La Chambre reprend l'étude, interrompue le 26 septembre, de la motion portant que le projet de loi , Loi modifiant la Loi sur le divorce, la Loi d'aide à l'exécution des ordonnances et des ententes familiales et la Loi sur la saisie-arrêt et la distraction de pensions et apportant des modifications corrélatives à une autre loi, soit lu pour la deuxième fois et renvoyé à un comité.
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Monsieur le Président, je partagerai mon temps de parole avec le député de .
Je suis heureux d'aborder aujourd'hui, à titre de secrétaire parlementaire de la ministre de la Justice, un aspect important du projet de loi , soit la réduction de la pauvreté.
Plus de deux millions d'enfants canadiens vivent dans une famille dont les parents sont séparés ou divorcés. Les familles monoparentales sont les plus vulnérables financièrement, et sont plus susceptibles de dépendre de l'aide sociale.
Il existe quelques autres statistiques importantes.
Au Canada, il y a actuellement bien au-delà de 1 milliard de dollars en arrérages de pension alimentaire. Dans la grande majorité des cas, soit 96 % des cas, les arrérages concernent des sommes que des hommes doivent verser à des femmes.
Les données sur les difficultés économiques des parents monoparentaux sont assez frappantes. En 2016, la valeur nette médiane des couples canadiens avec des enfants de moins de 18 ans était supérieure à 300 000 $, alors que celle des familles monoparentales était moins du sixième de ce montant, soit 57 200 $.
Une séparation ou un divorce peut provoquer une crise financière chez certaines familles. Il arrive souvent que les avantages du partage des dépenses des familles disparaissent puisqu'une deuxième résidence doit être établie. Certains parents doivent modifier considérablement leurs heures de travail afin de les adapter à leurs nouvelles responsabilités parentales, ce qui peut avoir une incidence sur leur revenu et leurs possibilités d'emploi. C'est ce que me disent les familles dans ma circonscription, . J'entends trop souvent parler de mères seules qui ont du mal à accéder à des pensions alimentaires pour conjoint et enfants après la rupture de leur mariage. Ces membres de ma collectivité et les habitants de nombreuses autres collectivités partout au Canada qui vivent une situation semblable profiteront directement du projet de loi . Il permettra de sortir ces Canadiens, qu'il s'agisse de mères ou d'enfants, de la pauvreté. Il se traduira par une diminution du temps passé devant les tribunaux pour obtenir des pensions alimentaires, ce qui représente une longue activité coûteuse qui engorge les tribunaux. Le projet de loi se traduira aussi par plus d'outils visant à permettre aux parents seuls d'identifier et de trouver les actifs de leur ancien conjoint et à obliger les anciens conjoints à verser des pensions alimentaires pour conjoint et enfants aux parents seuls et à leurs enfants.
Je m'explique. Je tiens d'abord à parler du fait que le paiement des pensions alimentaires réduit le risque de pauvreté.
Plus une pension alimentaire juste et exacte est fixée et versée rapidement après la séparation des parents, meilleur sera le résultat pour l'enfant en question. Le paiement des pensions alimentaires est un facteur clé dans la réduction du risque de pauvreté chez les enfants, surtout parmi les familles monoparentales à faible revenu.
[Français]
Les parents ont l'obligation légale de fournir un soutien financier à leurs enfants après une séparation ou un divorce. Les enfants ont légalement droit à ce soutien. Les lois fédérales, provinciales et territoriales en matière de pension alimentaire pour les enfants obligent les parents à divulguer des renseignements spécifiques sur leurs revenus, notamment leurs déclarations de revenus. Ces lois prévoient aussi des pénalités et des conséquences pour les parents qui ne divulguent pas ces renseignements. Elles prévoient notamment l'attribution d'un revenu, c'est-à-dire que le revenu du parent est estimé être un montant donné, aux fins du calcul de la pension alimentaire pour enfants, et l'ordonnance alimentaire est fondée sur ce revenu.
La plupart des parents respectent leurs obligations légales avec diligence. Toutefois, malgré les pénalités et les conséquences possibles, bon nombre de parents ne fournissent pas de renseignements complets et à jour sur leur revenu. Ce problème considérable a de graves répercussions sur les enfants et les familles qui se retrouvent dans le système de justice familiale, ainsi que sur le système dans son ensemble.
Les avocats en droit de la famille et les juges disent souvent que les questions liées à la divulgation du revenu constituent l'un des domaines les plus litigieux en droit de la famille. Cette situation exerce une pression considérable sur le système de justice et peut empêcher les parents de trouver un terrain d'entente grâce à des mécanismes de règlement des différends familiaux tels que la médiation. Si le revenu n'est pas déterminé adéquatement dès le départ, cela peut aussi empêcher les familles de tirer parti d'autres services de justice familiale, comme les services administratifs de calcul ou de nouveau calcul de la pension alimentaire pour les enfants.
[Traduction]
Je voudrais maintenant aborder la question des coûts associés à la non-divulgation du revenu.
Un père ou une mère qui cherche à obtenir la divulgation du revenu de l'autre parent doit assumer, pour ce faire, une charge financière et des souffrances psychologiques importantes. Il a légalement le droit d'obtenir les renseignements financiers concernant l'autre parent. Cependant, lorsqu'il n'en est pas capable, il doit s'adresser à un juge pour que celui-ci ordonne la communication de l'information. Il en résulte des coûts importants pour les familles et une surcharge du système de justice familiale, y compris les tribunaux. En outre, même après une ordonnance d'un juge, il arrive que l'autre parent ne divulgue toujours pas son revenu. En pareil cas, le tribunal peut attribuer un revenu à l'autre parent.
Bien que, dans certains cas, on puisse faire un calcul adéquat à partir d'un revenu attribué, il est très difficile pour un tribunal de déterminer un montant équitable qui doit être versé comme pension et qui correspond à la véritable capacité de payer des parents, lorsqu'on ne dispose pas de renseignements complets et à jour sur leurs revenus respectifs. Le calcul risque de donner un montant qui n'est pas juste, soit une somme trop élevée, qui ne sera pas payée dans de nombreux cas, ou encore une pension trop basse qui priverait les enfants du soutien dont ils pourraient bénéficier de la part de leurs deux parents.
Conformément à l'engagement pris par le gouvernement de réduire la pauvreté et de répondre aux besoins des familles à revenu faible ou moyen, le projet de loi apporterait des changements dont la classe moyenne a grandement besoin, au Canada. Il limiterait les conséquences néfastes des différends liés aux questions de revenu, pour le système de justice familiale et pour les parents. Le projet de loi propose aussi des changements indispensables pour réduire la pauvreté chez les enfants.
Parlons maintenant d'une loi qui serait modifiée par le projet de loi, soit la Loi d’aide à l’exécution des ordonnances et des ententes familiales. Grâce aux modifications prévues, lorsqu'un des deux parents qui se séparent ou divorcent ne respecte pas son obligation de divulguer son revenu, il serait quand même possible d'établir le montant de la pension à verser avec équité et précision. Nous voulons modifier cette loi pour donner le droit aux autorités fédérales compétentes de communiquer à un tribunal l'information concernant le revenu de la personne concernée, y compris les renseignements contenus dans ses déclarations de revenus, afin de permettre au juge d'établir la pension, de la recalculer ou d'en ordonner le paiement.
Le règlement fournirait la liste des renseignements sur le revenu qui seraient communiqués, et la loi prévoirait des garanties importantes. Ainsi, il ne serait pas permis de demander des renseignements si le tribunal considère que leur communication compromettrait la sécurité de qui que ce soit. De plus, les renseignements remis au tribunal seraient placés sous scellé et gardés dans un lieu interdit au public.
La communication des renseignements sur le revenu garantirait que le montant des pensions alimentaires pour enfants est vraiment fondé sur la capacité de payer du parent. Elle permettrait aussi de réduire les frais juridiques associés à l'obtention des renseignements sur le revenu, de même que les ressources judiciaires consacrées à ces démarches. La communication des renseignements permettrait d'accroître la rapidité et l'exactitude des ordonnances alimentaires au profit d'un enfant tout en rendant le processus moins conflictuel et moins coûteux, des changements qui profiteraient aux femmes qui sont, dans 96 % des cas, les bénéficiaires des pensions alimentaires pour conjoint et enfants au Canada, comme je l'ai souligné d'entrée de jeu.
[Français]
Les modifications que nous proposons à la loi permettront aussi la divulgation des renseignements sur le revenu aux services de nouveau calcul de la pension alimentaire pour enfants. Des renseignements récents sur le revenu d'un parent sont nécessaires au travail des services de nouveau calcul provinciaux et territoriaux, qui sont des services administratifs. Ils constituent un important outil d'accès à la justice pour les parents qui paient ou qui reçoivent une pension alimentaire pour enfants. Ces services permettent la mise à jour des montants de pension alimentaire pour enfants au moyen d'une procédure rapide, plus efficace, peu coûteuse et non contradictoire.
Les services de nouveau calcul recalculent les montants figurant dans les ordonnances et les ententes alimentaires au profit d'un enfant à partir du revenu actuel du parent. Toutefois, ils ne peuvent procéder à ce nouveau calcul lorsqu'un revenu a été attribué ou lorsqu'aucun renseignement sur le revenu n'a été fourni. Dans de telles circonstances, un parent devra faire appel aux tribunaux pour faire modifier le montant de la pension alimentaire pour enfants.
Les modifications à la loi réduiront les coûts, tant pour les parents que pour le système judiciaire, en permettant aux services administratifs d'effectuer de nouveaux calculs pour obtenir les renseignements sur le revenu dont ils ont besoin. Les accords conclus avec les provinces et les territoires relatifs à la communication des renseignements seront mis à jour pour garantir la protection des renseignements sur le revenu qui sont transmis aux services chargés d'effectuer ces nouveaux calculs.
[Traduction]
Le projet de loi propose également de modifier les dispositions sur la saisie-arrêt. La loi prévoit que le salaire et les prestations de retraite payables à des fonctionnaires fédéraux actuels ou à d'anciens fonctionnaires peuvent être versés à une autre personne pour l'exécution d'une pension alimentaire. Les modifications apportées à la loi contribueraient à réduire la pauvreté chez les enfants: comme le processus serait plus simple et plus efficace, les familles recevraient plus rapidement le soutien auquel elles ont droit. À titre d'exemple, en cas de saisie-arrêt, les retards de pension alimentaire auraient priorité sur toutes les autres dettes, à l'exception des dettes payables à l'État, pour lesquelles on prévoit une saisie-arrêt précoce lorsque la situation le permet.
En conclusion, quand survient une séparation ou un divorce, les familles et les enfants risquent d'être confrontés à des difficultés émotives et financières. La plupart des Canadiens respectent consciencieusement leurs obligations en matière de mise en place et de paiement des pensions alimentaires, ce qui fait honneur aux valeurs de la société canadienne. Il arrive toutefois que les parties ne s'entendent pas sur leurs obligations, et notre système de justice familiale devrait alors les aider à régler ces questions. Quand les parties ne respectent pas leurs obligations en matière de pensions alimentaires, la législation fédérale sur l'application de la loi offre un recours. C'est exactement ce que ferait le projet de loi . Je suis fier de l'appuyer, et j'encourage tous les députés à en faire autant.
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Monsieur le Président, c'est un plaisir de parler aujourd'hui du projet de loi et de la façon dont il améliorerait considérablement l'accessibilité et l'efficacité du système de justice familiale.
Comme il a été mentionné, les lois fédérales en matière de droit de la famille n'ont pas fait l'objet de mises à jour approfondies depuis plus de 20 ans, et il y a longtemps qu'elles auraient dû être modifiées. L'accès à la justice figure parmi les priorités du gouvernement, et l'accès aux services de justice familiale en est un aspect essentiel. Les coûts, les retards et la complexité des procédures sont tous des facteurs pouvant compliquer l'accès des Canadiens à la justice. Tout comme l'expansion des tribunaux unifiés de la famille et le financement durable des services de justice familiale, le projet de loi s'inscrit dans l'engagement du gouvernement de donner un meilleur accès à la justice aux familles qui vivent une séparation ou un divorce. Sous la plume de M. Cromwell, juge à la retraite de la Cour suprême, le Comité d'action sur l'accès à la justice en matière civile et familiale a déclaré que la gestion rapide des questions d’ordre juridique et le recours au règlement informel des différends sont essentiels pour améliorer l'accès à la justice.
Le projet de loi reconnaît la nécessité d'améliorer l'accès à la justice et offre des conseils, de l'information et des outils pour aider les familles vivant une séparation ou un divorce, y compris les personnes qui se représentent elles-mêmes, ainsi que les avocats et les tribunaux se spécialisant dans le droit de la famille.
Le projet de loi encourage le recours aux mécanismes de règlement des différends familiaux, c'est-à-dire à des mécanismes auxquels ont recours les parties en vue de résoudre sans s'adresser aux tribunaux les différends relatifs à des questions de droit familial. Ces mécanismes comprennent la négociation, la médiation et le droit collaboratif. Ils sont souvent moins coûteux et plus rapides que les procédures judiciaires et ils permettent aux parents de participer activement à la création de dispositions qui sont dans l'intérêt supérieur de leur enfant.
Le rôle des avocats consiste en partie à veiller à ce que les parents qui sont aux prises avec des problèmes relevant du droit familial aient toute l'information pertinente sur le règlement des différends familiaux. Selon le projet de loi , les avocats seraient tenus de présenter aux parents tous les services de justice familiale qui pourraient les aider à résoudre leurs différends, et de les encourager à avoir recours à un mécanisme de règlement des différends le cas échéant.
De plus, si les tribunaux sont saisis de l'affaire, le projet de loi permet aux juges de proposer des mécanismes de règlement des différends aux parents là où ils sont offerts. Le projet de loi exigerait également que les parents en cause dans une affaire relevant du droit familial tentent de résoudre leurs différends au moyen d'un mécanisme de règlement des différends, le cas échéant.
Cela dit, les mécanismes de règlement des différends familiaux peuvent ne pas toujours s'avérer appropriés, dans les cas de violences familiales par exemple. C'est la raison pour laquelle le projet de loi n'encourage le recours à ces procédures que dans certaines situations. Les tribunaux et les avocats doivent évaluer chaque situation au cas par cas et prendre en compte les conditions de vie dans la famille, notamment s'il y a eu des actes violents, avant d'encourager le recours à ces mécanismes. Qui plus est, d'autres fournisseurs de services comme les médiateurs certifiés jouent un rôle majeur dans la découverte de violences familiales et de rapports de pouvoir déséquilibrés, et ce, afin de promouvoir un processus équitable.
