:
Monsieur le Président, j'ai le plaisir de lancer notre débat sur le projet de loi . Cette mesure législative modifiera la Loi sur le casier judiciaire pour que les personnes ayant des dossiers criminels pour la simple possession de cannabis puissent s'en débarrasser de façon expéditive et vivre leur vie pleinement.
[Traduction]
Le projet de loi propose une mesure exceptionnelle et sans précédent, soit l'élimination de la période d'attente et des frais prévus dans le cas des personnes qui souhaitent obtenir une réhabilitation après avoir été reconnues coupables de possession de cannabis. Ainsi, au lieu d'attendre cinq ans et de verser 631 $ à la Commission des libérations conditionnelles, les demandeurs n'auront pas à attendre une seule minute ni à payer un cent à la Commission.
Le projet de loi est la suite logique d'un processus qui a été lancé lors de la dernière campagne électorale, où nous nous sommes engagés à mettre fin à la prohibition du cannabis au Canada. À la suite de décennies de prohibition, les Canadiens figuraient au nombre des plus grands et des plus jeunes consommateurs de cannabis au monde. Dans le cadre de l'ancien système, le commerce illégal du cannabis rapportait 7 milliards de dollars par année au crime organisé, tandis que les organismes canadiens d'application de la loi dépensaient plus de 2 milliards de dollars par année pour tenter de faire respecter un régime juridique inefficace et contre-productif.
En octobre dernier, nous avons enfin mis un terme à l'ancienne façon de faire les choses. Le cannabis est maintenant légal et rigoureusement réglementé, comme nous l'avions promis. Cependant, l'une des conséquences persistantes de l'ancien système est qu'il a imposé des casiers judiciaires à de nombreux Canadiens, ce qui leur complique la tâche au moment d'obtenir un emploi, de louer un appartement, de voyager ou de faire du bénévolat dans leur collectivité. En outre, les personnes touchées appartiennent de façon disproportionnée à des groupes minoritaires.
Certes, ces personnes ont enfreint la loi. Elles ont commis ce qui, à l'époque, constituait une infraction criminelle, laquelle était assortie de conséquences. Cela dit, les personnes reconnues coupables uniquement de possession de cannabis pour consommation personnelle, une activité qui est maintenant légale, doivent pouvoir se débarrasser, aussi rapidement et aussi facilement que possible, de leur casier judiciaire ainsi que des obstacles et de la stigmatisation qu'il risque de causer. Voilà exactement ce que permettrait le projet de loi en créant, pour les personnes reconnues coupables de possession simple de cannabis, un processus d'obtention du pardon simplifié de multiples façons importantes.
À l'heure actuelle, une personne qui a purgé sa peine doit attendre plusieurs années avant de pouvoir présenter une demande de réhabilitation ou, pour employer l'expression juridique en vigueur depuis 2012, une demande de suspension du casier judiciaire. Le délai peut être de cinq, voire dix ans, selon les circonstances. Le projet de loi éliminerait complètement cette période d'attente.
À l'heure actuelle, la Commission des libérations conditionnelles exige des frais de 631 $ pour traiter une demande, ce qui, de toute évidence, constitue un obstacle majeur, surtout pour les Canadiens à faible revenu qui ont besoin d'une suspension du casier judiciaire pour obtenir un emploi et gagner un salaire. Sans cet emploi et sans ce salaire, ils n'ont pas les moyens de payer de tels frais. Le projet de loi éliminerait les frais de demande.
Normalement, en plus de devoir fournir les dossiers de la police et des tribunaux, il incombe aux demandeurs de démontrer qu'ils se sont bien conduits et que leur réhabilitation leur donnerait des bénéfices mesurables. Ces facteurs subjectifs sont pris en considération par les membres de la commission des libérations conditionnelles nommés par le gouvernement qui portent un jugement sur l'octroi de la réhabilitation. Le projet de loi prévoit l'élimination de la bonne conduite et des bénéfices mesurables comme facteurs à prendre en considération dans le cas des personnes uniquement reconnues coupables d'infractions de possession simple de cannabis. Les demandes seraient traitées rapidement par les fonctionnaires de la commission des libérations conditionnelles, car il ne serait pas nécessaire de rendre un jugement. Lorsque les dossiers de la police et des tribunaux montreraient qu'une personne a uniquement été condamnée pour possession de cannabis à des fins personnelles, celle-ci obtiendrait une réhabilitation.
Bref, il n'y aurait aucun frais de demande, aucun délai d'attente et aucun besoin de convaincre la commission des libérations d'octroyer une réhabilitation en fonction de critères subjectifs, ce qui simplifierait et accélérerait considérablement le processus.
Ces mesures ne sont toutefois que certaines de celles prévues dans le projet de loi. La commission des libérations conditionnelles prend d'autres mesures concrètes pour accélérer et faciliter encore plus le processus de demande. Par exemple, elle remanie le formulaire de demande afin qu'il soit plus facile à comprendre et qu'il puisse être rempli plus rapidement. Elle consacre des ressources pour aider les demandeurs à présenter leurs demandes correctement. Elle précise et met à jour les renseignements sur son site Web et prépare un guide qui explique chaque étape du processus de demande. Un numéro 1-800 et une adresse courriel serviront exclusivement à aider les personnes ayant des condamnations pour possession de cannabis à faire usage du nouveau processus accéléré. De plus, la commission élabore une stratégie de sensibilisation en collaboration avec des partenaires communautaires, des organisations de la société civile et des médias sociaux afin d'informer les gens de l'existence du nouveau processus et de la façon d'y avoir recours.
[Français]
La conséquence d'avoir, par le passé, commis un acte qui n'est plus criminel ne devrait pas être une vie remplie d'obstacles chaque fois qu'on veut travailler, étudier, voyager, se trouver un logement ou faire du bénévolat.
Toutes les modifications législatives et opérationnelles dont je viens de parler feront que les personnes vivant avec un dossier criminel pour rien de plus que la possession de cannabis pourront avancer dans leur vie en tant que membres de la société pleinement réintégrés.
[Traduction]
Avant d'arrêter une ligne de conduite et de déterminer ce que nous ferions des casiers judiciaires obtenus pour possession de cannabis, nous avons mené de vastes consultations, à l'interne, mais aussi avec des parties intéressées, dont l'organisme Campaign for Cannabis Amnesty. Nous avons finalement opté pour le processus simplifié de suspension du casier que je viens de décrire, mais nous avons étudié d'autres possibilités, comme l'amnistie et la suppression du casier. Voici pourquoi nous n'avons pas retenu ces possibilités.
La Californie a choisi la voie de l'amnistie, c'est-à-dire que l'État efface de manière proactive et automatique le casier judiciaire des contrevenants, sans même qu'ils en fassent la demande. Je comprends tout à fait l'attrait de cette approche, mais, pour le moment, elle est tout simplement inapplicable au Canada.
En droit canadien, la possession de cannabis n'a jamais été une infraction en soi. C'est plutôt quelque chose de très générique, comme « possession d'une substance désignée à l'annexe II », qu'on peut lire dans le casier judiciaire d'une personne reconnue coupable d'avoir eu du cannabis en sa possession.
Bref, pour retracer chaque personne qui a déjà été reconnue coupable de possession de cannabis, nous devrions d'abord retrouver la trace de chaque personne reconnue coupable d'avoir eu en sa possession une substance désignée appartenant à la même catégorie que le cannabis, puis éplucher chaque dossier un par un pour déterminer de quelle substance il s'agissait. Ce serait déjà une tâche colossale si tous les dossiers étaient entreposés en un seul et même endroit, mais ce n'est même pas le cas. Le système canadien compte une multitude d'autorités judiciaires relevant d'un ordre de gouvernement ou d'un autre, et chacune tient ses propres registres selon une méthode qui lui est propre.
Si, dans certains cas, il s'agit de registres informatisés à la fine pointe de la technologie, dans certains autres, il s'agit encore de bons vieux dossiers papier enfermés à clé dans des boîtes entreposées dans le sous-sol du palais de justice. Bref, pour effacer proactivement le casier judiciaire de toutes les personnes reconnues coupables de possession de cannabis, il faudrait que tous les ordres de gouvernement consacrent énormément de ressources à cette tâche, et ce serait très long. Les personnes concernées pourraient être des années à attendre que leur casier soit effacé. C'est donc beaucoup plus simple de demander aux gens de présenter une demande dans laquelle ils expliquent leur situation en détail. La Commission des libérations conditionnelles pourra ainsi procéder beaucoup plus rapidement. Quant aux citoyens, ils devront attendre moins longtemps, et c'est ce qui compte, quand on y pense.
