propose que le projet de loi , soit lu pour la deuxième fois et renvoyé à un comité.
— Monsieur le Président, je suis fier de pouvoir parler aujourd'hui de mon projet de loi d'initiative parlementaire, le projet de loi , Loi sur l'équité hommes-femmes chez les candidats. Dans mon discours, j'expliquerai ce qui, selon moi, le rend nécessaire et ce qu'il prévoit pour régler les problèmes recensés, je répondrai aux éventuelles critiques, j'indiquerai qui l'appuie et je parlerai de mon espoir qu'il aille de l'avant.
D'entrée de jeu, j'aimerais dire que j'espère à tout le moins que nous pourrons le renvoyer au comité, car il s'agirait d'un premier pas positif pour favoriser l'équité hommes-femmes au Parlement. Comme je l'ai déjà expliqué à divers collègues, je suis ouvert à tout changement susceptible d'améliorer le texte du projet de loi, si c'est pour lui permettre d'entrer un jour en vigueur et d'accroître la proportion de députées aux prochaines élections et aux autres qui suivront.
Malgré la nature très partisane de notre travail, je ne crois pas me tromper en disant que nous avons tous senti une pointe de fierté lorsque le a annoncé que son premier Cabinet serait le premier Cabinet paritaire de l'histoire. Les Canadiens et le monde savaient ainsi à quoi s'en tenir: ici, nous prenons la question de l'équité hommes-femmes au sérieux.
Je suis également heureux d’apprendre que le se considère comme féministe comme moi. À mon humble avis, si nous poursuivons dans la même voie, il est bien possible que cette législature soit considérée par les historiens futurs comme celle de l’équité hommes-femmes. Toutefois, nous avons un long chemin à parcourir avant de mériter cette étiquette, et il en tiendra beaucoup aux personnes qui siègent ici.
Même si un nombre record de 88 femmes sont devenues députées aux élections de 2015, les femmes n’occupent actuellement que 26 % des sièges à la Chambre, ce qui signifie que trois députés sur quatre sont des hommes. Par conséquent, le Canada se classe 61e sur 191 pays quant à la proportion de femmes élues au Parlement. Ce n’est pas une réalisation dont nous puissions être fiers. D’après l’Union interparlementaire, notre classement nous place derrière des pays tels que l’Irak, l’Afghanistan et El Salvador.
Ce qui est encore pire, c’est que nous baissons constamment dans les classements internationaux. En 1991, nous étions à la 21e place pour ce qui est de la proportion des sièges occupés par des femmes. Depuis, nous avons été dépassés par 40 pays qui ont élu plus de femmes que nous à leurs assemblées législatives. Même si les Canadiennes ont obtenu le droit de vote il y a près d’un siècle, il nous faudra peut-être attendre 2075 -- 60 ans encore -- pour que des femmes occupent la moitié des sièges de notre Parlement, si nous continuons au même rythme. Au total, seuls 6 % des sièges de la Chambre des communes ont été occupés par des femmes. Il faut que cela change. Ce sont plus que de simples statistiques. Ces nombres ont un sens précis.
Si notre système avait été équitable, la Chambre des communes serait le reflet de notre société. Si le système qui nous permet de choisir et d’élire des députés était juste, la Chambre des communes ne resterait pas à jamais remplie de personnes qui pour la plupart nous ressemblent à vous et moi, monsieur le Président. Elle refléterait mieux la riche diversité de notre pays et la moitié de nos sièges seraient occupés par des femmes. Il est injustifié que les membres de certains groupes, comme les hommes blancs hétérosexuels âgés, dominent notre assemblée. C’est injustifié aussi bien du point de vue juridique que du point de vue de la politique.
La politique de présence importe. Les décisions prises à la Chambre reflètent les perspectives de ceux qui présentent les questions à débattre et qui votent à leur sujet. Il y a si peu de femmes à la Chambre pour exprimer leurs idées et leurs opinions que les décisions prises ici ne traduisent pas fidèlement leurs points de vue. Voilà qui est inacceptable.
Dans toute démocratie moderne, devenir un député comporte deux étapes. Premièrement, les candidats doivent être sélectionnés officiellement par un parti politique. Deuxièmement, le candidat officiel doit remporter suffisamment de votes lors de l'élection pour gagner un siège. De plus en plus de travaux de recherche universitaire montrent que les électeurs n'entretiennent pas de préjugés à l'égard des femmes. Lorsqu'elles se présentent aux élections, les femmes ont autant de chances que les hommes d'être élues.
Peu de femmes sont élues au Parlement parce que les partis sélectionnent trop peu femmes à titre de candidates. Il y a amplement de femmes qui manifestent leur désir de devenir candidates. Ainsi, il ne manquerait pas de femmes pour se présenter dans la moitié des 338 circonscriptions au Canada. C'est logique. Après tout, la population canadienne compte 18 millions de femmes. Pour qu'il y ait parité, les partis n'auraient à sélectionner que 169 candidates féminines. À mon avis, personne ne peut soutenir que les partis sont incapables de trouver 169 candidates compétentes et méritantes.
Ce sont les processus de nomination tendancieux des partis politiques qui expliquent pourquoi si peu de candidates sont sélectionnées. Souvent, les dirigeants des partis et les personnes chargées de la sélection ont tendance à préférer les hommes aux femmes parce qu'ils croient que les hommes ont de meilleures chances d'être élus. Le mérite n'a rien à voir avec leur choix. L'argument du mérite a d'ailleurs été réfuté en bloc par les universitaires. Non seulement le nombre de femmes qui se présentent est amplement suffisant, mais celles-ci sont habituellement mieux qualifiées que leurs rivaux masculins. L'argument du mérite est maintenant perçu comme un prétexte visant à dissimuler des valeurs paternalistes, qui poussent à préférer systématiquement les hommes aux femmes.
Nous savons cependant que les hommes n’ont pas de meilleures chances de remporter des élections que les femmes, mais cette perception joue contre ces dernières. L’étude que j’ai publiée de concert avec ma femme, Jeanette Ashe, qui dirige le département de sciences politiques du Collège Douglas, montre que, dans certaines mises en candidature du Canada, les hommes sont cinq fois plus susceptibles d’être choisis que les femmes, tous les autres facteurs étant égaux.
Bien que le Canada n’ait actuellement aucune loi favorisant l’équité hommes-femmes dans notre processus démocratique, les assemblées législatives de plus de 100 pays ont découvert des écarts du même ordre et ont adopté en conséquence des lois pour assurer l’élection d’un plus grand nombre de femmes. Nous devons faire la même chose en votant en faveur du projet de loi sur l’équité hommes-femmes chez les candidats.
D’autres pays ont adopté des lois ou des modifications constitutionnelles radicales qui interdisent, par exemple, aux partis politiques de participer à des élections s’ils ne proposent pas la candidature d’une certaine proportion de femmes. Le projet de loi propose plutôt un régime d’encouragement visant à inciter les partis politiques à s’orienter vers la parité hommes-femmes dans leurs mises en candidature.
