La Chambre reprend l'étude, interrompue le 20 octobre, du projet de loi , dont le comité a fait rapport avec des propositions d'amendement, ainsi que du groupe de motions no 1.
:
Niwakomacuntik tansai nemeaytane awapamtikok. [Le député s'exprime en cri.]
[Traduction]
Monsieur le Président, scandalisé par les ravages causés par l'alcool dans le Nord de la Saskatchewan, un procureur du ministère public a pris six mois de congé en 2015 pour discuter avec les Premières Nations et essayer de trouver des solutions.
Dans le livre Firewater, qui vient tout juste de paraître, l'auteur autochtone Harold Johnson jette un regard critique sur les effets de l'alcool sur les peuples du Nord. Harold, qui vit à La Ronge, en Saskatchewan, a déclaré ceci:
[...] l'alcool est synonyme de mort et de destruction dans le Nord, ce que ses fonctions de procureur du ministère public lui ont permis de constater de première main.
Dans 95 % des causes entendues par les tribunaux provinciaux, le prévenu était ivre au moment de l'infraction. C'est comme ça tous les jours.
En avons-nous assez de nous rendre au cimetière? En avons-nous assez d'enterrer nos proches? En avons-nous assez, point?
Comme M. Johnson l'expliquait à CBC, les effets de l'alcool se font sentir dans tous les aspects de la société, de la justice à la santé en passant par la pauvreté et l'économie.
En fait, selon une étude sur la santé des habitants du Nord de la Saskatchewan réalisée en 2011, l'alcool est en cause dans les deux tiers des accidents de la route causant un ou plusieurs décès. Le taux de consommation d'alcool ou de drogue pendant la grossesse est trois fois plus élevé dans le Nord que dans le reste de la province.
CBC nous apprend en outre que, d'après M. Johnson, l'alcool fait même augmenter le coût des infrastructures du Nord parce que les entreprises tiennent compte dans leurs soumissions des absences et des baisses de productivité attribuables aux gueules de bois.
Il a en outre lui-même été touché par ce problème. Deux de ses frères ont été tués par des conducteurs en état d'ébriété, le dernier des deux, en 2014. Le ministère de la Justice lui a donné six mois pour travailler avec la Bande indienne de Lac La Ronge et la nation crie de Montreal Lake afin de tenter de trouver des solutions et d'entamer une discussion. Il ne s'attend pas à des miracles; il veut simplement amener les gens à parler. Comme il l'a dit: « En avons-nous assez de nous rendre au cimetière? En avons-nous assez d'enterrer nos proches? En avons-nous eu assez, point? »
[Français]
Je suis fier d'être ici pour parler du projet de loi , qui propose de moderniser de façon significative les dispositions du Code criminel prévoyant des infractions relatives à la conduite avec les facultés affaiblies par la drogue et l'alcool.
Le projet de loi a pour objet de protéger la santé et la sécurité publiques en créant de nouvelles dispositions et en renforçant les dispositions actuelles afin de dissuader les gens et de réprimer sévèrement les infractions se rapportant à la conduite avec les facultés affaiblies par les drogues et par l'alcool. Ce projet de loi vise également à donner aux forces policières les ressources dont elles ont besoin pour améliorer la détection de drogue ou d'alcool chez les conducteurs dont les facultés sont affaiblies et faciliter la poursuite de ceux-ci. Il est important d'établir une réglementation afin que personne ne conduise avec les facultés affaiblies.
La première partie du projet de loi modifie certaines dispositions portant sur les infractions. Entre autres, les modifications ont pour effet: de créer de nouvelles infractions pénales pour la conduite avec une concentration de drogue dans le sang égale ou supérieure à une certaine concentration permise; d'autoriser l'établissement des concentrations prohibées de drogue dans le sang; et d'autoriser les agents de la paix à ordonner à un conducteur soupçonné d'avoir de la drogue dans son organisme de fournir un échantillon d'une substance corporelle pour qu'elle soit analysée à l'aide du matériel de détection des drogues approuvé par le procureur général du Canada.
Cela est important non seulement dans les grandes villes, mais aussi dans les zones rurales et dans les communautés d'où je viens. Je suis fier d'être ici et d'avoir la chance de m'exprimer dans la langue crie, dans la langue anglaise ainsi que dans la langue française, la langue de Molière. Ces langues sont la fondation de notre nation.
On constatera peut-être que je n'ai pas fourni de traduction pour la partie de mon discours que j'ai prononcée en cri. Ces mots s'adressent aux personnes de nos communautés, et j'espère qu'elles vont les entendre. Elles doivent entendre parler de sujets concernant ce que nous avons été à une certaine époque et ce que nous pouvons devenir.
:
Madame la Présidente, le gouvernement libéral veut faire adopter la mesure législative sur la marijuana à toute vitesse en dépit des réactions des professionnels de la santé, des agents des forces de l'ordre, des parents, des enseignants, des dirigeants municipaux et des provinces, qui s'opposent tous à cette mesure et aux délais qui y sont associés. En dépit des protestations, le gouvernement insiste pour procéder rapidement sans aucune raison si ce n'est que le voudrait pouvoir en avoir pour son party du 1
er juillet 2018.
Le gouvernement a dit clairement que le projet de loi , la loi sur la conduite avec facultés affaiblies, est étroitement lié à la mesure législative sur la marijuana. Toutefois, en dépit de la bonne intention qui sous-tend ce projet de loi, celui-ci est, en réalité, mal rédigé et ne résiste pas à l'examen des scientifiques et des juristes qui l'ont commenté.
La loi sur la conduite avec facultés affaiblies dont nous sommes saisis prévoit des dépistages lors de contrôles routiers qui ne reposent pas sur des données scientifiques. Il donnerait à la police le pouvoir d'imposer des tests sans preuve raisonnable de facultés affaiblies et il est truffé, comme je disais, de mesures très mal formulées qui font que plusieurs parties de ce projet de loi seront probablement invalidées par les tribunaux. Cela pose un gros problème.
Je vais y revenir dans quelques instants, mais la constitutionnalité de certaines dispositions du projet de loi suscite quelques doutes légitimes. Dans son mémoire, l'Association du Barreau canadien rappelle que les dispositions sur la conduite avec facultés affaiblies figurent parmi celles qui sont le plus contestées au Canada. En effet, elles font l'objet de nombreux appels et de multiples contestations judiciaires en vertu de la Constitution. De plus, les tribunaux consacrent beaucoup de temps à en établir la jurisprudence. L'adoption précipitée de cette loi sans que la Chambre prenne le temps de voir si le gouvernement fait bien les choses entraînera nécessairement un grand nombre d'appels et contribuera à l'engorgement des tribunaux.
Les libéraux, qui ne sont pas parvenus à nommer de nouveaux juges et qui se soucient peu de l'état du système judiciaire, ne pourraient pas présenter ce projet de loi à un plus mauvais moment. Dans le contexte de l'arrêt Jordan, alors que plusieurs affaires judiciaires sont abandonnées en raison des trop longues périodes d'attente, le projet de loi pourrait engorger encore plus le système judiciaire et lui nuire. Autrement dit, à cause du projet de loi mal rédigé dont nous sommes saisis, des personnes accusées d'actes criminels pourraient être libérées sans avoir à subir de procès. La volonté de légaliser le plus rapidement possible le cannabis sans tenir compte des risques qu'on fait courir ainsi au système pénal témoigne d'une très mauvaise gestion des priorités et de l'incurie générale du gouvernement.
J'aimerais discuter de la constitutionnalité du projet de loi. Celui-ci habiliterait les agents des forces de l'ordre à exiger d'un conducteur qu'il fournisse un échantillon de salive ou de sang à des fins de dépistage s'ils ont des motifs raisonnables de soupçonner que la personne a de la drogue dans son organisme. Par exemple, si un policier remarque que la personne a les yeux rouges, s'exprime de façon anormale, ou sent la marijuana, il pourrait exiger un test de dépistage des drogues.
Le problème, c'est que ce genre de test de détection des facultés affaiblies par les drogues ne tient pas compte des connaissances scientifiques, ce qui compromet la constitutionnalité de toute la section du projet de loi des libéraux qui concerne la conduite avec facultés affaiblies par les drogues. Un étudiant de première année en médecine pourrait nous dire que la marijuana a pour principale composante un élément appelé THC et que celui-ci se dissout dans le gras et non dans l'eau. Selon les données scientifiques acceptées, le THC disparaît du sang dans les deux heures suivant la consommation de marijuana. Toutefois, il affaiblit les facultés beaucoup plus longtemps que cela.
Pourquoi est-ce important? Parce que le sang est principalement composé d'eau, alors que le cerveau, où se trouvent les facultés qui sont affaiblies, est principalement composé de gras. Même si l'on ne détecte plus de THC dans le sang, cela ne veut pas dire qu'il n'y en a pas dans le cerveau. Les nouveaux tests de détection des facultés affaiblies que propose d'instaurer le projet de loi du gouvernement libéral ne mesurent que la concentration de THC dans le sang et sont donc absolument inutiles. Ce fait remet en question la constitutionnalité de grandes parties du projet de loi à l'étude.
Si le projet de loi a pour objectif de permettre de démontrer l'affaiblissement des capacités, mais que le test proposé par le gouvernement ne repose sur aucune preuve scientifique, alors les avocats de la défense en contesteront la légitimité devant les tribunaux, qui devront à leur tour accepter ces contestations. Il s'agit, à l'évidence, d'un grave problème.
Alors que, dans le cas du dépistage de drogue, l'agent devrait avoir des motifs raisonnables avant de faire passer un test, pour l'alcool, l'agent pourrait effectuer le dépistage sans avoir de tels motifs. Le ministère fédéral de la Justice affirme dans son site Web que « les policiers qui disposent d'un appareil de détection approuvé pourraient procéder à un test de dépistage pour tout conducteur qu’ils interceptent légalement, même s’ils ne soupçonnent pas la présence d’alcool dans l’organisme du conducteur ».
Autrement dit, tout comme un agent peut arrêter quelqu'un sur la route et demander à voir son permis de conduire et les documents d'immatriculation du véhicule, il pourrait maintenant exiger du conducteur qu'il subisse un alcootest, même si rien ne lui indique que les facultés du chauffeur sont affaiblies.
Même si l'analyse d'haleine sur place ne suffit pas à elle seule à porter des accusations, elle peut justifier une enquête plus approfondie de la part des policiers et l'administration d'autres tests, et tout cela pourrait causer au chauffeur des embarras importants comme d'arriver en retard au travail alors qu'il est accusé d'avoir commis une infraction que l'agent n'a aucun motif raisonnable de soupçonner. C'est ce qui pousse de nombreux criminalistes de partout au pays à tirer la sonnette d'alarme et à affirmer qu'il y aura des contestations devant les tribunaux et que ces derniers pourraient bien les accepter.
Il est évident que le gouvernement fait tout son possible pour faire adopter à toute vitesse le projet de loi et la légalisation de la marijuana, mais cette façon de faire ne convient absolument pas. L'échéancier prévu pour la légalisation de la marijuana est vraiment trop court, comme l'affirment les villes et municipalités, les chefs et les aînés des Premières Nations, les provinces et territoires, les policiers et les premiers intervenants. Le gouvernement a affirmé clairement que le projet de loi C-46 et la légalisation de la marijuana vont de pair. En effet, il s'efforce de resserrer les mesures législatives qui encadrent la conduite avec facultés affaiblies par la drogue avant que la possession et la consommation de marijuana ne deviennent légales au Canada. Il ne donne toutefois pas aux forces policières du pays le temps de recevoir une formation adéquate et d'adopter les nouveaux dispositifs de détection nécessaires à l'application de la loi. Plusieurs chefs de police m'ont dit que la formation requise n'est offerte qu'aux États-Unis et peut coûter jusqu'à 20 000 $ par personne, une somme considérable. Pire encore, il y a des listes d'attente de plus de 12 mois pour ces cours. Cela pose problème, puisque la marijuana deviendra légale au Canada dans neuf mois environ. Les députés comprennent donc mes inquiétudes.
Le Canada est un grand pays, et les nombreux corps policiers disposent de ressources en quantités variables. Nombre de petits centres ont déjà des difficultés à joindre les deux bouts. De nombreux centres n'ont pas les moyens de payer une équipe d'avocats et de consultants pour rédiger de nouvelles politiques opérationnelles pour les agents qui se trouvent en première ligne ni les ressources pour acheter un grand stock de nouveaux tests de dépistage de la marijuana. Ils n'ont évidemment pas le budget de formation nécessaire pour apprendre à tous leurs agents comment utiliser la nouvelle technologie, et cela, c'est en supposant qu'ils soient en mesure de recevoir la formation dans le délai imparti, ce qui n'est pas le cas.
Où cela nous mène-t-il? À l'impuissance des forces de police partout au pays et aussi à des mesures coercitives qui s'avèrent insuffisantes, ce qui compromet la sécurité des Canadiens.
Avant de conclure, j'aborde une autre préoccupation liée à légalisation de la marijuana. Des études réalisées dans les États de Washington et du Colorado révèlent que la légalisation atténue la perception du risque chez les jeunes. Ce changement de perception s'explique du fait qu'un produit réglementé par le gouvernement devrait normalement être soumis à de meilleures normes de contrôle de la qualité qu'un produit cultivé par des organisations criminelles. Par surcroît, personne ne pense que le gouvernement légaliserait un produit susceptible de poser un risque quelconque pour le consommateur. Toutefois, nous savons tous — ou nous devrions savoir — compte tenu des études qui nous ont présentées, qu'il n'y a pas d'usage sûr pour les jeunes. L'Association médicale canadienne et la Société canadienne de pédiatrie ont très clairement affirmé que la marijuana a une incidence néfaste sur le développement du cerveau chez les adolescents et les jeunes adultes de moins de 25 ans. Les jeunes qui consomment de la marijuana sont plus susceptibles d'éprouver des problèmes de santé mentale plus tard au cours de leur vie, notamment la schizophrénie, et ils risquent davantage de moins bien réussir. Le fait que les jeunes Canadiens ne sont pas conscients de ces risques pose un véritable problème.
Il faut mener une campagne énergique de sensibilisation du public avant la légalisation du cannabis, pour informer tant les parents que les jeunes des effets de la marijuana sur la santé. Même le groupe de travail du gouvernement libéral sur la légalisation a recommandé une telle mesure. Nous attendons toujours que le gouvernement donne suite à cette recommandation. Je répète encore une fois que la légalisation de la marijuana doit avoir lieu dans moins de neuf mois.
En conclusion, j'affirme que cette mesure législative est extrêmement mal ficelée. L'Association du Barreau canadien a indiqué tous les motifs susceptibles d'être invoqués pour contester cette mesure devant les tribunaux. Comme les contestations et les appels embourberont le système judiciaire, les victimes de crime verront leurs assaillants s'en tirer impunément du simple fait que les libéraux ont voulu se faire du capital politique en promettant de légaliser la marijuana d'ici le 1er juillet 2018. Cet état de fait est inacceptable et nuisible pour les Canadiens.
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Madame la Présidente, c'est un grand plaisir de me lever aujourd'hui à la Chambre pour parler en faveur du projet de loi . En tant que président du Comité permanent de la justice et des droits de la personne, j'aimerais remercier les collègues de tous les partis qui ont contribué à trouver 15 amendements qui ont été adoptés par le Comité. Je crois qu'ils améliorent ce projet de loi.
[Traduction]
Comme toujours, j'ai été ravi de travailler avec les députés de tous les partis dans ce dossier. En proposant des amendements, notre comité a contribué de façon constructive à améliorer le projet de loi dont nous sommes saisis.
J'appuie sans réserve le projet de loi , qui vise à réduire le nombre d'infractions routières liées à l'alcool et à la drogue. Chaque année, au Canada, trop de personnes sont tuées ou blessées et un trop grand nombre de familles sont éprouvées à cause des accidents attribuables à la conduite avec facultés affaiblies. Quelles que soient les circonstances, les accidents causés par ceux qui ont décidé de prendre le volant après avoir consommé de l'alcool ou de la drogue sont inacceptables.
Si je devais revoir tout le cadre législatif lié à l'alcool, je ferais en sorte qu'il n'y ait aucune tolérance pour toute personne qui se fait prendre à conduire avec de l'alcool ou de la drogue dans son organisme. Personne ne peut conduire de façon sécuritaire après avoir consommé même une infime quantité de marijuana ou d'une autre drogue, ni après avoir consommé de l'alcool, quelle que soit la quantité.
Il est vrai qu'en raison des limites des instruments de mesure que nous employons, il n'est pas possible de détecter une concentration trop faible. Il nous faut établir certains seuils au-delà desquels il y a infraction si un test est effectué parce qu'un agent soupçonne que la personne a les facultés affaiblies. Néanmoins, selon moi, aucun Canadien ne devrait conduire un véhicule après avoir consommé de la drogue ou de l'alcool.
Je voudrais parler de deux des questions les plus controversées relativement à ce projet de loi. Notre comité a tenu beaucoup d'audiences, pendant de nombreuses heures. Nous avons écouté des témoins issus de tous les milieux sur une période de deux semaines, et ce sont le dépistage obligatoire et les peines minimales obligatoires qui ont soulevé le plus d'objections.
Des témoins ont remis en question la constitutionnalité du dépistage obligatoire, et je voudrais dire un mot sur le discours récent de ma collègue de . Il était très intéressant de l'entendre s'interroger sur la constitutionnalité du dépistage obligatoire. Je tiens à souligner qu'elle et la plupart de ses collègues ont voté pour le projet de loi d'initiative parlementaire du député de , le projet de loi , qui a été récemment étudié par la Chambre et qui propose le dépistage obligatoire. Il me semble plutôt drôle d'entendre la députée remettre en question la constitutionnalité du dépistage obligatoire, alors que cette disposition est la prémisse du projet de loi C-226, pour lequel elle a voté cette année.
Pourquoi, malgré les questions constitutionnelles qu'il soulève, est-ce que j'appuie le dépistage obligatoire? Je l'appuie parce que lors de l'étude en comité, on nous a signalé qu'il n'y avait qu'une seule façon de dissuader les gens de conduire avec les facultés affaiblies, et c'était de leur faire peur en les convainquant qu'ils se feraient prendre s'ils le faisaient. Les peines minimales obligatoires et les autres conséquences ne dissuaderont pas les gens; seule l'idée que la police puisse les prendre en flagrant délit le fera.
