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Monsieur le Président, il y a trois ans, les Canadiens ont fait un choix. Ils ont décidé de rejeter les politiques d'austérité ratées du passé, qui ont donné lieu à un chômage persistant et à la décennie de la croissance économique la plus faible depuis les pires moments de la Grande Dépression. Ils se sont ralliés à une approche plus confiante, plus optimiste et plus ambitieuse, une approche consistant à investir de nouveau dans les Canadiens et dans ce qui leur importe le plus: de bons emplois bien rémunérés, plus d'aide pour les familles qui travaillent fort et une économie qui offre à chaque Canadien des chances réelles et égales de réussir.
Pendant les années qui ont suivi, nous avons accompli de réels progrès pour la classe moyenne et les gens qui travaillent fort pour en faire partie.
Nous avons tout d'abord demandé aux personnes les plus riches de fournir une contribution un peu plus élevée afin de pouvoir baisser les impôts de la classe moyenne. Nous avons mis en place l'Allocation canadienne pour enfants dans le but d'alléger l'important coût financier que les familles doivent assumer pour élever leurs enfants. Ces deux mesures, à elles seules, ont grandement amélioré la situation des familles canadiennes.
[Français]
L'année prochaine, une famille de quatre personnes de la classe moyenne recevra chaque année environ 2 000 $ de plus, qu'elle pourra investir dans les choses dont elle a besoin, que ce soit des aliments nutritifs ou de nouvelles bottes d'hiver pour les enfants qui grandissent. L'Allocation canadienne pour enfants fait ainsi en sorte qu'environ 300 000 enfants canadiens ne vivent plus aujourd'hui sous le seuil de la pauvreté.
Pour nous assurer qu'un plus nombre de Canadiens ont accès à un logement sûr et abordable, nous avons instauré la toute première stratégie nationale sur le logement. Ces investissements permettront de combler les besoins en logement de plus d'un demi-million de ménages, en plus de contribuer à réduire l'itinérance chronique de moitié.
Pour aider à donner aux Canadiens une plus grande confiance en leur avenir, nous avons bonifié le Régime de pensions du Canada. Les jeunes Canadiens peuvent désormais être certains qu'ils auront un revenu plus élevé quand ce sera à leur tour de prendre leur retraite.
Pour nos aînés, nous avons augmenté la prestation complémentaire au Supplément de revenu garanti, améliorant du même coup la sécurité financière de près de 200 000 aînés, et nous avons annulé la hausse de l'âge d'admissibilité au Supplément de revenu garanti et à la Sécurité de la vieillesse adoptée par les conservateurs.
Toutes ces politiques correspondent à des promesses que nous avions faites. Ce sont maintenant des promesses tenues.
[Traduction]
Nous avons réalisé ces investissements parce qu'ils étaient la bonne chose à faire pour les Canadiens, pour créer de nouveaux emplois, pour obtenir de meilleurs salaires et pour bâtir une économie plus forte.
Comme on le constate, monsieur le Président, quand on investit dans les Canadiens — quand on leur donne les outils nécessaires à la réussite —, ils s'en servent pour multiplier leurs efforts et produire des résultats économiques qui figurent parmi les meilleurs qu'on a pu observer depuis une génération.
Aujourd'hui, l'économie canadienne est forte et en croissance. L'an dernier, le Canada a affiché une croissance économique de 3 %, soit la plus forte parmi les pays du G7. De plus, il continuera de figurer parmi les économies dont la croissance est la plus rapide, cette année et l'an prochain.
Notre plan de croissance économique fonctionne parce que les Canadiens travaillent. Notre définition d'une économie forte, c'est une économie qui produit des résultats concrets pour la population. Cela veut dire des emplois, de bons emplois bien rémunérés pour la classe moyenne, des emplois qui permettent d'élever une famille et de bâtir un avenir meilleur.
[Français]
Depuis trois ans, les Canadiens qui travaillent fort ont créé plus de 550 000 nouveaux emplois à temps plein, ramenant le taux de chômage à son niveau le plus bas observé en 40 ans.
Les Canadiens gagnent également plus. Le salaire du travailleur canadien moyen augmente plus rapidement que le coût de la vie. Si les tendances actuelles se maintiennent, cette année sera marquée par la plus forte croissance des salaires en près d'une décennie. Ce sont de bons résultats à tous les points de vue. Ils démontrent que, quand on investit dans les Canadiens, les Canadiens font croître l'économie au profit de toute la population.
Nous savons qu'il y a encore beaucoup de travail à faire. Comme le dirait le , il est toujours possible de faire mieux. Toutefois, les Canadiens devraient se réjouir et être fiers du travail qu'ils ont accompli pour créer des emplois et relancer l'économie.
Tout dirigeant responsable sait qu'un bon plan doit prévoir une marge de manoeuvre suffisante pour répondre aux changements de circonstances, puisque celles-ci changent toujours. Dans le cas du Canada, il a fallu composer avec une nouvelle administration aux États-Unis. Cette situation a posé quelques défis intéressants, si je peux le dire ainsi. L'une des choses les plus importantes que nous avons accomplies depuis le dernier énoncé économique de l'automne est la renégociation de l'Accord de libre-échange nord-américain.
[Traduction]
Cette renégociation était importante pour les millions de Canadiens dont l'emploi dépend du commerce nord-américain. Elle était également importante pour les entreprises canadiennes, lesquelles nous ont très souvent expliqué que la mesure la plus utile que nous puissions prendre pour garantir la stabilité économique et la confiance dans l'économie canadienne était une renégociation réussie de l'ALENA. Voilà exactement ce que nous avons fait. Nous avons préservé l'accès à notre marché le plus important et nous avons mis fin à l'incertitude vécue par les millions de Canadiens dont l'emploi était en jeu.
Je tiens ici à prendre un instant pour remercier les Canadiens — de tous les horizons et de toutes les allégeances politiques — qui ont mis leurs différences de côté pour défendre les intérêts de notre pays. Je m'adresse aux dirigeants d'entreprises et de syndicats, aux députés de tous les partis à la Chambre, aux maires des plus grandes villes comme des plus petits villages du Canada, et aux entrepreneurs et aux artistes actifs sur la scène locale d'un bout à l'autre de notre vaste pays: au nom du et de ma collègue la , je vous remercie. Forts de votre appui, nous avons pu rester fermes.
Toutefois, le simple fait que nous avons conclu un accord commercial avec les États–Unis ne veut pas dire que nous serons toujours d'accord avec leur approche. L'administration en place a procédé à une série de baisses d'impôt massives pour les grandes sociétés. Tel est son droit, en tant que pays souverain. Néanmoins, certaines personnes sur la droite ont fait pression pour que nous prenions des mesures équivalentes. Un tel geste ajouterait des dizaines de milliards de dollars à notre dette. Il ferait plus de tort que de bien en ce qui a trait aux inégalités des revenus. Il pourrait rendre moins abordables les services dont dépendent des millions de Canadiens.
Soyons directs : pour gérer un budget fédéral, il faut faire des choix difficiles...
Des voix: Oh, oh!
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Monsieur le Président, en réalité, lorsque les députés de l'opposition réclament l'élimination du déficit en employant des mesures agressives, ils entendent par là de dures compressions dans les services, des compressions qui mèneraient à une vie plus difficile pour les gens et les familles. Ce n'est pas ce que nous voulons pour le Canada, et ce n'est pas ce que les Canadiens veulent non plus.
[Français]
Nous avons donc choisi une voie différente: une démarche ciblée, mesurée et responsable sur le plan financier; une démarche qui encourage les entreprises à investir dans la croissance et à créer de bons emplois bien rémunérés pour les Canadiens de la classe moyenne; une démarche qui indique clairement aux entreprises que si elles ont le choix d'investir d'un côté ou de l'autre de la frontière, le Canada représente le choix judicieux et raisonnable. C'est une démarche qui garantit que le ratio de la dette fédérale par rapport au produit intérieur brut poursuivra sa trajectoire continue à la baisse.
Il convient de rappeler que bilan du Canada est déjà plus solide que celui de ses principaux alliés et que notre gouvernement s'est engagé sans réserve à maintenir cet avantage compétitif dans cette situation mondiale volatile.
Je vais dire pourquoi il est important de nous assurer que nos bases sont solides. Nous avons beau prendre aujourd'hui des mesures décisives pour favoriser la croissance économique et investir dans les emplois pour la classe moyenne, nous sommes en réalité entourés de défis à relever.