Le projet de loi contribuerait de bien des manières au règlement des différends familiaux et à la conclusion d'accords à l'amiable entre les parents centrés sur l'intérêt supérieur de leurs enfants. Il propose, par exemple, des changements à la terminologie utilisée en matière de garde et d'accès — dans les définitions dans l'ancienne version de la loi — pour en adopter une plus neutre et plus axée sur l'enfant qui reflète le rôle parental, comme le temps parental et d'autres expressions utilisées dans la loi. Il contient aussi une liste non exhaustive des critères permettant de déterminer ce qui est dans l'intérêt supérieur de l'enfant et d'aider les parents dans les cas de déménagement. Ces renseignements supplémentaires aideront les parents à prendre des décisions plus éclairées et axées sur leurs enfants et à mieux comprendre les conséquences d'un passage par les tribunaux. Cela limitera du même coup le recours à la justice.
Le gouvernement propose des solutions novatrices pour améliorer le système de justice familiale. Certaines questions qui doivent présentement être tranchées par les tribunaux sont plutôt de nature administrative et pourraient être réglées à l'extérieur du tribunal. Le projet de loi élargira le mandat des services des aliments pour enfants afin qu'ils puissent traiter davantage de questions et se charger de tâches dont seule la cour peut s'acquitter présentement.
Dans de nombreuses provinces, les services des aliments pour enfants recalculent les ordonnances alimentaires, par exemple. Le projet de loi propose plusieurs mesures visant à rendre ces services plus efficaces. Il s'agit notamment du recalcul des montants des ordonnances provisoires de pensions alimentaires pour enfants établies sous le régime de la Loi sur le divorce. De plus, le projet de loi permettra aux services des aliments pour enfants de recalculer les montants des pensions alimentaires pour enfants à la demande d'un parent lorsque, par exemple, il y a eu perte d'emploi. Présentement, la Loi sur le divorce prévoit que le recalcul doit se faire à une date précise ou à intervalles déterminés.
Le projet de loi comprend également une nouvelle approche permettant aux services des aliments pour enfants des provinces et des territoires de calculer le montant initial des pensions alimentaires pour enfants, lorsque c'est possible. Ainsi, ce seront des services administratifs, plutôt que des tribunaux, qui pourront se charger du calcul des montants des pensions alimentaires pour enfants en fonction des renseignements pertinents relatifs au revenu et selon des lignes directrices.
Ces ajouts et améliorations à la Loi sur le divorce feront qu'il sera plus facile et plus économique d'établir ou de recalculer les montants des pensions alimentaires pour enfants et que le processus sera moins conflictuel.
La modification des ordonnances prises aux termes de la Loi sur le divorce lorsque les parties concernées ne résident pas dans la même province ou le même territoire peut se révéler un exercice coûteux et compliqué pour les familles. Le projet de loi propose d'améliorer le processus de modification des ordonnances alimentaires lorsque les parties vivent dans une province ou un territoire différent.
À l'heure actuelle, deux instances judiciaires sont mises en cause, soit la cour qui émet une ordonnance provisoire, dans la province du demandeur, et la cour qui confirme ladite ordonnance, dans la province de résidence du défendeur. Le nouveau processus ne ferait intervenir qu'une seule instance judiciaire et éliminerait la nécessité d'une première audience, épargnant ainsi temps et argent. Comme ce nouveau système ressemble à celui de la plupart des provinces et territoires, il assurerait une certaine uniformité, que les procédures entre provinces ou territoires soient menées en vertu de la loi provinciale ou de la Loi sur le divorce.
Le projet de loi comprend également des dispositions visant à améliorer les procédures internationales dans les cas de pension alimentaire pour enfants. Ces changements constituent une étape essentielle pour que le Canada devienne partie à la Convention de 2007 sur le recouvrement international des aliments destinés aux enfants et à d'autres membres de la famille, qu'il a entérinée en mai 2017.
La Convention de 2007 est une entente internationale qui prévoit un cadre juridique efficace et peu coûteux pour la mise en place, la modification, la reconnaissance et l'exécution transfrontalières des obligations alimentaires. Cette convention se révélera particulièrement intéressante pour les familles et les enfants canadiens, puisqu'elle donnera à tout parent le moyen d'obtenir une pension alimentaire d'un ancien conjoint qui vit à l'étranger.
Le projet de loi améliorera aussi l'accès à la justice et l'efficacité du système de justice familiale en modifiant la Loi d'aide à l'exécution des ordonnances et des ententes familiales. Cette loi aide les parents à faire exécuter les ordonnances alimentaires. Le projet de loi propose de modifier cette loi pour permettre, dans certaines circonstances, la divulgation des renseignements sur le revenu lorsque les parents refusent de les communiquer.
Il est essentiel de disposer de renseignements exacts sur le revenu pour déterminer les montants justes des pensions alimentaires pour les enfants. Ce changement aidera à déterminer ces montants et à exécuter les ordonnances alimentaires, ainsi qu'à réduire le temps passé en cour pour obtenir ces renseignements. Les procédures utilisées pour recueillir ces renseignements nécessitent beaucoup de temps et de ressources de la part des tribunaux, ce qui peut être coûteux pour les personnes qui tentent d'obtenir une pension alimentaire. Il ne s'agit pas non plus d'une bonne utilisation des ressources familiales.
Les renseignements de cette nature qui seront communiqués à la cour seront scellés et conservés dans un lieu interdit au public. De plus, la cour pourra rendre toute ordonnance nécessaire pour protéger le caractère confidentiel des renseignements.
Le projet de loi favorisera le règlement extrajudiciaire des différends, mais certaines questions nécessiteront toujours l'intervention officielle des tribunaux.
Dans le budget de 2018, le gouvernement a annoncé des fonds destinés à élargir les tribunaux unifiés de la famille, remplissant ainsi un des engagements prévus dans la lettre de mandat confiée à la . Dans ma circonscription, St. John's-Est, le tribunal de la famille bénéficie de ce financement.
Les tribunaux unifiés de la famille offrent un guichet unique pour le système de justice familiale en combinant les compétences touchant à toutes les questions de droit familial dans un même tribunal. Ils offrent aussi un accès à un éventail de services de justice familiale, comme des centres d'information sur le droit familial et des services de médiation pour aider les familles à régler toutes sortes de problèmes liés au droit familial, notamment la séparation et le divorce, et d'autres services.
Le financement est essentiel à la prestation des services de justice familiale, qui relève de la compétence des provinces et des territoires. Dans le budget de 2017, le gouvernement s'est engagé à investir de façon continue 16 millions de dollars par année dans les services de justice familiale. Ce financement offrira aux Canadiens un accès accru à la justice familiale en appuyant les programmes et les services provinciaux et territoriaux, comme la médiation, les services d'information destinés aux parents, la sensibilisation et l'exécution des ordonnances alimentaires.
Nous devons collaborer afin d'améliorer l'accessibilité et l'efficacité du système de justice familiale du Canada. Le projet de loi , de concert avec l'expansion des tribunaux unifiés de la famille et le financement soutenu des services de justice familiale, contribuera à soutenir les familles canadiennes qui vivent une séparation ou un divorce et les quelques deux millions d'enfants canadiens qui vivent dans une famille dont les parents sont séparés ou divorcés. C'est un grand pas en avant, et j'espère que les modifications que nous avons proposées auront une incidence positive sur le système de justice familiale.
En terminant, j'encourage tous les députés à appuyer ce projet de loi, comme je le fais, afin qu'il soit renvoyé au comité où il sera étudié de plus près.
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Monsieur le Président, je suis heureux de prendre la parole au sujet du projet de loi du gouvernement sur le droit de la famille.
Comme d’autres députés l’ont mentionné dans ce débat, les questions relatives au droit de la famille relèvent généralement de la compétence provinciale. Cependant, la catégorie 26 de l’article 91 de la Loi constitutionnelle précise qu’il entre dans les compétences du Parlement fédéral de légiférer en matière de mariage et de divorce.
Il serait utile, pour examiner le projet de loi et ce qu’il cherche à faire pour moderniser le droit de la famille et la législation du divorce au Canada, de mettre en contexte l’évolution du droit canadien en matière de divorce. En fait, la Loi sur le divorce est relativement récente. Elle a été adoptée en 1968, il y a 50 ans seulement.
Avant l’adoption de la Loi sur le divorce en 1968, il existait au pays un ensemble disparate de lois sur le sujet. Dans certaines provinces, il n’y avait pas de loi sur le divorce. Résultat, les couples devaient, pour obtenir un divorce, demander au Parlement d’adopter une loi d’intérêt privé. Dans d’autres provinces, il était possible de divorcer pour faute.
Sautons à 1968, année où le Parlement a adopté une loi pour uniformiser la législation en matière de divorce. La Loi sur le divorce de 1968 est restée en vigueur jusqu’à sa mise à jour en 1985, et c’est alors que le Parlement a modifié sensiblement le droit en ce qui concerne le divorce et la famille. La Loi sur le divorce de 1985 prévoit ainsi un seul motif de divorce recevable, à savoir l'échec du mariage, qui peut être établi en se fondant sur un certain nombre de critères, comme une année de séparation du couple, ou l’existence démontrée d’un adultère ou de violences physiques ou mentales.
Depuis que le Parlement a pris des mesures en 1985 pour moderniser le droit en matière de divorce au Canada, on n’a guère cherché au cours des 30 et quelques dernières années à mettre à jour le droit canadien de la famille. Je dois dire que je suis né en 1984, un an avant la mise à jour de la Loi sur le divorce, ce qui veut dire que 1985, c’est bien loin. La société canadienne a beaucoup évolué dans les 33 ou 34 dernières années, y compris en ce qui concerne la structure familiale et, malheureusement, la prévalence accrue des divorces et de l'échec de la relation conjugale. Il est temps que le Parlement décide d’envisager une mise à jour globale de la Loi sur le divorce.
Pour ce qui est de la teneur du projet de loi, je dirai que nous sommes prêts à l’examiner soigneusement. À première vue, il semble contenir plusieurs mesures positives. Parmi ses principaux éléments de fond, il modernise la terminologie, encourage les familles à régler leurs différends à l’amiable, améliore l’exécution des ordonnances de pension alimentaire pour enfants et préserve le bien-être des enfants concernés. Toutes ces mesures semblent, à première vue, aller dans le bon sens.
Comme je le mentionnais, une réforme s’impose depuis longtemps. En 2013, le juge Cromwell a procédé à un examen très minutieux et le comité Cromwell a recommandé, notamment, une mise à jour de la terminologie. À l’heure actuelle, dans la Loi sur le divorce, la terminologie est très accusatoire, ce qui n’aide pas les familles à traverser ce qui est souvent l'épreuve la plus difficile que puisse vivre un couple en pleine rupture conjugale.
Le projet de loi change notamment le vocabulaire pour le rendre moins accusatoire, conformément aux recommandations du comité Cromwell. En quoi le projet de loi rend-il le libellé de la Loi sur le divorce moins accusatoire? Par exemple, il remplace le terme « garde » par le terme « contact » et le terme « accès » par le terme « rôle parental ».
Par ailleurs, le projet de loi encourage les parties à essayer de régler leurs différends par la médiation ou d’autres mécanismes de règlement des différends. On dépense bien trop d’argent dans nos tribunaux et, si les familles peuvent régler leurs affaires matrimoniales à l’amiable, en dehors de ce qui est, par définition, un système accusatoire, c’est une mesure qui va dans le bon sens. Évidemment, comme je le mentionnais, on codifierait ce qui est pour l’heure une vaste jurisprudence et tiendrait compte de l’intérêt de l’enfant.
J’ai parlé à une de mes connaissances, qui est juge, et il m’a expliqué que, lorsqu’il a été nommé, une des difficultés avait été de se mettre à jour sur différents aspects du droit dans lesquels il n’avait jamais exercé. Par exemple, il n’avait jamais exercé le droit pénal avant. Il lui a donc fallu beaucoup de temps pour se mettre à jour. En dehors des études et de la mise à jour sur différents aspects du droit, le plus difficile, selon lui, était d’essayer de régler des différends lorsque des enfants étaient concernés, c’est-à-dire de rendre des ordonnances parentales, par exemple, parce que si souvent, il prend une décision qui aura de profondes répercussions pour les parents, la famille et l’enfant. Je raconte cette anecdote pour souligner la gravité, l’importance et l’impact qu’auraient ces changements.
Comme je le dis, nous étudierons le projet de loi en comité. Je suis impatient d’entendre divers témoins et d’examiner de possibles amendements.
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Monsieur le Président, je partagerai mon temps de parole avec le député de .
Je suis heureux de prendre la parole aujourd’hui au sujet du projet de loi et de la contribution importante qu’il apporterait à la lutte contre la violence familiale.
L’administrateur en chef de la santé publique du Canada a déterminé que la violence familiale est un problème de santé publique important, reconnaissant que ses effets vont bien au-delà des blessures physiques et peuvent avoir des répercussions à long terme sur la santé mentale.
En 2014, 13 % des personnes séparées ou divorcées qui avaient été en contact avec leur ancien partenaire au cours des cinq dernières années ont déclaré avoir été victimes de violence conjugale. Bien que nous n’ayons pas de statistiques fiables sur le nombre d’affaires de droit de la famille dans lesquelles la violence familiale intervient, les estimations établies grâce à l’examen des dossiers des tribunaux et aux sondages menés auprès des avocats et des juges varient entre 8 et 25 % et pourtant, la Loi sur le divorce ne fait aucune mention de la violence familiale ni de son incidence sur le rôle parental. Le projet de loi prévoit des mesures concrètes pour combler cette lacune.
Il y a des différences marquées dans la gravité et la violence que subissent les hommes et les femmes. En 2014, les femmes étaient deux fois plus susceptibles que les hommes de signaler avoir été agressées sexuellement, battues, étranglées ou menacées avec une arme à feu ou un couteau. En revanche, les hommes étaient trois fois et demie plus susceptibles de déclarer avoir reçu des coups de pied et avoir été mordus ou frappés.
Nous ne pouvons pas non plus oublier que les enfants peuvent être directement et indirectement touchés par la violence familiale et que l’exposition à la violence familiale s'accompagne souvent d’abus directs envers les enfants. En 2014, 70 % des adultes qui ont déclaré avoir été témoins de violence parentale pendant leur enfance ont également déclaré avoir été victimes de violence physique ou sexuelle pendant leur enfance. Les enfants qui ont été témoins de cette violence étaient également deux fois plus susceptibles de subir les formes les plus graves de violence physique que ceux qui n’en avaient pas été témoins.
Les enfants peuvent être profondément blessés émotionnellement lorsqu’ils sont exposés à la violence familiale, qu’il s’agisse de voir la violence se produire ou de voir un parent avec des ecchymoses. Parmi les effets graves, on constate des problèmes émotionnels et comportementaux et même des troubles de stress post traumatique.
