propose:
Que la Chambre appuie les sentiments exprimés par Nadia Murad, lauréate du prix Nobel de la paix, qui, dans son livre intitulé Pour que je sois la dernière, déclare: « Je rêve qu’un jour tous les militants seront traduits en justice. Pas seulement les dirigeants, comme Abou Bakr al-Baghdadi, mais aussi tous les gardes et les propriétaires d’esclaves, tous les hommes qui ont appuyé sur une détente et ceux qui ont poussé mes frères dans leur charnier, tous les combattants qui ont essayé de mettre dans la tête de jeunes garçons qu’ils haïssaient leur mère parce qu’elle était yézidie, tous les Iraquiens qui ont accueilli les terroristes dans leur ville et qui les ont aidés en se disant qu’ils allaient enfin pouvoir se débarrasser des mécréants. Ils devraient tous être jugés devant le monde entier, comme les dirigeants nazis après la Deuxième Guerre mondiale, et ils ne devraient pas avoir la possibilité de se cacher. »; et exhorte le gouvernement à : a) éviter de répéter les erreurs du passé en payant des terroristes avec l’argent des contribuables ou en tentant de réintégrer dans la société canadienne des terroristes de retour au pays; b) déposer dans les 45 jours suivant l’adoption de la présente motion un plan visant à traduire immédiatement en justice quiconque a combattu au sein du groupe terroriste EIIL ou participé à une quelconque activité terroriste, y compris les personnes qui se trouvent au Canada ou qui ont la citoyenneté canadienne.
— Madame la Présidente, je tiens tout d'abord à mentionner que je vais partager mon temps de parole avec ma collègue de .
Nous venons d'entendre la motion que nous déposons aujourd'hui et qui sera débattue toute la journée.
D'entrée de jeu, je veux parler du témoignage de Mme Nadia Murad, lauréate du prix Nobel de la paix. Selon elle, ce que les combattants et les terroristes du groupe État islamique ont fait est un acte de génocide qui devrait être puni avec toute la force de la loi.
Actuellement, le problème, c'est que notre ne démontre pas qu'il a la volonté politique de faire en sorte que ces gens soient traduits devant la justice. Il faut se le dire, la plupart d'entre eux sont des Canadiens. Ce sont 160 Canadiens, dont la plupart sont nés au Canada, qui ont décidé d'aller en Syrie et en Irak pour combattre avec le groupe État islamique, pour commettre des atrocités, des génocides. On sait que 60 d'entre eux sont revenus ici, mais seulement 4 ont été accusés. On n'a pas d'autres informations sur le reste. Cela fait deux ans qu'on a de l'information sur les 60 combattants. On ne sait pas où sont les autres, ni ce qui leur arrive.
Dernièrement, on a appris que Muhammad Ali avait été capturé par l'armée syrienne. La Syrie veut le renvoyer au Canada. Or la Gendarmerie royale du Canada nous apprend également qu'on ne pourra probablement pas porter d'accusations contre lui. C'est le genre de nouvelle qui fait dresser le poil sur les bras des Canadiens. Le fait d'aller à l'extérieur du pays pour se battre contre son propre pays, contre les alliés du Canada, cela s'appelle de la traîtrise. Nous ne pouvons pas comprendre que de tels traîtres puissent revenir ici impunément et continuer leur vie comme si de rien n'était. Pire encore, plusieurs d'entre eux essaient de passer pour des victimes. Ils disent que, finalement, ce n'est pas ce qu'ils voulaient faire, et ils prétendent être des victimes.
Souvenons-nous de ce que les libéraux nous ont répondu récemment. Ils ont dit qu'ils avaient été capables d'en juger quatre, alors que les conservateurs n'avaient rien fait. Je rappelle à la Chambre que nos CF-18 bombardaient le groupe État islamique. La première chose que ce a faite, c'est de retirer nos CF-18 de là-bas. Pourquoi? C'est une question à laquelle nous n'avons jamais eu de réponse.
Aujourd'hui, nous demandons des choses très précises et claires. Ce sont des questions qui sont posées à tous les députés de la Chambre. Je suis pas mal sûr que les rouges de l'autre côté reçoivent les mêmes questions de la part des Canadiens. Que font-ils? Que font-ils pour traduire ces traîtres en justice et pour donner aux victimes le sentiment d'être écoutées par le Parlement et par le gouvernement? Actuellement, ce n'est pas ce qu'on sent, ce n'est pas ce qu'on vit.
Les conservateurs exigent que le gouvernement libéral penne des mesures immédiates pour traduire les terroristes du groupe État islamique en justice. Les conservateurs demandent aux libéraux de reconnaître que la vaste majorité des Canadiens comprennent que si une personne voyage à l'étranger pour commettre des actes de génocide, des actes terroristes, elle devrait subir les conséquences des lois des pays étrangers et du droit international. Les conservateurs défendent clairement ce principe.
Nous demandons également au gouvernement de concentrer ses efforts sur le fait de traduire en justice les auteurs de génocides et d'actes terroristes et de s'efforcer de protéger les Canadiens des personnes qui sont revenues au Canada mais qui sont soupçonnées d'actes de terrorisme ou de génocide à l'étranger, tout en veillant à ce que ses agences de sécurité disposent des ressources nécessaires pour surveiller de près leurs activités au Canada.
Nous lui demandons aussi d'encourager une utilisation accrue des outils pour imposer des conditions aux personnes soupçonnées d'activités de terrorisme ou d'activités génocidaires, telles que des obligations pour la paix, le port d'un dispositif de surveillance électronique ainsi que le retour et le séjour à leur lieu de résidence à des heures précises. Enfin, nous lui demandons de contrôler l'utilisation des médias sociaux.
Les libéraux compliquent la tâche des responsables de la sécurité en matière de surveillance des terroristes présumés en modifiant les règles relatives aux obligations de maintien de la paix.
Nous exigeons des libéraux qu'ils examinent les moyens de réformer le système judiciaire pour faire en sorte que les tribunaux aient accès aux éléments de preuve recueillis contre des terroristes présumés.
Les procédures visant à traduire en justice les auteurs d'atrocités criminelles sont lentes et ne permettent pas aux victimes de revenir dans leurs communautés. Les conservateurs exigent que le Canada dirige des initiatives mondiales visant à les réformer et à les renforcer.
Nous lui demandons également de soutenir les initiatives et de prendre des mesures concrètes pour rendre justice aux femmes dont le viol a été utilisé comme une arme de guerre.
Par ailleurs, nous exigeons des libéraux qu'ils reconnaissent que le groupe État islamique a commis des crimes atroces contre de nombreux groupes minoritaires ethniques et religieux, y compris les yézidis, les chrétiens irakiens, les chrétiens coptes et les groupes minoritaires musulmans chiites.
D'autre part, nous exigeons qu'ils fournissent un soutien aux enquêteurs et aux procureurs mandatés par la résolution 2379 du Conseil de sécurité des Nations unies pour soutenir les efforts nationaux visant à tenir le groupe État islamique responsable de ses crimes de guerre, de ses crimes contre l'humanité et du génocide.
En outre, nous exigeons que les libéraux prennent des mesures pour faire respecter la décision unanime du Parlement de se conformer à une motion conservatrice pour que justice soit rendue aux victimes du génocide des yézidis.
Finalement, nous exigeons qu'ils soutiennent des initiatives telles que celles proposées par le premier ministre Doug Ford pour empêcher les terroristes de revenir et de profiter des généreux programmes sociaux du Canada.
Ce matin, en me levant, j'étais très heureux de voir dans Le Devoir un article de Mme Manon Cornellier qui parlait de cette problématique. Voici trois paragraphes de cet article qui mettent en évidence ce qui se passe actuellement:
Ils seraient environ 190 Canadiens actifs à l’étranger, surtout en Syrie et en Irak, dans des groupes terroristes, comme le groupe armé État islamique [...] Une soixantaine seraient déjà revenus au pays, mais, jusqu'ici, seulement quatre ont fait l’objet d’accusations. Trois djihadistes canadiens et leur famille, actuellement détenus par les forces kurdes dans le nord de la Syrie, souhaitent pour leur part être rapatriés au Canada, quitte à y être jugés, ce qui n’est pas garanti.
Selon le directeur de l’Institut montréalais d’études sur le génocide et les droits de la personne, Kyle Matthews, le Canada ne doit pas permettre le retour ou le rapatriement de ces combattants canadiens sans les tenir responsables des atrocités dont ils se sont rendus complices. Ils doivent être traduits en justice pour décourager la perpétuation de ces crimes.
M. Matthews déplore que le gouvernement Trudeau ait semblé manquer de la volonté politique pour poursuivre les combattants revenant au pays. Jusqu'à tout récemment, il insistait plutôt sur la surveillance et la réintégration, si possible.
Alors, même une journaliste du Devoir, qui n'est pas réputé pour être un journal de droite, bien au contraire, ne comprend pas ce qui se passe. Les gens de l'Institut montréalais d’études sur le génocide et les droits de la personne ne comprennent pas non plus le manque de vigueur de ce gouvernement.