Le comité a entendu des témoins du Colorado, de l'Australie et d'autres endroits où des mesures de dépistage obligatoire ont été adoptées. Ils nous ont dit que le dépistage obligatoire avait un effet dissuasif énorme, car il augmentait la probabilité de se faire prendre.
Depuis qu'ils ont adopté le dépistage obligatoire, l'Australie, la Finlande, la Suède, la France et l'Irlande ont constaté une diminution incroyable du nombre de décès liés à l'alcool. Une étude a montré qu'en Finlande, à la suite à l’instauration de mesures de dépistage obligatoire en 1977, le nombre de conducteurs aux facultés affaiblies par l’alcool a diminué de 58 %. Selon un rapport publié en Irlande, pendant la première année suivant l’implantation du dépistage obligatoire, une baisse de 19 % du nombre de décès attribuables à la conduite avec facultés affaiblies a été enregistrée.
Nous savons que le dépistage obligatoire est efficace. Il s'agit d'un système qui a fait ses preuves partout dans le monde. Certains groupes, comme l'Association du Barreau canadien et le Barreau du Québec, ont posé des questions sur la façon dont le dépistage obligatoire fonctionnerait. Afin de rassurer les Canadiens, le comité a introduit dans le préambule du projet de loi une disposition précisant que tout contrôle devrait respecter la Charte canadienne des droits et libertés.
Les policiers ont diverses possibilités au moment d'effectuer un contrôle légal. Ils peuvent soumettre les gens à un alcootest, conformément à la common law. Nous codifions actuellement ce qui existait déjà au titre de la common law. On constate qu'on peut demander à quelqu'un, sans qu'il y ait de motif raisonnable, de se soumettre à un alcootest dans le cadre d'un contrôle routier légal. Le comité et nous tous souhaitons nous assurer que ces règles sont respectées et demandons, conformément à la mesure législative, que le ministre effectue un examen approfondi dans les trois ans suivant la date d'entrée en vigueur de la disposition, pour s'assurer que le dépistage obligatoire est effectué de manière appropriée.
D'autres mesures et amendements portant sur les peines minimales obligatoires ont été présentés au comité. Bien que je sois ravi que le projet de loi prévoie une augmentation des peines maximales pour les infractions très graves, il n'a pas été question de peines minimales obligatoires. C'est le seul point sur lequel les députés de l'opposition officielle et nous ne sommes pas d'accord.
Le comité a entendu les points de vue de divers organismes, dont Les Mères contre l'alcool au volant. Selon ces organismes, rien ne prouve, de toute façon, que les peines minimales obligatoires dissuadent les gens de conduire avec les facultés affaiblies. Lorsqu'on lui a expressément demandé son point de vue à cet égard, l'organisme MADD a déclaré ne pas préconiser une augmentation des peines minimales obligatoires en vigueur. Cependant, je constate que le comité, à la suite d'un amendement proposé par un député libéral, a rétabli les peines minimales obligatoires dans la disposition où elles avaient été supprimées, c'est-à-dire la disposition portant sur l'infraction la plus grave, soit la conduite avec facultés affaiblies causant des lésions corporelles, et a prolongé la peine maximale.
Je ne fais pas partie de ceux qui considèrent qu'on ne devrait jamais imposer de peines minimales obligatoires. Il faut appliquer de telles peines aux infractions les plus graves. Je précise toutefois qu'elles doivent être établies à la suite d'un examen approfondi pour déterminer exactement les bonnes normes et la durée appropriée de ces peines parce que nous connaissons aussi leurs conséquences néfastes. Lorsqu'une peine minimale obligatoire s'applique, un accusé ne plaide pas coupable. Les gens sont très réticents à plaider coupables, sachant qu'ils iront en prison pendant une période minimale. Par conséquent, ce type de peines engorge le système judiciaire, qui est déjà embourbé, et entraîne des problèmes liés à l'arrêt Jordan. En effet, des personnes sont acquittées parce qu'elles n'ont pas eu accès à un procès dans un délai raisonnable.
Nous sommes également conscients que les peines minimales obligatoires n'ont pas vraiment d'effet dissuasif. Elles rassurent les familles et les victimes, mais elles ne dissuadent pas les gens de commettre l'infraction. Avant qu'on modifie les peines minimales obligatoires, je préférerais attendre, étant donné que le comité a rétabli exactement les mêmes peines que celles prévues dans la loi actuelle, les conclusions de l'examen mené par la . Certaines peines minimales obligatoires incluses dans le Code criminel ont été jugées inconstitutionnelles, et d'autres pourraient devoir être ajoutées. Je préfère qu'un examen complet soit effectué avant qu'on les modifie pour les infractions de conduite avec facultés affaiblies.
Pour terminer, je remercie les dizaines de témoins qui ont comparu devant le comité. Ce fut déchirant d'entendre les récits de parents ayant perdu leurs enfants dans des accidents de voiture causés par des conducteurs aux facultés affaiblies. Ce fut également éprouvant d'entendre parler des personnes exceptionnelles dont la vie a été écourtée, dont les mères ne deviendront jamais grands-mères, ne les verront jamais obtenir leur diplôme, fonder leur propre famille ni avoir une carrière fructueuse. C'était terrible d'entendre cela. Les personnes qui ont témoigné devant le comité méritent tous nos éloges. Elles ont choisi de ne pas se croiser les bras et de ne pas souffrir en silence, mais plutôt d'apporter des changements et de se battre pour améliorer les lois et la société canadienne. Je tiens à souligner le courage des parents qui ont comparu devant le comité. Ils appuient l'objectif du projet. Or, pour le moment, je n'appuie pas leur demande pour des peines minimales obligatoires plus longues.
D'après ce que j'ai entendu, il faut vraiment que l'on se penche sur l'aide que l'on offre aux victimes et à leurs familles. C'est une question préoccupante que l'on doit aborder. J'appuie quand même le projet de loi et j'invite tous mes collègues à l'appuyer.
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Madame la Présidente, je suis heureux de parler aujourd'hui du projet de loi , qui apporterait des modifications au Code criminel concernant la conduite sous l'influence de l'alcool, de la marijuana et d'autres drogues. Ce projet de loi est essentiellement le pendant du projet de loi , la mesure législative qui légaliserait la marijuana. On peut donc dire sans risquer de se tromper que, en plus de porter sur la conduite avec capacités affaiblies par l’alcool, le projet de loi C-46 vise à rassurer les Canadiens qui s'inquiètent des dangers associés à la conduite sous l'influence de la marijuana ou du THC.
Le NPD croit fermement qu'il faut mettre en place des mesures de dissuasion contre la conduite avec facultés affaiblies. Au Canada, le nombre de blessures et de décès liés à la conduite avec facultés affaiblies est très élevé. Environ un millier de Canadiens meurent chaque année dans des accidents de la route mettant en cause un conducteur avec les facultés affaiblies.
D'autres députés ont parlé avec éloquence de cet élément du projet de loi. Cependant, je consacrerai la plupart du temps dont je dispose aujourd'hui à parler des préoccupations concernant la difficulté d'effectuer un test valable permettant de déterminer si les facultés d'un conducteur sont affaiblies par la marijuana.
J'ai siégé au comité de la justice dans le cadre de l'une des réunions qui ont été réservées pour examiner le projet de loi , et nous avons entendu des témoignages très intéressants et convaincants au sujet du dépistage de la marijuana lors de contrôles routiers. Nous sommes tous habitués à l'idée d'effectuer des tests du taux d'alcoolémie lors de contrôles routiers. Ces tests permettent de mesurer avec précision le taux d'alcoolémie. Le taux d'alcoolémie augmente ou diminue de manière prévisible selon le niveau d'affaiblissement des facultés. Nous pouvons donc déduire l'affaiblissement des facultés grâce au taux d'alcoolémie, et ce genre de dépistage a lieu chaque jour lors de contrôles routiers à l'échelle du pays. Nous appliquons des limites prescrites pour l'affaiblissement des facultés par l'alcool, soit habituellement 0,08 % ou 0,05 % d'alcoolémie.
L'ingrédient psychotrope que l'on retrouve dans la marijuana est le THC, et son effet sur l'organisme est bien différent de celui de l'alcool. Contrairement à ce qui se passe lorsqu'une personne consomme de l'alcool, le niveau de THC dans le sang grimpe rapidement lorsqu'une personne fume de la marijuana, et même si ce niveau est d'abord très élevé, il se peut que la personne ne soit pas grandement affaiblie parce que les effets du THC sont ressentis seulement lorsque le THC quitte le sang et se lie aux tissus adipeux du cerveau. Le THC se lie si fermement aux tissus adipeux que le niveau de THC dans le sang diminue généralement très rapidement. Lorsque le niveau d'affaiblissement des facultés est élevé, le niveau de THC dans le sang est habituellement très bas. Le niveau de THC dans le sang ne traduit donc pas nécessairement le niveau d'affaiblissement des facultés.
L'affaiblissement des facultés est extrêmement différent selon qu'il est causé par l'alcool ou le THC. L'affaiblissement des facultés par l'alcool entraîne une perte de motricité, d'où l'existence des fameux tests comme marcher en ligne droite ou se tenir sur une jambe. Le THC affaiblit des facultés comme le temps de réaction plutôt que la motricité. Comme les personnes dont les facultés sont affaiblies par le THC disent souvent qu'elles sont conscientes de leur état, elles sont plus susceptibles de ne pas prendre le volant ou, si elles le font, elles conduisent plus lentement. L'affaiblissement des facultés par l'alcool a essentiellement l'effet contraire. Par conséquent, les personnes en état d'ébriété sont plus imprudentes au volant. Loin de moi l'idée de croire que les personnes dont les facultés sont affaiblies par la marijuana sont des conducteurs prudents. Il faut toutefois détecter les facultés affaiblies d'une manière très différente dans ce cas.
Devant le comité, un toxicologue a déclaré qu'on peut faire des extrapolations à partir d'une concentration d'alcool dans le sang mesurée un certain temps après un incident pour évaluer ce que devait être le taux au moment de l'incident. On ne peut pas faire cela dans le cas du THC. Prenons l'exemple d'un conducteur impliqué dans un accident chez qui on a détecté la présence de THC quelques heures après les faits. Il est impossible de savoir avec certitude scientifique quelle était la concentration de THC dans son sang au moment de l'accident. Même si le test était administré au moment de l'accident, il serait impossible d'établir un lien entre le taux de THC mesuré et l'affaiblissement des facultés.
M. Thomas Marcotte, expert de la détection du THC et de l'affaiblissement des facultés de l'Université de Californie, à San Diego, a donné de nombreux témoignages au sujet de ces difficultés. Ses collègues et lui n'ont trouvé aucune façon de faire correspondre efficacement les niveaux de THC à l'affaiblissement des facultés. M. Marcotte et d'autres personnes ont découvert non seulement qu'il est difficile d'établir un rapport entre la concentration de THC dans le sang et l'affaiblissement des facultés, mais que les consommateurs réguliers de marijuana ont une concentration chroniquement faible de THC dans le sang sans que leurs capacités soient affaiblies le moindrement. C'est extrêmement problématique lorsqu'on tente de trouver une façon efficace de vérifier l'affaiblissement des facultés par le THC au cours d'un contrôle routier.
Nous allons permettre aux Canadiens de consommer légalement de la marijuana. En fait, il est déjà légal de consommer du cannabis thérapeutique. Si certains de ces Canadiens respectueux des lois ont une concentration chroniquement faible de THC dans le sang et qu'on utilise une quelconque limite de THC au lieu de mesurer l'affaiblissement des facultés, nous déclarons donc essentiellement que, oui, les gens peuvent consommer légalement de la marijuana ou du cannabis thérapeutique, mais qu'ils ne pourront plus jamais conduire, sinon ils pourraient être accusés de conduite avec capacités affaiblies, même si ce n'est pas le cas.
De plus, deux policiers australiens ont témoigné devant le comité. Comme d'autres l'ont mentionné au cours du débat, l'Australie a recours à de nombreux contrôles routiers pour vérifier la présence d'alcool et de drogues. Une grande partie des contrôles sont effectués à l'aide de ce que les Australiens appellent les « autobus-alcool », qui servent à vérifier des centaines de milliers d'Australiens annuellement. On ferme littéralement les autoroutes et on soumet tout le monde à un alcootest, tandis qu'un petit échantillon est soumis à un test de dépistage de drogues.
La police australienne effectue aussi des contrôles prétendument aléatoires à sa discrétion, habituellement dans les quartiers qui, selon elle, doivent être contrôlés. Le NPD s'inquiète beaucoup de ce genre de contrôles, puisqu'ils risquent manifestement de laisser place au profilage racial. Vendredi dernier, mon collègue de a soulevé avec brio certaines de ces inquiétudes dans son discours, alors je n'aborderai pas ce point, mais je suis convaincu que les députés entendront mes collègues en parler davantage plus tard aujourd'hui. Par ailleurs, l'un des graves problèmes que pose le projet de loi , c'est qu'il mine le système actuel de vérification qui est utilisé uniquement s'il y a motif raisonnable de soupçonner des facultés affaiblies.
Dans leurs témoignages, les policiers australiens ont aussi parlé des tests de dépistage du THC dont ils se servent. Ces tests coûtent cher, c'est-à-dire une trentaine de dollars pour le test préliminaire et dix fois plus pour le deuxième test en cas de résultats positifs. Lorsque les tests révèlent la présence de THC, quel qu'en soit le taux, la personne est automatiquement accusée de conduite avec facultés affaiblies, et son permis de conduire est suspendu. Or, de telles mesures peuvent fonctionner dans les États, comme l'Australie, où la marijuana est illégale, mais les experts ont rappelé au comité que les gens qui consomment fréquemment de la marijuana — ils sont d'ailleurs nombreux au Canada —, y compris les milliers de personnes qui en consomment pour des raisons de santé, ont peut-être constamment du THC dans le sang. Si ces personnes vivaient en Australie, elles ne pourraient même pas conduire parce qu'elles pourraient être accusées de conduite avec facultés affaiblies, et ce, même si elles n'ont pas consommé de marijuana depuis plusieurs heures, voire plusieurs jours, et que leurs facultés sont intactes.
Comment peut-on déterminer que les facultés d'une personne sont affaiblies par la marijuana? Comme je l'ai déjà dit, le THC entraîne un ralentissement du temps de réaction et d'autres conséquences semblables, mais ne réduit pas la qualité de la motricité. Dans son témoignage, le Dr Marcotte a déclaré qu'il cherche actuellement, en collaboration avec d'autres chercheurs, à créer des tests sur tablette numérique qui permettraient d'évaluer ces facultés. Les députés ministériels se disent convaincus que de bons tests oraux seront mis au point au cours des prochains mois, bien que les experts aient confirmé au comité que les tests évaluant le taux de THC ne permettront jamais de mesurer l'état des facultés de la personne. Si l'on repend le modèle australien, nous criminaliserons des consommateurs de marijuana qui n'ont pas consommé de la journée et qui sont en pleine possession de tous leurs moyens. Il faut trouver une meilleure solution à ce problème.
Le 1er juillet, l'an prochain, les Canadiens pourront consommer légalement de la marijuana, et bon nombre d'entre eux prendront le volant après en avoir consommé. Il faut un système qui permette d'évaluer non pas le taux de THC dans le sang, une donnée sans valeur, mais plutôt l'état des facultés de la personne après consommation de marijuana.
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Madame la Présidente, c'est un plaisir d'intervenir à la Chambre pour exprimer mon opposition au projet de loi , Loi modifiant le Code criminel en ce qui concerne les infractions relatives aux moyens de transport et apportant des modifications corrélatives à d'autres lois, qu'on appelle aussi la loi sur la conduite avec facultés affaiblies. Cette mesure va de pair avec le projet de loi , Loi sur le cannabis, que je connais très bien.
En bref, le projet de loi vise à créer ou à augmenter certaines amendes obligatoires et peines maximales associées à la conduite avec facultés affaiblies, ainsi qu'à autoriser le dépistage obligatoire d'alcool en bordure de la route. Bien que j'appuie sans réserves l'augmentation des peines, puisque ce changement fait savoir clairement que les Canadiens ne toléreront pas la conduite avec facultés affaiblies, le projet de loi m'inspire de vives préoccupations.
Comme les membres du Comité permanent de la justice et des droits de la personne, mes collègues du Comité permanent de la santé et moi-même avons entendu, pendant une semaine complète, des témoignages sur la marijuana et les effets que sa légalisation pourrait avoir sur la société canadienne. Presque tous les témoins ont fait valoir qu'il faudrait être prêts bien avant l'entrée en vigueur de la légalisation, fixée de façon arbitraire au 1er juillet 2018. Les témoins ont aussi souligné que le Canada ne dispose pas de l'équipement requis pour les tests, ni d'experts en reconnaissance de drogues, ni de programmes de formation, sans parler du manque de sensibilisation du public.
[Français]
Les projets de loi et sont intimement liés. Comprendre que la partie du projet de loi sur la conduite avec facultés affaiblies par la drogue dont nous discutons est une conséquence directe du projet de loi C-45 est crucial. Le chevauchement entre ces deux projets de loi est clair et, bien que le gouvernement continue d'essayer de traiter ces deux projets de loi comme des lois distinctes et autonomes, ce n'est pas le cas.
[Traduction]
Je m'attarderai, ce matin, sur plusieurs des inquiétudes que m'inspirent ce projet de loi. J'espère ainsi rappeler au gouvernement, encore une fois, que nous ne sommes vraiment pas prêts à faire face aux conséquences qu'aura la légalisation de la marijuana au Canada.
[Français]
La conduite sous l'influence de l'alcool ou de la marijuana est l'une des principales causes de décès au Canada. Pendant des décennies, nous avons travaillé sans relâche pour réduire le nombre de conducteurs ivres sur nos routes grâce à des contrôles routiers volontaires, des programmes sociaux et de nombreuses campagnes d'éducation publique. Cependant, on ne peut pas en dire autant de la conduite sous l'influence de la marijuana.
