Que, étant donné l’incapacité du gouvernement à surmonter la crise découlant de l’afflux de milliers de personnes qui franchissent illégalement notre frontière sud entre les points d’entrée, que les organismes responsables de s’occuper de cette crise ont décelé des failles dans les contrôles de sécurité des réfugiés nouvellement arrivés, ainsi qu’un arriéré dans les audiences prévues et l’exécution des ordonnances de déportation, et que cette tendance devrait s’accentuer durant l’été; la Chambre demande au gouvernement:
a) de faire en sorte que les organismes responsables de nos frontières soient convenablement outillés afin de pouvoir continuer à s’acquitter de leurs obligations efficacement et que les personnes qui se présentent aux frontières canadiennes se soumettent aux formalités prévues;
b) d’admettre l’irresponsabilité dont a fait preuve le premier ministre en gazouillant #BienvenueAuCanada aux personnes désireuses d’entrer au Canada par des voies illégales;
c) d’assumer la responsabilité des coûts colossaux des services sociaux, qui alourdissent le fardeau des gouvernements provinciaux;
d) de déposer à la Chambre, d’ici au 11 mai 2018, un plan pour (i) stopper l’afflux de personnes qui entrent illégalement au Canada depuis les États-Unis, (ii) prendre les mesures qui s’imposent afin de traiter le dossier des personnes qui ont déjà demandé l’asile.
— Monsieur le Président, aujourd'hui, j'aimerais expliquer en quoi consiste le problème exactement, les raisons pour lesquelles il est apparu, la manière dont les libéraux ont plongé le pays dans une telle situation, l'incapacité des libéraux de gérer le problème et les solutions possibles qu'ils ont décidé de ne pas adopter pour stopper l'afflux des personnes qui franchissent illégalement la frontière.
Quel est le problème? Tout d'abord, au cours de la dernière année, des dizaines de milliers de personnes en provenance des États-Unis ont franchi illégalement la frontière pour se retrouver au Canada, où elles ont demandé l'asile. Évidemment, cette situation est attribuable au fait que le Canada et les États-Unis ont signé l'Entente sur les tiers pays sûrs, sur laquelle je reviendrai plus tard. En gros, l'Entente prévoit qu'une personne qui demande l'asile dans un pays et qui tente ensuite d'entrer dans l'autre pays ne devrait pas y demander l'asile puisque les autorités des deux pays reconnaissent que leurs systèmes de traitement des demandes d'asiles sont tout aussi généreux l'un que l'autre. Ils sont exempts de toute ingérence politique et sont considérés comme faisant partie des systèmes les plus rigoureux en la matière au monde.
Le problème, c'est que l'Entente ne prévoit rien lorsqu'une personne entre illégalement au pays. Étant donné que l'Entente ne prévoit rien à cet égard, cette échappatoire permet aux gens d'entrer illégalement au pays et de demander l'asile. Bien entendu, lorsqu'une personne demande l'asile au Canada, elle est automatiquement admissible à tous les généreux avantages sociaux offerts par le pays, notamment le système de santé, les programmes sociaux, l'aide sociale et bien d'autres mesures conçues en tant que filet de sécurité sociale au Canada, mais qu'on offre aussi aux immigrants qu'on accueille pour des motifs humanitaires. Le fait est qu'on n'a ni prévu ni organisé cet afflux massif de demandeurs d'asile. Par conséquent, le gouvernement s'est empressé de jeter des millions de dollars par les fenêtres pour gérer cette situation plutôt que de chercher une façon de régler le problème et de remettre de l'ordre dans le système d'immigration du Canada.
En résumé, les statistiques montrent que, l'année dernière, 20 593 personnes sont entrées illégalement au Canada et y ont demandé l'asile. Cette année, durant les premiers mois de 2018, ce qui comprend les mois d'hiver, il y en a eu 6 373. Selon des documents gouvernementaux, plus de 400 personnes par jour entreront illégalement au pays cet été. Selon ces prévisions, il est évident qu'on pourrait voir de 50 000 à 70 000 personnes entrer illégalement au pays. Ces chiffres signifient qu'il y a maintenant plus de gens qui entrent illégalement au Canada et qui demandent l'asile qu'il y en a qui entrent légalement pour la même raison. Il n'existe aucun plan pour gérer cette situation.
Voici, très brièvement, en quoi cela pose problème. Les Canadiens savent faire preuve de compassion, mais ils veulent aussi que l'immigration se fasse de manière ordonnée et selon une bonne planification. Le Plan des niveaux d'immigration du gouvernement ne tient pas compte de ces chiffres. Ainsi, comme ces arrivées n'ont pas été prises en compte ou prévues par le gouvernement fédéral, les gouvernements provinciaux ne sont pas en mesure de prévoir dans leur budget les sommes nécessaires pour faire face aux répercussions sur leurs services sociaux. Le gouvernement ne sait pas qui sont les gens qui arrivent illégalement et demandent l'asile et est incapable de prévoir les montants voulus pour les services d'intégration. Il ne comprend pas les répercussions, quelles qu'elles soient, que cela pourrait avoir sur l'économie canadienne parce qu'il ne sait pas qui sont ces gens. Il ne sait pas dans quelle mesure ces derniers peuvent contribuer à l'économie canadienne.
Par conséquent, il est beaucoup plus difficile d'organiser les services de soutien à l'intégration; les gouvernements provinciaux en subissent manifestement le contrecoup. Le gouvernement du Québec a même exercé d'importantes pressions dans les derniers mois, soutenant que le gouvernement fédéral lui doit de l'argent puisqu'il est incapable de gérer les frontières. Le gouvernement fédéral a fini par céder et, plutôt que de tenter de trouver une solution au problème, il a transféré des centaines de millions de dollars de plus de l'argent des contribuables canadiens au Québec pour l'aider à gérer l'afflux.
C'est également plus difficile d'aider les personnes les plus vulnérables de la planète. Les plans d'immigration existent pour une bonne raison. Le gouvernement devrait préciser combien de personnes pourront entrer au pays par la voie humanitaire afin que nous puissions faire tout ce dont je viens de parler, comme bien planifier leur intégration. Or, parce que le gouvernement a dû réaffecter une partie de ses ressources pour traiter les dossiers des migrants illégaux, les temps d'attente pour les autres types de demande ont augmenté considérablement. Dans le cas des réfugiés parrainés par le privé, on parle de plus de 45 000 dossiers en attente. Quel que soit notre parti, nous avons tous rencontré des gens en attente d'une réponse. Moi-même, j'ai pu rencontrer des gens qui souhaitent parrainer des Érythréens. Dans leur cas, le temps d'attente est de 89 mois. Pensons-y: les réfugiés érythréens parrainés par le privé doivent attendre au-delà de sept ans. À quoi bon se doter d'un programme d'octroi de l'asile, alors?
Parlons maintenant de la Commission de l'immigration et du statut de réfugié. Le gouvernement le nie encore et toujours, mais en juin 2017, le Globe and Mail a publié un article dans lequel on peut voir un rapport qui nous apprend que, si le nombre de migrants qui entrent illégalement au pays continue d'augmenter au même rythme, le temps d'attente pour les demandes d'asile devrait atteindre 11 ans.
Monsieur le Président, je prierais la personne dont on entend le téléphone cellulaire de bien vouloir l'éteindre. C'est extrêmement distrayant.
Je disais donc: 11 ans. Autrement dit, les personnes qui demandent l'asile au Canada après y être entrées illégalement pourront demeurer ici, réclamer de l'aide sociale et soumettre une demande de traitement accéléré de permis de travail. Or, toutes ces choses ne figurent dans aucun plan et n'ont pas été prises en compte dans les prévisions budgétaires, et le pire, c'est qu'on ne sait même pas si ces personnes pourront demeurer ici. À mes yeux, c'est injuste, et bon nombre des personnes qui souhaitent entrer légalement au Canada sont du même avis.
L'incapacité des libéraux de gérer les frontières a créé une demande et imposé un fardeau à la Commission de l'immigration et du statut de réfugié du Canada. Dans un article du Calgary Herald, il est rapporté que le dirigeant de la Calgary Catholic Immigration Society a dit qu'il était injuste que les gens qui viennent au pays de façon légale et présentent une demande d'asile soient obligés d'attendre des années pour savoir s'ils peuvent rester au Canada ou pas. Bien qu'il ne m'ait pas dit ce qui suit, cela peut dissuader ces gens de travailler, de s'enraciner et de s'intégrer à long terme, car ils ne savent pas s'ils pourront rester ici. Cela me semble tout à fait ridicule. Cela impose un fardeau au système de la CISR.
Mon collègue, le député de , qui est le ministre de la Sécurité publique du cabinet fantôme, va parler plus tard aujourd'hui de l'impact que l'afflux massif de migrants illégaux au pays a eu sur le contrôle et la sécurité à la frontière. Il présentera des données sur le fait que l'Agence des services frontaliers du Canada a affirmé avoir réduit de 400 % le temps qu'elle consacre au contrôle des gens entrant au pays. À mon avis, aucun Canadien ne serait heureux de savoir que le gouvernement se montre accommodant envers des gens qui entrent illégalement au pays en réduisant le temps que consacrent les agents frontaliers aux contrôles de sécurité. Cela pèse sans aucun doute sur le système.
L'ASFC a dit que la situation grugeait ses ressources et qu'elle avait l'impression de ne pas en avoir assez. Encore une fois, la réponse du gouvernement a été de dépenser des centaines de millions de dollars pour régler le problème. Or, cela n'a fait qu'empirer la situation. Les services frontaliers et la CISR sont moins efficaces en raison de la pression qui est mise sur le système.
Devant une crise comme celle-ci, les libéraux tentent de régler le problème à coup d'argent plutôt que de chercher des solutions. En fait, en créant un camp de réfugiés à la frontière canado-américaine et en payant pour des roulottes chauffées, le gouvernement incite davantage les gens à employer le mécanisme en question. Voilà qui est très irresponsable.
Je crains qu'en invitant les gens, ni plus ni moins, à utiliser ce mécanisme, le gouvernement encourage la traite de personnes et la criminalité. Pensons aux reportages sur le démantèlement d'un réseau de pornographie juvénile, par exemple. Nous devons mieux contrôler la situation.
Mon collègue parlera de la hausse considérable du nombre d'entrées illégales au pays, de l'augmentation constante des mesures de renvoi qui s'en est suivi ainsi que de la capacité décroissante du gouvernement à exécuter ces mesures. Autrement dit, lorsque des mesures de renvoi sont émises contre des personnes n'ayant aucune raison d'être ici, le gouvernement n'a pas la capacité nécessaire pour procéder à leur renvoi. On peut donc entrer au pays illégalement, faire une demande d'asile, recevoir des prestations d'aide sociale pendant une longue période avant de voir sa demande traitée. Si, après tout ce temps et après l'obtention de toutes ces prestations, il est établi qu'on n'a aucune raison légale de rester au pays, il faut attendre encore longtemps avant que le renvoi soit exécuté. C'est inacceptable. Il est inadmissible et franchement injuste d'alourdir ainsi le fardeau imposé au système.
Au Canada, tout le monde vous dira fièrement être favorable à l'immigration. Là n'est pas la question. Il s'agit plutôt de savoir comment l'immigration est gérée. Nous voulons faire preuve de compassion, mais le gouvernement ferme les yeux sur le problème actuel. Les gens qui sont entrés légalement dans notre pays et d'autres contribuables canadiens n'en reviennent pas de voir ce qui se passe.
Il y a quelques mois seulement, le était de passage à Edmonton, où il a dit à un ancien combattant canadien: « Vous en demandez plus que ce que le gouvernement peut donner. » Puis, le a vanté le gouvernement pour avoir fièrement consacré des centaines de millions de dollars aux gens qui sont entrés illégalement au pays.
Ce n'est pas juste. Je suis favorable à l'immigration pour des motifs humanitaires, de manière planifiée et ordonnée. C'est un apport essentiel à la vitalité de l'économie canadienne à long terme, lorsque c'est fait correctement, en toute légalité et en toute sécurité. Toutefois, j'ai bien peur qu'en abdiquant sa responsabilité de s'assurer que l'immigration se déroule ainsi, le Parti libéral ne soit en train de semer la division au pays, car les gens commencent à remettre en question l'immigration elle-même plutôt que la manière de la permettre. Les gens commencent à ne plus vouloir d'immigration lorsque le gouvernement abdique sa responsabilité de bien la gérer, et c'est la raison pour laquelle nous présentons cette motion aujourd'hui.
Pensons-y bien encore une fois. Il y a 18 mois que le problème dure. Un autre été approche. Rapport après rapport, les fonctionnaires nous disent que le problème est bien réel et nous le décrivent, mais le gouvernement a pour unique solution de tenter d'ensevelir le problème sous des centaines de millions de dollars, et les choses ne font que s'aggraver. Hier, dans cette enceinte, j'ai employé l'analogie de la maison qui a un trou béant dans la toiture et dont on prévoit remplacer le plancher de bois franc après chaque pluie. Cela me paraît insensé.
Que les libéraux n'aient rien fait pour résoudre structurellement le problème est un comportement irresponsable. C'est une façon de miner l'acceptabilité sociale et c'est irresponsable, pas seulement à cause des sommes dépensées et de la mauvaise priorisation dans l'utilisation des deniers publics, mais parce qu'après un certain temps, le Canada risque de ne plus pouvoir compter sur l'immigration comme il l'a fait dans le passé.
Pourquoi les libéraux doivent-ils présenter ce plan? C'est parce qu'ils étaient au courant de la situation. De plus, ils estiment que 400 personnes arriveront chaque jour, dès aujourd'hui. Ils doivent présenter un plan qui prévoit autre chose que dépenser des centaines de millions de dollars. Ils doivent présenter un plan qui accomplit l'une ou l'autre — ou bien les deux — des mesures suivantes: éliminer l'échappatoire dans l'Entente sur les tiers pays sûrs que j'ai mentionnée plus tôt, ou désigner la frontière canadienne au complet comme un point d'entrée officiel afin de mettre fin à la circulation des personnes qui entrent illégalement au Canada et demandent l'asile.
Je consacrerai la dernière partie de mon intervention à parler de l'Entente sur les tiers pays sûrs et de ce que les libéraux devraient inclure dans leur plan. J'espère qu'ils appuieront la motion d'aujourd'hui lorsqu'ils présenteront leur plan, le 11 mai, comme le demande la motion.
Je tiens à signaler également que j'ai essayé de soulever cette question au Comité permanent de la citoyenneté et de l'immigration, la semaine dernière. J'ai demandé aux membres du Comité d'examiner cette question en comité afin d'élaborer un plan. Les membres du Comité ont voté contre cette demande, ce qui était très irresponsable de leur part. J'encourage tous ceux qui nous regardent aujourd'hui à écrire ou à téléphoner aux membres du comité de l'immigration qui ont voté contre la motion.
Je vais parler de l'Entente sur les tiers pays sûrs, très brièvement. J'ai déjà résumé de quoi il s'agit, mais je vais lire un extrait d'un article dont le titre pourrait être traduit ainsi: « La signification des frontières: leçons tirées de la dernière guerre mondiale ». L'auteur est Howard Anglin. L'article a été publié le 12 mars 2017 dans iPolitics. On peut y lire ceci:
L'un des débats les plus controversés lors de l'élaboration de la Convention de 1951...
— sur les réfugiés —
[...] a eu lieu entre le Royaume-Uni et la France et concernait la portée de l'article 31, la disposition sur le contournement des frontières nationales. Étant donné que « Le réfugié dont le départ du pays d’origine est généralement une évasion, est rarement en état de se conformer aux conditions requises pour pénétrer régulièrement [...] dans le pays de refuge », l'article 31 exempte les personnes qui entrent dans un pays pour y trouver refuge en contravention des lois de ce pays des conséquences normales de leur entrée et de leur présence illégales.
Préoccupés par le grand nombre de réfugiés dans les pays limitrophes de la France, le représentant français pour l'élaboration de la convention a demandé qu'on lui garantisse que, si des réfugiés traversaient la frontière d'un pays où leur vie n'était pas en danger, la France pourrait les reconduire à la frontière. Selon un compte rendu des délibérations, le délégué français a dit qu'admettre qu'un réfugié qui s'est installé temporairement dans un pays d'accueil est libre d'entrer dans un autre pays reviendrait à lui accorder un droit d'immigration qui serait peut-être exercé pour de simples motifs personnels.
C'est ce que je constate en observant ce qui se passe actuellement au poste frontalier de Lacolle, car nous savons, même si un très petit nombre de demandes ont été traitées par la Commission de l'immigration et du statut de réfugié, que c'est loin d'être la majorité des demandes qui sont fondées. C'est l'argument qui a prévalu lors de la rédaction de l'article 31. Il y a donc un argument selon lequel nous avons une obligation internationale, même que, légalement, l'Entente sur les tiers pays sûrs repose précisément sur la disposition que je viens de mentionner.
Je vais citer certains libéraux. Après les négociations sur l'Entente sur les tiers pays sûrs, le premier ministre Jean Chrétien, pour repousser les tentations que pourraient avoir les Américains d'accroître la sécurité à la frontière entre les États-Unis et le Canada, a envoyé le vice-premier ministre d'alors, John Manley, à Washington pour s'assurer que le passage légal des biens et des personnes entre les deux pays n'était pas interrompu. L'Entente sur les tiers pays sûrs a été signée par le ministre de l'immigration de l'époque, Denis Coderre, qui a prédit à titre personnel qu'elle permettrait au Canada de renvoyer 15 000 personnes aux États-Unis tous les ans.
Dans son article, Howard Anglin cite John Manley, vice-premier ministre à l'époque, qui expliquait qu'« il ne s'agit pas de magasiner pour le pays qu'on veut, mais plutôt de fuir l'oppression ». Histoire de continuer sur la lancée, je dirais qu'il serait très difficile, je pense, de trouver ne serait-ce qu'une personne ici pour dire que des gens fuient l'oppression régnant aux États-Unis. Je me sentirais plutôt outrée si quelqu'un disait cela, et notre aurait beaucoup de mal à expliquer cette déclaration pendant ses négociations sur l'ALENA.
