Que le Comité permanent de la sécurité publique et nationale reçoive instruction d’entreprendre une étude sur la criminalité en milieu rural au Canada et de se pencher sur les éléments suivants, entre autres: (i) les taux et les tendances de la criminalité en milieu rural à l’heure actuelle, (ii) les ressources et les politiques actuelles de la GRC et des autres corps policiers dans les collectivités rurales, éloignées et autochtones, en ce qui concerne en particulier la densité de la population, l’aire géographique relevant du corps policier et les pénuries de personnel, (iii) les partenariats actuels avec les corps policiers provinciaux, municipaux et autochtones, (iv) les mesures qui pourraient favoriser la prévention du crime et freiner le taux de la criminalité, et que le Comité fasse rapport de ses constatations à la Chambre dans les six mois suivant l’adoption de cette motion.
— Monsieur le Président, j'ai l'honneur de prendre la parole aujourd'hui au sujet de la motion M-167, qui demande que le comité de la sécurité publique et nationale entreprenne une étude complète et actuelle de la criminalité en milieu rural au Canada.
Je tiens à reconnaître les efforts du groupe de travail albertain sur la criminalité en milieu rural en vue de faire valoir cette cause.
La criminalité en milieu rural touche les citoyens de nos circonscriptions. Les députés de l'Alberta rurale collaborent avec des représentants de la province et des municipalités ainsi qu'avec des groupes de citoyens pour entendre le témoignage de victimes de criminalité, de représentants des organismes d'application de la loi, voire parfois de délinquants, afin de trouver des solutions concrètes pour réduire la criminalité en milieu rural et protéger les droits des victimes. Je sais que les députés de toutes les régions rurales du Canada et de tous les partis entendent les mêmes préoccupations de la part de leurs concitoyens.
Les habitants de Lakeland ne se sentent pas en sécurité chez eux ni au travail à cause du nombre croissant de vols et d'introductions par effraction qui ont lieu dans les petites villes, les fermes familiales et les entreprises. La motion est un premier pas qui vise à formuler des recommandations concrètes afin d'améliorer la prévention de la criminalité en milieu rural et de réduire le taux de criminalité en hausse.
La motion M-167 demande une évaluation des taux et des tendances de la criminalité en milieu rural au Canada. En 2015, le taux de crimes déclarés par la police au Canada a augmenté pour la première fois en plus d'une décennie — en plus de 12 ans, en fait. Il a encore augmenté en 2016. Ainsi, ce que vivent les habitants des régions rurales de l'Alberta et les gens de partout au Canada est bien reflété dans ces données officielles. Bien des gens sont à juste titre frustrés et furieux. Beaucoup ont été victimes à plusieurs reprises de crimes de plus en plus violents.
Une habitante de ma circonscription, Barbara, a dit: « Quand vous racontez aux gens que vous avez été victime d'une introduction par effraction, ils vous disent pratiquement tous avoir vécu une histoire similaire. Vous avez donc raison quand vous dites que le nombre de cas augmente et que nous sommes tous effrayés et frustrés. »
Le Canada a nettement besoin que l'on étudie en profondeur, de manière formelle, la question de la criminalité dans les régions rurales, de manière à produire des statistiques à partir desquelles des recommandations tangibles pourront être faites et des mesures concrètes pourront être prises, dans le but de combattre cette crise. Il faut procéder à l'analyse et prendre des mesures sans tarder parce qu'il s'agit d'un problème urgent.
Les gens de ma circonscription ne veulent pas que l'on soit pris dans un cycle interminable d'études et de rapports. Ils veulent qu'on agisse. Cependant, comme la hausse considérable de la criminalité est un phénomène relativement récent, les autorités fédérales n'ont pas encore entrepris une étude exhaustive de l'ensemble des facteurs en cause, et la motion M-167 est le moyen dont je dispose, en tant que simple députée, pour que le problème de la criminalité dans les régions rurales apparaisse au moins sur le radar fédéral.
Une femme de ma circonscription du nom de Colleen me dit ceci: « Dans notre région, tout le monde s'inquiète énormément du problème de la criminalité rurale et du manque de sécurité des personnes [...] Partout autour de nous, des voisins se font voler leur véhicule ou cambrioler leur maison [...] c'est une épidémie. »
Une autre femme, qui habite dans le centre de l'Alberta et qui se nomme Rose, me dit ceci: « Si nous ne sommes pas capables de nous sentir en sécurité chez nous, il faudrait essayer de savoir pourquoi. »
Quant à Ben, il me dit ce qui suit: « Je possède une propriété dans une région rurale, et nous sommes complètement frustrés. Jusqu'à maintenant, nous avons perdu trois véhicules, des quantités énormes de gazole, plusieurs batteries, des outils, de l'argent, des cartes de crédit et de la précieuse argenterie de famille. »
Les commentaires reçus de la part de certains membres de la GRC de Lakeland nous indiquent que les crimes contre la propriété ont augmenté de 80 %, les vols de véhicule, de 58 % et les vols de biens de moins de 5 000 $, de 105 %. Dans les régions rurales de l'Alberta, les crimes contre la propriété ont augmenté de 41 % au cours des cinq dernières années, tandis que la population n'a augmenté que de 8 %.
Kevin, de Lakeland, affirme ce qui suit: « Malheureusement, beaucoup de gens dans notre région ont subi les répercussions de vols, d'entrées par effraction et de dommages causés par des gens qui veulent s'approprier ce qui ne leur appartient pas. »
Jennifer dit: « Je connais plus de gens qui ont été cambriolés que de gens qui ne l'ont pas été. C'est plus que décourageant, et c'est terriblement injuste. En raison de l'endroit où nous habitons et de l'insuffisance des effectifs policiers, nous sommes des cibles faciles. »
Brad, pour décrire un incident survenu près de sa ferme, affirme: « Les policiers sont venus le lendemain pour prendre une déposition [...] la morale de l'histoire, c'est que j'ai compris que la seule personne qui peut protéger ma famille et ma propriété, c'est moi. Une fois que j'aurai téléphoné aux voisins, peut-être que j'appellerai la police. Malheureusement, quand les policiers arriveront enfin, ce sera moi le “méchant”. »
Cela arrive beaucoup trop souvent. Les crimes en région rurale à l'échelle du Canada ont connu la plus forte croissance en Alberta, à 10 %, mais ils ont augmenté partout dans l'Ouest canadien, au Nouveau-Brunswick et dans les Territoires du Nord-Ouest. Un rapport récent de la GRC révèle que les crimes contre la propriété dans les régions rurales de l'Alberta ont atteint des sommets sans précédent dans l'histoire récente.
