Que le projet de loi C-49 soit modifié par suppression de l'article 73.
Que le projet de loi C-49 soit modifié par suppression de l'article 74.
-- Monsieur le Président, c'est pour moi un honneur de parler des amendements que j'ai présentés à l'étape du rapport sur le projet de loi , Loi sur la modernisation des transports.
Ce projet de loi modifie 13 autres lois. Il porte sur les avions, les trains et les navires, ainsi que sur les aéroports et les ports de mer. Sa portée est vaste. Pourtant, si je devais résumer mon point de vue sur ce projet de loi, je dirais qu'il s'agit d'une occasion ratée.
Avec le projet de loi , le gouvernement avait l'occasion de faire des progrès énormes dans l'amélioration du système de transport canadien pour veiller à ce qu'il fonctionne bien pour tous les Canadiens. Pourtant, le gouvernement n'a pas su saisir cette occasion.
Le comité des transports a commencé à tenir des audiences spéciales sur le projet de loi dans la semaine précédant la reprise des travaux à la Chambre après la pause estivale. Au cours de cette semaine, nous avons entendu 44 heures de témoignages de dizaines d'intervenants et d'experts dans chacun des secteurs touchés par le projet de loi C-49. Nous avons reçu des mémoires et des lettres contenant des milliers de pages de données et plus de 100 propositions d'amendements techniques de la part de personnes dont la vie et le gagne-pain seront touchés par ce projet de loi.
Presque tout le monde nous a dit que le projet de loi constituait un bon début et que si les amendements proposés étaient adoptés, le projet de loi accomplirait en fait ce qu'il est censé faire. Pourtant, après seulement deux semaines d'étude de cette montagne d'informations, plus de 24 amendements techniques raisonnables ont déjà été rejetés par les membres libéraux du comité des transports. Je rappelle que ces amendements ont été suggérés par toute une série d'intervenants et d'experts et ont été élaborés afin que le projet de loi représente une solution satisfaisante pour toutes les parties concernées.
La bonne nouvelle, c'est que nous pouvons proposer encore des amendements ici à l'étape du rapport. Je vais suggérer quatre amendements tels qu'ils ont été présentés. Le premier concerne les coentreprises entre les transporteurs aériens. Celles-ci, même si elles s'avèrent parfois utiles parce qu'elles améliorent l'efficacité des liaisons aériennes dans l'industrie du transport aérien de passagers, courent éventuellement aussi le risque d'aller contre l'intérêt des passagers s'il n'y a plus de concurrence sur une liaison donnée et que le prix des billets augmente en conséquence.
C'est pourquoi la décision d'accorder ou de refuser une demande pour un projet de coentreprise est laissée traditionnellement au très capable Bureau de la concurrence et au commissaire de la concurrence. Le projet de loi changerait les choses. Si le projet de loi était adopté sous sa forme actuelle, c'est le qui, en dernière analyse, déciderait d'autoriser ou non deux compagnies aériennes à partager des liaisons ainsi que les coûts et les profits.
En outre, le projet de loi précise que le doit tenir compte de la notion nébuleuse d'« intérêt public », et non se contenter de déterminer si la coentreprise proposée réduirait la concurrence. J'emploie le mot « nébuleux » pour qualifier la notion d'« intérêt public », car, beaucoup trop souvent, au cours des deux dernières années, nous avons vu le gouvernement libéral et ses ministres prétendre qu'ils défendent l'intérêt public, tandis qu'en réalité, ils défendent seulement leurs propres intérêts politiques ou personnels.
Les récentes manoeuvres politiques qui ont entraîné l'annulation d'Énergie Est sont un exemple qui illustre le fait que le gouvernement défend ses propres intérêts politiques plutôt que les intérêts des Canadiens.
Cela dit, pour en revenir à l'amendement dont nous sommes saisis, le changement accorderait des pouvoirs disproportionnés au relativement au processus impartial actuel et au Bureau de la concurrence. Le projet de loi risque de politiser un processus non politique.
Le projet de loi ouvre également la possibilité aux administrations aéroportuaires d'acheter les services de personnel de sécurité supplémentaire auprès de l'Administration canadienne de la sûreté du transport aérien. Manifestement, un effectif élargi accélérerait les contrôles de sécurité pour les voyageurs. À première vue, augmenter la sécurité et la vitesse de traitement pour assurer la sécurité des voyageurs en leur évitant de rater leur vol semble être une bonne idée. Cependant, il y a deux grands problèmes.
Premièrement, il y a les coûts. Au Canada, les voyages par avion figurent déjà parmi les plus coûteux au monde. Cette disposition pourrait faire augmenter les coûts. Or, on sait déjà que tous les coûts additionnels imputés aux aéroports seraient tout simplement transférés aux utilisateurs, ce qui rendrait les voyages par avion encore plus cher pour les Canadiens de la classe moyenne.
Deuxièmement, lorsque le comité a examiné cette partie du projet de loi , certains témoins ont affirmé que le gouvernement fédéral perçoit actuellement davantage de droits au titre de la sécurité qu'il ne verse d'argent à l'ACSTA pour qu'elle s'acquitte de sa tâche. J'estime que cette situation est inacceptable.
Cette formule ne rend pas les voyages plus abordables pour les Canadiens de la classe moyenne, bien au contraire. Le projet de loi ne réglerait pas le problème puisqu'il imposerait simplement une autre forme de taxe aux voyageurs canadiens. Voilà ce qui m'a amenée à proposer un amendement à l'étape du rapport, pour supprimer cette disposition du projet de loi.
De plus, je propose un amendement pour supprimer les articles 73 et 74 du projet de loi . Ces dispositions permettraient aux autorités portuaires d'avoir accès à la Banque de l'infrastructure des libéraux. Or, le financement de cette institution provient notamment des 15 milliards de dollars enlevés aux projets d'infrastructure dans les petites et moyennes collectivités d'un bout à l'autre du Canada parce que les libéraux ont imposé un plancher minimum de coûts de 100 millions de dollars pour l'admissibilité au soutien de la Banque de l'infrastructure. Par conséquent, les petites et moyennes collectivités ne bénéficieraient pratiquement pas du soutien de cette institution. Je reconnais qu'il faut investir dans l'infrastructure des ports, mais la Banque de l'infrastructure n'est pas la façon de régler le problème.
Voilà les amendements que je propose à l'étape du rapport. Je profite de l'occasion pour exprimer ma grande déception à l'égard de la partisanerie manifestée lors de l'étude en comité. Les ministériels ont rejeté les amendements techniques, pourtant mineurs et raisonnables, que mon collègue néo-démocrate, le député de , et moi avons présentés.
Je signale par exemple que, en introduisant l’interconnexion de longue distance, les libéraux ont voulu apporter leur propre solution à un problème. Cependant, les conservateurs y avaient déjà apporté une solution raisonnable.
Dans la Loi sur le transport ferroviaire équitable pour les producteurs de grain, le gouvernement précédent, formé par les conservateurs, a prolongé les limites d'interconnexion, ce qui a donné des résultats tellement bons dans les provinces des Prairies que les utilisateurs des services de transport des autres régions ont réclamé l'application du même système dans l'ensemble du pays.
Or, les libéraux ont plutôt choisi de créer un système compliqué et inefficace d'interconnexion de longue distance qui est tellement mal conçu et qui comporte tellement d'exceptions qu'il sera inutile pour les expéditeurs. Par exemple, le député de et moi avons proposé un amendement qui est réclamé par de nombreux intéressés et qui aurait pour effet d'améliorer de beaucoup le système d'interconnexion de longue distance.
Cet amendement mineur, d'ordre technique, aurait changé la formulation de la disposition de manière à ce que le premier point d'échange soit plus ou moins dans la direction de la destination finale de la marchandise. Que veut-on dire par là? En deux mots, disons que les expéditeurs ne veulent pas être obligés d'envoyer leurs produits à des centaines de kilomètres dans la mauvaise direction pour accéder au point d'échange le plus près, car le transport leur coûterait alors plus cher. Qu'est-il advenu de cet amendement technique très raisonnable? Les libéraux l'ont rejeté. Ils ratent ainsi encore une fois une très belle occasion de faire un bon projet de loi.
En outre, non contents d'avoir rendu cette mesure tout simplement inutile, les libéraux sont parvenus à en faire une mesure néfaste. Dans le projet de loi , les matières toxiques par inhalation sont exclues et ne peuvent faire l'objet d'un arrêté d'interconnexion de longue distance, prétendument pour des raisons de sécurité. Toutefois, cette exclusion n'est pas raisonnable. Le transport de ces matières est soumis au régime de sécurité complet établi dans la Loi sur le transport des marchandises dangereuses et dans la réglementation qui en découle.
Ce qui pose vraiment problème, c'est que cette exclusion mine le principe selon lequel un transporteur public a l'obligation de transporter tous les produits sans discrimination et doit permettre aux gens de faire transporter leurs marchandises sans avoir à payer des frais déraisonnables et sans avoir à craindre qu'on leur refuse ce service. L'exclusion des matières toxiques par inhalation des interconnexions de longue distance risque de nous engager sur une pente savonneuse où le principe du transporteur public serait abandonné.
Dix minutes sont loin de suffire pour énumérer tous les amendements techniques raisonnables que les libéraux ont rejetés. On peut dire en somme que ce projet de loi est truffé d'occasions ratées. J'espère que le gouvernement fera un petit pas dans la bonne direction et qu'il acceptera les amendements que nous proposons à l'étape du rapport.
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Monsieur le Président, je suis heureuse de vous adresser la parole aujourd'hui au sujet du projet de loi .
Notre système de transport ferroviaire de marchandises est essentiel à la réputation du Canada à titre de partenaire commercial fiable. Il s'agit d'un des moteurs qui fait avancer l'économie. C'est pourquoi notre gouvernement agit de façon proactive et présente ce projet de loi. Les mesures qu'il y propose appuieraient l'orientation commerciale du système qui a permis de faire du système de transport ferroviaire canadien l'un des plus efficaces et dont les tarifs sont parmi les plus bas au monde, même plus bas qu'aux États-Unis.