Le projet de loi encourage les partis politiques à proposer la candidature de plus de femmes en rattachant cet objectif aux subventions publiques qu’ils reçoivent.
Beaucoup de gens ne savent peut-être pas qu’après des élections, les partis politiques reçoivent un remboursement partiel de leurs dépenses électorales. Les contribuables financent jusqu’à 80 % des fonds consacrés par les partis à la recherche, à la publicité et à d’autres activités électorales. Le projet de loi propose, comme mesure incitative, de retenir une fraction des fonds remboursés à un parti si sa liste de candidats n’est pas équilibrée.
La formule d’encouragement est simple: elle consiste à soustraire le pourcentage de candidats de sexe féminin du pourcentage de candidats de sexe masculin afin de déterminer la mesure dans laquelle la liste est équilibrée entre hommes et femmes. Voici un exemple. D’après le projet de loi, si les candidats proposés par le parti A se composent à 45 % de femmes et à 55 % d’hommes, le parti ne perd rien de ses subventions publiques. Toutefois, si les candidats proposés par le parti B se composent à 25 % de femmes et à 75 % d’hommes, la subvention du parti est réduite de 10 %.
Comme le montrent les chiffres, cette réduction incite les partis à présenter plus de candidates pour se rapprocher de la parité. Nous savons que les mesures de ce genre sont efficaces. Des lois semblables ont été adoptées en France, en Irlande et au Portugal avec d’excellents résultats. Il importe de signaler que la France a un mode de scrutin uninominal, que l’Irlande a un mode de scrutin à vote unique transférable et que le Portugal a un mode de scrutin proportionnel de liste. Cela montre que cette mesure législative peut être efficace dans n’importe quel genre de système électoral.
En gage de l'efficacité de la mesure proposée, je signale que, aux dernières élections en Irlande, une loi semblable a entraîné une augmentation de 90 % du nombre de candidates et de 40 % du nombre d'élues au Parlement de l'Irlande. Ça marche.
Je tenais à faire mes devoirs avant de présenter le projet de loi. Celui-ci se fonde sur ma propre recherche universitaire et sur d'autres études, et j'ai été épaulé par un groupe d'experts lorsque j'ai entamé la rédaction.
J'ai commencé à m'intéresser à l'équité hommes-femmes en politique lorsque je poursuivais mon doctorat à la London School of Economics, et j'ai continué à publier des articles à ce sujet lorsque j'étais professeur agrégé à l'École de politique publique de l'Université Simon Fraser.
J'ai également bénéficié de l'aide d'un groupe d'experts, composé notamment des professeures Rosie Campbell, du Collège Birkbeck; Sarah Childs et Liz Evans, de l'Université de Bristol; Fiona Buckley, du Collège universitaire de Cork; et Meryl Kenny, de l'Université d'Édimbourg. Je remercie ces expertes de m'avoir aidé à rédiger le projet de loi et à faire en sorte qu'il ne perturbe pas le fonctionnement interne des partis. Il est de toute importance de comprendre en effet que le projet de loi ne s'ingère aucunement dans le processus de nomination des candidats des divers partis politiques.
Aux termes de la nouvelle loi, les partis continuent d'élaborer leurs propres processus et règlements relatifs aux nominations et ils décident eux-mêmes de la manière dont ils s'adapteront aux incitatifs.
Malgré mes recherches approfondies réalisées en consultation, je ne suis pas présomptueux au point de supposer la loi parfaite. C'est pour cette raison que je demande à mes collègues d'appuyer son renvoi au comité afin que, ensemble, nous puissions l'améliorer encore davantage.
J'ai réussi à obtenir l'approbation et l'appui de nombreux organismes et particuliers à l'égard de mon projet de loi. Les organismes qui m'appuient sont, entre autres, Samara, Leadnow, YWCA Toronto, Représentation équitable au Canada, l'ACTRA, le Groupe Femmes, Politique et Démocratie, et le Conseil canadien des femmes musulmanes. J'aimerais par ailleurs remercier Jerry Dias, d'Unifor, de l'appui qu'il a manifesté à l'égard du projet de loi.
Donna Dasko, coprésidente de la campagne pour un Sénat à représentation égale et ancienne présidente nationale de Voix égales, appuie le projet de loi. Mme Dasko dit: « La moitié des postes au Cabinet du premier ministre sont occupés par des femmes. Nous devons maintenant atteindre l'égalité entre les sexes et une plus grande diversité à la Chambre des communes et au Sénat du Canada. Le projet de loi nous aidera à atteindre cet objectif. »
J'ai également entendu de nombreux universitaires canadiens exprimer leur appui à l'égard du projet de loi, notamment Jeanette Ashe, Sylvia Bashevkin, Karen Bird, Amanda Bittner, Marjorie Griffin Cohen, Avigail Eisenberg, Lynda Erickson, Penny Gurstein, Fiona MacDonald, Sharon McGowan, Susan Prentice et Melanee Thomas.
Marjorie Griffin Cohen, professeure à l'Université Simon Fraser, a dit ceci en guise d'appui au projet de loi: « Le projet de loi C-237 est une importante initiative qui incite les partis politiques à agir au nom de la parité hommes-femmes à la Chambre des communes. Le Canada a un piètre bilan en matière de représentation des sexes, et dans les autres pays, cette représentation ne s'est améliorée que lorsque des mesures ont été prises pour assurer l'équité. »
Je répète que nous occupons la 61e place sur 191 en ce qui a trait à la représentation des femmes à la Chambre.
Enfin, je tiens à remercier mes collègues parlementaires pour leur soutien, surtout mes collègues du Parti libéral, du Parti vert et du NPD, qui ont appuyé conjointement le projet de loi, de même que la sénatrice conservatrice Nancy Ruth et la sénatrice libérale Mobina Jaffer d'avoir appuyé publiquement le projet de loi. C'est un effort qui transcende la partisanerie.
Ensuite, j'aimerais réagir à quelques critiques potentielles à l'égard du projet de loi. Premièrement, certains collègues m'ont demandé si le projet de loi respecte la Charte. Je tiens à assurer aux députés que j'ai obtenu un avis juridique du Bureau du légiste et conseiller parlementaire et que le projet de loi satisfait aux exigences de la Constitution canadienne.
Selon le Bureau du légiste, « Le projet de loi C-237, advenant que l'on juge qu'il enfreint le paragraphe 15(1), ce qui, à notre avis, n'est pas le cas, pourrait être considéré comme étant une mesure de promotion sociale et ainsi être sauvé par le paragraphe 15(2) puisqu'il vise à favoriser la considération d'un groupe désavantagé, en l'occurrence les femmes, en politique et dans la vie publique. En ce sens, le projet de loi pourrait être perçu comme ayant un but d'amélioration et, de ce fait, être assujetti au paragraphe 15(2). À notre avis, le projet de loi C-237 n'enfreint pas les articles indiqués de la Charte des droits et libertés. »
Un argument précis que j'ai entendu récemment veut que le projet de loi désavantage les petits partis par rapport aux autres. Plus précisément, si un parti ne présentait qu'un seul candidat dans une seule circonscription, la différence entre ses candidats et ses candidates serait de 100 %.
