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Monsieur le Président, je prends la parole à nouveau au sujet du projet de loi , Loi prévoyant une procédure accélérée et sans frais de suspension de casier judiciaire pour la possession simple de cannabis.
Je partagerai mon temps de parole avec la députée d'.
Comme je l'ai dit la semaine dernière, c'est un mauvais projet de loi. Il me rappelle l'accord commercial censé remplacer l'ALENA. Cela dit, il vaut parfois mieux avoir un projet de loi boiteux qu'aucun projet de loi.
Comme je l'ai dit à maintes reprises à la Chambre, je n'ai jamais été en faveur de la légalisation de la marijuana. Je parle du projet de loi C-45, une des mesures mal conçues dont le gouvernement libéral a l'habitude.
Je vais appuyer le projet de loi pour des raisons qui rèlevent du bon sens.
Même si je n'ai pas appuyé la légalisation, je ne suis pas naïf au point de penser qu'il n'était pas judicieux d'examiner l'ensemble de la stratégie sur le cannabis au Canada. Soyons réalistes: nous ne sommes pas seuls dans cette situation. Beaucoup d'autres pays ont légalisé ou décriminalisé la marijuana. Il suffit de penser à notre plus grand partenaire commercial, avec lequel nous entretenons les liens les plus étroits, c'est-à-dire les États-Unis.
La consommation de marijuana a été légalisée et décriminalisée en Alaska, en Californie, au Colorado, en Illinois, au Maine, au Massachusetts, au Michigan, au Nevada, en Oregon, au Vermont, à Washington, dans le District de Columbia, aux îles Mariannes et à Guam. Bon nombre de ces administrations envisagent d'entreprendre ou ont entrepris des programmes pour se débarrasser des anciennes accusations de possession simple de cannabis. Plusieurs programmes différents sont à l’étude. Certains sont semblables au projet de loi . Certains sont semblables à ce que le NPD préconise, à savoir la suppression du casier judiciaire.
Bon nombre de mes collègues à la Chambre nous ont parlé des injustices qui ont été commises à l’endroit des Canadiens qui ont un casier judiciaire pour possession simple de marijuana. On a entendu des histoires au sujet de Canadiens qui ont été refoulés à la frontière américaine. Mes recherches m’ont toutefois permis de constater que les mêmes choses se produisent aux États-Unis. Je vais fournir deux exemples. Nous avons déjà entendu ce genre d’histoires au sujet de nos concitoyens, mais pas au sud de la frontière. Je ne donnerai pas leurs noms pour protéger leur identité.
Un menuisier américain retraité de 70 ans, qui s’était déjà présenté au Sénat, a été condamné en 1968 pour possession simple de cannabis. À cause de sa condamnation, il se voit refuser l’entrée au Canada et il est incapable d’acheter une arme à feu aux États-Unis.
Un autre homme, qui est éclairagiste professionnel, a travaillé pour Willy Nelson pendant un certain temps. En raison d’une accusation pour une infraction mineure liée à la drogue dans sa jeunesse, il n’a pas été en mesure d’accompagner le groupe en tournée au Canada.
Par conséquent, je crois fermement que nous devons supprimer le casier judiciaire des Canadiens qui ont été condamnés pour possession simple de marijuana. L’élimination du casier peut aussi éliminer les obstacles à l’emploi et au logement.
De nombreux Canadiens ont été victimes de cette situation en raison de la région où ils habitent et de leur environnement. Beaucoup sont de bonnes personnes qui ont fait le mauvais choix au mauvais moment. C’est pourquoi j’appuie le projet de loi , même si j’estime qu’il ne va pas assez loin. Il aurait dû et aurait pu se pencher sur de nombreuses infractions mineures au Code criminel, comme les méfaits publics et les dommages causés volontairement. On peut toujours améliorer les choses. On pourra peut-être un jour corriger le projet de loi .
J’en ai parlé la semaine dernière. En Californie, Code for America a lancé un programme appelé « Clear My Record ». Il s’agit d’un programme informatisé qui permet de supprimer rapidement des casiers judiciaires pour des infractions mineures, comme la possession simple de marijuana.
Presque tous les États que j’ai mentionnés tout à l’heure ont adopté des lois qui permettent aux gens de faire suspendre ou modifier leur casier judiciaire. Ces États reconnaissent que lorsque des personnes sont exclues du marché du travail ou qu'elles sont incapables de réintégrer pleinement la société parce qu'elles traînent un casier judiciaire, ce sont la famille de ces personnes et l'économie tout entière qui en font les frais. J’ai été choqué d’apprendre, dans mes recherches sur le projet de loi , qu’une personne sur trois a un casier judiciaire aux États-Unis.
J’ai également découvert que les États qui appliquent un système trop compliqué pour supprimer les casiers judiciaires n'atteignent pas leurs objectifs. Seule une petite fraction des dizaines de millions d’Américains admissibles a bénéficié des lois en la matière, une situation directement attribuable à la complexité, à la lenteur et au coût excessifs des démarches.
La Californie a adopté « Code for America », un système informatisé digne du XXIe siècle, à la fois moderne, rapide et efficace qui sert bien les besoins des personnes concernées. « Clear my Record » est un outil en ligne gratuit qui aide les Californiens à cheminer dans le processus complexe en vue de faire supprimer leur casier judiciaire. Les gens peuvent remplir par Internet un formulaire de demande court et facile à comprendre qui permet généralement de se connecter à une autorité légale en 10 minutes.
Jazmyn Latimer et Ben Golder, qui ont mis le programme au point, se sont rendu compte qu’il y avait un problème lorsqu’ils ont constaté combien de personnes profitaient du service de suppression de casier judiciaire. Ils ont constaté que moins de 8 % des personnes qualifiées l'avaient fait, simplement parce que le processus était opaque, difficile à comprendre et coûteux, tant pour les titulaires d'un casier judiciaire que pour le gouvernement. N'y a-t-il pas une ressemblance avec le projet de loi ? Je dirais que, oui, cela lui ressemble beaucoup.
Au comité, pendant l'étude du projet de loi , j’ai recommandé que la Commission canadienne des libérations conditionnelles envisage de miser sur la technologie pour moderniser nos façons de faire. Nous utilisons toujours la technologie du XXe siècle, en essayant d’en faire trop à la main. Pourquoi en est-il encore ainsi? Je n’ai pas pu obtenir de réponse à cette question.
La Californie, qui a mis en œuvre un processus électronique, entend effacer plus de 250 000 condamnations liées au cannabis d’ici 2020. Il y en a probablement autant au Canada, et peut-être même beaucoup plus. J’espère que la Californie réussira.
