:
Je vous remercie d’apporter cette précision, monsieur le Président.
Comme cinquième recommandation, je propose de supprimer les séances du vendredi à la Chambre, ce qui permettrait aux députés qui habitent à l’extérieur de la région de la capitale de retourner dans leur circonscription pendant une journée de plus chaque semaine. Le vendredi, on ne siège pas toute la journée, seulement de 10 heures à 14 h 30. Il ne devrait pas être difficile de répartir ces 4 h 30 entre les quatre autres jours de la semaine, en ajoutant une heure de séance à chacun. Les 30 minutes qui restent pourraient être supprimées en accélérant la procédure de vote, mais je reviendrai là-dessus tout à l’heure.
La principale critique que j’ai entendue à propos de la suppression des séances du vendredi concerne la façon dont ce sera perçu par l’opinion publique. Les Canadiens vont penser que les députés s'accordent une semaine de travail de quatre jours. Toutefois, j’estime pour ma part que cet argument ne tient pas debout. Si les Canadiens pensent qu'un député ne travaille que pendant que la Chambre siège, alors nous travaillons actuellement moins d’une journée sur trois de l’année. Si mes calculs sont exacts, le Parlement aura siégé pendant 102 jours entre le 4 novembre 2015 et le 3 novembre 2016.
Comme tous les députés le savent, notre travail ne se limite pas à ce que nous faisons sur la Colline parlementaire. Quand nous rentrons dans notre circonscription, nous travaillons dans notre bureau de circonscription. Nous rencontrons des résidants et divers intervenants de notre circonscription. Nous participons à des activités dans notre circonscription, ainsi qu’à des tribunes et à des colloques. Nous voyageons parfois avec des comités permanents pour consulter les Canadiens au sujet de projets de loi.
Le travail d’un député est un travail à plein temps, sept jours sur sept. Si je le dis, c'est pour bien montrer que, lorsque nous discutons de la suppression de la séance du vendredi à la Chambre, ce n’est pas pour déterminer le nombre d’heures que le député devrait travailler, mais plutôt l’endroit où il devrait le faire.
La suppression de la séance du vendredi présente l’avantage de donner aux députés la possibilité d’avoir des contacts plus réguliers et plus directs avec les électeurs de leur circonscription, ce qui ne peut qu’en faire de meilleurs représentants et de meilleurs défenseurs des intérêts de leur collectivité. Elle présente aussi l’avantage d’accorder aux députés une soirée de plus à la maison avec leur petite famille. Il arrive trop souvent, et je suis bien placé pour le savoir, que des familles soient sacrifiées par les contraintes dont une charge publique est souvent assortie. La séparation et le divorce sont malheureusement monnaie courante dans notre milieu, et c’est en partie causé par l’éloignement du député de sa famille.
J'en arrive à ma sixième et dernière recommandation, qui porte sur notre façon de voter. Notre système de mise aux voix est dépassé et il a cruellement besoin d'une réforme. Je recommande que nous passions au vote électronique. Ce simple changement nous ferait gagner énormément de temps. J’ai calculé le temps que nous avons pris pour voter hier. Pour sept votes, il nous a fallu près de 70 minutes, le temps que chaque député se lève, que son nom soit appelé et qu'il se rassoie.
Certains diraient que le fait de se lever est quelque peu salutaire pour les députés, que cela les force à penser plus sérieusement à la gravité de leur vote et à ce qu’ils font. Ces personnes font valoir que cela rend les députés plus redevables de leurs décisions. Ma réponse est simple. Un député est redevable de la position qu'il adopte lorsqu'il vote. C’est important. Ce qui importe, c’est que tous les votes sont publics, et non pas secrets, et que les votes de chaque député sont consignés par écrit, ce qui permet aux électeurs de savoir comment le député qui les représente a voté sur une question donnée.
Le vote électronique ne changerait rien à cette fonction de base. En fait, j’estime qu’il l’améliorerait, parce que j’ai observé, à mon grand désarroi, que certains députés ont tendance à chahuter, à huer et à siffler ou encore à se moquer des députés pendant le vote même. Lorsque des députés exercent la fonction démocratique la plus fondamentale et la plus essentielle de leur travail, soit exprimer leur vote concernant un projet de loi au nom de leurs concitoyens, ils ont absolument le droit de le faire sans subir d’intimidation. C’est ce que leur permettrait le vote électronique.
Aujourd’hui, pas moins de 38 assemblées législatives nationales utilisent le vote électronique. Tel est le cas du Congrès américain, qui l’utilise depuis 1995, l’année où j’ai visité la Chambre des représentants en qualité de stagiaire parlementaire canadien pour la Chambre des communes. J’étais alors un stagiaire de 23 ans bien impressionnable et je ne m’attendais certainement pas à devenir moi-même un élu un jour. Maintenant que je suis député, j’aimerais penser que, si j’avais l’occasion de retourner à Washington en participant à une délégation parlementaire, je pourrais dire que j’ai appris quelque chose sur la façon d’améliorer notre démocratie lors de ce voyage, il y a 21 ans.
