:
Monsieur le Président, je prends la parole aujourd'hui afin d'indiquer que le gouvernement a l'intention d'intervenir pour mettre fin au conflit de travail entre Postes Canada et le Syndicat des travailleurs et travailleuses des postes, aussi appelé STTP.
[Français]
Depuis le début des négociations entre Postes Canada et le Syndicat des travailleurs et travailleuses des postes, nous avons fait de notre mieux pour aider les parties à trouver une solution.
[Traduction]
Nous croyons au processus de négociation collective. La meilleure solution consiste toujours en une entente négociée. Toutefois, nous n'aurions pas opté pour cette approche si nous n'avions pas épuisé tous les moyens à notre disposition.
Le gouvernement a fait campagne en promettant de rétablir des lois du travail et des relations de travail justes et équitables, mais il a aussi une responsabilité à l'égard des entreprises canadiennes, qui font tourner l'économie.
Étant donné que Postes Canada est le principal opérateur de services postaux du pays, les Canadiens et les entreprises canadiennes comptent sur cet organisme. Postes Canada et le Syndicat des travailleurs et travailleuses des postes fournissent des services postaux essentiels aux Canadiens et aux entreprises canadiennes.
Les aînés, les personnes handicapées, les gagne-petit ainsi que les Canadiens vivant en région rurale, éloignée ou nordique qui comptent sur la livraison de courrier traditionnel, y compris les Autochtones, sont touchés de façon disproportionnée par les grèves postales. Le coût des solutions de rechange, comme le recours aux entreprises de messagerie, peut être extrêmement élevé, particulièrement dans les régions rurales ou éloignées. Dans certaines régions éloignées du Nord, il n'existe aucune solution de rechange.
Les Canadiens vivant dans le Nord sont plus dépendants des services de livraison de colis que les autres Canadiens: en 2017, ils ont reçu environ le double du nombre moyen de colis reçus par personne au Canada. Le commerce et les communications électroniques sont la norme pour bon nombre de gens, mais près de neuf millions de Canadiens, soit environ 30 % de la population, vivent dans des régions rurales ou éloignées où l'accès à Internet peut être extrêmement limité.
Nous savons que certaines des personnes les plus vulnérables au pays comptent sur les services de Postes Canada pour recevoir leurs chèques. Elles ont besoin de cet argent pour arriver à joindre les deux bouts, et le moindre retard les places dans une situation très précaire. Je pense par exemple à Jack, qui m'a dit qu'il reçoit des prestations d'invalidité du gouvernement ontarien et que tout retard pourrait faire en sorte qu'il ne puisse plus payer son loyer. De nombreuses autres personnes dépendent de paiements rapides pour arriver à la fin du mois.
Cela fait maintenant cinq semaines que les grèves ont lieu. Postes Canada a fait savoir qu'en raison des grèves tournantes, la population peut s'attendre à des retards jusqu'en 2019 dans la distribution du courrier et des colis. Postes Canada a également averti ses clients commerciaux qu'à ce stade-ci, il ne sera plus possible de respecter les normes de distribution pour tout produit à cause des grèves prolongées. Les grèves ont occasionné des retards dans la distribution du courrier et des colis quelques jours seulement avant l'arrivée prévue de millions de colis supplémentaires en raison des ventes en ligne liées au Vendredi fou et au Cyberlundi.
Les entreprises pâtissent déjà des effets de la grève. Les retards considérables entraînent des annulations de commandes pour beaucoup d'entreprises canadiennes dont la survie dépend des ventes réalisées entre le Vendredi fou et la fin de la saison des Fêtes. On rapporte une baisse du commerce en ligne. Les répercussions de la grève tournante sont particulièrement marquées pour les petites et moyennes entreprises, pour qui le quatrième trimestre est le plus chargé.
Le fait est que si la grève se poursuit durant la saison des Fêtes, elle fera beaucoup de dommage, comme des pertes d'emplois et moins d'heures de travail pour les Canadiens, qui comptent sur ces revenus supplémentaires pour joindre les deux bouts.
Par ailleurs, Postes Canada a demandé à ses partenaires internationaux d'interrompre l'expédition de courrier et de colis au Canada, en raison des arriérés considérables qui se sont accumulés à la suite de la grève tournante. Cela nuit non seulement aux habitants et aux entreprises du Canada, mais aussi à la réputation du pays en tant que marché fiable pour le commerce.
La situation est difficile pour les petites et les moyennes entreprises qui dépendent davantage de Postes Canada pour la facturation et l'exécution des commandes, particulièrement pour celles qui mènent leurs activités sur les plateformes de ventes en ligne eBay, Etsy ou Amazon. Les deux tiers des PME contactées dans le cadre d'un sondage mené au nom de la Fédération canadienne de l'entreprise indépendante disent avoir été touchés par la grève tournante de Postes Canada. La Fédération estime que les pertes se chiffrent à environ 3 000 $ par entreprise, en raison des ventes ratées, des commandes annulées, des retards ou du recours aux solutions de rechange pour la livraison, plus coûteuses.
Le commerce électronique est une source importante de croissance économique. Depuis la grève postale de 2011, les Canadiens sont devenus de plus grands consommateurs de biens commandés sur Internet et livrés par la poste. Selon Statistique Canada, les ventes par Internet ont augmenté de 31 % chez tous les détaillants en ligne pour atteindre 15,7 milliards de dollars en 2017. Jusqu'à 40 % de ces ventes se font au quatrième trimestre; elles sont donc touchées actuellement par la grève tournante. Beaucoup d'entreprises, surtout les petites entreprises en ligne, indiquent qu'elles ne pourront pas passer au travers d'une grève postale prolongée.
Je me permets de présenter quelques exemples concrets.
À Halifax, Monkeys & More est l'entreprise de Dale Kearney et de sa femme Sherrie. Ils se spécialisent dans la vente de foulards, de mitaines et de tabliers fabriqués à la main. Pendant la période de magasinage des Fêtes, ils reçoivent des commandes du Canada et des États-Unis. Cependant, cette année, les clients hésitent à passer des commandes parce qu'ils ont peur de ne pas les recevoir avant Noël. M. Kearney affirme: « Les années précédentes, nous avions tout vendu à ce temps-ci de l'année. La grève tournante tue notre entreprise. »
Que dire de la boutique Red Ribbon, sur la rue High à Edmonton? Cette entreprise est dirigée par la propriétaire, Rychelle Tuck, et dépend beaucoup de Postes Canada, car la plupart des ventes résultent du commerce électronique. Mme Tuck sait que ses clients recevront en retard leurs colis, mais le délai exact demeure un mystère pour elle.
Les petites entreprises comme celles-ci deviennent peu à peu les victimes du conflit qui persiste à Postes Canada.
Dans un article, Craig Patterson, directeur du département de recherche appliquée à la School of Retailing de l'Université de l'Alberta, a dit que les marges des petites entreprises étaient beaucoup moins grandes que celles des grands détaillants et qu'elles dépendaient beaucoup plus de Postes Canada, alors que les grands détaillants peuvent faire appel à d'autres fournisseurs de services. Il a dit que pour ne pas prendre de risques, beaucoup de consommateurs iront dans les centres commerciaux plutôt que dans les commerces locaux, de sorte que l'argent sera dépensé ailleurs que dans l'économie locale.
La grève a aussi des répercussions sur les travailleurs. Les employés de Postes Canada et d'autres entreprises touchées comptent sur la rémunération supplémentaire qu'ils reçoivent à cette époque de l'année. Dans certains cas, ils en ont besoin pour arriver. Les Canadiens nous demandent d'intervenir.
Le Conseil canadien du commerce du détail a envoyé une lettre ouverte au , dans laquelle il dit que la situation commençait à prendre des proportions de crise, que le nombre de colis expédiés allait bientôt doubler et que le système postal était déjà engorgé.
Si nous ne débattons pas cette mesure législative aujourd'hui, c'est parce que nous croyons encore que Postes Canada et le Syndicat des travailleurs et travailleuses des postes peuvent arriver à s'entendre. Je crois que les deux parties peuvent encore en arriver à une entente négociée.
[Français]
Nous croyons toujours qu'une entente est possible, mais nous devons être prêts à agir si les partis n'y arrivent pas.
[Traduction]
Les parties négocient toujours, et rien dans cette motion ne les en empêchera. Nous continuons de leur fournir tous les outils nécessaires pour qu'elles arrivent à une entente. Les négociations ont commencé à la même époque l'an dernier. La convention collective actuelle, qui a expiré le 31 janvier 2018, concernait environ 8 000 facteurs ruraux et suburbains et 42 000 employés relevant de l’unité de l’exploitation postale urbaine.
Le 29 juin, le Service fédéral de médiation et de conciliation a reçu deux avis de différend de la part du syndicat. Une semaine après, soit le 6 juillet, deux agents de conciliation ont été nommés pour faciliter les négociations. Le 5 septembre, j'ai moi-même nommé deux médiateurs. Le Syndicat des travailleurs et travailleuses des postes s'est mis en grève le 22 octobre. Le 24 octobre, j'ai nommé le médiateur spécial Morton Mitchnick et j'ai renouvelé deux fois son mandat pour faciliter la conclusion d'une entente. L'arbitrage volontaire a été offert et refusé.
À maintes reprises, ma collègue Carla Qualtrough, , et moi-même avons pris directement contact avec les parties pour les exhorter à arriver à une entente. Nous avons travaillé fort pour rétablir l'équité et l'équilibre dans le monde du travail au Canada, et les efforts que nous avons déployés en ce sens en témoignent.
Grâce au projet de loi , par exemple, qui est la première mesure législative présentée par le gouvernement…
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Monsieur le Président, je prends la parole aujourd'hui au sujet de la motion.
Les députés des deux côtés de la Chambre ont exprimé divers points de vue. Toutefois, la députée du NPD a bien résumé le problème en reprenant ma phrase d'ouverture portant sur le fait que les libéraux tiennent un double discours.
Aujourd'hui, la ministre a énuméré dans son discours les raisons pour lesquelles la motion sur la loi de retour au travail à Postes Canada a été déposée. Elle a affirmé que les petites entreprises dans l'ensemble du Canada sont en situation de crise. Elle a même donné des exemples de propriétaires d'entreprises qui ont signalé à son bureau qu'ils risquaient de devoir fermer leurs portes s'ils ne pouvaient pas compter sur le service postal. Elle a insisté sur le fait qu'il est vraiment important de remédier aux problèmes des propriétaires de petites entreprises partout au pays et que c'est pour elles qu'elle prend cette mesure aujourd'hui.
Pourtant, elle a aussi dit en réponse à ma question que le gouvernement fera tout ce qu'il peut pour parvenir à une sorte d'entente. Toutefois, elle n'a pas terminé sa phrase. À mon avis, elle allait dire que c'était tant pis pour les petites entreprises, peu importe les conséquences à venir.
Les propriétaires de petites entreprises ont soulevé des craintes bien réelles, d'autant plus que la période la plus occupée de la saison ne fait que commencer pour eux. S'ils ne réalisent pas de profits pendant la période des Fêtes, cela a un impact sur le reste de l'année. J'ai eu ce genre de conversations avec les propriétaires de petites entreprises de ma circonscription. Ils génèrent parfois de 60 % à 70 % de leurs revenus pendant la période des Fêtes, dont une grande partie dépend des ventes en ligne.
Je vais donner quelques exemples. Au cours des 10 dernières années, Frontier Western Shop, située à Claresholm, est passée de très petite boutique de vêtements et d'accessoires western à modèle de réussite à l'échelle internationale. Elle vend ses produits partout dans le monde. Qui aurait cru que les Européens étaient à la recherche de boucles de ceintures et de bottes de cow-boy? C'est pourtant le cas. L'entreprise est aujourd'hui extrêmement prospère, et elle s'appuie sur une plateforme en ligne. C'est aussi le cas de Flys Etc., qui est installée à High River. Au début, c'était la microentreprise d'un seul homme. Toutefois, ses moulinets et ses cannes à pêche, sans oublier ses mouches fabriquées à la main, ont suscité un tel intérêt en ligne partout dans le monde que cette petite entreprise de High River a connu un succès retentissant.
