:
Monsieur le Président, je suis heureux d'avoir l'occasion de parler du projet de loi C-86.
[Traduction]
Ces trois dernières années, le gouvernement s'est inspiré du principe fondamental voulant que le vrai progrès économique découle d'investissements judicieux, réfléchis et ciblés dans les gens et les collectivités, et non de l'austérité et de compressions, comme l'a fait le gouvernement précédent.
Le projet de loi , aussi appelé Loi no 2 d’exécution du budget de 2018, représente la prochaine étape de l'engagement du gouvernement d'investir dans les Canadiens et de bâtir une économie dynamique et équitable pour tout le monde.
Depuis 2015, nous avons déjà pris des mesures audacieuses, et nos investissements dans les Canadiens ont généré des retombées impressionnantes qui montrent clairement que nos politiques économiques fonctionnent bien et qu'elles sont dans l'intérêt général.
Nous avons commencé par demander aux plus riches de payer un peu plus afin de pouvoir réduire l'impôt de la classe moyenne. Aujourd'hui, cette réduction d'impôt permet à quelque neuf millions de Canadiens d'avoir plus d'argent dans leurs poches et d'excellentes raisons de moins s'inquiéter de leur situation financière.
Nous investissons également dans le bien-être des enfants par l'intermédiaire de la nouvelle Allocation canadienne pour enfants, qui aide les familles à assumer les coûts élevés associés au fait d'élever leurs enfants. Cette nouvelle allocation est libre d'impôt et, comparativement au système précédent de prestations pour enfants, elle est plus simple, plus généreuse et cible mieux les familles qui en ont le plus besoin. Elle a amélioré la situation de 9 familles sur 10.
[Français]
Conformément à notre engagement visant à offrir des chances égales de réussite à toutes les Canadiennes et à tous les Canadiens et à réduire les inégalités, l'Allocation canadienne pour enfants, ou ACE, accorde une aide financière plus importante aux familles à revenu faible ou moyen qui en ont le plus besoin. Environ 65 % des familles qui reçoivent les prestations maximales de l'Allocation canadienne pour enfants sont dirigées par des parents seuls, dont plus de 90 % sont des mères seules.
Depuis juillet 2018, les prestations de l'Allocation canadienne pour enfants sont indexées sur l'inflation pour tenir compte du coût de la vie. Nous avons mis en oeuvre cette mesure deux ans plus tôt que prévu. Dans une an, une famille typique de quatre personnes de la classe moyenne touchera en moyenne environ 2 000 $ de plus chaque année grâce à la baisse d'impôt pour la classe moyenne et à l'Allocation canadienne pour enfants. C'est 2 000 $ de plus que ce qu'ils pouvaient espérer recevoir sous l'ancien gouvernement conservateur de Stephen Harper.
Les avantages qui découlent de ces mesures sont encore plus importants pour les parents seuls à revenu moyen qui ont deux enfants, ainsi que pour les parents de deux enfants dont un seul membre du couple travaille et gagne le salaire moyen. Lorsqu'on calcule le revenu de ces familles en prenant en compte l'Allocation canadienne pour enfants, qui est non imposable, et les autres prestations qu'elles reçoivent, le taux effectif d'imposition de ces familles est de moins de 2 %. Cela signifie qu'elles conservent effectivement plus de 98 % de ce qu'elles gagnent.
Grâce à ces mesures, un plus grand nombre de familles seront plus en mesure d'acheter des choses telles que des aliments sains, des vêtements chauds ou des bottes d'hiver pour les enfants qui grandissent. En moyenne, les familles qui profitent de l'Allocation canadienne pour enfants reçoivent chaque année environ 6 800 $ en paiements d'allocation. L'ACE a contribué à sortir plus de 520 000 personnes de la pauvreté, dont près de 300 000 enfants.
Ce n'est pas tout. La hausse salariale du travailleur canadien moyen surpasse actuellement l'inflation. Si les tendances actuelles se maintiennent, l'année 2018 pourrait se solder par l'une des plus fortes hausses des salaires depuis la récession de 2008-2009. Dans l'ensemble, alors qu'on examine ces dispositions législatives qui permettent la mise en oeuvre de mesures dans le cadre du budget de 2018, notre économie est forte, saine et en croissance.
Depuis 2015, nous regardons également au-delà de nos frontières afin de conclure de nouveaux accords commerciaux modernes qui vont créer des emplois et qui vont nous permettre d'être plus compétitifs à l'échelle internationale. Le fait que le Canada est le seul pays du G7 à disposer d'accords commerciaux avec chacun des autres pays membres du G7 témoigne du travail que nous avons accompli sur la scène internationale. L'Accord États-Unis—Mexique—Canada récemment négocié va procurer à la communauté d'affaires internationale la confiance dont elle a besoin pour continuer d'investir au Canada.
[Traduction]
Grâce aux nombreuses mesures économiques novatrices que nous avons mises en place, tant à l'échelle nationale qu'internationale, l'économie canadienne est forte en en plein essor. En effet, notre économie a connu un taux de croissance de 3 % en 2017, soit le taux le plus élevé du G7, et nous prévoyons qu'elle continuera de figurer parmi les économies dont la croissance est la plus rapide cette année et l'an prochain.
Grâce aux efforts des Canadiens, plus d'un demi-million d'emplois à temps plein ont été créés au cours des trois dernières années. Le taux de chômage du pays est aujourd'hui à son plus bas en 40 ans, et la croissance du salaire du travailleur canadien moyen dépasse l'inflation. D'ailleurs, si la tendance actuelle se maintient, 2018 pourrait être l'une des meilleures années pour la croissance des salaires depuis près d'une décennie.
Le niveau de confiance des consommateurs et des propriétaires d'entreprise atteint presque un niveau record. Il se traduit par des projets d'expansion et l'embauche de nouveaux employés.
Les députés savent tous que les petites entreprises constituent l'un des principaux moteurs de l'économie canadienne et regroupent 70 % des emplois du secteur privé. Quand les petites entreprises se portent bien, le Canada se porte bien. C'est pourquoi nous avons réduit le taux d'imposition des petites entreprises à 10 % en janvier dernier et nous le réduirons à 9 % à compter du 1er janvier 2019.
En 2019, le taux d'imposition moyen fédéral, provincial et territorial combiné pour les petites entreprises sera de 12,2 %, de loin le taux le plus bas des pays du G7. Plusieurs ministères et agences du gouvernement fédéral, dont la Banque de développement du Canada et Exportation et développement Canada, s'emploient avec ardeur à faciliter la réussite et la prospérité de ces importants créateurs d'emplois.
Ces perspectives positives témoignent des nombreux atouts concurrentiels du Canada, notamment sa main-d'oeuvre hautement qualifiée, son accès préférentiel aux marchés mondiaux, ainsi que ses solides capacités de recherche et de démarrage dans des domaines émergents. Nous savons que, pour cultiver ces atouts concurrentiels et les faire croître, il faut adopter des politiques gouvernementales entièrement axées sur les gens et donnant à tous les Canadiens les moyens de contribuer pleinement à notre société et à notre économie.
Comme je l'ai mentionné, la croissance actuelle des salaires dépasse l'inflation pour les travailleurs canadiens moyens. Il pourrait s'agir de l'une des meilleures années pour la croissance des salaires depuis une décennie.
Dans le cadre de l'étude de cette mesure législative, qui mettrait en application des mesures figurant dans le budget de 2018, il est important de mentionner que, globalement, l'économie se porte bien et qu'elle est en pleine croissance.
J'aimerais décrire brièvement les piliers essentiels du projet de loi .
Ce projet de loi comprend une mesure importante pour stimuler encore plus l'économie: l'Allocation canadienne pour les travailleurs, qui est une version améliorée de la Prestation fiscale pour le revenu de travail. Cette allocation vise à encourager les gens à intégrer le marché du travail et à y rester.
Grâce à la nouvelle Allocation canadienne pour les travailleurs, un travailleur à faible revenu qui gagne 15 000 $ par année pourrait toucher en 2019 près de 500 $ de plus que ce qu'il recevrait cette année. De plus, en étendant la fourchette de revenus admissibles pour l'Allocation canadienne pour les travailleurs, on permettra à un plus grand nombre de travailleurs de la recevoir.
La nouvelle Allocation canadienne pour les travailleurs serait aussi plus facile à obtenir que la prestation qu'elle remplace. Le projet de loi propose des modifications qui permettraient à l'Agence du revenu du Canada de calculer l'allocation de tous les contribuables admissibles qui produisent une déclaration de revenus, même s'ils n'en font pas la demande. Ces améliorations pour assurer le versement de l'allocation pourraient être utiles pour les personnes à mobilité réduite, celles qui habitent loin des points de service et celles qui n'ont pas accès à Internet.
[Français]
Le gouvernement estime qu'à la suite de changements, 300 000 travailleurs à faible revenu au pays de plus vont recevoir l'Allocation canadienne pour les travailleurs pour l'année d'imposition 2019.
Il s'agit d'un grand pas en avant en vue de réduire les inégalités au pays. De plus, on estime que les investissements dans la nouvelle Allocation canadienne pour les travailleurs vont permettre de sortir environ 70 000 Canadiens de la pauvreté.
[Traduction]
Il faut aussi régler le problème de l'inégalité des sexes, c'est important: c'est une composante essentielle du projet de loi. Les Canadiennes comptent parmi les femmes les plus éduquées dans le monde, mais elles sont moins susceptibles d'intégrer le marché du travail que les hommes et plus susceptibles de travailler à temps partiel. Les Canadiennes ont trop souvent des emplois non rémunérés, ce qui les empêche de saisir les occasions qui les aideraient à atteindre leur plein potentiel.
Les femmes sont sous-représentées dans les postes de direction, et la grande majorité des entreprises canadiennes sont encore dirigées par des hommes. Aucune économie ne peut prétendre fonctionner à plein si les femmes n'ont pas les mêmes débouchés, notamment dans les postes de direction. Tout le monde bénéficie de l'égalité des sexes, et l'économie dans son ensemble aussi.
Nous savons que la participation des femmes au marché du travail a été l'un des moteurs majeurs de notre croissance économique au cours des dernières décennies. Au cours des quatre dernières années, le nombre accru de femmes sur le marché du travail a compté pour environ un tiers de la croissance du PIB réel par habitant. Recherche économique RBC estime en effet que, si davantage de femmes rejoignaient le marché du travail, cela ferait grimper le PIB du Canada de 4 %.
[Français]
La plus grande présence des femmes sur le marché du travail fait augmenter les revenus des ménages et donne un bon coup de pouce aux familles qui travaillent fort partout au pays.
On doit mettre en place des conditions économiques qui vont offrir à l'ensemble des Canadiens, en particulier aux femmes, la possibilité de réussir et d'être des chefs de file.
Cela dit, la Loi canadienne sur la budgétisation sensible aux sexes, qui fait partie de la , prévoit faire de la budgétisation sensible aux sexes une partie intégrante et permanente du processus d'élaboration du budget fédéral.
Le projet de loi prévoit également la conversion de Condition féminine Canada en un nouveau ministère, le ministère des Femmes et de l'Égalité des genres, chargé de faire progresser l'égalité relativement aux sexes, aux genres, à l'orientation sexuelle et à l'identité ou l'expression de genre. L'écart entre les genres demeure trop grand et les données nous montrent qu'agir pour réduire cet écart est non seulement la bonne chose à faire, mais également la chose intelligente à faire.
Finalement, j'aimerais aborder les mesures que nous prenons pour protéger l'environnement, un volet essentiel du projet de loi . Mettre un prix sur la pollution est le moyen que nous estimons le plus efficace pour réduire les émissions, parce que cela incite les entreprises et les ménages à faire de meilleurs choix sur le plan de l'environnement et à trouver des solutions plus innovatrices.
Il nous apparaît clair que la pollution ne devrait pas être gratuite. Les Canadiens sont conscients que c'est une réalité et que c'est la bonne chose à faire. Les coûts de la pollution sont visibles partout. Il suffit de regarder les bulletins de nouvelles du soir ou de lire les journaux pour constater qu'on y parle sans cesse de sécheresses, d'inondations et de feux de forêt, sans compter les répercussions sur notre santé physique et émotionnelle.
En mettant en oeuvre ces mesures qui visent à protéger notre environnement précieux, qui est de plus en plus menacé, le Canada se joint à 67 autres administrations qui ont déjà entrepris cette importante étape en vue de réduire les émissions de gaz à effet de serre. Ensemble, ces administrations représentent environ la moitié de l'économie mondiale et plus d'un quart des émissions mondiales de gaz à effet de serre.
[Traduction]
Même si certains tentent de convaincre les Canadiens du contraire, il ne s'agit pas ici d'ajouter de l'argent dans les coffres du gouvernement fédéral. Des systèmes provinciaux s'appliqueront dans plusieurs provinces. Certaines d'entre elles ont déjà commencé à mettre en oeuvre leur propre système de tarification de la pollution par le carbone conforme au modèle fédéral ou sont en voie de le faire.
La redevance fédérale sur les combustibles entrera en vigueur à partir d'avril 2019 en Saskatchewan, en Ontario, au Manitoba et au Nouveau-Brunswick. Ces provinces n'ont pas encore établi de système de tarification de la pollution par le carbone qui soit conforme au modèle fédéral.
Dans ces quatre provinces, le gouvernement fédéral propose de remettre directement la majorité des recettes provenant de la redevance sur les combustibles aux particuliers et aux familles grâce aux paiements de l'Incitatif à agir pour le climat dès le début de 2019. Tout l'argent restera dans la province d'origine. Cela permettra à la plupart des ménages de compenser la hausse des coûts liée à la tarification de la pollution et les aidera à faire des choix plus écoénergétiques et écologiques. Le reste des fonds recueillis qui n'iront pas directement aux ménages serviront à appuyer les secteurs particulièrement touchés de ces provinces.
[Français]
Nous nous attendons à ce que les changements climatiques entraînent un coût de 5 milliards de dollars par année pour notre économie d'ici 2020. Si nous voulons réduire les gaz à effet de serre qui sont responsables des changements climatiques, nous devons accepter le fait que la pollution de notre environnement nous coûte très cher et qu'il est tout à fait logique que les pollueurs paient pour les dommages qu'ils causent.
Les Canadiens peuvent être assurés qu'ils n'ont pas à convaincre ce gouvernement de protéger l'environnement, parce que nous sommes profondément convaincus que le fait de ne pas prendre de mesures constituerait un manquement à nos responsabilités à titre de législateurs fédéraux, en plus d'une trahison à l'égard des générations actuelles et futures de Canadiens et de Canadiennes, qui ont le droit de mener une vie saine, pacifique et prospère dans un environnement sain.
Notre qualité de vie commune ainsi que notre prospérité économique sont profondément liées à l'environnement où nous vivons. Il est donc tout à fait normal de bâtir notre économie de sorte qu'elle profite à tous les Canadiens, tout en protégeant notre environnement et en essayant de réparer les dommages que nous avons déjà causés.
Nous voulons que les Canadiens aient confiance en l'avenir, qu'ils soient mieux préparés à ce qui les attend et qu'ils n'éprouvent aucune crainte quant aux éléments essentiels au maintien de la vie, soit l'air qu'on respire et l'eau qu'on boit.
En gros, voici l'essence de ce projet de loi: nous investissons dans les Canadiens, nous partageons les fruits de notre économie vigoureuse avec l'ensemble des Canadiens et nous refusons de renoncer à nos engagements environnementaux. Le budget de 2018 contribuera à la création d'un Canada meilleur pour tous les Canadiens.
En conclusion, voilà les raisons pour lesquelles je suis très fier de me lever à la Chambre pour parler du projet de loi sur la mise en oeuvre du budget à l'étape de la troisième lecture. J'estime qu'il propose aux Canadiens des mesures qui visent, d'une part, à faire croître l'économie, ce qui est notre ambition depuis le début, et d'autre part, à protéger l'environnement. Nous pensons que les deux vont de pair.
