La Chambre reprend l'étude de la motion portant que le projet de loi , soit lu pour la deuxième fois et renvoyé à un comité, ainsi que de l'amendement.
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Monsieur le Président, c'est un honneur de prendre la parole pour appuyer le projet de loi à l'étude aujourd'hui. Ce dernier représente un grand pas vers la réforme et l'amélioration du système de justice pénale, et plus particulièrement des établissements correctionnels.
Le projet de loi proposé éliminera la pratique de l'isolement préventif, qui fait en sorte que des détenus doivent demeurer confinés à leur cellule et ne peuvent en sortir que deux heures par jour. Ces détenus n'ont pratiquement aucun contact avec d'autres personnes et, pire encore, ils n'ont accès à pratiquement aucun programme de réadaptation, une mesure essentielle à leur retour en société.
Après l'adoption de ce projet de loi, les personnes qui doivent être isolées du reste de la population carcérale pour des raisons de sécurité pourront sortir de leur cellule au moins deux fois plus longtemps et elles auront accès à des programmes, à des interventions, à des services de santé mentale et à un contact humain significatif avec le personnel, des bénévoles, des aînés, des aumôniers, des visiteurs et des codétenus compatibles.
C'est une bonne politique. Elle est nécessaire, d'autant plus que les deux décisions judiciaires ayant statué que l'isolement préventif est inconstitutionnel s'appliqueront d'ici quelques mois.
De plus, le projet de loi consacrera dans la loi l'autonomie clinique du personnel de la santé dans le système correctionnel. Il créera des services en matière de défense des droits des patients — c'était l'une des recommandations issues de l'enquête sur le cas d'Ashley Smith — afin que les détenus obtiennent les soins dont ils ont besoin. Il y inscrira également les principes découlant de l'arrêt Gladue de la Cour suprême, qui exigent que les facteurs systémiques et historiques soient pris en considération dans le processus décisionnel, surtout lorsque des détenus autochtones sont en cause.
C'est essentiel pour faire en sorte que la réadaptation des détenus, qui finiront pour la plupart par réintégrer la société après avoir purgé leur peine, se fasse de façon saine, productive, humaine, et bienveillante afin de réduire, voire d'éliminer complètement, le taux de récidive. Le fait que ce mode d'intervention n'ait jamais existé avant a eu un effet catastrophique sur les peuples autochtones. Le taux de récidive est une des conséquences des problèmes qu'engendre l'absence de ce genre de soins dans les établissements correctionnels.
Le projet de loi donnera également aux victimes le droit d'écouter l'enregistrement sonore des audiences qui les concernent, qu'elles y aient ou non assisté en personne. Il permettra en outre de mettre en place dans le réseau correctionnel une nouvelle technologie de recherche pour assurer la sécurité des détenus et, en l'occurrence, des agents correctionnels.
Le projet de loi rendra les établissements correctionnels plus sûrs et il améliorera la sécurité de la population en général. Après tout, lorsque les personnes qui réintègrent la société après avoir purgé leur peine sont prêtes à mener une vie productive, en toute sécurité et dans le respect des lois, nous sommes tous gagnants et plus en sécurité.
Les conservateurs ont réagi à ce projet de loi d'une manière extrêmement décevante et en sont pratiquement réduits à une parodie d'eux-mêmes. Dans un communiqué de presse publié mardi, ils qualifient l'isolement de pratique « courante et légitime », allant à l'encontre de l'opinion de la Cour suprême. Pour un parti qui se veut le champion de la loi et l'ordre, ses membres semblent éprouver une grande difficulté à obéir aux ordonnances du système judiciaire, surtout celles rendues par la Cour suprême. On note une tendance.
Autrement dit, les conservateurs ne s'intéressent même pas au fait que l'isolement préventif ne correspond pas à la définition reconnue au niveau international de l'isolement cellulaire. Ils affirment à présent que l'isolement cellulaire, que les Nations unies assimilent à de la torture s'il s'étend sur plus de 15 jours, est en soi une bonne chose. Ils n'ont aucunement l'intention de tenter de réduire son usage dans les prisons canadiennes. Pire encore, ils aimeraient bien banaliser et généraliser son usage. Apparemment, les conservateurs souhaitent revenir aux bons vieux cachots médiévaux.
Mes parents sont Australiens, et je peux dire que la manière de concevoir le système correctionnel dans le pays d'origine de ma famille est légèrement différente. Le manque de compassion à l'égard des conditions des détenus est en corrélation directe avec l'augmentation des taux de récidive en Australie. Les colonies pénitentiaires établies autrefois sur le continent australien étaient réputées pour la brutalité des punitions infligées aux détenus, et bien des vies ont été détruites.
La raison d'être d'un établissement correctionnel n'est pas de briser des vies, mais d'assurer la protection de la population et de favoriser la réadaptation et la réinsertion sociale de ceux qui ont enfreint la loi, car ce ne sont pas tous les détenus qui doivent purger une peine d'emprisonnement à perpétuité. Lorsqu'un contrevenant se prépare à réintégrer nos collectivités, nous avons l'obligation d'assurer sa sécurité et celle de la société dans son ensemble.
Les conservateurs semblent vouloir retourner à l'ère des déportations. Je ne sais pas à quel endroit le député qui a fait ces déclarations a reçu son diplôme de criminologie, s'il en a un. J'imagine qu'il fait référence à un phénomène rapporté par des itinérants, selon lequel les gens cherchent à être envoyés en prison parce que c'est un endroit merveilleux. C'est tout simplement faux.