Nous pourrions parler des grandes sociétés qui subiront les contrecoups de la situation. Toutefois, à la lumière des commentaires que nous recevons des gens de nos circonscriptions, il ne faut surtout pas oublier les très petites entreprises en régions rurales. Dans son discours, la ministre a dit que des propriétaires d'entreprise lui ont demandé d'adopter des mesures concrètes afin que Postes Canada reprenne ses activités. Aujourd'hui, la ministre a affirmé qu'elle avait écouté leurs histoires. Or, elle se contente de présenter une motion pour discuter du problème. Elle ne prend pas de mesures concrètes. Elle souhaite seulement en discuter un peu plus alors que chaque minute et chaque heure supplémentaires de ce conflit aggrave la situation pour les petites entreprises du pays.
On reconnaît ici une tendance lourde du gouvernement libéral. Je parle de son incapacité à agir lorsque c'est nécessaire. Il veut ménager la chèvre et le chou, et nous savons tous ce qui arrive aux gens qui adoptent cette approche pendant trop longtemps. Ils deviennent extrêmement inconfortables. Malheureusement, ce sont les petites entreprises du Canada qui en subissent les douloureuses conséquences.
C'est loin d'être la première fois que nous voyons ce genre de chose depuis le début du mandat des libéraux il y a trois ans. Souvelons-nous du dossier du retard dans le transport des grains. Partout au pays, mais particulièrement dans l'Ouest, les producteurs de grains parlaient de toutes les difficultés qu'ils vivaient parce qu'ils ne pouvaient pas acheminer leurs marchandises vers les marchés. Nous avons incité le gouvernement libéral à agir dans ce dossier pendant des mois. Il avait à sa disposition des outils qu'il aurait pu utiliser pour obliger les compagnies de chemin de fer à transporter de plus gros volumes de grains. Tout cela a commencé l'automne dernier. L'hiver s'est écoulé. Chaque fois que nous avons soulevé la question auprès du gouvernement libéral, on nous a répondu: « Nous sommes convaincus que les compagnies de chemin de fer vont s'occuper de régler le problème. Nous n'allons pas intervenir. Les compagnies respectent leurs objectifs. La situation va se régler d'elle-même. » Parfois, elles ne transportaient que 6 % de la quantité prévue au contrat. Ce n'est certainement pas ce que j'appellerais respecter ses obligations. Le printemps, la saison de l'ensemencement, est ensuite arrivé et toujours pas de résolution. Enfin, l'été est arrivé et les libéraux ont déposé le projet de loi — le projet de loi sur les transports —, la mesure que nous leur avions demandée huit ou neuf mois plus tôt. S'ils avaient proposé la mesure législative préparée par le gouvernement conservateur précédent, le problème aurait été réglé en temps opportun pour les producteurs de grains canadiens. Les libéraux préfèrent toutefois attendre qu'une situation tourne à la crise pour bouger.
C'est exactement ce que la ministre a dit aujourd'hui dans son discours: les petites entreprises font face à une crise. Que feront les libéraux pour la surmonter? Ils vont quasiment agir, mais sans vraiment rien faire. Nous en débattrons un peu plus et, encore une fois, on cherchera à ménager la chèvre et le chou. Les producteurs de grain de l'Ouest canadien savent fort bien quelles sont les conséquences de cela. Prenons le projet de loi . Celui-ci n'oblige pas les compagnies de chemin de fer à transporter le grain. Il n'oblige personne à rendre de comptes. C'est de la poudre aux yeux pour que les libéraux puissent dire qu'ils ont fait quelque chose quand cela n'aura plus vraiment d'importance et qu'il sera beaucoup trop tard. En fait, la mesure législative ne règle rien. Espérons que pendant les récoltes de cet automne et de cet hiver nous verrons la véritable incidence du projet de loi C-49 sur les producteurs de grain.
Revenons aussi au système de paie Phénix que nous connaissons tous. Les libéraux aiment refiler la responsabilité à quelqu'un d'autre. Lorsqu'ils ont remporté les élections, on leur a dit que le système de paie Phénix n'était pas prêt. Ils devaient prendre des mesures concrètes pour régler la situation, qui toucherait les employés fédéraux partout au pays. Ils n'ont pas pris de mesures concrètes. Ils n'ont pas corrigé la situation. Ils ont juste donné le feu vert en croisant les doigts parce que l'espoir et le travail acharné suffisent à régler tous les problèmes apparemment. Nous avons vu les conséquences de cette inaction. Les employés fédéraux d'un bout à l'autre du pays peuvent certainement en parler, ainsi que des conséquences que cela a eues sur leurs moyens de subsistance. Certains d'entre eux ont été payés en trop et ont dû rembourser le gouvernement fédéral. D'autres n'ont pas été payés du tout. La ministre nous dit que le gouvernement prend des mesures concrètes et qu'il est pleinement conscient de la situation de crise. Que font donc les libéraux? Rien ou si peu.
C'est regrettable, parce que les propriétaires de petites entreprises se trouvent maintenant dans la ligne de mire en raison du conflit de travail chez Postes Canada. Comme je l'ai indiqué dans ma question à la ministre, lorsque le gouvernement conservateur a pris des mesures semblables en 2011 pour mettre fin à l'arrêt de travail à Postes Canada, les députés libéraux du troisième parti de l'opposition l'ont sévèrement critiqué. Ils ont affirmé que notre approche était trop agressive et que nous ne devions pas agir ainsi. Il est intéressant de voir que, seulement quelques années plus tard, les rôles sont inversés, et les libéraux se trouvent maintenant dans la même situation. Ils pensent qu'ils doivent intervenir, mais ils veulent toujours prendre des demi-mesures. Ils sont incapables de prendre une décision difficile et d'y donner suite afin de remédier à la situation pour les entreprises dans l'ensemble du Canada.
Je veux présenter des exemples de la tendance que nous avons observée chez le gouvernement libéral au cours des quelques dernières années. Il y a notamment le tollé de la part des Canadiens, surtout en Ontario et au Québec, qu'a provoqué l'afflux transfrontalier de migrants illégaux au Canada. Il s'agit d'une crise. Cela ne fait aucun doute. Nous avons vu le nombre de migrants illégaux augmenter au cours des dernières années. Les libéraux aiment prendre de petits instantanés de la crise des migrants illégaux afin de pouvoir affirmer qu'ils maîtrisent la situation parce que, lors d'une semaine particulière en juillet, le nombre de migrants illégaux a diminué entre 14 heures et 16 heures. Si on examine les chiffres dans une optique plus large, on constate qu'ils ont continué de grimper.
Les Canadiens n'ont certainement pas l'impression que cette situation est maîtrisée, et les députés du Sud de l'Ontario, du Québec et du Manitoba en conviendront. Je ne pense pas qu'aménager des logements permanents le long de la frontière, au moyen de tentes et de roulottes, constitue une solution à long terme à la crise des migrants illégaux. Les libéraux ne font que palabrer et ne veulent rien faire concrètement. Ils disent qu'ils sont en train de mettre les choses en place. Le , un ministre sans portefeuille dans les faits, a répété à satiété que le gouvernement a la situation bien en main. Cependant, toutes les statistiques, tous les reportages des médias et tous les entretiens que nous avons eus avec les personnes sur le terrain nous montrent le contraire. Nous constatons encore une fois l'incapacité des libéraux à prendre des mesures concrètes lorsque celles-ci s'imposent.
Il y a des parallèles entre cette crise et la situation dont nous parlons aujourd'hui. Les entreprises de partout au pays disent être confrontées à une véritable crise. À l'approche du temps des Fêtes, les chiffres que nous avons vus et que la ministre a mentionnés aujourd'hui, je crois, montrent que les grèves tournantes à Postes Canada coûtent aux petites entreprises 3 000 $ par mois, en moyenne. Cette somme ne comprend pas seulement les ventes perdues, mais aussi les paiements que ces entreprises ne reçoivent pas.
Regardons un peu les conséquences. Si une entreprise perd 3 000 $ par mois, elle pourrait être forcée de congédier deux employés. À l'opposé, si elle disposait de ces 3 000 $ pendant le temps des Fêtes, elle pourrait employer quelques employés de plus pendant cette période très achalandée. La ministre libérale a fait valoir que la situation actuelle constitue une véritable crise pour les entreprises. Il y a des conséquences à l'inaction qui perdure.
J'ai une fille de 20 ans qui souhaite trouver un emploi à temps partiel pour le temps des Fêtes. Elle a offert ses services à quelques commerçants, mais plusieurs lui ont répondu qu'ils n'embaucheront personne avant de savoir ce qu'il adviendra du conflit de travail à Postes Canada. Ils ne sont pas certains d'avoir les moyens d'embaucher des employés à temps partiel supplémentaires pour la période de Fêtes.
Bon nombre de Canadiens comptent sur ce revenu supplémentaire parce qu'il les aide à payer leurs cadeaux de Noël et leurs célébrations des Fêtes. Pendant le congé de Noël, les étudiants universitaires et collégiaux ont grandement besoin de ces revenus supplémentaires pour payer leurs frais de scolarité et leurs manuels scolaires, qui sont devenus plus chers. Soit dit en passant, les libéraux estimaient que les crédits d'impôt pour les frais de scolarité et les manuels scolaires n'étaient pas vraiment nécessaires et que les étudiants universitaires et collégiaux étaient trop riches pour y avoir droit. Malheureusement, pour cette raison, les étudiants doivent maintenant trouver des emplois à temps partiel durant les vacances de Noël, emplois qui n'existeront pas, puisque les petites entreprises perdent jusqu'à 3 000 $ par mois à cause de la perturbation des services de Postes Canada.
Mes collègues libéraux ont minimisé la gravité du problème en affirmant que, lors de situations similaires, les conservateurs avaient agi trop rapidement, alors que les libéraux avaient pris le temps de réfléchir avant d'agir. Je suis très fier que nous ayons agi rapidement et pris des mesures concrètes lorsqu'il le fallait. Cela a permis aux petites entreprises et aux compagnies canadiennes de savoir que le gouvernement les appuyait et de disposer des outils nécessaires pour réussir. Or, ce qui les irrite, à l'heure actuelle, c'est que le gouvernement les laisse souffrir sans rien faire et qu'il préfère s'abstenir de prendre parti dans l'espoir que ces deux groupes parviennent à une entente, ce qu'ils ne sont manifestement pas en mesure de faire.
Je comprends la position du syndicat par rapport à certains problèmes qu'il tente de résoudre, mais il est évident que les parties n'ont pas réussi à s'entendre. Nous comprenons qu'une période très occupée nous attend à l'approche des Fêtes. Par conséquent, je crois qu'il incombe au gouvernement de prendre des mesures décisives pour que les petites entreprises ne souffrent pas pendant leur période la plus occupée. C'est leur période la plus payante. C'est ce qui leur permet de toucher un revenu suffisant pour se maintenir à flot pour le reste de l'année. C'est indéniable. Comme je l'ai dit, nombre de ces entreprises gagnent 70 % de leurs revenus pendant cette période de l'année.