Le maintien de l'ordre dans les régions rurales est bien différent de celui dans les centres urbains. Dans ma circonscription, la région de St. Paul est en proie à une vague de crime et c'est là que le bureau du procureur de la Couronne a le plus de dossiers à traiter en Alberta, l'arriéré étant de 2 000 dossiers, comparativement à 800 dans un bureau d'Edmonton.
Le système judiciaire et les organismes de maintien de l'ordre sont aux prises avec des défis uniques dans les milieux ruraux au Canada. Le comité étudierait les ressources et les politiques de la GRC dans les collectivités rurales, éloignées et autochtones en fonction de la densité de population, de l'emplacement géographique et des pénuries de personnel.
C'est la raison pour laquelle la motion M-167 demande également d'étudier les partenariats actuels avec les corps policiers provinciaux et municipaux.
C'est actuellement la GRC qui assure le services de police dans la plupart des zones rurales du Canada, sauf au Québec et en Ontario, qui ont une police provinciale. La GRC y fournit aussi des services de police fédérale bien définis comme dans le reste du pays. Bien des grandes villes et districts ont leur propre police municipale. Toutefois, plus de 150 municipalités, trois aéroports internationaux et 600 collectivités autochtones ont conclu un contrat avec la GRC pour la prestation de services locaux.
La GRC doit couvrir des milliers de kilomètres mais dispose de ressources très limitées. La simple absence de réseau cellulaire ou d'éclairage dans les rues sur de longues distances peut retarder une intervention. Les habitants sont donc vulnérables.
Candace a dit: « Nous exploitons une grande ferme qui est notre principale source de revenu. Quelqu'un est entré par effraction dans notre atelier et a mis sens dessus dessous la cabine du camion semi-remorque. Tout était pêle-mêle, notamment les enregistrements, lunettes, CD et dossiers. Il y avait des empreintes de pas bien visibles mais la GRC s'est pointée une semaine plus tard. »
En fin de semaine, un membre de la même famille qui habite un peu plus loin sur la même route s'est fait voler son camion par trois criminels pendant que ses enfants jouaient dans la cour. Cela donne la frousse, car, s'il arrive quoi que ce soit, les agents de la GRC qui seraient dépêchés sur les lieux se trouvent à 60 kilomètres.
Partout au Canada, les agents de la GRC disent eux-mêmes craindre pour leur sécurité et la sécurité des collectivités dans lesquelles ils travaillent.
Par exemple, au poste de la GRC de Lakeland, il n'y a que quatre personnes pour couvrir un territoire de 2 200 kilomètres carrés où vivent 8 300 Albertains. En fait, deux de ces membres de la GRC sont rarement en service en même temps, et un autre doit souvent rester au poste pour des tâches administratives.
À l'échelle nationale, plus d'un poste sur dix à la GRC est à pourvoir. Depuis avril 2017, 230 postes sont à pourvoir en Alberta.
Caroline dit ceci: « Un voisin a appelé la GRC après une entrée par effraction. La GRC n'est jamais venue ce jour-là, ni le lendemain. Elle n'est pas venue du tout. »
Actuellement, en Saskatchewan, environ 925 membres de la GRC sont répartis dans 87 postes dans des collectivités rurales visées par des ententes sur les services de police communautaires. On compte 250 autres agents dans les plus grands postes municipaux, et 33 agents participent à des ententes sur les services de police communautaires conclues avec les nations autochtones de la province.
Au Manitoba, les postes de la GRC peinent depuis des années à pourvoir des postes dans des communautés rurales et autochtones où les effectifs policiers sont limités.
L'épuisement professionnel à la GRC est un problème national qui est particulièrement grave au Manitoba. Les communautés rurales et autochtones sont donc moins bien protégées et moins sécuritaires, et la situation mine le moral et augmente le stress au sein de l'effectif de la GRC.
Les membres de la GRC se disent très inquiets pour le bien-être psychologique et physique de leurs collègues. Cette situation met en relief un problème clé dont nous ont fait part les intervenants responsables de l'application de la loi: si la population en général prend conscience de l'amenuisement des ressources policières, on peut raisonnablement s'attendre à ce que la population se sente moins en sécurité et à ce que les criminels s'enhardissent.
Tous autant que nous sommes, nous respectons le dur travail et les sacrifices que font les agents de la GRC. Si nous disposions d'une évaluation rigoureuse et à jour, nous pourrions mieux déterminer les ressources à leur fournir et les mesures à prendre pour qu'ils puissent mieux servir et protéger les localités rurales. Nous pourrions également voir si les annonces des derniers temps ont eu des résultats mesurables.
Les habitants et les entreprises des petites villes et des secteurs ruraux de Lakeland me disent craindre les entrées par effraction et les cambriolages. Ils prennent les moyens pour se défendre eux-mêmes: ils s'entendent par exemple entre voisins pour garder un oeil sur la propriété de l'autre, ils organisent des réseaux de surveillance des secteurs ruraux et ils font des patrouilles citoyennes.
Une personne m'a même dit qu'elle s'était dotée d'un système d'alarme, mais que cela ne la rassurait guère vu le temps que mettent les policiers à se rendre sur les lieux d'un appel.
La survie des petites entreprises est devenue un problème de taille dans les zones rurales parce que la criminalité est omniprésente. Or, les petites entreprises sont essentielles à la bonne marche de l'économie canadienne, surtout dans les régions rurales, où les emplois se font rares.
Depuis des années, les petites entreprises se font vandaliser et sont victimes d'actes de plus en plus violents. Je pense par exemple aux vols à main armée dont ont été victimes le magasin général de Boyne Lake, l'hôtel de Vegreville, le détaillant de boissons alcooliques de Bonnyville, le boucher d'Eckville et un magasin d'articles de sports de Caroline. Les entreprises appellent tellement souvent les autorités pour signaler une entrée par effraction que les compagnies d'assurance finissent par refuser de les assurer.
Le 28 janvier, le Globe and Mail a justement parlé de la survie des petites entreprises dans les régions rurales du Canada. Voici ce qu'on y disait:
Les agriculteurs et les chefs d'entreprise qui ont été pris pour cible à de nombreuses reprises s'étonnent de la hardiesse des crimes contre la propriété commis ces derniers temps. Même quand les occupants sont sur place, les voleurs n'hésitent pas à s'emparer des appareils électroniques, de l'équipement de ferme et des armes à feu.