En réalité, la pauvreté à laquelle les gens sont confrontés, l'absence d'une stratégie en matière de logement et le manque de soutien, particulièrement pour les Autochtones en milieu urbain, comptent parmi les raisons pour lesquelles il arrive que le système carcéral soit la seule option. Cela dit, personne ne souhaite aller en prison. Les gens veulent avoir la possibilité de vivre en santé et de mener une vie productive. Le système correctionnel doit en tenir compte. Nous ne devons pas rendre la vie des gens plus pénible, car tout cela finira par avoir des incidences sur l'ensemble de la population.
Les conservateurs semblent soudainement se préoccuper des questions de pauvreté et de pénurie de logements, car ils en parlent parfois à la Chambre. Si ces enjeux les intéressent vraiment, je les invite à appuyer la Stratégie nationale sur le logement et la Stratégie de réduction de la pauvreté. Je les invite aussi à appuyer les initiatives qui nous permettent de faire des progrès à l'égard du logement, des soins de santé et de l'éducation pour les Autochtones. Pour améliorer la sécurité au pays, il faut prévenir la criminalité. Cependant, lorsque des gens ont des démêlés avec la justice et qu'ils sont admis dans un établissement correctionnel, la société a la responsabilité de remédier au problème en veillant à ce que, après leur mise en liberté, ces gens ne présentent pas un danger encore plus grand pour la population.
Nous sommes sans voix devant l'obsession des conservateurs de mettre l'accent sur les barbelés et les barreaux, plutôt que sur la réadaptation des gens qui, dans certains cas, ont commis de terribles erreurs. C'est grâce à un programme de réadaptation qu'on peut améliorer la sécurité au sein de la société. Ce n'est pas simplement une question de châtiment; l'aspect correctionnel est aussi important. C'est pour cette raison que le système repose sur des établissements dits correctionnels.
Dans le cadre de ce programme, l'un de nos objectifs est de faire en sorte que les prisons et les établissements correctionnels soient un lieu plus sûr pour les gardiens. Lorsqu'il y a un recours abusif à l'isolement préventif ou lorsque celui-ci est utilisé à des fins punitives, les prisons deviennent plus dangereuses. L'imposition de telles mesures n'est pas juste pour les agents correctionnels, dont la vie est ensuite mise en danger lorsqu'ils accomplissent leur travail essentiel.
Le porte-parole du Parti conservateur en matière de sécurité publique a caricaturé ces nouvelles unités d'intervention structurée en disant que les détenus seront invités à s'enlacer dans la cour d'exercice. La façon dont le système correctionnel est présenté par les conservateurs ne représente pas du tout l'expérience de personnes avec qui j'ai parlé qui sont passées par là. Les conservateurs ne se lassent toutefois pas d'entretenir ces mythes aux dépens des établissements correctionnels et des agents correctionnels qui y travaillent et, en fin de compte, de la société dans son ensemble.
La vérité, c'est que le projet de loi dont nous sommes saisis permettra de créer des unités très structurées et sécuritaires où les prisonniers auront l'occasion d'interagir avec des membres du personnel, des bénévoles, des personnes âgées, des aumôniers et des visiteurs. Ils auront accès aux soins de santé dont ils ont besoin pour devenir des citoyens productifs une fois libérés. Ils pourront interagir avec d'autres prisonniers uniquement s'ils s'entendent bien avec eux, si cette interaction peut se dérouler en toute sécurité et si elle s'inscrit dans le cadre d'un processus de justice réparatrice. Il s'agit d'accroître la sécurité des gens ainsi que celle du Canada.
Dans son intervention, le porte-parole conservateur a aussi affirmé que le système actuel répond aux besoins des prisonniers, mais ce n'est pas le cas. Pire encore, il ne répond pas aux besoins de la société.
Nous avons besoin de collectivités plus sûres. Le système correctionnel doit donc mettre l'accent sur la réinsertion sociale afin que les anciens prisonniers ne causent plus de tort à la société lorsqu'ils seront libérés.
La plupart des gens détenus dans des prisons fédérales souffrent à la fois de problèmes mentaux et de toxicomanie, en plus d'avoir déjà été victimes de violence physique ou sexuelle et d'avoir grandi dans un milieu pauvre. Bien sûr, cela n'excuse pas les actes qui les ont menés en prison. Lorsque des personnes enfreignent la loi, elles doivent en subir les conséquences. Les peines qu'elles doivent purger sont des conséquences bien réelles.
Cependant, durant leur détention, nous pouvons soit les laisser languir dans des conditions qui risquent d'aggraver leurs problèmes et de les rendre plus dangereuses une fois qu'elles seront libérées, soit prendre des mesures dans un milieu correctionnel sûr pour réduire les risques qu'elles présentent et mieux garantir la sécurité de la population canadienne.
Voilà l'objet du projet de loi . C'est pourquoi je l'appuie fermement. C'est pourquoi nous voulons que le système de justice pénale réprime la criminalité sévèrement, mais aussi intelligemment. Nous recourons aux pratiques exemplaires de partout dans le monde pour que le processus de réinsertion sociale après l'incarcération se déroule le mieux possible.