Je ne peux pas croire que l'ensemble des députés du côté du gouvernement ne pensent pas la même chose que nous. Il y a 40 députés libéraux au Québec et je sais qu'il y a beaucoup de pression de la part des Québécois pour que l'on prenne des mesures contre ces combattants canadiens. Les bureaux de ces députés doivent recevoir beaucoup de courriels, mais on ne les entend pas. Ils se cachent et n'osent pas affronter la réalité.
Pour conclure ma présentation de ce matin, je voudrais répéter ce que j'ai dit au début. L'information sur les cas de combattants islamiques date de deux ans. Aux dernières nouvelles, un rapport mentionnait que 60 combattants étaient revenus ici. Est-ce que d'autres sont revenus? Nous ne le savons pas, car le gouvernement ne veut jamais répondre à cela. Ensuite, combien en reste-t-il à l'étranger? Cela est plus difficile à savoir, mais on devrait tout de même essayer de le savoir.
Pourquoi le ministre ne veut-il pas donner un compte rendu complet de la situation? Pourquoi le ministre se cache-t-il toujours quand on parle des terroristes du groupe État islamique et, surtout, des Canadiens qui ont combattu là-bas comme des traîtres?
Nous devrions avoir l'information. Le SCRS et la GRC l'ont sûrement, mais le gouvernement ne veut pas être transparent à ce sujet. Nous demandons donc au gouvernement de prendre des mesures, d'être transparent avec les Canadiens et de nous dire ce qu'il va faire pour accuser ces criminels de guerre et quand il va le faire. C'est pour les victimes que nous demandons cela aujourd'hui, parce qu'elles ne comprennent pas pourquoi le gouvernement du Canada est aussi gentil avec ces terroristes.
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Madame la Présidente, le monde a honoré, à juste titre, Nadia Murad, l'une des femmes les plus fortes du monde, en lui décernant le prix Nobel de la paix pour les efforts qu'elle a déployés afin d'attirer l'attention sur l'importance d'éradiquer l'une des armes les plus anciennes et les plus puissantes dans tout conflit: le viol. Je lui offre aujourd'hui mes félicitations au nom du Parlement du Canada, mais je ne peux m'empêcher de trouver que nos discours à ce sujet sonnent creux.
Après l'annonce du prix décerné à Mme Murad, le magazine Vanity Fair a publié un article intitulé « Le prix Nobel de la paix de cette année reflète l'époque du #MoiAussi ». C'est on ne peut plus faux. Il y a une différence importante entre la situation de Mme Murad et celle des personnes concernées par le mouvement #MoiAussi. Nombre d'actrices de Hollywood et de membres du personnel politique, ainsi que Christine Blasey Ford, qui a témoigné plus récemment, ont raconté leur histoire, ce qui a suscité des réactions de la part des médias occidentaux et des législateurs. On a organisé des manifestations dans les rues, il y a eu des procès fort médiatisés, et des mesures législatives ont été proposées dans cette enceinte pour changer notre propre code de conduite en matière de harcèlement sexuel. Les personnes qui se sont manifestées dans le cadre de l'initiative #MoiAussi y ont vu une sorte de mouvement qui, même s'il est sans doute imparfait, a amené les assemblées législatives, les tribunaux et la société à reconnaître leur situation et à tenter de trouver des solutions.
Cela n'a pas été le cas pour Mme Murad et son peuple. Leur a-t-on rendu justice? Pas du tout. Il en est ainsi parce que les gens qui se trouvent dans une position privilégiée ici à la Chambre, au sein des prestigieuses institutions d'Hollywood, dans les salles de presse, dans les couloirs des universités occidentales et dans les rassemblements de groupes d'intellectuels de l'élite ont trouvé plus facile de remettre un prix à Nadia pour son courage et de lier cette femme et son peuple au mouvement #MoiAussi que de prendre des mesures en vue de rétablir la justice, ce qui est inacceptable.
Le viol et la violence sexuelle en temps de guerre sont des armes dont on reconnaît rarement l'existence, et on prend encore plus rarement des mesures pour y mettre fin. Je demande à tous ceux qui croient que le mouvement #MoiAussi a en quelque sorte provoqué un changement au pays en vue d'atteindre une société plus équitable entre les sexes, où il y a moins de violence sexuelle et où les femmes ont de plus en plus de pouvoir, pourquoi le Canada ne fait-il pas tout ce qu'il peut pour traduire en justice les personnes complices de l'utilisation du viol comme arme contre Nadia et son peuple? Pour traduire ces personnes en justice, le Canada doit d'abord mener la charge en condamnant le viol comme étant l'arme la plus puissante connue de l'humanité.
Récemment, le magazine Time a publié une histoire au sujet d'une docteure traitant des survivantes de viol dans une zone de guerre. Elle a recousu des déchirures et retiré des corps étrangers. Elle a réparé des tissus brûlés par la chaleur d'une balle que l'on a tirée à l'intérieur d'un vagin, qui, par un quelconque miracle ou une quelconque malédiction, n'a pas causé la mort, mais a handicapé la victime à vie. Son travail est essentiel. Des femmes avec des fistules — des déchirures entre le vagin, l'anus, la vessie et l'intestin causées par le viol — n'arrivent plus à retenir leur urine ou leurs selles. Peu importe à quelle fréquence ces femmes se lavent, elles sentent mauvais. Elles sont rejetées par leur communauté et ne sont pas les bienvenues à l'église. À l'instar d'une bombe sale, le viol comme arme de guerre est beaucoup plus puissant que les dommages immédiats qu'il cause.
Le recours au viol comme arme de guerre favorise la propagation des maladies vénériennes. Il rend les femmes stériles. Il sonne le glas de l'enfance. Le viol comme arme de guerre entraîne la stigmatisation des enfants, qui subissent le rejet de leur mère, de leur communauté, et qui ne peuvent jamais oublier la manière dont ils sont venus au monde ni l'identité de leur géniteur. Le viol comme arme de guerre fait en sorte que des femmes sont mises au ban de leurs communautés, qui les soupçonnent de ne pas avoir résisté plus fermement à leur agresseur, d'avoir en quelque sorte cherché à se faire violer, ou, pire, d'en avoir retiré du plaisir. Le viol comme arme de guerre rompt les liens entre les femmes et leur groupe confessionnel. Il empoisonne les mariages, car bien des maris se montrent incapables de supporter le fait que leur femme ait eu un enfant avec un autre homme, et la considère désormais comme impure. Ces femmes prétendument impures ont pourtant subi un traumatisme et ne sont plus capables d'avoir une relation sexuelle sans le revivre. Le viol comme arme de guerre est souvent mortel, et lorsqu'il ne l'est pas, bon nombre de ses nombreuses victimes auraient souhaité qu'il le soit. Il provoque des suicides. Le viol comme arme de guerre constitue un moyen de perpétrer un génocide.
Dans la revue de droit de l'Université Berkeley, Sherrie Russell-Brown résume le concept de viol en tant qu'outil de génocide de la manière suivante:
[Le viol génocidaire] ne surviens pas lors d'une perte de contrôle; il est commis sciemment. Ce type de viol vise à tuer, à massacrer, à amener les victimes à souhaiter leur propre mort [...] C'est un viol commis pour être vu, entendu et raconté; un viol qui se veut un spectacle. C'est un viol conçu pour diviser une communauté, détruire une société, réduire un peuple à néant.
Voilà le genre de viol que Nadia et son peuple ont subi. Pourtant, certains individus complices de l'utilisation de cette arme vivent librement au Canada comme si rien ne s'était passé. Face à cette situation, où est passée l'indignation des militants du mouvement #MoiAussi et du leader canadien qui se prétend féministe? Pour mettre fin à l'utilisation du viol comme arme de guerre, le Canada doit d'abord reconnaître cette réalité pour ce qu'elle est. Il serait possible de détruire cette arme en traduisant sans délai en justice les individus qui s'en servent ou qui sont complices de son utilisation.
Le Dr Denis Mukwege, colauréat du prix Nobel de la paix avec Nadia Murad, déclare que l'adoption et la mise en oeuvre de lois qui tiennent les auteurs de ces atrocités responsables de leurs actes est l'un des moyens les plus importants pour désarmer ceux qui envisagent de recourir à cette arme.
Voici une déclaration de la fondation du Dr Mukwege:
La loi constitue un outil efficace pour mettre fin au viol comme arme de guerre et le prévenir. Si des lois sont adoptées et mises en oeuvre, davantage de survivants pourront demander justice et un plus grand nombre d'auteurs de viols comme arme de guerre seront tenus responsables de leurs actes.
L'application de la loi peut les dissuader de recourir à cette pratique et contribuer à mettre un terme à l'impunité qui, autrement, alimente ces crimes. Si ceux qui utilisent le viol comme arme de guerre craignent des sanctions, il seront plus enclins à cesser cette pratique.
L'existence de structures judiciaires et légales donne également aux victimes la confiance nécessaire pour exiger le respect de leurs droits et fait en sorte qu'elles se sentent moins lésées.
Pourtant, au Canada, le gouvernement a fait bien peu pour reconnaître cette réalité, et encore moins pour s'y attaquer. Les victimes sont trahies chaque fois qu'un député intervient dans cette enceinte pour minimiser l'importance de prioriser la justice ou, pire encore, pour déclarer que la réinsertion sociale ou les sentiments d'un terroriste du groupe armé État islamique passent avant la nécessité de faire cesser le recours au viol comme arme de guerre. Soyons clairs, tous ceux qui agissent comme des terroristes du groupe État islamique sont complices de ceux qui utilisent cette arme.
