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Monsieur le Président, j'ai le plaisir de lancer le débat à l'étape de la troisième lecture du projet de loi . Cette mesure fera en sorte que le processus de pardon pour les Canadiens condamnés seulement pour possession de cannabis soit plus simple et plus rapide. Il s'agit de la prochaine étape logique dans le cadre de nos efforts visant à établir un système plus efficace et plus sécuritaire en ce qui concerne le cannabis.
[Traduction]
Au cours de la dernière campagne électorale, nous nous sommes engagés à légaliser et à réglementer le cannabis. C'est ce que nous avons fait l'automne dernier. À cette époque, nous nous étions engagés à trouver une façon pour que les gens puissent faire suspendre leur casier judiciaire sans avoir à attendre ni à payer des frais. Nous sommes maintenant sur le point d'adopter un projet de loi qui permettra justement de faire cela.
Je remercie vivement les députés qui ont participé au débat sur le projet de loi à la Chambre. Je tiens à remercier tout particulièrement les membres du comité de la sécurité publique, qui, fidèles à leur habitude, ont procédé à une analyse approfondie du projet de loi. Je remercie également les témoins et les personnes qui ont présenté des mémoires.
D'ordinaire, pour pouvoir présenter une demande de pardon, une personne doit avoir purgé la totalité de sa peine, attendre de 5 à 10 ans, recueillir les dossiers de la police et des tribunaux et les communiquer aux autorités compétentes, et payer des frais de traitement de 631 $. Elle doit aussi convaincre un membre de la Commission des libérations conditionnelles qu'elle répond à certains critères subjectifs, notamment le fait qu'elle s'est bien conduite, que le pardon constituerait pour elle un avantage mesurable et que l'octroi du pardon n'est pas susceptible de déconsidérer l'administration de la justice.
Même si le processus est long et coûteux, des gens n'hésitent pas à y avoir recours parce que le pardon revêt une valeur inestimable. Le comité de la sécurité publique a étudié la question des pardons en long et en large, non seulement dans le contexte de ce projet de loi, mais aussi dans le cadre d'une étude plus vaste lancée à la suite de la motion M-161 proposée par le député de .
Selon un témoin représentant les sociétés Elizabeth Fry ayant été entendu au cours de cette étude, obtenir un pardon est comme « pouvoir tourner la page ». Les gens peuvent alors « emprunter des chemins qui leur étaient fermés ». Un témoin représentant la Société John Howard est d'avis que, grâce au pardon, la personne « peut à nouveau se rendre utile à la société sans continuer d'être punie pour ses erreurs passées ».
Lorsqu'une personne a bénéficié d'un pardon, toute vérification faite à son sujet indique qu'elle n'a pas de casier judiciaire. Elle peut ainsi plus facilement obtenir un emploi, faire des études, louer un appartement, voyager, faire du bénévolat ou simplement vivre sa vie sans avoir à porter le fardeau d'un casier judiciaire ni à subir la stigmatisation qui en résulte.
Il est clair que, depuis que la possession de cannabis est légale, une personne qui n'a jamais été condamnée pour autre chose qu'avoir eu du cannabis en sa possession devrait pouvoir se débarrasser de son casier judiciaire. Compte tenu des conséquences disproportionnées qu'a eues l'interdiction du cannabis sur les communautés marginalisées, il est important que la procédure soit aussi simple, directe et accessible que possible.
Voilà pourquoi le projet de loi prévoit la suppression complète des frais de traitement d'une demande de 631 $ ainsi que l'élimination du délai d'attente. De plus, nous faisons complètement disparaître le risque que la Commission nationale des libérations conditionnelles rejette une demande en invoquant des critères subjectifs comme la bonne conduite.
Par ailleurs, grâce à l'amendement que la députée de a fait accepter par le comité, les gens pourront faire une demande même s'ils n'ont pas payé des amendes ayant résulté d'une déclaration de culpabilité pour possession de cannabis.
Grâce à un amendement que nous avons adopté hier à l'étape du rapport, les gens qui n'ont reçu qu'une amende n'auront pas à inclure des documents judiciaires dans leur demande. En effet, on demande ces documents principalement pour confirmer que l'amende a été payée, ce qui n'a plus d'importance. Ensemble, ces mesures éliminent de nombreuses dépenses et obstacles qui pourraient empêcher les gens de demander un pardon et de passer à autre chose.
Je me réjouis de l'appui enthousiaste qu'ont manifesté les députés envers le projet de loi hier. Le projet de loi crée un processus simple et sans détour, qui ne met pas d'obstacles inutiles sur le chemin des demandeurs.
Durant l'étude du projet de loi , on a demandé pourquoi il propose un système où il faut présenter une demande. Certains ont demandé pourquoi on n'envisageait pas de faire comme certaines municipalités de la Californie, qui ont effacé tous les casiers judiciaires en appuyant simplement sur un bouton. Au Canada, il y a une base de données pour les casiers judiciaires, mais elle ne contient pas suffisamment de renseignements pour que nous puissions accorder un pardon de manière proactive.
D'une part, elle ne contient généralement pas les informations sur les infractions punissables sur déclaration de culpabilité par procédure sommaire, ce qui est l'accusation la plus courante pour la possession de cannabis. D'autre part, elle n'indique généralement pas si la personne avait en sa possession du cannabis ou une tout autre substance.
Ce sont les policiers à l'échelle du pays qui entrent l'information dans la base de données. La plupart du temps, pour une accusation de possession de drogue, le policier entre tout simplement « possession d'une substance désignée ». Ce pourrait être du cannabis, mais ce pourrait aussi être de la cocaïne.
Pour obtenir plus de renseignements et tenir compte autant des infractions punissables sur déclaration de culpabilité par procédure sommaire que des actes criminels, il faut consulter les documents de la police et des tribunaux. Contrairement à la Californie, un très grand nombre d'autorités conservent ces documents. Ils se trouvent dans les archives municipales et provinciales de partout au pays. Elles ont chacune leur propre système d'archivage des casiers judiciaires.
Beaucoup d'instances canadiennes n'ont pas numérisé leurs dossiers. Ils se trouvent dans des boîtes et des classeurs, dans les sous-sols des tribunaux locaux et des stations de police. Sans un système de demandes qui permet à la Commission des libérations conditionnelles de cibler les documents pertinents, d'énormes ressources en personnel devraient passer de nombreuses années à éplucher tous les dossiers. En fait, il serait extraordinaire d'avoir accès à une option automatique comme celle utilisée en Californie. Nous ne demanderions pas mieux que d'appuyer sur un bouton. Au Canada, il est toutefois impossible sur le plan physique de le faire dans un délai raisonnable. Néanmoins, nous sommes bien conscients de l'importance de rendre le système de demandes prévu dans le projet de loi aussi simple et accessible que possible.
Le comité de la sécurité publique a recommandé de continuer à chercher des façons de réduire encore plus le coût pour les demandeurs. Nous avons donc présenté un amendement à l'étape du rapport qui supprime le besoin des dossiers des tribunaux pour certains demandeurs, et nous continuerons de travailler en ce sens.
Le comité a également encouragé la Commission des libérations conditionnelles à examiner les options pour passer à un système plus numérique qui serait en mesure de recevoir des demandes électroniques, ce qui est particulièrement important pour les Canadiens dans les régions rurales.
Pour les raisons que j'ai déjà mentionnées, la mise en place d'un système entièrement électronique supposerait des améliorations technologiques non seulement à la Commission des libérations conditionnelles, mais aussi dans les provinces, les territoires et les municipalités. L'ampleur de cette initiative est considérable, mais je pense que nous savons tous que cela doit se faire à un moment donné. Nos petits-enfants ne devraient pas avoir à manipuler les documents papier que nous utilisons aujourd'hui. J'appuie donc la recommandation du comité visant à ce que cette amélioration se concrétise le plus rapidement possible.