Il ne fait aucun doute qu'une personne ayant commis un crime grave doit être emprisonnée. Personne ne soutient le contraire. Les gens qui prétendent qu'un parti de la Chambre ne partage pas cette conviction dupent le public. Je me permets donc de rectifier les faits. Quand des individus sont libérés de prison, qu'ils sortent des établissements correctionnels pour réintégrer la société, nous avons l'obligation morale et juridique de veiller à ce qu'ils ne récidivent pas. Pour ce faire, nous devons nous attaquer aux problèmes de santé mentale et de toxicomanie, de même qu'aux problèmes sous-jacents qui ont peut-être contribué à la commission des actes qui les ont menés en prison.
Le projet de loi est bon et il mérite l'appui de tous les partis à la Chambre.
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Monsieur le Président, je suis heureux de me joindre au débat sur le projet de loi . J'ai écouté attentivement ce qui s'est dit ces derniers jours et l'argument du gouvernement libéral pour démontrer que cette mesure est nécessaire. Plusieurs députés ministériels affirment maintenant que l'isolement préventif est simplement inconstitutionnel, même que le secrétaire parlementaire vient de le dire et qu'il s'est fait reprendre, à juste titre, par le député de .
Je vais maintenant lire ce que dit le juge Leask, de la Cour suprême de la Colombie-Britannique, au paragraphe 534 de sa décision: « Les plaignants ne prétendent pas que l'isolement préventif est une pratique inconstitutionnelle », selon l'article 12 de la Charte, qui interdit tous traitements ou peines cruels et inusités, mais disent seulement que c'est une pratique inconstitutionnelle dans certaines situations. D'ailleurs, le juge n'accepte pas l'argument fondé sur l'article 12 et considère qu'il n'est pas inconstitutionnel de recourir à cette pratique.
Le projet de loi ne fait que rebaptiser la notion d'isolement préventif, comme si ces mots par eux-mêmes représentaient une forme de punition.
Ce projet de loi va doubler le nombre d'heures qu'un détenu peut passer en dehors de sa cellule et apporter d'autres changements qui vont compliquer la tâche des agents correctionnels responsables de surveiller les détenus violents. Soyons honnêtes. Les établissements correctionnels sont le milieu de travail des agents, et non des détenus. Les besoins des premiers devraient être prioritaires. Les agents correctionnels connaissent et acceptent leur mandat, qui est de surveiller les criminels violents afin de garantir la sécurité de la population.
Je ne suis pas en train de dire qu'il faut maltraiter les détenus. J'ai entendu le secrétaire parlementaire prétendre que les conservateurs rêvaient au retour d'une sorte de système de cachots médiévaux. C'est d'un ridicule absolu. Je ne m'étonne même plus des propos exagérés du député, qui n'ont pas leur place à la Chambre. Pour les conservateurs, il n'est nullement question de cachots, mais du recours raisonnable à l'isolement préventif tel que déterminé par les deux cours. Or, ce n'est pas l'objectif du projet de loi , qui prévoit plutôt de modifier radicalement le recours à l'isolement préventif.
Il faut aussi examiner la question des états financiers. Si l'on se penche sur le plan ministériel de 2018-2019 du Service correctionnel du Canada, qui a été approuvé par le , on peut voir que les ressources financières réelles du ministère diminueront de 8,8 % au cours des prochaines années. Concrètement, le Service correctionnel du Canada disposera de moins d'argent pour s'acquitter d'une plus grande charge de travail, car, soyons francs, cela entraînera une augmentation de la charge de travail des gardiens de prison. Nous leur demandons de sortir des criminels violents de leur isolement préventif — et je vais continuer à me servir de cette expression — pendant de plus longues périodes de temps. Nous avons entendu d'autres députés de ce côté-ci de la Chambre expliquer exactement ce que cela implique. C'est souvent un groupe de gardiens qui escorte un criminel particulier quand vient le temps pour lui de sortir de l'isolement.
Je tiens aussi à soulever que le plan ministériel prévoie réduire les équivalents temps plein de 150 employés au cours des deux ou trois prochaines années. D'abord, dans le projet de loi , le gouvernement affirme vouloir en faire davantage. Il veut offrir plus de services de santé mentale. C'est merveilleux. Il veut en faire plus pour la population carcérale autochtone. C'est formidable. Je suis très heureux qu'il examine la question dans cette optique. Cependant, où sont les ressources financières? Où sont les ressources humaines qui reflètent les beaux discours prononcés à la Chambre? Encore une fois, les libéraux disent une chose et en font une autre. Je ne m'attends désormais pas à plus du gouvernement.
Il existe un proverbe yiddish qui dit: « Dieu punit, l'homme se venge. » Le système carcéral ne devrait pas être axé sur la vengeance, mais plutôt sur la réforme. J'y crois fermement.
Bon nombre de députés le savent déjà, j'ai fait ma maîtrise aux États-Unis. La partie sur les administrations locales et étatiques portait notamment sur le régime carcéral américain. Chaque État a ses propres règles, mais pour les besoins du débat, je m'en tiendrai aujourd'hui au débat qui a eu lieu en 2017 au Massachusetts, où l'isolement préventif était utilisé. En fait, le débat tournait autour de cette question: 10 ans en isolement préventif, est-ce trop long? Je crois que tout le monde ici présent s'entend pour dire que oui, sans l'ombre d'un doute. C'est tout simplement inacceptable. Cette façon de faire détruit la vie et la santé mentale des détenus, et les faits sont là pour le prouver.
