nos troupes font de la formation. Pendant qu'elles font cela, elles ne sont pas en train d'agir comme mentors auprès des troupes régulières, l'armée irakienne notamment, pour s'exposer à des risques. Je demande donc sincèrement au gouvernement de s'assurer que nos troupes déployées au sol pour donner la formation donnent la formation, si c'est son intention. Toutefois, il ne faut pas confondre mentorat opérationnel et formation. Ce sont deux choses distinctes et majeures.
Déployer 880 hommes et femmes sur plusieurs fronts en petits groupes comme les forces spéciales peuvent le faire, peut les exposer à des risques. Le chef d'état-major de la Défense a déjà confirmé qu'il y aurait des risques énormes. J'espère donc qu'on jouera de façon un peu plus sécuritaire et qu'on ne mettra pas la vie de nos hommes et femmes entre les mains de forces qui ne sont même pas capables de se défendre elles-mêmes. C'est d'ailleurs la raison pour laquelle on demande à les former, mais on ne doit pas exposer nos troupes de façon irresponsable, sans élément de protection valable. Dans la coalition, il faut se demander qui sera au sol avec nous.
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Monsieur le Président, j'aimerais préciser en commençant que je vais partager le temps dont je dispose avec mon collègue le député de .
Évidemment, nous sommes tous d'accord pour dire que le groupe armé État islamique commet d'horribles crimes, des actes absolument barbares en Irak et en Syrie et que, de plus, il menace la sécurité de tous dans le monde. Nous sommes tous d'accord sur le fait que, essentiellement, il faut s'en débarrasser, qu'il faut se débarrasser de son message de haine et qu'il faut le faire aussi, je crois, en ne créant pas en même temps d'autres monstres.
La semaine dernière, le gouvernement nous a enfin présenté son plan pour faire face à cet énorme défi. Je vais le dire tout de suite en débutant: certains éléments de ce plan, en principe tout au moins, sont intéressants sur papier. Je pense notamment à l'augmentation de l'aide humanitaire, chose que nous avons longtemps demandée. Je suis donc contente de voir qu'il y a une hausse de notre aide humanitaire.
L'aide au développement est une autre chose que nous avons toujours demandée, et je suis contente de la retrouver dans le plan, notamment pour éviter que la déstabilisation se propage partout dans la région et vers des pays fragiles comme le Liban ou encore la Jordanie.
De plus, il est certain que les efforts diplomatiques constituent une clé essentielle de la solution à ce problème.
[Traduction]
En théorie, tout a l'air d'aller, mais il y a des lacunes évidentes. Tout d'abord, il y a la question de la mission de combat. S'agit-il d'une mission de combat, même si le gouvernement refuse de l'admettre? En campagne électorale, lorsque les libéraux ont affirmé qu'ils allaient retirer les CF-18, je crois que la majorité des gens ont compris que le Canada allait se tenir loin de l'aspect militaire de la mission et se focaliser sur autre chose. Voilà une façon bien particulière de se retirer de la mission de combat.
En ce qui concerne les frappes aériennes, soyons honnêtes: nous n'aurons plus de CF-18, mais nous contribuerons au ravitaillement en carburant, à l'identification des cibles et à toute cette sorte de choses. Nous participons toujours aux bombardements.
Nous allons également tripler nos effectifs militaires sur le terrain, et nous allons faire cela sans paramètres clairs, sans stratégie de retraite, et sans critères de réussite ou sans savoir comment nous aurons réalisé ce que nous cherchions à accomplir. C'est une mission de combat, une mission de combat avec des troupes au sol. Nous savons que, sous les conservateurs, les troupes passaient beaucoup de temps sur la ligne de front. Le sergent Doiron a été tué au front. Et maintenant, nous allons tripler nos effectifs, ce qui, comme l'a reconnu le général Vance, va augmenter les risques pour nos militaires.
J'ai trouvé intéressant d'entendre certains députés libéraux dire ce matin que le gouvernement est prêt à combattre le groupe État islamique sur le terrain. S'il ne s'agit pas d'une mission de combat, de quoi s'agit-il donc? Est-ce un éléphant? Chose intéressante, quand le était dans l'opposition, il a dit que le gouvernement devait énoncer clairement ce qui constitue ou non un rôle de combat. Maintenant que son parti forme le gouvernement, il se montre tout aussi ambigu. Il devrait reconnaître qu'il s'agit d'une mission de combat. Il le doit aux Canadiens et, surtout, aux militaires eux-mêmes, à savoir aux hommes et aux femmes qui servent dans les forces armées.
Nous allons aussi donner des armes aux Kurdes. Nous n'arrivons même pas à suivre la piste des armes que nous vendons à l'Arabie saoudite, qui aboutissent maintenant au Yémen. Qui sait ce que nous apprendrons demain? Que fera le gouvernement au juste pour s'assurer que ces armes ne seront pas utilisées à mauvais escient ou qu'elles ne tomberont pas entre de mauvaises mains?
La formation offerte aux Kurdes concernera-t-elle seulement le combat? Peut-être qu'il faudrait aussi parler des droits de la personne et du respect du droit international, parce que cela fait partie du problème. Je dis cela parce qu'Amnistie internationale nous a appris récemment que les Kurdes ont probablement commis des crimes de guerre pendant les combats qu'ils ont menés. Par conséquent, la formation doit assurément porter sur ce sujet.
Il y a d'autres problèmes. Le plan parle de gouvernance de façon générale, mais sans aborder la question en détail. En fait, il comporte peu d'information.
[Français]
Que va faire exactement le gouvernement du côté de la gouvernance? On nous dit qu'on va envoyer des conseillers au ministère de la Défense. Cela me semble davantage être en vue de faire du recrutement de renseignements, par exemple. Or il y a tellement à faire sur le plan de la gouvernance. Le groupe armé État islamique a réussi à s'installer dans le pays à cause de la dislocation de la société irakienne. Il faut travailler à cela, sinon aujourd'hui ce sera le groupe armé État islamique, et demain ce sera un autre.
Pourquoi le Canada ne travaillerait-il pas, par exemple, à faciliter un processus de réconciliation en Irak? C'est seulement comme cela qu'on va réussir à régler le problème à long terme. Il en va de même de l'engagement diplomatique. On dit qu'on va s'engager diplomatiquement. C'est très bien, mais qu'arrivera-t-il ensuite? Que propose-t-on au juste?
Enfin, certains éléments centraux du mandat que l'ONU nous a confié sont essentiels pour étouffer le groupe armé État islamique, non seulement au Moyen-Orient et en Libye, mais partout dans le monde. Il faut lui couper l'approvisionnement en armes, en argent et en combattants. Le plan libéral n'est vraiment pas très fort à cet égard et reste à peu près muet là-dessus.
Ce qui me frappe, entre autres, c'est qu'il n'y a absolument rien sur la déradicalisation. Par exemple, sachons-le, les événements qu'on a vus à Paris, à Jakarta et à Ouagadougou et qui ont mené au renforcement de la volonté de détruire non seulement le groupe armé mais cette idéologie haineuse, sont le fait de gens qui avaient été radicalisés dans leur propre pays. Pourquoi alors le plan des libéraux ne parle-t-il même pas de déradicalisation?
[Traduction]
Il me reste seulement quelques minutes pour dire que j'ai peur de nous voir répéter les erreurs du passé. Nous avons essayé l'approche militaire à divers endroits dans le monde et, malheureusement, le résultat n'est pas très bon. En fait, nous remportons peut-être des batailles depuis 20, 30 ou 40 ans, mais nous perdons la guerre contre le terrorisme.
C'est un nouveau genre de guerre, une guerre du XXIe siècle. C'est une guerre de propagande et c'est une guerre qui génère le chaos et laisse les conflits entiers.
On nous apprend que les villes qui ont été reconquises sont, dans certains cas, complètement détruites. Apparemment, 80 % de Ramadi est en ruines. La population ne peut pas y retourner.