Certaines personnes ont également préconisé de remplacer le pardon par une procédure de radiation. À la différence d'un pardon, où le casier judiciaire d'un individu est dissimulé et ne peut donc pas ressortir lors d'une vérification des antécédents criminels, la radiation fait disparaître toute mention de l'infraction dans l'ensemble des dossiers, comme si cette dernière ne s'était jamais produite.
En fait, la radiation n'existait pas au Canada jusqu'à l'année dernière, où elle a été appliquée pour la seule et unique fois afin de régler les cas de personnes ayant été condamnés au cours des ans pour avoir eu des relations sexuelles consensuelles avec des personnes de même sexe. L'idée était que, par rapport à ces cas, il s'agissait de lois inconstitutionnelles. Elles n'auraient jamais dû exister, car elles étaient fondamentalement injustes.
Bien que la prohibition du cannabis se soit avérée une mauvaise politique publique, elle ne contrevenait pas à la Charte. Néanmoins, il est indéniable que son application a eu une incidence disproportionnée sur certains groupes de la population canadienne, notamment les communautés noires et autochtones du Canada. C'est en reconnaissance de ce fait que nous proposons les mesures exceptionnelles et sans précédent prévues dans ce projet de loi.
En fin de compte, les conséquences d'un pardon ou d'une radiation seront pratiquement les mêmes pour le requérant. Dans les deux cas, un propriétaire ou un employeur potentiel ne pourra pas prendre connaissance d'une ancienne condamnation. D'ailleurs, la Loi canadienne sur les droits de la personne interdit expressément toute discrimination fondée sur l'état de personne graciée. Le pardon et la radiation constituent ainsi deux moyens qui permettront à une personne de poursuivre sa vie en se libérant du fardeau que représente un casier judiciaire.
Le seul scénario réaliste où on pourrait rétablir un casier judiciaire pour possession de cannabis pour lequel un pardon a été accordé serait qu'une personne commette une nouvelle infraction, mais, à ce moment-là, en raison de la nouvelle infraction, la personne aurait un casier judiciaire de toute façon. Le rétablissement de la condamnation liée au cannabis aurait une incidence plutôt minime.
En ce qui a trait aux déplacements à l'étranger, particulièrement aux États-Unis, la radiation des condamnations pourrait causer plus de complications qu'un pardon. En effet, les États-Unis pourraient disposer d'un dossier antérieur lié à la condamnation d'une personne qui remonte probablement au temps où elle a traversé ou tenté de traverser la frontière par le passé. Même si une vérification du casier judiciaire n'aboutit à rien aujourd'hui, ce qui arriverait tant dans le cas d'un pardon que d'une radiation, l'agent des services frontaliers américains verrait la note prise dans le dossier de la personne lors de son dernier déplacement. L'agent pourrait insister pour que la personne obtienne une dispense ou qu'elle fournisse davantage de renseignements sur sa condamnation. Si on a accordé un pardon à la personne, elle pourrait communiquer avec la commission des libérations conditionnelles pour obtenir les renseignements nécessaires afin de satisfaire l'agent des services frontaliers des États-Unis. Toutefois, si le casier judiciaire a été effacé, la commission des libérations conditionnelles n'aurait aucun document à fournir, et la personne pourrait se voir refuser l'entrée.
[Français]
L'essentiel, c'est que l'approche que nous proposons dans le projet de loi est une façon pratique et efficace de passer l'éponge sur les antécédents criminels des personnes condamnées seulement pour la simple possession de cannabis.
[Traduction]
Nous éliminerions les frais de 631 $ de même que la période d'attente qui est habituellement de cinq ans. Nous éliminerions les facteurs subjectifs, comme la question de savoir si le demandeur s'est bien conduit et si la réhabilitation apporterait un bénéfice mesurable. Nous rendrions le processus de demande plus simple et plus convivial.
Je suis fière que, au cours de la dernière campagne électorale, alors que d'autres parlaient de maintenir le statu quo ou proposaient des demi-mesures timides, comme la décriminalisation, notre parti ait eu le courage d'admettre qu'il fallait prendre des mesures audacieuses. Nous nous sommes engagés à légaliser et à réglementer le cannabis afin d'empêcher plus efficacement les jeunes Canadiens de s'en procurer et les criminels de faire des profits. Nous avons respecté cet engagement, et nous présentons maintenant un projet de loi qui aidera les personnes reconnues coupable par l'ancien système à tourner la page afin qu'elles n'aient plus à subir le fardeau d'un casier judiciaire et les préjugés qui y sont associés.
J'invite tous les députés à se joindre à moi pour appuyer cette importante mesure législative.
:
Monsieur le Président, je suis ici aujourd'hui pour parler du projet de loi .
La première réflexion dont je peux faire part au gouvernement est que, pour nous, cela semble assez raisonnable; mais il y a des « mais ». Nous croyons qu'une majorité de Canadiens est prête à accepter qu'un casier judiciaire pour une simple possession de marijuana soit effacé. Là-dessus, on s'entend. Un exemple très commun est celui des jeunes. Souvent, les jeunes essaient la marijuana et ils se font prendre. Ils sont dans un parc, les policiers sont là, et, finalement, ils se retrouvent avec un casier judiciaire. On peut mettre cela dans la catégorie des erreurs de jeunesse, effectivement.
Il reste qu'il y a aussi des adultes qui ont essayé la marijuana ou qui en ont consommé alors que c'était illégal. Je mentionnerais notre , qui, après avoir été élu, a admis avoir fumé du cannabis alors que c'était encore illégal. Pour nous, ce n'est pas très bien, considérant ce qu'on représente lorsqu'on est un élu, un député fédéral, devenu premier ministre. Or ce dernier a admis avoir fumé alors que c'était illégal. Ce n'est pas un exemple à donner aux Canadiens.
Nous comprenons toutefois que, pour les plus jeunes, les personnes mineures ou les jeunes personnes, cela peut entrer dans la catégorie des erreurs de jeunesse. Ce qu'on accepte du projet C-93, actuellement, c'est l'élimination des dossiers des gens condamnés pour possession simple, une fois dans leur vie. On ne parle pas des gens qui se font prendre plusieurs fois, 200 ou 300 fois. On ne parle pas nécessairement non plus de gens qui ont d'autres dossiers criminels ou d'autres éléments à leur dossier. Dans le cas d'une simple possession, une fois dans sa vie, on peut accepter qu'il s'agisse d'une erreur et qu'on accorde un pardon.
Même si nous sommes prêts à appuyer l'idée du projet de loi C-93 en deuxième lecture, nous aurons besoin, en comité, de faire l'étude approfondie du projet de loi, parce que beaucoup d'éléments ne sont pas clairs. Il n'y a pas de préambule, il n'y a rien qui explique clairement les buts du projet de loi ou qui détaille qui pourrait en bénéficier et pour quelles raisons. C'est pour cela que l'étude en comité sera importante. Ce sera très important de creuser et d'aller au fond des choses pour comprendre ce qui n'est pas dit. C'est souvent par rapport aux éléments non dits qu'on a besoin d'éclaircissements.
Parlons des coûts, par exemple. On évalue actuellement à 500 000 le nombre de dossiers criminels de Canadiens pour possession simple. On calcule que les coûts associés à une demande de pardon sont d'un peu plus de 600 $. Si on multiplie ces nombres, on arrive à un montant de 315 millions de dollars, montant de la facture qui serait normalement payée par les contribuables qui ont un dossier criminel. Or le gouvernement veut rendre cela gratuit. On va donc utiliser les ressources du gouvernement du Canada pour traiter les dossiers de ces gens, qui, normalement, devraient assumer cette dépense. S'ils le faisaient, cela couvrirait les coûts associés au traitement de ces dossiers, qui se situent autour de 315 millions de dollars. Ce n'est pas négligeable. De notre côté, nous nous demandons pourquoi les autres contribuables devraient payer indirectement les coûts associés à une demande de pardon.
On sait que c'est dans la nature du gouvernement libéral de croire que l'argent n'a pas d'importance. On ne tient jamais compte des contribuables, qui paient énormément d'impôts. On dit toujours « oui » et on envoie de l'argent à gauche et à droite. C'est une façon de faire qu'on voit depuis trois ans et demi. Cela ne nous surprend pas. Il reste que pour nous, les conservateurs, ce sont des considérations importantes.