Or, ce n'est pas de 10 ans qu'il est question ici, au Canada, mais de 15 jours. Le gouvernement voudrait qu'on impose aux gardiens de prison de surveiller plus assidûment des criminels parfois violents, puisqu'il propose de doubler le temps qu'ils peuvent passer à l'extérieur de leur cellule, et c'est sans compter les autres exemptions qui leur seraient accordées. Or, les ressources humaines et financières prévues dans le plan autorisé par le sont insuffisantes pour répondre à ces besoins supplémentaires.
Je me demande bien pourquoi et j'aimerais aussi savoir qui a pu approuver ce projet de loi du côté ministériel et qui a approuvé le plan ministériel en question. J'ose croire que le savait ce que contenaient le plan qu'il a signé de sa main et le projet de loi dont la Chambre est saisie, lequel, j'en suis persuadé, fera augmenter les coûts financiers et en ressources humaines. Les gens ne travaillent pas pour rien.
L'attitude générale du gouvernement m'inquiète sérieusement. D'un côté, il nous abreuve de beaux discours fleuris. Prenons l'exemple de la stratégie sur le logement. L'argent requis pour la mettre en oeuvre ne sera débloqué que beaucoup plus tard, quand un autre gouvernement sera au pouvoir et devra faire tout le travail. Pour le moment, nous devons nous contenter de communiqués de presse et de séances de photos. Même le vérificateur général du Canada a accusé le gouvernement, dans son dernier rapport, de privilégier les photos à l'action. Le problème, c'est que c'est typique du gouvernement libéral.
Le vérificateur général du Canada reproche au gouvernement son comportement concernant les séances de photos, les relations publiques et la gestion de son image dans un rapport gouvernemental, alors nous savons qu'il y a quelque chose qui cloche. C'est assez typique. C'est ce que les libéraux ont toujours fait. Pendant la campagne électorale, ils ont dit qu'ils avaient évalué le coût de la prétendue taxe sur les riches, qui compenserait la prétendue baisse d'impôt des Canadiens à revenu moyen dont nous avons tous bénéficié, sauf ceux qui gagnent moins de 45 000 $ par année. Ils n'ont rien reçu du tout. Les travailleurs pauvres n'ont rien reçu.
Cependant, les libéraux ont fait de beaux discours. Ensuite, les calculs du ministère des Finances ont été publiés et, encore une fois, ils étaient erronés. Encore une fois, les libéraux avaient mal calculé pour nous donner des chiffres erronés. Ils ont perdu de l'argent en voulant plumer les riches, pour ainsi dire, dans une vaine tentative pour obtenir l'appui du public aux dépens de certains. C'est la même technique de diversion que nous avons vue à la Chambre dans plusieurs dossiers, et le projet de loi en est le dernier exemple.
Mes collègues conservateurs n'ont pas prôné un retour aux cachots médiévaux ni le rétablissement de l'isolement cellulaire. Nous avons entendu parler des cas où des personnes sont mortes en isolement préventif en raison d'un recours abusif, car il n'y avait pas de règlements adéquats en place qui précisaient quand, comment ni à qui l'appliquer. Ce que proposent les libéraux avec ce projet de loi, c'est de démanteler complètement cette pratique. Nous savons, grâce au plan ministériel, qu'ils n'ont pas fait leurs devoirs. Encore une fois, c'est typique de la part du gouvernement.
Ils n'ont pas fait leurs devoirs, ils n'ont pas consulté les gardiens et je me demande pourquoi. Pourquoi ne pas interroger les hommes et les femmes sur leur lieu de travail? C'est là qu'ils passent la majeure partie de leur temps. On parle tellement ici de la façon de travailler, du type de milieu de travail que nous voulons, mais sommes-nous prêts à rendre plus difficile le travail des gardiens de prison? Les détenus sont censés être là temporairement pour garantir la sécurité du public et pour être réadaptés. En revanche, les gardiens y passeront probablement toute leur vie parce que c'est là qu'ils travaillent et nous allons leur rendre la vie plus difficile. D'ici 2020-2021, il y aura moins de personnel au Service correctionnel du Canada et il y aura une réduction réelle de 8,8 % des ressources financières. Ce n'est pas moi qui le dis; c'est écrit dans le plan du . C'est ce qu'il a proposé.
Je n'appuierai pas ce projet de loi qui est une coquille vide, un simple verbiage concocté par les libéraux, qui n'ont pas tenu compte des deux décisions de la cour. Ils n'ont pas non plus prévu les ressources financières ou humaines pour atteindre l'objectif voulu. C'est un mauvais projet de loi, un projet de loi mal conçu, qui témoigne d'une piètre administration de la part du gouvernement.
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Monsieur le Président, je suis ravi de me joindre au débat à l'étape de la deuxième lecture du projet de loi , qui vise à modifier la Loi sur le système correctionnel et la mise en liberté sous condition.
[Français]
Comme le nous l'a dit, la première priorité de notre gouvernement est de protéger les Canadiens des catastrophes naturelles, des menaces à la sécurité nationale et, bien sûr, de la criminalité. Nous faisons plusieurs choses pour protéger les collectivités canadiennes des actes criminels.