Cependant, la question est claire. Qu'est-ce qui incite les propriétaires d'entreprise à demeurer dans les régions rurales? Il leur en coûte peut-être plus maintenant de rester en affaires que de mettre la clé sous la porte. Les entreprises et les employés doivent pouvoir prospérer dans les régions rurales du Canada, au lieu d'en être chassés par des criminels et des récidivistes. On doit partout accorder la priorité aux droits des propriétaires d'entreprise et des résidants respectueux de la loi plutôt qu'à ceux des criminels.
L'étude mandatée par la motion M-167 pourrait fournir les statistiques et le contexte pour établir tous les facteurs responsables de la hausse de la criminalité en milieu rural.
Partout au Canada, nombre de municipalités et d'associations municipales réclament des mesures. L'association des municipalités rurales de la Saskatchewan a préconisé récemment l'alourdissement des peines pour ceux qui sont reconnus coupables de crimes en milieu rural, la restriction de l'accès aux propriétés rurales, l'augmentation des ressources de la GRC pour traiter des vols de biens agricoles dans les régions rurales, et l'élargissement des droits et des justifications des personnes pour se défendre, ainsi que leur famille et leur propriété.
Les électeurs de ma circonscription demandent des peines plus sévères pour mettre un terme au syndrome de la porte tournante pour les récidivistes. Puisque la GRC n'est pas en mesure de répondre assez rapidement en cas d'urgence, ils ont peur de se retrouver dans une situation sans issue s'ils sont contraints de se défendre, ainsi que leur famille, leur maison, leur propriété ou leur entreprise.
Voici ce qu'a dit Silke: « Chaque fois que nous entendons un bruit étrange, nous regardons par la fenêtre; chaque fois que les détecteurs de sécurité de notre commerce se déclenchent par erreur, notre taux d'adrénaline grimpe au plafond. Chaque véhicule qui roule lentement nous donne la chair de poule. En général, les gens du voisinage sont tous sur le qui-vive. »
Écoutons maintenant Caroline: « Une de mes voisines était à la maison avec ses cinq enfants. Des gens traînaient dans sa cour, et elle ne pouvait rien faire pour les empêcher de fouiner. Un véhicule les attendait de l'autre côté des arbres. Ce genre de chose se produit et ira en empirant, selon moi. » Elle se demande quelle est la tâche la plus importante du gouvernement, sinon de protéger les citoyens.
Monique a dit ceci: « Quand je rentre à la maison, les enfants sont encore à l'école et mon mari est au travail. Je suis nerveuse, prudente et effrayée. Vais-je découvrir, en arrivant, que nous sommes les dernières victimes? Pire encore, vais-je arriver en plein milieu du crime? Je me retrouverai alors entre les délinquants et leur chemin vers la liberté. Qu'arrivera-t-il, dans ce cas? Nous aurons tous le réflexe de nous sauver ou de nous battre. Je ne serai pas armée, c'est certain. Je n'aurais jamais pensé que les zones urbaines deviendraient un jour plus sécuritaires que les zones rurales. Nous avons choisi de vivre en région rurale parce que nous nous y sentions en sécurité, mais maintenant, nous sommes des cibles faciles et vulnérables, d'une certaine manière. »
L'augmentation de la criminalité en milieu rural a coïncidé avec la montée de la crise des opioïdes au Canada. En 2016, l'Alberta, la Colombie-Britannique, les Territoires du Nord-Ouest et le Yukon affichaient parmi les taux les plus élevés au pays de décès en apparence liés aux opioïdes par 100 000 personnes, ainsi qu'un nombre de décès causés par le fentanyl supérieur à celui des autres provinces. La hausse de la criminalité en milieu rural est apparue en même temps. Plusieurs communautés des Premières Nations ont déclaré un état d'urgence à la suite de l'augmentation du nombre de surdoses d'opioïdes, qui s'est accompagnée d'une montée en flèche du taux de criminalité.
Tous les députés et tous les partis réclament des mesures pour lutter contre la crise des opioïdes au Canada et, bien qu'il y ait de nombreux facteurs pertinents à examiner, cette motion offre une occasion de charger le comité approprié d'évaluer ce problème urgent dans le contexte de la progression simultanée de la consommation d'opioïdes et de la criminalité en milieu rural.
Certains responsables de l'application de la loi estiment que le manque de personnel de la GRC et les autres défis avec lesquels cette dernière est aux prises dans les régions rurales sont un facteur dans la hausse des crimes liés à la drogue et des activités du crime organisé en milieu rural. Dans l'ensemble, l'un des grands problèmes est le fait qu'il y a un grand nombre de questions auxquelles nous n'avons pas de réponse. Cette motion est une première étape qui permettrait au gouvernement fédéral de reconnaître explicitement que le problème est urgent et de commencer à prendre des mesures pour s'y attaquer.
Lorsque Kevin a été victime d'un vol, il a dit: « Cette expérience m'a vraiment traumatisé, et ma femme Lexie aussi. Elle était à la maison, à seulement 300 pieds du magasin où nos quatre jeunes enfants étaient lorsque ces gens étaient là. Nous n'avons pas de voisins à proximité. Les plus proches sont à deux kilomètres. Au cours des deux dernières années, la manière dont on vit ici a beaucoup changé. Nous avons été profondément touchés et nous hésitons, même deux ans plus tard, à vivre dans un lieu isolé. » Il poursuit: « Certaines des choses qui nous ont été volées étaient irremplaçables et la perte de notre sentiment de sécurité a été ressentie par l'ensemble de notre famille. »
Sharon a dit: « Je n'avais jamais eu peur de rester seule sur notre terrain et je fermais rarement nos portes à clé. Aujourd'hui, toutes les portes de notre propriété sont fermées à clé. Nous avons des lumières sur notre terrain, dont des lumières à détecteurs de mouvements [...] un système d'alarme. Je ne me sens toujours pas en sécurité aujourd'hui. Les policiers sont si éparpillés dans tout ce pays qu'il leur faut parfois deux heures pour intervenir. Je suis une femme âgée de 75 ans, il est tout simplement inadmissible que ces peurs m'habitent alors que je suis une Canadienne libre. »
Judy a dit: « C'est injuste que je sois obligée de vivre dans la peur, avec mes portails fermés à clé et mon téléphone à côté de mon lit, à me réveiller chaque fois que j'entends un bruit! Ce n'est plus l'Alberta que je connais et que j'aime. »
Ces témoignages trouvent écho dans des milliers de collectivités rurales partout au Canada. C'est un problème qui ne fait pas la différence entre les régions ou les lignes de parti et qui touche tout le monde. L'une des responsabilités principales de tout gouvernement est d'assurer la sécurité publique et la sécurité en général de ses citoyens. Les Canadiens devraient pouvoir jouir du sentiment de sécurité qu'ils méritent.