Au cours des dernières semaines, j'ai bien entendu la frustration des propriétaires de petite entreprise qui ne comprennent pas pourquoi le gouvernement libéral ne les appuie pas. Nous n'avons qu'à penser aux modifications fiscales que les libéraux voulaient imposer aux petites entreprises à l'automne dernier. Les conséquences auraient été désastreuses pour les petites entreprises canadiennes. Si cette décision n'avait pas suscité autant de révolte parmi les agriculteurs, les éleveurs et les petites entreprises, il ne fait aucun doute que le gouvernement libéral aurait imposé ces changements. Les agriculteurs nous ont dit que ce serait la fin de leur exploitation familiale, puisqu'ils ne seraient pas en mesure de la léguer à la génération suivante. C'était ahurissant, mais vrai. Les libéraux ne le nient pas et, même si nous avons pu les amener à reculer sur certaines mesures, les modifications visant les revenus passifs sont toujours là.
Des difficultés demeurent pour les propriétaires de petite entreprise. Les libéraux ont haussé les cotisations au Régime de pensions du Canada et à l'assurance-emploi, ce qui a une incidence tant sur les propriétaires d'entreprise que sur leurs employés. Le gouvernement s'apprête à imposer une taxe fédérale sur le carbone qui sera appliquée même sur la TPS et la TVH. Pour une raison qu'on ignore, les libéraux ne comprennent pas que tout cela a un effet dévastateur sur les petites entreprises canadiennes.
Ce sont ces petites entreprises qui créent de l'emploi, même si le gouvernement libéral voudrait s'en attribuer le mérite. Soyons clairs. Ce ne sont pas les gouvernements qui créent de l'emploi. Les gouvernements peuvent mettre en place des politiques qui favorisent la croissance des entreprises et la création d'emplois, mais, à moins d'embaucher un grand nombre de fonctionnaires, ils ne créent pas d'emplois. Mais bon, c'est un sujet pour un autre jour. Voilà une façon, pour les libéraux, de créer des emplois.
Plus de 90 % des emplois au Canada sont créés par les PME. Ces PME prospèrent parce que les entrepreneurs sont prêts à prendre des risques. Nous devons veiller à ce qu'ils aient les outils voulus pour prendre ces risques et la marge de manoeuvre nécessaire pour embaucher de nouveaux employés, faire croître leur entreprise et investir dans du nouveau matériel, de nouvelles technologies et de nouvelles innovations. L'un de ces outils est un service postal fiable.
Si l'on se fie à ce qu'il a fait en trois ans de mandat, le gouvernement libéral semble être en train d'éliminer, un par un, tous les outils dont les PME ont besoin pour prospérer, que ce soit en augmentant les impôts ou en imposant une nouvelle taxe sur le carbone, de nouveaux règlements ou des formalités administratives supplémentaires.
J'aimerais parler brièvement de l'énoncé économique de l'automne présenté hier. À mon avis, rien dans cet exposé ne règle la crise qui sévit en Alberta. Le prix du pétrole est excessivement bas par rapport à celui des États-Unis. Les libéraux pensent que nous parlons des grandes sociétés multinationales. Il est vrai qu'elles sont touchées, mais il en va de même pour toutes les petites et moyennes entreprises qui dépendent de ces grandes sociétés. L'effet est dévastateur pour les collectivités rurales de l'Alberta, pour qui un malheur n'attend pas l'autre.
Au début du mandat des libéraux, trois des plus grandes entreprises au monde, Trans Canada, Enbridge et Kinder Morgan, étaient prêtes à investir de leur propre argent dans trois projets majeurs d'infrastructure énergétique. Maintenant, cette offre n'est plus sur la table. À moins de voir ce qui se passe en Alberta, les gens ne peuvent pas comprendre les répercussions d'une telle situation. Les investisseurs sont partis. Les entreprises ferment leurs portes et des emplois disparaissent. Les conséquences sont dévastatrices.
Mes collègues de l'Alberta et moi nous en parlons souvent. Nous n'arrivons pas à comprendre pourquoi les libéraux refusent de voir ce qui se passe et pourquoi ils ignorent les répercussions d'une telle situation sur l'économie et les petites collectivités rurales de l'Alberta.
Noël approche à grands pas, et plus de 10 000 travailleurs du secteur de l'énergie sont sans emploi. Certains sont au chômage depuis plus de deux ans maintenant. Pour eux, Noël constituait une occasion de célébrer avec la famille et les amis, mais ce sera impossible cette année parce que les petites entreprises des collectivités rurales albertaines sont en difficulté. Elles ne sont pas en mesure de communiquer avec leurs clients et de recouvrer leurs créances.
Voilà que le gouvernement libéral fait d'autres victimes parce qu'il ne semble pas comprendre l'importance des petites entreprises, dont les collectivités rurales dépendent beaucoup, ainsi que du service postal. Ces collectivités sont parfois très isolées.
Je conviens que le courriel et Internet facilitent les communications, mais ils ne remplacent pas le service postal et la situation est très frustrante. Nous tenons à ce que les libéraux prennent des mesures fermes face à la situation. Ils ne peuvent pas se contenter d'en parler; ils doivent agir.
J'ai énormément parlé des collectivités rurales et des petites localités, mais ce conflit a également des répercussions à l'échelle internationale. Nous venons d'apprendre que Postes Canada a informé le Royaume-Uni et les États-Unis et plusieurs autres de nos grands partenaires et alliés — dont sont originaires bon nombre de Néo-Canadiens et immigrants — de ne pas envoyer de colis ou de courrier parce qu'il sera impossible d'en assurer l'acheminement.
Voilà qui complique les choses pour un partenaire commercial si des entreprises qui ont des activités ailleurs dans le monde doivent maintenant interrompre leurs activités réciproques faute d'un service postal fiable. Cette grève aura des répercussions dans plus de 100 pays membres de l'Union postale universelle et sur diverses agences des Nations unies. Encore une fois, force est de constater que le gouvernement libéral ne protège pas les marchés d'exportation, l'économie mondiale et la capacité des entreprises canadiennes de croître et de s'implanter à l'étranger. Le conflit à Postes Canada a des conséquences très importantes sur l'économie nationale, non seulement au Canada mais également sur la scène mondiale.
J'ose espérer que, au cours des prochains jours, les libéraux comprendront que pour les Canadiens vivant en région rurale et dans de petites localités, Postes Canada offre un service essentiel, notamment pour les affaires et pour le règlement des factures. J'espère que les libéraux entendront ce message aujourd'hui. Je suis persuadé que mes collègues néo-démocrates lanceront haut et fort le même message et leur diront de prendre la situation au sérieux. Le gouvernement ne doit pas se contenter de parler; il doit prendre des mesures concrètes. Il ne doit pas s'imaginer que les petites entreprises ne sont pas pénalisées et peuvent attendre. Elles ne le peuvent pas: une intervention gouvernementale s'impose dès aujourd'hui.
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Monsieur le Président, je dois dire qu'aujourd'hui n'est pas un beau jour pour moi et que ce n'est pas un honneur de m'exprimer sur cette motion n
o 25 émanant du gouvernement.
Ce n'est pas non plus un beau jour pour les travailleurs et les travailleuses des postes qui sont présentement en train de livrer le courrier, que ce soit des chèques pour ceux et celles qui en ont besoin ou des colis expédiés par les entreprises qui vont directement dans les foyers des Canadiens et des Canadiennes et partout ailleurs dans le monde.
Tout comme la liberté de négociation des travailleurs est brimée, ici, dans l'opposition, nous sommes muselés par cette motion déposée aujourd'hui par le gouvernement et qui nous amènera à débattre du projet de loi demain soir. Voici quelques passages de cette motion qui le démontrent. Tout d'abord, seulement deux heures seront accordées aux délibérations à l'étape de la deuxième lecture après l'adoption de la motion. Après tous les projets de loi de la Chambre des communes que j'ai vus depuis ma première élection en 2015, c'est la première fois que je vis une situation où on bafoue tous nos droits, les règles et notre liberté d'expression ici, à la Chambre des communes.
J'ai été élue en 2015 pour représenter mes concitoyens et mes concitoyennes et débattre des projets de loi. Comme députés, nous sommes la voix de nos concitoyens et nous devons émettre des opinions ici, à la Chambre. Malheureusement, encore une fois, le gouvernement nous brime dans notre liberté d'expression et bafoue notre démocratie.
Au point e) de la motion no 25, on peut lire qu'une heure au plus sera accordée aux délibérations à l'étape du comité plénier. Ensuite, on dit qu'au plus une demi-heure sera accordée aux délibérations à l'étape de la troisième lecture, sous réserve qu'aucun député ne prenne la parole pendant plus de 10 minutes lors de cette étape. Ce qui est encore plus dramatique, c'est qu'aucune période de questions et commentaires ne sera autorisée après l'intervention de chaque député.
À quoi cela sert-il? Nous sommes ici pour débattre de questions importantes et représenter nos concitoyens et nos concitoyennes. Or, à cause de cette motion, lorsque le projet de loi sera débattu, demain, à la Chambre des communes, on n'aura même pas le droit de s'exprimer, ne serait-ce que pour poser des questions au gouvernement à l'étape de la troisième lecture. Est-ce que c'est parce que le gouvernement a peur de répondre aux questions? C'est inacceptable.
J'aimerais maintenant parler un peu de mon expérience personnelle. En 2011, j'étais factrice. Pendant 15 ans, j'ai livré le courrier à pied avec mon sac sur les épaules. J'ai passé 15 belles années à parcourir les rues de ma région du Saguenay—Lac-Saint-Jean. C'était extraordinaire et j'ai toujours adoré mon travail. J'étais fière de porter mon uniforme. Tous les jours, j'allais voir les gens à leur porte pour leur livrer leur courrier et leurs colis. J'étais fière de faire partie de cette organisation.
Cependant, j'ai vécu le lockout en 2011. J'ai vécu l'imposition et la restriction des négociations. À l'époque, Postes Canada avait fermé ses portes pendant deux semaines, mais ce n'était pas la volonté des travailleurs et des travailleuses. Nous voulions négocier une convention collective. Le droit de grève est un droit constitutionnel. Nous voulions continuer à livrer le courrier tout en poursuivant les négociations et en exerçant un moyen de pression qui était constitutionnel et qui l'est encore.
Même si l'employeur nous avait mis à la rue et qu'il avait fermé les bureaux de Postes Canada, tous les travailleurs et les travailleuses, aussi bien les facteurs et les factrices que les commis qui travaillaient à l'intérieur, s'étaient mis d'accord pour aller livrer les chèques de pension de vieillesse qui devaient être livrés cette semaine du mois de juin 2011. Je me souviens qu'ils l'avaient fait de bonne foi, dans la bonne humeur et bénévolement.
Cela démontre combien les travailleurs et les travailleuses des postes ont le coeur à l'ouvrage. Cependant, nous avons été brimés dans nos droits et nous avons dû vivre avec les conséquences de l'imposition d'une loi spéciale par l'ancien gouvernement conservateur en 2011.
J'ai parlé de mon expérience personnelle en tant qu'employée mise en lockout et du fait que mes droits de négociation ont été brimés.
Je veux revenir sur le travail que nous faisons tous les jours et expliquer pourquoi il y a encore des négociations et des revendications concernant la sécurité au travail. Maintenant, il y a plusieurs formes de livraison du courrier. Je sais que certaines personnes, ici, connaissent moins bien le terrain.
L'arrêt de la livraison à domicile fait que, dans certaines municipalités, le facteur ou la factrice utilise un camion pour livrer le courrier. Il y en a encore qui livrent le courrier à pied. Par exemple, c'est le cas des facteurs du centre-ville de Montréal.