Nous pensons aussi qu'une économie plus verte, une transition écologique vers des sources d'énergie renouvelables ainsi que des choix plus efficaces sur le plan de l'environnement présentent des perspectives très intéressantes sur le plan commercial. Nous pensons qu'il a là un important marché également. Cela a été démontré à maintes reprises.
Par ailleurs, nous pensons que la mise en place d'un prix sur la pollution est la bonne chose à faire. Comme je l'ai expliqué dans mon discours, il y a déjà un prix sur la pollution dans plus de la moitié des économies mondiales. C'est le cas au Québec depuis 2013 et en Colombie-Britannique depuis plusieurs années. Ces deux économies de notre pays voient des taux de croissance impressionnants et ont du succès sur le plan économique. Le constat est donc que les deux aspects peuvent et doivent aller de pair.
D'autre part, une mesure comme l'Allocation canadienne pour les travailleurs reflète un autre pilier essentiel de notre ambition, comme gouvernement, de réduire les inégalités. Pendant trop longtemps au pays, sous l'ancien gouvernement, on a vu une absence de leadership pour ce qui est de la réduction des inégalités. En fait, le gouvernement précédent creusait les inégalités davantage qu'il ne tentait de les réduire.
C'est là où nous nous distinguons par des mesures que nous avons prises dès notre arrivée en fonction. Nous avons augmenté le taux d'imposition du 1 % le mieux nanti pour réduire celui de 9 millions de Canadiens de la classe moyenne. Avec l'Allocation canadienne pour enfants, nous avons fait en sorte que l'on arrête d'envoyer des chèques aux familles de millionnaires, comme le faisait l'ancien gouvernement. Nous avons décidé de la rendre beaucoup plus progressiste, de sorte à aider ceux qui en ont le plus besoin. On en a constaté les effets.
Il y a là une grande distinction entre l'approche du gouvernement précédent et celle de notre gouvernement, qui est résolument déterminé à réduire les inégalités et la pauvreté dans ce pays grâce à une stratégie nationale très ambitieuse pilotée par le .
Cette distinction est aussi marquée par la Stratégie nationale sur le logement. Alors que le fédéral, sous l'ancien gouvernement et sous des gouvernements successifs, s'est désengagé de son rôle en matière de logement social, notre gouvernement a mis en oeuvre une stratégie ambitieuse de 40 milliards de dollars. C'est le genre de mesure qu'attendent les Canadiens pour avoir un pays juste où la croissance économique et la prospérité profitent à tous, un pays où la prospérité est inclusive. Je pense que cela est bien reflété dans le projet de loi sur la mise en oeuvre du budget qui est devant la Chambre aujourd'hui.
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Monsieur le Président, je suis heureux de participer au débat sur le projet de loi à l'étape de la troisième lecture.
Au cours des 20 prochaines minutes, j'espère pouvoir exposer les raisons pour lesquelles le gouvernement n'a pas veillé aux intérêts de la classe moyenne, des travailleurs du secteur de l'énergie et de leur famille. Puis, j'attirerai l'attention sur un article du projet de loi omnibus d'exécution du budget qui, selon moi, devrait être modifié. Monsieur le Président, je vous demande de m'avertir deux minutes avant la fin de mon temps de parole afin que je puisse proposer un amendement. Avant cela, j'aimerais expliquer pourquoi je le propose.
Le projet de loi d'exécution du budget est le deuxième projet de loi portant exécution de certaines dispositions du budget. Le gouvernement actuel a davantage alourdi le déficit et accumulé plus de dettes au cours des trois dernières années de non-récession que, je crois, tout autre gouvernement de l'histoire moderne. Le gouvernement précédent, quant à lui, était aux prises avec une grave récession. Par ailleurs, dans les années 1990, les gouvernements se heurtaient au mur de la dette et ne pouvaient tout simplement pas emprunter plus d'argent. Des choix difficiles ont été faits à cette époque. Or, le gouvernement actuel garantit essentiellement que d'autres choix difficiles devront être faits à l'avenir. Les gouvernements futurs seront limités par ces choix.
Nous savons tous que les dettes d'aujourd'hui sont les impôts de demain. Si nous tenons aux programmes sociaux, aux régimes de pension et aux services fournis par le gouvernement, nous devons assurer une gestion appropriée des finances publiques, mais ce n'est pas ce que nous constatons de la part des ministériels. Ce n'est pas ce que nous constatons dans le projet de loi omnibus.
Au Comité permanent des finances dont je fais partie, de nombreux membres, y compris les membres du Nouveau Parti démocratique, ont soulevé le fait que le gouvernement a rompu à maintes reprises sa promesse de ne pas présenter d'autres projets de loi omnibus. Je signale que, deux fois déjà, le Président s'est prononcé et a divisé le projet de loi d'exécution du budget et a retiré des sections qui enfreignent la règle qui oblige les mesures prévues dans le budget à être liées aux mesures prévues dans la loi d'exécution du budget. Les deux ne peuvent pas être dissociées.
Le budget est trois fois plus gros que ce qui a été promis en 2015. Les Canadiens ont fait un choix en 2015. Nous pouvons convenir que nous ne sommes pas d'accord sur la sagesse de leur décision, mais ils ont fait un choix. Les libéraux leur ont promis une série de mesures. Ils étaient censés rétablir l'équilibre budgétaire d'ici 2019, ce qui ne se fera pas. Au contraire, ils accumulent des déficits et une nouvelle dette apparemment sans fin. Le gouvernement est incapable de donner à la Chambre, aux comités ou au public une date fixe pour le rétablissement de l'équilibre budgétaire.
Nous savons que le ministère des Finances a effectué des calculs qui montrent que l'équilibre budgétaire ne sera probablement pas rétabli avant 2045. Espérons que les choses n'en arriveront pas là et que nous trouverons un moyen d'équilibrer le budget avant cela.
Le gouvernement affirme régulièrement qu'il s'emploie à ce que le Canada affiche la meilleure croissance du PIB parmi les pays du G7 et de l'OCDE. Différentes mesures sont utilisées pour évaluer cette performance. J'ai actuellement en main les données concernant l'OCDE. Quand on y regarde de plus près, on constate que le Canada a la plus faible croissance en Amérique du Nord. En 2019, nous serons à la traîne par rapport au Mexique et aux États-Unis. En 2018, nous le sommes déjà et, plus on remonte dans le temps, plus la même situation se répète. En fait, au cours des dernières, le Canada n'a enregistré qu'une seule fois une croissance plus vigoureuse que ces deux pays. En outre, lorsqu'on fait des prévisions pour l'avenir, il semble que la croissance demeurera faible.
Nos plus proches concurrents, c'est-à-dire les pays au profit desquels nous perdons des emplois dans les secteurs manufacturier, énergétique et automobile, affichent une croissance plus robuste. Cette situation est attribuable aux politiques du gouvernement: taxes élevées sur le carbone, augmentation générale du fardeau fiscal, incertitude dans le climat d'investissement, manque à gagner de 78 milliards de dollars à cause de l'avortement de projets d'exploitation de gaz naturel liquéfié. Tout cela aggrave l'échec lamentable du gouvernement en matière de leadership.
Ce deuxième projet de loi d'exécution du budget ne fait que s'ajouter à une longue liste d'échecs.
Dans ma province, l'Alberta, nous en vivons les conséquences depuis trois ans parce que le gouvernement s'est fixé comme seul objectif d'éliminer progressivement l'exploitation des sables bitumineux. Au début de son mandat, lorsque le a avoué cet objectif, il s'est ensuite ravisé en disant que c'était une erreur. Or, il a tenu le même discours à Paris, devant l'Assemblée législative française. Évidemment, il s'est exprimé en français, espérant peut-être que nous ne saurions pas ce qu'il avait dit. Il se trompait et cela fait maintenant deux fois qu'il parle de cet objectif.
Le gouvernement a interdit la circulation des pétroliers le long de la côte Ouest. Or, il s'agit d'une demi-mesure puisque l'interdiction ne vise pas le sud de la côte britanno-colombienne.
Le projet de loi est une loi de réglementation qui empêchera que tout projet d'infrastructure énergétique majeur ne soit jamais bâti au pays. Un député ministériel se lèvera sûrement pour dire que j'ai tort, que j'ai fait une erreur, qu'un projet de gaz naturel liquéfié de 40 milliards de dollars est en train d'être construit. Ce que les libéraux omettent de dire, c'est que ce projet de gaz naturel liquéfié a été approuvé en 2012 et que la plus récente décision était une décision d'affaires pour aller de l'avant; mais ce n'est pas tout. Le contrat stipule que ce projet n'est pas visé par la taxe sur le carbone. Il a reçu des exemptions relatives à différentes mesures du gouvernement fédéral et du gouvernement de la Colombie-Britannique, et c'est ce qui fait qu'aller de l'avant est maintenant une décision d'affaires sensée.
Cela devrait nous mettre la puce à l'oreille. Cela nous indique que les décisions prises par le gouvernement depuis trois ans coûtent des emplois et des investissements et que, une fois qu'on suspend ces décisions, les entreprises privées sont prêtes à se mettre à l'oeuvre et à donner les emplois dans le secteur énergétique que les gens réclament, car ils en ont tellement besoin.
On comprend mieux le climat d'affaires dans lequel nous nous trouvons. Il y a eu un débat d'urgence hier au sujet du sort des travailleurs du secteur de l'énergie partout au Canada. Les emplois dans ce secteur quittent le pays. On dit souvent de l'Alberta qu'elle est le Texas du Nord. Je préfère dire que c'est le Texas qui est l'Alberta du Sud, parce que bien des familles albertaines habitent maintenant là-bas. Ces gens cherchent des façons de joindre les deux bouts. Ils veulent pouvoir payer l'hypothèque, envoyer leurs enfants dans de bonnes écoles et épargner en vue de la retraite. Ils n'hésiteront pas à aller là où il le faut.
Ces personnes possèdent les compétences que l'Alberta a mis une génération complète à attirer et à développer. Convaincre les gens de s'installer en Alberta n'a pas été une mince affaire. Habituellement, lorsque les gens prennent l'avion de l'Est du Canada vers l'Ouest, ils survolent l'Alberta pour s'arrêter sur la magnifique côte Ouest. Pour les convaincre qu'il est avantageux de déménager dans notre province, on doit leur offrir de bons avantages sociaux, une bonne rémunération et un lieu paisible où habiter et élever leur famille. C'est exactement ce que nous avons fait, mais il nous a fallu 25 ans pour y arriver. En l'espace de trois ans, les libéraux sont parvenus à mettre au rebut une génération entière de réalisations qui visaient à rendre l'économie de l'Alberta la plus performante au pays et à faire de la province le meilleur endroit où élever une famille.
L'une des raisons pour lesquelles j'ai déménagé en Alberta est le travail. D'ailleurs, toutes les personnes de ma région, en banlieue de Calgary, sont déménagées en Alberta pour la même raison. Nous sommes tous devenus des Albertains en raison de l'éthique de travail et de l'attitude gagnante que nous apportons. C'est pour cela que le slogan « construis ce pipeline » — que le a entendu jeudi dernier — est devenu très populaire en Alberta. Peut-être que nous devrions remplacer le slogan de la province par « construis ce pipeline ». Nous devrions faire tout notre possible pour réaliser ce projet.
La solution du gouvernement a été d’exproprier Kinder Morgan et d’acheter le pipeline pour 4,5 milliards de dollars de deniers publics dont Kinder Morgan se sert maintenant pour financer la construction d’un pipeline au Texas. Je ne vois pas comment on peut considérer que c’est une bonne décision politique, car ce ne l’est pas. Pourquoi finançons-nous nos concurrents? C’est totalement illogique.
Le gouvernement utilise des chiffres pour se vanter de la croissance du PIB. Nous devrions nous tourner vers l’avenir. Le gouvernement et les députés ministériels mettent en cause le passé, surtout depuis un an. Ils se complaisent dans cette pratique. Les libéraux sont au pouvoir. Les députés ministériels défendent trois années de décisions politiques qui ont conduit à un écart de prix record entre le pétrole Western Canadian Select et le pétrole brut synthétique.
Il y a des années, près de 10 ans maintenant, je travaillais à la Chambre de commerce. À l'époque, il y avait aussi un écart de prix. Il était alors d’environ 15 ou 20 $. Il fluctuait plus ou moins. Les gens considéraient que c’était un gros problème, ils disaient qu’il fallait trouver une solution et prendre de bonnes décisions pour l’avenir afin de s’assurer que la capacité des pipelines corresponde à la croissance de production prévue. Voilà ce que beaucoup d’entreprises du secteur privé essayaient de faire. Elles essayaient de déterminer où investir des capitaux de la manière la plus rentable possible pour optimiser leur rendement de la manière la plus responsable qui soit.
Beaucoup de gens dans ma circonscription qui sont maintenant au chômage ou sous-employés travaillaient dans l’assurance de la qualité. Ils s'assuraient que les pipelines soient construits de façon sécuritaire, et de manière à réduire au minimum absolu les risques pour la population environnante. La plupart des Albertains ont des pipelines à deux pas de chez eux. Ils savent où ils se trouvent. Il y a des réseaux de transport dans toute la province parce que c’est dans ce domaine que l’Alberta a un avantage concurrentiel.
Je vais passer maintenant à l’article que je mentionnais avant et à la teneur de l’amendement que je vais proposer à la fin de mon temps de parole. Pendant le débat sur la loi n° 2 d’exécution du budget, il a été question de l’article 470 qui porte sur le Code canadien du travail et prévoit un congé. Le député de a proposé au comité un amendement visant à prévoir 12 semaines de congé de deuil pour les parents confrontés à la mort d’un enfant ou au décès périnatal d’un enfant. Le gouvernement a rejeté cet amendement.
Afin d’éviter des arguments éventuels contre l’amendement que je présenterai à la fin de mon intervention, je souhaite revenir sur les trois principaux arguments que j'ai entendus afin d'expliquer pourquoi ceux-ci ne sont pas pertinents pour rejeter la proposition de 12 semaines de congé de deuil.
Tout d’abord, on a fait valoir que d’autres types de congés sont modifiés dans la loi d’exécution du budget. Nous pourrions nous demander à juste titre pourquoi nous procédons ainsi, dans une loi d’exécution du budget, en modifiant le Code canadien du travail. Il me semble que ce projet de loi compte plus de 850 pages, et il est permis de se demander pourquoi il en est ainsi.
Un des arguments était qu’il existe un autre type de congé auquel les intéressés pourraient avoir droit. Les mères ont droit aujourd’hui à un congé de maternité de 17 semaines. Si leur enfant meurt au cours de ces 17 semaines, elles peuvent prendre tout le congé comme congé de deuil. Quand j’ai demandé aux fonctionnaires si cela s’appliquait également aux pères, ils m’ont dit que non. Les pères n’ont pas droit à ce congé de deuil.
Les pères n’ont que cinq jours, ce qui est conforme au Code canadien du travail. Ils ont cinq jours, dont trois sont payés et deux pas. Je trouve cela totalement injuste. En fait, j’ai demandé aux fonctionnaires ce qui arrive si l’enfant meurt après 17 semaines et un jour. Ce sont des cas très difficiles où les parents ont perdu un enfant victime, par exemple, du syndrome de la mort subite du nourrisson, d’une pathologie préexistante ou d’une maladie rare. Beaucoup de députés savent que j’ai perdu ma plus jeune fille en août et que cette question me tient donc à coeur. Je pensais qu’il s’agissait d’un problème beaucoup plus rare dans la société canadienne qu’il ne l’est en fait. Les pères ont trois jours de congé payés et deux jours non payés. L’argument selon lequel il existe d’autres mécanismes n’est pas bon dans ce cas-ci.