Les résultats de cette évaluation auraient un impact direct sur toutes les collectivités rurales du Canada et profiteraient à chaque circonscription rurale si la motion était adoptée. J'invite donc tous les députés à adopter la motion M-167. Comme l'a dit Darcy de Lakeland, faisons tout pour que la vie rurale soit à nouveau paisible.
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Monsieur le Président, je remercie la députée de de son importante motion. Assurément, tous conviendront que les crimes, peu importe où ils surviennent, sont inacceptables et que les victimes souffrent énormément. Une des principales responsabilités du gouvernement est de prendre tous les moyens pour faire cesser ces souffrances.
Le point qu'elle soulève quant au contexte rural est tout à fait juste. Nous savons que les régions rurales arrivent souvent parmi les premières dans l'indice de gravité de la criminalité de Statistique Canada et que, partout au pays, les crimes contre la propriété sont un fléau dans les communautés rurales, ce qui est complètement inacceptable.
Nous sommes entièrement d'accord avec la députée et nous croyons qu'il faut travailler dans un esprit de collaboration bipartisane afin de trouver des façons d'enrayer ce fléau pour que les histoires dont la députée a parlé cessent d'arriver. Personne au Canada ne devrait avoir peur dans sa demeure. Personne ne devrait craindre pour sa sécurité. Nous avons certainement le devoir d'empêcher que de telles situations ne surviennent.
Dans le cadre du sommet sur les armes à feu et les gangs tenu récemment à Ottawa, des experts des quatre coins du pays ont participé à une session très utile. Venant surtout des régions rurales, ces spécialistes ont parlé de certaines des solutions qu'il faut mettre en place. Ils ont aussi dit qu'il était impératif de comprendre les besoins à l'échelle locale et de débloquer les sommes nécessaires pour y répondre.
En d'autres mots, lorsque je faisais partie du conseil municipal ou du conseil d'administration du service de police régional de Durham, les besoins du district d'Ajax ou de la grande région de Durham n'étaient pas les mêmes que ceux de Lakeland. À l'échelle locale, les responsables comprennent ce qu'il leur faut pour réduire la criminalité et pour améliorer les choses, et ils savent comment ils peuvent renforcer les capacités communautaires pour créer les milieux sûrs souhaités par tout le monde.
C'est l'une des raisons pour lesquelles le gouvernement prévoit 32 millions de dollars pour la première année, somme qui passera ensuite à 100 millions par année en vue de renforcer les capacités des collectivités et de les aider à lutter contre ce problème.
Je tiens aussi à souligner que les communautés autochtones manquent également de ressources. C'est pourquoi nous avons été heureux de signer de nouvelles ententes avec les services de police autochtones. Ces ententes prévoient une augmentation de 291,2 millions de dollars pour les services de police des Premières Nations, dont 144 millions de dollars seront consacrés expressément à la sécurité des policiers, aux services policiers, au matériel et aux salaires. À compter de 2019, 110 postes seront créés, pour un coût total de 44,8 millions de dollars.
Il y a 450 communautés autochtones au pays, et beaucoup des problèmes dont nous discutons ont une incidence sur elles également. Lorsque nous cherchons comment rétablir le financement de la GRC et lui donner davantage de moyens, nous devons aussi tenir compte des communautés autochtones.
Je sais que la députée n'a pas parlé précisément des crimes liés aux armes à feu, mais j'aimerais aussi mentionner le fait que nous constatons une tendance très inquiétante en ce qui concerne les victimes de crimes liés aux armes à feu. Le nombre de crimes liés aux armes à feu a augmenté du tiers partout au pays, et c'est également ce que l'on constate dans les régions rurales. Il ne s'agit pas uniquement de victimes de fusillades par des gangs. On a aussi constaté une augmentation de l'utilisation d'armes à feu dans des cas de violence familiale et, hélas, dans des cas de suicide.
L'augmentation du nombre de crimes liés aux armes à feu nous inquiète énormément parce qu'elle va à l'encontre de la tendance actuelle en matière d'activités criminelles. Cette augmentation est considérable depuis cinq ans. C'est l'une des raisons pour lesquelles nous avons été saisis du projet de loi aujourd'hui. Il ne s'agit pas d'une panacée, mais plutôt d'un élément de solution pour remédier à la hausse du nombre de crimes liés aux armes à feu que nous constatons actuellement au pays.
Même si les crimes liés aux armes à feu semblent souvent être un phénomène urbain, nous savons qu'environ 3 crimes sur 10 liés aux armes à feu sont commis en région rurale. Que ce soit en Saskatchewan ou dans les provinces de l'Atlantique, le nombre de crimes liés aux armes à feu est plus élevé en milieu rural qu'en milieu urbain. La mesure législative sur les armes à feu constitue aussi un grand pas dans la bonne direction.
La GRC est surtout présente dans les régions rurales.
Je veux parler un instant de quelques mesures régionales que prend la GRC pour tenter de régler ce problème. Nous pourrions peut-être envisager d'en développer quelques-unes.
La stratégie de réduction de la criminalité que la GRC met en oeuvre en Alberta, par exemple, aide les policiers à axer leurs interventions surtout sur le petit nombre de gens qui sont à l'origine d'une bonne part des activités criminelles de la province. On constate souvent cette tendance inquiétante. Une grande part des différents crimes dont on entend parler sont commis par un très petit nombre de gens. En concentrant les enquêtes sur ces personnes et en s'en prenant aux responsables, on peut être beaucoup plus efficace.
La section albertaine de la GRC et l'Alberta Rural Crime Watch Association ont dernièrement produit un mémoire qui incite les citoyens à participer activement à la prévention de la criminalité au moyen de programmes de patrouille et par la liaison avec la police. L'Alberta compte aussi quatre équipes de lutte contre la criminalité dirigées par la section albertaine de la GRC. Ces équipes se dispersent en axant leurs activités sur la criminalité en région rurale, comme les cas d'entrée par effraction et de vol de biens. Elles sont à l'origine de plus de 200 arrestations et de nouvelles poursuites au criminel, et elles ont permis de récupérer des biens volés.