[Traduction]
De nombreuses études indiquent que les conducteurs ayant consommé de la marijuana sont deux fois plus susceptibles que les autres d'être impliqués dans un accident d'automobile. La proportion d'accidents mortels impliquant des conducteurs qui avaient consommé de la marijuana peu de temps avant a doublé récemment dans l'État de Washington, après qu'on y eut légalisé cette drogue. C'est exact: la proportion est passée de 8 % à 17 %. Au Colorado, on a observé au départ une augmentation de 32 % de la conduite avec facultés affaiblies en raison de la légalisation de la marijuana.
Au Canada, les statistiques nous montrent que: 16 % des décès dans un accident de la route sont causés par l'alcool; 24 % sont causés par la drogue, y compris par la marijuana dans la plupart des cas; 18 % sont causés par la combinaison des deux substances. Voilà ce qui nous pose problème. Le gouvernement est pressé de légaliser la marijuana dans 249 jours, même si la police dit clairement que nous ne serons pas prêts. Selon elle, il nous faudra pouvoir compter sur 2 000 personnes ayant reçu une formation d'expert en reconnaissance de drogues, alors qu'il y en a seulement 600 aujourd'hui. Il sera très coûteux de former d'autres experts, et la formation a lieu aux États-Unis, où il y a une liste d'attente parce que des États sont en train de légaliser la marijuana. Nous ne pourrons pas disposer à temps des experts dont nous aurons besoin.
Nos collègues sont nombreux à avoir parlé aujourd'hui des tests. Il n'existe absolument aucun test capable de mesurer l'affaiblissement des facultés par la marijuana. Nous pouvons détecter la présence de THC dans la salive et le sang, mais cette mesure ne permet pas de déterminer si les facultés de la personne sont affaiblies. C'est vraiment problématique parce que les gens qui font un usage médical de la marijuana risquent d'en avoir une concentration résiduelle dans leur organisme pendant des jours. Les gens qui respirent la fumée secondaire pourraient en avoir dans leur organisme. Les gens qui fument de la marijuana pendant la fin de semaine et qui prennent le volant au moins 24 heures plus tard risquent d'avoir encore du THC dans l'organisme sans toutefois avoir les facultés affaiblies. C'est vraiment un problème qu'il n'existe encore aucun test. Les gens qui seront inculpés en vertu de ces nouvelles dispositions juridiques auront de sérieux motifs de contester les accusations parce qu'il n'existe aucun moyen scientifique de déterminer si les facultés d'une personne sont affaiblies ou non.
C'est extrêmement hypocrite de la part du gouvernement libéral de présenter ce projet de loi et de décider de réduire la limite permise de l'alcoolémie de 0,08 à 0,05 pour être plus stricte, alors qu'il ouvre grand la porte à la conduite avec capacités affaiblies par la marijuana sans disposer d'un test. Il y a maintenant des discussions sur la limite en soi, mais évidemment, celle-ci ne permet pas de savoir si les capacités sont affaiblies. Il faudrait peut-être adopter une approche pragmatique et emboîter le pas à d'autres pays: établir la limite à zéro, sinon, la personne ne peut pas conduire. Cette approche touchera certainement de nombreuses personnes ayant du THC dans le système, mais dont les capacités ne sont pas affaiblies. Le gouvernement doit renoncer à faire adopter cette mesure législative à la hâte et se concentrer sur le développement des connaissances.
Tous les témoins entendus en comité ont parlé de l'importance de mettre en oeuvre une campagne de sensibilisation du public avant de procéder à la légalisation. Ils souhaitent une campagne semblable à ce qui a été fait par l'organisme MADD en vue de sensibiliser les gens aux conséquences de la conduite avec capacités affaiblies. Ce genre de campagne doit se faire avant la légalisation. Il faut aussi organiser des campagnes contre d'autres choses, comme le tabagisme et les effets néfastes de la marijuana. Il est essentiel de sensibiliser le public, en particulier en ce qui concerne le projet de loi . Cependant, le fait est que le gouvernement — Santé Canada — n'a même pas envoyé de demande de propositions. Par conséquent, aucune soumission n'a été reçue et la date limite était la semaine dernière, le 16 octobre. Le programme a simplement été créé, mais il n'a pas été déployé.
D'autres administrations nous ont avertis plus d'une fois; il s'agit d'un danger pour la sécurité publique. Par conséquent, il faut étudier la question.
De plus, nous parlons des recommandations formulées par le comité.
[Français]
Mme McLellan, la présidente du groupe de travail libéral, a recommandé d'accorder plus de temps aux chercheurs pour développer des outils de détection fiables et efficaces.
Le fait que le gouvernement libéral ignore ces conseils est choquant, et il ne tient aucunement compte de la santé et de la sécurité des Canadiens. Le même rapport du groupe de travail a également souligné les commentaires faits par Washington et par le Colorado, qui ont souligné l'importance de l'éducation bien en avance de la légalisation.
La mesure de la déficience peut varier considérablement en fonction de la puissance de la marijuana utilisée ainsi que de la fréquence d'utilisation par le conducteur. Ce projet de loi ne précise pas ces limites et ne prépare pas nos forces de l'ordre à bien exécuter leur rôle. Il nous reste seulement 249 jours. Nous devons éduquer notre société dans son ensemble au sujet des dangers liés à la conduite avec facultés affaiblies par les drogues.
La date limite imposée par le gouvernement est irréaliste et met la santé des Canadiens en danger. Les Canadiens doivent comprendre les risques de la conduite avec facultés affaiblies avant d'aller de l'avant avec cette loi. Il nous reste tout simplement trop de questions sans réponse, ce qui me fait douter de la capacité du gouvernement d'exécuter cette loi de façon sécuritaire ou efficace.
[Traduction]
Comme la légalisation comporte des lacunes de même que le cadre proposé pour la conduite avec facultés affaiblies, je joins ma voix à celle de mes collègues pour demander au gouvernement libéral de reconsidérer la date limite du 1er juillet 2018 et de faire tout en son pouvoir pour assurer la santé et la sécurité de tous les Canadiens, plus particulièrement sur nos routes.
En résumé, nous précipitons les choses pour respecter une date limite arbitraire alors que la police dit qu'elle n'est pas prête. Il n'y a pas de moyens de contrôle en place. Nous savons que le nombre de conducteurs avec facultés affaiblies augmentera probablement et pourrait même doubler, et que 88 % des Canadiens ne fument pas de marijuana. Ce sont eux qui subiront les effets indésirables, les conséquences tragiques. Je demande donc au gouvernement de reconsidérer sa décision et de ne pas précipiter les choses pour respecter cette date arbitraire.
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Madame la Présidente, j'interviens aujourd'hui pour participer au débat sur le projet de loi , qui propose des modifications aux lois sur la conduite avec capacités affaiblies au Canada. Plus spécifiquement, il propose des modifications en prévision de l'adoption du projet de loi , qui vise à légaliser la marijuana au Canada.
Comme d'autres députés, notamment ma collègue de , je siège au comité de la santé. Nous sommes revenus de la relâche estivale une semaine plus tôt en septembre que nos collègues afin de tenir une série de séances marathons sur le projet de loi . Au comité, des témoins de partout au pays et dans le monde ont exprimé leurs préoccupations sur de nombreux enjeux liés à la légalisation de la marijuana. Plus précisément, divers experts ont parlé des enjeux relatifs à la conduite avec capacités affaiblies. Je veux lire aujourd'hui aux députés certains de ces témoignages.
Avant de citer ces témoignages, je tiens à dire que nous savons trop bien que la conduite avec facultés affaiblies est mortelle et qu'elle tue souvent des gens sans reproche. Or, le Canada est sur le point de banaliser la consommation de marijuana, ce qui risque de faire augmenter le taux de conduite avec facultés affaiblies et le nombre de morts liées à cette infraction. Je ne suis pas du tout en train de dire que la conduite avec facultés affaiblies n'existe pas déjà, ni qu'elle n'a pas déjà fait des morts. Cependant, comme bien des gens, je crains que la banalisation de la consommation de marijuana aggrave la situation sur nos routes.
Le 12 septembre dernier, pendant son témoignage devant le comité de la santé, Thomas Carrique, chef adjoint de l'Association canadienne des chefs de police, a dit ceci:
Ce que nous savons pourtant, c'est que la conduite avec facultés affaiblies par l'alcool est la principale cause criminelle de décès au pays. Si nous devons nous attendre à ce que la consommation de cannabis augmente, une telle éventualité nous inquiète beaucoup. Cela met en péril nos collectivités [...]
Il a ajouté ceci:
Nous ignorons ce que représente la combinaison de drogue et d'alcool. Nous avons entendu toutes sortes de statistiques de la part de nos voisins du Sud, qui indiquent que cela a une grande incidence. Il y a une hausse de 28 % du niveau d'intoxication. Voilà qui crée un [...] danger derrière le volant.
Mark Chatterbok, chef adjoint du service de police de Saskatoon, qui représentait également l'Association canadienne des chefs de police, a dit ceci:
Nous nous attendons à ce que la nouvelle loi ait pour effet de hausser le nombre de conducteurs avec facultés affaiblies. Cette augmentation se manifestera dans une ville et une province où les statistiques à ce chapitre sont déjà nettement trop élevées.
[...] le service de police de Saskatoon s’inquiète d’une hausse des cas de conduite avec facultés affaiblies par la drogue ou une combinaison d’alcool et de drogue [...] [On] aimerait savoir ce qui se produira lorsqu’on détectera la présence de THC dans le sang d’un conducteur dont le taux d’alcoolémie s’est révélé être de 0,07. Techniquement, ce conducteur pourrait être en deçà de la limite légale dans le cas des deux substances, mais quel serait l’effet de la présence de ces deux substances sur ses facultés?
C'est un très bon point et, à ma connaissance, la question n'a pas été soulevée. Le gouvernement libéral a fixé un délai artificiel pour légaliser la consommation de marijuana au Canada. Par conséquent, il doit s'empresser d'adopter d'autres projets de loi, comme le projet de loi , pour tenter de prévenir un énorme problème. Le problème des libéraux est qu'ils ont encore une fois manqué à leurs promesses. Le gouvernement nous demande donc d'adopter un projet de loi à la hâte pour la simple raison qu'il veut respecter son délai de la fête du Canada de 2018. D'après mon expérience, peu importe qu'on prépare un repas ou qu'on élabore des mesures législatives, si on le fait hâtivement, des erreurs seront commises et on obtiendra de piètres résultats. Il y a des aspects du projet de loi , et du projet de loi d'ailleurs, qui se retrouveront vraisemblablement devant les tribunaux lorsqu'une accusation ou une déclaration de culpabilité sera contestée.
Que se passera-t-il si nous adoptons ces modifications et légalisons la marijuana et que des parties de la loi sont ensuite invalidées? Nous ne pourrons pas revenir en arrière à ce moment-là parce que la consommation de marijuana sera déjà répandue.
La préparation en vue de la légalisation de la marijuana représente un défi de taille, surtout pour les services de police. Des milliers de policiers auront besoin de formation spécialisée concernant toutes les modifications législatives prévues. Cependant, ils n'auront pas le temps de recevoir cette formation avant la fête du Canada.
De plus, le chef adjoint Mike Serr a dit ceci lorsqu'il a témoigné devant le comité de la santé au nom de l'ACCP, l'Association canadienne des chefs de police:
Afin d’appuyer la mise en oeuvre efficace de cette mesure législative exhaustive, l’ACCP conseille vivement au gouvernement du Canada de, premièrement, reporter la date d’entrée en vigueur de juillet 2018 pour permettre aux services de police d’obtenir les ressources et la formation nécessaires, qui sont toutes les deux essentielles à la bonne mise en oeuvre de la Loi sur le cannabis proposée.
Il ne faut pas oublier que, pour donner de la formation, il faut du temps et de l'argent, et les services de police ont clairement indiqué que les deux leur manquaient.
Certes, le gouvernement s'est engagé à fournir du financement pour la formation, mais ces fonds ne suffisent pas et il ne reste que 249 jours pour la donner. En fait, les services de police ne sont même pas en mesure de créer des manuels de formation, puisqu'on n'a pas encore éclairci les lois visant à légaliser la marijuana. Par ailleurs, le projet de loi doit être renvoyé à l'autre endroit, à la Chambre rouge. Qui sait combien de temps il y restera?
Pour donner aux députés une idée de la tâche monumentale que représente la formation de milliers de policiers, le chef adjoint Mark Chatterbok a indiqué:
Le site Web de l'Association internationale des chefs de police affiche le processus de certification de la formation pour les experts en reconnaissance de drogues.
Il a ajouté:
Tous les participants au programme doivent d'abord suivre la formation sur les tests de sobriété normalisés avant de s'inscrire au programme pour les experts en reconnaissance de drogues. Ce programme comporte trois étapes. La première étape consiste en une formation préliminaire de deux jours. La deuxième étape est un programme en classe de sept jours qui est suivi d'un examen exhaustif. Ensuite, de 60 à 90 jours suivant la deuxième étape, les candidats participent à un programme aux États-Unis où ils doivent évaluer des sujets qui sont soupçonnés d'avoir les facultés affaiblies par la drogue. Selon ce que j'en comprends, les candidats doivent réussir au moins 12 évaluations pour obtenir leur certification.
Il faudra beaucoup de temps pour effectuer la formation. Il est impossible que tout cela se fasse d'ici la fête du Canada.
Cela m'amène au prochain point, qui a été soulevé par presque tous les témoins au comité et qui faisait aussi consensus parmi tous les partis, celui de la sensibilisation du public. Le fait que nous consacrons énormément de temps et d'argent à la légalisation de la marijuana, alors que nous n'avons pas encore lancé de campagne pour sensibiliser les Canadiens, surtout les jeunes, ne passe pas inaperçu.
Nous savons que la consommation de marijuana chez les jeunes est plus élevée au Canada que n'importe où ailleurs dans le monde et nous savons également que la légalisation risque fortement de provoquer une hausse de la conduite avec les facultés affaiblies. De plus, nous savons que la consommation précoce, soit avant l'âge de 25 ans, a des répercussions sur le développement du cerveau humain. D'ailleurs, l'Association médicale canadienne, qui représente 83 000 médecins, affirme que l'âge légal permis pour consommer du cannabis devrait idéalement être fixé à 25 ans:
Les éléments de preuve existants au sujet de la marijuana indiquent qu’il importe de protéger le cerveau au cours de sa période de développement. Comme ce développement prend fin vers 25 ans seulement, il s’agirait là d’un âge minimal idéal compte tenu des éléments de preuve scientifiques actuellement reconnus [...]
Nous savons que la consommation de marijuana par des jeunes peut favoriser le déclenchement de la schizophrénie et d'autres psychoses chez certains d'entre eux. Les complications possibles comprennent la perte de capacités cognitives, l'isolement social et même le suicide. Ce mois-ci, lors du congrès mondial de l'Association mondiale de psychiatrie tenu à Berlin, des preuves supplémentaires ont d'ailleurs été présentées à cet effet.
Sachant tout cela, et sachant que le gouvernement veut légaliser la marijuana sans plus attendre, pourquoi repoussons-nous le lancement d'une campagne de sensibilisation? Nous savons que, pour qu'un message fasse effet, il doit être répété pendant une longue période, mais nous allons lancer des campagnes de sensibilisation à la dernière minute. Une campagne de dernière minute n'aura pas le temps de faire effet. Je félicite MADD Canada, Les mères contre l'alcool au volant, qui a pris les devants avec sa campagne proactive de sensibilisation à la conduite avec les facultés affaiblies par la drogue. Il faut cependant en faire plus.
En terminant, j'aimerais répéter et résumer mes principales préoccupations. Bien que j'appuie l'adoption d'une position ferme contre la conduite avec facultés affaiblies, je crois également que nous devons examiner la situation dans son ensemble. Nous devons reconnaître que nous ne sommes pas prêts pour la légalisation de la marijuana au Canada. Nous n'éduquons pas adéquatement les Canadiens, en particulier les jeunes, sur la marijuana et ses effets ainsi que sur la conduite avec facultés affaiblies par la drogue. Nous n'accordons pas non plus suffisamment de temps aux policiers pour se préparer à tous ces changements. Nous n'avons pas de matériel détectant les drogues avec exactitude. Nous n'avons pas suffisamment d'agents de première ligne formés pour composer avec la conduite avec facultés affaiblies par la drogue.
Bref, nous ne...
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Madame la Présidente, c'est un privilège de parler du projet de loi . Nous avons discuté en long et en large de la mesure législative proposée. Le projet de loi prévoit de nouvelles amendes et des peines obligatoires plus élevées pour la conduite avec facultés affaiblies, ainsi que le dépistage obligatoire d'alcool.
Le Parti conservateur appuie les mesures qui visent à protéger les Canadiens. Toutefois, le projet de loi nous inquiète pour un certain nombre de raisons. L'une d'elles, c'est que les services policiers, les municipalités et les premiers ministres provinciaux ne sont pas en mesure à l'heure actuelle de faire appliquer la mesure législative qui entrerait en vigueur, c'est-à-dire le projet de loi .
Il s'agit d'une bonne mesure législative, puisqu'elle prévoit une augmentation des amendes, et la peine pour conduite avec facultés affaiblies n'inquiéterait pas autant les gens qui conduisent en général. Cependant, elle entraînera de graves complications.
J'aimerais revenir au coeur même de cette mesure législative, c'est-à-dire le projet de loi , ou le projet de loi visant à légaliser la marijuana. Qu'entraîne-t-il? D'abord, il fera en sorte que des jeunes de 18 ans dans ce pays puissent acheter et consommer légalement de la marijuana.
Il y a eu beaucoup de discussions à propos de ce projet de loi et à propos de ce qu'il ferait. J'aimerais porter à l'attention de la Chambre un récent sondage paru dans le Vancouver Sun. La question posée était la suivante: « Où les gens devraient-ils acheter leur marijuana? » Il y avait plusieurs réponses possibles. Le groupe de personnes le plus important, soit 82,31 %, a répondu: « Aucune de ces réponses. Je suis contre la légalisation. » Si c'est ce que les Canadiens veulent, cela ne se reflète certainement pas dans les sondages. Ensuite, le chiffre diminue progressivement, des magasins de cannabis aux pharmacies, aux magasins d'alcool, et cetera.