Il y a aussi les facteurs et les factrices qui travaillent en milieu rural. La majorité d'entre eux sont des femmes. Ce sont des femmes qui parcourent des milliers de kilomètres. Je peux donner l'exemple d'une consoeur de travail avec qui j'ai discuté à l'époque. Elle partait du Saguenay et couvrait quatre municipalités. Son territoire était tellement grand et vaste qu'elle pouvait parcourir près de 250 kilomètres en une journée de travail. Ces gens utilisent leur voiture personnelle. C'est avoir deux poids, deux mesures, parce que ces gens n'ont pas les même conditions de travail que les facteurs urbains. Les salaires ne sont pas les mêmes non plus. Majoritairement, ce sont des femmes qui sont des factrices rurales, et elles travaillent parfois dans de petits bureaux isolés. Elles sont parfois une ou deux, parce qu'elles vivent dans des municipalités éloignées. Leur sécurité est importante, mais leurs conditions de travail le sont aussi. On doit rétablir l'équité. Le gouvernement fédéral a déposé un semblant de projet de loi sur l'équité salariale. Présentement, elles ne peuvent pas encore en bénéficier. Il y a encore tellement d'écart que cela crée une iniquité. Ce n'est pas pour rien que nous entendons plusieurs commentaires.
J'ai aussi reçu, depuis plusieurs semaines, plusieurs témoignages de facteurs et de factrices de partout au Canada. Ils m'ont écrit des messages dans lesquels ils me remercient d'être leur voix et d'être présente. Ils m'ont dit se sentir appuyés. Heureusement, le NPD est là pour eux. Ils se sentent abandonnés par le gouvernement, malgré sa promesse. Nous parlons beaucoup de la classe moyenne. Or ces gens font partie de la classe moyenne. Ils font tous et toutes partie de la classe moyenne et ils se sentent complètement oubliés, ignorés et délaissés.
Je reviens sur le sujet de la sécurité. Lorsque la charge de travail est moins bien évaluée, il arrive que des secteurs soient évalués différemment. Je reviens à mes factrices rurales qui livrent le courrier dans les municipalités éloignées. C'est ce qu'elles vivent. Souvent, elles doivent faire du bénévolat. Si, selon leur contrat de travail, elles sont payées pour trois ou quatre heures, mais que cela leur prend plus de temps à cause d'une tempête, parce que c'est glissant, à cause de vents importants ou parce que le volume de courrier est beaucoup plus élevé que d'habitude, elles ne seront pas payées pour les heures supplémentaires. Elles font du bénévolat tous les jours.
On me dira que certains choisissent de faire du bénévolat. C'est vrai. Les gens font du bénévolat dans plusieurs organismes communautaires, mais c'est parce qu'ils veulent le faire. Lorsqu'une personne a un travail et qu'elle a une hypothèque et une auto à payer, elle s'attend à être rémunérée pour le service qu'elle rend. C'est là que cela devient inéquitable. Ces gens ont raison de vouloir améliorer leur sécurité au travail et de vouloir l'équité. Je les comprends. Cela fait déjà plusieurs années qu'ils veulent ravoir ces conditions. Comme en 2011, on dépose une autre loi qui brime la liberté de négociation.
Les gens de Postes Canada ne sont pas fous. Cela fait déjà deux semaines qu'on entend, sur la Colline, qu'une loi spéciale sera imposée. Pourquoi négocieraient-ils? C'est vrai que c'est une bonne chose que la ministre ait reconduit le mandat du médiateur. C'est une bonne chose. C'est correct. On ferait pareil si on était en train de négocier l'achat d'une belle voiture neuve et qu'on savait que le concessionnaire était prêt à baisser le prix de 5 000 $. On n'est pas fou. On va attendre jusque là. On n'acceptera pas son offre trois fois. C'est exactement ce qui se produit présentement.
Je voudrais également parler de la fausse crise que Postes Canada est en train de créer. Postes Canada l'avait fait en 2011. Je le sais, car je l'ai vécu. J'étais sur le plancher de travail, sur le terrain.
De façon volontaire et dès le début du mandat de grève, Postes Canada a complètement arrêté de remplacer ceux qui étaient absents et de prolonger les heures pour les commis travaillant à l'interne au traitement du courrier et des colis.
Il arrive parfois qu'il y ait un surplus de courrier à l'intérieur d'un mois. On parle présentement du Vendredi fou, mais l'année d'avant et l'année suivante, il y avait encore une augmentation de courrier. Il y en a eu de temps en temps durant la grève rotative, mais je vais le répéter souvent: on n'est pas en arrêt complet de travail. Nous ne sommes pas en panique, contrairement à 2011, alors que Postes Canada avait elle-même décidé de mettre le cadenas sur la porte et d'exercer un lockout.
En ce moment, des grèves rotatives ont lieu partout au Canada. Cela dure une journée ou deux, mais jamais plus.
Postes Canada a volontairement décidé d'arrêter de traiter le courrier à temps et de suspendre des règles pour ceux et celles qui sont en congé d'invalidité, en congé parental ou en congé de maternité, par exemple. Postes Canada a elle-même créé cette crise. Toutefois, on dirait que le gouvernement ne prend pas le pouls du terrain en n'allant pas voir ce qui se passe réellement.
On reçoit une belle lettre provenant de eBay disant que c'est catastrophique, que leur courrier ne sera pas livré à temps, et on ne va même pas vérifier les preuves. C'est ce qui est le plus choquant et qui fait que nous sommes obligés de débattre de la motion no 25 pour obliger les travailleurs à arrêter de négocier. Ceux-ci vont être brimés dans leurs droits, et cela est inacceptable.
On se fie seulement à la parole des gens chez Postes Canada. Il est vrai que c'est important, le commerce. La petite entreprise fait beaucoup affaire avec Postes Canada, et c'est une grande fierté, parce que cela prouve que notre service public est efficace et rentable, même si les conservateurs disent maintenant le contraire. Ils le disaient aussi en 2011, et je me souviens qu'ils voulaient privatiser Postes Canada. C'était sur la table et nous en entendions parler de plus en plus.
Je suis contente d'entendre les conservateurs dire que les entreprises se servent de Postes Canada pour leurs exportations et leurs livraisons et pour prendre de l'expansion. C'est formidable d'entendre cela. Or ce qui est le plus formidable — j'ai des preuves avec photos à l'appui et je l'ai moi-même vécu en commandant quelque chose que je n'arrivais pas à trouver à Ottawa — c'est qu'ils sont capables de livrer les colis à temps. Les délais sont respectés. Il y a même une photo d'un facteur qui m'a dit que le colis avait été posté le 20 novembre et qu'il était en train de le livrer. Nous sommes le 21 novembre. Il est où, le retard?
Les moyens de pression représentent un droit constitutionnel de la grève. Ce droit, tous les travailleurs et travailleuses ont le droit de l'exercer. Ils ont cette conscience que les citoyens et citoyennes attendent leur colis, leur envoi, leur paiement ou leur argent. C'est pour cette raison qu'ils ne font pas un arrêt de travail complet, et ils n'ont jamais eu cette volonté.
J'entends à la Chambre que c'est catastrophique, que le courrier n'est plus livré et que les travailleurs et les travailleuses en demandent trop. S'agit-il d'un deux poids, deux mesures?
À la Chambre, nous entendons qu'on a fait des projets de loi, qu'on a débattu de l'équité salariale, que la classe moyenne est importante et qu'on est près des syndicats. Nous entendions aussi beaucoup cela en 2011. Le député de , qui était là en 2011 pour critiquer la loi spéciale du gouvernement conservateur et qui a depuis été réélu, posait des questions. Je le cite:
La ministre ne se rend-elle pas compte qu'en manoeuvrant de façon aussi absurde elle sert une gifle monumentale au milieu syndical? C'est un coup bas de sa part au mouvement syndical dans tout le pays. Est-ce le genre de comportement auquel nous devons nous attendre au cours des quatre prochaines années?
Je peux citer une autre question. Le député de avait demandé ceci:
La meilleure façon de trouver une solution viable pour l'avenir est de permettre à l'arbitrage de suivre son cours de manière juste et équitable. Si c'était le but visé par ce projet de loi, il serait très facile pour nous de l'appuyer de ce côté-ci de la Chambre.
Je demande à la ministre pour quelle raison elle prend le parti de l'employeur dans ce dossier et pourquoi le gouvernement ne propose-t-il pas un arbitrage juste et équitable pour les deux partis en les laissant négocier.
Le gouvernement libéral propose une motion dont nous débattons aujourd'hui, qui va engendrer une loi. Le projet de loi , qui va être débattu demain à la Chambre des communes, va brimer le droit à la libre négociation.
Je l'ai mentionné plus tôt, le droit à la grève est un droit constitutionnel. La libre négociation est importante. Si les gens de Postes Canada savent d'emblée qu'il va y avoir une loi spéciale, comment peuvent-ils négocier de bonne foi?
J'ai donné plusieurs exemples plus tôt, mais c'est une réalité. Les travailleurs et les travailleuses sont là aujourd'hui pour livrer le courrier. Ils vont être là demain, jusqu'à Noël, et après aussi. Ils veulent avoir un endroit sécuritaire, des mesures adaptées pour eux, lorsqu'ils travaillent et qu'il fait noir.
Ce n'est pas normal de chercher une adresse avec une petite lampe frontale alors qu'il fait -35 degrés Celsius dehors pendant que nous ne cherchons qu'à rester au chaud. Nous sortons de l'auto ou de l'autobus, nous nous dépêchons de rentrer dans un bâtiment pour nous mettre à l'abri et rester au chaud.
Parfois on peut être de 8 à 12 heures à l'extérieur. Je le sais, je l'ai vécu. Je peux même dire, qu'un 24 décembre au soir, à 20 heures, j'étais assise sur mon banc de neige. Alors que les gens commençaient à festoyer et à faire party de Noël, je livrais encore mon courrier. J'étais dehors dans la noirceur et je livrais le courrier. C'est la réalité de tous les facteurs et de toutes les factrices.
Oui, c'est vrai qu'il y a des itinéraires qui sont différents et qui sont des évalués différemment. Partout au Canada, il y a de sérieux problèmes de sécurité et c'est un enjeu majeur présentement. Au moyen de la loi spéciale, on vient de brimer leurs négociations. On vient de brimer leur droit de pouvoir négocier et améliorer leur sécurité.
Pour que le débat sur le projet de loi soit un peu plus démocratique, je propose, appuyée par ma collègue :
Que la motion soit modifiée:
a) par suppression des paragraphes a), d), e), i), j), et k);
b) par substitution des mots « deux heures seront accordées » dans le paragraphe b) de ce qui suit: « cinq jours seront accordés »;
c) par substitution des mots « à un comité plénier » dans le paragraphe c) de ce qui suit: « au Comité permanent des ressources humaines, du développement des compétences, du développement social et de la condition des personnes handicapées »;
d) par substitution aux mots suivant les mots « au plus » dans le paragraphe f) de ce qui suit: « cinq jours de séance seront accordés aux délibérations à l'étape de la troisième lecture; »;
e) par substitution des mots « à l'expiration des périodes prévues au présent ordre, toute délibération de la Chambre ou du comité plénier » dans le paragraphe g) de ce qui suit: « 15 minutes avant la fin de la période prévue pour les Ordres émanant du gouvernement au cours du dernier jour de séance attribué pour l'étude à l'étape de la deuxième lecture et du dernier jour de séance attribué pour l'étude à l'étape de la troisième lecture, toute délibération devant la Chambre »
J'espère que les modifications à la motion vont être apportées.
:
Monsieur le Président, avant de commencer, j'aimerais vous informer que je partagerai mon temps de parole avec mon collègue de .
[Traduction]
Monsieur le Président, ce n'est pas de gaieté de coeur que je prends la parole pour débattre de cette motion. Le gouvernement croit en la négociation libre et collective. Nous avons travaillé fort pour rétablir l'équité et l'équilibre dans le monde du travail au Canada. En fait, l'une des toutes premières mesures législatives présentées au cours de la présente législature a été le projet de loi . Celui-ci a abrogé deux projets de loi d'initiative parlementaire adoptés sous le gouvernement Harper qui minaient le travail des syndicats. Nous l'avons présenté parce que nous sommes conscients du rôle important des syndicats pour assurer des milieux de travail sécuritaires, équitables et justes.