Entretemps, la Commission des libérations conditionnelles prend un certain nombre de mesures pour simplifier le processus de demande de diverses façons. Elle simplifie son site Web et son formulaire de demande. Elle offrira une ligne téléphonique spéciale sans frais et une adresse courriel pour fournir de l'aide aux gens qui en ont besoin pour remplir leur demande. Elle élabore une stratégie de sensibilisation communautaire destinée tout particulièrement aux groupes les plus touchés par la criminalisation de la possession de cannabis afin de veiller à ce que les gens sachent que ce nouveau processus accéléré existe et comment s'en prévaloir, puisque l'accès au processus est l'élément le plus important de cette initiative. Nous voulons que le plus grand nombre de Canadiens possible tirent parti de cette possibilité de suspendre leur casier judiciaire et de tourner la page. Cela sera bon pour eux et pour l'ensemble de la société.
Je voudrais conclure en rappelant à la Chambre à quel point le dossier du cannabis a avancé au cours de la présente législature: il y a eu le groupe d'experts présidé par Anne McLellan, les vastes consultations pancanadiennes menées dans des collectivités de tout le pays, l'adoption des projets de loi et , les deux ayant été étudié en profondeur par les deux Chambres du Parlement, et l'entrée en vigueur du projet de loi C-45 en octobre dernier.
Comme promis, nous avons légalisé et réglementé le cannabis dans le but de le garder hors de la portée des enfants et d'empêcher les criminels de tirer profit de son commerce, et les premiers signes sont encourageants. Selon Statistique Canada, au cours des trois premiers mois de 2019, la part détenue par les criminels sur le marché global du cannabis est passée à seulement 38 %, ce qui correspond à une baisse de 51 % par rapport à la même période il y a un an. Récemment, Alec Castonguay, journaliste pour le magazine L'actualité, a mentionné ceci au sujet de ces chiffres: « Le crime organisé n’a plus la mainmise totale sur le marché du cannabis. Il recule. »
La prohibition du cannabis était contre-productive. Ce fut un échec en matière de politique publique. Le nouveau régime que nous avons mis en place en octobre dernier montre déjà des signes encourageants, et le projet de loi est la suite logique. J'encourage tous les députés à se joindre au gouvernement pour adopter ce projet de loi afin que le Sénat puisse entamer son examen et que les Canadiens puissent commencer à profiter de la nouvelle procédure de pardon simplifiée et accélérée dès que possible.
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Monsieur le Président, je me lève aujourd'hui pour parler du projet de loi .
Avant de parler du projet de loi C-93, je dois dire quelques mots au sujet du projet de loi , car le projet de loi C-93 le complémente. Un des rares accomplissements du au cours des quatre dernières années est un projet de loi bâclé sur toute la ligne. Dès le départ, le projet de loi , a été très mal accueilli, particulièrement à cause de la façon dont le projet de loi a été construit à l'époque. La réception du projet de loi C-45 a été négative puisque la légalisation de la marijuana était de loin la question nationale la plus importante pour le . Au lieu de s'occuper des activités du crime organisé, de la violence faite aux femmes ou de l'économie, on a préféré mettre l'accent sur le projet de loi C-45 afin de légaliser la marijuana. C'était très pressant.
Dans son discours, la a mentionné des informations obtenues auprès du journaliste Alec Castonguay, de L'actualité. Selon M. Castonguay, le crime organisé connaît une baisse des ventes. J'aimerais demander à ma collègue de fournir plus d'informations vérifiables auprès des corps policiers, tels que la GRC et l'Association canadienne des policiers, qui sont sur le terrain et qui reçoivent sûrement des informations beaucoup plus techniques, à la disposition du gouvernement. Malheureusement, nous, nous ne pouvons pas consulter ces informations. M. Castonguay est un excellent journaliste, mais je crois que le gouvernement pourrait nous donner des informations plus précises.
Ce qui était le plus important pour le , c'était que les Canadiens et les Canadiennes, d'un océan à l'autre, aient accès au cannabis. La Chambre se rappellera peut-être que c'était sa première promesse électorale. Maintenant que le projet de loi est devenu loi, le premier ministre réalise qu'il a oublié une étape. C'est pourquoi, aujourd'hui, à la fin de la session parlementaire, nous devons étudier le projet de loi .
En 2015, le premier ministre avait promis un gouvernement ouvert et transparent. Il avait promis de sauver le Canada du méchant Stephen Harper. Il avait fait énormément de promesses. Beaucoup de Canadiens lui ont fait confiance et accordé leur vote, et certains ont cru à son message d'espoir, à un point tel qu'ils ont décidé de se présenter comme candidat lors de la dernière campagne électorale. Ils disaient tous « parce que nous sommes en 2015 ». Aujourd'hui, en 2019, après avoir été désabusés et avoir observé les nombreuses bévues du premier ministre, un grand nombre de Canadiens, et même certains députés libéraux, ont carrément jeté l'éponge.
Les Canadiens sont fatigués de voir le danser quand c'est le temps de travailler. Ils sont frustrés de voir leur premier ministre parler quand c'est le temps d'agir. Ils sont inquiets de voir le premier ministre accueillir des terroristes, des tueurs à gages et d'autres criminels, sans vouloir lever le petit doigt pour venir en aide aux victimes de trafic humain et à nos vétérans, qui ont tout donné pour le Canada. Ils en ont marre de voir les libéraux s'attaquer aux gens respectueux de la loi, fermer les yeux sur les activités du crime organisé et donner une chance aux traîtres du groupe État islamique. Ils en ont marre.
Ils ont vu le premier ministre s'attaquer aux femmes de son cabinet parce qu'elles lui ont résisté. Quel était leur crime? Elles voulaient simplement respecter la loi.
Les Canadiens et les députés libéraux qui ont décidé de ne pas revenir en ont marre de voir le refuser d'assumer la responsabilité de ses bévues, et, en octobre, les Canadiens agiront. À vrai dire, plusieurs députés libéraux ont déjà agi. Plusieurs ont quitté le caucus et d'autres ont déjà annoncé qu'ils quittaient la vie politique. Le Toronto Star est déjà en train de faire la promotion d'un remplaçant potentiel au poste de chef du Parti libéral. Eux aussi en ont marre, mais c'est une autre histoire.
Le projet de loi vise à apporter des changements au processus de réhabilitation et à éliminer les frais pour les Canadiens ayant déjà été reconnus coupables de possession de marijuana par le passé. Faisant suite à la légalisation du cannabis, en octobre 2018, ce projet de loi vise à aider les Canadiens qui ont été condamnés pour une chose maintenant légale sans devoir attendre le délai habituel ou payer des frais autrement liés à la suspension de casier judiciaire. Normalement, un contrevenant doit attendre de cinq à dix ans, selon le type de condamnation, après avoir purgé sa peine, et le coût de la demande est de 631 $.
Cette mesure législative semble être une autre proposition précipitée à des fins politiques. Il est évident que les libéraux n'ont pas pris le temps de bien l'analyser. Dans son état actuel, ce projet de loi propose une nouvelle catégorie de suspension de casier qui ne peut pas être facilement révoquée et qui peut être accordée automatiquement sans aucun aperçu des antécédents de la personne. Tout comme dans le cas du projet de loi , nous nous engageons à corriger ce projet de loi en octobre, lorsque nous formerons le gouvernement. Nous voulons nous assurer de maintenir l'intégrité de notre système de suspension de casier.