Comme je l’ai mentionné, nous avons proposé un amendement au comité. Nous en avons débattu. Mes collègues étaient au moins disposés à entendre l’argument. Notre situation me rappelle un proverbe yiddish qui dit qu’il y a un pas de la réussite à l’échec, mais une longue route de l’échec à la réussite. Je propose par mon amendement d’emprunter la longue route qui mène à la réussite.
Un autre argument a été avancé au comité, à savoir qu’une motion était à l’étude dans un autre comité qui se penchait sur la situation des parents, des mères et des pères qui ont perdu un enfant. Il s’agit de la motion M-110 à l’étude au comité des ressources humaines. Elle ne porte pas expressément sur le congé de deuil prévu dans le Code canadien du travail, ce qui était sans doute une erreur dans l’argument utilisé au comité pour donner une raison de rejeter un amendement qui vise à accorder un traitement égal aux deux parents, aux mères et aux pères, en prévoyant 12 semaines de congé.
Dire que le travail accompli par un comité de la Chambre, qui présentera à un moment donné un rapport, avant les élections, espérons-le, ne devrait pas nous empêcher de faire ce qu’il faut maintenant, quand une occasion se présente de le faire dans la loi d’exécution du budget, est un bon argument. La loi d’exécution du budget vise différentes mesures législatives, du Code canadien du travail à des changements aux permis d’importation et d’exportation, en passant par des mesures budgétaires, des annonces de dépenses et des modifications à la déduction pour amortissement accéléré. Pourquoi donc ne pas traiter aussi de ce sujet? Nous modifions déjà le projet de loi. Nous y apportons de petits amendements.
Dire qu’un autre comité étudie la question, alors que la question qu’il examine n’est pas tout à fait celle-ci, n’est pas un bon argument. La question qu’il examine est plus générale. Il se penche en particulier sur l’assurance-emploi. C’est important, mais les travaux de ce comité ne devraient pas nous empêcher de décider à la Chambre que les parents méritent une égalité de traitement. Il s’agit là d’un concept très important.
Un autre argument avancé au comité a été que nous ne disposions pas de tous les faits sur les conséquences de l’instauration d’un congé de deuil de 12 semaines, en comparaison des 17 semaines accordées au titre des prestations de maternité, qui, comme je le mentionnais, ne concernent que les mères. Cet argument m’a paru peu convaincant.
J’ai alors proposé un sous-amendement. Nous aurions pu retarder l’examen article par article de la loi d’exécution du budget avant qu’elle revienne à la Chambre pour nous donner une journée de plus, afin que les avocats du ministère de la Justice puissent nous donner un avis. Ce n’est pas, à mon sens, un bon argument tant que nous ne connaissons pas tous les faits.
Comme les députés de l’opposition et, j’en suis certain, de nombreux néo-démocrates en conviendront, nous nous retrouvons avec ces projets de loi omnibus toujours plus longs et plus complexes. J’en vois certains qui hochent la tête. Non seulement nous comparons, et nos collaborateurs comparent, le contenu de la loi d’exécution du budget avec le contenu du budget pour faire le lien entre les deux, afin de pouvoir expliquer à la Chambre pourquoi certains éléments n’ont pas leur place dans le projet de loi et pourraient être présentés séparément pour que nous puissions les examiner en détail, article par article, mais en plus, le gouvernement a recouru à la clôture, à une motion de guillotine, pour renvoyer le projet de loi au comité des finances aussi vite que possible, limitant ainsi le débat aux Communes aux questions générales à l’étape de la deuxième lecture.
Le gouvernement a ensuite présenté une motion de programmation, une motion de guillotine ou de clôture, au comité pour nous obliger à examiner le projet de loi rapidement, en quelques semaines à peine, avec la semaine de relâche au beau milieu. Le comité des finances disposait en fait de très peu de temps pour se livrer à un examen approfondi.
Évidemment, nous choisissons les parties qui nous intéressent le plus. Ce qui intéresse le plus les conservateurs, c’est le congé de deuil et les dispositions du Code canadien du travail, parce qu’ils sont à l’heure actuelle injustes. Or, cette injustice demeurera si nous ne proposons pas d’amendement pour régler cette question de manière que les pères aient droit aux mêmes prestations équitables que les mères. Je proposerai, comme je le disais, un amendement. Plus généralement, je pense qu’il nous donnera l’occasion d’examiner tous les éléments et de demander aux fonctionnaires de revenir au comité nous expliquer plus en détail comment ce congé fonctionnerait.
Comme je le mentionnais, des fonctionnaires sont venus témoigner au comité et ils nous ont fourni des renseignements, mais pas complets. Les députés ministériels faisaient valoir, entre autres, que nous ne disposions pas de tous les éléments et que nous ne pouvions donc pas aller de l’avant, mais que nous devrions laisser un autre comité de la Chambre étudier une autre question en rapport avec celle-ci, mais différente. Je soutiens, cependant, que si elle se trouve dans la loi d’exécution du budget, nous devrions la traiter. Tout ce que le gouvernement propose dans un projet de loi budgétaire ne devrait pas tout simplement être adopté et nous ne devrions pas nous contenter d’accepter qu’il aille de l’avant.
Cela s’est déjà produit avant au cours des dernières années. Le Sénat avait émis de sérieuses réserves au sujet d’une partie précise qui concernait les Caisses populaires Desjardins, et le gouvernement a finalement renoncé à cette mesure. Ce ne serait donc pas la première fois qu’il accepte des amendements visant à ralentir pour réexaminer des questions.
Il me semble qu’il serait sage dans cette situation d’offrir aux mères et aux pères, surtout aux pères dans ce cas, la possibilité de profiter d’un congé de deuil de 12 semaines au maximum. Cela concernerait évidemment les employés assujettis à la réglementation fédérale. Nous savons que dans le secteur privé, les employeurs offrent différents types de congé.
Pour toutes les raisons que je viens d'exposer, j'estime que l'amendement que je propose est raisonnable. Les députés auront ainsi le temps d'y réfléchir. Selon moi, la Chambre, dans son infinie sagesse, pourrait très bien donner ce genre de directive au comité. Je propose donc, avec l'appui de la députée d':
Que la motion soit modifiée par substitution, aux mots suivant le mot « Que », de ce qui suit: « le projet de loi C-86, Loi no 2 portant exécution de certaines dispositions du budget déposé au Parlement le 27 février 2018 et mettant en oeuvre d'autres mesures, ne soit pas maintenant lu une troisième fois, mais qu'il soit renvoyé de nouveau au Comité permanent des finances afin de revoir l'article 470, en vue de s'assurer que chaque employé, quel que soit son sexe, a droit à un congé d'une durée maximale de 12 semaines s'il est le père ou la mère d'un enfant décédé, y compris en cas de décès périnatal. »
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Monsieur le Président, je ressens beaucoup de déception à prendre la parole aujourd’hui au sujet du projet de loi quand je compare la promesse que le gouvernement avait faite en 2015 et les mesures qu’il a proposées récemment, et je sais que bon nombre de Canadiens sont aussi déçus que moi. En 2015, nous espérions sincèrement que les choses changeraient.
On se souvient que le , pendant une campagne qui s’est révélée très efficace, avait promis que les choses changeraient à Ottawa, que les parlementaires et le Parlement seraient respectés et qu’ils seraient en mesure de faire le travail pour lequel ils sont payés, au nom de tous les Canadiens, après les années Harper.
Pendant ces années-là, les parlementaires s’étaient vus systématiquement privés de toute possibilité de faire adopter des amendements et des projets de loi, et on leur donnait systématiquement des projets de loi omnibus de 200 ou 300 pages à examiner. Le gouvernement conservateur faisait aussi un usage systématique de la « guillotine », comme on dit en jargon parlementaire, ce qui signifie que les parlementaires n’avaient pas la possibilité de prendre la parole à la Chambre des communes pour défendre les intérêts des électeurs de leur circonscription.
Par rapport à aujourd’hui, c’était presque des belles années. L’indignation que nous manifestions à l’égard du gouvernement Harper lorsqu’il présentait des projets de loi budgétaires de 200 pages, lorsqu’il regroupait dans le même projet de loi omnibus toutes sortes de mesures n’ayant aucun lien entre elles, et qu’il faisait adopter tout cela à marche forcée, par la Chambre des communes, en une semaine ou deux, cette indignation, dis-je, semble bien faible par rapport à celle que nous ressentons aujourd’hui en 2018, à l’aube de 2019. On voit aujourd’hui ce que le gouvernement libéral a fait au lieu de tenir sa promesse de permettre aux parlementaires de faire le travail pour lequel ils sont payés, au nom des Canadiens, et qui consiste à examiner et à bonifier les lois, à interroger des témoins et à s’assurer que toutes les lois qui sont adoptées par la Chambre des communes sont les meilleures possible et qu’elles permettent d’atteindre les objectifs qu’elles promeuvent.
Au lieu de faire en sorte que le Parlement soit à nouveau en mesure de fonctionner normalement et d’assurer une véritable consultation avec les partis de l’opposition, le a fait encore pire que son prédécesseur. Je reviendrai là-dessus tout à l’heure, parce que ce que nous avons observé au cours des derniers mois en particulier en dit long sur le gouvernement, le premier ministre et le .
Le projet de loi incarne tout ce que le gouvernement a mal fait au cours des trois dernières années. Malgré les belles promesses et les fermes engagements des libéraux avant leur arrivée au pouvoir, nous avons aujourd’hui avec le projet de loi C-86 un autre exemple qui montre bien que ce gouvernement n’est pas différent de son prédécesseur, et qu’il est même pire à bien des égards. Au lieu d’avoir, pour l’exécution du budget, des projets de loi omnibus de 200 ou 300 pages servant de véritables fourre-tout, nous avons maintenant le projet de loi C-86 qui fait presque 900 pages et qui regroupe sept projets de loi distincts.
Au lieu d’avoir une ou deux semaines pour examiner le projet de loi, comme au temps de Harper, ce qui était déjà nettement insuffisant, nous n’avons plus aujourd’hui qu’un ou deux jours de débat avant le passage du rouleau compresseur qui bafoue tout simplement les droits et les privilèges des parlementaires. Au lieu de tenir compte des témoignages des spécialistes et de collaborer avec les partis d’opposition pour améliorer le projet de loi, le gouvernement a choisi de faire adopter celui-ci à toute vapeur, tout en sachant qu’il est inadéquat et qu’il donnera lieu à des contestations judiciaires.
Voilà malheureusement ce qu'il en est avec le projet de loi . Sous le règne de Harper, le gouvernement conservateur a fait adopter des mesures législatives à toute vapeur à six reprises, après une ou deux semaines de débat, sachant pertinemment qu'il y aurait des contestations judiciaires. Dans les six cas, les tribunaux ont rejeté la mesure législative parce qu’elle n’était pas bien ficelée, étant donné que le gouvernement avait refusé d’entendre des témoins.
Le projet de loi n’a pas encore été adopté, mais le gouvernement nous a fait savoir, avec fermeté, qu’il refuserait toute suggestion susceptible d’améliorer le texte. Les libéraux ont annoncé leur intention de faire adopter le texte à toute vapeur, et nous savons maintenant que les femmes devront retourner devant les tribunaux sur la question de l’équité salariale. Le gouvernement sait pertinemment qu’il a tort de procéder de cette façon, mais il préfère les beaux discours à la substance. Les libéraux se vantent d’avoir présenté un projet de loi sur l’équité salariale, mais en réalité, ce projet de loi contient un grand nombre de lacunes, que des témoins ont mises au jour, et le NPD n’a cessé de présenter des amendements pour les corriger, mais ils ont tous étés rejetés.
Le gouvernement s’imagine qu’en faisant valoir qu’il a présenté un projet de loi sur l’équité salariale, il fera oublier le triste contenu du projet de loi , dans sa version actuelle. Les femmes vont être obligées de s’adresser à nouveau aux tribunaux pour obtenir un salaire égal pour un travail égal. C’est incroyable qu’un gouvernement puisse faire cela. Je trouve inconcevable qu’un gouvernement s’entête à faire une chose qu’il sait être une erreur, tout simplement parce ses membres pensent qu'il peuvent tirer leur épingle du jeu.
Voilà pourquoi je dis que le projet de loi incarne les illusions perdues des Canadiens qui, en 2015, nourrissaient des espoirs enthousiastes à l’égard du gouvernement. Ils pensaient qu’une fois au pouvoir, les libéraux ne feraient plus les choses de la même façon, que ce ne serait plus comme au temps de Harper. Trois années plus tard, un grand nombre de Canadiens, dont certains électeurs de ma circonscription qui ont voté libéral en 2015 avec beaucoup d’enthousiasme, disent aujourd’hui qu’ils voteront peut-être pour les libéraux. Certes, les libéraux nous disent que les sondages leur sont encore favorables, mais ce qu’ils ne comprennent pas, c’est qu’il n’y a plus la même ferveur, le même enthousiasme. En réalité, au cours des prochains mois, il va y avoir un débat sur toutes sortes de décisions prises par le gouvernement, et le mélange d’arrogance et de tout-m’est dû qui caractérise les libéraux et qui semble avoir refait surface après trois années de pouvoir va devoir composer avec cette nouvelle attitude des Canadiens.
À vrai dire, ce pavé budgétaire, le projet de loi , incarne à lui seul tant de promesses non tenues des libéraux qu’il risque de susciter, au cours des 11 prochains mois, une forte réaction des Canadiens qui ne voudront peut-être pas confier au gouvernement un deuxième mandat. Certes, nous ne voulons pas revivre les années Harper, mais les Canadiens, notamment les électeurs de ma circonscription, en ont assez d’un gouvernement qui s’empresse d’oublier les promesses qu’il a faites.
La plus grosse lacune du projet de loi vient de l’absence de certaines dispositions qui auraient dû y figurer, sans parler du mini-budget qui a été présenté la semaine dernière et qui était complètement déconnecté du quotidien des Canadiens. Il était complètement déconnecté des problèmes d’endettement des Canadiens, un endettement qui n’a jamais été aussi élevé au Canada et qui est le plus élevé de tous les pays industrialisés de la planète. Cet endettement a été généré par les politiques gouvernementales des 30 ou 40 dernières années, par le refus de subventionner le logement abordable et l’assurance médicaments, et par le refus de venir en aide aux familles.
En revanche, ce que proposent le projet de loi et le mini-budget, c’est une véritable manne pour les PDG. Le gouvernement semble à la fois impuissant et réticent à s’intéresser aux problèmes des gens ordinaires. J’ai fait quelques petits calculs, et rien qu’au cours des derniers mois, la manne dont je viens de parler comprend les 4,5 milliards de dollars qui ont été engagés pour un vieux pipeline défectueux, soit le double de sa valeur. Malgré cela, le gouvernement n’a pas hésité à engager 4,5 milliards de dollars pour l’acheter. Nous apprenons aujourd’hui que les coûts de construction du pipeline vont encore augmenter, pour atteindre 11 et même 15 milliards de dollars, mais le gouvernement ne lâche pas. Le n’a même pas un devis ferme. Il se fie à celui de Kinder Morgan. Il y a tout lieu de penser que cela coûtera 15 milliards de dollars en plus des 4,5 milliards de dollars.
Nous avons vu dans le mini budget de la semaine dernière que 14 milliards de dollars sont accordés à des PDG. Les députés libéraux diront que cela revitalisera l’économie, mais lorsque nous examinons les documents budgétaires — parce que c’est ce que nous faisons au NPD, nous lisons les documents —, nous constatons que le mini budget vise en fait à accélérer l'amortissement. Il prévoit donc des cadeaux fiscaux pour que les PDG se procurent des jets privés et des limousines très luxueux. J’ai interrogé les fonctionnaires du ministère des Finances à ce sujet parce que je voulais m’assurer d’avoir bien compris. J’ai demandé si une limousine serait couverte par cet amortissement accéléré, ce gros cadeau fiscal accordé par le gouvernement fédéral. Ils ont dit oui. J’ai demandé si les jets privés seraient couverts. Ils ont dit oui. Ce sont 14 milliards de dollars de plus, et je ne parle même pas des 20 milliards de dollars et plus qui vont chaque année dans des paradis fiscaux à l’étranger.