Bien que cet exemple puisse sembler convaincant, l'alinéa 444(1)c) de la Loi électorale du Canada exige actuellement qu'un parti reçoive « au moins 2 % du nombre de votes validement exprimés dans cette élection » pour être admissible à un remboursement. Or, il serait impossible pour un parti ne comptant qu'un seul candidat de recevoir 2 % des votes à l'échelle du pays.
La deuxième critique, c'est que des personnes craignent que le projet de loi ne tienne pas compte des candidats transgenres et ceux qui n'adhèrent pas à la conception binaire dominante homme-femme.
Premièrement, les candidats qui se présentent actuellement à des élections sont tenus par la loi de préciser leur profession, mais pas leur sexe. Le projet de loi vise à corriger cette lacune en exigeant qu'Élections Canada inclue le sexe sur ses formulaires de mise en candidature, ce qui donnerait aux candidats transgenres ou non binaires la possibilité de s'identifier lorsqu'ils décident de se présenter à des élections.
Chose tout aussi importante, le projet de loi inciterait les partis à recruter des candidats appartenant à ces groupes au moyen de la formule suivante: 45 % d'hommes, 45 % de femmes et 10 % de candidats n'ayant pas précisé leur sexe.
En conclusion, j'espère que, grâce à ce court discours, j'aurai réussi à convaincre des députés qu'il vaut la peine d'appuyer le projet de loi. Je récapitule. Premièrement, des lois sur l'équité hommes-femmes chez les candidats sont efficaces dans des pays comme l'Irlande, la France et le Portugal; deuxièmement, le projet de loi est conforme à la Charte; troisièmement, il ne nuirait pas à la régie démocratique interne des partis; quatrièmement, il fonctionnerait dans tout type de système électoral; cinquièmement, il inciterait les partis à choisir plus de candidats transgenres et non binaires; sixièmement, il a été conçu par des experts.
J'ai fait de mon mieux pour présenter le meilleur projet de loi possible, mais je ne suis pas arrogant au point de prétendre qu'il est impossible de l'améliorer. Je demande au , aux membres de son Cabinet paritaire et à mes collègues d'appuyer le renvoi du projet de loi à un comité afin que nous puissions l'améliorer ensemble.
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Monsieur le Président, c'est avec grand plaisir que je prends la parole aujourd'hui au sujet d'une question extrêmement importante. Je tiens à remercier le député de pour le travail qu'il a fait avec son projet de loi d'initiative parlementaire et, de manière générale, je le remercie de soulever la très importante question de la parité hommes-femmes.
Quand on pense à tout le chemin parcouru depuis la première fois où Agnes Macphail a été élue à la Chambre et aux progrès que nous avons faits, quand on pense que le Cabinet actuel est le premier de l'histoire du Canada qui compte un nombre égal d'hommes et de femmes et quand on voit qu'il n'y a jamais eu autant de femmes élues à la Chambre des communes, on peut dire que c'est un progrès phénoménal. Toutefois, le député a tout à fait raison de dire que ce n'est pas assez.
J'ai souvent l'occasion, comme la plupart des députés, d'aller dans des écoles m'entretenir avec des élèves. Je leur demande de réfléchir au nom de l'endroit où nous siégeons, la Chambre des communes. C'est la Chambre qui s'intéresse au commun des gens. Il est donc très important qu'elle reflète la population qu'elle représente.
Comme le député de l'a mentionné, par le passé, nous n'avons pas su veiller à une représentation équitable non seulement des femmes, mais aussi d'autres membres de la société, dans cette assemblée. Il est donc essentiel que nous réfléchissions aux processus que nous pourrions suivre pour nous assurer que la Chambre reflète vraiment la population canadienne.
Nous avons entrepris des travaux pour arriver précisément à en savoir davantage: quelles raisons sous-jacentes font, par exemple, que les femmes ne participent pas autant qu'elles le devraient. Quels sont les obstacles? Qu'est-ce que nous pourrions changer pour que le Parlement soit plus convivial pour l'ensemble du peuple canadien?
Nous avons également entrepris un travail que je trouve assurément très stimulant et qui consiste à changer notre système électoral, notamment la façon de voter, pour que la mécanique suscite l'adhésion des Canadiens et leur permette de se faire entendre. Ce travail aura sans aucun doute une incidence sur la question de la parité ou de l'égalité entre les hommes et les femmes.
Néanmoins, même si j'apprécie vivement les efforts du député de , j'ai quelques objections concernant le projet de loi.
Je commence par la question des petits partis politiques. Lors des dernières élections, six partis politiques n'ont présenté qu'un seul candidat. Par définition, chacun de ces partis se retrouverait dans une situation de déséquilibre entre les hommes et les femmes parce qu'une seule personne s'est présentée aux élections. On me répondra que ces partis n'auront qu'à présenter un autre candidat, mais la réalité d'un petit parti politique fait en sorte que c'est déjà une réalisation monumentale d'arriver à présenter un candidat.
La décision rendue dans l'affaire Figueroa nous démontre l'importance que les tribunaux — et je crois que c'est également le cas des Canadiens en général — accordent à la participation des petits partis. Ils ont un rôle très important à jouer dans notre processus démocratique. Même si je comprends le député de vouloir étudier cette question en comité, je crois qu'il y a aujourd'hui un problème de taille qui mérite d'être souligné.
Je tiens également à souligner l'importance de la liberté d'expression en général.
Par exemple, imaginons un instant qu'un parti décide de ne proposer que des candidatures féminines. Ce parti serait alors pénalisé par ce mécanisme qui ne l'autoriserait pas à le faire.
En général, les partis devraient pouvoir mener leurs affaires comme ils l'entendent. Il y a de nombreux partis, y compris à la Chambre, qui défendent des positions différentes de la mienne, ou qui ont un processus de nomination auquel je n'adhérerais pas, mais cela fait partie des prérogatives du système démocratique. Nous devons réfléchir aux conséquences du projet de loi et à la façon dont il pénaliserait ce processus.
Comme on l'a souligné plus tôt dans le débat, il faut aussi réfléchir aux conséquences possibles de ce projet de loi. Si nous imposons des pénalités aux partis qui ne respectent pas certains contingents ou objectifs, devrions-nous tenir compte de tous les groupes de la société afin qu'il y ait une représentation équitable de la diversité de la population canadienne? Si nous faisons cela, quelles en seront les conséquences?
Je crois que la constitutionnalité est aussi une question qu'il y a tout à fait lieu de soulever. On peut imaginer une situation où, lors d'une association de circonscription visant à désigner un candidat, il y aurait une pression énorme pour atteindre une cible, et ceux qui se prononceraient lors de cette réunion seraient alors tiraillés, d'une part, par l'idée de voter pour la personne la plus qualifiée et, d'autre part, par celle de respecter un contingent afin que leur parti ne soit pas pénalisé. Se pourrait-il que cela empêche de choisir le meilleur candidat? C'est certainement une question préoccupante.