Les compagnies de chemin de fer ont aussi fait d'importants investissements pour rendre le réseau ferroviaire canadien de transport de marchandises plus efficace et sécuritaire. C'est pourquoi ce projet de loi contient aussi des mesures pour promouvoir les investissements à l'avenir. Ce projet de loi vient non seulement ajouter à nos réussites, mais il assurerait aussi la gestion des risques dans l'avenir. Même si le système de transport ferroviaire de marchandises fonctionne bien, certaines pressions se font ressentir.
[Traduction]
Le cadre législatif canadien en matière de transport ferroviaire des marchandises doit répondre à ces pressions. C'est pourquoi le projet de loi favoriserait l'équilibre, l'efficience, la transparence et la sécurité du système de transport ferroviaire des marchandises. Dans l'ensemble, les dispositions de cette mesure trouvent un juste équilibre entre les intérêts des sociétés ferroviaires et ceux des expéditeurs, et elles créent des conditions propices à une réussite durable du système de transport ferroviaire des marchandises. Grâce à ces dispositions législatives, les expéditeurs seraient mieux outillés pour obtenir le meilleur service et les meilleurs tarifs qui soient.
Au terme d'un examen diligent du projet de loi , le Comité permanent des transports, de l'infrastructure et des collectivités a proposé des amendements qui renforceraient davantage le cadre législatif canadien en matière de transport ferroviaire des marchandises. Ces amendements visent notamment à ce que les expéditeurs captifs de la Colombie-Britannique, de l'Alberta et du Nord du Québec aient accès à l'interconnexion de longue distance; à prolonger la période de préavis en cas d'élimination d'une interconnexion et à préciser que la société ferroviaire doit continuer de respecter ses obligations à l'égard du niveau de service malgré cette élimination; à ramener à six mois après la sanction royale la mise en oeuvre des nouvelles exigences concernant les données sur le service et le rendement; et à resserrer l'échéancier pour la publication hebdomadaire de ces données par l'Office des transports du Canada, de façon à accroître la transparence. Cet ensemble d'amendements permettrait de renforcer les dispositions concernant le transport ferroviaire des marchandises tout en préservant l'équilibre essentiel au projet de loi C-49.
La sécurité est aussi un élément important de notre succès futur. C'est pourquoi le projet de loi comprend des mesures importantes sur les enregistreurs audio-vidéo. L'utilisation accrue de la technologie peut souvent créer des dynamiques difficiles et complexes en milieu de travail. Je suis certaine que mes collègues peuvent reconnaître que c'est le cas des amendements proposés à la Loi sur la sécurité ferroviaire qui visent à rendre obligatoire l'installation d'enregistreurs audio-vidéo dans la cabine de la locomotive des trains de marchandises et des trains de passagers.
À titre d'information, je tiens à rappeler à mes collègues que la demande que des enregistreurs audio-vidéo soient installés dans la cabine de la locomotive a été ajoutée à la liste de surveillance du Bureau de la sécurité des transports du Canada en 2012. De plus, la question de rendre obligatoire cette technologie a été étudiée à maintes reprises. Elle a également fait l'objet de diverses recommandations de groupes de travail de l'industrie, du Bureau de la sécurité des transports et des comités parlementaires. Au fil des ans, notamment en 2006, en 2009 et en 2012, des groupes de travail de Transports Canada, de concert avec l'industrie ferroviaire et les syndicats, ont étudié la faisabilité et les avantages en matière de sécurité de la mise en place de cette technologie dans la cabine de la locomotive. En 2012, une approche volontaire a été adoptée invitant les sociétés ferroviaires à installer ces appareils sur une base volontaire. Plus récemment, d'aucuns réclament qu'un régime obligatoire soit ajouté au rapport d'examen de la Loi sur les transports au Canada et au rapport de 2016 du Comité permanent des transports, de l'infrastructure et des collectivités.
Le Bureau de la sécurité des transports du Canada a toujours appuyé la mise en place d'un régime comme celui qui est proposé dans la mesure législative et dont fait état son étude de sécurité publiée en septembre 2016 sur l'installation d'enregistreurs à bord des locomotives. Dans ce rapport, le Bureau de la sécurité des transports du Canada a conclu que, pour maximiser les avantages en matière de sécurité, les données obtenues au moyen des enregistreurs ne devraient pas être utilisées uniquement aux fins des enquêtes postérieures à un accident, mais qu'elles devraient également servir à appuyer la gestion proactive de la sécurité.
Le gouvernement a examiné attentivement la façon de maximiser les avantages en matière de sécurité de cette technologie tout en respectant la vie privée des employés. C'est pourquoi les changements que nous proposons visent à définir et à limiter l'accès aux données obtenues au moyen des enregistreurs et leur utilisation, conformément aux lois canadiennes en matière de protection de la vie privée. Comme mes collègues peuvent le confirmer, il s'agit d'une approche exhaustive et équilibrée qui permettra d'accroître de façon considérable la sécurité ferroviaire tout en protégeant expressément les droits des employés.
Le projet de loi prévoit également un processus nouveau, transparent et prévisible, qui tient compte des considérations liées à la concurrence et de l'intérêt public au moment d'évaluer les coentreprises des transporteurs aériens. Selon le processus proposé, le recevrait un rapport du commissaire à la concurrence faisant état de tout risque sur le plan de la concurrence. Le ministre examinerait ensuite l'entente en fonction des préoccupations d'intérêt public, puis rendrait une décision en tenant compte des questions d'intérêt public et de concurrence.
Conformément aux amendements apportés par le comité, un sommaire des conclusions du commissaire et la décision définitive du ministre seraient rendus publics pour assurer la transparence du processus. La diffusion de ces renseignements renseignerait les Canadiens sur les motifs pour lesquels une autorisation d'entente de coentreprise est accordée ou refusée, et sous réserve de quelles conditions, ce qui contribuerait sans doute à renforcer la confiance du public dans le processus.
De plus, en raison d'une erreur administrative, la version française de l'amendement adopté dit toujours que la publication des conclusions du commissaire de la concurrence est une étape facultative plutôt qu'obligatoire. Un amendement du gouvernement sera proposé aujourd'hui à l'étape du rapport pour corriger cette erreur et faire en sorte que les versions française et anglaise du projet de loi concordent.
Pour conclure sur ce sujet, on s'attend à ce que les coentreprises améliorent la connectivité et offrent une meilleure expérience globale pour les passagers tout en garantissant la concurrence.
En ce qui concerne les services de contrôle des passagers aériens, les plus grands aéroports du Canada ont montré le désir d'améliorer les délais du contrôle des passagers en augmentant le nombre de contrôleurs ou grâce à des innovations technologiques. De leur côté, certains petits aéroports non désignés ont dit souhaiter obtenir des services de contrôle dans le but d'élargir leurs possibilités économiques. Les modifications proposées à la Loi sur l'Administration canadienne de la sûreté du transport aérien sont importantes, car elles offriraient à l’Administration canadienne de la sûreté du transport aérien un cadre plus souple afin de fournir ces services selon le principe du recouvrement des coûts, ce qui permettrait au Canada de conserver un réseau de transport aérien à la fois sécuritaire et rentable.
En outre, le projet de loi propose des modifications substantielles à la Loi maritime du Canada afin de permettre aux administrations portuaires canadiennes d'avoir accès à des prêts et à des garanties d’emprunt de la nouvelle Banque de l’infrastructure du Canada, ce qui appuierait les investissements dans les corridors commerciaux et les projets d'infrastructure du pays, contribuant ainsi à sa croissance à long terme. Enfin, le projet de loi améliorerait l'efficience de la chaîne d'approvisionnement du Canada en autorisant les navires étrangers à procéder au repositionnement de conteneurs vides leur appartenant ou ayant été loués par eux d'un lieu à l'autre au Canada, à titre non commercial.
En résumé, le projet de loi renferme des objectifs cruciaux, y compris un accès équitable aux recours pour les expéditeurs, l'efficience, des investissements à long terme, la transparence et la sécurité. J'exhorte les députés à appuyer le projet de loi C-49 sous sa forme actuelle et à l'adopter le plus rapidement possible afin que les conditions appropriées soient en place pour permettre au système de transport ferroviaire de bien fonctionner cet hiver.
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Monsieur le Président, je vous avoue que lorsque j'ai appris que j'avais un autre temps de parole de 10 minutes sur le projet de loi , j'ai eu deux réactions.
J'ai d'abord ressenti un léger vent de panique. En effet, je me suis demandé comment je réussirais, en 10 minutes, à faire la démonstration de tout ce qui n'allait pas dans ce projet de loi. Ma deuxième réaction a été de me dire de me calmer parce que de toute façon, tout ce que je dirais ne serait pas entendu et que rien de tout ce que je pourrais proposer ne serait retenu. Alors, il faut que je me contente de faire la lumière sur quelques éléments qui m'apparaissent particulièrement problématiques, des problèmes majeurs, de soulever la question de la pertinence et de parler de la façon dont on travaille à la Chambre et en comité.
On se rappellera qu'à l'élection de 2015, en tout cas de la bouche des libéraux, tout devait changer par rapport à la façon de faire des conservateurs du précédent gouvernement. Nous sommes en train de découvrir que nous sommes à peu près confrontés à du pareil au même. En effet, à partir du moment où on est au gouvernement, il semblerait que la science infuse tombe par magie, et que les projets de loi sont automatiquement extraordinaires et difficilement contestables.
Je continue à prétendre que du choc des idées jaillit la lumière. C'est aussi ce que les Québécois et les Canadiens attendent du travail de ce Parlement. Ils s'attendent à ce que l'ensemble des députés provenant de fonctions et d'orientations politiques différentes arrivent avec leur éclairage, et qu'ensemble ils trouvent la meilleure solution. Je dois dire qu'au moment où on se parle, ce n'est pas l'expérience que je vis.