Monsieur le Président, comme vous vous en souviendrez, le directeur parlementaire du budget, qui est un héros, comme tous ceux qui travaillent pour lui, a lutté pendant trois ans sous le régime Harper et trois autres années sous le régime libéral avant de réussir à obtenir les données fiscales qui nous permettront, pour la toute première fois au printemps prochain, d’obtenir une évaluation complète et concluante du montant que les Canadiens les plus riches et les sociétés les plus rentables du Canada mettent à l’abri à l’étranger.
Les petits entrepreneurs, les gens de métier et les mères seules paient leurs impôts. Les Canadiens sont fiers de le faire parce que cela fait partie de notre nature, au Canada, que de mettre des fonds en commun pour qu'ils soient ensuite investis pour le bien de tous. Toutefois, ce n’est pas ainsi que certaines des sociétés les plus riches et les plus rentables du Canada agissent. Les estimations s’élèvent à 20 milliards de dollars, mais le directeur parlementaire du budget pourrait bien constater que c’est beaucoup plus que cela.
Faisons un calcul rapide. Il ya 4,5 milliards de dollars, puis 15 milliards de dollars de plus, et encore 14 milliards de dollars. C’est plus de 20 milliards de dollars, et nous arrivons à bien au-delà de 50 milliards de dollars sans même nous arrêter pour reprendre notre souffle ou boire une gorgée d’eau.
Qu’est-ce qui ne figure ni dans le projet de loi ni dans le mini budget? L’assurance-médicaments universelle à payeur unique n’y figure pas. Je l’ai déjà dit et je le répéterai. Chaque jour, des parlementaires croisent Jim, qui mendie sur le pont entre le Château Laurier et l’édifice de l’Est. Il mendie parce qu’il n’y a pas de régime universel d’assurance-médicaments à payeur unique dans notre pays. Il doit mendier 500 $ par mois. Il vit avec peu d’économies et peu d’argent, mais il doit mendier pour se procurer les médicaments qui le maintiennent en vie.
Les propriétaires d’entreprises paient six milliards de dollars par année pour des régimes d’assurance-médicaments et pourtant, nous savons que notre régime universel d’assurance-maladie constitue un avantage concurrentiel. Cela représente annuellement 3 000 $ par employé, parce que les entreprises canadiennes n’ont pas à cotiser à des régimes d’assurance-maladie auxquels les entreprises américaines doivent cotiser.
Le régime d’assurance-médicaments est avantageux pour tout le monde, comme l'a indiqué le directeur parlementaire du budget. Il engendrerait des économies globales de quatre milliards de dollars pour les Canadiens. Cependant, rien dans le projet de loi ni dans le mini budget ne traite des difficultés cruciales auxquelles des gens comme Jim se heurtent. Si un député du gouvernement a un quelconque doute, il n’a qu’à s’entretenir avec Jim. Il est dehors, en train de mendier pour pouvoir se procurer les médicaments dont il a besoin pour rester en vie. Il est incroyable que dans un pays riche comme le nôtre, un pays où les libéraux n’ont pas hésité à gaspiller 50 milliards de dollars au cours des derniers mois, le gouvernement ne soit pas disposé à appuyer l’assurance-médicaments.
Rien dans le projet de loi ne règle la crise du logement que nous vivons. C’est incroyable ce que les Canadiens sont forcés de vivre durant cette crise du logement. Chaque fois que je parle de logement, les libéraux commencent à chahuter et à très mal réagir, mais nous parlons de vrais Canadiens qui éprouvent de graves difficultés.
J’ai parlé à la Chambre de John, un aîné qui s’est retrouvé sans abri et qui vit maintenant dans un refuge pour sans-abri en raison du manque de logements abordables au Canada. J’ai parlé d’Heather, j’ai parlé de Raj et de Wade. Je peux citer tant d’histoires.
En voici une autre, et elle date d’hier soir.
J’ai tourné à gauche en sortant de l’édifice Wellington hier soir et il y avait une femme, que j’appellerai Yolande, qui dormait dehors sous la verrière de l’immeuble. Tous les députés qui sont sortis de l’immeuble hier soir l’auront vue. J’en ai eu l’estomac noué de la voir là. Je suis un parlementaire. Même s’il y a 40 néo-démocrates ici, nous n’avons pas réussi à faire comprendre au gouvernement libéral qu’il y a un problème.
Les Canadiens sont de plus en plus excédés par l’incapacité du gouvernement libéral de reconnaître que nous sommes plongés dans une crise profonde. Des milliers de Canadiens dorment dans les rues de nos villes. Des personnes, comme Yolande à Ottawa, dorment sous des verrières. Des personnes dorment en ville, au-dessus de bouches de vapeur, ou dans des parcs, ou encore dans l’entrée de magasins fermés pour la journée. Elles recherchent désespérément un abri pour la nuit. Que cela arrive dans un pays aussi riche que le Canada est inconcevable, un point c’est tout. Rien dans le projet de loi n’aborde la question de la crise profonde que nous sommes en train de vivre.
Rien dans le projet de loi n’aborde la crise profonde dans laquelle est plongé le système d’éducation des enfants autochtones, qui est sous-financé et fait vivre les enfants dans des conditions épouvantables. Leurs écoles dépassent l’entendement. Une école autochtone reçoit en moyenne 6 500 à 10 000 $ de moins par élève, par année, comparativement aux autres écoles. Rien dans le projet de loi C-86 n’aborde cela.
Le problème, ce n'est pas seulement l’approche des libéraux dans le projet de loi . Ce n’est pas seulement leur sens des priorités complètement faussé. C’est le fait que des témoins ont dit, comme ce fut le cas avec l’équité salariale, que le projet de loi doit être amélioré, sinon les femmes devront retourner devant les tribunaux. C’est l’impression que donne le gouvernement libéral qu’il ne le changera pas, qu’il s’en fiche.
C’est une des choses qui me déçoivent le plus, après trois ans de gouvernement libéral. Je suis très déçu de la forte impression qu’il donne de n’avoir aucun sens des priorités. Il a l’arrogance de penser qu’il peut jouer sur les mots et dire que la présence même de l’équité salariale dans le projet de loi est ce qu’il y a de plus important. Il ne se soucie pas que les choses soient bien faites, que les femmes n’aient pas à recourir de nouveau aux tribunaux. C’est l’impression générale que donnent les libéraux, que tout est beau, parce qu’ils peuvent chanter sur tous les toits qu’ils ont fait adopter une loi sur l’équité, peu importe que les femmes aient à retourner devant les tribunaux ou non.
C’est un peu comme la taxe d’accise qui a été imposée aux utilisateurs du cannabis médicinal. Les libéraux étaient stupéfaits quand j’ai commencé à poser des questions là-dessus. Les fonctionnaires du ministère des Finances ont dû aller se renseigner et ont découvert que la taxe d’accise avait effectivement été imposée aux utilisateurs du cannabis médicinal, 250 000 Canadiens qui en ont besoin pour gérer leur douleur. Ils sont souvent affligés de douleurs intenses.
Nous avons essayé d’y remédier au printemps, et les libéraux ont dit non. Ils ne s’en souciaient guère. Nous avons essayé d’y remédier de nouveau la semaine dernière avec le projet de loi , et les députés libéraux, une fois de plus, ont rejeté les amendements voulant que la taxe d’accise sur le cannabis médicinal soit éliminée, comme ils l’ont fait pour tout autre amendement proposé par l’opposition. Cela signifie que les utilisateurs de cannabis médicinal joignent maintenant les rangs des autres Canadiens qui ne peuvent se permettre leurs médicaments. C’est un manque d’empathie, un point c’est tout.
Je comprends que le vient d’un milieu privilégié, tout comme le . Je ne le leur reproche pas, pas plus que le ferait un autre Canadien. Cependant, c’est un manque d’empathie, un manque de compréhension de la façon dont leurs politiques, manifestement, rendent la vie d’un grand nombre de Canadiens plus difficile, ce que mon parti et moi-même déplorons.
Le projet de loi aurait pu être amélioré. Il aurait dû comporter d’autres mesures visant à régler ce qui préoccupe les Canadiens. Parce qu’il ne le fait pas, je voterai contre.
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Monsieur le Président, je suis heureux d'avoir l'occasion de prendre la parole aujourd'hui pour parler de l'importance de la stratégie en matière de propriété intellectuelle.
Depuis le début, notre gouvernement n'a pas arrêté de travailler en vue d'améliorer les lois canadiennes sur la propriété intellectuelle.
[Traduction]
La propriété intellectuelle stimule et récompense l’activité intellectuelle dans les secteurs industriel, scientifique, littéraire et artistique, et elle joue un rôle essentiel dans une économie moderne et dynamique; je dirais même qu’elle est un atout fondamental de l'économie du savoir. Les protections en matière de propriété intellectuelle récompensent en quelque sorte les créateurs et les inventeurs de leur contribution à l’économie. La propriété intellectuelle leur permet de tirer profit de leurs idées et de leur créativité et elle leur fournit un mécanisme pour rentabiliser leur investissement. Les lois sur la propriété intellectuelle leur accordent des droits exclusifs, ce qui empêche d’autres personnes de fabriquer, de vendre ou d’utiliser les fruits de leur travail sans leur autorisation.
De plus, la protection de la propriété intellectuelle génère des retombées économiques positives. Les entreprises qui comprennent bien la propriété intellectuelle et qui adoptent des plans stratégiques vigoureux pour son utilisation et sa protection apportent une contribution importante à l’économie canadienne. D'ailleurs, ces entreprises créent des emplois dont les salaires, en moyenne, sont supérieurs de 16 % à ceux des entreprises qui n’ont que peu ou pas de propriété intellectuelle. De plus, les entreprises qui protègent la propriété intellectuelle dans des industries où les brevets jouent un rôle très important ont de 8 à 10 fois plus de revenus que celles qui ne protègent pas la propriété intellectuelle.
La législation canadienne régit de nombreuses formes de propriété intellectuelle, notamment les brevets, les marques de commerce, le design industriel et le droit d’auteur. Après les engagements du budget de 2017, le budget de 2018 propose un investissement de 85,3 millions de dollars sur cinq ans et de 10,1 millions de dollars sur une base permanente pour financer des mesures visant à soutenir une nouvelle stratégie en matière de propriété intellectuelle.
En avril 2018, lors de la Journée mondiale de la propriété intellectuelle, le gouvernement a officiellement inauguré une stratégie de la propriété intellectuelle qui permettra de solidifier les investissements dans la créativité et l’innovation, d’accompagner nos efforts en vue de créer des emplois de qualité et de mieux faire comprendre les facteurs qui contribuent au succès de l’économie moderne et globale
La stratégie en matière de propriété intellectuelle est un volet important du plan pour l’innovation et les compétences, car elle favorise l’instauration d’un écosystème qui permettra aux entreprises de se développer. La stratégie aidera les entreprises canadiennes à utiliser la propriété intellectuelle de façon stratégique, afin de se développer et de faire face à la concurrence. La stratégie en matière de propriété intellectuelle s’articule autour de trois piliers stratégiques: la nécessité d'améliorer la sensibilisation à la PI, l'éducation et les conseils, l'offre d'outils stratégiques en PI pour la croissance, et les modifications législatives.
Un certain nombre d’initiatives sont en préparation en fonction du premier pilier, celui de la sensibilisation, de l'éducation et des conseils en matière de Pi. Notamment, l’Office de la propriété intellectuelle du Canada, l’OPIC, continuera de miser sur les outils d’apprentissage et les ressources actuels et de mettre au point de nouvelles ressources éducatives afin de transmettre aux innovateurs et aux entreprises les connaissances dont ils ont besoin pour réussir. Les équipes de conseillers en propriété intellectuelle travaillent directement avec des entreprises et des innovateurs, partout au Canada; ils organisent des séminaires et participent à des manifestations liées à l’innovation et à l’entreprise.
Nous mènerons un sondage sur les connaissances des Canadiens dans le domaine de la propriété intellectuelle et sur l’utilisation qu'ils en font, y compris parmi les groupes qui ont traditionnellement moins tendance à l’utiliser, comme les entrepreneurs qui sont des femmes ou des Autochtones. Les résultats du sondage nous aideront à mieux répondre aux besoins de ces groupes.
Nous favoriserons le dialogue entre les peuples autochtones et les décideurs, tant au Canada qu’à l’étranger, par des mesures facilitant directement ce dialogue, par de la recherche et par le développement des capacités.
Nous encouragerons la création de cliniques d’aide juridique sur la propriété intellectuelle en dégageant du financement pour les aider à se procurer les ressources et les outils nécessaires pour améliorer la qualité des recherches sur l'état antérieur de la technique. Nous considérons que les cliniques d’aide juridique sur la propriété intellectuelle sont une solution gagnante pour tout le monde, et permettent aux étudiants en droit d’en apprendre davantage sur la propriété intellectuelle, aident les entreprises à comprendre leurs besoins relatifs à la propriété intellectuelle et facilitent l’accès aux professionnels capables de donner des conseils de qualité sur la question de la propriété intellectuelle.
Enfin, une nouvelle équipe d’experts spécialisés en propriété intellectuelle viendra enrichir les connaissances et les moyens dont disposent les agents des programmes fédéraux pour gérer les problèmes de propriété intellectuelle et guider les bénéficiaires de ces programmes, dont ils amélioreront les connaissances et l'aptitude à juger des questions de propriété intellectuelle. Ces experts s'ajouteront aux professionnels de la propriété intellectuelle déjà à l'oeuvre plutôt que de les remplacer.
Le deuxième pilier de la stratégie en matière de propriété intellectuelle consiste à fournir aux entreprises canadiennes des outils pour les aider à tirer parti de leurs nouvelles connaissances sur la propriété intellectuelle. Premièrement, un des problèmes qui nous ont été signalés à maintes reprises pendant la consultation était le peu de visibilité de la propriété intellectuelle des institutions fédérales et des établissements d’enseignement supérieur. C'est pourquoi la stratégie en matière de propriété intellectuelle comprend un nouveau marché en ligne de la propriété intellectuelle pour faire connaître la propriété intellectuelle inexploitée dont la création a été financée par des institutions publiques.
Nous avons aussi entendu parler du temps qu’il faut pour régler les différends liés à la propriété intellectuelle et obtenir une décision sur de nouvelles redevances de reproduction. Nous savons tous que le temps, c’est de l’argent. La stratégie en matière de propriété intellectuelle prévoit de nouvelles ressources pour la Cour fédérale afin de faciliter la gestion des litiges complexes, de même que les améliorations importantes devant être apportées au fonctionnement de la Commission du droit d’auteur.
L’aide financière supplémentaire pour améliorer le fonctionnement de la Commission du droit d’auteur et les dispositions législatives qui la concernent la rendront plus efficace. Ces changements aideront les titulaires des droits, qui comprennent maintenant mieux la valeur de la propriété intellectuelle qu’ils détiennent, en réduisant le temps qu’ils passent à se battre pour la protéger et en leur laissant plus de temps pour la monnayer.
Les technologies canadiennes sont à l'avant-garde du progrès et devraient être reconnues comme telles plus souvent. La stratégie en matière de propriété intellectuelle favorisera la participation des entreprises canadiennes à l'établissement des normes ainsi que l'inclusion des innovations canadiennes dans les normes internationales.
Le Conseil canadien des normes collaborera avec les entreprises canadiennes novatrices pour que leur propriété intellectuelle soit employée dans l'établissement des normes.
Enfin, le dernier outil sera la création d’un collectif de brevets au sein duquel les entreprises pourront conjuguer leurs efforts pour obtenir de meilleurs résultats en matière de propriété intellectuelle. Les entreprises mettront en commun leur savoir-faire et leurs stratégies, et auront collectivement accès à un répertoire plus vaste de brevets et de propriété intellectuelle.
