Que la Chambre convienne que le groupe armé État islamique: a) a commis des crimes contre l’humanité à l’endroit des chrétiens, des yézidis et des chiites ainsi que d’autres minorités religieuses et ethniques en Syrie et en Irak; b) se sert du viol et des violences sexuelles comme d’une arme de guerre et réduit les femmes et les filles en esclavage; c) cible les gais et les lesbiennes qui ont été torturés et assassinés; par conséquent, que la Chambre condamne sans réserve ces atrocités et déclare que ces crimes constituent un génocide.
— Monsieur le Président, j'ai l'honneur de me lever aujourd'hui pour parler de la motion conservatrice demandant à la Chambre de reconnaître les actions du groupe État islamique comme étant un génocide.
[Traduction]
Je vais partager mon temps de parole avec le député de , un défenseur des droits de la personne depuis de nombreuses années.
Comme nous le savons tous, lundi dernier était le 72e anniversaire du jour J et du débarquement des alliés en Normandie. Chaque année, le 6 juin, nous prenons un instant pour réfléchir aux sacrifices des militaires canadiens des générations passées dans le but de mettre fin à un régime tyrannique et sanguinaire.
La Seconde Guerre mondiale a vu l'ascension du fascisme et de l'antisémitisme dans la plus grande partie du monde occidental. Nos militaires ont combattu vaillamment pour le Canada, mais ils ont également combattu pour mettre un terme aux horreurs infligées partout en Europe par le régime nazi au moyen de l'Holocauste.
C'était une campagne de génocide et on le reconnaît comme tel avec raison. Depuis ce temps, le Canada et ses alliés ont fait la promesse solennelle de ne jamais oublier, et nous renouvelons cette promesse chaque année.
[Français]
L'engagement à se souvenir nécessite aussi l'engagement à agir. Ne nous leurrons pas; il faut agir de nouveau aujourd'hui. Le groupe État islamique terroriste continue sa destruction au Moyen-Orient, une région déjà instable, et des milliers de vies innocentes en paient le prix.
[Traduction]
On oublie facilement à quel point la menace du groupe État islamique est réelle puisqu'ici, au Canada, nous vivons dans la paix et la prospérité.
Or, au moment où l'on se parle, le régime terroriste djihadiste brutal connu sous le nom de groupe État islamique extermine de façon systématique les chrétiens, les Assyriens, les Yazidis, les musulmans chiites et de nombreuses autres minorités religieuses en Syrie et en Irak. Ses membres ont torturé et décapité des enfants. Ils ont violé des femmes et les ont vendues à titre d'esclaves sexuelles.
Il y a un mot pour décrire ce massacré délibéré de certains groupes de personnes innocentes: c'est un génocide.
Cette campagne de génocide est menée contre les peuples les plus anciens et les plus respectables du monde, et les origines de nombre d'entre eux remontent à l'Antiquité.
Depuis des années — des siècles, en fait —, ils vivent en petites communautés minoritaires et sans défense. Ils ont déjà fait face aux préjugés et à la persécution par le passé, mais grâce à la force de leurs religions et de leurs communautés, ils sont restés unis sur leurs terres natales historiques. Toutefois, en raison des attaques sauvages du groupe État islamique, ils doivent quitter leurs terres ou faire face à l'esclavage et à une mort certaine.
Les histoires provenant de l'Irak sont terrifiantes. Le groupe État islamique a établi des marchés d'esclaves sexuelles où l'on examine les dents des filles avant de les vendre. Cette semaine seulement, 19 autres filles yézidies ont été brûlées vivantes parce qu'elles refusaient d'être des esclaves sexuelles.
[Français]
Les filles sont régulièrement battues, fouettées, brûlées et violées. C'est à la fois troublant et déchirant. En 2016, cela ne peut pas être toléré.
[Traduction]
En plus de commettre des crimes innommables contre l'humanité, le groupe État islamique a volontairement détruit des dizaines d'églises, de mosquées, de temples et de monastères anciens, après en avoir pillé les artéfacts pour les revendre sur le marché noir.
Irina Bokova, directrice générale de l'UNESCO, a qualifié ce vandalisme abject « d'épuration culturelle ». On tente d'effacer les traces laissées au cours de l'histoire par les communautés agressées, en démolissant les symboles de leur passé qui leur sont les plus chers.
Le groupe État islamique a un objectif simple: créer une nouvelle réalité à son image dans tout le Moyen-Orient et faire la guerre contre l'Occident, y compris le Canada. Pourtant, depuis l'arrivée au pouvoir du gouvernement actuel, le Canada n'a pris que des demi-mesures.
Le gouvernement conservateur qui a précédé le gouvernement actuel prenait part à un effort de ses alliés pour combattre le groupe État islamique au moyen d'une campagne de frappes aériennes efficaces et vigoureuses, qui ont fait cesser sa progression et ont sérieusement amoindri ses ressources. Malheureusement, le gouvernement actuel a choisi de ne plus participer à cet effort. Les Canadiens cherchent encore une explication à cette décision.
[Français]
Nous pouvons renforcer la réponse du Canada à cette terrible menace pour d'innocents hommes, femmes et enfants en qualifiant les actions du groupe État islamique de ce qu'ils sont vraiment: un acte de génocide.
[Traduction]
Le du Canada a évité de qualifier ces actes de génocide. Il a déclaré à la Chambre des communes qu'il souhaitait faire enquête pour savoir si un génocide avait eu lieu. Je ne sais pas ce qu'il veut voir de plus.
Pendant que le ministre fait du surplace, nos alliés avancent.
Aux États-Unis, le secrétaire d'État, John Kerry, a déclaré clairement que le groupe État islamique était responsable d'un génocide contre des groupes habitant les zones sous son emprise. Le 15 mars, la Chambre des représentants des États-Unis a déclaré à l'unanimité que le groupe État islamique était en train de commettre un génocide en Irak et en Syrie.
La Chambre des communes du Royaume-Uni a fait de même en adoptant à l'unanimité une motion qui déclare que le groupe État islamique est en train de commettre un génocide en Irak et en Syrie contre les chrétiens, les yézidis et d'autres minorités ethniques et religieuses.
L'Union européenne a aussi déclaré qu'il s'agissait d'un génocide.
Même les Nations unies ont fait entendre leur voix. Des enquêteurs des Nations unies ont accusé le groupe État islamique d'être en train de commettre un génocide. Les données qu'ils ont recueillies indiquent clairement que le groupe État islamique a l'intention d'éliminer les yézidis en tant que groupe.
Par exemple, les Nations unies ont découvert que les combattants du groupe État islamique avaient rassemblé des centaines d'hommes yézidis âgés de plus de 14 ans et les avaient exécutés sommairement.
[Français]
Le gouvernement conservateur précédent avait aussi reconnu les actions du groupe État islamique comme un génocide.
[Traduction]
Soyons bien clairs: la réputation du Canada est entachée par l'incapacité du et de son gouvernement de trouver le courage moral de condamner le groupe qui a chassé des familles de leur foyer, vendu des femmes et des jeunes filles comme esclaves sexuelles, lorsqu'il ne les a pas tout simplement assassinées, et qui a forcé de milliers de personnes innocentes à fuir dans des camps de réfugiés.
Les députés d'en face restent silencieux à l'égard de cette situation, notamment en ce qui concerne la persécution de jeunes filles yézidies qui ont fait l'objet d'horribles campagnes d'abus et d'esclavage sexuels. Le gouvernement tient des séances de photos et des conférences de presse, mais il oublie de mentionner que les dossiers de seulement neuf familles yézidies ont été traités depuis la mise en place du plan d'accueil de réfugiés au Canada. Seuls ces quelques yézidis ont trouvé asile chez nous alors que des milliers d'entre eux demeurent à la merci de la brutalité du groupe État islamique. Le silence des libéraux est déconcertant pour les Canadiens et la décision injustifiée du de retirer les avions de combat du Canada de la campagne aérienne constitue une insulte pour nos alliés.
À défaut d'explication, force est de conclure que l'inaction du n'est pas fondée sur des principes, mais constitue plutôt une manoeuvre politique.
Il faut parfois appeler les choses par leur nom. Aujourd'hui, nous sommes témoins d'une campagne acharnée pour faire disparaître d'anciennes nations de la face de la Terre. Le terme « génocide » est le plus approprié pour qualifier les actes terribles qui sont commis.
Comme suite à cette déclaration, j'invite tous mes collègues de la Chambre à réfléchir à ce qui doit être fait pour mettre un terme à ce génocide et à se demander si le Canada fait tout ce qu'il peut dans ce dossier.
[Français]
Il est temps que les 338 députés de la Chambre des communes prennent position, y compris les députés d'en face.
[Traduction]
Je demande à mes collègues de faire ce qui s'impose en votant pour cette motion et en déclarant que ces crimes constituent un génocide.
:
Monsieur le Président, j’ai l’honneur de prendre la parole pour appuyer la motion de ma collègue de .
Il est aussi incroyable que tragique de constater qu’en 2016, le ministre d’un pays qui se considère comme démocratique, qui est attaché à la primauté du droit et qui adhère à la Convention des Nations unies pour la prévention et la répression du crime de génocide refuse de prononcer le mot définissant précisément et avec puissance ce qui se passe au vu et au su de tous et qui est documenté dans toute son horreur en Syrie et en Irak depuis des années. Je parle de la persécution brutale de toute personne qui refuse de se convertir à l’interprétation perverse que fait de l’islam le groupe État islamique, des enlèvements, de l’esclavage sexuel, du viol, de la torture et des meurtres collectifs. Existe-t-il un autre mot que « génocide » pour décrire tout cela?
Aujourd’hui, nous avons entendu — et je soupçonne que ce n’est pas la dernière fois — les formulations alambiquées provenant d'en face pour tenter d’empêcher les ministres libéraux de prononcer ce mot. Plus de sept décennies après que ce néologisme a été forgé à partir de la racine grecque genos, « race », « tribu », et du suffixe latin -cide , « tuer », les terminologues, diplomates, politiciens et les gens ordinaires ont ergoté et se sont disputés longtemps pour donner au terme une définition et une application contextuelle précises.
Pas plus tard que l’année passée, la Chambre a unanimement adopté une motion présentée par l’ancien député conservateur Brad Butt, qui réaffirmait la reconnaissance de quatre génocides au XXe siècle: l’Holocauste, le génocide arménien, l’Holodomor ukrainien et le génocide rwandais. Cependant, plusieurs d’entre nous trouvaient que la motion omettait de reconnaître les autres génocides du XXe siècle: la Grande famine en Chine, les champs de la mort des Khmers rouges au Cambodge, le génocide de Srebrenica et le génocide au Darfour, qui font tous partie des nombreux génocides non encore officiellement reconnus. Et maintenant, il y a la Syrie, l’Irak et le groupe qui s'est autoproclamé État islamique.
Les faits sont écrasants. Le cas le plus clairement défini est celui des atrocités massives commises contre les minorités de la province de Ninewa dans le Nord de l’Irak. Avant juin 2014, Ninewa était la province irakienne la plus diversifiée. Les minorités ethniques et religieuses qui y vivaient comprenaient les yézidis, les chrétiens assyriens et chaldéens, les mandéens sabéens, les shabaks chiites, les Turkmènes et les kaka'i. Plus de 800 000 hommes, femmes et enfants ont été contraints de quitter leur foyer et leur localité. Les églises, les temples et les sanctuaires ont été systématiquement détruits. En trois mois à peine, plusieurs milliers de personnes ont été tuées, et le massacre n’a jamais cessé depuis.
En septembre dernier, pendant la campagne électorale canadienne, le Centre Simon-Skjodt pour la prévention des génocides a mené une expédition visant à témoigner de ce qui se passait en Irak. Le groupe a recensé des cas de déplacements forcés et brutaux, de conversions religieuses forcées, de viols, de tortures, d’enlèvements et de meurtres. À titre d’information pour la Chambre, le Centre Simon-Skjodt mène des travaux sur les génocides et autres crimes contre l’humanité pour le compte du musée commémoratif de l’holocauste, aux États-Unis. Le Centre Simon-Skjodt a pour vocation de stimuler la prise de mesures coordonnées à l’échelle mondiale afin de prévenir les risques de génocide et, comme il l’énonce lui-même, « catalyser une réponse internationale là où ce risque existe ».
En août 2014, un rapport montre que plus de 200 000 yézidis ont été encerclés sur le mont Sinjar, sans eau et sans vivres. Un autre groupe de 50 000 yézidis a été isolé et capturé par des terroristes du groupe État islamique. Seuls le parachutage de colis d’aide humanitaire et les frappes aériennes des États-Unis ont pu créer un corridor de fuite sécuritaire et mettre fin au siège du mont Sinjar.
Des témoignages détaillés, qui ont été fournis par des réfugiés qui se trouvaient dans les camps pour les personnes déplacées à l'intérieur de l'Irak et par des gens de l'ensemble de la région, ont été recueillis par ceux qui ont participé à l'expédition relative au génocide.
Le témoignage d'un homme, qui est cité dans le rapport de l'expédition, caractérise bien, selon moi, la campagne menée par le groupe État islamique, qui force les gens à s'exiler et vise même l'extinction de certains peuples. Il a déclaré: « Nous n'avons pas d'avenir. Notre génération n'existe plus. »
Le rapport sur le génocide qui a été rédigé par le Centre Simon-Skjodt — j'invite d'ailleurs tous les députés à le lire, car il explique de façon fort détaillée la violence commise par le groupe État islamique — se termine comme suit:
[...] nous estimons que [le groupe État islamique] a commis un génocide envers le peuple yézidi.
Je sais que nous débattrons de la prochaine phrase tout au long de la journée aujourd'hui, mais c'est une phrase que le gouvernement libéral invoque comme excuse. La voici:
C'est un tribunal qui devra déterminer si un génocide a bel et bien été commis, après avoir examiné attentivement les preuves.
Or, c'est précisément ce qui n'a pas été fait. Aucune mesure en ce sens n'a été prise, car le groupe État islamique commet un génocide et des crimes contre l'humanité depuis ce temps, et c'est ce qu'il fait encore aujourd'hui.
La Cour pénale internationale n'entreprendra pas de son propre chef des procédures pour étudier la situation et déclarer le groupe État islamique coupable de génocide. C'est le Conseil de sécurité des Nations unies qui doit demander à la Cour pénale internationale d'agir. Puisqu'il y a des problèmes liés au droit de veto au sein du Conseil de sécurité et que la Russie et la Chine ne cessent de s'opposer aux résolutions relatives au génocide et aux crimes contre l'humanité, aucune des démocraties qui siègent au Conseil de sécurité n'a pris la peine de présenter une motion sur le groupe État islamique.
Soit dit en passant, c'est une autre excellente raison de faire bouger les choses, de remanier les Nations unies et de réinventer cette organisation pour qu'elle redevienne l'institution internationale qu'elle devait être au départ, lorsqu'elle a été créée, car elle ne s'acquitte pas souvent du rôle qui devrait lui incomber à l'heure actuelle.
Cela dit, et c'est un aspect que nous ferons valoir tout au long de la journée aujourd'hui, ce n'est pas parce que les Nations unies sont incapables d'ordonner à la Cour pénale internationale d'agir que les démocraties souveraines, comme le Canada, devraient profiter de l'occasion pour ne pas respecter leurs responsabilités individuelles, éviter de prononcer tout haut le mot qui commence par « g » et ne pas prendre les mesures nécessaires, comme les autres pays qui partagent leurs vues.
Nous avons la liste de ceux qui se sont exprimés et nous avons entendu le . La Chambre des communes britannique, le modèle de notre Parlement, a, par un vote unanime, défini l'action de l'État islamique comme un génocide. Le Parlement européen, le Conseil de l'Europe, le Vatican, la Chambre des représentants des États-Unis, la Commission des États-Unis sur la liberté religieuse internationale, le secrétaire d'État américain, le conseil des évêques en Europe et bien d'autres encore, mois après mois, ont osé prononcer le mot que le gouvernement libéral se refuse à proférer.