[Traduction]
Ces défis peuvent être l'incertitude quant à l'économie mondiale ou des préoccupations concernant des différends commerciaux qui s'éternisent, ou encore les difficultés auxquelles le secteur pétrolier et gazier de l'Alberta est confronté, lui qui doit composer actuellement avec des prix du pétrole brut très faibles par rapport aux prix de référence internationaux. Voilà pourquoi nous joignons le geste à la parole. Notre objectif est d'offrir un plus grand accès aux marchés pour nos ressources, en nous y prenant de la bonne manière.
Soyons clairs. Nous aurions pu faire la sourde oreille aux préoccupations des dirigeants d'entreprise et décider de ne pas réaliser les investissements et les changements qui font partie de l'énoncé économique de l'automne, et nous nous retrouverions ainsi avec un déficit plus bas.
[Français]
Nous choisissons, encore une fois, de faire confiance aux Canadiens, qui nous ont accordé leur confiance. Nous savons que si nous donnons aux entreprises canadiennes plus d'occasions de réussir et de croître, c'est précisément ce qu'elles feront. L'une des plus grandes occasions à saisir pour l'économie canadienne est reliée au virage mondial vers la croissance propre.
En 2016, notre gouvernement a conclu, avec les provinces et les territoires, en consultation avec les peuples autochtones, le tout premier plan d'action national du Canada sur la croissance propre et les changements climatiques. Il s'agit d'un plan complet qui prévoit des investissements dans le transport en commun, l'élimination progressive des centrales électriques au charbon, des investissements dans l'énergie propre, la mise en place d'un prix sur la pollution et l'appui à l'efficacité énergétique dans l'ensemble du Canada.
[Traduction]
Les politiciens conservateurs de la Chambre des communes et de certaines capitales provinciales veulent enfouir leur tête dans le sable et ne pas voir ce qui arrive au climat et à l'économie. Ils veulent que la pollution soit de nouveau gratuite et que nos enfants et petits-enfants aient à s'occuper des conséquences. Cela, nous ne le permettrons pas. La pollution était gratuite, et nous en produisions trop. Voilà la source du problème que nous allons résoudre.
Après trois ans de mesures importantes, le Canada est aujourd'hui prêt à agir en chef de file et à connaître du succès dans l'économie mondiale de la croissance propre — dont la valeur estimée se chiffre à 26 000 milliards de dollars au cours des 12 prochaines années. Pour nous aider à y parvenir, nous annonçons notre intention de mettre sur pied un conseil consultatif en matière de lutte contre les changements climatiques. Ce conseil donnera des conseils d'experts au gouvernement sur des façons dont nous pouvons réduire davantage la pollution et encourager la croissance économique dans deux domaines cruciaux: le secteur des transports et le secteur du bâtiment.
Nous comptons nommer deux champions canadiens de la croissance propre, Steven Guilbeault et Tamara Vrooman, pour nous aider à orienter nos efforts.
Il ne suffit pas de rendre l'économie plus propre. Nous devons aussi rendre une telle économie plus abordable pour les Canadiens de la classe moyenne. Voilà pourquoi notre gouvernement ne conservera aucuns revenus provenant de la tarification de la pollution. Nous retournerons chaque sou à la province ou au territoire où nous l'avons perçu, et 80 % des familles canadiennes s'en porteront mieux financièrement.
Notre gouvernement est convaincu que si nous donnons aux entreprises canadiennes plus d'occasions de réussir et de croître, elles combleront — et dépasseront — toutes les attentes.
Pour encourager les entreprises à investir dans leur propre croissance et à créer plus de bons emplois bien rémunérés, notre gouvernement propose de leur permettre de passer immédiatement en charges, aux fins de l'impôt, le coût total des machines et du matériel utilisés pour la fabrication et la transformation de biens.
Nous permettrons aussi la passation en charges immédiate du coût total du matériel désigné de production d'énergie propre. Cette mesure contribuera à l'atteinte des objectifs climatiques, en plus de stimuler la compétitivité du Canada sur la scène mondiale.
De plus, en réponse aux demandes de la communauté d'affaires, nous instaurons le nouvel Incitatif à l'investissement accéléré, une déduction pour amortissement accéléré à l'intention des entreprises de toutes tailles et de tous les secteurs de l'économie. Cet incitatif encouragera plus d'entreprises à investir dans des actifs qui stimuleront leur croissance à long terme, ce qui jettera les bases pour créer encore plus d'emplois pour la classe moyenne.
[Français]
Notre gouvernement établit aussi un programme ambitieux pour faire du Canada l'économie la plus connectée à l'échelle mondiale. Nous avons déjà bien entamé ce programme. Avec la conclusion réussie du nouvel ALENA, ainsi que celle de l'Accord économique et commercial global entre le Canada et l'Union européenne et de l'Accord de Partenariat transpacifique global et progressiste, nous disposons maintenant d'accords de libre-échange avec les pays représentants les deux tiers du PIB mondial.
Le Canada est désormais le seul pays du G7 à disposer d'accords de libre-échange avec tous les autres pays du G7.
Nous voulons donner aux entreprises canadiennes plus de possibilités de croissance, de réussite et de création de bons emplois bien rémunérés. Voilà pourquoi nous lançons une stratégie de diversification des exportations, dont l'objectif consiste à aider directement les entreprises canadiennes à faire augmenter leurs ventes outremer de 50 % d'ici 2025.
[Traduction]
Au pays, nous collaborerons avec nos partenaires provinciaux et territoriaux afin d'éliminer des obstacles au commerce intérieur au Canada. Plus précisément, nous allons travailler ensemble afin de trouver des moyens de faciliter le transport des marchandises pour les entreprises, afin d'harmoniser la réglementation et l'inspection des aliments, afin d'harmoniser les règlements dans le secteur de la construction, et afin de faciliter l'expansion du commerce des produits alcoolisés.
De plus, nous prendrons des mesures pour moderniser nos règlements afin qu'il soit plus facile pour les entreprises canadiennes de grandir. Et nous y parviendrons tout en continuant de protéger la santé et la sécurité des Canadiens, ainsi que notre environnement.
Nous avons l'intention de procéder à d'autres investissements qui aideront les entreprises canadiennes innovatrices à ajouter de la valeur, à réussir et à prendre de l'expansion.
[Français]
Puisque notre économie se porte si bien, nous avons la marge de manoeuvre financière nécessaire pour continuer de donner suite aux engagements que nous avons pris auprès des Canadiens.
Nous savons que les meilleures solutions aux grands défis du Canada proviennent des Canadiens eux-mêmes. Lorsque les organismes de bienfaisance, les organismes sans but lucratif et les entreprises sociales ont accès à des capitaux et à des investissements, ils peuvent innover et aller plus loin que le gouvernement peut le faire à lui seul. Voilà précisément ce que nous faisons aujourd'hui en lançant un nouveau fonds de finance sociale.
[Traduction]
Nous collaborons avec les résidants de la région dans le but de réformer Nutrition Nord, afin que ce programme améliore l'accès à des aliments abordables, nutritifs et traditionnels et qu'il soit transparent, efficace et imputable à l'égard des résidants du Nord et des autres Canadiens.
[Français]
Un élément clé de l'avantage numérique et créatif du Canada est la culture de ses communautés francophones. La protection et la promotion de la culture ouvrent d'énormes possibilités économiques, non seulement au Canada, mais partout dans le monde. Voilà pourquoi nous contribuons à la création d'une nouvelle plateforme numérique francophone en partenariat avec des diffuseurs publics qui sont membres de TV5MONDE.
[Traduction]
Pour protéger le rôle essentiel des médias d'information indépendants dans notre démocratie et dans nos communautés, nous mettrons en place des mesures de soutien au journalisme canadien.
Pour contribuer à la durabilité des stocks de poissons sauvages du Canada et des communautés qui en dépendent, nous investirons dans des efforts visant à reconstituer les stocks de poissons. De plus, nous instaurerons deux nouveaux fonds, un fonds d'innovation et de rétablissement du saumon en Colombie-Britannique et un fonds pour les pêches du Québec, afin d'appuyer le secteur du poisson et des fruits de mer dans ces deux provinces.
Ces mesures et les autres mesures prévues dans l'énoncé économique de l'automne ont un point en commun: elles s'inscrivent dans le plan de notre gouvernement pour donner suite aux engagements que nous avons pris auprès des Canadiens. Pour renforcer la classe moyenne et assurer sa croissance, et pour apporter une aide concrète aux personnes qui travaillent fort pour en faire partie. Pour assurer la croissance de notre économie et investir dans les emplois pour la classe moyenne. Pour apporter aux Canadiens l'aide dont ils ont besoin pour réussir, en effectuant des investissements judicieux pour faire croître notre économie dans une perspective à long terme, tout en nous rapprochant de l'équilibre budgétaire.