De plus, j’espère que la Commission des libérations conditionnelles misera sur un processus électronique pour les Canadiens qui ont été accusés de possession de cannabis et qu’elle l'étendra à d’autres infractions mineures prévues par le Code criminel. Nous devons aux Canadiens de rendre le système simple et gratuit afin qu’ils puissent se débarrasser de leur casier judiciaire, vivre une vie meilleure et réduire le fardeau qu'ils représentent pour la société.
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Madame la Présidente, je pourrais rester ici quelques minutes de plus pour écouter le député. Il y a tant à apprendre, parce que ce débat comporte de multiples facettes. Nous avons des gens qui ont travaillé dans le milieu policier pendant 35 ans et qui apportent leur expérience dans cette enceinte. Les gens qui ont fait l’objet d’accusations criminelles ont aussi beaucoup de choses à dire sur ce sujet. Il y a tellement de choses différentes que nous devons considérer, alors je respecte les propos du député. C’est ce qui fait qu'on a un débat sain à la Chambre des communes.
Je suis fière d’intervenir sur le projet de loi , Loi prévoyant une procédure accélérée et sans frais de suspension de casier judiciaire pour la possession simple de cannabis. Même si je ne suis pas entièrement en faveur du projet de loi, j’estime qu’il est dans l’intérêt des Canadiens.
Tout d’abord, je dois avouer que je m’inquiète des coûts pour les contribuables. Il y a différentes façons de voir les choses. Sous le gouvernement conservateur précédent, on appliquait le principe de l'utilisateur-payeur. Le processus a été mis en place et, pendant de nombreuses années, en tant qu’adjointe de circonscription, j’ai rencontré bien des gens qui avaient besoin d’obtenir une suspension de leur casier judiciaire.
Nous passions en revue avec eux toutes les démarches qu'ils devaient entreprendre, qu'il s'agisse d'aller au poste de police ou au palais de justice. Dans bien des cas, les gens voulaient obtenir une suspension de leur casier afin de se trouver un meilleur emploi pour mieux gagner leur vie et améliorer leur sort. Je respecte entièrement cela.
Pour beaucoup de gens, bien qu’il y ait différentes façons de voir les choses, ce que j’ai constaté, c’est que le système d’utilisateur-payeur était parfois très difficile. Ce que j’ai trouvé vraiment difficile, c’est de voir tous ces gens qui voulaient juste avoir un bon emploi, pour avoir une vie meilleure, mais qui n’avaient pas les moyens de se payer un pardon. Le montant à payer est parfois un véritable obstacle.
En fin de compte, ce qu’on veut savoir, c’est ce que ça va coûter aux contribuables. Le a indiqué qu’il pourrait y avoir jusqu’à 400 000 Canadiens qui ont un casier judiciaire pour possession simple de cannabis, mais le gouvernement s’attend à ce qu’entre 70 000 et 80 000 personnes soient admissibles au programme. Selon les responsables de la sécurité publique, le coût serait d’environ 2,5 millions de dollars, ce qui équivaut approximativement à 10 000 demandeurs.
Il existe différentes façons de s'y prendre. Je crois que lorsqu’une personne enfreint la loi, il faut qu’elle soit punie, mais il arrive parfois que les peines deviennent éternelles lorsque les gens n’ont pas les moyens de demander une suspension de leur casier, qui ne disparaîtra pas de lui-même. Si les gens n’ont pas les moyens de payer pour la suspension, leur casier continuera de les suivre.
C’est pourquoi j’aimerais que le gouvernement envisage la possibilité d’un examen des ressources. Les libéraux parlent tout le temps de l’examen des ressources et du fait qu’ils n’aident pas les millionnaires ou les gens qui n’ont pas besoin d’aide, alors je ne sais pas pourquoi ils n’ont pas envisagé de faire un examen des ressources pour ce projet de loi. Ceux qui n’en ont pas les moyens pourraient payer moins — payer une petite partie ou payer les documents judiciaires, les dossiers ou tout ce dont ils ont besoin. Ce serait sûrement une tâche difficile, mais nous aurons plutôt une situation où des gens sans revenus et d'autres qui gagnent 500 000 $ par année paieront la même chose pour que ce soit un programme dit « universel ».
Nous savons que le programme est coûteux, alors si nous voulons mettre en place une mesure de réduction de la pauvreté, assurons-nous d’aider ceux qui vivent dans la pauvreté en réduisant les coûts pour eux afin de leur permettre d’avoir une vie meilleure.
Il a notamment été question de déterminer si la suppression des casiers judiciaires était nécessaire, l’idée étant que les gens se disent qu’il est facile de trouver un emploi et que ce n'est pas si grave d’avoir un casier judiciaire. J’ai vécu une période de ralentissement économique, et les gens qui avaient perdu leur emploi chez Ford à St. Thomas ou chez Sterling ou ailleurs cherchaient maintenant un nouvel emploi. Le fait d'avoir un casier judiciaire a nui à certains d'entre eux.
Beaucoup de gens diraient que cela va à l'encontre des droits de la personne. S’il n’y a aucune raison de s’inquiéter de ce casier judiciaire et que cela n’a rien à voir avec la capacité de faire le travail, l’employeur ne devrait pas se soucier de savoir si le candidat a un casier judiciaire. Mais soyons honnêtes: quand une entreprise reçoit 200 candidatures, il est très facile de mettre le candidat ayant un dossier « de côté », car ce sont des questions que l’entreprise ne veut pas traiter. Les entreprises ne savent pas que le casier peut être lié à une possession simple de marijuana, mais c’est un moyen simple de séparer le bon grain de l'ivraie, même si en procédant ainsi on risque de perdre le meilleur candidat. Voilà certaines des choses que nous devons comprendre.
Un des éléments clés de ce projet de loi est la réduction de la pauvreté. Je crois qu’il est extrêmement important de donner à tous les Canadiens la chance d’améliorer leur sort, et maintenant que nous avons une loi qui permet la possession de cannabis et la consommation de cannabis pour les personnes âgées de plus de 18 ans au Canada, nous devons être en mesure de nous assurer qu’aucune barrière ne continuera à nuire à ceux qui ont un casier pour possession simple. Dans le cadre d’une stratégie de réduction de la pauvreté, la suspension de casier est essentielle pour permettre à ces gens d’avoir une vie meilleure. Ce projet de loi devrait être mis en œuvre dans le cadre de cette stratégie.