Malgré tout ce que nous savons au sujet de la violence familiale, des mythes subsistent à ce sujet. Il y en a deux que j’aimerais souligner aujourd’hui.
Le premier mythe au sujet de la violence familiale, particulièrement la violence entre partenaires intimes, c’est que si un survivant n’a pas signalé la violence à la police, il n’y a donc pas eu de violence ou ce n’était pas grave. Selon Statistique Canada, seulement 19 % des survivants signalent des cas de violence à la police. Certains ne les signalent pas par crainte de ne pas être crus ou d’intensifier la violence. Certains groupes vulnérables se méfient aussi de la police.
Malgré ces craintes, les survivants peuvent choisir d’entamer des procédures en droit de la famille, afin de protéger leurs enfants, qu’ils signalent ou non la violence à la police. Dans certains cas, lorsque des procédures en droit de la famille sont entamées, cela peut accroître le risque de violence. Selon Linda Neilson, chercheuse de premier plan en matière de violence familiale, « il n’est pas nécessairement vrai que les affaires relevant du droit de la famille comportant de la violence conjugale sont moins graves ou présentent un moins grand danger que les affaires pénales. En fait, certaines présentent même un plus grand danger. »
L’autre mythe, c’est que la violence entre partenaires intimes prend fin après la séparation. En fait, la séparation peut accroître le risque de violence familiale, et cette situation persiste souvent longtemps après la fin de la relation.
En 2014, 41 % de ceux qui ont été victimes de violence familiale par un ex-conjoint ont déclaré que cela s’était produit après la rupture. Dans un peu moins de la moitié de ces cas, soit environ 48 %, la violence a eu lieu au moins six mois après la séparation. Ce qui est très inquiétant, c’est que dans près de la moitié des cas où la violence s’est produite après la séparation, elle a augmenté en gravité.
Le projet de loi comprend un certain nombre de mesures visant à renforcer la réponse du système de justice familiale aux cas malheureux de violence familiale.
Tout d’abord, il faut comprendre que lorsqu’une famille est en crise, il est possible que divers aspects du système de justice soient en cause, comme des procédures pénales, civiles ou de protection de l’enfance, en plus des procédures de divorce. Malheureusement, les tribunaux du divorce ne sont souvent pas au courant des autres procédures qui se déroulent ou des ordonnances qui ont pu être rendues. Ce manque d’information au sujet des autres procédures peut mener à des ordonnances contradictoires, par exemple lorsqu’une ordonnance pénale interdit le contact entre un parent et d’autres membres de la famille, mais qu’une ordonnance familiale permet au même parent d’avoir des contacts avec un enfant.
C’est pourquoi le projet de loi modifierait la Loi sur le divorce afin que les tribunaux aient la preuve que d’autres procédures sont en cours ou que d’autres ordonnances sont en vigueur. Cela devrait aider à améliorer l’administration de la justice.
Lorsque le rôle parental est expressément en cause, les tribunaux ne doivent tenir compte que de l’intérêt de l’enfant. Les nouveaux critères énumérés dans le projet de loi exigeraient la consolidation de toute procédure civile ou criminelle ou ordonnance relative au bien-être d’un enfant, même si elle n’est plus en vigueur. On veut ainsi veiller à ce que le tribunal dispose de tous les renseignements pertinents lorsqu’il décide de l’intérêt de l’enfant. Il est essentiel de tenir compte de la violence familiale au moment de prendre des décisions sur les ententes parentales pour les enfants.
Étant donné que nous en savons davantage sur la violence familiale, en particulier la violence entre partenaires intimes, nous en sommes venus à comprendre qu’elle ne prend pas toujours la même forme. Selon la nature de la violence, cela peut avoir des répercussions très différentes sur le rôle parental auprès de l’enfant et sur la capacité des ex-conjoints de bien s’occuper de l’enfant.
Au moins quatre types de violence ont été identifiés, mais compte tenu du peu de temps dont je dispose aujourd’hui, je n’en mentionnerai que deux. La première est la violence provoquée par la séparation. Il s’agit généralement d’un petit nombre d’incidents entourant la séparation, bien que ceux-ci puissent varier de très mineurs à plus graves. Même si aucune violence n’est jamais acceptable, ce type de violence peut, à long terme, être moins susceptible de nuire à la capacité des parents de collaborer ou de prendre soin de l’enfant.
En revanche, le deuxième type de violence familiale relève de la coercition et de la domination. Comme cette description l’indique, il s’agit d’une violence qui comprend un comportement dominant fondé sur l’intimidation, la violence psychologique et la violence physique. La violence fondée sur la coercition et la domination est le plus souvent perpétrée par des hommes contre des femmes et elle se produit généralement sur une longue période. Le plus souvent associé à une déficience des compétences parentales, ce type de violence présente le plus haut risque de létalité. L’agresseur tente souvent de dominer son ex-partenaire longtemps après la séparation. Par conséquent, dans ces situations, il peut être difficile de prendre des décisions de manière conjointe et le contact entre les parents quand l’enfant passe de l'un à l'autre peut créer davantage de possibilités de violence.
Pour aborder l’éventail des formes de violence familiale, le projet de loi comprend une définition de la violence familiale fondée sur des données probantes. Le texte stipule que la violence familiale peut comprendre un type de comportement coercitif et dominant. On y cite des exemples précis de comportements qui constituent de la violence familiale, comme les mauvais traitements corporels, les abus sexuels, la violence psychologique et le harcèlement, ce qui comprend la traque.
Enfin, dans le projet de loi , on insiste sur le fait que, pour ce qui est de l’intérêt de l’enfant, le problème de la violence familiale joue un rôle important lorsqu’il s’agit de prendre des décisions concernant les ententes parentales. Les modifications proposées tiendront compte de toutes les répercussions de la violence familiale et en particulier des effets éventuels sur la capacité des parents à coopérer entre eux, d’une part, et sur la capacité d’un parent violent à prendre soin de l’enfant, de l’autre. Le projet de loi fournit également une liste de critères précis que le tribunal devra prendre en considération pour déterminer la gravité de la violence, les répercussions réelles ou possibles, ainsi que les conséquences que cela pourrait éventuellement avoir sur l’entente parentale.
Ces critères permettraient de souligner la dynamique particulière de la violence familiale dans chaque cas particulier. Fait important, dans la définition de la violence familiale comme dans les critères de l’intérêt de l’enfant, on reconnaît qu’un enfant peut être victime de la violence sans en être la cible directe. Avec le projet de loi , nous prenons des mesures concrètes pour défendre l’intérêt supérieur des enfants dans les situations de grande vulnérabilité.
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Monsieur le Président, je veux d'abord remercier le député de d'avoir abordé la question de la violence et montré comment le projet de loi nous aide à la régler. Pour ma part, je vais présenter un aperçu général du projet de loi, dont je suis extrêmement fier.
Comme on le sait, il s'agit de la première mise à jour substantielle du droit familial au Canada en 20 ans. Le projet de loi est marquant, car il confirme et protège les intérêts de l'enfant et rend les lois fédérales sur la famille mieux adaptées aux besoins des familles canadiennes contemporaines. Comme tous les intervenants l'ont souligné aujourd'hui, le droit familial est à la fois complexe et vaste, et présente de nombreuses lacunes et faiblesses que les lois existantes ne suffisent pas à corriger. Le projet de loi C-78 vise à remédier à cette situation en offrant un large éventail de mesures sensées.
Aujourd'hui, je vais parler de six éléments clés du projet de loi : le renforcement des dispositions axées sur l'intérêt supérieur de l'enfant; la précision de ce que doit être la considération première; les modifications importantes apportées à la terminologie; la modernisation de la Loi sur le divorce; la création d'ordonnance de contact; et les nouvelles lignes directrices entourant les déménagements importants.
Je commencerai par le critère de l'intérêt de l'enfant. Ce critère est un concept central du droit de la famille au Canada et dans de nombreux autres pays depuis des décennies. Selon la Loi sur le divorce, les tribunaux ne doivent tenir compte que de l'intérêt de l'enfant lorsqu'ils rendent une décision à savoir qui s'en occupera ou prendra les décisions qui le concerne. Or, la Loi sur le divorce est étonnamment peu précise quant à ce critère.
En 1998, le Comité mixte spécial sur la garde et le droit de visite des enfants réclamait que la Loi sur le divorce prévoie une liste de facteurs permettant de déterminer ce qui est dans l'intérêt de l'enfant. De nombreuses personnes et entités ont joint leur voix à celle du Comité, dont des universitaires, des défenseurs des droits de l'enfant et l'Association du barreau canadien. Dans le projet de loi , le gouvernement donne suite à leur demande et prend des mesures importantes pour remédier aux lacunes et corriger les manques d'efficacité actuels du système du droit de la famille.
Les facteurs proposés pour prendre des décisions fondées sur l'intérêt de l'enfant mettraient l'accent sur les éléments fondamentaux de la vie de l'enfant. Ils comprennent le stade de développement de l'enfant, ses liens avec ses proches, son identité culturelle ainsi que son point de vue et ses préférences. Cette liste n'est toutefois ni définitive ni exhaustive. Si un élément spécial de la vie de l'enfant est particulièrement important — si l'enfant a des besoins médicaux spéciaux ou s'il participe à des compétitions sportives, par exemple —, les tribunaux pourraient en tenir compte s'il y a lieu.
En définissant avec plus de précision les critères relatifs à l'intérêt de l'enfant, la Loi sur le divorce favorisera l'intérêt de l'enfant. Elle favorisera aussi un autre des principaux objectifs du projet de loi: améliorer l'accès à la justice. Dans certaines provinces et certains territoires, plus des trois quarts des gens qui passent devant un tribunal de la famille se représentent eux-mêmes. De plus, une liste des critères se rapportant à l'intérêt de l'enfant dans la Loi sur le divorce aiderait les parents à comprendre leurs responsabilités selon la loi, ce qui les aiderait à négocier et à en arriver plus souvent à une entente à l'amiable relativement à leurs enfants. En revanche, si les parents n'arrivent pas à s'entendre, cette clarification aiderait les personnes qui se représentent elles-mêmes à mieux situer leurs arguments dans l'action en justice.
Je vais maintenant passer au deuxième point, qui est celui de la considération première. La notion de « considération première » est au coeur des valeurs défendues dans le projet de loi . En se concentrant sur la considération première, les tribunaux feraient passer en premier le bien-être et la sécurité physiques, psychologiques et affectifs de l'enfant. Ils évalueraient tous les autres critères en tenant compte de la considération première. Cette façon de faire garantirait que les intérêts de l'enfant passent avant tout lorsqu'il s'agit de protéger les familles des conséquences souvent négatives des séparations et des divorces.
Je vais passer au troisième point: la mise à jour de la terminologie. Le projet de loi apporterait des modifications importantes et, bien franchement, qui se font attendre depuis longtemps, dans le vocabulaire du droit familial. Les termes juridiques « garde » et « accès » sont maintenant archaïques.
En effet, le terme « garde » prend son origine dans le droit des biens, qui, pendant des centaines d'années, a considéré les enfants comme des possessions. Le terme « accès », quant à lui, réfère au droit d'utilisation d'une propriété ou de passage sur elle. En 2018, ce n'est pas ainsi que nous devrions nommer les responsabilités à l'égard des enfants. De plus, les litiges concernant la « garde » et l'« accès » ont créé d'autres étiquettes: le parent ayant la garde est le gagnant et celui ayant l'accès est le perdant. Le projet de loi délaisserait ce vocabulaire ancré dans la confrontation, comme on l'a fait en Alberta, en Colombie-Britannique et dans plusieurs pays étrangers.
Dans le but de moderniser la Loi sur le divorce, le projet de loi y remplacerait l'ordonnance de garde et l'accès par l'ordonnance parentale. Une ordonnance parentale traite du temps parental et des responsabilités décisionnelles de chaque parent. Plus précisément, le terme « temps parental » réfère au temps pendant lequel l'enfant est confié aux soins d'un de ses parents, y compris tout le temps où un parent est responsable de son enfant, même quand celui-ci est à l'école. Chaque parent aurait autant de temps parental que ce qui serait compatible avec l'intérêt de l'enfant.
En revanche, les « responsabilités décisionnelles » désignent la prise de décisions importantes concernant les questions comme la santé, l'éducation, la langue, la religion et les activités parascolaires majeures. Le projet de loi permettrait aux tribunaux d'accorder cette responsabilité à un des parents ou aux deux, ou bien d'en diviser les différents aspects entre les parents.
Afin d’améliorer l’accès à la justice, ce projet de loi comprend une disposition qui prévoit un plan parental où les parents s’entendront sur la prise en charge que chacun assumera pour l’enfant. Il encourage les tribunaux à adopter le plan parental qui servira le mieux l’intérêt de l’enfant. Il reconnaît que les parents sont généralement les plus aptes à prendre des décisions pour leur enfant.
Passons au cinquième élément. Le projet de loi met également de l'avant l'ordonnance de contact, conformément aux pratiques exemplaires déjà établies par plusieurs tribunaux provinciaux. Les ordonnances de contact réservent dans l’horaire d’un enfant du temps qu’il passera avec une personne autre qu’un parent, comme des grands-parents. Je tiens à préciser qu’une ordonnance de contact n’est habituellement pas nécessaire pour que les grands-parents et d’autres êtres chers puissent passer du temps avec un enfant. Elle n'intervient que si, en raison d’un conflit, les parents n’acceptent pas de laisser les grands-parents ou d’autres êtres chers passer du temps avec l’enfant. Dans de tels cas, le projet de loi permettrait aux tribunaux de rendre des ordonnances de contact, qui aideraient à préserver la relation d’un enfant avec ses proches, le cas échéant. Comme dans le cas des ordonnances parentales, les tribunaux rendraient une ordonnance de contact s'il en va de l’intérêt de l’enfant.
Enfin, la question du déménagement important représente depuis de nombreuses années un défi pour les parents, les avocats et les tribunaux. On parle ici de faire déménager un enfant à la suite de la séparation et du divorce. C’est l’une des questions les plus litigieuses en droit de la famille. Dans un sondage mené en 2016 auprès d’avocats et de juges, par exemple, plus de 98 % des répondants ont indiqué que les différends sont plus difficiles à régler lorsqu’ils impliquent un déménagement important. Pour régler ce problème, le projet de loi établit des lignes directrices sur les déménagements importants. Les parents seraient désormais tenus de remettre un avis de leur intention de déménager eux-mêmes ou de faire déménager leur enfant. On évaluerait cette demande en fonction de l’intérêt des enfants et en tenant compte de facteurs comme les raisons du déménagement, ses répercussions sur l’enfant et le caractère raisonnable de la demande de déménagement.