Je pense que cela montre ce qui se produit quand les provinces, le gouvernement fédéral et les municipalités travaillent de concert. Je remercie mon collègue de Toronto d'avoir parlé de l'importance de travailler avec les municipalités. La collaboration des divers ordres de gouvernement à la résolution de ce problème sera absolument indispensable à notre succès.
Par ailleurs, nous reconnaissons qu'il est tout à fait essentiel de disposer d'un nombre suffisant d'agents de la GRC. Nous savons que le nombre de cadets inscrits à la GRC a augmenté de 175 % au cours des dernières années. Nous cherchons de plus en plus à nous assurer que la GRC est le reflet des collectivités qu'elle représente. Idéalement, dans les détachements ruraux de la GRC, il devrait y avoir des employés qui viennent de la région même, qui sont au courant de sa situation et de ses problèmes, et qui sont capables d'agir en conséquence.
En Saskatchewan, le programme des agents de sécurité communautaire de la province permet de mieux répondre aux besoins des services de police qui sont hautement prioritaires, mais à faible risque, comme l'application des règlements de la circulation et de ceux qui régissent les boissons alcoolisées, allégeant ainsi la charge des policiers municipaux et des agents de la GRC, qui peuvent donc mettre l'accent sur des besoins plus importants et des crimes plus graves. C'est un autre exemple de la collaboration de divers éléments dans le but de renforcer les capacités locales. Il existe d'autres moyens d'affecter des ressources de manière à ce que la GRC puisse se concentrer sur des problèmes plus graves et de plus grande envergure qui causent beaucoup de tort aux collectivités.
Ce qu'il faut retenir, c'est que la députée de a tout à fait raison de dire que nous avons un problème on ne peut plus inacceptable. Il faut mettre les pleins moyens de l'État à contribution, y compris non seulement la GRC, mais aussi tous les éléments interdépendants de l'État qui pourraient aider à résoudre le problème. Il faut travailler en partenariat avec les provinces et les municipalités, de manière aussi bipartite autant que possible.
Bien que nous ne soyons pas entièrement d'accord au chapitre des solutions, nous convenons tous les deux à la base que le problème est inacceptable, qu'il faut y remédier et que nous devons faire tout en notre pouvoir pour y arriver.
Par conséquent, je suis ravi de collaborer avec la députée d'en face relativement à la motion et, dans un contexte plus large, à ce dossier en général.
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Monsieur le Président, c'est une question particulièrement importante pour moi, parce que je viens d'une région rurale où j'ai grandi.
J'ai parfois l'impression que notre réalité n'est pas bien comprise. En fait, on a souvent des politiques qui s'appliquent mur à mur et on ne comprend même pas notre réalité.
Dans ma région d'Abitibi-Ouest et dans les faits, lors des interventions policières le soir, il y a environ deux équipes de policiers qui patrouillent. On compte donc sur quatre policiers pour couvrir un territoire plus grand que certains pays. Cela représente un défi particulier. Par exemple, un accident d'automobile impliquant deux véhicules peut entraver la circulation. Cela veut dire que l'ensemble de notre force policière est mobilisée par l'accident d'automobile. Les policiers ne peuvent donc pas répondre aux autres besoins de la population. Cela génère des situations assez difficiles, car il arrive parfois en plus qu'un crime soit commis et qu'une personne soit blessée. Dans une telle situation, on est incapable d'avoir une ambulance pour prendre en charge cette personne, parce que le nombre d'ambulanciers est limité le soir. C'est une évidence particulière à la réalité rurale.
Quand il s'agit des corps policiers autochtones, c'est encore plus difficile. Ils ont de très petits effectifs. Si un policier est malade, il faut qu'un autre fasse du temps supplémentaire et les remplacements sont compliqués. En outre, ces policiers font face à des défis sociaux importants.
Lorsqu'on parle de criminalité en milieu rural, on ne peut pas perdre de vue tous les problèmes sociaux sous-jacents. Étudier les problèmes sociaux fait partie de la solution globale. C'est extrêmement compliqué.
Quand on parle des corps policiers autochtones, je ne peux pas passer sous silence la mort du policier Thierry LeRoux. Son décès a créé une onde de choc dans la région d'où je viens. C'était un policier qui travaillait à Lac-Simon et qui a été tué alors qu'il intervenait auprès d'une personne en détresse.
J'ai parlé à son père peu après les événements. C'est un homme extrêmement fort. Pour lui, ce qui était important dans tout cela, c'est que même si on ne pouvait pas lui ramener son fils, il fallait au moins qu'on fasse tout notre possible pour que plus jamais cela ne se reproduise.
C'est pour cette raison qu'une motion comme celle présentée par ma collègue va nous permettre de vraiment nous pencher sur des mesures concrètes pour augmenter l'efficacité tactique et opérationnelle des corps policiers autochtones. C'est primordial de donner à ces policiers les outils nécessaires pour mieux intervenir et répondre aux besoins.
Oui, il faut investir de l'argent, mais il faut aussi concevoir une stratégie à adopter et considérer une façon de penser. Il faut avoir une ouverture d'esprit pour comprendre les besoins de ces corps policiers et, par la suite, voir ce que cela signifie sur le plan financier.
De toute évidence, les investissements supplémentaires qui ont été faits sont appréciés, mais il est important de déterminer s'il y a toujours un manque à gagner par rapport aux besoins, et de mettre en place les capacités opérationnelles appropriées pour ces corps policiers.
J'ai eu l'occasion de discuter avec le chef de police de Pikogan, dans ma circonscription. Ce monsieur me connaît depuis que je suis toute petite et ses soeurs m'ont gardée. On échange maintenant sur ce qui se passe. Il est tellement difficile pour lui d'intervenir, car les situations sont tellement particulières. C'est une réalité souvent difficile à expliquer. De toute évidence, nous devons mieux étudier les capacités opérationnelles de ces corps policiers.
Il y a aussi un problème particulier à la réalité rurale et c'est tout ce qui touche la réhabilitation. Dans un grand centre urbain, on peut sortir de prison et choisir de ne plus voir les personnes qui nous ont menées sur la mauvaise voie. C'est plus facile de mettre un frein à ses anciennes fréquentations. Quand on vient d'un village de 300 habitants, comme faire pour ne plus les voir et ne plus les fréquenter? C'est pratiquement impossible. On n'a pas le choix: il faut s'expatrier.