Si tel est l'esprit de l'Entente sur les tiers pays sûrs, et si le et le affirment appuyer son application, il faut se demander pourquoi ils n'ont pas discuté avec les Américains pour supprimer l'échappatoire dont j'ai parlé plus tôt. J'ai posé cette question à maintes reprises au lors de séances du comité. Il répond qu'ils n'ont tout simplement pas abordé ce dossier avec les Américains. Est-ce par faiblesse de caractère, par manque de conviction ou par peur? Y a-t-il autre chose qui entre en jeu? Je ne le sais pas.
Cependant, étant donné qu'ils n'en ont pas parlé avec les Américains, on se demande bien pourquoi ils appuient l'application de l'entente. Ils ne peuvent pas jouer sur les deux tableaux. Ils ne peuvent pas dire qu'ils appuient l'application de l'Entente sur les tiers pays sûrs tout en affirmant qu'ils ne feront rien pour supprimer l'échappatoire qui permet à des milliers de personnes d'entrer au Canada. Mon ancien collègue Jason Kenney, lui, a tenté de dénoncer la situation. Il a publiquement déclaré qu'il avait l'impression que les Américains, sous le gouvernement précédent, voyaient cette échappatoire comme une façon de s'auto-exiler au Canada.
Que pouvons-nous faire ici, au Canada? Selon le Règlement sur l'immigration et la protection des réfugiés, les points d'entrée sont « a) [un l]ieu figurant à l'annexe 1 » et « b) [un] lieu désigné comme point d’entrée par le ministre en vertu de l’article 26 ». L'annexe 1 désigne plus de 70 points d'entrée par route. L'article 26 porte sur le pouvoir de désigner des points d'entrée, qui est détenu par le ministre de l'Immigration, des Réfugiés et de la Citoyenneté. Il prévoit que le ministre « peut, en se fondant sur les facteurs ci-après, désigner un lieu comme point d’entrée et en fixer les dates et heures d’ouverture ». Il précise ensuite une série de critères.
Il pourrait y avoir des exigences légales liées à la mise en place de l'infrastructure. Cela pourrait être facilement modifié, de sorte que toute la frontière terrestre canadienne puisse être désignée aux fins de l'application technique de l'Entente sur les tiers pays sûrs. Il ne serait alors pas nécessaire d'installer des tentes-roulottes ou de verser des centaines de millions de dollars de plus à la GRC et à l'Agence des services frontaliers dans le seul but de gérer la situation de l'entrée au pays d'immigrants illégaux.
L'esprit de l'Entente s'appliquerait. Franchement, au fur et à mesure que nous relevons des besoins sur le plan légal, nous devrions nous efforcer de résoudre les problèmes. C'est ce que nous faisons ici. Si nous voulons que l'Entente soit appliquée, il faut envisager une solution comme celle-là. J'aimerais pouvoir dire que c'est ce que nous ferions si nous étions au pouvoir. Cependant, c'est au gouvernement qu'il incombe de présenter un plan, et c'est dans cet esprit qu'est présentée la motion aujourd'hui.
Je voudrais terminer en rappelant comment nous en sommes arrivés là. Comme les députés s'en souviendront, lorsque les Américains ont pris un décret relativement à l'immigration, le a publié sur Twitter « #BienvenueAuCanada ». Bien entendu, nous avons ensuite pu lire dans le National Post du 3 avril 2018 un article fondé sur des renseignements obtenus au moyen d'une demande d'accès à l'information. On y parle de la confusion qui règne dans les ambassades en ce qui a trait à la citoyenneté et à l'immigration, puisque, tout à coup, elles ont été submergées de demandes de personnes croyant pouvoir entrer au Canada sans suivre une démarche quelconque. C'est à ce moment-là que le nombre de personnes entrant illégalement au Canada a grimpé en flèche.
Nous savons que le n'a jamais assumé la responsabilité de son billet sur Twitter, et il n'a rien fait du tout pour remédier au problème qu'il avait ainsi causé. C'est à lui qu'il incombe de régler le problème avant l'été, avant que de 45 000 à 55 000 autres personnes entrent illégalement au pays, engendrant toutes sortes de problèmes.
Par conséquent, je demande à mes collègues d'appuyer cette motion et j'exhorte le gouvernement à présenter un plan concret qui ne fait pas que remplacer le plancher de bois franc, mais qui permet de bel et bien régler le problème. Nous serons ensuite en mesure de revenir au principe de l'immigration ordonnée et axée sur des motifs d'ordre humanitaire.
:
Monsieur le Président, je partagerai mon temps de parole avec le député d'.
Je me réjouis de la tenue de cet important débat sur l'approche du Canada à l'égard de la migration irrégulière. Le monde est confronté à des mouvements de populations sans précédent: 65 millions d'enfants, de femmes et d'hommes sont en déplacement. Le Canada n'est pas à l'abri des défis que pose l'augmentation du nombre de personnes déplacées, mais il ne doit pas pour autant oublier sa traditionnelle position humanitaire.
Je suis fier du bilan du gouvernement dont je fais partie et du leadership dont il a fait preuve dans ce dossier. Surtout, je suis fier de la bonté et de la générosité des Canadiens et de leur détermination à défendre les droits de la personne, au pays comme à l'étranger.
Par ailleurs, le gouvernement croit que l'efficience du système d'immigration doit reposer sur des règles pratiques. Qu'on me comprenne bien: le gouvernement est déterminé à assurer la sécurité et la sûreté des Canadiens et de la frontière.
Voilà précisément pourquoi nous avons prévu, dans le budget de 2018, un investissement supplémentaire de 173,2 millions de dollars pour fournir aux organismes chargés de la sécurité à la frontière les ressources dont elles ont besoin.
Alors que les conservateurs se plaisent à tenir de beaux discours sur la sécurité à la frontière, leur bilan est terrible. En fait, les conservateurs de Harper ont coupé près de 400 millions de dollars du financement de l'Agence des services frontaliers du Canada. Ils ont dévasté le système d'octroi de l'asile et ont laissé les demandeurs attendre pendant des années pour obtenir une audience et une décision concernant leur dossier. Ils ont coupé froidement les soins de santé aux réfugiés. Les réfugiés, notamment des femmes enceintes et des victimes de torture, se sont fait dire qu'ils n'avaient pas accès à des soins de santé. C'est une pratique que les tribunaux canadiens ont décrite comme étant un traitement cruel et inusité.
Toutes ces politiques ont échoué à offrir une protection en temps opportun aux gens vulnérables. Les politiques des conservateurs ont échoué à assurer des activités bien soutenues à la frontière. Leurs politiques ont échoué à réduire au minimum les conséquences sur les services de santé et les services sociaux dans les provinces. Les conservateurs n'ont pas réussi à répondre aux attentes que les Canadiens ont à l'égard de leur gouvernement, c'est-à-dire à faire preuve de courage, de force, de leadership et de compassion.
Maintenant, les conservateurs s'opposent aux investissements du gouvernement dans la sécurité à la frontière et dans des processus de prise de décisions plus rapides concernant les demandes d'asile. À divers moments, ils ont plutôt proposé d'utiliser l'armée contre les familles qui fuient les conflits et la persécution. Ils ont suggéré de contrevenir au droit international en empêchant les gens de présenter des demandes d'asile.
Ils ont suggéré — c'est incroyable — de transformer l'intégralité des 9 000 kilomètres de la frontière en un point d'entrée officiel continu. Je suis impatient d'entendre ma collègue d'en face expliquer comment elle compte avoir suffisamment d'agents frontaliers pour assurer une permanence le long des 9 000 kilomètres, tout en éliminant les fonds supplémentaires que nous consacrons aux organismes responsables de la sécurité frontalière.
Désigner la frontière entière point d'entrée officiel signifierait également que tous les gens d'affaires, les touristes et les camions de transport de marchandises pourraient traverser la frontière n'importe où pour leurs déplacements légitimes. Les conservateurs n'arrivent pas à décider s'ils veulent fermer complètement la frontière ou l'ouvrir sur 9 000 kilomètres.
Ce ne sont pas de véritables solutions. Ils ne font que lancer des idées à tout hasard.
Les conservateurs se montrent même encore plus irresponsables en tentant d'opposer les immigrants aux réfugiés. Comme iIs le savent sûrement, le système d'octroi de l'asile est fondamentalement différent de tout autre aspect de système d'immigration. Il existe un processus complètement distinct pour traiter les demandes d'asile, et celui-ci n'a absolument aucune incidence sur les délais d'attente pour les immigrants.
C'est un peu fort, surtout de la part d'un parti dont les mauvaises politiques en matière d'immigration ont gardé des familles séparées pendant des années et ont forcé des femmes vulnérables à demeurer dans une relation de violence. Les conservateurs ont refusé d'intervenir à l'égard de la plus importante crise des réfugiés au monde et n'ont rien fait pour sauver les femmes et les filles yézidies et assurer leur sécurité.
Le gouvernement a pour priorité d'assurer la sécurité des Canadiens et la sécurité à la frontière, d'honorer nos obligations humanitaires, de traiter les gens avec dignité et compassion ainsi que de respecter la loi. Je vais expliquer comment le gouvernement s'y prend pour effectuer tout cela.
La sécurité des Canadiens est primordiale. Nous faisons des investissements en vue de renforcer la sécurité à la frontière. Que ce soit bien clair. Toutes les personnes font l'objet d'une vérification minutieuse. Nul ne peut circuler librement dans nos collectivités avant d'avoir fait l'objet d'une vérification satisfaisante aux fins de la sécurité.
Le Canada est signataire de conventions internationales et doit aussi s'acquitter de son obligation juridique et morale d'évaluer les demandes d'asile et de ne pas renvoyer les personnes qui ont des motifs légitimes de craindre la persécution, la violence et les menaces à leur vie. Cependant, ceux qui traversent la frontière de façon irrégulière ne seront pas forcément accueillis au Canada. Nous n'avons pas ménagé les efforts pour voir à ce que les demandeurs d'asile soient bien informés au sujet du processus d'évaluation rigoureux actuellement en place. Nous avons mis en oeuvre un vaste programme de sensibilisation auprès des communautés de migrants afin de les informer sur les lois canadiennes en matière d'immigration et sur les conséquences auxquelles s'exposent les personnes qui traversent la frontière de façon irrégulière.
Nous savons également qu'il est crucial que les décisions concernant les demandes d'asile soient rendues avec célérité afin d'atténuer les pressions sur les services sociaux et d'éviter que les demandeurs d'asile ne vivent dans l'incertitude pendant des années. C'est pourquoi nous avons prévu un investissement supplémentaire de 74 millions de dollars pour aider la Commission de l'immigration et du statut de réfugié à accélérer le traitement des demandes d'asile.
Nous avons travaillé avec les provinces et d'autres partenaires afin de tirer des leçons de la situation de l'été dernier et d'élaborer un plan national d'opérations permettant de gérer toutes les situations possibles et d'adapter les efforts en fonction de l'évolution de la situation à la frontière. Nous avons mis sur pied un groupe de travail intergouvernemental composé de ministres fédéraux et provinciaux afin de répondre rapidement aux nouveaux problèmes et de coordonner les efforts des intervenants.
Nous avons revu nos activités et assoupli les procédures de manière à pouvoir nous adapter aux changements migratoires, notamment en réduisant le délai de traitement des demandes de permis de travail, qui est passé de trois mois à trois semaines, en déployant des équipes mobiles de traitement à la frontière, en assurant une présence accrue à certains endroits, notamment à Montréal, et en cherchant des solutions novatrices en collaboration avec nos partenaires du Québec et de l'Ontario.
Enfin, nous avons toujours gardé les canaux de communication ouverts avec nos collègues des États-Unis, notamment dans le cadre d'une réunion qui a eu lieu pas plus tard qu'hier entre mon collègue le et la secrétaire à la Sécurité intérieure des États-Unis en vue d'une collaboration sans faille dans la gestion de notre frontière commune. Nous collaborons, par exemple, afin de comprendre les mouvements à la frontière, de nous communiquer des renseignements et de régler des questions comme l'octroi de visas dans les pays sources.
Je veux souligner que toutes les actions que nous avons menées jusqu'à présent montrent notre engagement envers un processus bien huilé qui protège les Canadiens. Des observateurs indépendants comme les organismes d'aide aux réfugiés de l'ONU ont louangé la façon dont le Canada gère la situation. Pas plus tard que la semaine dernière, le représentant de l’Agence des Nations Unies pour les réfugiés au Canada affirmait que la frontière canadienne est sécurisée, que le Canada a tous les outils pour répondre à toutes les augmentations du nombre de demandeurs d'asile au Canada et que le gouvernement du Canada s'était adapté à l'augmentation au moyen de mesures qui ont réduit la congestion dans les points d'entrée terrestres et renforcé la capacité de traitement des demandes d'asile.
Le gouvernement ne faillira pas à son engagement de protéger les Canadiens tout en soutenant un système de demandes d'asile fort de façon à remplir les obligations du pays quant au traitement équitable des demandes des personnes qui cherchent à être protégées.
Je suis heureux d'avoir eu l'occasion de participer à ce débat important.
:
Monsieur le Président, j'ai récemment eu la possibilité de visiter le poste frontalier de Lacolle et de m'entretenir avec les hommes et les femmes qui travaillent à l'Agence des services frontaliers du Canada, dans le domaine de l'immigration, ainsi qu'avec des membres de la GRC. Ils font un travail exceptionnel tous les jours non seulement en maintenant la sécurité de nos frontières, mais en veillant aussi à ce que nous soyons justes et que nous respections les valeurs canadiennes. J'ai eu l'occasion de parler avec des gens qui habitent à proximité de la frontière et avec des représentants locaux, que ce soit des dirigeants municipaux ou locaux, et d'en apprendre davantage sur ce qui passe à Lacolle, sur ce qui fonctionne bien et sur ce qui pourrait être amélioré.
Tout d'abord, j'aimerais expliquer clairement le processus. Le Canada est signataire de la Convention des Nations unies qui garantit que, lorsque des gens débarquent en sol canadien, nous nous assurons de la véracité de leurs demandes de statut de réfugié. Cela devrait d'ailleurs s'inscrire dans l'ADN de notre pays, étant donné tous ces gens issus des quatre coins du monde qui arrivent au Canada quand leur vie est en danger et qu'ils sont les plus vulnérables au monde. Nous avons le devoir de vérifier la légitimité de leurs demandes. Si leurs demandes ne sont pas légitimes, s'il s'agit de migrants économiques ou, encore, si leur vie n'est pas véritablement menacée dans leur pays d'origine, ils seront évidemment renvoyés dans leur pays. Il n'y a pas de laissez-passer pour entrer au Canada.
L'idée selon laquelle nous ne confirmions pas la véracité d'une déclaration est odieuse et, franchement, va à l'encontre du consensus multipartite qui existe sur cette question depuis très longtemps parce que, même si le Canada a fait de grandes choses dont nous pouvons être fiers concernant les réfugiés et les personnes qui sont arrivées sur notre territoire, le Canada a aussi fait des erreurs. Certes, nous avons bien réagi face à la situation des réfugiés de la mer vietnamiens, des Congolais ou des Sri Lankais ou tout récemment des Syriens, mais il y a eu d'autres cas, comme celui des Juifs, où des personnes ont été refoulées.
Il s'agit de deux situations différentes. Les conservateurs prétendent que des gens pénètrent sur le territoire canadien et qu'ensuite, d'une manière ou d'une autre, le reste du système les oublie complètement. Ils disent même que cela va ralentir le reste du système, alors que le vient juste d'affirmer que nous avons généralement réduit les temps d'attente. On peut constater de visu, à Lacolle, l'effet qu'ont les investissements que nous avons consentis afin de pouvoir traiter ces demandes.
Nous pouvons y aller voir et cibler les communautés dont les membres arrivent en grand nombre. L'année dernière, c'était les Haïtiens qui arrivaient en grand nombre. Cette année, ce sont les Nigérians. Nous cherchons précisément à comprendre le pourquoi de ces vastes mouvements de populations et nous nous concentrons sur ces dernières précisément, parce que, franchement, c'est une énorme perte de temps pour elles et un énorme gaspillage de ressources pour nous que de nous contenter de les refouler.
Lorsque nous examinons quelques-unes des solutions proposées par les conservateurs concernant la manière de régler cette question, elles n'ont pas de bon sens.
Le nombre de migrants qui traversent la frontière, le nombre de réfugiés et de demandeurs d'asile chaque année, varie grandement d'une année à l'autre; cela fluctue. À différentes périodes dans les années 2000, il y en avait énormément. À un moment donné, le nombre était même supérieur à ce qu'il est aujourd'hui. Nous avons aussi observé des années où il y en avait moins.
Le député de a suggéré d'installer l'armée à la frontière. Son idée est illogique, je ne vois pas du tout comment cela pourrait améliorer la situation. Couper le financement du transport en commun dans les municipalités afin d'aider les demandeurs d'asile n'a absolument aucun sens. L'idée la plus insensée est celle de la députée de , qui voudrait que l'ensemble de la frontière soit considéré comme un point d'entrée. Pour que cette solution soit efficace, il faudrait placer des agents des services frontaliers côte à côte tout le long des milliers de kilomètres de nos frontières pour qu'ils puissent repousser efficacement les gens qui s'y présentent. Cette mesure aurait pour effet de mettre certaines des personnes les plus vulnérables dans une situation encore plus vulnérable et dangereuse.
Si nous avons des doutes, il suffit de regarder ce qui se passe avec les mesures prises à la frontière américaine. Lorsque les Américains ont créé une situation où il est devenu de plus en plus difficile de traverser, il y a eu une hausse marquée du nombre de décès. Il y a eu peut-être 10 000 morts. Ils sont confrontés à un problème énorme.
La solution n’est pas de faire traverser des forêts et des lacs, en pleine nuit, à des gens accompagnés d’enfants. Si c’est ça la solution préconisée par les conservateurs, je la rejette catégoriquement.