Le troisième pilier comprend les modifications proposées aux principales lois sur la propriété intellectuelle, notamment la Loi sur les brevets, la Loi sur le droit d’auteur et la Loi sur les marques de commerce. Les modifications proposées visent à encourager la création et l’innovation en apportant des précisions sur les comportements acceptables ou en décourageant les actions qui pourraient avoir des conséquences négatives. Les modifications proposées protégeront les consommateurs; elles stipuleront qu’un avis contenant une offre de règlement ou une demande de paiement n’est pas conforme au régime d’avis et avis en matière de droit d’auteur du Canada. Elles permettront également d’atteindre l’objectif initial qui était d’accélérer le règlement des différends en matière de propriété intellectuelle en rendant plus efficace le processus décisionnel de la Commission du droit d’auteur.
Les modifications proposées à la Loi sur les marques de commerce permettront d’éviter une utilisation abusive du régime des marques de commerce, comme les demandes d’enregistrement faites dans la seule intention de recevoir une rémunération du titulaire légitime de la marque de commerce en créant...
Pour poursuivre, je suis président du comité de l’industrie et nous avons eu beaucoup de conversations avec nos témoins. Les universités nous ont dit qu’elles avaient adopté beaucoup d’excellentes pratiques. Les entreprises nous ont dit qu’elles avaient beaucoup de difficultés à avoir accès à la propriété intellectuelle.
L’une des initiatives que nous avons lancées plus tôt cette année est l’initiative des supergrappes totalisant 950 millions de dollars. Un volet de cette initiative des supergrappes consiste à réunir le milieu universitaire et l’industrie, à travailler ensemble, à créer des emplois et à stimuler l’économie, mais aussi à partager la propriété intellectuelle qui est parfois enfermée dans un endroit où elle ne verra jamais le jour.
Si nous voulons faire croître notre économie et créer des emplois, il est important que la propriété intellectuelle soit accessible non seulement aux universités, mais aussi aux entreprises.
Lorsque nous nous penchons sur les prochaines étapes et sur les investissements que nous faisons, il est essentiel de créer un environnement qui permet à toutes nos entreprises et à nos universités de collaborer, afin qu’elles puissent prospérer, bâtir l’économie et créer de bons emplois bien rémunérés.
La supergrappe numérique a par exemple été accordée à la Colombie-Britannique. La Colombie-Britannique est déjà à l’avant-garde des médias numériques et la propriété intellectuelle est essentielle. Quand on regarde les tableaux économiques, on se rend compte qu’à l’heure actuelle, nos revenus sur les produits de soins de santé numériques sont d’environ 0,5 %, soit environ 7 milliards de dollars. D’ici 2020, on estime que le marché mondial des soins de santé numériques représentera environ 322 milliards de dollars.
Nous essayons de créer un environnement où les meilleurs cerveaux, les meilleures personnes, les meilleurs chercheurs et les meilleures entreprises peuvent travailler ensemble pour que nous soyons à l’avant-garde de ce marché. C’est là que nous voulons être. Voulons-nous tirer de la patte, ou voulons-nous être en tête de peloton?
Nous attirons au Canada les esprits les plus brillants et les plus éminents. C'est ce que doit faire un gouvernement, réunir les conditions propices à notre prospérité. Tous les témoins ont fait valoir l'importance d'avoir une stratégie nationale en matière de propriété intellectuelle. Ce qui est proposé dans le budget aidera à régler ces problèmes. Les 85 millions de dollars répartis sur cinq ans contribueront à élargir l'horizon en matière de propriété intellectuelle ainsi qu'à renseigner la population pour qu'elle en comprenne la signification.
S'ils ignorent le genre de propriété intellectuelle qui existe, les gens doivent ou bien réinventer la roue ou bien passer par un processus coûteux. Plus nous pourrons faire connaître la propriété intellectuelle, plus ce sera facile, car on pourra alors obtenir une licence pour l'utiliser pendant une courte période, ce qui accélère les choses et permet de créer les produits voulus pour faire croître l'économie.
En ce qui a trait à la propriété intellectuelle, nous devons nous reporter à ces trois piliers, et renseigner les gens est absolument essentiel. Nous devons être en mesure de les aider à comprendre les tenants et les aboutissants de la propriété intellectuelle.
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Monsieur le Président, je suis heureux d’avoir l’occasion de parler du projet de loi d’exécution du budget du gouvernement. Il s’agit d’un très long projet de loi, sans précédent dans l’histoire parlementaire canadienne, malgré les promesses contraires du gouvernement.
Il y a beaucoup d’aspects et de thèmes différents qu’on pourrait approfondir. Je vais concentrer mes observations sur ce que je considère comme cinq débats dominants qui ont surgi autour de ce budget. Je veux faire part de mes réflexions sur chacun de ces cinq sujets.
Je veux parler de la taxe sur le carbone et des débats connexes sur la question des changements climatiques et sur la façon d’y réagir.
Je veux parler des déficits. Le déficit massif du gouvernement actuel est pour ainsi dire du jamais vu en temps de paix et en dehors d’une récession économique mondiale.
Je veux aborder quelques-uns des débats sur la pauvreté, l’iniquité, et les mesures que nous pourrions et que nous devrions prendre afin de répondre à ces problèmes très réels.
Je veux parler du secteur de l’énergie et des pipelines.
Enfin, je commenterai l’aide financière du gouvernement aux médias. Il a été intéressant de suivre le débat suscité par cette aide financière et de discuter avec des connaissances du milieu journalistique. Je soutiens avec force que notre position, contre le renflouement, est fondamentalement à l’avantage des médias. Nous reconnaissons l’importance d’avoir des médias forts et indépendants et nous pensons qu’il doit y avoir un débat légitime sur ce que nous pouvons faire pour établir des conditions qui favoriseront le succès financier des médias.
La façon dont le gouvernement a abordé ce dossier, en assujettissant les médias aux évaluations d’un groupe constitué par le gouvernement, rend les médias très vulnérables aux perceptions de manque d’indépendance. Ils seront vulnérables quand viendra le moment de s’adresser à un organisme nommé par le gouvernement pour obtenir des fonds. J’y reviendrai dans quelques instants.
Mon premier point concerne la taxe sur le carbone. Le gouvernement refuse de tenir de débat sur l’efficacité du mécanisme de tarification du carbone. Les libéraux accuseront quiconque n’est pas d’accord avec le mécanisme politique qu’ils ont choisi de ne pas vouloir s’attaquer sérieusement au problème des changements climatiques.
Je crois sincèrement que nous devons relever le défi des changements climatiques d’une manière efficace, autrement dit en évitant de se servir des changements climatiques comme un prétexte pour imposer de nouvelles taxes aux Canadiens. Je veux faire quelques commentaires à ce sujet.
Le premier est d’ordre historique. Examinons le bilan de l’ancien gouvernement conservateur et celui de l’actuel gouvernement libéral et, aux fins de comparaison, celui du gouvernement libéral précédent.
C’est un gouvernement libéral, sous Chrétien et Martin, qui a signé le Protocole de Kyoto, mais les émissions de gaz à effet de serre ont considérablement augmenté durant cette période. Le gouvernement conservateur a proposé des cibles réglementaires contraignantes, sectorielles et basées sur l’intensité. Autrement dit, les conservateurs ne pénalisaient pas les entreprises qui augmentaient leur production, mais cherchaient à les réglementer de manière à accroître l’efficience de notre production ici au Canada.
À long terme, ces mesures maintiendraient et même amélioreraient notre compétitivité. Elles nous permettraient de participer efficacement à la lutte contre les changements climatiques.
Le bilan objectif de nos émissions de gaz à effet de serre sous l’ancien gouvernement indique une diminution de celles-ci. C’est le premier gouvernement de l’histoire canadienne à avoir réduit les émissions. En réaction à cela, mon collègue de vante le bilan des libéraux de Kathleen Wynne, qui n’est pas aussi populaire en Ontario qu’il le souhaiterait.
Néanmoins, les émissions ont diminué sous le gouvernement conservateur dans l’ensemble des provinces et territoires du Canada, ou elles ont augmenté moins rapidement que sous le gouvernement libéral précédent. Même s’il ne veut pas l’admettre, le député de Spadina—Fort York doit reconnaître que, sous le gouvernement conservateur précédent, des progrès ont été accomplis dans la lutte contre les changements climatiques et la réduction des émissions de gaz à effet de serre dans l’ensemble des provinces et territoires du pays.
Ces progrès ont été réalisés parce que le gouvernement a mis en place des règlements sectoriels contraignants, tout en s’assurant que les gens disposaient des capitaux requis pour investir dans ces améliorations.
Au lieu d'adopter une approche punitive, comme la taxe sur le carbone, qui pénalise les gens, nous avions instauré des mesures comme le crédit d'impôt pour la rénovation domiciliaire, qui procurait un avantage fiscal aux personnes désireuses d'investir dans l'innovation énergétique de leur maison. Contrairement à l'approche punitive adoptée par le gouvernement libéral, cette mesure incitait des gens à agir dans un dossier, ce que bien d'autres personnes souhaitent faire aussi, selon moi.
Qu'a fait le gouvernement jusqu'ici? Dès leur arrivée au pouvoir, les libéraux ont décidé d'adopter une approche punitive en imposant de nouvelles taxes aux Canadiens. Qu'on ne s'y trompe pas: cette approche vise à augmenter les recettes du gouvernement fédéral. La TPS s'ajoute constamment à la taxe sur le carbone. Comme tout le monde le sait, la TPS est une taxe fédérale. L'imposition de la taxe sur le carbone concurremment avec la TPS signifie que cette taxe vise à hausser les recettes du gouvernement fédéral. C'est exactement ce qu'elle fera.
Il s'agit d'une approche punitive. Il s'agit d'une approche négative. Il s'agit d'une approche imposée à tous les Canadiens dans le but de générer des recettes fiscales. Comme il s'agit d'une taxe applicable aux points de vente, elle est particulièrement régressive. Nous savons que les taxes à la consommation sont plus susceptibles de nuire aux personnes qui ont du mal à joindre les deux bouts. Loin de se contenter de la nature régressive de la taxe de vente, le gouvernement a décidé d'en ajouter une couche en accordant un avantage supplémentaire aux plus grands émetteurs canadiens.
On peut se demander à quel point le gouvernement est sincère dans ses beaux discours. Les libéraux vantent les mérites d’une taxe sur le carbone, mais ils accordent un répit aux plus grands émetteurs. Les libéraux disent que ces grands émetteurs auront beaucoup de difficulté à payer la taxe sur le carbone et que cela pourrait nous nuire sur le plan économique. Cependant, ils sont complètement indifférents aux souffrances que cela impose aux petites et moyennes entreprises et également à chacun des consommateurs.
Cela nuit particulièrement aux personnes à faible revenu. Sans le crédit d’impôt pour la rénovation domiciliaire, sans certaines des politiques positives et constructives que nous avions avant et sans des mesures comme le crédit d’impôt pour le transport en commun, qui était une mesure environnementale avantageuse pour les gens qui utilisent le transport en commun, sans ce genre de mesures, nous nous retrouvons dans une situation où, avec ce gouvernement, beaucoup de gens ne pourront peut-être pas faire les investissements nécessaires pour réduire leurs émissions de gaz à effet de serre.
Cela souligne l’échec d’une approche punitive plutôt que constructive. Notre parti croit qu’en adoptant des règlements constructifs et en appuyant l’innovation, et non en punissant les gens, nous pouvons collaborer pour améliorer l’environnement sans nuire à l’économie. C’est ce qu’on a vu auparavant.
Soit dit en passant, chaque fois que nous parlons du fait que les émissions de gaz à effet de serre ont diminué sous le gouvernement précédent, les députés d’en face disent toujours que c’est uniquement à cause de la récession mondiale. Cependant, ils ne parlent jamais de la récession mondiale dans le contexte des déficits, ce dont je parlerai plus tard. Lorsqu’ils veulent se plaindre du fait que le gouvernement précédent a accumulé des déficits, ils oublient mystérieusement qu’il y a eu une récession mondiale, mais lorsqu’ils essaient d’expliquer les véritables progrès réalisés par le gouvernement précédent dans le dossier des émissions de gaz à effet de serre, ils sont heureux de parler du ralentissement économique mondial.
La réalité, c’est que le Canada a été relativement moins touché par le ralentissement économique mondial grâce à des politiques prudentes mises en oeuvre par le gouvernement précédent avant que la crise ne frappe. Le Canada a été relativement moins touché et nos émissions ont quand même diminué tandis que d’autres régions du monde étaient plus touchées et pourtant les émissions mondiales ont augmenté. Il n’est tout simplement pas logique de dire que les émissions de gaz à effet de serre ont diminué uniquement à cause du ralentissement économique mondial, parce que le Canada a surpassé le reste du monde en ce qui concerne les améliorations environnementales et la situation économique. Cela contraste beaucoup avec ce que nous voyons sous le gouvernement libéral.
J’aimerais maintenant parler des déficits. Soyons très clairs: il y a un écart important entre ce que le gouvernement a promis aux dernières élections et ce qu’il dit aujourd’hui.
Le gouvernement a promis trois déficits totalisant un maximum de 10 milliards de dollars, disant qu'il renouerait avec l’équilibre budgétaire au cours du dernier exercice financier, c’est-à-dire l’année qui vient. Cependant, le gouvernement n’a jamais proposé le moindre plan pour atteindre l’équilibre budgétaire.
C’est formidable de voir des jeunes regarder le débat d’aujourd’hui. Ils en auront pour longtemps à payer les dépenses du gouvernement, puisque les libéraux n’ont aucun plan pour équilibrer le budget et dépensent aujourd’hui l’argent que ces jeunes devront rembourser demain. À tout le moins, le gouvernement a rompu sa promesse.
Comment les députés ministériels réagissent-ils au fait qu’ils ont rompu une promesse? L’intervenant précédent, le député de , a dit que lorsqu’ils sont arrivés au pouvoir, ils ont commencé à examiner la situation. Les libéraux auraient peut-être mieux fait de commencer à examiner la situation avant de rédiger leur programme. La situation financière est très claire dans les rapports du gouvernement, du moins en ce qui concerne l’ensemble des données financières accessibles au public. Ce n’est pas comme s’il y avait une surprise dans la situation financière.
Le a pris des engagements qu'il disait coulés dans le béton, mais il les a reniés dès son arrivée au pouvoir. Le gouvernement doit expliquer pourquoi le plan de dépenses qu’il a présenté aux Canadiens pendant la campagne électorale est entièrement différent de celui qu’il a présenté sitôt qu’il a été élu. Au-delà de la question des promesses rompues, il m’est difficile de comprendre comment quelqu’un qui prétend se soucier de ses enfants et de la prochaine génération peut leur imposer le fardeau de payer les avantages dont nous profitons aujourd’hui, plus les intérêts.
Nous entendons parfois les députés d’en face brandir le spectre de l’austérité. Soyons clairs: les pires cas d’austérité sont ceux que nous avons vus se produire dans des pays où la crise de l’endettement n’a pas laissé le choix à leurs dirigeants. Quand les gouvernements dépensent sans jamais élaborer de plan pour équilibrer le budget, ils se retrouvent dans une situation où, qu’ils le veuillent ou non, ils n’ont pas d’autre choix que d’imposer la plus sévère austérité. Tout ce qui monte finit par redescendre.
Ce que nous préconisons, c’est l’adoption d’un plan visant à contrôler les dépenses, c’est-à-dire modérer la croissance des dépenses de manière à équilibrer le budget et non à augmenter les dépenses de manière spectaculaire, au-delà des recettes gouvernementales. Il est un peu absurde de laisser entendre que tout appel au contrôle des dépenses ou à l’équilibre budgétaire s’apparenterait à de l’austérité. C’est une utilisation abusive et erronée du terme « austérité », comme si nous n’avions que deux choix: d’un côté, l’austérité, de l’autre, les dépenses effrénées. Je pense en fait que nous pouvons trouver un juste milieu, c’est-à-dire faire des dépenses prudentes et calculées, qui tiennent compte des réalités financières, tout en continuant d’investir le plus possible dans les programmes sociaux, mais de façon à assurer la durabilité de ces programmes.