Dans son livre, Nadia déclare sans ambages — et à juste titre — que tous ceux, notamment les Canadiens, qui choisissent de rejoindre les rangs du groupe armé État islamique sont complices du viol génocidaire dont elle et son peuple sont victimes. Elle affirme « Je rêve de traduire un jour en justice tous les combattants de l'État islamique, pas seulement les responsables [...] mais tous les gardes et propriétaires d'esclaves. »
Ali Shamo Aldakhi, un jeune survivant yézidi, a dit ceci: « Quand je vois d'autres pays du monde libre prendre les rênes et défendre l'humanité, cela veut dire que justice sera rendue, ce qui aura l'effet d'un baume sur les blessures des survivants. »
Le Canada peut faire beaucoup plus. Aujourd'hui, les conservateurs ont publié une déclaration demandant au gouvernement de prendre plusieurs mesures précises pour faire en sorte que justice soit rendue immédiatement aux survivants du groupe armé État islamique. Bon nombre de mes collègues vont en parler. Cependant, je me concentrerai sur une mesure en particulier.
Au Canada et dans les tribunaux internationaux, les processus pour traduire en justice les auteurs de crimes atroces sont lents et rarement efficaces. Ils laissent tomber les victimes et les empêchent de rentrer chez elles. Le Canada devrait donner l'exemple en adoptant des réformes pour que justice soit rendue promptement, ici et à l'étranger. Nous ne pouvons pas prétendre défendre les droits de la personne sans exiger des changements aux processus qui permettent à ceux qui ont recours au viol comme arme de guerre de rester impunis.
Il n'est pas question d'un seul homme ou leader méchant. En effet, les acteurs étatiques ne sont plus les dirigeants des conflits et les personnes qui choisissent librement, comme l'a dit Nadia, de participer, de se battre, de fermer les yeux sur l'esclavage sexuel méritent une chose, d'abord et avant tout: faire face à la justice. Nous ne pouvons pas rester les bras croisés et regarder ces femmes dans les yeux sans rien faire. Nous devons leur promettre, du fond de notre coeur d'être humain, de faire régner la justice. C'est ce que nous devons tous faire. Depuis trois ans, le gouvernement refuse de reconnaître qu'il lui incombe d'agir dans ce sens.
S'il faut modifier les lois, alors faisons-le. S'il faut changer les processus, alors faisons-le. Si c'est la communauté internationale qui doit changer, alors qu'elle change. Nous ne pouvons pas nous reposer sur nos lauriers.
Le Canada doit appuyer les initiatives qui prévoient des mesures concrètes pour rendre justice aux femmes dont le corps violé a servi d’arme de guerre. Le Canada doit reconnaître que Nadia et Ali ont dit la vérité et que toute personne qui a pris les armes au sein du groupe État islamique est aussi coupable que les leaders de ce groupe et doit faire face à la justice.
Si l’on veut que les termes de « plus jamais » ne soient pas des mots creux que l’on jette dans la conversation lorsque cela nous arrange, nous devons agir. Si nous voulons mettre fin au viol comme outil de génocide, nous ne pouvons pas permettre à ceux qui ont suivi le groupe État islamique dans sa folie génocidaire de se balader impunément comme si de rien n’était. Si nous voulons mériter le nom de féministes, le mouvement #MoiAussi doit rendre justice à tous les yézidis, à tous les hommes et à toutes les femmes, à toutes les villes et à tous les villages, à toutes les communautés religieuses ainsi qu'à toutes les familles qui ont été détruites par le viol utilisé comme arme de guerre.
Pour Nadia et son peuple, la justice ne sera rendue que lorsque ceux qui se servent du viol comme arme de guerre subiront des conséquences plus lourdes que ceux qui en ont été les victimes. Il nous incombe de faire en sorte que cela arrive.
:
Madame la Présidente, avant de commencer, je souhaite souligner qu'aujourd'hui marque le quatrième anniversaire de l'attaque sur la Colline du Parlement et du décès du caporal Nathan Cirillo. Aujourd'hui, nous rendons hommage au caporal Cirillo et à l'adjudant Patrice Vincent qui ont servi leur pays avec dévouement et honneur. Nos pensées et nos prières accompagnent leur famille et leurs amis.
[Français]
J'apprécie cette occasion de participer au débat sur la motion présentée par l'honorable député de Nous pouvons tous appuyer les sentiments exprimés par Nadia Murad, militante yézidie pour les droits de la personne et récipiendaire du prix Nobel de la paix.
[Traduction]
Les mots percutants de Nadia Murad nous rappellent les atrocités commises par Daech sur la population qu'il retenait captive. Ils nous rappellent la cruauté et la brutalité imposées par les adeptes dépravés et violents du groupe. Ils nous rappellent les souffrances atroces qu'a endurées la minorité yézidie en particulier, surtout les femmes et les filles. Ils nous rappellent à quel point il est important de tout faire en notre pouvoir pour traduire les responsables en justice et pour éviter que des groupes comme Daech voient le jour.
Au sommet du « califat » autoproclamé de Daech, des dizaines de milliers de personnes du monde entier s'étaient jointes au groupe. Ces personnes venaient de pays voisins du Moyens-Orient, mais aussi de l'Europe, de l'Australie, des États-Unis et du Canada. Tous ces pays, y compris le Canada, composent avec la réalité que certaines de ces personnes peuvent éventuellement revenir au pays.
Lorsque nous sommes arrivés au pouvoir, environ 60 voyageurs terroristes canadiens étaient revenus au pays. Au cours des trois dernières années, ce chiffre, qui comprend des gens qui se sont joints à Daech et à d'autres groupes terroristes ailleurs, est demeuré relativement stable. Cependant, depuis que la coalition mondiale contre Daech — dont le Canada est un fier membre — a contribué à faire tomber le groupe de façon décisive l'année dernière, nous sommes conscients, de même que nos alliés, qu'il est possible que certains de ces voyageurs terroristes soient en mouvement.
Selon le « Rapport public de 2017 sur la menace terroriste pour le Canada », environ 190 Canadiens se sont rendus à l'étranger pour combattre au sein de groupes terroristes et y sont toujours. Environ la moitié d'entre eux se trouvent en Syrie, en Irak et en Turquie. Certains, peut-être un grand nombre, sont morts. Parmi ceux qui ont survécu, certains sont en détention, et d'autres se cachent. Il est possible qu'ils ne veuillent pas partir ou que ce soit impossible pour eux de le faire. Un certain nombre d'entre eux pourraient tenter de se rendre en Afrique, en Asie ou en Europe et, possiblement, de rentrer au Canada. Nous sommes chanceux, car pour nous, il n'est question que d'un nombre relativement peu élevé, comparativement à beaucoup de nos alliés. Cependant, ne nous berçons pas d'illusions. Ces gens ont fait partie d'une organisation qui a commis des actes horribles. Bon nombre d'entre eux risquent d'avoir bien du sang sur les mains et de présenter une grave menace pour la sécurité.
La bonne nouvelle, c'est que le personnel des organismes canadiens de sécurité, de renseignement et d'application de la loi est bien formé et préparé pour répondre à cette menace et assurer notre sécurité. Les Canadiens peuvent avoir l'assurance que les organismes canadiens de sécurité et de renseignement suivent ces individus de près et évaluent en temps réel la menace que chacun d'eux représente. Lorsque ces organismes apprennent qu'un de ces individus prévoit revenir au pays, une approche pangouvernementale coordonnée est lancée. De cette façon, des mesures pour atténuer le risque peuvent être mises en place avant même l'arrivée de l'individu au Canada.
La meilleure façon d'agir, c'est, si possible, d'arrêter et de poursuivre les terroristes. Le fait de quitter ou de tenter de quitter le Canada pour commettre un acte terroriste constitue une infraction criminelle. Les organismes canadiens d'application de la loi mènent des enquêtes et portent des accusations criminelles lorsqu'ils disposent de preuves suffisantes à cet effet. Au cours des deux dernières années, la GRC a pu déposer des accusations pour des infractions liées au terrorisme contre quatre personnes à leur retour au pays. Deux ont été condamnées, tandis que le cas des deux autres se trouve actuellement devant les tribunaux.
Aucune accusation de ce genre n'a été déposée sous le gouvernement précédent. En fait, avant la dernière année, toutes les accusations liées au terrorisme au Canada avaient été portées par contumace ou contre des personnes dont les activités terroristes avaient été menées en territoire canadien. Évidemment, il est très difficile de recueillir des preuves solides liées à des actes commis dans une zone de guerre située à l'autre bout du monde.
Tandis que la GRC et ses partenaires du milieu de l'application de la loi s'emploient à recueillir les preuves, il est donc nécessaire d'avoir recours à d'autres outils de lutte contre le terrorisme, dont: les enquêtes, la surveillance, la collecte de renseignements et l'échange d'information licite, la liste d'interdiction de vol, la révocation de passeports, les mesures de réduction de la menace autorisées par la loi et les engagements de ne pas troubler l'ordre public se rapportant au terrorisme. Ensemble, ces mesures aident à protéger les Canadiens, alors que les services de police et les procureurs font tout ce qu'ils peuvent pour recueillir des preuves et pour traduire en justice les terroristes.