En terminant, je suis d’avis que nous devrions finalement moderniser le système parlementaire de mise aux voix et le faire entrer dans le XXIe siècle. Cette mesure et les cinq autres recommandations que j’ai formulées concernant la courtoisie et les séances de la Chambre influeraient considérablement non seulement sur la perception qu’ont les gens de notre institution, mais également sur leur désir de servir à leur tour.
:
Monsieur le Président, je me lève aujourd'hui pour parler effectivement d'un sujet très à propos, soit le décorum et l'étiquette à la Chambre des communes et lors des réunions de nos comités permanents. Je dois avouer que je suis un nouveau député. Je suis à la Chambre depuis un an. J'ai été vraiment surpris et déçu de voir les comportements à la Chambre. Je ne parle pas d'un parti ou d'un autre. Je ne parle pas de l'opposition ou du gouvernement. Je parle de l'ensemble des députés. C'est quelque chose que je trouve inacceptable et cela doit changer.
[Traduction]
Lorsque je suis arrivé ici, j'ai été si étonné par ces mauvais comportements que j'ai demandé à divers députés ce qu'ils pensaient de la période des questions. J'ai reçu deux types de réponses. S'il s'agissait d'un nouveau député, comme je l'étais moi-même, celui-ci répondait que c'était incroyable, que ces comportements étaient inacceptables et qu'il ne savait pas ce qu'il faisait dans un tel environnement. Si je m'adressais à un député qui était là depuis longtemps, celui-ci me disait que ce n'était pas si mal, que l'on s'y habituait et que les humains avaient la capacité de s'adapter.
C'est ce qui m'est arrivé dans mon premier emploi. Je travaillais dans un immeuble d'un étage situé juste à côté d'un aéroport. Quelques jours après avoir commencé cet emploi, un avion est passé juste au-dessus de l'immeuble. J'étais en train de parler au téléphone et j'ai dit à mon interlocuteur que je devais partir. J'ai raccroché, puis je suis sorti en courant parce qu'il y avait tellement de bruit et que l'immeuble tremblait. C'était incroyable. Je ne savais pas ce qui était en train de se produire. L'avion volait si bas que j'aurais pu le frapper si j'avais lancé une pierre. Après six mois dans le même emploi, lorsque j'étais au téléphone, je demandais à la personne au bout du fil d'attendre quelques secondes, je couvrais le combiné, puis, six secondes plus tard, je recommençais à parler. Je m'étais adapté.
Durant la relâche estivale, je me suis promis de ne pas m'habituer à un tel comportement à la Chambre. Aujourd'hui, les députés d'un côté ont présenté une chose comme la vérité. Cette chose est une fausseté qu'on prétend vraie, mais qui demeure fausse.
Je propose quatre façons d'améliorer le décorum à la Chambre. Premièrement, j'appuie l'idée de la députée de , qui soutient qu'on devrait accorder des pouvoirs supplémentaires à la présidence, non pas pour qu'elle expulse des députés de la Chambre des communes, mais pour qu'elle leur refuse le droit de parole. Que ce soit pour une, deux ou dix séances, je n'en sais rien, mais il faut discuter de cette proposition. La mauvaise conduite devrait faire perdre son droit de parole au député.
[Français]
Je parlerai maintenant d'un deuxième point. Nous vivons maintenant à l'ère de la technologie. J'aimerais voir l'installation de deux caméras à haute de définition et à grand angle, l'une faisant face aux bancs de l'opposition et l'autre faisant face aux bancs du gouvernement. Ces caméras seraient strictement pour l'usage de la Présidente ou du Président de la Chambre, et elles seraient utilisées exactement dans le genre de cas que nous avons eu aujourd'hui, et où il y a eu une plainte. C'est un peu comme ce que nous voyons dans toutes sortes de sports, tels le tennis, le hockey et le football, où l'arbitre a le droit de regarder quelque chose pour vérifier ce qu'il n'a pas pu voir. Je propose d'utiliser exactement cette même approche pour la Chambre. Cela veut dire que nous aurions deux caméras, strictement à l'usage du Président, pour lui permettre de constater, dans certains cas et si nécessaire, s'il y a un enjeu sur lequel il doit appliquer un règlement.
[Traduction]
La séance d'aujourd'hui montre l'importance de ma troisième proposition. J'aimerais qu'on interdise les applaudissements durant la période des questions. Certains députés trouveront peut-être cela étrange, mais n'oublions pas que la Chambre des communes à Westminster est l'ancêtre de la nôtre et qu'elle ne permet pas les applaudissements. Ils y sont interdits. De même, le gouvernement du Québec ne permet plus les applaudissements à l'Assemblée nationale depuis moins d'un an et demi.