Les députés d’en face savent que lorsqu’on dépense constamment au-delà de ses moyens ou si, comme l’ont fait les libéraux de Kathleen Wynne, on fait des promesses qui ne sont pas prévues au budget et qui ne sont pas assorties d’un plan pour payer ces promesses, alors oui, les gens vont être déçus de voir que ces promesses ne peuvent pas être tenues. Il reste que tout cela est le résultat de dépenses excessives, le résultat d’une dette et de déficits débridés. Les générations suivantes devront payer non seulement pour leurs propres besoins, mais aussi pour rembourser la dette et payer les intérêts sur la consommation des générations précédentes.
Nous proposons une politique fiscale prudente et mesurée qui ne nous met pas dans l'obligation de payer d'énormes intérêts et qui s'inscrit dans le cadre d'un budget équilibré. Ainsi, lorsque nous annoncerons des engagements de dépenses, les gens auront la certitude que les programmes resteront en place dans le futur.
Le gouvernement libéral nous a plutôt habitués à promouvoir toutes sortes de stratégies nationales et de programmes pour lesquels les fonds ne sont accordés que des années plus tard, mais il n'est pas capable de mettre en oeuvre une politique fiscale réaliste. Il s'agit d'un grave problème qui va nuire aux prochaines générations et aux personnes les plus vulnérables. Le gouvernement ne cesse de prendre des engagements qu'il n'est pas capable de respecter. Voilà qui m'amène à présenter quelques observations sur l'approche du gouvernement en matière de pauvreté.
Dans le projet de loi d’exécution du budget, il est proposé de légiférer sur les objectifs, les espoirs et les aspirations des décideurs. À mon humble avis, cela ne rassurera pas beaucoup ceux qui vivent dans la pauvreté. Ce qui serait beaucoup plus logique, ce sont des politiques concrètes qui profiteraient aux plus vulnérables.
J’ai déjà parlé de la façon dont la taxe sur le carbone touche de façon disproportionnée les personnes les plus vulnérables, car elles sont obligées de payer davantage et qu’elles ne bénéficient pas des mêmes allègements que les grands émetteurs.
Le gouvernement légifère sur les objectifs. Il dépense un demi-million de dollars pour créer un logo pour un organisme de lutte contre la pauvreté, mais il ne poursuit pas le genre de politiques que nous avons mises en œuvre pour aider les plus vulnérables.
En ce qui concerne l’itinérance, les conservateurs ont investi des sommes importantes dans le programme Logement d’abord. Nous avons augmenté l’exemption personnelle de base et abaissé le taux marginal d’imposition le plus faible. Nous avons également réduit la TPS, la seule taxe que tout le monde paie.
Notre approche consistait à reconnaître la nécessité d’aider les plus vulnérables, mais aussi à comprendre que le fait d’aider les plus vulnérables ne devrait pas être une excuse pour augmenter la taille de l’État. Un gouvernement omniprésent ne profite pas à ceux qui ont le plus besoin d’aide. La croissance constante de l’appareil gouvernemental profite à des initiés bien branchés, comme nous l’avons vu à maintes reprises dans les politiques du gouvernement libéral.
Le gouvernement libéral pourrait envisager de suivre les traces du gouvernement précédent. Il pourrait offrir un allègement fiscal en augmentant l’exemption personnelle de base, en abaissant le taux marginal d’imposition le plus faible, en réduisant la TPS et en diminuant le fardeau de la taxe sur le carbone pour ceux qui en ont le plus besoin.
Il n’y a rien de progressiste dans des politiques qui permettent d’accorder d’énormes sommes d’argent à des entreprises parasites, à des entreprises comme Bombardier. Bombardier a même dit qu’elle n’avait pas besoin de cet argent, mais l’a utilisé en partie pour procurer des avantages à ses dirigeants.
Lorsque le gouvernement subventionne des chefs d’entreprises au moyen de politiques comme celles sur les supergrappes, cela n’aide aucunement les plus vulnérables. Nous pourrions plutôt avoir un régime fiscal concurrentiel. Nous pourrions réduire les impôts des plus vulnérables. Nous pourrions établir les conditions qui permettraient aux gens de garder une plus grande partie de leur argent et d’en utiliser davantage pour répondre à leurs propres besoins.
Au lieu de cela, le gouvernement se sert des changements climatiques, de la pauvreté, de toutes les excuses qu’il peut trouver pour combler son besoin insatiable d’accroître la taille du gouvernement et d’augmenter ses dépenses.
Je vais tenter d’aborder mes deux derniers points dans le peu de temps qu’il me reste.
En ce qui concerne nos ressources énergétiques, le gouvernement a dépensé énormément d'argent des contribuables pour acheter un pipeline alors qu'il n'a aucun plan pour assurer sa construction. Sous le gouvernement précédent, quatre pipelines ont été construits, dont certains qui nous permettent aujourd'hui d'être plus en mesure d'acheminer nos ressources jusqu'aux côtes.
Le gouvernement n'a aucun plan pour assurer le développement des pipelines. Il a présenté des projets de loi, comme les projets de loi et , qui entraveraient considérablement la construction de pipelines, alors qu'il paie, par l'entremise de la Banque asiatique d'investissement dans les infrastructures — une banque contrôlée par des intérêts chinois et qui agit comme agent de la politique étrangère chinoise —, pour faire construire des pipelines à l'étranger. Il tente de se justifier en disant que cela permettra peut-être à des entreprises canadiennes d'obtenir certains des contrats.
Je me suis rendu au siège de la Banque asiatique d'investissement dans les infrastructures, à Beijing, et ses représentants nous ont dit que les entreprises canadiennes pouvaient y présenter des soumissions même si le Canada n'était pas membre.
L'argument qu'utilise le gouvernement pour justifier le fait qu'il envoie des centaines de millions de dollars des contribuables en Chine pour faire construire des pipelines en Azerbaïdjan et ailleurs plutôt qu'ici, où il devrait laisser la place au secteur privé, ne tient absolument pas la route.
Finalement, il y a la question de l'aide financière aux médias, à hauteur de 600 millions de dollars d'argent public. Des chefs de file des médias ont affirmé qu'un tel appui entraînerait des conséquences néfastes, arguant que la force des médias tient à leur indépendance et à la perception d'indépendance.
Les journalistes savent qu'ils ouvrent la porte aux malentendus et aux critiques s'ils acceptent un financement gouvernemental considérable par l'intermédiaire d'un processus qui pourrait être essentiellement contrôlé par le gouvernement. Il nous faut des médias à la fois compétents et indépendants du gouvernement.
En tentant de contrôler le processus d'attribution des fonds, le gouvernement menace l'indépendance des médias. Il s'agit du plus grand danger à l'indépendance des médias de l'histoire récente du pays, une menace pire que les commentaires verbaux qu'il nous est arrivé d'entendre de temps en temps.
Pour ces raisons, et beaucoup d'autres que je n'ai pas eu le temps d'aborder parce qu'il s'agit d'un si gros projet de loi, je vais m'opposer au projet de loi.
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Monsieur le Président, je partagerai mon temps de parole avec le député de .
Avant de commencer, je tiens à préciser qu'aujourd'hui pourrait facilement être un grand jour pour les peuples autochtones au Canada puisque, si tout va comme prévu, ce qui n'est parfois pas le cas au Parlement, il y aura une discussion un peu après 15 heures sur l'utilisation des langues autochtones à la Chambre. Ce serait un bon signe de réconciliation pour les jeunes Autochtones de voir leurs langues autochtones être utilisées au coeur de notre démocratie et de notre pays. J'ai donc hâte de participer à la discussion et j'espère que c'est aussi le cas de tous les autres députés.
Mon discours d'aujourd'hui traite d'un sujet qui a été soulevé assez souvent au cours des délibérations, c'est-à-dire les projets de loi omnibus. J'expliquerai les éléments techniques et leur fonctionnement aux nouveaux députés et sénateurs. Les députés qui ne souhaitent pas m'entendre parler du règlement et du fonctionnement des projets de loi omnibus peuvent donc aller dîner.
Le Parlement n'avait jamais eu de description ni de définition pour les projets de loi omnibus, dont l'usage remonte à 1888, avant l'arrivée au pouvoir du gouvernement actuel. On dénonçait l'usage abusif de certains textes législatifs pour faire adopter trop de mesures ou plus d'une mesure importante dans un seul projet de loi. Pensons par exemple à un projet de loi d'exécution du budget contenant de nombreux articles et des dispositions liées à l'environnement qui n'ont rien à voir avec le discours du budget. Cette pratique était perçue comme une utilisation abusive d'un projet de loi ou ce que certains appelaient un « projet de loi omnibus ». C'était jugé inacceptable.
Lors de la dernière campagne électorale, notre parti a proposé d'éliminer la possibilité de commettre de tels abus en apportant des changements à cet effet. Le 20 juin 2017, nous avons corrigé cette situation pour que, dans le cadre général des travaux du Parlement, on ne puisse plus présenter de projets de loi visant à adopter une foule de mesures, ou du moins plus d'une mesure, ou un projet de loi d'exécution du budget contenant des dispositions n'ayant aucun rapport avec le budget. Nous avons rempli cette promesse en ajoutant au Règlement l'article 69.1, que les députés ont approuvé.
Le nouvel article du Règlement contient deux paragraphes. Le premier paragraphe porte sur la façon de présenter un projet de loi en général. Le paragraphe 69.1(1) du Règlement indique ceci:
Lorsqu'un projet de loi émanant du gouvernement vise à modifier, à abroger ou à édicter plus d'une loi dans les cas où le projet de loi n'a aucun fil directeur ou porte sur des sujets qui n'ont rien en commun les uns avec les autres, le Président peut diviser les questions aux fins du vote, sur toute motion tendant à la deuxième lecture et au renvoi à un comité et à la troisième lecture et l'adoption du projet de loi. Le Président peut combiner des articles du projet de loi thématiquement et mettre aux voix les questions susmentionnées sur chacun de ces groupes d'articles séparément, pourvu qu'un seul débat soit tenu pour chaque étape.
Voilà comment la question a été réglée. La promesse a donc été tenue et, en plus, on a eu recours à cet article à au moins deux reprises. Je vais mentionner ces deux exemples. Le 11 juin 2018, on y a eu recours à propos d'un projet de loi portant sur la sécurité nationale, que le Président a réparti en trois votes. Le 31 octobre 2017, on a demandé à ce que ce nouvel article, qui vise à empêcher l'utilisation abusive des projets de loi omnibus, soit utilisé pour une mesure législative touchant les services correctionnels. Dans ce cas toutefois, le Président a conclu qu'il y avait un lien entre les éléments et le projet de loi n'a pas été scindé aux fins du vote.
Les projets de loi omnibus peuvent aussi être employés pour les projets de loi d'exécution du budget.
Ceux qui connaissent la loi savent qu'il existe un discours du budget, mais, bien sûr, celui-ci n'a pas force de loi. On doit adopter un projet de loi d'exécution budgétaire pour mettre en oeuvre les mesures énoncées dans le discours. Comme je l'ai dit, les libéraux croyaient que c'était un abus de pouvoir de se servir du discours du budget pour présenter d'énormes mesures rigoureuses qui ne se limitaient pas au budget. Donc, ils ont voulu éliminer les risques d'abus.
L'article 69.1(2) du Règlement, intitulé « Projets de loi de mise en oeuvre d'un budget », se lit comme suit:
(2) Le présent article ne s'applique pas si le projet de loi a comme objectif central la mise en oeuvre d'un budget et contient des dispositions qui ont été annoncées lors de l'exposé budgétaire ou qui étaient contenues dans les documents déposés lors de l'exposé budgétaire.
Comme le savent les députés, les budgets traitent souvent des dépenses de beaucoup de ministères. C'est ce que fait un budget. Un projet de loi d'exécution budgétaire doit mettre en oeuvre toutes ces mesures, alors il se peut qu'il soit très long. Il peut contenir 1 000, 2 000 ou 3 000 pages, selon ce qui est nécessaire pour mettre en oeuvre tout ce que contient le budget.
La plupart des parlementaires diraient qu’un plus grand nombre de changements visant à améliorer la situation au Canada allongerait évidemment le projet de loi. Toute réduction, augmentation ou modification des dépenses doit être incluse dans le projet de loi d’exécution du budget. Par conséquent, la longueur n’est pas un argument valable, à moins que nous nous écartions de ce qui est prévu dans le budget. Le projet de loi peut être très long, mais la question est de savoir s’il y a des abus ou s’il y a un point important qui n’est pas inclus.
L'article 69.1(2) du Règlement garantit que nous pouvons présenter un budget, mais il donne au Président le pouvoir de scinder les éléments qui ne figurent pas dans le budget ou dans les documents déposés avec le budget. Par conséquent, dans les deux cas, cette promesse a manifestement été tenue. Des dispositions ont été prises pour mettre fin aux abus qui se produisaient dans le cas des projets de loi d’exécution du budget et dans le processus législatif en général.
Dans le deuxième cas, je vais donner un exemple aux députés. Des mesures non seulement ont été mises en place et sont maintenant inscrites dans la loi, mais elles ont également été intégrées au Règlement approuvé par le Parlement. D'ailleurs, l'article 69.1(2) du Règlement a été invoqué depuis. Il a été utilisé au moins une fois, le 3 novembre 2017. Le Président a scindé ce projet de loi budgétaire en cinq mesures devant faire l'objet de votes distincts, parce qu’il y avait des éléments qui ne figuraient pas dans le budget de cette année-là. Si je me souviens bien, même si le Règlement stipule qu’un poste doit figurer dans le budget, les postes problématiques figuraient dans un budget précédent. Le Président ne voyait pas les choses du même oeil. Il a ensuite scindé le projet de loi. Par conséquent, cette disposition permet au Président de scinder le projet de loi, et elle a été utilisée.
Comme je l’ai dit, il n’y avait pas de dispositions qui prévoyaient ce genre de protection auparavant, mais je pense qu’elle a permis d’améliorer notre système législatif. Même en temps normal, on ne peut pas mettre tout un éventail de mesures qui n’ont aucun lien entre elles dans un même projet de loi. Un projet de loi budgétaire peut être très long, mais il ne peut pas inclure des éléments qui ne sont pas dans les documents budgétaires ou dans l’exposé budgétaire.
Depuis 1888, il n’y avait pas de disposition pour éviter ce genre de situations au Parlement. Dans certains cas, des projets de loi ont été scindés, mais la situation a été réglée dans l’arène politique et non par le Règlement. Les députés se souviendront peut-être de l'incident de la sonnerie le 2 mars 1982, qui a convaincu les parlementaires de modifier et de scinder un projet de loi, mais cela n’a pas été fait en vertu d’un article du Règlement.
Je voulais simplement apporter cette précision pour qu’elle figure au compte rendu et pour que les gens sachent comment ces types de projets de loi sont scindés ou non et quelle est la façon la plus appropriée pour essayer d’améliorer les projets de loi au Parlement.
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Monsieur le Président, je suis heureux de prendre la parole au sujet du projet de loi , Loi n
o 2 d’exécution du budget de 2018, et plus particulièrement en ce qui a trait à la section 18, qui constituera le ministère des Femmes et de l’Égalité des genres. La création de ce ministère permettra de moderniser et d’officialiser les rôles importants de Condition féminine Canada et de sa ministre, et d’établir un fondement sûr à partir duquel il sera possible de renforcer et d’élargir le travail que fait Condition féminine Canada depuis des décennies.