[Français]
En raison de cet engagement, nous avons aussi pris des mesures pour combler l'écart salarial entre les sexes et accroître les possibilités d'emploi pour les femmes. Nous avons également pris des mesures pour réduire les dangers et le harcèlement au travail. Nous avons proposé d'importants changements au Code canadien du travail afin qu'il réponde aux besoins d'aujourd'hui. De la protection du droit d'assurer l'organisation en ce qui concerne l'amélioration de la sécurité au travail et de la formation professionnelle, notre gouvernement est un fier partenaire du milieu syndical.
Nous savons que des relations syndicales-patronales harmonieuses sont d'une importance capitale pour la sécurité économique des individus et la prospérité économique du Canada. Dans cette optique, notre gouvernement ne prend pas à la légère cette décision d'agir.
[Traduction]
Dans ce cas-ci, nous avons fait tout notre possible pour aider Postes Canada et le Syndicat des travailleurs et travailleuses des postes à conclure une entente dans le cadre des négociations collectives en cours, mais le temps est venu d'agir. En effet, ces grèves tournantes durent depuis cinq semaines, sans fin en vue. Les deux parties ne parviennent toujours pas à se mettre d'accord sur un certain nombre de questions en suspens concernant les salaires, la sécurité d'emploi et la charge de travail.
Bien qu'il s'agisse là de questions importantes, dont le gouvernement s'est efforcé de tenir compte pour tous les Canadiens depuis son arrivée au pouvoir, nous devons trouver un moyen d'aller de l'avant.
[Français]
Notre gouvernement appuie fermement le processus de négociation, collective mais nous avons aussi des responsabilités envers les Canadiens et les entreprises qui aident notre économie à prospérer. Cela ne peut pas se produire si une importante partie de notre système postal national n'est pas fonctionnelle. Les services fournis par Postes Canada aux Canadiens et aux entreprises sont essentiels à notre réussite. Notre gouvernement en est conscient et nous nous sommes engagés à faire en sorte que ces services ne soient pas compromis à l'avenir.
C'est exactement pourquoi notre gouvernement a mis en place une nouvelle vision pour Postes Canada. J'ai été fier d'y participer. Cette vision fait en sorte que Postes Canada reste d'actualité et viable à long terme tout en proposant de bons emplois et des services de qualité aux Canadiens de partout au pays. Grâce à l'innovation, en tenant compte des tendances du marché et en adoptant des nouvelles technologies pour répondre aux attentes des Canadiens, nous avons l'intention de concrétiser cette vision, et ce, avec les employés. C'est l'avenir de Postes Canada.
[Traduction]
Toutefois, ce sont les populations les plus vulnérables qui sont le plus durement touchées par la grève tournante. Les aînés, les retraités, les personnes handicapées, les personnes à faible revenu et surtout les Canadiens vivant en région rurale, éloignée et nordique, y compris les Autochtones, en subissent les contrecoups plus que quiconque.
Il ne faut pas oublier que, même si le commerce et les communications électroniques sont la norme pour bon nombre de gens, près de neuf millions de Canadiens vivent dans des régions rurales et éloignées où l'accès à Internet peut être limité. Ces personnes ont besoin de Postes Canada plus que quiconque. Elles ont besoin que cet organisme poursuive ses activités et fonctionne rondement.
[Français]
Bien évidemment, les entreprises en ressentent les effets négatifs également, particulièrement les PME dont plusieurs font la majorité de leurs ventes en cette période de l'année. Il est question ici s entreprises qui font progresser notre économie, celles qui fournissent de bons emplois bien rémunérés aux travailleurs canadiens de la classe moyenne. Autrement dit, nous ne pouvons pas attendre plus longtemps.
[Traduction]
Depuis le début des négociations entre Postes Canada et le Syndicat des travailleurs et travailleuses des postes, nous mettons tout en oeuvre pour que les parties concluent une entente avantageuse pour tout le monde. Depuis près d'un an, des médiateurs fédéraux facilitent les négociations. Lorsque les négociations se sont mises à piétiner, nous avons nommé un médiateur spécial afin d'y apporter un oeil neuf.
Nous avons offert l'arbitrage volontaire, et des membres du gouvernement ont communiqué avec les deux parties pour les exhorter à poursuivre leurs efforts en vue de conclure une entente. En fait, les parties travaillent actuellement à conclure une entente, et nous espérons qu'elles mèneront à bien ces négociations.
Si nous n'arrivons pas à trouver une solution par d'autres moyens, cette mesure législative sera notre dernier recours. Premièrement, elle garantirait la reprise sans délai de la livraison du courrier et des colis dans tout le pays, dans l'intérêt public et pour cesser de nuire aux entreprises canadiennes.
Deuxièmement, la loi qui serait adoptée aurait pour effet de reconduire les plus récentes conventions collectives jusqu'à ce que l'on en conclue de nouvelles.
Troisièmement, on nommerait un médiateur-arbitre impartial avec le consentement mutuel des parties afin de régler les questions en suspens.
[Français]
Le médiateur arbitre aurait sept jours pour assurer la médiation des négociations entre les parties, laquelle pourrait être prolongée à 14 jours si les parties y consentent. Si les parties ne parviennent pas à une entente durant la période de médiation, le médiateur-arbitre serait tenu d'arbitrer toutes les questions en suspens dans un délai de 90 jours.
L'approche exposée dans cette mesure législative permettra de ramener Postes Canada au travail, tout en jetant les bases pour obtenir le règlement rapide des questions en suspens.
[Traduction]
Voilà ce dont il est question: rétablir les services dont tous les Canadiens ont besoin dans l'immédiat et inciter les parties à trouver un terrain d'entente à long terme.
[Français]
Je me permets encore de réitérer que nous ne prenons pas cette décision à la légère. Le dépôt de ce projet de loi est une solution de dernier recours. Le gouvernement a fait tout ce qui était en son pouvoir pour éviter cela.
Des emplois sont en jeu, le bien-être des populations les plus vulnérables est en jeu et notre économie est en jeu. C'est pourquoi j'encourage chaque député de la Chambre à appuyer l'adoption rapide de cette motion et, si nécessaire, l'adoption rapide du projet de loi. Nous le devons à nos gens d'affaires, à nos citoyens, à Postes Canada, aux travailleurs de la poste et à tous les Canadiens.
:
Monsieur le Président, c’est avec quelques regrets que j'interviens dans ce débat.
Depuis notre élection en 2015, le gouvernement collabore avec les syndicats et les employeurs pour trouver des façons selon lesquelles les Canadiens peuvent collaborer pour régler les problèmes auxquels notre nation est confrontée.
Soyons clairs, le gouvernement est en faveur de la libre négociation collective et croit que les ententes négociées constituent toujours la meilleure solution.
J’ai écouté très attentivement la pendant qu’elle énumérait les mesures qu’elle avait prises au nom du gouvernement du Canada pour aider Postes Canada et le Syndicat des travailleurs et travailleuses des postes à conclure une entente. Des médiateurs fédéraux ont prêté main-forte aux parties tout au long des négociations. Un médiateur spécial a été chargé d’aider à dénouer l’impasse. L’arbitrage volontaire a été offert.
La nous a dit qu’elle et sa collègue, la ont communiqué directement avec les parties. Le médiateur spécial a été invité de nouveau à tenter d’aider les parties à régler leurs différends et à parvenir à une entente qui convient à tous. Malgré tous ces efforts, on n’a pas réussi à sortir de l’impasse.
Parallèlement, depuis le 22 octobre, une grève tournante dans plus de 200 collectivités du pays perturbe les opérations de Postes Canada. Nous sommes bien conscients des graves répercussions que cette grève a sur les Canadiens et les entreprises canadiennes.
Commençons par les personnes les plus touchées.
Postes Canada est une institution emblématique du Canada qui relie les Canadiens depuis plus de 250 ans. Même si de plus en plus de Canadiens communiquent par courriel et par les médias sociaux, nous savons aussi que les Canadiens ont une forte prédilection pour les lettres personnelles, les colis venant d’êtres chers et les cartes de souhaits.
Postes Canada a un réseau de plus de 6 200 comptoirs postaux dans tout le pays, qui constitue un lien vital pour bon nombre de collectivités rurales, éloignées et isolées, surtout dans les régions du Nord. Près de neuf millions de Canadiens, 30 % de notre population, vivent dans ces régions. Je crois bien que toutes ces familles comptent sur Postes Canada.
Nous ne pouvons tout simplement pas ignorer les répercussions que la perturbation des services de livraison du courrier et des colis pourrait avoir sur nos concitoyens, surtout à cette époque de l’année. Par exemple, en 2017, les Canadiens qui vivent dans le Nord ont reçu presque deux fois plus de colis par habitant que les autres Canadiens. Toute autre solution, comme les services de messagerie, est tout simplement prohibitive. Dans certaines régions du Nord, il n’y a tout simplement pas d’autre solution.
Je pense aussi aux Canadiens qui ont un handicap et à ceux dont la mobilité est diminuée. Ils sont quelque deux millions, dont près de la moitié sont des personnes âgées. Le gouvernement a clairement entendu leurs préoccupations quand il a mis fin à la conversion de la livraison à domicile aux boîtes postales communautaires. Ce sont nos citoyens les plus vulnérables qui subissent des conséquences disproportionnées quand l’accès à des services importants est interrompu. À mon sens, c’est une question de justice et d’équité.
Parlons maintenant des retombées négatives sur les entreprises canadiennes, peu importe leur taille, qui comptent sur Postes Canada pour la livraison de leurs factures et de leurs paiements. La grève tournante a déjà causé des retards considérables à la livraison. Des commandes ont été annulées. Les PME ont bien moins de ressources leur permettant d’absorber l’impact de perturbations dans leur trésorerie. Cela se traduit directement par moins de travail, des ventes perdues et moins d’emplois.
On a entendu parler de baisse de la demande dans le commerce électronique, de réduction des emplois saisonniers et du fait que les solutions d’expédition de rechange sont coûteuses et dommageables, surtout à un moment où les entreprises se préparent normalement à leur saison la plus occupée et à recruter plus de personnel, y compris des étudiants, pour absorber cette augmentation des affaires.
Parlons brièvement des services de colis.
La croissance du commerce électronique a été une des plus grandes tendances des 10 dernières années. Selon Statistique Canada, les ventes par Internet de tous les détaillants ont augmenté de 31 %, soit 15,7 milliards de dollars, en 2017. Elles ont généré beaucoup de travail pour Postes Canada, ce qui a été confirmé par le groupe de travail indépendant qui a effectué un examen approfondi de la Société. J’encourage les députés à lire l’analyse intitulée « Postes Canada à l’ère du numérique ».
Selon l'analyse, et je cite:
Les revenus tirés du segment des colis de Postes Canada ont augmenté de plus de 400 millions de dollars entre 2011 et 2015, [ce qui] représente un taux de croissance annuel moyen de 7,8 %. La croissance du volume a été alimentée par celle du commerce électronique, d’où une progression constante au cours des cinq dernières années.
Cette tendance à la hausse se maintient.
Nous savons également que jusqu'à 40 % des ventes sur Internet sont réalisées au quatrième trimestre et qu'elles subissent les contrecoups de la grève tournante.
N'oublions pas non plus les répercussions disproportionnées sur les petits commerces en ligne. Leurs marges de profits sont très faibles, ce qui veut dire qu'un grand nombre d'entre eux n'ont pas les moyens de faire appel aux services de messagerie, qui coûtent plus cher.
Nous ne pouvons pas non plus ignorer les répercussions au-delà de nos frontières. Comme nous l'avons entendu, Postes Canada a demandé à ses partenaires étrangers d'arrêter d'envoyer du courrier et des colis au Canada en raison de l'accumulation des livraisons en attente causée par la grève tournante.