En conclusion, je demande à tous mes collègues, quelle que soit leur affiliation, d’appuyer la motion de la députée de demandant que la Chambre condamne sans réserve ces atrocités et déclare que ces crimes constituent un génocide.
:
Monsieur le Président, comme le savent les députés, le Canada a réagi à la situation actuelle en Syrie et en Irak et aux actes horribles de l'État islamique en Irak et au Levant, l'EIIL, en mettant en œuvre une stratégie globale.
Les habitants de la Syrie et de l'Irak, qui ne croient pas dans les méthodes tordues de l’EIIL, sont ciblés et ont subi d’horribles pertes. Les personnes appartenant à des communautés minoritaires, y compris les groupes religieux et ethniques, ont été particulièrement touchées par le conflit dans la région et par la barbarie de l’EIIL.
Notre stratégie vise à affaiblir et à vaincre l’EIIL, et surtout, à rendre son retour impossible.
[Français]
L'instabilité provoquée par les crises en Irak et en Syrie et engendrée par le soi-disant État islamique en Irak et au Levant, l'EIIL, est ressentie dans la région. Les minorités religieuses, ethniques et autres figurent parmi les groupes les plus vulnérables, et elles ont déjà beaucoup souffert.
Nous condamnons les actes terroristes commis par l'EIIL et nous appuyons activement les efforts pour déterminer si certains actes de l'EIIL constituent un génocide.
[Traduction]
Personne ne conteste que l’EIIL ait commis de nombreuses violations des conventions internationales des droits de la personne et du droit humanitaire international. La motion présentée à la Chambre, cependant, ne reflète pas la nécessité de réaliser une enquête indépendante sur les faits en cours de documentation concernant les crimes de l’EIIL et de soumettre ensuite ces faits à une juridiction compétente.
Personne n'emploie le mot génocide à la légère. Voilà pourquoi le Canada a appuyé les efforts des Nations unies et des organisations de la société civile afin d'enquêter sur les crimes commis dans les zones touchées par l’EIIL et de les documenter. Le Canada et ses partenaires doivent poursuivre leurs efforts en la matière sur plusieurs fronts, rassembler des preuves et apporter leur appui aux processus judiciaires, tout en s’efforçant de réduire les souffrances et de mettre un terme à cet horrible conflit. C’est la voie à suivre pour obliger l’EIIL à rendre compte de ses actes.
Notre stratégie vise à mettre un terme à la brutalité de l’EIIL pour faire face à la crise humanitaire terrible et contribuer à l’élaboration de solutions politiques et à la stabilité dans la région.
Le Canada investit 1,6 milliard de dollars sur trois ans pour répondre aux crises en Irak et en Syrie et à leurs incidences sur le Liban, la Jordanie et la région. La mise en oeuvre de la stratégie est en cours au Canada et à l'étranger. Nous allons bien au-delà de celle de l'ancien gouvernement.
Nous estimons que cette stratégie assure également un appui solide aux courageux hommes et femmes qui sont engagés dans la lutte contre le groupe État islamique. Nos efforts dans la région renforcent la résilience des populations locales, des institutions et des acteurs légitimes en matière de gouvernance, car ce sont eux qui ont à relever les défis associés à l'extrémisme et aux conflits. Voilà comment nos efforts porteront leurs fruits.
La prévention et la résolution de conflits dépendent de nombreux facteurs, les principaux étant la promotion et la protection des droits de la personne. Le 17 mai dernier, nous avons annoncé la création du Bureau des droits de la personne, des libertés et de l'inclusion. Le nouveau bureau élargit la portée du travail entrepris par l'ancien bureau de la liberté de religion. C'est un autre exemple qui montre que le gouvernement est proactif sur le plan de l'inclusion de tous les droits de la personne. L'intégration de la liberté de religion ou de croyance à un cadre élargi de protection des droits de la personne donne au Canada d'autres moyens de défendre tous les droits et toutes les libertés.
L'extrémisme se développe dans des milieux non inclusifs, sans respect pour la diversité, la différence et les droits de la personne. Grâce à notre nouveau cadre international des droits de la personne, nous poursuivons notre travail en matière de politiques, de défense et de programmes afin de promouvoir la liberté de religion ou de croyance en Irak, en Syrie, et ailleurs dans le monde.
Le budget consacré à la promotion des droits de la personne est de 15 millions de dollars. C'est trois fois plus que le montant investi au départ pour l'ancien bureau de la liberté de religion.
[Français]
Les mesures prises par le Canada pour contrer l'EIIL et le fléau de l'extrémisme sont concrètes. Dans le domaine militaire, le Canada continue de fournir un appui aérien et des capacités de collecte de renseignements inestimables aux opérations militaires de la coalition, grâce à ses aéronefs de ravitaillement et de surveillance.
De plus, le Canada et d'autres membres de la coalition offrent des formations stratégiques aux forces de sécurité irakiennes, afin de les aider à planifier et à mener leurs opérations contre l'EIIL.
Le Canada est en train de tripler le personnel consacré à sa mission de formation, de conseils et d'assistance auprès des forces de sécurité kurdes dans le Nord de l'Irak. Les efforts visant à renforcer les capacités des forces de sécurité locales permettent d'accroître leur efficacité face à l'EIIL et d'offrir une sécurité durable au peuple irakien.
Il convient également de souligner que le Canada est l'un des quelques membres de la coalition qui contribuent à tous les objectifs, c'est-à-dire endiguer le flot de combattants étrangers, empêcher l'EIIL d'accéder à du financement, lutter contre la propagande véhiculée par cette organisation et contribuer aux efforts en matière de sécurité et de stabilisation dans la région.
[Traduction]
Le Canada est favorable à la tenue d'une enquête judiciaire exhaustive sur les crimes commis par le groupe État islamique et joint sa voix à ceux qui exhortent le Conseil de sécurité des Nations unies à renvoyer ces affaires criminelles à la Cour pénale internationale. C'est pourquoi le Canada a enjoint le Conseil de sécurité des Nations unies à établir une procédure afin de faire enquête sur les violations du droit international commises par le groupe État islamique en Irak et en Syrie en vue de déterminer si elles constituent des actes génocidaires ou d'autres crimes graves punis par le droit international, d'identifier les auteurs de ces crimes, et de prendre des mesures permettant de tenir ces personnes responsables de leurs gestes, y compris le renvoi à la Cour pénale internationale.
Il y a une semaine, le 30 mai, le a écrit une lettre au président du Conseil de sécurité des Nations unies qui dit ceci:
En mars 2015, le Haut-Commissariat des Nations [u]nies aux droits de l’homme a publié un rapport selon lequel tout porte à croire que l’EIIL a commis des crimes de guerre, des crimes contre l’humanité et des actes de génocide en Ira[k]. On y recommandait qu’une enquête indépendante soit effectuée et que le Conseil de sécurité de l’ONU envisage de saisir la Cour pénale internationale de la situation. Le gouvernement du Canada est d’accord avec ces recommandations [...] Par conséquent, nous demandons au Conseil de sécurité d’agir conformément à sa principale responsabilité, qui consiste à maintenir la paix et la sécurité à l’échelon international, et d’établir un mécanisme permettant d’enquêter sur les allégations de violations du droit international commises par l’EIIL en Ira[k] et en Syrie [...]
Le Canada déploie également des ressources diplomatiques supplémentaires dans la région. Nous avons pris une position ferme, en février dernier, devant le Conseil des droits de l’homme des Nations unies à Genève, à propos de la situation des populations en Syrie qui sont touchées par le conflit, notamment les femmes. Nous avons affirmé notre appui aux efforts consentis pour que le point de vue des femmes soit adéquatement représenté dans les pourparlers de paix en Syrie et dans les négociations à haut niveau avec l’opposition syrienne. Nous avons été présents aux trois dernières rondes des pourparlers de paix qui sont organisés entre les Syriens, sous la houlette de l’ONU.
Il est important que je remette les pendules à l’heure, car l’opposition n’a pas brossé un tableau exact de la situation. Le vote qui a eu lieu aux États-Unis a eu lieu au Congrès et il n’a pas été plus loin. Quant au vote en Grande-Bretagne, il s’est déroulé alors qu’aucun membre du Cabinet n’était présent. À l’Union européenne, le vote a porté sur une motion, et les gouvernements ne se sont pas engagés dans des actions précises. Nous poursuivons nos efforts, comme l’indique la lettre de notre .
Les populations civiles sont les premières victimes de ces conflits et du véritable fléau que représente l'EIIL. Le Canada compte parmi les grands fournisseurs d’aide humanitaire dans la région du Moyen-Orient, et nous continuons de satisfaire le plus rapidement possible les besoins essentiels des populations civiles affectées par ce fléau.
Le 12 septembre 2015, le gouvernement du Canada a créé le Fonds de secours d’urgence pour la Syrie, afin de renforcer l’aide humanitaire dans ce pays. Depuis cette date, le gouvernement investit un dollar et même plus dans le fond pour chaque dollar versé par un Canadien. Les plus grands bénéficiaires de ce fonds sont les personnes qui sont les plus touchées par la crise, notamment les femmes et les enfants.
Il ne faut pas oublier non plus les efforts incroyables que le Canada et les Canadiens ont consentis pour faciliter la réinstallation de réfugiés syriens au Canada. En collaboration avec des particuliers, des commanditaires privés, des organisations non-gouvernementales, des gouvernements provinciaux et territoriaux et des administrations municipales, le gouvernement du Canada a accueilli plus de 25 000 réfugiés syriens depuis novembre 2015.
Étant donné que l’initiative comprenait au départ des réfugiés parrainés à titre privé, le Canada accueillera d’autres réfugiés soutenus par le gouvernement afin d’atteindre l’objectif de 25 000 réfugiés soutenus par le gouvernement.
Notre programme d’aide à l’établissement des réfugiés permet d’offrir aux gouvernements, aux collectivités et aux familles qui les accueillent les services appropriés et l’aide nécessaire à la reconstruction des infrastructures. Il contribue à créer des emplois pour les parents et à faciliter la scolarisation des enfants. Nous déterminons les enfants qui ne vont pas à l'école et nous les aidons tout au long du processus.
Pour pouvoir satisfaire les besoins essentiels à court terme des victimes du conflit, surtout les groupes minoritaires les plus vulnérables, nous devons accompagner les collectivités qui accueillent des réfugiés et des personnes déplacées. Depuis trois ans, plus de 600 000 Syriens ont fui vers la Jordanie, et plus de 1,2 million vers le Liban. Nous savons que la Jordanie et le Liban ont énormément de difficultés à accueillir tous ces réfugiés, sans parler des infrastructures et des services qui sont largement insuffisants. Il faut absolument éviter que les populations d’accueil et les personnes déplacées se disputent les ressources existantes.
Parmi les personnes ciblées, il y a bien sûr les femmes, les filles et les minorités de genre. On est de plus en plus conscient de la nécessité d’inclure le point de vue des femmes et des minorités de genre dans les actions visant à contrer cette menace immédiate. L’inclusion des femmes à toutes les étapes du règlement des conflits et de la consolidation de la paix est une méthode jusqu’à présent insuffisamment utilisée mais pourtant terriblement efficace pour réduire le radicalisme et l’extrémisme violent.
L’inclusion des femmes doit faire partie intégrante de notre propre stratégie globale, laquelle doit reconnaître que les femmes et les filles sont particulièrement vulnérables face aux atrocités commises par le groupe État islamique. Nous savons que les femmes sont de plus en plus victimisées dans ce conflit.
En Jordanie, par exemple, notre programme d’aide au développement permettra de venir en aide aux femmes et aux jeunes personnes vulnérables, en leur donnant les moyens de subvenir à leurs propres besoins et à ceux de leur famille, ainsi que les capacités de travailler. Pas plus tard que le mois dernier, j’ai assisté au sommet du Forum mondial des femmes parlementaires, à Amman, en Jordanie, où j’ai annoncé, au nom de la , un projet de 16 millions de dollars pour donner aux femmes les moyens de participer davantage aux décisions, dans la région du Moyen-Orient. Le Canada a une réputation de chef de file à cet égard.
Les preuves sont là. L’inclusion des femmes conduit à une paix plus durable et à de plus grands efforts de prévention. Avec un financement adéquat, une volonté politique pérenne, et des plans et processus qui prennent en compte les droits de la personne et l’égalité des genres, il est possible d’obtenir des résultats concrets au niveau de la sécurité et de la stabilité.
Nous savons que la violence sexuelle joue un rôle déterminant dans le climat d’insécurité que le groupe État islamique fait régner. Le rapport d’avril 2016 du Secrétaire général de l’ONU, qui porte sur la violence sexuelle liée aux conflits, illustre avec de nombreuses preuves à l’appui les violences sexuelles auxquelles se livre le groupe État islamique contre les femmes yézidies, entre autres, dans les zones qu’il contrôle. Nous avons les témoignages de femmes qui ont survécu au viol, à la torture sexuelle et au harcèlement sexuel.
Au fur et à mesure que des territoires sont repris au groupe État islamique, on trouve d’autres preuves de ces horribles crimes. Le représentant spécial pour l’Irak du Secrétaire général de l’ONU a déclaré au Conseil de sécurité la semaine dernière que plus de 50 charniers avaient été découverts jusqu’à présent dans plusieurs régions de l’Irak. C’est précisément pour cette raison que le Canada appuie les organisations qui font des enquêtes et rassemblent des preuves sur les crimes sexuels violents et autres abus commis par le groupe État islamique.
Ces organisations jouent un rôle primordial, car elles vont nous donner les moyens d’obliger les responsables de ces violences à rendre des comptes.
[Français]
En réponse à la demande de ses partenaires de la coalition, le Canada agit également comme coordinateur des efforts de stabilisation liés aux questions d'égalité entre les sexes. Nous collaborons avec nos partenaires de la coalition, y compris le gouvernement de l'Irak et le Programme des Nations Unies pour le développement, afin de veiller à ce que les efforts de stabilisation de la coalition tiennent compte des entrées des femmes et des considérations liées à l'égalité entre les sexes.
À cette fin, le Canada appuie entre autres l'élimination des débris de guerre explosifs pour permettre aux collectivités de reprendre le cours de leur vie. De plus, le Canada fournit un soutien technique aux autorités locales pour restaurer la primauté du droit. Afin d'aider à atténuer le risque que l'EIIL et les autres groupes extrémistes se procurent et utilisent des armes chimiques et biologiques, le Canada aide l'Irak à accroître sa capacité de lutter contre ce type d'armes.
[Traduction]
L’aide que nous accordons à la Jordanie va lui permettre de lutter contre des groupes terroristes comme le groupe État islamique, tout en intégrant le respect des droits de la personne et des normes de l'État de droit dans ses méthodes d’enquête et d’exécution de la loi. En collaboration avec les responsables jordaniens, nous essayons de renforcer la résilience de la population contre la radicalisation.
Dans le cadre de notre stratégie, le gouvernement a annoncé, le 5 mai dernier, la signature d’un nouveau protocole de collaboration avec la Jordanie en matière de sécurité et de stabilisation. Le protocole d’entente définit un cadre de collaboration dans lequel les deux pays acceptent de collaborer pour mieux relever les défis qui se posent à la Jordanie. Nous en faisons davantage.
S’agissant de la Syrie, le Canada saisit toutes les occasions pour trouver une solution politique au conflit et contribue aux efforts déployés pour lutter contre la rhétorique du groupe État islamique dans les territoires contrôlés par celui-ci. Dans le cadre du Programme de partenariat mondial, le Canada a récemment versé plus de 6 millions de dollars à l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques, pour l’aider à faire enquête en cas d’utilisation d’armes chimiques, et à vérifier, surveiller et détruire des armes chimiques.
En aidant les responsables de la gouvernance locale en Irak et en Syrie à rétablir les services essentiels, notre stratégie contribue à aider les civils à retourner dans les territoires qui ont été libérés par le groupe État islamique. Nous essayons d’empêcher des organisations extrémistes violentes d’occuper le vide politique laissé par les autorités locales qui sont incapables d’offrir des services essentiels à la population.
[Français]
La programmation stratégique du Canada contribue grandement aux efforts de la coalition en vue d'affaiblir l'EIIL, de restaurer la stabilité et de favoriser la sécurité régionale.