C'est ce que les Canadiens attendent de nous. C'est ce que nous avons promis. Et c'est exactement ce que nous faisons.
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Monsieur le Président, le a montré qu'il était capable de faire deux choses en même temps. Il peut faire un discours tout en ajoutant près d'un million de dollars à la dette nationale, tout ça en une demi-heure. Je le félicite, mais nous savons que ce sont les Canadiens qui devront éponger cette nouvelle dette.
Le gouvernement, sous la gouverne du actuel, nous a dit que les budgets s'équilibrent d'eux-mêmes. Il avait prédit que ce budget autoéquilibré apparaîtrait soudainement en 2019, soit dans à peine un mois.
Aujourd'hui, le a présenté une mise à jour économique dans laquelle on constate un déficit trois fois plus important que celui promis par le Parti libéral lors de la dernière campagne électorale, un déficit qui, en plus d'être encore là l'année prochaine, alors qu'on nous avait promis qu'il aurait disparu, sera encore plus grand qu'il ne l'est aujourd'hui. D'ailleurs, cette mise à jour économique montre que les déficits des cinq prochaines années seront plus importants que ceux qu'avaient prévus les libéraux il y a à peine six mois dans le budget de 2018.
Personne de ce côté-ci n'est surpris que ni le ni le n'aient accepté la responsabilité des déficits qui ont brisé leurs promesses. Comme la plupart des Canadiens, nous nous sommes résignés à accepter que les libéraux ne prennent jamais leurs responsabilités, mais, ce qui est choquant dans l'énoncé d'aujourd'hui, c'est qu'ils vont continuer à aggraver la situation financière du pays inconsidérément et sans la moindre hésitation.
Ce que ce document nous a appris, c'est que, en plus de ne pas respecter leurs promesses et de ne pas équilibrer le budget à partir de l'année prochaine, les libéraux reconnaissent maintenant que leur plan fera en sorte que le budget ne sera jamais plus équilibré. Ils ne prévoient aucune échéance pour un retour à une situation où la dette cessera de croître. Dans les faits, c'est la plateforme électorale qu'ils présentent aujourd'hui: il y aura des déficits ad vitam aeternam et jamais plus le gouvernement ne pourra dépenser selon ses moyens.
Ces deux hommes jouissant de grands privilèges ont hérité d'une énorme fortune: des budgets équilibrés du gouvernement précédent; une économie américaine et mondiale en plein essor; un secteur immobilier florissant à Vancouver et à Toronto, qui a permis au gouvernement d'engranger encore plus de recettes; des taux d'intérêt plus bas que jamais, ce qui, temporairement, rend l'endettement plus abordable. Tous ces facteurs échappent au contrôle du gouvernement, mais, grâce à la déesse Fortune, je suis heureux de signaler à la Chambre qu'ils ont permis au gouvernement d'encaisser des recettes supplémentaires de 20 milliards de dollars.
Le a agi de façon responsable avec cette somme. Il l'a utilisée pour éponger une partie de la dette nationale. Il l'a mise de côté en prévision de périodes difficiles. Il a renforcé les bases financières du pays pour lui permettre d'affronter de futures tourmentes économiques. Je plaisante. Il a totalement dilapidé cette somme, mais ce n'était pas suffisant. Outre cette manne, il a dépensé 20 milliards de dollars supplémentaires.
On tente de nous rassurer en parlant du ratio dette-PIB. Tous les ratios ont des numérateurs et des dénominateurs. Le devrait savoir cela, puisqu'il ne rate jamais une occasion de faire la leçon aux députés, qui sont ses élèves. La réalité, c'est que le ratio dette-PIB continuera de baisser uniquement si le taux d'inflation et le PIB continuent d'augmenter. Je viens de souligner les facteurs qui, de l'aveu même du gouvernement, ont généré les immenses recettes actuelles. Cette situation ne pourra se poursuivre que si les facteurs mondiaux, qui sont indépendants de la volonté du gouvernement, continuent d'engendrer des résultats positifs au rythme actuel.
Autrement dit, si une crise quelconque, notamment une autre récession mondiale, un énorme problème lié à la sécurité internationale, une catastrophe naturelle ou un autre problème similaire, entraînait la compression du dénominateur, les finances publiques se retrouveraient en crise. Si le gouvernement libéral voulait respecter sa promesse pendant une telle crise — ce que personne d'entre nous ne croit qu'il envisagerait de faire —, il serait obligé d'augmenter les impôts ou de réduire les dépenses à un moment où l'économie a besoin de l'inverse. Les libéraux mettent donc notre avenir en péril de façon cavalière en dépensant aujourd'hui l'argent de demain.
Les déficits qui ne cessent de croître ont une autre conséquence. Lorsque les gouvernements dépensent plus que ce qu'ils possèdent, ils font concurrence pour les maigres produits et services, ce qui entraîne une hausse du taux d'inflation et du coût de la vie. L'inflation a grimpé à près de 3 %, taux qui, selon la Banque du Canada correspond à la limite supérieure de la fourchette des hausses acceptables de l'indice des prix à la consommation. Je crois que cette hausse s'explique en partie du fait que le gouvernement actuel dépense de façon excessive, augmente la demande en dépensant inutilement et achète les mêmes produits et services pour lesquels les Canadiens doivent lui livrer concurrence.
De plus, lorsque les gouvernements empruntent, ils doivent vendre des obligations. Lorsque les créanciers obligataires achètent ces obligations, ils touchent des intérêts en contrepartie. Pourquoi prêteraient-ils de l'argent à un Canadien propriétaire d'une maison à un taux d'intérêt de 2,5 % quand un gouvernement qui effectue rapidement des emprunts leur versera 2,75 % ou 3 % d'intérêt? Ils ne le feraient pas. Voilà la réalité du marché du crédit. Lorsque les gouvernements empruntent, ils entrent en concurrence avec les consommateurs et les propriétaires de maison du Canada et font grimper les taux d'intérêt. Autrement dit, alors que les ménages canadiens sont confrontés à un endettement record, l'appétit insatiable du gouvernement pour les dettes aggrave le problème non seulement pour les générations futures, mais aussi pour la génération actuelle.
Parlant d'avenir, nous savons tous que la dette d'aujourd'hui signifie une augmentation des impôts pour demain. Le directeur parlementaire du budget a indiqué que le coût d'emprunt pour le gouvernement du Canada augmentera de deux tiers, à près de 40 milliards de dollars, au cours des quatre à cinq prochaines années. C'est presque autant que le montant des transferts aux provinces pour financer le système de soins de santé. Au premier semestre, le coût d'emprunt a augmenté de 14,3 %. C'est le résultat combiné de l'augmentation des déficits et des taux d'intérêt. À ce rythme, il y aura un énorme transfert de richesse: les travailleurs canadiens paieront davantage d'impôt et les riches créanciers obligataires et les banques toucheront davantage d'intérêts. Même les économistes socialistes admettent que l'intérêt sur la dette nationale constitue un transfert de richesse de la classe ouvrière vers les riches, car les détenteurs d'obligations sont ceux qui peuvent se permettre d'en acheter. On ne peut pas prêter de l'argent lorsque l'on n'en a pas. En conséquence, ce sont les riches qui profitent des emprunts des gouvernements. Au lieu de favoriser ceux qui n'ont rien, le gouvernement favorise encore une fois ceux qui ont tout, pratique à laquelle nous avons appris à nous attendre depuis très longtemps.
Le gouvernement a dit que cette mise à jour économique serait la réponse à la tentative du président américain de s'emparer de notre argent, de nos entreprises et de nos emplois. Pour l'instant, le s'est montré disposé à aider le président à atteindre tous ses objectifs. La taxe sur le carbone, la décision de bloquer les projets d'oléoducs et la lourdeur de la réglementation étatique, qui empêche les entreprises de fonctionner au Canada, ont fait fuir les investissements de notre pays. Les investissements canadiens aux États-Unis ont augmenté de deux tiers, alors que les investissements étatsuniens au Canada ont diminué de moitié. Or, quand l'argent s'en va, les emplois suivent.