Je vais prendre les quelques minutes qui restent pour donner une idée des aspects incongrus de ce projet de loi. Sur le plan médiatique, cela s'explique facilement, parce que les consommateurs canadiens attendent cela depuis des années. Pendant plusieurs semaines, le projet de loi s'est résumé dans l'opinion publique à un projet de loi sur la charte des droits des passagers. Or le projet de loi C-49, c'est beaucoup plus que cela. C'est un projet de loi omnibus en matière de transport souvent, mais omnibus tout de même.
Nous pourrions nous demander pourquoi avoir un projet de loi omnibus en matière de transport, plutôt que de s'attaquer à chacun des problèmes et de trouver la réponse la plus pertinente. Est-ce qu'on voudrait, à l'intérieur d'un projet de loi aussi vaste, glisser rapidement sous le tapis des sujets qui nous intéressent moins? Poser la question, c'est presque y répondre.
J'avoue qu'en préparant mon discours, je me disais que finalement 10 minutes, c'est peut-être trop. Peut-être qu'avec 10 secondes, j'en aurais assez pour résumer l'ensemble du projet de loi , en rappelant un vieux dicton francophone qui dit simplement « qui trop embrasse, mal étreint ». C'est exactement ce qu'on voit dans le projet de loi C-49, soit un projet de loi qui s'est attaqué à de vastes modifications nécessaires certes, mais qui échoue dans plusieurs cas.
Je reviens sur cette charte des droits des passagers que les consommateurs attendent depuis des années. Le Canada sera encore une fois le dernier de la ligne à adopter, vraisemblablement en bout de piste, une charte des droits des passagers qui sera semblable à celles qui existent déjà partout dans le monde. Très nombreux, j'insiste, sont les témoins qui sont venus nous dire en comité que ces chartes existent déjà et que, par exemple, la charte européenne est probablement le meilleur modèle qui existe en la matière. C'est en fait le modèle qui avait déjà inspiré un collègue néo-démocrate, dans la 41e législature, à déposer son projet de loi qui était une véritable charte des passagers. Ce que nous propose le projet de loi C-49, ce sont de grandes orientations qui devraient baliser la voie à une consultation que devra faire Transports Canada pour éventuellement accoucher en 2018 de recommandations dont le ministre pourra disposer à sa guise. Si nous sommes chanceux, j'ai l'impression que le gouvernement va proposer une charte des passagers quelques semaines ou quelques mois avant l'élection de 2019, pour espérer faire un battage médiatique autour de cela. Pendant tout ce temps-là, les passagers seront restés sans droit.
Nous n'avons rien concernant un sujet où on n'avait pas à réinventer la roue, où l'ensemble des témoins sont venus nous dire que ce qui se fait actuellement se fait bien. Je donnerai juste un tout petit exemple de ce que cela peut changer.
Les cas d'annulation de vol où on invoque la charte européenne des droits des passagers comptent pour 0,4 % de tous les vols annulés, alors qu'au Canada, où nous n'avons pas encore de charte, pour le même incident, ce taux est quatre fois plus élevé. Il est donc évident que cette charte a une incidence concrète.
On pourrait même parler de l'approche du gouvernement, puisque l'ensemble des règles qui vont constituer cette charte seront appliquées par voie de réglementation. Elles ne seront pas inscrites au coeur de la loi et seront facilement modifiables par un bout de papier écrit par le ministre un vendredi après-midi, à son bon vouloir. Il est beaucoup plus complexe de modifier une loi, car cela nécessite que la Chambre en soit témoin. On peut donc douter de la démarche, mais on peut aussi très certainement douter du fait qu'il n'y a pas de charte à l'intérieur du projet de loi .
Je voudrais aussi dire un mot sur les enregistreurs audio-vidéo dont on a parlé dans les questions précédentes. Nul ne peut s'opposer au fait qu'on voulait faire croître, par tous les moyens possibles, les protections et diminuer le nombre d'incidents possibles. C'est exactement la raison d'être d'une boîte noire dans un avion. Aussitôt qu'il y a un incident, on peut aller voir les données de la boîte noire pour savoir ce qui était en cause, en tirer les meilleures conclusions et modifier les approches s'il y a lieu.
Nous avons déposé un amendement qui venait dissiper toutes les inquiétudes des travailleurs quant à la charte et quant à la protection de la vie privée. Tous s'entendaient pour dire les inspecteurs du Bureau de la sécurité des transports du Canada étaient ceux qui avaient besoin de ces données. Voilà ce à quoi devraient servir les enregistrements. Ils devraient servir au BST en cas d'incident, et seulement qu'au BST. On viendrait dissiper toutes les craintes des travailleurs qui pourraient penser que l'employeur pourrait utiliser des enregistrements à des fins disciplinaires ou autres. On répondrait aussi à toutes les interrogations concernant les violations de la vie privée. Les enregistrements seraient disponibles pour les inspecteurs du BST lorsque la situation le requiert, et seulement que pour eux. C'est un autre amendement qui a été rejeté du revers de la main.
Je voudrais dire un mot sur le commissaire à la concurrence. Ceux qui ont suivi le dossier se rappelleront de l'entente de coentreprise entre United Airlines et Air Canada, sur laquelle le commissaire à la concurrence s'était penché. Il avait dit qu'un certain nombre de lignes ne devraient pas exister, puisqu'en fin de compte, c'était le consommateur qui serait perdant. Il avait l'autorité de freiner une telle entente.
Maintenant, on donne le pouvoir au ministre, alors que le commissaire devient un simple conseiller, et le ministre peut prendre ses propres décisions sur la base d'un concept d'intérêt public relativement flou et qui l'est de plus en plus par les temps qui courent. On n'a jamais réussi à définir ce concept en comité. Ni le ministre ni aucun témoin ou fonctionnaire n'a réussi à le faire. Alors, il semble y avoir là une dérive importante des pouvoirs du ministre, qui ne défendra pas nécessairement l'intérêt des consommateurs canadiens et québécois. Il y a là un problème sérieux.
Finalement, je voudrais parler des aéroports régionaux. Nous nous entendons tous sur la nécessité que des aéroports régionaux puissent se développer. Bon nombre de compagnies souhaitent offrir des vols à bas coût, par exemple, à partir d'aéroports régionaux plutôt que de grands aéroports. Un certain nombre de municipalités, comme Trois-Rivières, ont tout mis en oeuvre pour développer des vols nolisés, par exemple, mais ne peuvent le faire dû aux coûts liés à la sécurité. On n'étudie même pas la possibilité de répartir les coûts liés à la sécurité sur l'ensemble des passagers et des aéroports. On dit plutôt que ceux qui veulent des services de sécurité n'ont qu'à se les payer. Un aéroport régional, comme celui de Trois-Rivières, qui voudrait s'offrir des services de sécurité en les payant seul serait obligé d'augmenter le coût de ses billets de 70 $ à 80 $. Or on sait très bien que cela rendrait le projet non concurrentiel et qu'on fermerait le dossier.
Voilà les quatre grands domaines que je voulais toucher, je sens l'impatience du Président, alors je m'arrête et je suis disponible pour répondre aux questions.
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Monsieur le Président, aujourd'hui, je prends la parole au sujet du projet de loi . Je m'oppose à la mesure législative parce qu'elle pose de nombreux problèmes, mais je tiens surtout à discuter de son article 14.
L'article 14 porte sur l'examen des ententes entre au moins deux entreprises de transport offrant des services aériens. Autrement dit, l'article 14 porte sur les actions concertées entre deux compagnies aériennes, qui permettent aux compagnies aériennes de coopérer pour mettre en commun leurs itinéraires, leurs programmes pour grands voyageurs, leurs recettes et leurs coûts.
Il ne s'agit pas d'un article négligeable. Il s'agit d'une modification majeure aux lois sur la concurrence. L'article 14 du projet de loi apporte des modifications majeures à la Loi sur la concurrence.
Je tiens à ouvrir une parenthèse pour expliquer pourquoi le projet de loi me préoccupe autant. Le Bureau de la concurrence est un organisme très important. Il veille à ce qu'il y ait une concurrence loyale au Canada. Il garantit que les consommateurs et les entreprises du Canada évoluent dans un marché où ils peuvent prospérer, un marché où on trouve une concurrence adéquate et qui offre des prix moins élevés et davantage de choix aux consommateurs et aux entreprises.
Le Canada possède une longue et forte tradition juridique et un cadre législatif rigoureux dans le domaine du droit de la concurrence. Au XIXe siècle, le Canada a adopté une loi sur la concurrence avant même que les États-Unis le fassent et, au cours des 150 dernières années, nous l'avons continuellement renforcée afin de réprimer tout comportement anticoncurrentiel sur le marché.
Je me rappelle que, en 2004, lorsque le gouvernement minoritaire du premier ministre Paul Martin était au pouvoir, le gouvernement avait présenté un projet de loi afin de moderniser la Loi sur la concurrence en instaurant des sanctions administratives pécuniaires, qui auraient remplacé ou étoffé les peines prévues au Code criminel, dont le seuil de la preuve est beaucoup plus élevé.
Même si la mesure législative n'a pas été adoptée, le gouvernement Harper subséquent a présenté un projet de loi semblable qui a fini par être adopté, et les sanctions administratives pécuniaires font maintenant partie de la Loi sur la concurrence. Le Canada possède une longue et forte tradition lorsqu'il s'agit d'assurer la concurrence des marchés. Il est aussi perçu partout dans le monde comme un chef de file de l'application du droit de la concurrence qui veille à ce que les entreprises ne puissent pas abuser de leur position sur le marché.
L'article 14 du projet de loi dont nous sommes saisis me préoccupe grandement parce qu'il minerait le Bureau de la concurrence. Le Bureau est un organisme indépendant d'application de la loi. Le projet de loi retirerait des pouvoirs au Bureau de la concurrence et au commissaire à la concurrence pour les accorder au . Ce n'est pas tout: il permettrait au ministre des Transports d'ignorer les préoccupations relatives à la concurrence et d'approuver les coentreprises entre les transporteurs aériens.