Le Canada a une ministre responsable de la condition féminine depuis 1971, mais ce n’est que sous la direction de notre qu’une ministre entièrement dévouée à la condition féminine a été nommée pour la première fois. Depuis ses débuts à titre d’organisme, Condition féminine Canada est devenu un centre d’expertise en matière d’égalité entre les sexes. Il a ouvert la voie dans des domaines comme la recherche sexospécifique et l’élaboration et l’analyse de politiques sexospécifiques, ainsi que la coordination intergouvernementale et le leadership international sur les questions sexospécifiques.
Par l’entremise de son Programme de promotion de la femme, l’organisme a également ouvert la voie en octroyant un soutien financier aux organismes de promotion de l’égalité entre les sexes partout au pays qui travaillent à accroître la sécurité et la prospérité économiques des femmes, à encourager le leadership et la participation des femmes au processus démocratique et à mettre fin à la violence faite aux femmes et aux filles.
Le gouvernement a fait de l'égalité des sexes l'une de ses grandes priorités. Sa décision de donner à Condition féminine Canada le statut de ministère à part entière reflète l'importance capitale qu'il accorde à ce dossier. L'égalité des sexes, comme nous le savons, n'est pas l'affaire des femmes; la question regarde tout le monde. Si nous faisons bien les choses, nous en sortons tous gagnants. Ce n'est pas seulement une observation théorique ou philosophique; elle se fonde sur la performance économique réelle du Canada.
Le taux de participation des femmes au marché du travail a connu un bond spectaculaire au cours des dernières décennies, en passant d'à peine 22 % en 1950 à plus de 80 % aujourd'hui. L'arrivée de plus de femmes au sein de la population active a été l'un des plus puissants moteurs de croissance économique au pays. En fait, la hausse du nombre de femmes au cours des 40 dernières années a créé environ un tiers de la croissance par habitant du produit intérieur brut réel du Canada. Leur présence accrue sur le marché du travail n'a pas seulement multiplié les possibilités pour les femmes. Elle a également stimulé la croissance économique, augmenté le revenu des ménages et aidé de plus en plus de familles à se joindre à la classe moyenne. Le Canada est aujourd'hui un pays beaucoup plus riche, sain et égalitaire qu'il y a quelques décennies seulement.
Malgré les progrès que nous avons faits, les possibilités ne sont pas encore à leur maximum. Il y a encore trop d'obstacles à une participation entière des femmes. Il y a encore trop d'occasions ratées en raison des écarts entre les hommes et les femmes dans différents domaines, y compris les études et les choix de carrière, la participation économique et le leadership. Par exemple, il existe encore un écart salarial considérable dans notre pays. Au Canada, en 2017, pour chaque dollar gagné par un homme, une femme ne gagnait que 88,5 ¢. Cela ne rend pas compte de toute la situation, car il y a beaucoup plus de femmes que d'hommes qui ne travaillent qu'à temps partiel, en grande partie parce qu'elles ont des obligations familiales et qu'elles ne peuvent occuper un emploi à plein temps.
Les principaux secteurs de notre économie qui offrent des emplois de qualité bien rémunérés, comme le secteur de la haute technologie, dans lequel les femmes ne représentent qu'un quart des effectifs, connaissent d'importantes pénuries de main-d'oeuvre. Nous l'avons entendu à la Chambre. Nous travaillons à enlever les obstacles à la participation des femmes dans ces domaines pour que nous puissions pourvoir ces postes et, ce faisant, faire prospérer l'économie et la classe moyenne.
Non seulement redoubler d'efforts pour éliminer les obstacles et accroître l'égalité entre les hommes et les femmes dans notre pays est la bonne chose à faire, mais c'est aussi la chose intelligente à faire pour renforcer la classe moyenne et créer de la croissance économique au Canada. De fait, Recherche économique RBC estime que, si les hommes et les femmes participaient également au marché du travail, le PIB du Canada pourrait augmenter de 4 % au cours des prochaines années, ce qui pourrait compenser en partie les effets prévus du vieillissement de la population.
Que devons-nous faire maintenant pour y arriver? Tout d'abord, nous mettons en place la base, à savoir les budgets. Dans les budgets, nous décidons où nous affecterons des ressources limitées. En tenant compte des considérations liées au genre et à la diversité dans les budgets, nous pouvons comprendre en quoi nos décisions économiques touchent différemment les gens. Sachant cela, nous pouvons affecter les ressources publiques plus équitablement et plus efficacement, pour le bien de tous les Canadiens.
Nous avons présenté notre tout premier énoncé relatif aux sexes dans un budget en 2017. Nous mettons maintenant en place un nouveau cadre des résultats relatifs aux sexes, qui est un outil pangouvernemental permettant de mesurer notre rendement et de définir ce qui est nécessaire pour atteindre l’égalité entre les sexes à l’avenir.
En même temps, nous reconnaissons que les identités de genre sont complexes. Ce ne sont pas toutes les femmes qui vivent l’inégalité et ce ne sont pas tous les hommes qui vivent le privilège. Les notions binaires de genre ne fonctionnent pas pour tous les Canadiens. La race, la classe, la sexualité et la capacité, entre autres facteurs, ont tous un impact profond sur la façon dont le genre est vécu dans la vie quotidienne.
Grâce à ce projet de loi, la promotion de l’égalité entre les sexes et de l’avancement des femmes, y compris les femmes handicapées, les femmes autochtones et les femmes dans d’autres secteurs vulnérables comme les nouvelles arrivantes et les immigrantes, continuera d’être la priorité du nouveau ministère des Femmes et de l’Égalité des genres. Cependant, le nouveau ministère aura également un mandat élargi pour l’égalité des genres, ce qui comprend l’orientation sexuelle ainsi que l’identité et l’expression de genre en réponse aux défis uniques auxquels font face les membres de la communauté LGBTQ2.
Le gouvernement n’hésitera pas à prendre des mesures énergiques en matière d’égalité, qu’il s’agisse de nommer le tout premier Cabinet fédéral paritaire, de nommer la première ministre fédérale entièrement dévouée à la question de l’égalité entre les sexes, de présenter le premier budget sexospécifique pour lancer la toute première stratégie du Canada pour prévenir et contrer la violence fondée sur le sexe, ou d’investir comme jamais auparavant dans les femmes et les filles. Le gouvernement fait la promotion de l’égalité entre les sexes au Canada et partout dans le monde.
Le gouvernement comprend que l’égalité entre les sexes favorise la croissance économique et, avec le ministère des Femmes et de l’Égalité des genres, nous renforcerons notre capacité de faire progresser l’égalité entre les sexes et de faire croître la classe moyenne grâce à des politiques, des programmes et du soutien aux organismes et aux partenaires communautaires de promotion de l’égalité.
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Monsieur le Président, c'est toujours un honneur pour moi d'intervenir à la Chambre au nom des gens de ma circonscription qui m'ont chargé d'être leur porte-parole dans les débats.
J'aimerais revenir en arrière, plus précisément à la campagne électorale de 2015, et examiner les promesses que les libéraux avaient alors faites aux Canadiens.
Pendant la campagne, les libéraux ont martelé une promesse bien précise: n'enregistrer que des déficits modestes pendant au plus trois ans avant de revenir à un budget excédentaire au cours de la quatrième année de leur mandat. C'était une des grandes promesses qui distinguaient leur programme de celui des conservateurs et des néo-démocrates. Bref, cet élément clé de la campagne libérale a contribué à l'élection de l'actuel gouvernement. Or, dans le projet de loi dont nous sommes saisis, les libéraux font abstraction de l'équilibre budgétaire, comme ils le font invariablement depuis le début de la présente législature.
Je souhaite attirer l'attention des Canadiens sur le programme de campagne des libéraux. Il s'intitule « Changer ensemble: Le bon plan pour renforcer la classe moyenne ». On y voit à la page 12 une belle photo du qui fait semblant d'être aux commandes d'une grue. À la même page, on peut lire ceci:
Nous enregistrerons un modeste déficit à court terme de moins de 10 milliards de dollars au cours des deux prochains exercices financiers pour faire des investissements sans précédent dans les infrastructures et la classe moyenne canadienne.
À la fin des deux prochains exercices financiers, le déficit chutera et notre plan d’investissement permettra au Canada de revenir à l’équilibre budgétaire en 2019.
Le parti au pouvoir a porté ce message à la population partout au pays. Cet engagement faisait partie d'un programme que tous les députés libéraux ont approuvé et présenté aux gens de leur circonscription. Nous savons qu'ils ont eu du succès avec ce message. Ils ont dit aux Canadiens qu'il fallait faire un déficit modeste à court terme pour pouvoir investir dans les infrastructures, qu'il ne s'agirait pas d'un déficit structurel, et qu'on pourrait quand même financer les programmes et gérer le gonflement généralisé des dépenses de l'État. Ils ont promis qu'ils allaient financer les projets d'infrastructure avec ces dépenses déficitaires et que le budget allait ensuite s'équilibrer tout seul.
Les Canadiens ont été convaincus par cette promesse libérale ainsi que bien d'autres promesses qui ont ensuite été brisées, y compris les promesses concernant la réforme électorale, les achats militaires, la réforme de l'accès à l'information et le renforcement des mesures de protection des renseignements personnels, ainsi que la promesse de ne jamais imposer l'attribution de temps, ce qu'ils ont fait à l'égard du projet de loi actuellement à l'étude, et de ne jamais présenter de projet de loi omnibus, ce qu'ils ont pourtant fait en présentant celui dont nous sommes saisis. Ce ne sont là que quelques exemples.
Toutefois, les Canadiens semblent avoir cru en la promesse des libéraux de ne pas replonger le Canada dans les déficits structurels du passé lorsqu'ils ont voté pour eux. J'espère qu'ils les ont crus. J'espère que les Canadiens ne sont pas devenus cyniques au point de voter pour les libéraux même en pensant que la promesse du retour à l'équilibre budgétaire n'était qu'un mensonge. Je suppose que la population canadienne croyait réellement que les libéraux allaient enregistrer de modestes déficits les trois premières années de leur mandat et qu'ils allaient rétablir l'équilibre budgétaire en 2019.
Au-delà de la question de la crédibilité et du cynisme, pourquoi tout cela est-il important?
La personne qui a pris la parole avant moi nous a expliqué longuement — en admettant que les libéraux ne parviendraient pas à équilibrer le budget — que cette question n'était pas tellement importante, qu'il y avait des questions beaucoup plus importantes. Toutefois, c'est un sujet qui nous intéresse parce que nous devrons payer pour les déficits d'aujourd'hui en réduisant les services ou en finançant les dépenses que les libéraux parlent fièrement de faire au cours des prochaines années avec des augmentations d'impôts, ou encore on devra faire les deux. Les déficits structurels consistent en fait à emprunter aux générations à venir ce dont nous avons besoin pour subvenir aux besoins d'aujourd'hui. C'est ce qu'on appelle du vol intergénérationnel, et les Canadiens s'y opposent.
Les intérêts sur la dette fédérale devraient rapidement atteindre, annuellement, 37 milliards de dollars, soit à peu près le montant que le gouvernement fédéral transfère aux provinces pour les soins de santé. Les Canadiens préféreraient avoir des soins de santé que des intérêts sur une dette à payer. Ces déficits sont extrêmement importants en ce qui concerne les programmes sur lesquels les Canadiens comptent.
Le ne se fait peut-être pas trop de soucis à propos des déficits. Comme d'autres l'ont dit avant moi, le ne se fait pas de soucis. Il n'a jamais eu de soucis d'argent, alors il ne se soucie pas de l'argent des Canadiens.
Nous en sommes à la quatrième année de ce gouvernement et le budget ne s'est toujours pas équilibré tout seul. Pourtant, le gouvernement avait tous les atouts de son côté. Il a hérité de la situation financière la plus solide du G7, un héritage qui s'expliquait par la gestion économique du gouvernement précédent et qui a aidé le Canada à traverser la crise économique mondiale et à faire face à ses conséquences. Il s'agissait d'un héritage obtenu de haute lutte auquel, il faut bien l'admettre, des gouvernements libéraux antérieurs avaient aussi contribué grâce à leurs ministres des Finances. Cependant, c'est surtout le ministre conservateur des Finances Jim Flaherty qui a bâti cet héritage qu'il a transmis au actuel et que ce dernier a dilapidé. C'est un fait. Ce n'est pas sujet à débat. Les libéraux ont hérité d'un budget équilibré quand ils sont arrivés au pouvoir. Le directeur parlementaire du budget a confirmé que le gouvernement avait hérité d'un excédent, qui a rapidement été dilapidé suite à la décision prise immédiatement de faire de nouvelles dépenses, lesquelles se sont soldées par un déficit pour le Canada.
Les libéraux ont hérité de bien plus que le fruit de la saine gestion financière du gouvernement précédent et, pour être honnête, du gouvernement qui le précédait. Ils ont aussi hérité d'une croissance du prix des produits de base. À l'échelle mondiale, ces prix étaient à leur plus bas lorsque le gouvernement est arrivé au pouvoir. Je pense particulièrement au cours du pétrole, qui s'était effondré pendant la dernière année de mandat du gouvernement précédent. Les prix étaient à leur plus bas et, depuis, ils n'ont cessé de croître. Les libéraux ont hérité d'une économie mondiale au bord de la récession à leur arrivée au pouvoir, alors qu'elle se porte maintenant très bien. Ils ont hérité d'une économie florissante aux États-Unis. Ils ont hérité de taux d'intérêt très bas. Ils ont hérité d'un boom immobilier dans les deux plus importants marchés de ce secteur au Canada. Ils ne pouvaient prévoir rien de tout cela et, pourtant, malgré tous ces avantages, ils n'ont pas réussi à tenir leur promesse. Si on changeait un seul de ces paramètres, leur bilan financier s'effondrerait comme un château de cartes.
La remontée des taux d'intérêt aura des conséquences néfastes pour les Canadiens qui croulent déjà sous les dettes, et le budget du gouvernement s'en ressentira également. Les emprunts du gouvernement font concurrence à ceux du secteur privé, poussant les taux d'intérêt et l'inflation vers le haut. Le gouvernement n'est pas prêt pour un retour à la normale des taux d'intérêt. Une part importante de la dette nationale viendra à échéance dans les années à venir, et le ministre n'a pas donné de réponse satisfaisante quant à l'effet que cela aura sur les finances du pays.
La fin du boum immobilier pourrait nuire à l’activité économique à Toronto et à Vancouver. Ce sera un facteur dans l’équilibre budgétaire du Canada. Une récession mondiale, un nouvel effondrement des prix des produits de base, le protectionnisme ou un éventuel effondrement financier à l’échelle mondiale, tout cela pourrait se produire à tout moment, et le gouvernement a dilapidé sa capacité budgétaire de régler ces problèmes par son déficit structurel, qu’il a créé en brisant une promesse par le fait même.
Il n’y a rien dans le projet de loi d’exécution du budget pour réduire le déficit. Il n’y a rien non plus qui concerne l’agrandissement du réseau de Trans Mountain. Il n’y a rien pour contrer la fuite de capitaux du Canada. Il n’y a rien dans le projet de loi qui rassurerait les milliers de travailleurs de l’automobile d’Oshawa qui viennent de perdre leur emploi ou les dizaines de milliers d’autres qui craignent probablement d’être les prochains à se retrouver au chômage.
Il n’y a rien dans le projet de loi pour soulager les Canadiens qui se demandent s’ils auront les moyens de se procurer les biens de première nécessité qui seront rendus plus coûteux par la taxe sur le carbone du gouvernement, même si certains émetteurs industriels seront exemptés et que d’autres seront simplement chassés hors du pays.
Le projet de loi d’exécution du budget ne prévoit rien pour renforcer la classe moyenne. En fait, ce serait plutôt le contraire. On y projette un avenir de déficits, de dettes et de fuite de capitaux, ce qui entraînera d’autres pertes d’emplois.