En fait, j'aime les applaudissements, mais on n'y a plus recours pour appuyer une bonne cause ou une bonne déclaration. Les députés se conduisent de manière tellement inappropriée qu'il me semble improbable de les voir applaudir comme il se doit. C'est pourquoi je propose d'interdire les applaudissements.
Voilà les trois points que je soulève dans l'espoir de rétablir un peu le décorum à la Chambre des communes.
Je ne me permettrai jamais de m’y faire. Si les mesures que je propose ne sont pas acceptées cette fois-ci, je m'emploierai à faire changer les choses petit à petit. Comme quelqu’un l’a mentionné, ce genre de comportement chargé de testostérone a commencé il y a cent ans, lorsque les femmes et les gens des minorités ethniques n’avaient pas le droit de vote, et qu'il ne profitait qu’à un seul type de personne. Ce genre d'attitude exerce un effet dissuasif énorme sur les gens de cultures différentes, pour qui la grossièreté est inacceptable. Il a également un effet extrêmement dissuasif sur les femmes, et cela doit changer.
Le dernier point que j’aimerais soulever a trait aux comités permanents. Je siège au comité de l’industrie et, trop souvent, certains de nos invités n’ont pas pu témoigner parce qu’ils ont été constamment interrompus par des motions ou des recours au Règlement fallacieux et des absurdités sans fin.
Nous avons établi un précédent ici, à la Chambre des communes, pour la période de questions. Personne ne peut interrompre ce processus pendant une heure. Les députés ont le droit de parler, ils peuvent présenter des motions par la suite, faire des recours au Règlement par la suite. Par respect non pour nous-mêmes mais pour ceux que nous invitons à comparaître devant nos comités, qui parfois viennent de loin et qui ont préparé des déclarations, je propose que nous reconnaissions à ces gens le droit de se faire entendre. Cela prend une heure, et je propose que nous utilisions exactement les mêmes règles que nous appliquons ici, à savoir que, pendant cette heure, il n’y ait pas de motions, ni d’interruptions de quelque sorte que ce soit, qu’on n’invoque pas le Règlement, exactement comme à la période des questions. Il s’agit de manifester du respect à l'égard de nos invités de l’extérieur.
Voilà les quatre mesures que je propose pour rétablir un peu de décorum dans cette enceinte.
Je vais terminer avec une petite anecdote. Comme je l’ai dit, je me mêlais aux gens et je bavardais avec eux. Je n’essayais pas de savoir où ils logeaient. J’ai deux filles et un garçon. Ma deuxième fille dit les choses comme elles sont. Tous étaient fiers de moi lorsque j’ai été élu et ils me l’ont dit. J’aimerais qu’ils viennent ici et me rendent visite un jour, mais j’y ai pensé. Si ma seconde fille était venue ici et m’avait vu, elle n’aurait pas été fière de moi. Je me suis promis que je n’accepterais pas cela. Si elle vient ici et voit ce comportement horrible, je pourrai lui dire que je me bats contre cela.
Voilà ce qui est arrivé au type que j’ai approché et qui n’était pas un député de mon parti. Il m’a regardé, la tête baissée et le dos voûté, et il m’a dit: « Frank, ma fille de 17 ans était ici il y a deux semaines et elle est partie complètement dégoûtée ». Voilà ce que nous faisons. Il faut que ça change.
:
Monsieur le Président, j'interviens aujourd'hui pour débattre de la motion portant que la Chambre prenne en considération le Règlement et la procédure de la Chambre et de ses comités.
Comme nous le savons tous, le Règlement nous fournit, ainsi qu'à nos employés et au personnel administratif de la Chambre des communes, nombre des outils et des renseignements dont nous avons besoin pour que les Chambres continuent de fonctionner convenablement et, dans tous les cas, dans l'intérêt des Canadiens.
Je tiens simplement à vous donner un bref historique du Règlement afin que vous ayez un aperçu du rôle on ne peut plus critique qu'il a joué dans notre histoire et qu'il continuera de jouer pour l'avenir du Canada.
Selon l'édition de 2009 de l'ouvrage d'O'Brien et Bosc, le Règlement a pour la première fois été adopté en 1867. Il se fondait essentiellement sur le Règlement élaboré en 1791 par les assemblées législatives du Haut-Canada et du Bas-Canada.
Le débat que nous avons aujourd'hui doit avoir lieu entre le 60e et le 90e jour de séance de la première session d'une législature. Je le dis au bénéfice des téléspectateurs qui pourraient être déconcertés en pensant qu'il y a aujourd'hui dans le monde des enjeux plus graves.