[Français]
En même temps, il est important de noter que les voyageurs terroristes ne sont qu'une des menaces sérieuses auxquelles fait face le Canada. En général, notre pays est paisible et sécuritaire, mais nous ne pouvons être complaisants face à la menace du terrorisme d'origine intérieure.
Malheureusement, nous avons vu des attentats commis en sol canadien par des personnes radicalisées chez nous. Certains ont été inspirés par les idéologies des groupes comme Daech et Al-Qaïda; d'autres, par ceux qui prônent la suprématie de la race blanche. Bien sûr, je parle entre autres de la fusillade à la mosquée de Sainte-Foy et des attentats à Edmonton, à Saint-Jean-sur-Richelieu et ici même, au Parlement.
[Traduction]
Le SCRS, la GRC, l'Agence des services frontaliers du Canada et tous les autres organismes de sécurité, du renseignement et d'application de la loi travaillent sans relâche pour en savoir le plus possible à propos de chaque menace à notre sécurité. Régulièrement, ils évaluent et réévaluent avec expertise toutes les données disponibles pour s'assurer que nous demeurons à jour à mesure que les menacent évoluent. Nos organismes de sécurité et du renseignement travaillent aussi en étroite coopération avec nos alliés. Ces alliés comprennent l'OTAN, nos partenaires du Groupe des cinq et du G7, l'Union européenne, Interpol et d'autres. Cette coopération est cruciale, compte tenu de la nature mondiale des menaces terroristes d'aujourd'hui.
Le gouvernement du Canada s'efforce constamment de renforcer sa capacité de gérer les menaces terroristes. Par exemple, le Plan fédéral d’intervention en cas d’acte terroriste facilite une intervention coordonnée et intégrée en cas d'incident ou de menace terroriste.
En outre, par l'entremise du projet de loi , le gouvernement est en voie de moderniser et d'améliorer les lois du Canada en matière de sécurité et du renseignement. Parmi de nombreuses autres mesures, ce projet de loi ferait en sorte que le SCRS dispose des outils et des pouvoirs voulus pour enquêter sur les menaces, y compris les voyageurs extrémistes. Par exemple, dans le cadre de paramètres juridiques bien définis, et sous réserve d'une surveillance renforcée, le projet de loi C-59 conférerait au SCRS la capacité d'analyser des ensembles de données liées aux déplacements afin d'enquêter sur les déplacements et les comportements des voyageurs extrémistes. Il s'agit d'un outil important dont nos professionnels de la sécurité pourraient se servir à l'intérieur du cadre juridique et constitutionnel clair créé par le projet de loi C-59 afin de protéger les Canadiens et les intérêts des Canadiens partout dans le monde.
Le Plan fédéral d’intervention en cas d’acte terroriste du Canada reconnaît que la réaction aux menaces et aux événements requiert une collaboration étroite avec de nombreux intervenants, et il en est de même pour nos efforts de prévention. C'est dans cet esprit que nous avons inauguré, l'an dernier, le Centre canadien d'engagement communautaire et de prévention de la violence. Le centre coordonne, favorise et aide à financer des études et des programmes novateurs en matière de lutte contre toutes les formes de radicalisation menant à la violence et appuie les organismes locaux qui constituent la première ligne des efforts de prévention précoce. Cette approche est guidée par le fait que l'intervention précoce pour prévenir la radicalisation menant à la violence peut fonctionner et fonctionne bel et bien.
Le Fonds pour la résilience communautaire fait aussi partie intégrante de nos efforts de prévention. Il offre de l'aide financière aux organismes qui entreprennent des programmes et des recherches pour lutter contre la radicalisation menant à la violence au Canada. Il sert aussi à mettre en commun les pratiques exemplaires d'ici et d'ailleurs dans le monde et à les faire connaître aux intervenants de première ligne partout au pays.
Jusqu'à maintenant, plus de 16 millions de dollars ont été investis pour financer divers projets d'intervention et de recherche. À compter du prochain exercice, le Fonds disposera de 7 millions de dollars par année pour financer les nouveaux projets et ceux déjà en cours.
Voilà autant de mesures pondérées et réfléchies qui nous permettent de combattre et de prévenir concrètement le terrorisme. Le gouvernement est vigilant sans être alarmiste. Nous sommes confiants, mais jamais complaisants. Or, une partie de la motion de l'opposition dont nous débattons aujourd'hui pourrait être interprétée comme une façon de détourner un sujet grave pour marquer des points politiques au lieu de s'attaquer aux problèmes bien réels auxquels nous sommes confrontés.
Nous devrions pouvoir diverger d'opinion sans tomber dans l'hyperbole et les grandes envolées. J'ai été profondément choquée par les coupes dans les organismes de sécurité nationale que le gouvernement Harper a faites dans son dernier mandat: 530 millions de dollars pour la GRC, 390 millions pour l'Agence des services frontaliers du Canada, 69 millions pour le SCRS, 49 millions pour le Centre de la sécurité des télécommunications et 171 millions pour l'Administration canadienne de la sûreté du transport aérien, pour un total dépassant le milliard de dollars.
J'ai aussi été indignée par l'indifférence affichée du gouvernement Harper pour la prévention et la lutte contre la radicalisation. Selon l'ex-analyste du SCRS Phil Gurski, « [p]our ce qui est de contrer l'extrémisme violent ou d'en détecter rapidement les manifestations, le gouvernement précédent a fait un travail pitoyable ».
Je m'insurge également de voir les conservateurs refuser encore et encore de renforcer les mécanismes de reddition de comptes auxquels doivent se soumettre les responsables de la sécurité nationale, comme le Comité des parlementaires sur la sécurité nationale et le renseignement, que nous avons créé l'an dernier, ou la mesure législative qui est présentement à l'autre endroit. La reddition de comptes permet de protéger les droits et libertés, mais elle permet aussi aux organismes concernés d'assurer efficacement notre sécurité.
Je désapprouve la façon dont les conservateurs de Harper ont rédigé un projet de loi sur la sécurité nationale contenant des dispositions tellement vagues que nos agences de sécurité ne peuvent pratiquement pas les appliquer. Nous sommes en train de corriger cette erreur avec le projet de loi , qui va fournir à nos agences les précisions juridiques dont elles ont besoin pour effectuer leur travail.
J'étais en profond désaccord avec l'élimination, par les conservateurs, du programme de soins de santé pour les demandeurs d'asile. Grâce à ce programme, que nous avons remis en place, les femmes et les jeunes filles yézidies peuvent recevoir au Canada du counseling et des soins de santé mentale — de même que des soins de santé en général —, pour les aider à surmonter les traumatismes inconcevables qu'elles ont subis dans les griffes de Daech.
Qu'à cela ne tienne, je n'accuserais jamais les conservateurs de faire preuve de laxisme en matière de terrorisme. Aucun député ne devrait s'abaisser à lancer une pareille attaque dans cette enceinte. Dans la lutte contre le terrorisme, certes nous divergeons sans doute à propos de la méthodologie à suivre, mais sommes tous dans le même camp.
Dans cette optique, nous comptons joindre notre voix à celle de l'opposition pour appuyer la motion d'aujourd'hui. Nous ne souscrivons pas à chaque mot, notamment en ce qui concerne les parties rédigées par les conservateurs, mais nous approuvons sans réserve chaque syllabe de la citation de Nadia Murad. Nous sommes tous attristés par les sévices qu'a endurés Nadia et de nombreuses autres personnes comme elle. Nous souhaitons tous que les responsables soient traduits en justice, et que les filles et les garçons au Canada, en Syrie et partout ailleurs puissent évoluer dans un monde marqué par l'amour et la paix.
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Madame la Présidente, aujourd'hui, dans le contexte de ce débat, nous soulignons le quatrième anniversaire de cet horrible attentat qui a eu lieu ici, sur la Colline parlementaire. On a perdu le caporal Nathan Cirillo. Or, il y a deux jours, c'était aussi l'anniversaire de cette attaque qui nous a enlevé l'adjudant Patrice Vincent à Saint-Jean-sur-Richelieu, qui n'est pas très loin de ma circonscription. Je pense que c'est tout à fait approprié, compte tenu du débat que nous avons aujourd'hui sur cet enjeu complexe et difficile et qui, trop souvent, enlève des vies, soit le terrorisme, et les gestes que le Canada doit poser pour assurer la sécurité publique. Nous nous souviendrons de ces deux hommes qui ont servi leur pays et qui ont perdu la vie dans d'horribles circonstances il n'y a pas si longtemps.
J'aimerais aussi profiter de l'occasion pour rappeler à la Chambre que les néo-démocrates étaient fiers d'appuyer, il y a maintenant un peu plus d'un an, la motion des conservateurs qui reconnaissait que les crimes horribles et haineux commis par le groupe État islamique constituent un génocide. Il n'y a aucun doute, quand on voit les minorités, les femmes, la communauté LGBT et toutes les personnes qui sont victimes de cette horrible violence, que nous devons reconnaître sa nature réelle. Nous appuyions la motion des conservateurs.