Nous soutenons l'idée du processus de pardon accéléré, mais nous souhaitons nous assurer qu'il est équitable. C'est pourquoi nous avons proposé des amendements. Nous avons vu très vite des possibilités d'améliorer ce projet de loi, mais les libéraux, avec leur majorité au comité et à la Chambre, ne ressentent plus le besoin d'écouter les Canadiens. Par exemple, nous avons proposé qu'il soit permis que les demandes de suspension de casier soient effectuées par l'entremise d'un portail en ligne. Ma collègue en a parlé plus tôt, alors je la remercie, puisque c'est une nouveauté pour moi. On a finalement écouté les députés conservateurs, mais il reste que cet amendement a été refusé. Cette mesure aurait non seulement permis aux contribuables de faire des économies, mais elle aurait aussi facilité l'accès aux demandes pour les Canadiens.
Par ailleurs, nous avons proposé une mesure visant à permettre aux demandeurs dont le dossier a été détruit de signer un affidavit dans lequel ils expliquent leur situation et certifient être admissibles. Cela aurait donné lieu à un processus encore plus équitable. Les libéraux ont accepté cet amendement au comité, mais ils ont fait volte-face à l'étape du rapport et ont décidé de le rejeter. Encore une fois, je reste très dubitatif.
Pourquoi refuser une mesure proposée par les conservateurs qui vise à aider la population? Nous ne sommes pas trop d'accord sur l'ensemble du processus, mais nous avons décidé d'essayer de l'améliorer. Nos collègues libéraux avaient accepté ce changement en comité. Alors, pourquoi le gouvernement l'a-t-il refusé par la suite à l'étape du rapport? Nous n'avons pas encore compris pourquoi cet amendement a été rejeté.
D'autre part, nous avons proposé de rétablir le pouvoir de la Commission des libérations conditionnelles de procéder à des enquêtes pour déterminer la conduite du demandeur depuis la date de la déclaration de culpabilité. Évidemment, un individu qui a commis d'autres crimes depuis sa condamnation originale ne devrait pas être admissible au pardon au même titre qu'une personne qui n'a pas récidivé. Les libéraux ont aussi rejeté cette proposition.
Un autre de nos amendements visait à rétablir le pouvoir de la Commission des libérations conditionnelles d'enquêter sur tous les facteurs dont elle pourrait tenir compte pour déterminer si le fait d'ordonner la suspension de casier serait susceptible de discréditer l'administration de la justice. Évidemment, les libéraux ont défait cet amendement.
Nos propositions étaient donc sérieuses et équilibrées, mais les libéraux, avec leur majorité au comité et à la Chambre, en ont fait à leur guise. Ils n'ont accepté qu'un seul de nos amendements, celui qui exigeait que la Commission inclue dans son rapport annuel un examen du taux de réussite de cette loi et des coûts associés. On comprendra que ce n'était que pour nous faire plaisir. Je les remercie, mais c'est tout de même un peu insultant de se faire refuser ces amendements, compte tenu de la façon dont nous avons travaillé en comité.
À la Chambre, il y a souvent des combats idéologiques. Le NPD pense d'une façon, les libéraux pensent d'une façon, les conservateurs pensent d'une façon et le Parti vert pense d'une autre façon. Cependant, lors de l'étude en comité, nous avons mis de côté l'idéologie pour proposer des amendements d'ordre technique qui n'avaient rien à voir avec l'idéologie. Alors, si nous essayons de collaborer et que cela ne fonctionne pas, les gens de l'autre côté ne doivent pas se surprendre qu'il y ait une certaine friction dans certains dossiers.
Voilà de nombreux exemples qui démontrent que les libéraux prennent le crime à la légère. Les amendements que nous avons proposés auraient permis d'améliorer l'équité procédurale du projet de loi et auraient donné à la Commission des libérations conditionnelles de meilleurs outils pour appliquer cette nouvelle loi plus efficacement.
De plus, dans son état actuel, ce projet de loi permet l'obtention d'un pardon même avant que les amendes soient payées. Cela me semble encore être de la très mauvaise comptabilité. En d’autres mots, les amendes demeureront aux dossiers des individus, mais les provinces n’auront aucune façon de les récupérer. On constate que le projet de loi est bâclé, comme le projet de loi . Ce sont les éléments d’un projet de loi qui a été précipité pour remplir des promesses à la dernière minute. Dans son discours, la secrétaire parlementaire a dit qu'on réglerait tout cela plus tard. Quand on veut tout précipiter, on prend des raccourcis.
En octobre, lorsqu'un nouveau gouvernement conservateur sera élu, nous devrons refaire ce travail pour nous assurer que tous les acteurs impliqués, les agences, les organismes et les provinces, ont des réponses à leurs questions. Il y a encore énormément de questions qui demeurent sans réponse.
En ce qui concerne le processus de suspension de casier, le ministère de la Sécurité publique évalue le coût de la mesure à environ 2,5 millions de dollars. Jean Chrétien avait dit que le registre des armes coûterait 2 millions de dollars, alors qu'il a coûté 2 milliards de dollars. Nous savons que cela ne risque pas d'arriver, bien sûr, mais on sait ce que valent les évaluations.
Par ailleurs, alors qu'environ 250 000 personnes ont déjà été accusées de possession simple de marijuana au Canada, les fonctionnaires estiment que seulement 10 000 personnes vont faire une demande, et peut-être moins. C'est intrigant. Pour obtenir le chiffre de 2,5 millions de dollars, on a donc déterminé que la demande coûterait à l'État 250 $ par personne. Si c'est moins que le chiffre actuel de 631 $, c’est parce qu'on n'aura pas besoin de faire une vérification des antécédents comme c'est habituellement le cas.
Cela dit, il me semble que 10 000 personnes, ce n’est pas beaucoup. Au début, notre information nous indiquait que 500 000 personnes avaient été accusées de possession simple de marijuana. Finalement, les fonctionnaires nous ont dit qu'il y en avait 250 000. Il est aussi surprenant qu'on s'attende à ce que seulement 10 000 personnes fassent une demande. Selon différents facteurs d'évaluation, le gouvernement ne s’attend pas à ce que plus de personnes fassent une demande de pardon.
Quant à l’autre option, la radiation, elle entraînerait des coûts minimaux, mais ne tiendrait pas compte du cas des individus accusés d’infractions plus graves qui ont négocié une accusation moindre, comme la possession simple de marijuana, ou qui étaient en possession d’une quantité de marijuana toujours illégale aujourd’hui. Ce sont des facteurs qui peuvent être problématiques. Les juges, les procureurs de la Couronne ou les policiers négocient des ententes avec des individus coupables d’autres infractions pour accélérer le processus, mais si on ne tient pas compte des antécédents dans le processus de pardon, ceux-ci vont pouvoir se tirer d'affaire, alors qu'ils ont commis une infraction différente.
À ce sujet, Tom Stamatakis, président de l’Association canadienne des policiers, a dit ceci:
Dans de telles situations, il est possible que la Couronne et le tribunal aient accepté une entente sur plaidoyer en raison du fait que la déclaration de culpabilité allait témoigner de façon permanente de l'infraction. En outre, ils n'auraient pas accepté un chef d'accusation moindre s'ils avaient su que le chef d'accusation pourrait être éliminé par la suite sans possibilité d'examen.
C’est pourquoi, à la suite du témoignage de l’Association canadienne des policiers, nous avons déposé un amendement au projet de loi visant à supprimer l’article 6.
Dans son empressement à respecter le programme législatif qu’il s’était lui-même imposé, le n’a pas tenu compte des nombreuses préoccupations des municipalités, des forces de l’ordre, des employeurs, des scientifiques et des médecins sur la mesure législative de la légalisation du cannabis. De même, les libéraux ont adopté ce projet de loi concernant la légalisation de la marijuana dans les dernières semaines de la session parlementaire et n’ont pas consulté les principaux acteurs, y compris les forces de l’ordre.