Malgré les années qui se sont écoulées et la multitude de débats qui ont été tenus, croyons-le ou non, certaines règles datent encore de la fin des années 1700. Voilà une autre raison pour laquelle il est essentiel que nous continuions à examiner le Règlement et à suggérer des modifications pour nous assurer qu'il est adapté au XXIe siècle.
J'aime souvent faire une comparaison avec le hockey. Sans livre de règlements, le hockey ne serait pas un sport très civil. Parfois, il ne l'est pas, en dépit de ces règles. Cela dit, les règlements ont changé au fil des ans. Je garantis que la première partie de hockey était bien différente des parties de la LNH que nous regardons aujourd'hui.
Je suis conscient que beaucoup d'entre nous à la Chambre aujourd'hui reconnaissent l'importance du Règlement. Toutefois, je crois également que nous devons en comprendre la pertinence. Lorsque le débat prendra fin, la question sera renvoyée au comité de la procédure et des affaires de la Chambre, le PROC. En tant que membre de ce comité, je crois qu'il est important pour moi d'être ici et d'écouter les observations de mes collègues. Il est bon que nous entendions les modifications au Règlement qui sont suggérées, et je crois que toutes méritent d'être débattues parce que la plupart présentent des avantages.
Les propositions et les arguments que présentent aujourd'hui mes collègues sont instructifs. Je peux dire que le Comité permanent de la procédure et des affaires de la Chambre aura beaucoup de choses à discuter lorsque ces idées lui seront soumises.
Les modifications du Règlement que je propose peuvent se regrouper en trois catégories: l'efficacité, la reddition de comptes et les mesures d'adaptation aux besoins des familles.
En ce qui concerne l'efficacité, ma première proposition concerne les questions inscrites au Feuilleton. Je recommande, de façon générale, de ne plus obliger le gouvernement à demander chaque jour que toutes les questions restent au Feuilleton. Il serait beaucoup plus efficace que les questions auxquelles on n'a pas encore répondu y restent. Je me reporte pour cela à l'article 33 du Règlement.
J'estime aussi que, pendant les affaires courantes, l'ordre des rubriques devrait être modifié. Je recommande que les questions inscrites au Feuilleton soient placées immédiatement avant le dépôt de documents plutôt qu'à la fin des affaires courantes, comme c'est le cas actuellement. À mon avis, ces changements seraient utiles tant au gouvernement qu'à l'opposition. Le gouvernement pourrait ainsi répondre comme il se doit aux questions inscrites au Feuilleton et l'opposition obtiendrait une réponse à ces questions.
Par ailleurs, comme je l'ai mentionné, je recommanderais d'inscrire les motions à la fin des affaires courantes, mais il faudrait toujours modifier et déplacer un article du Règlement.
Au paragraphe 106(4), je recommanderais de faire passer de quatre à deux le nombre minimal de membres pour qu'on puisse convoquer une réunion d'un comité, et d'imposer comme condition que ces deux membres représentent des partis différents. Cela empêcherait un parti ou un autre de convoquer unilatéralement une réunion d'urgence.
Je pense que l'article 53.1 du Règlement devrait permettre à l'opposition officielle de demander un débat exploratoire à deux reprises au cours de chaque session, et au troisième parti de présenter une telle demande une fois par session.
J'aimerais maintenant parler d'un Parlement propice à la vie de famille. Je crois que le débat a surtout porté là-dessus aujourd'hui et que c'est une question relativement nouvelle pour les membres du comité de la procédure et des affaires de la Chambre. Dès le départ, nous nous sommes penchés sur les façons de rendre le Parlement moderne, efficace, inclusif et propice à la vie de famille.
Nous avons examiné de nombreuses façons de faire du Parlement un milieu de travail plus compatible avec la vie familiale. Je vais citer un extrait de notre rapport avec lequel nous serons tous d'accord, je crois:
Rares sont les emplois plus prenants et plus stressants que celui de député. Les nombreuses tâches et les multiples fonctions qu’exerce un député à l’assemblée législative et dans sa circonscription sont très chronophages. Les députés sont aussi souvent appelés à voyager à l’étranger, en comité parlementaire ou au sein d’une délégation officielle. Parallèlement, la population s’attend à ce que les parlementaires travaillent sans relâche pour elle et scrute leurs moindres faits et gestes.
De telles conditions peuvent nuire à l’équilibre travail-vie personnelle des députés, surtout s’ils ont un conjoint et une famille, car ils peuvent se trouver loin de chez eux pendant de longues périodes.
Nous sommes nombreux, ici, à avoir une famille. Pour ma part, j'ai un petit garçon de cinq ans, mais nous sommes tous aussi des frères, des soeurs, des oncles, des tantes, des fils et des filles, et nous savons tous qu'il est très difficile d'être loin des nôtres, surtout pendant de longues périodes.