De plus, le projet de loi d’exécution du budget ne permettra pas de mettre en marché des produits énergétiques, comme d’autres députés de ce côté-ci l’ont laissé entendre. Les libéraux avaient promis que le projet TMX serait en construction d’ici l’été dernier. L’été est passé. L’argent est allé au Texas. Il n’y a pas de pipeline, et cela continuera d’exacerber le rabais sur le prix du pétrole albertain, qui menace d’augmenter et de rendre encore plus difficile pour le gouvernement actuel, ou pour le prochain, d’équilibrer le budget.
Cela dit, je suis très déçu du projet de loi et je ne l’appuierai pas.
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Monsieur le Président, c'est un honneur de participer au débat d'aujourd'hui sur le projet de loi d'exécution du budget pour présenter un nouveau budget du gouvernement et une autre excellente occasion de faire progresser bon nombre des importantes initiatives sociales que nous tentons de mettre en oeuvre pour assurer la croissance du pays et faire du Canada un pays où il fait bon vivre, investir et travailler à mesure que nous avançons dans le XXI
e siècle. Aujourd'hui, je vais parler de certains des éléments du budget qui sont particulièrement intéressants et importants, notamment l'équité salariale, l'Allocation canadienne pour les travailleurs et la stratégie de réduction de la pauvreté. Je tiens aussi à prendre quelques instants à la fin de mon discours pour parler de la tarification de la pollution, qui, selon moi, contribue aux objectifs économiques globaux du pays.
Tout d'abord, depuis de nombreuses années, l'équité salariale est un problème de taille auquel le Canada et de nombreux pays occidentaux, voire davantage de pays, sont confrontés. Depuis des décennies, nous tentons de trouver comment lutter contre ce problème en présentant différentes initiatives. Aujourd'hui, le projet de loi d'exécution du budget et les efforts du gouvernement constituent une tentative réelle et concrète d'apporter de vrais changements.
La nouvelle loi exige que les employeurs des secteurs public et privé relevant de la compétence fédérale et comptant au moins dix employés établissent et maintiennent un plan d’équité salariale dans des délais prescrits afin d’identifier et de corriger les écarts de rémunération entre les catégories d’emploi à prédominance féminine et les catégories d’emploi à prédominance masculine lorsque la valeur du travail est égale.
La nouvelle loi prévoit les attributions du commissaire à l’équité salariale, dont la facilitation du règlement des différends, la conduite d’évaluations de conformité et d’enquêtes sur des questions faisant l’objet d’un différend, sur des objections ou des plaintes, la délivrance d’ordonnances et l’infliction de sanctions administratives pécuniaires pour des violations à la loi. En outre, elle oblige le commissaire à l’équité salariale à déposer au Parlement un rapport annuel sur son exécution et son contrôle d’application.
Un salaire égal pour un travail de valeur égale est la chose intelligente à faire. Comme on peut le constater, il ne s'agit pas seulement de faire ce qui s'impose; il s'agit de créer une politique qui enrichira notre économie. Comme nous l'avons entendu plus tôt de la part de l'un des secrétaires parlementaires, en permettant l'équité salariale et en nous assurant qu'elle est appliquée de sorte que les femmes reçoivent un salaire égal pour un travail de valeur égale, nous pourrions favoriser une croissance du PIB allant 4 %. Pensons aux retombées énormes que cela générerait, surtout pour un pays qui est déjà à la tête du G7 pour la croissance de son produit intérieur brut.
En ce qui a trait à l'Allocation canadienne pour les travailleurs, la partie 1 de la loi vise à mettre en oeuvre certaines mesures liées à l'impôt sur le revenu pour permettre à une personne admissible à cette allocation d'en bénéficier sans avoir à en faire la demande. Ces modifications vont permettre à l'Agence du revenu du Canada de calculer l'allocation pour tous les contribuables qui ne l'auraient pas demandée dans leur déclaration de revenus. Cela signifie que les Canadiens qui sont admissibles à l'Allocation canadienne pour les travailleurs seront automatiquement inscrits, de sorte qu'aucun travailleur ne sera laissé pour compte. Comme on l'a vu, le budget 2018 prévoit un investissement de 500 millions de dollars de plus par année dans cette allocation, à partir de 2019. Nous constatons donc que les processus nécessaires sont en place pour faire en sorte que chaque personne qui est admissible à cette allocation puisse commencer à la recevoir automatiquement sans avoir à se buter à des tracasseries administratives. Nous estimons que permettre à tous les travailleurs d'avoir accès à cette allocation leur évitera de perdre du temps à composer avec toutes ces contraintes. Ils pourront alors consacrer leur temps à se chercher un nouvel emploi et à profiter de nouvelles opportunités. Après tout, une personne qui ne possède pas les ressources pour avoir accès à des prestations, qui ne comprend pas la procédure à suivre ou qui ignore leur existence même, devrait quand même pouvoir obtenir ce à quoi elle a droit. C'est ce que cette partie du projet de loi a pour objectif d'améliorer.
Pour 2019, l’Allocation canadienne pour les travailleurs sera égale à 26 % de chaque dollar gagné au-delà de 3 000 $, jusqu’à concurrence de 1 355 $ pour les personnes seules sans personne à charge et de 2 355 $ pour les familles, les couples et les chefs de famille monoparentale.
L’Allocation canadienne pour les travailleurs laissera plus d’argent dans les poches des travailleurs à faible revenu et procurera une aide réelle à plus de deux millions de travailleurs canadiens. Ces personnes ont besoin de notre aide et nous sommes à la Chambre pour nous occuper d’elles. Je suis donc très heureux de voir que cette nouvelle mesure figure dans le projet de loi d’exécution du budget. Grâce à sa mise en oeuvre, les gens toucheront automatiquement ce à quoi ils ont droit dans le cadre du programme offert par le gouvernement.
Le projet de loi d’exécution du budget prévoit également une stratégie de réduction de la pauvreté et, plus particulièrement, l’établissement de cibles. Je sais que l’intégration de cibles dans la législation a fait l’objet de certaines critiques. Toutefois, la réalité est qu’à défaut de nous fixer continuellement des objectifs et de revenir en arrière pour évaluer dans quelle mesure nous les avons atteints, nous n’avons vraiment aucun moyen d’analyser notre efficacité. En fait, je dirais que ces cibles donnent à l’opposition officielle des munitions supplémentaires pour critiquer un gouvernement qui ne parviendrait pas à les atteindre. C’est pourquoi je pense qu’il s’agit d’un acte audacieux et important, non seulement pour obliger les gouvernements futurs à rendre des comptes, mais aussi pour évaluer l’efficacité d’un gouvernement dans l’exécution de divers programmes et de diverses stratégies, en particulier lorsqu’il s’agit de stratégies de réduction de la pauvreté.
Permettez-moi de parler un peu de ce que la stratégie propose. La section 21 de la partie 4 du projet de loi d’exécution du budget aura pour effet de promulguer la Loi sur la réduction de la pauvreté, qui fixe deux cibles de réduction de la pauvreté au Canada. En fait, cette loi lance la toute première stratégie nationale de réduction de la pauvreté au Canada. La raison pour laquelle nous en avons besoin est très claire. Le Canada est un pays prospère et pourtant, en 2015, environ un Canadien sur huit vivait dans la pauvreté. Réfléchissons-y un instant. Dans un pays aussi riche que le nôtre sur le plan de la performance économique et des ressources, il ne devrait pas y avoir une personne sur huit qui vit dans ce que nous estimons être une situation de pauvreté. Les investissements réalisés depuis 2015 pour soutenir le bien-être social et économique de tous les Canadiens, renforcés par un nouvel investissement de 22 milliards de dollars, aideront 650 000 Canadiens à sortir de la pauvreté d’ici 2019, et on s’attend à ce nombre augmente à mesure que les retombées de ces investissements se feront sentir au cours des années à venir. Cette stratégie établit de nouveaux objectifs de réduction de la pauvreté et fait du gouvernement fédéral un partenaire à part entière dans la lutte contre la pauvreté.
La vision est claire. La toute première stratégie de réduction de la pauvreté du Canada est fondée sur le principe que tous les Canadiens devraient pouvoir vivre dans la dignité. Tous les Canadiens méritent d'être traités de manière équitable et d'avoir les moyens de répondre à leurs besoins. La toute première stratégie de réduction de la pauvreté est fondée sur une vision où tous les Canadiens se sentent en sécurité et ont bon espoir que les choses iront en s'améliorant, pour eux, leurs proches et les générations futures.
Comme mon intervention durera probablement jusqu'à la période des questions, je vais m'assurer de laisser du temps aux députés qui souhaitent me poser des questions, mais, auparavant, je veux prendre un instant pour parler de la tarification du carbone.
Les faits sont clairs. Même si certains persistent à nier la réalité des changements climatiques, la très grande majorité estime qu'ils existent bel et bien et qu'ils doivent être combattus par tous les ordres de gouvernement — local, provincial, territorial et fédéral. En effet, les gouvernements de partout dans le monde doivent collaborer entre eux à cette fin. Il ne s'agit pas d'un problème auquel fait face une partie de la planète, mais qui se pose au monde entier. Par conséquent, nous devons tous nous impliquer.
À l'étape précédente de la lecture de la loi d'exécution du budget, j'ai nommé 54 régions du monde où il y a actuellement une taxe sur le carbone. Je ne vais pas ennuyer la Chambre en lisant de nouveau cette liste, puisque les intéressés peuvent la trouver dans le hansard.
À ceux qui se demandent quel sera le coût réel de la tarification de la pollution pour le Canada, je demanderais quel a été le coût réel pour l'Islande, l'Irlande, le Kazakhstan et d'autres plus petites entités — je ne vais pas toutes les nommer de nouveau — comme la Pologne ou le Québec, soit des gouvernements nationaux, provinciaux et territoriaux. Un peu partout sur la planète, la tarification de la pollution a déjà été instaurée, ce qui est tout à fait sensé.
La compagnie qui fabrique un produit et l'utilisateur de ce produit doivent tous deux payer pour la fabrication du produit en question. Si une entreprise — je viens du secteur de l'économie, alors je donne toujours l'exemple des gadgets — fabrique des gadgets, elle a besoin de différents composants pour les produire. Si un de ces composants est nuisible à l'environnement et qu'il pollue, il est tout à fait logique que l'entreprise doive payer pour ce composant servant à produire des gadgets.
C'est pourquoi j'ai beaucoup de mal à comprendre les arguments invoqués par le Parti conservateur pour s'opposer à la tarification de la pollution. La tarification de la pollution s'inscrit directement dans le modèle économique du libre marché dont les conservateurs ne cessent de vanter les mérites. Les conservateurs répètent constamment qu'ils croient au libre marché. Les fabricants de produits devraient donc payer pour la pollution qu'ils émettent dans le cadre de leur processus de fabrication. Si l'on se fie à la façon de penser des conservateurs, on pourrait penser qu'ils croient tant au libre marché qu'au droit de polluer gratuitement. Par conséquent, le marché n'est pas totalement libre, puisque la pollution n'est pas gratuite au sens du marché, mais plutôt une chose qu'on peut faire sans conséquence.
Selon le rapport publié récemment par le Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat, nous savons que le monde connaîtra des conditions extrêmement difficiles d'ici 2030. Si on ne commence pas dès maintenant à réduire la quantité de carbone et de polluants émis dans l'atmosphère, on ne pourra jamais revenir en arrière. Lors d'un débat tenu récemment sur cette question, la a déclaré à juste titre que nous sommes la première génération à subir les effets des changements climatiques et la dernière génération à pouvoir prendre des mesures pour les contrer. Réfléchissons-y.
Ce n'est pas seulement la ministre, moi ou toute autre personne isolée qui le dit. C'est la conclusion d'un rapport publié par le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat, auquel de nombreux pays ont participé. Ce rapport dit essentiellement que nous sommes les premiers à subir les effets des changements climatiques et les derniers à pouvoir faire quoi que ce soit pour y remédier.
J'ai deux très jeunes enfants: un de 4 mois et un de 2 ans et demi. J'ai aussi un enfant de 14 ans qui va à l'école secondaire. L'une des choses qui me causent de l'insomnie, c'est de me demander quel genre d'environnement et de monde nous laissons à nos enfants. La réalité, c'est que, si nous ne faisons rien maintenant, nous leur laisserons un monde marqué par les conséquences environnementales et les répercussions des changements climatiques. Nous observons déjà des changements dans les conditions climatiques partout sur la planète.
Nous devrions tenir compte des autres répercussions sociales qui se produiront. La génération actuelle sera accusée de génocide climatique si elle reste les bras croisés. Il y aura des réfugiés climatiques, des gens qui fuiront les effets des changements climatiques. Ces déplacements auront des conséquences sur le reste du monde. L'ordre mondial sera ébranlé. Nous savons ce qui arrive dans ces cas-là: les chamboulements mènent inévitablement à la guerre et aux conflits dans diverses régions de la planète.
La tarification de la pollution comporte de nombreux avantages. Les gens qui ne croient rien de ce que je viens de dire, qui estiment que les changements climatiques n'existent pas et qui sont d'avis que les réalités décrites dans le rapport intergouvernemental sont fausses, auraient tout de même tout intérêt à croire que la solution est d'inciter les entreprises à trouver de nouvelles façons de faire et à concevoir de nouveaux produits, à investir dans les énergies renouvelables et les véhicules électriques, dont les ventes font plus que doubler chaque année dans le monde.
J'ai souvent entendu les députés conservateurs vanter les mesures que nous prenons par rapport aux mesures que prennent d'autres pays du monde. Malgré ce qu'ils peuvent penser, je tiens à ce qu'ils sachent que la Chine est un chef de file en matière d'énergies renouvelables et de réduction des émissions de gaz à effet de serre. Elle montre l'exemple en ce qui concerne la commercialisation de nouveaux véhicules électriques.
Nous pouvons nous pencher sur ces problèmes conjointement avec d'autres pays du monde entier. J'implore le Parlement de le faire. La tarification du carbone permettra non seulement d'assainir et d'améliorer l'environnement, mais elle permettra aussi aux Canadiens de propulser la nouvelle économie en repoussant les limites et en cherchant de nouveaux débouchés, de nouveaux gains d'efficacité et de nouvelles découvertes.
Nous devrions être à l'avant-garde dans ce domaine. Ne suivons pas l'exemple de ce qui se passe au sud de la frontière. ll est manifeste que, pour les programmes et les projets novateurs de la nouvelle industrie du XXIe siècle, nous sommes mieux de nous tourner vers d'autres parties du monde où il y a beaucoup de potentiel.
Avant de terminer, je souhaite parler d'une autre chose, à savoir les beaux discours que ne cesse de répéter l'autre côté de la Chambre au sujet de la dette et des déficits. La dernière fois qu'il y a eu un excédent après le départ d'un gouvernement conservateur, c'était dans les années 1800. Les conservateurs ont réussi — tant mieux pour eux — à se forger une réputation de parti qui sait comment protéger et stimuler une économie. C'est assez paradoxal.
En réalité, si on se penche sur les 151 dernières années, les conservateurs ont été au pouvoir 38 % du temps, mais ils ont accumulé 73 % de la dette nationale. Comment peuvent-ils donc clamer qu'ils sont en quelque sorte les sauveurs de l'économie? Des 19 derniers budgets qui ont été présentés à la Chambre par les gouvernements conservateurs, 16 étaient déficitaires. Cela inclut ceux des gouvernements Mulroney et Harper. Des trois seuls budgets qui ont produit des excédents budgétaires, l'un a fait suite à l'excédent de 13 milliards de dollars de Paul Martin et l'autre a été présenté en 2015, lorsque les conservateurs ont dû vendre les actions de GM au rabais, couper dans l'assurance-emploi et sabrer dans les services aux anciens combattants en vue de produire un budget prétendument équilibré pour faire bonne figure en prévision des élections de 2015.
Les Canadiens n'ont pas suivi. Ils ont vu clair dans leur jeu et, par conséquent, les conservateurs siègent maintenant dans l'opposition. Je rejette la notion que les conservateurs sont en quelque sorte les sauveurs de l'économie parce que les faits ne le corroborent pas.