J'ai été heureux d'entendre le député de dire la même chose que le Vancouver Sun, à savoir que le gouvernement fédéral ne procédera pas à la légalisation de la marijuana si tout n'est pas prêt. Il est bon de constater que des députés d'en face commencent à adopter ce discours. Le député a déclaré ensuite: « Le groupe concerné a raison. Tout n'est pas prêt. Le processus n'est pas encore terminé. » Nous aimerions entendre plus de députés d'en face défendre ce point de vue. C'est un pas dans la bonne direction, mais ils sont encore très loin de là où ils devraient être.
Il y a maintenant 12 ans que je suis député et j'ai fait partie de nombreux comités. Souvent, quand on nous soumet un nouveau projet de loi ou une nouvelle idée, je cherche à savoir s'il s'est fait quelque chose de semblable ailleurs dans le monde, ce qui en a résulté et les leçons qui en ont été tirées.
J'ai eu le plaisir de constater que, dans ce cas-ci, l'expérience a déjà été tentée, et je donnerai quelques exemples de ce qui est arrivé lorsque le Colorado a légalisé la marijuana, en 2013. Il faut dire que cet État a toujours eu des lois plutôt souples, et c'est encore le cas aujourd'hui. Rappelons-nous qu'ici, au Canada, l'âge légal pour se procurer de la marijuana sera de 18 ans, alors qu'au Colorado, il est de 21 ans. Ce point est loin d'être sans importance, mais je n'aurai pas le temps d'en parler.
L'expérience menée par le Colorado peut se résumer à deux choses: la conduite avec facultés affaiblies et les décès. Les morts causées par des accidents de la route mettant la marijuana en cause ont plus que doublé, passant de 55 en 2013 à 123 en 2016.
Si la mesure législative insensée qu'est le projet de loi est adoptée, nous ne compterons plus les mères, les pères, les soeurs, les frères et les grands-parents qui iront voir les libéraux pour exiger qu'ils répondent de leurs drames et de leur douleur, puisque ce sont eux qui auront fait adopter la loi qui en sera la source.
Au Colorado, les décès causés par des accidents de la route mettant la marijuana en cause ont augmenté de 66 % pendant les quatre années qui ont suivi la légalisation de la marijuana à des fins récréatives. Ce n'est pas tout.
En 2009, au Colorado, le nombre de décès sur les routes en lien avec la consommation de marijuana impliquant des conducteurs qui ont obtenu un résultat positif à un test de dépistage de la marijuana représentait 9 % de tous les décès sur les routes. En 2016, cette proportion avait doublé pour se chiffrer à 20 %. En ce qui concerne la consommation de la marijuana chez les jeunes — nous parlons de personnes de 21 ans —, le nombre moyen de jeunes ayant consommé de la marijuana au cours du dernier mois a augmenté de 12 % sur la période de trois ans entre 2013 et 2015. Selon les résultats du dernier sondage, en 2014-2015, les jeunes du Colorado étaient ceux qui consommaient le plus de marijuana au pays, alors qu'en 2011-2012 ils se classaient au quatrième rang. En 2014-2015, au Colorado, le nombre de jeunes qui avaient consommé de la marijuana au cours du dernier mois était de 55 % supérieur à la moyenne nationale. Nous savons ce qui nous attend.
Le Colorado est une région que nous pouvons utiliser à titre d'exemple, mais nous pouvons aussi parler de l'expérience d'autres pays en ce qui concerne la consommation de drogue. Dans cette optique, j'aimerais parler des Pays-Bas. J'ai un certain lien personnel avec les Pays-Bas. Mes parents ont émigré des Pays-Bas, et certains membres de ma famille y vivent toujours. Je suis donc un peu au courant de ce qui se passe là-bas.
Toutefois, avant d'en parler, je dois préciser que, même si l'on retrouve différents points de vue et différentes lois dans d'autres pays, le traité actuel des Nations unies interdit aux pays signataires de légaliser ou de réglementer la consommation de drogue à des fins récréatives. Le Canada a signé ce traité. La plupart des pays, à l'exception de l'Uruguay, qui a opté pour une autre voie, respectent cette disposition. Cela dit, la Hollande a tenté une approche différente. Elle a essayé un système à deux vitesses. Cela peut sembler compliqué, et, pour l'expliquer, il importe de comprendre que les Néerlandais ont une certaine façon de voir les choses. J'aimerais citer le premier ministre Mark Rutte. C'est un gars branché, ce n'est pas un vieillard coincé. Mark est l'homme qui s'est rendu au sommet du G7 aux Pays-Bas en vélo tandis que les autres participants y allaient en hélicoptère ou en voiture. En entrevue, Mark a déclaré que « les gens devraient pouvoir faire ce qu'ils veulent de leurs corps, du moment qu'ils savent ce que cette saloperie leur fait ». Il parlait ici de la consommation de marijuana.
Il a ajouté qu'il était hors de question de légaliser le cannabis à partir de 21 ans, sur le modèle adopté au Colorado — où l'État taxe et réglemente tous les niveaux de la chaîne d'approvisionnement et où les adultes de 21 ans et plus sont autorisés à acheter du cannabis dans des points de vente officiellement licenciés. Il a ajouté que si les Pays-Bas adoptaient ce modèle, ils seraient la risée de l'Europe. Selon Jon Brouwer, professeur de droit à l'Université de Groningen et spécialiste de la politique néerlandaise sur la drogue, le système à deux paliers que les Pays-Bas ont mis en oeuvre est un échec total. Ce système autorise la vente ouverte et la consommation de la marijuana par les personnes qui en ont le droit, mais en interdit la culture. Ce système fondamentalement vicié permet au monde interlope d'engranger des millions de dollars. Évidemment, les libéraux insistent pour dire que leur proposition nuira au milieu interlope et aux organisations criminelles. On constate aujourd'hui que l'expérience des Pays-Bas n'a pas vraiment été une réussite.
Hier, j'ai pris connaissance d'un rapport de l'Organisation mondiale de la santé. J'en recommande la lecture que j'ai trouvée fort intéressante. Grosso modo, les auteurs y confirment ce que j'avance. Nous nous sommes tous engagés à lutter contre les effets néfastes de la consommation de cannabis non médical sur la santé et la société. Je n'appuierai pas le projet de loi . J'estime néanmoins que le projet de loi constitue un pas dans la bonne direction, mais qu'il a grandement besoin d'être amélioré.
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Madame la Présidente, je suis très fier d'être ici aujourd'hui afin de participer à ce débat en tant que porte-parole des citoyennes et des citoyens de la grande circonscription de Timmins—Baie James.
Le projet de loi que nous étudions ce matin concerne des changements au Code criminel visant à augmenter les pouvoirs des forces policières vis-à-vis des automobilistes affectés par la drogue ou l'alcool. Ce projet de loi donne suite à la décision du gouvernement libéral de légaliser la marijuana. J'ai beaucoup de questions concernant ce projet de loi.
Premièrement, il n'existe pas de test crédible pour détecter la présence de drogues dans l'organisme d'un automobiliste. Cela pose problème, car les policiers n'ont pas les ressources nécessaires pour s'adapter à cette nouvelle réalité. Où est la campagne nationale pour sensibiliser les Canadiens aux effets de la légalisation de la marijuana?
L'autre problème par rapport à ce projet de loi, c'est la décision du gouvernement libéral d'augmenter les pouvoirs des forces policières afin qu'elles puissent arrêter des automobilistes sans raison. Il existe actuellement au Canada un équilibre juridique qui assure aux policiers les outils nécessaires pour assurer la sécurité des citoyennes et des citoyens tout en protégeant les droits individuels. Or je suis persuadé que ce projet de loi va saper cet équilibre.
[Traduction]
La réaction de la société à la légalisation de la marijuana est une question importante pour le Parlement. Assurément, trop de gens ont vu leur vie perturbée après s'être retrouvés pour de bon avec un casier judiciaire pour avoir consommé de la marijuana à des fins récréatives. Je salue les efforts du gouvernement en matière de légalisation, car il se dirige dans la bonne direction. Je me pose toutefois des questions par rapport au fait qu'il n'est pas préparé, qu'il ne peut pas protéger adéquatement la société et faire en sorte que les autorités policières disposent des ressources nécessaires pour maintenir le juste équilibre qui existe actuellement entre, d'une part, le droit des citoyens à être protégés des conducteurs aux facultés affaiblies par la drogue ou l'alcool et, d'autre part, leur droit à être protégés des interpellations et des fouilles non fondées.
À l'heure actuelle, il n'existe pas de test fiable, simple et clair qui prouve la présence de drogue dans l'organisme, ce qui est un problème sérieux. Nous devons nous demander si les services de police auront les ressources qu'il leur faut dans les circonstances. Il s'agit d'une question bien simple. Cependant, malgré l'absence de test fiable pour la marijuana, le gouvernement affirme vouloir aller de l'avant avec des alcootests obligatoires, peu sûrs et administrés sans raison. Cela m'inquiète beaucoup, car on va ainsi à l'encontre d'un principe établi au pays, celui de la nécessité d'un motif valable.
À l’heure actuelle, si les policiers croient qu’un conducteur est en état d'ébriété ou sous l'effet de la drogue, ils ont le droit d’arrêter son véhicule et de demander un test, ce qui est équitable. Ils ont le droit, déterminé par la cour, d’établir des programmes comme le programme R.I.D.E., qui permet aux policiers d'arrêter, pour un temps limité, tous les conducteurs et de les tester. Il est prouvé que le programme ne cible pas les individus, car il est appliqué équitablement à tous pendant la période des Fêtes ou à d’autres moments où il pourrait y avoir un niveau élevé de consommation. Le fait d'ajouter une disposition autorisant la police à arrêter un individu à tout moment et en tout lieu pour lui demander un test, mine, à mon avis, les principes fondamentaux de la charte. Nous devons examiner la raison pour laquelle le gouvernement prend des mesures en ce sens.
Dans l'affaire R. c. Oakes, on a appliqué un test simple, soit que les mesures adoptées doivent être soigneusement conçues afin de réaliser l’objectif en question, c’est-à-dire la protection de la société et le maintien des droits de l’individu. Le jugement dit: « Elles ne doivent pas être arbitraires, injustes ou fondées sur des considérations irrationnelles. » Ainsi, même si elles ont un lien rationnel avec l'objectif, qui serait d’arrêter la conduite avec facultés affaiblies, elles doivent nuire le moins possible au droit ou à la liberté en question.
Pourquoi est-ce si important? Actuellement, peu importe le jour, si nous nous présentons à la cour, nous ne verrons jamais d’adolescents blancs de la classe moyenne devant le tribunal pour possession de marijuana. Il y a un profil racial. Ce sont des immigrants et des autochtones. Il est établi que certains groupes sont pris pour cible. Si les députés représentent une région rurale comme moi, ils veulent s’assurer que nos routes sont sécuritaires, mais également qu’il n’y a pas d’abus de pouvoir pour cibler les gens en raison de qui ils sont ou qu'on parle de conduire en tant que personne noire ou autochtone.
Ces protections doivent être maintenues. La société civile est fondée sur la règle de droit. Ces tests ont été présentés à la Cour suprême. Ils ont été mis à l’essai pour que nous conservions les pouvoirs nécessaires pour nous attaquer à la conduite en état d’ébriété, sans que les outils à la disposition des policiers aillent trop loin et leur permettent de cibler injustement certaines personnes qui seraient soumises à du harcèlement simplement en raison de leur situation économique, de l’endroit où elles vivent ou de la couleur de leur peau.
Je trouve toujours frappant que les libéraux, le prétendu parti de la Charte, aillent trop loin avec ces questions chaque fois qu’ils en ont l'occasion. Ce sont des principes fondamentaux et nous devons en discuter. Nous voulons tous trouver un équilibre. Nous voulons des rues sécuritaires, mais nous voulons également savoir que la règle de droit est protégée afin que les policiers ne dépassent pas les limites. Ce changement me préoccupe beaucoup.
Cela nous ramène au fait que c’est ajouté à l’alcool lorsque nous n’avons pas de test crédible pour les drogues. Nous devons entamer une importante campagne de sensibilisation du public sur la légalisation des drogues et sur la façon dont nous commencerons à l’appliquer. Il y a eu une immense campagne de sensibilisation du public sur la conduite en état d’ébriété. Elle a eu un impact important sur les décisions des gens de prendre le volant après les soirées du temps des Fêtes. Ce fut une campagne très réussie. Elle a été maintenue par la disposition de pouvoirs de la police et de tests crédibles applicables en cour. C’était un test clair. Cependant, cela nous manque avec la marijuana.
Dire simplement que nous allons ajouter plus de contrôles obligatoires des gens à gauche, à droite et au centre n’abordera pas le problème fondamental. Je suis surpris que le gouvernement ait tenté d’aller en ce sens. Nous verrons d’importantes questions relatives aux obligations de l’article 1 de la Charte concernant les droits des citoyens.
Lorsque nous parlons d’ajouter plus de droits des citoyens, par exemple, le droit de fumer la marijuana légalement, nous devons alors également parler des ressources dont nous disposons pour protéger la société. Puis, il faut déterminer comment s’assurer que les outils dont disposent la police et les autorités n’excèdent pas leur autorité respective et protègent les droits individuels des Canadiens. Je vois que le gouvernement libéral va trop loin. Il utilise la question de la légalisation de la marijuana pour ajouter des outils à la boîte d’outils des policiers qu’ils ne devraient pas avoir et que les tribunaux considèrent comme outrepassant et sapant les droits des citoyens. Certains problèmes fondamentaux doivent être abordés.
Au sein de ce Parlement, nous pouvons aborder ces questions, car elles sont complexes. Elles ne doivent pas nécessairement respecter la ligne de parti. Nous devons découvrir les bons outils pour protéger la société et les droits des individus. À ce point, il semble que le parti libéral n’a pas trouvé cet équilibre.
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Monsieur le Président, nous parlons d'un sujet très sensible et très sérieux, c'est-à-dire l'application de la légalisation de la marijuana en lien avec les questions de sécurité routière. Quels vont être les effets et quelles mesures devront être prises?
D'entrée de jeu, nous tenons à dire, de ce côté-ci de la Chambre, que nous sommes pour des mesures plus sévères envers les personnes qui prennent le volant avec les facultés affaiblies. Il n'y a pas de compromis possible sur la sécurité. Quand on prend le volant, il faut être tout à fait conscient qu'on a entre les mains une chose qui peut devenir une arme terrifiante si on ne la contrôle pas comme il faut. C'est notre devoir en tant qu'automobilistes d'être tout à fait aptes à conduire. Malheur à celles et ceux qui prennent le volant avec les facultés affaiblies, que ce soit par l'alcool ou, malheureusement, par les drogues. C'est là qu'intervient le projet de loi .
L'essence du projet de loi fait en sorte de rendre la loi plus sévère envers les gens qui prennent de la drogue et qui prennent le volant. C'est certain qu'on ne peut pas être contre la vertu, mais c'est la façon de faire qui est hautement condamnable et qui prête à examen, car elle n'est pas la bonne, selon nous.
Revenons au sujet de base. Le gouvernement veut légaliser la marijuana. C'est pourquoi il a déposé ce projet de loi. Ce n'est pas une bonne chose. Quiconque s'est le moindrement penché sur ce sujet sait que là où cela s'est fait, que ce soit dans l'État du Colorado ou dans celui de Washington, on a vu une augmentation du crime, de la consommation et de la production illégale de drogue, des accidents, des problèmes sociaux et des morts sur les routes.
De surcroît, ce projet de loi et l'ambition libérale de légaliser la marijuana vont avoir l'effet direct de banaliser la consommation d'une drogue. Cela n'a pas sa place dans le débat public. Cela a sa place dans le débat, mais pas dans la législation. Il est inacceptable de procéder à la banalisation d'une drogue.
Le gouvernement prétend que, grâce à cette nouvelle approche, on va retirer des mains du crime organisé les mauvais fruits de cette production. Je n'aurais besoin de citer qu'une seule personne pour réfuter cet argument, soit le directeur de la Gendarmerie royale du Canada, qui dit qu'il est naïf de penser que cela va faire perdre de l'argent au crime organisé. Ce n'est pas moi qui le dis, c'est le directeur de la GRC, celui qui a les deux mains là-dedans. C'est la GRC qui, depuis plus de 150 ans, mène brillamment la lutte contre le crime organisé, celles et ceux qui gagnent de l'argent sur le dos des pauvres. Or le directeur de la GRC nous dit que nous serions naïfs de croire que cela nous permettrait d'anéantir le crime organisé.
Du reste, ce qui s'est passé dans l'État du Colorado et celui de Washington a démontré qu'en effet, le crime organisé s'organisait beaucoup mieux maintenant. Ce qui est encore pire, c'est qu'en légalisant la consommation de la marijuana, c'est-à-dire en la banalisant, le sale boulot — pour ne pas dire autre chose — va se faire avec l'autorisation du gouvernement. Le premier contact d'un adolescent ou d'un jeune avec la marijuana sera légalisé avec l'approbation du gouvernement libéral. Une fois que le jeune homme ou la jeune femme a touché à la marijuana, on ouvre la porte aux drogues dures.
Il n'y a personne qui a commencé à consommer de la cocaïne sans avoir essayé autre chose auparavant. On commence par un petit joint de pot, puis on prend un joint un peu plus fort, et on continue avec un peu de ceci et un peu de cela. Or ce sale boulot va se faire avec la bénédiction du gouvernement libéral. Cela n'a pas sa place. Voilà le portrait global de la question de la marijuana.
Maintenant, regardons plus précisément ce que propose le projet de loi concernant la conduite automobile et les mesures qui s'y rapportent. Tout d'abord, il est horrible de constater la rapidité avec laquelle le gouvernement procède dans ce dossier. Il faut absolument que tout soit fait et que tout soit adopté d'ici le 1er juillet 2018. Pourquoi est-il si pressé? Y a-t-il une météorite qui va frapper sur la Terre? Non. C'est seulement dans la tête des députés du gouvernement libéral qu'il faut faire cela d'ici le 1er juillet.
Ici, je passe sous silence l'odieuse idée du gouvernement libéral d'inscrire notre journée nationale, la fête du Canada, sous le signe de la marijuana. « Ô cannabis! », est-ce ce que les libéraux vont chanter? Non, je refuse. Je suis fier d'être Canadien, je veux qu'on chante l'Ô Canada, pas le « Ô cannabis ». Or c'est cela que le gouvernement libéral veut faire le 1er juillet. À quoi ont-ils pensé, bon sang? Il y a 365 jours dans l'année et ils ont choisi la journée du Canada pour faire cela. Si je n'étais pas à la Chambre des communes, je dirais « bande d'innocents », mais je vais quand même relever mon propos. Cela n'a pas d'allure qu'ils fassent cela le 1er juillet, et ce, à la hâte.