[Traduction]
Une des choses les plus importantes que nous puissions faire pour assurer la sécurité publique est de rendre le système correctionnel le plus efficace possible pour traiter les personnes qui ont commis un crime afin que, une fois leur peine purgée, elles ne deviennent pas des récidivistes. Le projet de loi , à l'étude aujourd'hui, renforcera de façon importante la capacité du système carcéral d'atteindre cet objectif et d'assurer la sécurité des Canadiens.
En réponse à des décisions récentes des tribunaux au sujet de l'isolement préventif, le projet de loi propose l'élimination de cette pratique et la création d'unités d'intervention structurée qui permettront d'isoler des délinquants du reste de la population carcérale, au besoin, tout en maintenant leur accès aux programmes de réadaptation, aux interventions et aux soins de santé mentale. S'il est adopté, le projet de loi fera progresser le Canada vers l'établissement d'un système carcéral moderne fondé sur les données probantes qui tient compte du lien étroit entre la santé mentale des contrevenants et la sécurité des collectivités.
Comme mes collègues ne savent peut-être pas exactement en quoi consiste l'isolement préventif, je vais prendre un moment pour expliquer à la Chambre ce que cela signifie.
Le Service correctionnel du Canada définit l'isolement préventif comme étant la « séparation d’un détenu pour l’empêcher d’entretenir des rapports avec d’autres détenus, lorsqu’elle satisfait aux exigences particulières prévues dans la loi, autrement qu’en application d’une décision disciplinaire ». Même à l'heure actuelle, alors que l'isolement préventif est une pratique dont peut se servir le Service correctionnel du Canada, l'objectif demeure qu'elle soit employée le moins longtemps possible, lorsqu'aucune solution de rechange raisonnable ne peut être utilisée de façon sécuritaire. À l'évidence, isoler une personne presque toute la journée, jour après jour, est une mesure extrême qui doit être utilisée avec parcimonie et précaution.
En 1955, le Congrès des Nations unies pour la prévention du crime et le traitement des délinquants s'est réuni. Les délégués y ont adopté la première version de l'Ensemble de règles minima pour le traitement des détenus. Cet ensemble rassemble les toutes premières normes minimales universelles pour la gestion des prisons et le traitement des détenus. Il sert à l'établissement des politiques et des pratiques carcérales partout dans le monde. Il a résisté à l'épreuve du temps et il représente la norme depuis près d'un demi-siècle.
En 2011, on a décidé de mettre ces règles à jour et, en 2015, une nouvelle série avait été rédigée. En décembre 2015, l'Assemblée générale des Nations unies a adopté les règles révisées, nommées « Règles Nelson Mandela », en l'honneur du regretté président de l'Afrique du Sud, qui a été incarcéré 27 ans et s'est toujours battu pour les droits de la personne, l'équité, la démocratie et la promotion de la paix. Il est important de l'expliquer, car l'un des principaux changements apportés lorsque les Règles Nelson Mandela ont été instaurées, en 2015, concernait la discipline et le recours aux mesures d'isolement. Pour la première fois, on définit clairement ces mesures et on recommande des limites strictes.
Les Règles Mandela définissent l'isolement cellulaire comme « l’isolement d’un détenu pendant 22 heures par jour ou plus, sans contact humain réel ». Elles interdisent l'isolement cellulaire prolongé, c'est-à-dire pour une période de plus de 15 jours consécutifs.
Beaucoup soutiennent que des conditions de ce genre peuvent nuire à la santé mentale des détenus et entraîner la claustrophobie, la colère, la dépression, des hallucinations, de l'insomnie, des idées obsessives ou une fixation sur la mort. Tous les députés conviendront sans doute que ce ne sont pas là des conséquences souhaitables pour les détenus, dont la plupart, je le rappelle, seront un jour libérés dans la société canadienne. Il n'est dans l'intérêt de personne, et surtout pas celui de la population générale, que l'on traite les détenus de manière à ce qu'ils ressortent de prison dans un état pire qu'à leur arrivée. Les Règles Mandela ne sont pas contraignantes pour le Canada ni aucun autre pays membre des Nations unies, mais elles servent de guide et sont une importante source d'informations.
Nous savons que nous pouvons toujours nous efforcer d'améliorer le système de justice pénale et de mieux protéger nos collectivités. C'est l'intention derrière ce projet de loi. Ce projet de loi propose de mettre en place des unités d'intervention structurée chargées de fournir les ressources et l'expertise nécessaires pour réduire les risques en matière de sécurité que représentent les détenus que l'on ne peut pas gérer de façon sécuritaire lorsqu'ils sont intégrés au reste de la population carcérale. Dans les unités d'intervention structurée, les détenus feraient l'objet d'interventions et de programmes structurés et adaptés à leur situation, ils auraient la possibilité de passer au moins quatre heures par jour en dehors de leur cellule, et ils pourraient avoir, au moins deux heures par jour, la possibilité d'avoir des contacts humains réels. Ils bénéficieraient aussi continuellement de programmes qui les aident à atteindre les objectifs de leur plan correctionnel.
Au bout du compte, les députés doivent comprendre que presque tous les délinquants détenus dans les établissements fédéraux retourneront un jour dans la collectivité. Si on offre des conditions de détention sécuritaires et humaines ainsi que des programmes et des services en cours de détention, les délinquants auront plus de chances de devenir d'honnêtes gens qui contribueront à notre société. C'est une approche qui aide à mieux protéger l'ensemble des Canadiens.