Je reviens au projet de loi , qui est un des préambules au projet de loi C-93, que nous étudions aujourd'hui. Le projet de loi C-45 est le fameux projet de loi sur la légalisation de la marijuana. Ce projet de loi a été déposé rapidement pour remplir une promesse électorale, mais il soulevait énormément de questions auxquelles on n'a jamais répondu. Le gouvernement a dit avoir consulté les experts et avoir obtenu de l'information. Or on sait que c'est totalement faux, ou alors, on n'a pas vraiment écouté ce qui a été dit lors de ces consultations. Les policiers avaient énormément de préoccupations, tout comme le corps médical. Des questions ont été soulevées et n'ont jamais été prises en considération. Les propriétaires de logements avaient également des questions sur les plants et sur la consommation à l'intérieur des appartements. Ces questions n'ont jamais été réglées, et cela engendre des doutes.
Compte tenu de la façon dont le projet de loi a été traité et de la vitesse à laquelle on l'a fait adopter pour remplir la fameuse promesse électorale et faire plaisir aux jeunes électeurs qui ont voté libéral pour cette raison, on se dit qu’il y aura toujours un doute, d'autant plus que le gouvernement n’a pas voulu écouter les forces de l’ordre et les médecins, entre autres. Même si je disais d'entrée de jeu que nous étions prêts à appuyer le projet de loi , il faut quand même aller au fond des choses, car on peut s'en faire passer une petite vite, comme on le dit en bon français.
Tout d'abord, la légalisation de la marijuana était censée engendrer une diminution des revenus du crime organisé. La secrétaire parlementaire en a parlé dans son discours. Les revenus que le crime organisé tire de la marijuana seulement sont évalués à 7 milliards de dollars. On disait qu'on allait légaliser la marijuana pour lui enlever cet argent et le mettre dans les coffres du gouvernement. Cependant, il s'agissait plutôt d'une raison bidon et d'un exercice de relations publiques. On voit bien que le crime organisé continue de vendre de la marijuana à l'heure actuelle. Il s'est même inspiré de l'étiquetage qu'on voit dans les magasins légaux pour développer ses techniques d’emballage. Cette loi n'a donc pas empêché le crime organisé de continuer de faire des affaires.
De plus, comme c'est maintenant légal, personne n’a peur de se faire arrêter. C'est assez particulier. Les gens continuent de consommer des produits du marché illégal et le crime organisé continue de faire de l'argent. Alors, les préoccupations que nous avions fait valoir lorsque nous débattions du projet de loi C-45 se confirment aujourd’hui.
Encore une fois, nous appuyons l’esprit du projet de loi, mais nous voulons étudier celui-ci en comité pour être certains que le texte final n’a aucune ambiguïté. C’est mon premier mandat comme député, mais j’ai appris en accéléré depuis que je suis ici. J’ai appris rapidement qu’on ne peut pas faire confiance au . On le voit avec ce qui se passe actuellement. Il a suscité beaucoup d’espoir dans plusieurs dossiers, mais finalement, cela s’est avéré être de la poudre de perlimpinpin. Il a fait de belles promesses à tout le monde, mais en fin de compte, on s’aperçoit aujourd’hui que c’était n’importe quoi. Il disait notamment qu'il était un féministe. Il disait que la condition féminine était importante et qu’il ferait tout pour la mettre à l'ordre du jour dans tous les débats. Finalement, on a vu ce qu’il a fait avec les trois députées qui sont maintenant indépendantes.
Par ailleurs, le premier ministre s’est moqué de Stephen Harper en disant qu'il ne tenait pas compte des besoins des Autochtones. Il disait que lui, il aimait les Autochtones et qu’il allait régler la situation. Pourtant, la semaine dernière, on a vu de jeunes femmes autochtones tourner le dos à notre premier ministre à la Chambre. Les communautés autochtones du Canada ont bien vu qu'il y avait encore de belles promesses, mais que le premier ministre allait à l'encontre de celles-ci.
Pour revenir à la légalisation de la marijuana, je rappelle que le premier ministre était très pressé de remplir sa promesse électorale sans écouter les municipalités, les forces de l’ordre, les employeurs et les scientifiques. On a souvent blâmé les conservateurs en disant que nous ne croyions pas à la science, mais les premiers qui n’ont pas écouté les scientifiques, ce sont bien le premier ministre libéral et son équipe. Ils hochent toujours de la tête, mais ils n'ont pas écouté les scientifiques du Canada au sujet des problèmes liés à la marijuana.
En outre, le gouvernement avait promis de statuer sur les produits dérivés et de fixer des balises pour encadrer la vente de comestibles et de concentrés comme le haschich dans les 12 mois suivant la légalisation de la marijuana. Cela fait maintenant six mois et on n'a toujours vu aucun plan à ce sujet. C'est une autre promesse qui n'a toujours pas été respectée, et comme la session finit bientôt, ce sera probablement une autre promesse brisée.
On comprend pourquoi une majorité de Canadiens se sentent trahis par ce gouvernement libéral. Le premier ministre a fait un peu comme Obama: beaucoup de promesses et beaucoup de bruit, mais peu de réalisations. Trop souvent, nous avons entendu les libéraux minimiser le danger de la marijuana, et maintenant qu’ils l’ont légalisée, la consommation du cannabis sera vue par les générations futures comme étant banale. Aujourd’hui, même mes enfants disent que c’est légal et que ce n'est pas grave d'en fumer pour l'essayer. Non, cela ne fonctionne pas ainsi. Même si c’est légal, c’est un produit très dangereux. Il faut que les jeunes voient cela comme un danger pour leur santé et non comme un produit de consommation qui n’a aucune incidence.
Les experts l'ont dit, et tout le monde le dit aussi, c'est dangereux surtout pour les jeunes.
Dans un article du Globe and Mail, publié en avril 2017, l'Association médicale canadienne, l'Association des psychiatres du Canada, la Société canadienne de pédiatrie et d'autres organisations représentant des fournisseurs de soins de santé de première ligne s'inquiètent des conséquences néfastes du cannabis, notamment chez les fumeurs chroniques de moins de 25 ans.
Dans cet article, les experts ont dit qu'il était important de garder à l'esprit la santé publique pendant le déroulement de la législation. C'est la Dre Gail Beck, la directrice clinique de la psychiatrie juvénile de l'Hôpital Royal à Ottawa, qui a déclaré cela. Elle dit aussi que beaucoup de gens pensent que c'est inoffensif.
J'aimerais lire cet article pour démontrer à la Chambre que la consommation du cannabis n'est pas sans conséquence. Ce sont les paroles d'experts, et non celles de politiciens. Dans cet article, les experts disent que la profession médicale de ce pays a longtemps eu des doutes sur la marijuana à des fins médicales; qu'il n'y a pas suffisamment de preuves solides de l'efficacité du cannabis dans le traitement de la douleur chronique et d'autres maux pour justifier l'aval de son médecin; mais qu'avec l'avènement de la marijuana légale à des fins récréatives, les médecins ont des inquiétudes différentes.
L'une des préoccupations majeures est le potentiel de dépendance à la marijuana, en particulier chez les adolescents et les jeunes adultes. Selon Christina Grant, professeure de pédiatrie à l'Université Mcmaster d'Hamilton, on sait qu'un adolescent sur sept qui commence à consommer du cannabis développera un trouble lié à l'utilisation de cannabis, ce qui est important.
Dans sa déclaration sur la marijuana rendue publique l'automne dernier, la Dre Grant, auteure principal de la Société canadienne de pédiatrie, affirme que la consommation de cannabis devient problématique quand elle commence à causer un dysfonctionnement dans la vie quotidienne des utilisateurs, ce qui nuit à leur engagement envers leurs études ou leur travail et provoque des conflits dans leurs familles.
Le cannabis a également été associé à certaines maladies mentales. La relation entre le médicament, la dépression et l'anxiété est toujours d'actualité. La science n'a pas établi de relation de cause à effet entre les deux. En d'autres termes, on ne sait pas de façon claire si les gens fument du cannabis parce qu'ils sont déprimés et anxieux ou s'ils sont déprimés et anxieux du fait qu'ils fument du cannabis.
La Dre Beck affirme qu'il est de plus en plus évident qu'une forte consommation de cannabis peut entraîner une psychose en particulier chez les personnes ayant des antécédents familiaux de maladie mentale. Cependant, la grande majorité des recherches impliquaient des consommateurs quotidiens de cannabis. La littérature scientifique est pratiquement muette sur les effets du tabac à fumer sur la santé mentale de temps en temps.
La Dre Grant a souligné que l'on ne connaissait pas la limite inférieure qui est sûre, et qu'aucune preuve ne permet d'affirmer qu'il ne se passera rien si on en consomme une ou deux fois.