Les gouvernements provinciaux sont pris avec toutes les questions de santé, de sécurité publique, de transport et d'habitation. Grâce au bon gouvernement libéral, il sera légal d'avoir des plants de pot dans toutes les maisons canadiennes. C'est fantastique! Cela multiplie les problèmes.
Y a-t-il un gouvernement provincial qui se réjouit d'avoir à mettre cela en application et d'avoir amplement le temps de le faire? Non, il n'y a pas un gouvernement provincial, ni un premier ministre, ni un ministre de la Santé qui a dit que tout allait bien. Certains se débrouillent mieux que d'autres et disent être en bonne voie de s'adapter à cette nouvelle réalité, mais cela n'a pas de bon sens de faire cela sous pression et le plus vite possible. Ce sont les autorités provinciales qui sont aux prises avec ce problème. C'est une insulte pour nos partenaires provinciaux.
C'est la même chose en ce qui concerne l'application de la loi en matière de sécurité routière. Est-ce qu'on pense sérieusement que les policiers ont tout l'équipement nécessaire pour s'adapter à cette nouvelle réalité? Est-ce qu'on pense que les policiers ont la formation nécessaire pour opérer ces nouveaux outils? Est-ce qu'on pense que tous les policiers seront prêts demain matin et qu'ils seront capables d'appliquer cette loi le 1er juillet 2018?
Ce n'est absolument pas le cas. Le patron de la GRC et toutes les autorités policières du Canada ont dit qu'ils n'avaient pas les outils nécessaires. C'est pourtant la base. Toutefois, ce projet de loi oblige les gens à travailler même s'ils ne sont pas prêts. C'est cela, le problème. On fait tout cela à la va-vite sans faire les études nécessaires. Supposons que nous devions le faire, pourrions-nous au moins prendre le temps nécessaire pour mettre cela en oeuvre et former correctement les policiers et toutes celles et ceux qui sont aux prises avec cette triste réalité? Malheureusement, on ne le fait pas. Ce gouvernement fait tout cela à la va-vite.
Le gouvernement affirme qu'il va dépenser des millions de dollars pour sensibiliser les gens aux dangers de la consommation de marijuana. D'abord, ce message est contradictoire, puisqu'on légalise quelque chose qu'on ne veut pas que les gens prennent. Cela n'a pas d'allure. Ensuite, les sommes prévues par le gouvernement libéral pour sensibiliser les gens aux dangers de la marijuana représentent à peine une fraction de ce que l'État de Washington et l'État du Colorado ont prévu.
Alors, on entend beaucoup de flaflas à ce sujet, mais il n'y a strictement rien en matière d'application concrète de la loi pour servir les Canadiens comme il se doit. Il n'y a pas assez de campagnes de prévention et il n'y a pas de ressources ni d'outils pour nos policiers. On accélère le processus dans les provinces et on fait tout cela en catastrophe d'ici le 1er juillet 2018.
De toute évidence, la légalisation de la marijuana, qui banalise la drogue et permet à nos enfants d'accéder au marché de la drogue légalement, est une mauvaise chose. Ce qui est encore pire, c'est que le projet de loi donne un mauvais chemin, un chemin accéléré où nos forces policières n'auront ni la formation ni l'équipement nécessaires à temps et où on fera encore moins de sensibilisation auprès des gens que l'on veut protéger. Malheureusement, le gouvernement veut aller trop vite dans cette mauvaise voie.
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Monsieur le Président, je remercie ma collègue de de son propos qui est toujours modéré et bien campé.
Évidemment, nous ne partageons pas la même vision sociale, mais justement, la beauté de la Chambre des communes, c'est qu'il y a des gens qui sont pour, des gens sont contre, des gens un peu plus à droite, et d'autres un peu plus à gauche. C'est cela le Canada et c'est ce à quoi sert la Chambre des communes d'ailleurs.
La députée disait que sous le gouvernement conservateur, on avait vu une augmentation de la consommation malgré la répression plus forte. Je pense que ce n'est pas tant un problème du gouvernement conservateur ou de quelque gouvernement que ce soit, c'est plutôt un problème mondial.
Nous estimons que ce n'est surtout pas en légalisant et donc en banalisant la marijuana qu'on va en réduire la consommation. Bien entendu, nous épousons toutes les mesures visant à sensibiliser davantage la population, telles une campagne de sensibilisation. Toutefois, la pire chose serait de lancer une campagne de sensibilisation en même temps qu'on légalise la marijuana. Ce serait une hérésie absolue.
Dire qu'on veut légaliser la marijuana, c'est dire qu'on veut banaliser la marijuana. Cela veut dire qu'on considère que ce n'est plus illégal d'en consommer, et c'est comme si de rien n'était. Non, ce n'est pas une bonne chose de prendre de la marijuana, et ce n'est pas une bonne chose de la légaliser. Ce n'est surtout pas une bonne chose de banaliser sa consommation.
Nous sommes d'accord avec une campagne de sensibilisation, mais bon Dieu, qu'on la fasse le plus tôt possible et avec toute l'énergie disponible, et qu'on retarde le plus possible la légalisation de la marijuana.
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Monsieur le Président, c’est un véritable honneur pour moi d’être ici pour discuter du projet de loi . Je souhaite remercier le député de . Il a présenté des points très importants à la Chambre. Je suis non seulement reconnaissant de sa passion et de son travail assidu pour ses électeurs, mais également de sa défense des Canadiens.
Le projet de loi constitue une autre promesse rompue par le gouvernement libéral actuel. C’est un autre exemple d’une approche imposée d'en haut par le . Il informe les membres de son caucus, de son parti, que c’est ce qu’il a décidé de faire et que c’est ce qu’ils feront, c’est-à-dire la légalisation de la marijuana d’ici la fête du Canada, avec une grande célébration. Ce député a indiqué que le a dit que c’est ce que les libéraux prévoient faire et qu’ils doivent appuyer cette position, ce plan.
Nous avons pu constater récemment ce qui se passe lorsque les députés prennent un peu de liberté et présentent les préoccupations de leurs électeurs. Ils sont évincés des comités ou font l'objet de mesures disciplinaires sévères, car ils doivent assimiler et appuyer la position de leur chef. C’est décevant. Ce n’est pas ce qui a été promis aux Canadiens. On leur a promis la transparence. On leur a promis que le gouvernement les écouterait, les consulterait réellement et représenterait les préoccupations des Canadiens, des électeurs. Nous en avons vu un modèle qui a été imposé, lorsqu’un député du caucus libéral a été sévèrement sanctionné après avoir déclaré qu’il allait représenter ses électeurs.
Je suis fier de faire entendre la voix des électeurs de ma circonscription de Langley-Aldergrove. Je l’adore. C’est une magnifique région du Canada. J’y ai organisé des consultations à ce sujet. J’ai consulté un groupe unique de personnes, des jeunes professionnels de mon conseil consultatif de la jeunesse, qui est composé d’élèves de 11e et 12e années, ainsi que d’étudiants à l’université. Ce sont nos futurs dirigeants, et je leur ai demandé ce qu’ils pensaient de la conduite avec facultés affaiblies et de la légalisation de la marijuana. Le gouvernement actuel a un ministre de la jeunesse, c’est le lui-même. Il a dit qu’il représente ce groupe d’âge. Ce groupe d’âge dit au et aux députés libéraux de ralentir le processus. Le groupe pense que celui-ci va trop vite et que le gouvernement ne fait pas les choses comme il faut.
Je pense au vieil adage, ouvrage hâté, ouvrage gâté. C’est bien vrai, et nous en avons la preuve avec le gouvernement libéral, qui veut aller trop vite, quoi qu'en disent les Canadiens, les provinces et les chefs de police. De plus en plus, on dit au gouvernement de ralentir le processus, qu’il va trop vite parce que le Canada n’est pas prêt, surtout en ce qui concerne le projet de loi . C’est la loi qui, à en croire les promesses enthousiastes du gouvernement, va rendre nos routes plus sécuritaires. Les libéraux ont affirmé qu’ils ne légaliseraient pas la marijuana tant que cette loi ne serait pas en place au Canada pour assurer la sécurité sur nos routes. Ils allaient sanctionner très sévèrement la conduite avec facultés affaiblies. Rien n'est moins vrai, car ce n’est pas ce qu’ils font. Leur proposition nuira à la sécurité de nos routes.
Depuis que je suis député, j’ai rencontré beaucoup de gens dans ma circonscription et ils m’ont raconté des histoires tragiques. J’ai rencontré Victor et Markita Kaulius. Leur fille Kassandra a été tuée par un conducteur ivre assez récemment. Ils étaient désespérés, comme tous les parents le seraient dans pareil cas. Que ce soit une fille, un fils, un frère, une sœur, un conjoint, un partenaire, c’est horrible de perdre quelqu’un. Il est humain de vouloir obtenir justice si cette perte résulte d’un crime. Le fait de conduire avec les facultés affaiblies et de tuer quelqu’un est la première infraction au Canada. C’est pourquoi les Canadiens demandent justice. Markita Kaulius a adhéré à une organisation active dans tout le Canada qui a littéralement envoyé des dizaines de milliers de pétitions à la Chambre pour demander un durcissement du Code criminel du Canada.
Lors de la dernière législature, le gouvernement précédent a présenté un projet de loi en vue de renforcer les dispositions législatives touchant la conduite avec facultés affaiblies au Canada de manière à inclure des peines minimales obligatoires. Il a constaté que les sanctions imposées par les tribunaux au Canada dans les cas de conduite avec facultés affaiblies causant la mort n’étaient en réalité que des amendes. Aucune de ces sanctions ne se rapprochait un tant soit peu des sanctions maximales.
Le gouvernement avait alors proposé que la conduite avec facultés affaiblies causant la mort soit reconnue pour ce qu'elle est, soit un homicide commis au volant d'un véhicule automobile, et l’organisation Families for Justice réclamait des sanctions minimales obligatoires. Selon les membres de cette organisation, toute personne qui conduit sciemment un véhicule alors que ses facultés sont affaiblies et qui cause la mort devrait écoper d’une sentence d’au moins cinq ans d’emprisonnement dans le cas d'une première infraction. En réalité, une peine de cinq ans représente environ le tiers de cette période, soit environ un an et demi. Avec une mise en liberté d’office, les personnes incarcérées sont admissibles à une libération après avoir purgé le tiers de leur peine.
Families for Justice réclamait donc une peine de cinq ans. Durant les trois ans et demi suivant la période initiale d’un an et demi d’emprisonnement durant laquelle elles recevraient un traitement et suivraient des programmes, les personnes jugées coupables d’une telle infraction seraient supervisées pour veiller à ce qu’elles ne conduisent pas avec les facultés affaiblies. C’était une position très raisonnable qui, de fait, correspond à la position de la plupart des Canadiens.
Le gouvernement précédent a donné son aval et a déposé le projet de loi. On a demandé à tous les chefs de parti, durant la dernière campagne électorale, s’ils appuieraient le projet de loi, car il ne restait pas suffisamment de temps pour le faire adopter pendant la dernière législature. Le a alors écrit une lettre à Markita Kaulius pour lui dire qu’il appuierait le projet de loi.
Lorsque la nouvelle session parlementaire s’est amorcée, cela s’est avéré une nouvelle promesse non respectée. Le n'a pas appuyé le projet de loi. Deux projets de loi avaient été déposés. L’un était un projet de loi d’initiative parlementaire conservateur, l’autre était un projet de loi d'initiative parlementaire libéral. Or, ces projets de loi n’étaient pas suffisamment bons pour le premier ministre. Il voulait être l’instigateur et mener la parade; on a donc éliminé ces projets de loi. Nous avons maintenant le projet de loi .
Conformément à la promesse faite par le à Markita Kaulius et à Families for Justice, dans le projet de loi , il devait y avoir des peines minimales obligatoires. J’ai eu l’honneur de siéger récemment au comité de la justice, qui était chargé d’étudier le projet de loi avant qu'il soit renvoyé à la Chambre. Le gouvernement libéral, suivant les directives du Cabinet du premier ministre, a indiqué qu’il allait être sévère et augmenter la peine maximale — mais personne n’écope de la peine maximale. Les lignes directrices visant à accorder un pouvoir discrétionnaire aux tribunaux indiquaient que lors d’une première infraction, les personnes reconnues coupables recevraient une amende d’au moins 1 000 $ pour avoir causé la mort d’une personne alors qu’elles conduisaient avec les facultés affaiblies. Dans le cas d’une deuxième infraction, la deuxième fois qu’une personne est reconnue coupable d’avoir tué quelqu’un alors qu’elle conduisait avec les facultés affaiblies, elle écopera d’une peine de 30 jours d’emprisonnement. Cependant, une peine de 30 jours de prison équivaut seulement au tiers, soit 10 jours. La troisième fois qu’une personne est reconnue coupable d’avoir tué quelqu’un alors qu’elle conduisait avec les facultés affaiblies, elle écopera d’une peine de 120 jours d’emprisonnement, soit 40 jours, en réalité.
Je n'en suis tout simplement pas revenu d'entendre les membres libéraux du comité dire que c'est juste. Selon eux, ce serait aller trop loin que de fixer la peine minimale à cinq ans, c'est-à-dire un an et demi derrière les barreaux et le reste du temps en thérapie pour que les prévenus s'attaquent aux causes qui les ont poussés à conduire en état d'ébriété. Non, les libéraux veulent plutôt laisser les tribunaux décider.
Le hic, c'est que les tribunaux doivent respecter les précédents et les décisions prises jusque-là. Ils doivent disposer d'une certaine marge de manoeuvre, mais ils doivent aussi suivre les orientations données par la Chambre. Les Canadiens se demandent pourquoi les peines sont si clémentes et pourquoi elles ne sont pas à la hauteur de leurs attentes. Ce ne sont pas les juges, le problème, ce sont les gens d'en face, qui sont complaisants envers les criminels.
Les Canadiens veulent au contraire que nous leur serrions la vis. Ils veulent que le système soit juste et équitable, et c'est loin d'être ce que leur offre le gouvernement libéral. Pour tout dire, le projet de loi est à des lieues de ce que veulent les Canadiens, et il vient s'ajouter à la longue liste des promesses rompues du gouvernement libéral. Malheureusement, avec une telle attitude condescendante, nos routes seront plus dangereuses que jamais. Qu'ils soient attribuables à l'alcool, à la marijuana ou à toute drogue illégale, les problèmes causés par la conduite avec facultés affaiblies continueront à prendre de l'ampleur, et ce sera la faute du gouvernement.
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Monsieur le Président, je suis heureuse d’intervenir à la Chambre pour prendre part au débat sur le projet de loi , Loi modifiant le Code criminel, en particulier les infractions relatives aux moyens de transport, et apportant des modifications corrélatives à d’autres lois. Ce titre ne reflète pas vraiment la portée de la loi, qui vise à modifier les dispositions sur la conduite avec facultés affaiblies pour faire en sorte qu’elles ne se limitent pas aux drogues mais qu’elles sanctionnent également plus lourdement ceux qui conduisent avec les facultés affaiblies par l’alcool. C’est un sujet complexe qui me préoccupe énormément, ainsi que le NPD.
Je conviens de l’importance de ce projet de loi. Pour être bien claire, rien n’est plus important que la protection du public. Cela fait d’ailleurs longtemps que le NPD plaide en faveur de mesures plus efficaces pour décourager la conduite avec les facultés affaiblies, dont nous subissons tous les conséquences tragiques dans nos circonscriptions. Ce n’est certainement pas la seule composante du projet de loi. J’aimerais vous faire part des nombreuses préoccupations que suscitent le projet de loi et son éventuelle efficacité.
Quand les gens parlent de la conduite avec facultés affaiblies, ils parlent souvent des victimes de ces crimes. Il ne fait aucun doute que le coût humain de la conduite avec facultés affaiblies est énorme. Des centaines de personnes meurent et des dizaines de milliers sont blessées chaque année au Canada dans des collisions attribuables à la conduite avec facultés affaiblies. Ces collisions affectent nos amis, notre famille, nos voisins, nos collègues et presque tout le monde que nous connaissons. Il n'y a peut-être rien de plus douloureux que le fait de soudainement perdre un être cher en raison de quelque chose comme la conduite avec facultés affaiblies. Les frustrations par rapport au système judiciaire deviennent encore pires lorsqu'elles s'ajoutent à la souffrance et à la colère causées par un deuil. La conduite avec facultés affaiblies provoque depuis longtemps des souffrances terribles partout au pays, et des changements doivent être apportés pour empêcher que d'autres tragédies ne se produisent au Canada.
Selon Les mères contre l'alcool au volant, en 2010, les collisions attribuables à la conduite avec facultés affaiblies auraient causé 1 082 décès, 63 821 blessures et des dommages à 210 932 véhicules. La conduite avec facultés affaiblies entraîne aussi des coûts financiers et sociaux importants. Un total de 181 911 collisions se sont produites, représentant des coûts de l’ordre de 20,62 milliards de dollars. Cela inclut les coûts liés aux tragiques décès, aux blessures, aux dommages matériels, aux ralentissements de la circulation, aux frais hospitaliers et aux services des premiers intervenants, comme les policiers, les pompiers et les ambulanciers, sans compter les coûts des répercussions psychologiques sur les intervenants de première ligne. Il est donc parfaitement compréhensible que le gouvernement souhaite présenter des projets de loi qui éviteront aux gens des souffrances inutiles. Ce que je me demande, c'est pourquoi il ne veut pas le faire correctement.
Le principal problème de ce projet de loi concerne les mesures de dépistage obligatoire de l'alcool et de la drogue en bordure de route qu'il propose à l'article 320.27. Ce serait la première fois que les policiers canadiens auraient le pouvoir d'arrêter des gens à leur guise. Nous nous aventurons dans des eaux très troubles et dangereuses. À l'heure actuelle, aux termes de la loi, les policiers doivent, pour arrêter quelqu'un, avoir des motifs raisonnables de soupçonner des facultés affaiblies. De nombreux groupes de défense des libertés civiles ont exprimé des inquiétudes au sujet des modifications proposées et ont déclaré que la suppression du critère du soupçon raisonnable pourrait entraîner un ciblage disproportionné des membres des minorités raciales, des Autochtones, des jeunes et des membres d'autres groupes marginalisés.