Quand ils parlent d’une faille dans le système, il serait plus approprié de parler d’une déchirure de notre tissu social qui a été opérée par les compressions de 390 millions de dollars que les conservateurs ont imposées à l’Agence des services frontaliers du Canada, sans parler de celles qu’ils ont faites dans le budget de la CISR et de l’immigration. Cette faille dont parlent les conservateurs, elle s’est creusée lorsqu’ils ont annoncé qu’ils allaient refuser aux réfugiés l’accès aux services de santé. Cette déchirure de notre tissu social, elle s’est aggravée au moment de la crise en Syrie, lorsque le gouvernement précédent s’est contenté de regarder sans rien faire, contrairement à la longue tradition de notre pays.
Nous avons plus que doublé le nombre de réfugiés que nous avons acceptés dans notre pays. Nous avons plus que quadruplé le nombre de parrainages privés. Nous l’avons fait parce que nous estimons que nous avons l’obligation de protéger les personnes les plus vulnérables. Quand les gens pensent au Canada, ils nous voient comme un pays qui est prêt à protéger les gens les plus vulnérables et à leur venir en aide. Le fait est que la plupart de ceux qui traversent la frontière à Lacolle ne tombent pas dans cette catégorie, et dans ces cas là, ils sont refoulés.
Ce qu’il faut faire, c’est informer davantage, de façon concertée et non partisane, afin que les gens comprennent qu’il est inutile d’entreprendre un tel périple et qu’il vaut mieux pour eux passer par la procédure officielle pour présenter une demande. C’est quelque chose que nous devrions faire ensemble.
Il n’y a pas de solution magique, et nous savons bien que la solution doit respecter la procédure en place. Personnellement, je pense que c’est une question qui mérite un débat approfondi. Il est évident que lorsque les gens voient des migrants traverser la frontière, ils se demandent si le processus en place a été respecté. En déformant les faits et en essayant de propager de fausses informations sur le système en place, sur la façon dont il fonctionne, et sur les formalités que doivent respecter différentes catégories de réfugiés ou d’immigrants, on ne fait qu’ajouter à la confusion et on donne du grain à moudre à l’adversaire. Le sujet est trop sérieux pour qu’on se prête à ce petit jeu. Prendre les mesures adéquates pour protéger les plus vulnérables de la planète, agir en conformité avec les conventions internationales que nous avons signées et refouler les individus dont les revendications ne sont pas légitimes, voilà les objectifs que nous devons tous poursuivre.
Les solutions fantasques et tout à fait irréalistes doivent être rejetées. Ne serait ce que pour cette seule raison, je trouve regrettable que nous soyons saisis de cette motion, mais en même temps, cela nous donne l’occasion de remettre les pendules à l’heure.
:
Monsieur le Président, cela fait 15 mois que je soulève régulièrement le problème du passage irrégulier de la frontière, et ce, à la Chambre, en comité et en public. Les députés se souviendront que cela a commencé lorsque j’ai demandé un débat d’urgence sur la question en janvier 2017.
Depuis, nous avons assisté à une augmentation considérable du nombre de passages irréguliers à la frontière et de demandes d’asile. Le 10 avril 2017, au comité de l’immigration et de la citoyenneté, j’ai présenté une motion pour que le comité étudie la question des passages irréguliers. Malheureusement, les députés libéraux qui étaient présents ont jugé bon de suspendre systématiquement le débat sur ma motion. Non seulement ils ne voulaient pas étudier la question, mais ils refusaient toute discussion sur la nécessité d’examiner la situation.
Un an plus tard, le 17 avril 2018, j’ai essayé encore une fois de convaincre les membres du comité de la nécessité d’examiner la situation. Et encore une fois, on m’a empêchée de le faire. Ce n’est que mardi dernier que j’ai réussi, malgré des tentatives visant à me faire taire, à présenter une motion aux membres du comité. Cette motion consistait à évaluer l’impact de l’augmentation des demandes d’asile sur la GRC, l’ASFC, le ministère de la Citoyenneté et de l'Immigration, les provinces et les ONG qui fournissent des services d’établissement dans les régions où ces passages sont les plus fréquents, et à inviter le et le à comparaître devant le comité.
Je souligne que ma motion se distingue de celle des conservateurs en ce sens qu’elle ne vise pas à déformer les faits, à susciter la peur ou à attiser des sentiments anti-réfugiés. Depuis l’arrivée au pouvoir de l’administration Trump, j’ai demandé au gouvernement canadien de condamner les politiques discriminatoires et anti-immigrants du président américain, et de collaborer avec la communauté internationale pour élaborer une stratégie face à ce puissant leader du monde libre — en l’occurrence, notre voisin — qui s’attaque sans vergogne aux immigrants et aux réfugiés en distillant la peur dans leurs esprits et en créant un environnement hostile à leur bien-être.
Je suis indignée que dans un grand nombre de pays développés, y compris aux États-Unis, on assiste à une montée en puissance de la rhétorique anti-immigrants et anti-réfugiés, et des politiques qui vont de pair. À cause de cela, et malgré la nécessité de venir en aide à un nombre de réfugiés qui n’a jamais été aussi élevé, un grand nombre de nations parmi les plus riches du monde ferment leurs portes à des gens complètement démunis.
Je suis fière que les Canadiens aient résisté à cette tendance, mais il ne faut pas tenir pour acquis leur compassion et leur humanitarisme. C’est la raison pour laquelle j’avais soulevé cette question il y a plus d’un an déjà. Nous devons garantir l’intégrité absolue de notre système, pour que les Canadiens puissent lui faire confiance. C’est la raison pour laquelle il ne faut pas laisser les provinces se débattre toutes seules face à ce problème.
En 2017, 20 593 personnes ont présenté une demande d’asile à des points d’entrée irréguliers au Canada, et 22 140 personnes ont présenté une demande d’asile à des points d’entrée réguliers. Cela fait un total de 42 733 demandes. Depuis le début de 2018, 6 373 personnes ont traversé la frontière de façon irrégulière. La majorité d’entre elles, 5 609 pour être exact, ont traversé à la frontière au Québec. Même si environ 40 % d’entre elles disent vouloir s’installer ailleurs au Canada, il est évident que c’est une situation très dure à gérer pour cette province. C’est la raison pour laquelle il faut que le gouvernement fédéral fasse preuve de leadership.
Les Nations unies estiment que, de par le monde, plus de 65 millions de personnes ont été forcées de quitter leur domicile. Du nombre, 22,5 millions sont des réfugiés, et la moitié de ces réfugiés sont âgés de moins de 18 ans. Ces chiffres sont sans précédent. Pour mettre les choses en perspective, la contribution du Canada aux efforts mondiaux de réinstallation est d'à peine 0,1 %, et c'est en incluant l'accueil des réfugiés syriens. Alors avant de crier au loup et d'exiger la fermeture des frontières, nous devrions peut-être avoir ces chiffres en tête.
Je ne suis pas en train de dire que le Canada ne devrait pas se pencher sérieusement sur la situation et se doter d'un plan. Les néo-démocrates demandent depuis longtemps aux libéraux d'élaborer une solution globale et durable qui protégerait les droits des demandeurs d'asile, qui assurerait l'intégrité du système et qui empêcherait que l'arrivée de tous ces gens ne constitue un fardeau indu pour les localités frontalières. Hélas, au lieu de choisir une approche proactive, les libéraux ont préféré se mettre sur la défensive et se résoudre à bouger uniquement lorsqu'ils n'ont plus d'autre choix. L'inaction des libéraux donne des munitions aux apôtres de la désinformation et de la division. Pour tout dire, la motion des conservateurs les pose ni plus ni moins comme les champions de cette approche.
Pour qu'on se comprenne bien, je suis en faveur d'une étude, mais j'en ai contre les mots que les conservateurs ont délibérément choisis pour peindre un tableau faussé de la situation. Je proposerai un amendement en temps et lieu, mais j'aimerais tout d'abord que nous passions la motion d'aujourd'hui au crible.
Commençons par l'emploi de l'adverbe « illégalement ». Les conservateurs qualifient intentionnellement d'illégaux les passages irréguliers à la frontière, alors que c'est tout simplement faux. En réalité, les demandeurs d'asile qui franchissent la frontière à un endroit qui n'est pas prévu à cette fin sont en situation irrégulière, et non dans l'illégalité. Le fait de franchir la frontière canadienne ailleurs qu'à un point d'entrée reconnu ne constitue pas une infraction au titre du Code criminel. Au contraire, l'article 133 de la Loi sur l'immigration et la protection des réfugiés dit ceci:
L’auteur d’une demande d’asile ne peut, tant qu’il n’est statué sur sa demande, ni une fois que l’asile lui est conféré, être accusé d’une infraction visée à l’article 122, à l’alinéa 124(1)a) ou à l’article 127 de la présente loi et à l’article 57, à l’alinéa 340c) ou aux articles 354, 366, 368, 374 ou 403 du Code criminel [...]
Le paragraphe 27(2) du règlement d'application de la loi dit également ceci:
[...] si la personne cherche à entrer au Canada à un point autre qu’un point d’entrée, elle doit se présenter au point d’entrée le plus proche.
Or, c'est exactement ce qui se passe.
Pour que tout le monde soit bien informé du processus, j'aimerais simplement préciser que, lorsqu'une personne traverse la frontière de façon irrégulière, elle est détenue, questionnée et soumise à une vérification d'identité. Une fois la vérification de la GRC terminée, la personne est prise en charge par l'Agence des services frontaliers du Canada, qui la questionne sur ses antécédents personnels et sur la façon dont elle est entrée au Canada. On prend ses empreintes digitales et sa photo et on lui demande de remplir de la documentation. On procède à une vérification des antécédents. Si la personne est jugée admissible, son dossier est transmis à la Commission de l'immigration et du statut de réfugié, qui rend une décision sur sa demande d'asile. Il n'y a pas de resquillage, et si la personne ne correspond pas à la définition que donne la loi canadienne d'un réfugié, alors la Commission rejette sa demande. Voilà comment le système fonctionne, comme il se doit. Ces demandeurs d'asile suivent la loi canadienne.
J'ai été profondément troublée par la rapidité avec laquelle le a capitulé, le 19 mars, lorsque les membres conservateurs du comité l'ont interrogé agressivement au sujet de l'emploi du mot « illégal » pour décrire les passages irréguliers. Il a même dit qu'il n'avait aucune réticence à employer ce terme. C'est comme si le ministre de l'Immigration ne connaissait pas les articles 117 et 133 de la Loi sur l'immigration et la protection des réfugiés. C'est lui le ministre responsable de l'application de cette loi. Si les problèmes n'étaient pas aussi graves, on pourrait en rire.
Par ailleurs, la motion parle de failles dans les contrôles. À la façon dont elle est formulée, on penserait que tous ceux qui ont traversé la frontière de façon irrégulière ont échoué aux contrôles de sécurité. Soyons clairs: compte tenu du nombre de passages irréguliers, le gouvernement devrait remédier aux failles dans les contrôles là où il pourrait y en avoir. Cela dit, nous devons prendre garde de ne pas mettre tous les demandeurs d'asile dans le même panier.
À l'heure actuelle, seulement 1 % des demandeurs d'asile, qu'ils arrivent au pays de façon régulière ou non, sont détenus pour des raisons de sécurité. Les autorités recourront beaucoup à l'échange d'information avec nos alliés partout dans le monde pour déterminer l'admissibilité des demandeurs au Canada. Certaines personnes pourraient ne pas être admissibles pour des raisons de sécurité, parce qu'elles ont commis un crime grave, ou pour des raisons financières ou de santé. Les gens jugés non admissibles doivent quitter le Canada et peuvent être détenus en attendant leur renvoi. C'est ainsi que nous procédons actuellement. Tout se fait conformément aux règles. Toute insinuation du contraire est carrément fausse.
Troisièmement, en ce qui concerne le gazouillis #BienvenueAuCanada du , lorsque je l'ai vu, j'étais fière d'être canadienne. Le problème n'est pas l'intention derrière le gazouillis, ce sont les gestes du premier ministre, qui ne concordent pas avec ses paroles.
Les libéraux n'ont pas su fournir aux provinces et aux organismes travaillant sur le terrain les ressources nécessaires pour composer avec l'afflux de passages irréguliers à la frontière. En fait, le gouvernement fédéral n'offre aucune ressource aux ONG pour soutenir les demandeurs d'asile qui sont arrivés au Canada par voie terrestre. Le gouvernement fédéral ne devrait pas abandonner les provinces et les organismes lorsqu'il est question de ces demandeurs d'asile. Il doit jouer un rôle de premier plan et être un véritable partenaire pour eux.
Par conséquent, le NPD demande au gouvernement de joindre le geste à la parole. Nous devons donner suite à nos propos. La grande majorité des Canadiens est fière que le Canada fasse preuve de compassion en accueillant des réfugiés. C'est ce que l'on a constaté dans le cadre de l'initiative pour les réfugiés syriens, lorsque les Canadiens sont intervenus massivement en se portant volontaires pour parrainer à titre privé des réfugiés au Canada. Même aujourd'hui, les Canadiens continuent de demander au gouvernement de hausser le plafond imposé au nombre de réfugiés parrainés par le secteur privé au Canada. L'incapacité des libéraux à joindre le geste à la parole ne fera qu'encourager les personnes qui tentent de semer la discorde et la peur dans le coeur et l'esprit des Canadiens. Il faut que cela cesse.
Quatrièmement, les conservateurs laissent entendre qu’il s’agirait d’une échappatoire dans l’Entente sur les tiers pays sûrs. Ils ont tort. Les conservateurs reprennent le discours anti-réfugiés et discriminatoire de Donald Trump en demandant que le Canada applique l’Entente sur les tiers pays sûrs à l’ensemble de la frontière, ce qui reviendrait à ériger un mur invisible. Alors qu’il y a aujourd’hui dans le monde un nombre sans précédent de personnes déplacées de force, le Canada doit continuer de faire sa part.
Mettons les choses en perspective: même en tenant compte de l’initiative relative aux réfugiés syriens, les efforts que déploie le Canada en matière de réinstallation de réfugiés ne satisfont que 0,1 % des besoins mondiaux. Au lieu de céder à la droite alternative, les libéraux doivent rester forts et réaffirmer que le Canada est un pays juste et compatissant qui respecte et célèbre la diversité qui le caractérise. Le Canada peut se permettre de demeurer un symbole d’espoir à l’étranger.
Pour ceux qui se demandent d’où proviendra l’argent, on pourrait éliminer les échappatoires fiscales liées aux options d’achat d’actions dont jouissent les gens richissimes et empêcher l’accès aux paradis fiscaux afin de réinvestir les sommes ainsi récupérées au profit des plus vulnérables. S'ils veulent faire preuve de leadership, les libéraux ne doivent pas céder à cette approche fractionnelle qui consiste à dresser les gens vulnérables les uns contre les autres. Le Canada doit être un exemple et assumer ses obligations internationales aux termes de la Convention de 1951 et du Protocole de 1967 relatifs au statut des réfugiés des Nations unies.
J’ai vraiment eu honte lorsque, le 23 novembre dernier, le a renié de façon spectaculaire son mot-clic #BienvenueauCanada pour reprendre à son compte le discours anti-réfugiés en affirmant qu’il ne suffisait pas qu’une personne soit à la recherche d’un avenir économique prometteur pour que le Canada lui accorde le statut de réfugié. Insinuer que les réfugiés essaient d'abuser du système et de resquiller, c’est se rabaisser au niveau de l’extrême droite et de son discours anti-réfugiés. Je n'aurais jamais cru le capable d'autant de bassesse.
Si le peut sombrer dans une telle démagogie, il n'est pas étonnant que les conservateurs proposent maintenant que le Canada ferme ses frontières aux passages irréguliers au moyen d'un mur invisible en déclarant que toute la frontière est un point d'entrée autorisé. Les conservateurs se sont sans doute inspirés de l'idée fixe et exagérée de M. Trump de construire un mur.
Lorsque les conservateurs affirment que les passages irréguliers à la frontière représentent une échappatoire dans l'Entente sur les tiers pays sûrs, ils induisent les Canadiens en erreur de façon délibérée. Les articles 117 et 133 de la Loi sur l'immigration et la protection des réfugiés montrent clairement que leur affirmation est fausse.
Les néo-démocrates et les experts conviennent que le problème relatif aux passages ordonnés découle de l'Entente sur les tiers pays sûrs. Je demande depuis plus d'un an au gouvernement d'invoquer l'article 10 de l'Entente sur les tiers pays sûrs et d'aviser les États-Unis par écrit que nous suspendons l'Entente.
Si l'Entente sur les tiers pays sûrs est suspendue, les demandeurs d'asile pourront traverser la frontière de façon sécuritaire et ordonnée à des points d'entrée désignés. Contrairement à l'approche ponctuelle, cette approche protégera les droits des demandeurs d'asile, elle assurera la sécurité et la stabilité des localités frontalières du Canada les plus touchées par l'afflux et elle permettra aux organismes gouvernementaux, comme la GRC, l'Agence des services frontaliers du Canada, Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada et la Commission de l'immigration et du statut de réfugié, de déployer stratégiquement le personnel et les ressources nécessaires pour établir des infrastructures frontalières. Il s'agit d'une réponse rationnelle et raisonnable à la situation.
Qui plus est, l'immigration est une compétence fédérale. Il incombe au gouvernement fédéral de prendre les choses en main dans ce dossier et de veiller à ce que la situation n'ait pas de conséquences négatives sur les gouvernements et les services provinciaux.
C'est au Québec que se fait la très grande majorité de ces passages irréguliers à la frontière. La situation se répercute sur les budgets et les services de la province. Il ne devrait pas en être ainsi. Quand le gouvernement du Québec a demandé de l'aide, le a plutôt choisi de le réprimander. C'est inacceptable.
Le NPD demande depuis longtemps au gouvernement et de suspendre l'Entente sur les tiers pays sûrs et d'accorder les ressources nécessaires aux gouvernements provinciaux touchés, aux entités gouvernementales comme l'Agence des services frontaliers du Canada, la Gendarmerie royale du Canada, Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada et la Commission de l'immigration et du statut de réfugié du Canada, de même qu'aux organismes locaux d'aide à la réinstallation.