Les forces de l'ordre semblent plutôt favorables, même si leur appui varie selon le moment. Comme vient de le dire le député, les gens font parfois l'objet d'accusations réduites. Certaines personnes qui vendaient de la drogue dans la rue ou qui étaient aussi en possession d'autres drogues que le cannabis ont fait l'objet d'accusations réduites. Elles avaient peut-être commis d'autres délits mineurs, mais c'est la possession de cannabis qui a été retenue, et les accusations finales ne portaient peut-être que sur ce seul délit.
Comme vient de le dire le député, si nous pouvions aller plus loin, ce serait une excellente chose, mais jusqu'où devrions-nous aller? Finalement, cela ralentirait le processus, qui ne serait pas aussi rapide que les gens le voudraient. C'est important, toutefois, parce que le casier judiciaire de certaines personnes qui ont commis des crimes beaucoup plus graves ne contient que ce délit. Dans certains cas, la personne n'a été reconnue coupable que de cette seule infraction, ou il y a peut-être eu entente de plaidoyer, ce genre de chose.
Certains Canadiens, comme les députés néo-démocrates, réclament la suppression totale du casier judiciaire. Je doute, toutefois, de la pertinence d'une suppression totale lorsque la personne a fait l'objet d'accusations réduites qui se limitent à la possession simple.
Le Parti conservateur a proposé plusieurs amendements sensés qui ont été rejetés.
Ceux qui avaient écopé d'une amende qu'ils n'avaient jamais payée seraient quand même admissibles, ce qui va à l'encontre du but d'une amende. C'est une des choses qui me préoccupent vraiment. Si, disons, une personne a une amende qui remonte à 20 ans dans son casier judiciaire, cette amende serait aussi radiée. Toutefois, si ma mère avait une amende, par exemple, elle irait le lendemain même au poste pour la payer, parce qu'elle est ainsi faite. C'est une personne très honorable. Il arrive que des gens oublient, et c'est une chose, mais certains choisissent simplement de ne pas payer l'amende et ils bénéficieraient de ce service. Donc, en fin de compte, y a-t-il eu une sanction? La réponse est non.
Je pense aussi que la suramende devrait être à la charge des personnes qui ont des amendes impayées et non du contribuable.
Nous avions proposé un amendement qui aurait permis de signer un affidavit, que j'aurais voulu voir adopter. J'ai souvent aidé des personnes qui tentaient d'obtenir leur casier judiciaire, et qui s'étaient rendues dans des palais de justice et des postes de police à cette fin. Cependant, il est extrêmement difficile d'obtenir ces casiers. Par conséquent, l'amendement qui aurait permis de signer un affidavit à la place était un amendement très positif. Je félicite tous ceux qui l'ont appuyé.
Pour revenir au projet de loi, inscrire dans les casiers judiciaires que des accusations ont été retirées ou qu'une personne a été acquittée peut avoir des répercussions négatives sur les gens qui veulent faire du bénévolat à l'école de leurs enfants. Pendant des années, j'ai participé bénévolement à des programmes de lecture et à des excursions scolaires dans les écoles de mes enfants, bien que je ne le fasse plus autant maintenant que je suis députée. Toutefois, si une personne a déjà été accusée de possession simple — et, soyons francs, c'est le cas de bon nombre de Canadiens —, elle ne sera pas autorisée à faire du bénévolat à l'école de ses enfants, ni à participer à une excursion scolaire. Disons que cette personne avait 18 ans quand cette accusation a été portée contre elle, et qu'elle a maintenant un enfant de 10 ans. Il est complètement insensé qu'on lui interdise de participer à une excursion scolaire pour cette raison.
Ces contrôles existent parce que les enfants sont vulnérables et que nous voulons veiller à leur donner le meilleur exemple possible. Cependant, une personne qui a été accusée pour possession simple n'est pas quelqu'un d'horrible pour autant. Il est important de permettre à ces gens d'apporter leur contribution, qu'ils fassent du bénévolat pour une banque alimentaire, pour une école, pour une église ou pour toute autre organisation qui vérifie les antécédents criminels. C'est un aspect très problématique.
Cela m'amène à me pencher sur la solution proposée par le NPD. Que se passerait-il si on décidait de supprimer le casier judiciaire? Cela pose de nombreux problèmes. Quelqu'un qui a un casier judiciaire ne peut pas travailler dans une banque, dans la plupart des organisations de la fonction publique ou dans le milieu des assurances. Il ne peut pas être courtier immobilier, chauffeur de taxi, policier ou enquêteur privé. Il ne peut pas travailler dans un restaurant où on sert de l'alcool. Comme je l'ai dit, il ne peut pas non plus être bénévole.
Nous devons offrir des possibilités aux gens. Il suffit parfois de leur donner une deuxième chance.
Par conséquent, je suis heureuse d'appuyer le projet de loi à l'étude. Comme pour tout projet de loi, nous allons l'examiner attentivement, parce que nous devons veiller à ce qu'il fasse exactement ce qu'il est censé faire, c'est-à-dire offrir aux gens la possibilité d'obtenir un pardon.
Regardons devant nous, mais aussi derrière, pour nous assurer de bien faire les choses.
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Madame la Présidente, je vais partager mon temps de parole avec mon voisin du nord, le député de .
J'interviens à la Chambre aujourd'hui pour parler du projet de loi . La dernière fois que j'en ai parlé, j'ai dit que le projet de loi avait été présenté à la hâte pour répondre à l'échéancier politique que le avait créé de toutes pièces. Nous n'aurons pas l'occasion de faire les choses correctement, alors que le gouvernement aurait eu amplement le temps de nous en donner la possibilité.
Ce projet de loi va donner du fil à retordre aux municipalités. Elles devront assumer des coûts bien réels. Des professionnels de l'application de la loi nous ont parlé des défis que le projet de loi rédigé à la hâte va leur poser. Des professionnels de la santé ont aussi exprimé des inquiétudes quant à l'échéancier lié à la légalisation. On peut effectivement parler d'une mesure législative boiteuse.
Les problèmes découlant d'un manque de diligence raisonnable sont loin de se limiter au délestage de responsabilités vers les municipalités. Ils ont pour effet d'aggraver les inégalités auxquelles certaines personnes doivent faire face.
Comme ma collègue l'a dit, il se peut aussi qu'on ne puisse pas prendre connaissance du casier judiciaire intégral des personnes qui auront reçu le pardon accéléré. Le gouvernement aurait peut-être dû tenir compte davantage des amendements proposés dans l'intérêt de la justice au Canada.