Nous reconnaissons aussi que tous les partis partagent le même objectif. Peu importe ce que nous pouvons dire, peu importe nos différentes opinions au sujet des outils qui devraient être utilisés ou des méthodes qui devraient être déployées, l'objectif est de mettre les criminels, les terroristes, derrière les barreaux.
La question qui est devant nous aujourd'hui est comment y arriver d'une façon appropriée dans une société démocratique basée sur le droit. Il y a des défis qui se posent et je vais y revenir dans quelques instants au fil de mon discours. Il est clair que le fait que nous reconnaissons ces défis et que nous n'avons pas de réponses faciles pour les régler ne veut surtout pas dire que nous sommes mous sur la question ou que nous voulons voir la sécurité publique être menacée par des individus potentiellement présents dans nos communautés ici au Canada.
[Traduction]
Je pense qu'il est utile de s'attarder aux deux principales parties de la motion. Cependant, avant d'aller plus loin, je m'en voudrais de ne pas féliciter Nadia Murad, qui a reçu le prix Nobel de la paix pour le travail extraordinaire qu'elle a accompli afin d'attirer l'attention sur cet enjeu.
Je suis d'accord avec la députée de sur une chose, même si nos opinions divergent sur d'autres points: il est troublant de constater le silence assourdissant qui suit parfois ce type de militantisme, ces initiatives menées par des personnes comme Nadia Murad. En tant que parlementaires et en tant que pays, nous voulons toujours faire mieux.
À ce sujet, il est également important de reconnaître que nous ne pouvons même pas imaginer la force et le courage nécessaires pour passer au travers des terribles épreuves et des horreurs dont Nadia Murad a été témoin. Cependant, il faut encore plus de courage pour accepter de revivre ces horreurs, pour devenir une militante et pour faire partie du processus politique cherchant à obtenir justice et à changer la façon de gérer ces questions difficiles dans différents pays.
Cela étant dit, je parlerai des deux parties de la motion. Je commencerai par la partie a), qui porte précisément sur le terrorisme et la réadaptation.
Il faut se pencher sur la lutte contre la radicalisation. De nombreux experts dans les domaines de la sécurité nationale et d'autres domaines connexes l'ont dit clairement: l'un des grands défis auxquels nous sommes confrontés à l'ère des médias sociaux, par exemple, où des gens, souffrant souvent de problèmes mentaux, sont facilement manipulés par l'intermédiaire des médias sociaux ou d'autres moyens utilisés par des individus liés au groupe État islamique ou d'autres groupes, consiste à mettre sur pied une stratégie globale et en bonne et due forme de lutte contre la radicalisation. L'enjeu ne concerne pas uniquement le groupe État islamique; c'est la même chose pour les tenants de la suprématie blanche ou d'autres extrémistes qui prônent la violence.
Une telle approche est essentielle pour lutter contre la radicalisation qui mène à la violence. C'est un volet essentiel pour assurer la sécurité publique dans ces domaines.
Ce sont les arguments que les néo-démocrates ont fait valoir lors de la législature précédente, à l'occasion du débat sur le projet de loi . Nous avions déclaré au gouvernement de l'époque que, même s'il s'agissait d'assurer la sécurité publique, plutôt que d'adopter un nouveau projet de loi draconien qui ne règle pas le problème et qui n'assure pas la sécurité des collectivités, pourquoi ne pas dégager des ressources supplémentaires pour la police, par exemple?
En 2012, le Fonds de recrutement de policiers a été supprimé. Il donnait aux provinces et aux municipalités les ressources nécessaires pour embaucher des agents de police et, dans certains cas, mettre sur pied des unités spéciales pour lutter, par exemple, contre le crime organisé et les gangs de rue. Il offrait le genre de ressources permettant à la police d'accomplir leur mission et de compléter les efforts déployés par la GRC dans la lutte contre le terrorisme et les autres formes d'extrémisme qui sévissent malheureusement au Canada et dans d'autres pays aujourd'hui. Nous avions soulevé cette question.
Nous avons également soulevé la question de la radicalisation et de la prévention. Je sais que le mot « prévention » a un sens, mais que parfois des gens cherchent à lui en donner un autre à grand renfort de discours. La prévention, ce n'est pas traiter avec ménagement des personnes qui commettront peut-être d'horribles crimes. C'est assurer la sécurité des Canadiens et éviter que des crimes et des attaques terroristes soient commis au départ. Après tout, nous avons beau déployer toutes les ressources et tous les outils législatifs après coup, si le mal est fait, nous avons déjà échoué. Comment pouvons-nous éviter d'en arriver là dans la mesure du possible? La lutte contre la radicalisation est une façon d'y arriver.
[Français]
Il y a certainement des défis qui se rattachent à cela. Par exemple, à Montréal, le Centre de prévention de la radicalisation menant à la violence est dépourvu de financement. Je n'entrerai pas dans le détail, puisqu'il y a également une question de gestion interne liée aux programmes offerts par le gouvernement du Québec. Cependant, la mairesse de Montréal, Valérie Plante, a soulevé un point important dans ce débat. Elle a dit que l'administration montréalaise hésitait à offrir un financement continu à ce centre parce qu'il servait une population beaucoup plus large que celle de la grande région de Montréal. Après tout, c'est le seul centre en Amérique du Nord ayant pour mission de contrer la radicalisation menant à la violence.
Dans le cadre d'une étude du Comité permanent de la sécurité publique et nationale, nous nous sommes réunis avec les gens du Centre de prévention de la radicalisation menant à la violence. Ils nous ont dit qu'ils recevaient des appels de partout au Canada et même de la côte Est américaine. À New York, par exemple, des parents et des membres d'une communauté vulnérable appelaient le Centre pour obtenir de l'aide. Cela démontre qu'il y a un besoin criant non seulement au Canada, mais aussi aux États-Unis et ailleurs dans le monde. En Europe, certaines stratégies ont été déployées pour remédier à ce problème, mais ici, en Amérique du Nord et au Canada, il y a un manque flagrant.
Je ne peux qu'accueillir favorablement le financement octroyé par le gouvernement fédéral à cet égard, mais évidemment, ce n'est pas assez. Si c'était le cas, il y aurait plus qu'un seul centre. Si je comprends bien, on ne finance que des projets individuels. Or on a besoin d'un effort chapeauté et généralisé.
N'oublions pas non plus l'importance de donner une formation additionnelle à nos corps policiers et surtout à la GRC pour appuyer leur travail auprès des communautés vulnérables à toutes sortes d'extrémisme, que ce soit de la part du groupe État islamique ou de l'extrême droite. Celle-ci est d'ailleurs une menace croissante, selon un reportage publié il y a quelques semaines dans le Toronto Star. J'encourage tous mes collègues à le lire.
Tout cela démontre qu'il faut non seulement en faire plus, mais aussi penser aux types de stratégies qui sont déployées. Il s'agit d'une question essentielle afin d'assurer la sécurité publique. Lorsqu'on parle de crime et de terrorisme, certaines personnes et certains partis politiques pourraient penser que le mot « prévention » signifie traiter délicatement les personnes qui sont en voie de commettre les crimes les plus horribles de l'histoire de l'humanité. Soyons clairs: la prévention, c'est assurer la sécurité publique et éviter la perte d'autres vies comme celles de l'adjudant Patrice Vincent et du caporal Nathan Cirillo, que nous avons perdus il y a quatre ans.
[Traduction]
Évidemment, il y a aussi le fait que les autorités ne sont pas en mesure de transformer les renseignements recueillis en éléments de preuve, je parle plus précisément de la partie b) de la motion qui porte sur la manière de traduire en justice ces militants, en particulier ceux qui reviennent au Canada. Nous sommes confrontés à un grand problème et nous ne sommes pas les seuls.
Différentes raisons expliquent pourquoi les autorités ne sont pas en mesure de transformer les renseignements recueillis en éléments de preuve. Les pouvoirs supplémentaires accordés au SCRS en sont une. Le SCRS conserve les pouvoirs de réduction des menaces qui lui ont été accordés dans le projet de loi , malgré les amendements que j'ai présentés au comité de la sécurité publique dans le cadre des débats sur le projet de loi , qui constitue essentiellement une tentative ratée des libéraux de corriger bon nombre des questions en suspens. Le gros problème est que ces pouvoirs de réduction des menaces sont, en un mot — et je suis sûr que certains avocats frémiront en m'entendant parce que je n'utilise probablement pas la bonne terminologie — extraconstitutionnels. Le SCRC s'adresse à des juges pour obtenir l'autorisation judiciaire d'utiliser ses pouvoirs de réduction des menaces d'une manière pouvant contrevenir à la Charte.
Dans le projet de loi , nous avons constaté que ces pouvoirs existent encore mais qu'ils sont devenus, comme j'aime le dire, moins inconstitutionnels qu'aux termes du projet de loi . Cependant, le principal enjeu dans le débat d'aujourd'hui concerne les renseignements recueillis par le SCRS grâce à ces pouvoirs, parce que, en pratique, à titre d'organisme d'application de la loi, la GRC s'emploie, en collaboration avec les procureurs de la Couronne, à traduire devant la justice les combattants terroristes qui rentrent au Canada, et à ce qu'ils soient incarcérés. Or, comme la GRC ne peut pas utiliser les renseignements dont dispose le SCRS, elle doit se débrouiller toute seule. Elle ne peut simplement faire une sélection des renseignements obtenus par le SCRS aux termes d'un régime d'autorisation judiciaire complètement différent. Elle doit d'abord et avant tout respecter les termes de la Loi sur la preuve au Canada et bien sûr la Constitution, qui s'applique à l'échelle nationale.