Tout porte à croire que les adolescents qui fument de la marijuana subissent fréquemment des lésions durables à leur cerveau encore immature, créant notamment des problèmes de mémoire, d'attention et de fonctionnement cognitif. La Dre Grant a ajouté que, pour les adolescents qui consomment du cannabis régulièrement, il y a en fait des changements structurels visibles sur l'IRM. Elle ajoute qu'on voit que certaines zones du cerveau sont plus petites, et qu'on assiste à un amincissement d'une partie du cerveau appelée le cortex, qui est très importante pour la réflexion, la planification et l'organisation.
Le cerveau adulte semble capable de se remettre d'une consommation chronique de cannabis en quelques semaines. Or ce n'est pas ce qui se passe chez les jeunes, selon la Dre Beck. Citant les préoccupations concernant le cerveau des adolescents, l'Association médicale canadienne, qui représente les médecins du pays, a exhorté le gouvernement fédéral, l'an dernier, à interdire la vente de marijuana à des personnes de moins de 21 ans et à limiter la quantité et la puissance de ce médicament disponible aux personnes de moins de 25 ans.
La plupart des problèmes de santé associés au cannabis concernent les gros consommateurs, mais des fumeurs occasionnels peuvent causer des ravages s'ils prennent le volant alors qu'ils sont sous l'influence du cannabis. Si quelqu'un qui en prend de temps en temps en consomme et part en conduisant son auto, on comprendra que cela ne fonctionne pas.
La directrice de la recherche et des politiques du Centre canadien sur les dépendances et l'usage des substances, Amy Porath, affirme que le cannabis réduit notre capacité à conduire un véhicule en toute sécurité. Elle altère notre temps de réaction, notre capacité à effectuer plusieurs tâches à la fois et à y prêter attention. La police de partout au pays essaie actuellement un test de salive en bordure de route pour voir s'il détecte correctement les chauffeurs aux facultés affaiblies par le cannabis.
Qu'il s'agisse de tabac ou de cannabis, a déclaré la Dre Porath, fumer pose des problèmes. Fumer peut causer de la toux, une respiration sifflante, des maux de gorge et une sensation d'oppression dans la poitrine. Cela peut aussi aggraver l'asthme.
Cet article date d'avant la légalisation de la marijuana. D'énormes préoccupations étaient soulevées dans cet article du Globe and Mail de 2017, qui remettait en lumière les aspects problématiques de la marijuana.
Je reviens là-dessus et on se demandera pourquoi je parle de cela. Cela revient au concept de base, à la façon dont la légalisation a été faite. Le gouvernement s'est complètement foutu des experts, des scientifiques et des policiers. Il s'est totalement foutu des propositions faites par l'opposition en comité. Il s'est aussi foutu du travail fait par le Sénat. Les sénateurs ont proposé beaucoup d'amendements, mais ils ont été refusés, tout comme les propositions de l'opposition officielle.
C'est pour cela que nous sommes prêts à dire que le projet de loi peut avoir du sens. Or, vu la façon dont le gouvernement fonctionne, on ne peut jamais dire que le projet de loi est extraordinaire et qu'on votera en faveur de celui-ci sans aucun débat. C'est impossible, puisqu'il y a toujours des zones grises, que ce n'est jamais clair.
Les libéraux savent ce qu'ils veulent. Ils ont une ligne d'action et une façon de faire les choses. Quant à nous, nous avons le devoir de vérifier les choses, de poser les bonnes questions et de proposer les amendements qui s'imposent.
Nous sommes donc prêts à appuyer le projet de loi C-93 à l'étape de la deuxième lecture. Toutefois, il doit être retravaillé en comité, et j'espère que le gouvernement écoutera et comprendra les amendements qui vont être proposés. Je suis certain que le NPD proposera aussi des amendements.
Malheureusement, nous n'avons pas assez d'information nous permettant d'adopter immédiatement le projet de loi actuel. Nous avons besoin d'aller plus loin, de creuser davantage. À la suite du travail fait en comité et des décisions du gouvernement libéral, nous prendrons une décision concernant la suite des choses. Pour l'instant, nous avons des doutes. Nous allons voir ce qu'il en est. Ensuite, nous pourrons répondre à cela.
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Monsieur le Président, d'entrée de jeu, je précise que le NPD votera contre cette mesure législative. Au cours des 20 minutes dont je dispose, j'expliquerai pourquoi la radiation des condamnations pour possession simple, que je décrirai, constitue la solution à retenir plutôt que la suspension du casier judiciaire. Dans le projet de loi d'initiative parlementaire , que j'ai présenté et dont la Chambre débattra jeudi à l'étape de la deuxième lecture, je propose la radiation des condamnations pour possession simple.
Je suis intervenu antérieurement à la Chambre pour souligner que le projet de loi est une mesure bâclée. Je suis toujours de cet avis, car le gouvernement n'y propose que trop peu trop tard.
Cette mesure est insuffisante parce que la suspension du casier judiciaire n'est qu'une suspension. Autrement dit, on y propose de faire abstraction temporairement du casier judiciaire d'une personne, mais la justice pourrait éventuellement l'utiliser de nouveau contre elle. Cette mesure ne tient pas compte de l'injustice historique et des répercussions disproportionnées des infractions de possession simple de cannabis sur les Canadiens marginalisés, notamment les Noirs et, particulièrement, les Autochtones.
La mesure législative arrive trop tard parce que près de six mois se sont écoulés depuis la légalisation historique de la possession de cannabis, en octobre dernier. Alors que nous en sommes presque à la fin de la session parlementaire, nous commençons le débat à l'étape de la deuxième lecture du projet de loi. Il doit être renvoyé au comité. Il doit être renvoyé au Sénat. Il doit être renvoyé au comité du Sénat. J'ai bien peur que le projet de loi ne devienne pas loi au Canada, mais qu'il meure au Feuilleton et que nous devions attendre la reprise des discussions sur ce sujet à la prochaine législature.
C'est particulièrement décevant étant donné que les libéraux ont eu des années pour y arriver. Ils ont donné comme excuse qu'ils attendaient la légalisation de la possession le 17 octobre 2018. Près de six mois se sont écoulés depuis. Aujourd'hui, dans les derniers jours du Parlement, nous pouvons soudainement en débattre.
J'espère que le cynisme n'est pas de mise. J'espère que le gouvernement veut, de bonne foi, corriger le projet de loi et l'adopter sans délai. Je dois toutefois avouer que j'en doute.
Mon projet de loi d'initiative parlementaire, qui est la contre-proposition à cette mesure législative, exigerait l'établissement d'un processus de demande de radiation. Dans un monde idéal, mon projet de loi aurait prévu une radiation automatique, comme c'est le cas au Delaware et en Californie. Dans ces États, les responsables ont passé en revue les casiers pour déterminer les cas où les personnes avaient été condamnées pour possession simple. Ces casiers ont ensuite été supprimés. C'est comme s'ils n'avaient jamais existé. Ils ont été effacés du système.
Le projet de loi à l'étude exigerait que la personne soumette une demande. Mon projet de loi aussi, puisqu'il s'agit d'une mesure d'initiative parlementaire, comme le savent les députés, et qu'un détail technique, la recommandation royale, m'empêche donc de demander au gouvernement de faire des dépenses. C'est pourquoi je n'ai pas pu prévoir une radiation automatique des condamnations comme cela s'est fait chez nos voisins du Sud, alors qu'une telle mesure serait universelle et automatique, et qu'elle profiterait particulièrement aux Canadiens autochtones et racialisés.
Prenons un instant pour regarder la situation. Alors que la consommation et la possession de cannabis sont maintenant légales, beaucoup de gens, peut-être des centaines de milliers, ont un casier judiciaire pour en avoir consommé ou possédé à l'époque où c'était illégal, et ce casier les empêche de vivre normalement.
Pourquoi faut-il rectifier la situation? Il faut la rectifier parce que des Noirs n'arrivent pas à louer un appartement en raison de leur casier judiciaire et se retrouvent au bas de la liste alors que le marché locatif est très limité. Comme je l'expliquerai plus tard, à Halifax, ce sont surtout des Noirs qui ont été condamnés et ont un casier judiciaire pour une infraction relative au cannabis.
Ce déséquilibre saute aussi aux yeux à Regina, en Saskatchewan, qu'on le croie ou non. Je ne me fonde pas ici sur des impressions personnelles, mais bien sur des données gouvernementales que j'ai obtenues grâce à une demande d'accès à l'information. À Regina, une personne autochtone est neuf fois plus susceptible d'avoir un casier judiciaire pour possession de cannabis qu'une personne non autochtone. De tels casiers sont aussi plus fréquents chez les personnes noires: elles sont cinq fois plus susceptibles que le reste de la population d'en avoir un à Halifax, et trois fois plus à Toronto. À Vancouver, une personne autochtone est sept fois plus susceptible d'avoir un tel casier. C'est donc un problème important. Nous pourrions dire que le projet de loi propose une discrimination contre les effets négatifs, donc une discrimination constructive.