Maintenant que la marijuana est légale, les conservateurs comprennent que les casiers judiciaires liés à la possession simple de cannabis ne devraient pas constituer un fardeau injuste pour les Canadiens, mais nous allons surveiller la mise en œuvre de ce projet de loi et nous nous engagerons à vérifier son efficacité ainsi que son équité lorsque nous formerons le gouvernement en octobre prochain.
Comme dans le cas du projet de loi , les conservateurs apporteront des modifications au projet de loi afin de s'assurer qu'il permet d'offrir efficacement un accès approprié aux suspensions des casiers sans frais. Nous croyons que les Canadiens devraient avoir un accès rapide à la suspension du casier sans frais et nous veillerons à ce que la loi maintienne l'intégrité de la Commission des libérations conditionnelles du Canada, afin de permettre aux Canadiens de suspendre leurs casiers.
En octobre, quand nous allons former le gouvernement, nous aurons beaucoup de ménage à faire. Nous allons accorder la priorité aux vrais besoins des Canadiens, que ce soit leur sécurité ou leur prospérité. Nous allons agir pour eux. Quand nous irons en Inde, ce sera pour des raisons autres que le fait de porter des costumes ou de danser. Quand nous irons à Washington, ce sera pour essayer de réparer les dégâts du nouvel accord de libre-échange. Quand nous investirons l'argent des contribuables, je garantis que ce ne sera pas pour récompenser des meurtriers, des terroristes ou des dictatures qui détiennent nos citoyens sous de fausses accusations. Nous allons régler le bordel à nos frontières. Nous allons mettre en priorité les nouveaux Canadiens respectueux de la loi canadienne et nous allons sévir à l'endroit de ceux qui trichent et qui passent devant les autres. Nous allons être gouvernement compatissant envers les démunis, mais aussi envers les contribuables. Nous allons agir pour améliorer l'environnement sans avoir à piger dans les portefeuilles des citoyens.
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Monsieur le Président, je suis heureux de me lever à la Chambre des communes pour parler du projet de loi .
Comme je le mentionnais un peu plus tôt, je trouve que ce projet de loi ne va pas assez loin. C'est trop peu et c'est aussi trop tard dans les procédures. Je vais m'expliquer. C'est trop peu, parce que ce projet de loi arrive après l'adoption du projet de loi sur la légalisation du cannabis. Le gouvernement a donc trainé la patte pour ce qui est de la suspension des casiers judiciaires. Il a trop longtemps attendu. Pendant ce temps, la légalisation de la marijuana est entrée en vigueur, mais des gens ont un casier judiciaire pour possession simple de cannabis. Il faut bien comprendre qu'on ne parle pas ici de trafic de marijuana, mais de possession simple. Ces gens ont un casier judiciaire pour possession simple, alors qu'aujourd'hui, c'est légal de consommer de la marijuana.
En passant, c'est légal, mais cela ne veut pas dire que c'est souhaitable. Je tiens à dire que, même s'il est légal de consommer de la marijuana, ce n'est vraiment pas souhaitable de le faire. Je tiens aussi à dire que, dans la mesure législative qui légalisait la marijuana, il aurait dû y avoir aussi une vaste campagne de santé publique pour informer les gens des effets de la marijuana et de ses dangers. La marijuana est comme toute autre substance. L'alcool, par exemple, est légal, mais il peut entraîner une dépendance. Je sais de quoi je parle, je connais des gens qui ont une dépendance à l'alcool. La marijuana aussi peut entraîner une dépendance. C'est évidemment aussi le cas de la cigarette, une autre substance légale; c'est un produit effroyable qui entraîne de la dépendance. Ce sont des produits légaux. On peut légaliser ces produits, mais il faut aussi informer la population de leurs dangers.
Ici, il est question de gens qui ont un casier judiciaire pour possession simple. Il ne s'agit pas de trafic, il s'agit vraiment de gens qui se sont seulement fait prendre pour possession simple. Ces gens ont donc un casier judiciaire à cause de ce qu'on peut maintenant faire en toute légalité depuis quelques mois déjà. On ne devrait jamais criminaliser les consommateurs de stupéfiants. On devrait plutôt voir cela comme un enjeu de santé publique. Je pense, par exemple, à la crise des opioïdes qui sévit gravement partout au Canada. Il faut adopter une approche de santé publique.
Ce projet de loi est arrivé trop tard, parce que cela fait déjà plusieurs mois que la légalisation est en vigueur. Or nous n'étudions cette mesure législative qu'aujourd'hui. Cette mesure législative permet la suspension des casiers judiciaires. Cela veut dire qu'on met les casiers judiciaires de côté, mais sans qu'ils soient radiés.
Cela veut dire que, encore aujourd'hui, les gens qui se verront accorder une suspension de casier judiciaire auront une épée de Damoclès au-dessus de la tête. Ils se demanderont ce qui arrivera lorsqu'ils essaieront de louer un appartement, lorsqu'ils essaieront de trouver un travail ou lorsqu'ils voudront faire du bénévolat. On leur demandera s'ils ont un casier judiciaire et ils devront répondre qu'ils ont un casier judiciaire en suspension. Leur casier judiciaire ne sera pas complètement radié. C'est la même chose lorsqu'ils voudront voyager. Qu'est-ce qui va arriver lorsqu'ils voudront voyager? Si on avait vraiment voulu faire les choses correctement, on aurait adopté l'excellent projet de loi de mon collègue de .
Son projet de loi a été présenté il y a longtemps. En octobre 2018, mon collègue de a présenté une bonne mesure législative. On était prêt. De notre côté, nous avions fait nos devoirs. Au lieu de se servir de ce beau projet de loi, les libéraux ont montré qu'ils ne se souciaient aucunement des Canadiens et des Canadiennes détenant un casier judiciaire pour possession simple de cannabis, ce qui est présentement inutile, et qui sont aux prises avec des obstacles liés à l'emploi et au logement, entre autres.
De plus, il est bien trop tard pour se réveiller. Il ne reste même pas trois semaines avant la fin de la législature. Or c'est maintenant qu'on se réveille et qu'on présente ce projet de loi. Nous sommes à l'étape de la troisième lecture. On se dépêche et, malheureusement, on tourne les coins ronds. On fait donc les choses à moitié. Cela est vraiment préoccupant.
Je vais me permettre de parler d'un organisme à but non lucratif qui œuvre dans ma circonscription ou dans la région du Centre-du-Québec. Il s'agit d'un organisme très important. Comme on l'a dit, le problème en lien avec la philosophie libérale, c'est de ne pas avoir mis l'accent sur les ressources.
Je voudrais parler d'une ressource extrêmement importante. L'organisme s'appelle Action Toxicomanie. Cet organisme est issu de la communauté depuis 1991. Il offre des projets dans la région du Centre-du-Québec et de Drummond.
L'organisme rejoint un nombre important de jeunes, grâce à ses intervenants en prévention des toxicomanies qui sont également intégrés dans les établissements scolaires. Action Toxicomanie est un organisme communautaire à but non lucratif qui réalise des activités de promotion de saines habitudes de vie et de prévention des dépendances chez les jeunes de 10 à 30 ans. Comme je le disais, l'organisme a une approche globale qui mise sur la promotion de la santé physique et mentale ainsi que sur le développement des compétences sociales. Les interventions peuvent être individuelles ou de groupes, et elles visent le développement des connaissances et des capacités individuelles.