C'est pour ces raisons que j'appuie le projet de loi et que j'encourage tous les députés à faire de même.
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Monsieur le Président, c'est un honneur de me lever à la Chambre pour parler du projet de loi . Avant d'aller plus loin, j'aimerais exprimer toute mon admiration et toute ma reconnaissance aux employés du Service correctionnel du Canada et de l'Établissement Drummond, qui font un travail remarquable et très important, notamment les professionnels en santé mentale.
J'ai eu l'occasion, à quelques reprises, de rencontrer les représentants des syndicats et de parler avec eux pour mieux connaître leur réalité. Ce qu'ils vivent au quotidien n'est pas facile. Je leur lève mon chapeau pour l'excellent travail qu'ils font. Je leur exprime toute ma reconnaissance.
Ceux-ci ont d'ailleurs souffert du fameux problème du système de paie Phénix. En 2017, 60 % des employés de l'Établissement Drummond avaient des problèmes liés au système de paie Phénix. Malheureusement, les gens de l'Établissement Drummond ont souffert, que ce soit à cause de leurs conditions de travail pénibles ou à cause du fiasco du système de paie Phénix.
Encore une fois, je remercie les gens qui oeuvrent à l'Établissement Drummond et qui s'efforcent de garder nos communautés en sécurité le temps que les détenus purgent leur peine. Ils font également tout le travail nécessaire en ce qui concerne la réhabilitation des détenus, afin que ceux-ci puissent contribuer à notre société et à notre communauté à leur sortie de prison.
J'aimerais maintenant parler du contexte entourant le projet de loi , parce que cela à une influence sur le débat d'aujourd'hui. Le ministre a dit de son propre aveu que le projet de loi avait été proposé pour ne répondre qu'en partie aux préoccupations exprimées par les cours dans leurs décisions.
Tout d'abord, pour ce qui est de la décision de la Cour suprême de la Colombie-Britannique, cette dernière a expressément dit qu'il manquait d'outils permettant la présence d'un avocat pendant les procédures visant à mettre un détenu en isolement préventif. On met des détenus en isolement préventif sans qu'il y ait de regard externe indépendant, ce qui permettrait d'avoir un deuxième point de vue avant de procéder.
Par ailleurs, on y a aussi considéré les conditions inhumaines pouvant résulter de l'utilisation abusive de cette pratique et le fait de ne pas respecter un nombre maximal prédéterminé de jours durant lesquels un détenu peut se trouver en isolement préventif. Cela est extrêmement important. Il doit y avoir un nombre limité de jours et même d'heures pendant lequel les détenus peuvent demeurer en isolement préventif.
Cela rejoint une partie de la décision de la Cour supérieure de justice de l'Ontario, dans laquelle on parle de l'incidence négative et irréversible, dans certains cas, sur la santé mentale que peut avoir un isolement préventif de plus de 48 heures sur un détenu. Plus tôt, on parlait de réhabilitation, et c'est un autre aspect très important. Lorsque les gens ont purgé leur peine et qu'ils réintègrent la société, on ne veut pas que leur état de santé mentale ait été aggravé par leur séjour en prison. On veut qu'ils soient réhabilités de telle sorte qu'ils puissent contribuer de façon positive et constructive à notre communauté.
C'est ça qui est très inquiétant.
D'ailleurs, l'utilisation de l'isolement préventif a été reconnue comme étant abusive par l'enquêteur correctionnel, à de nombreuses reprises et dans de nombreux rapports qu'il a publiés au cours des 10 dernières années.
On constate aussi une surreprésentation de certaines populations vulnérables en isolement préventif. On parle d'une surreprésentation des femmes ayant des problèmes de santé mentale et d'une surreprésentation des Autochtones, puisque 42 % des détenus en isolement préventif sont des Autochtones. Cela démontre bien la situation problématique devant laquelle nous nous trouvons.
Que fait exactement ce projet de loi? Nous sommes préoccupés par le fait que ce que propose ce projet de loi n'est rien d'autre qu'un isolement préventif légèrement maquillé. On change de nom, mais on permet toujours l'isolement des détenus pour une période indéterminée, et ce, jusqu'à 20 heures par jour. On dit qu'on fait un grand pas, puisque ce sera 20 heures au lieu de 22 heures, mais c'est à peu près la même affaire. On voit très bien que ce n'est qu'un petit maquillage de la réalité.
Cela peut poser des dommages permanents à la santé mentale des détenus. On oublie que ces détenus vont retourner dans la société par la suite. On ne veut surtout pas qu'il y ait des dommages permanents à leur santé mentale. Au contraire, on veut qu'ils puissent être réhabilités, se réinsérer dans notre société.
Je me permets de mentionner que je suis enseignant de profession. Certains de mes collègues enseignent à l'Établissement Drummond dans la formation aux adultes, pour permettre justement aux détenus de prendre toutes les mesures nécessaires à l'amélioration de leur situation lorsqu'ils vont retourner en société. Ce sont les bonnes choses qui se passent dans nos établissements, il faut les mentionner et souligner aussi tout le travail qui se fait, comme je l'ai dit au début de ce discours.