C'est pourquoi il est si exaspérant que le gouvernement veuille adopter une mesure législative bâclée comme le projet de loi , au lieu de suivre l'exemple de la Californie. En effet, à San Francisco, il y a un système automatisé utilisant de l'intelligence artificielle qui permet de passer en revue les casiers judiciaires et de tout simplement supprimer ceux pour possession de cannabis.
Comparons cela à ce que le gouvernement désire que nous fassions aujourd'hui. Cependant, et c'est tout à son honneur, le gouvernement souhaite faire adopter un projet de loi qui éliminerait les frais de 631 $ associés à la suspension d'un casier judiciaire, qui avaient été instaurés par M. Harper, et abolirait la période d'attente de cinq ans. Je félicite le gouvernement de ce petit pas dans la bonne direction.
Dans les États américains que j'ai mentionnés, on supprime automatiquement le casier d'une personne. C'est comme s'il n'avait jamais existé. C'est important parce que cela permet aux gens de dire à un propriétaire qui leur pose la question qu'ils n'ont pas de casier judiciaire. De la même façon, si un employeur demande à une personne qui a été accusée plusieurs années auparavant de possession de cannabis si elle a un casier judiciaire, la personne pourra répondre par la négative parce que quand un casier est supprimé, c'est comme s'il n'avait jamais existé.
Le gouvernement nous dit de ne pas nous inquiéter. Il nous dit également que nous ne comprenons pas, car il y a une loi fédérale et des lois provinciales sur les droits de la personne selon lesquelles une personne qui a obtenu une réhabilitation ne peut faire l'objet de discrimination. Il devrait dire cela au locateur, à l'employeur et au petit entrepreneur du centre-ville d'Halifax ou de Vancouver.
C'est ridicule. Pourquoi le gouvernement ne fait-il pas ce qui s'impose correctement et d'un seul coup au lieu de proposer des demi-mesures? C'est trop peu, trop tard. C'est triste à dire, mais c'est le thème de mon intervention.
Je ne suis pas le seul qui le croit. Je suis heureux de dire que le député de reconnaît les limites du projet de loi. Il a dit:
Seule l'amnistie totale tient compte de l'incidence démesurée de l'interdiction du cannabis sur les gens de couleur et le fait que le cannabis n'aurait jamais même dû être criminalisé.
La solution que propose le gouvernement est mieux que rien, mais cela ne suffit pas, surtout lorsqu'on a l'occasion de corriger des injustices historiques.
Je cite un député libéral. C'est quelqu'un qui n'a rien à gagner dans tout cela. C'est un libéral qui se rend bien compte qu'on peut faire beaucoup mieux.
Un des arguments avancés par les libéraux pour justifier leur refus de la radiation, c'est que beaucoup de gens seraient concernés, que cela coûterait beaucoup d'argent et que cela prendrait beaucoup de temps. Pourtant, cet argument ne tient plus parce que, selon de nouvelles données, seulement quelque 10 000 Canadiens seraient concernés par le projet de loi. Ce n'est pas un très grand nombre. Pourquoi ne peut-on pas simplement supprimer les infractions de leur casier judiciaire au lieu de leur proposer juste une suspension du casier judiciaire? En effet, ces casiers pourraient revenir les hanter si l'État jugeait, un jour, qu'ils s'étaient rendus coupables d'un autre crime.
Que penser des infractions tel le fait de ne pas avoir répondu à une convocation? C'est ce qu'on appelle une infraction contre l'administration de la justice. Cela n'a rien à voir avec l'infraction réelle qu'est le fait de posséder du cannabis. Ne pas payer une amende ou ne pas se présenter au tribunal sont des exemples d'infractions contre l'administration de la justice. Dans ce genre de situations, le système de justice pénale est continuellement sur le dos de la personne concernée, même s'il s'agissait initialement d'une accusation pour possession de cannabis.
J'ai appris que les femmes autochtones sont parfois rattrapées par ces problèmes quand des différends liés à des questions de garde d'enfants surgissent. Ce n'est pas l'infraction liée au cannabis qui est à l'origine de cela, mais plutôt les autres affaires figurant dans leur casier judiciaire qui en ont résulté. C'est ridicule.
Le gouvernement affirme que la relation la plus importante est celle que nous entretenons avec les peuples autochtones. Il pourrait ici faire un petit geste qui pourrait carrément changer la vie de nombreuses personnes. Pourquoi laisser passer l'occasion de supprimer le casier judiciaire des personnes concernées afin qu'elles puissent dire qu'elles n'ont pas de casier judiciaire, qu'elles puissent entamer leur ascension dans l'échelle sociale pour se trouver un travail, un logement, et cetera? Je ne comprends pas ce qui fait que le gouvernement hésite dans ce dossier.
Le professeur Kent Roach est l'un des criminalistes les plus en vue au Canada. Récemment, dans Criminal Law Quarterly, il écrivait ceci: « L'approche du gouvernement concernant les condamnations en matière de cannabis dans la foulée de la légalisation est encore plus problématique que la loi sur la radiation [...] », un autre projet de loi dont je vais parler.
Il ajoute ceci: « Il a annoncé des plans visant à permettre à la Commission nationale des libérations conditionnelles d'accorder des pardons aux termes de la Loi sur le casier judiciaire. Il faut, là encore, que chaque personne concernée fasse une demande. C'est un problème pour les personnes les plus démunies qui ont été reconnues coupables de possession de cannabis. »
L'article se poursuit ainsi: « En laissant de côté la radiation, l'approche du gouvernement fait en sorte que les demandeurs risquent de voir les dossiers de leur condamnation et de l'arrestation être conservés par la GRC et par différents ministères fédéraux et de se retrouver face aux questions d'employeurs et de propriétaires éventuels qui voudront savoir s'ils ont déjà été reconnus coupables d'actes criminels. Il s'agit d'une approche qui est à la traîne derrière celles des États comme la Californie et le Delaware. »
L'auteur dit ensuite de mon projet de loi qu'il « [...] adopte une meilleure approche en proposant la radiation des condamnations liées au cannabis, y compris la destruction du dossier de la condamnation ».
Je ne cherche pas à faire des gains politiques. Je ne me présenterai même pas aux prochaines élections. Je suis simplement convaincu que la radiation automatique représente la meilleure solution. Les gens le méritent. J'implore le gouvernement d'amender ce projet de loi et de faire la bonne chose pour tous ceux qui sont concernés et dont la vie est en suspens tant que nous n'aurons pas pris les mesures qui s'imposent.
La suspension du casier ne fait que retirer le casier de la base de données principale, celle du Centre d'information de la police canadienne, pour envoyer les données ailleurs, où elles pourront être utilisées de façon préjudiciable dans le futur et possiblement être communiquées à d'autres ministères, ce qui aurait des conséquences indésirables.
La radiation signifie que l'infraction est rayée du casier en toutes circonstances et de façon permanente. Dans le cas d'une suspension du casier ou d'un pardon, le gouvernement indique simplement qu'il pardonne à une personne le geste criminel qu'il a posé, tandis que la radiation reconnaît que le geste en question n'aurait jamais dû être criminalisé.
J'aimerais maintenant parler de l'autre prétexte que le gouvernement a avancé pour se justifier de ne pas avoir pris les mesures qui s'imposaient.
Le gouvernement a eu la bonne idée de présenter le projet de loi , qui visait à mettre en place la Loi sur la radiation de condamnations constituant des injustices historiques. Ce projet de loi ciblait notamment les infractions visant les relations sexuelles avec une personne de même sexe, ce qui n'est plus une infraction criminelle, mais en était une auparavant. Le gouvernement disait que ces infractions seraient complètement rayées du casier des personnes concernées.
J'ai deux observations à faire à ce sujet.
Premièrement, selon les plus récentes statistiques, les députés savent-ils combien de personnes, parmi les 9 000 admissibles, se sont donné la peine de demander une radiation, depuis octobre? La réponse est 7 personnes. Par conséquent, on peut difficilement croire que ce processus de demande de radiation changera quoi que ce soit.
Deuxièmement, le gouvernement m'a dit qu'on n'avait qu'à indiquer que ce processus s'appliquerait uniquement à des injustices sur le plan constitutionnel, comme dans le cas des relations sexuelles avec une personne de même sexe.