Sur le site Web d'Action Toxicomanie, on retrouve les engagements de l'organisme: prévenir l'émergence de problèmes de dépendance; fournir des informations justes sur les différentes substances et dépendances associées; favoriser le développement de compétences sociales; informer et soutenir les parents et les adultes; intervenir auprès d'adolescents et d'adultes présentant un problème en émergence de consommation; et diriger et accompagner les adolescents présentant un problème évident de consommation vers les services spécialisés.
Je félicite toute l'équipe d'Action Toxicomanie pour l'excellent travail qu'elle fait auprès de nos jeunes. C'est extrêmement important d'avoir des ressources comme celle-ci. C'est cela que je mentionne depuis le début. En ce qui a trait à la légalisation de la marijuana, le gouvernement a mis la charrue devant les bœufs. Les libéraux se sont dépêchés de légaliser la marijuana, mais ils ont oublié de s'assurer de la santé publique des citoyens et des citoyennes du Canada; de s'assurer d'avoir un vaste plan d'information et de prévention pour les citoyens; de s'assurer d'avoir des bonnes ressources pour les provinces et les municipalités, afin qu'elles soient prêtes pour ce changement majeur dans notre société; et de s'assurer que nos organismes de prévention de la toxicomanie et d'information pour nos jeunes sont outillés et prêts, et qu'ils ont les ressources nécessaires pour aller dans les écoles et dans les communautés où ils ont besoin d'être présents pour informer les citoyens. Par conséquent, je trouve cela difficile, voire impossible, d'appuyer le projet de loi.
Je me permets de faire une parenthèse. Nous parlons de la santé physique et de la santé mentale. Je viens de parler d'un très bon organisme, soit Action Toxicomanie.
J'aimerais aborder le livre N'oublie jamais, de Grégory Charles, que ma mère m'a donné. C'était peut-être un message: elle me disait de ne jamais oublier de penser à elle, de ne jamais oublier de l'appeler ou de ne jamais oublier d'aller la voir. Les mères envoient des messages subtils comme cela. Ce livre parle de la maladie d'Alzheimer.
Gregory Charles vient de Saint-Germain-de-Grantham, dans ma circonscription. Il y a passé sa jeunesse. Tout récemment, il est venu à l'École Jean-Raimbault, à Drummondville, pour parler aux jeunes de sa passion, de sa foi en la musique et de ses belles valeurs. Il a fait cela pour les jeunes. Il est venu voir les jeunes en concentration musique, avec qui il a passé plus d'une heure à jouer de la musique avec eux. Je voulais simplement souligner l'attention qu'il a donnée à ces jeunes.
Son livre souligne l'importance du travail et des valeurs ainsi que celle de s'occuper des gens près de nous. Je pense que c'est ce que ma mère voulait me dire en me donnant ce livre. Je la remercie de ce geste.
Je remercie Gregory Charles de ce qu'il a fait pour la communauté de Drummond, et je félicite l'équipe de l'École Jean-Raimbault, plus précisément Denis Lambert, l'instigateur de cette belle initiative.
J'aimerais donner quelques autres exemples.
Dans le cas de la légalisation de la marijuana, le gouvernement ne prend que des demi-mesures. Avant de les aborder, je vais mentionner un autre exemple de demi-mesures, soit celles de la crise du logement.
À Drummond, nous vivons une crise du logement. Le taux d'inoccupation est de 1,7 %. Le taux d'inoccupation des logements avec trois chambres est de 0,4 %. De plus, les prix sont en forte hausse. Plus de 15 000 ménages locataires de Drummondville doivent débourser plus de la moitié de leur revenu annuel pour se loger. Quand les ménages doivent prendre la moitié de leur revenu annuel pour se loger, il ne reste plus beaucoup d'argent pour les autres besoins.
Le directeur général de l'Office municipal de l'habitation de Drummond, M. David Bélanger, a dit:
Quand tu dois mettre près du tiers de ton revenu sur ton logement, il y a évidemment d’autres besoins qui ne sont pas comblés. Nous, on a des projets en élaboration pour avoir plus de logements abordables. Car la crise du logement comporte deux aspects: l’accessibilité et l’abordabilité.
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Monsieur le Président, je vais expliquer le contexte à mon honorable collègue, qui n’a pas tout à fait bien suivi mon discours, parce que j’ai bien mentionné que je faisais un petit aparté pour expliquer en quoi le projet de loi sur le pardon était une demi-mesure. Je donnais un autre exemple de demi-mesure de la part du gouvernement libéral. Je vais évidemment revenir au sujet du pardon dans quelques instants.
Ce que je voulais dire, c’est qu’il y a aussi des demi-mesures dans le domaine du logement. C’est un autre exemple. En effet, si on me permet de terminer mon idée, une personne sur cinq au Canada consacre plus de 50 % de son revenu à se loger. Disons-le. Même si le gouvernement libéral a une stratégie nationale sur le logement, 90 % de son financement n’arrivera qu’après la prochaine élection. Ce n’est pas une stratégie nationale sur le logement qui a été annoncée, c’est une promesse électorale. D’ailleurs, en février 2019, le gouvernement libéral a voté contre une motion du NPD demandant d’agir rapidement en créant 500 000 unités de logement abordable de qualité au cours des 10 prochaines années. C’était une belle demande, une belle mesure que le gouvernement aurait pu prendre et qui aurait répondu au besoin criant de logement accessible et abordable dans Drummond. Trop de citoyens paient plus du tiers de leur revenu annuel pour se loger, trop de citoyens paient la moitié de leur revenu annuel. Ils ont de la misère à se loger et ils font face à une crise du logement. Il y a non seulement un problème d’accessibilité relatif au nombre de logements, mais surtout un problème d’accessibilité au logement abordable.
Je reviens au sujet dont nous parlions, c’est-à-dire le manque d’ambition de ce gouvernement dans le projet de loi Pourquoi y a-t-il ce manque de planification et ce manque d’ambition?
Comme je le mentionnais, nous, nous étions prêts depuis octobre 2018 à présenter un projet de loi qui n’aurait pas suspendu les casiers judiciaires, mais qui les aurait complètement radiés. C’est pour rassurer les gens qui ont un casier judiciaire non pas pour du trafic de drogue, mais pour possession simple de cannabis. Ce sont des gens qui avaient un problème de santé et qui consommaient une substance qui était illégale, à cette époque-là, mais qui est devenue légale aujourd’hui. Nous avions un plan à cet égard.
En conclusion, je parlerai d’un autre exemple, celui de la lutte contre les changements climatiques. Le gouvernement libéral prend des demi-mesures. Il va atteindre les faibles cibles de Stephen Harper pour 2030, 200 ans trop tard. Il dit qu’il va prendre des mesures pour les changements climatiques et il met un prix sur le carbone, mais il oublie les plus grands émetteurs.
Vendredi dernier, nous avons déposé le plan intitulé « Le courage d’agir », non seulement pour créer des emplois, mais pour répondre à l’urgence climatique. Ce plan fait preuve d’ambition et de courage. C’est cela que les citoyens du Grand Drummond, les Canadiens et les Canadiennes de partout au Canada veulent de leur gouvernement. Ils veulent de l’ambition et du courage.
Pour ces raisons-là, je me permets de terminer sur une citation qui résume bien tout ce que j’ai dit par rapport au projet de loi:
Je devrais d’abord dire que le projet de loi C-93 est mieux que rien. Cependant, « mieux que rien », c'est demander très peu au Parlement. Vous pouvez, et devez, faire mieux. Je vous recommande donc vivement d'adopter un modèle de radiation similaire à celui que prévoit la Loi sur la radiation de condamnations constituant des injustices historiques.
C’est Solomon Friedman, avocat de la défense en droit criminel, qui a dit cela en comité et qui explique pourquoi c’est important.