La situation actuelle est très difficile. Des choses très pénibles sont arrivées. Il y a eu la mort tragique d'Ashley Smith et les recommandations subséquentes du coroner. En juin 2017, 399 détenus fédéraux étaient en isolement préventif, et 94 d'entre eux l'ont été pendant plus de 90 jours consécutifs. Plus de 90 jours consécutifs peuvent avoir des conséquences sur la santé mentale d'une personne. Ça n'a pas de bon sens.
Il faut plutôt s'assurer d'améliorer la situation dans nos établissements. Comment se fait-il qu'on a encore des prisons surpeuplées? Comment se fait-il qu'on manque de professionnels en santé mentale? Comment se fait-il qu'on manque de projet pour les détenus, afin qu'ils puissent avoir la formation nécessaire et trouver des emplois à leur sortie de prison?
C'est extrêmement important. L'isolement préventif doit être fait de manière différente, avec des limites et avec une supervision externe pour avoir un point de vue différent de celui qu'on retrouve seulement à l'intérieur des prisons.
Dans les dernières années, les deux jugements dont je parlais tout à l'heure nous ont démontré l'importance de mettre oeuvre des projets de loi beaucoup mieux structurés que le projet de loi qui ne change pratiquement rien à la situation.
Plusieurs études ont démontré que l'isolement préventif prolongé peut déclencher ou aggraver certains symptômes psychiatriques comme les hallucinations, les crises de panique, la paranoïa, la dépression, l'impulsivité, l'hypersensibilité aux stimulus externes, et j'en passe. Cela peut aggraver les tentatives de suicide ou placer les gens dans un état d'esprit suicidaire.
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Monsieur le Président, je suis heureux d'avoir l'occasion de me prononcer sur le projet de loi .
L'une des choses que je trouve vraiment remarquable dans ce projet de loi, c'est qu'on a pris des mesures pour les détenus ayant des troubles de santé mentale en vertu du processus de réhabilitation.
Avant d'être député, je m'étais fait la promesse de voir certaines choses qu'on ne peut pas voir en tant que citoyen. La première était de visiter une base militaire et de rencontrer les femmes et les hommes qui se sont engagés à servir le pays.
La deuxième était de visiter une prison. Je savais bien que les institutions pénitentiaires avaient une réalité complètement différente de celle du commun des mortels au Canada. En décembre 2016, j'ai eu le privilège de visiter une institution pénitentiaire, et cette expérience m'a vraiment marqué. J'ai vu les conditions dans lesquelles vivent les criminels. Il y a certainement des gens qui ont vraiment mérité d'être là, mais ils vont sortir de prison un jour. C'est important d'offrir tous les services nécessaires pour que ces gens aient les meilleures chances de réintégrer la société civile.
J'ai visité deux prisons pour hommes. Les détenus ont non seulement des difficultés à respecter la loi, mais ils démontrent également des troubles de santé mentale. Je suis très fier de voir que, dans ce projet de loi, on prévoit offrir des services pour qu'ils puissent apprendre à composer avec leur trouble de santé mentale. Je pense qu'il faut avoir une solution holistique et complète à tout cela pour nous assurer que ces gens auront la chance de bien composer avec leurs problèmes. Dans plusieurs cas, les problèmes de santé mentale ont mené ces personnes à enfreindre la loi.
C'est la raison pour laquelle je suis très fier de participer à ce débat et d'appuyer ce projet de loi. Ce programme permettra aux détenus de réintégrer la société grâce à l'amélioration des services offerts pour les aider à composer avec leur trouble de santé mentale.
La deuxième raison pour laquelle je suis très fier de participer à l'élaboration de ce programme, c'est parce qu'il nous permettra de vraiment examiner la question des peuples autochtones. On sait bien que les Autochtones représentent 4 % de la population canadienne. J'ai visité l'institution pénitentiaire de Prince Albert, en Saskatchewan, et ils sont majoritaires dans cette institution. Dans les pénitenciers, en général, les Autochtones représentent entre 26 et 28 % de la population.
C'est de six à sept fois leur poids démographique. Je trouve que cela indique plusieurs choses. La première, c'est que nous devons mieux réussir en ce qui a trait à plusieurs enjeux relatifs aux communautés autochtones. La deuxième, c'est que la discrimination systémique existe dans notre système de justice. Il faut prendre tous les moyens nécessaires pour s'attaquer à ces questions. J'ai été très fier d'entendre le discours de la , en juin dernier, je crois, alors qu'elle présentait le projet de loi . Elle s'était attaquée à cette question, à cette lacune, directement. Elle a dit que nous allions tenter de résoudre cela, parce que c'est extrêmement important.
En tant que Canadien noir, je sais bien que les Noirs en sont aussi victimes. Dans cette institution pénale que j'ai visitée en 2016, même si elle était au fond de la Saskatchewan, il y avait une forte présence de détenus noirs. Cela indique aussi qu'il y a un problème de discrimination systémique dans notre système de justice. Il faut résoudre ces questions, il faut y répondre. Je suis fier de dire que les dispositions de la loi nous donneront la chance de nous assurer de donner tous les services, ce qui est vraiment important et qui peut améliorer les chances de réintégration de ces personnes dans la société générale. C'est l'objectif visé.
Nous ne sommes pas comme ceux qui pensent qu'on peut traiter des humains comme des animaux, qu'on peut les mettre dans une cage, la fermer à clef et perdre la clef. Ce n'est pas acceptable. C'est inhumain. Ce n'est pas une réflexion digne d'une société civilisée comme la nôtre. Nous devons nous assurer de bien répondre à ces questions. Quand les gens enfreindront la loi, il y aura des conséquences, c'est certain. Ces gens méritent d'être en prison, mais il faut planifier et prendre en compte le jour où ces gens en sortiront.