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Monsieur le Président, je partagerai mon temps de parole avec le député de .
Je suis heureuse d’intervenir aujourd’hui au sujet du projet de loi . Je n’en parlerai pas d’un point de vue juridique — je ne suis pas avocate — ni pour avoir vécu directement l’expérience dont le projet de loi est l’objet. Lorsque j’étais jeune, nous étions six enfants dans la famille, une famille très heureuse et très occupée. À un âge avancé, alors que j’étais devenue moi-même adulte, mes parents ont traversé une période difficile qui les a amenés au bord du divorce. Je dois dire que, même pour moi qui étais devenue adulte avec mes propres enfants, leur situation m’a profondément troublée et j’ai réalisé à quel point il était important d’avoir des systèmes de protection des enfants. Je n’arrive pas à imaginer ce que cela aurait été de vivre de telles choses en tant qu’enfant. Heureusement, les choses ont bien tourné pour moi.
Cela dit, j’apprécie les quatre objectifs principaux du projet de loi , qui sont de promouvoir l’intérêt de l’enfant, de lutter contre la violence familiale, d’aider à réduire la pauvreté chez les enfants et de rationaliser les diverses définitions et processus, mais, surtout, d’obliger les avocats à encourager leurs clients à avoir recours à des solutions de rechange pour résoudre leurs différends.
Le Parti conservateur a toujours considéré qu'en cas de rupture du mariage, la Loi sur le divorce devrait accorder la garde partagée, ou encore le partage des responsabilités parentales, sauf s'il est clairement démontré que ce n'est pas dans le meilleur intérêt de l'enfant. Les deux parents et tous les grands-parents devraient pouvoir maintenir une relation significative avec leurs enfants et petits-enfants, sauf s'il est clairement démontré que ce n'est pas dans le meilleur intérêt de ces derniers. Chaque fois que c'est possible, les deux parents, de même que les grands-parents et les frères et soeurs, jouent un rôle déterminant dans la préservation de l'unité familiale lors des moments difficiles. Nous sommes bien conscients du traumatisme que provoque un divorce dans une famille.
Dans l'ensemble, nous sommes satisfaits des objectifs du projet de loi , notamment des mesures visant à favoriser le bien-être des enfants et à lutter contre la violence familiale. Nous avons toujours cru en l'importance d'assurer la sécurité et le bien-être des enfants et des familles.
Là où les choses dérapent, selon moi, c'est qu'il est également question de la mise en oeuvre du projet de loi , ce qui semble paradoxal. Les Canadiens ont souvent la tête qui tourne quand ils cherchent à comprendre ceci: s'il s'agit d'une approche pangouvernementale, comment peut-on, d'un côté, affirmer être profondément inquiets pour les enfants et, de l'autre, présenter le projet de loi C-75, qui viendrait réduire les peines associées à des crimes très graves, dont l'enlèvement d'un enfant de moins de 14 ans, la participation aux activités d'une organisation criminelle, le mariage forcé, le mariage d'une personne de moins de 16 ans, et le fait de faire disparaître le cadavre d'un enfant. Alors qu'il s'agit de crimes très graves dont les enfants sont victimes, le gouvernement semble prêt à proposer des mesures qui vont à l'envers du bon sens.
Voici l'extrait d'un article de David Frenkel, publié dans The Lawyer's Daily:
Ce ne sont pas les termes « garde » et « accès » employés dans la Loi sur le divorce qui déclenchent les conflits entre les parents. Par conséquent, à moins qu'on propose d'autres modifications à la loi, les conflits familiaux se poursuivront même si on remplace les termes « garde » et « accès » par une terminologie relative au rôle parental, comme le propose le projet de loi C-78.
Je comprends ce que l'on tente de faire en changeant la terminologie, mais en même temps, il est vrai que cela ne suffira pas pour améliorer réellement les choses. M. Frenkel ajoute:
L'« ordonnance de garde et d'accès » sera désormais désignée sous le nom d'« ordonnance parentale ».
Cela doit être fait, mais ce changement est déjà en cours. Selon M. Frenkel:
Ce changement terminologique sert sûrement à répondre aux préoccupations exprimées depuis des années par les tribunaux concernant le fait qu'accorder la « garde » à un parent et « l'accès » à l'autre crée inutilement un gagnant et un perdant [...]. En 1975 déjà, le juge Robert Furlong [...] écrivait: « L'époque où les tribunaux accordaient la garde à un parent en guise de récompense à celui qui se comporte bien ou de punition à celui qui se comporte mal est révolue. La garde de l'enfant n'est pas un prix à gagner pour bonne conduite. »
M. Frenkel poursuit:
En 1986, la Cour d'appel du Manitoba a maintenu une décision dans laquelle on préconisait d'arrêter d'utiliser les mots « garde » et « accès » parce que le juge de première instance trouvait que cela était « destructeur pour l'enfant ».
M. Frenkel affirme également qu'il serait peut-être plus important que la question de « contrôle » soit au coeur de la discussion étant donné, malheureusement, que bien des malentendus qui ont lieu dans ces circonstances-là portent là-dessus.
M. Frenkel ajoute:
Au fil du temps, les plaideurs vont avoir acquis une compréhension approfondie de l'effet de la future « ordonnance parentale » et les couples qui avaient l'habitude de se disputer au sujet de la « garde » vont se disputer au sujet des « responsabilités décisionnelles ».
Autrement dit, même si cela en fait partie, comment pouvons-nous faire pour que les grandes difficultés entourant ce genre de décisions ne fassent plus l'objet de pareilles disputes?
M. Frenkel poursuit en disant:
Les ordonnances d'évaluation et de thérapie à l'intention des plaideurs ne régleront pas tous les problèmes des batailles entourant la garde d'enfants, mais elles pourraient révéler les facteurs sous-jacents expliquant les positions déraisonnables adoptées. Par conséquent, en plus de modifier la terminologie utilisée dans la Loi sur le divorce, il pourrait être nécessaire pour un tribunal de pouvoir exiger que des professionnels formés déterminent si le désir d'un parent d'obtenir la garde ou une ordonnance « parentale » se fonde sur des motifs sains. Si une telle information n'est pas facilement accessible au besoin, le simple fait de supprimer les mots « garde » et « accès » pourrait ne pas avoir les conséquences voulues, celles que nous attendons tous de la présentation du projet de loi C-78.
Autrement dit, des mesures doivent être prises afin que les personnes qui se trouvent dans ces circonstances disposent des outils nécessaires pour les aider à suivre le processus de façon plus efficace. Cela ne fait aucun doute: il s'agit probablement de l'une des situations les plus éprouvantes et les plus difficiles pour un couple dont les membres avaient pris la décision de se marier pour unir leur vie à long terme et avoir des enfants. Il est vrai que, parfois, on observe des comportements très violents. Dans d'autres cas, les deux parties n'arrivent pas à communiquer. De toute façon, il faut mettre en place un processus pour leur venir en aide.
Ensuite, j'ai lu un article de Robert Harvie. Il est avocat spécialisé en droit familial, médiateur et arbitre chez Huckvale LLP, membre du conseil consultatif du National self-represented litigants project, et ancien conseiller de la Law Society of Alberta. Il aborde la question fort de sa longue expérience. Il dit:
Tant les médias que le milieu juridique ont salué le projet de loi C-78 lorsqu'il a été présenté, le qualifiant de la « première grande modification de la Loi sur le divorce en 20 ans ».
En effet, ce l'est.
Il poursuit:
Je suis moins enthousiaste. Il faut peut-être y voir le cynisme d'un avocat qui pratique le droit de la famille depuis 32 ans. J'ai été conseillé de la Law Society of Alberta, et j'ai d'ailleurs présidé son comité d'accès à la justice pendant deux ans. J'ai vu beaucoup de promesses, mais très peu de mesures concrètes visant à améliorer l'accès à la justice. Voilà pourquoi j'ai entamé ma lecture des 190 pages du projet de loi C-78 avec moins d'optimisme que beaucoup de mes collègues.
Il compare l'exploration du projet de loi à « l'enthousiasme qui se manifestait lors du voyage inaugural du Titanic », ce qui a piqué ma curiosité. L'auteur parle des innovations incroyables que l'on trouvait à bord du Titanic pour améliorer le confort, comme les terrains de squash, les bains, le gymnase, la piscine et les ascenseurs électriques pour les passagers. Il y en avait pour tous les goûts, y compris une plus grande quantité de chaises longues sur le pont, afin de rendre la croisière plus agréable. Toutefois, en réalité, on n'avait pas répondu aux besoins les plus importants.
L'auteur indique que le projet de loi ne contient essentiellement aucune disposition modifiant globalement la résolution des différends, que les honoraires d'avocat sont trop élevés, que les barreaux semblent s'intéresser davantage à la réduction du nombre de plaintes qu'aux mesures à prendre pour les résoudre, que le recours aux tribunaux est un moyen vétuste et pesant, et que nous devons financer et favoriser le recours à d'autres formes de résolution des différends.
J'ai un bon ami qui travaillait pour une société d'avocats et qui a réussi à obtenir, dans des affaires de divorce et de garde d'enfants, beaucoup de règlements à l'amiable sans recourir à des poursuites judiciaires coûteuses. Malheureusement, il a perdu son emploi. Pourquoi? Parce qu'il ne facturait pas assez de services et n'était pas assez productif, du point de vue de la société d'avocats. Autrement dit, il ne lui rapportait pas assez d'argent. On l'a encouragé à travailler pour l'aide juridique, un domaine qui lui convient vraiment.
Le système juridique doit changer pour que les sociétés d'avocats s'investissent dans le recours à la médiation et à l'arbitrage pour résoudre les différends de ce genre. Nous pouvons bien dire aux gens que c'est l'option qu'ils devraient privilégier, mais ils se retrouvent habituellement au départ dans le cabinet d'un avocat. Je voudrais que ce problème soit résolu au sein même de la profession juridique, au Canada. Nous devrions en faire une priorité et préparer les avocats du pays, qui sont nettement disposés à jouer ce genre de rôle pour servir le Canada, et en particulier pour servir les enfants.
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Monsieur le Président, avant de commencer à parler du projet de loi , j’aimerais dire quelques mots sur ma vie personnelle qui surprendront probablement un grand nombre de mes collègues députés et même beaucoup de gens de ma circonscription.
Pendant un certain nombre d’années, alors que j'étais un tout jeune homme et un père célibataire, j'ai élevé seul mon fils Quinn, qui a maintenant 22 ans. J’avais deux emplois tout en faisant des études à plein temps, pour essayer de subvenir à ses besoins. C’était dur financièrement, c’est sûr, mais je pense que nous nous en sommes tous les deux bien sortis. Mon fils me dit souvent que ses meilleurs souvenirs datent en partie de cette époque, même si nous étions loin de vivre dans l'abondance. Nous mangions du Kraft Dinner, des hot-dogs et des casseroles de Hamburger Helper, dans le meilleur des cas. Nous étions obligés de nous priver de beaucoup de choses. Nous avons habité pendant plusieurs années dans des appartements au sous-sol, pendant que je poursuivais mes études. Quoi qu’il en soit, j’ai réussi à élever mon fils et à en faire, je crois, un charmant jeune homme dont je suis très fier.
À cette époque, j’ai eu à me familiariser un peu avec le droit de la famille, même s'il ne s'agissait pas précisément de la Loi sur le divorce, et l'expérience que j'ai acquise alors me permet de comprendre les problèmes que le projet de loi tente de résoudre aujourd'hui. Ainsi, compte tenu de mon vécu et des histoires que d'autres personnes m'ont racontées par la suite, y compris depuis que je suis député, les buts et les objectifs du projet de loi me paraissent tout à fait louables.
Il est certain que, sur les questions qu'il touche, le projet de loi cherche à privilégier ce qui est le mieux pour l’enfant et réaffirme que ce principe doit rester la priorité absolue en droit de la famille, lorsque des décisions sont prises au sujet de la garde de l’enfant. C’est un principe essentiel. Je pense également qu’il est important d'insister davantage pour que les professionnels juridiques encouragent leurs clients à utiliser d'autres moyens que le système judiciaire pour résoudre leurs différends. Nous devrions toujours nous y employer, et c'est certainement ce que le projet de loi cherche à faire, entre autres. Même si l'occasion ne m'est pas souvent donnée de féliciter le gouvernement, je dois dire qu'il mérite des éloges pour sa poursuite de ces objectifs.
Toutefois, je ne suis pas vraiment convaincu que le projet de loi nous permettra d’atteindre les objectifs qui y sont énoncés. Selon moi et selon certains de mes collègues conservateurs, un certain nombre de questions ne sont pas réglées. Par conséquent, j’aimerais que le projet de loi soit renvoyé à un comité afin que nous ayons la possibilité de nous pencher sur ces questions et, je l’espère, de leur trouver une solution.
J’aimerais parler de quelques articles qui ont été écrits sur le projet de loi. Ma collègue qui m’a précédé en a cité un, mais il y en a d’autres qui critiquent passablement le projet de loi. Je vais en lire quelques brefs extraits.
Le premier article concerne les effets qu'aurait le projet de loi C-78 sur les décisions des tribunaux relativement à la garde des enfants et aux droits de visite. L’auteur affirme que, de toute évidence, si le gouvernement fédéral a déposé ce projet de loi, c'est qu'il a bien vu qu'il fallait améliorer le traitement, en vertu de la loi, des familles dont les parents se séparent. Je suis tout à fait d'accord. Mais l’auteur poursuit en disant que « bon nombre des solutions proposées ont déjà été mises en œuvre dans les règlements extrajudiciaires ainsi que dans des décisions prises par les juges ».
Le titre du deuxième article dit qu'un changement de vocabulaire ne peut pas suffire en soi à réduire les conflits entre les parents. Je n'ai pas besoin d'en lire un extrait parce que le titre suffit pour en saisir le propos.
Le troisième article est celui dont ma collègue a cité des extraits. Pour ma part, j'aimerais en citer d'autres extraits. Il s'agit d'un article en anglais dont le titre se traduirait ainsi: « Modifications à la Loi sur le divorce prévues dans le projet de loi C-78: réaménagement des commodités ».
Je vais vous en lire des passages. Premièrement, l'auteur, qui possède une vaste expérience en droit de la famille dans ma province, l'Alberta, écrit ce qui suit:
J'irais encore plus loin en disant que la plupart des dispositions du projet de loi C-78 partent d'une « bonne intention ». Toutefois, la mesure législative n'a pas suffisamment de substance pour provoquer de véritables changements.