Je suis la fière maman de deux jeunes hommes noirs, j'ai donc deux raisons de plus d'être préoccupée par les incertitudes que le projet de loi créerait. La vérification d'identité et le profilage racial injuste représentent un problème dans de nombreuses collectivités, et beaucoup d'autres Canadiens y sont confrontés quotidiennement. Par conséquent, pourquoi le gouvernement créerait-il une mesure législative qui pourrait empirer la situation? Pourquoi mettrait-il nos estimés policiers dans une position si précaire? De plus, la question pourrait être contestée avec succès devant les tribunaux conformément à l'article 1 de la Charte des droits et libertés. L'article 1 « garantit les droits et libertés qui y sont énoncés. Ils ne peuvent être restreints que par une règle de droit, dans des limites qui soient raisonnables et dont la justification puisse se démontrer dans le cadre d’une société libre et démocratique ».
Les alcootests aléatoires et obligatoires sont également compris dans le projet de loi et ils pourraient eux aussi être contestés en invoquant les articles 8 et 9 de la Charte, qui offrent une protection contre les fouilles, les perquisitions ou les saisies abusives et contre la détention ou l'emprisonnement arbitraires. Par conséquent, je dois de nouveau demander à la Chambre pourquoi le gouvernement créerait une mesure législative qui pourrait avoir des conséquences sur les droits prévus dans la Charte. Cela dénote un manque de vision incroyable.
Il y a aussi le problème de savoir comment la police est censée vérifier et contrôler les gens pour déterminer s'ils conduisent avec les capacités affaiblies par le cannabis. On prévoit avoir recours à des appareils de détection par voie orale. En Ontario, les projets pilotes qui reposent sur l'utilisation de ces appareils ne sont pas fiables, et il n'existe aucune analyse chimique normalisée qui permet de déterminer si une personne a les capacités affaiblies. De plus, la mesure législative proposée ne prévoit aucune limite en soi. La limite légale qui établirait l'affaiblissement des capacités n'est pas indiquée dans le projet de loi. Le gouvernement a plutôt déclaré que la limite devrait être établie par règlement.
Cela me rappelle que, l'an dernier, une récente affaire judiciaire nous a montré à quel point il est crucial que le gouvernement élabore des mesures législatives rigoureuses et réfléchies. Cette affaire mettait en cause un policier de Toronto et trois jeunes hommes noirs. Le policier a stoppé leur voiture, même s'il n'avait aucun motif valable de le faire. Il a affirmé qu'il s'appuyait sur une forme de sixième sens afin d'identifier les suspects habituels. On a porté quatre chefs d'accusation contre ces jeunes hommes, notamment un pour voies de fait contre un agent de la paix. La juge a rejeté ces chefs d'accusation et a déclaré:
[...] en voyant trois jeunes hommes noirs conduire une vieille voiture, l'agent Crawford a immédiatement conclu qu'ils mijotaient quelque chose, malgré l'absence de preuves à cet effet [...] Il est plus probable qu'il n'y ait pas eu de motif précis pour l'arrestation, mais que le profilage racial ait été la vraie raison de cette dernière.
Les législateurs que nous sommes doivent absolument trouver des solutions aux problèmes, pas en créer d'autres. En adoptant des lois qui ne sont pas claires ou bien conçues, nous manquons à notre devoir envers les gens qui font appliquer les lois et ceux qui doivent les respecter.
Les néo-démocrates réclament un projet de loi qui permettrait de régler plus efficacement et de façon globale le problème de la conduite avec facultés affaiblies. Il faudrait lancer une bonne campagne de sensibilisation auprès de la population et des policiers sur les dangers de la conduite avec facultés affaiblies, qu'elle soit due à l'alcool ou aux drogues. En dissuadant les gens de conduire avec les facultés affaiblies, on pourrait s'attaquer à la source du problème.
Voilà l'un des principales recommandations du groupe de travail sur la légalisation et la réglementation du cannabis. Dans son rapport, il déclare avec raison qu'il faut « développer une stratégie nationale exhaustive d'éducation du public pour envoyer un message clair aux Canadiens [que] le cannabis cause l'affaiblissement des facultés et que la meilleure façon d'éviter de conduire avec des facultés affaiblies est de ne pas en consommer ».
L'Association canadienne des automobilistes, la CAA, a contribué au financement d'une étude de la Fondation de recherches sur les blessures de la route, dont le siège social est à Ottawa. Dans cette étude, la Fondation laisse entendre que la légalisation de la marijuana poserait d'énormes problèmes, car il serait extrêmement difficile d'éviter que les personnes qui ont consommé de la marijuana prennent le volant. D'après les résultats d'un sondage mené par la CAA, les deux tiers des répondants craignent que les routes soient plus dangereuses lorsque la marijuana sera légalisée.
Énormément d'idées fausses circulent au sujet de la consommation de marijuana au Canada, et nous en avons entendu beaucoup aujourd'hui à la Chambre. Certains répondants au sondage dont j'ai fait mention ont même affirmé que la consommation de cannabis pouvait améliorer les capacités d'un conducteur. Qu'il suffise de dire qu'énormément de recherches contredisent ou appuient ces idées. Quoi qu'il en soit, il incombe au gouvernement d'étudier la question de plus près, de sensibiliser la population au moyen de la meilleure information disponible et de présenter une mesure législative qui réglemente efficacement et équitablement cette substance.
Les néo-démocrates souhaitent un projet de loi judicieux qui assure véritablement la protection des Canadiens. Les experts ont démontré à maintes reprises, notamment dans leurs recherches, que la sensibilisation et la prévention ont un effet dissuasif nettement plus fort que les sanctions. Voilà pourquoi nous estimons que la mesure législative doit se concentrer davantage sur ces pistes de solution. La conduite avec facultés affaiblies constitue effectivement la principale cause de décès attribuables à un acte criminel au Canada. Des vies sont en jeu, et j'estime que, en tant que législateurs, nous devons ajouter des dispositions qui dissuaderont véritablement les gens de conduire alors que leurs facultés sont affaiblies.
J'avoue être déçue du fait que, lors de l'étude en comité, les libéraux ont rejeté cinq des six amendements du NPD de même que la majorité des amendements de l'opposition officielle. Bien sûr, ils ont appuyé tous les amendements des ministériels. Il est fort regrettable que le projet de loi ait été renvoyé à la Chambre sans avoir été amélioré alors que l'étude en comité aurait été une bonne occasion pour ce faire.
L'enjeu est trop important pour qu'on recoure à des solutions de fortune. Nous devons adopter un projet de loi judicieux pour mettre fin à la longue et désolante série de drames causés par la conduite avec facultés affaiblies au Canada. Rien n'est plus éprouvant que la perte d'un être cher, et nous devons faire tout en notre pouvoir pour prévenir les tragédies de cette nature sur les routes du pays.
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Monsieur le Président, j'ai l'honneur de parler aujourd'hui du projet de loi , Loi modifiant le Code criminel et apportant des modifications corrélatives à d'autres lois. J'aimerais aussi remercier la députée d' de ses bons mots et sentiments. En tant que mère, je suis d'accord avec elle. Je veux la remercier de nous avoir éclairés à cet égard.
Aujourd'hui, nous parlons de la sécurité des routes empruntées par les Canadiens et leur famille. Cette discussion ne devrait pas être compliquée, mais il faut reconnaître que l'étude précipitée de ce projet de loi n'offre pas aux villes et aux municipalités les ressources et les outils appropriés pour s'assurer que la sécurité est une priorité.
J'ai rencontré de nombreuses personnes cet été pour discuter du projet de loi . Bien des gens m'ont fait part de leurs inquiétudes quant à la conduite avec facultés affaiblies par la marijuana. C'est un enjeu qui touche le projet de loi .
Le groupe de travail a présenté diverses recommandations au gouvernement libéral. Premièrement, le président du comité a affirmé que la meilleure solution était de donner le temps aux chercheurs de développer des outils de dépistage adéquats. Deuxièmement, la puissance et les effets de la drogue sur les consommateurs de marijuana, particulièrement sur les jeunes, sont méconnus ou sous-estimés. Troisièmement, il faut accroître le financement des autorités policières afin qu'elles puissent se préparer au nouveau régime. Le quatrième point est particulièrement important à mon avis. C'est une recommandation du groupe de travail et des États de Washington et du Colorado, qui ont déjà légalisé la marijuana. Il s'agit de l'importance d'organiser de vastes campagnes de sensibilisation sur la conduite avec facultés affaiblies avant de procéder à la légalisation de la drogue.
Pour commencer, j'aimerais parler du besoin d'outils de dépistage adéquats. On a récemment appris qu'un projet pilote se servait d'un nouvel outil de dépistage visant à détecter la concentration de cannabis dans l'organisme. Des policiers ont affirmé que l'outil était facile à utiliser et qu'il détectait adéquatement la présence de la drogue. Pour le moment, on ne sait pas quelles mesures seront prises à partir de là ni de quelle façon les coûts qu'elles entraîneront seront couverts.
De plus, est-ce le meilleur test de dépistage? Va-t-il pouvoir repérer les conducteurs aux facultés affaiblies? D'autres députés ont parlé de ces tests et de l'équipement nécessaire. On n'a pas encore trouvé de solution magique en ce qui concerne les outils de dépistage.
Il a également été dit que le meilleur moyen d'empêcher la conduite avec les facultés affaiblies est d'investir dans les ressources publiques et dans l'éducation pour sensibiliser la population. Le mot « sensibilisation » va revenir souvent dans mon discours.
Une autre des inquiétudes que j'ai est que les effets du cannabis sur les jeunes sont inconnus et sous-estimés. Des études démontrent que le cannabis a divers effets sur les gens, notamment sur les compétences absolument essentielles à la conduite. La consommation de cannabis peut notamment entraîner la perte de la coordination motrice, des capacités de résolution de problème et de la rationalité ainsi que donner une perception erronée de la réalité. Je crois que nous serions tous d'accord pour dire qu'il s'agit de compétences importantes qui ne doivent pas être menacées lorsqu'une personne est au volant.
Dans cette perspective, on doit tenir compte de plusieurs autres facteurs. Selon le Centre canadien sur les dépendances et l'usage de substances:
Selon l’Enquête de surveillance canadienne de la consommation d'alcool et de drogues (ESCCAD) de 2012, 5 % des jeunes de 15 à 24 ans affirmaient avoir pris le volant après avoir consommé de la marijuana au cours de la dernière année, comparativement à 9,4 % après une consommation d’alcool.
Des chiffres tirés de la base de données nationale des décès révèlent que la marijuana était la drogue illicite la plus répandue chez les conducteurs de 15 à 24 [ans] mortellement blessés entre les années 2000 et 2010 au Canada.
Selon l’ESCCAD de 2011, les jeunes de 15 à 24 ans étaient plus susceptibles d’être passagers d’un véhicule avec un conducteur ayant consommé de l’alcool ou d’autres drogues que de prendre le volant avec les facultés affaiblies, et cela malgré le fait que voyager à bord d’un véhicule conduit par une personne ayant consommé de la drogue ou de l’alcool peut avoir des conséquences tout aussi tragiques que conduire soi-même avec facultés affaiblies.
Nous devons lutter contre la conduite avec facultés affaiblies parmi les jeunes. Le Centre canadien sur les dépendances et l'usage de substances dit encore ceci:
Le CCDUS a effectué plusieurs revues de la littérature visant à cerner des approches efficaces pour prévenir le phénomène de la drogue au volant chez les jeunes. Voici quelques-unes des principales constatations de ces revues:
Des messages factuels provenant de jeunes contribuent à ce que l’information soit crédible et facilement comprise par les jeunes.
Le fait de donner aux jeunes la responsabilité de planifier et de créer leurs propres initiatives de prévention peut accroître leur portée et leur efficacité.
Parents, enseignants, entraîneurs et autres adultes devraient parler de la conduite avec facultés affaiblies avec les jeunes et aborder les conséquences possibles afin d’encourager la pensée critique avant la prise de décisions.
En somme, il s'agit de réaliser des campagnes de sensibilisation visant les jeunes afin de les dissuader de conduire un véhicule avec les facultés affaiblies, en particulier s'ils sont sous l'influence de la marijuana. J'insiste encore une fois sur le volet éducation. La drogue la plus souvent consommée par les jeunes Canadiens est la marijuana, et ils en sont les deuxièmes consommateurs au monde. Où sont les mesures de sensibilisation aux effets potentiels de cette consommation? Où est le dialogue sur le problème de la conduite avec facultés affaiblies?
Ensuite, de quelles ressources et de quel genre de soutien financier disposons-nous? À l'heure actuelle, les gouvernements provinciaux, territoriaux, et fédéral en discutent, mais il n'y a toujours pas eu de prise de décisions, et il manque toujours des acteurs importants aux discussions, notamment les villes et les municipalités qui seront chargées d'assurer la sécurité des routes et qui n'ont toujours pas obtenu cet outil. Elles ont été mises de côté dans ces discussions. Nous devons encore leur parler. Nous devons discuter de sensibilisation. Nous devons discuter d'appareils de détection potentiels, mais, à l'heure actuelle, tout ce dont nous parlons est le soupçon raisonnable.
Combien de policiers ont actuellement les compétences nécessaires? Compte tenu de la légalisation et de la consommation accrue prévue, est-ce qu'il faudra former plus d'agents? Où en sont les programmes de formation, et quels sont les temps d'attente actuels? Ce sont des sujets dont nous avons discuté dans ma circonscription. J'en ai parlé avec le chef de police à St. Thomas. Nous avons beaucoup parlé des experts en reconnaissance des drogues. Quels en seront les coûts? Quel est le délai? Nous avons entendu beaucoup de choses à ce sujet, comme le fait qu'il y a trop peu d'agents formés et que la formation n'est pas offerte. À l'heure actuelle, puisque nous — ainsi que d'autres États — allons de l'avant avec ce projet de loi, il y a un énorme retard quant à ce qu'il reste à accomplir.
Voici les chiffres publiés dans l'Ottawa Citizen le 4 février 2017. Selon l'enquête menée par Santé Canada en 2012 sur l'alcool et les drogues, au cours de la dernière année, 2,6 % des conducteurs canadiens ont reconnu avoir conduit un véhicule après avoir consommé du cannabis moins de deux heures auparavant. Cela représente 632 576 personnes et 10,4 millions de déplacements. En outre, 2,04 millions de conducteurs canadiens ont reconnu avoir conduit un véhicule après avoir consommé deux verres ou plus pendant l'heure précédente, ce qui représente 13,3 millions de déplacements. D'après une étude menée en Colombie-Britannique en 2013, 5,5 % des conducteurs ont échoué à un test de dépistage du cannabis, et 16,6 % des conducteurs blessés mortellement ont présenté des résultats positifs au test de dépistage du cannabis, d'après un examen effectué de 2000 à 2010. En outre, les hommes sont trois fois plus susceptibles que les femmes de conduire un véhicule après avoir consommé du cannabis.
Il s'agit donc d'un problème auquel il faut s'attaquer. Nous devons fournir les ressources appropriées aux services policiers. En ce qui concerne les experts en reconnaissance de drogues, il y en a actuellement 578 au Canada, et de 160 à 200 nouveaux experts obtiennent leur certification chaque année. Certains experts ne renouvellent pas leur certification ou alors sont promus. Selon un employé du ministère, il est très difficile de maintenir le nombre actuel d'experts en reconnaissance de drogues, et il est encore plus difficile de l'augmenter.
Par ailleurs, la formation est coûteuse, et une partie doit être suivie aux États-Unis. On a de moins en moins la possibilité d'obtenir la formation aux États-Unis, étant donné que la demande augmente là-bas. C'est, de toute évidence, un problème auquel il faut trouver une solution.
D'après le budget de 2017:
[…] Santé Canada appuiera les programmes d'éducation publique et les activités de surveillance de la marijuana, en prévision du plan du gouvernement pour légaliser le cannabis, en affectant un financement existant de 9,6 millions de dollars sur cinq ans, et de 1,0 million par année par la suite.
Cependant, Santé Canada vient tout juste de lancer un appel d'offres pour trouver un entrepreneur qui élaborera un programme national de marketing axé sur les jeunes. Le programme misera sur l'information et la sensibilisation au sujet des risques pour la santé et la sécurité associés à la consommation du cannabis. La campagne ciblera les jeunes canadiens de 13 à 18 ans. Il est toutefois important de noter que le programme ne sera lancé qu'après décembre 2017. On parle donc de moins de six mois avant la légalisation de la marijuana. Aucune date n'est précisée pour le lancement des publicités. Se contenter d'annoncer que le programme aura lieu après décembre 2017 n'est pas suffisant.
Pourquoi le gouvernement précipite-t-il les choses? Pourquoi nous empressons-nous de réduire la sécurité sur les routes? Pourquoi les libéraux n'en font-ils pas davantage? Pourquoi veulent-ils faire adopter à la hâte les projets de loi et , si ce n'est en raison d'opinions politiques extrémistes? Pourquoi n'accordons-nous pas la priorité absolue à la sécurité des Canadiens sur les routes?
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Monsieur le Président, ce projet de loi vise à établir clairement les contraventions, ainsi que les peines imposées aux personnes qui décident de conduire un véhicule avec les facultés affaiblies par la marijuana et à mettre à jour les dispositions relatives à la conduite avec facultés affaiblies par l'alcool.
Nous avons appuyé ce projet de loi en deuxième lecture et nous sommes toujours en réflexion pour la suite. Malheureusement, la conduite avec facultés affaiblies est la principale cause de décès attribuable à un acte criminel au pays. Le Canada accuse un des pires bilans en matière de conduite avec facultés affaiblies de tous les pays de l'OCDE.
Nous avons besoin de mettre en place une campagne de sensibilisation du public efficace et bien financée. Comme nous le répétons depuis le début de ce débat aujourd'hui, il est important que le gouvernement mette en place rapidement cette campagne de sensibilisation et d'éducation du public.