Comme pays commerçant, notre réputation de fiabilité pour le commerce est primordiale. C'est pour cette raison que le gouvernement intervient, en présentant une mesure législative qui exigera des parties qu'elles maintiennent les services postaux et retournent au travail. Comme parlementaires, nous avons l'obligation de faire ce que nous pouvons pour protéger les intérêts de la population, le bien-être de nos concitoyens canadiens et l'avenir des entreprises canadiennes.
Le gouvernement fondait énormément d'espoir sur les négociations collectives. Nous avons permis aux deux parties de mener leurs négociations en espérant qu'elles trouveraient un terrain d'entente. Malheureusement, il n'en a pas été ainsi. L'impasse n'a pas été dénouée, et les grèves ont eu de graves répercussions sur les Canadiens et les activités commerciales canadiennes qui dépendent des services fournis par Postes Canada.
Nous devons agir maintenant, sinon, les répercussions de la grève tournante ne feront que s'amplifier et s'aggraver au cours des prochaines semaines. Cette mesure législative est un dernier recours, et comme l'a indiqué la , ce n'est pas une mesure que le gouvernement prend à la légère. Toutefois, comme nous avons épuisé toutes les autres possibilités, nous estimons que c'est la seule solution.
:
Monsieur le Président, c'est assurément un honneur d'intervenir aujourd'hui à la Chambre pour débattre de Postes Canada, qui est un sujet très important, et de l'effet de la grève et de la loi de retour au travail sur le pays.
Je ne peux m'empêcher de réfléchir à ce qui s'est dit aux dernières élections, mais avant de parler de la philosophie que le parti libéral avait communiquée aux Canadiens et aux syndicats, je voulais simplement dire que ce n'est pas la première fois qu'un premier ministre du nom de Trudeau impose une loi de retour au travail à Postes Canada. Je ne fais pas allusion à l'actuel M. Trudeau, mais au précédent premier ministre Trudeau, qui avait imposé une loi de retour au travail à Postes Canada à la fin des années 1970 ou au début des années 1980.
Revenons toutefois aux dernières élections. L'appui que les syndicats avaient manifesté alors pour les libéraux dans ma circonscription était incroyable, surtout en ce qui concernait les lois de retour au travail que le gouvernement conservateur avait imposées et auxquelles les libéraux promettaient de renoncer. Les libéraux disaient vouloir respecter le processus de négociation collective et les syndicats. Ils promettaient de ne plus s'ingérer dans ce processus.
Je ne pense pas qu'il y a lieu d'être surpris que les libéraux disent une chose en campagne électorale et fassent quelque chose de complètement différent une fois au pouvoir. Examinons la mise à jour économique d'hier. Je pense que tous les députés croyaient que le gouvernement libéral présenterait une mise à jour économique de l'automne qui ferait état d'un déficit de 10 milliards de dollars, et non d'un déficit de plus de 19 milliards de dollars, parce que c'est ce qu'ils avaient promis pendant la campagne électorale. Malheureusement, ce n'était qu'une manoeuvre électorale crasse. Ils n'avaient aucune intention de respecter leur promesse et de dire la vérité aux Canadiens au sujet du déficit. Les libéraux n'avaient également pas l'intention de leur dire la vérité au sujet de leur philosophie de travail concernant les syndicats.
La réalité, c'est qu'il y a des situations où le gouvernement doit intervenir. Hélas, les travailleurs syndiqués qui ont fait du porte-à-porte pour le Parti libéral lors des dernières élections ont cru les contre-vérités qui leur ont été communiquées par la direction du parti à ce moment-là. Ils ont donc tout mis en jeu. D'ailleurs, des personnes se sont plaintes à la Chambre et auprès d'Élections Canada qu'un certain syndicat avait versé des contributions inadmissibles pendant la campagne électorale. Il payait des gens à faire campagne pour le Parti libéral.
Revenons à aujourd'hui, où on va couper court au débat et sans doute voter au cours des 48 prochaines heures pour forcer le retour au travail des employés des postes. Il y a vraiment lieu de se demander pourquoi le Parti libéral du Canada a affirmé aux syndicats du pays qu'il n'aurait pas recours à ce genre de loi et qu'il respecterait le processus. Les libéraux ont toujours dit qu'ils respecteraient le processus de négociation collective et qu'ils n'interféreraient pas. J'emploie leur langage, car je n'étais pas d'accord avec ce qu'ils prônaient durant la campagne de 2015.
La situation doit être frustrante pour les Canadiens qui ont cru les propos du premier ministre — qui était alors chef du Parti libéral — et accepté sans réserve ses déclarations et celles de son parti, qui ont fait confiance non seulement à une personne, mais à tout un système politique, où quelqu'un prend un engagement en vous regardant dans les yeux, en précisant ses intentions et son approche, pour ensuite faire tout le contraire. On peut comprendre le cynisme ambiant qui existe par rapport à la politique en général.
Bien, assez sur l'hypocrisie du Parti libéral et le cynisme. Je vais maintenant passer à ce qui est, de mon point de vue du moins, au coeur de ce débat.
Nous avons débattu hier, et nous allons le faire encore aujourd'hui, d'une mesure législative liée aux personnes handicapées. Cette mesure était censée être révolutionnaire. Ce devait être le début d'une nouvelle ère, une ère où on adopterait des règlements pour éliminer les obstacles à l'accessibilité pour les personnes handicapées partout au pays. Ce projet de loi devait être présenté il y a environ trois ans. Il ne l'a pas été. Les libéraux avaient promis qu'il serait soumis à un débat et à un vote à la Chambre dans les six mois suivant les élections. Il ne l'a pas été. Ils ont pris le temps de mener des consultations à l'échelle du pays. C'est du moins ce qu'ils ne cessent de répéter. Deux ans et demi plus tard, ils déposent cette mesure législative.
On peut se demander ce que cela a à voir avec la loi relative à Postes Canada. Quand les travailleurs de Postes Canada font la grève, les personnes handicapées figurent parmi celles qui en souffrent le plus. Ces personnes attendent des colis. Parfois, ce sont des produits. Parfois, ce sont des médicaments. Parfois, c'est simplement un livre en braille ou un livre audio. Nous comptons sur les services postaux pour livrer des milliers de produits aux personnes handicapées.
Nous savons que les grèves ont des conséquences particulièrement marquées sur les personnes défavorisées. Alors que les entreprises ont les moyens d'avoir recours à des services privés, dans bien des cas, les personnes handicapées ne peuvent pas en faire autant. Cela mène à une triste situation, très franchement. Le gouvernement est confronté à des coûts supplémentaires, tout comme ces personnes. Nous nous retrouvons donc dans une situation où les personnes les plus vulnérables de la société sont, encore une fois, laissées pour compte.
À l'approche de Noël, d'Hanouka et de plusieurs autres célébrations, nous tenons tous à faire le nécessaire pour que nos frères et soeurs reçoivent leurs cartes de voeux et leurs cadeaux. Ma mère tient à envoyer la lettre de Noël qui raconte toutes les nouvelles de la famille. Ces envois sont toutefois beaucoup moins importants que ceux qui apportent aux personnes handicapées les produits dont elles ont besoin pour vivre au quotidien. Voilà des besoins absolument essentiels, selon moi.
Je ne voudrais pas donner à mes propos un ton trop partisan ou trop exagéré. Cela dit, les dépenses gouvernementales consacrées aux personnes handicapées atteignent environ 2,2 milliards de dollars. Ce total n'inclut pas les rentes d'invalidité du RPC, puisqu'il ne s'agit pas d'une dépense du gouvernement; c'est plutôt l'argent des gens, géré par l'entremise du gouvernement. Quand on regarde ces dépenses de 2,2 milliards de dollars, les contraintes qui compliquent la prestation de services d'une grande importance, et ce qu'il en coûte pour faciliter l'acheminement des biens destinés à des personnes qui ne peuvent pas quitter leur domicile à cause de graves problèmes d'accessibilité, les conséquences sont énormes. L'enjeu ne porte pas seulement sur cette période spéciale de l'année, les personnes en grève et la convention collective; il concerne les gens que l'absence de services postaux place dans une situation très difficile.
Je sais qu'il y a des travailleurs des postes qui vivent dans chacune de nos circonscriptions. Nous connaissons tous des employés de Postes Canada. Nous sommes tous en faveur de salaires équitables et de processus équitables.
Je sais que nous voulons tous faire en sorte que les personnes handicapées aient tout ce dont elles ont besoin. Je sais que nous voulons tous que les 2,2 milliards de dollars réservés chaque année par le gouvernement pour les personnes handicapées bénéficient au plus grand nombre de personnes possible, de la manière la plus efficace et efficiente qui soit. Quand le coût du transport des marchandises augmente considérablement à cause de situations comme celle-ci, cela a une grande incidence sur le prix que l'Institut national canadien pour les aveugles doit payer pour acheminer certains produits aux personnes abonnées à ses services. Cela a aussi une incidence sur le coût d'accès aux médicaments et sur le prix de divers produits qui ont des répercussions importantes sur la vie des personnes handicapées.
Je sais que ce n'est pas facile de débattre cette question et qu'il existe des divergences idéologiques. Je sais que les partis ont des convictions profondes au sujet de cette question. Néanmoins, j'aimerais que nous fassions progresser le dossier en pensant à ceux qui n'ont pas accès à d'autres services que ceux qu'offre Postes Canada, car nous devons comprendre l'incidence de la grève de Postes Canada sur leur quotidien. En conséquence, nous devons faire tout ce qui est en notre pouvoir pour garantir que ces personnes ne seront plus laissées pour compte.
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Monsieur le Président, avant de commencer, j'aimerais dire que je partagerai mon temps de parole avec le député de .
C'est avec regret que j'interviens pour participer à ce débat. Depuis que nous avons été élus en 2015, le gouvernement s'est efforcé, avec les syndicats et les employeurs, de trouver des moyens pour que les Canadiens trouvent ensemble des solutions aux problèmes auxquels notre pays est confronté. Je vais être très claire. Le gouvernement croit en la libre négociation des conventions collectives et est convaincu qu'un accord négocié est toujours la meilleure solution.
J'ai écouté très attentivement ce que disait la à propos des mesures qu'elle a prises, au nom du gouvernement, pour aider Postes Canada et le Syndicat des travailleurs et travailleuses des postes à parvenir à la signature d'une convention collective. Des médiateurs fédéraux ont aidé les parties pendant les négociations, un médiateur spécial a été nommé pour dénouer l'impasse et un arbitrage volontaire a aussi été proposé. La ministre du Travail nous a dit qu'elle et sa collègue la ont pris directement contact avec les deux parties. Le médiateur spécial a été de nouveau appelé en renfort pour essayer d'aider les deux parties à résoudre leurs différences et à conclure un accord qui convienne à tout le monde. Tous ces efforts n'ont pas encore dénoué l'impasse.
De plus, la grève tournante nuit aux opérations de Postes Canada dans plus de 200 collectivités au pays. C'est effectivement le cas dans ma circonscription, Brampton-Ouest. Il y a un bureau de Postes Canada sur la même rue que mon bureau de circonscription. Ces grèves durent depuis le 22 octobre. Nous sommes tous conscients des répercussions majeures de ces grèves sur les gens et les entreprises d'ici.
J'aimerais d'abord parler des personnes les plus touchées. Postes Canada est une institution emblématique du Canada qui relie les Canadiens depuis plus de 250 ans. Même si de plus en plus de Canadiens communiquent entre eux par le courriel et les réseaux sociaux, nous savons qu'ils affectionnent tout particulièrement les lettres, les colis et les cartes de voeux provenant d'êtres chers, surtout à ce moment-ci de l'année.