Après les attentats à Paris et à d'autres endroits en Europe, certaines règles d'engagement ont été assouplies, alors les combats feront inévitablement plus de victimes civiles. Sommes-nous en train d'accroître le chaos? Sommes-nous en train de nourrir les conflits? Dans l'affirmative, nous ne faisons qu'exacerber le problème.
Mettons nos espoirs dans ce qui peut donner de bons résultats. L'aide humanitaire en fait partie, mais, avant toute chose, il faut couper les vivres à ces groupes. Il faut les empêcher d'être alimentés en armes, en argent et en combattants étrangers. Et tâchons de trouver une solution politique en Syrie et en Irak.
:
Monsieur le Président, aujourd'hui, je vais parler de ce que je considère comme une motion très malavisée de la part du gouvernement libéral.
La motion est assez verbeuse, et je dirais qu'il y a des aspects positifs, notamment parce qu'elle parle d'investir considérablement dans l’aide humanitaire, d'accroître les efforts visant à trouver des solutions politiques au conflit, et, bien sûr, d'accueillir des dizaines de milliers de réfugiés syriens au Canada.
Cependant, la question essentielle est la décision des libéraux d'élargir la portée de la mission militaire du Canada en Irak, et je ne peux, en toute bonne foi, appuyer cette décision.
Cette question est depuis un certain temps un point de discorde au sein du Parti libéral. Les Canadiens ont été témoins des tergiversations des libéraux sur ce qu'il faudrait faire contre le groupe État islamique. En effet, le parti semblait se contredire à tout moment, car il était tantôt pour, tantôt contre la mission militaire.
Après des mois à attendre la promesse de retrait de nos CF-18, nous apprenons que les libéraux ont un nouveau plan qui nous apporte plus de questions que de réponses. Il manque à cette motion la partie la plus importante.
On ne sait pas quels paramètres serviront à évaluer le succès de la mission. En fait, je ne vois que quelques différences superficielles entre cette nouvelle mission et la mission initiale des conservateurs. On dit encore qu'il s'agit d'une mission de conseil et de soutien, exactement comme à l'époque des conservateurs. Les libéraux triplent le nombre de conseillers qui travailleront auprès des militaires irakiens, alors que d'autres travailleront sur les lieux de combat.
La fin de la mission de bombardement promise par le gouvernement a mené à un renforcement de la présence militaire canadienne dans la région. Le Canada continuera de tracer des cibles pour les bombardiers d'autres pays. Les libéraux ont déjà déclaré qu'il fallait établir une distinction claire entre les activités liées aux combats et celles qui ne le sont pas. Cette distinction est importante, en effet, mais la motion à l'étude la rend plus floue que jamais.
Nous savons que les militaires canadiens ont déjà essuyé les tirs du groupe État islamique quand ils se trouvaient sur le front pendant leur mission de conseil et de soutien. Le ne peut pas, de bonne foi, nier que les soldats seront mêlés aux combats. Le décès du sergent Doiron a rappelé vivement aux Canadiens les risques que courent les militaires déployés sur le front.
Le n'a pas établi les paramètres qui encadreront les activités canadiennes sur le terrain jusqu'à la fin de la nouvelle mission. Notre expérience en Afghanistan a démontré que, surtout en contexte de guerre, une mission de formation comporte autant de risques pour les militaires canadiens qu'un travail dans les zones de conflit actives.
Le gouvernement parle maintenant d'une mission d'une durée indéterminée. Nous savons tous ce que cela a donné en Afghanistan. Ne craignez rien, car les libéraux nous ont assurés que cette mission d'une durée indéterminée coûtera 264 millions de dollars. Le gouvernement ne fait pas preuve de transparence vis-à-vis des gens. Si nous ignorons la date à laquelle la mission se terminera, comment pouvons-nous savoir combien elle coûtera?
L'histoire des interventions militaires occidentales au Moyen-Orient remonte plusieurs siècles en arrière. Les croisades ont marqué le commencement d'une série de campagnes organisées, mais ce n'est qu'au XIXe siècle, avec les guerres de Napoléon, que les pouvoirs européens se sont mis à tout essayer pour morceler la région.
Les frontières modernes, aussi droites que si elles avaient été tracées avec une règle, ont été, en grande partie, imposées par les Français et les Britanniques à ce qu'il restait de l'Empire ottoman à la fin de la Première Guerre mondiale. Les vainqueurs se sont peu souciés des différentes cultures et divers groupes religieux et ethniques qui ont été forcés de cohabiter — avec les conséquences que l'on connaît aujourd'hui.
Les Kurdes ont vu leur terre natale divisée entre cinq pays, dont la Syrie, l'Irak et la Turquie, trois nations au coeur du conflit qui fait rage. Nous fournissons des armes aux Kurdes, ce qui soulève évidemment bien des questions quant aux conséquences à long terme de pareille mesure.
J'ai le sentiment que le débat ne nous fournit pas assez de réponses à ces interrogations. Comment être certains que ces armes ne tomberont jamais dans de mauvaises mains? Ou qu'elles ne serviront pas à bafouer les droits fondamentaux de certaines personnes? Le gouvernement s'est-il demandé quels étaient les objectifs à long terme des Kurdes? Car je rappelle qu'ils souhaitent la création d'un État indépendant dans la région. Ces questions n'ont pas été abordées, ce qui veut dire qu'il y a un trou béant dans la politique étrangère du Canada pour cette région du globe.
Ce ne sont pas les seules questions que la motion passe sous silence. Il y a trois ans, l'EIIS n'existait pas. Qu'est-ce qui a pu créer un climat propice à une croissance aussi rapide et à la perpétration d'aussi terribles atrocités? Ces questions devraient être au coeur de notre réflexion, et c'est à nos risques et périls que nous en faisons fi.
Pour dire les choses simplement, l'EIIS est le produit d'un génocide qui a été perpétré impunément pendant que le reste du monde regardait sans rien faire. Il a vu le jour parce que plus de 200 000 Syriens ont été tués et que des millions d'autres ont dû quitter leur domicile et renoncer à leurs rêves et à leurs espoirs. Ce n'est pas un hasard s'il a pris naissance dans les territoires arabes sunnites d'Irak et de Syrie. Les gouvernements de ces deux pays ont favorisé la violence sectaire au sein de leur population sunnite respective.
La motion libérale dont la Chambre est présentement saisie montre que nous n'avons tiré aucun enseignement de l'invasion et de l'occupation de l'Irak en 2003, sous la direction des États-Unis, car c'est précisément cette opération qui a créé le chaos et les conditions favorables à la résurgence du terrorisme dans cette région du globe. Si nous nous entêtons à répondre par la voie militaire à un problème qui requiert une solution politique, nous ne verrons jamais le bout du tunnel.
L'EIIS, et Al-Qaïda avant lui, ne sont rien d'autre que l'une des têtes de l'hydre. Coupons-là, et elle sera aussitôt remplacée par deux autres.
Les militaires des Forces canadiennes font un travail extraordinaire. Ils entreprendront avec compétence et professionnalisme la mission qui leur sera confiée. Le hic, c'est que la mission est mal définie et ne comporte pas d'échéanciers ni de conditions de victoire, ce qui nous rappelle la mission en Afghanistan. Évitons de reproduire le même scénario.
Nous revenons sans cesse sur l'importance de doter les troupes des outils nécessaires, mais nous, députés, avons aussi le devoir de leur confier une mission claire, assortie d'une stratégie de retrait et d'objectifs de réussite. Un autre engagement indéfini ne fera qu'exposer encore davantage les troupes au danger.
Depuis 2011, les troubles et les conflits en Syrie ont forcé plus de 4,5 millions de réfugiés à fuir vers les pays voisins, ce qui a créé d'immenses besoins en aide humanitaire. Les réfugiés ne sont pas les seuls à souffrir, car la situation des 13,5 millions de personnes en Syrie exige une intervention humanitaire urgente.