Un représentant du Conseil canadien des affaires a affirmé que ce déséquilibre pourrait entraîner la disparition d'un demi-million d'emplois au pays. Comment le gouvernement réagit-il à une telle éventualité? Il nous dit qu'il va établir un centre d'innovation en matière de réglementation. Plus d'innovation en matière de réglementation, voilà bien la dernière chose que veulent les personnes qui ont subi les lourdeurs administratives imposées par le gouvernement, lourdeurs qui ont mis fin au projet de pipeline Northern Gateway. Les libéraux ont trouvé des façons novatrices d'empêcher Trans Canada de bâtir l'oléoduc Énergie Est. Évidemment, l'éclair de génie le plus novateur qu'ils aient eu fut de pousser Kinder Morgan à quitter le pays en lui donnant 4 milliards de dollars de l'argent des contribuables pour l'achat d'un pipeline vieux de 65 ans que nous avions déjà. L'entreprise pétrolière texane se sert maintenant de cet argent pour bâtir des pipelines aux États-Unis.
Quand le est arrivé au pouvoir, trois des sociétés de pipelines les plus respectées du monde étaient prêtes à démarrer des projets. Kinder Morgan allait bâtir l'oléoduc Trans Mountain, Enbridge allait réaliser le projet Northern Gateway et Trans Canada allait concrétiser le projet Énergie Est. Ces entreprises avaient pris des engagements financiers et soumis des demandes. Elles étaient prêtes. Maintenant, elles sont parties toutes les trois. Que propose le gouvernement? Il propose de créer un centre d'innovation en matière de réglementation.
Toutefois, ce n'est pas tout. Je dois donner aux libéraux le mérite d'une autre annonce enthousiasmante concernant la réglementation. Ils vont mettre le Code du bâtiment à la disposition de tous les Canadiens gratuitement, juste à temps pour Noël, à condition que Postes Canada ne soit pas en grève et puisse livrer le Code du bâtiment aux Canadiens qui sont impatients de le recevoir.
C'est le plan de libéraux pour aplanir les gigantesques obstacles réglementaires qui poussent notre pétrole, notre argent, nos entreprises et nos emplois directement dans les bras de Donald Trump, et rien dans l'annonce d'aujourd'hui ne renversera cette tendance. Pour tout dire, le gouvernement a reculé sur l'ALENA, donnant au président Trump tout ce qu'il demandait sans rien obtenir en échange que nous n'avions pas déjà.
De ce côté-ci de la Chambre, nous défendrons le bon sens des gens ordinaires, les gens qui savent que les budgets ne s'équilibrent pas tout seuls parce que, contrairement au premier ministre, ils ont déjà eu à équilibrer un budget familial. Un futur gouvernement conservateur reconnaîtrait que nous ne pouvons pas dépenser l'argent que nous n'avons pas et que nous ne pouvons pas rembourser une dette en empruntant constamment.
Je conclus aujourd'hui en interpellant le gouvernement. Je sais à quel point il est pénible pour les libéraux d'entendre la vérité, la dure vérité qu'ils essaient depuis longtemps de ne pas voir. Malheureusement, ils doivent reconnaître qu'ils ont manqué à leur promesse d'équilibrer le budget l'année prochaine. Ils ont augmenté considérablement la dette non seulement pour les générations futures, mais pour les Canadiens d'aujourd'hui. Les coûts du gouvernement font grimper le coût de la vie, et cela nous met dans une très mauvaise position, au détriment des Canadiens ordinaires, qui eux, savent ce que c'est que de vivre selon ses moyens.
[Français]
C'est la raison pour laquelle un gouvernement conservateur va faire en sorte que le budget sera équilibré à moyen terme, afin de régler les énormes déficits que le gouvernement libéral et les gouvernements précédents ont créés.
Nous, les conservateurs, reconnaissons que les Canadiens travaillent fort pour gagner leur argent et que les Canadiens doivent équilibrer leur budget. Comme gouvernement, nous allons les aider et nous n'allons pas alourdir leur fardeau, comme le fait le gouvernement actuel.
Au nom de l'opposition officielle, nous appelons le gouvernement à répondre enfin aux revendications des Canadiens, à leur dire comment le budget sera équilibré, à fournir un plan pour le faire et à réduire les taxes et les impôts pour que les Canadiens puissent garder dans leurs poches l'argent qu'ils ont gagné.
[Traduction]
Nous formerons un gouvernement solidaire des gens qui savent comment équilibrer un budget parce qu'ils le font personnellement chez eux. Ces gens attendent du gouvernement du Canada qu'il fasse la même chose. Un gouvernement formé par le Parti conservateur répondra à leurs attentes.
:
Monsieur le Président, je voudrais d'abord dire que je suis profondément déçu du mini budget qui vient d'être présenté par le .
[Traduction]
Je voudrais dire en commençant que je suis renversé de voir le gouvernement s'éloigner aussi rapidement des besoins des Canadiens. Les verdicts se font rapidement entendre. Kevin Page, ex-directeur parlementaire du budget, qui est respecté par tous les Canadiens, dit que nous sommes en train de financer les grandes entreprises à grand renfort de déficits. Ce n'est que l'une des réactions à ce mini budget.
On ne trouve, dans le mini budget, aucune mesure destinée à corriger les profondes iniquités fiscales qui existent. Le taux d'imposition effectif des grandes entreprises est estimé à moins de 10 %. Pourtant, aucune mesure ne vise à corriger cela. Les géants du Web font de bonnes affaires au Canada sans avoir à payer, et rien ne vient y remédier. Le ignore totalement certaines priorités que nous lui avons fait valoir il y a quelques jours seulement, Jagmeet Singh, le député de et moi.
Si les libéraux veulent que Jagmeet Singh siège aux Communes, ils n'ont qu'à déclencher une élection partielle comme le souhaitent les gens de Burnaby-Sud.
Aucune mesure du mini budget ne traite de l'assurance-médicaments, des Canadiens qui ont du mal à composer avec l'absence d'un régime d'assurance-médicaments et des entreprises qui sont contraintes de payer des milliards de dollars par année pour financer des régimes privés. Aucune mesure du mini budget ne cible la terrible crise du logement qui sévit au pays. Je vais en donner quelques exemples un peu plus tard, mais c'est la réalité: il y a une crise du logement. Il n'y a pas assez de logements abordables au pays, mais aucune mesure du mini budget ne vise à régler le problème. Aucune mesure ne remédie aux inégalités criantes dont sont victimes les enfants autochtones, qui souvent fréquentent des écoles dont le financement annuel est inférieur de 10 000 $ par élève à celui que touchent les écoles que fréquentent les autres petits Canadiens. Aucune mesure budgétaire n'y remédie.
Pourtant, il y a des cadeaux. Bay Street recevra pour un milliard de dollars de cadeaux. Aussi incroyable que cela puisse paraître, étant donné la conjoncture et l'endettement record des ménages canadiens — la pire crise de l'endettement des familles dans le monde industrialisé —, selon ce qu'on peut lire dans le mini budget qui vient d'être annoncé, on propose de généreux incitatifs fiscaux pour l'achat de choses comme des limousines et des avions d'affaires cossus. Je l'ai confirmé auprès de fonctionnaires du ministère des Finances. Aussi incroyable que cela puisse paraître, quand on achète un avion d'affaires, on pourrait en accélérer l'amortissement. Selon le gouvernement libéral, quand on achète une limousine cossue, on pourrait l'amortir sur une plus courte période. Ce que j'aimerais savoir, et j'espère qu'il me fournira une réponse au cours des prochains jours, c'est pourquoi le agit comme le père Noël auprès des gros bonnets de Bay Street, mais comme le père Fouettard auprès de tous les autres Canadiens?
Ce mini budget ne prévoit rien pour M. et Mme Tout-le-Monde. Je parle de gens comme Jim, qui se trouve juste à l'extérieur de la Chambre des communes. Tous les députés libéraux peuvent descendre dans la rue et le voir. Chaque jour, il est sur le pont entre le Château Laurier et l'édifice de l'Est. Il mendie de l'argent parce qu'il n'existe aucun régime d'assurance-médicaments au Canada et qu'il doit payer environ 500 $ par mois pour ses médicaments. Il ne peut pas travailler. Il doit donc mendier parce qu'il ne veut pas être un fardeau pour ses enfants et qu'il n'a pas d'assurance-médicaments. Aucune mesure du mini budget ne tient compte des difficultés éprouvées par Jim.
Il n'y a rien non plus dans le budget pour aider Heather, l'une de mes concitoyennes, à surmonter ses problèmes. Heather est mère d'une fille, et elle vit avec sa fille et sa mère dans un appartement comportant une seule chambre à coucher. Le prix du loyer ne cesse d'augmenter. Elle travaille au salaire minimum, et elle ne sait pas pendant combien de temps encore elle pourra garder son appartement. Si elle le perd, elle ne sait pas où sa famille et elle iront. Le mini budget ne propose aucune mesure pour remédier à la crise du logement qui frappe le pays.