Cet écran de fumée ne repose sur aucun principe particulier. J'ai parlé des spécialistes en droit pénal et des constitutionnalistes qui, partout au pays, affirment que cet argument ne tient pas la route. Deuxièmement, même s'il était valable — ce qu'il n'est pas —, qu'en est-il de la discrimination indirecte dont je viens de parler, c'est-à-dire la discrimination découlant d'effets préjudiciables, qui veut qu'une politique et sa mise en application touchent les Noirs et les Autochtones d'une manière extrêmement disproportionnée par rapport aux autres? Qu'en est-il de cela?
Il est absolument insensé de ne pas procéder à la suppression des casiers judiciaires liés au cannabis de la même façon que le gouvernement est prêt à le faire dans le cas des activités sexuelles entre partenaires de même sexe. Il s'agit d'un autre écran de fumée de la part des libéraux.
Je ne suis pas ici pour marquer des points politiques. Je tente simplement de persuader les libéraux de faire ce qui s'impose. Pourquoi refusent-ils de le faire? J'ai beaucoup de mal à me l'expliquer.
Le NPD réclame une telle mesure depuis des années. Je ne vais pas passer en revue tout le contexte de la situation, mais je souligne que le projet de loi à l'étude aujourd'hui comporte d'autres lacunes. Comme la Commission des libérations conditionnelles ne dispose pas des ressources nécessaires pour faire le travail, l'arriéré va s'aggraver dans le cas des demandes de réhabilitation présentées pour d'autres raisons. Hélas, toute une industrie est en place pour aider les gens à se débarrasser de leur casier judiciaire. Les députés peuvent constater que, sur Internet, une multitude de personnes souhaitent donner un coup de main aux demandeurs en échange de quelques centaines de dollars.
Les formulaires sont compliqués. Les députés pensent peut-être que ce n'est pas le cas, mais pour une personne pauvre peu éduquée qui vit dans un quartier défavorisé, cette mesure imposerait un autre fardeau. Je ne comprends pas. Pourtant, nos voisins du sud l'ont compris rapidement.
Le projet de loi comporte aussi des lacunes au chapitre de l'admissibilité. Seules les personnes reconnues coupables de possession simple seraient admissibles, ce qui signifie que toute personne ayant déjà obtenu une suspension de casier judiciaire relativement à une accusation de possession simple ne pourra pas utiliser ce processus. J'ai donné l'exemple de défaut de comparaître ou de payer l'amende. S'il y a une autre infraction au dossier, la personne ne pourra pas se prévaloir du processus accéléré.
Quelqu'un a fait remarquer que, en application du projet de loi, si une personne commet une infraction punissable sur déclaration de culpabilité par procédure sommaire, puis, quatre ans plus tard, commet une autre infraction liée au cannabis, elle pourrait devoir attendre neuf ans avant de pouvoir présenter une demande. Je ne crois pas que c'était l'intention. Toutefois, d'après les spécialistes que j'ai consultés, c'est ce que dit le libellé. C'est problématique.
Les libéraux ont eu six mois depuis la légalisation pour présenter ce projet de loi. Ce dernier fait peut-être quatre pages et demie, voire cinq pages. Pourquoi diable cela a-t-il pris autant de temps? L'éléphant a accouché d'une souris.
Le projet de loi , qui comptait 302 pages, a été étudié par le comité de la justice et adopté à toute vapeur. Par opposition, les libéraux ont mis tout ce temps pour produire le présent projet de loi, un projet de loi anémique qui compte cinq pages dans une langue et peut-être neuf pages en tout pour la version bilingue. On peut supposer que c'est simplement pour leur permettre de dire qu'ils ont tenu leur promesse, mais cela, c'est si le projet de loi de meurt pas au Feuilleton, comme s'y attendent la plupart des gens.
C'est un vrai problème. Une possibilité s'offre au gouvernement. J'espère que mon projet de loi d'initiative parlementaire, qui devrait être débattu jeudi, sera renvoyé au comité de la sécurité publique au même moment que le projet de loi à l'étude. Peut-être pourra-t-on inclure dans celui-ci certaines dispositions que je propose en matière de radiation et faire les choses correctement pour les personnes concernées, qui sont des victimes.
Je ne suis pas le seul à penser ainsi. Le a dit: « [...] les jeunes des minorités ethniques et racialisées sont surreprésentés parmi les gens qui sont pris avec un casier judiciaire pour possession simple, lequel complique encore plus leur réussite sur le marché du travail [...] ». Il semble comprendre la situation.
Les statistiques qui ont été obtenues du gouvernement en vertu de la Loi sur l'accès à l'information confirment mon propos. Je n'ai pas inventé ces statistiques troublantes sur la surreprésentation des Noirs et, surtout, des Autochtones. Le saisit les conséquences. Pourquoi, alors, les libéraux ne font-ils pas les choses correctement? Je ne comprends pas.
Le professeur Doob, célèbre professeur de criminologie de l'Université de Toronto, a déclaré:
Rien ne justifie que l'on force ceux qui ont été condamnés à vivre avec un casier judiciaire pour un comportement qui ne sera bientôt plus criminel. Le gouvernement actuel a créé une procédure pour traiter ce problème. Il devrait veiller à ce que les casiers judiciaires pour des affaires de drogue pertinentes sont radiés pour les milliers de Canadiens qui en ont un.
La sénatrice Pate, qui a parlé avec force de cet enjeu à l'autre endroit, a présenté des arguments semblables, et j'espère que les libéraux d'en face en tiendront compte.
J'ai travaillé avec une avocate très compétente à Toronto, Annamaria Enenajor, qui est directrice de la Campaign for Cannabis Amnesty. C'est une avocate de premier plan à Toronto et elle a été auxiliaire juridique auprès du juge en chef de la Cour suprême du Canada. Elle se consacre bénévolement à cette cause importante et elle affirme:
[...] le gouvernement [...] donne l'impression qu'il y a des restrictions quant à sa capacité de radier des casiers judiciaires pour la possession simple de cannabis, et qu'il n'a aucun contrôle sur ces restrictions. C'est faux. Il n'y a rien dans le droit canadien qui interdit au gouvernement de radier des dossiers pour des infractions qui ciblent injustement les communautés raciales et les communautés autochtones. Il choisit simplement de ne pas le faire. C'est une décision politique.
C'est le coeur de l'argument. Faisons les choses correctement.
Certains arguments sont peut-être bons en théorie. J'ai mentionné que, théoriquement, il est possible d'appliquer les lois sur les droits de la personne aux gens qui ont été réhabilités et ainsi de suite, mais, concrètement, ce principe ne fonctionne pas. Il y a une grave pénurie d'argent pour l'aide juridique, et ce genre d'aide couvre rarement les plaintes relatives aux droits de la personne si on a été victime de discrimination à cause de son casier judiciaire. Je suppose que, en principe, les libéraux pourraient s'arrêter là, mais, s'ils estiment que, en pratique, il s'agit d'un argument valable, il est évident qu'ils ont visité très peu de quartiers défavorisés. Beaucoup de petites entreprises et de propriétaires rédigent leurs propres formulaires de demande et ils ne connaissent peut-être pas les lois sur les droits de la personne.
Dans les derniers jours de cette législature, nous avons l'occasion historique de bien faire les choses. Radions les casiers judiciaires pour la possession de petites quantités de cannabis et aidons les milliers de Canadiens qui ont besoin d'un coup de pouce et d'une occasion de gravir l'échelle sociale. Faisons ce qui s'impose pour ces gens le plus tôt possible.
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Monsieur le Président, c'est avec plaisir que je prends la parole aujourd'hui au sujet du dernier plan des libéraux concernant le cannabis, le projet de loi , une loi visant à permettre aux personnes ayant été déclarées coupables de possession de produits illégaux dans les années passées de présenter une demande de réhabilitation.
Je souhaite féliciter les députés néo-démocrates d'avoir été en mesure d'exercer des pressions sur les libéraux et de les avoir forcés à s'occuper de la question. Le gouvernement est demeuré les bras croisés jusqu'à ce que le NPD présente un projet de loi exigeant que des mesures soient prises. Il faut les remercier d'avoir forcé le gouvernement à agir.
Évidemment, les libéraux ont dit qu'ils avaient toujours eu un plan. Cependant, pour un plan qui existe depuis longtemps, le projet de loi semble avoir été élaboré à la hâte.
Au comité de la sécurité publique, les plans du gouvernement libéral sont mal élaborés, ne font pas l'objet de consultations, et souvent, passent à côté de la plaque ou ont des conséquences négatives et des répercussions non voulues sur la population canadienne. Le gouvernement libéral a prouvé que de se draper dans sa vertu est une mauvaise façon de gérer un pays, car cette approche crée plus de problèmes qu'elle n'en résout.