Il ne faut pas seulement les punir, il faut aussi leur apprendre comment faire partie de notre société civilisée et comment être un bon citoyen. Pour ce faire, nous avons l'obligation de nous assurer qu'ils recevront tous les services possibles leur permettant une meilleure adaptation, une meilleure réintégration dans notre société. J'encourage tous mes collègues qui ne l'ont pas déjà fait à faire ce que j'ai fait, soit visiter un pénitencier, une prison.
Cela changera les esprits. Cela encouragera les députés à mettre l'accent sur la recherche de solutions permettant à ces gens de sortir, d'apprendre leur leçon et d'apprendre à obéir aux lois, aux normes d'une société civile. S'ils ne le font pas, il y aura des conséquences, mais nous voulons nous assurer que ces gens seront bien réintégrés dans notre société au bout du compte. Pour ce faire, je suis très content d'apprendre que nous aurons des services pour tenter d'aider ces gens à composer avec leurs troubles mentaux.
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Monsieur le Président, je prends la parole au sujet du projet de loi , Loi modifiant la Loi sur le système correctionnel et la mise en liberté sous condition.
Certaines mesures prévues dans le projet de loi sont positives, mais, dans l'ensemble, je ne peux pas appuyer le projet de loi . Je ne peux pas l'appuyer, car il renferme des éléments importants, des éléments essentiels en fait, qui font passer les criminels avant la sécurité publique. Ils font passer les criminels avant les agents correctionnels, les employés des établissements correctionnels. On parle des gens qui travaillent dans des milieux de travail parmi les plus difficiles et dangereux au Canada. En effet, on pourrait dire que le projet de loi fait partie d'un stratagème libéral visant à donner la priorité aux criminels.
La plus grande réserve que j'éprouve à l'égard du projet de loi , c'est peut-être le fait qu'il prévoit éliminer totalement et en toutes circonstances le recours tant à l’isolement préventif qu'à l'isolement disciplinaire.
Aux termes de l'article 31 de la Loi sur le système correctionnel et la mise en liberté sous condition, l'isolement est utilisé en dernier recours. Le directeur du pénitencier peut ordonner l'isolement préventif d'un détenu uniquement lorsqu'il a des motifs raisonnables de croire, selon le cas, que le détenu présente un danger pour la sécurité de l'établissement ou d'une personne; que le maintien du détenu parmi les autres détenus nuirait au déroulement d'une enquête ou que le maintien du détenu parmi les autres détenus mettrait en danger sa sécurité. De plus, au titre de l'article 31 de cette loi, l'isolement préventif doit être interrompu le plus tôt possible.
En écoutant les discours des libéraux et des néo-démocrates, on pourrait croire que les établissements correctionnels utilisent régulièrement cette mesure. En fait, les critères d'utilisation de l'isolement sont élevés, la norme est élevée, et très peu de détenus y sont assujettis.
Jetons un coup d'oeil sur les statistiques. En 2014-2015, 638 détenus ont été placés en isolement préventif au Canada. Ce chiffre est tombé à 430 en 2016-2107, et, en date du 31 juillet 2017, moins de 300 détenus se trouvaient en isolement préventif. Le nombre de détenus placés en isolement disciplinaire est encore moins élevé: chez les hommes, cinq en 2010-2011, puis trois en 2014-2105; aucune femme n'a été placée en isolement disciplinaire, sauf une en 2012-2013.
Les critères sont rigoureux, et cette mesure n'est utilisée que dans de très rares circonstances. Toutefois, qu'on ne s'y trompe pas, l'isolement est un outil important pour gérer les délinquants les plus dangereux et les plus violents incarcérés dans les établissements canadiens. Les députés ne sont pas obligés de me croire sur parole. Ils peuvent se fier à l'opinion du Syndicat des agents correctionnels du Canada, qui a déclaré ce qui suit au sujet du projet de loi : « [...] la nouvelle loi C-83 ne doit pas sacrifier l’isolement préventif, puisqu’il réussit à dissuader les détenus d’adopter les comportements violents. » Ce syndicat représente les hommes et les femmes qui travaillent dans les établissements correctionnels.
Toutefois, le gouvernement a choisi de ne pas tenir compte du point de vue de ce syndicat. Il a totalement fait fi de son opinion et a déclaré que les tribunaux lui avaient forcé la main.
À cela je dis, forcé la main, mon oeil. Deux décisions ont été rendues par des tribunaux. Le secrétaire parlementaire a dit que la Cour suprême du Canada a forcé la main au gouvernement. Il a ensuite dû admettre dans cette enceinte qu'il n'y avait pas eu de décision de la Cour suprême du Canada. Toutefois, ni l'une ni l'autre des décisions des cours d'instance inférieure n'envisage l'élimination de l'isolement en toutes circonstances pas plus que ne le fait la commission Arbour de 1996 ou les Règles Mandela de l'ONU.
On dirait que les seuls à vouloir l'éliminer en toutes circonstances sont les libéraux, et ce, au détriment de la sécurité des agents correctionnels et de celle des détenus. Le gouvernement devrait avoir honte.