La dernière fois que je suis intervenu au sujet du projet de loi, j'ai expliqué les problèmes très clairement, afin de permettre au gouvernement de comprendre et de réaliser qu'il fait fausse route. Je l'ai fait en utilisant la fable du lièvre et de la tortue. Je ne vais pas me répéter, car je suis certain que mes propos ont captivé les ministériels la première fois. Il n'en demeure pas moins qu'en raison de l'incapacité du gouvernement à obtenir des résultats, nous en sommes ici aujourd'hui.
Lorsque la a parlé de la question, elle a admis que l'on n'avait pas exercé une diligence raisonnable. Elle a dit:
Toutefois, ce ne sont pas toutes les amendes qui doivent être payées au gouvernement fédéral. Tout ce que le gouvernement fédéral peut faire, c'est éliminer les amendes qui lui sont dues. Il doit aussi en discuter avec les provinces et les municipalités pour les encourager à faire de même de leur côté. Ce genre de discussion est en cours, mais il faudra du temps pour déterminer la façon dont les provinces et les municipalités peuvent contribuer au processus.
Elle a aussi ajouté:
Monsieur le Président, je pense que les provinces ou les municipalités devraient exercer un recours civil pour obtenir le paiement de ces amendes, si celles-ci ne font pas l'objet d'une amnistie.
Le processus est assez avancé et il est un peu tard pour que ces discussions ne soient pas terminées. En fait, elles n'ont pas lieu.
Certaines préoccupations qui ont été soulevées par des intervenants demeurent. Nous avons été informés des risques éventuels pour les municipalités. Toutefois, nos professionnels de la sécurité publique et nos forces de l'ordre ne sont toujours pas équipés adéquatement pour détecter l'affaiblissement des facultés par l'alcool ou la drogue lors des contrôles routiers, ce qui présente un défi de taille. Malgré tout le temps et toutes les ressources investies dans la prévention et la sensibilisation à la conduite avec facultés affaiblies par l'alcool ou la drogue, nous continuons à avoir des problèmes. Les policiers pourraient effectuer des tests à n'importe quel moment de la journée et tomber sur des conducteurs avec les facultés affaiblies.
Alors que nos policiers se trouvent sur le terrain et essaient de bien faire leur travail dans le nouveau contexte entourant la légalisation de la marijuana, ils ne disposent pas des outils adéquats pour obtenir des résultats. Je trouve cette situation inquiétante. Les outils mis à leur disposition sont défectueux. Les députés se souviendront peut-être des appareils de dépistage routier qui donnaient de faux résultats positifs pour les automobilistes qui avaient récemment mangé un bagel aux graines de pavot. Eh bien, nos policiers ont reçu ce même appareil.
Une voix: Quoi?
M. Michael Barrett: Madame la Présidente, je partage la surprise et la consternation de mon collègue. C'est incroyable.
Le gouvernement est pressé parce qu'il se rend compte que la fin approche, et il souhaite réaliser certains de ses projets, d'autant plus que le printemps a été plutôt difficile pour le Canada.
Un principe dans lequel nous croyons, l'indépendance du pouvoir judiciaire, a été remis en question. Il a été miné par certaines décisions du gouvernement libéral. Il suffit de penser au scandale SNC-Lavalin ou aux poursuites contre le vice-amiral Mark Norman pour des motifs politiques et au traitement injuste dont il a fait l'objet.
Les libéraux cherchent à avoir des réalisations à leur actif pour pouvoir s'en vanter durant la campagne électorale. L'adoption de ce projet de loi figure sur leur liste.
Les libéraux n'ont pas tenu certaines promesses qu'ils ont faites au cours de la dernière campagne électorale. La réforme démocratique qu'ils avaient promise ne s'est pas concrétisée. En fait, c'est tout le contraire. Il est très inquiétant de voir que, sur la directive des libéraux, Élections Canada verse près de trois quarts de millions de dollars à des personnes connues sur les réseaux sociaux, notamment Instagram, afin d'influencer l'issue des élections. C'est scandaleux. Je ne peux pas croire que cela fasse partie de la stratégie du gouvernement. Ce n'est manifestement pas une idée judicieuse.
Les libéraux n'ont tellement rien fait de bon que l'avenir des Canadiens est en péril. Ne pas avoir équilibré le budget tel que promis est un grave problème. Les libéraux ont reçu un budget équilibré en 2015 puis ils ont accumulé les déficits. Nous en sommes au quatrième budget déficitaire d'affilée. Les déficits d'aujourd'hui sont les impôts et les taxes de demain. C'est très inquiétant pour les Canadiens.
Le gouvernement avait promis des actions concrètes en matière d'environnement. Des centaines de milliers de litres d'eaux usées sont déversés dans le Saint-Laurent sans conséquence. Cela ne dérange pas les libéraux.
Comme ils n'ont pas de plan pour soutenir l'environnement, les libéraux s'en remettent à une taxe sur tout. Ils imposent une taxe aux parents qui vont conduire leurs enfants au hockey et à ceux qui dirigent une petite entreprise, ces mêmes petites entreprises que le gouvernement libéral a qualifiées de fraudeurs du fisc.
Les conservateurs savent que les petites entreprises sont le moteur de l'économie. Ce sont elles qui peuvent stimuler l'économie. On entend souvent le gouvernement prétendre qu'il a créé un million d'emplois. Ce n'est pas la responsabilité du gouvernement de créer des emplois. Sa responsabilité est de créer un environnement qui favorise la création d'emplois. Ce sont les Canadiens qui créent des emplois.
Les libéraux refusent d'accepter la responsabilité de leurs échecs, mais ils n'hésitent pas à s'attribuer les réussites des autres. À l'évidence, ils n'ont pas hésité à s'attribuer les réussites des Canadiens moyens et des propriétaires de petites entreprises, tout comme ils n'ont pas hésité à imposer de nouvelles taxes pour satisfaire leur besoin incontrôlable de dépenser.
Le cheminement du projet de loi doit maintenant être précipité, mais cela correspond parfaitement à la nature désorganisée du gouvernement.
Nous allons suivre la mise en œuvre de ce projet de loi. Nous nous engageons à vérifier s'il est efficace et juste. Une fois que nous serons au pouvoir, nous verrons si des changements sont requis pour assurer son application raisonnable et juste.
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Madame la Présidente, je remercie mon voisin au sud, qui représente de façon très compétente la circonscription qui a été pendant longtemps et jusqu'à assez récemment celle de mon cher ami et collègue Gord Brown. Il a eu à remplacer une grosse pointure. Je sais que j'exprime l'opinion d'un grand nombre de gens de sa circonscription en disant qu'il fait un travail tout à fait admirable. Chapeau!