Le projet de loi commet sa première erreur à la première ligne: « Loi prévoyant une procédure accélérée et sans frais de suspension de casier judiciaire ». Je suis sûr que les libéraux voulaient dire une suspension de casier judiciaire sans frais pour le demandeur, car une suspension de casier judiciaire sans aucuns frais, cela n'existe pas. En effet, le processus coûte de l'argent aux contribuables, soit 630 $. Il s'agit d'un processus de recouvrement des coûts en ce sens qu'une personne paie les frais administratifs d'une demande. Les contribuables devront payer pour chaque demande de réhabilitation, chaque demande de suspension. La suspension du casier judiciaire d'une personne ayant été condamnée pour une infraction mineure ne constitue pas un problème en soi. Toutefois, le fait d'en faire assumer les frais aux contribuables alors que des millions de Canadiens disent que le coût de la vie est hors de prix montre à quel point le gouvernement est déconnecté de la réalité des travailleurs canadiens ordinaires.
On peut difficilement dire qu'il s'agit d'une priorité pour les Canadiens et la famille canadienne moyenne. Le grand souci que beaucoup expriment dans les domaines de la justice et de la police, c'est que les priorités du gouvernement ne semblent pas correspondre aux besoins des Canadiens et du pays, notamment au chapitre de la sécurité publique, qu'il s'agisse, en milieu urbain, de lutter contre les gangs ou, en milieu rural, de disposer des ressources policières nécessaires pour contrer la hausse de la criminalité. Comme je l'ai dit à maintes reprises ici, la Chambre des communes doit avoir la protection des Canadiens pour priorité absolue, et non les impératifs politiques, les partis et les élections. La protection des Canadiens passe bien avant les intérêts politiques.
Ce n'est évidemment pas le cas pour le libéral, ses principaux ministres et ses collaborateurs. Si l'on pouvait déjà en venir à cette conclusion en fonction des priorités des libéraux dans le domaine de la sécurité publique, le scandale de SNC-Lavalin l'a mis en parfaite lumière.
Le , le greffier du Conseil privé, le ministre des Finances et les collaborateurs principaux, dont Gerald Butts et Ben Chin, ont fait remarquer que les élections étaient bien plus prioritaires que l'indépendance de l'appareil judiciaire. Le fait d'intervenir dans un procès au criminel et, très probablement, de tenter de faire obstruction à la justice en sapant l'indépendance du système judiciaire avait moins d'importance pour eux que le fait d'aider leurs amis associés à un employeur basé à Montréal. « Je suis un député du Québec », aurait répliqué le premier ministre. Malheureusement, les quelques emplois qui auraient pu être touchés, alors que de l'opinion même de SNC-Lavalin il n'y en aurait eu quasi aucun, sont minimes par rapport aux dizaines de milliers d'emplois que ma province, l'Alberta, a perdus dans le secteur énergétique.
Le premier ministre aime laisser entendre que ses paroles sont importantes, mais, malheureusement, ses gestes concrets laissent à désirer. Les priorités des Canadiens ne sont pas les priorités...
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Merci, monsieur le Président, et, oui, je demande à ma collègue d'être patiente. J'en arrive à mon propos.
Les priorités des Canadiens ne sont pas celles du présent libéral et de son gouvernement, et cela n'aurait pas pu ressortir plus clairement que lorsque deux anciennes ministres ont été expulsées de son parti. Elles ont été bannies la semaine dernière, et il y a eu bris de confiance. Hélas, même si ce sont le premier ministre et ses acolytes qui sont manifestement fautifs, ce sont les députées rejetées qui sont punies.
Le a débité un mensonge après l'autre dans une tentative de justifier ce qui s'est passé. Pour parler franchement, il n'a toujours été que trop évident pour le reste du pays qu'il a fait passer la politique avant les intérêts des Canadiens.
Les libéraux ont déposé leur projet de loi pour accorder des suspensions de casiers aux frais des contribuables. Et voilà, je reviens à la question débattue. En quoi cela correspond-il aux besoins des Canadiens ? En général, comment cela concourt-il à la sécurité publique? Les nombreux problèmes auxquels notre pays doit faire face pour protéger nos collectivités et assurer un système de justice fort et équitable vont bien au-delà des tentatives du pour passer outre à l'indépendance de l'ex- ou de la directrice des poursuites pénales.
Nous savons quels aspects de la sécurité publique connaissent des ratés au pays. D'après les données de Statistique Canada, les gangs posent un problème dans les villes du pays. Du côté du système de justice, l'engorgement des tribunaux et la nomination des juges posent problème. La criminalité en milieu rural pose aussi problème. À cela s'ajoutent la détermination des peines et le récidivisme, qui créent un phénomène de portes tournantes dans le système de justice et le système carcéral. D'autres défis touchent les laboratoires judiciaires et les ressources de la GRC. Alors que les données de Statistique Canada montrent que l'augmentation récente des crimes violents au Canada est principalement attribuable aux fusillades liées aux gangs, jusqu'à maintenant, les libéraux se sont contentés de vaines promesses.
Au lieu d'agir, les libéraux se concentrent sur des changements législatifs comme ceux que propose le projet de loi , qui cible les propriétaires d'armes à feu enregistrées plutôt que les criminels. Comme le ministère de la Sécurité publique le souligne lui-même dans son document de consultation, la grande majorité des propriétaires d'armes à feu enregistrées ne commettent pas de crime; moins de 1 % d'entre eux en commettent, en fait, d'après les statistiques du comité de la sécurité publique. Devant le problème que posent les armes illégales et la violence causée par les gangs, la réponse législative des libéraux consiste à s'attaquer à moins de 1 % du problème et à laisser de côté les 99 % qui restent.
Qu'est-ce qui pourrait être fait? Je connais un certain nombre de mesures susceptibles de renforcer la sécurité publique et de réduire le nombre de crimes violents. D'abord, il s'agirait d'utiliser les sommes que le gouvernement a promis de consacrer aux forces policières et à la lutte contre le crime organisé. Ensuite, il faudrait affecter davantage de ressources pour les poursuites pénales, les tribunaux et les laboratoires des services d'enquêtes, qui se sont tous révélés être sous-financés, surtout en raison de la récente décision de la Cour suprême de limiter la durée des procès. Enfin, il faudrait arrêter d'imposer des peines plus légères aux criminels violents, comme le propose le projet de loi . Les crimes graves méritent une punition sévère pour que la réhabilitation fonctionne. Tout porte à croire que les trois mesures dont je viens de parler sont nécessaires et auraient un effet désirable.
Par contre, faire payer par les contribuables les demandes de pardon liées au cannabis ne servirait à rien. Cette politique ne va améliorer la sécurité de personne, et seule une infime minorité de Canadiens pourraient en bénéficier. Je sais d'expérience que la plupart des individus susceptibles de poser une demande de suspension de casier judiciaire peuvent avoir reçu d'autres condamnations. Bien qu'ils puissent bénéficier d'une suspension de casier en lien avec une infraction, cela n'effacera pas nécessairement leurs autres condamnations. Pour certaines personnes, une condamnation pour possession de cannabis peut n'être qu'une parmi tant d'autres.
Quels seraient les effets du projet de loi sur les efforts constants déployés par la Chambre et le Canada pour lutter contre la criminalité dans un monde en perpétuelle évolution? Après trois ans et demi de mauvaise gestion libérale, le système judiciaire canadien est surchargé; de plus en plus de criminels sont laissés en liberté au lieu d'être inculpés ou plaident coupables à des accusations beaucoup moins graves.
En milieu carcéral, les prisonniers auront maintenant accès à des seringues n'importe quand et n'importe où. Comme les agents correctionnels nous l'ont dit et signalé plus d'une fois, même dans les pays d'Europe, que les libéraux prétendent imiter, les seringues ne se trouvent jamais au sein de la population carcérale générale; elles sont plutôt entre les mains du personnel médical. Or, au lieu de s'attaquer à la cause de la criminalité, qui est le plus souvent la dépendance, les libéraux prévoient maintenir les toxicomanes dans un état de dépendance.
L'actuel gouvernement libéral a un bilan épouvantable pour ce qui est de protéger la population canadienne contre les combattants du groupe État islamique revenus au pays. Quand nous avons demandé au comité combien de mandats de surveillance avaient été lancés contre les 60 terroristes du groupe État islamique qui sont revenus au Canada, on nous a dit qu'il n'y en avait aucun.
Même si je suis convaincu que le SCRS et la GRC s'efforcent de ne pas perdre de vue ces individus — et ces deux organisations font un travail remarquable, en dépit du fait qu'elles sont entravées dans leurs efforts par la mesure législative proposée par le gouvernement —, il ne fait aucun doute que la paperasserie et les règles de surveillance proposées dans le cadre du projet de loi rendront beaucoup plus difficile le suivi des extrémistes radicaux qui ont pris part à des crimes horribles motivés par la haine. Pour moi et de nombreux Canadiens, qui veut rejoindre les rangs du groupe armé État islamique est du côté de la violence.