[Traduction]
Le Canada contribue de façon soutenue et responsable à la sécurité dans la région. Le Canada contribue de façon soutenue et responsable aux efforts visant à obliger le groupe État islamique à rendre des comptes pour les crimes contre l’humanité qu’il a commis. La tâche est énorme, mais nous poursuivons notre travail sans relâche. Nous n’employons pas des termes à la légère. Nous sommes convaincus que la communauté internationale finira par obliger le groupe État islamique à rendre des comptes.
:
Monsieur le Président, nous nous entendons tous sur le fait que ce que fait le groupe armé État islamique en Syrie et en Irak est absolument horrible.
Voici quelques données. La violence du groupe armé État islamique a provoqué le déplacement de 2,5 millions de civils en Irak seulement et a laissé 5,2 millions d'autres personnes dans le besoin d'une assistance humanitaire. Plus de 5 000 personnes ont été assassinées par le groupe armé État islamique. En mai, 50 fosses communes contenant les corps de civils assassinés par le groupe armé ont été découvertes en Irak.
L'ONU a aussi souligné de graves violations des droits de la personne, dont des attaques qui visent directement la population et l'infrastructure civiles, des exécutions et autres meurtres visant les civils, des enlèvements, des viols et d'autres formes de violence sexuelle et physique.
Un rapport de mars 2015 rédigé par le Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l'homme a signalé certaines atrocités envers la communauté yézidie: l'assassinat brutal et ciblé de centaines d'hommes et de garçons dans la province de Ninive, au nord-ouest de Bagdad, en août 2014; le viol de filles âgées d'aussi peu que six ans; l'enlèvement de femmes comme prises de guerre; la division forcée des familles, où des garçons âgés d'aussi peu que huit ans sont enlevés et forcés de devenir des enfants-soldats. Ce ne sont que quelques exemples des horreurs perpétrées par le groupe armé État islamique.
Dans ce contexte, nous n'avons pas d'objection à ce que nous unissions nos voix à celles du Congrès américain, de l'administration Obama, par l'entremise de son secrétaire d'État, et à celles du Parlement européen, du Conseil de l'Europe et du Parlement britannique, dont on a beaucoup parlé, pour dire que, notamment en ce qui a trait aux yézidis, tout indique qu'il y a effectivement génocide.
Toutefois, le simple fait de dire cela à la Chambre n'a que très peu d'effet. Évidemment, la motion du Parlement a un pouvoir moral, mais n'implique aucune obligation de la part du gouvernement.
On a fait faire une analyse afin de déterminer ce qui arriverait si jamais le gouvernement le disait qu'il y avait génocide à tel ou tel endroit, de manière générale. On en a conclu que cela ouvrirait la porte à l'imposition de restrictions en matière d'importations ou d'exportations, à la diminution ou au retrait de l'aide au développement international, ainsi qu'à l'expulsion de diplomates ou la suppression de relations diplomatiques. Telle est la liste.
Alors, on voit que cela n'a pas d'effet sur un acteur non étatique. Pour qu'il y ait un effet tangible, il faut que cela passe par les Nations unies et par la Cour pénale internationale. Nous avons beaucoup de partenaires dans le monde qui ont adopté ce type de motion. J'espère que ces motions permettront de maintenir la pression sur les institutions comme le Conseil de sécurité de l'ONU et la Cour pénale internationale, afin qu'on aille au fond des choses.
D'ailleurs, comme j'ai eu l'occasion de le souligner un peu plus tôt, je suis un peu surprise que la motion ne propose pas de transmettre la question à ces instances internationales et de continuer à travailler avec elles pour faire progresser les enquêtes.
La motion a surtout et malheureusement un impact moral, mais les mots ne suffisent pas, comme disait un de mes collègues. Il y a des actions très concrètes qui doivent être entreprises.
Par exemple, il faut d'abord et avant tout investiguer les crimes de guerre et contre l'humanité qui ont cours en Syrie et en Irak. Ce sont évidemment les crimes de guerre et les crimes contre l'humanité commis par le groupe armé État islamique, mais il ne faut pas oublier ceux commis par le régime de Bachar al-Assad lui-même. Je ne sais pas pourquoi on n'en parle pas davantage. Il y a également ceux commis par des groupes armés, y compris les groupes de l'opposition au régime de Bachar al-Assad, qui sont eux aussi loin d'être blancs comme neige. On admettra que cela est une autre faille de cette motion.
Je pense que si nous avions rédigé la motion, elle aurait été probablement mieux faite. Mais bon, que veut-on? C'est la vie.
Il faut absolument investiguer ce qui se passe sur le terrain. Naomi Kikoler, directrice adjointe du Simon-Skjodt Center for the Prevention of Genocide du United States Holocaust Memorial Museum, a dit:
Pratiquement nul effort n'a été mis en oeuvre pour systématiquement documenter les crimes qui ont été perpétrés, préserver les preuves, protéger et conserver les preuves médico-légales, garantir la protection des fosses communes pour nous permettre d'intenter des poursuites efficaces à l'avenir. Le Canada peut jouer un rôle essentiel en soutenant financièrement ces activités, mais aussi en envoyant des experts dans les régions libérées du joug islamique.
C'est vraiment essentiel. Le Canada a une grande expertise dans ce domaine. Nous demandons un engagement depuis des années. Un peu d'argent voté l'année dernière est arrivé à échéance. Nous aimerions avoir plus de détails concrets sur ce que le gouvernement du Canada entend faire en ce sens.
Il est essentiel d'investiguer les crimes afin de pouvoir poursuivre plus tard, mais on doit aussi agir maintenant. Agir maintenant, c'est aider les gens sur le terrain, aider les réfugiés, fournir de l'aide humanitaire dans les camps, continuer à recevoir des réfugiés au Canada, leur offrir une aide adéquate à leur arrivée, s'assurer qu'ils peuvent s'intégrer dans la société, et s'assurer notamment qu'ils peuvent apprendre l'anglais ou le français. Il faut aussi aider énormément les pays voisins. C'est un aspect de l'action du gouvernement que je salue. L'aide à la Jordanie et au Liban est absolument essentielle, notamment pour éviter que l'instabilité ne s'étende.
Il faut aussi assurer l'accès à l'aide humanitaire dans toutes les régions de la Syrie. Il y a un travail diplomatique énorme à faire à cet égard. C'est un travail sur lequel le Canada doit mettre beaucoup d'efforts. Cela ne suffit pas évidemment. Il faut s'attaquer au groupe armé État islamique lui-même. Nous avons toujours dit qu'il fallait lui couper les vivres, d'abord et avant tout. Il faut lui couper l'accès à l'argent.
On sait que le groupe armé État islamique se finance en partie par des extorsions en Irak et en Syrie, mais il continue aussi de faire du commerce, le trafic du pétrole et autres. Il faut vraiment que la communauté internationale mette un grand accent sur cela. Il y a l'expression qu'on connaît tous: « l'argent est le nerf de la guerre ». Si on réussit à couper le financement au groupe armé État islamique, on aura fait d'énormes progrès. Il faut aussi lui couper l'approvisionnement en armes.
Là encore, je le répète et j'insiste pour que le gouvernement canadien procède très rapidement à accéder au Traité sur le commerce des armes. C'est absolument essentiel et cela va nous aider à convaincre d'autres pays à travailler en ce sens. Cette circulation mondiale d'armes est l'une de nos plus grandes menaces. Il faut aussi, évidemment, empêcher le groupe armé État islamique de recruter plus de militants. Je n'entrerai pas dans les détails parce que nous en avons parlé très souvent, mais il y a un problème ici, car certaines des mesures prises par divers pays semblent fournir au groupe armé État islamique encore plus d'occasions d'attirer des militants.
Ces éléments font aussi partie du mandat qui nous a été confié par les Nations unies. Il est essentiel de mettre l'accent là-dessus. Il est aussi essentiel de travailler à la déradicalisation ici, au Canada. Il ne faut pas oublier que la radicalisation n'est pas seulement islamiste. Il y a aussi la radicalisation de droite et différents mouvements de radicalisation. Il est essentiel d'en faire plus dans ce domaine.
Finalement, par-dessus tout, il faut trouver une solution de paix dans la région. J'étais heureuse de voir que maintenant, le Canada est invité enfin aux grandes réunions internationales pour essayer de trouver une solution diplomatique durable et commencer à penser, on l'espère, à la reconstruction et à l'avenir.
Le général Dallaire, pour lequel, je pense, tout le monde ici à la Chambre a une admiration sans borne, disait récemment en entrevue que le génocide rwandais était en train de se répéter en Syrie. Il faut donc trouver une entente. Il faut trouver une solution.
J'ajouterai qu'il faut aussi travailler à la prévention. En effet, comme le disait un de mes collègues que j'admire beaucoup, le problème de ces groupes terroristes, en ce moment, c'est que c'est comme l'hydre de la mythologie grecque: on coupe une tête et deux têtes repoussent. Il y a quelques années, nous étions préoccupés par Al-Qaïda. Ensuite, nous l'étions par Al-Qaïda au Maghreb, puis par le groupe armé État islamique. Il faut absolument faire de la prévention. La prévention n'est pas simple. Ce n'est pas facile et cela prend du temps, mais c'est essentiel. La prévention passe par la bonne gouvernance. Pour prévenir les conflits, il faut s'assurer que, dans tous les pays, justice est faite. Par ailleurs, s'assurer que justice est faite implique qu'elle le soit aussi quand des crimes contre l'humanité ont été perpétrés.
[Traduction]
Nous convenons tous que les atrocités commises par le groupe État islamique en Syrie et en Irak sont horribles. Je ne vais pas entrer dans tous les détails, mais nous parlons de 5 000 personnes tuées par ce groupe, par exemple. Nous parlons également du viol utilisé comme arme de guerre. Nous parlons de jeunes enfants enlevés à leurs familles pour devenir des enfants soldats. Nous avons tous vu les images, comme les décapitations, qui sont affreuses, mais ce sont des atrocités qui sont commises jour après jour.
À cet égard, nous n’avons aucune objection à ajouter nos voix à celles du Congrès américain, de l'administration Obama, par l’intermédiaire du secrétaire d'État, à celles aussi du Parlement européen, du Conseil européen ou du Parlement britannique pour dire qu’en ce qui concerne les yézidis, les faits montrent clairement que selon toute vraisemblance, il y a eu génocide.
Mais les mots ne suffisent pas. La motion d'aujourd'hui est sans conséquence juridique pour le gouvernement. Même si le gouvernement déclare que c’est un génocide, il n'y aura aucune conséquence juridique puisque nous avons affaire à un acteur non étatique. S’il s’agissait d’un pays, nous pourrions rompre les liens diplomatiques ou rappeler nos diplomates ou d’autres mesures de ce genre. Mais dans ce cas-ci, c'est inapplicable.
Nous devons agir et le Canada dispose de nombreuses voies. Nous pourrions enquêter sur les crimes de guerre non seulement du groupe État islamique, mais sur les crimes du régime de Bachar al-Assad, qui a fait des choses terribles, et sur les crimes de guerre de certains groupes d'opposants qui ont également commis des atrocités et des crimes contre l'humanité. Le Canada peut jouer un rôle clé à cet égard. Nous pouvons fournir de l'argent et une expertise pour recueillir des preuves et les examiner comme il convient.
Il y a un peu plus d'un an, le gouvernement précédent a annoncé 1,2 million de dollars. J’aimerais obtenir plus de détails sur ce que le gouvernement actuel prévoit de faire et savoir s’il va se lancer rapidement dans une enquête sur ces atrocités et ces crimes de guerre. C’est absolument essentiel.
Nous devons aussi poursuivre notre lutte contre le groupe État islamique. Nous devons le priver de son argent. Nous devons travailler avec la communauté internationale pour que ce groupe ne puisse plus vendre d’autres artéfacts ou du pétrole et qu'il perde toutes ses sources de revenus, car, comme on dit, l'argent est le nerf de la guerre. Nous devons priver le groupe État islamique de ses armes. À cet égard, j’espère que le gouvernement va adhérer au Traité sur le commerce des armes le plus tôt possible pour que nous fassions notre part. Nous devons encourager d’autres pays à contrôler la circulation des armes.
Nous devons priver le groupe État islamique de ses militants, des djihadistes. Nous pouvons le faire en empêchant les gens d'aller à l'étranger et en adoptant des politiques précises, des politiques qui mettent l'accent sur l'aide humanitaire pour que les gens de la région voient que nous sommes avec eux et non contre eux. Cela contribuerait à empêcher le groupe État islamique de recruter de nouveaux militants.
Nous devons aider les gens sur place et leur fournir de l'aide humanitaire. Nous devons soutenir les pays qui, comme la Jordanie, le Liban et la Turquie, se retrouvent dans une situation difficile. Nous devons accueillir les réfugiés qui viennent de cette région.
Nous devons aussi contribuer au processus de paix. Je me réjouis de voir que le Canada y prend maintenant part. C'est une bonne nouvelle. D'après le lieutenant-général Roméo Dallaire, aujourd'hui à la retraite, le génocide rwandais est en train de se répéter en Syrie. Il y aurait moyen d'y mettre un terme, à condition que nous trouvions une solution politique.
Nous devons miser sur la prévention et être actifs dans le monde entier afin d'éviter que de nouveaux groupes ne fassent leur apparition. C'est comme l'hydre proverbiale: aussitôt qu'on tranche une tête, deux autres apparaissent. Nous devons favoriser les droits de la personne et la saine gouvernance. Pour prévenir les conflits, il faut que, partout dans le monde, l'appareil judiciaire soit efficace.
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Monsieur le Président, je vais partager mon temps avec le député de .
Je désire parler aujourd’hui d’une motion que j’appuie et qui demande au gouvernement libéral de convenir que le groupe armé État islamique a commis des crimes contre l’humanité à l’endroit des chrétiens, des yézidis et des chiites ainsi que d’autres minorités religieuses et ethniques en Syrie et en Irak; se sert du viol et des violences sexuelles comme d’une arme de guerre et réduit les femmes et les filles en esclavage; cible les gais et les lesbiennes, qui ont été torturés et assassinés; et que, par conséquent, la Chambre condamne sans réserve ces atrocités et déclare que ces crimes constituent un génocide.
À mon avis, tous les partis à la Chambre devraient appuyer cette motion. Le gouvernement libéral ne peut pas et ne doit pas fermer les yeux sur cette situation.
Au cours des derniers jours, comme d'autres l'ont dit aujourd'hui, 19 jeunes filles yézidies, qui avaient refusé de se livrer à des activités sexuelles avec leurs geôliers, ont été enfermées dans des cages de fer et brûlées vives. Ján Kubiš, représentant spécial de l’ONU pour l’Irak, a indiqué au Conseil de sécurité de l’ONU qu’on avait découvert jusqu’ici 50 fosses communes dans plusieurs régions de l’Irak et que l’État islamique continuait à commettre ses atrocités contre des femmes et des enfants.
Selon un rapport des Nations Unies, on entraîne les garçons yézidis âgés de 8 à 15 ans comme enfants soldats et on les force à assister à des décapitations.
De plus, l’ONU estime que plus de 3 500 femmes et filles yézidies sont gardées captives; un grand nombre d’entre elles servent d’esclaves sexuelles et d’autres sont vendues. En fait, le groupe État islamique a non seulement organisé des ventes aux enchères d’esclaves sur la place du marché, mais il lance des ventes aux enchères numériques dans les médias sociaux. La semaine dernière, l’horrible sort d’une petite fille de 11 ans a été diffusé à profusion dans les médias lorsque sa vente a été conclue pour 9 000 $.
On a aussi appris que plus de 5 300 yézidis ont été enlevés et que plus de 3 000 hommes ont été assassinés. L’ONU estime que l’État islamique a aussi tué 5 000 yézidis dans le Nord de l’Irak.
Le recours systématique au viol et à la violence sexuelle en tant qu’armes de guerre contre les femmes et les filles, certaines n’ayant que six ans, sont des atrocités absolument inconcevables. L’État islamique se sert aussi de ces actes pour recruter les hommes dans son armée en leur faisant valoir qu’ils auront des femmes et du sexe à volonté.