J'ai raté la première rencontre parents-enseignant de mon fils. J'ai raté sa première partie de soccer, son premier but. Quand il a appris à faire du vélo sans roues stabilisatrices, je n'y étais pas non plus. C'était loin d'être facile. Cela fait mal au coeur.
Nous reconnaissons tous ici que ce n'est pas un travail facile. Le rapport du comité de la procédure et des affaires de la Chambre traite de nombreux articles du Règlement qui ne favorisent pas la création d'un milieu qui réponde davantage aux besoins des familles. Nous avons fait des recommandations, notamment sur l'heure des votes; celles-là sont d'ailleurs appliquées maintenant. Les whips des deux côtés ont fait un travail remarquable pour que les votes aient lieu tout de suite après la période des questions parce que nous sommes tous ici. Cela permet à certains d'entre nous qui vivent proche ou dont la famille est à Ottawa de rentrer pour le souper ou l'heure du coucher, qui sont les moments probablement les plus importants.
Par ailleurs, si nous décidions du calendrier de l'année suivante en juin plutôt que d'attendre en septembre, nous pourrions mieux planifier le travail dans nos circonscriptions et le temps que nous passons en famille.
Nous pourrions aussi avoir plus d'activités familiales au Parlement. Il y a déjà eu, par le passé, l'Hilloween. Nous amenions nos familles et nous nous déguisions et tentions d'obtenir des bonbons. C'était une façon de rassembler les parlementaires de toutes allégeances avec leur famille et de les amener à mieux se connaître sur le plan personnel. Je pense que c'est très important, car certains resteront peu de temps ici et d'autres resteront longtemps, mais il est toujours important de profiter de ce temps pour en apprendre un peu les uns sur les autres, indépendamment du côté de la Chambre où nous siégeons.
J'apprécie le travail fait par mes amis du comité de la procédure et des affaires de la Chambre et je les respecte tous. Nous faisons du bon travail. Nous ne sommes pas toujours d'accord, mais il semble toujours y avoir une volonté de trouver un terrain d'entente. À titre de nouveau député, je m'en réjouis.
Comme je l'ai indiqué tout à l'heure, le travail de député n'est pas facile, mais nous savons que les Canadiens doivent travailler ferme pour joindre les deux bouts. Lorsque nous discutons de l'idée de ne pas tenir de séance aux Communes le vendredi et de retourner dans nos circonscriptions, nous savons tous que nous y serons probablement pour travailler. Mais les Canadiens qui travaillent cinq, six ou sept jours par semaine ne le verront peut-être pas du même oeil.
En outre, le problème ne se résume pas à cette question de perception. Il faudra également modifier le Règlement pour que nous siégions plus longtemps du lundi au jeudi, ce qui causera des problèmes à ceux qui ont emmené leur famille vivre à Ottawa, à ceux qui ont du personnel dans la région de la capitale nationale et aux environs. Ce personnel devra ajuster la durée de ses journées de travail et devra peut-être les prolonger jusqu'à minuit. Puis les employés seront quand même obligés de travailler le vendredi, comme de nombreux députés de la Colombie-Britannique nous l'ont dit.
Ne pas siéger le vendredi signifie également que les députés doivent se déplacer de toute façon et qu'ils doivent partir le vendredi, alors ce n'est pas avantageux pour ces députés non plus. Fondamentalement, abolir les séances du vendredi n'a aucun autre avantage que de réduire de 20 % le nombre de jours que nous passons dans cette enceinte. À mon avis, les gens de nos circonscriptions savent que la majeure partie de notre travail se fait à Ottawa. Nous sommes des législateurs, mais aussi des champions de diverses causes et, dans certains cas, des travailleurs sociaux. Nous nous efforçons d'oeuvrer pour les gens que nous représentons.
Voilà pourquoi nous passons certaines semaines dans nos circonscriptions, pendant les pauses parlementaires, notamment en juillet et en août, ce qui nous permet de trouver le juste équilibre. En connaissant le calendrier à l'avance, en tenant des événements où la famille et les amis sont invités et en ayant accès à un service de garde d'enfants, nous sommes capables d'organiser nos vies convenablement.
Je répondrai avec plaisir aux questions de mes collègues.
:
Monsieur le Président, l'article 51 du Règlement, curieusement introspectif, oblige la Chambre à étudier le Règlement aujourd'hui. Comme j'ai beaucoup à dire sur le sujet, je m'excuse auprès des services d'interprétation.
À titre de membre du Comité permanent de la procédure et des affaires de la Chambre, désigné par l'acronyme « PROC », et en tant qu'indéfectible maniaque de la procédure qui a commencé à regarder la chaîne CPAC dès le début de ses études secondaires, je suis ce débat avec encore plus d'enthousiasme que d'habitude.