Nous avons un rôle important à jouer pour contrer la menace que pose l'EIIL à la communauté internationale et pour atténuer les souffrances des civils pris dans le conflit.
La position des néo-démocrates sur la question a toujours été claire. Certaines mesures doivent être prises. Le Canada ne doit absolument pas participer au combat. Nous devrions nous employer à bloquer l'approvisionnement en armes et le financement du groupe État islamique, ainsi que l'enrôlement de combattants étrangers par celui-ci. Non seulement ces mesures seraient efficaces, mais elles cadreraient avec les résolutions et les mandats des Nations Unies.
Le gouvernement libéral ne dit mot au sujet de la signature du Traité sur le commerce des armes. La ratification de ce traité aurait pourtant un plus grand effet dissuasif sur l'EIIS que la présence de soldats canadiens sur le terrain.
Prétendre que l'on met fin à la mission de bombardement est une affirmation absurde. Nous larguions auparavant des bombes, et maintenant nous marquons les cibles afin que d'autres pays puissent larguer les leurs. Ne suis-je pas tout aussi coupable si je donne des instructions à quelqu'un armé d'un bâton que si je brandis le bâton moi-même? Je participe tout autant au combat. Prétendre le contraire nuit au débat.
Je me rappelle que, durant la précédente législature, le actuel critiquait les conservateurs parce qu'ils voulaient accroître la participation du Canada à une mission de combat vague et potentiellement infinie. Pourtant, rien n'a changé: les libéraux ont fait une promesse et, maintenant, ils nous jettent de la poudre aux yeux pour faire comme si quelque chose avait changé.
Le gouvernement libéral ne peut tout simplement pas affirmer honnêtement que les Forces canadiennes ne combattront pas dans l'exercice de leur rôle élargi de conseil et d'assistance. Il fabule s'il pense proposer une mission sans combat alors qu'il ne fait qu'élargir le plan des conservateurs.
Je me réjouis que les libéraux aient saisi la Chambre de la question. J'espère qu'ils comprennent les arguments que les néo-démocrates font valoir dans l'espoir d'organiser l'opposition la plus efficace possible à l'EIIS.
On ne peut s'attendre à régler ce sérieux problème par des moyens militaires en se contentant d'élargir la mission de conseil et d'assistance des conservateurs et de déployer encore plus de soldats sur le terrain.
Les néo-démocrates continueront de s'opposer à la motion du gouvernement tout en proposant d'autres solutions possibles à la crise.
:
Monsieur le Président, cela me fait plaisir de parler de ce sujet très important. J'aimerais indiquer que je vais partager mon temps de parole avec mon voisin le député de .
[Traduction]
C'est un honneur pour moi d'intervenir au sujet de cette motion ministérielle extrêmement importante qui élargira, redéfinira et renforcera la lutte contre l'EIIL.
Cette lutte revêt une extrême importance pour la population de la Nouvelle-Écosse, particulièrement dans ma circonscription où environ 22 % des habitants sont soit des anciens combattants, soit des membres actifs des Forces canadiennes.
En Nouvelle-Écosse, on trouve 40 % des installations militaires du Canada. La base d'Halifax est la plus grande base militaire au pays. De plus, la Nouvelle-Écosse fait partie des Forces maritimes de l'Atlantique, la plus grande présence navale au Canada. Les gens de la Nouvelle-Écosse ont contribué à la défense et à la sécurité du Canada et ont participé à toutes les opérations militaires du Canada, notamment les deux guerres mondiales, la guerre de Corée, les missions de maintien de la paix, la guerre du Golfe et la mission en Afghanistan. Voilà qui montre que le Canada compte sur nos courageux militaires pour assurer le succès et la sécurité de notre grande nation.
Nous faisons souvent appel aux militaires canadiens pour nous appuyer. Durant la campagne électorale, lorsque je faisais du porte-à-porte, j'ai rencontré des anciens combattants et des militaires en service. Ces fiers Canadiens acceptent sans hésiter les demandes que leur fait le gouvernement et ils font preuve d'une énorme générosité. Personnellement, je ne sais pas si je pourrais en faire autant. Je leur exprime toute ma gratitude.
Le présent débat est extrêmement important. Après mûre réflexion, j'ai le sentiment que nous nous engageons sur la bonne voie. J'aimerais me pencher sur cinq éléments de notre stratégie.
[Français]
Notre stratégie comporte entre autres cinq éléments: l'expansion de notre rôle d'entraînement, qui est très important; l'élargissement de notre rôle diplomatique; l'élargissement de notre rôle humanitaire, c'est extrêmement important; notre rôle concernant les réfugiés qui continuent d'entrer, ici, au Canada; et la reconnaissance de la Chambre envers nos forces armées, ce qui est extrêmement important.
Souvent, quand on cherche des informations et des opinions, on va voir les experts impliqués sur le terrain comme sources d'informations. Pour cela, je cite le colonel Warren, le porte-parole de la mission pour les États-Unis:
[Traduction]
Nous n'allons pas régler le problème à coup de bombardements, n'est-ce pas? Cela n'arrivera jamais [...] et, quand nous voyons des pays comme le Canada accepter de tripler leur présence, nous trouvons cela extrêmement utile.
[Français]
C'est pas mal puissant. Quand on voit nos alliés s'exprimer aussi clairement et nous appuyer avec tellement de confiance, c'est impressionnant. Pourquoi nous appuient-ils? Ils nous appuient, car quand on parle d'entraînement, les Canadiens sont reconnus depuis bien longtemps pour leur efficacité. Ils nous font aussi confiance à cause de nos forces armées et de l'expertise qu'on a sur le terrain. C'est certainement très impressionnant. Je suis d'accord avec le colonel, ce n'est pas le bombardement en soi qui va finir la guerre contre le groupe État islamique.
C'est donc une question de renforcer et d'entraîner les forces locales, si on veut faire une différence, et de les équiper pour qu'elles puissent combattre dans la guerre contre le groupe État islamique.
[Traduction]
Le deuxième volet de cette mission élargie consiste à faire intervenir davantage la diplomatie. Comme le l'a dit, la solution doit, d'abord et avant tout, être politique.
Nous devons inclure les alliés sur le terrain dans la discussion pour nous assurer d'une étroite collaboration dans notre coalition. Nous devons parler à la communauté internationale si nous voulons voir un jour une paix durable pour les gens de cette région.
Troisièmement, je veux parler de l'accroissement de l'aide humanitaire. Nous devons fournir notre part d'efforts. Les Canadiens ont depuis toujours la réputation d'apporter beaucoup dans ce domaine. Nous le faisons parce que des millions de personnes ont été déplacées. Nous le faisons pour aider les plus vulnérables. C'est la raison pour laquelle le gouvernement versera 840 millions de dollars en trois ans pour répondre aux besoins essentiels des personnes qui sont le plus durement touchées. Par besoins essentiels, j'entends de la nourriture, un toit, des soins médicaux et de l'eau. Ce sont là des choses essentielles, et nous apporterons une grande contribution à cet égard.
Nous verserons également 270 millions de dollars pour fournir des services sociaux afin de remettre en état les infrastructures locales, stimuler la croissance économique et aider les femmes, les enfants et les nouveau-nés au chapitre de la santé, de l'égalité des sexes et ainsi de suite. Ce sont là des enjeux absolument cruciaux par rapport auxquels nous apporterons une contribution.
[Français]
Quatrièmement, il y a la question des réfugiés.
[Traduction]
Il ne fait aucun doute que le Canada fait figure de chef de file en matière d'accueil de réfugiés, un geste qui est extrêmement important en situation de détresse. Il ne fait aucun doute que nous sommes actuellement aux prises avec une crise d'une ampleur jamais vue dans le monde depuis au moins 30 ans. Neuf millions de personnes ont déjà été déplacées. Elles vivent dans la terreur, et nous devons leur venir en aide. Je suis extrêmement heureux de constater le soutien de la communauté internationale ainsi que l'approche adoptée par le gouvernement du Canada à l'endroit des réfugiés. Il fait de l'excellent travail. Le Canada a accueilli jusqu'ici plus 20 000 réfugiés.