Le Parlement européen reconnaît que ces atrocités constituent un génocide. Les députés du Parlement britannique reconnaissent que ces atrocités constituent un génocide. La Commission des États-Unis sur la liberté religieuse internationale reconnaît que ces atrocités constituent un génocide. Le Vatican reconnaît que ces atrocités constituent un génocide. Aux États-Unis, la Chambre des représentants a voté à l’unanimité pour reconnaître que les atrocités commises par le groupe État islamique constituent un génocide. Le représentant spécial de l’ONU pour l’Irak a déclaré que les actes de violence commis par l'État islamique — assassinats, enlèvements, viols, torture — sont des crimes contre l’humanité, des crimes de guerre, et qu’ils constituent même un génocide.
Le Canada a signé un accord international, la Convention pour la prévention et la répression du crime de génocide, que l’Assemblée générale des Nations Unies a adoptée et qui indique que les parties contractantes s’engagent à « prévenir et à punir » les actes de génocide, qu’ils soient perpétrés en temps de guerre ou en temps de paix.
À l'article II de la Convention, on définit le génocide comme suit:
[...] l'un quelconque des actes ci-après, commis dans l'intention de détruire, ou tout ou en partie, un groupe national, ethnique, racial ou religieux, comme tel:
a) Meurtre de membres du groupe;
b) Atteinte grave à l'intégrité physique ou mentale de membres du groupe;
c) Soumission intentionnelle du groupe à des conditions d'existence devant entraîner sa destruction physique totale ou partielle;
d) Mesures visant à entraver les naissances au sein du groupe;
e) Transfert forcé d'enfants du groupe à un autre groupe.
Chacun de ces points a été transgressé. Pourquoi les libéraux n'arrivent-ils pas à constater ce que tout le monde voit? Combien d'autres charniers faudra-t-il découvrir? Combien d'autres jeunes filles devront être vendues et violées? Combien d'autres victimes devront être brûlées vives, décapitées, torturées ou mises à mort? Combien d'autres familles devront être détruites?
À l'heure actuelle, 10 millions de personnes ont besoin d'aide humanitaire. Le Canada doit faire preuve de leadership et agir concrètement. Nous pouvons faire en sorte que les auteurs de ces actes de violence ignobles en soient tenus responsables. Nous devons protéger les personnes qui continuent de souffrir, c'est-à-dire les femmes, les jeunes filles, les garçons et les hommes qui ont perdu leurs épouses et leurs filles. Nous devons montrer que nous nous soucions du sort des personnes dont la dépouille repose dans l'un des cinquante et quelques charniers découverts. Il faut montrer qu'elles comptent et que nous ne les avons pas oubliées. La première chose à faire consiste à accueillir des femmes et des enfants yézidis au Canada. Il est honteux que seulement neuf familles aient été amenées au pays et que le gouvernement libéral ait annulé le programme pour les Irakiens.
Selon les Nations Unies, les yézidis ne sont pas des réfugiés, mais des personnes déplacées à l’intérieur de leur propre pays. Faire un premier pas à cet égard changerait les choses. Il s'agit d'une mesure concrète que l'actuel gouvernement pourrait prendre dès maintenant.
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Monsieur le Président, je remercie ma collègue de .
Tout d'abord, je tiens à souligner l'excellent travail fait sur cette question fait par mon collègue de et par le .
Il est important de préciser ce dont il est question ici: on parle de la reconnaissance d'un génocide. Une de mes collègues m'en demandait la définition, alors voici celle du Larousse:
Crime contre l'humanité tendant à la destruction totale ou partielle d'un groupe national, ethnique, racial ou religieux. Sont qualifiés de génocide les atteintes volontaires à la vie, à l'intégrité physique ou psychique, la soumission à des conditions d'existence mettant en péril la vie du groupe, les entraves aux naissances et les transferts forcés d'enfants qui visent à un tel but.
On parle ici d'un sujet lourd mais important qui a marqué l'imaginaire collectif pour les mauvaises raisons. Tout le monde sait de quoi on parle lorsqu'on nomme la solution finale, qui a fait 6 millions de victimes, le génocide du Rwanda, qui a fait entre 500 000 et 1 million de victimes, celui de l'Arménie, qui a fait 1,8 million de victimes, ou celui de Srebrenica, qui a fait plus de 7 000 victimes.
On parle d'un drame humain démesuré et d'un système mis en place pour éliminer systématiquement une tranche de la population. Cela démontre tout ce qu'il y a de plus mauvais chez l'humain.
C'est un sujet qui nous touche particulièrement au Canada, car le Canada est une mosaïque du monde. On y retrouve des gens de partout sur la planète, de toutes les confessions religieuses ou croyances. Lorsqu'un nettoyage ethnique se produit ailleurs sur la planète, c'est bien souvent la famille éloignée d'un voisin, d'un collègue ou d'un ami qui est décimée. L'inquiétude est donc aussi vécue ici, au Canada.
C'est en partie pour cette raison que je suis heureux de prendre la parole sur une question si importante, mais aussi extrêmement déçu d'avoir à le faire. Si le gouvernement avait eu le courage d'appeler un chat un chat, nous ne serions pas ici aujourd'hui à débattre cette motion.
Cette semaine, pour citer un exemple parmi de trop nombreux cas, les médias rapportent que 19 femmes yézidies ont été brûlées vives pour avoir refusé d'avoir des relations sexuelles avec leurs ravisseurs du groupe État islamique. On rapporte qu'elles ont été brûlées vives sur la place publique, enfermées dans une cage, devant une foule de plusieurs centaines de personnes à Mossoul. Les jeunes femmes yézidies sont capturées, violées et vendues comme esclaves sexuelles par les islamistes du groupe État islamique en Irak.
Les djihadistes exigent que les membres de la minorité religieuse yézidie se convertissent à l'islam. Après avoir séparé les hommes des femmes, ils dépouillent les villageois de leurs bijoux, argent et téléphones portables.
Un rapport des Nations unies décrit que le groupe État islamique réunit tous les hommes de plus de 10 ans, les emmène hors des villages dans des camions et les tue par balle, comme c'est arrivé dans le cadre d'autres génocides. Les islamistes conduisent ensuite les femmes yézidies sur les marchés de Mossoul et de Raqqa, en Syrie, pour les vendre. Elles portent même des étiquettes avec un prix, comme au magasin.
J'inviterais mes collègues libéraux, qui aiment les consultations, à demander aux Canadiens des quatre coins du pays s'ils croient que le groupe État islamique commet un génocide dans les territoires qu'ils occupent en ciblant les minorités religieuses, par exemple, les chrétiens, les yézidis et les chiites, ainsi que d'autres minorités religieuses, et en vendant les représentants de ces groupes comme des esclaves.
Les cruautés de l'EIIL ne se limitent pas uniquement à ceux qui ont une orientation religieuse différente. Les homosexuels, les gais et lesbiennes, sont aussi ciblés par les griffes des tortionnaires du groupe État islamique. Dans ce monde, l'être humain n'a plus aucune valeur. Les Canadiens le moindrement informés le savent. Ils savent que les territoires contrôlés par le groupe État islamique vivent dans un régime de terreur, un régime des plus archaïques et brutaux de l'histoire humaine, un monde qui fait paraître le Moyen Âge très civilisé.
Tout ce que l'on voit à la télévision et les informations rapportées des zones sous le contrôle du groupe État islamique indiquent qu'il s'agit bien d'un génocide. Toutefois, les tortionnaires des minorités peuvent dormir en paix, car ici, notre gouvernement n'aime pas déranger les régimes totalitaires qui mettent la vie de milliers d'individus en danger. Il ne faut pas les déranger.
C'est un monde à des années-lumière de la société que nous avons construit ici, au Canada, une société ouverte où on peut avoir l'orientation qu'on veut et prier le dieu qu'on veut sans avoir à craindre pour sa survie.
Le nous a donné sa position sur la question le 28 avril 2016. Eh bien, franchement, c'est désolant. En réponse à la , il a dit:
[...] la reconnaissance officielle des génocides est une chose si grave qu'elle ne devrait avoir lieu qu'à la suite d'une enquête internationale en bonne et due forme. C'est ce que nous demandons, et cela correspond à ce que font nos alliés.
Il faut croire que c'est cela, la conviction responsable.
Venant d'un individu qui nous a si brillamment expliqué qu'il est difficile d'établir des priorités, ce n'est pas surprenant. Donc, en bon universitaire qu'il est, le préfère attendre que tout soit terminé, afin de compter le nombre de morts avant de décider s'il s'agit bien d'un génocide ou non.
Effectivement, cela doit être encore cela la conviction responsable: prétendre quelque chose, dire Canada is back, et finalement ne rien faire de concret pour aider ceux qui sont la cible de ces atrocités. Le dit aussi que sa position correspond à ce que font nos alliés. On ne doit pas avoir la même conception de ce qu'est un allié. Le secrétaire d'État américain, M. John Kerry, tenait des propos fort différents de ceux de notre . Je vais citer une déclaration de M. Kerry:
Daech est responsable du génocide contre les populations vivant sur les territoires qu'il contrôle. Il s'agit des yézidis, des chrétiens et des musulmans chiites. Daech affirme lui-même qu'il est responsable de génocides. Il est coupable de génocide par ses actions et par son idéologie. Daech est aussi responsable de crimes contre l'humanité, contre ces mêmes populations et parfois également contre des musulmans sunnites, contre des kurdes et d'autres minorités encore. [...]
Je vais être clair [...] tôt ou tard, tous ces crimes seront révélés au grand jour par une enquête indépendante et dans le cadre d'une procédure légale menée par une cour ou un tribunal. Les États-Unis vont tout faire pour aider à rassembler les documents nécessaires et analyser les preuves des atrocités. Nous ferons tout ce qui est en notre pouvoir pour que les responsables de ces crimes rendent des comptes.
Que les responsables de ces crimes admettent leur culpabilité ne semble pas être suffisant pour le . Vraiment, quand il vient le temps de protéger les victimes, autant ici au pays qu'ailleurs, les libéraux ne sont pas là. Le gouvernement américain, notre plus grand partenaire et allié, reconnaît qu'il s'agit d'un génocide. Dans ce pays, c'est le Congrès et l'administration Obama qui ont affirmé qu'EIIL procédait à un génocide dans les territoires qu'il occupe.
Le Parlement britannique a voté unanimement pour reconnaître que les atrocités commises par le groupe armé État islamique sont bien un génocide. Il demande aussi au gouvernement de demander au Tribunal pénal international d'intervenir et de faire enquête afin que les coupables soient arrêtés et jugés. J'aimerais aussi souligner que tous ceux qui ont reconnu qu'EIIL commettait un génocide dans les territoires qu'ils occupent en font beaucoup plus que le Canada dans la lutte pour éradiquer le groupe terroriste.
Avant de conclure, j'aimerais revenir à la définition de génocide. Un génocide est un crime contre l'humanité tendant à la destruction totale ou partielle d'un groupe national, ethnique, radical ou religieux. C'est pas mal ce qui se passe actuellement dans les régions sous contrôle du groupe armé État islamique. Ce sont des groupes religieux et ethniques qui sont la cible des atrocités de l'EIIL. Les exécutions de masse sont monnaie courante.
Un génocide, c'est des atteintes volontaires à la vie, à l'intégrité physique, ainsi que la soumission à des conditions d'existence mettant en péril la vie du groupe. Lorsque les gens n'ont qu'un choix, et qu'ils doivent se convertir ou être exécutés, c'est assez près de la définition du Larousse. C'est en considérant tous ces faits qu'on se demande ce que cela prend au gouvernement et au , leader mondial dans l'établissement de priorités et maître de la conviction responsable, pour appliquer le mot « génocide » aux atrocités commises par l'EIIL dans ses territoires occupés.
De ce côté-ci de la Chambre, nous aimerions voir le gouvernement en faire plus contre l'EIIL pour mettre fin aux massacres de minorités religieuses et de groupes aux vues différentes des terroristes qui cherchent à imposer leur califat. Reconnaître qu'il est question ici d'un génocide sera un pas dans la bonne direction, mais il reste encore beaucoup à faire pour mettre fin au génocide commis actuellement.
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Monsieur le Président, je partagerai mon temps de parole avec mon collègue, le député de .
Je veux remercier la chef de l’opposition et députée de , qui a présenté cette motion et initié le débat d’aujourd’hui.
D’entrée de jeu, je crois pouvoir dire sans me tromper que tous les députés dans cette Chambre sont outrés de la violence implacable et continuelle qui marque le conflit en Syrie et en Irak. Le gouvernement est indigné que des établissements de santé soient délibérément ciblés, comme nous l’avons vu à Alep et dans le camp de Kamounia, près de la frontière turque.
Le Canada déplore que des civils soient délibérément pris pour cible et que le droit international humanitaire soit continuellement ignoré. Le coût humain de ces attaques pour ces hommes, ces femmes et ces enfants innocents est inacceptable et confirme à l’évidence qu’il faut de toute urgence mettre un frein à cette violence. Les actes de violence répugnants posés par les membres de Daech ont entraîné la mort de milliers de personnes de toutes les confessions en Irak et en Syrie. Les atrocités et la violence généralisée de Daech contre les communautés religieuses et ethniques, y compris les yézidis, les chrétiens, les chiites et les sunnites, sont un affront à la dignité humaine et aux valeurs canadiennes de pluralisme pacifique et de respect de la diversité.
La liberté de religion et de croyance et la capacité de pratiquer son culte dans la paix et la sécurité est un droit humain universel. Les droits humains sont universels, indivisibles, interdépendants et interreliés et tous doivent pouvoir les exercer sans discrimination ni distinctions de quelque type que ce soit. Le Canada est solidaire de ceux qui sont opprimés en raison de leurs convictions religieuses.
Je suis outrée, et les Canadiens sont outrés, du recours au viol et à la violence sexuelle comme armes de guerre. La violence sexuelle utilisée comme tactique spécifique, tout comme l’asservissement des femmes et des filles, n’est pas propre aux conflits qui font rage en Irak et en Syrie. Toutefois, son utilisation systématique par Daech en Syrie et en Irak doit être reconnue, et ses auteurs devront en rendre compte.
Nous sommes également indignés par les actes de violence dirigés contre certaines personnes en raison de leur orientation sexuelle ou de leur identité de genre. En février, la commission d’enquête de l’ONU sur la Syrie a révélé que Daech continuait d’exécuter des membres de minorités sexuelles. Le rapport contient des exemples terribles de l’intolérance et de la brutalité de Daech. On y trouve notamment une vidéo montrant deux hommes que l’on jette au bas d’un édifice. Pourquoi? Parce qu’ils avaient été accusés d’actes homosexuels. Le gouvernement déplore cette violence et toute forme de discrimination ou d’intolérance fondée sur l’orientation sexuelle ou l’identité de genre.
Permettez-moi de répéter que le gouvernement condamne vivement les actes terroristes commis par Daech, et nous appuyons sans réserve les enquêtes sur les crimes de cette organisation et les poursuites contre leurs auteurs. Toutefois, malgré tout le respect que nous inspire l’émotion sous-jacente à cette motion — et comment pourrait-on ne pas être émus —, les gouvernements démocratiques ne peuvent malheureusement pas se laisser guider uniquement par leurs émotions.
Je comprends que les députés d’en face sont opposés à l’approche que nous avons adoptée, soit de parvenir à une détermination juridique et non pas à une détermination simplement politique ou émotive. Pourquoi les déterminations juridiques sont-elles si importantes? C’est parce qu’ainsi nous ne risquons pas d’agir dans le sens contraire de nos intentions.
Dans le contexte de son engagement élargi au Moyen-Orient, le Canada prend des mesures importantes et concrètes qui contribuent à empêcher Daech de commettre des crimes de guerre et peut-être même un génocide.
Notre participation aux efforts de la coalition internationale, nos mesures d’aide humanitaire, d’aide au développement et d’appui à la sécurité et à la stabilisation ainsi que notre engagement sur le plan diplomatique contribuent tous à protéger les populations vulnérables.