On ne peut accepter que des groupes vulnérables soient dressés les uns contre les autres et qu'un afflux de demandes d'asile empêche les Canadiens d'avoir accès à des services sociaux et à des services de santé essentiels. Le gouvernement du Québec ne devrait pas avoir à se battre pour obtenir du gouvernement fédéral les ressources dont il a besoin pour faire face à l'afflux. On aurait dû accéder à sa demande immédiatement.
En plus d'appuyer les provinces, le gouvernement doit également jouer un rôle pilote et veiller à ce que la Commission de l'immigration et du statut de réfugié du Canada dispose des ressources dont elle a besoin.
Je suis tout à fait d'accord pour dire que le gouvernement a mal géré la situation, mais je ne peux pas appuyer la motion dont nous sommes saisis. D'une part, les libéraux refusent de voir la situation comme elle est; d'autre part, les conservateurs exagèrent à outrance dans le but du susciter une attitude de rejet des réfugiés dans la population. La solution consiste à suspendre l'Entente sur les tiers pays sûrs.
Je propose donc l'amendement suivant à la motion: Que la motion soit modifiée: a) par substitution, aux mots « la crise découlant de l’afflux de milliers de personnes qui franchissent illégalement notre frontière sud entre les points d’entrée, que les organismes responsables de s’occuper de cette crise ont décelé des failles dans les contrôles de sécurité des réfugiés nouvellement arrivés », des mots « la situation découlant de l’afflux de milliers de personnes qui franchissent irrégulièrement notre frontière sud entre les points d’entrée, que les organismes responsables de s’occuper de cet afflux devraient corriger les failles qu'ils décèlent »; b) par substitution, aux mots « l’irresponsabilité dont a fait preuve le premier ministre en gazouillant #BienvenueAuCanada aux personnes désireuses d’entrer au Canada par des voies illégales », des mots « l’irresponsabilité dont a fait preuve le premier ministre en gazouillant #BienvenueAuCanada aux personnes désireuses d’entrer au Canada de manière irrégulière sans joindre le geste à la parole en prenant des mesures pour préserver l'intégrité du système d'octroi de l'asile au Canada »; c) par substitution, à tous les mots du sous-alinéa d)(i), des mots « s'occuper de l’afflux de personnes qui entrent de manière irrégulière au Canada depuis les États-Unis en suspendant l'Entente sur les tiers pays sûrs ».
J'espère qu'on acceptera mon amendement pour que nous puissions discuter rationnellement de la situation découlant de l’afflux des gens qui franchissent la frontière de manière irrégulière sans tenir de propos alarmants et en déterminant les mesures à prendre dans le respect des obligations internationales du Canada.
:
Monsieur le Président, je suis heureux de me lever à la Chambre pour parler de la motion très importante présentée par ma collègue, l'honorable députée de .
D'entrée de jeu, il est question de la souveraineté de notre pays et du contrôle de nos frontières. On fait beaucoup de discours à ce sujet actuellement. Les idées de chaque parti vont à gauche et à droite. À la base, en ce qui me concerne comme ministre du cabinet fantôme pour la sécurité publique, c'est la souveraineté et le contrôle de nos frontières qui priment.
Le gouvernement libéral semble incapable de surmonter la crise découlant de l'afflux de milliers de personnes qui franchissent illégalement notre frontière du Sud, entre les points d'entrée officiels. De plus, les organismes responsables de s'occuper de cette crise ont décelé des failles dans le contrôle de la sécurité des réfugiés nouvellement arrivés. Ils nous révèlent qu'il y a un sérieux retard en ce qui concerne les audiences prévues et l'exécution des ordonnances de déportation, et que cette tendance devrait s'accentuer au cours de l'été.
Dans notre motion, nous demandons au gouvernement de faire en sorte que les organismes responsables de nos frontières soient convenablement outillés, afin de pouvoir continuer à s'acquitter de leurs obligations efficacement, et que les personnes qui se présentent aux frontières canadiennes se soumettent aux formalités prévues.
Nous voulons que le gouvernement admette l'irresponsabilité dont a fait preuve le en gazouillant « #BienvenueAuCanada » aux personnes désireuses d'entrer au Canada par des voies illégales. Nous exigeons aussi que le gouvernement libéral assume la responsabilité des coûts colossaux pour les services sociaux, qui alourdissent le fardeau des gouvernements provinciaux, et qu'ils déposent à la Chambre d'ici le 11 mai 2018, un plan pour stopper l'afflux de personnes qui entrent illégalement au Canada. Nous voulons que le gouvernement prenne les mesures qui s'imposent, afin de traiter le dossier des personnes qui ont déjà demandé l'asile.
Maintenant que les températures sont plus clémentes, l'Agence des services frontaliers du Canada, l'ASFC, enregistre à nouveau de fortes hausses des entrées de migrants illégaux à un point d'entrée non désigné, c'est-à-dire Saint-Bernard-de-Lacolle, au Québec. Ces entrées illégales ont considérablement augmenté depuis que le premier ministre a diffusé au monde entier son gazouillis infâme et irresponsable, en janvier 2017, dans lequel il a déclaré: « À ceux qui fuient la persécution, la terreur et la guerre, sachez que le Canada vous accueillera...indépendamment de votre foi. La diversité fait notre force. Welcome to Canada. »
Quoi qu'en disent les libéraux, et quoi qu'en dise toute autre personne, c'est le point de départ du problème qui nous occupe aujourd'hui. Ce gazouillis plus qu'imprudent, voire désastreux, a été entendu haut et fort par les ressortissants étrangers résidant illégalement aux États-Unis, et qui savent qu'à partir de juillet 2019, le gouvernement américain mettra fin au statut de protection temporaire pour des centaines de milliers d'entre eux. Ce qui est pire, c'est que le gazouillis du premier ministre a également été entendu dans le monde entier par des gens qui ne sont pas des réfugiés, mais simplement des personnes cherchant à trouver un pays où ils pourraient envisager une vie meilleure. Des agents de l'ASFC ont confirmé à mon bureau qu'un bon nombre de migrants illégaux, passant par le point d'entrée frontalier non officiel au Québec, sont originaires du Nigeria. Comme on le sait, le Nigeria n'est pas un pays pauvre. Son PIB se classe parmi les meilleurs de tous les pays africains. Cependant, les libéraux voudraient convaincre les Canadiens que tous les migrants illégaux sont des réfugiés, et que quiconque n'est pas d'accord avec leur position est sans coeur et manque de compassion. C'est vraiment un gros problème. Avec leur idéologie, les libéraux essaient de faire croire à tout le monde que nous, les conservateurs, sommes des sans-coeur, parce que nous voulons défendre notre frontière et que nous voulons que les immigrants arrivent de façon légale au Canada. J'aimerais que cela cesse. À un moment donné, cela fera.
Cette crise est vraiment une création du premier ministre. Nous parlons du premier élu et de celui qui a le plus de pouvoir au Canada: le premier ministre du Canada. Ce problème est sa création. Les opérations de l'Agence des services frontaliers du Canada ont été submergées par cette crise. Actuellement, plus de 20 000 clandestins sont entrés au Canada par le Québec, en 2017. Ce que je vais dire est important: les agents nous informent que la haute direction fait pression sur eux, afin qu'ils réduisent de manière draconienne les activités de traitement de sécurité. Ces activités de traitement de sécurité prennent normalement huit heures. Le processus prend maintenant moins de deux heures.
Nous avons vu le gouvernement libéral fournir à ces illégaux des permis de travail accélérés, des soins de santé et des services de logement sans aucun coût pour eux, tandis que ceux qui cherchent à immigrer au Canada dans le cadre de la procédure légale doivent attendre plus longtemps et payer des frais d'immigration.
Actuellement, aucune mesure n'est prise par le gouvernement pour arrêter le flux de ces migrants. En 2018, le nombre d'immigrants illégaux qui entreront au Canada par un point d'entrée non désigné au Québec est estimé à 400 par jour durant la saison estivale, et c'est même déjà commencé. Or, 400 immigrants par jour, c'est 12 000 par mois. Si on multiplie cela par les trois ou quatre prochains mois où il va faire beau, on arrive à 50 000 immigrants. Cela va vite.
La somme de 146 millions de dollars que le gouvernement fédéral devra rembourser au Québec pour les coûts attribués aux immigrants clandestins du Québec n'est qu'une goutte comparé à ce qui est prévu en 2018. Les libéraux sont également coupables de jouer avec les mots, puisque les 85 millions de dollars qu'ils ont annoncés pour l'Agence des services frontaliers du Canada pour traiter ces nouveaux migrants illégaux ne sont même pas suffisants pour couvrir les heures supplémentaires accumulées et les autres coûts engagés en raison de la crise.
Pendant, ce temps, le désordre continue à notre frontière et ne cesse de s'amplifier. Cela devient malheureusement évident que la sécurité des Canadiens n'est pas une priorité pour le . Le premier ministre doit comprendre que les lois canadiennes sur l'immigration n'ont pas été écrites et votées par un parti politique en particulier. Elles ont été écrites au cours des années par le Parlement canadien. Certaines de ces lois ont été présentées par les libéraux ou par les conservateurs au fil du temps. Donc, la façon de faire en matière d'immigration au Canada a été gérée par tous les partis politiques qui ont été au pouvoir depuis plus de 150 ans.
C'est la même chose pour la sécurité publique. Chaque parti qui a été au pouvoir a travaillé à développer des règles de sécurité publique et on se doit de les faire appliquer. Tout cela, c'est dans l'intérêt des Canadiens. Les Canadiens, lorsqu'ils se lèvent le matin, doivent être assurés que les gouvernements en place sont là pour assurer leur protection et pour s'assurer qu'ils vivent dans un pays libre de tout enjeu problématique.
La fin de semaine, quand je me promène dans ma circonscription, Charlesbourg — Haute-Saint-Charles, tout le monde me parle du fiasco énorme que le a créé avec son fameux tweet. À Lacolle, les migrants entrent en très grand nombre et les gens sont inquiets, avec raison. Je reçois beaucoup d'information. J'en reçois des agents des services frontaliers, qui me disent qu'ils veulent me parler, mais qu'ils n'ont pas le droit, qu'on leur interdit de me parler. Bien sûr, les gens sont tenus à la confidentialité, mais la situation dépasse l'entendement actuellement. Ces gens veulent qu'au moins quelqu'un de l'opposition soit au courant. Ils s'adressent à leur patron et au gouvernement, mais cela ne transparaît pas. On ne sent pas que le gouvernement comprend ou accepte les revendications des agents des services frontaliers.
Ceux qui sont en poste ont un devoir. C'était mon cas aussi, à l'époque, quand j'étais militaire. Nous avons l'obligation de servir notre pays le plus efficacement possible et le plus professionnellement possible. Nous sommes assermentés. C'est la même chose pour les agents des services frontaliers et pour les agents de la Gendarmerie royale du Canada. Ces gens sont là pour faire appliquer la loi. Lorsqu'on leur demande d'en faire moins et d'en laisser passer, ils ne comprennent pas. Ce n'est pas dans leur nature. Ce n'est pas ce qui fait qu'ils ont décidé de faire ce travail. Ces gens sont inquiets et ne peuvent pas accepter cela.
C'est toujours délicat, mais je pourrais parler d'une situation. Un agent m'a contacté et il m'a dit qu'il ne comprenait pas, qu'il n'avait pas le droit de me dire cela, mais qu'il fallait que cela se sache. Je vais donc lire une partie de ce qu'il m'a écrit concernant les migrants actuels. L'agent m'a écrit, en parlant des migrants illégaux:
Ils atterrissent à JFK à New York et se dirigent vers Roxham Road, tout est prévu. Le gouvernement peut dire qu'ils sont « contrôlés » mais ils ne le sont pas. Nous sommes sous pression de minimiser les détentions. Nous laissons entrer les gars du Soudan sans passeport, sans carte d'identité autre qu'une carte de bibliothèque et ils ne sont pas détenus. Nous avions un meurtrier reconnu du Sénégal et nous avions vraiment du mal à « retenir » le gars. Ils veulent que toutes les autres options soient examinées avant la détention.... mais un meurtrier?
On le voit, c'est grave.
Nos agents des services frontaliers interrogent des gens dont l'identité n'est vraiment pas claire, qui ont commis des crimes dans leur pays, mais le gouvernement fait pression pour ne pas les mettre en prison. Le gouvernement ne veut pas porter le fardeau de dire qu'on emprisonne des gens, donc il demande aux agents de les laisser dans la nature. Mes collègues pensent-ils que c'est ce que les Canadiens demandent et que, tous partis confondus, ils acceptent ce genre de situation? Moi, je ne pense pas. Les agents des services frontaliers commencent à en avoir assez.
C'est ce qu'on appelle une situation chaotique. Le chaos, c'est cela, c'est quand on demande à des agents de poser des actions qui sont contraires aux raisons pour lesquelles ils ont été engagés et au serment qu'ils ont fait de bien servir notre pays. D'un côté, il y a la sécurité des Canadiens en jeu. De l'autre, il y a le désordre, le coût et l'impact social, surtout pour le Québec actuellement.
Quel premier ministre, avec du bon sens, permettrait que les frontières et les lois sur l'immigration ne soient pas respectées par les étrangers? De plus, quel premier ministre permettrait ces abus et les récompenserait avec un service de plus haute qualité que celui donné aux immigrants de bonne foi? On parle souvent de George Soros. Est-ce que le premier ministre va vraiment avaler ce que cet homme dit? Cela, c'est inquiétant. N'est-il pas conscient du chaos dans les autres pays où les politiques de laxisme frontalier ont laissé les communautés dans un bordel total avec des augmentations draconiennes d'actes violents? Plus important encore, le premier ministre impose-t-il sa vision du Canada à la nation québécoise?
Le Québec a conclu une entente avec le gouvernement fédéral sur les questions d'immigration. En permettant aux migrants illégaux d'accéder sans restriction aux communautés du Québec, il est clair que le premier ministre a trouvé une façon très créative de passer outre l'autorité du Québec. Autrement dit, les ententes concernant l'immigration qui existent entre le gouvernement fédéral et la province de Québec ne sont plus en vigueur. Les vrais immigrants et les vrais réfugiés qui cherchent à venir au Québec par des moyens légaux sont forcés d'attendre plus longtemps parce que le premier ministre a décidé de récompenser les contrevenants en premier. C'est vraiment dommage.
De plus, comme nous savons que les ressources en immigration sont déjà sous haute pression, nous devons considérer les autres coûts pour le Québec et les autres provinces. L'étrange décision du premier ministre visant à permettre aux immigrants illégaux d'entrer sans entrave au Canada crée une pression énorme sur les services sociaux provinciaux. Soyons honnêtes, la grande majorité des services gouvernementaux offerts aux nouveaux arrivants au Canada relèvent des provinces. Le soutien du revenu de base pour les nouveaux arrivants relève des provinces. Les banques alimentaires, le logement, les écoles et les services de santé sont un fardeau porté par les provinces. Comme nous avons pu le voir, le Québec en a eu beaucoup à gérer.
Maintenant, avec un calcul rapide, nous avons une très bonne idée du coût que la province de Québec assumera avec cette nouvelle politique frontalière du Parti libéral. Je dis le Québec, mais dans un futur proche les autres régions du Canada connaîtront aussi ce même chaos.
Mes collègues savent-ils que le premier ministre est en train de mettre sur pied un comité qui va étudier la situation et demander aux immigrants clandestins où ils veulent résider au Canada? C'est assez incroyable. Le Québec a dit, à juste titre, qu'il en avait assez fait. Plutôt que régler le problème et d'arrêter l'immigration illégale, on va avoir un genre d'arrêt d'autobus qui va dire: « Le Québec, c'est assez. Où voulez-vous aller? L'Ontario est par là, l'Alberta est un peu plus loin par là. » Qu'est-ce c'est que cela? On fait une file et quand on entre au Canada, on se fait rediriger comme cela? Cela ne fonctionne pas. C'est incroyable.
Pendant ce temps-là, chaque semaine, mes collègues de tous les partis et moi recevons des immigrants légaux dans nos bureaux de circonscription parce qu'ils ont un problème. Certains sont arrivés il y a trois ou quatre ans. Ils ont fait leur demande et, à un moment donné, un document de leur dossier est perdu quelque part dans la fonction publique. Ensuite, ils se font menacer d'être déportés. Ce n'est pas des farces, il y a au moins une centaine d'immigrants par année, juste dans ma circonscription, qui ont ce genre de problème et qui vivent avec l'inquiétude d'être déportés pour des problèmes administratifs. Pendant ce temps-là, les immigrants illégaux entrent à pleine porte et se font envoyer à gauche et à droite au Canada. De plus, les provinces sont obligées de leur donner un chèque et tout ce qu'il faut.
Une voix: Oh, oh!
M. Pierre Paul-Hus: Monsieur le Président, une collègue du NPD s'oppose à mes propos. Elle aura l'occasion d'en débattre plus tard.
Le Québec en a assez fait et on le reconnaît. Il faut poursuivre le travail pour protéger les autres provinces et mettre immédiatement fin à ce problème.
On a donc un choix de société à faire. On a le choix de faire respecter notre souveraineté, ce à quoi les gens s'attendent, soit la souveraineté de nos frontières. C'est pourquoi on demande au gouvernement d'adopter un plan, parce qu'à l'heure actuelle, tout ce qu'il nous dit c'est qu'il va envoyer de l'argent, des millions de dollars. Au bout du compte, le problème va persister. On peut bien réengager des milliers d'agents des services frontaliers, on peut bien engager des centaines d'agents à l'immigration, mais tant et aussi longtemps qu'on ne réglera pas le problème de la gestion de la frontière, en ne changeant pas l'Entente sur les tiers pays sûrs, le problème va continuer. Les gens vont continuer de venir au Canada, parce qu'ils se diront qu'ils peuvent entrer sans problème au Canada par la porte d'à côté.