Si cet article est aussi préoccupant, c'est parce que nous savons qu'une plus grande concurrence et un marché plus concurrentiel garantissent des prix moins élevés et un plus grand choix aux consommateurs canadiens. En étudiant l'histoire de la politique aérienne au Canada, nous pouvons voir que nous avons réalisé d'énormes progrès au cours des 30 dernières années.
La privatisation et l'intensification de la concurrence ont permis aux Canadiens de profiter de plus de choix et de prix moins élevés dans l'industrie du transport aérien. Nous avons commencé par déréglementer l'industrie dans les années 1980. Nous avons ensuite privatisé Air Canada en 1988, retiré à Transports Canada la responsabilité de tous les aéroports canadiens en 1992 et établi des administrations aéroportuaires indépendantes dans les années 1990. Grâce à toutes ces mesures, des dizaines de milliards de dollars, littéralement, ont été investis dans les aéroports et les compagnies aériennes au Canada.
Par exemple, au début des années 1990, quelque 50 millions de dollars par année ont été dépensés pour améliorer les aéroports. Depuis que les aéroports ont cessé de relever du ministère des Transports, en 1992, plus de 14 milliards de dollars ont été investis dans les aéroports canadiens. C'est la même chose pour Air Canada. Elle est une bien meilleure compagnie aérienne aujourd'hui que dans les années 1980, époque où elle était fortement réglementée, n'avait aucune concurrence et appartenait au gouvernement du Canada. Elle est une bien meilleure compagnie aérienne de nos jours parce qu'elle doit soutenir la concurrence.
Cependant, le travail n'est pas encore terminé. Il est évident, d'après de nombreuses études, que les voyageurs canadiens paient encore un prix beaucoup trop élevé pour se rendre du point A au point B au Canada. Voilà pourquoi l'article 14 du projet de loi est si préoccupant, car il diminuera la concurrence, fera augmenter les prix et offrira moins de choix aux voyageurs, ce qui va à l'encontre de nos efforts des dernières décennies pour accroître la concurrence et faire diminuer les prix pour les Canadiens.
Je tiens à illustrer ce point à l'aide d'un exemple. En 2011, Air Canada a voulu conclure une entente de coentreprise avec United Continental, ce qui leur aurait permis de partager des vols transfrontaliers entre le Canada et les États-Unis, et entre le Canada et d'autres destinations. La coentreprise proposée a été examinée à fond par le Bureau de la concurrence, et celui-ci a exigé qu'elle respecte certaines conditions. Dans son examen, le bureau a conclu que 10 vols transfrontaliers entre le Canada et les États-Unis seraient moins concurrentiels pour les consommateurs canadiens parce qu'Air Canada et United Continental créeraient un monopole et parce que neuf autres vols seraient soumis à moins de concurrence qu'actuellement.
Le Bureau a refusé d’approuver la coentreprise à moins que certaines liaisons ne fassent l’objet d’une dispense. En conséquence, l’entente de consentement conclue entre les parties et le Bureau de la concurrence a dispensé 14 liaisons transfrontalières de la coentreprise en assurant pour les consommateurs canadiens une concurrence suffisante sur ces liaisons. Le projet de loi dont nous sommes saisis aujourd’hui permettrait au ministre de passer outre la décision du Bureau et d’approuver ces coentreprises sans condition qui permettrait d’assurer une concurrence suffisante.
Prenons maintenant un peu de recul et demandons-nous pourquoi le gouvernement a agi ainsi. À mon avis, c’est en partie en raison d’un échange de bons procédés qu’il voulait faire au niveau politique. Le gouvernement a fait pression sur Air Canada pour qu’elle l'aide sur le plan politique en achetant 75 appareils C Series de Bombardier. Craignant que la compagnie ne traverse une période difficile d’insolvabilité, le gouvernement a exercé d’énormes pressions sur une entreprise du secteur privé afin qu’elle achète ces 75 appareils.
Je soupçonne que les deux projets de loi présentés au Parlement représentaient la monnaie d’échange. Le gouvernement doit dire franchement s’il y a eu un échange de bons procédés dans cet arrangement. Air Canada achète ces appareils et en échange, le gouvernement présente les deux projets de loi, le projet de loi , qui lève l’obligation pour Air Canada d’avoir des installations d’entretien dans certaines villes du pays et le projet de loi , dont l’article 14 autorise le à approuver des coentreprises sans condition qui permettrait d’assurer une concurrence suffisante.
Si c’est vrai, ce serait un réel recul pour la loi sur la concurrence. Cela affaiblirait la concurrence, surtout au chapitre des coentreprises que les compagnies aériennes souhaiteraient créer. Cela entraînerait une hausse des prix et moins de choix pour les consommateurs. Voilà pourquoi je crois fermement que cet article du projet de loi devrait être supprimé et pourquoi je m’oppose au projet de loi. J’ai hâte d'entendre les questions et observations des députés à ce sujet.
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Monsieur le Président, j'ai déjà entendu beaucoup de gens parler du projet de loi . J'ai eu le privilège d'assister aux audiences du comité, en septembre, lorsque j'y ai siégé à titre de remplaçant au cours de cette semaine-là. J'ai trouvé que les témoignages étaient extraordinaires en raison des connaissances et des enseignements que nous ont transmis tous les experts, ainsi que de l'esprit de collégialité qui régnait entre tous les partis qui écoutaient et qui questionnaient les personnes présentes. Cela étant dit, j'ai mis quelques notes sur papier. Je ne suis pas aussi éloquent que le député précédent, donc je vais très souvent me reporter à mes notes.
Le projet de loi , Loi sur la modernisation des transports, apporte des modifications à grande échelle à la façon dont on réglemente les transports au Canada. Il s'agit d'un projet de loi omnibus. Il apporte de grandes modifications aux administrations ferroviaires, aéroportuaires et portuaires. La question est de savoir si le projet de loi apporte les bonnes modifications.
Je tiens à discuter de l'ensemble de modifications complexes que le projet de loi apportera au transport ferroviaire au Canada. Les modifications visant l'interconnexion de longue distance remplacent les dispositions mises en place par le gouvernement conservateur précédent, qui avaient porté la distance d'interconnexion à 160 kilomètres. Ces dispositions ont expiré le 1er août dernier. Je me souviens bien de l'hiver 2013-2014 et des raisons pour lesquelles on avait apporté ces modifications à ce moment-là.
C'est un problème majeur, et il faut s'en occuper le plus rapidement possible. Le secteur du transport ferroviaire est dans l'incertitude depuis ce temps-là. Les expéditeurs et les producteurs comptent sur ces outils pour avoir accès à plus d'une société ferroviaire. Sans eux, ils perdent un important levier de négociation du prix des services ferroviaires. Certains diront que ces outils étaient peu utilisés. Par contre, ils servaient de levier de négociation.
Tout cela nuit à la concurrence et peut même avoir pour conséquence que les produits de certaines régions ne puissent pas être transportés. C'est ce qui s'est produit dans la région de la rivière de la Paix en 2014. C'est pour régler ce problème que la Loi sur le transport ferroviaire équitable pour les producteurs de grain a été adoptée, en 2014.
De nouvelles dispositions sur l'interconnexion s'imposent donc depuis longtemps. Malheureusement, on ne sait pas trop si le projet de loi, en créant un outil d'interconnexion qui s'applique aux distances pouvant aller jusqu'à 1 200 kilomètres, permet effectivement d'élargir la gamme d'options qui s'offrent aux expéditeurs et aux producteurs. Le mécanisme instauré par le projet de loi plaisait aux expéditeurs. Cette mesure législative garantissait un taux réglementé stable pour les distances de 160 kilomètres et moins. Le projet de loi change la donne, car le prix de l'interconnexion pour les distances de plus de 30 kilomètres sera déterminé par l'Office des transports du Canada, au gré des circonstances. Les témoins qui ont comparu devant le comité des transports préféraient le régime de prix réglementés pour les distances de 160 kilomètres et moins qui existait déjà.
Le prix de l'interconnexion pour les distances de 30 kilomètres et moins sera établi chaque année. Il tient compte des besoins de l'ensemble du réseau des infrastructures ferroviaires. Il pourrait donc faire augmenter le prix payé par les transporteurs.
Le régime d'établissement des prix que le projet de loi propose de mettre en place doit être conçu pour que les expéditeurs bénéficient de prix concurrentiels. Or, selon la proposition actuelle, le prix sera déterminé en fonction d'un transport comparable dans un secteur où la clientèle est captive. Il faut prévoir un mécanisme de surveillance qui permet de déterminer si le régime est bel et bien bénéfique pour les expéditeurs. Le gouvernement ne peut pas se contenter de mettre en place un régime, puis le laisser sans surveillance. Si on ne prévoit pas de disposition de temporarisation — ce qui a été réclamé à maintes reprises — ni d'examens effectués à des dates préétablies dans deux ou trois ans, il n'y aura absolument aucune garantie que ce régime sera profitable pour les expéditeurs et les producteurs.
À l'heure actuelle, il y a tout simplement trop d'incertitude entourant les dispositions fraîchement remaniées qui visent l’interconnexion. Il faut pouvoir les réexaminer et les mettre en place dans les meilleurs délais. Il faut les mettre en oeuvre dès maintenant.
Puisque j'ai parlé des expéditeurs et des producteurs captifs, il est à noter que, pour beaucoup d'expéditeurs et de producteurs du Nord de l'Alberta et de la Colombie-Britannique, le point d'interconnexion le plus près est le corridor Kamloops-Vancouver. L'autre zone d'exclusion est le corridor Québec-Windsor. L'interconnexion n'est pas permise au-delà d'un rayon de 30 kilomètres à partir de ces zones. Pour les expéditeurs captifs, les nouvelles dispositions visant l'interconnexion ne feront rien pour leur assurer des prix plus concurrentiels ni pour favoriser la concurrence. C'est un grave problème. Ces expéditeurs et ces producteurs captifs n'ont pas d'autre choix que de faire affaire avec une entreprise dont ils sont essentiellement les otages.