Je terminerai en répétant ce qu'il a dit: « Cependant, “mieux que rien”, c'est demander très peu au Parlement. »
Malheureusement, c'est ce qu'on a aussi en logement social et en environnement, et c'est pour cela qu'il faut en faire plus et avoir de l'ambition et du courage.
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Madame la Présidente, je partagerai mon temps de parole avec le député de .
Je prends la parole au sujet du projet de loi , Loi prévoyant une procédure accélérée et sans frais de suspension de casier judiciaire pour la possession simple de cannabis. Comme je l'ai mentionné la semaine dernière, ce projet de loi comporte de graves lacunes et il n'aidera pas les gens que les libéraux disent vouloir aider. C'est ce qu'ont révélé les rares témoins entendus au comité, les renseignements fournis par les ministères et organismes et les réponses aux questions que nous avons posées au sujet du processus et du système.
À l'instar des libéraux, cette suspension du casier judiciaire n'est pas ce qu'on prétend qu'elle est.
Selon les témoignages livrés au comité, la préparation du projet de loi s'est faite à la va-vite sans consultations à l'extérieur du gouvernement. Cette mesure n'aidera pas ceux que les libéraux disent vouloir aider, notamment les communautés racialisées et les gens qui vivent sous le seuil de la pauvreté.
Selon les libéraux, le projet de loi offrira une procédure simple et sans frais de suspension du casier judiciaire à ceux qui ont été reconnus coupables de possession simple de marijuana et il permettra de mettre fin à la marginalisation qu'entraîne une condamnation criminelle pour ce genre d'infraction.
Après les audiences du comité, il aurait fallu rebaptiser ce projet de loi pour changer « sans frais » par « à moindres frais ».
Personne n'aurait dû être pris au dépourvu à cause de ce projet de loi, surtout pas les ministères et les organismes gouvernementaux qui se penchent sur la question depuis des années. Dès que le a annoncé son intention de légaliser la marijuana en 2015, il fallait forcément penser à une sorte d'amnistie ou de moyen pour assurer la transition entre l'ancienne approche et la nouvelle. La question a été soulevée à la Chambre et dans les médias pendant le processus de légalisation et après l'adoption du projet de loi. Le gouvernement a répété à maintes reprises qu'il allait accorder une amnistie après la légalisation.
Le 18 octobre 2018, le a dit qu'il allait rendre les choses plus équitables et mettre fin aux préjugés. C'est pour cela qu'il y avait beaucoup de confusion. Personne ne savait exactement combien de personnes allaient pouvoir profiter d'une telle mesure, comment on pourrait l'appliquer et combien cela coûterait. Lorsque nous leur avons demandé combien de personnes seraient admissibles, le ministre et les fonctionnaires n'ont pu fournir qu'une estimation. Pourquoi? C'est parce que le calcul serait difficile et prendrait beaucoup de temps.
En effet, les condamnations pour possession simple de marijuana ne sont pas désignées comme telles. Pour savoir qui serait admissible, les fonctionnaires devraient déterminer qui a eu un casier judiciaire pour possession d'une substance illégale appartenant à une catégorie précise inscrite à l'annexe II. Ensuite, ils devraient déterminer qui parmi ces personnes a été condamné pour possession simple de marijuana, c'est-à-dire la possession de moins de 30 grammes de cannabis. D'ailleurs, cette information n'est pas forcément consignée.
Selon certains témoignages présentés devant le comité, les relevés de condamnations canadiens ne parlent généralement pas de « possession de cannabis ». Ce n'est pas la terminologie employée. Il est plutôt question de « possession d'une substance inscrite à l'annexe II ». Il faut ensuite consulter la police et les documents judiciaires pour savoir de quelle substance il s'agit.
L'approche globale ou générale n'est donc pas très évidente, vu la façon dont les accusations sont inscrites et dont les dossiers sont conservés dans le système canadien. Procéder ainsi pour chaque accusation de possession de drogue pouvant être liée au cannabis serait une tâche considérable, même si tous les documents se trouvaient dans une base de données informatique centrale. En outre, de nombreux anciens dossiers se composent de copies papier conservées dans des boîtes, dans les palais de justice et les postes de police du pays.
On ne connaît pas non plus les prévisions du gouvernement quant au nombre de personnes qui pourraient présenter une demande de suspension du casier. Une représentante du ministère des Services publics a dit ceci:
[...] il est très difficile de savoir qui a été déclaré coupable d'infractions liées à la possession de cannabis. Donc, nous ne pouvons pas simplement consulter une base de données et donner un chiffre. Nous avons extrapolé à partir des statistiques recueillies par le Service des poursuites pénales du Canada, et on compte plus de 250 000 condamnations pour possession simple de cannabis. C'est un point de départ. Le nombre de personnes qui devraient présenter une demande est beaucoup moins élevé [...] N'oublions pas que vous ne pouvez obtenir ce pardon que si votre seule infraction est la possession de cannabis. Bien que vous puissiez avoir commis cette infraction, si vous avez d'autres infractions dans votre dossier, vous ne seriez pas admissible. Ce n'est pas une science exacte, mais nous avons extrapolé à partir du chiffre de 250 000 et estimé les demandes à 10 000.
Des experts de l'extérieur nous ont dit qu'environ 500 000 Canadiens ont un casier judiciaire pour possession simple, soit un nombre beaucoup plus élevé. Cependant, nous ne savons toujours pas combien d'entre eux bénéficieront réellement de la suspension de leur casier judiciaire.
Combien coûtera aux Canadiens la suspension du casier des personnes ayant commis une infraction mineure? Le ministre et ses fonctionnaires estiment que les coûts s'élèveront à environ 2,5 millions de dollars, un beau chiffre rond pour un nombre inconnu de personnes qui entraîneront une quantité incertaine de travail. Nous avons demandé au ministre de fournir au comité des détails sur la façon dont les coûts ont été calculés. Le ministre s'est engagé à le faire avant que nous ayons à voter sur le projet de loi. Comme nous n'avons toujours pas reçu l'information, nous pouvons seulement ajouter cette situation à la longue liste de promesses non tenues par le .
Pour l'instant, il n'existe pas de mécanisme clair pour couvrir des coûts plus élevés. Seront-ils refilés à d'autres demandeurs ou les contribuables paieront-ils la différence?
S'il y a une chose que nous ont dite presque tous les juristes qui ont comparu devant le comité, c'est que la suspension du casier judiciaire est une opération difficile, surtout pour ceux qui sont susceptibles d'en bénéficier le plus. Le processus de demande peut s'avérer très difficile pour les gens qui possèdent des connaissances juridiques ou administratives limitées. Ils doivent obtenir le dossier de la condamnation auprès du tribunal compétent, ce qui signifie qu'ils devront peut-être se rendre au tribunal, obtenir la preuve que toutes les amendes ou peines ont été acquittées, et demander à un service de police de faire une vérification du casier judiciaire et une confirmation d'identité au moyen d'empreintes digitales. Tout cela pourrait coûter plusieurs centaines de dollars. Par conséquent, le titre du projet de loi, qui laisse entendre que la demande sera sans frais, est clairement trompeur.
Il est devenu assez clair que les gens que le ministre et ses collègues disent essayer d'aider pourraient continuer à se heurter à des obstacles insurmontables.
Les témoignages que le comité a entendus vont en ce sens.
L'Association des femmes autochtones du Canada est d'avis que « les effets du projet de loi ne changeront rien dans le cas de nombreuses femmes autochtones ayant un casier judiciaire pour possession simple de cannabis. Autrement dit, le projet de loi demeure inaccessible pour les femmes autochtones pauvres. »
L'Association des avocats noirs du Canada nous dit ceci: « La suspension du casier judiciaire ressemblera presque à un geste symbolique [...] pour les jeunes qui viennent de milieux extrêmement pauvres et de familles qui n'ont pas les moyens de leur donner un coup de pouce, c'est un obstacle énorme. »
C'est une promesse de plus où le résultat n'est pas ce qu'on prétendait.