Je tiens à souligner le travail réalisé dans ma circonscription par le RiverLake Syrian Refugee Project, qui est coprésidé par Sue MacLean et Laura Jayne Hambly-Fournier. Les participants à ce projet travaillent d'arrache-pied dans la collectivité pour amasser des fonds, pour accueillir des familles et pour leur trouver un logement. Ces personnes et bien d'autres encore font notre force, et je les en remercie.
Comme je l'ai dit tout à l'heure, 22 % des résidants de ma circonscription sont des militaires. Ils sont très fiers de travailler à la base ou à l'étranger, ou de servir en cas de conflit ou de guerre. La Chambre doit reconnaître leur contribution au Canada. Au pays, nous pouvons compter sur les militaires les plus professionnels, les plus talentueux et les plus dévoués du monde. Certains d'entre eux siègent même à la Chambre aujourd'hui.
Je suis heureux d'avoir pu parler de cette motion.
:
Monsieur le Président, j'ai l'honneur de prendre la parole au nom des gens de pour parler de la motion préconisant la réorientation de la mission canadienne de lutte contre le groupe État islamique.
[Français]
Je suis très heureux de prendre part à ce débat de grande importance pour notre gouvernement, pour notre pays et pour nos alliés les plus proches. Je tiens, en premier lieu, à préciser l'approche que notre gouvernement a privilégiée en redéfinissant notre contribution à la coalition internationale contre les combattants du groupe armé État islamique.
Nous l'avons fait en nous éloignant des discours enflammés, en nous concentrant sur une analyse sérieuse de la situation actuelle. Nous l'avons fait en tenant compte des besoins de nos alliés et en fonction des moyens militaires, financiers et diplomatiques dont nous disposons.
[Traduction]
Contrairement au gouvernement précédent, les libéraux ont redéfini notre participation à la coalition internationale en mobilisant nos alliés, en déterminant comment nous pouvons être le plus utiles et en permettant aux Forces armées canadiennes et à divers ministères, notamment ceux des Affaires mondiales et du Développement international, d'apporter la contribution la plus efficace possible.
Comme le l'a indiqué, notre nouvelle politique en Irak, en Syrie et dans la région environnante reflète l'essence même du Canada: défendre nos intérêts aux côtés de nos alliés et collaborer avec nos partenaires locaux en vue de trouver de vraies solutions durables. Avec nos alliés, nous travaillerons à éliminer le groupe État islamique et la menace terroriste qu'il représente. Nous nous occuperons en même temps des besoins de millions de personnes vulnérables tout en contribuant à améliorer la gouvernance et à jeter les bases de la croissance économique et de la durabilité à long terme.
Les militaires canadiens sont bien préparés et ont ce qu'il faut pour assumer ce nouveau rôle. Il existe un risque, mais il est nécessaire. Il peut être atténué, et il le sera le plus possible. Notre engagement à donner plus de formation, de conseils et d'aide ne va pas sans la probabilité que nos militaires soient davantage en contact avec l'ennemi dans l'exercice de leurs fonctions quotidiennes. Il ne s'agit pas d'une mission de combat, mais nos troupes auront toujours le droit de se défendre et prendront toujours les mesures voulues pour se protéger, protéger nos partenaires de la coalition et protéger les forces locales.
Dans le cadre de notre nouvelle participation accrue à la lutte contre le groupe État islamique, les membres des Forces armées canadiennes ne sont pas les principaux combattants, mais ils forment, conseillent et aident ceux qui le sont. Disons-le franchement aux Canadiens: nos troupes travaillent et continueront de travailler dans une zone de conflit afin de soutenir les forces locales qui luttent pour débarrasser l'Irak du fléau que constitue le groupe État islamique.
[Français]
Sur la base de l'expérience acquise lors de notre engagement militaire en Afghanistan, les formateurs canadiens sont particulièrement bien équipés pour apporter une grande contribution en matière de soutien, de conseils et de formation aux forces locales qui vont affronter les combattants du groupe État islamique sur le terrain. Nos partenaires au sein de la coalition internationale ont fait valoir l'importance cruciale de ce soutien et de ces besoins en matière de formation.
[Traduction]
Comme nos partenaires de la coalition l'ont indiqué et pour paraphraser le colonel Steve Warren, le porte-parole de l'opération Inherent Resolve, nous ne pouvons perdre de vue le fait que nous devons former les forces de sécurité locales. C'est l'un des principaux objets de nos efforts, et notre contribution est extraordinairement utile pour aider la coalition à réaliser ses objectifs. Affirmer, comme l'a fait l'opposition officielle, que nous abandonnons la lutte de la coalition contre le groupe État islamique est complètement faux. Comme l'a dit le colonel Steve Warren: « [...] tout le monde s'intéresse surtout aux frappes aériennes, parce qu'elles donnent de bonnes images et que les choses explosent, mais il ne faut pas oublier que l'un des fondements de cette opération, c'est la formation des forces terrestres de la région. C'est essentiel. »
Nous sommes extrêmement fiers du rôle capital que nos pilotes des CF-18 ont joué pour limiter les mouvements du groupe État islamique au sol, mais la coalition a suffisamment de puissance aérienne pour maintenir cet aspect de la mission. L’ancien commandant suprême des Forces alliées de l’OTAN, M. James Stavridis, a bien décrit la situation quand il a dit:
[...] vous allez vous consacrer à la formation, qui est [...] peut-être ce qu'il y a de plus important. Je me réjouis donc que nos militaires canadiens et nos collègues de l'OTAN travaillent à la mission de formation avec les forces de sécurité irakiennes, et peut-être avec les peshmergas kurdes au Nord, car nous ne voulons pas envoyer là-bas 100 000 ou 150 000 militaires comme nous l'avons fait en Irak et en Afghanistan. Nous voulons que ce soient les forces locales qui combattent le groupe État islamique. Nous devons les former, les conseiller et les encadrer. L'OTAN peut le faire très efficacement ».
Nous déploierons également du personnel médical et un détachement d'hélicoptères dans le Nord de l'Irak pour fournir du soutien et des soins à nos militaires. Nos avions de surveillance et de ravitaillement demeureront en activité et répondront aux besoins stratégiques de la coalition. Au cours de 370 sorties, les CP-140 Aurora ont examiné plus de 3 200 points d'intérêt, y compris quelque 20 000 kilomètres de routes principales de ravitaillement. Le 5 janvier 2016, les équipages des CC-150T Polaris ont franchi la barre des 20 millions de livres de carburant livrés depuis le début de l'opération Impact. C'est un exploit remarquable dont les Canadiens peuvent être fiers.
Nous travaillons également avec le gouvernement de l'Irak et avec la coalition pour mettre en place des équipes de liaison ministérielle qui oeuvreront auprès d'un nombre restreint de ministères irakiens. Je suis convaincu que ces mesures seront bien accueillies. Ces équipes appuieront la gouvernance irakienne en offrant leur aide en matière de coordination, de planification et de processus. Le Canada renforcera aussi les capacités de la Jordanie et du Liban.
[Français]
Il s'agit donc d'une mission plus vaste, d'une approche pangouvernementale qui fera intervenir plusieurs ministères fédéraux et d'une mission qui comprend un volet militaire et une aide humanitaire accrus.
[Traduction]
Il s'agit d'une contribution militaire plus vaste, profonde et dynamique qu'auparavant, qui est d'autant plus efficace qu'elle s'intègre à des contributions élargies sur le plan de l'aide humanitaire, des efforts de développement et de la présence diplomatique dans la région.