C'est la deuxième fois que je prends la parole à propos du projet de loi et la troisième, sur la question des pardons pour la possession simple de cannabis, un acte auparavant criminel. J'ai également eu l'occasion d'intervenir sur le projet de loi d'initiative parlementaire , qui avait été présenté par notre collègue de .
Je m'attarderai principalement à la différence entre la suppression, le modèle proposé dans le projet de loi , et la suspension du casier, ou pardon, c'est-à-dire le modèle proposé dans le projet de loi . La teneur de ce projet de loi-ci et les observations qui ont été faites au comité m'amènent à me ranger à l'opinion du criminaliste Solomon Friedman, qui a dit au comité:
Je devrais d'abord dire que le projet de loi C-93 est mieux que rien. Cependant, « mieux que rien », c'est demander très peu au Parlement. Vous pouvez, et devez, faire mieux. Je vous recommande donc vivement d'adopter un modèle de radiation similaire à celui que prévoit la Loi sur la radiation de condamnations constituant des injustices historiques.
Comme on le sait, cette loi a été adoptée par ce Parlement-ci à l'instigation du gouvernement actuel; il est donc possible, du moins en principe, de radier l'ancienne infraction de possession simple de cannabis.
Ce « mieux que rien » s'avère correspondre, en pratique, à presque rien. Les fonctionnaires de la Commission des libérations conditionnelles qui ont témoigné devant le comité chargé d'étudier le projet de loi ont estimé que seulement 10 000 des 250 000 à 500 000 Canadiens reconnus coupables de possession de cannabis demanderaient une suspension de casier ou une réhabilitation accélérée.
Je ferai deux commentaires. Tout d'abord, je ne sais pas à quel point la prédiction de 10 000 demandes des fonctionnaires, qui estiment qu'il y a entre 250 000 et 500 000 casiers judiciaires, est précise ou exacte. Il s'agit d'une énorme marge d'erreur. De plus, si ce chiffre est exact, pourquoi est-il si faible? Cela s'explique, en partie, par l'extrême lourdeur du processus administratif prévu dans le projet de loi . Lorsqu'on se penche sur le projet de loi C-93, on a l'impression que le gouvernement a examiné toutes les options possibles pour régler le problème et qu'il a choisi la plus lourde qu'il a pu trouver.
Je me permets de citer la , une partisane du projet de loi, pour faire prévaloir mon point de vue. Voici ce qu'elle a dit à l'appui du projet de loi:
[...] pourquoi [ne] pas [envisager] de faire comme certaines municipalités de la Californie, qui ont effacé tous les casiers judiciaires en appuyant simplement sur un bouton. Au Canada, il y a une base de données pour les casiers judiciaires, mais elle ne contient pas suffisamment de renseignements pour que nous puissions accorder un pardon de manière proactive [...]
[L]a Commission des libérations conditionnelles [devrait] examiner les options pour passer à un système plus numérique qui serait en mesure de recevoir des demandes électroniques, ce qui est particulièrement important pour les Canadiens dans les régions rurales.
Ce système n'existe pas encore; ce n'est pas ce projet de loi-ci qui le créera. La secrétaire parlementaire faisait allusion aux problèmes d'accès aux services Internet à haute vitesse dans les régions rurales.
Elle a ensuite dit ceci:
Entretemps, la Commission des libérations conditionnelles prend un certain nombre de mesures pour simplifier le processus de demande de diverses façons. Elle simplifie son site Web et son formulaire de demande. Elle offrira une ligne téléphonique spéciale sans frais et une adresse courriel pour fournir de l'aide aux gens qui en ont besoin pour remplir leur demande.
Autrement dit, rien de tout cela n'est prêt, et il faudra encore un certain temps avant d'y avoir accès. La secrétaire parlementaire a poursuivi en disant:
Elle élabore une stratégie de sensibilisation communautaire destinée tout particulièrement aux groupes [susceptibles d'être] les plus touchés par la criminalisation de la possession de cannabis afin de veiller à ce que les gens sachent que ce nouveau processus accéléré existe et comment s'en prévaloir [...]
Il faudra une campagne publicitaire.
Ce sera long et compliqué. En comparaison, que serait-il arrivé si on avait opté pour la suppression? Le gouvernement ne l'a jamais envisagé. En effet, il semble même n'y avoir jamais songé. Selon cette approche, le gouvernement ferait comme si les casiers judiciaires des personnes qui ont seulement été reconnues coupables de possession de cannabis n'existaient pas vraiment. Lorsqu'on en trouverait un, on dirait tout simplement qu'il est vide.
Il s'agit de quelque chose que les tribunaux font constamment. Les correspondances entre avocats faites sous toutes réserves sont automatiquement ignorées par les tribunaux, que les mots « sous toutes réserves » figurent sur celles-ci ou non. Elles ne peuvent être présentées comme preuves dans un procès.
Nous pourrions faire la même chose avec les casiers. Cela permettrait d'éviter le problème résultant de la tenue des dossiers sous différentes formes, parfois sur papier, parfois sous forme électronique, selon les provinces. Aux yeux de la loi, ils n'existeraient simplement pas. Comme c'est une condamnation très courante, lorsqu'on tombe sur un tel dossier, on comprendrait qu'il n'est pas destiné à être utilisé par un responsable de l'application de la loi. Nous pourrions amener la radiation de cette façon. Cela éliminerait toute la bureaucratie et tous les frais liés à une demande, qui existeraient toujours en vertu de la proposition actuelle, ainsi que tout le temps, tout le travail et tout l'argent qu'il faudrait y consacrer. Ce projet de loi est assorti d'une estimation des coûts que je trouve difficile à croire. Un système de radiation ne coûterait rien.
En toute justice, le projet de loi est meilleur maintenant qu'il l'était avant qu'il soit renvoyé au comité et revienne amendé, et ce, en partie, grâce à un amendement que la députée de a proposé.
Je vais encore une fois citer la secrétaire parlementaire pour donner aux députés une idée de ce qui a été fait:
[...] grâce à l'amendement que la députée de Toronto-Danforth a fait accepter par le comité, les gens pourront faire une demande même s'ils n'ont pas payé des amendes ayant résulté d'une déclaration de culpabilité pour possession de cannabis.
Grâce à un amendement que nous avons adopté [...] à l'étape du rapport, les gens qui n'ont reçu qu'une amende n'auront pas à inclure des documents judiciaires dans leur demande.
Jusqu'à ce que cet amendement soit apporté, trouver ces documents faisait partie du processus soi-disant gratuit et accéléré.
D'autre part, un autre amendement proposé par les conservateurs a été accepté à l'étape de l'étude en comité, puis rejeté par le gouvernement.