L'autre enjeu qui nous intéresse ici n'est pas lié aux pouvoirs utilisés par le SCRS et la GRC dans leurs activités respectives, mais plutôt à l'utilisation, lors de procès équitables et dans le respect de la Constitution, des renseignements concernant les conflits internationaux et leurs conséquences. J'attire l'attention sur le terme « procès équitable » parce que je suis persuadé que bon nombre de Canadiens qui nous écoutent et certains députés des autres partis se demandent peut-être pourquoi on recherche l'équité alors qu'il s'agit d'individus qui ont perpétré certains des crimes les plus horribles que l'humanité ait jamais vus. Ils ont commis un génocide. En fait, le respect de l'équité est garant de la sécurité publique parce qu'il assure l'irréprochabilité des procédures judiciaires. Par conséquent, l'équité est un incontournable si on souhaite vraiment poursuivre adéquatement et condamner ces individus dans les cas où, espérons-le, il est évident que cela s'impose, notamment parce que les preuves le justifient. À défaut d'un procès équitable, les procédures seront invalidées et nous serons de retour à la case départ.
Cela comporte différents éléments. L'un d'eux a déjà été soulevé. Ici, mes collègues peuvent se reporter aux extraordinaires balados de Craig Forcese et Stephanie Carvin, intitulés « Intrepid », dans le cadre desquels on a diffusé un entretien avec Solomon Friedman, un avocat criminaliste. Comme le mentionne ce dernier dans cet entretien, les individus en question ne sont pas toujours très populaires quand on pense aux victimes de crimes horribles. Il a cependant soulevé un point important. Si on prend les excellents reportages de Stewart Bell, par exemple, sur ce qui arrive aux combattants qui sont détenus dans des prisons kurdes, on constate que les conditions y sont abominables et que la GRC ne peut pas simplement entrer dans des lieux où on a peut-être recours à des pratiques répréhensibles — la torture ou autre chose — ou où les conditions sont grandement inférieures aux normes auxquelles s'attendent les Canadiens pour les délinquants emprisonnés dans les établissements correctionnels de notre pays. Le grand problème est qu'il serait facile pour un juge, en se fondant sur les arguments avancés par l'avocat de la défense, de penser au centre de détention kurde et de dire qu'il y a manifestement lieu de se demander si l'information présentée au tribunal est vraie ou non parce que la confession a été obtenue sous la contrainte. Certes, il ne m'appartient pas d'en décider, mais je veux, en tant que législateur, m'assurer que nous veillons à ce que le processus soit le plus équitable possible afin de maximiser le taux de réussite pour que nous puissions vivre dans des collectivités plus sûres et respecter les objectifs de notre système en matière de sécurité publique et de justice, système qui est fondé, lui, sur la primauté du droit.
[Français]
Ce ne sont pas toujours des réponses satisfaisantes pour la population, j'en conviens.
Ultimement, il faut reconnaître que nous avons tous le même objectif. La grande question est la suivante: comment faut-il procéder pour régler ce problème? Cela pose un défi.
Un journaliste m'a posé une question à la suite d'un reportage de Global News, dans le cadre duquel le journaliste Stuart Bell a fait un excellent travail. Le journaliste m'a demandé si le gouvernement devrait entreprendre des démarches pour ramener ces personnes au Canada.
C'est une question à laquelle je n'ai pas de réponse. Bien évidemment, je ne veux pas que les diplomates, comme l'a dit le ministre, se mettent en danger pour ramener ces individus. Je ne veux pas non plus que des individus reviennent au pays et causent une menace à la sécurité publique.
Cela étant dit, nous avons aussi une responsabilité envers les personnes qui ont la citoyenneté canadienne. Si elles ont effectivement commis des crimes horribles, il faut nous assurer de les poursuivre en justice ici au Canada et de les mettre derrière les barreaux ici au Canada. C'est notre responsabilité de non seulement protéger les citoyens respectueux de la loi, mais de poursuivre en justice ceux qui ne le sont pas. Ce n'est pas toujours un concept très populaire, mais c'est au coeur des principes qu'évoque la citoyenneté canadienne.
Il n'est pas juste question des caricatures créées par les conservateurs, comme celle d'un homme dans la vingtaine, effrayant, qui va revenir et causer une menace à notre sécurité. Il y a aussi des cas extrêmement complexes comme les femmes qui ont été à l'étranger. Dans certains cas, à cause des déplacements qu'elles ont effectués et des activités qu'elles ont faites avec le groupe État islamique, elles pourraient être poursuivies en justice.
Ces cas-là sont beaucoup plus compliqués, parce que, dans certains cas, certaines ont été victimes de viol, de violence conjugale et de toutes sortes d'autres circonstances plus nébuleuses à l'étranger, des circonstances dont on ne détient pas forcément les informations. Ce sont des cas très compliqués. Les femmes sont évidemment parmi les groupes victimes du groupe État islamique. Pourquoi voudrions-nous abdiquer nos responsabilités envers des Canadiennes victimes du groupe État islamique?
Je peux comprendre que, dans certains cas, certaines seront peut-être trouvées coupables d'avoir commis certains crimes liés aux éléments du Code criminel concernant le déplacement et l'appui à un groupe terroriste. Néanmoins, il ne faut pas négliger celles qui sont victimes.
Le gouvernement a un travail à faire, il doit utiliser l'information dont il dispose pour s'assurer qu'on fait ce qu'on peut pour protéger les citoyens et les citoyennes du Canada qui sont victimes.
Cela va de soi aussi pour les enfants. Je crois que tous les Canadiens, ceux qui nous écoutent à la maison et ceux qui sont ici à la Chambre, peuvent reconnaître que c'est inacceptable que des enfants, dans certains cas en bas de 5 ans, qui ont la citoyenneté canadienne se retrouvent dans des camps, dans une zone de conflit, à l'étranger. Par le fait qu'on ne ramène pas ces femmes ici au Canada, les enfants restent aussi pris à l'étranger dans des conditions exécrables.
Je reviens à la citation de Nadia Murad qui se trouve dans cette motion. Elle parle de lavage de cerveau. Des enfants âgés d'environ 5 ans, des fois moins, des fois plus, peuvent devenir à l'étranger des enfants-soldats, comme on le voit si souvent dans les zones de guerre où on voit des génocides. Radicalisés, ils peuvent eux aussi devenir de futures menaces à la sécurité publique et on ne veut pas cela.
Protéger un enfant et en plus protéger la sécurité publique, ce sont des objectifs extrêmement louables qu'on ne peut qu'appuyer, bien que ce soit dans des zones de guerre où les situations peuvent se corser et devenir extrêmement compliquées à gérer.
[Traduction]
Pour conclure, bien que je reconnaisse certainement les préoccupations des Canadiens relativement à la sécurité publique, je tiens à préciser que, si nous ne sommes pas d'accord sur les méthodes à déployer et la façon d'améliorer les outils dont nous disposons pour traduire en justice les combattants étrangers qui reviennent ici et contrer la radicalisation, tous à la Chambre estiment que nous pouvons faire plus pour transformer les renseignements recueillis en éléments de preuve afin d'assurer la sécurité publique. Toutefois, nous ne nous rendons pas service lorsque nous le faisons d'une manière qui, parfois, ne tient pas compte du fait que toutes les personnes visées ne vivent pas la même situation. Il y a une énorme difficulté que nous ne pouvons pas ignorer quand il s'agit de femmes et d'enfants. Pour cette raison, il faut en faire plus. Nous avons hâte de collaborer avec le gouvernement à la recherche de solutions à ce problème.
[Français]
Dire que ce n'est pas l'enjeu le plus compliqué auquel nous faisons face en sécurité publique en ce moment serait naïf. Il faut donc s'y attaquer de front. Je suis très heureux de travailler avec mes collègues de tous les partis pour tenter de le régler et ultimement assurer la sécurité publique.
:
Madame la Présidente, je partagerai mon temps de parole avec mon collègue le député de .
Cette motion est importante. Je suis heureux que mes collègues l'aient présentée. Il est question des crimes contre l'humanité commis par le groupe État islamique. Nous soulignons le travail et les efforts de Nadia Murad. La motion fait même écho aux sentiments qu'elle a exprimés au sujet de ce qu'ont enduré les femmes et les filles yézidies ayant été utilisées comme esclaves sexuelles. La députée de a décrit en détail l'impact horrible des blessures que le viol utilisé comme arme a eu sur la culture et la société, et, plus particulièrement, le traumatisme avec lequel vivent ces femmes et ces filles. Nous devons agir.
C'est bien beau que le se dise féministe, mais il doit agir. Nous devons préparer un plan si nous voulons mettre fin au génocide. C'est une chose de parler de la responsabilité de protéger. C'est autre chose de qualifier de génocide des actes atroces, comme ceux commis par le groupe État islamique dans certaines régions syriennes et irakiennes. Nous devons protéger la population et tenir responsables de leurs actes les auteurs de ces atrocités et de ces crimes contre l'humanité.