Qui plus est, il n'y a rien dans le mini budget pour aider John, un aîné qui est maintenant sans-abri à cause de l'augmentation du coût des loyers. Sa pension n'a pas été suffisante. Pendant un certain temps, il a vécu avec un ami. Cependant, quand cela n'a pas fonctionné, il s'est retrouvé dans la rue. Aucune mesure du mini-budget ne l'aidera à régler ses problèmes. Ses problèmes n'ont rien à voir avec un manque d'accès à des limousines et à des avions d'affaires. Il éprouve les mêmes problèmes que bon nombre d'autres Canadiens, et ce gouvernement déconnecté de la réalité n'a rien fait pour répondre à ses besoins et à ses préoccupations.
Aucune mesure du mini budget ne tient compte des préoccupations de Paul, un homme d'affaires. Il aimerait être compétitif, mais il a deux problèmes. Il paie un régime d'assurance-maladie et un régime d'assurance-médicaments à ses employés parce qu'il veut bien les traiter. Il espère que le gouvernement instaurera un régime universel d'assurance-médicaments au Canada parce que cette mesure ferait augmenter ses bénéfices nets. Il dit aussi qu'il est très difficile actuellement de trouver des travailleurs à cause de la pénurie de logements abordables. Il affirme que, pour avoir des travailleurs, ceux-ci doivent pouvoir se loger. Malheureusement, aucune mesure du minibudget ne répond à ses besoins.
Qui plus est, aucune mesure du mini budget ne répond aux besoins de Rajinder et de Rah, qui font partie des nombreuses familles canadiennes confrontées à un taux d'endettement record, le pire de l'histoire du pays et du monde industrialisé. Je précise que cette situation a été engendrée par les politiques libérales.
Aucune mesure du mini budget ne répond aux besoins des gens que je viens de mentionner. Par conséquent, de ce côté-ci de la Chambre, nous estimons qu'il est temps que le gouvernement mette de côté les jets privés et les limousines pour prioriser, dans ses budgets et à la Chambre des communes, les Canadiens.
[Français]
C'est notre priorité, mais la priorité du gouvernement semble être totalement différente.
Réjeanne est une personne handicapée qui connaît parfois des périodes d'itinérance. L'année dernière, elle m'a dit qu'elle avait besoin d'un gouvernement qui répond à ses besoins. Elle prend des médicaments et connaît des problèmes de logement, mais il n'y a rien dans ce mini budget qui répond à ces besoins.
Il y a aussi Ronda. Puisque ses deux enfants vont à une école qui est située dans une communauté autochtone, elle doit vivre avec le fait que ses deux enfants reçoivent beaucoup moins de services que d'autres étudiants. En fait, cela représente 10 000 $ de moins en moyenne. Elle aimerait bien que ses enfants aient un meilleur avenir que le sien, mais elle trouve cela difficile que le gouvernement fédéral ne réponde pas aux besoins des écoles en matière de financement. Il n'y a rien dans le discours que nous venons d'entendre qui laisse entendre qu'on va répondre à ces besoins.
Tous ces gens semblent avoir été oubliés. Cependant, les gens de Bay Street peuvent maintenant acheter des avions à prix abordable, puisque ce sont les contribuables qui vont les subventionner, ou même des limousines, puisque le gouvernement libéral semble encore une fois vouloir subventionner l'achat de ses limousines avec l'argent des contribuables.
La priorité aurait dû être d'instaurer un système d'impôt juste, car notre système d'impôt est profondément déficient. Alors qu'environ 20 milliards de dollars par année sont investis outre-mer dans les paradis fiscaux, le gouvernement vient d'ajouter 5 milliards de dollars aux échappatoires fiscales pour l'année prochaine. De notre côté, nous pensons que les investissements devraient rester chez les gens.
Après s'être battu deux ans contre les conservateurs, puis trois ans contre les libéraux, le directeur parlementaire du budget a enfin pu obtenir de l'Agence du revenu du Canada les informations lui permettant d'entamer une étude au printemps prochain. La première étude du directeur parlementaire du budget démontre justement l'écart entre l'impôt des grandes entreprises qui devrait être perçu et l'argent qui entre réellement.
Pour nous, un système fiscal juste est notre priorité, puisque cela permet d'investir dans les gens et d'atteindre l'équilibre budgétaire.
Les grandes entreprises qui, pendant la Deuxième Guerre mondiale, payaient à peu près 50 % de l'ensemble des impôts au Canada, paieront, après le discours que nous venons d'entendre, seulement 20 % des revenus du gouvernement fédéral. Cela démontre à quel point il faut viser à avoir un système d'impôt juste. Cet énoncé économique ne fait absolument rien pour changer cela.
[Traduction]
Quel genre de mesure ce mini budget aurait-il dû comprendre? Nous aurions applaudi le s'il avait annoncé la création d'un régime universel d'assurance-médicaments à payeur unique pour tous les Canadiens et avait indiqué qu'il allait veiller à ce que toutes les entreprises en tirent des avantages, parce que c'est une mesure qui favoriserait la compétitivité des entreprises canadiennes. À l'heure actuelle, les entreprises du pays paient 6 milliards de dollars en assurance-médicaments.
Tommy Douglas s'est battu à la Chambre des communes pour l'assurance-maladie. L'assurance-maladie a été une bonne chose et pour la population canadienne et pour les entreprises canadiennes. En chiffres, comparativement aux entreprises américaines, cela représente un avantage moyen de 3 000 $ par employé par année pour une entreprise canadienne, 3 000 $ par employé embauché grâce au système d'assurance-maladie universel. Les entreprises américaines doivent cotiser à ces régimes. Les entreprises canadiennes n'ont pas à le faire.
Imaginons que le ait pris la parole et annoncé la mise sur pied d'un régime universel d'assurance-médicaments à payeur unique. Nous l'aurions tous applaudi, et le milieu des affaires aurait fait de même.
Dans ce mini budget, le aurait dû annoncer que le gouvernement avait l'intention de s'attaquer sérieusement à la pénurie de logements abordables qui sévit au pays. Nous l'aurions applaudi s'il avait dit que le gouvernement entendait investir dans le logement abordable, plutôt que de consacrer 5 milliards de dollars à divers incitatifs fiscaux qui peuvent, croyons-le ou non, s'appliquer à des jets privés et à des limousines d'entreprise, comme s'il s'agissait-là d'une priorité. Nous l'aurions applaudi s'il avait dit que le gouvernement allait investir 3 milliards de dollars pour qu'on construise des logements abordables, comme cela s'était fait après la Deuxième Guerre mondiale. En l'espace de 30 mois, 300 000 logements avaient été construits dans différentes régions du pays parce que le gouvernement de l'époque comprenait combien il était important que tous les Canadiens aient un toit. Le aurait dû prendre la parole et annoncer la mise en place d'un plan d'urgence en matière de logement pour tout le pays afin de faire en sorte que tous les Canadiens aient un toit le plus rapidement possible. Il aurait dû dire que c'était ce que le gouvernement allait faire. Il aurait dû dire que c'était la priorité du gouvernement. Si c'était ce qu'il avait dit, nous l'aurions tous applaudi, mais ce n'est pas ce qu'il a fait.
[Français]
Il aurait pu s'intéresser aux énergies vertes. On sait que cela prend beaucoup plus qu'un conseil consultatif sur les changements climatiques pour amener le Canada vers les énergies vertes et vers la nouvelle économie.
Même si Jagmeet Singh a influencé le ministre par rapport à un de ces critères, il aurait dû annoncer un véritable plan pour mettre en place les énergies vertes et assurer une transition vers les énergies vertes au pays. Ce n'est pas seulement bon pour les Canadiennes et les Canadiens et pour contrer les changements climatiques, cela aurait aussi pu stimuler l'économie. Les pays qui investissent sont des pays qui en profitent présentement, et le Canada ne fait presque rien.
Le aurait aussi pu annoncer que le gouvernement mettra fin aux inégalités qui existent dans les communautés autochtones en ce qui a trait au financement de l'éducation et qu'il s'assurera que chaque enfant autochtone au pays reçoit la meilleure éducation possible, la même éducation et le même financement en éducation que tous les autres Canadiens. Il aurait pu annoncer cela, mais il ne l'a pas fait.