Pour régler ce problème, des juristes ont dit au comité que les condamnations devraient être radiées. La radiation élimine les casiers judiciaires alors que la suspension suppose qu'ils peuvent être rétablis. Une radiation serait certainement plus conforme à ce que le gouvernement libéral a promis dans ses déclarations. Elle serait plus simple que ce processus, coûterait moins cher aux demandeurs et éliminerait tous les obstacles qu'ils pourraient devoir surmonter. Toutefois, les libéraux ont voté contre le projet de loi d'initiative parlementaire néo-démocrate qui visait justement cela. Ironiquement, les députés libéraux ont proposé des changements pour que les suspensions de casiers s'apparentent le plus possible à des radiations de condamnation.
C'est comme les libéraux qui prétendaient que la légalisation de la marijuana éliminerait le marché noir et réduirait la consommation, notamment parmi les enfants, ce qui n'est pas le cas. De la même manière, nous savons que le projet de loi n'accomplirait rien de ce que le ministre prétend.
Je crois en la rédemption, mais je sais qu'elle dépend de celui qui la cherche, et non de la générosité du ministre. Je ne suis pas certain que, dans ces cas-là, elle se traduira par des avantages pour de nombreux Canadiens.
J'ai été heureux d'apprendre que le comité avait accepté d'apporter certaines améliorations à une mesure législative qui comportait de graves lacunes. À l'origine, un amendement des conservateurs prévoyait la marche à suivre si les documents judiciaires étaient perdus, détruits ou introuvables pour une raison ou une autre. Les libéraux ont donc décidé d'apporter un amendement à ce sujet pour que la Commission des libérations conditionnelles puisse examiner les cas où des renseignements seraient manquants. Cependant, cela ne sera pas d'une grande utilité pour ceux qui ne seront même pas capables de faire une demande parce qu'ils n'auront pas l'information nécessaire.
Les libéraux continuent de mettre en place des processus qui servent le gouvernement plutôt que les personnes qui devraient bénéficier de la loi.
En fin de compte, nous n'avons pas été en mesure d'éliminer l'article 6, qui limiterait les facteurs pouvant être pris en considération par la Commission des libérations conditionnelles lors de l'examen de ces demandes. Nous ne devrions pas accorder une suspension de casier judiciaire à une personne qui ne la mérite pas. La seule façon de s'en assurer est de procéder à un examen approfondi. C'était la seule demande de l'Association canadienne des policiers, et elle avait pour but de veiller à ce que la personne dont le casier judiciaire est suspendu répond bel et bien aux critères. C'est conforme aux principes de la saine administration et c'est une façon de convaincre les Canadiens que le système fonctionne efficacement. Les libéraux n'étaient malheureusement pas d'accord avec nous sur ce point.
Ce n'est pas un bon projet de loi. Il ne fait qu'améliorer légèrement les choses pour le très petit nombre de Canadiens qui en bénéficieront.
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Madame la Présidente, tout d'abord, je souhaite dire que les conservateurs appuieront cette mesure législative.
Le projet de loi propose de changer le processus de pardon et d'annuler les frais pour les Canadiens qui ont par le passé été reconnus coupables de possession simple de cannabis. Il permettrait aux personnes ayant été reconnues coupables de possession de moins de 30 grammes de cannabis de demander la suspension de leur casier judiciaire — démarche qui coûte habituellement 631 $ — sans frais. Comme le cannabis a été légalisé en octobre dernier, le projet de loi vise à aider les Canadiens qui ont été reconnus coupables d'une infraction criminelle pour un acte désormais légal.
Cela dit, il est important de discuter de certaines préoccupations que nous avons eues en cours de route à l'égard du projet de loi.
Le gouvernement a fait l'objet de vives critiques quant à la façon dont il a géré les questions relatives au cannabis après l'avoir légalisé. Par exemple, l'année dernière, le gouvernement a confirmé qu'il n'existait aucun moyen concluant de déterminer si quelqu'un conduit sous l'effet de cette drogue. Les responsables de l'application de la loi se sont donc retrouvés à devoir travailler dans une zone grise, et plusieurs services de police d'un bout à l'autre du pays ont refusé d'utiliser les appareils de dépistage approuvés par le gouvernement.
En outre, les inquiétudes des employeurs, des travailleurs et des collectivités autochtones sur le plan de la sécurité n'ont pas été apaisées. Par ailleurs, le n'a pas expliqué comment son plan garantit que la marijuana ne tombera pas dans les mains d'enfants et qu'elle ne profitera plus aux criminels. De plus, par manque d'information, de nombreux Canadiens ne sont pas certains de ce que sont les nouvelles règles, surtout lorsqu'ils traversent la frontière entre le Canada et les États-Unis.
Les règles inégales appliquées par les gouvernements des provinces et des territoires, et par les administrations municipales, ont créé incertitude et confusion d'un océan à l'autre. Le projet de loi est une tentative de régler le problème de la suppression des casiers judiciaires, pour lequel on n'avait rien fait depuis la légalisation du cannabis, mais il reste de nombreux autres aspects de la légalisation auxquels le gouvernement doit prêter attention. Toutefois, je suis heureux de voir qu'on amorce enfin quelque chose.
Par rapport à ces enjeux, le résultat final auquel le gouvernement est arrivé est une nouvelle catégorie de suspension du casier, une suspension qui ne peut pas être facilement révoquée et qui peut être accordée automatiquement sans examen approfondi des antécédents. Pour être plus précis, si quelqu'un devait de nouveau commettre une infraction, ils serait difficile de renverser la suspension du casier accordée pour l'accusation de simple possession.
De ce côté-ci de la Chambre, nous appuyons l'idée de faciliter la procédure de pardon, mais nous voulons nous assurer que le processus est juste et responsable.
Nous sommes également heureux que le gouvernement ait accepté deux amendements conservateurs qui aident à améliorer l'équité procédurale du projet de loi et qui obligent la Commission des libérations conditionnelles à inclure un examen de ce programme dans son rapport annuel. Ce processus d'examen permettrait d'améliorer la loi au besoin.
J'aimerais signaler une préoccupation précise exprimée par les organismes d'application de la loi concernant le projet de loi, préoccupation qui, selon moi, est fort valable. Bien qu'ils appuient le projet de loi en général ainsi que son objectif, les organismes d'application de la loi se disent préoccupés par le fait que certaines personnes ont une condamnation pour possession simple parce que des accusations plus graves ont été réduites. Ces personnes sont alors admissibles à la suspension de casier, ce qui rend le processus très problématique.
Le président de l'Association canadienne des policiers a fait connaître son opinion à ce sujet. Il a dit:
Dans de telles situations, il est possible que la Couronne et le tribunal aient accepté une entente sur plaidoyer en raison du fait que la déclaration de culpabilité allait témoigner de façon permanente de l'infraction. En outre, ils n'auraient pas accepté un chef d'accusation moindre s'ils avaient su que le chef d'accusation pourrait être éliminé par la suite sans possibilité d'examen.
Les membres du comité en sont conscients. Quand on leur a posé la question, les fonctionnaires ont répondu qu'il était impossible de faire le tri entre les cas où l'inculpé a négocié la diminution des chefs d'accusation en échange d'un plaidoyer de culpabilité et ceux où l'inculpé a vraiment commis l'infraction qui lui est reprochée. Ce n'est qu'un des obstacles qui se sont dressés sur le chemin du gouvernement — il y en a eu plusieurs — parce qu'il a voulu respecter à tout prix le calendrier politique que le a lui-même fixé. C'est également douteux que les libéraux aient attendu aux dernières semaines de la législature pour présenter une mesure législative portant autant à conséquence et qu'ils n'aient pas d'abord consulté les parties intéressées.