Nous faisons partie d'une vaste coalition internationale. Les frappes aériennes sont planifiées, coordonnées et exécutées en fonction des priorités et des tâches de la coalition. Nos CF-18 n'ont jamais été utilisés exclusivement pour soutenir nos troupes dans le Nord de l'Irak. Un soutien aérien était disponible au besoin et fourni par le membre de la coalition qui était en vol ou qui était prévu dans le cycle de planification, quel qu'il soit.
Cela ne changera pas. Nos troupes disposeront d'un soutien aérien lorsqu'elles en auront besoin, mais notre contribution militaire n'est qu'une partie de la mission.
Comme mes collègues l'ont mentionné, nous adoptons une approche pangouvernementale pour atteindre ces objectifs.
Grâce aux efforts soutenus du , les Canadiens ont accueilli jusqu'à maintenant plus de 22 000 réfugiés victimes de ce conflit.
Ces courageux réfugiés ont déjoué le sort et se sont trouvé une nouvelle patrie; ils enrichiront le tissu social diversifié du pays. Nous les accueillons à bras ouverts et nous sommes là pour les aider à s'intégrer à la société canadienne.
Par ailleurs, nous fournirons 840 millions de dollars d'aide humanitaire au cours des trois prochaines années pour répondre aux besoins élémentaires des gens les plus lourdement touchés par le conflit, notamment en leur fournissant de la nourriture, des abris, des services de santé, de l'eau, des installations sanitaires et des services d'hygiène. L'aide sera destinée principalement aux plus vulnérables, notamment aux enfants et aux victimes de violence sexuelle et de violence fondée sur le sexe.
Nous fournirons en outre 270 millions de dollars au cours des trois prochaines années pour: bâtir sur place une capacité à fournir des services sociaux de base comme l'éducation, la santé, l'approvisionnement en eau et les installations sanitaires; entretenir et rétablir les infrastructures publiques; favoriser une croissance et une création d'emplois inclusives, y compris en améliorant les perspectives d'emploi pour les femmes et les jeunes; et promouvoir une gouvernance inclusive et responsable.
Nos programmes mettront l'accent sur l'aide pour les femmes et les jeunes, sur l'amélioration de la santé des mères, des nouveau-nés et des enfants, et sur la promotion de l'égalité entre les hommes et les femmes.
Nous ne pouvons tout simplement pas accepter la rhétorique de l'opposition qui veut que nous soyons en train de nous défiler dans cette mission. Contrairement au gouvernement précédent, nous adoptons une approche consciencieuse et fondée sur de solides principes pour résoudre un problème complexe.
Nous faisons oeuvre utile dans toutes les dimensions du conflit. Nous présentons un plan vraiment coordonné, collaboratif et intégré pour nous attaquer à un problème qui nécessite ce genre d'efforts de notre part. Ce plan est sous-tendu par une vision à long terme et une stratégie cohérente pour atteindre nos objectifs.
:
Monsieur le Président, je me réjouis de participer au débat sur cette résolution importante. L'enjeu est complexe. Contrairement à ce que laissent entendre certains des discours prononcés à la Chambre depuis que le gouvernement a présenté la motion, la question n'est pas facile à trancher. C'est l'un des enjeux les plus complexes et les plus épineux dont la Chambre ait débattu depuis de nombreuses années, car il n'y a pas de solution claire. La situation n'a rien de simple.
J'aimerais tout d'abord rendre hommage à un ancien combattant, le capitaine Trevor Greene, qui habite à Nanaimo, sur l'île de Vancouver. Son exemple me sert d'inspiration. Plusieurs députés se souviendront du capitaine Greene, ce soldat canadien qui a été attaqué de dos. Il avait enlevé son casque en signe de respect envers les villageois afghans qu'il était venu rencontrer, et quelqu'un l'a attaqué à la hache. Cette attaque a laissé des séquelles physiques. Son cerveau est toujours aussi brillant, mais son corps refuse parfois de coopérer. Il réapprend à marcher, mais doit, pour le moment, passer presque tout son temps en fauteuil roulant. Je l'ai entendu donner des conférences et raconter que, lorsqu'il planifiait sa carrière dans les Forces armées canadiennes, il voulait plus que tout porter le béret bleu et travailler au maintien de la paix. J'ai lu, dans le discours du Trône, que le gouvernement actuel compte ramener le Canada vers un rôle de maintien de la paix. C'est sous cet angle que j'examinerai les activités que le jeune Trevor Greene souhaitait voir le Canada mener et pour lesquelles il était prêt à risquer sa vie, dans l'intérêt du Canada, de la paix et des peuples du monde entier.
Cette mission est sans issue parce qu'il est très difficile de déterminer dans quel camp l'on devrait se ranger, notamment lorsqu'elle est désignée uniquement comme une guerre contre le terrorisme ou une mission visant à éliminer Daech. Je n'aime pas appeler ce groupe État islamique. La résolution renvoie à l'EIIS et l'EIIL, mais je n'aime pas donner l'impression que ce groupe terroriste a une prétention légitime au statut d'État.
Parlons de Daech. S'il s'agit uniquement d'un conflit visant Daech, alors nous n'avons pas tenu compte de tous les facteurs qui rendent la situation si complexe. Il s'agit d'un conflit sectaire. Il s'agit d'une guerre religieuse entre sunnites et chiites, et cette guerre est composée de multiples guerres par procuration. Des superpuissances sont partout, qui entrent dans la région et en sortent en fonction de leurs intérêts, et il y a les pays avoisinants, tous agissant à bon ou à mauvais escient. Essentiellement, c'est une guerre civile qui sévit en Syrie.
Dans son allocution, la chef de l'opposition officielle laissait croire que c'était simple. Il s'agit d'un groupe d'acteurs horribles, d'une armée horrible, d'une secte sanguinaire appelée Daech. L'opposition officielle affirme que Daech détruit tout sur son passage. Rien dans l'histoire ne suggère que ce groupe existerait sans la guerre illégitime et illégale que les États-Unis ont menée en Irak. Elle a donné lieu à la création de ce groupe, littéralement et physiquement. Les gens qui ont fondé Daech se sont rencontrés dans un camp de prisonniers géré par l'armée américaine. C'est là qu'ils se sont organisés. Leur radicalisation est née de ce qu'ils percevaient comme étant l'oppression occidentale de la région.
Dieu merci, le Canada a refusé d'envoyer des soldats en Irak à ce moment-là. Les arguments soulevés à la Chambre en faveur de frappes aériennes en Syrie ou en Irak ont tendance à être accompagnés de la phrase « le Canada fait toujours sa part ». Lorsqu'une mission est déplacée et qu'elle contrevient au droit international, le Canada a bien raison de ne pas s'en mêler. Voilà pourquoi je suis aussi ravie que le Canada n'ait pas ouvertement participé à la guerre en Irak. Nous pensions qu'il ne pouvait y avoir pire qu'Al-Qaïda avant l'arrivée de Daech, qui est issu du conflit irakien. Si nous faisons fi de l'histoire et du contexte, comment pouvons-nous connaître la voie à suivre?
J'aimerais retourner à la question de la guerre civile en Syrie.
Le gouvernement actuellement au pouvoir en Syrie, si on peut toujours le qualifier de gouvernement, parce que la Syrie est au bord de la déroute, est dirigé par un dictateur brutal, Bachar al-Assad, qui a tué beaucoup plus de ses concitoyens que Daech n'a pu le faire.
Bachar al-Assad, qui appartient à la minorité chiite et à la famille alaouite, dirige la Syrie d'une main de fer depuis très longtemps. Dans la guerre civile qu'il mène actuellement, il peut compter sur le soutien de l'Iran, du Hezbollah et de la Russie. J'ai lu beaucoup d'articles de journalistes qui ont couvert ce sujet. Terry Glavin, de Victoria, en Colombie-Britannique, a raison quand il dit que, lorsque cette guerre civile a pris naissance, pendant le printemps arabe, une bonne partie des opposants au régime méritaient qu'on les appuie, parce qu'ils aspiraient à plus de démocratie et dénonçaient al-Assad.