Plus tôt dans la journée, mon collègue de , et président du Comité permanent de la justice et des droits de la personne, nous disait que nous étions ici pour discuter du projet de loi et non pas du projet de loi qui porte sur la légalisation de la marijuana. Cependant, le gouvernement a quand même fait le choix de déposer ces deux projets de loi en parallèle, l'un à la suite de l'autre. Nous ne pouvons pas discuter de l'un sans discuter de l'autre. Il est donc important de bien faire cette campagne de sensibilisation et d'éducation dès maintenant, bien avant la légalisation de la marijuana.
Le NPD a toujours milité en faveur de mesures judicieuses pour empêcher la conduite avec facultés affaiblies. Nous devons mettre l'accent sur des mesures de dissuasion convaincantes qui contribuent concrètement à prévenir des tragédies. Je viens de le dire, mais je tiens à répéter qu'une campagne dynamique doit être lancée avant l'entrée en vigueur du projet de loi sur la légalisation de la marijuana.
Le projet de loi C-46 n'établit pas de manière claire les limites quant à la concentration de cannabis dans la salive, qui constitue un affaiblissement des facultés. Il faut que ce soit clair. Nous avons besoin d'une stratégie fondée sur la science pour arrêter de façon non arbitraire les conducteurs aux facultés affaiblies.
Dans le cadre du projet de loi, les policiers n'auront plus besoin d'avoir des motifs raisonnables de soupçonner que la personne a consommé de l'alcool pour exiger un échantillon d'haleine. Les groupes de défense des libertés civiles et le monde juridique ont exprimé des doutes quand à la constitutionnalité des mesures proposées. D'ailleurs, ma collègue d' nous a bien démontré tantôt comment cela pourrait être problématique sur le plan du profilage lors des arrestations.
Ces groupes de défense des libertés civiles redoutent également que des groupes marginalisés soient ciblés. C'est pourquoi, dans la suite de la réflexion, il est important de présenter au comité des témoignages d'experts, afin de s'assurer que le respect et la protection des libertés civiles des Canadiens sont respectés.
À ce propos, lorsqu'il siégeait à l'Assemblée législative de l'Ontario, le chef du NPD, Jagmeet Singh, critiquait ouvertement la capacité de la police de s'en prendre à des personnes uniquement en fonction de leur race, qu'il s'agisse d'Autochtones, de Noirs ou de Canadiens d'autres minorités.
La pratique policière discriminatoire de vérification des pièces d'identité se trouvait au coeur de ses travaux à l'Assemblée législative de l'Ontario. M. Singh soutient, qu'en tant que premier ministre, il interdira le profilage racial au moyen d'une loi fédérale pour y mettre fin une fois pour toutes.
D'ailleurs, il a déclaré dans une entrevue accordée au Toronto Star, qu'il avait été arrêté plus de 11 fois en raison de son apparence. Il a dit:
J'ai été arrêté par la police de nombreuses fois simplement à cause de la couleur de ma peau. Cela vous donne l'impression que vous n'avez rien à faire là, qu'il y a quelque chose qui cloche chez vous, parce que vous êtes simplement vous.
Un des aspects que je trouve très intéressant dans notre travail de députés, c'est quand nous allons à la rencontre des citoyens et citoyennes de notre circonscription. On m'a demandé comment nous déterminions notre décision concernant un choix au moment de voter à la Chambre. C'est sûr que des discussions comme celles que nous avons aujourd'hui, de même que celles que nous avons avec nos collègues, sont déterminantes. Les discours de mes collègues aujourd'hui ont été très éclairants.
Quand nous avons des discussions en caucus, nous faisons bien sûr appel à notre expérience personnelle et à notre jugement, mais aussi à l'expérience de nos collègues à la Chambre. À ce titre, j'aimerais parler du discours de mon collègue de qui a été pour moi très éclairant sur cette question. J'ai eu d'ailleurs la chance de siéger au Comité mixte spécial sur l'aide médicale à mourir avec mon collègue de Victoria, et son expertise juridique et en matière de constitutionnalité a été pour moi très éclairante. Par rapport au projet de loi qui nous occupe aujourd'hui, il a été aussi très éclairant.
Je me permets de lire un extrait du discours qu'il nous a présenté et qui, pour moi, est très important.
Aux termes de la loi actuelle, un agent doit avoir des soupçons raisonnables avant de contrôler un automobiliste. Si cette exigence disparaît, comme le prévoit la disposition en question, il est possible, voire certain, qu'un nombre disproportionné de membres des minorités raciales, d'Autochtones et de membres d'autres groupes marginalisés soient ciblés. C'est là le noeud du problème et c'est aussi pourquoi il s'agit d'un projet de loi très délicat pour les députés. [...] Toutefois, il faut atteindre un juste équilibre. Nous ne sommes pas convaincus que ce soit le cas. Nous sommes toujours en train d'étudier le projet de loi et nous continuerons de le faire d'ici à ce qu'il fasse l'objet d'un vote. À l'étape de l'étude en comité, le NPD a réussi à faire adopter un amendement qui permettra en quelque sorte de régler ce problème. Cet amendement, qui vise à ajouter l'article 31.1 au projet de loi, exigerait que cette question soit étudiée et qu'elle fasse l'objet d'un rapport au Parlement dans les trois ans suivant l'entrée en vigueur de la loi. Le comité a accepté cet amendement, et j'espère que la Chambre approuvera aussi l'amendement dans sa version définitive. Nous verrons si les préoccupations que tant d'experts ont exprimées devant le comité seront véritablement prises en compte.
Je vais reprendre un autre élément qu'il a dit, parce que je n'ai pas eu comme lui le privilège de participer aux réflexions du Comité permanent de la justice et des droits de la personne. Il nous disait:
Le comité de la justice a entendu d'innombrables témoins, dont Les Mères contre l'alcool au volant, qui sont venus raconter l'histoire déchirante de la perte dont ils ont souffert. Cependant, le projet de loi soulève de graves préoccupations, en particulier en ce qui a trait au dépistage obligatoire. [...] Quelle est l'inquiétude par rapport au dépistage obligatoire? Les nouveaux pouvoirs conférés aux policiers par le projet de loi élimineraient le critère actuellement en vigueur dans le Code criminel selon lequel l'agent de la paix doit avoir un soupçon raisonnable pour procéder à une inspection lors d'un contrôle routier. Il y substituerait plutôt un dépistage obligatoire en application duquel, à la discrétion du patrouilleur, l'automobiliste est tenu de se soumettre à un contrôle aléatoire d'échantillon d'haleine sans la moindre justification — autrement dit, au gré de la fantaisie du policier.
Je disais plus tôt que notre expérience personnelle peut nous éclairer lors d'une discussion sur un tel projet de loi. J'ai souvent l'occasion de parler à la Chambre du fait qu'avant d'être députée, j'ai travaillé au ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation du Québec et j'ai été conseillère municipale. Aussi, pendant près de 20 ans, j'ai oeuvré auprès des jeunes. Après avoir siégé pendant autant d'années à une table de concertation jeunesse et après avoir été directrice d'un organisme communautaire d'hébergement pour jeunes en difficultés, je ne peux que m'inquiéter des incidences d'un tel projet de loi, qu'il faut donc aborder avec beaucoup de délicatesse. J'espère sincèrement que le seul amendement du NPD qui a été retenu sera retenu jusqu'à la fin. Il est important que, dans le cadre de la conduite avec facultés affaiblies, nous ne ciblions pas certains groupes de la société. En tant que parlementaires, c'est notre devoir de nous assurer que chaque citoyen et citoyenne est traité de façon équitable et que les lois que nous adoptons le permettent.
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Monsieur le Président, je suis heureux de prendre aujourd'hui une nouvelle fois la parole à propos du projet de loi , Loi modifiant le Code criminel en ce qui concerne les infractions relatives aux moyens de transport. En bref, il s'agit de la conduite avec capacités affaiblies, ainsi que d'une révision et d'une mise à jour des anciens articles du Code criminel. Il s'agit de la conduite avec capacités affaiblies par l'alcool ou les drogues.
J'ai été policier pendant 35 ans. J'avais mes certificats attestant mon statut d'éthyloscopiste depuis 1970. J'ai pris part à probablement bien plus de 1 000 cas de conduite avec capacités affaiblies par l'alcool et les drogues. Ma première année, en tant que bleu, j'ai dû en voir passer environ 100. À cette époque, je pouvais arrêter un conducteur pour conduite avec capacités affaiblies, l'amener au poste de police, faire toute la paperasserie puis reprendre le volant en une heure à une heure et demie, sauf une fois. Cela vous montre à quel point la conduite avec capacités affaiblies peut s'avérer grave.
Je me souviens d'une fois où j'ai arrêté un homme pour conduite avec facultés affaiblies. À l'époque, la politique du procureur général et de la province était de ne pas détenir ces personnes ni retirer leur véhicule de la route. Je fais entrer l'homme au poste, et le test d'haleine révèle une alcoolémie de 0,26 %. Nous n'avons pas d'autre choix que de le libérer, alors je le libère. Quinze minutes plus tard, je l'aperçois au volant de son véhicule sur la route. Je l'arrête de nouveau et je le ramène au poste. Je l'inscris dans le système et je lui donne une citation à comparaître, puisque je ne peux pas le détenir, et je le laisse aller. Vingt minutes plus tard, surprise! Il passe encore devant moi en voiture. Cette fois, je l'arrête. La conduite avec facultés affaiblies a toujours fait partie de notre société.
Est-elle en train de diminuer? C'est discutable, que l'alcool ou la drogue soit en cause. Nous devons remercier les groupes tels que Les mères contre l'alcool au volant de leur travail, mais je ne crois pas que la conduite avec facultés affaiblies s'en aille en diminuant, et ce, pour deux raisons bien précises. Premièrement, il faut de trois à quatre heures, mais le plus souvent près de quatre heures, pour traiter un simple cas de conduite avec facultés affaiblies. Ce sont quatre heures où le policier remplit des formulaires et où il n'est pas sur la route. Pourquoi est-ce si long? Parce que les différentes lois ne disent pas toutes exactement la même chose. Le policier doit mettre tous les points sur les i et toutes les barres sur les t pour parvenir à une condamnation. Tout ce que nous faisons en ce moment, c'est ajouter à ce fardeau. Nous créons plus de travail pour les avocats. Nous compliquons encore plus les choses.
La deuxième raison pour laquelle je doute que la conduite avec facultés affaiblies diminue, c'est l'absence d'effet dissuasif. J'ai eu la chance de trouver un plumitif pour l'île de Vancouver datant de 1950. Un conducteur avec facultés affaiblies était passible d'une amende de 100 $ à 300 $. En 1950, le salaire moyen était d'environ 1 700 $. En 1970, les amendes étaient toujours de 100 $ à 300 $, mais les gens gagnaient environ 5 700 $. De nos jours, l'amende minimale est de 1 000 $, et les gens gagnent en moyenne 50 000 $, et peut-être même un peu plus, je crois. Par conséquent, il n'y a pas d'effet dissuasif qui amène les gens à y penser deux fois avant de conduire en état d'ébriété.
Je vais revenir sur ce que mon collègue de a dit. Au comité, il a affirmé que nous devions renforcer certaines dispositions du projet de loi. Par exemple, en ajoutant une peine obligatoire de cinq ans pour une personne qui tue quelqu'un dans un accident alors qu'elle conduisait avec les facultés affaiblies. Les libéraux n'étaient pas d'accord et ils ont voté contre cet amendement. Présentement, l'amende minimale en cas de déclaration de culpabilité par procédure sommaire est de 1 000 $. S'il s'agit d'une infraction ayant causé des blessures ou la mort, ce qui est beaucoup plus grave, on ajoute 500 $. C'est ridicule. La loi était beaucoup plus efficace il y a de nombreuses années.
Pour ceux qui sont présents, je vais donner quelques statistiques simples. Un coup de whisky équivaut à 12 onces de bière ou à un verre de vin. La femme moyenne de 140 livres qui prend 3 onces en une heure présentera probablement un taux de 0,11, soit 0,03 au-dessus de la limite permise. Pour une fois, on peut dire que les hommes s'en sortent un peu mieux que les femmes: un homme de 140 livres qui prend 3 onces en une heure présentera un taux de 0,09. Je me contenterai de dire que c'est parce que la dissipation se ferait un peu mieux chez les hommes.
La science nous permet de calculer les effets de l'alcool. Je pourrais probablement déterminer le taux de n'importe quelle personne présente ici à partir d'une consommation donnée.
Selon la disposition 254.01 du Code criminel proposée dans le projet de loi:
Le procureur général du Canada peut approuver [...]:
a) les instruments conçus pour déceler la présence d’alcool dans le sang d’une personne;
b) le matériel conçu pour déceler la présence d’une drogue dans l’organisme d’une personne;
c) les instruments destinés à recueillir un échantillon de l’haleine d’une personne et à en faire l’analyse pour établir son alcoolémie.
Les dispositions a) et c) figurent dans le Code depuis les années 1960. Pour ce qui est de la disposition b), on nous dit que certains pays disposent d'une méthode de détection qui, selon eux, est juste. Nous sommes en train de l'étudier et d'en faire l'essai. Chose certaine, rien n'est encore définitif. À mon avis, les données scientifiques ne sont pas suffisantes. Pourtant, nous allons aller de l'avant avec la légalisation de la marijuana.
Conformément à l'article 254 du projet de loi, la conduite avec facultés affaiblies renvoie à n'importe quel moyen de transport. On pourra donc poursuivre quiconque conduit un véhicule, qu'il s'agisse d'un vélo électrique, d'un fauteuil roulant électrique, d'un VTT, d'une tondeuse à gazon ou d'un camion de marchandises. Tous ces conducteurs seront soumis aux nouvelles règles et aux nouveaux règlements. Certains pourront consommer légalement de la marijuana à des fins médicales, et d'autres pourront consommer légalement de la marijuana à des fins de loisir.
Nous savons tous que la marijuana entre par les poumons dans le système sanguin, puis est emmagasinée dans les cellules adipeuses. Ce qui est malheureux, c'est que la marijuana est différente de l'alcool, en ce sens que l'alcool se dissipe au rythme d'une once par heure pour une personne moyenne. Il est éliminé. Si on prend trois verres en une heure, après environ trois ou quatre heures, il ne reste plus d'alcool dans notre organisme. Ce n'est pas ce qui se produit dans le cas de la marijuana. Cette substance reste dans les tissus cérébraux et dans les cellules adipeuses et peut se manifester de nouveau lorsqu'on s'agite ou qu'on s'excite. Que fait la marijuana? Elle modifie notre état de conscience: notre notion du temps, notre humeur, nos mouvements, notre façon de penser, notre mémoire et notre capacité à résoudre des problèmes. Si on abuse de la marijuana, on peut avoir des hallucinations, des idées délirantes et des psychoses. La plupart des gens, toutefois, vont seulement ressentir une modification de leur état de conscience, qui est une forme de facultés affaiblies.
Ces dernières années, l’Université Duke, en Nouvelle-Zélande, a soumis des jeunes à différents tests. J’en parle parce qu’il a été prouvé que les jeunes qui consomment de la marijuana sur une base régulière ont un quotient intellectuel inférieur de huit points par rapport à leurs congénères qui n’en consomment pas. C’est déjà une forme de faculté affaiblie.
Selon des recherches menées à l’Université d’État du Colorado depuis quelques années, la teneur en THC de la marijuana a augmenté de plus de 30 % depuis 20 ans. La drogue est beaucoup plus forte aujourd’hui, ce qui constitue une autre cause d’affaiblissement des facultés.
Je suis particulièrement inquiet de savoir que les effets immédiats de la marijuana subsistent dans l’organisme pendant 3 à 10 jours, et qu’il faut jusqu’à 3 mois pour qu’ils se dissipent entièrement.
Je trouve aussi choquant d’apprendre qu’il s’est vendu pour 14,6 millions de dollars de marijuana en janvier 2015 et que, en janvier 2016, ce chiffre avait grimpé à 36,4 millions de dollars. C’est plus que le double. Selon moi, si les ventes ont doublé, le nombre de conducteurs avec les facultés affaiblies a aussi doublé, et il faut donc doubler le montant qui sera consacré à l’éducation. Le gouvernement au pouvoir nous a annoncé le montant qu’il investirait dans l’éducation. Or, c’est connu, dès qu’elle sera légalisée, la consommation de marijuana devrait au moins doubler.
Le projet de loi part de bonnes intentions. Je ne suis pas contre, mais un examen plus minutieux s’impose. Il faut l'étudier. Il est primordial de clarifier tous les passages qui sont ambigus dans le texte, parce que ce sont les policiers sur le terrain qui seront pris avec les conséquences et qui auront de la difficulté à faire respecter les dispositions sur la conduite avec facultés affaiblies, particulièrement par la drogue.
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Monsieur le Président, je me dois de souligner de nouveau les lacunes et les conséquences négatives du projet de loi .
En mai dernier, lorsque j’ai fait part de mes inquiétudes, j’ai porté à l’attention de la Chambre la tragédie dévastatrice qu’ont vécue les membres de la famille Van de Vorst, dans ma ville, Saskatoon. Au début de l’année dernière, ils ont perdu quatre membres de leur famille aux mains d’un conducteur aux facultés affaiblies. C’est une tragédie inqualifiable. Selon certains, il s’agissait du pire accident de la route de l’histoire de Saskatoon. Linda et Lou Van de Vorst ont perdu leur fils, leur bru et leurs deux petits-enfants lorsqu’un conducteur intoxiqué a déboulé dans l’intersection de la route Wanuskewin et de la route 11. En cette soirée de janvier, les vies de quatre membres de leur famille ont été anéanties. Avant-hier soir, on a érigé le premier panneau commémoratif en bordure de la route pour ne jamais oublier. On peut y lire le nom des Van de Vorst.
Je suis certain que nous avons tous déjà traversé une intersection où nous avons aperçu des fleurs, une croix blanche ou un ourson, mais il s’agit du premier panneau en Saskatchewan qui affiche les noms des victimes. Ces victimes s’appelaient Jordan, Chanda, Kamryn et Miguire Van de Vorst. Alors voici ce que je demande aux députés: Linda et Lou Van de Vorst seront-ils capables de conduire sur cette route à nouveau, ou chercheront-ils plutôt une route de rechange pour ne pas croiser ce panneau? Le conducteur intoxiqué présentait une alcoolémie trois fois supérieure à la limite permise. Il a été condamné à 10 ans d’incarcération, sans plus.