Je vais citer le porte-parole du Parti conservateur dans ce dossier, qui a dit ceci: « Par ailleurs, nous avons proposé une mesure visant à permettre aux demandeurs dont le dossier a été détruit de signer un affidavit dans lequel ils expliquent leur situation et certifient être admissibles ». Cela crée bien sûr un peu de paperasse, mais demeure moins compliqué que ce que nous avons présentement. Il poursuit: « Cela aurait donné lieu à un processus encore plus équitable. Les libéraux ont accepté cet amendement au comité, mais ils ont fait volte-face à l'étape du rapport et ont décidé de le rejeter. »
Cela aurait aidé à alléger une partie du fardeau administratif. Actuellement, certains coûts continuent d'exister, ce qui a incité une personne à dire à la blague qu'à son avis, le projet de loi n'aurait pas dû s'intituler « Loi prévoyant une procédure accélérée et sans frais de suspension de casier judiciaire pour la possession simple de cannabis », mais plutôt « Loi prévoyant une procédure quelque peu accélérée et à moindre coût de suspension de casier judiciaire pour la possession simple de cannabis ».
Durant la minute et demie qui me reste, je veux aborder un autre point important. Lorsqu'on obtient un pardon, on reconnaît que la personne a fait une chose répréhensible, on lui pardonne et on passe à autre chose. Dans le cas de la radiation, on reconnaît que le geste commis n'était pas répréhensible au départ. Il existe des délits auxquels cela ne s'appliquera jamais, même si on les éliminait rétrospectivement. Je crois que, pour ce qui est de la possession du cannabis, nos ancêtres, nos prédécesseurs l'ont rendu illégal parce qu'ils estimaient qu'il était immoral de consommer de la marijuana. Ils considéraient que c'était la meilleure façon de protéger les gens de leurs mauvais instincts. Ils ont eu tort. Cela n'a pas fonctionné. Beaucoup de vies ont été gâchées, mais les personnes n'ont pas été incarcérées parce qu'elles n'avaient pas commis une action diabolique, répréhensible ou nuisible à la société. Par conséquent, la radiation est tout à fait appropriée. La radiation ne sert pas seulement, comme le propose le gouvernement, à réparer des torts historiques causés par des lois qui sont maintenant invalidées par la Charte. Je soutiens que la radiation s'applique aussi dans ce cas-ci. J'exhorte tous les députés à considérer le modèle de la radiation dans le futur, peut-être avec un deuxième projet de loi présenté au cours de la 43e législature.
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Madame la Présidente, je suis heureux de participer de nouveau au débat sur le projet de loi . Celui-ci a plusieurs lacunes et démontre pourquoi le lien de confiance entre la population et les libéraux est rompu. On se contente de demi-mesures à la veille des élections, et ce n'est même pas garanti qu'elles seront adoptées.
Comme le secrétaire parlementaire l'a mentionné, nous nous opposons au projet de loi. Nous ne sommes pas ici pour accorder un passe-droit au gouvernement libéral, qui se contente de proposer des mesures auxquelles très peu de gens auront accès. À titre d'exemple, je vais parler du projet de loi . Celui-ci proposait un processus accéléré de radiation du casier judiciaire pour les membres de la communauté LGBTQ qui avaient commis un crime qui n'en est plus un. Cet objectif est très louable et nous l'appuyons, mais un processus automatique aurait été préférable.
Regardons les chiffres afin de faire une comparaison. Lors de l'étude du projet de loi en comité, on nous a appris que sur les quelque 9 000 personnes qui pouvaient se prévaloir du processus prévu par le projet de loi , seulement sept personnes ont fait une demande. Nous avons demandé des explications aux représentants du gouvernement en comité, et bien sûr, ils n'étaient pas capables de nous répondre. Moi, je pourrais en donner quelques-unes; c'est ce que les experts ont fait en comité. J'y reviendrai.
Entre-temps, le gouvernement s'est engagé à faire des campagnes publicitaires non traditionnelles. S'agit-il de gazouillis, de publications sur Facebook ou de beaux mots-clics? J'ai de la difficulté à croire que cela va être vu par les personnes concernées, qui sont souvent dans une situation précaire. Ce sont des Canadiens vulnérables, des personnes racisées, des Autochtones et des Canadiens à faible revenu. Selon les faits et les statistiques, ce sont ces personnes qui se retrouvent le plus souvent avec un casier judiciaire pour possession simple de marijuana.
La preuve est facile à faire. Ici, à la Chambre, le a avoué publiquement qu'il avait déjà fumé de la marijuana de façon récréative, comme plusieurs autres politiciens — il n'y a rien de mal là-dedans. À Toronto, par contre, les personnes noires ne peuvent pas s'en tirer aussi facilement. Ce sont les gens les plus susceptibles d'avoir un casier judiciaire uniquement pour possession simple de marijuana. C'est un fléau. C'est l'une des raisons pour lesquelles nous nous opposons au projet de loi. Le constat est clair: les personnes qui ont le plus besoin de ce processus sont aussi celles qui n'en bénéficieront pas.
J'aimerais parler un peu de l'étude en comité afin d'expliquer pourquoi le NPD n'appuie pas ce projet de loi. Tout d'abord, un avocat en droit criminel nous a dit que c'était le moins que le Parlement pouvait faire et que c'était mieux que rien, mais que les parlementaires se devaient de faire beaucoup mieux que cela. Je ne pourrais être plus d'accord avec lui.
Effectivement, au NPD, notre engagement au Parlement consiste à faire de notre mieux pour aider les personnes qui en ont le plus besoin. Nous ne voulons pas nous contenter d'un minuscule pas dans la bonne direction. L'avocat dont je parlais, M. Solomon Friedman, a aussi soulevé quelques lacunes du système de suspension de casier judiciaire, lacunes qu'on ne retrouve pas dans l'approche préconisée par le NPD, soit la radiation des casiers judiciaires. Il a évoqué deux facteurs.
Premièrement, il y a le facteur de bonne conduite. On s'attend de ceux qui font une demande de suspension de casier judiciaire, que ce soit en vertu du processus proposé par le projet de loi ou selon le processus habituel, qu'ils se comportent comme de bons citoyens. Pour M. et Mme Tout-le-Monde, cela signifie qu'ils ne doivent pas voler une banque ou commettre un meurtre, par exemple, mais c'est une façon caricaturale de voir les choses.