Au cours des dernières années, j'ai eu le privilège de travailler avec la communauté yézidie au Canada. J'ai été choqué par les histoires que j'ai entendues à propos de femmes et de filles utilisées comme esclaves sexuelles. Elles sont venues au Canada à la recherche d'un refuge, de l'asile et de notre protection et elles sont heureuses d'être ici, même si des membres de leur famille se trouvent encore dans des camps de réfugiés dans la région dont ils ne parviennent pas à sortir. Nous devons faire plus pour les aider.
Le récit de leurs péripéties au Canada est déstabilisant. Une réfugiée yézidie à London, en Ontario, est montée dans le bus avec son kidnappeur, qui était un terroriste du groupe État islamique. Il l'avait achetée, s'en était servi et l'avait de nouveau vendue comme si elle était du bétail. Il est entré au Canada dans le cadre du pseudo-programme d'accueil des réfugiés syriens. Il a menti pour entrer au Canada. Nous ne pouvons leur permettre, à sa famille et à lui, de rester au Canada. D'abord, c'est un terroriste du groupe État islamique. Ensuite, il s'est rendu coupable de crimes atroces dans le cadre du génocide commis contre les yézidis. Enfin, il a obtenu le droit d'entrer au Canada sous de faux prétextes.
La même chose s'est produite à Winnipeg. Un terroriste du groupe État islamique, qui se promène en liberté dans les rues, a été reconnu par l'une de ses esclaves sexuelles yézidies. La dame a aussi signalé l'incident à la police. Elle n'en a pas parlé dans les médias, comme la dame de London, mais elle est tombée face à face avec son agresseur au Canada.
Il est inquiétant de savoir que ces personnes se sont glissées en douce au Canada dans le cadre du programme d'accueil des réfugiés syriens et ont menti à propos de leur identité. Ce sont sans contredit des membres du groupe État islamique. Puis, il y a les Canadiens qui sont rentrés au pays une fois que la guerre a commencé à battre de l'aile. Ils s'étaient joints au groupe État islamique et ont combattu en Irak et en Syrie. Nous savons que certains sont détenus à l'heure actuelle par les forces kurdes dans le Nord de la Syrie.
Sur les ondes de Global TV, Muhammad Ali a déclaré vouloir revenir au Canada. Son épouse a vécu quelque temps à Vancouver. Il aimerait venir au Canada avec leurs enfants, mais ils sont en détention. Il admet faire partie du groupe État islamique et avoir commis des atrocités en combattant le Canada et nos alliés dans la région. Malgré cela, nous lui offrons des services consulaires. Ces crimes ont été commis en Irak et en Syrie. Lorsque des Canadiens voyagent et commettent des crimes à l'étranger, ils font l'objet d'accusations, sont poursuivis et traduits en justice dans ces pays. C'est ce qui s'est produit la semaine dernière dans le cas d'une jeune fille qui a peint un graffiti sur un lieu historique en Thaïlande. Elle a été arrêtée pour son infraction.
Les individus qui commettent un crime dans un pays donné devraient y purger leur peine. De nombreux Canadiens sont incarcérés dans différents pays étrangers parce qu'ils y ont commis des crimes. Le Canada continue de leur offrir des services consulaires, mais il n'est pas tenu de persuader les autorités de ces pays de les renvoyer au Canada. C'est pourtant ce qu'ont tenté de faire les services consulaires canadiens en discutant avec Muhammad Ali de la façon de le rapatrier et de lui délivrer un passeport en bonne et due forme.
Les services consulaires ont aussi parlé à Jihadi Jack — Jack Letts, un citoyen britannique. Il est devenu célèbre en 2014-2015 en faisant la promotion du groupe État islamique, en se vantant d'utiliser la tête de ses victimes comme ballon de soccer et en parlant des atrocités qu'il avait commises. Jihadi Jack, dont le père est citoyen canadien, souhaite qu'on le fasse venir au Canada, même s'il n'a jamais vécu ici. Les services consulaires l'aident à présenter une demande de passeport. C'est tout à fait insensé.
Je suis fier du bilan de l'ancien gouvernement conservateur. Nous avons déployé des membres des Forces armées canadiennes pour aider nos alliés à combattre le groupe État islamique. Des militaires canadiens se sont rendus sur le théâtre des opérations. Nous avons envoyé des CF-18 canadiens bombarder des positions détenues par le groupe État islamique en Irak et même en Syrie. Nous avons déployé plus de 200 formateurs sur le terrain pour renforcer les capacités des peshmergas kurdes. Nous leur avons donné de l'équipement et de la formation pour qu'ils puissent devenir de meilleurs soldats. Les militaires canadiens ont contribué à sauver des vies et ont protégé des collectivités vulnérables.
C'est formidable que nous ayons pu le faire. Nous avons fourni des avions de surveillance, deux CP-140 Aurora. Nous ne nous sommes pas contentés de mener des opérations de ciblage et de déterminer la position des combattants du groupe État islamique sur le terrain; nous étions aussi là pour épauler nos alliés. Nous avons aussi envoyé un avion de ravitaillement Polaris pour soutenir les attaques aériennes.
Notre Force opérationnelle aérienne a fait un excellent travail. Comment les libéraux ont-ils traité la Force opérationnelle aérienne? L'une des premières choses que les libéraux ont faites, lorsqu'ils sont arrivés au pouvoir, a été de retirer les CF-18 des combats. Honte aux libéraux. Les forces peshmergas kurdes, le gouvernement régional kurde, a dit que ces avions contribuaient à sauver des vies et que ce n'était pas seulement les soldats canadiens sur le terrain qui étaient protégés, mais aussi les forces peshmergas kurdes. Nous détruisions des cibles du groupe État islamique pour l'empêcher de continuer à commettre des atrocités. Nous avons totalement éradiqué sa capacité offensive.
Le gouvernement libéral a ensuite réduit de moitié la contribution des avions canadiens de surveillance. Il a retiré l'un des aéronefs Aurora. Pour comble d'insulte, il a supprimé la prime de danger dont bénéficiait la force opérationnelle aérienne déployée au Koweït. Ainsi, certains de nos soldats sur le terrain ont vu leur rémunération être réduite de 1 500 à 1 800 $ par mois, alors même qu'ils étaient encore dans le théâtre des opérations, alors même qu'ils prenaient part à l'opération Impact, on les a traités différemment.
Les récriminations des conservateurs ayant fait mal paraître le gouvernement libéral, le a dû faire machine arrière et rétablir la prime de danger aux termes d'une nouvelle politique. Ce sont les conservateurs qui ont défendu les soldats canadiens qui se sont battus contre le groupe État islamique.
Nous avons eu beaucoup de succès tout au long du processus et notamment en déployant des troupes sur le terrain. Nous avions des tireurs d'élite dans le théâtre des opérations. Nous avions des forces d'opérations spéciales. Nous avons formé plus de 1 100 peshmergas kurdes.
Les libéraux ont modifié la mission. Voilà plus d'un an que nous n'avons plus d'information sur la mission. Une séance d'information est finalement prévue le mois prochain, mais nous aurions dû l'avoir depuis longtemps. Un gouvernement qui se dit transparent devrait nous informer plus régulièrement de la situation plutôt que d'attendre à la dernière minute, juste avant que la mission expire, en mars 2019, et qu'elle doive être renouvelée.
Prenons l'exemple d'Abu Huzaifa. Ce citoyen canadien de 23 ans, qui est présentement au Canada, est allé à l'étranger pour combattre aux côtés de l'EIIS. Que l'on sache, le gouvernement n'a rien fait pour l'arrêter. Ce type a fait partie de l'EIIS. Il l'a admis dans un balado intitulé « Caliphate » qui a été diffusé par le New York Times il y a de cela quelques mois, et il l'a répété en entrevue avec CBC. C'est su et connu.
Pourtant, le gouvernement ne fait rien pour arrêter ces gens. Les libéraux répondent généralement que les conservateurs ne les ont pas arrêtés non plus. Or, il faut se rappeler qu'à l'époque la lutte contre ce groupe armé battait son plein et que les choses ne se sont pas calmées avant la fin de 2016. C'est à ce moment que tous ces gens ont commencé à rentrer au pays. Abu Huzaifa, par exemple, est revenu seulement à l'hiver 2016.
Nous nous attendons à mieux de la part du gouvernement. Nous devons lutter activement contre le terrorisme. S'ils reviennent au pouvoir, les conservateurs vont tout faire pour assurer la sécurité des Canadiens et protéger les populations vulnérables contre les génocides.
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Madame la Présidente, c'est pour moi un honneur de parler après mon collègue de qui a soulevé un certain nombre de questions au sujet des Forces armées canadiennes. Je souhaite remercier notre collègue de de son travail soutenu avec des gens comme Nadia Murad dont les propos sont cités dans la motion de l'opposition, car les Canadiens s'inquiètent de voir un gouvernement incapable d'agir.
C'est triste d'entendre la rhétorique du , mais c'est aussi triste d'entendre une ancienne combattante distinguée comme la députée de donner à entendre que le gouvernement est impuissant et que nous politisons cette question. La protection des Canadiens est probablement la tâche la plus fondamentale d'un gouvernement fédéral.