Il ne faut pas oublier que les sociétés ferroviaires du Canada sont dans une situation de quasi-monopole. Cette situation pourrait être très désavantageuse pour les expéditeurs et les producteurs. Les dispositions du projet de loi qui, relativement aux services des sociétés ferroviaires, confèrent aux expéditeurs le droit d’obtenir des conditions contractuelles assorties de pénalités réciproques peuvent favoriser la concurrence.
Néanmoins, la pénalité doit prendre en compte le fait que les compagnies de chemin de fer disposent d'un pouvoir économique nettement supérieur à celui des expéditeurs. Le projet de loi vise à améliorer l'efficacité du transport des marchandises des expéditeurs tout en créant un système assez équilibré entre l'expéditeur et la compagnie de chemin de fer. Par conséquent, le gouvernement doit adopter une position claire, parce qu'en raison de la différence de puissance économique, les chemins de fer devraient être plus fortement pénalisés que les expéditeurs. Un dollar, cela n'a pas du tout la même valeur pour un expéditeur que pour une compagnie de chemin de fer. Si la même pénalité fixe leur était imposée, il n'y aurait pas de réciprocité. La compagnie de chemin de fer ne paierait tout simplement pas de pénalité significative pour ne pas avoir rempli ses obligations de service.
Le manque de lignes secondaires constitue aussi un problème urgent. Il en reste très peu, et elles représentent un élément crucial de notre infrastructure là où elles existent. En leur absence, on doit compter sur le transport routier, qui a un gros impact sur les routes dans les villes et un impact pire sur l'environnement.
Quand le fonctionnement du chemin de fer n'est pas efficace pour les expéditeurs, c'est toute la chaîne d'approvisionnement qui est touchée. On nous l'a dit un certain nombre de fois. Compagnies de chemin de fer et expéditeurs doivent collaborer et planifier toute la chaîne, sinon le système ne fonctionne pas efficacement. Si les parties respectives prévoient leur chaîne d'approvisionnement, le système dans son ensemble a des chances d'être plus équitable et efficace. Si un producteur passe un contrat avec un expéditeur pour une date donnée puis reçoit un appel l'informant que les wagons arriveront avec une semaine de retard, il y a un problème et c'est le producteur qui paie l'amende. Les wagons arrivent en suite en retard à leur destination, et le producteur est souvent celui qui finit par payer les pots cassés. Quand des wagons transportés par une compagnie de chemin de fer n'arrivent pas à leur destination à temps, les coûts occasionnés sont assumés par les producteurs. Ils sont pris en otage par le système dans son entier.
Lors de l'étude du projet de loi en comité, j'ai beaucoup entendu parler d'un service ferroviaire adéquat. Pourtant, la mesure législative ne doit pas se contenter d'atteindre un niveau adéquat. Le gouvernement a exprimé la volonté d'augmenter les exportations agricoles de 40 %. Le transport doit être beaucoup plus efficace. Autrement, la hausse de la quantité de produits n'aura pas les résultats escomptés. Les Canadiens n'attendent rien de moins qu'un excellent service ferroviaire. C'est ce qu'il leur faut. Il est essentiel de pouvoir compter sur un système efficace grâce auquel les wagons sont là et transportent le grain dans les délais prévus.
Nous sommes tous conscients que les négociations de l'ALENA sont en cours. Il est donc étonnant que le gouvernement veuille permettre que la nouvelle distance d'interconnexion de 1 200 kilomètres augmente l'accès ferroviaire américain au Canada à des tarifs réglementés. Les Américains auraient accès au trafic canadien sans qu'il y ait réciprocité. Il semble peu avisé pour le gouvernement de laisser tomber cet atout avant que les négociations de l'ALENA soient terminées.
En ce qui concerne le transport aérien, le projet de loi présente des dispositions intéressantes. Il retirerait au commissaire à la concurrence le pouvoir décisionnel ultime à propos des coentreprises, comme d'autres l'ont dit, pour le remettre au ministre. Il exigerait également que le ministre tienne compte des considérations touchant l'intérêt public. Voilà un terme vaste et extrêmement subjectif. Actuellement, nous pouvons compter sur un fonctionnaire non partisan et indépendant qui prend les décisions pour favoriser la concurrence. Le projet de loi risque d'ajouter une composante politique superflue au processus décisionnel.
Le projet de loi permettrait également à l'Administration canadienne de la sûreté du transport aérien de vendre des services de contrôle de sûreté aux aéroports. Lorsque de grands aéroports désignés possédant déjà des services de contrôle de sûreté font l'acquisition de nouveaux services de contrôle, les coûts sont transférés aux compagnies aériennes. Puis, les compagnies aériennes feront à leur tour porter le fardeau des coûts aux consommateurs. La disposition entraînerait donc l'imposition d'une taxe déguisée aux passagers du transport aérien.
Je reconnais que le gouvernement a présenté ce projet de loi dans le but de protéger les intérêts des passagers du transport aérien. Cependant, l'indemnisation offerte par les compagnies aériennes à laquelle auraient droit les passagers serait entièrement à la discrétion du ministre et de l'OTC. Cela engendrerait une importante intervention gouvernementale. Nous ne pouvons risquer que ces mesures bien intentionnées rendent le transport aérien encore plus cher à la suite de décisions improvisées. Il faudrait que l'OTC détermine au cas par cas si le manquement à l'obligation de service était la faute du transporteur aérien ou s'il avait été causé par d'autres facteurs. Nous avons besoin d'une Charte des droits, et immédiatement. Les gens ont besoin de savoir quelles sont les indemnisations proposées, indemnisations qui ne doivent pas être établies de façon improvisée.
La mise en oeuvre de cette mesure législative pourrait entraîner d'importants coûts administratifs. Encore une fois, il s'agit d'un projet de loi omnibus très vaste qui contient de nombreuses parties. Ces parties sont-elles toutes pertinentes? Je ne crois pas. D'autres mesures auraient pu et auraient dû être prises.
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Monsieur le Président, nous devons aujourd'hui nous prononcer sur un projet de loi qui modifiera considérablement 13 lois existantes, et qui touche trois secteurs différents, soit les secteurs aérien, ferroviaire et maritime.
En déposant ce projet de loi fourre-tout sur la modernisation des transports, les libéraux contreviennent donc à leur promesse électorale de ne pas déposer de projets de loi omnibus pendant leur mandat. C'est une autre promesse brisée. Il faut être réalistes; le projet de loi n'attire plus l'attention des médias. Présenté faussement comme étant seulement la future charte des passagers, assurant des droits et des assurances pour tous les Canadiens, il semble rencontrer peu d'opposition. C'est peut-être là l'objectif des libéraux, soit un plan de communication, une stratégie politique, et quelques lignes de presse pour faire oublier des erreurs et des promesses électorales que l'on a laissées tomber.
Depuis le début de la session, on va de déception en déception et on nage en plein fouillis politique: gestion de l'offre compromise, cafouillage au sujet des privilèges Netflix, délais inconcevables et désordre concernant le plan de légalisation de la marijuana, et conflit d'intérêts du au sujet de sa réforme fiscale bâclée. Ce gouvernement a grand besoin d'une bonne nouvelle, et c'est probablement son objectif ici.
Cela étant dit, c'est notre rôle de parlementaires de scruter avec attention les répercussions d'un projet de loi, et d'avoir le courage de soulever les dangers et les problèmes d'une telle mesure, même si cela semble être moins populaire. C'est ce qu'a fait le Parti conservateur au sujet de la réforme fiscale présentée comme une prétendue mesure législative équitable, alors que nous avons découvert que c'était tout le contraire. C'est ce que le Parti conservateur a fait depuis le début du processus entourant ce projet de loi. Ma collègue, la députée de , qui siège au Comité permanent des transports, de l'infrastructure et des collectivités, s'est d'ailleurs adressée à son comité, afin de demander au gouvernement de scinder le projet de loi en quatre parties afin d'en faciliter l'étude et l'examen minutieux, ce à quoi tous les députés libéraux, sans exception, se sont opposés. Ils ont même refusé d'expliquer pourquoi. C'est loin d'assurer la confiance des Canadiens envers ce gouvernement, et ce sont des décisions de ce genre qui nourrissent le cynisme de la population par rapport à la classe politique.
Clarifions d'abord un premier message erroné: ce projet de loi ne mentionne jamais quelles seront les compensations prévues pour les passagers. On prévoit seulement qu'il y en aura un jour ou l'autre. On doit donc voter sur le contenant, mais pas sur le contenu. En fait, nous n'avons aucune idée du contenu. Le gouvernement préfère se débarrasser du mandat et de le renvoyer à l'Office des transports du Canada. Il faudra donc voter sur un chèque en blanc.
En fait, ce n'est pas tout. Si nous remettons entre les mains de l'Office des transports du Canada la responsabilité de décider quels règlements feront partie de la charte des passagers, nous donnons aussi le pouvoir au ministre des Transports d'être l'unique et le seul conseiller de l'Office. Cela veut donc dire que les pénalités ne seront pas établies par un organisme indépendant, à moins que le ministre s'y oppose et dicte ses propres propositions. Quelle ironie de faire voter les députés à la Chambre aujourd'hui, soit de nous faire voter pour que nous remettions tous nos pouvoirs entre les mains d'un seul ministre, soit le ministre des Transports. Quelle ironie que de permettre à un élu d'intervenir délibérément auprès d'un organisme indépendant et non partisan.
L'Office des transports du Canada ne pourra donc pas consulter des groupes de consommateurs, des compagnies aériennes, des aéroports ou tout autre intervenant du secteur, mais seulement le ministre des Transports. Ce n'est pas tout: le ministre s'octroie aussi des pouvoirs considérables pour approuver les entreprises conjointes entre les compagnies aériennes. C'est jouer directement dans la cour du Bureau de la concurrence qui lui aussi devrait être indépendant et non partisan, et encore moins être lié au ministre des Transports.
Le manque d'intégrité et de transparence dans le processus est flagrant, mais surtout inquiétant. Si le ministre ne peut tolérer que l'Office établisse lui-même les standards, il devrait simplement les présenter à la Chambre et permettre à tous les députés de se prononcer sur ce sujet.