On pourrait en dire autant de bon nombre des initiatives mises en oeuvre par le gouvernement. Souvent, elles sont axées sur les symboles, les paroles creuses et d'autres choses du genre, au lieu de donner des résultats concrets, qui permettraient d'atteindre les objectifs dont le gouvernement ne cesse de parler. Je ne dirais pas que c'est nécessairement le cas en l'occurrence. Cependant, c'est certainement ce que pense l'auteur de l'article.
L'auteur ajoute ceci:
Il convient aussi de signaler que le projet de loi C-78 fait 190 pages. L'actuelle Loi sur le divorce ne compte que 41 pages. Comme les plaideurs qui se représentent eux-mêmes constituent maintenant 80 % des parties devant les tribunaux, on pourrait raisonnablement se demander comment ils vont parvenir à s'y retrouver dans une mesure législative qui est plus de quatre fois plus longue que la version antérieure — que les non-juristes avaient déjà du mal à comprendre.
Alors, quelles sont mes conclusions?
Le projet de loi C-78 est comme un immense nouveau navire, qui compte des ajouts très agréables sur le plan esthétique, mais trop peu de canots de sauvetage.
Et l'iceberg se pointe toujours à l'horizon.
Voilà les commentaires de l'auteur de cet article.
De toute évidence, cette mesure législative contient peut-être certaines lacunes qu'il faut étudier et corriger. Toutefois, comme je l'ai déjà mentionné, je crois que les objectifs du projet de loi sont louables. J'espère sincèrement que ce projet de loi atteindra ses objectifs ou qu'il pourra être amendé ou modifié de façon à le lui permettre. C'est quelque chose qu'il faut faire. C'est important.
Au cours de mon mandat en tant que député et, comme je l'ai mentionné, selon mon expérience du droit familial avec mon fils, qui, en définitive, s'est conclue positivement, il est certain que j'ai découvert que beaucoup trop de parents — principalement des pères — et de grands-parents sont privés de leurs enfants et de leurs petits-enfants pendant de longues périodes. Il faut corriger cette situation.
C'est l'une des raisons pourquoi je suis si fier d'être membre du Parti conservateur du Canada, qui a adopté la politique suivante relativement au partage des responsabilités parentales. Je vais lire la politique à la Chambre:
Le Parti conservateur croit qu’en cas de rupture, la Loi sur le divorce devrait permettre une garde partagée, et/ou le partage des responsabilités parentales, sauf s’il est clairement démontré que ce n’est pas dans le meilleur intérêt de l’enfant. Les deux parents et tous les grands-parents devraient maintenir des relations sérieuses avec leurs enfants et petits-enfants, sauf s’il est démontré que ce n’est pas dans le meilleur intérêt de l’enfant.
Il s'agit d'un principe crucial que j'appuie entièrement et auquel je crois. C'est ce principe que nous devrions tenter d'appliquer avec ce projet de loi.
Je vais raconter une brève histoire personnelle. Je suis moi-même un enfant du divorce. Mes parents ont divorcé lorsque j'avais environ 12 ans. J'ai deux frères. Après le divorce de mes parents, j'ai vécu quelque temps avec chacun de mes parents, et mes deux frères ont fait de même, mais à des moments différents.
Comme dans la plupart des divorces, je suppose, mes parents ne s’entendaient pas très bien. Même encore aujourd’hui, ils ne s’entendent pas très bien. Mais ce qui est important, c’est qu’ils ont réussi à mettre de côté leurs divergences pour essayer de trouver une solution qui permette à leurs enfants de garder une relation forte et bénéfique avec les deux parents. Même s’il arrivait que mes frères et moi habitions dans des maisons différentes et même dans des villes différentes, à une heure de distance, ils ont toujours fait en sorte que les membres de la fratrie aient la possibilité de maintenir des liens très étroits. Je dirai qu’aujourd’hui, j’ai réussi à conserver ces liens avec mes frères ainsi qu’avec mes parents. C’était important, mais ce n’est pas ce qui arrive la plupart du temps.
C’est la raison pour laquelle ces changements sont importants, mais il faut que le projet de loi permette vraiment d’atteindre ces objectifs, et que ce ne soit pas simplement un texte cosmétique.
J’espère vraiment qu’après avoir été examiné et éventuellement amendé par le comité, le projet de loi permettra de faire en sorte qu’un plus grand nombre d’enfants et de familles seront en mesure de conserver le lien étroit qui doit exister avec les parents et avec tous les enfants du couple.
Si c'est le résultat que l'on obtient à l'issue de l'étude par le comité, je serai ravi d’appuyer ce projet de loi.
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Monsieur le Président, je voudrais d'abord vous dire que je vais partager mon temps de parole avec le député de .
Étant moi-même divorcée depuis tout près de 27 ans et fière mère de famille monoparentale de deux jeunes filles de maintenant 30 et 29 ans, je sais à quel point la Loi sur le divorce était désuète. Cela faisait un bon nombre d'années qu'on n'avait pas travaillé là-dessus.
Je suis heureuse de me lever à la Chambre aujourd'hui relativement au projet de loi , qui porte sur la modernisation des lois sur le divorce. Le Parti conservateur est et sera toujours le parti qui veut améliorer toutes les sphères de notre système de justice et mettre les gens qui pourraient souffrir au centre de nos diverses réflexions pour améliorer leur sort, les adultes comme les enfants.
Le projet de loi C-78, qui vise à modifier la Loi sur le divorce, la Loi d'aide à l'exécution des ordonnances et des ententes familiales et la Loi sur la saisie-arrêt et la distraction de pensions — ici, on parle bien de pensions alimentaires — et apportant des modifications corrélatives à une autre loi, est très important.
Étant une députée de la province du Québec, je sais que chez nous, au Québec, au cours des 40 dernières années, les cas de séparation et de divorce n'ont cessé de croître et qu'il est essentiel que nos lois soient adéquatement révisées afin de ne pas ajouter davantage de difficultés pour les parents qui font déjà face à d'importants litiges qui, habituellement, sont très émotifs.
Cette révision du projet de loi vise notamment à remplacer la terminologie relative à la garde et à l'accès par une terminologie relative au rôle parental, à établir une liste non exhaustive de critères relatifs à l'intérêt de l'enfant, à créer des obligations pour les parties et les conseillers juridiques afin d'encourager le recours aux mécanismes de règlement des différends familiaux, à ajouter des mesures visant à aider les tribunaux à traiter les cas de violence familiale, à établir un régime relatif au déménagement important d'un enfant, ainsi qu'à simplifier certains processus qui sont prévus, notamment ceux ayant trait aux obligations alimentaires.
Lorsque nous souhaitons améliorer les choses dans un projet de loi, il est impératif de vouloir atteindre des objectifs. Dans le cas présent, il est indispensable de promouvoir l'intérêt de l'enfant, d'abord et avant tout. Il faut renforcer et mettre l'accent sur l'importance de maintenir l'intérêt de l'enfant comme priorité absolue en droit de la famille lors de la prise de décisions parentales. Malheureusement, trop souvent, les enfants son utilisés comme boucs émissaires dans un litige de séparation, et les enfants souffrent encore plus de la situation de séparation et en gardent des séquelles, souvent à vie.
Ce projet de loi doit également aider à lutter contre la violence familiale en exigeant des tribunaux qu'ils tiennent compte de la violence parentale, de sa gravité, de ses répercussions sur l'enfant et des futurs arrangements parentaux. Actuellement, ces situations sont traitées distinctement des cas de séparation devant la cour, ce qui fait que le travail est fait en silo, alors qu'il devrait être fait en même temps.
Il est essentiel que ce projet de loi aide à réduire la pauvreté chez les enfants en offrant davantage d'outils pour rétablir la pension alimentaire pour enfants et exécuter les ordonnances alimentaires. Actuellement, lorsque le parent payeur de la pension ne paie pas, les parents doivent de nouveau engorger le système de justice, et tout ce qui en ressort, c'est que les parents doivent de nouveau se présenter devant la cour pour bris de jugement, que l'argent ne sert pas pour les enfants et que les salles de cours débordent encore plus. Cela est déplorable.
Pour planifier le succès d'un tel projet de loi, il faut notamment rendre le système de justice familiale canadien plus accessible et plus efficace. Il faut absolument simplifier les différentes définitions et processus, offrir plus de souplesse aux services provinciaux de révision des pensions alimentaires, réduire la charge de travail des tribunaux en permettant aux services administratifs provinciaux de pensions alimentaires pour enfants d'exécuter certaines tâches qui incombent actuellement aux tribunaux, et exiger des professionnels du droit qu'ils encouragent leurs clients à utiliser d'autres moyens que les tribunaux pour régler leurs différends.
Comme le Parti conservateur travaille et travaillera toujours dans l'intérêt des victimes et de leurs familles, nous croyons qu'en cas de rupture, la Loi sur le divorce devrait permettre une garde partagée ou le partage des responsabilités parentales, sauf s'il est clairement démontré que ce n'est pas dans l'intérêt de l'enfant. Les deux parents et tous les grands-parents devraient maintenir des relations sérieuses et de proximité avec leurs enfants et petits-enfants, sauf s'il est démontré que ce n'est pas dans le meilleur intérêt de l'enfant, bien entendu.
Cependant, tout cela aura des répercussions financières, puisque dans le cadre de son initiative d'élargissement des tribunaux unifiés de la famille, le gouvernement propose de fournir 77,2 millions de dollars sur quatre ans à compter de 2019-2020, puis 20 millions de dollars par année pour la création de 39 postes de juges en Alberta, en Ontario, en Nouvelle-Écosse et à Terre-Neuve-et-Labrador.
Les lois fédérales sur la famille n'ont pas connu de mise à jour importante depuis 20 ans. Selon le Recensement de 2016, plus de 2 millions d'enfants vivaient dans des familles séparées ou divorcées, ce qui est énorme. D'autre part, 5 millions de Canadiens se sont séparés ou ont divorcé entre 1991 et 2011, ce qui est aussi énorme. De ce nombre, 38 % avaient un enfant ensemble au moment de leur séparation ou de leur divorce. Par ailleurs, 1,16 million d'enfants de parents séparés ou divorcés vivaient dans une famille monoparentale, alors que 1,2 million d'enfants vivaient dans une belle-famille.
Les familles monoparentales, en particulier celles qui sont dirigées par des femmes, comme cela a été mon cas pendant très longtemps, sont plus susceptibles de vivre dans la pauvreté que les familles biparentales. C'est très vrai. Des études ont déterminé que les pensions alimentaires pour enfants étaient un facteur clé pour sortir les familles de la pauvreté à la suite d'une séparation ou d'un divorce.
Lorsque les mères seules ou les pères seuls — ne les oublions pas — n'ont pas de pension alimentaire, il devient difficile pour eux de nourrir adéquatement leurs enfants avec un salaire de 12 $, 13 $, 14 $ ou 15 $ l'heure. On sait que les enfants en bas âge ont besoin de beaucoup de protéines. Comme ils grandissent, ils mangent beaucoup. Il paraîtrait que les garçons mangent plus que les filles, mais comme je n'ai que des filles, je ne peux pas en parler. Bref, il faut considérer cet aspect. Il faut mettre l'accent sur les familles monoparentales, mais il faut d'abord et avant tout s'assurer que l'enfant est la priorité dans un tel projet de loi. Son bien-être est essentiel. On voit de plus en plus de gens qui se retrouvent démunis à la suite d'une séparation ou d'un divorce.
Dans le budget de 2018, les libéraux ont annoncé qu'ils travailleraient à élargir les tribunaux unifiés de la famille. Ils doivent tenir cette promesse et éviter de faire de la politique avec des cas aussi tristes, déchirants et marquants qui ont un impact sur un ou des enfants, qu'il s'agisse de séparations ou de divorces.
C'est pourquoi j'appuie l'intention et les objectifs du projet de loi visant à protéger l'intérêt supérieur de l'enfant et à lutter contre la violence familiale.
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Monsieur le Président, je remercie ma collègue de partager son temps avec moi, afin de me permettre de prendre la parole sur cette question très importante. Je vais, si vous le voulez bien, me placer dans une perspective différente.
Je n’ai ni formation ni antécédents juridiques. J’ai le bonheur d’être marié depuis 29 ans avec une femme que j’aime, Liane. J’ai eu l’occasion de travailler dans des services d’urgence en qualité de pompier. Or, je peux vous dire que le risque de divorce est élevé parmi les gens qui travaillent dans ces services, et ce, pour beaucoup de raisons. J’ai vu de près les effets du divorce sur un grand nombre de mes collègues et amis, non seulement dans les services d’incendie, mais aussi dans les services de police et les autres services d’urgence.
Le projet de loi tombe à point nommé parce qu’il modernise et, en fait, intègre dans la loi un grand nombre de décisions de jurisprudence en matière de divorce, rendues depuis plusieurs décennies. C’est dire qu’il contient beaucoup de dispositions qui méritent notre appui.
Parlons du divorce dans notre pays et de sa fréquence. Selon le recensement de 2016, plus de 2 millions d’enfants vivaient dans des familles séparées ou divorcées. Cinq millions de Canadiens se sont séparés ou ont divorcé entre 1991 et 2011, et 38 % d’entre eux avaient un enfant au moment de la séparation ou du divorce. Autrement dit, plus du tiers des enfants canadiens ont des parents divorcés. De plus, 1,7 million d’enfants de parents séparés ou divorcés vivaient dans une famille monoparentale, avec l’un ou l’autre parent, et 1,02 million d’enfants vivaient dans une famille recomposée.
Permettez-moi de me placer dans une autre perspective. J’ai discuté avec un certain nombre d’électeurs de ma circonscription au sujet de l’impact du projet de loi , et je suis bien sûr ici pour représenter leurs points de vue. J’ai aussi reçu des lettres, et tout à l’heure, je vous en lirai une. J’espère que, lorsque le projet de loi sera renvoyé au comité, on tiendra compte de la façon dont les Canadiens veulent que la loi soit modifiée.
Il y a beaucoup de bonnes choses dans le projet de loi . C’est un texte assez volumineux, de 190 pages, comparé à la Loi sur le divorce, qui n’en compte que 41. C’est un texte qui donne à réfléchir. Il y a des dispositions que nous sommes prêts à appuyer, d’autres que nous voulons voir amendées par le comité.
La réduction des délais de traitement dans le système judiciaire permettra de faire des économies. Pendant toutes les années que j’ai passées dans les services d’urgence, j’ai pu constater l’impact dévastateur que le divorce peut avoir sur une famille, pas seulement sur le père ou la mère, mais sur l’ensemble de la famille.