En fait, M. Freidman nous a expliqué que cela pouvait inclure le fait de recevoir une contravention pour excès de vitesse sur la route, ou encore le fait d'avoir un petit accident après s'être engagé dans une rue à sens unique et être entré en collision avec un autre véhicule et qu'on ait appelé la police. On pourrait dire que ce sont des situations où il n'y a pas eu un bon comportement. Heureusement, dans ce cas, la chef du Parti vert et députée de a proposé un amendement. Nous avions proposé un amendement similaire, mais qui allait plus loin. Je vais y revenir dans un instant.
En fait, l'amendement du gouvernement semble très bien, mais, si le gouvernement reconnaît cette lacune et cette distinction entre la suspension et la radiation d'un casier, pourquoi n'a-t-il pas simplement accepté de radier ces casiers dès le départ? C'est d'ailleurs ce que proposait le projet de loi de mon collègue le député de , que certains députés libéraux et certains députés conservateurs ont appuyé, il faut le souligner.
Il existe d'autres distinctions entre les deux approches, mais je veux revenir à l'amendement. L'amendement qui a été présenté a été sous-amendé par les libéraux. Il a alors perdu un élément important que l'on retrouvait dans un de mes amendements, qui a été rejeté. La possession simple de cannabis en quantité raisonnable, tout comme son utilisation récréative, médicale ou autre, est maintenant permise par la loi, à la suite de l'adoption du projet de loi plus tôt dans cette législature. Un individu qui obtient une suspension de casier judiciaire pour possession simple de cannabis pourrait commettre un autre crime par la suite, pour toutes sortes de raisons. Je ne suis pas en train de pardonner le crime ni de dire que ce serait justifié ou non. Je parle d'une situation hypothétique.
En vertu du projet de loi C-93, si un individu ayant un casier judiciaire pour possession simple de marijuana obtient la suspension de son casier judiciaire, il verra celui-ci redevenir en vigueur s'il commet par la suite un crime, aussi minime et insignifiant soit-il. C'est complètement incohérent. Je ne comprends pas cela. Si le député de , la députée de , le député de , moi-même ou qui que ce soit, avait en sa possession du cannabis, cela ne serait pas jugé fautif par la loi.
Un individu qui a obtenu la suspension de son casier judiciaire par l'entremise d'un processus approuvé par le gouvernement parce que son infraction d'alors n'en est plus, et qui commettrait un crime par la suite, peut-être parce qu'il est dans une situation déjà précaire, comme la grande majorité des gens qui vivent déjà l'injustice d'avoir un casier judiciaire pour possession simple de marijuana. C'est cette injustice qu'on tente de régler avec ce projet de loi. Cela pourrait être une personne en grande difficulté. On ne connait pas toutes les circonstances.
Ce gouvernement prétend vouloir aider ces gens, mais il met en place un système boiteux. Si ces personnes trébuchent à n'importe quel moment du reste de leur vie, elles verront ce casier réactivé et elles ne pourront plus bénéficier du système mis en place par les libéraux.
Si ce casier était radié, comme le propose le NPD et comme l'ont proposé tous les témoins qui se sont présentés en comité, sauf le ministre, il n'existerait plus. Ppeu importe les mauvaises situations que la vie peut amener, cCe dossier ne reviendrait jamais.
[Traduction]
J'aimerais aussi parler d'autres personnes vulnérables que ce projet de loi n'aide pas. J'aimerais parler des problèmes soulevés par l'Association des femmes autochtones du Canada qui, en comité, a expliqué que l'un des groupes qui profiteraient le moins de ce projet de loi est celui des femmes autochtones, en raison de tous les obstacles qui subsisteraient en dépit de ce processus.
Plus tôt, j'ai dit au député de qu'en ne rendant pas le processus automatique et en affirmant qu'il est « sans frais », le gouvernement induit en erreur les Canadiens qui pourraient vouloir s'en prévaloir. Pourquoi? Comme l'ont dit tous les témoins ayant comparu au comité, d'énormes coûts sont parfois associés à l'obtention des documents nécessaires pour présenter une demande de suspension de casier judiciaire, surtout pour les personnes qui cherchent à bénéficier de ce processus.
En effet, bien que les gens n'aient plus à débourser de frais pour présenter une demande de suspension de casier, ils doivent tout de même payer pour obtenir leurs empreintes digitales, payer pour aller chercher au tribunal une copie de leur ancien casier judiciaire — s'il existe encore, et je reviendrai là-dessus dans un instant —, et payer pour tout autre document dont ils pourraient avoir besoin. Les coûts pourraient s'élever à des centaines de dollars, selon la province ou le territoire.
Si les gens vivent loin d'un centre urbain, dans une région déjà mal desservie où des Canadiens vulnérables et des Autochtones, entre autres, sont déjà victimes d'un système qui est discriminatoire à bien des égards, ils seraient encore plus désavantagés par ces obstacles qui demeurent malgré la mesure législative. C'est inacceptable.
Qu'aurait-on pu faire? Nous avons proposé un amendement qui, malheureusement, a été jugé non pertinent dans le cadre du projet de loi, ce qui est intéressant. J'ai contesté la décision du président, mais les libéraux ont appuyé sa décision, ce qui n'est guère surprenant. Cependant, j'ai trouvé l'explication du légiste et conseiller parlementaire du comité intéressante lorsqu'il m'a dit pourquoi les amendements dépassaient la portée du projet de loi. Il a dit que le projet de loi vise à rendre un peu plus simples certains aspects du processus de suspension du casier judiciaire, que tout le monde considère comme étant fondamentalement inéquitable.
Cependant, si on rendait le processus automatique, on pourrait se débarrasser de ces obstacles. L'Association des avocats noirs du Canada, l'Association des femmes autochtones du Canada et d'autres organismes ont dit que, dans bien des cas, les gens ne pensent même pas qu'ils ont encore un casier judiciaire, parce qu'ils ont payé l'amende imposée en guise de sanction et qu'ils sont passés à autre chose. Ils ne sont même pas au courant.
Tous les gens qui ont eu affaire au gouvernement — ce qui est certainement le cas de toutes les personnes ici présentes, étant donné la nature du travail que nous faisons — savent qu'il est difficile de s'y retrouver dans les procédures de l'appareil gouvernemental et de s'informer suffisamment à ce sujet. Si c'est vrai pour nous, ce l'est certainement aussi pour les plus vulnérables de notre société.
[Français]
Le fait d'avoir rendu le système automatique était un compromis. Au départ, nous voulions la radiation du casier judiciaire, mais nous nous sommes dit que nous pouvions vivre avec la suspension du casier. Nous n'étions pas contents, mais nous voulions au moins que le gouvernement rende le processus automatique. Or il a refusé de le faire. Il n'est même pas capable d'accepter un compromis.