Dans ce contexte, et en ce qui concerne l'investiture en général, nous tenons à nous assurer que le processus établi incite tous les Canadiens à présenter leur candidature. Nous ne devons pas seulement examiner les obstacles qui les empêchent de se présenter; nous devons aussi veiller à ce que les structures que nous mettons en place ne limitent pas le processus de nomination et n'éliminent pas certaines personnes.
Par conséquent, que le projet de loi soit adopté ou non, nous avons beaucoup de travail à faire. Nous devons examiner les obstacles qui empêchent les femmes ou d'autres personnes de poser leur candidature si elles le souhaitent; ces personnes sont sous-représentées au Parlement, et nous devons nous efforcer d'éliminer ces obstacles. Ces gens devront travailler avec nous lorsque nous étudierons la réforme de nos institutions démocratiques et de notre mode de scrutin. Au bout du compte, nous voulons que la Chambre des communes porte bien son nom.
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Monsieur le Président, c'est un honneur pour moi de prendre la parole aujourd'hui au sujet du projet de loi , Loi modifiant la Loi électorale du Canada (équité hommes-femmes).
Dans ma circonscription, Elgin—Middlesex—London, nous sommes sur la bonne voie. Même si je suis la première femme à avoir été élue députée fédérale dans la circonscription, je suis loin d'être la première candidate à ce poste. Ma cousine Luella Watson a été candidate pour le Parti progressiste-conservateur en 1997, et il y a de plus en plus de femmes qui se présentent aux élections de divers ordres de gouvernement.
Pour commencer, j'aimerais raconter le processus que j'ai dû suivre pour devenir la candidate du Parti conservateur lors de l'élection générale de 2015. En décembre 2014, j'ai participé à une course à l'investiture dans le cadre de laquelle la lutte a été très chaude. Quatre femmes et deux hommes ont posé leur candidature. Mme Catharine Sloan, Mme Suzanna Dieleman et Mme Kathy Cook étaient les trois autres femmes qui ont participé à l'investiture, tandis que les deux hommes étaient M. Dean Kitts et M. Bill Denning. C'était la démocratie à son meilleur. Toutes les femmes et tous les hommes qui ont posé leur candidature étaient des gens d'affaires prospères ou ils occupaient des postes de direction au sein de l'administration municipale ou dans le secteur bancaire. Les membres du parti avaient le choix.
Aux élections fédérales, par la suite, cinq personnes s'affrontaient, dont moi-même, la candidate libérale Lori Baldwin-Sands, Bronagh Morgan, du Parti vert — « Bro », qu'elle se faisait appeler —, le néo-démocrate Fred Sinclair et Michael Hopkins, du parti réformiste chrétien. Autrement dit, 60 % des candidats à l'élection fédérale dans ma circonscription étaient des candidates.
Dans les circonscriptions voisines, le Parti conservateur était représenté par des femmes dans et , et trois des quatre députés qui ont finalement été élus sont des femmes, quoique de trois partis différents.
Laissons parler la démocratie: le voilà, mon véritable argument. Lorsque j'ai abordé le sujet avec les membres de mon association de circonscription, beaucoup de personnes m'ont fait part de commentaires très intéressants. Je trouve que le projet de loi, en plus d'être non démocratique, diminue l'importance de ma propre victoire, à la fois dans la course à l'investiture et à l'élection. Je ne me considère pas comme une candidate de seconde classe, mais c'est pourtant l'impression que pourrait me donner le projet de loi. Tout ne devrait pas être une question de sexe. Mes compétences et mes efforts comptent-ils pour du beurre?
Selon un sondage réalisé sur six ans et publié en 2014 par Abacus Data, parmi les 1 850 Canadiens qui ont rempli le questionnaire en ligne, 28 % des hommes sont plus enclins à se porter candidats, alors que chez les femmes, cette proportion est plutôt de 15 %. Comme le disait quelqu'un de mon association, nous devons offrir aux femmes l'occasion de se présenter et non les forcer à le faire. Quelqu'un d'autre disait aussi vouloir que la personne élue le soit parce qu'elle était la plus compétente et non parce qu'elle permettait de remplir un quelconque quota. Selon une troisième personne, ce n'est pas une question de quota, mais de compétence: il faut que la personne choisie soit la meilleure.
Mon association de circonscription est présidée par un homme. La vice-présidente est une femme, tout comme la responsable du financement. La secrétaire est une femme, mais le trésorier est un homme. Comme il y a un nombre égal d'hommes et de femmes, les discussions sont extraordinairement riches. Je peux d'ailleurs assurer une chose aux députés: avec une femme comme Betty Crockett — une véritable pionnière du secteur bancaire et l'une des premières femmes à avoir dirigé une banque —, les femmes de mon association de circonscription se font entendre. Leur expérience et leur expertise sont prises en compte, et leurs idées sont constamment évaluées et décortiquées.
J'ai relevé des similitudes lorsque j'ai comparé la situation dans ma circonscription provinciale avec les circonstances de ma candidature au fédéral. Deux des cinq candidats étaient des femmes: la mairesse de Bayham, Lynn Acre, et la mairesse adjointe de Thames Centre, Delia Reiche. Les deux candidates auraient fait un excellent choix, mais elles ont concédé le siège à Jeff Yurek, notre député provincial actuel, qui s'avère un législateur d'exception à Queen's Park. Voudrais-je remplacer M. Yurek parce que c'est un homme? Absolument pas.
Soit dit en passant, il doit être mort de rire en ce moment, car je lui répète tous les jours qu'il faut se débarrasser de lui. C'est un excellent membre de l'Assemblée législative, à la fois comme représentant des habitants d'Elgin—Middlesex—London et comme porte-parole en matière de santé pour l'Ontario. C'est un député des plus fiable; en ma qualité de députée fédérale, je le considère comme un excellent homologue. C'est une question de démocratie.
Dans une démocratie, tout le monde a le droit de se présenter à l'assemblée d'investiture, le droit de présenter sa candidature aux élections fédérales et, la victoire remportée, le droit de siéger en tant que député. Je suis fière de siéger à la Chambre avec notre chef intérimaire, la députée de . La moitié des candidats à la direction du parti étaient des femmes, mais les membres de notre caucus l'ont élue, elle, car ils trouvaient qu'elle ferait la meilleure chef.
Selon les rumeurs qui circulent en prévision de la course à la direction, beaucoup de noms commencent à circuler, y compris celui de nombreuses excellentes candidates. Quel que soit le sexe de la personne qui sera nommée chef à l'issue du processus, il faut élire celle qui saura le mieux diriger notre parti. Cela n'a rien à voir avec les hommes ou les femmes. Il s'agit de choisir qui présidera le mieux aux destinées de nos localités, de nos circonscriptions et de notre pays.
Examinons certaines des femmes qui siègent actuellement à la Chambre des communes pour représenter leur circonscription. Je crois que la députée de n'a pas été élue parce qu'elle est une femme, mais parce que les gens de sa circonscription croient en elle. La même chose vaut pour mes collègues de , , , , , , , , et . Ces femmes sont des représentantes de tous les partis élues à la Chambre.