À cette fin, le 8 février, le , le , le et la ont fait connaître l’engagement du Canada relativement à l’exécution d’une réponse pluridimensionnelle aux crises que traversent la Syrie et l’Irak et aux répercussions de ces crises sur la région environnante. Cet engagement comprend un budget de 1,1 milliard de dollars sur trois ans au titre de l’aide humanitaire et de l’aide au développement.
De cette somme, 840 millions de dollars seront alloués à une aide humanitaire essentielle, notamment de la nourriture, des services de santé urgents, de l’eau, des abris, des services d’éducation et de la protection, y compris contre la violence sexuelle, pour les personnes les plus vulnérables touchées par les conflits au Moyen-Orient.
Le 13 avril, la ministre du Développement international et de la Francophonie a fait un premier pas pour remplir cet engagement et annoncé un financement de 100 millions de dollars pour l’aide humanitaire à l’appui des interventions dans les conflits en Irak et en Syrie.
Cette annonce comprenait un montant de 31,8 millions de dollars destiné à l’UNICEF, pour doubler les dons généreux des Canadiens à des organisations caritatives qui œuvrent dans la région. Ce financement facilitera l’accès à l’éducation, la prestation de services de protection de l’enfance en Syrie et en Jordanie, et un appui aux efforts d’immunisation des enfants en Syrie, pour répondre à des besoins critiques et accroître la résistance des communautés touchées par les conflits.
Le financement annoncé appuie également nos partenaires du secteur de l’aide humanitaire, pour dispenser des services de réadaptation physique et fonctionnelle d’urgence aux personnes blessées en raison des violences en Syrie et en Irak, des services de soutien psychosocial pour les personnes traumatisées par la violence, ainsi que de l’eau propre, de la nourriture, des abris et des soins de santé primaires pour les personnes qui ont fui la violence en Syrie.
Par ailleurs, le gouvernement appuie la prestation d’une aide médicale confidentielle ainsi que de services de gestion de cas et d'aiguillage pour les survivants de la violence sexuelle et fondée sur le genre.
Les partenaires humanitaires du Canada œuvrent dans certains des contextes les plus dangereux et les plus pénibles qui soient. Tous les jours, les travailleurs humanitaires, dont de nombreux Canadiens, risquent leur vie pour s’assurer que les civils vulnérables touchés par les conflits dans le monde entier, y compris en Syrie et en Irak, reçoivent l’aide dont ils ont besoin. Le prix qu’ils continuent de payer pour ce dévouement à leur mission est tragique. Depuis le début du conflit en Syrie, plus de 87 travailleurs humanitaires ont été tués.
Il n’est pas nécessaire de s’éloigner beaucoup de la Chambre des communes pour apprécier le dévouement de la communauté des travailleurs humanitaires du Canada.
Vu les défis inhérents à la prestation d’aide humanitaire, le Canada a depuis longtemps pour politique de remettre le financement humanitaire canadien à des partenaires d’expérience dans ce secteur, afin de répondre aux besoins vitaux des civils touchés par les conflits.
Avec leurs décennies d’expérience, nos partenaires humanitaires ont mis au point des pratiques et des méthodes qui garantissent l’intégrité de l’aide qu’ils dispensent. Les partenaires humanitaires du Canada adhèrent au principe d’humanité, c’est-à-dire que toutes les victimes de conflit ou les civils touchés par les conflits méritent protection et assistance, où qu’ils se trouvent.
Afin d’atteindre ce but, nos partenaires appliquent également les principes d’impartialité, de neutralité et d’indépendance, pour pouvoir travailler partout où ces besoins se présentent. Cela est essentiel. La capacité des travailleurs humanitaires de rejoindre les personnes dans le besoin est fonction de leur neutralité. Cela signifie que l’aide est fournie sans objectif militaire ni politique et que le seul objectif consiste à sauver des vies et à soulager les souffrances.
Dans bien des contextes, la sécurité des travailleurs humanitaires est liée à leur capacité de prouver qu’ils n’ont d’autre motif que de dispenser de l’aide aux personnes dans le besoin. Les principes humanitaires demeurent le fondement de cette confiance, et nous devons protéger soigneusement leur intégrité.
Le Canada s’est engagé à promouvoir et à améliorer le respect des principes humanitaires, du droit international humanitaire et de la protection des civils.
Nous devons respecter l'esprit et la lettre de la loi, améliorer la conformité avec celle-ci et tenir les contrevenants responsables de leurs actes. C'est pourquoi le gouvernement du Canada et ses partenaires humanitaires veillent à ce que l'aide humanitaire soit fournie en conformité totale avec les principes humanitaires et les Conventions de Genève.
Le mois dernier, j'ai participé au Sommet humanitaire mondial, qui s'est tenu à Istanbul, en Turquie. J'ai représenté le Canada lors d'une activité intitulée « Appel à l'action pour la protection contre la violence basée sur le genre dans les situations d'urgence », car nous continuons d'être préoccupés par l'incidence élevée de la violence sexuelle et de la violence fondée sur le sexe pendant une crise humanitaire. Les femmes et les jeunes filles, tout particulièrement, continuent de faire face à des risques accrus pour leur protection, notamment sur les plans de la violence, de la traite de personnes et des mariages d'enfants, des mariages précoces et des mariages forcés, au cours des situations de crise.
Je tiens à réitérer l'engagement du gouvernement à venir en aide aux personnes les plus vulnérables et à le faire de manière conforme aux principes humanitaires.
Je suis consciente que des députés d'en face ne sont pas d'accord avec l'approche que nous suivons, qui consiste à nous conformer à des principes qui répondent aux intérêts du Canada depuis des décennies, peu importe l'allégeance du gouvernement au pouvoir, plutôt que de nous laisser emporter par l'émotion ou la partisanerie.
Nous abhorrons tous les actes commis par Daech. Nous souhaitons tous y mettre un terme et obliger les responsables à rendre des comptes. Pour ce faire, nous devons collaborer avec nos alliés au moyen du processus judiciaire international. Le fait d'agir autrement aurait pour effet d'interpréter la structure de Daech comme s'il s'agissait d'un gouvernement — ce qu'elle n'est pas — et pourrait inciter le Canada à condamner ce groupe d'une manière qui n'est pas conforme à la façon dont notre pays fait face à de tels actes. Nous suivons le processus approprié, de concert avec nos alliés et les organismes internationaux qui sont responsables de cette évaluation.
Le gouvernement se joint aux Nations unies et à ses partenaires internationaux pour réclamer la tenue d'une enquête judiciaire et la fin de l'impunité à l'égard des auteurs de crimes graves à l'échelle internationale.
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Monsieur le Président, je suis heureux d'avoir l'occasion de participer au débat.
Comme je l'ai dit plus tôt, à mon avis, le député de avait tout à fait raison d'affirmer qu'il s'agit là de choses importantes, qui doivent être débattues ici, à la Chambre des communes.
Le gouvernement et les citoyens canadiens sont solidaires des victimes des atrocités commises par l'EIIL. Le et moi partageons la détermination du face à l'éradication de cette menace, et notre gouvernement prend des mesures concrètes et substantielles pour la réduire et, ultimement, aider les forces de sécurité irakiennes à vaincre par elles-mêmes cette ignoble peste.
Chaque député croit sûrement que le carnage et les massacres perpétrés par l'EIIL contre les groupes et collectivités minoritaires sont le fruit d'intentions incontestablement malveillantes. À cet égard, je pense que la formulation de la plus grande partie de la motion est tout à fait juste.
Tous les Canadiens sont consternés devant les actes meurtriers commis par l'EIIL, qui envahissent nos fils de nouvelles quasi quotidiennement. Peu importe comment nous les qualifions, aucun mot n'est assez fort pour exprimer notre opposition aux actes de l'EIIL.
En février dernier, tous les députés ont participé à un débat sur l'intervention du Canada pour dénouer la crise en Irak et en Syrie. Au total, 98 députés ont pris la parole, ce que je considère comme un taux de participation extraordinaire. Le vote a eu lieu le 8 mars et, d'une seule voix, les députés ont dit haut et fort que l'EIIL devait être arrêté.
Malgré les bonnes intentions qui ont pu pousser l'opposition à proposer cette motion, trouver les bons mots pour exprimer notre indignation et condamner les agissements de l'EIIL ne sera pas suffisant. L'EIIL est une organisation aussi complexe, aux multiples facettes, qui exige une intervention tout aussi complexe et vaste. Elle peut en effet compter sur des milliers de combattants, une redoutable stratégie de propagande sur les réseaux sociaux et le soutien de réseaux criminels tentaculaires et adaptables et sans contraintes géographiques.
Les forces de la coalition ont déjà réussi à considérablement affaiblir l'EIIL, mais elles peuvent encore lui causer du tort. Les obstacles à surmonter pour vaincre cette organisation sont apparus dans toute leur ampleur lorsque le chef d'état-major de la Défense s'est rendu dans le Nord de l'Irak, à la fin avril. Le général Jonathan Vance a en effet visité les forces spéciales qui forment, conseillent et aident les forces locales dans le cadre de la lutte contre l'EIIL. Il a constaté de visu le soutien crucial que les Forces armées canadiennes fourniront aux forces de sécurité irakiennes dans leur combat pour reprendre Mossoul et Falloujah — je rappelle que Mossoul est la principale ville stratégique irakienne encore aux mains des extrémistes.
Ce dont le général Vance a été témoin correspond à peu de chose près à ce qu'a pu voir le lorsqu'il s'est lui-même rendu dans la région. Il ressort clairement de leur expérience que la nouvelle stratégie triennale que nous avons adoptée pour dénouer la crise qui secoue l'Irak, la Syrie et les environs est la bonne.
Comme les députés le savent déjà, après avoir consulté ses alliés et ses partenaires de la coalition et mené un examen global de la situation en collaboration avec les Forces armées canadiennes ici au pays, le Canada a modifié le rôle qu'il jouait au sein de la coalition de lutte contre l'EIIL. Nos efforts ciblent désormais les pays les plus touchés par la crise: la Syrie, l'Irak, la Jordanie et le Liban. Notre nouvel engagement reflète les besoins et les demandes qui nous ont été exprimés, tout en optimisant notre contribution et en tirant le maximum de notre expertise à valeur ajoutée.
Cette stratégie pangouvernementale nous permettra de rendre la région plus sûre et plus stable, de fournir de l'aide humanitaire et d'aider nos partenaires à fournir des services sociaux, à rebâtir leurs infrastructures et à voir à la bonne marche de leur pays. Conformément à cette nouvelle stratégie, le Canada a prolongé sa mission militaire en Irak et en Syrie jusqu'au 31 mars 2017.
Le Canada augmente aussi son apport en personnel à environ 830 militaires, et accroît le soutien assuré aux forces de la coalition et aux forces de sécurité irakiennes pour la planification et l'exécution des opérations militaires — notamment en ce qui a trait à la planification, au ciblage et au renseignement. Nous triplons le nombre de militaires affectés à notre mission de formation, de prestation de conseils et d'assistance auprès des forces locales en Irak. Le mois dernier, nous avons aussi ajouté trois hélicoptères Griffon à la mission afin d'améliorer le transport tactique sur le théâtre, y compris les évacuations médicales.
Du côté du renseignement, un centre de renseignement de toutes sources est entré en fonction sur le théâtre à la fin du mois d'avril. Ce centre est responsable de la collecte, de la synthèse et de l'analyse d'informations provenant de sources variées. Ce renseignement est par la suite utilisé pour la planification opérationnelle et contribue ultimement à la protection des forces de la coalition et au déroulement de ses opérations. Comme nous l'avons annoncé, nous augmentons considérablement nos capacités en matière de renseignement, car nous savons qu'une interaction de forces complexes sous-tend l'environnement du conflit en Irak et en Syrie. Nous devons nous représenter plus clairement comment toutes les pièces du puzzle s'agencent afin de mieux anticiper les répercussions de nos actions. Notre contribution améliorée sur le plan du renseignement sera inestimable à cet égard.
Le brigadier-général David Anderson, directeur de l'équipe de liaison ministérielle de la coalition internationale, ainsi que d'autres membres des Forces armées canadiennes faisant partie de l'équipe multinationale, sont maintenant en Irak afin de jeter les bases sur lesquelles l'équipe s'appuiera pour assurer un soutien stratégique militaire aux ministères irakiens de la Défense et de l'Intérieur. On ne peut sous-estimer le rôle joué par le brigadier-général David Anderson. Il est extrêmement important qu'il coordonne les forces de la coalition et, en bout de ligne, les ministres irakiens qui seront responsables de cette lutte directe contre le groupe État islamique. L'équipe de liaison ministérielle travaillera avec le gouvernement irakien pour synchroniser davantage les efforts de la coalition visant à éliminer le groupe État islamique en Irak.
Les députés ont déjà entendu parler des diverses contributions de divers montants d'argent destinés à l'aide humanitaire. Tout cela a été mis en oeuvre et est prévu dans le budget de 2016. Cette approche renouvelée est tout à fait logique.
Lorsque le Canada a amorcé sa mission à l'automne 2014, c'était en réaction à une crise immédiate et émergente. Depuis, la réalité sur le terrain a radicalement changé. Le groupe État islamique a perdu du terrain et ne peut plus se déplacer aussi librement. Il a perdu plus de 45 % des zones dont il avait auparavant le contrôle en Irak. Son leadership et sa capacité organisationnelle sont pris pour cibles. Nous pouvons tracer d'un point à l'autre la façon dont le renseignement permet aux forces de la coalition de cibler le coeur même du groupe État islamique. Maintenant que nous avons grandement affaibli celui-ci, la coalition se concentre sur le démantèlement de cette menace extrémiste et violente.
Une solution durable repose sur les épaules des forces de sécurité locales, les forces de sécurité irakiennes, que nous entraînons actuellement. Elles ont maintenant la capacité de mener des opérations offensives et de récupérer des parties de leur territoire jadis occupées par le groupe État islamique. Grâce à l'entraînement et aux conseils que nous leur offrons, les forces locales sont en mesure d'établir les conditions de sécurité nécessaires pour le retour des personnes déplacées dont nous parlons ici aujourd'hui et pour mener les activités de stabilisation subséquentes.
Je suis extrêmement fier du service extraordinaire de nos militaires dans l'opération Impact et je sais que tous les députés le sont aussi.
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Monsieur le Président, je vais partager mon temps de parole avec la députée de .
Il existe une tension théorique entre la paix et la justice. La quête de la paix peut, selon les points de vue et en certaines circonstances, exiger que nous laissions passer des choses que nous préférerions régler, que nous passions outre à des situations que nous préférerions confronter, mais dont la confrontation se ferait au prix de la paix.
En revanche, la quête de justice peut nous mettre en conflit avec d'autres, avec les auteurs d'injustices et avec ceux qui, tout en voulant une certaine justice, en ont une conception différente de la nôtre. Lorsqu'on accorde plus d'importance à la paix qu'à la justice, nous sommes enclins à ne pas nous occuper des injustices. Lorsqu'on accorde plus de valeur à la justice qu'à la paix, il y a risque de conflits répétés, même entre des parties dont les intentions sont bonnes, du simple fait qu'elles ont des conceptions opposées de la justice.
Je ne parle pas uniquement des conflits militaires dans le sens où la paix est compromise. Je parle aussi de conflit dans le sens où il y a perte de considération et de bonne volonté et, peut-être, dans le sens où nos ambitions nous opposent. La quête de justice a toujours pour effet de troubler la tranquillité — dans le cas présent, la tranquillité potentielle relative des relations diplomatiques du Canada à l'étranger.
Sous la direction du gouvernement conservateur, le Canada a régulièrement favorisé la poursuite de la justice plutôt que de maintenir le statu quo pour ne pas troubler la tranquillité des relations internationales. Comme il se doit, il n'a pas hésité à défendre de justes causes, notamment les droits de certaines minorités religieuses, ethniques et linguistiques. Nous avons également fait valoir le droit à l'autodétermination de tous les peuples pacifiques, le droit du peuple juif de vivre en sécurité sur son territoire national, le droit du peuple russe de savoir que leurs concitoyens qui violent les droits de la personne ne pourront se rendre dans les pays occidentaux et y investir. Nous avons également défendu la cause des ouïgours de la Chine, des sikhs de l'Afghanistan, des Tatars de la Crimée et, bien sûr, des yézidis, des chrétiens, des Kurdes, des Turkmènes, des chiites et d'autres groupes mis à mal par Daech.