J'ai dit plutôt que j'allais revenir sur le sujet des documents et du mauvais entretien des dossiers au Canada. C'est de la folie. Parlons à la police de la base de données de la police du Canada. Parlons-lui d'un crime qui est commis en Ontario et du fait qu'il faut retrouver le dossier en Alberta, au Québec ou ailleurs. C'est fou de voir à quel point cela est mal géré. Il est nécessaire de faire une mise à jour informatique, entre autres.
Les conservateurs ont proposé un amendement que tous les membres du comité ont appuyé. Ainsi, si quelqu'un ne trouvait plus les documents, parce qu'ils ont été détruits ou qu'ils sont introuvables, il pourrait prêter serment et obtenir un document certifié, afin de justifier l'absence de documents. La Commission des libérations conditionnelles du Canada serait en mesure d'accepter ce document certifié, cette lettre ou ce serment, afin que la personne puisse aller de l'avant.
Tout le monde était content. C'est un pas dans la bonne direction. Lorsque le projet de loi est revenu à la Chambre, à l'étape du rapport, on a éviscéré cet amendement. On a fait en sorte que ce soit une option qui serait peut-être à la discrétion de la Commission, dans des cas très précis. L'amendement aurait tout aussi bien pu ne pas être adopté, parce qu'il ne servira à personne.
Cela m'amène à mon prochain point, le point le plus honteux et frustrant de tout ce processus. Je suis député depuis huit ans. J'ai un grand respect pour la fonction publique et pour les gens qui y travaillent très fort avec très peu de moyens, malgré ce que la population peut penser. Pendant l'étude du projet de loi en comité, ce que j'ai vu était incroyable.
Quand on a demandé au ministre pourquoi on ne rendrait pas cela automatique, pourquoi on ne radierait pas les dossiers, il nous a carrément dit que c’était trop travail. Je le jure, et j’invite mes collègues à aller lire son témoignage. La même chose a été dite du côté des représentants de la Commission des libérations conditionnelles et lors de l’étude article par article. Quand j’ai présenté des amendements visant à faciliter la vie des citoyens que le projet de loi est censé aider, les libéraux ont demandé aux fonctionnaires de justifier le rejet des amendements que j'ai proposés. Qu’ont-ils dit? Ils ont dit qu’ils n’avaient pas la capacité, qu’ils ne savaient pas comment ils pourraient faire cela et que ce serait trop de travail.
Le gouvernement dit qu'on peut toujours faire mieux. Il a présenté un projet de loi en vue d'aider les personnes de notre société qui vient une situation vulnérable, mais il refuse d’accepter une meilleure approche, une approche appuyée par toutes les personnes qui ont témoigné devant le comité. Il semble que c'est trop de travail pour la Commission des libérations conditionnelles du Canada. Selon les policiers, la société civile et tous les experts qui travaillent dans le milieu judiciaire, la Commission a entretenu des dossiers de façon inadéquate pendant trop longtemps. C’est loin d’être ce qu'il y a de meilleur. En fait, c’est tout le contraire. Ce n’est pas quelque chose que l’on peut accepter.
Cela est encore plus déplorable vu que le comité a mené une étude. Quand le ministre a été nommé, il est arrivé en grande pompe, comme tout le gouvernement. Il a dit que le gouvernement allait régler toutes les injustices créées par le gouvernement précédent et toutes les injustices de la société. À l'écouter parler, c’était le meilleur gouvernement de l’histoire de l’univers. Selon lui, il ne fallait pas s’inquiéter.
Quatre ans plus tard, qu’est-ce qui arrive? Dans le dossier de la suspension du casier judiciaire, on demande environ 650 $. Je n’ai pas le chiffre exact devant moi; prononcer un discours sans notes présente parfois des inconvénients. On demande au citoyen de payer environ 650 $ pour faire une demande de suspension du casier. Cette mesure avait été mise en place par le gouvernement précédent. On a changé le langage. Maintenant, on ne parle plus de pardon, mais plutôt de suspension du casier. Comme l'aurait dit le gouvernement conservateur de l’époque, un criminel ne sera jamais pardonné. Le ministre a dit qu’il y avait une injustice profonde dans le système et qu’il allait la régler.
Qu’est-ce qui s’est passé? Comme l'ont fait plusieurs autres députés, un député libéral qui, je l'espère, avait de bonnes intentions, a suivi la parade. On a commandé une étude en comité. Au cours de sa vie, une personne aura peut-être une seule occasion de présenter une motion ou un projet de loi à la Chambre. Il a demandé une étude portant sur la suspension du casier judiciaire.
À mon avis, il aurait pu demander au comité de mener cette étude. On l’aurait faite le cœur ouvert, mais mettons cela de côté. Le député avait de bonnes intentions. Le député de s'est présenté devant comité et il a dit qu’il faudrait considérer un processus automatique pour les crimes mineurs, comme la possession simple de cannabis.
On a travaillé et on a fait un rapport. Le comité a déposé son rapport à la Chambre. Le gouvernement a dit qu’il allait regarder cela. Sécurité publique Canada, soit dit en passant, avait déjà commandé un sondage mené par Ekos dans lequel on voit que les trois quarts des Canadiens appuyaient une façon plus simple d’avoir une suspension de casier judiciaire, parce que cela permettrait à la personne de réintégrer la société et d’occuper un emploi. En effet, 95 % des personnes qui ont obtenu un pardon ou une suspension du casier n’ont pas récidivé.
Qu’est-ce que le gouvernement a fait? Si j’étais assis, je tomberais en bas de ma chaise. Il a encore une fois présenté la même recommandation que celle qu’on avait déjà présentée, celle qui aurait servi de note de bas de page au sein de notre étude du projet de loi, d’après ce que le ministre avait dit.
Ce qui alimente le cynisme, c'est de voir un gouvernement dire, lorsqu'il accède au pouvoir, qu'il va faire une chose, mais qui ne la fait pas. Un de ses propres députés commande une étude. On dit qu’on va la faire et on ne la fait pas. En comité, les mêmes députés libéraux ont dit, un mois avant la dernière journée à la Chambre des communes, avant les élections, qu’on n’avait pas vraiment le temps de le faire, qu’on aurait peut-être dû le faire ou qu’on le ferait avec le prochain gouvernement.
C’est pour cela que nous nous opposons au projet de loi . À cause du système judiciaire, du système de la sécurité publique, des gens ont été trop souvent pénalisés pour la couleur de leur peau ou l’endroit où ils habitent. Nous, nous voulons réellement aider ces gens. Nous ne voulons pas de demi-mesures qui alimentent le cynisme.