Je tiens à souligner certains changements que le PROC a déjà proposés dans le rapport provisoire qu'il a soumis récemment au sujet des initiatives visant à rendre le Parlement plus moderne, efficace, inclusif et propice à la vie de famille. J'aimerais ensuite discuter d'autres idées.
Bon nombre des questions abordées dans notre rapport n'ont aucun lien direct avec le Règlement. J'invite tous ceux qui s'intéressent aux procédures de la Chambre et à leurs effets sur leur famille et sur leur vie personnelle à prendre le temps de lire le rapport, et peut-être même à joindre le membre du PROC le plus près afin de lui faire part de leur avis sur la façon dont cette étude devrait être menée à l'avenir.
Dans le onzième rapport du PROC, nous avons présenté un certain nombre de recommandations et de thèmes de discussion. Trois de ces recommandations ainsi que trois de ces thèmes de discussion sont directement liés au Règlement. Les deux premières recommandations visent à uniformiser les pratiques de manière à ce que les votes soient tenus à des périodes plus prévisibles et de façon plus efficace. Je cite les recommandations:
Que les leaders à la Chambre des communes aient recours, autant que faire se peut, à la pratique officieuse voulant que les votes par appel nominal reportés se tiennent immédiatement après la période des questions.
Que, chaque fois que c’est possible, les leaders à la Chambre des communes s’abstiennent de tenir des votes par appel nominal les jeudis, sauf immédiatement après la période des questions.
La troisième recommandation, elle, dit ceci:
Que le Président dépose le calendrier de la Chambre des communes chaque année avant la relâche estivale.
Ce n'est pas toujours facile, mais l'objectif est certainement louable.
Le comité jugeait en outre important de voir s'il serait possible de restreindre le nombre de semaines consécutives de séance. Comme nous en avons eu l'expérience au printemps, les périodes de quatre semaines consécutives et plus de séance jouent beaucoup sur le moral des troupes, surtout quand les séances se prolongent jusqu'à minuit tous les soirs. Cela dit, c'est vrai qu'il y a beaucoup de travail à faire, et le Parlement canadien est reconnu pour la lenteur de son processus législatif. Ce n'est pas, à mon avis, le genre de réputation que le Canada souhaite avoir sur la scène internationale.
Il y a un autre sujet dont nous avons abondamment parlé, sans pour autant en arriver à quoi que ce soit de concluant: c'est la création d'une Chambre parallèle, comme on en voit dans d'autres parlements de type britannique, où il ne se tient aucun vote et où les sujets peuvent faire l'objet d'un débat préalable. Notre déménagement prochain dans l'édifice de l'Ouest serait le moment rêvé, avant notre retour dans l'édifice du Centre, de doter le Parlement de deux Chambres entièrement fonctionnelles.
Le sort des séances du vendredi est également litigieux. C'est pourquoi j'aimerais que mes collègues réfléchissent sur les moyens de rendre la Chambre plus efficace afin que nous puissions passer davantage de temps dans nos circonscriptions.
Le dernier point concerne évidemment le décorum. Si aucune conclusion n'a été tirée à ce sujet, je trouve personnellement que le ton de la période des questions a changé, du moins du côté du gouvernement. Il est généralement plus calme et plus constructif, et j'inviterais les députés de l'opposition à emboîter le pas, au moins de façon expérimentale et pendant un certain temps, pour voir si l'ambiance générale s'améliore. Je ne peux pas être le seul parlementaire enthousiaste à trouver que la période des questions est la partie la moins agréable des délibérations quotidiennes, quel que soit le gouvernement au pouvoir. Le décorum étant une question de culture plutôt que de règlement, c'est à nous de l'améliorer.
Nous sommes très peu nombreux à avoir lu le Règlement dans son intégralité. Je l'ai fait plus d'une fois et je le trouve fascinant. Je n'en saisis peut-être pas tous les arcanes, mais j'essaie de m'y familiariser.
L'article 4 du Règlement, par exemple, ne prévoit pas de mécanisme traitant de l'élection du Président par acclamation. Alors qu'il était doyen de la Chambre, Bill Blaikie avait présidé à l'élection par acclamation sans précédent de Peter Milliken. Je me souviens l'avoir vue à la télévision. Bill Blaikie avait fait remarquer qu'aucune procédure n'était prévue à cet effet, mais que la Chambre pouvait faire bien des choses par consentement unanime. Mais que serait-il arrivé si un député mécontent n'avait pas donné son consentement? À ce sujet, il y a plusieurs circonstances où le consentement unanime est nécessaire pour des choses tout à fait routinières qu'on ne devrait même pas mettre aux voix.