Nous étions prêts à intervenir et à troubler la tranquillité du monde au besoin. Nous étions conscients qu'un pays en quête de justice risque d'avoir un prix à payer pour ses positions, mais qu'il fallait assumer les conséquences de nos actes.
Le gouvernement actuel a adopté une approche fondamentalement différente en matière d'affaires étrangères. Le Parti conservateur croit fermement dans la quête de la justice alors que le gouvernement actuellement au pouvoir préconise la paix et la tranquillité au détriment de la justice. Les libéraux ne sont pas disposés à condamner clairement les violations des droits de la personne sur la scène internationale. Leur refus de dénoncer les injustices affaiblit nos capacités à cet égard. Dans le dossier qui nous intéresse aujourd'hui, ils refusent de qualifier de génocide des actes qui ne peuvent porter d'autre nom.
Mes collègues sont nombreux à avoir fait valoir avec éloquence les raisons pour lesquelles il n'est pas uniquement justifié, mais également nécessaire de qualifier de génocide les actes de Daech contre les yézidis et les chrétiens en Syrie et en Irak.
La Convention de l'ONU pour la prévention et la répression du crime de génocide en donne la définition suivante:
[...] l'un quelconque des actes ci-après, commis dans l'intention de détruire, ou tout ou en partie, un groupe national, ethnique, racial ou religieux, comme tel:
a) Meurtre de membres du groupe;
b) Atteinte grave à l'intégrité physique ou mentale de membres du groupe;
c) Soumission intentionnelle du groupe à des conditions d'existence devant entraîner sa destruction physique totale ou partielle;
d) Mesures visant à entraver les naissances au sein du groupe;
e) Transfert forcé d'enfants du groupe à un autre groupe.
Il suffit que l'un de ces actes soit commis pour qu'il soit justifié de qualifier la situation de génocide; or, selon des preuves flagrantes et dûment documentées, Daech a commis ces cinq actes. C'est pourquoi le gouvernement des États-Unis, le Congrès des États-Unis, le Parlement britannique et le Parlement européen ont tous déclaré qu'il s'agissait d'un génocide. Devons-nous sérieusement croire que le possède une sagesse ou des connaissances que ces augustes organes étatiques n'ont pas?
Le meilleur argument que les libéraux puissent faire valoir pour s'opposer à cette motion, c'est celui de l'adhésion du Canada à la Cour pénale internationale, qui nous empêcherait pour une raison ou pour une autre de qualifier les actes commis de génocide.
La seule chose qui soit pire qu'utiliser le jargon juridique pour couvrir la lâcheté morale, c'est utiliser un jargon juridique inexact, mal fondé et inventé pour couvrir la lâcheté morale. Tous les pays de l'Union européenne sont membres de la Cour pénale internationale. Ils ont tous reconnu le génocide par une motion très semblable à celle-ci. La secrétaire parlementaire a dit qu'il s'agissait strictement d'une motion liée au contexte européen. En l'occurrence, il s'agit aussi d'une motion, et la reconnaissance du génocide n'a pas à être freinée par un veto du Conseil de sécurité.
Ces arguments ne sont évidemment pas pertinents. Les faits sont clairs et le droit international est clair en ce qui concerne la définition d'un génocide. Nous savons que c'est clair, ils savent que c'est clair, et nous savons qu'ils savent que c'est clair. Pourtant, ils refusent toujours d'utiliser le mot « génocide », de toute évidence parce que le fait de ne pas prendre position et de retarder l'appel à la justice leur procure une certaine sécurité, un certain réconfort, une certaine tranquillité, et parce que l'utilisation du mot « génocide » nuit à la paix. C'est un mot qui dérange, car il cristallise et clarifie la nature véritablement malveillante de Daech et notre obligation morale et légale d'intervenir de manière vigoureuse. Le gouvernement préfère utiliser des mots semblables, mais suffisamment vagues, de façon à paraître à peu près du même avis sans pour autant nuire à la priorité qu'accordent les libéraux à une politique étrangère axée sur la paix et la tranquillité plutôt que sur la quête de la justice.
Pourquoi est-il nécessaire de dire les vraies choses dans ce dossier? Pourquoi est-il nécessaire d'appeler un génocide, un génocide? Pourquoi prenons-nous tant au sérieux le refus de reconnaître les génocides, passés ou présents? J'ai déjà parlé à la Chambre de l'histoire de ma grand-mère, une survivante de l'Holocauste qui, comme des millions de juifs européens, a souffert à cause des efforts d'Hitler visant à les exterminer.
Durant la réunion d'Obersalzberg, tenue le 22 août 1939, environ une semaine avant l'invasion de la Pologne, Hitler a exposé à ses commandants en chef ses intentions génocidaires envers les Polonais. Pour bien comprendre l'histoire et ce qui mène à des génocides, il importe de savoir ce qu'il a dit:
[...] le but de la guerre n’est pas d’atteindre certains objectifs, mais réside en l’anéantissement physique de l’adversaire. J’ai donc [...] préparé mes commandos de la mort avec l’ordre d’envoyer sans pitié et sans merci les hommes, femmes et enfants d’origine et de langue polonaises à la mort. C’est uniquement ainsi que nous gagnerons l’espace vital dont nous avons besoin. Après tout, qui parle encore aujourd’hui de l’extermination des Arméniens?
Dans cette allocution majeure à l'intention de ses commandants, Hitler avait jugé important de rappeler le peu de considération qu'avait accordée le monde au génocide arménien. Ce n'était pas la première fois qu'Hitler tirait un parallèle entre le génocide des Arméniens et ses propres plans. Il se basait sur l'expérience des Arméniens pour faire valoir que personne ne s'en soucierait s'il massacrait les Juifs.
Quand nous prenons la parole à la Chambre pour nous souvenir de l’Holocauste, du génocide arménien, de l’Holodomor et d’autres événements comme ceux-là, nous ne faisons pas que participer à un exercice collectif de rappel historique. Nous nous souvenons, tous ensemble, des douloureuses réalités du passé pour condamner à répétition et avec le plus de fermeté possible les actes de violence qui sont perpétrés contre des innocents, car c'est une façon pour nous de veiller à retenir enfin les leçons de l’histoire. Même si le fait de dénoncer le mal — passé ou présent — de temps en temps peut troubler notre quiétude, c’est un exercice auquel nous devons nous livrer. À quoi bon se rappeler le passé si l'on s'en tient à des génocides qui remontent à des décennies? C’est précisément à cause de notre échec à confronter le mal aujourd'hui que les tyrans de demain en viendront à conclure que leurs contemporains resteront eux aussi indifférents. Dénoncer le mal, dire la vérité au sujet des droits de la personne dans le monde, faire tout cela de façon claire et précise peut certes nous coûter des amis et entacher un peu notre réputation, et peut-être plus encore. Toutefois, c’est la seule chose qui pourra nous éviter que des tyrans en herbe croient pouvoir agir impunément.
Force est de constater l’existence d’une tension théorique entre la paix et la justice, mais il existe aussi un lien essentiel entre ces deux pôles. Les individus qui violent les droits fondamentaux et la dignité de leurs propres concitoyens deviennent invariablement une menace pour leurs voisins et pour le monde civilisé. C'est déjà le cas de Daech. Il n’est pas dans la nature des tyrans de piétiner les principes de l’État de droit de leur pays et de respecter en même temps le droit international. Il est indéniable que ceux qui constituent une menace à la justice sur leur propre territoire deviendront une menace à la paix, si ce n’est dans l’immédiat, du moins à un moment donné. Ne serait-ce qu’au nom des conséquences possibles, dans le premier cas, il est tout à fait logique de se porter à la défense de la justice, mais, surtout, nous ne pouvons pas nous targuer d'être une société juste si nous refusons de nous exprimer clairement sur les questions de justice sur la scène internationale.
J’invoque la justice au nom de la paix et même la justice qui trouble la paix, car les 19 jeunes yézidies qui ont été brûlées vives dans une cage cette semaine sont des êtres humains au même titre que les députés, que ma fille ou encore que leurs filles. Les députés parleraient de génocide s'il s'agissait d'eux ou du groupe auquel ils appartiennent? Alors ils doivent faire la même chose lorsqu'il s'agit d’autres groupes et d’autres personnes.
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Monsieur le Président, c’est avec un sentiment d’extrême urgence, associé à un certain degré de perplexité, que je prends la parole aujourd’hui pour demander au gouvernement d’afficher une position ferme en faveur des droits de la personne.
Le sentiment d’urgence que j’éprouve vient de la compassion que j’ai pour ces dizaines de milliers d’innocents, notamment des yézidis, des chrétiens et des musulmans chiites de Syrie et d’Irak, qui sont enlevés, torturés, violés et réduits en esclavage ou massacrés par le groupe État islamique.
La perplexité dans laquelle je me trouve est causée par le refus apparent du gouvernement de désigner ces crimes par le nom qui leur convient. Les atrocités commises par l’État islamique constituent un génocide. Nous invitons le gouvernement à emboîter le pas aux États-Unis et à nos alliés britanniques et à reconnaître que ces crimes constituent véritablement un génocide.
Les députés qui siègent à la Chambre sont libres. La Chambre compte 338 hommes et femmes remarquables de tous les horizons. Nombre d'entre eux ont dû surmonter des situations difficiles. D'autres ont eu plus de chance. Toutefois, nous incarnons tous une histoire, celle de la préservation de notre liberté, une liberté dont nous jouissons uniquement parce que nous sommes nés au Canada ou sommes devenus citoyens canadiens, la liberté de rêver et de croire en un brillant avenir, la liberté de fréquenter l'école, de s'instruire et d'acquérir une formation, la liberté de gagner notre vie, la liberté de faire des achats, la liberté d'avoir des loisirs, la liberté de culte, la liberté de parler de nos croyances et de nos valeurs, la liberté de nous déplacer d'une province ou d'un territoire à l'autre et la liberté de nous porter candidats à une charge publique, pour devenir députés du Parlement et siéger à la Chambre. À titre de résidants du Canada et de députés de la Chambre, nous sommes très chanceux. Nous sommes parmi les peuples les plus privilégiés du monde.
Je suis convaincue que tous mes collègues se sont comme moi portés candidats parce qu'ils croyaient pouvoir changer les choses, parce qu'ils voulaient contribuer à rendre le Canada meilleur, à l'échelle nationale et internationale. Toutefois, je trouve que les murs de la Chambre ont parfois un effet néfaste sur nous. Depuis le peu de temps que je siège à la Chambre, je constate de plus en plus l'amnésie qui s'installe lorsque nous oublions d'aller au-delà de nos idéaux et de la théorie, au-delà de ces murs dans ce qu'on appelle la réalité.
Au-delà de ces murs et de l'autre côté de l'océan, la réalité est tout autre pour des dizaines de milliers de yézidis, de chrétiens et d'autres groupes ethniques et religieux minoritaires. Dans leur monde, il n'y a pas de chaises vertes luxueuses, de plateaux de fromages ou d'eau minérale. Pour ce groupe, la réalité consiste à vivre dans la peur et à se battre pour survivre. Des gens sont enlevés, des hommes sont tués devant leurs proches, des femmes et des filles sont capturées, torturées, violées et vendues en esclavage. Dans leur monde, ces personnes ne sont rien de plus qu'un bien sur le marché noir.
De jeunes vierges, dont certaines n'ont que neuf ans, sont considérées comme des biens précieux et vendues pour un prix bien plus élevé que le prix moyen déterminé par les forces en cause dans ce lucratif marché criminel. Quant aux femmes enceintes, elles seront tuées ou forcées de subir un avortement barbare et extrêmement douloureux.
Ce n'est qu'un aperçu de la véritable situation à laquelle doivent faire face des dizaines de milliers d'hommes et de femmes innocents qui se retrouvent à la merci du groupe État islamique en Syrie et en Irak. Le viol est employé comme arme de guerre. Les actes de torture sont monnaie courante. Évidemment, la mort est la seule issue envisageable.
Pendant ce temps, l'actuel gouvernement du Canada semble imperturbable et se contente de rester les bras croisés et de ne rien faire de particulièrement utile.
Il y a quelques jours seulement, à Mossoul, 19 filles yézidies ont été traînées sur la place publique, enfermées dans une cage de fer et brûlées vives pour avoir refusé d'avoir des relations sexuelles avec les soldats du groupe État islamique. Des centaines de personnes ont été témoins de cette horrible violation des droits de la personne. Personne n'a pu y faire quoi que ce soit.
Voilà ce qui se passe réellement à l'extérieur de cette enceinte et de l'autre côté de l'océan, dans des pays pas si lointains qu'on appelle l'Irak et la Syrie. Voilà la réalité que nous enjoignons le gouvernement du Canada à appeler un génocide.
Je demande au gouvernement d'agir ainsi parce que les pratiques répréhensibles dont nous sommes témoins correspondent à la définition d'un génocide. Les crimes en question sont des crimes contre l'humanité qui ont pour objectif d'éliminer un groupe de personnes.
Mme Widad Akreyi, de l'organisme Defend International, exhorte la communauté internationale à donner à ces atrocités les noms qu'elles méritent, par exemple crimes contre l'humanité, crimes contre le patrimoine culturel de la région ou nettoyage ethnique.
Un survivant a déclaré, lors d'une entrevue: « Si on nous laisse sans protection, nous aurons bientôt complètement disparu du pays, de notre pays... »
La Convention pour la prévention et la répression du crime de génocide, adoptée par l'Assemblée générale de l'Organisation des Nations unies le 9 décembre 1948, définit le génocide comme suit:
[...] le génocide s'entend de l'un quelconque des actes ci-après, commis dans l'intention de détruire ou tout ou en partie, un groupe national, ethnique, racial ou religieux, comme tel:
a) Meurtre de membres du groupe;
b) Atteinte grave à l'intégrité physique ou mentale de membres du groupe;
c) Soumission intentionnelle du groupe à des conditions d'existence devant entraîner sa destruction physique totale ou partielle;
d) Mesures visant à entraver les naissances au sein du groupe;
e) Transfert forcé d'enfants du groupe à un autre groupe.
Je m'appuie sur cette convention, dûment signée par le Canada, pour demander au gouvernement du Canada de déclarer que les actes violents commis par le groupe État islamique constituent un génocide.
Depuis plus de deux ans maintenant, la persécution de groupes minoritaires, comme les chrétiens, les yézidis et les musulmans chiites, retient l'attention de la communauté internationale; c'est d'ailleurs pour cette raison que les États-Unis ont commencé à bombarder l'EIIS. L'Iran n'était pas bien loin. Peu de temps après, 14 pays — dont le Canada — se sont joints à la coalition dirigée par les Américains et ont commencé eux aussi à mener des frappes aériennes contre l'EIIS en Irak et en Syrie.
Lorsque le nouveau gouvernement libéral est arrivé au pouvoir, les efforts du Canada ont été sérieusement compromis. Depuis ce jour, en effet, le Canada a pour ainsi dire tourné le dos à ceux qui se font persécuter par l'EIIS. Je n'arrive pas à concevoir que notre puisse ainsi refuser de faire comme l'Union européenne et les États-Unis et de reconnaître ces agissements pour ce qu'ils sont.
Ce n'est pas pour rien qu'en 1948, nous nous sommes joints à nos alliés pour définir ce qui constitue un génocide. C'est parce que nous voulions avoir les moyens d'agir, de défendre la liberté et de reconnaître la valeur de la vie humaine. Personnellement, j'ai l'impression que le gouvernement refuse de reconnaître ces terribles violations des droits de la personne comme un génocide parce qu'il serait alors dans l'obligation d'agir. Au lieu de considérer cette décision comme une occasion de voler au secours des personnes les plus vulnérables de la planète et de défendre les droits de la personne, il y a vu une obligation dont il ne voulait pas s'encombrer.