Il est donc important que le gouvernement mette ses culottes, établisse un plan, donne une directive claire et demande aux États-Unis de changer l'Entente sur les tiers pays sûrs, afin de colmater cette brèche. Ce message doit être transmis partout sur la planète. À ce moment-là, le premier ministre pourrait faire un gazouillis intelligent qui dirait à tout le monde qu'on va les accueillir au Canada et qu'on est accueillants, mais qu'il faut le faire de façon légale et arrêter de prendre des moyens détournés pour venir au pays, parce que cela ne fonctionne pas.
En outre, une crise s'installe: parmi les gens qui arrivent ici actuellement, il y en a au moins 8 sur 10 qui ne passent pas le test pour être un réfugié. Ces gens vont devoir être déportés. À un moment donné, il faudra qu'on leur coure après, parce qu'ils voudront se sauver. Ils ne voudront pas être déportés, et on aura une crise à gérer avec les familles qui devront retourner dans leur pays d'origine. Ce sera un autre problème et, en plus du coût humain, des coûts y seront encore associés.
Quand on accuse les conservateurs de ne pas avoir de compassion, c'est faux, car on pense à ces choses. C'est pour cela qu'on veut régler le problème. On voit plus loin. On pense plus loin. On a actuellement un gouvernement qui fait simplement réagir à coup de centaines de millions de dollars, au lieu de dire qu'on fait face à une situation problématique et qu'il faut y mettre fin. Il faut passer à l'action. C'est tout simplement cela qu'il faut faire. Si le gouvernement pouvait agir dès maintenant, on se reverrait ici dans un an et tout aurait changé. Les gens vont continuer de venir au Canada de façon légale, et on va les accueillir avec grand plaisir.
:
Monsieur le Président, avant de débuter, je vous indique que je vais partager mon temps de parole avec ma collègue la députée de . Notre gouvernement se fait un devoir de protéger tous les Canadiens et les Canadiennes. Notre gouvernement se fait aussi un devoir d'assurer la sécurité de ses frontières. Cependant, notre gouvernement se fait aussi un devoir de respecter ses obligations nationales et internationales.
Avant d'aller plus loin, j'aimerais prendre un moment pour remercier tous nos partenaires sur le terrain, y compris les agents des services frontaliers; la GRC; les employés du ministère de la Citoyenneté et de l'Immigration; nos services d'établissement; tous nos partenaires sur le terrain; les députés du Québec qui nous aident grandement dans cette situation; et tous les autres députés qui ont participé à des missions à l'étranger pour s'adresser aux communautés, aux États-Unis par exemple, pour faire en sorte que les gens connaissent nos lois et règlements avant de venir au Canada.
Nous continuons de gérer la migration irrégulière dans le respect du droit canadien et du droit international. Nous continuons de gérer les demandes d'asile conformément à nos valeurs en tant que pays ouvert et accueillant. Nous continuons aussi de gérer les dossiers d'immigration en tant que chef de file mondial en la matière. Soyons clairs, la sécurité nationale du Canada est d'abord notre priorité. Toutes les personnes qui souhaitent entrer au Canada doivent démontrer qu'elles satisferont à nos exigences.
Parlons un peu du traitement des demandes. Que mes collègues soient assurés que les autorités canadiennes appliquent avec rigueur les lois et les règlements qui protègent l'intégrité des frontières et la sécurité de notre pays, et ce, tout en offrant l'asile aux personnes qui ont besoin de protection. Les demandeurs d'asile sont soumis à un processus très strict et rigoureux afin de déterminer l'admissibilité de leur demande. Rien ne garantit qu'un demandeur d'asile pourra rester au Canada. Les personnes qui entrent au Canada entre les points d'entrée sont arrêtées par des agents de la Gendarmerie royale du Canada ou par les forces de l'ordre locales. Elles sont conduites devant un agent de l'immigration à un point d'entrée. Un agent de l'Agence des services frontaliers du Canada vérifie ensuite l'identité des demandeurs à l'aide d'informations biographiques et biométriques.
Je souligne que c'est grâce à notre gouvernement que l'Agence des services frontaliers du Canada a les ressources en place pour assurer que nos frontières sont bien gérées. Je rappelle, encore une fois, même si les membres de l'ancien gouvernement ne veulent pas le mentionner, que c'est l'ancien gouvernement Harper qui a coupé 390 millions de dollars du service qui protège nos frontières.
Les demandeurs d'asile doivent se soumettre à une vérification approfondie incluant l'analyse des antécédents judiciaires et à des contrôles de sécurité. Par la suite, leurs dossiers sont examinés et comparés aux renseignements contenus dans les bases de données canadiennes et internationales, ainsi que dans les bases de données de nos partenaires pour y déceler toute préoccupation relative à l'immigration, aux activités criminelles et à la sécurité. Aucun demandeur d'asile ne peut quitter le point d'entrée avant d'avoir été soumis à une vérification de sécurité très stricte.
Certaines personnes ne sont pas autorisées à présenter une demande d'asile au Canada. Également, ce ne sont pas toutes les demandes d'asile qui seront acceptées. À cet égard, la Commission de l'immigration et du statut de réfugié du Canada détermine si une demande d'asile sera acceptée ou rejetée. La Commission est le plus important tribunal administratif au Canada. Il s'agit d'un tribunal quasi judiciaire indépendant, impartial et spécialisé en immigration. Ses décisions sont fondées sur les éléments de preuve qui lui sont présentés ainsi que sur le droit applicable, et ce, dans le respect des principes de justice naturelle.
Chaque cas est tranché en fonction de ses circonstances particulières. Lorsqu'une demande d'asile est rejetée, le processus de renvoi s'enclenche. Le parti de l'opposition a eu l'audace de présenter une motion demandant que des outils soient mis en place pour les organismes qui s'occupent du processus, et ce, après avoir saboté le système d'immigration pendant près de 10 ans. La Commission de l'immigration et du statut de réfugié avait d'énormes retards sur ses cas et avait été complètement négligée. C'est pour cette raison que nous avons travaillé avec la Commission pour améliorer sa productivité, et nous avons réinvesti pour nous assurer que le progrès se poursuit.
Une fois que ces personnes ont épuisé tous les recours légaux, elles sont tenues de respecter la loi et de quitter le Canada ou elles seront renvoyées. Les demandes d'asile sont notamment régies par des traités internationaux auxquels le Canada souscrit. Par conséquent, nous avons le devoir d'examiner les demandes d'asile présentées au titre de ces accords internationaux. Voilà pourquoi le système d'octroi d'asile est fondamentalement différent de tous les autres secteurs de l'immigration.
En ce qui concerne les mesures en place, notre gouvernement travaille activement et rigoureusement dans ce dossier. Malgré les défis auxquels nous faisons face et qui nous ont été laissés par l'ancien gouvernement, nous avons entrepris des démarches concrètes pour faire des vraies avancées dans ce dossier.
D'ailleurs, le budget de 2018 prévoit un investissement de 173,2 millions de dollars dans la gestion de la migration irrégulière en vue de renforcer la sécurité à la frontière et d'accélérer le processus de traitement des demandes d'asile.
De plus, la Commission de l'immigration et du statut de réfugié recevra un financement supplémentaire de 74 millions de dollars au cours des deux prochaines années pour le traitement des demandes d'asile. Ce montant de 74 millions de dollars a d'ailleurs été clairement annoncé lors du dépôt du budget, le 27 février dernier.
Un des éléments ayant contribué à l'arrivée massive d'immigrants irréguliers l'été dernier a été les fausses informations qui ont circulé à l'étranger. Dès que nous avons appris que des renseignements erronés étaient diffusés dans certaines collectivités des États-Unis, nous avons communiqué avec elles pour réfuter ces mythes. Nous avons aussi joint ces groupes afin de nous assurer qu'ils comprenaient bien le système d'octroi de l'asile du Canada. Nous leur avons clairement fait savoir que le fait de traverser la frontière de façon irrégulière ne constituait pas une entrée assurée au Canada.
Il existe des règles strictes à respecter en matière d'immigration et de douane, et nous les appliquons rigoureusement afin de protéger nos collectivités contre les risques pour la sécurité. Ce travail de communication a d'ailleurs porté ses fruits. Nous avons vu une diminution significative des demandeurs d'asile en provenance des communautés que nous avons ciblées. Cette réussite nous encourage à poursuivre sur cette voie. En effet, de concert avec les députés, nous continuons à sensibiliser les collectivités et à leur donner l'heure juste quant au système d'octroi de l'asile. En outre, nous avons travaillé étroitement avec nos missions aux États-Unis et nous diffusons des messages sur les médias sociaux.
Dans ce contexte, je tiens à répéter que le gouvernement se fait un devoir d'assurer à la fois une migration ordonnée et la sécurité des Canadiens et des Canadiennes. La loi donne à toute personne qui demande l'asile au Canada le droit à l'application régulière de la loi, et ce, même si elle est entrée illégalement entre deux points d'entrée. Cependant, il n'y a aucune garantie qu'un demandeur d'asile puisse demeurer au Canada à l'issue du processus de demande d'asile.
Notre gouvernement suit de très près ce dossier et nous travaillons avec tous nos partenaires sur le terrain pour régler cette situation. L'été 2017 a été unique en ce que le Canada a connu une hausse inattendue de migrants irréguliers. Grâce à une étroite collaboration avec les provinces, en particulier le Québec et l'Ontario, nous avons réussi à accueillir des milliers de migrants sans compromettre la sécurité des Canadiens et des Canadiennes.
Contrairement à ce qui est divulgué un peu partout, il nous est impossible de prédire quel sera l'afflux des demandeurs d'asile l'été prochain. Nous avons quand même mis en place, en collaboration avec les provinces, les territoires, les municipalités et des organismes non gouvernementaux, un plan national de mesures d'urgence que tous les ministères fédéraux pourront suivre en cas d'augmentation importante du nombre d'entrées irrégulières et de demandes d'asile.
Nous continuons de collaborer avec différentes collectivités, particulièrement aux États-Unis, en vue de mieux faire connaître les lois et les procédures du Canada et d'empêcher la diffusion de renseignements erronés concernant le système canadien d'octroi de l'asile. Encore une fois, nous allons continuer de travailler en étroite collaboration avec nos collègues américains dans ce dossier, car il concerne la gestion de la migration sur l'ensemble du territoire de l'Amérique du Nord. Surtout, nous allons continuer à travailler de concert avec les provinces du Québec et de l'Ontario.
Nous allons continuer de travailler très fort. Nous avons eu des rencontres avec le groupe de travail, qui a proposé des solutions très concrètes, et nous sommes aussi à l'écoute de ses demandes.
Je vous remercie de m'avoir donné la parole, monsieur le Président, pour parler de ce dossier important que nous voulons bien gérer, et c'est ce que nous faisons.
:
Monsieur le Président, tout d'abord, je tiens à offrir mes plus sincères condoléances aux personnes touchées par l'attentat tragique survenu hier à l'intersection Yonge et Finch de Toronto. En tant que députée d'Aurora—Oak Ridges—Richmond Hill et Canadienne qui habite tout près de ce secteur, j'ai été consternée et renversée par ce qui s'est produit hier. Je tiens à remercier le service de police de Toronto et les premiers intervenants, qui ont travaillé avec beaucoup de courage sur les lieux de l'attaque. Je veux que les Canadiens sachent que nous ne devrions pas vivre dans la peur. Nous nous unissons pour appuyer les victimes de cet attentat et, ensemble, nous allons rester forts.
Je suis privilégiée de pouvoir participer à ce débat important sur une motion concernant la migration irrégulière. De nombreux députés ont brossé un portrait inexact de la situation, en partie parce qu'on comprend mal le fonctionnement du système canadien. J'aimerais donc prendre un instant pour passer en revue le processus et pour répéter les raisons pour lesquelles nous offrons une protection aux demandeurs d'asile du monde entier.
Dans ce débat, il est essentiel de bien comprendre les objectifs du système canadien d'octroi de l'asile. Les objectifs de ce système sont de sauver des vies, d’offrir une protection aux personnes déplacées et persécutées, de remplir les obligations du Canada en matière de droit international relativement aux réfugiés et de répondre aux crises internationales en offrant de l’aide aux personnes qui ont besoin d'être protégées.
En tant que présidente de l'Association parlementaire canadienne de l'OTAN, j'ai l'honneur de travailler avec des parlementaires de 29 pays de l'OTAN qui travaillent à assurer la sécurité et la défense de leur nation. Comme nous, ils sont résolus à défendre les valeurs qui leur sont chères et à maintenir leur réputation internationale de générosité et d'esprit humanitaire, depuis longtemps bien établie.
Dans la circonscription d'Aurora—Oak Ridges—Richmond Hill, nous avons une collectivité dynamique comptant des individus d'origines ethniques, de cultures et de religions diverses. Certains d'entre eux sont de nouveaux arrivants, d'autres viennent de familles qui sont ici depuis des générations. Ce que nous avons en commun? L'amour du Canada, où tous sont accueillis, peu importe leurs différences, et où l'on considère que la diversité contribue à édifier la société, la culture et l'économie. C'est pourquoi il est si important que le système d'octroi d'asile du Canada soit très respecté dans le monde et perçu comme un modèle d'équité, de sûreté et d'efficacité.
Comme les députés le savent, les demandes d'asile sont régies en partie par les traités internationaux auxquels adhère le Canada. Nous sommes donc légalement tenus d'évaluer les demandes d'asile faites en vertu de ces conventions. Ceci étant dit, il peut être dangereux de franchir la frontière canadienne de façon irrégulière entre les ports d'entrée désignés.
[Français]
Le Canada demeure un pays ouvert et accueillant pour les personnes qui ont besoin de protection. Cependant, notre gouvernement est déterminé à assurer une migration ordonnée.
[Traduction]
Le gouvernement libéral demeure résolu à protéger les Canadiens tout en maintenant un solide système d'octroi d'asile et en respectant ses obligations en ce qui concerne le traitement équitable des personnes en quête de protection. Toute personne interceptée par la GRC ou les forces de l'ordre locales après avoir traversé la frontière de manière irrégulière est conduite devant un agent d'immigration, qui procède à une évaluation en vue d'établir son identité et de vérifier son admissibilité au Canada. Il y a également un premier contrôle de sécurité pour s'assurer que la personne ne présente aucune menace pour la sécurité du Canada et pour établir si elle peut demander le statut de réfugié. Tous les demandeurs d'asile admissibles ont accès à un examen complet des faits dans le cadre d'une audience équitable et indépendante tenue par la Commission de l'immigration et du statut de réfugié.
Je siège au Comité permanent de la citoyenneté et de l'immigration de la Chambre des communes, qui examine actuellement la nomination des membres de la Commission de l'immigration et du statut de réfugié, leur formation et le processus de plainte, pour s'assurer que les audiences se déroulent de façon équitable et indépendante. Les décisions sont prises pendant l'audience; elles sont fondées sur les faits présentés dans le dossier en question et respectent les lois canadiennes sur l'immigration. Des représentants de la GRC et de l'Agence des services frontaliers ont fait savoir au comité que bon nombre de demandeurs risquent la persécution et sont donc dans une situation difficile lorsqu'ils se tournent vers le Canada pour obtenir de l'aide.
Il nous incombe, en vertu du droit international, de permettre aux demandeurs d'asile de faire entendre leur cause. Si leur demande est valable, ils peuvent rester. Si elle ne l'est pas, ils seront — et sont — expulsés du Canada.
Cela dit, nous travaillons en étroite collaboration avec nos partenaires et de nombreux organismes gouvernementaux afin que le système d'octroi d'asile demeure efficace. Dans le budget de 2018, nous avons investi 173,2 millions de dollars supplémentaires pour soutenir les opérations de sécurité à la frontière canado-américaine et le traitement des demandes d'asiles.
Nous gérons le système de façon responsable. Le dirigeant du Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés ici, au Canada, qui est l'autorité internationale sur la question des demandes d'asile, a dit ceci: « Les efforts déployés par le gouvernement du Canada pour répondre à la crise ont aussi été remarquables. Très tôt, les autorités, c'est-à-dire les autorités canadiennes tant au niveau fédéral que provincial, ont pris des mesures responsables afin que les demandes soient traitées de façon équitable et rapide. Nous ne devrions donc pas crier au loup. Le Canada est très bien outillé pour gérer toute hausse du nombre de demandeurs d'asile. »
Le gouvernement est déterminé à assurer la sécurité des Canadiens et à respecter ses obligations et engagements internationaux, selon lesquels il doit offrir une procédure équitable aux personnes qui ont besoin de protection. Nous avons repris la place du Canada sur la scène internationale, rétabli les soins de santé pour les réfugiés, investi dans le maintien de l'intégrité de nos frontières, pris les devants en matière de réinstallation de réfugiés, réduit les délais pour la réunification familiale et ciblé les arriérés pour de nombreux volets d'immigration.
Fidèle à la tradition du pays tout au long de son histoire, le Canada continuera de respecter les lois internationales. Nous offrirons toujours une protection aux personnes vulnérables. Nous ferons aussi en sorte qu'elles fassent l'objet de contrôles de sécurité rigoureux et d'audiences fondées sur les faits devant la Commission de l'immigration et du statut de réfugié. Nous assurerons le maintien de la bonne réputation internationale du système canadien d'octroi d'asile grâce à un modèle équitable, sûr et efficace.
Je suis heureuse d'avoir pu parler de ce sujet important et d'avoir souligné certaines des mesures que le gouvernement a prises pour assurer la sécurité tout en gérant efficacement l'afflux récent de demandeurs d'asile au pays.
:
Monsieur le Président, j'aimerais annoncer que je vais partager mon temps de parole avec mon collègue le député de . Il va évidemment nous faire un discours à la hauteur de son talent, et nous avons bien hâte de l'entendre.
Comme c'est la première fois que j'ai l'occasion de m'adresser à la Chambre depuis la terrible tragédie survenue à Toronto, je vais prendre quelques secondes, en tant que député de Mégantic—L'Érable, pour parler de cette tragédie. Je voudrais souligner tout le soutien de la population de Lac-Mégantic qui, il y a presque cinq ans maintenant, a également vécu une tragédie absolument incroyable. Nous savons qu'il est difficile pour les personnes touchées de près ou de loin de passer à travers ce genre d'événement. Que ce soient les familles des victimes ou la population en général, quand on vit une tragédie, un attentat ou un accident inattendu et incompréhensible, et que personne ne veut voir arriver dans sa vie, cela reste très longtemps gravé dans les mémoires et dans les coeurs des personnes touchées de près ou de loin.