Postes Canada dispose d'un réseau de plus de 6 200 bureaux de poste dans l'ensemble du pays qui servent de lien de communication vital pour de nombreuses localités rurales, éloignées et isolées, surtout dans les régions nordiques. Près de neuf millions de Canadiens, soit 30 % de la population, habitent dans ces régions. Je pense à toutes ces familles qui dépendent de Postes Canada. J'ai reçu un grand nombre d'appels, de courriels et de visites d'électeurs de ma circonscription qui ont été durement touchés par la grève.
Nous ne pouvons tout simplement pas ignorer les conséquences d'une interruption des services postaux et de la livraison de colis sur nos concitoyens, surtout à ce temps-ci de l'année. Par exemple, en 2017, les Canadiens qui vivent dans le Nord ont reçu près de deux fois plus de colis, toutes proportions gardées, que les Canadiens des autres régions. Les autres options qui s'offrent à eux, comme les entreprises de messagerie, sont tout simplement trop coûteuses. Dans certaines régions éloignées du Nord, il n'y a pas d'autre option. Je pense aussi à toutes les personnes handicapées ou à mobilité réduite qui dépendent grandement de Postes Canada. Ces Canadiens sont au nombre d'environ deux millions, dont près de 50 % sont des personnes âgées.
Le gouvernement a entendu l'appel lancé par les Canadiens lorsqu'il a mis fin de manière permanente au remplacement de la livraison à domicile par des boîtes postales communautaires. J'ai l'impression que l'interruption de services essentiels a une incidence disproportionnée sur les Canadiens les plus vulnérables. Selon moi, c'est une question de justice et d'équité.
Je me penche maintenant sur les répercussions négatives de ce conflit pour les entreprises canadiennes de toutes tailles qui comptent sur Postes Canada pour acheminer les factures et les paiements. Les gens du milieu des affaires de ma circonscription, Brampton-Ouest, m'ont également fait part de leurs préoccupations.
La grève tournante a déjà entraîné des retards considérables. Des commandes ont été annulées. Les PME disposent de nettement moins de ressources que les grandes entreprises pour faire face à une diminution de liquidités. Ce conflit entraîne dans son sillage une diminution des activités commerciales, notamment des ventes, et des pertes d'emplois. On rapporte également une baisse de la demande au chapitre du commerce électronique, une réduction de l'emploi saisonnier, et certaines indications portent à croire que le recours à des solutions de rechange pour l'expédition se révèle coûteux et particulièrement nuisible alors même que les détaillants se préparent normalement à la saison la plus occupée de l'année en embauchant davantage de personnel, notamment des étudiants, pour faire face à une augmentation des activités.
Je parlerai brièvement des services de livraison des colis. Depuis environ une décennie, la croissance du commerce électronique constitue l'une des tendances les plus importantes. Selon Statistique Canada, en 2017, les ventes sur Internet de tous les détaillants ont grimpé de 31 % pour atteindre 15,7 milliards de dollars. Ces ventes se sont traduites par une hausse substantielle des activités de Postes Canada. C'est d'ailleurs ce qu'a confirmé le groupe de travail indépendant qui a effectué un examen approfondi de la Société canadienne des postes. J'invite les députés à prendre connaissance de cette analyse intitulée « Postes Canada à l’ère du numérique ». On peut notamment y lire ceci: « Les revenus tirés du segment des colis de Postes Canada ont augmenté de plus de 400 millions de dollars entre 2011 et 2015, [ce qui] représente un taux de croissance annuel moyen de 7,8 %. La croissance du volume a été alimentée par celle du commerce électronique, d'où une progression constante au cours des cinq dernières années. » Il va sans dire que cette tendance à la hausse ne fera que se poursuivre.
Par surcroît, jusqu'à 40 % des ventes en ligne se font au cours du quatrième trimestre qui, cette année, est frappé de plein fouet par la grève tournante. Il faut également mentionner les énormes répercussions sur les petites entreprises de vente en ligne. Comme leur marge de profit est très faible, elles n'ont pas les moyens de payer plus cher pour recourir à des services de messagerie pour l'expédition des colis.
Nous ne pouvons pas non plus ignorer les impacts au-delà de nos frontières. Comme nous l'avons appris, Postes Canada a demandé à ses partenaires internationaux de cesser l'envoi de courrier et de colis vers le Canada, puisque la société est déjà aux prises avec un arriéré de livraisons important causé par la grève tournante. En tant que pays commerçant, notre réputation de marché fiable pour le commerce est de la plus haute importance. C'est pour cette raison que le gouvernement a décidé d'agir et qu'il est prêt à adopter un projet de loi visant le retour au travail des employés et le maintien des services postaux.
En tant que parlementaires, nous avons l'obligation de faire tout en notre pouvoir pour protéger l'intérêt public, le bien-être de nos concitoyens et l'avenir des entreprises canadiennes. Le gouvernement a fait preuve d'une extrême confiance envers le processus de négociation collective. Nous avons laissé les deux parties poursuivre leurs négociations dans l'espoir qu'elles trouvent un terrain d'entente, et nous avons toujours bon espoir qu'elles y parviendront.
La grève affecte grandement les Canadiens et les entreprises canadiennes qui dépendent des services offerts par Postes Canada. Nous devons être prêts à agir immédiatement, autrement, les contrecoups de la grève tournante continueront de s'aggraver au cours des semaines à venir.
Le projet de loi est une mesure de dernier recours et, comme l'a souligné la , le gouvernement ne prend pas cette mesure à la légère. Cependant, comme nous avons épuisé toutes les autres solutions, nous croyons que c'est la seule qui nous reste.
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Monsieur le Président, les PME constituent l’épine dorsale de l’économie canadienne. Ces entreprises comptent pour plus de 99 % des activités commerciales au pays. De plus, elles fournissent 90 % des emplois du secteur privé dont dépendent les Canadiens. Leurs exportations annuelles de marchandises sont évaluées à des milliards de dollars, et si ces entreprises peuvent avoir pleinement accès aux débouchés du commerce électronique, elles seront bien placées pour contribuer encore davantage à l’économie canadienne.
Le commerce a le potentiel d’offrir aux PME un rendement à la hausse, d’améliorer leur avantage concurrentiel et innovateur et de stimuler la productivité. L’accroissement de l’activité commerciale des PME peut contribuer à stimuler la croissance économique et la prospérité globales du Canada. Nous devons toutefois aussi soutenir la croissance et le développement des PME ici, au Canada, en veillant à ce qu’elles aient les outils dont elles ont besoin pour s’épanouir.
Lorsque le courrier ne circule pas, le commerce ralentit. L’interruption des services traditionnels de livraison du courrier met un terme au commerce intérieur et international ou elle force les entreprises à utiliser des services de remplacement coûteux.
Nous savons que les entreprises canadiennes ont été durement touchées par les perturbations en cours. Plus des deux tiers des petites entreprises signalent une incidence négative sur leurs affaires. Plus de la moitié ont déclaré avoir dû passer à des services de livraison plus coûteux. Nombreux sont ceux qui notent des retards dans les envois aux clients. Dans une économie mondiale fortement interconnectée et concurrentielle, cette perturbation pourrait entraîner la perte de clients, de parts de marché et, en fin de compte, d’emplois. Si les PME ne peuvent pas s’engager dans le commerce international, elles rateront des occasions réelles de prendre de l’expansion et de créer des emplois.
Le commerce électronique est l’un des moyens les plus importants pour permettre à davantage de PME de s'implanter à l'étranger. Il est devenu une plateforme de premier plan pour faire des affaires dans tous les secteurs de l’économie et, par extension, pour le commerce international. Faciliter l’utilisation du commerce électronique par les consommateurs et les entreprises est un objectif clé de la politique commerciale du Canada.
Le Canada cherche à favoriser l’utilisation du commerce électronique en éliminant, en réduisant et en atténuant les obstacles à ce type de commerce tout en créant un environnement de confiance, de certitude et de choix pour les consommateurs et les entreprises. Le commerce électronique change la façon dont les entreprises font des affaires et peut accroître leurs ventes et leur part de marché tout en réduisant le temps et les efforts requis pour effectuer des transactions.
Grâce aux plateformes de commerce électronique ou aux systèmes de technologie de l’information utilisés pour faire des transactions commerciales sur Internet, les PME canadiennes ont accès au marché en ligne mondial, qui vaut des billions de dollars par année. Cependant, avec la hausse du nombre de ventes en ligne, les entreprises qui ne font pas encore de commerce électronique risquent de perdre des parts de marché au profit de leurs concurrents qui, eux, le font. Les PME, qui n’ont peut-être pas les mêmes ressources financières et humaines que les grandes entreprises, peuvent être particulièrement vulnérables si elles sont moins en mesure d’utiliser les nouvelles technologies, comme les plateformes de commerce électronique, pour faire des affaires.
L’interruption des services postaux a de nombreuses conséquences pour les entreprises, surtout avec l’augmentation de l’envoi de colis et du commerce électronique. Lorsque Postes Canada cesse d’accepter les marchandises, les entreprises de vente par la poste et de commerce électronique cessent d'expédier de la marchandise, ce qui fait qu'elles cessent aussi d'en commander, car elles ont des surplus en stock. Ainsi, les entreprises de transport, comme les ports, les chemins de fer et les camions, ont un moins grand volume à traiter. Elles doivent donc réduire les heures de travail de leurs employés.
Les entreprises de commerce électronique nous ont dit que leurs activités ont été touchées, puisque les commandes des consommateurs ont diminué de 20 à 30 %.
Les conséquences sur les petites entreprises de commerce électronique peuvent être disproportionnées, compte tenu de leurs petites marges bénéficiaires. Ces entreprises n’ont pas les moyens de payer les frais d’expédition plus élevés des services de messagerie. Nous avons constaté que de nombreuses entreprises canadiennes réduisent leurs ventes et leurs expéditions plutôt que de risquer de miner leur réputation en accusant des retards de livraison.
Il s’agit de servir les Canadiens. Bien qu’il y ait des entreprises de livraison privées qui font concurrence à Postes Canada dans ce secteur, on craint toujours qu’elles ne puissent remplacer Postes Canada pour servir la clientèle du commerce électronique en cette période vitale pour les entreprises canadiennes. Cette préoccupation concerne en particulier les régions rurales qui ne sont desservies que par Postes Canada. La grève a des conséquences disproportionnées sur les PME et les Canadiens des régions rurales.
Ce projet de loi est un dernier recours, ce n’est pas quelque chose que le gouvernement et les parties prennent à la légère. Le gouvernement a fait tout ce qu’il pouvait pour appuyer les parties et les encourager à négocier une entente. Le gouvernement a une responsabilité envers les Canadiens et les entreprises en ce qui concerne cet arrêt de travail, qui a eu des répercussions très néfastes. Le gouvernement doit agir maintenant. C'est la raison d'être de ce projet de loi, en tant que dernier recours.
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Monsieur le Président, je pense qu’il serait approprié que je commence mes observations en me reportant à la question du porte-parole conservateur en matière de travail. Il a parlé du dépôt d’une motion pour discuter de la question comme s’il s’agissait d’une mauvaise chose. Cela traduit bien l’approche du gouvernement conservateur de Stephen Harper en matière de relations de travail. Lorsque je siégeais dans l’opposition, j’ai assisté aux manœuvres du gouvernement de l’époque, qui prenait des moyens détournés pour faire adopter ses mesures législatives en recourant à des projets de loi d'initiative parlementaire dans le but de s’en prendre au mouvement syndical partout au Canada.
Je me souviens de la mesure législative que le gouvernement conservateur avait présentée au sujet de Postes Canada. Les conservateurs essaient de donner l’impression que ce que nous faisons maintenant est similaire à ce qu’ils ont fait à l’époque. C’est vraiment incroyable. Notre démarche n’a absolument rien de comparable avec ce qu’ils ont fait dans le domaine des relations de travail.