Je crois que si nous posions la question à chacune d'elles, elles diraient qu'elles ont été élues non pas parce qu'elles sont des femmes, mais parce qu'elles sont les meilleures personnes pour remplir ces fonctions et que les gens de leur circonscription croient en elles. On parle de rendre des personnes admissibles à un emploi; par conséquent, on rendrait d'autres personnes inadmissibles à cet emploi.
Ma course à l'investiture, comme celle de bien d'autres, j'en suis sûre, consistait à mobiliser l'appui des gens de ma circonscription, à vendre des cartes de membre pour que les gens puissent voter, et à faire un suivi pour m'assurer que les gens votent. Pourquoi cela serait-il différent pour les hommes? Pourquoi rendre des hommes inadmissibles à la candidature afin de respecter notre quota?
Cela dit, je sais que les statistiques montrent qu'il faut un minimum de 30 % à la table d'un conseil pour vraiment changer les choses. Dans un pays où il y a 52 % de femmes et 48 % d'hommes, un calcul élémentaire donne à penser que les femmes seraient majoritaires dans la prise de décisions pour les Canadiens. Ce n'est qu'une idée générale, mais cela s'appliquerait aux partis politiques et aux élections fédérales.
Lorsque j'ai été nommée au parti, je crois que les deux candidats masculins et les trois candidates avaient une directrice de campagne. Donc, c'était le déséquilibre total sur le plan de l'égalité entre les sexes. Même le comité de nomination avait une majorité de femmes à son conseil, trois membres sur quatre, et ce n'était pas en raison de leur sexe, mais bien de leur talent, de leur expertise et de ce qu'elles pouvaient apporter au processus de nomination.
Je crois fermement en l'égalité entre les sexes, mais c'est antidémocratique. Il faut choisir les meilleures personnes pour faire le travail, sans égard à leur sexe.
Comme tout le monde le sait à la Chambre, ce travail est loin d'être normal. Certains jours, nous commençons la journée en déjeunant avec des intervenants, puis nous assistons à des réunions de comité, et nous avons ensuite des rencontres individuelles dans notre bureau. Nous participons à la période des questions et à des débats, et nous poursuivons notre journée de travail, souvent jusqu'à tard dans la soirée. La semaine dernière, par exemple, nous avons siégé jusqu'à minuit à deux occasions. Les fins de semaine, nous participons à des activités communautaires, nous rencontrons nos concitoyens et, avec un peu de chance, nous pouvons dormir dans notre propre lit.
Pour ma part, je sais que je ne pourrais pas faire ce travail si je n'avais pas une famille extrêmement compréhensive. Mon travail a changé la vie des membres de ma famille. L'autre jour, l'employeur de mon mari Mike lui a demandé comment il s'adaptait à sa nouvelle vie. En effet, pendant que je suis ici pour servir mes concitoyens et mon pays, mon mari est à la maison. Il travaille à temps plein, fait l'épicerie, organise les journées des enfants, répond à leurs besoins, demeure en communication avec mes parents et les siens et assiste à des activités en mon absence.
Tous les jours où je suis ici, mes enfants me manquent. Heureusement, grâce aux technologies actuelles, je peux leur parler et voir ce qu'ils sont en train de faire. La décision de se lancer en politique n'est pas facile. Nous consentons tous des sacrifices. C'est probablement pourquoi les résultats du sondage ont révélé que seulement 28 % des hommes et 15 % des femmes veulent poursuivre une carrière politique.
Au bout du compte, notre tâche consiste à encourager les personnes à se porter candidates à une charge publique, et pas à les obliger à le faire.
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Monsieur le Président, c'est pour moi un honneur de pouvoir remercier les résidants de Nanaimo—Ladysmith qui m'appuient, qui ont travaillé fort pendant ma campagne électorale et qui m'ont élue. Je compte de nombreux alliés dans la circonscription, et c'est ce qui fait toute la différence au bout du compte. Mon équipe a travaillé pendant presque deux ans à ma mise en candidature et à ma campagne électorale. Je lui en suis très reconnaissante.
Je vais parler tout d'abord du caractère essentiel du projet de loi. Lors des élections de l'automne dernier, dans 97 circonscriptions du pays, les électeurs n'ont pas pu voter pour une candidate représentant l'un des principaux partis. Il s'agit d'une lacune importante. Même s'ils l'avaient souhaité, les gens n'auraient pas pu voter pour des femmes qui auraient eu l'occasion de faire partie du gouvernement.
Élection après élection, en raison de l'ajout inégal de candidates à la grandeur du pays, il est impossible d'élire suffisamment de femmes au Parlement. C'est pourquoi nous n'obtenons que des gains infimes. Le Parlement est censé être paritaire. Or, les femmes ne représentent que 26 % des députés, alors qu'elles forment 52 % de la population. Le taux de représentation des femmes ne s'est amélioré que de 1 % depuis 2011. Fait embarrassant, le Canada se classe au 61e rang mondial à ce chapitre. Il faut presque aller jusqu'à la page 3 de la liste des pays avant d'y trouver le Canada. Je veux que nous changions cette situation.
L'excellente ONG À voix égales calcule qu'à ce rythme, il faudra 89 ans avant que le Parlement atteigne la parité hommes-femmes. Les choses changent beaucoup trop lentement.
Voilà pourquoi c'est un problème, selon moi. Lorsque la composition du Parlement ne reflète pas celle de l'électorat, il est possible que des électeurs cessent de s'intéresser au processus parlementaire. Si la composition du Parlement ne représente pas la population, c'est peut-être parce que les priorités du Parlement s'écartent un peu de ce que souhaiteraient les gens ordinaires. C'est peut-être ce qui explique qu'il n'y ait pas de régime universel de garde d'enfants au Canada. C'est peut-être ce qui explique qu'il n'y ait pas de régime universel d'assurance-médicaments. C'est peut-être ce qui explique qu'il n'y ait pas de bon régime de soins palliatifs.
Nous savons que ce sont surtout les femmes qui s'occupent des membres de leur famille, tant des enfants que des personnes âgées. Si les femmes occupaient leur part des sièges du Parlement, elles nous aideraient peut-être à adopter des politiques qui enlèveraient beaucoup de pression à tout le monde.
C'est peut-être aussi ce qui explique que les budgets désavantagent honteusement les enfants des Premières Nations. Le Tribunal des droits de la personne nous dit même que le Parlement n'a pas les priorités à la bonne place depuis des décennies.
Par ailleurs, il se peut fort bien que l'absence de soutiens politiques tienne les femmes à l'écart de la vie communautaire et du scrutin. Nous voilà dans un intéressant cercle vicieux. Quand les femmes sont étouffées par les obligations familiales, elles choisissent de ne pas se présenter, ne sont donc pas élues et ne se prononcent pas sur les questions primordiales relatives au soutien des familles.
Le Parlement a été créé bien avant que les femmes aient le droit de vote et il n'a à peu près pas changé en plus de 100 ans. Il n'a tout simplement pas innové, mais ce projet de loi constitue une innovation. Par conséquent, je me réjouis que des gens soient ici pour en débattre et consentent à creuser le projet de loi pour voir comment les mesures qu'il renferme pourraient fonctionner.