Il y a un autre message erroné: le but de ce projet de loi serait de réduire les coûts de voyage pour les Canadiens, tout en améliorant le service. C'est pourtant l'inverse qui risque de se passer. Les coûts reliés au projet de loi risquent d'augmenter la facture des consommateurs qui devront payer pour la nouvelle réglementation, entre autres celle concernant l'overbooking ou la surréservation.
Si le but est de faire payer les Canadiens moins cher pour voyager, pourquoi ne pas simplement réduire le fardeau fiscal des compagnies aériennes, qui ont déjà une mince marge de profit, par exemple, en annulant la future taxe sur le carbone? La législation aérienne au Canada est déjà amplement suffisante. Aujourd'hui, on ne fait que l'alourdir et la compliquer et renvoyer la facture aux passagers.
Le troisième message inexact et mensonger, c'est le fait de présenter ce projet de loi comme étant la nouvelle charte des droits des passagers aériens, alors qu'il aura aussi des répercussions sur trois autres modes de transport et qu'il modifiera 13 lois différentes. Les droits et les indemnisations pour les passagers ne sont qu'une partie du texte. En présentant faussement ce projet de loi comme étant la simple création d'une nouvelle charte, le occulte une bonne partie du projet de loi beaucoup plus controversée et impopulaire. Cet oubli volontaire a un but clair: contrôler le message médiatique et s'assurer d'éviter une nouvelle gaffe du gouvernement libéral en annonçant des mesures controversées.
C'est ainsi que le ministre des Transports se garde de mentionner que le projet de loi permettra à des investisseurs étrangers de posséder jusqu'à 49 % des actions d'une compagnie canadienne, qu'il donnera au ministre des Transports le pouvoir d'approuver les demandes d'entreprises conjointes, qu'il modifiera la réglementation du système de transport de marchandises au pays, qu'il installera des enregistreurs vidéo et audio dans les locomotives qui pourraient être utilisés à des fins disciplinaires, et qu'il modifiera la Loi maritime du Canada pour que les autorités profitent de la Banque de l'infrastructure que le gouvernement vient de créer.
Comme si ce n'était pas suffisant, les défenseurs des droits des passagers au pays et plusieurs associations de protection des consommateurs s'opposent au projet de loi tel que présenté par le ministre des Transports. Gabor Lukacs, membre de l'association Air Passenger Rights, considère que la charte en fera trop peu pour protéger les passagers et qu'il sera plus efficace pour les citoyens de défendre leur cas en cour.
Jeremy Cooperstock, professeur associé à l'Université McGill et fondateur d'un site Web concernant les droits des passagers, considère que ce projet de loi ne fait rien de plus pour protéger les passagers aériens et que les Règlements sur les transport aériens et la Loi sur le transport aérien font déjà l'essentiel de ce qui est promis dans ce projet de loi. En d'autres mots, on veut faire du neuf avec du vieux. Les libéraux sont très bons pour faire cela.
Comme si ce n'était pas assez, la gestion au cas par cas des plaintes et du tarif relatif aux longues distances à faire payer aux compagnies ferroviaires risque d'alourdir les procédures. Il faudra engager du personnel supplémentaire et espérer que les consommateurs ne se décourageront pas en raison du délai de réponse et ne laisseront pas tomber leur plainte. Bref, personne n'en sortira gagnant et aucun Canadien ne sera davantage protégé.
J'invite donc cette Chambre à se méfier de l'écran de fumée présenté aujourd'hui par ce gouvernement libéral pour nous faire oublier la succession d'échecs, de déceptions et d'improvisations politiques désorganisées de ce gouvernement. J'invite aussi tous mes collègues parlementaires à se méfier de l'étendue des pouvoirs qu'un tel projet de loi donnerait au ministre des Transports. Il faut aussi suivre de très près la dangereuse intrusion du ministre au sein d'organismes indépendants et non partisans comme l'Office des transports et le Bureau de la concurrence.
Finalement, à tous ceux et celles qui se réjouiraient qu'il y ait de plus de droits pour les passagers, je rappelle que ce projet de loi ne prévoit aucune indemnité pour les consommateurs. Je rappelle à tous ceux qui pensent appuyer ce projet de loi qu'ils ne pourront se vanter d'avoir voté pour une bonification des droits et des protections de la population canadienne.
Tous les défenseurs du domaine sont d'ailleurs profondément déçus. On a raté la cible encore une fois. Nous avons devant nous un projet de loi incomplet, imprécis et manquant totalement de cohésion. Ce serait tout à fait inquiétant que le texte soit adopté tel quel.
Ce projet de loi est une autre démonstration d'un travail bâclé et improvisé où on tente par tous les moyens d'aller chercher encore plus de pouvoirs pour les mettre entre les mains d'une personne, soit le ministre des Transports. On a vécu la même chose en ce qui concerne le projet de réforme fiscale du . Nous devons être extrêmement vigilants. J'invite tous les députés, même ceux du côté libéral qui auront le courage de se lever, à dénoncer ce projet de loi et à voter contre celui-ci.
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Monsieur le Président, je remercie le député de , qui a fait un excellent travail pour nous.
Les gens doivent se rendre compte à quel point ce projet de loi omnibus est volumineux. Qu'est-ce qu'un projet de loi omnibus? À mon avis, c'est quelque chose qui ne devrait plus être utilisé au Canada. Par définition, un projet de loi omnibus renferme plusieurs mesures législatives. Par conséquent, on prend généralement de nombreuses initiatives qui sont habituellement assez mal appliquées. C'est ce qui risque de se produire avec les mesures très sérieuses prévues dans ce projet de loi sur les transports, notamment celles concernant la sécurité ferroviaire. Nous aurions pourtant dû tirer des leçons de la tragédie de Lac-Mégantic et des déraillements qui continuent de se produire ailleurs. Il y a tous les jours des problèmes liés à la sécurité ferroviaire au Canada. Il y a d'ailleurs eu un autre déraillement récemment.
De plus, certains enjeux relatifs aux droits des consommateurs pourraient devenir tout un casse-tête. Le projet de loi comprend un régime de droits des passagers aériens, qui n'en a que le nom. C'est un bon exemple de l'approche adoptée par le gouvernement. Il procède par voie réglementaire, sans prévoir de mécanisme d'application, de véritable loi ni d'initiatives pour aider les consommateurs.
Je parlerai brièvement des gens avec lesquels les consommateurs devraient communiquer, dans l'avenir, s'ils éprouvent des difficultés avec une compagnie aérienne, notamment au sujet d'une indemnisation, ou un problème connexe. Les consommateurs devraient communiquer avec les libéraux. Ces derniers seront directement responsables de tous les problèmes, parce qu'ils transfèrent sciemment ce dossier à l'organisme de réglementation. Dans l'avenir, c'est à eux que les consommateurs devront s'adresser en cas de problème.
C'est astucieux parce qu'ils se soustraient à leurs responsabilités à l'égard d'une véritable déclaration des droits des passagers — qui aurait dû faire l'objet d'une mesure législative distincte et s'inscrire dans un système très clair axé sur des règles et prévu dans une loi. En procédant comme ils le font, les libéraux pensent pouvoir dire que la question relève uniquement des organismes de réglementation et qu'ils n'ont rien à y voir. Toutefois, les Canadiens pourraient devenir nettement mieux informés au sujet du processus si le règlement leur pose problème. Il leur suffirait alors de communiquer avec leur député libéral ou n'importe quel député libéral pour bénéficier d'une influence directe, parce que les libéraux adopteront cette mesure législative en toute connaissance de cause. Ils seront l'unique véritable lien pour avoir de l'information, qu'il s'agisse par exemple de retards, de violation des droits des passagers ou d'une immobilisation illimitée sur le tarmac. Essentiellement, c'est au ministre qu'il incombera d'établir la réglementation pour régler les problèmes de ce genre. En fait, lorsque les Canadiens deviendront mieux informés du processus de règlement des problèmes, les libéraux comprendront qu'ils se sont ni plus ni moins tiré une balle dans le pied.
Nous en sommes à l'étape du rapport. Ce qu'il faut que les Canadiens comprennent, c'est que le comité a étudié plusieurs parties de la mesure législative séparément. L'une de ces parties portait sur les ententes autorisées entre les transporteurs aériens. Nous avons proposé des amendements qui permettaient de contester certaines choses, car il y aura moins de comptes à rendre en ce qui concerne les fusions de sociétés aériennes et la propriété de ces entreprises. Il n'y aura rien non plus au chapitre de la surveillance et du respect des droits des passagers. En fait, le projet de loi aura un effet dissuasif sur la concurrence parce qu'il fera disparaître cette obligation de rendre des comptes ainsi que l'examen par le tribunal.
Le projet de loi minera les pouvoirs de l'organisme indépendant qui est le gardien de la concurrence dans le secteur du transport aérien et qui devrait à tout le moins se pencher sur ces questions et en faire état au ministre, qui aurait essentiellement le dernier mot. Cela pose problème parce que le gouvernement doit s'occuper des questions relatives à la concurrence dans ce secteur, tant au Canada qu'à l'étranger. Or, le projet de loi nous privera d'une occasion d'accroître la concurrence au Canada. En effet, il se peut qu'il y ait des fusions encore plus importantes dans un contexte où il y aura moins de concurrence et, peut-être aussi, moins de vols. Les marchés moyens se sont développés un peu. L'adoption du projet de loi aurait l'effet d'un frein. Rappelons qu'on éliminerait ce qui se fait actuellement, c'est-à-dire qu'on ferait disparaître la lorgnette qui permet aux consommateurs d'assurer une certaine surveillance. Dans le projet de loi, on y renonce.
Cette mesure législative aura aussi une incidence sur la Loi sur la sécurité ferroviaire puisqu'elle prévoit l'ajout d'enregistreurs audio et vidéo. Cependant, il y a très peu de détails quant à l'installation de ces appareils, à la manière dont ils seront utilisés, et à leur raison d'être. Je pense qu'ils serviront à réduire les emplois tout en augmentant possiblement les heures de travail des conducteurs et des mécaniciens, comme nous l'avons déjà vu dans cette industrie dans le passé.