Je trouve intéressant que même mes amis néo-démocrates semblent essayer de marquer des points politiques sur cette question. Ils mettent de côté les préoccupations du Canadien moyen, des entreprises et de ceux qui ont un intérêt direct dans ce débat. Les deux partis de l’opposition tirent des conclusions. Au lieu de tirer des conclusions, pourquoi n’ont-ils pas confiance et espoir dans le processus qui est encore en place aujourd’hui?
Le gouvernement se comporte de façon très responsable. Nous comprenons l’importance de la question. C’est pourquoi nous discutons de cette motion qui a été déposée par le gouvernement.
Nous voulons vraiment une entente négociée. Le , la et tous les membres de notre caucus ont été très clairs sur la question. Nous ne voulons pas adopter de loi de retour au travail. Notre premier choix est un accord négocié. J’en appelle aux gens présents à la table de négociation, que ce soit les syndiqués ou les représentants de Postes Canada, pour qu’ils fassent ce qu’il faut pour qu’une entente soit signée le plus tôt possible. C’est ce que j’espère.
J’ai écouté les néo-démocrates parler du sort des postiers. Je n’ai pas besoin qu’on me le rappelle. J’étais dans l’opposition lorsque Stephen Harper et les conservateurs ont modifié de fond en comble les services offerts aux Canadiens par Postes Canada. Je me souviens du projet de loi qu’ils ont présenté. C’était honteux.
Je me permets de rappeler aux députés qu’à l’époque de Stephen Harper, le gouvernement qu'il dirigeait a mis en œuvre des réformes touchant, entre autres, la livraison du courrier à domicile et la hausse du coût des timbres-poste. Nombreux sont ceux qui, comme moi, croyaient que les conservateurs entendaient essentiellement privatiser Postes Canada. C’était le véritable objectif du Parti conservateur. Stephen Harper avait des intentions cachées à l’égard de Postes Canada. Il y avait un manque de respect généralisé à l’endroit des travailleurs des postes et de tout le système.
Nous sommes convaincus que les Canadiens respectent le système. Ils souhaitent que la société d’État puisse continuer à offrir les services qu’elle fournit depuis des décennies.
Dès notre arrivée au pouvoir après les dernières élections, le et la ministre responsable ont rapidement mis sur pied un groupe représentant l’ensemble des Canadiens. Ce groupe devait faire partie d’un comité permanent spécial de la Chambre ou du comité qui a été créé par la ministre pour recueillir les opinions et les réflexions des Canadiens sur l’avenir de Postes Canada.
Je pense qu’il y a eu un vaste consensus. Il y avait peut-être quelques dissidents dans les rangs des conservateurs, mais, en général, le même message ressortait: il existe un avenir positif pour Postes Canada. Nous reconnaissons la valeur du travail accompli par les facteurs, les trieurs de courrier et tous les employés qui oeuvrent au sein de cette infrastructure. Ils sont le pilier de Postes Canada et c’est grâce à eux que Postes Canada est devenue ce qu’elle est aujourd’hui. Le rôle essentiel qu’ils jouent au sein de notre société est reconnu même à l’étranger. La société canadienne est en pleine évolution. Je vais y revenir dans un moment.
Je suis un fidèle utilisateur des services de Postes Canada, que ce soit pour envoyer mes bulletins parlementaires, mes dix-pour-cent et mon courrier ou encore pour recevoir les commentaires de mes électeurs. C'est Postes Canada qui achemine tout cela. Je tiens à ce que les gens qui suivent le débat sachent que tous les députés du caucus libéral reconnaissent la valeur précieuse du travail accompli quotidiennement par les travailleurs des postes pour livrer notre courrier et maintenir ce lien de communication. Ces travailleurs fournissent un service qui va bien au-delà des nos propres besoins, en tant que députés du Parlement.
J’ai discuté avec des facteurs qui ont rencontré des résidants de leur secteur. Ces facteurs se font du souci quand ils constatent que le courrier n’est pas retiré des boîtes aux lettres communautaires ou résidentielles. Ils se demandent si la personne n’a pas un problème de santé. C'est ainsi qu'ils font parfois figure de bons samaritains. Ils vont au-delà des exigences.
Mettons les choses au clair: contrairement à ce que les néo-démocrates essaient de faire croire avec leur baratin, nous nous préoccupons de ces travailleurs de première ligne, nous valorisons leur travail et nous leur en sommes reconnaissants.
Cependant, au fur et à mesure que se poursuivra cette grève tournante, la plupart des Canadiens se rendront compte que toute période de changement ne vient pas sans responsabilité. Le syndicat et la direction ont une responsabilité. Nous gardons espoir. C’est l’une des raisons pour lesquelles nous avons nommé aujourd’hui un médiateur fédéral dans ce dossier.
Le taux de succès des médiateurs fédéraux au sein du groupe gouvernemental de conciliation dépasse les 90 %. On peut donc dire qu’Ottawa a indirectement pris place à la table en encourageant le déroulement de négociations positives, efficaces et saines entre les syndicats et la direction.
Toutefois, il serait extrêmement irresponsable de la part du gouvernement de ne rien faire et de ne pas répondre aux besoins de l’économie canadienne et de la société dans son ensemble. Lorsque j’entends mes collègues néo-démocrates dire que nous ne devrions jamais légiférer pour forcer le retour au travail, je leur rappelle qu’ils sont les seuls à être aussi catégoriques. Il est tout simplement inacceptable d’essayer de donner l’impression que le NPD n’a jamais présenté de projet de loi de retour au travail. Les néo-démocrates l’ont fait dans les provinces, mais pas au niveau national, parce qu’ils n’ont jamais été au pouvoir à Ottawa.
Cependant, à Ottawa, les néo-démocrates aiment afficher la position morale du jamais au grand jamais. Quand on est au pouvoir, il faut prendre des décisions qui servent le mieux tous les Canadiens, l’économie canadienne et l’intérêt national. C’est pourquoi mes collègues néo-démocrates doivent se rendre compte que les temps ont changé. Il y a 30 ans, il n’y avait pas le même niveau d’activités sur Internet qu’aujourd’hui. On n’a qu’à penser aux pages jaunes il y a 30 ans et aujourd’hui. La différence est importante. Nombreux sont les foyers aujourd’hui qui n’ont plus d’annuaire des pages jaunes.
Par exemple, avec Internet, nous avons constaté un changement profond dans l’achat de produits. Tout peut maintenant être acheté en ligne, des produits de santé aux produits de consommation en passant par les téléviseurs, pour ne nommer que ceux-là. Pour la grande majorité de ces achats, les consommateurs ne vont pas chercher les articles eux-mêmes. Ils comptent plutôt sur des organisations et des sociétés comme Postes Canada pour la livraison. Cette formule assure la croissance continue de notre économie et permet aux personnes âgées de recevoir, par exemple, leurs lentilles cornéennes ou d’autres produits médicaux, ou encore des cartes de Noël de leur petit-fils ou de leur petite-fille, ce qui est très important.
Je ne peux pas vous donner le détail, en pourcentage, de la quantité de marchandises achetées sur Internet et livrées par des sociétés comme Postes Canada, mais il serait certainement dans les deux chiffres. J’aime à croire, et c’est peut-être en raison de mon sentiment de fierté à l’égard de Postes Canada, qu’il s’agit d’un chef de file dans la livraison de ces produits. Voilà pourquoi, à maints égards, son avenir est si prometteur.
Nous traversons une période très intéressante de l’année. Nous savons que de nombreuses entreprises comptent sur cette saison occupée pour réaliser les profits nécessaires pour traverser des mois comme janvier et février. Le fait de croire que ce n’est pas le cas démontre une certaine insensibilité à l'égard des besoins des petites entreprises.
Le porte-parole en matière de travail a dit que le gouvernement du Canada avait développé un nouvel attachement pour les petites entreprises. Il a tort. Nous comprenons l’importance des petites entreprises au Canada. Bien franchement, elles sont l’épine dorsale de l’économie. Il revient aux entreprises de toutes tailles, dans toutes les régions du pays, d’aider la classe moyenne au Canada et ceux qui aspirent à en faire partie. Nous l’avons toujours reconnu.
Les députés de ce côté-ci de la Chambre, par exemple, parlent souvent de la baisse d’impôt pour la classe moyenne, qui a permis à des millions de Canadiens d’avoir plus d’argent dans leurs poches. Ces personnes dépensent de l’argent dans les petites entreprises. Cela pourrait signifier, par exemple, l’achat d’un article sur eBay et son expédition par Postes Canada. Qu’il s’agisse des allégements fiscaux pour la classe moyenne, de la réduction de l’impôt des petites entreprises ou des annonces formidables faites hier par le , le gouvernement est à l’écoute des petites entreprises canadiennes dans toutes les régions du pays. Toutes nos orientations politiques appuient les petites entreprises et favorisent la croissance de la classe moyenne au Canada.
À écouter les néo-démocrates, ils sont prêts à tout risquer cela. Leur performance sur la scène provinciale prouve qu’ils n’agiraient pas ainsi. À l’échelle fédérale, ils sont disposés à faire ce genre de déclarations. Ce comportement est très irresponsable parce que plusieurs entreprises ont de la difficulté à acheminer leurs produits aux consommateurs. C'est très important. Des pertes d’emplois directement attribuables à une grève prolongée pourraient nuire à notre économie. Cela pourrait aussi avoir une incidence négative dans le cas d’une personne qui a besoin de soins de santé, comme des lentilles cornéennes qu’elle ne reçoit pas en temps opportun. Même si une bonne partie de cet enjeu porte sur l’économie, il s’agit d’une question bien plus vaste.
Nous entendons beaucoup parler de politiques. J’ai écouté le débat au cours des dernières heures. Les conservateurs disent que nous n’en faisons pas assez. Pourquoi déposer une motion aujourd’hui et ne pas débattre du projet de loi? Ils sont anxieux. Ils veulent cette mesure législative. S’il n’en tenait qu’à eux, non seulement nous présenterions un projet de loi, mais nous ferions peut-être ce que Stephen Harper a fait, c’est-à-dire réduire les salaires des facteurs. C’est vraiment incroyable. Nous étions incrédules lorsque le gouvernement de Stephen Harper a fait cela avec sa loi.
Plus à droite, nous avons les néo-démocrates qui sont de centre gauche à la droite des conservateurs. Il est parfois difficile de s’y retrouver parce qu’ils aiment collaborer sur certaines choses. Les néo-démocrates disent que nous ne devrions pas procéder ainsi, que nous devrions mettre de côté les intérêts des petites entreprises, des consommateurs et de ceux qui dépendent de ces services, que tout cela n’a pas vraiment d’importance.
Comme l’a dit un de mes collègues du caucus, cela ne fonctionnera pas. Au bout du compte, nous voulons une entente négociée. C’est ce que nous espérons. C’est ce que je demande personnellement aux syndicats et au patronat. Réglons ce problème. Toutefois, il serait tout à fait irresponsable de la part du gouvernement de ne pas instaurer une mesure pour que le courrier soit distribué. C’est de la plus haute importance.
J’ai parlé de l’importance des conventions collectives. J’ai eu de nombreuses occasions de prendre la parole à la Chambre. La liste des mesures que le gouvernement a prises pour renforcer l’importance de la main-d’œuvre est impressionnante. Qu’il s’agisse du débat sur l’arbitrage par sélection d’une offre finale à l’Assemblée législative du Manitoba ou du débat que nous avons eu à Ottawa sur l’abrogation des anciens projets de loi Harper, les projets de loi et , j’ai toujours défendu l’importance de la négociation collective et le rôle important que jouent les syndicats dans la société.
En 2019, nous allons reconnaître la grève générale de 1919 à Winnipeg. En réponse aux questions, je pourrai peut-être faire d’autres commentaires à ce sujet.
Je remercie la Chambre de me donner l’occasion de lui faire part de ces quelques réflexions.