Le paragraphe 7(1.1) du Règlement comporte un libellé plutôt curieux, mais pas vraiment, sur l'élection présumée du vice-président. Le libellé du paragraphe 7(2) est suffisamment alambiqué pour faire en sorte qu'à eux deux, le président et le vice-président parlent les deux langues officielles. Le paragraphe 7(3) prévoit qu'un vice-président doit être élu pour remplacer celui qui s'en va pendant son mandat, mais cela ne cadre pas avec la façon dont cette personne est arrivée là au départ.
L'article 11 du Règlement vous permet, monsieur le Président, de faire expulser une personne de la Chambre. Je vous encourage à exercer ce pouvoir sans hésiter et, à l'instar du Président Milliken, à ne pas ignorer les députés qui perturbent la séance, peu importe leur parti. Il y aurait peut-être lieu d'élargir ces pouvoirs. À quoi bon expulser un député de l'enceinte si c'est pour qu'il se rende à un point de presse? Existe-t-il d'autres recours plus tangibles?
L'article 17 du Règlement nous oblige à intervenir depuis notre place. Pour des raisons d'ordre purement pratique, j'aimerais personnellement que les membres de l'équipe du leader parlementaire puissent, pendant un débat ordinaire, prendre la parole depuis n'importe quel siège attribué à leur parti.
L'article 23 du Règlement indique qu'un pot-de-vin constitue un délit qualifié de « high crime » devant être puni avec la plus grande rigueur, sans toutefois fournir de détails sur un quelconque processus à cet effet.
Selon le paragraphe 28(1) du Règlement, la Chambre ne peut siéger le jour de la fête du Dominion, qui a pourtant laissé place à la fête du Canada en 1982; j'avais alors 1 an.
Selon le paragraphe 37(1) du Règlement, le Président peut ordonner qu'une question soit inscrite au Feuilleton s'il estime qu'elle ne comporte aucune urgence. Cependant, je suis les débats depuis de nombreuses années et je n'ai jamais vu une telle chose se produire.
Le chapitre VI du Règlement porte sur le processus du débat. Je crois qu'il serait utile d'envisager de faire passer les périodes d'intervention de 10 ou 20 minutes suivies des questions et des observations à des périodes de 15 ou 30 minutes. Jusqu'à 10 ou 20 minutes seraient utilisées pour les interventions, et la totalité du temps inutilisé servirait aux questions et aux observations.
Par exemple, si je n'intervenais que pendant six minutes sur les dix qui me sont allouées, ce qui m'arrive assez souvent, j'aurais jusqu'à neuf minutes pour répondre aux questions plutôt que cinq. Cela donnerait lieu à des interventions plus courtes et plus spontanées et à un débat plus riche par la suite.
La version anglaise du paragraphe 68(3) du Règlement comporte une bizarrerie due à un vocabulaire archaïque. On dit qu'un projet de loi ne peut être présenté dans une forme « imparfaite », alors que, en français, il ne peut être présenté dans une forme « incomplète ».
L'article 71 du Règlement comporte aussi une coquille en anglais. On y lit « three several readings » — trois plusieurs lectures — au lieu de « three separate readings », c'est-à-dire trois lectures distinctes, ou « trois lectures » tout court, comme la version française.
L'article 87 du Règlement a trait aux projets de loi d'initiative parlementaire. Lorsqu'un député siège à la Chambre depuis plusieurs législatures et qu'il n'a jamais eu l'occasion de présenter un projet de loi d'initiative parlementaire, alors qu'un autre député fraîchement élu voit le sien inscrit au Feuilleton avant même de savoir où se trouvent les toilettes de l'édifice du Centre, je dirais que le système n'est pas tout à fait au point.
Je propose qu'on repense le système de tirage au sort des initiatives parlementaires pour le rendre plus équitable. Au début de chaque législature, tous les députés réélus conserveraient leur place dans la liste de priorité. Les députés réélus ne figurant pas sur la liste parce qu'ils étaient des ministres, des secrétaires parlementaires ou le Président seraient les prochains sur l'ordre de priorité. Les nouveaux députés seraient ensuite inscrits à la liste de priorité selon la méthode actuelle. Enfin, les députés qui étaient présents lors de la législature précédente et qui ont fait franchir toutes les étapes à leur projet de loi seraient placés au bas de la liste, là aussi en suivant la procédure actuelle.
De plus, tous les députés devraient pouvoir changer de place avec n'importe quel autre député sur la liste. Tous les députés auraient alors des chances égales de proposer un projet de loi d'initiative parlementaire. Il n'y aurait pas de députés défavorisés parce qu'ils ne semblent jamais gagner le tirage au sort. Il n'y aurait pas non plus de députés qui devraient rédiger ou déposer un projet de loi avant d'apprendre à connaître les rouages de la Chambre.
J'aimerais aussi revenir sur la question des recommandations royales à un moment donné.