C'est troublant de constater que les libéraux agissent comme s'ils ne peuvent rien faire dans aucun dossier. Que ce soit la justice pénale et le transfert d'une meurtrière dans un pavillon de ressourcement, le paiement des traitements du stress post-traumatique d'un meurtrier ou le recrutement de combattants étrangers du groupe État islamique pour qu'ils reviennent au Canada, les libéraux agissent comme s'ils ne peuvent rien faire. C'est ce que j'appelle une abdication de leadership. Habituellement, lorsqu'un ministère commet une erreur, les dirigeants la corrigent. Lorsque les Canadiens courent un danger, le gouvernement prend des mesures préventives. Or, les libéraux ne font rien de la sorte et cela devrait inquiéter les Canadiens. À un an des élections, la population doit savoir qu'elle a une chance d'élire un nouveau gouvernement qui prend les choses au sérieux.
Commençons par une citation sur l'EIIS et l'EIIL, et sur le danger que représentent cette organisation et ses membres:
L'EIIL menace la paix et la démocratie en faisant régner la terreur et le barbarisme. Les images sont horribles, les histoires sont épouvantables, les victimes sont nombreuses.
C'est le du Canada et député de Papineau qui a prononcé ces paroles à la Chambre, trois ou quatre mois après son arrivée au pouvoir. Il a reconnu le profond barbarisme et la menace de cette force terroriste, mais qu'a-t-il fait? Pourquoi disait-il ces mots à la Chambre? Il retirait alors le Canada des frappes aériennes visant à contrer l'avancée du groupe État islamique. Il mettait fin à sa participation, bien que la France et beaucoup d'autres alliés demandaient au Canada d'intensifier sa contribution, car nos pilotes sont les meilleurs attaquants dans ce genre de circonstances. Il se retirait tout en sachant que le groupe armé État islamique posait une sérieuse menace pour le Canada et ses alliés. Voilà qui montre à quel point le premier ministre est déconnecté de la réalité en ce qui concerne le terrorisme et la sécurité nationale.
Pire encore, le de l'époque a prétendu que les alliés étaient d'accord avec cette décision et qu'ils ne s'inquiétaient pas du fait que le Canada retirait ses chasseurs CF-18 de la mission visant à affaiblir et à détruire le groupe État islamique, pour augmenter plutôt le nombre de formateurs et de troupes sur le terrain, les membres du ROSC et de la FOI 2 que les conservateurs avaient affectés en plus des chasseurs. Le ministre de la Défense a voulu faire croire que les alliés étaient d'accord. Le hic, c'est que des documents ont circulé par la suite, montrant que le ministre de l'Irak, où nos troupes avaient été envoyées, a plaidé auprès de notre ministre pour qu'il reconsidère sa décision. Le ministre n'a toujours pas commenté la façon dont il a induit la Chambre en erreur dans cette affaire. Des documents ont révélé que, le 20 décembre 2015, après avoir assisté à un défilé, le ministre irakien de la Défense l'avait prié avec insistance de ne pas retirer les avions de chasse canadiens.
Voilà comment les libéraux ont commencé le travail dans le dossier du groupe État islamique. Nous constatons qu'ils continuent dans la même voie, si bien qu'ils recrutent presque activement des combattants étrangers de retour au Canada, même ceux avec des liens ténus.
Du point de vue de la loi, cette façon de faire est fautive à deux égards. Nous ne devrions pas rapatrier des gens qui, pour reprendre les termes du , sont allés commettre des actes de barbarie à l'étranger. Nous ne devrions pas accepter leur retour ici, tout comme le Canada ne les acceptait pas par le passé. Les gouvernements précédents ont eu recours à ce qui s'appelle la répudiation de la double citoyenneté ou des droits consulaires, ce qui signifie qu'on refuse à ces gens l'accès aux services consulaires. En effet, le gouvernement n'est pas obligé d'envoyer des gens rencontrer « Jihadi Jack », un ressortissant britannique qui aurait commis des crimes horribles, qu'il reconnaît d'ailleurs, et le Canada n'a pas à lui offrir proactivement des services consulaires.
En fait, les témoins qu'entend actuellement le comité des affaires étrangères confirment, l'un après l'autre, que les affaires consulaires sont une prérogative de la Couronne. Le gouvernement peut décider à qui il offrira un soutien consulaire. Je suis ravi de voir que mes collègues libéraux prêtent attention à mes propos. S'ils ne veulent pas me croire sur parole, je les invite à écouter ce que dit la Cour suprême du Canada à ce sujet.
Un aspect intéressant de la décision rendue dans l'affaire concernant Omar Khadr, c'est que les anciens gouvernements dirigés par M. Martin et M. Chrétien ont violé ses droits lorsqu'ils ont participé à des enquêtes. Par ailleurs, la Cour suprême du Canada a déclaré que le gouvernement Harper avait le droit de ne pas rapatrier M. Khadr.
En effet, je note avec ironie que le paragraphe 35 de la décision indique ceci: « La prérogative royale en matière d’affaires étrangères n’a pas été supplantée par l’art. 10 de la Loi [...], et continue d’être exercée par le gouvernement fédéral. » On peut lire ensuite: « [...] il revient à l’exécutif, et non aux tribunaux, de décider si et comment il exercera ses pouvoirs. »
La décision revient donc au gouvernement. Les terroristes ne bénéficient pas d'un droit d'accès aux services consulaires, et encore moins s'ils sont ressortissants d'autres pays.
Quelle est la décision du gouvernement? Comment choisit-il d'exercer son pouvoir décisionnel? Il recrute Jihadi Jack et d'autres individus épouvantables et les ramène au Canada. Pourtant, la loi ne l'y oblige absolument pas, il faut le souligner.
Qu'a fait le gouvernement précédent? Comme il a été mentionné, nous avons présenté le projet de loi , qui criminalise l'acte de se rendre à l'étranger pour participer à des camps d'entraînement terroristes ou collaborer avec des terroristes. Tous ces Canadiens auraient pu être inculpés parce qu'ils étaient détenus par les peshmergas, qui ont affirmé qu'ils les avaient trouvés en compagnie de combattants du groupe État islamique. Le gouvernement conservateur a prévu un chef d'accusation pour ce genre d'acte, qui facilitait la demande d'un engagement de ne pas troubler l'ordre public. Or, le projet de loi a affaibli les pouvoirs d'application de la loi prévus dans la mesure législative conservatrice.
L'ancien gouvernement conservateur a aussi permis aux victimes de terrorisme, comme notre amie Maureen Basnicki, d'intenter des poursuites contre des groupes terroristes étrangers. C'est ce qu'a fait le gouvernement précédent. En fait, à l'époque, Christian Leuprecht, professeur à l'Université Queen's, a dit que le projet de loi des conservateurs « prévient le problème des combattants étrangers ».
Nous avons vraiment tenté de prendre les décisions difficiles qui incombent au gouvernement. Nous ne les avons pas refilées aux autres, et nous n'avons pas laissé le soin au gouvernement subséquent de régler ces problèmes. Le gouvernement agit comme s'il était impuissant quand nous lui demandons d'intervenir dans la décision de payer les soins d'un criminel atteint de stress post-traumatique ou de transférer une meurtrière d'enfant dans un pavillon de ressourcement. Il devrait examiner l'organigramme et se rendre compte que c'est lui qui est aux commandes.
Je parlerai également du fait que l'approche actuelle du gouvernement libéral contrevient à une résolution du Conseil de sécurité des Nations unies. Fait intéressant, le gouvernement mène en ce moment une campagne mal ficelée pour obtenir un siège non permanent au Conseil de sécurité. Il devrait peut-être lire les résolutions du Conseil qu'il souhaite joindre. La résolution 2178 porte sur les combattants terroristes étrangers et établit une définition du terme.
Je tiens à souligner deux conclusions principales découlant de cette résolution du Conseil de sécurité. Voici la première:
Les vagues de réfugiés et de demandeurs d'asile provenant de zones de conflit accentuent également le risque que les combattants terroristes étrangers tentent d'utiliser le système de détermination du statut de réfugié pour échapper aux poursuites.
Le Conseil a affirmé qu'un examen vigilant doit être une obligation pour les ressortissants de certains pays. Ce sont là les propos des Nations unies. Le texte sur la résolution soulève aussi un autre aspect qui montre à quel point le gouvernement libéral est déconnecté de la réalité. On peut y lire:
Étant donné que les défis associés sont inévitablement internationaux, le Conseil a demandé aux États membres d'améliorer leur coopération internationale pour prévenir [les] déplacements [des combattants terroristes étrangers].
Le Conseil de sécurité des Nations unies demande au Canada d'empêcher les déplacements des combattants étrangers, mais le gouvernement actuel les facilite.
Lorsque viendra le temps de voter pour combler les sièges disponibles, je me demande si les membres du Conseil de sécurité envisageront d'inviter le pays qui nage dans la direction opposée, celui qui se retire de la lutte contre le groupe État islamique, celui qui va chercher les combattants étrangers plutôt que de les empêcher de voyager.
Gouverner, c'est prendre des décisions difficiles. Être au pouvoir ne se résume pas à prendre des photos et à lancer des mots-clics.