Ces craintes n'ont pas été dissipées, et il faut y voir. Faisons-en brièvement le tour.
Les députés conservateurs qui font partie du Comité permanent de la sécurité publique et nationale ont demandé aux fonctionnaires ce qu'il adviendra des amendes non payées. La suspension des casiers sera accordée en vertu d'une loi fédérale, mais les provinces, elles, que feront-elles des amendes encore non payées? Ils ont été incapables de répondre. Il faut en discuter avec les provinces, parce qu'elles pourraient bien perdre de l'argent si elles sont incapables d'exiger le paiement d'amendes sous prétexte que les personnes en cause ont obtenu la suspension de leur casier judiciaire. Il s'agit d'un élément important qui mérite de retenir l'attention du gouvernement.
Je me demande aussi pourquoi le gouvernement a modifié le texte de façon à ce que la suspension du casier judiciaire ne puisse pas être révoquée pour cause de mauvaise conduite. Que veut-il? Que les casiers judiciaires soient suspendus ou effacés? Ce n'est pas clair.
Le projet de loi ne tient pas compte des enjeux de sécurité publique qui viennent avec la suspension d'un casier judiciaire ou la perspective d'une radiation. C'est comme si les libéraux s'étaient égarés en cours de route et qu'ils n'avaient pas pris le temps de réfléchir à certains des aspects les plus importants de leur projet de loi.
Il y a aussi un coût à prendre en considération pour ce projet de loi, que les fonctionnaires ont estimé à environ 2,5 millions de dollars. Le calcul est basé sur le fait que plus de 250 000 personnes sont admissibles à une suspension de casier judiciaire, mais que seulement 10 000 d'entre elles y auraient recours. Qu'arrive-t-il si ces 250 000 personnes présentent une demande? Le gouvernement a-t-il un plan à cet égard? Le coût serait alors d'environ 62 millions de dollars plutôt que de 2,5 millions de dollars, comme il a été prévu, ce qui représente un écart important dont il faut tenir compte. Le gouvernement ne semble pas avoir de plan pour affronter ce risque.
De plus, le gouvernement n'a pas tenu compte d'un autre coût important, soit le coût estimatif total du processus que doit suivre la Commission des libérations conditionnelles pour effectuer une recherche dans sa base de données afin de déterminer qui est admissible à une suspension de casier judiciaire tout en lui fournissant l'information nécessaire. Il s'agit d'un processus, comme tout autre processus bureaucratique, qui nécessitera des ressources importantes en fonction du nombre de personnes qui soumetteront une requête.
Un autre sujet de préoccupation a été soulevé par des témoins qui ont déclaré que ce projet de loi aurait des répercussions différentes dans différents milieux. En général, les moins bien nantis et ceux qui ont un faible niveau de scolarité sont plus susceptibles d'avoir des condamnations pour possession simple de cannabis. Les juristes ont dit que les personnes qui n'obtiennent pas la suspension de leur casier judiciaire aujourd'hui sont peu susceptibles de venir à bout de toute la paperasse qui est nécessaire juste pour présenter une demande.
Il y a pire encore que la paperasse: le gouvernement qualifie ce projet de loi de « sans frais », alors que ce n'est pas le cas. Les contribuables devront payer 2,5 millions de dollars, et ceux qui présentent une demande devront probablement débourser entre 50 $ et 200 $ en frais et pour des formalités administratives complexes. Cette procédure semble conçue pour qu'il y ait le moins de personnes possible qui présentent une demande. Le gouvernement ne semble pas non plus souhaiter rendre la procédure plus accessible. Il a rejeté un amendement proposé par les conservateurs visant à faciliter l'accès à ces pardons. À l'instar d'autres types de demandes gouvernementales, ces demandes pourraient être complexes et longues à remplir.
En pareil cas, on a déjà vu apparaître sur Internet des experts sans scrupule de la présentation de demandes, qui demandent jusqu'à 1 600 $ pour leurs services. Le projet de loi ne prévoit aucune mesure de protection concrète pour empêcher ce genre de comportement abusif afin de protéger ceux qui tentent d'obtenir une suspension de leur casier judiciaire.
Les libéraux ont dit aux Canadiens que fumer de la marijuana devrait être accepté et accessible et ils ont mis en œuvre une mesure législative à cet effet. Voilà pourquoi il semble étrange qu'ils ne souhaitent pas rendre la procédure de suspension du casier judiciaire tout aussi accessible.
La dernière préoccupation que je veux soulever à propos du cannabis est très pertinente pour la circonscription de Niagara-Ouest. Il s'agit de l'odeur produite par les sites de culture de cannabis. C'est un problème, particulièrement dans la ville de Pelham, où les familles évitent d'ouvrir leurs fenêtres en été, en raison des odeurs extrêmement fortes qui proviennent de deux sites de production de cannabis situés à plus de cinq kilomètres de leur résidence.
David Ireland, un habitant de Pelham, a déclaré récemment que durant une journée chaude et humide, la situation est pire parce qu'on doit procéder plus souvent à l'aération du site. Résultat: il ne peut pas ouvrir une fenêtre sans qu'une odeur de cannabis se répande dans toute sa maison. La situation est telle que la ville de Lincoln dans ma circonscription a mis en veilleuse l'établissement de nouveaux sites de production de cannabis et a fait parvenir une mise en demeure aux sites d'opérations existants.
Lors d'une réunion spéciale du conseil plus tôt cette année, les conseillers ont approuvé une recommandation du personnel qui consiste à adopter un règlement temporaire pour interrompre l'établissement de nouveaux sites de production de cannabis jusqu'à ce que la ville ait mis à jour ses règlements en matière de zonage. Le règlement a été adopté à la demande de citoyens qui se sont plaints du fait que des serres de cannabis sont établies là où elles ne devraient pas être, et que la lumière et l'odeur qui en émanent sont un problème pour les quartiers résidentiels.
Selon un de nos journaux locaux, Kristen Dias, résidante de la ville de Jordan, aurait dit ceci: « Mes enfants me demandent tous les jours pourquoi il y a une odeur de mouffette morte. » Depuis ce temps, Mme Dias a changé ses enfants d'école. Elle dit que c'est en partie à cause de l'odeur de cannabis en provenance des usines de production.
Des résidants de ma circonscription ont présenté des dizaines de plaintes au sujet de l'odeur provenant de ces usines, mais sans succès. Santé Canada n'a rien fait d'utile, car le ministère soutient que le problème relève de la municipalité, et celle-ci dit que c'est plutôt la responsabilité de Santé Canada. Cette impasse dure depuis un an, et il n'y a pas de solution en vue.
Les gens de Niagara-Ouest doivent savoir qui exactement doit se charger de la réglementation concernant l'odeur, car il faut trouver une solution. Le problème de l'odeur de cannabis provenant des usines de production fait partie des facteurs qui n'ont pas été pris en considération lorsque le gouvernement s'est empressé de légaliser la marijuana.
Pour revenir au projet de loi à l'étude, nous allons surveiller sa mise en oeuvre, et nous nous engageons à évaluer l'efficacité et l'équité du processus. Maintenant que le cannabis est légal, les conservateurs comprennent que les Canadiens ne devraient pas subir les conséquences d'un casier judiciaire qu'ils ont eu pour une chose qui est désormais légale. De ce côté-ci de la Chambre, nous croyons que les Canadiens devraient avoir accès, sans frais, à un processus accéléré de suspension du casier judiciaire. C'est pourquoi nous allons appuyer ce projet de loi.