Quel est l’objectif du projet de loi ? Il a été déposé le 22 mai. Il vise à modifier la Loi sur le divorce en par un changement de vocabulaire, où les expressions garde des enfants et droits de visite, entre autres, seraient remplacées par l'exercice des responsabilités parentales. C’est une modification assez simple, qui reflète notre époque. Le projet de loi établit une liste non exhaustive de critères relatifs à l’intérêt de l’enfant. Tous les députés et tous les Canadiens, je pense, veulent préserver l’intérêt de l’enfant. Le projet de loi crée aussi des obligations pour les parties et les conseillers juridiques afin d’encourager le recours aux mécanismes de règlement des différends familiaux. Comme je l’ai dit tout à l’heure, le coût d’un divorce est exorbitant pour un grand nombre de Canadiens, et certains parents ne s’en remettent jamais.
Le projet de loi contient des dispositions qui méritent d’être appuyées. Il modernise la Loi sur le divorce mais, surtout, quand il sera examiné par le comité, il nous permettra d’entendre le point de vue des parties prenantes.
Comme je l'ai dit, j'aimerais lire à la Chambre une lettre que m'a envoyée M. Andrew Corbett, un résidant de ma circonscription qui appartient à un groupe de soutien appelé « Fathers Equal Parenting », dans le comté de Simcoe. Il s'agit d'une lettre qu'il a écrite après une réunion organisée à mon bureau de circonscription de Barrie—Innisfil, et elle offre une perspective différente, un contexte différent.
Aujourd'hui, nous débattons du projet de loi , un projet de loi d'initiative ministérielle, mais, selon moi, il est aussi important — et je crois que vous serez d'accord avec moi, monsieur le Président — de découvrir les points de vue différents et les éléments qui aideront les parents partout au Canada. Voici ce que dit la lettre:
Je vous écris en tant qu'électeur de votre circonscription pour exprimer mes préoccupations au sujet des lois concernant la garde des enfants et du récent projet de loi C-78. Le projet de loi C-78 n'accorde pas suffisamment de poids à l'opinion de la grande majorité des Canadiens qui appuient la présomption réfutable de partage égal du rôle parental en ce qui concerne les lois sur la garde des enfants.
Même s'il y a certaines mesures positives plausibles dans la nouvelle initiative du gouvernement, le projet de loi C-78, il existe un certain nombre de graves lacunes dans les réformes proposées aux lois sur la garde des enfants. Néanmoins, je crois qu'il existe des solutions acceptables pour améliorer considérablement le projet de loi C-78.
Andrew écrit plus loin:
La très vaste majorité des Canadiens appuient le partage égal du rôle parental. Selon divers sondages menés dernièrement, ce principe a l'appui de 80 % de la population du pays. De nombreux pays l'ont d'ailleurs déjà adopté ou y ont souscrit et s'apprêtent à modifier leurs lois. En outre, les recherches en sciences sociales et la littérature connexe se positionnent nettement en faveur du partage du rôle parental. On y conclut en effet que les enfants qui vivent une telle situation ont de meilleures perspectives d'avenir, que ce soit sur le plan scolaire, émotif, social ou économique, et qu'ils sont beaucoup moins susceptibles de tomber dans la toxicomanie et la criminalité ou d'être incarcérés.
Dans la mesure où les normes sociales et les structures familiales ont beaucoup évolué depuis que la Loi sur le divorce a été adoptée, il y a 33 ans, le régime juridique encadrant la garde des enfants doit être revu de fond en comble. Même si le gouvernement mérite des félicitations pour les modifications d'ordre administratif qu'il propose dans son projet de loi C-78, nous devons améliorer concrètement la vie des enfants et des parents en procédant à une réforme en profondeur. Je vous demande donc de proposer un certain nombre d'amendements au projet de loi C-78 afin que la loi tienne compte des conclusions généralement acceptées des recherches en sciences sociales et de l'opinion généralisée de la population canadienne. Les conclusions des recherches en question et la constance des résultats obtenus dans les sondages menés depuis plusieurs années (selon lesquels environ 80 % des Canadiens sont favorables à ce principe) commandent ainsi l'ajout d'une présomption réfutable pour le partage égal du rôle parental. Il est à noter que certains groupes d'intérêt s'y opposeront certainement, dont les barreaux du pays. Les éléments suivants doivent être intégrés au projet de loi C-78:
Le Canada a besoin d'une présomption réfutable du partage égal du rôle parental. Ce principe devrait servir de point de départ aux délibérations sur « l'intérêt supérieur de l'enfant ».
La poursuite des relations familiales doit servir de fondement à la norme définissant « l'intérêt supérieur de l'enfant ».
Les dispositions sur les déménagements doivent être amendées afin que ce soit au parent qui déménage de modifier les arrangements définissant les responsabilités parentales.
L'arbitrage doit figurer noir sur blanc parmi les mécanismes de résolution des différends.
Le rôle de « coordonnateur parental » doit être inscrit dans la loi; celui-ci servirait de médiateur entre les parties concernant l'exécution des ordonnances parentales et pourrait au besoin les sortir de l'impasse.
Andrew poursuit en ces termes:
Sur papier, le projet de loi C-78 semble appuyer certaines mesures louables, mais je vous demande de prôner un système de justice familiale moins contradictoire en mettant en oeuvre les mesures suivantes:
Poursuivre la mise en oeuvre des tribunaux unifiés de la famille.
Appuyer d’autres mécanismes de règlement des différends non accusatoires, par exemple en élargissant des programmes tels que « Mediate 393 », qui offrent des services peu coûteux ou gratuits de médiation devant les tribunaux.
Accroître le financement de l’aide juridique (un accès plus large au système de justice familiale est essentiel).
En conclusion, une présomption réfutable pour le partage égal du rôle parental préparera le terrain pour l’égalité et permettra de réduire les conflits découlant d’une prétention injustifiée à des droits, de réduire les frais juridiques excessifs à l’avantage financier des familles et des enfants et de promouvoir l’« intérêt supérieur » des enfants canadiens, qui est de jouir d’une relation digne de ce nom avec les deux parents. De nombreux Canadiens appuient ces changements. Veuillez donc les proposer, s’il vous plaît.
Il me remercie d’avoir lu sa lettre. Je la soumets donc à la Chambre.
J’ai demandé à M. Corbett de témoigner devant le comité une fois que le projet de loi aura été adopté à la Chambre des communes afin qu’il nous signale les éléments du projet de loi qui doivent être approuvés. Beaucoup de gens croient que le projet de loi C-78 est une bonne mesure législative, mais certains amendements pourraient le bonifier davantage dans l’intérêt des enfants et des familles canadiennes.
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Monsieur le Président, je souhaite intervenir dans le débat sur le projet de loi , loi modifiant la Loi sur le divorce, la Loi d’aide à l’exécution des ordonnances et des ententes familiales et la Loi sur la saisie-arrêt et la distraction de pensions et apportant des modifications corrélatives à une autre loi. C'est tout un titre pour un projet de loi. Pour les besoins de la discussion, je l’appellerai simplement projet de loi C-78.
Au fond, de quoi parlons-nous? Nous parlons d’une situation de rupture familiale. C’est de cela qu’il s’agit, et nous ne pouvons en aucun cas imaginer que ce puisse être quelque chose de bénéfique pour une personne ou pour une des parties concernées. Il arrive cependant que prendre cette décision pénible, s’engager dans cette voie difficile soit la meilleure solution. Ce peut être le cas dans certaines circonstances et ce peut être dans l’intérêt de l’enfant.
Cela dit, lorsque des gens ont un désaccord, qu’ils vivent une rupture, il est normal que la tension monte. Généralement, les gens qui se marient se déclarent leur amour. Imaginez un instant ce qui se passe quand cette union se défait, ce que cela signifie. La colère, la douleur, toutes les émotions qui refluent, et la tristesse qui va de pair. C’est très difficile dans le meilleur des cas, mais il arrive que des adultes doivent en passer par là.
Certains députés ont évoqué leur expérience personnelle. Malheureusement, comme de nombreuses personnes, je fais moi aussi partie de ces statistiques. Moi aussi, je suis mère célibataire avec deux enfants. Ce n’est pas facile, mais c’est parfois le choix que nous devons faire. Cela dit, je salue ce projet de loi et je m’en réjouis. Pourquoi? Parce qu’il cherche à faciliter un peu le processus, à l’améliorer un peu et, surtout, en ayant à cœur l’intérêt supérieur de l’enfant.
Je ne dis pas que le projet de loi fera tout cela, qu’il réglera tout et qu’il est sans problèmes. Je suppose qu’à l’étape de l’étude par le comité, des témoins pourront venir exposer leurs points de vue. Ensuite, si nécessaire, des amendements seront déposés, et j’espère qu'ils pourront être apportés en toute impartialité, en ayant à cœur l’intérêt supérieur de l’enfant.
J’aimerais me concentrer sur quelques éléments importants du projet de loi qui méritent notre appui. Je viens de la circonscription de Vancouver-Est, où nous ne sommes pas riches de manière générale. Les habitants de ma circonscription ont tendance à avoir un revenu de faible à moyen. Quand ils doivent divorcer, souvent, ils n’ont pas les moyens nécessaires pour livrer une bataille devant les tribunaux pour des questions de garde. Le projet de loi cherche à proposer des règlements plus à l’amiable, moins coûteux, pour arriver aux mêmes résultats qu’on souhaiterait, à savoir que les soins à donner à l’enfant, le temps passé avec lui, soit divisé entre les deux parents. C’est d’une importance capitale.
Le projet de loi propose que quiconque souhaite entamer cette procédure soit tenu de produire avec l’autre personne une entente certifiant que les deux parties ont épuisé tous les autres recours pour régler leur différend avant de s’adresser aux tribunaux. Autrement dit, si des personnes peuvent arriver à une solution, elles n’ont pas besoin d'avoir recours à une procédure judiciaire. C’est non seulement dans l’intérêt supérieur de l’enfant, mais aussi dans l’intérêt supérieur des deux adultes pris dans cette situation.
Le règlement des différends est toujours une bonne chose, dans d’autres circonstances et dans d’autres domaines aussi. Au lieu de passer devant un juge, de se battre, d’être en colère et pessimiste à l'égard de la procédure judiciaire, on peut avoir recours à une autre méthode de règlement des différends pour essayer de s'entendre. Ce serait dans l’intérêt de toutes les parties.
Bien sûr, du point de vue du gouvernement, du point de vue du contribuable, ce serait important aussi parce que cela réduirait, en fait, les coûts pour les tribunaux et l’appareil judiciaire. C’est un autre résultat souhaitable. Par conséquent, le volet du projet de loi qui vise à favoriser le règlement extrajudiciaire des différends mérite totalement notre appui.
Les problèmes de violence familiale sont très importants aussi. Lorsqu'il y a de la violence, le projet de loi prévoit que le tribunal serait tenu de prendre ce facteur en considération afin de protéger l’intérêt de l’enfant. Autrement dit, dans les décisions concernant la garde de l’enfant, il peut arriver qu’il soit dans son intérêt d’être confié à la garde d’un seul parent. Il se peut que ce soit nécessaire, mais il appartient aux tribunaux de décider. Toutefois, préciser explicitement que la décision doit être prise dans l’intérêt supérieur de l’enfant constitue aussi une disposition importante du projet de loi.
Nous voyons très souvent des cas où, lorsqu’il y a échec du mariage, les enfants sont pris entre deux feux. Des avocats spécialisés en droit familial m’ont affirmé que la dimension la plus navrante et la plus difficile de leur travail, c’est de voir la tristesse et les bouleversements causés par la tension et l’animosité qui règnent. D’après eux, c’est souvent l’enfant qui finit par être le plus atteint, et les adultes ne se rendent même pas compte qu’ils font du mal à leurs enfants. Parfois, ils sont tellement pris dans la situation qu’ils en sont aveuglés et ne perçoivent pas ce qui se passe, ce qui a des conséquences tragiques.
Ainsi, le projet de loi comporterait une disposition selon laquelle le tribunal veillerait à ce que les mesures prises soient dans l’intérêt de l’enfant, ce qui mérite absolument d’être appuyé.
Le projet de loi prévoit aussi une disposition grâce à laquelle les parties pourraient s'assurer que la pension alimentaire pour l'enfant est calculée et versée avec précision. Je pense bien que, lorsqu'il y a rupture d'un mariage et que les conjoints ont des enfants, il est normal que l'on veuille donner aux enfants le soutien dont ils ont besoin et les meilleures chances de réussite qui soient. On veut répondre à leurs besoins.
Il arrive souvent que ce ne soit pas le cas, pour des raisons affligeantes. Il y a des cas où aucune pension alimentaire n'est versée pour l'enfant, même quand le partenaire concerné pourrait se le permettre. J’ignore pourquoi les gens agissent ainsi, mais c’est ce qui arrive parfois. Cependant, ce projet de loi contient une disposition qui permettra de calculer exactement les sommes à verser pour l’enfant, dans son intérêt supérieur, ce qui est une bonne chose.
En Colombie-Britannique, dans ma province, les chefs de famille monoparentale bénéficiaires à ce titre de l’aide au revenu, généralement des mères célibataires, ont eu beaucoup de difficulté, pendant longtemps à obtenir une pension alimentaire. Le simple fait d'essayer de l’obtenir était très éprouvant pour ces personnes. Le système d’aide au revenu exige que toute pension alimentaire soit déclarée.
Pendant longtemps, en Colombie-Britannique, c’était aux parents, généralement une mère seule, qu’incombait la responsabilité de chercher à obtenir une pension alimentaire. Ensuite, quand la personne recevait sa pension, elle était soustraite du paiement d’aide au revenu. C’était comme si l’argent reçu de l’ex-conjoint était censé servir au soutien des enfants, mais qu'en réalité, il n’en était rien, car cet argent était repris par le gouvernement. Je suis heureuse de pouvoir dire que la loi a changé, et c’est très bien ainsi.
Il est d’une importance capitale que, dorénavant, nous fassions en sorte que la pension alimentaire soit équitable et qu'elle serve au soutien de l’enfant ou des enfants. C’est l’objet de ce projet de loi. Il contient des dispositions permettant d’arriver à ce résultat. C’est un objectif louable et une chose que j’appuie entièrement.
Le projet de loi a quelques lacunes, et ce sont là les aspects qui m'inquiètent. Comme d'autres députés l'ont dit avant moi, la mesure législative ne s'appliquerait pas aux conjoints de fait, particulièrement au Québec.
Je me demande ce que nous pourrions faire pour que le projet de loi, qui vise à agir dans l'intérêt des enfants en cas de divorce ou d'échec du mariage, s'applique à tous les enfants du Canada, y compris au Québec.
C'est une question qui mérite notre attention. Je comprends et reconnais pleinement que le Québec dispose d'un système différent de celui du reste des provinces et des territoires. Cela dit, il y a une lacune. Il faut nous pencher sur cet aspect pour trouver une façon de le corriger.