Bien des choses ont changé en 100 ans. Les femmes ont obtenu le droit de vote en 1918, le droit de briguer les suffrages en 1921, l'affaire « personne » en 1929, l'admission dans l'armée en 1980 et l'inclusion de l'égalité des femmes dans la Charte des droits et libertés en 1982. En outre, il y a quelques années, nous avons obtenu l'installation de tables à langer dans les salles de bain du Parlement. Nous innovons où nous le pouvons. Tous ces changements reflètent l'évolution de la société.
On accorde beaucoup d'attention au Cabinet paritaire, et je félicite le d'avoir nommé autant de femmes que d'hommes dans son Cabinet. Ce n'est toutefois pas la première fois que cela se fait. En 2008, le Québec s'y était engagé. En 2015, la première ministre de l'Alberta, Rachel Notley, s'y est engagée, elle aussi, mais cela n'a pas amené plus de femmes à se présenter. C'était une bonne initiative, mais nous aimerions au moins avoir la possibilité d'élire des femmes. Nous voulons l'égalité des chances.
Le Canada n'a toujours pas de loi pour promouvoir l'équité hommes-femmes au sein du processus démocratique. Comment pouvons-nous changer les choses? J'ai une liste de programmes, comme Héritières du suffrage, du programme D'égale à égale, qui constitue une façon extraordinaire d'amener les jeunes femmes à réfléchir à ce que ce serait pour elles d'occuper l'un de ces sièges. Je me réjouis du travail qui se fait là.
Deuxièmement, nous pouvons voter pour les femmes lorsqu'elles se présentent aux investitures et aux élections, et je suis très reconnaissante envers les gens qui ont voté pour nous et nous ont permis d'être députées.
Troisièmement, il serait avantageux d'établir un système de représentation proportionnelle. Dans beaucoup de pays et dans presque toutes les démocraties occidentales, les représentants sont élus au moyen d'un système de représentation proportionnelle. Tous ces pays élisent plus de femmes que nous.
Quatrièmement, lorsque j'étais de passage aux Nations unies, ce printemps, j'ai pu assister à une conférence formidable donnée par l'Italie, un pays qui est fier d'avoir adopté une loi obligeant les partis politiques à établir des listes de candidats où les femmes sont aussi nombreuses que les hommes. La proportion de femmes est passée de 21 % à 31 % dès les élections suivantes. On a réussi à passer de 21 % à 31 % simplement en ayant un nombre égal d'hommes et de femmes dans les listes.
Le projet de loi de notre collègue n'aurait pas ce genre d'effet, mais il nous permet de voir quelles options s'offrent à nous.
Parlons donc du projet de loi de notre collègue, le projet de loi , qui inciterait les partis politiques à présenter un plus grand nombre de femmes comme candidates. Ils auraient toujours la latitude de nommer les candidats qu'ils veulent. Personne ne se verrait dicter sa conduite ou ses décisions. Toutefois, un parti politique qui choisirait de présenter un nombre égal de femmes et d'hommes serait récompensé financièrement. Concrètement, cela veut dire un minimum de 45 % de femmes et de 45 % d'hommes. Les députés auront remarqué, en faisant le calcul, qu'il y a un jeu de 10 % qui permettrait aux partis politiques de disposer d'une certaine souplesse et de présenter des candidats transgenres ou à l'identité sexuelle changeante.
La loi comprendrait donc un incitatif pour amener les partis politiques à prendre des mesures pour favoriser l'égalité entre les hommes et les femmes. Ce sont les partis qui détermineraient s'ils veulent un nombre égal de candidats des deux sexes et comment ils comptent s'y prendre pour y arriver. Il serait possible d'appliquer cette loi, quel que soit le système électoral: uninominal à un tour, proportionnel, peu importe.
L'idée de lier le financement public des partis politiques aux mesures d'équité entre les hommes et les femmes n'est pas nouvelle. C'est exactement ce qu'a recommandé, en 1991, une commission royale canadienne. Depuis lors, cette idée a été adoptée par bon nombre de pays occidentaux.
Si nous en arrivons à élire plus de femmes au Parlement, quelles pourraient en être les répercussions? Nous pourrions promulguer des politiques exigeant la nomination d'un nombre égal de femmes et d'hommes dans les sociétés d'État et les organismes publics. Nous pourrions mettre en place un plan d'action national pour mettre fin à la violence envers les femmes, chose que notre pays, aussi gênant que ce soit de l'admettre, n'a pas encore fait. Même l'Australie et des pays auxquels on ne penserait pas ont déjà fait ce lien. Nous pourrons financer davantage de travaux sur la violence conjugale. Nous pourrons prendre des mesures pour combler les écarts salariaux entre les hommes et les femmes. Nous pourrons assurer des droits égaux en matière de procréation et un accès sûr et égal à des soins de santé génésique. En outre, nous pourrons nous pencher sur les politiques susceptibles d'empêcher les femmes de se présenter à des élections ou de participer à la vie publique: les services de garderie, les soins à domicile, les soins palliatifs, l'aide à l'éducation préscolaire.
Il y a quelques années, le Conseil de sécurité des Nations unies a mené une étude sur la paix, la sécurité et les femmes. On y concluait notamment que, lorsque des groupes de femmes sont en mesure d'influer sur les négociations ou de faire pression pour qu'il y ait un accord de paix, l'entente finit presque toujours par être conclue. Les accords conclus avec la participation de femmes sont 35 % plus susceptibles de durer au moins 15 ans. Nous voulons que des femmes participent aux négociations internationales et défendent aussi la paix et la sécurité.
J'ai eu l'honneur de faire partie de la délégation canadienne à la Commission de la condition de la femme des Nations Unies. Je remercie la de m'avoir incluse dans la délégation. Nous avons entendu toutes les femmes dirigeantes du monde dire que nous avons plus que jamais l'occasion d'atteindre l'égalité entre les hommes et les femmes. Cela ne concerne pas que le Canada. Par ailleurs, nous avons souvent entendu dire que les droits des femmes et la justice sociale sont essentiels pour trouver des solutions durables aux problèmes mondiaux. Si nous pouvions accorder plus de pouvoir aux femmes, mettre fin à la violence contre les femmes, et favoriser l'inclusion et l'éducation des jeunes filles, nous serions en mesure de régler quelques-uns des problèmes les plus complexes auxquels le monde doit faire face, qu'il soit question de l'environnement, de la sécurité alimentaire ou de tout autre dossier. Il faut que tous puissent participer pleinement et faire part de leurs idées et de leurs différentes opinions afin que nous puissions trouver des solutions à nos problèmes.
Comme le souligne l'organisme À voix égales, les femmes ont obtenu le droit de vote il y a 100 ans, et elles ne devraient pas attendre encore un siècle pour avoir une voix égale.
:
Monsieur le Président, je tiens à féliciter le député de d'avoir présenté le projet de loi , la Loi sur l'équité hommes-femmes chez les candidats, et d'avoir lancé cette discussion importante, qui nous aidera à déterminer comment nous pouvons atteindre la parité hommes-femmes sur la scène politique au Canada.