Le projet pilote portant sur le revenu de base en Ontario a été annulé par un gouvernement conservateur qui semble vouloir s'attaquer à tous les éléments qui aident véritablement les gens. Le ministre des Finances aurait pu annoncer que le gouvernement financerait la dernière année de l'étude sur le revenu de base pour qu'on connaisse les résultats de cette étude. Il aurait pu faire cela, mais il ne l'a pas fait. C'est cela, le problème.
Dans son discours, le ministre a parlé des avions privés et des limousines et il a abordé le besoin des grandes entreprises d'avoir un plus grand accès à ces biens, mais il a oublié les gens. Pourtant, c'est à eux que nous sommes toujours censés accorder la priorité.
[Traduction]
J'ai parlé plus tôt de Tommy Douglas, qui a lutté contre les lobbyistes, qui lui disaient toujours de ne pas mettre en place de régime d'assurance-maladie, car ils voulaient garder tout l'argent pour eux. Cependant, Tommy Douglas a tenu bon. Il a continué à insister, et aujourd'hui nous sommes fiers de ses réalisations. C'est pourquoi, il y a quelques années, lorsque les Canadiens ont eu l'occasion de voter pour le plus grand Canadien de tous les temps, ils ont choisi Tommy Douglas. Il a toujours pensé aux Canadiens et avait toujours leurs besoins à l'esprit.
Jagmeet Singh lui ressemble beaucoup. Il a grandi dans un milieu où il devait lutter pour réussir. Il a vécu le racisme et il a dû prendre la relève quand son père est tombé malade. Il devait s'assurer de bien prendre soin de sa famille. Il n'est pas né avec une cuillère d'argent dans la bouche. Il a dû travailler fort pour réaliser tout ce qu'il a accompli.
C'est l'histoire de la plupart des Canadiens. Ils persévèrent. Cependant, ils ont aussi besoin d'un gouvernement qui reflète leurs intérêts. Ils ont besoin d'un gouvernement qui comprend que nous avons besoin d'un régime d'assurance-médicaments universel à payeur unique; que lorsqu'il y a une crise du logement, le gouvernement fédéral prend des mesures au lieu d'accorder plus d'allégements fiscaux aux grandes entreprises; que lorsqu'il y a d'énormes iniquités, comme c'est le cas dans les systèmes d'éducation et les communautés autochtones, le gouvernement fédéral prend des mesures pour les corriger. Voilà ce à quoi les Canadiens s'attendent.
Nous avons besoin d'un plan pour sortir les Canadiens de la pire crise de l'endettement des familles et de la pire crise du logement de notre histoire. Nous avons besoin d'un gouvernement qui va réellement pouvoir répondre au genre de préoccupations que nos concitoyens expriment de manière très claire aux quatre coins du pays. Toutefois, il semble que le gouvernement ne tienne pas compte de ces préoccupations.
Au début de mon intervention, j'ai dit qu'il était effarant de constater à quel point le gouvernement s'est si rapidement déconnecté de la réalité, comme en témoigne le minibudget présenté aujourd'hui. En effet, la plupart des Canadiens risquent d'être complètement bouche bée devant le genre de priorités qui s'y trouvent. Si nous demandons aux Canadiens — et je compte le demander aux habitants de ma circonscription, mes patrons, lorsque je serai de retour dans New Westminster—Burnaby d'ici un jour ou deux — s'ils croient que l'acquisition d'avions d'affaires et de limousines pour les gens de Bay Street est une priorité, je ne pense pas qu'ils répondront par l'affirmative. Cependant, si je leur parle d'un régime d'assurance-médicaments universel à payeur unique, de l'importance de régler la crise du logement et de s'attaquer aux inégalités par rapport à l'éducation des enfants autochtones, là, je suis persuadé que ce sont des priorités pour eux.
Le gouvernement fait fausse route. Il ne semble plus être en phase avec les priorités de la population, et cela m'attriste. En revanche, je crois que le gouvernement envoie un message très clair à tous les Canadiens. Puisque le gouvernement s'est égaré, qu'il est dépassé et complément déconnecté de la réalité, il est temps de changer de gouvernement. L'année prochaine, au moins d'octobre, les Canadiens vont être en mesure de faire ce choix et de faire élire Jagmeet Singh comme premier ministre.
:
Monsieur le Président, l'énoncé d'aujourd'hui est à mi-chemin entre l'énoncé économique et le discours du Trône. C'est beaucoup de blabla, mais pas beaucoup de concret. Nous avons eu droit à beaucoup de belles images, à des bons mots, à des slogans et c'est à peu près tout. C'est comme un chocolat de Pâques, c'est bien beau de l'extérieur, mais complètement vide à l'intérieur.
On dit que le fédéral est loin du monde, et le vient de nous en fournir un excellent exemple. C'est loin du Québec, loin des Québécois, détaché du vrai monde et insensible aux besoins réels. L'énoncé contient beaucoup de belles phrases, mais il ne contient rien de concret. Les besoins demeurent, les défis demeurent. La vérité, disons-le, c'est qu'Ottawa est complètement déconnecté.
Un énoncé économique est censé servir à trois choses. Premièrement, il doit donner l'heure juste quant à l'état réel des finances, quant aux problèmes et quant aux solutions.
Deuxièmement, il doit compléter le budget, combler les lacunes et corriger les oublis. Des oublis, il y en avait! Ce n'est pas d'aujourd'hui que le gouvernement est loin du monde.
Troisièmement, il doit permettre des ajustements lorsque la situation a changé et qu'elle demande un réalignement.
Un énoncé économique, c'est ces trois choses. Ce n'est pas compliqué. Pourtant, dans ce cas-ci, c'est zéro sur trois.
Premièrement, l'énoncé économique ne donne pas l'heure juste. Il y a quelques semaines, 2 milliards de dollars de dépenses sont apparus par magie dans les comptes publics à cause de l'effacement de la dette de Chrysler en Ontario. Bientôt, ce sera au tour de GM, ce qui fera apparaître deux autres milliards de dollars. Ensuite, c'est la dette du barrage de Muskrat Falls qui va apparaître par magie. Il s'agit d'une dette de presque 10 milliards de dollars. Tout le monde sait que Terre-Neuve ne pourra jamais la payer.
Les prêts et les garanties, on ne les voit pas, on ne les vote pas, on fait juste les payer. Ce n'est pas cela donner l'heure juste. Juste pour ces trois prêts, c'est presque 15 milliards de dollars qu'on va refiler aux contribuables. Les Québécois vont payer leur part, sans rien en retirer. Comme le gouvernement ne le dit pas, il ne propose rien pour régler le problème. Il n'y avait pas un mot à ce sujet dans l'énoncé budgétaire. Il n'y a pas eu un mot pour aller chercher l'argent où il se trouve ou pour couper enfin toutes les subventions aux combustibles fossiles.
Dix ans après l'avoir promis, il serait temps de colmater la brèche des paradis fiscaux. En fait, la brèche est devenue un vrai gouffre qui engloutit les finances publiques.
Les conservateurs crient au scandale en regardant le déficit. Quand on leur dit qu'en supprimant les paradis fiscaux et les subventions aux pétrolières, on couperait le déficit de moitié, ils ne crient plus très fort, curieusement. Le gouvernement non plus, d'ailleurs.
L'énoncé d'aujourd'hui ne propose que du vide.
Deuxièmement, l'énoncé économique aurait dû combler les lacunes du dernier budget. Le Québec sort d'une élection. Sondage après sondage, le message des Québécois est invariablement le même: la priorité, c'est la santé et l'éducation. Or il n'y a rien à ce sujet dans le budget. Depuis l'an dernier, les transferts sont plafonnés à 3 %. Pourtant, au Québec, les coûts liés à la santé et les coûts du système augmentent sans arrêt. Ottawa ne fait que diminuer sa part.
Ce sont nos infirmières, nos malades et notre réseau de la santé qui en paient le prix. Les listes d'attente s'allongent. Quand les gens se tournent vers le privé parce que le public n'arrive plus, Ottawa menace de procéder à davantage de coupes, ce qui exacerbe le problème. Tout le monde sait que cela n'est pas tenable.
Tout ce que je viens de dire au sujet de la santé, j'aurais pu le dire au sujet de l'éducation. Les enseignants aussi sont épuisés. C'est le même problème, sauf que dans ce cas-ci, cela fait presque 15 ans que le transfert est plafonné à 3 %. La santé et l'éducation, c'est cela le vrai besoin du monde au Québec. C'est cela, la priorité. Pourtant, il n'y a rien à ce sujet dans l'énoncé. On dirait que le gouvernement plane trop haut pour voir les besoins et entendre les priorités.