Je pourrais aussi vous raconter l’histoire de Melanie et Allan Kerpan, une autre famille qui a subi une horrible perte. Il y a tout juste une semaine aujourd’hui, la famille Kerpan a dévoilé un panneau sur la route 11, sur lequel on peut lire : « À la mémoire de Danille Brooke Kerpan ». Il y a trois ans, leur fille Danille conduisait sur une route à deux voies lorsqu’un conducteur en état d’ébriété qui roulait en sens inverse — selon toute vraisemblance depuis plusieurs kilomètres et de longues minutes — a embouti son véhicule et fauché sa vie. Allan Kerpan est venu à Ottawa il y a environ un an et demi pour nous entretenir de cette tragédie.
J'ai mentionné les Kerpan parce qu'Allan est un très bon ami à nous et qu'il a déjà été député de Blackstrap. Toute la famille Kerpan a parlé publiquement du changement d'attitude relativement à la conduite en état d'ébriété et de la nécessité de faire de la sensibilisation et de l'éducation.
La Saskatchewan Government Insurance, ou SGI, a mené une campagne provinciale montrant de vraies victimes d'accidents causés par des conducteurs aux facultés affaiblies. Imaginons que ces visages disparaissent un après l'autre à l'écran de télévision. Nous perdons une personne, puis une autre, et une autre. C'est un message publicitaire de 30 secondes à la télé saskatchewanaise.
Je repose ma question: chaque fois que Melanie et Allan Kerpan quitteront leur ferme familiale à Kenaston pour se diriger vers le sud sur l'autoroute 11, en approchant de Bladworth, où l'accident s'est produit, cette tragédie leur reviendra-t-elle en mémoire à cause d'un panneau?
Malheureusement, ma province, la Saskatchewan, a l'un des taux les plus élevés, si ce n'est le plus élevé, de conduite avec facultés affaiblies au pays, selon un rapport de 2015 de Statistique Canada, et il y a des familles qui en souffrent. Je viens de parler de deux familles parmi de nombreuses autres dans ma province. En 2016 seulement, il y a eu 6 377 cas de conduite avec facultés affaiblies dans notre province. Dans ma ville, Saskatoon, qui compte moins de 300 000 habitants, nous avons eu 649 cas de conduite avec facultés affaiblies.
Ces chiffres sont inacceptables et révèlent que la conduite avec facultés affaiblies représente un risque sérieux pour la vie et le bien-être des gens de ma circonscription, de ma province et du Canada.
Nous sommes actuellement saisis du projet de loi qui porte sur la conduite avec capacités affaiblies par la drogue, notamment la marijuana. Cette mesure législative comporte des lacunes substantielles auxquelles le gouvernement libéral refuse de remédier.
En fait, c'est le projet de loi qui sous-tend le projet de loi . Il est tout simplement ridicule de prétendre que cette mesure législative empêchera les enfants de se procurer de la marijuana et que les criminels cesseront de tirer profit de la vente de cette substance. J'ai déjà déclaré à la Chambre que c'est carrément faux. C'est une fausse nouvelle, si je puis dire. La limite d'âge fixée pour la consommation d'alcool n'empêche pas les mineurs de boire s'ils le veulent. Les criminels seront toujours capables de tirer profit du marché noir de la marijuana et, à cause du projet de loi , ils trouveront davantage de cibles faciles chez les mineurs.
Il a été question du fardeau que le projet de loi fait peser sur la police et le système judiciaire. Lorsqu'on jette un coup d'oeil aux statistiques de 2015, on constate que les infractions de conduite avec facultés affaiblies par la drogue étaient en augmentation à l'échelle nationale, avant même que la consommation de marijuana n'ait été légalisée. Cet état de fait devrait inquiéter sérieusement les députés, notamment parce que les infractions de conduite avec facultés affaiblies par la drogue prennent plus de temps à être réglées devant les tribunaux que les infractions de conduite en état d'ébriété et que, par surcroît, il est moins probable qu'elles donnent lieu à une condamnation.
Comme le nombre de personnes qui consomment de la marijuana ou qui en font l'essai pour la première fois augmentera, ces statistiques s'aggraveront sans doute nettement après la légalisation. Le gouvernement ne semble pas tenir compte de la difficulté de contrôler adéquatement la conduite avec les facultés affaiblies par les drogues, ni des ressources qui seront nécessaires pour y arriver. Contrairement aux cas de conduite avec les facultés affaiblies par l'alcool, dont le nombre augmente, nous le savons, à certains moments, comme les vendredis et les samedis soir, la conduite avec les facultés affaiblies par les drogues pose un problème, je crois, car elle surviendra n'importe quand. Voici ce que Statistique Canada dit à ce sujet dans un rapport:
Cela donne à penser que la conduite avec les facultés affaiblies par la drogue pourrait s’avérer plus difficile à combattre que la conduite avec les facultés affaiblies par l’alcool puisque des recherches ont montré que le fait de viser les périodes de pointe connues serait l’une des approches les plus efficaces pour lutter contre l’alcool au volant.
Des représentants de l'Association canadienne des chefs de police et du service de police de Saskatoon ont déclaré au comité fédéral qu'ils ont besoin de plus de temps pour bien former les agents sur les nouvelles lois en matière de cannabis. Ils ont aussi indiqué qu'ils devaient plus que doubler le nombre d'agents certifiés pour faire passer des tests de dépistage en bordure de route afin de déterminer si les facultés d'un conducteur sont affaiblies par la drogue. Les policiers ont demandé au gouvernement libéral de reporter la date de la légalisation du pot, parce qu'il n'y a aucune chance qu'ils soient prêts pour le 1er juillet.
Passons maintenant à un autre aspect qui risque d'être extrêmement problématique: la culture de plants de marijuana. Pas plus tard que la semaine dernière, les représentants de l'association des courtiers immobiliers de la Saskatchewan sont venus me voir pour en savoir plus sur les droits des propriétaires qui louent leur propriété. Ont-ils des droits? Chose certaine, ils n'ont jamais été consultés.
Comme je le disais plus tôt, les policiers se retrouveront avec ce fardeau parce que le gouvernement libéral nous pousse dans le dos pour adopter le projet de loi au plus vite. Je me demande toutefois s'il écoute seulement les doléances des gens.
L'éducation est sans doute l'aspect le plus important de tous, et rien n'a encore été fait. Le gouvernement affirme qu'il va s'y mettre en décembre, c'est-à-dire six ou sept mois avant la date où le pot sera légal, le 1er juillet. Les jeunes de 15 ans et plus sont vulnérables, mais on ne leur a pas expliqué ce qui arrive quand on conduit après avoir bu et consommé de la marijuana. Le gouvernement n'a même pas communiqué avec l'Association canadienne des commission/conseils scolaires pour discuter de la question. L'absence de sensibilisation nous inquiète profondément, et le fait que le gouvernement n'ait pas encore bougé est loin d'arranger les choses.
En terminant, le projet de loi est truffé de défauts qui doivent être corrigés si nous voulons assurer la sécurité et le bien-être des électeurs de ma circonscription et du reste du pays.
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Monsieur le Président, au cours de l'été, j'ai entrepris de tenir cinq assemblées publiques non seulement au sujet de la mesure législative du gouvernement sur la légalisation de la marijuana à des fins récréatives, mais aussi au sujet du projet de loi , que nous débattons à la Chambre aujourd'hui. J'ai ouvert toutes grandes les portes et j'ai invité les concitoyens qui le souhaitaient à participer aux assemblées afin que tout le monde comprenne parfaitement ce qui est proposé dans les deux mesures législatives. C'est grâce à ces cinq rencontres que j'ai mieux compris les préoccupations non seulement de M. et Mme Tout-le-Monde, mais aussi des dirigeants des collectivités, comme les maires, les préfets et les conseillers.
On ne devrait pas écouter ses concitoyens uniquement au cours des assemblées publiques. Tous les élus devraient souscrire à cette idée. À vrai dire, peu de députés ministériels ont tenu d'assemblées publiques sans restrictions, tant au sujet du projet de loi que du projet de loi .
À mon avis, la légalisation de la marijuana à des fins récréatives est l'un des changements les plus importants qu'on ait apportés de mon vivant à la Loi réglementant certaines drogues et autres substances. Or, peu de députés ministériels ont profité de l'occasion pour rencontrer leurs concitoyens au cours d'une assemblée transparente. S'ils l'avaient fait, non seulement ils auraient compris très vite qu'il est impossible de respecter l'échéancier politique du gouvernement libéral, à savoir le 1er juillet 2018, en vue de légaliser la consommation de la marijuana à usage récréatif, mais ils se seraient aussi rendu compte que cet échéancier augmenterait inutilement les risques de subir des lésions corporelles sur les routes et les autoroutes du pays.
Lors d'une récente réunion du Conseil de la fédération, le premier ministre du Manitoba, Brian Pallister, a demandé que l'on repousse le délai du 1er juillet 2018 fixé par le gouvernement libéral pour la légalisation de la marijuana. En réponse à la demande du premier ministre Pallister, les premiers ministres des provinces ont mis sur pied un groupe de travail officiel sur la marijuana, coprésidé par la ministre de la Justice du Manitoba, Heather Stefanson. Depuis, le groupe suit de près le débat à la Chambre et aux réunions du comité sur le projet de loi.
Comme l'ont affirmé de nombreux témoins experts au comité ou aux nouvelles, il est tout simplement inconcevable de s'attendre à ce que les services de police et la GRC soient prêts pour l'échéance actuelle du 1er juillet.
Le mercredi 20 septembre dernier, le directeur Mario Harel, président de l'Association canadienne des chefs de police, a témoigné devant le comité. Il a déclaré ceci:
La question que beaucoup de gens des services policiers se posent porte sur le degré de préparation auquel le gouvernement et, plus important encore, les collectivités s'attendent des forces policières. Nous pouvons bien atteindre un tel ou tel degré de préparation en juillet 2018, mais est-ce que nous serons en mesure de répondre aux objectifs de sécurité publique au niveau que les Canadiens attendent de nous?
La question va droit au coeur des préoccupations exprimées publiquement par de nombreux députés, dont les députés libéraux d'arrière-ban.
La science nous a appris que l'affaiblissement de la capacité à conduire qu'entraîne la consommation de cannabis varie grandement d'une personne à une autre. Le degré d'incapacité d'une personne peut dépendre de la fréquence de la consommation légale ou illégale de cannabis. Par exemple, l'incidence sur les facultés et l'organisme ne sera pas la même selon que l'on consomme du cannabis depuis 20 ans chaque jour ou une fois par mois. Voici un exemple précis.
Durant une assemblée publique, une habitante de ma circonscription a indiqué que, depuis des années, elle consomme de la marijuana prescrite à des fins médicales. Elle la prend sous forme comestible pour soulager ses douleurs chroniques. Elle a déclaré publiquement, non seulement à l'assemblée, mais aussi dans le journal local, qu'il serait plus dangereux qu'elle conduise sans être sous l'influence de la marijuana. Je ne suis pas un spécialiste de la médecine et je ne prétends pas saisir l'incidence précise de la marijuana sur les fonctions cognitives, mais je soutiens néanmoins que conduire sous l'influence du cannabis est tout aussi dangereux que de le faire avec les facultés affaiblies par l'alcool ou certains médicaments sur ordonnance.
Bien que ce soit ma conviction, j’ai été vraiment choqué d’entendre certaines personnes qui consomment de la marijuana depuis des années, voire, dans certains cas, depuis des décennies, rejeter cette hypothèse. Ils la rejettent parce que, à leur avis, la sécurité publique n'est absolument jamais compromise lorsqu'ils conduisent sous l’influence du cannabis. C’est terriblement inquiétant, et je suis certain que si l’on dit cela à un député conservateur, une question s'impose: quelles autres croyances bien ancrées les Canadiens qui consomment depuis longtemps de la marijuana ont-ils?
Quant au projet de loi, il ne fait pas l’ombre d’un doute que, dans sa forme actuelle, il sera presque immédiatement contesté devant les tribunaux après son entrée en vigueur. Si j’en suis si sûr, c’est que des Canadiens seront malheureusement arrêtés et accusés de conduite avec facultés affaiblies par le cannabis et que les avocats qui les défendront chercheront tous les moyens possibles de faire réduire les accusations dont ils font l’objet, comme le laissent entendre d’ailleurs sans aucun doute les preuves empiriques.
Nous savons que la législation actuelle en matière d’alcool au volant est le domaine du droit pénal qui donne lieu au plus grand nombre de litiges. Quant au moyen de déterminer le nombre exact de nanogrammes de THC par millilitre de sang, j'ai été ravi d'entendre même des députés libéraux, comme celui de , s’interroger sur les critères objectifs que pourraient utiliser les services de police.
Ce qui est déconcertant, c’est que la n’a pas répondu directement à la question de son collègue. Elle s’est contentée de faire remarquer que le gouvernement avait mis sur pied un comité chargé d’étudier la conduite avec facultés affaiblies, en négligeant de répondre à la question sur les paramètres à établir pour déterminer l’affaiblissement des facultés.
Je ne suis pas le seul à poser ces questions. L’Association du Barreau canadien recommande au gouvernement fédéral de fonder toute mesure de la concentration de drogue dans le sang sur des données scientifiques bien établies qui démontrent un lien entre la concentration de THC et l’affaiblissement des facultés. Le document d’information remis à la ministre de la Justice souligne les difficultés associées au fait de retenir certaines concentrations de drogue dans le sang pour établir un critère objectif de sanction et de corréler ensuite les résultats à l’affaiblissement des facultés. On va même jusqu’à dire que légiférer sur les niveaux de concentration de drogue dans le sang est problématique.
Bien que l'Association du Barreau canadien soit vraisemblablement consciente que les tribunaux du pays seront bientôt enfoncés dans un véritable bourbier juridique, il est judicieux de prendre un moment pour se demander si le gouvernement ne se précipite pas sans avoir les données scientifiques nécessaires pour soutenir le projet de loi qu'il propose.
Nous voulons tous éviter que circulent sur les routes et les autoroutes les personnes qui prennent la fâcheuse décision de prendre le volant après avoir pris une bière de trop — et bientôt un joint de trop. Dans cette optique, il est consternant d'entendre des juristes et des consommateurs de marijuana affirmer que le projet de loi du gouvernement libéral ne résisterait pas nécessairement à une contestation judiciaire musclée présentée par une équipe d'avocats de la défense bien financée.
Je m'inquiète également du fait que les coûts liés au projet de loi seront assumés par les provinces et les villes. C'est l'un des enjeux les plus préoccupants que les autres ordres de gouvernement ont soulevés.
Plus tôt cet été, j'ai écrit au directeur parlementaire du budget pour lui demander de faire une analyse complète des coûts de mise en oeuvre de la loi du gouvernement libéral visant à légaliser la marijuana. Le mois dernier, j'ai reçu une réponse dans laquelle il souligne le manque de transparence du gouvernement libéral et le fait que celui-ci a l'intention de refiler les coûts de cette mesure aux provinces.
Selon la lettre du directeur parlementaire du budget, le ministère de la Justice a répondu à ses demandes d'information en disant que le coût estimé de la légalisation de la marijuana était un renseignement confidentiel du Cabinet. Sécurité publique Canada et Santé Canada ont aussi fourni des réponses semblables au directeur parlementaire du budget. Voici un extrait de sa réponse:
Cela prouve que le gouvernement fédéral a accès à certaines prévisions de coûts relativement aux projets de loi C-45 et C-46. Toutefois, à défaut de ces renseignements, il est difficile pour le Bureau du directeur parlementaire du budget de faire une bonne analyse des coûts.
J'ai demandé une analyse en profondeur des coûts de plusieurs mesures qui préoccupent les gens de ma circonscription, notamment les campagnes de sensibilisation et l'élaboration d'une réglementation en matière de santé et de sécurité au travail. Nous savons que le a lancé l'idée de partager les taxes d'accise fédérales à parts égales avec les provinces, mais cela n'a pas calmé les premiers ministres et les ministres des Finances des provinces.
Que les députés ne s'y trompent pas: l'adoption des projets de loi et ne fera diminuer ni les coûts de la surveillance policière, ni les frais juridiques ni les retards judiciaires. Certains analystes aussi bien intentionnés que mal informés affirment que les ressources des services policiers pourront désormais servir, comme par magie, à lutter contre les infractions beaucoup plus graves que la simple possession de marijuana, mais c'est carrément faux.
D'une part, comme pour tout ce que le gouvernement réglemente, légifère et surveille, il n'y aura pas d'économies lorsqu'on tiendra compte de tout, du matériel à la formation en passant par les formalités administratives et la simple paperasse. D'autre part, comme les provinces l'ont annoncé, le gouvernement restreindra tellement les conditions légales d'achat de la marijuana récréative que le vendeur de drogue du coin n'a fait qu'applaudir au projet de loi, car ses affaires continueront de bien aller.
La légalisation de la consommation de la marijuana à des fins récréatives et la modernisation du Code criminel de manière à ce que les policiers disposent des outils et du cadre juridique nécessaires pour protéger la population ne vont pas nécessairement de pair.
Le gouvernement ne devrait absolument pas précipiter la légalisation de la marijuana récréative sans attendre un certain temps après l'entrée en vigueur du projet de loi . Il faut d'abord mettre à l'essai et examiner le projet de loi et le gouvernement fédéral doit financer la très grande majorité des dépenses initiales qui en découleront. Il ne faut pas tenir pour acquis que les provinces et les municipalités assumeront la facture. Par surcroît, le gouvernement doit tenir compte des préoccupations qu'elles ont exprimées quant aux échéances proposées par les libéraux.
Comme je l'ai déclaré à maintes reprises, le gouvernement libéral devrait procéder avec prudence en ce qui concerne les mesures législatives sur la marijuana récréative. Il doit repousser l'échéance qu'il a établie pour des motifs politiques, divulguer le coût réel de la légalisation de la marijuana, et fournir aux municipalités et aux provinces les ressources nécessaires pour assurer la sécurité des Canadiens.
D'ici là, nous ne devrions pas poursuivre l'étude de ce projet de loi. J'invite les libéraux à prêter oreille aux innombrables voix qui expriment des préoccupations similaires.