Or, de nos jours, les forces rebelles sont plutôt constituées d'un amalgame indigeste entre Al-Qaïda, al-Nosra et bien entendu, Daech, que la motion préfère appeler « EIIS ». Tous ces gens veulent renverser al-Assad. Devrions-nous alors conclure qu'en prenant les armes contre l'EIIS, nous aidons par le fait même al-Assad à demeurer au pouvoir? Disons que nous sommes en terrain extrêmement glissant.
J'appuie entièrement le gouvernement d'avoir décidé de rappeler nos CF-18. Si j'ai voté dès le départ contre la mission de bombardement, c'est entre autres parce que les pertes civiles étaient inévitables. En plus d'être une tragédie en soi, chacune de ces morts contribue aux efforts de recrutement de Daech, qui réussit alors à convaincre les modérés de partir en guerre pour venger leurs concitoyens bombardés par le Canada ou les États-Unis. Et voilà maintenant que la Russie s'en mêle. Et même si elle affirme bombarder des cibles de l'EIIS, elle semble atteindre plus souvent les positions des forces rebelles qui cherchent à renverser al-Assad. C'est compliqué.
Revenons sur ce qui s'est produit jusqu'à présent. Selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme, un organisme indépendant, les frappes aériennes de la coalition ont tué 4 256 personnes, dont 322 civils. En Irak, 1 000 civils ont péri dans les frappes aériennes de la coalition. On qualifie toujours de dommages collatéraux la mort de civils innocents. Toutefois, dans un contexte où les incitations à se joindre au combat sont nombreuses et dirigées vers les jeunes partout dans le monde — les jeunes hommes surtout —, nous perdons du terrain dans la lutte contre la radicalisation et avons du mal à présenter un argument allant à l'encontre de celle-ci lorsque d'importantes opérations militaires sont déployées pour bombarder des cibles et tuent des civils sur le terrain. Voilà pourquoi j'appuie totalement la décision de retirer les avions de chasse canadiens du combat.
Le sujet du débat me touche particulièrement, car mon père a vécu le blitz de Londres étant enfant. Il a toujours dit que les raids aériens étaient le meilleur moyen d'affermir la détermination des civils au sol à s'opposer à l'ennemi. Les bombardements aériens n'ont nullement fait fléchir la population du Nord du Vietnam. Ils n'ont pas non plus affaibli la détermination des Syriens ou Irakiens.
Ainsi, la coalition fait fausse route avec ses frappes aériennes. Il est sensé de s'en retirer. Toutefois, le fait que le gouvernement libéral insiste pour continuer à les appuyer sur le plan du ravitaillement et des missions de reconnaissance me laisse perplexe. Cette décision rend les choses un peu ambiguës. Seule explication possible : en se retirant d'une mission vouée à l'échec pour réorienter ses efforts vers des travaux humanitaires, diplomatiques, de formation et même de maintien de la paix, le Canada veut éviter de se mettre à dos de quelque façon que ce soit ses présumés alliés qui poursuivent leurs opérations dans la région, y compris des frappes aériennes.
Qui sont nos alliés dans la région? Il faut discuter de ce qui se passe en Turquie, qui se soucie davantage de la montée du nationalisme kurde que de la présence du groupe État islamique à ses frontières.
Nous avons vu la zone limitrophe, le long de la frontière turco-syrienne, être reprise par les combattants kurdes et, lorsque ces derniers étaient assiégés par les combattants de Daech, la Turquie n'est pas intervenue.
La Turquie est soi-disant notre alliée au sein de l'OTAN. Pourtant, elle a aussi été accusée d'aider, grâce à son service du renseignement, les militants extrémistes de la Chine à traverser son territoire pour se joindre aux combattants du groupe État islamique. On trouve cette allégation dans un article hautement controversé, et je sais qu'il prête à controverse. Cet article de Seymour Hersh, publié dans la London Review of Books, porte sur l'échange de renseignements par les États-Unis dans le cadre de la guerre syrienne. Il s'intitule « Military to Military ».
Seymour Hersh est un journaliste de grand renom. Il avait raison sur ce qui se passait à Abu Ghraib et à propos du massacre de My Lai, qui remonte à bien longtemps. Cependant, il se peut que M. Hersh se trompe sur l'allégation centrale de l'article, soit que l'Instance collégiale des chefs d'état-major des États-Unis a choisi de faire fi des efforts déployés par le président Obama pour faire tomber le régime Assad. Elle estimait qu'il était important de protéger ce régime et a donc délibérément échangé des renseignements avec d'autres alliés dans l'espoir qu'ils parviendraient à Assad.
Dans cet article, M. Hersh soutient également que l'Instance collégiale des chefs d'état-major a veillé à ce que les forces rebelles opposées à Assad reçoivent désormais des armes moins sophistiquées et plus vieilles, aidant ainsi le gouvernement Assad, essentiellement en négligeant les rebelles. Ces accusations ne sont peut-être pas vraies, mais elles montrent l'énorme complexité de la lutte qui se mène dans cette région.
Et qu'en est-il de l'Arabie saoudite? Nous sommes encore prêts à lui vendre des véhicules blindés, même s'il est prouvé que ces véhicules sont utilisés contre des civils en Arabie saoudite et au Yémen. En outre, de nombreux rapports indiquent que l'Arabie saoudite aide l'EIIS. Pourquoi? Parce qu'elle ne veut pas vraiment qu'Assad demeure au pouvoir. Comme je l'ai dit, les guerres par procuration se poursuivent.
Partout dans la région, il y a de l'activité clandestine: vente de pétrole sur le marché noir transfrontalier, vente d'antiquités. J'ai discuté de la question avec l'une des sommités mondiales sur le sujet, le journaliste Robert Fisk, qui écrit pour l'Independent. Il a dit tenir de source fiable que des Turcs ont infiltré l'exploitation des raffineries de pétrole en Syrie, qui expédient du pétrole sur le marché noir au profit des coffres du groupe État islamique, et que des Turcs ferment les yeux devant le pétrole de contrebande à la frontière.
Voilà certes un point où le Canada pourrait intervenir davantage, de concert avec nos alliés, particulièrement le long de la frontière. Si nous sommes prêts à envoyer des militaires sur le terrain dans la région, nous devrions envisager de rendre la frontière avec la Turquie moins perméable et de stopper le marché noir du pétrole. Interpol doit intervenir avec plus de mordant.
Une autre manière dont Daech enrichit ses coffres à coup de millions est par l'atroce destruction des antiquités de la région. Avant de faire exploser un temple, Daech le vide de ses précieux artéfacts. Apparemment, des collectionneurs d'objets d'art, des spéculateurs et des milliardaires sans conscience sont prêts à acheter ces antiquités au noir. La vente d'antiquités sur le marché noir finance également les activités atroces de Daech.
Nous sommes à nouveau confrontés à une guerre civile dans laquelle il est difficile de distinguer les bons des méchants. Il y a al-Nosra et l'EIIS contre le Hezbollah, l'Iran, et la Russie qui appuient Bachar al-Assad. Dans tout ce fouillis, je comprends qu'aux yeux du et du gouvernement, les forces kurdes soient les seules qui fassent partie des bons. On sait au moins que les forces kurdes risquent peu de faire ce que d'autres groupes de rebelles prétendument modérés ont fait après avoir été entraînés, armés et équipés par l'Occident. Certains de ces groupes modérés ont tout vendu à l'EIIS. Il y a de l'argent à faire si on ne tient pas à faire la guerre à Daech.
Une chose est sûre au sujet des forces kurdes: elles sont déterminées. Cela dit, elles sont déterminées non seulement à se débarrasser de Daech, mais aussi à fonder un État kurde.