Le se plaît à dire qu'il n'aime pas les radicaux ni les extrémistes, mais rien dans sa politique ne montre qu'il prend au sérieux la lutte contre les sources de la radicalisation ou la menace que représente le terrorisme intérieur. Les mots comptent, mais les actions ont des répercussions.
Toute une série de politiques radicales et néfastes ont été mises en place qui ont contribué à accentuer la présence de la drogue dans nos collectivités et n'ont donné un sentiment de sécurité accrue à personne. Qu'il s'agisse du projet de loi mal pensé sur le cannabis, qui a été adopté à la va-vite et fait fi des demandes raisonnables de la police ainsi que des professionnels de la santé, ou du risque inutile que représente la conduite avec facultés affaiblies à cause de la drogue, à ma connaissance, nous n'avons toujours pas de mécanisme fiable pour administrer des tests de dépistage des conducteurs aux facultés affaiblies par la drogue sur le bord de la route ou pour faire augmenter le nombre de sites d'injection supervisée.
C'est en examinant la situation dans les régions rurales qu'on prend conscience du risque que pose l'approche des libéraux en matière de criminalité. Dans ma circonscription, il y a une petite ville et une très grande région rurale. En Alberta, en Saskatchewan et ailleurs au pays, les Canadiens nous ont parlé de la hausse des crimes commis, pour la plupart, par des criminels urbains qui ont pour cibles les Canadiens des régions rurales, où l'intervention policière est minime, lente, et parfois même inexistante.
Les Canadiens nous ont raconté des histoires bouleversantes au sujet d'incidents violents, de difficultés financières, de vols à répétition et de traumatismes chez les victimes. Ils nous ont parlé de la peur, de l'aliénation et de l'abandon qu'ils ressentent. Ce n'est pas le Canada. Ce n'est pas ma conception du Canada, mais c'est malheureusement celle du .
Dans le projet de loi , le gouvernement propose que la suspension des casiers se fasse sans période d'attente, sans frais, sans enquête et sans examen des antécédents personnels. La commission des libérations conditionnelles, à la fois le bureau national et les bureaux régionaux, qui est chargée de tenir des audiences, a justement pour fonction d'exercer un pouvoir discrétionnaire dans l'examen des cas particuliers. Les audiences de libération conditionnelle peuvent révéler des informations essentielles au sujet de condamnations, comme une entente de plaidoyer pour des accusations moins graves même si une personne a commis des crimes graves et violents.
Même si de tels cas peuvent être très peu nombreux, on peut les traiter séparément des cas de possession simple. De plus, dans certains cas, il se peut qu'une entente de plaidoyer ait été conclue pour réduire la gravité des chefs d'accusation, mais à condition de respecter des instructions précises, comme celle de ne pas suspendre le casier, selon les antécédents de la personne concernée.
Selon l'approche proposée, ces pardons seraient une formalité. La commission ne ferait aucune enquête sur la personne et aurait peu d'occasions, voire aucune, d'exercer son pouvoir discrétionnaire. Ainsi, on pourrait accorder un pardon à une personne qui n'a pas été condamnée même s'il est évident qu'elle a continué d'adopter un comportement criminel.
Les services policiers du pays ont soulevé des préoccupations au sujet du projet de loi . Ils disent que les policiers veulent avoir l'assurance que les renseignements sur les antécédents des personnes qui posent des risques pour la sécurité et l'ordre publics seront maintenus dans les dossiers du CIPC, même dans le cas d'une personne qui a été condamnée pour possession simple.
Je vais fournir un exemple. Nombre de personnes ont dû faire face à plus d'un chef d'accusation pour une infraction criminelle grave liée à la drogue. Cependant, lors de la comparution en cour, une personne qui doit face à de multiples accusations de possession simple peut conclure une entente de plaidoyer pour réduire les chefs d'accusation. On peut le faire pour toutes sortes de raisons, que ce soit pour désengorger le système judiciaire, pour éviter qu'une personne soit obligée de témoigner ou pour s'assurer qu'une personne témoignera afin de faire condamner un criminel plus important. Comme je l'ai indiqué plus tôt, la Couronne peut négocier un plaidoyer de culpabilité pour possession simple en posant comme condition que la condamnation soit inscrite au casier de la personne de façon permanente. Ainsi, les antécédents de la personne pourraient être pris en considération dans le cadre d'autres enquêtes sur des infractions semblables.
Cela ne sert pas les intérêts des policiers ni de la collectivité sur le plan de la sécurité. Cela ne favorise pas la réadaptation de personnes impliquées dans le milieu criminel, de celles qui risquent de récidiver.
Je comprends qu'on ne peut retenir contre quelqu'un des faits non prouvés. Ce serait injuste. Toutefois, nous ne pouvons écarter les circonstances ayant mené à l'arrestation d'une personne, au dépôt de chefs d'accusation contre elle et à sa condamnation au moyen des lois et des pouvoirs discrétionnaires en vigueur à l'époque, car c'est important. La Couronne et les tribunaux n'auraient pas accepté les plaidoyers de culpabilité à l'égard d'une infraction moindre s'ils avaient su ce qui est proposé aujourd'hui. En soi, cela aurait des répercussions sur l'administration de la justice.
Il y a deux scénarios complètement différents ici: une personne arrêtée et accusée de possession d'un petit sachet de marijuana, comparativement à une personne impliquée dans un réseau de trafiquants de drogue qui plaide coupable à un chef d'accusation de possession simple. Ce sont deux personnes complètement différentes, mais, selon les modifications proposées, elles seraient traitées de la même manière. La première n'est pas un danger pour la police ou la collectivité, tandis que l'autre continue de présenter un risque. Voilà ce qu'il faut vérifier. On ne doit pas accorder un pardon généralisé.
Bien que les libéraux aiment parler du pouvoir discrétionnaire dont dispose la magistrature, ils ont retiré celui des fonctionnaires de la Commission des libérations conditionnelles et même celui de la Commission elle-même. Il importe de replacer dans leur contexte les accusations et les négociations de plaidoyer, étant donné, surtout, que bon nombre de négociations ont été faites sans que l'on puisse imaginer qu'un futur gouvernement légaliserait les drogues et imposerait des suspensions du casier judiciaire sans aucun examen ni contexte.
La Chambre devrait considérer que personne ne bénéficierait de ce projet de loi qui serait exclu autrement, et je ne vois pas comment cela peut se faire sans examen approprié.
J'espère qu'on n'empêchera pas les membres du comité d'apporter des changements mineurs et logiques qui permettraient au projet de loi de garantir la sécurité du public. On n'a déjà que trop vu de mesures législatives proposées par les libéraux qui favorisent la politique et la division au détriment de la logique et de la sécurité du public.
Pour être clair, je sais — et je crois que les députés le savent aussi — qu'il ne s'agit pas là des priorités des Canadiens en matière de sécurité publique. Ce projet de loi n'aidera pas les victimes à se remettre des traumatismes causés par des crimes violents. Il n'empêchera pas non plus les criminels de s'en prendre aux Canadiens des régions rurales. Il n'arrêtera pas la violence des gangs et ne découragera pas les jeunes de se joindre à ces gangs. Il ne réglera pas le problème des armes à feu illégales qui circulent dans le pays et n'apaisera pas les nombreuses inquiétudes qu'expriment les procureurs et les policiers dans tout le pays.
À mes yeux, le projet de loi n'est que la suite du plan des libéraux qui comporte davantage d'interventions mineures que de mesures nécessaires pour lutter contre la toxicomanie, la criminalité et la pauvreté et resserrer la sécurité publique. Le plan des libéraux ne bénéficierait qu'à un petit groupe sélect de Canadiens aux dépens des simples contribuables. En fait, dans le cadre de ce plan, on redoublerait d'efforts pour légaliser la marijuana mais on ferait abstraction de menaces réelles, graves et importantes à la sécurité publique du Canada. Cette approche ne correspond pas aux priorités des Canadiens. Bref, cette mesure législative ne s'attaque pas aux problèmes et, d'après ce que m'ont dit les policiers et les procureurs un peu partout au pays, elle ne donne pas suite à leurs préoccupations.
J'imagine que les députés libéraux seront encore une fois appelés à voter en faisant aveuglément confiance au et au . Toutefois, aujourd'hui, de plus en plus de Canadiens se rendent clairement compte que les priorités des libéraux diffèrent de celles des Canadiens.