Il s'agit donc d'un problème particulier, parce qu'il est très difficile pour les personnes qui sortent de prison de ne pas replonger dans le même cercle. C'est pourquoi on doit s'assurer que les mesures de réhabilitation mises en place dans les prisons sont efficaces, afin que les gens des milieux ruraux qui en sortent n'y retournent plus. On doit absolument considérer la réhabilitation dans son ensemble, car c'est un défi particulier que de dissuader ces personnes de retomber dans les mauvaises influences qui les ont conduites à la criminalité.
L'autre particularité majeure de la criminalité en milieu rural, c'est les victimes. Contrairement à la réalité des grandes villes, en milieu rural, les victimes ont de fortes chances de croiser leur agresseur de nouveau, par exemple, en faisant leur épicerie. C'est assez difficile pour les victimes de crimes violents. Celles qui ont cette malchance peuvent souffrir du syndrome de stress post-traumatique de façon chronique, puisque les événements qu'elles revivent ainsi quotidiennement rouvrent la plaie.
D'ailleurs, certaines femmes ne porteront pas plainte, de peur que leur agresseur soit libéré sur promesse de comparaître et reste dans leur milieu, ce qui ne règle pas le problème. C'est souvent plus simple d'essayer de garder cela pour soi. C'est extrêmement problématique pour les victimes qui ne peuvent pas tourner la page parce qu'elles sont constamment replongées dans les événements qu'elles ont vécus.
Par ailleurs, on parle des crimes violents, qui sont particulièrement éprouvants pour les victimes, mais on doit aussi considérer les victimes de petits crimes. Comment une personne réagit-elle lorsqu'elle croise au quotidien la personne qui l'a volée chez elle et qui, faute de preuves et parce que les policiers ne sont pas arrivés à temps, n'a pas été accusée? Que ferait-on dans un cas pareil? C'est une question extrêmement complexe. Tant qu'on n'aura pas compris ce qui se passe en milieu rural, on aura du mal à comprendre ces réalités.
Voilà pourquoi j'aimerais déposer un amendement à la motion M-167.
[Traduction]
Je propose:
Que la motion soit modifiée par adjonction, après les mots « taux de la criminalité, », de ce qui suit:
« (v) les mesures pour améliorer l’efficacité tactique et opérationnelle des services de police autochtones, (vi) les stratégies et les ressources destinées aux systèmes de justice et de réadaptation dans les régions rurales, (vii) l'amélioration du soutien aux victimes de la criminalité en milieu rural, ».
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Monsieur le Président, c'est un plaisir pour moi de parler aujourd'hui d'un enjeu d'une importance fondamentale pour moi, mais aussi pour ma circonscription, Provencher. Provencher est majoritairement rurale, avec quelques centres urbains et de nombreuses localités qu'on peut qualifier de rurales. Aujourd'hui, il est question de sécurité et de criminalité en milieu rural. Je tiens d'ailleurs à remercier ma collègue de d'avoir attiré l'attention du Parlement sur cet enjeu de première importance et d'avoir demandé qu'on lance une étude sur la question.
En 2015, le nombre de crimes répertoriés a augmenté pour la première fois en 12 ans. C'est dans l'Ouest du pays que l'augmentation a été la plus marquée. En fait, selon Statistique Canada, la criminalité est en hausse dans de nombreuses régions rurales du Canada, et c'est l'Alberta qui arrive en tête, avec un bond de 10 % cette année-là. Ma province, le Manitoba, n'est pas en reste: la criminalité y a augmenté de 4,5 %. La ville frontalière d'Emerson, par exemple, a fait les manchettes d'un océan à l'autre parce qu'il s'agit d'un des principaux points d'entrée des migrants qui franchissent illégalement la frontière en provenance des États-Unis. Les effectifs de l'Agence des services frontaliers du Canada et de la GRC sont déjà à bout de souffle, et voilà qu'au lieu de faire régner la loi dans leur coin de pays, ils doivent ajouter à leur charge de travail et s'occuper des migrants.
En ma qualité de député de la région, j'ai le devoir d'exposer les préoccupations d'un grand nombre de personnes qui y habitent. Je sais que ces préoccupations sont les mêmes dans bien d'autres collectivités dans ma circonscription, de même qu'au Manitoba, dans les Prairies et au Canada. Le rôle le plus important d'un gouvernement est d'assurer la sécurité des citoyens.
Qu'on me comprenne bien dès le départ: j'apprécie et je respecte le travail de la GRC, de l'Agence des services frontaliers du Canada et de tous les autres services de sécurité et de police. Leurs membres s'acquittent de leurs fonctions avec professionnalisme, diligence et dévouement. Ils travaillent de longues heures, souvent dans des conditions difficiles et désagréables. Contrairement à la plupart d'entre nous, les services de sécurité au Canada ne ferment pas à Noël et ils ne fermeront pas pour la fin de semaine de Pâques, pas plus qu'ils n'annulent le service en raison des intempéries. Je les remercie d'offrir leurs services en permanence. Grâce à leur dévouement et à leur professionnalisme, je peux dormir la nuit.
Le but de la motion M-167 est de faire faire une étude sur la criminalité en milieu rural. Selon ma perception des choses — surtout en ce qui a trait aux habitants de ma circonscription, Provencher —, les questions concernant les contrôles frontaliers de même que la dotation de la GRC et de l'Agence des services frontaliers du Canada sont de la plus grande importance. Le Canada est un pays très urbanisé. Selon Statistique Canada, en 2011, 81 % des Canadiens vivaient en zone urbaine. Autrement dit, à peu près quatre Canadiens sur cinq habitent dans une ville. Un Canadien sur cinq vit dans une zone rurale peu populeuse. Nous sommes éparpillés dans notre vaste et magnifique pays.
Tout cet espace est une bénédiction, mais il nous complique aussi la vie. Les Canadiens des régions rurales ont certes beaucoup d'espace et de liberté, mais ils sont aussi plus éloignés les uns des autres que dans les grands centres. Il leur faut aussi plus de temps pour se déplacer d'un endroit à un autre, pour conduire les enfants à leur partie de hockey, pour aller à l'épicerie et pour faire l'aller-retour à l'école. Il faut aussi plus de temps au personnel des services d'urgence, y compris aux policiers, pour répondre à un appel d'urgence.