Selon des rapports indépendants antérieurs, les employés sont confrontés à une culture de peur et d'intimidation. Il s'agit des termes employés par le tribunal indépendant concernant le système de gestion de la sécurité.
En ce qui a trait au système de gestion de la sécurité, les gens sont tenus de signaler les problèmes au travail sans avoir l'assurance qu'on y donnera suite. Supposons que je suis un employé qui accomplit une tâche importante pour des clients. Je réalise l'existence d'un problème lié à la sécurité qui pourrait toucher les travailleurs ou les clients, donc je le porte à l'attention de la personne responsable. Dans ce scénario, il n'y a aucune reddition de comptes concernant ce qui est fait de cette information. La situation est comparable au niveau fédéral. Des dénonciateurs ont été licenciés et dénigrés sur la place publique pour avoir signalé un certain nombre de cas concernant les consommateurs. On peut imaginer l'intimidation.
Si on veut un exemple plus récent, il suffit de voir ce qui se passe à la Banque TD. Il ne s'agit pas nécessairement de questions de vie ou de mort, mais plutôt d'atteintes à la vie privée. Un dénonciateur a signalé des enjeux liés à la vie privée à la banque et cela l'inquiète.
Actuellement, l'organisation de la gestion de la sécurité dans notre système de transport ferroviaire n'est pas favorable à un bon environnement de travail. Un groupe d'experts indépendant a montré que les travailleurs sont souvent blâmés pour avoir exprimé leurs préoccupations en matière de sécurité et qu'ils en subissent les conséquences. C'est la réalité d'aujourd'hui.
La mesure législative proposée contribuerait aussi à modifier la Loi maritime du Canada. Il est important de noter que les ports vont acquérir une plus grande autonomie et avoir accès à des fonds de la Banque de l'infrastructure, lesquels y ont été déposés par des contribuables. Un port est, en soi, comme un petit royaume qui se montre souvent en mesure d'outrepasser les lois municipales ou de ne pas les respecter du tout en ce qui concerne les pratiques en matière d'environnement et de planification nécessaires à la cohésion du port, de la ville et des zones alentour.
Ils évoluent donc dans un climat privilégié qui est souvent source de conflits et d'animosité, puisque les membres des conseils d'administration des ports sont nommés pour des raisons politiques. En effet, les ports sont des bastions de favoritisme issus de l'âge de pierre de la démocratie. Il suffit de se rendre sur le site Web et de chercher le nom d'une personne pour connaître la somme qu'elle a versée. On peut aussi voir de quelle association de circonscription elle est membre à l'échelon provincial ou fédéral. C'est vraiment intéressant. J'espère qu'un étudiant en quête d'un sujet de thèse nous écoute actuellement et choisira d'examiner les nominations politiques. Ce sont des données facilement accessibles et un tel examen donne de bons résultats, selon mon expérience.
Le projet de loi remet également en question la Loi sur le cabotage. Les navires immatriculés à l'étranger jouiraient d'une liberté accrue dans les eaux canadiennes. Il s'agit de navires dont on ne suit pas la trace, ce qui pose problème. Les navires internationaux ont le droit d'opter pour un pavillon de complaisance pour éviter des difficultés concernant les droits de la personne ou les droits des travailleurs; ils le font aussi parfois pour d'autres raisons. Je pense par exemple à l'ancien ministre des Finances Paul Martin, qui aimait que les navires de la Canada Steamship Lines utilisent un pavillon des Bahamas ou des Bermudes pour en tirer des avantages fiscaux. Cela s'apparente à la façon dont l'actuel tire parti des avantages qu'offrent les pays étrangers. C'est un phénomène très inquiétant, notamment à cause des enjeux liés à l'environnement et aux travailleurs.
En conclusion, je dirai que nous manquons le bateau à bien des égards avec ce projet de loi, qui est de la bouillie pour les chats. C'est malheureux, car nous ratons une occasion d'instaurer des systèmes de fonctionnement qui stimuleraient l'économie du pays et le rendraient plus compétitif.
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Monsieur le Président, je suis heureux de prendre encore une fois la parole au sujet du projet de loi , Loi sur la modernisation des transports. Comme nous le savons, ce projet de loi omnibus modifierait considérablement 13 lois différentes et aurait des répercussions importantes sur les transports ferroviaires, aériens et maritimes. Ce projet de loi aurait dû être scindé, mais les libéraux ont rejeté la proposition que la députée de a faite lors de l'étude en comité. La députée recommandait de scinder le projet de loi et d'en étudier chaque section en profondeur afin d'aborder certains des problèmes que nous avons au Canada.
Ce projet de loi se veut une réponse à l’examen de la Loi sur les transports au Canada, dont les libéraux ont déposé le rapport en 2016, mais qui avait été amorcé par l'ancien ministre conservateur David Emerson, en 2014. Dans son examen, M. Emerson a envisagé la situation dans les 20 à 30 prochaines années, pour définir les priorités et les mesures qui pourraient être prises en matière de transports afin d'assurer la prospérité à long terme du Canada. Nous étions conscients que le secteur des transports et l'économie évoluent et que nous devions veiller à ce que les lois soient à jour. Le rapport Emerson, qui a été présenté au ministre il y a près de 18 mois, a fourni au gouvernement 60 recommandations pour réagir à un ensemble de conditions changeantes et de défis dans le secteur des transports au Canada. Les libéraux ont malheureusement décidé de lancer un autre processus de consultation, et ce n'est que cette année qu'ils commencent à présenter des mesures législatives.
Je ne vais pas dire qu'il n'y a rien de bon dans ce projet de ce loi. Il y a de bonnes dispositions et il y en a des mauvaises. On rate la cible dans quelques domaines et j'aimerais parler de certains. Je vais aussi parler des bons points.
Je vais d'abord parler des chemins de fer. Dans le projet de loi , il y a plein de bonnes choses dans la partie portant sur la création d'une nouvelle réglementation sur l'interconnexion de longue distance. Cette disposition fait suite à la Loi sur le transport ferroviaire équitable pour les producteurs de grain du gouvernement conservateur. Je ne vais pas entrer dans les détails, mais il y a du bon et du mauvais. Je sais qu'elle a été amplement débattue au comité et je pense que le comité y a beaucoup travaillé.
J'aimerais commenter un point positif. C'est le fait que l'Office des transports du Canada aurait dorénavant le pouvoir d'ordonner à une compagnie ferroviaire d'indemniser tout expéditeur qui serait lésé en conséquence du non-respect des obligations de la compagnie de fournir un certain niveau de service selon la nouvelle définition. L'Office des transports du Canada pourrait aussi essayer de faciliter le règlement des différends entre les compagnies de chemin de fer et les expéditeurs et aurait 90 jours pour rendre ses décisions.
J'étais très heureux de voir cette disposition. Le CN traverse ma circonscription, Yellowhead, et y offre un corridor est-ouest. Au cours des trois ou des quatre dernières années, des entreprises dominantes de l'industrie forestière, de l'extraction du charbon et du transport du gravier, du sable de fracturation et du grain, entre autres, m'ont envoyé de nombreuses plaintes au sujet de la promesse du chemin de fer d'envoyer un train à un endroit précis ou à une installation précise, à une certaine heure. Ces entreprises s'assuraient d'avoir une équipe de 10 personnes disposées à charger les marchandises sur le train, mais aucun train ne se présentait. Parfois, le train se faisait attendre pendant un ou deux jours. Ces entreprises paient leurs employés, et doivent parfois acheminer leurs cargaisons vers la côte Ouest où les attendent un navire à destination d'un port d'outre-mer. Pourtant, la compagnie de chemin de fer a refusé de considérer ces situations de bonne foi. Voilà pourquoi, je souscris à cette partie du projet de loi et j'espère qu'elle permettra de remédier à ce genre de problème.
Une autre question qui me préoccupe et qui n'a pas été abordée dans ce projet de loi omnibus est la longueur des trains qui circulent actuellement au Canada et l'absence d'équipages adéquats à bord de ces trains. Aujourd'hui, les trains sont probablement de deux à trois fois plus longs qu'il y a 10 ou 15 ans. Cette nouvelle réalité crée énormément de pressions sur les équipages des trains et sur les collectivités. Avant de donner un exemple, j'aimerais citer un extrait du Règlement sur les passages à niveau. Le paragraphe 97(2) dit ceci:
Il est interdit de placer à l’arrêt du matériel ferroviaire sur une surface de croisement, ou d’effectuer des manoeuvres, de façon à obstruer plus de cinq minutes le passage à niveau public — y compris par l’activation de la barrière d’un système d’avertissement — lorsque des véhicules automobiles ou des piétons attendent de le franchir.
Par ailleurs, selon l'article 98 du Règlement, si des trains obstruent régulièrement un passage à niveau, les intervenants concernés, y compris la société ferroviaire et les autorités locales responsables de la voirie doivent collaborer en vue de résoudre le problème. Si cela ne fonctionne pas, les autorités locales peuvent écrire une lettre au ministre pour qu'il trouve une solution.
Les problèmes concernant les passages à niveau ont été signalés à plusieurs reprises. Le gouvernement et le comité ne sont pas parvenus à les résoudre. Je vais donner un exemple.
J'habite à Edson, une ville située au centre de ma circonscription, Yellowhead. Notre ville est divisée par des voies ferrées. Il arrive que des trains de deux miles de longueur s'y arrêtent, que ce soit pour un changement d'équipage, une vérification des freins ou pour toute autre raison. Je pourrais faire une pile sur mon bureau avec toutes les plaintes que je reçois parce qu'un train s'est arrêté pendant 15, 20 ou 30 minutes, voire une heure. Pendant ce temps, les gens de l'autre côté de la voie ferrée ne peuvent pas se rendre en ville. Il y a eu des ambulances coincées et des situations d'urgence. Nous signalons le problème régulièrement au CN, mais rien ne change.