Le gouvernement affirme que le projet de loi contribue à la réduction de la pauvreté chez les enfants. À première vue, diminuer les frais associés à ce type de procédures judiciaires est avantageux pour tout le monde. À la suite d'un divorce ou de l'échec d'un mariage, la détermination d'une pension alimentaire juste et équitable aide les familles, surtout celles à faible revenu, qui ont parfois de la difficulté à obtenir une contribution adéquate. J'imagine que c'est une façon de réduire la pauvreté chez les enfants.
J'espère cependant que nous ne nous fierons pas seulement à cette mesure pour réduire la pauvreté chez les enfants. Certes, je suis une nouvelle députée à son premier mandat à la Chambre, mais je suis au fait de l'histoire. Il y a de nombreuses années, Ed Broadbent avait présenté une motion qui a reçu l'appui unanime de la Chambre et qui proposait d'enrayer la pauvreté chez les enfants.
À ce jour, nous n'avons toujours pas de stratégie nationale pour atteindre cet objectif. Pourquoi? Nous avons une partie de la solution ici. Je suis certaine que les ministériels vont s'empresser d'affirmer que le gouvernement prend moult mesures, plus formidables les unes que les autres, mais ce n'est pas vraiment le cas. Nous n'avons que des éléments éparts qui, comme le projet de loi , apportent une contribution, mais ne constituent qu'une pièce du puzzle.
Imaginons une stratégie nationale pour l'éradication de la pauvreté infantile, une approche globale qui tient compte des divers moyens pris pour concrétiser cet objectif. Ne veillerait-on pas ainsi à l'intérêt supérieur des enfants? Nous réaliserions ainsi la vision de la Chambre telle que formulée dans la motion présentée par Ed Broadbent et adoptée à l'unanimité il y a de si nombreuses années.
Il s'agirait d'une solution positive. J'espère que nous y parviendrons. Il s'agirait d'une étape importante vers l'élimination de la pauvreté chez les enfants.
Une autre étape de ce genre serait la prestation de logements abordables. Beaucoup de Canadiens ont de la difficulté à trouver un logement abordable. D'où je viens, à Vancouver, il est presque impossible de trouver un logement sûr et abordable.
Le gouvernement affirmera avoir présenté une stratégie nationale sur le logement abordable, qui a été instaurée il y a deux ans. Le problème, c'est que 90 % des fonds seront seulement versés après les prochaines élections. C'est à croire que les sans-abri d'aujourd'hui seront très heureux de dormir dans un recoin pendant deux ans jusqu'à ce que l'argent soit versé.
De plus, étant donné que je viens du secteur sans but lucratif, je sais que, même lorsque des fonds sont versés, il faut souvent attendre au moins trois ou quatre ans pour qu'un projet soit construit. Cela signifie qu'une personne devra attendre cinq, six ou sept ans de plus avant d'avoir accès à un logement.
L'accès à un logement représenterait un élément important dans la lutte contre la pauvreté. Ne serait-il pas merveilleux si, dans le budget de 2019, le gouvernement s'engageait à débloquer les fonds immédiatement en raison de la crise qui sévit actuellement?
Tout cela contribuerait à l'équation.
J’ai rencontré, dans ma circonscription, Vancouver-Est, des femmes qui vivent la violence conjugale, mais qui ne croient pas avoir le choix de quitter la relation parce qu’elles ne peuvent trouver un logement et n’ont aucun moyen de subvenir à leurs besoins. Cela fend le cœur.
Bien que ce projet de loi vise à offrir un certain soutien dans ces cas, il nous faut en faire plus. Nous devons faire en sorte que les femmes et les familles aient le choix de quitter une relation en veillant à ce qu’elles disposent des ressources et du soutien nécessaires sur le plan du logement. C’est un élément absolument crucial de l’équation.
Des femmes que j’ai rencontrées m’ont dit que, n’ayant pas pu trouver de logement abordable, elles ont dû revenir à une relation marquée par la violence. Cela ne doit plus être le cas et n’est certainement pas dans l’intérêt d’un enfant. Par conséquent, j’aimerais que nous étudiions cette question un peu plus en profondeur.
J’appuie entièrement ce projet de loi. Je m'attends à ce qu'il fasse l'objet d'une discussion plus poussée au sein du comité et que des témoins soient entendus. S’il doit y avoir des amendements, j’espère que tous les partis collaboreront pour que cela se fasse dans l'intérêt des enfants.
Par ailleurs, j’espère que le gouvernement proposera d’autres mesures pour aider les enfants, surtout ceux qui n'ont pas la vie facile aujourd’hui. Les parlementaires devraient toujours songer aux enfants et agir dans l'intérêt supérieur des enfants.
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Monsieur le Président, je suis on ne peut plus heureux de prendre la parole aujourd'hui au nom des 93 000 citoyens de Beauport—Limoilou que je salue honorablement et chaleureusement aujourd'hui. C'est la première fois que j'ai l'occasion de prendre la parole depuis le retour de la pause estivale.
Aujourd'hui, je vais entretenir mes concitoyens de Beauport—Limoilou du projet de loi . Le mariage a toujours été quelque chose d'extrêmement important pour moi. Dès mon tendre et jeune âge, j'avais le désir et la volonté de me marier un jour. J'ai toujours considéré que l'alliance entre deux individus mariés est quelque chose d'extrêmement précieux. De plus, c'est une belle tradition. En tant que conservateur, j'aime préserver les traditions.
Je le dis sans préjugés, mais, malheureusement, j'ai grandi dans le contexte social du Québec, qui ne valorise pas plus qu'il ne le faut l'institution du mariage. Je parle du mariage officiel, qu'il soit civil ou religieux. On ne valorise pas le mariage en tant que tel. La majorité de mes concitoyens sont dans une union civile et c'est très bien comme cela. C'est néanmoins un aspect qui m'est cher. En tant que conservateur, j'ai voulu perpétuer cette tradition du mariage. Je suis avec ma femme, Pascale Laneuville, depuis 14 ans. Après sept ans de vie de couple, j'ai voulu lui donner l'occasion de vivre l'expérience d'une demande en mariage en bonne et due forme. J'étais très content de le faire et je suis très heureux d'être toujours marié aujourd'hui. J'espère que cela va durer jusqu'à ma mort, qui aura lieu à la Chambre, je l'espère. Je veux être élu pendant 40 ans. C'est mon désir le plus ardent.
Cela dit, j'aimerais revenir rapidement sur l'été que j'ai passé dans ma circonscription, Beauport—Limoilou. À maintes reprises durant les trois mois de la pause estivale, j'ai rencontré mes concitoyens, qui nous regardent en ce moment à la télévision sur CPAC. Je dis « pause estivale », parce que c'était une pause du Parlement, mais ce n'était pas une pause de travail. Souvent les journalistes aiment bien mélanger les citoyens à cet égard. J'étais à mon bureau tout ce temps, sauf pendant deux semaines, durant lesquelles j'ai pris des vacances au camping Le Genévrier, à Baie-Saint-Paul. J'en fais l'annonce publique. C'est un très beau camping dans la région de Charlevoix, dans la circonscription de ma collègue.
J'ai célébré le 1er juillet à la Maison Girardin, à Beauport. Mille citoyens sont venus m'y rejoindre pour la fête de la Confédération. J'ai organisé la troisième édition de la Fête de l'été du député au Domaine Maizerets. Plus de 3 500 citoyens sont venus à ma rencontre pour me parler de leurs préoccupations. Je leur ai également présenté mes services en tant que député. Il y avait du blé d'Inde et des hot dogs, non pas gratuits, mais plutôt fournis chaleureusement par le Provigo de la 1re Avenue à Limoilou. Je remercie le propriétaire, M. Bourboin, qui est extrêmement généreux envers les citoyens de Beauport—Limoilou.
Comme je le fais chaque mois dans la circonscription, j'ai continué mon porte-à-porte deux soirs par semaine. J'ai constaté un désir de connaître davantage notre chef, le député de . Les gens sont assez impressionnés par l'ouverture du Parti conservateur envers la société distincte que constitue et représente le Québec. J'étais très heureux de constater cela lors de mes échanges avec les citoyens.
Également, j'ai organisé deux rencontres du réseau des gens d'affaires de Beauport. Ce sont des déjeuners auxquels participent plus de 60 entrepreneurs chaque deux ou trois semaines. Le prochain aura lieu la semaine prochaine à l'Hôtel Ambassadeur, à 7 heures, le mercredi 10 octobre. Ce sera une table ronde économique avec M. Barrucco, directeur général de l'Association des économistes québécois, qui répondra à toutes les questions des propriétaires de petites et moyennes entreprises de Beauport—Limoilou.
J'ai été présent lors de presque tous les événements dans ma circonscription cet été. J'ai également tenu ma deuxième consultation publique « Alupa à l'écoute ». La troisième aura lieu en novembre, et, à la fin, je déposerai un projet de loi qui répond à une préoccupation quotidienne des citoyens que je représente. Bien sûr, il y a eu aussi le travail de bureau quotidien, avec les dossiers de citoyens, et tout le reste.
Je termine en disant qu'il y a deux semaines, j'ai participé en grande pompe, avec le maire de Québec, M. Régis Labeaume, et avec André Drolet, qui était député du Parti libéral du Québec dans Jean-Lesage à ce moment-là, à la première pelletée de terre du centre biopharmaceutique Medicago. Cela permettra de créer plus de 400 emplois très bien payés, des emplois de qualité dans le domaine de la recherche sur les vaccins. Cela participera à la revitalisation du secteur d'Estimauville. C'est une revitalisation nécessaire puisque, depuis les années 1970 et 1980, c'est un secteur de la ville de Québec qui est moins choyé que les autres.
Revenons au sujet du jour, soit le projet de loi . Je dirai d'emblée que nous, les conservateurs, comptons appuyer ce projet de loi à l'étape de la deuxième lecture. Cependant, nous avons des conditions. Nous avons bien hâte d'entendre les témoignages qui auront lieu lors des consultations en comité et de voir la réaction des libéraux à nos doléances et à notre façon de concevoir le projet de loi, puisque, comme je vais le dire un peu plus tard, certaines des choses qui y sont présentées nous laissent un peu perplexes.
J'aimerais indiquer à mes concitoyens et mes concitoyennes de Beauport—Limoilou quelles sont les intentions générales du projet de loi. Tout d'abord, il s'agit de promouvoir l'intérêt de l'enfant. Mes chers concitoyens doivent savoir qu'il n'y a pas eu d'amendement à la Loi sur le divorce depuis 20 ans, ou deux décennies. Depuis ce temps, il y a eu la génération X et la génération Y, les millénariaux. Ceux-ci ont eu un impact important sur les élections au Québec. Bref, les années passent, les choses bougent, les moeurs changent et la culture évolue. Deux décennies, 20 ans, c'est énorme.
J'imagine que je pourrais aller jusqu'à dire des mots sympathiques au gouvernement libéral en confirmant qu'il fait bien de vouloir revoir cette loi et y apporter des amendements afin qu'elle reflète davantage tout ce que les enfants peuvent vivre lors d'un divorce et les situations dans lesquelles ils se retrouvent. Les libéraux ont tout à fait raison de dire qu'on devrait mettre l'enfant au coeur des discussions lors des divorces, tout comme on dit qu'il faut mettre le patient au coeur des discussions dans le domaine de la santé. Sur cet élément qui semble être au coeur de leur projet de loi, nous, les conservateurs, sommes d'accord à 100 %. Oui, mettons l'enfant au coeur de la discussion lors du divorce, afin qu'il ne subisse pas de conséquences trop néfastes, peu importe ce qui est arrivé entre ses parents.
Entre parenthèses, j'aimerais raconter une blague que je raconte constamment à mes amis et même à ma famille. Mes parents sont divorcés et les parents de ma femme aussi. Pour leur génération, c'était la mode, disons-le franchement. Comme je le dis souvent à la blague, ma femme et moi n'avons pas le privilège de considérer le divorce, si cela devait advenir, car ma fille et mon fils ont quatre grands-pères et quatre grands-mères. La situation est déjà tellement ridicule; je n'y rajouterai pas quatre autres grands-pères et quatre autres grands-mères. On conviendra donc que je n'ai pas ce privilège. Toutefois, pour ceux qui devraient le faire pour des raisons inévitables, il est important que la loi corresponde aux moeurs, aux us et aux coutumes du moment présent.
D'autre part, le projet de loi m'a apporté une autre réflexion, et on verra qu'elle est tout de même pertinente. Cette semaine, on a conclu l'Accord États-Unis—Mexique—Canada. J'ai donc fait un parallèle: puisqu'on parle de mariage, d'entente et de préoccupations, on pourrait concevoir l'AEUMC comme étant une espèce de mariage économique entre deux pays. Dans ce mariage économique, qui a été arrangé pour des raisons rationnelles et objectives selon une logique gagnant-gagnant, on veut protéger les enfants, en l'occurrence l'économie canadienne et la souveraineté de notre pays.
L'AEUMC est une entente importante entre deux pays qui décident d'ouvrir leurs frontières et de créer une relation et des liens pour progresser collectivement vers un épanouissement commun et une économie qui profite à tout un chacun. Cependant, on voit deux choses terribles à ce mariage. Tout d'abord, il ne tient pas la route sur le plan économique, car le et député de Papineau n'a pas été en mesure de veiller à ce qu'il soit équitable.
Par exemple, le dossier du bois d'oeuvre n'est pas réglé. Nous en sommes à notre troisième ou quatrième crise du bois d'oeuvre. J'ai fait une tournée à Rimouski, en Gaspésie — comme les gens qui vivent là-bas ne seraient pas contents que je dise que Rimouski est en Gaspésie, je dirai que je suis allé à Rimouski, dans le Bas-Saint-Laurent. J'y ai vu plusieurs usines de bois. De toute évidence, elles n'en peuvent plus d'être face à une crise du bois d'oeuvre de manière constante. Cela aurait donc été une occasion parfaite de renforcer le mariage canado-américain et de régler la crise du bois d'oeuvre.
Prenons aussi l'exemple de toutes les autres régions du Québec qui vont souffrir de la brèche imminente dans la gestion de l'offre par rapport aux produits laitiers. On constate que, encore là, on n'a eu aucun gain, mais on donne. J'ai réalisé que ce mariage n'est pas du tout équitable. Quand on a scellé le mariage avec les États-Unis en 1989...
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Monsieur le Président, je peux comprendre la préoccupation de mon collègue. Il y avait une logique dans mon approche. Je veux parler, notamment, des articles 54 et 101 du projet de loi et des contradictions avec le projet de loi .
Toutefois, ce que j'étais en train de dire était fondamental pour moi. Je vais faire un parallèle différent. Sortons de l'ALENA et faisons un autre parallèle.