L'éloignement entraîne une crainte considérable face à la criminalité. En région rurale, lorsque survient un crime, la personne est souvent seule. Les secours peuvent n'arriver que bien longtemps après que le crime a été commis. L'isolement et le fait que les services de police ne soient pas à proximité font en sorte que les risques en cas de crime violent sont particulièrement élevés, et c'est une chose qui effraie de nombreux habitants des régions rurales au Canada. Même les crimes contre les biens, comme le siphonnage des réservoirs d'essence et les vols de voitures, d'outils, de tout-terrains, de machinerie et de matériel, deviennent des problèmes graves. La perte d'une voiture peut causer toutes sortes d'ennuis, notamment en cas d'urgence médicale.
Le manque de fiabilité du service cellulaire dans les régions rurales — et c'est un problème important — est un autre facteur auquel on ne pense pas toujours relativement au crime. Sans voiture, une personne pourrait avoir du mal à obtenir de l'aide en cas de besoin, mais, sans service cellulaire, le sentiment d'isolement est encore plus grand. Les conséquences d'un même crime peuvent être très différentes pour une personne d'une région rurale n'ayant qu'un service cellulaire minime.
C'est pourquoi, dans les collectivités rurales, une présence policière physique et visible est essentielle. Le fait de savoir qu'il y a un agent en patrouille procure une tranquillité d'esprit à de nombreux Canadiens des régions rurales. Si quelque chose devait arriver, ils savent que la GRC est là pour aider. Une des plus grandes forces des collectivités rurales est leur capacité de se rassembler et de travailler de concert avec les policiers. C'est un trait commun à tous les Canadiens, mais qu'on remarque particulièrement dans les régions rurales du Canada.
Selon Statistique Canada, en 2016, il y a eu 67 136 cas de crimes contre les biens signalés au Manitoba, tandis qu'en 2015, il n'y en avait eu que 60 863. Il s'agit d'une augmentation de 6 000 cas en un an, soit une hausse de 10 % entre 2015 et 2016. J'aimerais ajouter que, du 4 au 11 mars de l'année dernière, le service de police d'Oakbank — une des collectivités de ma circonscription — a reçu 54 appels, dont 16 concernaient des crimes contre les biens. Cela représente près de 30 % des appels.
La protection des biens est importante pour les Canadiens des régions rurales. Chris Sobchuk, de l'entreprise Allen Leigh Security and Communications, à Brandon, au Manitoba, a déclaré à la CBC que la vente de matériel de sécurité pour les fermes représente la moitié de son chiffre d'affaires lors de foires commerciales, tandis qu'avant, cela n'en représentait que 5 % à 6 %. M. Sobchuk a dit à la CBC que certains clients avaient subi un braquage à domicile où les intrus les avaient enfermés dans une chambre pendant qu'ils dévalisaient le reste de la maison.
Les municipalités rurales veulent simplement être protégées davantage et savoir où se situe la ligne en ce qui a trait à leur protection.
En milieu rural, la pénurie de ressources est l'un des problèmes les plus importants auxquels se butent les services de police. Évidemment, cette situation n'est pas attribuable aux hommes et aux femmes qui sont membres des services de police, mais elle nuit à leur capacité de bien faire leur travail. Il faut reconnaître cette réalité et faire le nécessaire pour atténuer les pressions exercées sur les services de police en milieu rural.
L'arrivée massive de personnes qui ont franchi la frontière illégalement en 2017 constitue un autre excellent exemple de la façon dont les discours et les politiques du gouvernement ont un impact réel sur les gens à l'échelle locale, qu'il s'agisse des membres de la GRC ou des agents de l'ASFC, ou encore des Canadiens qui vivent en milieu rural.
Les services de police sont souvent surchargés de travail. Lorsque j'ai rendu visite aux détachements situés dans ma circonscription — elle compte six détachements importants, et certains autres plus modestes se situent tout près —, on m'a toujours parlé de la pénurie de personnel, situation attribuable aux postes laissés vacants par des agents bénéficiant de différents congés. La pénurie de personnel est un immense problème à la GRC. Dans ma région, les agents de la GRC font un travail remarquable, mais ils sont surchargés de travail. Il serait donc tout à fait pertinent de mener une telle étude.
Je voudrais maintenant donner quelques exemples de crimes en milieu rural, dans ma région. Une exploitation avicole se faisait voler de l'essence, des outils et de l'équipement, alors le propriétaire a décidé de se procurer un berger allemand, ce qui n'a malheureusement pas dissuadé les voleurs, puisqu'ils ont même volé le chien. Les exploitants agricoles de ma région et les autres personnes qui habitent les zones rurales de la circonscription de Provencher sont excédés par la criminalité en milieu rural.
J'ai parlé à de nombreux entrepreneurs qui se sont fait voler leurs outils sur leur lieu de travail ou dans la remorque qu'ils utilisent pour aller travailler sur un chantier où sont construits des maisons ou d'autres bâtiments. En plus de ne plus avoir leurs outils, ils doivent faire une réclamation à leur assureur. Parfois, c'est la remorque tout entière qui disparaît, alors ils doivent faire une autre réclamation à leur assureur. Souvent, la police d'assurance de ces entrepreneurs n'est pas adéquate, ce qui les place dans une situation très difficile parce qu'ils doivent remplacer leurs outils, sauf qu'ils sont incapables de travailler.
Il est arrivé à de nombreuses occasions que des entreprises qui vendent du gravier et des agrégats et qui travaillent souvent en milieu rural se sont fait voler du cuivre. Les voleurs arrachent absolument tous les fils de cuivre qui conduisent l'électricité des génératrices portatives aux machines. Lorsque le personnel arrive pour travailler le matin, il découvre que le cuivre a été coupé et enlevé. Un vol pareil coûte des milliers de dollars.
Je sais qu'une entreprise qui vend du gravier s'est fait voler le cuivre d'une épandeuse, ce qui représentait une valeur de 30 000 $ — et ce prix n'inclut que le cuivre lui-même et la réinstallation. Il ne comprend pas la perte de l'usage de la machine, qui représente 15 000 $ par jour. Un vol pareil a aussi comme conséquence que des personnes se retrouvent sans emploi pendant plusieurs semaines, le temps que la machine soit réparée.
Par conséquent, je tiens à répéter qu'il est absolument nécessaire que la motion M-167 soit adoptée. Il faut étudier de toute urgence la criminalité en milieu rural au Canada.