J'aimerais transmettre à toutes les familles, à toute la population de Toronto et à toute la population du Canada, nos plus profondes condoléances pour les familles et notre plus grande sympathie à toutes les personnes touchées par cette tragédie. Notre compréhension, notre amour et notre coeur sont avec eux pour les aider à passer à travers ce moment très difficile.
Nous sommes ici pour parler de la crise migratoire. L'opposition officielle a déposé une motion très pertinente. Je vais lire cette motion dont nous voulons débattre aujourd'hui, au profit des gens qui nous regardent et qui nous écoutent. Cette motion a été présentée par ma collègue de et par mon collègue de :
Que, étant donné l'incapacité du gouvernement à surmonter la crise découlant de l'afflux de milliers de personnes qui franchissent illégalement notre frontière sud entre les points d'entrée, que les organismes responsables de s'occuper de cette crise ont décelé des failles dans les contrôles de sécurité des réfugiés nouvellement arrivés, ainsi qu'un arriéré dans les audiences prévues et l'exécution des ordonnances de déportation, et que cette tendance devrait s'accentuer au cours de l'été; la Chambre demande au gouvernement:
a) de faire en sorte que les organismes responsables de nos frontières soient convenablement outillés afin de pouvoir continuer à s'acquitter de leurs obligations efficacement et que les personnes qui se présentent aux frontières canadiennes se soumettent aux formalités prévues;
b) d'admettre l'irresponsabilité dont a fait preuve le premier ministre en gazouillant #BienvenueAuCanada aux personnes désireuses d'entrer au Canada par des voies illégales;
c) d'assumer la responsabilité des coûts colossaux des services sociaux, qui alourdissent le fardeau des gouvernements provinciaux;
d) de déposer à la Chambre, d'ici au 11 mai 2018, un plan pour
(i) stopper l'afflux des personnes qui entrent illégalement au Canada depuis les États-Unis,
(ii) prendre les mesures qui s'imposent afin de traiter les dossiers des personnes qui ont déjà demandé l'asile.
Comme on peut le constater, c'est une motion simple qui ne fait que réaffirmer la position que le Canada devrait adopter face à cette crise. On peut dire honnêtement que le gouvernement a fait preuve d'une très mauvaise gestion depuis ce fameux gazouillis du premier ministre.
Depuis le mois de novembre 2015, le Canada a été prêt à accueillir près de 40 000 réfugiés syriens qui fuyaient la guerre dans leur pays et les conditions de vie insalubres des camps de réfugiés partout en Europe et au Moyen-Orient. Les provinces canadiennes ont mis en place les installations nécessaires pour l'accueil de ces réfugiés.
Toutefois, c'est tout à fait le contraire qui se passe présentement à nos frontières. Par quelques mots, le premier ministre a chamboulé la sécurité et la situation économique du Québec, et du Canada par ricochet, avec son gazouillis #BienvenueAuCanada.
Depuis ce gazouillis irresponsable de janvier 2017, les demandes d'asile de migrants en provenance des États-Unis ont augmenté de manière fulgurante. Le fardeau sur le Québec est considérable puisque la crise des migrants coûte temps et espoir, et pas seulement de l'argent, mais du temps et de l'espoir de la part des personnes qui font une demande d'asile de manière régulière et pour qui le report constant de l'audience ajoute stress et détresse à leur situation. Les délais prescrits par la loi de 30 à 60 jours ne sont plus respectés. En outre, les migrants qui sont en attente d'un parrainage privé sont aussi victimes de très longs délais.
Pour ajouter à la confusion de la stratégie libérale en termes d'immigration en 2017, le gouvernement a limité le dépôt de demandes de réfugiés irakiens et syriens parrainés au privé. Ces limites ont été imposées par le ministère de l'Immigration, des Réfugiés et de la Citoyenneté du Canada dans le but de « réduire l'arriéré des demandes d'époux de 80 % et les délais de traitement connexes à 12 mois ».
Cependant, quand on se tourne vers les frontières du Québec, on y voit une véritable passoire sans limites ni restrictions. Il faut garder à l'esprit que le premier geste posé par ces gens qui arrivent illégalement au Canada, c'est justement de commettre un geste illégal en enfreignant la loi canadienne. Au lieu de les réprimander, on les accueille à bras ouverts en engorgeant davantage notre système de santé et le budget du Québec et du Canada.
Il est incompréhensible, voire inacceptable que le premier geste de ces potentiels futurs citoyens canadiens soit d'enfreindre la loi. L'exemple qu'on leur montre, c'est qu'en enfreignant la loi en arrivant au Canada, on est récompensé par un logement, un emploi et des soins de santé plus rapidement que ceux qui entrent de façon normale. C'est tout un message qu'on leur envoie. Les migrants illégaux ont droit à des services accélérés, alors que les réfugiés réguliers qui sont en attente dans des pays où le danger les guette chaque jour doivent pourtant suivre le processus du début à la fin.
À titre d'exemple, en août 2017, au Saguenay, une famille de huit réfugiés irakiens attendait d'être reçue par une famille d'accueil depuis plus d'un an, et elle n'a posé les pieds à Chicoutimi que le 28 mars dernier. On voit comment l'attente est longue. Cette famille a finalement réussi à venir au Canada, mais pendant tout ce processus, ces gens ont vécu un stress incroyable dans leur pays d'origine. Par contre, certains demandeurs d'asile qui ont franchi la frontière illégalement à Saint-Bernard-de-Lacolle au cours des derniers mois sont déjà au travail aujourd'hui. Nous devons dénoncer ce système à deux vitesses qui récompense non pas ceux qui font bien les choses, mais ceux et celles qui ont choisi la voie rapide et illégale pour entrer au Canada.
Tous mes collègues se penchent sur des dossiers d'immigration à leur bureau. On entend des histoires différentes tous les jours, et chaque cas est un dossier humain différent. Par exemple, on vient de renvoyer une jeune femme enceinte de ma circonscription dans son pays parce qu'elle n'avait pas rempli ses documents à temps, alors qu'elle était au Canada depuis déjà plusieurs années. Pendant ce temps, on accepte des immigrants illégaux et on va leur fournir emploi et argent pour leur permettre de subvenir à leurs besoins pendant qu'ils suivent le processus. La sécurité du pays est aussi en péril: 1 200 personnes admises au Canada avaient été renvoyées dans leur pays d'origine pour des motifs criminels. Ces gens sont présentement chez nous.
Je tiens également à revenir sur la responsabilité économique dont écope le Québec à cause de la mauvaise gestion de cette vague de migrants par le gouvernement. La province n'est plus en mesure d'assumer les coûts liés au soutien du revenu de base pour les migrants, à la banque alimentaire, au logement, à l'éducation et à la santé. On parle de dépenses imprévues de plus de 146 millions de dollars, et ce, en une seule année. Quels vont être les coûts à assumer l'an prochain si, comme tous les experts le prévoient, le nombre de passages illégaux à la frontière du Canada continue d'augmenter au cours des prochains mois?
Selon les données de la Commission de l'immigration et du statut de réfugié du Canada, les demandes d'asile en attente de traitement ont doublé en mars 2018, alors qu'il y avait 48 000 demandes, comparativement à mars 2017, alors qu'il y en avait 21 000. En un an, 2 500 enfants sont arrivés au Québec de manière irrégulière et illégale, et ils doivent bien évidemment avoir accès à l'éducation. Les enseignants des écoles de la région de Montréal, où la grande majorité des familles s'établissent, ne savent pas comment seront accueillies les prochaines vagues d'élèves lorsque l'afflux des migrants va continuer d'augmenter. Cinq commissions scolaires de la ville de Montréal ont sonné l'alarme à cet égard.
Le gouvernement du Québec est aux prises avec cette crise depuis plus d'un an, et pourtant, cela ne fait que quelques jours que le gouvernement libéral assume sa responsabilité concernant la gestion des frontières et accepte d'ouvrir une discussion, plutôt que de régler la situation, sur la prise en charge des dépenses encourues par le Québec.
Je partage la frustration des gens de chez nous qui doivent se faire entendre devant leurs homologues fédéraux pour obtenir du soutien. L'aide financière permettra peut-être un soulagement pour le Québec, mais le remboursement n'est pas une solution à long terme. Le gouvernement libéral doit s'organiser maintenant pour établir un nouveau système afin que les dossiers des migrants qui arrivent illégalement soient traités de la manière la plus efficace possible.
:
Monsieur le Président, je suis très heureux de prendre la parole, aujourd'hui, à la Chambre pour parler d'un dossier criant, urgent et que nous devons régler au Parlement canadien. C'est la crise des réfugiés qui entrent par nos frontières de façon illégale, présentement.
C'est important que les gens qui nous écoutent comprennent d'où vient cette situation, parce que c'est un sujet quand même sensible. On mélange souvent beaucoup de choses. On sait qu'il y a une pénurie de main-d'oeuvre et qu'on a besoin d'une certaine immigration au pays pour combler les besoins et pour aider à notre diversité. Cependant, il y a un autre problème: ceux qui ne respectent pas les règles.
Quand on retourne dans l'histoire, pas très loin en arrière, soit en janvier 2017, on voit qu'une personne a posé un geste tout à fait irresponsable. C'est notre . En janvier 2017, il a écrit un gazouillis dans la foulée ce qui se passait à la frontière du sud. On sait que les gazouillis peuvent être puissants aujourd'hui pour envoyer un message à l'ensemble de la population à travers le monde. Il a écrit: « À ceux qui fuient la persécution, la terreur et la guerre, sachez que le Canada vous accueillera [...] indépendamment de votre foi. La diversité fait notre force. #BienvenueAuCanada »
Imaginons toutes ces personnes qu'on voit aux nouvelles tous les soirs traverser la frontière et qui arrivent avec leur téléphone cellulaire et ce message d'invitation du qui dit « bienvenue au Canada », sans aucune note ni aucun lien qui leur indiquer la marche à suivre pour intégrer notre beau et magnifique pays. Selon l'Agence des services frontaliers du Canada, seulement en 2017, ce sont plus de 20 000 demandeurs d'asile qui ont traversé la frontière, de façon « irrégulière » diront certains pour essayer de minimiser l'impact, mais la vérité est que c'est de façon tout à fait illégale. Près de 90 % de ces personnes sont passées par la province de Québec.
On s'attend au Canada à avoir un système d'immigration efficace qui fonctionne de manière ordonnée, sûre, planifiée et — j'ajouterais un mot important — équitable. Les immigrants qui entrent de manière illégale sont en train d'engorger le système. Une analyse du gouvernement indique que le temps de traitement des demandes par la Commission de l'immigration et du statut de réfugié pourrait s'élever à 11 ans en ce moment, et que cela coûterait aux contribuables canadiens 2,9 milliards de dollars pour soutenir tout ce système.
Le pire concernant les initiatives de ce gouvernement, c'est que le budget ne prévoit aucun financement pour la Commission de l'immigration et du statut de réfugié. Il s'agit d'un manque sérieux d'organisation et de planification de la part de notre , du et du .
En grande majorité, les personnes qui entrent illégalement au Canada sont déportées, mais seulement après avoir utilisé des services destinés aux réfugiés ou aux demandeurs d'asile légitimes. En fait, même selon les règles précédentes du gouvernement libéral, 50 % des réfugiés haïtiens, dans le passé, avaient été refusés. Donc, malgré tout ce qu'ils mettent et malgré tout ce que cela génère, à cause des mauvaises informations qu'ils ont, ils sont obligés de les retourner avec tout ce que cela peut engendrer sur le plan humain.
Toutefois, le pire est que notre premier ministre ne fait absolument rien pour arrêter cette image qu'il envoie pour remédier à la situation. L'inaction est totale de la part de ce gouvernement, de ce premier ministre et de ce ministre de l’Immigration.
Le journaliste Claude Villeneuve a même qualifié la conduite du premier ministre comme étant « littéralement dangereuse pour le Canada et ses intérêts ».
Maintenant, voici la situation au Québec. Les écoles dans la région de Montréal ont de la difficulté, présentement, à faire face à la situation. Cinq commissions scolaires ont lancé un cri d'alarme au gouvernement du Québec. Les écoles débordent déjà avec notre système d'éducation. Il n'y a tout simplement plus de place pour ces nouveaux arrivés, qui s'ajoutent à tout le travail de coeur que la population canadienne et québécoise fait pour accueillir ceux qui en ont vraiment besoin et ceux qui respectent les règles pour entrer dans notre pays.
Seulement l'été dernier, 2 500 enfants se sont ajoutés au réseau scolaire, soit l'équivalent de cinq grosses écoles primaires au Québec. Un tel nombre d'élèves ne demande pas seulement des locaux, mais aussi des ressources professionnelles, des enseignants, des directions, des gestionnaires en plus de tout ce que cela génère aussi dans le système de la santé.
Les services d'accueil de la province ont atteint leur taux de saturation et le Québec n'a pas les ressources pour continuer à accepter plus de demandeurs d'asile présentement. On dit souvent aux partis de l'opposition qu'ils n'ont jamais rien à proposer et qu'ils ne font que critiquer le gouvernement, mais c'est faux. Nous avons fait des propositions et le gouvernement doit passer à l'action.
Premièrement, le gouvernement doit trouver une solution concernant l'Entente entre le Canada et les États-Unis sur les tiers pays sûrs, particulièrement avec les États-Unis. Nous sommes d'avis qu'en mettant en place un système qui désignerait l'ensemble de notre frontière comme étant un poste frontalier, on éviterait à toutes ces personnes d'avoir à manipuler le système et à passer entre les postes d'entrée officiels qui se trouvent le long de la frontière. On réglerait ainsi très simplement la question en donnant les outils légaux nécessaires aux agents pour qu'ils puissent faire leur travail à la frontière.
Il ne s'agit pas juste d'une mauvaise gestion de notre système d'immigration de la part des libéraux, quoiqu'on ne devrait pas être trop surpris, considérant la façon dont ils gèrent les finances du pays, mais bien d'un sérieux manque de compassion de leur part envers des êtres humains qui se font donner la mauvaise information et qui vont, dans la très grande majorité des cas, devoir retourner dans leur pays avec tous les espoirs que le leur aura donnés.
Au lieu d'aider des gens qui en ont vraiment besoin, ce gouvernement laisse les programmes accumuler d'énormes retards et refuse en plus de gérer l'afflux élevé de demandeurs d'asile qui entrent au Canada. Nous sommes rendus à un stade où respecter les lois est une erreur pour certains et où il vaut mieux les contourner s'ils veulent entrer dans notre pays.
Voici une chronologie. En 2017, la situation a eu beau faire les manchettes pendant une bonne partie de l'été, il n'y avait jamais eu de crise d'immigrants, selon le . On veut régler un problème et le ministre de l'Immigration nie l'existence de la crise. D'après moi, dans tout le Canada, il est le seul à ne pas la voir, avec son premier ministre et ses confrères libéraux.
En décembre 2017, il n'y a pas très longtemps, soit lors des dernières Fêtes, l'aide financière versée aux demandeurs d'asile débarqués par milliers au Québec a explosé pour atteindre 41,6 millions de dollars au cours des 11 mois précédents.
En janvier 2018, plus de 40 000 demandeurs d'asile attendaient leur audience devant la commission, et le Syndicat des douanes et de l'immigration a signalé que le gouvernement du premier ministre n'était pas prêt en ce qui concerne les migrants salvadoriens.
En février 2018, les fonctionnaires comptaient dorénavant privilégier le principe du premier arrivé, premier servi pour entendre les demandeurs d'asile, puisque le nombre de requêtes ne cessait d'augmenter depuis quatre ans. C'était il y a seulement deux mois. Plus de 47 000 nouvelles demandes ont été déposées à la commission juste pour l'année 2017.
En mars 2018, Ottawa a décidé de ne pas rembourser le gouvernement du Québec, qui demandait 146 millions de dollars à la suite de la décision du premier ministre et de son gouvernement d'ouvrir toutes grandes les frontières au lieu de traiter les demandes par le processus légal. En avril 2018, on atteignait 49 000 demandes sur le terrain. Aujourd'hui, cela ne fait que commencer et s'alourdir.
J'ai parlé de 2017, mais aujourd'hui, le système compte 20 000 demandes, pour un total de 90 000. Juste cette année, pour ce qui est des gens qui ont traversé la frontière de façon illégale, on en est à 6 373 demandes, dont plus de 5 600 qui proviennent du Québec. Au rythme actuel, ces chiffres vont doubler.
Voici donc ce que nous demandons au gouvernement dans notre motion:
Que, étant donné l’incapacité du gouvernement à surmonter la crise découlant de l’afflux de milliers de personnes qui franchissent illégalement notre frontière sud entre les points d’entrée [je tiens à le spécifier], que les organismes responsables de s’occuper de cette crise ont décelé des failles dans les contrôles de sécurité des réfugiés nouvellement arrivés, ainsi qu’un arriéré dans les audiences prévues et l’exécution des ordonnances de déportation, et que cette tendance devrait s’accentuer durant l’été; la Chambre demande au gouvernement:
a) de faire en sorte que les organismes responsables de nos frontières soient convenablement outillés afin de pouvoir continuer à s’acquitter de leurs obligations efficacement et que les personnes qui se présentent aux frontières canadiennes se soumettent aux formalités prévues;
b) d’admettre l’irresponsabilité dont a fait preuve le premier ministre en gazouillant #BienvenueAuCanada aux personnes désireuses d’entrer au Canada par des voies illégales;
c) d’assumer la responsabilité des coûts colossaux des services sociaux, qui alourdissent le fardeau des gouvernements provinciaux; [...]
:
Monsieur le Président, j'apprécie l'occasion qui m'est donnée de contribuer à cette discussion importante et de présenter certaines mesures prises par le gouvernement pour régler cette question. J'ai l'honneur de partager mon temps de parole avec le député de , qui prendra le relais à la fin de mes remarques.