Puisque pendant une bonne partie de ma carrière, j'ai travaillé avec des femmes partout dans le monde, j'ai pu étudier les meilleures façons d'accroître la représentation des femmes dans les Parlements. Diverses organisations, notamment ONU Femmes, le Programme des Nations unies pour le développement, l'Union interparlementaire et d'autres organismes internationaux d'envergure, estiment que les solutions législatives comme celles qui sont énoncées dans le projet de loi , y compris les pénalités et les stimulants financiers visant à inciter les partis politiques à choisir plus de femmes comme candidates, sont généralement reconnues comme des méthodes permettant d'accroître la parité hommes-femmes. En fait, en 2009, à Oslo, j'ai animé une table ronde internationale sur les règles de financement à l'intention des femmes qui se lancent en politique, et c'était l'une des principales recommandations.
Les cadres législatifs de nombreux pays vont beaucoup plus loin que ce projet de loi. À l'heure actuelle, le Canada se classe au 61e rang mondial pour ce qui est du nombre de femmes qui siègent au Parlement. Nous nous classons derrière des pays comme le Soudan, l'Irak et Cuba.
Presque tous les pays qui ont atteint la parité hommes-femmes au Parlement y sont parvenus parce qu'ils ont mis en oeuvre des mesures obligatoires qui sont prévues dans la loi, et ce, quel que soit leur système électoral. Au rythme où vont les choses en ce moment au Canada, même si les chefs de parti se disent déterminés à faire élire plus de femmes, nous n'atteindrons l'équité que dans 90 ans, à moins que nous apportions des changements. À mon avis, nous ne pouvons pas uniquement en appeler à la bonne volonté des partis politiques pour mettre en oeuvre ces changements.
[Français]
Je suis fière de prendre la parole au Parlement avec des hommes et des femmes qui luttent pour la parité et l'égalité des genres. Plus de femmes servent dans ce Parlement que jamais auparavant. Nous avons un Cabinet qui est sans précédent dans sa réflexion et qui représente l'ensemble des Canadiens. Les partis politiques ont pris de nouvelles mesures pour encourager la mise en service de candidats de sexe féminin, et beaucoup de ceux qui ont été élus ont travaillé sans relâche pour établir de nouveaux réseaux et systèmes de soutien.
Toutefois, en tant que nation, nous ne sommes pas un chef de file, et nous ne pouvons pas faire confiance à ce cours pour se corriger lui-même ou avoir confiance que la bonne main sera toujours sur la roue.
[Traduction]
Les femmes n'ont jamais occupé plus de 26 % des sièges de la Chambre. La représentation féminine n'a connu aucune augmentation digne de ce nom depuis 1993. Nous avons fait des progrès, je ne dis pas le contraire, mais nous ne pouvons pas avoir pour principe que le progrès est inévitable. Si nous comptons sur une augmentation progressive, nous risquons de perdre tous nos acquis.
Dans le monde, depuis l'entrée en vigueur de la Déclaration de Pékin, en 1985, la représentation des femmes a connu des avancées majeures, souvent parce que les pays instauraient des quotas ont prenaient des mesures spéciales temporaires. Or, depuis 2010, de nombreux pays ont atteint un plateau, et la représentation des femmes y stagne vers 25 ou 30 %. Elle a même régressé dans certaines régions. Le Canada tire toujours plus de l'arrière, alors que certains pays à l'extérieur de l'Europe et de l'Amérique du Nord sont sur le point de franchir la barre des 30 %.
Pour lutter contre les inégalités, il faut employer des moyens inégaux. Du point de vue démographique, les Canadiennes sont toujours aussi instruites, mais elles continuent de gagner à peine 73 ¢ pour chaque dollar qu'empochent les hommes. Les Canadiennes ont moins accès aux réseaux financiers leur permettant d'amasser l'argent dont elles ont besoin pour faire campagne, mais les études ont montré que les élues du Canada dépensent plus que leurs homologues masculins dans une proportion d'environ 10 %. Autrement dit, les Canadiennes ont besoin de travailler plus fort et de dépenser plus d'argent que les Canadiens pour obtenir les mêmes résultats.
En offrant des incitatifs financiers aux partis politiques qui présentent un nombre accru de candidates, nous corrigerions le déséquilibre qui a actuellement cours. Voilà pourquoi, en 2003, à l'époque où le gouvernement Chrétien était au pouvoir, le caucus des femmes du Parti libéral a fait des pieds et des mains pour que les courses à l'investiture soient incluses dans le plafond des dépenses électorales et fassent partie des éléments à déclaration obligatoire dans la loi sur le financement électoral adoptée en 2003.
[Français]
Je suis fière de l'engagement historique et permanent de notre gouvernement, qui a présenté les lois ayant eu un impact tangible sur les femmes durant l'élection. L'importance de la loi sur le financement électoral de 2003 ne peut pas être surestimée.
Aux dernières élections, 29,7 % des candidats étaient des femmes. Ces mêmes femmes ont gagné 26 % des sièges au Parlement. Des études réalisées par À voix égales ont indiqué que lorsque les femmes sont sur le bulletin de vote, elles sont élues presque 50 % du temps. Le public canadien n'est pas le gardien. Le problème, c'est d'être sur le bulletin de vote en premier lieu. Ce n'est pas sur le plan électoral que les femmes font face à la plus grande inégalité.
Les femmes font face à des chances disproportionnées, elles font face à des contraintes financières uniques et elles manquent d'accès à des réseaux politiques informels. Malgré toutes les preuves du contraire, elles font face à l'idée préconçue selon laquelle elles ne seront pas élues. Elles tendent ainsi à ne pas se porter volontaire, en plus d'être découragées par une culture politique qui est encore très masculine.
[Traduction]
Il est vrai que le projet de loi ne propose pas une solution à tous ces problèmes. Il n'est pas exhaustif. Au contraire, par la force des choses, sa portée est minime. Toutefois, il permet d'amorcer une conversation cruciale, et nous nous rendrions un bien mauvais service en laissant la discussion sur cette question se terminer sans que cette dernière ait été étudiée par un comité.
J'ai parcouru le monde, parlé à des femmes sur cinq continents et géré un réseau dont le personnel est réparti dans huit pays, et j'ai constaté que les obstacles rencontrés par les femmes étaient partout pareils. La seule différence est leur niveau de gravité. En effet, même au Canada, les femmes s'occupent davantage de l'éducation des enfants que les hommes. C'est pourquoi le comité de la procédure et des affaires de la Chambre cherche à faire en sorte que le Parlement tienne davantage compte des besoins des familles.
Plusieurs témoins nous ont dit que des mesures comme un horaire de travail plus efficace, de meilleurs services de garde et la réduction du chahut inciteraient un plus grand nombre de femmes à se présenter à des élections. Les femmes sont encore victimes de stéréotypes et de préjugés dans les médias dont les hommes ne font pas l'objet, et on n'accorde pas la même importance au leadership manifesté par des femmes qu'à celui associé à des hommes. C'est en partie à cause du manque de modèles féminins dans des postes de pouvoir, une situation qui commence finalement à changer maintenant que le a nommé un Cabinet comptant un nombre égal d'hommes et de femmes.