Compte tenu du rêve des ressortissants kurdes de fonder leur propre pays sur un territoire s'étendant de la Turquie à l'Iran en passant par la Syrie et l'Irak, on comprend la nécessité d'agir avec grande circonspection, parce que nos alliés ne seront pas contents de nous lorsque les forces turques, enhardies par leurs victoires militaires contre les forces effroyables de Daech, commenceront à tirer sur les kurdes plutôt que sur l'EIIS.
C'est un fouillis d'une grande complexité, je ne dis pas le contraire. S'il y a quelque chose à retenir de mon intervention aujourd'hui, c'est que la situation est des plus complexes; tâchons donc d'éviter les affirmations trop tranchées dans ce débat.
J'ai une dernière chose à dire sur le mal que nous avons fait à l'étranger.
Lorsque, à la fin de cette guerre illégale en Irak, les États-Unis ont établi des gouvernements fantoches, ils ont décidé d'interdire à tous les membres de l'ancien parti Baath de Saddam Hussein d'y occuper des fonctions. Ainsi, de nombreuses personnes compétentes, qui savent comment gérer un gouvernement et une armée, n'ont pas le droit d'occuper un emploi. Nous avons ainsi créé un groupe de personnes prêtes à travailler pour Daech, qui avait les moyens de les payer grâce à ses activités sur le marché noir. Il est temps de suggérer à nos alliés de retirer l'interdiction dont sont frappés les forces baathistes et les membres du parti Baath, qu'ils aient ou non fait partie du gouvernement ou de l'armée de Saddam Hussein, afin de les laisser trouver un emploi légitime dans l'Irak nouveau. Nous devons faire en sorte que les personnes naguère non radicalisées ne se tournent pas vers l'armée de Daech simplement parce qu'elle peut les payer.
Il y aurait encore beaucoup à dire, mais nous ne disposons que de 20 minutes.
Honnêtement, je ne sais pas comment je vais me prononcer sur cette question. J'appuie en grande partie ce qui est proposé. J'appuie le renforcement de l'aide humanitaire. Je suis heureuse que l'on discute de diplomatie parce qu'on ne peut pas simplement chercher à se débarrasser de Daech sans penser sérieusement à la façon de rétablir la paix et la stabilité dans la région. Si ce n'est pas notre objectif, nous ne nous débarrasserons jamais des factions extrémistes dans la guerre qui continue d'opposer sunnites et chiites, dans le contexte d'une guerre civile et d'une dictature brutale comme celle de Bachar al-Assad.
Quelle est la position du Canada dans un débat qui ne présente aucune solution ni aucune réponse facile? Nous n'avons d'autre choix que de nous en remettre au droit international. En vertu du droit international, il est illégal de bombarder un pays avec lequel nous ne sommes pas en guerre. Nous ne devons pas participer à la mission de bombardement. Il est logique d'offrir notre aide sur le terrain, mais nous devons faire beaucoup plus au pays pour lutter contre la radicalisation. Il faut éviter à tout prix de donner des munitions aux propagandistes qui veulent embrigader dans cette détestable secte sanguinaire des jeunes de partout dans le monde, en quête d'un idéal de vertu.
Le Canada peut jouer un rôle de premier plan dans le monde. Nous l’avons toujours fait, et j’espère que cela ne changera jamais. Cependant, il faut faire preuve d’une grande prudence. Il faut sans cesse réévaluer ce que la Turquie et l’Arabie Saoudite font et ce que nous pouvons faire en entretenant des voies diplomatiques nettement plus efficaces avec la Russie. Le secrétaire d’État américain n'aurait jamais réussi à accomplir quoi que ce soit au cours de ce cessez-le-feu partiel et inadéquat si les États-Unis ne s'étaient pas donné les moyens d’au moins parler avec la Russie. Nous avons besoin de l’aide de la Russie, de la Chine et des États-Unis pour mettre fin au conflit en Syrie. Nous ne devons pas laisser ce pays devenir un autre État en déroute, comme la Libye.
Je suis la seule à avoir voté en juin 2011 contre les bombardements en Libye, notamment parce que je ne croyais pas un mot de ce que le ministre de la Défense de l’époque avait dit, à savoir que, même si le gouvernement ne savait pas ce qui suivrait Mouammar Kadhafi, il était persuadé que cela ne pourrait pas être pire. Or, la Libye en déroute, la montée du groupe État islamique et d'innombrables entrepôts remplis d’armes qui tombent aux mains de terroristes en Libye sont pires que Mouammar Kadhafi.
Nous devons trouver notre rôle dans la joute diplomatique. Même si c’est difficile, nous devons nous appliquer à arrêter l’argent avant qu’il arrive dans les coffres de Daech. Lorsque nous demandons à des Canadiens de se rendre dans une région aussi problématique que la Syrie au beau milieu d’une guerre civile, nous devons veiller à ce qu'ils soient protégés adéquatement en tout temps et faire tout notre possible pour assurer leur sécurité. De plus, lorsque nous formons d’autres forces, nous devons être très prudents au moment de décider qui porte les casques blancs et qui porte les casques noirs dans une guerre où aucune partie n'a vraiment le bon rôle.
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Monsieur le Président, je partagerai mon temps de parole avec la députée de .
C'est un privilège pour moi de prendre la parole à la Chambre au sujet de cette motion. Je viens d'une famille qui a des liens avec les Forces canadiennes depuis de nombreuses années, et j'éprouve un grand respect et une profonde gratitude pour les militaires canadiens. Chacun d'eux a fait des sacrifices pour protéger le grand pays qu'est le Canada, et je ne pense pas qu'aux militaires, je pense aussi à leur famille.
Ce sentiment de respect étant profondément ancré en moi, j'ai du mal à comprendre les mesures prises par le gouvernement dans la lutte mondiale contre le groupe État islamique. Un des plus gros problèmes est le retrait de nos CF-18. Le Canada a été le cinquième pays en importance sur le plan de sa contribution à la mission de combat aérien contre le groupe État islamique. C'est une mission qui a aidé nos alliés, comme ils l'ont eux-mêmes reconnu dans le passé.
Le ministre des Affaires étrangères du gouvernement régional du Kurdistan a non seulement déclaré que les frappes aériennes de nos CF-18 se sont révélées utiles et efficaces, mais il a aussi demandé qu'elles se poursuivent. Si ce n'est pas là une demande claire d'aide des Forces canadiennes, je me demande bien ce que c'est.
Le Canada a toujours défendu les populations innocentes et vulnérables en s'en prenant aux personnes et aux groupes qui commettent des atrocités de masse, comme le groupe État islamique l'a fait et continue de le faire. Pourquoi alors le gouvernement refuse-t-il de se tenir aux côtés de nos alliés et de les aider dans ce combat?
Non seulement il ne soutient pas les frappes aériennes, mais il ne précise pas pourquoi il a rappelé les CF-18. Personne n'a réussi à expliquer pourquoi c'était nécessaire. La décision de maintenir la présence de nos avions de ravitaillement et de reconnaissance là-bas tout en retirant de la mission nos avions de chasse, qui assurent une couverture aérienne aux victimes du groupe État islamique en Irak et en Syrie, est encore plus nébuleuse.
Cette logique est totalement incompréhensible. Les libéraux essaient de se faire du capital politique et de tenir leurs promesses électorales alors que des vies sont en jeu. Le manque de clarté au sujet de l'utilisation de nos ressources militaires est stupéfiant. D'après le gouvernement, nous sommes disposés à marquer des cibles, à assurer une surveillance et à ravitailler les bombardiers, mais nous ne larguerons nous-mêmes aucune bombe ni ne fournirons de couverture aérienne à nos propres militaires. Ce n'est pas le genre d'aide dont nos alliés ont besoin, et cette décision est dépourvue de toute logique.