Notre gouvernement estime qu'il est très important de collaborer avec ses divers partenaires dans la gestion de l'augmentation des passages irréguliers depuis les États-Unis enregistrés au cours de la dernière année. Nous reconnaissons pleinement que ces passages irréguliers à la frontière ont d'importants effets à l'échelle locale, lesquels requièrent une considération minutieuse ainsi qu'une collaboration continue avec les provinces et les territoires touchés. En effet, nous avons accompli des progrès considérables au cours des derniers mois pour ce qui est de la préparation à d'éventuels afflux futurs.
[Traduction]
Le gouvernement prend des mesures concrètes et accroît ses efforts de sensibilisation afin d'informer les gens et communiquer les faits au sujet du système d'octroi de l'asile du Canada. C'est pourquoi nous travaillons en étroite collaboration avec nos missions aux États-Unis, consultons des collectivités aux États-Unis et communiquons des messages sur les médias sociaux afin de fournir des renseignements exacts.
Je me suis rendu à Miami pour discuter avec certaines collectivités des risques liés au fait de franchir la frontière et de l'importance de suivre les procédures officielles. J'ai communiqué personnellement un message on ne peut plus clair. Le passage à la frontière ailleurs qu'aux points d'entrée n'est pas un laissez-passer pour le Canada. Des règles strictes en matière d'immigration et de douane doivent être respectées. Nous veillons à les appliquer pour protéger nos collectivités contre les menaces pour la sécurité.
Nous avons aussi dit clairement qu'en entrant au Canada et en présentant une demande d'asile, les gens venant des États-Unis pourraient ne plus être admis de nouveau aux États-Unis. En fait, j'ai dit clairement que, dans l'éventualité où une demande d'asile au Canada est rejetée, le demandeur pourrait ne pas être autorisé à retourner aux États-Unis, puisque ce sont les autorités américaines qui déterminent qui est autorisé à entrer aux États-Unis.
De plus, le gouvernement discute de ces questions de façon proactive avec le gouvernement des États-Unis et l'ambassade des États-Unis au Canada, puisque les deux pays poursuivent leur collaboration en vue de mettre fin à la migration irrégulière de part et d'autre de notre frontière commune.
[Français]
Le rencontre régulièrement son homologue américain et discute avec lui de cette question, par exemple. Par ailleurs, le a rencontré la nouvelle ambassadrice américaine au Canada pour parler exactement de cette question.
[Traduction]
Les missions que nous avons menées ont permis de rencontrer plus de 120 décideurs américains, notamment des membres du Congrès et des gouverneurs, ainsi que plus de 460 diplomates, organismes, leaders communautaires et représentants des villes, des comtés et des États de partout aux États-Unis. Nous avons organisé des tables rondes et des séances de sensibilisation et d'information avec des organismes du secteur de l'immigration, des organismes de la société civile hispanophone, des associations culturelles et éducatives, les médias et la communauté diplomatique. Nous avons aussi fait de la sensibilisation auprès des communautés haïtienne et ouest-africaine, entre autres.
Le , des députés, dont moi-même, ainsi que des agents consulaires canadiens ont participé à de nombreuses entrevues dans les médias américains, notamment aux stations régionales d'Univision à Miami, Houston et Dallas, ainsi qu'à la chaîne nationale d'Univision depuis Ottawa.
Du 18 décembre au 17 mars, nous avons également mené une campagne de sensibilisation ciblée au moyen de publicités dans les moteurs de recherche afin d'atteindre des populations clés des États-Unis dans certaines villes choisies. Des intervenants et des dirigeants des communautés que nous avons ciblées nous ont dit qu'ils comprenaient l'importance de lutter contre la désinformation et qu'ils étaient prêts à collaborer avec nous pour communiquer les faits quant au système canadien d'octroi de l'asile.
Le gouvernement est à préparer davantage de sensibilisation aux États-Unis et il garde les canaux de communication ouverts avec nos homologues américains.
Ce débat me tient à coeur, et il est important pour moi d'informer la Chambre de ce que j'ai entendu à Miami lorsque je me suis entretenu avec les gens des diasporas haïtienne et latino-américaine.
Un bruit court à Miami selon lequel une fois qu'une personne est au Canada, elle peut automatiquement y rester. Cette information est non seulement inexacte, mais elle constitue une manipulation épouvantablement cruelle de personnes effrayées et déroutées qui rêvent simplement d'une vie meilleure. Cela les amène à prendre des risques. La solution à la diffusion de fausses informations est la vérité, et les députés du gouvernement et les membres de son caucus prennent des mesures concrètes pour faire connaître les faits et la vérité sur la procédure à suivre pour entrer au Canada.
Au cours de ma mission, j'ai rencontré des gens ordinaires qui veulent venir au Canada et vivre dans le plus extraordinaire pays du monde. Je me suis entretenu avec eux. J'ai écouté leur histoire et leurs espoirs et j'ai eu le privilège de leur décrire la marche à suivre pour atteindre leurs objectifs.
Le gouvernement continuera d'être proactif face à l'afflux récent de demandeurs d'asile entre les points d'entrée de notre pays. Nous continuerons de travailler avec nos partenaires pour que l'on diffuse de l'information juste sur les dangers et les risques de traverser la frontière de cette façon pour demander asile.
Nous avons fermement l’intention de maintenir la tradition canadienne qui consiste à offrir notre protection à ceux qui demandent l’asile à notre pays, et à le faire de façon responsable et efficace. Les Canadiens ont raison d’être fiers de la réputation que nous avons sur la scène internationale en matière de leadership humanitaire.
Prétendre, comme le font les conservateurs, qu’en respectant nos obligations internationales vis-à-vis des réfugiés nous retardons les autres processus d’immigration, n’est qu’un pur produit de leur imagination. La vérité est la seule parade à la désinformation. Le fait est que notre gouvernement est capable de faire deux choses à la fois et, pendant des décennies, le Canada a parfaitement réussi à traiter les demandes d’asile en plus des demandes d’immigration ordinaires. Des processus sont en place, et chacun des députés a l’occasion d’y contribuer dans son propre bureau de circonscription. Mon équipe a examiné plus de 1 500 dossiers d’immigration depuis que nous avons commencé en 2015. Notre gouvernement a débloqué des ressources supplémentaires, et nous sommes en mesure d’examiner ces demandes.
Il ne sert à rien d’agiter des épouvantails et de propager de fausses informations, car cela ne sert ni les Canadiens ni les demandeurs d’asile. Et cela ne nous aide pas à résoudre le problème.
J’espère que l’opposition acceptera de collaborer avec nous pour mettre en place les mesures que nous avons prises, et qu’elle cessera de cesser de propager de fausses nouvelles. Malheureusement, je n’ai guère d’espoir en ce qui concerne le parti qui dénonçait des pratiques culturelles barbares, qui disait que s’opposer à l’islamophobie c’était accepter la charia, qui disait qu’il y avait « trop de réfugiés syriens », qui a fait des coupes sombres dans les budgets des services d’immigration — d’où l’accumulation d’arriérés — et qui dit maintenant que le problème est causé par les réfugiés et les demandeurs d’asile. Encore une fois, l’opposition cherche à faire de la politique politicienne, mais notre gouvernement, lui, continuera de prendre des mesures concrètes.
[Français]
Notre pays est ouvert et accueillant pour les personnes qui ont besoin de protection. Cependant, notre gouvernement est aussi déterminé à assurer une immigration ordonnée. Nous continuerons à travailler très étroitement avec le Québec, les autres provinces et territoires, ainsi qu'avec divers partenaires au règlement de la question de l'immigration irrégulière et au maintien de l'efficacité de notre système d'octroi de l'asile.
Nous avons également à coeur de poursuivre la noble tradition du Canada d'offrir sa protection aux personnes qui cherchent refuge et de le faire de façon responsable et efficace.
Je tiens à mentionner une fois de plus que je suis heureux d'avoir eu la possibilité de participer au débat sur un sujet aussi important.
[Traduction]
Avant de terminer, j’aimerais vous parler de gens qui se trouvent dans une situation difficile aux États-Unis. Quand je suis allé les rencontrer, je leur ai dit franchement: « Si vous entrez irrégulièrement au Canada, vous risquez d’être renvoyés au Honduras, au Salvador, à Haïti ou dans votre pays d’origine. Même si vous êtes aux États-Unis depuis 5, 10, 15 ou 20 ans, en traversant irrégulièrement la frontière pour demander l’asile, vous risquez d’être renvoyés, non pas aux États-Unis mais dans votre pays d’origine si votre demande d’asile est rejetée. »
Le message était clair, et il a été compris par ceux qui veulent simplement que les gens aient une vie décente. Cela a eu un impact. Les communautés se mobilisent. Les gens commencent à comprendre ce qu’est vraiment notre système d’octroi de l’asile.
Il nous incombe à nous, députés, de prendre cette responsabilité très au sérieux en faisant connaître la vérité. Il y a des dossiers qui se prêtent à des jeux politiques, mais pas celui-là car il s’agit de la vie de gens qui demandent l’asile simplement pour trouver un endroit où s’établir en toute dignité.
Après avoir répondu aux questions, je céderai la parole à mon collègue. C'est un honneur pour moi de partager mon temps de parole avec lui.
:
Monsieur le Président, je tiens d'abord à souligner que nous sommes réunis ici sur les terres ancestrales des Algonquins. Je tiens aussi à rendre hommage aux habitants de Toronto, qui ont subi une attaque il y a environ 24 heures.
C'est avec le coeur lourd que je prends la parole, étant donné que ma ville est meurtrie aujourd'hui. Hier soir, le monument emblématique de Toronto, la tour du CN, qui est située sur les rives du lac Ontario et qui est souvent perçue comme un symbole de la ville, était plongée dans l'obscurité. Notre coeur souffre lorsqu'on pense aux 10 personnes qui ont perdu la vie et aux 15 autres qui ont été blessées. Des gens de six anciens arrondissements de Toronto pleurent à l'unisson, à l'instar des Canadiens d'un océan à l'autre.
L'angle des rues Yonge et Finch est un endroit que j'ai fréquenté souvent. Certains de mes meilleurs amis vivent, travaillent et étudient à cet endroit. Le travail de géographie que j'ai fait en huitième année portait sur cette partie de la rue Yonge, qui, à l'époque, comptait de nombreux magasins délabrés. Le centre municipal de North York d'aujourd'hui est dynamique et débordant de vie, et il y régnait une grande animation lors de la chaude journée de printemps d'hier.
Tous les Canadiens pleurent les pertes de vie causées par un acte insensé. Aujourd'hui, bien que nous n'ayons pas encore les réponses à toutes nos questions, nous savons sans l'ombre d'un doute que les autorités policières et les équipes d'intervention d'urgence font tout ce qu'elles peuvent pour aider. Je tiens à les remercier de leur dévouement et de leur altruisme. Les policiers, les pompiers, les ambulanciers paramédicaux et les hôpitaux ont réagi avec un sens du devoir et un professionnalisme dont nous avons souvent été témoins. Nous leur sommes reconnaissants.
J'ai eu l'occasion de travailler avec le maire Tory dans des moments tragiques et je pense qu'il saura mieux que quiconque donner le ton, guérir les blessures et veiller à ce que nous puissions continuer de vivre dans une ville de paix, de cohésion et d'amour. Au niveau du gouvernement, le et le ont offert le soutien sans réserve du gouvernement fédéral à la Ville de Toronto et au gouvernement de l'Ontario. Je ne doute pas parler au nom de tous ici en disant que nous allons faire tout ce qu'il faudra pour que le pays se relève uni de cette tragédie.
Concernant la discussion d'aujourd'hui, la motion de l'opposition proposée par la députée de demande essentiellement au gouvernement de fermer la frontière du pays, qui est ouverte et que l'on peut traverser librement depuis 1812.
La frontière entre le Canada et les États-Unis est la plus longue frontière non défendue au monde, et bien qu'on y trouve des ports d'entrée conçus pour recevoir les gens qui veulent la franchir, d'autres endroits sur la frontière peuvent être utilisés par des gens qui demandent l'asile une fois arrivés sur le territoire. Le nombre de cas de ce genre a augmenté récemment. Entre février et décembre 2017, 18 149 personnes ont traversé irrégulièrement la frontière. L'information dont nous disposons déjà nous indique que des gens vont continuer de traverser irrégulièrement la frontière ce printemps et au cours de l'été.
Nous ne souhaitons évidemment pas que des gens entrent au Canada en passant irrégulièrement la frontière à des endroits qui ne sont pas prévus pour cela et nous encourageons une migration ordonnée. Nous préférerions de loin que les dossiers de réfugié soient traités dans un tiers pays ou par le système de transfert du Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés. Cependant, compte tenu des tendances migratoires dans le monde d'aujourd'hui et du désespoir de ceux qui sont obligés de fuir, le Canada doit participer à l'effort.
Je voudrais donner aux députés un peu d'information sur les réfugiés dans le monde aujourd'hui. Le nombre de personnes déplacées de force atteint 65,6 millions, y compris 22,5 millions de réfugiés parmi lesquels 17,2 millions relèvent du Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés. Seulement 189 300 réfugiés ont été réinstallés en 2016.
Notre pays a relativement peu de réfugiés comparativement à certains autres pays développés. En outre, selon le Conseil mondial pour les réfugiés, même si le problème des réfugiés en Europe et en Amérique du Nord retient beaucoup l'attention, les chiffres du Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés indiquent que 84 % des réfugiés dans le monde se trouvent sur le territoire d'un pays en voie de développement. Il y a 2,9 millions de réfugiés en Turquie, un million au Liban, 940 000 en Ouganda et près d'un million au Bangladesh. Ce sont tous des pays en voie de développement, pourtant, ils n'ont pas été écrasés sous le poids du très grand nombre de réfugiés se trouvant sur leur territoire. En fait, ils ont répondu à l'appel volontairement pour aider les gens les plus vulnérables qui ont besoin d'aide ou qui fuient la guerre. Le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés est d'avis que le Canada est très bien équipé pour répondre à cette crise.
Je suis allé à Cox's Bazar en janvier dernier et j'ai été témoin de la générosité incroyable des Bangladais. Le Bangladesh est un pays pauvre de l'Asie du Sud. Il est l'hôte en ce moment d'un million de réfugiés de l'État de Rakhine au Myanmar.
Le monde s'est mobilisé de façon remarquable pour aider les personnes dans le besoin. Toutefois, le Bangladesh, en particulier, a accueilli entre 100 000 personnes et un million de personnes au cours des 30 dernières années. On retrouve les mêmes chiffres un peu partout dans le monde. De nombreux pays en développement ont à gérer leur part injuste de personnes qui tentent de franchir leurs frontières.
Contrairement aux propos tenus par les députés d'en face, qui vont s'en servir pour s'armer de phrases-chocs, le Canada n'est pas en situation de crise et nous ne devons pas l'oublier. Bien que nous ayons à faire face à l'augmentation du nombre de personnes qui franchissent la frontière de manière irrégulière, nous ne sommes pas en situation de calamité.
Le gouvernement a pris un certain nombre de mesures pour que les passages frontaliers se fassent de façon ordonnée. Tout d'abord, nous avons investi 173 millions de dollars pour renforcer encore davantage les opérations de sécurité à la frontière et accélérer le traitement des demandes d'asile. Cela comprend 74 millions de dollars pour que les décisions relatives aux demandes d'asile soient prises plus rapidement à la Commission de l'immigration et du statut de réfugié. Nous avons travaillé avec les provinces et d'autres partenaires à l'élaboration d'un plan opérationnel national pour nous préparer aux différents scénarios possibles et nous permettre de gérer toute fluctuation.
Nous avons entrepris une vaste campagne de sensibilisation auprès des diasporas de migrants potentiels aux États-Unis pour leur faire comprendre les conséquences liées aux passages irréguliers à la frontière, aux termes des lois canadiennes régissant l'immigration. Nous avons créé un groupe de travail sur la migration irrégulière qui est notamment composé de partenaires fédéraux et provinciaux clés. Nous avons augmenté la capacité de traitement à Montréal afin que les décisions concernant l'admissibilité puissent être rendues plus rapidement. De plus, nous avons accéléré le processus de délivrance des permis de travail afin de minimiser la dépendance envers l'aide sociale, fait passer le délai de traitement de trois mois à trois semaines et délivré 13 000 permis de travail aux demandeurs d'asile au Québec.
Nous collaborons avec le Québec et l'Ontario afin d'explorer d'autres options qui permettraient de se servir des demandeurs d'asile pour combler les pénuries de main-d'oeuvre pendant qu'ils attendent la tenue d'une audience sur leur demande. Nous discutons sans cesse avec les États-Unis des façons de gérer l'enjeu des migrants et notre frontière commune.
Je crois que le gouvernement fait sa part pour régler le problème temporaire de l'augmentation des arrivées irrégulières. Cependant, nous refusons de paniquer. Nous ne réagirons pas de manière excessive, et nous ne traiterons pas les gens qui se présentent à nos frontières comme des criminels.
Voici un exemple. En 2009, 76 Tamouls qui fuyaient la persécution qu'ils subissaient au Sri Lanka sont arrivés au Canada, à Vancouver, à bord de l'Ocean Lady. En 2010, 492 hommes, femmes et enfants sont arrivés au Canada à bord du Sun Sea. Les réfugiés voyageant sur ces deux bateaux avaient fui les violents conflits armés qui sévissaient au Sri Lanka et n'avaient aucun autre endroit où aller. Ils avaient risqué leur vie et pris d'énormes risques pour rejoindre la côte Ouest du Canada dans des bateaux délabrés.
L'ancien gouvernement Harper a réagi à la situation en traitant ces réfugiés comme des terroristes, des immigrants illégaux et des indésirables. Les passagers de ces deux bateaux ont tous été placés en détention, la plupart pendant plus de trois mois et certains jusqu'à un an. J'ai été éberlué de voir que 49 jeunes de moins de 16 ans, tous arrivés avec leurs parents, avaient été placés en détention et essentiellement emprisonnés pendant des semaines. Ces jeunes, et bon nombre de leurs parents, étaient hébergés au centre de détention pour les jeunes de Burnaby. Le haut-commissaire des Nations unies aux droits de l'homme a dénoncé le traitement que le Canada a réservé aux réfugiés en 2009-2010, particulièrement la détention des enfants.