Le CN surveille les passages à niveau, mais il y a toujours des obstructions. C'est un problème. Le CN affirme que si nous l'avisons par téléphone, il divisera le train. A-t-on déjà essayé de diviser un train de deux milles de long à un passage à niveau? C'est pratiquement impossible. Si une personne qui a besoin d'une ambulance après avoir subi une crise cardiaque se trouve du mauvais côté du train, sa vie peut être en danger. C'est la situation qui prévaut dans ma ville et ailleurs dans la circonscription que je représente.
Le CN dit que les gens peuvent parler à la compagnie ferroviaire, faire appel au ministre et attendre les résultats. Je l'ai fait à titre de député. J'ai demandé une rencontre avec le CN et Transports Canada. Les représentants de Transports Canada ont répondu: « Nous avons de très longs trains. Cinq minutes ne représentent pas un gros problème. Même si on parle de 10 ou 15 minutes, et alors? » Nous avons de longs trains, et Transports Canada refuse de se pencher sur le dossier. C'est une lacune dans les nouveaux règlements. Ce problème aurait dû être ciblé.
L'établissement de droits pour les passagers aériens est une bonne chose. Nous savons tous qu'au cours des dernières années il y a eu de nombreuses histoires liées aux compagnies aériennes et qui ont eu lieu au Canada: des retards, des compagnies aériennes qui disent souvent ne pas avoir l'équipage nécessaire, des gens qui ne peuvent se rendre dans une petite localité ou des vols annulés.
Une chose dont on n'a pas parlé et qui est très importante pour les Canadiens est le coût du transport aérien. Par exemple, je fais l'aller-retour entre ma circonscription et Ottawa presque toutes les fins de semaine. Cela me coûte quatre fois plus cher de me rendre d'Ottawa à ma circonscription qu'un vol de New York à Los Angeles alors que la distance est inférieure de 1 000 kilomètres. Nous devons nous pencher sur les coûts que paient les passagers aériens au Canada.
Nous sommes en train d'examiner une partie de la nouvelle réglementation aérienne permettant à l'Administration canadienne de la sûreté du transport aérien d'accroître les frais exigés à certains aéroports pour améliorer la circulation des personnes ainsi que les mesures de sécurité. Je ne suis pas contre. Je passe beaucoup de temps aux aéroports d'Ottawa et d'Edmonton, mais ce coût ne devrait pas être refilé au passager aérien. À mon avis, il devrait être assumé par le gouvernement du Canada, qui exige la mise en oeuvre des recommandations en matière de sécurité.
J'aimerais parler brièvement des ports maritimes et de leur capacité d'emprunter des fonds de la Banque de l'infrastructure. À mon sens, c'est inacceptable. La Banque de l'infrastructure prêterait 100 millions de dollars, voire plus, mais qu'en est-il des petites collectivités comme Edson ou Fort St. John partout au pays qui cherchent des fonds pour les aider à combler leurs besoins en matière d'infrastructure? Nous allons dilapider cet argent dans les grands centres et les grands ports de mer. Ce n'est pas la bonne façon de faire les choses.
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Monsieur le Président, d'entrée de jeu, je tiens à dire que, selon moi, le projet de loi est très mal rédigé. Il comporte énormément de lacunes. Il manque de détails et de précisions dans de nombreux domaines. J'examinerai tout cela dans quelques instants. Je n'aurai probablement le temps de me pencher que sur deux ou trois éléments du projet de loi qui sont mal rédigés.
Je vais commencer par la déclaration des droits des passagers de l'air dont il est question dans le projet de loi, mais, avant d'entrer dans le vif du sujet, j'aimerais souligner que, chaque fois que j'entends quelqu'un parler de la déclaration des droits des passagers de l'air, cela me fait sourire. Je me souviens d'un échange qui a eu lieu il y a plusieurs années dans cette enceinte. Nombre de mes collègues qui sont ici depuis un certain temps s'en souviendront peut-être également. Il s'agit d'un échange entre un député du NPD — Jim Maloway, si je ne m'abuse — et un ministre de l'époque, M. John Baird. C'était un vendredi matin. Comme le savent la plupart des députés, les séances du vendredi matin ne sont pas très courues. Il arrive souvent que les questions étudiées sortent de nulle part. Nous étions au pouvoir lorsque cet échange a eu lieu. Nous n'étions jamais certains des questions qui allaient être abordées par les députés de l'opposition. Puisque si peu de députés assistaient aux séances du vendredi, cela signifiait que des députés qui n'avaient jamais eu l'occasion de prendre la parole auparavant pouvaient intervenir et aborder un sujet préoccupant les habitants de leur circonscription. Par conséquent, il arrivait que nos députés ne soient pas en mesure de répondre directement aux questions. Dans le cas qui nous préoccupe, M. Maloway a pris la parole et a signalé qu'il avait présenté un projet de loi d'initiative parlementaire portant sur une déclaration des droits des passagers de l'air. Lorsqu'il a posé sa question au ministre Baird, le député a souligné que, selon des rapports, un certain nombre de compagnies aériennes en Europe envisageaient, par mesure d'économie, d'imposer aux passagers des frais pour utiliser les toilettes. M. Maloway a demandé à M. Baird s'il était normal que les compagnies aériennes imposent de tels frais. M. Baird a répondu sans hésiter: « Ça “Depend” ». Les députés devront peut-être réfléchir à cette réponse pendant un instant, mais c'est l'une des réparties ou des réponses les plus habiles qu'il m'a été donné d'entendre depuis que je suis ici, et je ne l'oublierai jamais.
Parlons du projet de loi et de ses suggestions pour une déclaration des droits des passagers de l'air. Une fois de plus, ça manque de précision. Le projet de loi laisse entendre que tout passager qui se sent lésé par une compagnie aérienne ou qui souhaite porter plainte contre une compagnie aérienne pour une panoplie de raisons différentes pourrait potentiellement recevoir une indemnisation financière du gouvernement. Cela signifie que si un passager a une mauvaise expérience lors d'un vol, que la compagnie aérienne perd ses bagages, qu'il est contraint de rester sur la piste pendant plusieurs heures pour je ne sais quelle raison ou qu'il se sent lésé à certains égards, il pourrait demander une indemnisation financière à la compagnie aérienne. Le projet de loi laisse entendre que le ministre responsable aurait alors le pouvoir de fixer un niveau d'indemnisation financière, mais celui-ci serait illimité. Le projet de loi n'établit aucune clarté ni aucune règle relativement à cette indemnisation, notamment à savoir quels en seraient les critères d'admissibilité. Le projet de loi dit simplement qu'un ministre pourrait fixer arbitrairement un niveau d'indemnisation financière pour un passager qui estime que ses droits ont été brimés. Rien que pour cette raison, je doute que la plupart des députés puissent appuyer le projet de loi, car il est trop vague. Il ne précise pas exactement quelles seraient les responsabilités des compagnies aériennes et celles des passagers. Il est mal rédigé et j'invite tous les députés à consulter à tout le moins leur caucus, à parler au ministre et à lui suggérer d'envisager d'amender le projet de loi, voire de récrire cette portion, car elle est mal rédigée.
De plus, il y a un article dans le projet de loi sur le transport aérien et les contrôles, plus précisément sur la possibilité pour les aéroports d'avoir recours à des appareils de détection supplémentaires. À première vue, on estimerait légitime que les aéroports envisagent une telle solution si leur achalandage augmente et qu'ils considèrent qu'il faudrait plus d'appareils de détection pour effectuer le contrôle les voyageurs. C'est une considération que la plupart des députés jugeraient légitime. Toutefois, le projet de loi laisse aussi penser que, si un aéroport se dote d'un nouvel appareil de détection, la compagnie aérienne pourrait devoir le payer et en refiler le coût aux voyageurs. En d'autres termes, plutôt que de payer les appareils de détection, l'administration aéroportuaire pourrait refiler la facture à la compagnie aérienne.
Pour recouvrer ce coût, la compagnie aérienne voudrait le refiler aux passagers. De quoi s'agit-il au juste? C'est une taxe. Je ne sais pas comment décrire cela autrement. C'est tout bonnement une taxe. Les Canadiens payent déjà assez de taxes. Le gouvernement, bien entendu, veut les taxer encore plus, mais c'est une question dont nous devrions peut-être débattre un autre jour. Quoi qu'il en soit, cette disposition est inconsidérée, mal conçue et pourrait avoir pour conséquence inattendue de taxer les passagers des compagnies aériennes encore plus qu'ils ne le sont déjà. Voilà encore un exemple qui montre que ce projet de loi est non seulement mal pensé, mais aussi mal conçu et mal formulé.
Je parlerai un instant d'une autre disposition du projet de loi, qui suggère l'installation d'enregistreurs audio-vidéo dans les locomotives afin que si, par malheur, un accident survient, les enquêteurs puissent examiner ces enregistreurs pour déterminer ce qui s'est passé. Le gouvernement soutient qu'il s'agit là d'une mesure de prévention et de sécurité, mais je ne crois pas qu'elle en est réellement une. En effet, même si l'installation d'enregistreurs pourrait être utile en cas de catastrophe majeure — par exemple, un grave déraillement —, je ne pense pas qu'elle soit aussi importante pour la sécurité que l'inspection des freins, entre autres. Par ailleurs, cette disposition ouvrirait la porte à des abus de la part des enquêteurs des chemins de fer, qui pourraient se servir des enregistreurs audio-vidéo à d'autres fins, y compris peut-être pour imposer des sanctions disciplinaires aux conducteurs ou aux mécaniciens des locomotives, ou aux travailleurs syndiqués de la compagnie de chemin de fer.
Le Canada a adopté des lois sur la protection des renseignements personnels pour une raison. Je crains que, même si elle vise peut-être à corriger un problème de sécurité, cette disposition particulière puisse avoir des conséquences imprévues et finir par porter atteinte au droit fondamental à la vie privée des Canadiens. C'est pour cette raison, et aussi parce que je crois qu'il est mal rédigé, que le projet de loi doit être rejeté.
Je peux assurer à la Chambre que les députés de l'opposition officielle voteront certainement contre le projet de loi .