Nous avons un qui dépose le projet de loi . Il dit aux Canadiens que, après 20 ans, il leur propose des amendements importants, certains fondamentaux et d'autres plus techniques, qui vont renforcer les dispositions et l'institution du mariage au Canada.
Nonobstant le fait que nous, les députés conservateurs, croyons donner notre appui à ce projet de loi, par suite d'études en comité, nous constatons qu'il est difficile de faire confiance au premier ministre lorsqu'il dit vouloir renforcer le mariage, quand on regarde son comportement en tant que leader du gouvernement.
Par exemple, lorsque M. Trudeau a été élu en 2015, on pourrait dire que c'était un mariage entre lui et le peuple canadien. Toutefois, après trois ans, après tout ce que le a fait, un mariage n'aurait même pas tenu un an, puisqu'il a rompu trois grandes promesses. Ce sont des promesses qui, selon moi, brisent même moralement le mariage entre lui et le Canada. J'en arriverai sous peu aux articles qui me préoccupent dans le projet de loi, mais je veux montrer le parallèle. Comment faire confiance au dans le cadre de ce projet de loi sur le divorce, quand lui-même ne tient pas ses engagements envers le peuple canadien?
Il y avait trois promesses fondamentales. La première était de faire des déficits seulement de 10 milliards de dollars pour les trois premières années puis de réduire cela. Il ne l'a pas tenue. Les déficits ont été 30 milliards de dollars chaque année.
La deuxième promesse fondamentale de son mariage avec le peuple canadien qui fut brisée était d'atteindre l'équilibre budgétaire d'ici 2020-2021. Maintenant, on parle de 2045, saint bon Dieu! Y a-t-il quelque chose de plus important que les finances, dans un couple? Oui, bien sûr, il y a l'amour. Je comprends.
Toutefois, les budgets sont fondamentaux dans un foyer. Les finances sont fondamentales pour qu'un couple reste fusionné — je peux en témoigner moi-même. L'amour a ses limites, quand même, dans un foyer. Il faut tout de même faire vivre la maisonnée et les enfants doivent manger, entre autres. Il faut équilibrer les budgets, ce que les familles canadiennes font bien souvent. Notre n'est pas capable de tenir cette promesse.
L'autre promesse concerne le mode de scrutin, à savoir comment nous allons fonctionner dans notre maisonnée, notre système politique. Il avait dit aux Canadiens que, quand ils allaient se marier avec lui, il s'engageait à réformer le mode de scrutin. C'est quand même une promesse phare et il ne l'a pas tenue. C'est, également, l'une des premières promesses qu'il a laissé tomber et qui constitue vraiment une promesse brisée grave de son mariage avec les Canadiens, selon moi. C'est une promesse brisée envers tous les jeunes qui lui ont fait confiance.
Personnellement, je suis totalement en désaccord pour réformer le mode de scrutin, parce que je considère que le mode de scrutin uninominal à un tour est le plus garant de la démocratie parlementaire. Cela dit, c'était une promesse phare qu'il avait faite aux jeunes et à la gauche de Vancouver, Toronto et Montréal, qui voient dans le mode proportionnel quelque chose de mieux pour eux, pour leur avenir et pour leurs préoccupations, entre autres. Toutefois, il a rompu cette promesse. Cela fait longtemps que le mariage serait terminé. Justement, il lui reste un an de mariage, selon mes prédictions.
Voici un dernier élément de mon parallèle. Ensuite, j'arriverai au projet de loi. Je parle de sa promesse sur l'infrastructure. Le premier ministre avait dit qu'il allait investir 183 milliards de dollars en infrastructure au cours des 14 prochaines années. C'était le plus grand programme de l'histoire du Canada, parce que, avec eux, ce sont toujours les plus grands programmes de l'histoire du Canada. Je rappelle que le nôtre était incroyable aussi, à hauteur de 80 milliards de dollars, de 2008 à 2015.
Je pose la question à mes collègues, qui le savent sans doute. Combien de milliards de dollars ont été dépensés à ce jour, sur les 183 milliards de dollars, après quatre ans? C'est 7 milliards de dollars, si je ne me trompe pas. Même le directeur parlementaire du budget en a fait état dans l'un de ses rapports.
Donc, comment pouvons-nous faire confiance au et député de , qui nous présente un projet de loi visant à renforcer l'institution du mariage et la protection de l'enfant lorsqu'il y a des divorces extrêmement litigieux, quand lui-même, dans son mariage solennel avec le peuple canadien, a rompu les plus grandes promesses de sa plateforme électorale de 2015?
Le lien de confiance est donc déjà rompu et le divorce des libéraux avec le peuple canadien est imminent. Il va advenir le 19 octobre 2019.
Le projet de loi vise à s'attaquer à des statistiques assez étonnantes. En effet, selon le Recensement de 2016, plus de 2 millions d'enfants vivaient dans une famille séparée ou divorcée. Par ailleurs, 5 millions de Canadiens se sont séparés ou ont divorcé entre 1991 et 2011. De ce nombre, 38 % avaient un enfant au moment de leur séparation ou de leur divorce. J'imagine que c'est la raison pour laquelle le projet de loi veut cibler davantage la protection de l'enfant.
Toutefois, nous avons certaines préoccupations. L'article 101 introduit l'idée que la créance de l'État prend rang avant celle de la partie ayant engagé la procédure de saisie-arrêt si le débiteur est endetté ou a des sommes à payer. Cela nous préoccupe. Nous allons donc certainement inviter des témoins en comité parlementaire pour savoir ce qu'ils en pensent et pour voir si on pourrait modifier cela.
D'autre part, l'article 54 fait également défaut, selon nous. Il prolonge la durée de l'opposabilité à Sa Majesté de 5 à 12 ans. C'est un autre aspect du projet de loi qui pourrait être problématique, à notre avis.
Je n'aime pas terminer sur une note négative, mais je dois absolument soulever une contradiction importante en ce qui a trait au projet de loi . Aujourd'hui, les libéraux nous ont fait part avec enthousiasme de leur désir, par l'entremise de ce projet de loi, de mettre la protection de l'enfant, et non les parents, au coeur du divorce. Cependant, lorsqu'on regarde de près le projet de loi — s'il y a un projet de loi mammouth, c'est bien lui, avec ses 300 pages —, on constate que celui-ci vise à annuler toutes les belles mesures que notre très cher premier ministre M. Harper avait prises lors de ses 10 années au pouvoir, une décennie fantastique au Canada, pour renforcer les lois en matière de criminalité.
On constate avec désarroi que ce projet de loi amoindrit les peines relatives aux crimes commis contre les enfants. Les libéraux ne se limitent même pas à dire qu'ils sont bons et que les conservateurs sont mauvais. Eux-mêmes, qui se targuent de prôner l'amour universel, veulent réduire les peines pour les criminels ayant fait des choses déplorables et terribles à des enfants. Ensuite, ils nous disent vouloir aider les enfants dans le projet de loi qui est devant nous.
Nous voyons donc des contradictions et nous avons des doléances. Je ne pense pas que mes concitoyens accepteraient que leur époux brise des promesses aussi substantielles que celles qu'a brisées le depuis 2015. Ils ne voudraient pas continuer dans ce genre de relation.
Les Canadiens doivent se rendre compte que le divorce est imminent entre la population et le gouvernement libéral.
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Monsieur le Président, je suis très content que mon collègue ait répondu aussi franchement à ma question.
J'avais compris que, lors d'un divorce, il devait nécessairement y avoir une rencontre avec des avocats. Il semble que ce ne soit pas le cas. Cependant, j'ai l'impression que ce qu'il a dit mène à d'autres questions que je me posais déjà.
Il a dit que les libéraux voulaient simplifier le processus et permettre d'éviter le chemin judiciaire. De plus, il a dit qu'ils voulaient faire en sorte qu'il soit possible d'analyser de nouveau les dossiers financiers du conjoint ou de la conjointe.
Bien entendu, c'est souvent le conjoint qui s'occupe des finances et la conjointe qui a la garde des enfants. Ce que j'ai compris, c'est que le projet de loi propose systématiquement que l'Agence du revenu du Canada puisse effectuer une mise à jour ou une vérification des dossiers des citoyens, donc du conjoint et de la conjointe, s'il y a lieu.
Rien dans le projet de loi ne prévoit des budgets supplémentaires dédiés à l'Agence du revenu du Canada. Pour pouvoir ajouter du travail, augmenter la paperasse et ajouter des enquêtes et des informations, l'Agence du revenu du Canada doit avoir un budget plus important.
Si les libéraux sont sérieux relativement à ce projet de loi et s'ils désirent faciliter le processus non litigieux eu égard au divorce, ils vont nécessairement devoir consacrer davantage d'argent à l'Agence du revenu du Canada dans leur budget de 2019.
Cependant, j'ai des doutes. Cet été, j'ai moi-même entendu, de la part de mes concitoyennes et de mes concitoyens, un nombre incroyable d'histoires d'horreur au sujet de l'Agence du revenu du Canada. C'est incroyable de voir tout ce qui se passe dans cette institution. Il faut absolument que la aille voir ce qui se passe dans les édifices de l'Agence du revenu du Canada.
Cet été, tous mes concitoyens m'ont fait part de leurs histoires, et je suis content d'en parler. Ils m'ont dit que lorsqu'ils appellent à l'Agence, personne ne leur répond ou les lignes sont toujours occupées. Ils m'ont dit que lorsqu'ils rejoignent l'Agence par courriel, ils n'ont jamais de réponse. Cela est inadmissible.
Lorsqu'un citoyen tente d'entrer en contact avec un membre de la fonction publique, il devrait minimalement obtenir une réponse.
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Monsieur le Président, c'est pour moi un honneur de prendre la parole au sujet du projet de loi . Je n'aborde pas la question en tant qu'avocate, comme bien d'autres l'ont fait aujourd'hui, mais en tant que femme divorcée et que femme ayant travaillé dans un bureau de circonscription où j'ai aidé des gens divorcés et interagi avec différents ministères.
Je vais d'abord raconter un peu mon expérience comme adjointe de circonscription et parler de la répartition de l'Allocation canadienne pour enfants. Sous le gouvernement conservateur, l'Agence du revenu du Canada faisait de l'excellent travail dans les cas de garde partagée et de partage des responsabilités parentales. C'est devenu une possibilité réaliste pour de nombreuses nouvelles familles. Il y a 20 ans, le partage des responsabilités parentales n'était pas vraiment une option. De nos jours, bien des familles l'envisagent. Lorsque l'Agence du revenu du Canada a donné aux gens la possibilité de diviser leurs prestations, c'est devenu très avantageux pour bon nombre d'entre elles.
Ma seule question pour le gouvernement à cet égard est: que veut-il dire par 40 %? Il est souvent très difficile de déterminer ce pourcentage. C'est quelque chose dont on doit tenir compte lorsqu'un enfant est placé sous la garde de l'un de ses parents. Il faut se poser certaines questions. L'enfant va-t-il à l'école? Le parent va-t-il chercher l'enfant à l'école? L'enfant dort-il chez ce parent? Il y a tant de facteurs à prendre en considération. Lorsqu'on affirme qu'un parent assume 40 % du rôle parental, je veux que la véracité de cette affirmation soit scrutée à la loupe.
En tant que femme divorcée, je sais ce que c'est que d'élever des enfants dans une telle situation. Cela a été une expérience fort difficile. Parlons maintenant des pensions alimentaires. Je suis contente que, aux termes du projet de loi, un juge ou un tribunal n'ait pas à en déterminer le montant et que cette décision puisse être prise par des services administratifs. En effet, le paiement des frais juridiques et la longueur du processus représentaient des obstacles importants pour de nombreuses familles. Il est donc d'une grande importance de faciliter ce processus pour les familles.
Il existe aussi d'autres obstacles dont il faut être conscient. Mes collègues en ont mentionné quelques-uns et se sont demandé, par exemple, ce qui se passe si une personne travaille au noir. De nombreux parents canadiens, pères et mères, ne paient pas la pension alimentaire prévue. Ils tentent de détrousser leurs enfants, car ce sont les enfants qui sont le plus durement touchés, au final. Nous devons toujours faire de notre mieux pour protéger les intérêts des enfants.
Parlons maintenant de l'aspect psychologique et émotif du divorce. J'appuie sans réserve les dispositions du projet de loi qui portent sur le bien-être des enfants. Les enfants doivent avoir priorité pendant un divorce. Quand je pense à mon expérience personnelle, je me dis que tout semble plus clair après coup. J'aurais fait les choses autrement si j'en avais eu la possibilité. Mais dans le feu de l'action, lorsque survient une séparation ou un divorce, les gens sont aux prises avec beaucoup d'émotions et de colère, sans oublier leur désir de vengeance et toutes ces choses horribles qu'on ressent dans une telle situation. Nous devons reconnaître que les émotions sont à vif dans ce contexte. Je dois aussi dire, en m'excusant auprès des avocats présents à la Chambre, que la situation empire encore lorsque les gens font appel à des avocats et se retrouvent avec une facture de 20 000 $.
Brian Galbraith, un avocat, à Barrie, a écrit ce qui suit sur son site Web:
La séparation ou le divorce entraîne souvent la dépression. Selon l'Enquête nationale sur la santé de la population, on enregistre un taux élevé de problèmes psychologiques graves chez un couple pendant la période de deux ans suivant un divorce. Ce n'est pas surprenant compte tenu des craintes qui apparaissent au sujet des enfants et du changement radical de vie et de revenu que vivent les gens à ce moment-là.
Dans un numéro de Psychology Today, on peut lire ceci:
Le divorce entraîne un énorme bouleversement dans la vie des enfants, quel que soit leur âge. Ils sont témoins de la mort de l'amour entre leurs parents et de la rupture de l'engagement marital de ces derniers. Ils doivent s'habituer à faire la navette d'une maison à une autre. Ils doivent vivre au quotidien l'absence d'un parent ou de l'autre. Tout cela créé de nouvelles circonstances familiales auxquelles il n'est pas facile de s'adapter. Le divorce est un événement marquant pour les enfants. La vie après le divorce est considérablement différente de celle d'avant le divorce [...]. À court terme, les enfants à charge peuvent réagir au divorce en manifestant de l'anxiété.
Le gouvernement parle de protection de l'enfance, de médiation et de la possibilité qu'un avocat aide les enfants. Pour ce faire, nous devons nous assurer d'avoir les ressources adéquates.
Au moment de mon divorce il y a 18 ans, il n'y avait pas de possibilités pour les femmes à faible revenu, comme moi à l'époque. Mon fils n'a pas pu obtenir de rendez-vous pour en parler. Il a fallu attendre huit mois.