L'opposition traiterait les personnes qui arrivent de façon irrégulière à la frontière, en quête de sécurité et d'un refuge, comme des criminels. J'aimerais leur poser la question suivante: sont-ils en train de proposer que l'on détienne toutes les personnes qui se présentent à la frontière? Le cas échéant, souhaitent-ils que l'on détienne également les enfants? Devrait-on confier la sécurité de la frontière à du personnel armé pour qu'il tire sur ceux qui la franchissent? Ce n'est pas en adoptant une approche aussi réactionnaire que nous réglerons le problème des entrées irrégulières au pays. Il faut penser à long terme et examiner la question dans une optique plus large.
Je conclus en disant que, la fin de semaine dernière, je suis allé au Musée canadien de l'immigration du Quai 21, à Halifax. J'y ai vu une exposition appelée Refuge Canada, qui raconte le meilleur et le pire de l'histoire de l'immigration au Canada. On y donne des exemples d'ismaéliens arrivés dans les années 1970, de réfugiés de la mer vietnamiens dans les années 1980 et de Syriens qui se sont réinstallés au Canada au cours des deux dernières années.
L'exposition comprend également des images de gens qui sont arrivés à bord du Komagata Maru, du St. Louis, de l'Ocean Lady et du Sun Sea, et toutes témoignent de notre passé difficile.
La question pour nous aujourd'hui consiste à déterminer la voie que nous souhaitons emprunter. Opterons-nous pour la voie du maintien d'une vigilance non dénuée de compassion ou pour la voie de la fermeture des frontières, de l'isolement et de l'exclusion?
:
Monsieur le Président, j'ai l'honneur de partager mon temps de parole avec l'honorable député de , mon ami et collègue.
[Traduction]
C'est un honneur pour moi de parler de cette motion de l'opposition. Je ferai écho aux commentaires formulés par le député de . En tant que député d'une circonscription se trouvant dans le Grand Toronto, j'ai été horrifié par l'attaque d'hier. Nous pensons aux familles touchées, aux gens qui ont perdu la vie tragiquement, et aux quelque 14 personnes ayant été blessées, et nous prions pour eux. L'auteur de cette attaque a été arrêté très efficacement par la police de Toronto devant l'immeuble où j'ai travaillé pendant cinq ans, au coin de la rue Yonge et de l'avenue Sheppard, lorsque j'étais à l'emploi de Procter & Gamble. Heureusement, les gens de mon ancienne équipe sont sains et saufs. Cependant, il y a des familles qui ont été frappées par cet acte horrible. Je pense que nous ressentons tous la même chose aujourd'hui à l'égard de ce qui est arrivé.
Ayant parlé de nos sentiments communs, je traiterai maintenant du désastre qui a lieu à notre frontière sous l'égide du gouvernement. Nous entendons des arguments ridicules, par exemple que le Canada se retrouvera isolé ou que nous diabolisons les gens, ce qui est hautement injuste et propice à semer la division. Le fait de ne pas appliquer les lois à notre frontière mine le système et la confiance des Canadiens au fil du temps. Cela fera en sorte que les Canadiens perdront confiance dans le système d'immigration et d'asile. Les libéraux pourraient bien être en train de provoquer une chute du nombre de Canadiens qui perçoivent l'immigration d'un bon oeil. Insinuer que de suivre les règles est en quelque sorte déraisonnable démontre à quel point le gouvernement manque de leadership. J'utiliserai mon temps de parole pour en parler.
L'année dernière, il y a eu environ 23 000 passages illégaux. Le ministre a admis au comité que c'était illégal. Or, les libéraux font tout ce qu'ils peuvent pour éviter ce qualificatif. Il y a un processus en place pour les demandes d'asile et la réinstallation des réfugiés. Tous les partis ont contribué à son élaboration et ont suivi les règles, jusqu'à l'arrivée au pouvoir des libéraux.
Grâce au travail exceptionnel de ma collègue de , la Chambre peut tenir un débat substantiel sur cette question. C'est ce que veulent les Canadiens. Ils ne veulent pas entendre des slogans comme « bienvenue au Canada ». Ils ne veulent pas qu'on laisse entendre que nous voulons faire du Canada un pays isolationniste. Nous sommes tous conscients de la valeur exceptionnelle de l'immigration au Canada ainsi que du processus de demande d'asile équitable et fondé sur des règles dont le Canada est doté. Or, nous assistons maintenant à l'érosion de ce processus.
Ma collègue a fait mention de quatre possibilités différentes pour s'assurer que nos organismes soient outillés comme il se doit, ce qui n'est pas le cas à l'heure actuelle. Je vais montrer comment le ministre a permis qu'on en arrive à ce point. La députée a parlé du gazouillis irresponsable du . En essayant de montrer au monde entier qu'il se distingue du président des États-Unis, le premier ministre a causé un tel problème que les libéraux envoient maintenant des ministres dans diverses villes américaines pour rectifier le tir. Le premier ministre devrait assumer la responsabilité de ses gestes et clarifier lui-même le processus d'immigration déjà équitable et fondé sur des règles. Il était irresponsable de la part du premier ministre de tenter d'épater la galerie. Ma collègue a parlé des coûts des services sociaux qui, comme je l'indiquerai, représentent des milliards de dollars. Le premier ministre du Québec a avisé les libéraux fédéraux que la province avait besoin de plusieurs millions de dollars supplémentaires à cause de cette inaction.
Mon estimée collègue de Calgary Nose Hill réclame qu'un plan soit présenté d'ici le 11 mai. Comme les députés pourront le constater d'après mes observations et à la lumière de l'information fournie par le gouvernement, il n'y a pas de plan. On ne trouve que des mots-clics et la suggestion erronée selon laquelle si on dit qu'il est juste de se conformer aux règles, on risque d'isoler le Canada. Voilà une exagération de haut niveau pour masquer l'échec des libéraux dans ce dossier.
En septembre 2017, alors qu'on constatait déjà que certaines personnes ne passaient pas par les postes de contrôle frontalier prévus par l'Entente sur les tiers pays sûrs — que le gouvernement libéral de Jean Chrétien avait négociée avec les États-Unis —, ma collègue a posé une question simple sur l'échappatoire qui existe dans l'entente. Le ministre a répondu ceci: « l'Entente sur les tiers pays sûrs fonctionne extraordinairement bien pour le Canada ». Eh bien non, elle ne fonctionne pas extraordinairement bien, parce que certains en exploitent les failles. Il y a moins d'un an, alors que le Manitoba et le Québec avaient déjà de la difficulté à composer avec les gens qui ne respectent pas les règles établies, les libéraux disaient encore qu'il n'y avait pas de problème. Le ministre n'a même pas laissé entendre à son homologue américain, le secrétaire à la Sécurité intérieure, que l'entente devrait être modernisée.
Cela démontre l'incapacité du ministre à gérer ce dossier. Son propre ministère, quelques mois avant qu'il ne prononce ces mots à la Chambre à ma collègue, avait laissé entendre dans une note rédigée par sa sous-ministre que « malgré une solide collaboration entre les organismes canadiens et leurs homologues américains, une crise humanitaire majeure ou un grave incident de sécurité pourrait nous obliger à revoir de toute urgence les politiques existantes », c'est-à-dire l'Entente sur les tiers pays sûrs.
Certaines fuites dans les documents du ministère viennent contredire ce qu'il dit au Parlement. Le ministère a indiqué qu'il s'entretenait avec ses homologues américains, que les choses n'allaient pas trop bien et que s'il y avait une autre arrivée massive, il faudrait revoir les politiques de toute urgence. Pourtant, le ministre a affirmé à la Chambre que tout « fonctionne extraordinairement bien ». Son secrétaire parlementaire est d'ailleurs ici ce soir, et j'espère qu'il lui transmettra le message, car je ne fais pas confiance au ministre.
En octobre 2017, ma collègue de Calgary Nose Hill a interrogé le ministre lors d'une séance du comité. Puisqu'elle connaît très bien le dossier, elle a judicieusement parlé d'un arriéré de 40 000 dossiers à la Commission de l'immigration et du statut de réfugié. Ces gens, dont bon nombre sont des réfugiés légitimes, sont toujours dans l'attente en raison d'un arriéré considérable causé par l'inaction du gouvernement libéral dans ce dossier. Par conséquent, ma collègue lui avait posé la question et lui avait demandé si on avait suffisamment de ressources en place pour remédier à la situation.
En fait, l'intervenant précédent, le député de , a demandé au ministre si l'on avait mis en place « les mécanismes, les échéanciers et les ressources nécessaires » pour pallier l'augmentation du nombre de personnes qui entrent illégalement au Canada. Le ministre s'est alors fait rassurant et a affirmé: « Nous l'avons fait avec les ressources que nous avons. Il a fallu être un peu plus efficient, trouver des façons novatrices de gérer la situation ». Il a ainsi laissé entendre qu'il n'y avait pas de problème et que le ministère s'occupait de la question. À une autre occasion, il a affirmé au cours d'une entrevue qu'il fallait être un peu plus habile, mais que nous étions en mesure de gérer l'afflux et qu'il n'était pas nécessaire de modifier la façon de procéder.
En fait, au cours de la séance du 5 octobre 2017, ma collègue, la très compétente députée de Calgary Nose Hill, a demandé au ministre s'il avait discuté avec les autorités américaines en vue d'éliminer l'échappatoire qui existe dans l'Entente sur les tiers pays sûrs. Une fois de plus, le ministre a affirmé: « Nous ne l'avons pas fait. »
Ainsi, le s'est fait dire à maintes reprises au cours d'une année par des fonctionnaires de son ministère qu'il y a un problème. Lorsque le ministre témoigne devant des parlementaires, toutefois, il affirme qu'il n'y a pas du tout de problème, que tout va pour le mieux et qu'il faut simplement être un peu plus habile. À mon avis, ce n'est pas le cas, et je vais expliquer pourquoi.
Voici l'élément d'information le plus accablant que j'aimerais que le ministre communique à la Chambre. Il s'agit d'une note de service de la part de sa sous-ministre. Même si le ministre a cherché à se faire rassurant auprès des parlementaires et des Canadiens et a affirmé qu'il n'y avait pas de problème et qu'il fallait passer à autre chose, la sous-ministre a écrit que, sans nouveaux fonds affectés à la CISR dans le budget de 2017, la Section de la protection des réfugiés ne pourra pas continuer de traiter le même volume de demandes d'asile, et ce, en dépit de l'amélioration prévue du rendement, qui est de 20 %. La sous-ministre a souligné que la situation, d'ici la fin de 2021, donnerait lieu à 133 mois de retard, soit un délai d'attente de 11 ans.
Comment peut-on s'imaginer qu'un délai de 11 ans est juste pour un Canadien, un demandeur d'asile, une famille de réfugiés ou une famille s'efforçant d'utiliser le système comme il se doit? Un délai de 11 ans, c'est un échec total, alors que le ministre affirme à la Chambre des communes et au comité que tout va pour le mieux.
Ce qui inquiète le Québec et qui devrait inquiéter les Canadiens, c'est que la même note de service indique ensuite:
Les demandeurs d'asile dont la demande fait partie de l'arriéré peuvent continuer d'avoir recours aux programmes sociaux, dont l'éducation, l'aide sociale et le Programme fédéral de santé intérimaire […] Pour 2016-2017, on a calculé […] 600 $ par mois par demandeur d'asile. Par conséquent, selon le scénario précédent, les coûts pour les services de soutien social pourraient s'élever à […] 2,97 milliards de dollars de 2017 à 2021.
Si on se fonde sur le délai d'attente de 11 ans dont ont fait état les fonctionnaires du ministère, les coûts pour de nombreuses provinces pourraient s'élever à 8,2 milliards de dollars.
Cet argent pourrait servir à financer en partie le régime national d'assurance-médicaments dont ils parlent. C'est un signe que les libéraux ne gèrent pas le système équitablement. Il est temps pour eux d'être honnêtes avec les Canadiens.
:
Monsieur le Président, je tiens d'abord à dire que mes pensées et mes prières accompagnent les Torontois. À l'instar de tous les Canadiens, j'ai été profondément atteint par la tragédie qui s'est produite hier. Lorsqu'un tel événement survient, il ne s'agit pas seulement d'une tragédie régionale et provinciale, mais aussi d'une tragédie nationale. Tous les Canadiens sont solidaires des gens de Toronto.
[Français]
Ce débat va au coeur de l'identité canadienne et de ce que nous voulons faire comme Canadiens. Nous savons tous que le Canada est le fruit d'une collaboration humaine tout à fait extraordinaire. Le Canada a toujours été peuplé par les Premières Nations. Je sais de quoi je parle, dans ma circonscription, se trouve Wendake et des gens habitent ce territoire depuis la nuit des temps. Les Premières Nations, depuis 1534, ont accueilli au Canada des millions d'immigrants qui venaient de partout.
Le 22 août 1958, vers 4 heures le matin, au port de Québec, l'Arosa Star, un paquebot venant du Havre en France, est venu accoster. À bord de ce paquebot, il y a avait une soixantaine de personnes qui voulaient vivre au Canada. Parmi celles-ci, il y avait mon père, ma mère et mon frère, qui ont donc foulé le sol il y aura bientôt soixante ans et qui ont été accueillis comme en fait foi un document au havre de Québec, le 22 août 1958. Soixante ans plus tard, mes parents sont toujours ici et je suis là pour perpétuer la tradition familiale avec mes enfants, mon frère, ma nièce et, en fait, toute la famille.
Le Canada est le fruit de l'immigration. Mes parents, comme des millions de personnes à travers les siècles, sont venus ici au Canada en respectant les règles. Ma mère avait passé près d'une semaine à l'ambassade canadienne à Paris pour tenter de convaincre du mieux possible le Canada que notre famille pouvait être accueillie. Cela a porté ses fruits, c'est le moins qu'on puisse dire.
Il faut, pour que le Canada puisse prospérer de belle façon, que tout se fasse selon les règles. Aujourd'hui, depuis maintenant plus d'un an, nous vivons au Canada une situation qui, humainement parlant, est tout à fait inacceptable. Le Canada tolère de façon malheureuse le fait que des milliers de personnes entrent de façon illégale au pays, en profond irrespect pour ces millions de personnes qui, dans le monde entier, rêvent de venir nourrir et de faire prospérer le Canada par leur immigration réussie et légale. Eux qui attendent dans leur ambassade, eux qui attendent dans leur pays, eux qui attendent chez eux, mais qui suivent les règles, eux doivent attendre, alors que d'autres entrent illégalement. Il ne s'agit pas de deux ou trois personnes, on parle de dizaines de milliers de personnes.
Toute cette situation tout à fait inacceptable porte la signature du canadien. Étant très mal avisé, il a décidé d'écrire un gazouillis le 28 janvier 2017 à 15 h 20. Il y disait que tous ceux qui voulaient venir au Canada étaient les bienvenus, que le Canada est une terre accueil. Il leur disait de venir et que le Canada les attendait. Il a juste oublié de dire une petite chose, et c'est qu'ils doivent le faire selon les règles et les lois canadiennes. Résultat, des milliers de personnes dans le monde entier se sont dit qu'elles pouvaient aller au Canada et qu'elles allaient y aller. Cela a créé toute une tornade dans les ambassades canadiennes partout dans le monde.
Le 3 avril dernier, Marie-Danielle Smith du National Post a cité un fonctionnaire de notre ambassade au Mexique qui disait qu'ils ont besoin d'information sur la façon dont ils vont répondre aux multiples demandes d'asile reçues à la suite du gazouillis du premier ministre.
Quelques jours plus tard, c'était le premier secrétaire de l'ambassade du Canada au Mexique qui disait qu'ils reçoivent un nombre sans cesse croissant de demandes d'asile à la suite de la publicité entourant le gazouillis du premier ministre souhaitant la bienvenue aux immigrants.
Ce ne sont pas des militants conservateurs qui disent cela, ce sont des employés de notre ambassade à l'étranger qui sont aux prises quotidiennement avec des gens qui veulent venir ici au pays. Ils se demandent quoi faire avec ces gens qui regardent la télévision et qui voient des milliers de personnes passer par un petit sentier alors qu'on demande aux gens de venir à l'ambassade pour remplir des papiers pour que leur demande soit traitée. C'est cela la réalité. C'est un problème créé de toutes pièces par l'actuel gouvernement.
Cela a fait que plus de 20 000 personnes sont passées l'année dernière par le petit sentier à côté de Lacolle; 91 % des gens sont passés par le Québec. C'est le Québec qui a eu à payer la facture de tout cela; j'y reviendrai plus tard. Constatant le dégât créé par le gazouillis du , ces gens ont réagi, mais un peu trop tard. Ils ont décidé d'envoyer des émissaires, soit les députés de et d' pour qu'ils aillent rencontrer les gens, à Miami, à Los Angeles, à New York et à Dallas et leur dire de suivre les règles et les lois. C'est bien gentil que ces deux députés aient fait cela, mais le problème, c'est qu'ils ont fait cela parce que le avait fait les choses tout croche avant en envoyant un message partout dans le monde pour dire aux gens de s'en venir et qu'il n'y avait pas de problème avec cela.
Résultat, plus de 21 000 personnes sont entrées illégalement au Canada. Cela a causé 1 000 soucis, 1 000 problèmes et surtout 1 000 cas humanitaires déplorables et malheureux. Au Québec seulement, 2 500 enfants ont dû être pris en compte par l'autorité administrative provinciale. Pour les écoles, il y a eu 2 500 nouveaux enfants. C'est comme si on ouvrait cinq écoles primaires du jour au lendemain. Le premier ministre Couillard lui-même a dit que cela n'avait pas de bon sens.
C'est la même chose pour quatre ministres qui sont venus au cours de la semaine dernière et j'aurai sûrement l'occasion d'en dire davantage là-dessus dans quelques minutes, n'est-ce pas?