À quelques heures de route au sud de ma circonscription, Souris—Moose Mountain, se trouve le site historique de la bataille de Little Bighorn, au Montana. C'est un magnifique endroit situé dans les grandes plaines de l'Ouest. L'histoire de l'ultime résistance de Custer, où le 7e régiment de cavalerie de l'armée américaine du colonel Custer a été anéanti par les Lakotas et leurs alliés, a été étudiée à fond par les historiens militaires.
La leçon durable que l'on a tirée de la bataille de 1876, c'est que les objectifs militaires contradictoires mènent à la mort inutile de soldats. Custer a divisé ses troupes et ses ressources d'une manière utile, selon lui, mais les Lakotas les ont anéanties et ont tiré parti d'un plan indéfendable, d'un manque de ressources et d'une simple réticence à accepter la volonté de Custer.
Je fais référence au passé non seulement parce que cela me permet de parler d'une région voisine de ma belle circonscription, mais aussi parce que c'est une partie de l'histoire dont le gouvernement peut tirer des leçons dans le cadre de la discussion sur la motion concernant la participation militaire du Canada dans la lutte contre le groupe État islamique. Un peu comme Custer, dont le plan semblait bon mais s'est révélé impétueux, le gouvernement croit que c'est une bonne idée de présenter aux Canadiens un plan incohérent qui semble impétueux.
Le gouvernement voudrait nous faire croire que les Canadiens l'ont élu pour qu'il recentre la contribution militaire contre le groupe État islamique de manière à former les forces locales, à offrir plus d'aide humanitaire et à accueillir immédiatement des réfugiés au Canada. Pour remplir l'une des nombreuses promesses qu'il a faites aux Canadiens afin de se faire élire, le gouvernement libéral met désormais un terme à la mission de combat contre le groupe État islamique.
Le gouvernement a annoncé qu'il augmentera le financement de l'aide humanitaire dans la région afin d'aider les personnes déplacées par le fléau que représente le groupe État islamique. Il a annoncé qu'il augmentera le nombre de soldats canadiens dans la région, et que ceux-ci prendront part à une mission de formation et de conseil visant à mieux préparer les forces alliées au combat contre le fléau que représente le groupe État islamique. Il a annoncé qu'il retirera certains effectifs militaires de la région, et que tous les volets du plan concernant le groupe État islamique seront efficaces.
Malheureusement, je ne crois pas que le groupe État islamique serait d'accord avec le gouvernement. Le chef d'état-major de la défense, le général Vance, a dit que la mission canadienne n'est pas une mission de combat, mais ce plan du gouvernement n'a pas été approuvé par le groupe État islamique.
Je ne sais pas trop en quoi le plan du gouvernement, qui consiste à nous retirer des combats contre le groupe État islamique, mais à garder nos militaires actifs pour lutter contre le fléau que représente ce groupe, sans leur fournir les ressources nécessaires et en les affectant à divers endroits, nous aidera à vaincre cet ennemi, qui a déclaré son intention de faire la guerre à diverses valeurs, comme la diversité religieuse, la dignité humaine, la liberté économique et les droits de la personne, des valeurs qui, selon nous, contribuent à nous définir à titre de Canadiens.
La campagne aérienne que le Canada a menée contre le groupe État islamique a permis de tuer des combattants de ce groupe et de détruire une partie de son matériel. Elle a fait en sorte que le groupe État islamique n'a pas pu se comporter comme il l'entendait et créer un califat de terreur et de destruction. En retirant ses CF-18, le Canada ne pourra plus participer à ces activités.
Sur le plan militaire, la plus grande différence entre les forces du groupe État islamique et les forces armées canadiennes est la force aérienne.
Pendant la Seconde Guerre mondiale, la bataille d'Angleterre a été remportée grâce aux courageux pilotes de la Royal Air Force, de l'Aviation royale canadienne et d'autres armées. Cette bataille a causé la chute du régime nazi. Le groupe État islamique n'a pas de force aérienne. Les Forces armées canadiennes avaient un avantage, mais nous avons maintenant décidé d'agir de façon loyale, même si le groupe État islamique, lui, ne le fait pas. Par conséquent, nous sommes maintenant privés de cet avantage.
Alors que nos alliés intensifient leurs efforts en vue de détruire le groupe État islamique, le Canada fait un pas en arrière et réduit sa participation. Le Canada place l'aide humanitaire parmi ses priorités alors que le groupe État islamique n'a pas encore été défait. Il offre de former les forces irakiennes pour qu'elles puissent combattre le groupe État islamique. La guerre contre le groupe État islamique n'est pas terminée, mais le Canada préfère s'occuper de toutes les tâches administratives, comme le suivi, la formation, l'éducation et les services sociaux.
Il semble que la débrouillardise canadienne chère au gouvernement signifie, en fait, « laissons les autres faire le travail et restons en arrière-plan, à leur offrir des conseils ». Nous sommes en train de devenir comme ces passagers qui donnent des conseils au conducteur, mais dans une zone de conflit. Le Canada tourne le dos à ses alliés. Bravo pour les voies ensoleillées.
En tant que Canadiens, nous avons l'obligation de défendre les victimes de génocide, de combattre l'idéologie extrémiste et de protéger les Canadiens au Canada comme à l'étranger. Tout le monde se souviendra des événements tragiques qui ont coûté la vie à deux soldats canadiens en 2014. Ces attaques inspirées par le groupe État islamique se sont produites chez nous, au Canada. Comment le gouvernement peut-il justifier son retrait du combat international contre le terrorisme alors que des Canadiens se font tuer, ici et à l'étranger?
Le gouvernement ne tient pas non plus compte de l'opinion des Canadiens. Selon un sondage mené le 6 février, 63 % des Canadiens disent qu'ils aimeraient que le Canada maintienne la fréquence actuelle des frappes aériennes contre le groupe État islamique ou qu'il mène un plus grand nombre de missions de frappes aériennes; 47 % estiment que retirer nos CF-18 aura un impact négatif sur la réputation du Canada à l'étranger.
Nous savons que 47 % des Canadiens ont raison. Le Canada a été boudé par ses alliés de la coalition, puisqu'il n'a pas été invité à participer à la réunion contre l'EIIS tenue à Paris en janvier. Cela s'est produit tout de suite après que le gouvernement a signalé son intention de retirer les CF-18 du combat aérien. Sous le gouvernement précédent, le Canada organisait ces réunions, mais, maintenant, en raison de décisions prises par les libéraux, nous ne sommes même pas invités à participer aux réunions.
Les opinions des Canadiens sont claires. Les demandes d'aide de la part de nos alliés sont claires. La seule chose qui manque de clarté, c'est la raison pour laquelle le gouvernement a choisi de se retirer du combat contre l'EIIS. La motion du gouvernement prévoit des investissements considérables dans l'aide humanitaire, qui, bien que nécessaires, ne règlent en rien la source du problème. Cela ne constitue qu'une solution de fortune. Nos alliés sont contraints de se battre sans l'aide de nos ressources, et ce, pour la seule raison que les libéraux souhaitent respecter leurs promesses électorales.
Le gouvernement fait preuve de mauvaise foi et il expose nos soldats au danger s'il croit que la formation au combat, les interventions humanitaires et le dialogue avec les pays touchés par l'EIIS dans une zone de combat constituent un plan cohérent. Un grand nombre de ressources très bien formées sont maintenant mises de côté par un gouvernement qui a promis de laisser les faits et la science orienter ses décisions. Les Lakotas n'étaient nullement intéressés par le plan de Custer, et ils l'ont anéanti. Je crois que l'EIIS ne se préoccupera pas lui non plus du plan du gouvernement.
En terminant, je tiens à remercier sincèrement chaque femme et chaque homme de l'Aviation royale canadienne, de la Marine royale canadienne, des Forces armées canadiennes, de la Réserve des Forces canadiennes et de la Gendarmerie royale du Canada qui participent à ces opérations dangereuses. Je leur souhaite bonne chance et j'espère qu'ils reviendront sains et saufs auprès de leurs familles et de leurs amis au Canada.