Le sujet que nous abordons aujourd'hui n'est pas à prendre à la légère. En Syrie et en Irak, des dizaines de milliers de chrétiens, de yézidis et de membres d'autres groupes ethniques et religieux vivent dans un climat de peur indicible. Et encore, ces gens-là sont ceux qui ont eu de la chance: les autres ont été soit massacrés, soit enlevés, torturés et violés.
Il s'agit bel et bien de crimes contre l'humanité qui ont été commis par les combattants de l'EIIS dans une optique de nettoyage ethnique. Les actes de barbarie auxquels se livre l'EIIS ciblent délibérément et froidement certains groupes minoritaires et religieux bien précis.
Si on se fie à la définition établie en 1948 dans la Convention de l'ONU pour la prévention et la répression du crime de génocide, la réalité que j'ai décrite aujourd'hui n'est rien d'autre qu'un génocide. Je presse donc le gouvernement de faire comme nos alliés, de reconnaître les atrocités commises par l'EIIS comme un génocide et de faire le nécessaire pour sanctionner les responsables.
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Monsieur le Président, aujourd'hui, je partagerai mon temps de parole avec le député de .
Tout comme l'opposition, le gouvernement exprime son indignation à l'égard des atrocités commises par le groupe qui se fait appeler État islamique en Irak et au Levant, l'EIIL.
L'EIIL continue de violer les droits de la personne de façon généralisée et de contrevenir au droit humanitaire international en Irak et en Syrie, notamment en commettant des tueries aveugles, en ciblant délibérément les civils, en persécutant les gens en fonction de leur origine ethnique, de leur religion, de leurs croyances, de leur orientation sexuelle ou de leur identité de genre, en détruisant des sites culturels et religieux, en commettant des enlèvements, en obligeant des communautés à se déplacer et en perpétrant des viols et d'autres violences sexuelles. Ces actes épouvantables visent bien souvent les personnes les plus vulnérables.
La motion présentée aujourd'hui par l'opposition dresse la liste de certains actes déplorables commis par l'EIIL. Certaines de ces atrocités peuvent être considérées comme des crimes de guerre, des crimes contre l'humanité ou un génocide, et le gouvernement estime qu'elles doivent faire l'objet d'une enquête indépendante et que ceux qui les commettent doivent être tenus responsables de leurs actes. Les victimes méritent au moins cela.
Le sentiment exprimé dans la motion de l'opposition est louable, mais ce n'est pas suffisant. En effet, les déclarations politiques ne permettent pas de rendre justice à ceux qui ont été victimes d'atrocités. Il faut qu'un tribunal compétent rende une décision impartiale et indépendante. C'est pour cette raison que le Canada a appuyé les efforts visant à recueillir des preuves sur les crimes commis par l'EIIL et à enquêter sur ceux-ci.
Le Canada a demandé au Conseil de sécurité des Nations unies d’établir un mécanisme d’enquête ayant pour mandat de faire enquête sur les allégations de violations du droit international par l’EIIL en Syrie et en Irak et de déterminer si ces violations constituent des actes de génocide ou d’autres crimes internationaux plus graves, d’identifier les auteurs de ces violations et de prendre des mesures pour les forcer à répondre de leurs actes.
Le Canada a prêté main-forte à ses partenaires des Nations unies et aux autorités nationales afin de documenter les atrocités perpétrées dans les régions occupées par l’EIIL, de faire enquête sur ces crimes et de mettre fin à l’impunité en s’assurant que les auteurs soient tenus responsables de ces crimes haineux. Le Canada a également fourni des fonds au Haut-Commissariat aux droits de l’homme pour documenter les violations des droits de la personne et les atteintes à ces droits, et il soutient également les efforts locaux déployés pour recueillir des preuves et enquêter sur les crimes internationaux les plus graves.
L’approche adoptée par le gouvernement témoigne du leadership que nous souhaitons exercer, elle est conforme à l’ensemble des traités internationaux qui définissent ces crimes internationaux graves, notamment les crimes de guerre, les crimes contre l’humanité et le génocide.
Des enquêteurs, des procureurs et des juges canadiens ont collaboré et continuent de collaborer inlassablement avec les tribunaux pénaux internationaux et autres tribunaux du monde entier, du Cambodge à la Sierra Leone, pour enquêter sur les atrocités et poursuivre leurs auteurs, tout cela pour que justice soit enfin faite aux victimes. Le Canada est fier de sa contribution de longue date au système de justice pénale internationale.
Le crime de génocide est l’un des crimes internationaux les plus graves et le critère juridique à respecter est énoncé dans la Convention pour la prévention du crime de génocide. À l’instar des Nations unies, des États-Unis et d’autres instances, notre gouvernement est d’avis qu’une enquête indépendante sur les crimes commis par l’EIIL s’impose. Nous ne servons toutefois pas la justice en prétendant préjuger du résultat des éventuels processus d’enquête et de poursuite.
Notre gouvernement est outré par les actes de violence perpétrés contre des personnes en raison de leur orientation sexuelle ou de leur identité de genre. Le gouvernement est également résolu à contribuer davantage à la promotion et à la protection des droits de la personne dans le monde.
Dans le cadre de cet engagement, le 17 mai dernier, le gouvernement a annoncé la création du Bureau des droits de la personne, des libertés et de l'inclusion. Ce nouveau bureau élargit le travail effectué par l’ancien Bureau de la liberté de religion et regroupera nos efforts dans une vision exhaustive incluant l’ensemble des droits de la personne, et non plus seulement une partie. Nous redoublerons d’efforts pour promouvoir la liberté de religion ou de croyance en Irak et en Syrie, en fait partout dans le monde, et nous nous engageons à consolider l’architecture mondiale des droits de la personne.
L’EIIL menace non seulement la stabilité de l’Irak, de la Syrie et du Moyen-Orient dans son ensemble, mais également la paix et la sécurité dans le monde. Le groupe a recruté des milliers de combattants terroristes étrangers qui convergent de partout dans le monde vers l’Irak et la Syrie pour participer à sa campagne de violence et de terreur. Pour faire cesser ces actes horribles de violence et d’oppression perpétrés par EIIL, il s’impose de contribuer énergiquement à la sécurité par des moyens militaires et civils.
Le Conseil de sécurité de l’ONU a reconnu la nécessité d’adopter une approche soutenue et globale pour vaincre l'EIIL et fait observer, dans sa résolution 2170, que la participation et la collaboration de tous les États étaient requises pour contrer la menace terroriste posée par l'EIIL.
Le Canada répond à cet appel. Soixante-six pays et organisations ont joint leurs forces au sein de la coalition internationale contre l'EIIL et se sont engagés à participer à une vaste coalition internationale afin d’éliminer la menace posée par ce groupe. Le Canada s’est engagé à collaborer avec les autres membres de la coalition et avec le gouvernement irakien pour affaiblir et ultimement vaincre l’EIIL.
Comme l’a affirmé avec raison le Conseil de sécurité des Nations unies, il est nécessaire d’adopter une approche globale pour contrer l’EIIL. La nouvelle stratégie du Canada prévoit une solide contribution à tous les efforts déployés par la coalition.
Nous renforçons de manière importante notre mission de formation militaire, de prestation de conseils et d’assistance auprès des forces irakiennes présentes sur la ligne de front dans la lutte contre l’EIIL.
Nous triplons le nombre de membres des Forces armées canadiennes chargés d’aider les forces irakiennes.
Nous aidons ces forces à perfectionner leurs compétences de combat afin qu’elles puissent maintenir sous leur contrôle les zones qui ont été libérées du joug de l’EIIL.
Les Forces armées canadiennes participent également à la surveillance aérienne et au ravitaillement de l’équipement dans la lutte de la coalition contre l’EIIL.
La stratégie canadienne d’engagement en Irak, en Syrie et au Liban prévoit un financement de 1,9 milliard de dollars, à compter de 2016, au titre de l’assistance humanitaire et du développement, dans le cadre d’une approche et d’une intervention intégrées au Moyen-Orient. Le 13 avril, la a fait un premier geste dans le cadre de cet engagement en annonçant un financement de 100 millions de dollars destiné à l’aide humanitaire en appui à l’intervention dans les conflits en Irak et en Syrie.
L’aide bilatérale au développement du Canada est programmée dans une optique qui respecte l’égalité entre les sexes et tient compte des défis particuliers que doivent relever les femmes et les filles touchées par un conflit. Le Canada poursuit son engagement à l’égard de l’égalité entre les hommes et les femmes et la promotion des droits fondamentaux des femmes et des filles dans des situations de conflit armé.
Les terribles agressions contre des femmes et des filles perpétrées par l’EIIL sont notoires. Nous condamnons ce groupe avec la plus grande fermeté pour tous ces crimes et nous collaborons avec le représentant spécial du secrétaire général des Nations unies sur la violence sexuelle dans les conflits, ainsi qu’avec d’autres instances, afin de faire cesser les violences sexuelles dans la région.
Nous ne devons pas perdre de vue ce qui est le plus important: les familles qui ont perdu des proches, les communautés qui ont été forcées d’évacuer leurs domiciles et les personnes qui continuent d’être victimes d’atrocités et d’oppression aux mains de l’EIIL.
C’est pour ces personnes que le Canada travaille avec ses alliés et ses partenaires de la coalition, y compris le gouvernement de l’Irak, pour mettre fin à cette violence insensée.
Je dirais pour terminer que, bien que nous respections pleinement la motion de l’opposition, elle met la charrue avant les bœufs et n’indique pas comment punir les auteurs de ces actes.
Ce n’est pas aux députés qu’il revient de déterminer s’il y a eu génocide ou non. Cette décision relève d’un tribunal juridique compétent, et non d’une instance politique.
:
Monsieur le Président, la motion présentée aujourd’hui par la décrit les crimes et les atrocités commis par l’EIIL. La motion demande que ces actes soient reconnus officiellement comme un génocide.
Qu’est-ce qu’un génocide? La définition des Nations unies figure dans la Convention pour la prévention et la répression du crime de génocide de 1948, en particulier dans l’article II, qui décrit les actes qui constituent un génocide.
Il ne fait aucun doute que les actes commis par ces groupes terroristes sont odieux et représentent une menace pour la région et le monde. Cependant, il y a tout un processus à suivre pour déterminer si un génocide a été commis ou non. La motion devance ce processus.
Il existe deux tribunaux qui déterminent l’état de génocide: la Cour internationale de justice et la Cour pénale internationale.
La Cour internationale de justice est le principal organe judiciaire des Nations unies. Ce tribunal peut être saisi de deux types de cas: d’une part, les cas litigieux entre deux États; d’autre part, des demandes d’avis consultatifs présentées par les Nations unies et ses institutions spécialisées.
La Cour pénale internationale, par ailleurs, est un tribunal permanent indépendant habilité à enquêter et à poursuivre les auteurs des crimes internationaux les plus graves tels que les génocides, les crimes contre l’humanité et les crimes de guerre.
Que ces actes commis par ce groupe terroriste soient qualifiés ou non de génocide n’est pas du ressort des députés. Cette décision est purement juridique et doit être prise par un tribunal compétent reconnu par la communauté internationale. Cela ne doit pas être une décision politique.
Les actes et les crimes commis par ce groupe suscitent indéniablement de vives émotions parmi nous. Ils sont odieux, méprisables et inhumains. Cependant, en tant que législateurs, nous devons nous assurer que nos initiatives s’appuient sur un cadre juridique. C’est pourquoi, le 30 mai, le a demandé officiellement que le Conseil de sécurité des Nations unies mette en place un mécanisme pour enquêter sur les violations des lois internationales commises par l’EIIL en Irak et en Syrie. Il a demandé une enquête approfondie pour déterminer si ces violations constituent des actes de génocide.
Nous condamnons ces atrocités perpétrées à grande échelle par ce groupe terroriste. Ces actes possèdent les caractéristiques d’un génocide, mais nous ne devons pas porter de jugement hâtif, comme la motion nous demande de le faire. Nous devons suivre un processus judiciaire rigoureux, et c’est exactement ce que nous faisons sous la direction du .
J’aimerais également souligner que la motion d’aujourd’hui ne propose aucune solution concrète. Par contre, notre gouvernement est un membre actif de la coalition contre l’EIIL. Le nouveau rôle qu’exerce le Canada dans la coalition mondiale a permis de changer la dynamique de la lutte contre ce groupe terroriste. Le Canada est en Irak à la demande du gouvernement irakien, et nous sommes fiers de fournir cette aide lorsqu’un partenaire dans le besoin nous le demande.
[Français]
Lorsque notre gouvernement a pris la relève dans le combat contre l'EIIL, en novembre dernier, ce groupe contrôlait une grande partie de l'Irak et de la Syrie. Cette organisation terroriste était en mesure de projeter une image de force, d'attirer des combattants de partout au monde et de générer d'importants revenus de la vente illégale de pétrole et d'autres activités criminelles.
[Traduction]
Six mois plus tard, l’EIIL n’est plus la même organisation. Les efforts de la coalition sont parvenus à freiner l’expansion du groupe et à limiter sa présence à un petit nombre de régions.
La nouvelle stratégie globale, intégrée et durable du Canada fait partie de ce changement—
:
Monsieur le Président, j’ai l’honneur aujourd’hui de parler de la nouvelle contribution du Canada à la coalition, et de faire remarquer que le Canada est fier d’avoir réussi à entraver la capacité de financement du groupe État islamique ainsi que sa capacité d’attirer des combattants étrangers, dont le nombre est passé de 2 000 à 200 par mois. Qui plus est, nous avons pu permettre à des Irakiens de retourner dans leur collectivité pour y recommencer leur vie.
Sur le plan de la sécurité, la défaite de l’État islamique est la première priorité de la coalition. Une fois qu’il aura été chassé de l’Irak, il faudra, pour garantir la stabilité du pays, que les Irakiens soient en mesure d’assurer leur propre sécurité. C’est la raison pour laquelle la nouvelle stratégie du Canada fait fond sur la capacité de l’armée irakienne à renforcer son efficacité contre l’État islamique.
Sur le plan de la capacité militaire, l’État islamique n’est plus la force militaire qu’il était lorsque la campagne de la coalition a commencé. Ce qui est important, à ce stade de la campagne, c’est d’avoir la capacité de confronter l’État islamique sur le terrain, ce qui n’est possible qu’avec une campagne menée par l’Irak. Notre gouvernement a à coeur d'assurer l'entraînement des forces locales. C’est la clé du succès.
Cela dit, le Canada a triplé le nombre de militaires canadiens qui conseillent et aident les forces irakiennes appelées à mener des batailles cruciales contre l’État islamique. Le Canada a par ailleurs établi de bonnes relations avec les forces irakiennes kurdes, dans le Nord de l’Irak, et, grâce aux efforts de la coalition, ces forces ont développé leurs capacités de combat et leur cohésion.
En plus de sa contribution militaire, le Canada joue un rôle crucial pour assurer la stabilité des territoires libérés. Nous allons aider les populations déplacées qui rentrent dans leurs foyers, participer aux efforts de déminage, contribuer à rétablir la sécurité, et aider au rétablissement des services essentiels comme l’eau, l’électricité et les écoles. La coalition est la démonstration que la communauté internationale peut réussir à s’entendre pour résoudre, d’une façon constructive, une crise dangereuse et complexe, qui dure depuis longtemps. C’est la raison pour laquelle il fallait, lorsque le Canada a réorienté sa stratégie, que celle-ci soit globale, intégrée et soutenue.
[Français]
Comme je l'ai déjà souligné, la contribution du Canada est très importante. Cependant, celle-ci serait incomplète si notre engagement envers elle n'était pas à long terme. Cette crise complexe ne nécessite pas seulement des efforts d'ordre militaire pour affaiblir et vaincre Daech. Elle nécessite aussi des efforts en vue de prévenir I'émergence d'autres crises de ce genre.
[Traduction]
Nous devons donc maintenir notre soutien si nous voulons atteindre notre objectif, et les Irakiens doivent savoir qu'ils peuvent compter sur le Canada à long terme.