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Monsieur le Président, je suis ravi de prendre la parole au sujet de la motion de ma collègue d'en face.
Ce que la députée tente de faire est tout à fait admirable. Tous les Canadiens devraient se sentir à l'aise et en sécurité là où ils vivent.
Auparavant, particulièrement quand je faisais du porte-à-porte en ville, il y avait une personne que j'aimais toujours visiter. Lorsque je frappais à sa porte, la dame âgée me demandait d'attendre un instant. Je pouvais entendre quelque chose bouger. Elle déplaçait littéralement un canapé qui bloquait la porte pour pouvoir me parler. Elle m'a expliqué comment ses habitudes de vie avaient changé. Elle dormait la nuit, comme la plupart des gens, mais, un moment donné, elle a décidé de dormir le jour parce qu'elle se sentait plus en sécurité. Elle avait peur.
Il ne devrait pas y avoir de différence entre le Canada urbain et le Canada rural. Les gens devraient se sentir en sécurité là où ils vivent. Toutefois, les régions rurales doivent surmonter certains obstacles qui leur sont propres. Nous pourrions parler de facteurs comme la densité de population et l'immensité du Canada rural d'aujourd'hui par rapport aux problèmes liés à la taille de la ville de Winnipeg. Nous pourrions parler des avantages d'avoir une densité de population élevée, bien que, parfois, il s'agisse d'un désavantage. Il faut tenir compte d'une multitude de facteurs lorsqu'on se demande pourquoi l'endroit où on vit est aux prises avec certaines difficultés.
Cependant, peu importe à qui l'on parle, que ce soit une personne de la Saskatchewan rurale, du centre-ville de Toronto ou d'une quelconque municipalité, tout le monde croit que les gens doivent respecter les droits de propriété, que la violence ne devrait pas être tolérée et que l'État a un rôle à jouer à cet égard.
Je trouve intéressant que la députée recommande que le Comité permanent de la sécurité publique et nationale étudie la question et en fasse rapport. Comme tout le monde ici, j’ai eu la possibilité de faire partie de comités permanents. Ceux-ci peuvent faire un travail exceptionnel, surtout lorsqu'ils sont prêts à privilégier l’intérêt du public dans un dossier particulier. Pour l’instant, je ne siège pas à ce comité — et je n'y ai jamais siégé non plus —, mais j’aurais pensé que la motion aurait pu être un bon sujet de discussion au comité lui-même. Les représentants des comités pourraient s'asseoir et parler de ce dont les futurs rapports devraient traiter.
Je suis donc un peu surpris. Peut-être que le comité a déjà été saisi de la question, je n’en sais rien. Peut-être a-t-il déjà fait une étude sur la question, je n’en sais rien. Des réponses à ce genre de questions pourraient aider les députés de tous les partis à se faire une idée de la façon dont ils voteront au sujet de la motion.
Ne sous-estimons pas l’importance de faire tout en notre pouvoir, en tant que législateurs, pour régler le grave problème que vivent actuellement les Canadiens en milieu rural. On s’inquiète en effet de plus en plus des actes de violence et des crimes contre les biens qui se produisent dans les campagnes. Nous devons reconnaître qu’il y a de très nombreuses parties prenantes, dont certaines sont relativement importantes. Toutefois, je trouve encourageant que la marraine de la motion ait accepté l’amendement proposé par le NPD.
L'amendement du NPD portait sur un élément très important. Nous parlons de l'importance de la GRC et de son importance à titre de groupe d'intervenants. Nous savons qu'il y a aussi des organismes autochtones d'application de la loi au Canada. Ils doivent participer au processus sur un pied d'égalité. Il faut tenir compte de certains facteurs. En tant qu'intervenant et partenaire, nous devons nous assurer de leur tendre la main le plus possible, reconnaissant ainsi le rôle essentiel qu'ils jouent.
Les provinces jouent aussi un rôle très important dans ce dossier. Du temps de Stephen Harper, période où j'étais dans l'opposition, la GRC a subi des compressions. Dans les deux derniers budgets, des améliorations ont été apportées au budget de la GRC. Cependant, on pourrait soutenir qu'il serait bon de mieux comprendre le financement de la GRC. Je dirais qu'il faudrait débattre la question. Si on tient compte de tous les différents facteurs en jeu, ils pourraient très facilement justifier une étude.
Le a fait un remarquable travail de consultation à l'égard du projet de loi que nous venons d'adopter, il y a seulement une heure, et qui est maintenant renvoyé à un comité. Je crois que nous entendrons bien des idées et des réflexions en provenance des régions rurales du pays lorsque le projet de loi sera étudié au comité. Des députés des régions rurales et des régions urbaines pourront faire part de nombreux problèmes actuels, et la population canadienne en général pourra également le faire, que ce soit de façon directe ou par l'entremise de leur représentant élu.
Le ministre chargé de ce dossier à fait un travail exceptionnel, qu'il s'agisse de consulter les collectivités urbaines et rurales, de se pencher sur les préoccupations des Autochtones et des non-Autochtones, de trouver des façons de mieux gérer les armes à feu au pays et de réfléchir à l'incidence d'un projet de loi progressiste et à la façon dont il rendrait les collectivités plus sécuritaires.
Il y a quelques heures, lorsque j'ai pris la parole au sujet du projet de loi , j'ai dit que, selon moi, le projet de loi porte avant tout sur la sécurité publique. C'est l'une des raisons pour lesquelles je crois fermement que, lors de l'étude au comité, nous pourrons aborder cette question, du moins dans une certaine mesure. La question ne sera certainement pas étudiée de façon aussi détaillée que le propose la motion de ma collègue d'en face.
La motion est assez vaste. Quoi que nous fassions, je dirai que, puisque nous en sommes seulement à la première heure de débat et que nous pourrions attendre longtemps avant d'amorcer la deuxième, j'inviterais mon collègue d'en face à tenir cette discussion — à tout le moins de façon informelle, si ce n'est de manière officielle — avec certains membres du comité permanent afin de connaître leur avis sur la question, étant donné que nous allons débattre ou recevoir des commentaires à propos du projet de loi . Ainsi, nous pourrions finalement voir comment les deux discussions pourraient se compléter et aider cette formidable assemblée à prendre une décision.
Je constate que mon temps de parole est écoulé. Comme toujours, je suis heureux de pouvoir faire part de quelques-unes de mes réflexions.