Troisièmement, un énoncé économique sert à s'ajuster au cours de l'année, lorsque la situation change. Encore une fois, on a toutes les raisons d'être déçus.
Je dirai maintenant un mot sur les récentes baisses d'impôt de Donald Trump. Je ne le mentionne pas parce que c'est important. Le directeur parlementaire du budget a dit que cela n'aura aucune répercussion. Je le mentionne parce que les conservateurs essaient de nous faire croire le contraire. Disons-le franchement: on n'a pas de problème de compétitivité pour ce qui est de la fiscalité des entreprises.
Il y a une chose dont personne ne parle: aux États-Unis, ce sont les employeurs qui paient l'assurance-maladie. En 2017, cela ne représentait que 14 900 dollars américains par employé. L'absence de filet social leur coûte une fortune. Alors, non, nous n'avons pas de problème en la matière.
De toute façon, pour concurrencer le reste du monde, la recette n'est pas le nivellement par le bas, c'est de développer les domaines dans lesquels nous sommes forts. Au Québec, c'est l'énergie propre. Si Ottawa nous épaulait en faveur de l'électrification des transports, nous serions en voiture, mais Ottawa a préféré acheter un pipeline avec notre argent.
Pour ce qui est de la production d'énergie propre, on dit dans l'énoncé économique qu'on va mettre en place un crédit d'impôt. Je ne suis pas contre cela. Cela peut être intéressant pour les papetières et la biomasse. Il faut cependant être conscient d'une chose: dans plusieurs provinces, ce sont des entreprises privées qui produisent l'électricité. Si elles se mettent à faire de l'électricité propre, Ottawa contribuera par une dépense fiscale, et les Québécois vont en assumer une part.
Au Québec, on a Hydro-Québec. Comme c'est une société d'État, elle n'a pas droit à ce crédit. Si Ottawa se limite à cela, il va subventionner les « pas bons » pour qu'ils deviennent moins mauvais, et le Québec, champion mondial des énergies propres, se retrouvera ainsi Gros-Jean comme devant, sans un sou, parce que lui, il se comporte de façon responsable. C'est la belle affaire! Avouons que c'est une drôle de façon d'encourager l'économie verte.
Par ailleurs, nos secteurs de pointe ont besoin d'être accompagnés, mais le Canada soutient assez peu la recherche et le développement dans les entreprises. Le fonds pour l'innovation ne viendra pas épauler nos entreprises de pointe. Cet argent fédéral servira plutôt à compenser l'absence d'innovation ailleurs.
En ce qui concerne l'agriculture, le gouvernement a signé un nouvel accord commercial qui ouvre une nouvelle brèche dans la gestion de l'offre. On se serait attendu à un engagement ferme afin de la compenser, comme le premier ministre l'avait promis, mais c'est le vide là aussi.
Puis, il y a la Davie. Dans la stratégie navale, on n'a rien eu. Par la suite, on n'a eu que des miettes. Quand on demandait au gouvernement quand la Davie allait obtenir une vraie part des contrats, on se faisait toujours répondre: pas tout de suite, plus tard. Cela devrait être maintenant. C'est à cela qu'est censé servir un énoncé économique, mais non, encore une fois, la Davie écope. Ensuite, les libéraux vont faire des mamours aux travailleurs avant les élections, mais pour le moment, il n'y a toujours rien. Ils sont aussi fiables que les conservateurs.
Quant au commerce électronique qui bouscule l'économie, là encore, il n'y a rien. Il n'y a rien pour nos commerçants qui se retrouvent en concurrence avec Amazon, qui est exempté de taxe de vente pour tous les achats de moins de 40 $. Comment veut-on que notre monde ne subisse pas les coûts d'une concurrence d'un géant qui a droit à des privilèges indus? Nos petits commerçants risquent d'en manger toute une, et Ottawa ne fait rien. Il y en a qui dorment au gaz, je le jure.
Les géants du Web sont un autre exemple. Ils font mal à nos médias, à nos créateurs et à notre culture et ils nous font une concurrence déloyale. Je salue l'initiative du gouvernement visant à soutenir nos médias. En fait, il a annoncé qu'il allait les soutenir, mais ce ne sera que dans le prochain budget. La liberté de la presse et la qualité de l'information sont essentielles, en démocratie. Je salue donc cette initiative, mais seulement à moitié. Tant et aussi longtemps que le gouvernement refusera de s'en prendre aux géants du Web et à la concurrence déloyale qu'ils livrent à nos médias, il ne réglera pas le problème. Or, s'il ne règle pas le problème, il fait partie du problème. À terme, c'est la démocratie et nous tous qui allons en payer le prix. Il faut agir pour nos médias pour vrai.
Bref, ici, au Bloc Québécois, nous sommes déçus. Si nous devions accorder une note à l'énoncé économique, sur la forme, je lui donnerais un B, mais c'est sur les mesures que nous le jugeons et sur leur capacité à répondre aux vrais besoins des gens en matière de santé, d'éducation, de justice fiscale, d'agriculture et de soutien pour les secteurs forts de notre économie. Or, dans cet énoncé économique, il n'y a rien. La seule vraie mesure qui entre immédiatement en vigueur est l'amortissement accéléré. Pour si peu, une question soufflée aurait suffi. Le reste, c'est du blabla.
La note que nous donnons au gouvernement relativement au fond de cet énoncé économique, c'est un E — pour échec.
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Monsieur le Président, c'est un honneur de prendre la parole en réponse au discours du .
Je dois dire que je n'ai jamais vu un chahut aussi épouvantable que celui dont j'ai été témoin lors du discours du ministre des Finances à la Chambre. J'aimerais que cela ne se produise pas à la Chambre, car cela nous donne tous une mauvaise réputation. Je n'étais pas d'accord avec une bonne partie de ce qu'a dit le ministre des Finances, mais nous devons respecter les hauts fonctionnaires du Parlement et l'exécutif d'un gouvernement. En tant que députés, nous sommes ici pour demander des comptes aux libéraux et non pour les ridiculiser comme si nous étions dans une cour d'école.
Je m'excuse d'avoir pris un moment pour agir comme une maîtresse d'école, mais je n'ai pas pu m'en empêcher.
En ce qui concerne la question qui nous occupe, je suis déçue que le rapport du Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat — selon lequel nous devons limiter la hausse de la température moyenne globale à 1,5 degré Celsius — n'ait pas passé par le bureau du , et que nous ayons ainsi manqué l'occasion d'y réagir. Ce n'est pas une question qui peut attendre. Le Cabinet ne peut pas se permettre de laisser à la ou au le soin de s'assurer que nos enfants aient une planète habitable. Il ne s'agit pas d'une question parmi tant d'autres, moins importante que celles liées aux finances.
Pour tous les députés ici présents, en particulier le et son Cabinet, aucune question n'importe plus que celle de savoir si cette planète restera habitable pour les êtres humains pendant toute la vie de nos enfants. Il s'agit d'une question assez importante dont le document ne fait nulle mention.
Revenons sur ce qui a été discuté. Nous devons prendre les choses au sérieux et changer de plan de sorte que le Canada ne soit plus cité comme il l'a été récemment dans l'étude scientifique dont il a été question plus tôt à la Chambre. En ce moment, si tous les pays de la planète adoptaient les plans du Canada en matière de climat, le réchauffement ne se limiterait pas à 1,5 degré Celsius, et nous serions classés dans la pire catégorie, avec la Chine et la Russie, laissant la planète se réchauffer de 5,1 degrés. Cela créerait un danger qu'on ne peut qualifier autrement que de menace à l'existence de l'humanité sur la Terre. Autrement dit, c'est important.
Présentons la situation très clairement. Les changements climatiques ne sont pas un problème environnemental, mais une menace à la sécurité qui éclipse les terroristes du monde entier. Cette menace devrait éveiller chez tout député responsable la détermination de retrousser ses manches et de s'attaquer au problème.
Je suis persuadée que les Canadiens d'un bout à l'autre du pays veulent se faire offrir des outils. Ils veulent savoir comment venir en aide. Nous devrions demander aux clubs Rotary, aux clubs Lions, aux regroupements religieux et à tous les organismes bénévoles du pays ce qu'ils souhaitent faire. Ils veulent installer des panneaux solaires, planter des arbres un peu partout ou informer les jeunes sur la façon de changer les choses et de protéger leur avenir? Aidons-les! Il faut faire preuve de leadership.