[Français]
La probabilité que Daech crée un califat est plus faible aujourd'hui qu'il y a six mois. Toutefois, il est important de ne pas réduire la pression exercée sur Daech. La coalition doit encore surmonter de nombreux défis.
[Traduction]
Nous devons continuer d’appuyer le gouvernement irakien pour que les plus vulnérables reçoivent l’aide financière dont ils ont besoin et que l’Irak puisse poursuivre son développement à long terme. La solution à cette crise n’est pas simple.
La motion qui a été présentée aujourd’hui ne propose aucune mesure concrète. Pour sa part, notre gouvernement n’a pas hésité à saisir les instances responsables de la question. C’est la façon correcte de procéder. En attendant, nous participons activement à la coalition contre l’État islamique et, tous ensemble, nous obtenons des résultats là où ça compte.
:
Monsieur le Président, je partagerai le temps dont je dispose avec le député de .
Je fréquente cet endroit depuis 19 ans, et j’ai rarement été aussi troublé que par ce que les députés ministériels ont dit dans le cadre de ce débat aujourd’hui.
Notre motion vise tout simplement à reconnaître la réalité du génocide dont continuent d’être victimes les minorités indigènes ethniques et religieuses de la Mésopotamie aux mains d’une organisation terroriste barbare.
Ce n’est pas une question qui mérite vraiment d’être débattue, parce que l’organisation en question, Daech, que l’on appelle aussi l’État islamique en Irak et au Levant, ne s’en cache absolument pas, elle déclare avec fierté qu’elle se livre à un génocide. Une partie de sa doctrine réclame la destruction de ceux qu’elle juge être des apostats dans les régions qu’elle contrôle, dans son soi-disant califat.
Depuis quand mettons-nous en doute la réalité d’un génocide lorsque même ses auteurs l’admettent? C’est presque une redondance.
C’est la doctrine de Daech, qui veut créer un califat sur la base d’une interprétation particulièrement violente de la charia qui remonte au VIIe siècle, pour imposer cette loi coranique cruelle à tous ceux qui se trouvent sur le territoire souverain de ce pseudo califat. Ceux qui sont considérés comme apostats, par exemple le peuple yézidi, sont condamnés à la mort, à la torture ou à l’esclavage. S’ils sont considérés simplement comme des kafirs ou des infidèles, ils sont condamnés à la dhimmitude, ce qui, dans la version particulièrement cruelle de la charia que Daech a adoptée, signifie concrètement l’esclavage. Les femmes et les filles qui tombent sous la coupe de Daech ne sont pas considérées comme des êtres humains. Elles sont considérées comme des possessions que l’on peut acheter ou vendre, échanger et violer.
Les faits sont incontestables.
[Français]
Presque tous les organismes et les spécialistes du génocide ont déclaré que ce qui se déroule en Irak et en Syrie, actuellement aux mains de Daech, constitue un génocide. Le père jésuite Patrick Desbois, un grand spécialiste français qui a découvert des milliers de tombeaux cachés du génocide juif en Europe de l'Est et l'a écrit dans son livre The Holocaust by Bullets, est en Irak en ce moment pour faire des recherches, et il a déclaré qu'il ne fait aucun doute qu'un génocide a lieu là-bas actuellement.
[Traduction]
Nous avons entendu des députés libéraux répéter un bobard. Certains termes sont indignes d’un parlementaire et je ne peux pas les utiliser pour caractériser leur position. Il est parfaitement trompeur, il est spécieux d’affirmer qu’il existe une quelconque procédure juridique internationale en vertu de laquelle des comités se réunissent pour déterminer s’il y a bel et bien génocide. Il n’existe aucune procédure de ce genre.
Je demande aux députés libéraux qui lisent les discours préparés à l’avance par le personnel politique du de nous dire exactement de quelle procédure il est question. Cette procédure n’existe pas.
J’ai sous les yeux la convention de 1948 sur le génocide. Il n’y est pas fait mention d’un tel processus. Ce document, rédigé par Raphael Lemkin, définit ainsi le génocide: la perpétration de « […] l’un quelconque des actes ci-après, commis dans l’intention de détruire, en tout ou en partie, un groupe national, ethnique, racial ou religieux, comme tel […] »
J’ai coparrainé une motion ici même en 2004 pour reconnaître la réalité historique du génocide arménien, que la très grande majorité des spécialistes du génocide reconnaissent et qui est, bien sûr, avéré par les faits. La question de ce génocide n’a jamais été soumise à un quelconque tribunal international.
Vous me permettrez toutefois de rappeler aux libéraux un autre geste honteux qui a terni à jamais l’image du Parti libéral. Je veux parler de la position du gouvernement Martin en 2004, quand le Cabinet du gouvernement libéral de l’époque a voté contre la reconnaissance du génocide arménien de 1915. Les libéraux ont nié la réalité du premier génocide du XXe siècle, comme ils le font pour celui dont il est question aujourd'hui.
[Français]
J'accuse ce gouvernement de nier les faits essentiels pour une raison claire: il ne veut pas combattre les génocidaires. C'est la raison de sa négation de l'histoire. Franchement, en 2004, la raison pour laquelle le gouvernement libéral a nié le génocide arménien, c'est qu'il ne voulait pas perturber les diplomates turcs.
Or, quand il s'agit de génocides, il ne faut pas se laisser détourner par des considérations diplomatiques ou politiques. Il faut suivre et reconnaître la vérité.
[Traduction]
Nous sommes heureux d'accueillir ici, à Ottawa, des membres de la communauté yézidie, des amis à moi, et des membres de la communauté assyrienne, de la communauté chaldéenne et de la communauté arménienne. Ils demandent instamment aux députés de reconnaître ce génocide. Ils savent ce qui se passe et ils s'attendent à ce que le Canada dise la vérité.
Non seulement le présent gouvernement invente-t-il des choses de toute pièce à propos d'un prétendu processus international de reconnaissance des génocides, dont le Parlement n'a jamais fait mention lorsqu'il a reconnu cinq génocides par le passé, mais le invente la notion selon laquelle le secrétaire d'État américain John Kerry n'a pas reconnu le génocide. Le ministre a dit, ici, que le secrétaire Kerry avait déclaré que la question devait être étudiée plus en profondeur.
J'ai sous les yeux la déclaration du 16 mars du secrétaire d'État américain John Kerry, qui répondait à un vote unanime à la Chambre des représentants à cet égard, lorsqu'il a dit, au nom du gouvernement des États-Unis:
Mon propos d'aujourd'hui vient confirmer mon premier jugement, Daech est responsable d'un génocide dans certaines zones incluant les yézidis, les chrétiens et les musulmans chiites. Daech affirme lui-même qu'il commet des génocides, des faits confirmés par son idéologie et par ses actions.
Nous demandons au gouvernement du Canada de faire comme le gouvernement des États-Unis en reconnaissant ce génocide, car nous parlons des plus vulnérables.
Les yézidis, les Assyriens, les Chaldéens et les Arméniens sont des peuples autochtones. Le gouvernement actuel vient de signer une convention sur les droits des peuples autochtones. Ce sont des peuples autochtones qui étaient là bien avant l'arrivée de l'islam, bien avant n'importe quel soi-disant califat. Bien avant qu'on parle l'arabe dans cette région, ils parlaient leur propre langue et pratiquaient leur propre religion. Ce n'est pas la première fois qu'ils sont confrontés à un génocide. Les yézidis et les Assyriens ont été confrontés à un génocide en 1915 et avant.
Soyons clairs. Il n'y a qu'une seule raison pour laquelle le parti actuellement au pouvoir rejette la motion, comme il l'a fait pour la reconnaissance du génocide arménien en 2004. C'est parce que cette reconnaissance obligerait le gouvernement à s'acquitter de son devoir moral de participer à la mission de combat internationale visant à affaiblir et détruire le groupe État islamique.
J'ai déjà parlé du père Patrick Desbois, la principale sommité mondiale en matière de génocide. J'aimerais conclure en citant ce qu'il a répondu lorsque CBS lui a demandé comment mettre fin à ce fléau. Il a répondu qu'on ne peut l'arrêter que par une intervention militaire, comme on l'a fait pour stopper Hitler. CBS a ajouté qu'il fallait le vaincre sur le champ de bataille. Le père Desbois a alors répondu qu'il faut le faire d'une manière ou d'une autre, que l'on doit tuer l'idée du génocide et ceux qui la transmettent.
C'est ce que nous faisions lorsque nous étions au pouvoir en participant à la mission de combat. Adoptons la motion et appuyons les peuples autochtones de la Mésopotamie afin de les protéger contre ce génocide.
:
Monsieur le Président, je remercie mon collègue de pour le discours qu'il vient de prononcer avec beaucoup de passion afin de faire valoir le caractère essentiel du présent débat et d'exprimer sa grande déception de voir le Parti libéral et le gouvernement libéral refuser d'appuyer la motion.
Les libéraux ne semblent pas pouvoir se défaire de l'idée que ce qui se passe actuellement en Irak et en Syrie et qui est perpétré par Daech, l'État islamique en Syrie et en Irak, n'est pas un génocide. Je ne saurais être plus profondément en désaccord avec le gouvernement.
Je voudrais prendre quelques minutes pour expliquer aux libéraux ce qu'est un génocide. Comme mon collègue l'a indiqué tout à l'heure, il a présenté une motion à la Chambre au sujet du génocide des Arméniens, et les libéraux ont voté contre. Je suis fier d'avoir pu, lorsque mon parti formait le gouvernement, présenter une motion reconnaissant le génocide ukrainien, l'Holodomor, en 1932 et 1933. Cette motion a été appuyée et adoptée.
La Convention pour la prévention et la répression du crime de génocide, qui a été adoptée par l'Assemblée générale des Nations unies en 1948, après avoir été rédigée et promue par Raphael Lemkin, définit bien ce qu'est un génocide. L'auteur ayant été témoin des génocides du XXe siècle, soit le génocide des Arméniens, l'Holocauste et l'Holodomor, il a pu se servir de sa grande expérience pour formuler la définition du crime de génocide, qui a été acceptée par le monde.
Je veux simplement rappeler à tous les députés comment l'article II de la Convention définit le génocide. Il dit:
[...] de l'un quelconque des actes ci-après, commis dans l'intention de détruire, en tout ou en partie, un groupe national, ethnique, racial ou religieux, comme tel:
a) Meurtre de membres du groupe;
b) Atteinte grave à l'intégrité physique ou mentale de membres du groupe;
c) Soumission intentionnelle du groupe à des conditions d'existence devant entraîner sa destruction physique totale ou partielle;
d) Mesures visant à entraver les naissances au sein du groupe;
e) Transfert forcé d'enfants du groupe à un autre groupe.
À l'article III, on dit que les actes suivants seront punis aux termes de la Convention:
b) L'entente en vue de commettre le génocide;
c) L'incitation directe et publique à commettre le génocide;
d) La tentative de génocide;
e) La complicité dans le génocide.
Si l'on songe à ce que fait le groupe État islamique en Irak et en Syrie, à la façon dont il tente d'incarner ses tendances génocidaires dans le monde, on peut dire que chacun des critères énoncés dans ces articles de la Convention des Nations unies pour la prévention et la répression du crime de génocide sont remplis. Personne ne nie les atrocités perpétrées par le groupe État islamique, le fait qu'il se vante de commettre un génocide, qu'il cible des groupes en particulier et qu'il encourage les crimes haineux contre les minorités ethniques et religieuses de toute la région dans l'espoir d'établir son califat.
J'abonde sans réserve dans le même sens que les membres du Congrès américain, le secrétaire d'État américain, John Kerry, les députés de la Chambre des communes du Royaume-Uni et tout le Parlement britannique, ainsi que les députés du Parlement de l'Union européenne. Ils ont tous déclaré que le groupe État islamique commet un génocide. Ils ont adopté des motions et des résolutions, et ils condamnent les gestes du groupe État islamique en les qualifiant de génocide.
Pourquoi le gouvernement du Canada n'en fait-il pas autant? Pourquoi notre Parlement n'est-il pas solidaire de ses plus fidèles alliés?
Le gouvernement continue de répéter qu'il faut suivre un processus par l'entremise des Nations unies, ce qui exige une résolution du Conseil de sécurité. Notons toutefois que certains des États qui siègent au Conseil de sécurité et y ont un droit de veto contreviennent aux droits de la personne. Étant donné le fonctionnement boiteux du Conseil de sécurité, nous ne pourrons jamais convaincre les Nations unies de dénoncer le génocide que commet actuellement le groupe État islamique.
Sans le leadership des Nations unies, il revient au Parlement du Canada, au gouvernement du Canada, de donner aux atrocités du groupe État islamique le nom qu'elles méritent: génocide.
Nous n'entrerons pas dans les détails des atrocités commises. Mon collègue, le député de , vient de décrire avec quel acharnement le groupe État islamique cible les yézidis, les chaldéens, les chrétiens et les chiites. Il exécute systématiquement tous ceux qu'il considère comme des apostats et qui refusent de se convertir à son idéologie démente et à sa conception tordue de la religion.
Nous avons entendu parler, cette semaine, de 19 jeunes filles yézidies qui avaient refusé de se convertir aux idées du groupe État islamique et à sa vision de l'Islam, et de servir d'esclaves sexuelles aux terroristes du groupe État islamique. Elles ont été enfermées dans une cage et brûlées vives.
Nous avons vu les yézidis coincés sur le mont Sinjar, et nous savons que les personnes capturées ont été exécutées. Nous avons aussi vu le groupe État islamique s'en prendre aux chrétiens et aux Turkmènes. Il continue d'isoler et d'exterminer ceux qui sont différents de lui. Un tel racisme poussé jusqu'au génocide ne devrait jamais être toléré.
Je suis sûr que tout le monde se demande pourquoi les libéraux refusent de reconnaître qu'il s'agit d'un génocide. Même s'ils parlent souvent de la responsabilité de protéger qui a été instaurée par les Nations unies, ils refusent de l'assumer.
J'en veux pour preuve l'une des premières mesures que le gouvernement a prises une fois au pouvoir: il s'est retiré de la mission de combat contre l'EIIS. Au lieu de se tenir aux côtés de nos partenaires de la coalition et d'envoyer nos chasseurs bombarder et affaiblir l'EIIS, ils ont décidé de se retirer du volet combat de la mission et de laisser les autres faire la sale besogne.
Comme nous l'avons entendu ici même et comme nous l'avons vu à la télévision aujourd'hui, seuls les combats et les bombardements intensifs que mènent nos partenaires de la coalition permettront d'affaiblir l'EIIS et d'espérer un jour le vaincre. Les efforts supplémentaires que les autres pays membres de la coalition ont dû déployer parce que le Canada avait rappelé ses CF-18 en disent long sur ce que le gouvernement libéral pense vraiment de la responsabilité de protéger et montre qu'il n'a nullement l'intention de protéger les victimes de la haine que professe l'EIIS, qui se font tuer, éliminer et déplacer à cause des tendances génocidaires de l'EIIS.
Nous devons affirmer nos croyances morales et éthiques et nous tenir debout pour les mots prononcés par tous les députés de la Chambre.
Raphael Lemkin a dit: « Quand vous agissez au nom de la conscience, vous êtes plus fort qu'aucun gouvernement. » Le gouvernement du Canada a fait preuve d'une grande conscience lors de la Première Guerre mondiale, lorsqu'il a mis fin au génocide de l'Empire ottoman. Les Canadiens qui se sont enrôlés dans les Forces armées canadiennes pour mettre fin à l'Holocauste d'Hitler lors de la Deuxième Guerre mondiale ont fait preuve d'une grande force et d'une grande conscience.
Ce sont les Canadiens qui ont lutté contre le génocide au Rwanda et en Bosnie. Ils n'ont été efficaces que lorsqu'ils ont pu se battre, pas en veillant au maintien de la paix, mais bien en combattant.
La seule façon de mettre fin à ce qui se passe en Irak et en Syrie est de se battre. Je demande au gouvernement de faire la bonne chose, d'admettre que ce qui se passe aujourd'hui en Irak et en Syrie est un génocide. Je demande au gouvernement de faire la bonne chose et de renvoyer nos avions au combat, pour mettre fin à ces atrocités.