Le recrutement et la formation sont essentiels pour les femmes sur la scène politique et plusieurs partis ont mis en oeuvre des mesures pour s'assurer que des femmes sont recrutées, y compris en exigeant que des femmes soient incluses dans le comité de recherche de candidats ou en interdisant à une association locale d'organiser une réunion de sélection des candidats si aucune femme n'a présenté sa candidature. Beaucoup de partis ont aussi prévu des fonds afin de recueillir de l'argent expressément pour les candidates.
[Français]
Le système électoral est également un obstacle majeur à l'élection d'un plus grand nombre de femmes. Dans le monde, les pays occupant les 10 pays derniers rangs au chapitre du nombre de femmes élues sont tous des pays dotés d'un système first-past-the-post. Dans le cas des consultations sur la modification du système électoral au Canada, cela doit être l'un des principaux points à considérer.
[Traduction]
En dépit de toutes les réformes à même d'améliorer la représentation des femmes, les données persistent à montrer que, peu importe le système électoral, les mesures volontaires adoptées par les partis sont d'une efficacité limitée. L'autonomie des partis politiques constitue l'argument le plus courant contre les solutions imposées par la loi, qui sont pourtant appuyées par des données concluantes.
À ma connaissance, la Suède est le seul pays qui a réussi à établir la parité en ayant seulement recours à des mesures volontaires. Dans ce cas, les partis ont accepté d'adopter un système dit de la « fermeture éclair », en vertu duquel un candidat sur deux doit être une femme et qui est impossible à instaurer dans notre système électoral actuel.
[Français]
Avec ce projet de loi, il ne s'agit pas de faire passer le Canada en avant du groupe. Il s'agit plutôt de rattrapage. Des incitatifs financiers sont l'une des mesures les moins intrusives qui peuvent être utilisées pour réaliser l'égalité politique. Il maintiendra la liberté des partis politiques au moment de la sélection des candidats et des nominations.
[Traduction]
La représentation égale, c'est plus qu'une question de justice ou d'optique. C'est aussi une condition préalable à des politiques et des principes véritablement démocratiques et inclusifs. Il ne s'agit pas seulement de l'aspect symbolique de l'affaire. Partout dans le monde, j'ai vu des femmes risquer leur propre sécurité, y compris physique, et celle de leur famille pour prendre leur place à la table et j'ai personnellement perçu le changement que peut induire la présence d'une femme dans une salle. Il faut que les différentes expériences et les différentes perspectives aient une voix à la table, sans quoi elles ne seront pas représentées.
Selon moi, le projet de loi contribue de façon positive au dialogue en cours, qui nous mène vers un avenir où la voix des femmes sera égale à celle des hommes, tant à la Chambre que partout au pays.
:
Monsieur le Président, je suis heureuse de prendre la parole au sujet de ce projet de loi d'initiative parlementaire, le projet de loi , la Loi sur l'équité hommes-femmes chez les candidats.
Je vais d'abord expliquer clairement le but du projet de loi. L'article 4 du projet de loi modifierait la Loi électorale du Canada, afin d'exiger des partis politiques qu'ils présentent un nombre égal de candidats et de candidates. Si l'écart entre le nombre de candidats de sexe masculin et de sexe féminin était supérieur à 10 %, le parti verrait sa subvention réduite à la suite des élections.
Nous voulons encourager plus de femmes à se porter candidates. Il n'y a pas de doute à ce sujet. Bien sûr, nous voulons voir des femmes occuper des postes de pouvoir, des femmes engagées dans les affaires, dans la politique, dans le secteur privé et dans le secteur public.
Lorsque j'entends mon collègue dire que nous avons maintenant des modèles féminins parce que le a nommé autant d'hommes que de femmes à son Cabinet, je répondrais qu'il y a de nombreuses femmes, non seulement des deux côtés de la Chambre, mais aussi dans le secteur privé et le secteur public, qui sont d'excellents modèles.
Lorsque je me suis présentée aux élections fédérales, il y avait cinq candidats, dont quatre étaient des femmes. Lorsque je suis devenue la première mairesse de la ville de Surrey, dont le conseil était à l'époque majoritairement composé de femmes, mon parti comptait davantage de candidates que de candidats. D'ailleurs, il compte un plus grand nombre d'élues que d'élus depuis 1996.
J'ai eu le privilège au fil des années de travailler avec beaucoup de jeunes femmes. J'estimais d'ailleurs qu'en tant que femme il m'incombait de faire en sorte d'offrir toutes les occasions possible aux jeunes femmes et aux jeunes filles, et aussi de faire en sorte que nous les habilitions et les encouragions à réaliser leurs rêves et à atteindre leur plein potentiel.
En effet, je suis certaine que toutes les députées à la Chambre, indépendamment de leur affiliation politique, s'entendraient pour dire que nous avons toutes le privilège insigne de pouvoir profiter de nos fonctions pour servir de mentor aux femmes du Canada et du monde entier, pour les aider et les appuyer.
Toutes mes collègues à la Chambre ont été élues non pas parce qu'un parti politique était obligé de remplir un quota de femmes pour que ses dépenses soient couvertes, mais bien parce qu'elles ont mérité le respect et la confiance des électeurs de leur circonscription qui trouvaient que personne d'autre ne les représenterait aussi bien à Ottawa.
Je souhaite voir plus de femmes se présenter en politique, non pas parce qu'un parti politique veut s'assurer d'obtenir le remboursement optimal de ses dépenses, mais plutôt parce que ces femmes croient qu'elles sont les meilleures personnes pour représenter leur collectivité. Je veux voir des gens de tous les horizons représenter le Canada en cet endroit, sans égard à l'âge, à l'origine ethnique ou au sexe.
Les conservateurs ont nommé la première ministre du Cabinet au Canada, en 1957. La moitié des candidats qui se sont présentés au poste de chef intérimaire des conservateurs l'an dernier étaient des femmes. À l'heure actuelle, le Parti conservateur est le seul parti reconnu officiellement à la Chambre des communes à être dirigé par une femme.
Toutes ces femmes remarquables sont parvenues là où elles sont parce qu'elles étaient les meilleures personnes pour remplir leurs fonctions et non parce qu'un quota de femmes devait être atteint. De plus, le projet de loi nuirait à la démocratie en forçant les partis politiques à s'ingérer dans les courses à l'investiture locales, ce qui ne ferait rien pour encourager les partis à présenter la meilleure personne pour représenter les gens d'une circonscription donnée.
Pour cette raison, je ne peux pas, en tant que femme, appuyer le projet de loi. J'appuie les efforts des femmes qui veulent améliorer leur vie, et dont nous devrions aider à améliorer la vie, mais je ne peux pas appuyer un projet de loi qui forcerait mes collègues et moi à employer un système de quota. Ce n'est pas cela, la démocratie. Ce n'est pas cela, le progrès.