Nous devons tenir compte des recommandations issues d'études sérieuses sur les moyens d'assurer notre avenir, l'avenir de notre planète, une planète qui non seulement soutiendra la vie, mais nous permettra aussi de prospérer. L'être humain bénéficie d'une planète très hospitalière depuis que, devenu homo sapiens, il a laissé derrière lui ses cousins les singes. Nous avons pu bénéficier de conditions climatiques très bénéfiques, et nous risquons de perdre tout cela à jamais.
Que devrions-nous faire pour corriger la situation? Nous le savons, car les travaux ont déjà été réalisés. Selon le Deep Decarbonization Pathways Project, dont je vais parler brièvement, il faut d'abord éliminer tous les carburants fossiles de la production d'électricité, décarboniser notre réseau électrique, améliorer notre réseau de distribution d'électricité est-ouest, de telle sorte qu'il soit plus facile pour la Colombie-Britannique de vendre de l'électricité à l'Alberta, au Québec d'en vendre aux Maritimes, et ainsi de suite. Il faut que notre réseau électrique est-ouest soit efficace.
Il nous faut ensuite éliminer tous les combustibles fossiles et faire en sorte de nous affranchir totalement de toute forme d'électricité produite grâce à ces combustibles. Cela ne veut pas dire que l'Alberta va cesser de brûler du charbon pour passer au gaz naturel issu de la fracturation. Cela ne fonctionne pas ainsi, car ça représente à peu près la même quantité de gaz à effet de serre. Donc, nous faisons tout cela, puis nous nous débarrassons des moteurs à combustion et adoptons les véhicules électriques. Ensuite, nous rénovons l'ensemble des bâtiments du pays en fonction des normes les plus élevées en matière d'efficacité énergétique, ce qui devrait, selon les syndicats ouvriers à qui j'ai parlé à ce sujet, donner de l'emploi à environ quatre millions de Canadiens. Cela signifie du travail pour davantage de travailleurs qu'il y en a actuellement à la recherche d'un emploi.
Je compare donc tous ces besoins à ce qui est proposé dans le document. Qu'en est-il des priorités concernant l'élimination des obstacles au commerce intérieur? Il n'est pas du tout question des obstacles à la vente d'électricité.
En cette période de crise climatique, le gouvernement met l'accent sur quatre domaines, quatre domaines où nous aurons l'occasion d'améliorer le commerce intérieur. Ainsi, il compte améliorer le transport de marchandises dans l'industrie du camionnage, harmoniser les règlements sur les aliments, harmoniser les règlements visant le secteur de la construction, et faciliter le commerce de l'alcool entre les provinces et les territoires du Canada.
Je n'ai rien contre tout cela, mais où est-il question du réseau électrique est-ouest dans cette discussion? Quels éléments pourraient indiquer que le gouvernement est conscient du travail à faire et des mesures qu'il pourrait prendre pour stimuler l'économie, créer de l'emploi et protéger notre avenir?
Quand je regarde...
:
Monsieur le Président, je vous remercie d'être intervenu afin que mes collègues puissent m'entendre.
Le réseau de distribution d'électricité est-ouest occupe une place très importante dans les mesures qu'il faut prendre pour contrer la crise climatique. Voici ce que je dis aux groupes que je rencontre dans ma circonscription. Il est très difficile de faire un casse-tête quand on a perdu le dessus de la boîte dans laquelle se trouvent les pièces. S'ils retrouvent le dessus de la boîte, voici à quoi il ressemble: cesser de générer de l'électricité au moyen de combustibles fossiles; électrifier le parc automobile; assurer la transition vers le biodiésel pour tout le reste, notamment les tracteurs, les bateaux de pêche et l'équipement forestier; veiller à ce que tous les bâtiments soient aussi éconergétiques que possible; et maintenir l'exploration et l'exploitation des combustibles fossiles au niveau actuel et utiliser ceux-ci au Canada plutôt que de tenter de les expédier par pipeline à des endroits qui n'en veulent pas.
Or, il est plutôt question de pipelines dans ce document. La page 102 nous apprend ce que nous savions déjà, c'est-à-dire que nous avons dépensé 4,5 milliards de dollars pour acheter un pipeline vieux de 65 ans. Il y est aussi question de faire prendre de l'expansion au pipeline actuel et même d'en construire un nouveau, mais sans préciser combien tout cela coûterait. Si quelqu'un se pose la question, j'ai la réponse, moi: il en coûtera de 10 à 13 milliards de dollars de plus que les 4,5 milliards déjà dépensés pour faire prendre de l'expansion au pipeline qui est désormais la propriété de l'État canadien. Voici d'où je tiens ce renseignement:
Dans l'éventualité où le projet d'agrandissement recevrait le feu vert pour rendre ses activités avant une vente des entités de Trans Mountain, le gouvernement inscrirait les dépenses de construction et autres dépenses connexes comme des ajouts à la valeur comptable de l'actif.
Or, décider de dépenser de 10 à 13 milliards de dollars pour l'expansion du pipeline existant entraîne un coût de renonciation ahurissant. Il suffit de consulter ce document ou n'importe quel autre produit par le gouvernement du Canada ou par l'ancien propriétaire du pipeline, Kinder Morgan, pour savoir combien il en coûte réellement, économiquement parlant, pour construire un pipeline servant à acheminer le bitume jusqu'aux marchés étrangers.
L'Alberta Federation of Labour ainsi qu'Unifor, le plus grand syndicat représentant les travailleurs des sables bitumineux, sont intervenus auprès de l'Office national de l'énergie pour s'opposer au projet d'oléoduc de Kinder Morgan parce qu'il coûtait des emplois et qu'il ne permettait pas non plus de diversifier les marchés. Pour ceux qui veulent des exemples concrets, soulignons que, à l'heure actuelle, le bitume dilué qui est acheminé vers le port de Burnaby est principalement destiné à la Californie. Il n'y a pas de diversification des marchés; on se contente d'acheminer notre pétrole sous forme de bitume solide — ce n'est même pas du pétrole brut — vers les mêmes endroits où nous pouvons l'acheminer par voie terrestre.
Si nous voulons nous attaquer sérieusement à la crise climatique, qui est bien réelle, et si nous voulons répondre aux besoins de la société canadienne, ce n'est pas ce genre de document qu'il faut présenter.
Le Canada a d'autres problèmes urgents à régler. Même si la crise climatique est une menace existentielle, je conviens tout à fait, comme le Nouveau Parti démocratique, que le moment aurait été bien choisi pour commencer à faire avancer le dossier du régime d'assurance-médicaments et prendre un engagement à cet égard. On pourrait prévoir cette mesure dans le budget du printemps, mais le Canada doit se doter d'un régime d'assurance-médicaments.
Je connais moi aussi Jim. Le député a parlé de lui plus tôt. Jim est un ancien combattant qui s’assoit dehors près du pont, à côté du Château Laurier. Il doit mendier pour pouvoir payer ses médicaments. Nous sommes le seul pays doté d'un système de soins de santé universel qui n'a pas de régime universel d'assurance-médicaments. Tant qu'à y être, pourquoi n'appliquons-nous pas la Loi de Vanessa, qui a été adoptée durant la 41e législature pour tenir tête aux grandes sociétés pharmaceutiques et les forcer à publier les résultats des essais menés sur leurs médicaments? Il y a de nombreuses choses que nous devons faire au Canada. Or, le présent document n'indique aucune volonté de les faire.
Le document contient beaucoup de beaux mots; je ne le nie pas. J'accueille favorablement tout document qui dit qu'il est temps de prendre au sérieux le secteur caritatif. Toutefois, le document ne précise pas quand nous respecterons notre engagement d'abolir la pauvreté en consacrant 0,7 % de notre produit national brut à l'aide au développement international. Cet engagement a été pris il y a des années, et nous régressons par rapport à où nous étions sous l'ancien premier ministre Brian Mulroney. À cette époque, plus précisément en 1992, la part du PNB consacrée à l'aide au développement était de 0,45 %, soit son pourcentage le plus élevé.
En terminant, j'aimerais citer le regretté Jim MacNeill, un grand Canadien qui a rédigé le rapport Brundtland. Il a affirmé que le budget est le document environnemental le plus important qu'un gouvernement peut préparer.
Or, ce mini budget d'automne ne fait absolument rien pour contrer la pire menace qui pèse sur l'avenir de nos enfants. Espérons qu'avant l'ouverture de la COP24 en Pologne, le gouvernement prendra ses responsabilités et décidera de respecter la promesse qu'il a faite aux Canadiens de devenir un chef de file en matière de climat.