L'article 128 du Règlement permet de convoquer la Chambre à 13 heures le mercredi afin d'étudier un rapport du Comité mixte permanent d’examen de la réglementation. Je n'ai qu'un mot à dire à ce sujet: « Vraiment? »
Les articles 129 à 147 du Règlement traitent des projets de loi d'intérêt privé. Il fut un temps où c'était ainsi qu'on obtenait un divorce au Canada. Bien que le Sénat les utilise toujours, à la Chambre des communes, cela fait plusieurs législatures que nous n'avons pas eu de projet de loi d'intérêt privé. Pourrions-nous les éliminer tout simplement?
Enfin, l'article 158 autorise le sergent d'armes à détenir des étrangers pour leur comportement à la Chambre ou dans les tribunes et prévoit qu'il ne les libérera pas sans un ordre de la Chambre. Je ne sais pas si le parlement comporte une cellule, mais il s'agit certes là d'une relique intéressante d'une autre époque. Quelle est l'incidence concrète de cet article?
Je mets de côté le Règlement comme tel. Pourquoi les projets de loi meurent-ils au Feuilleton au Sénat lorsqu'il y a dissolution de la Chambre? Le Sénat ne pourrait-il pas poursuivre son étude des projets de loi dont il est déjà saisi et simplement renvoyer la version qu'il adopte à la nouvelle législature pour qu'elle l'adopte? Les projets de loi d'initiative parlementaire, en particulier, risqueraient ainsi beaucoup moins de mourir prématurément au Feuilleton.
Par ailleurs, j'estime qu'il devrait être inapproprié pour tout député de mentionner la langue officielle employée par un autre député à la Chambre des communes au même titre qu'il est inapproprié pour un député de mentionner la présence ou l'absence d'un autre député à la Chambre.
Le chapitre XIII garantit déjà que tous les députés peuvent s'exprimer dans la langue officielle de leur choix, mais j'irais plus loin et je ferais en sorte qu'il soit contraire au Règlement de mentionner la langue qu'un autre député choisit d'employer.
Il existe des bizarreries dans la procédure et la pratique de la Chambre qui ne figurent pas nécessairement dans le Règlement, comme les très enlevantes paroles suivantes: « Quand le projet de loi sera-t-il lu pour la deuxième fois? À la prochaine séance de la Chambre. » On entend alors toutes sortes de railleries, du genre « maintenant » ou « jamais ». Il s'agit d'une relique découlant d'un changement survenu il y a plus de 20 ans. Il va sans dire que plusieurs de ces anomalies sont attribuables au fait que les modifications corrélatives n'ont pas toutes été dûment apportées.
Je suppose que la nécessité de demander l'accord de la Chambre pour que les questions restent au Feuilleton constitue une autre relique, et il en existe certainement d'autres.
J'aimerais aussi qu'on remplace l'horloge de la Chambre par des horloges numériques synchronisées, qui pourraient être contrôlées par le Bureau et qui refléteraient l'heure apparente à la Chambre et l'heure réelle afin que, lorsqu'on décide de tenir compte de l'heure, l'horloge indique la bonne heure.
En fait, d'ici à ce que les députés disposent de systèmes d'information intégrés à leur pupitre — une autre question à long terme dont nous devrions au moins discuter —, je me permettrais de suggérer que tous les députés puissent consulter quatre horloges à la Chambre. Elles indiqueraient l'heure réelle, l'heure perçue, le temps de parole qu'il reste au député qui intervient et l'heure réelle à laquelle la séance est censée être levée ce jour-là.
Tant qu'à y être, pourquoi certaines activités prolongent la journée et d'autres pas? Y a-t-il une raison à cela? Pourrions-nous revoir ce qui fait ou ne fait pas finir la journée, par exemple, à 18 h 48?
J'aimerais évidemment que les sièges de la Chambre ne déchirent pas nos poches, comme cela m'est arrivé hier soir.
J'en profite aussi, en tant qu'ancien attaché politique, pour réclamer le retour du guichet unique, qui changeait beaucoup la manière d'aborder le Règlement.
Hier, un groupe de 20 personnes d'une résidence pour personnes retraitées de Mont-Laurier est venu me voir. À 15 heures, le service de sécurité les a fait sortir de la tribune, au-dessus de vous.
Par principe, je ne crois pas qu'on devrait demander à des gens dont le comportement est irréprochable de quitter la tribune des visiteurs. Au contraire, pour que le public puisse participer plus activement au processus législatif, il faudrait l'inciter à regarder les débats plutôt que la période des questions
L'article 51 du Règlement nous donne l'occasion en or de passer en revue le Règlement et d'en supprimer les vestiges qui ne sont plus nécessaires.
Je vais continuer avec plaisir à écouter les idées de mes collègues et je suis impatient d'en discuter au Comité permanent de la procédure et des affaires de la Chambre.
:
Monsieur le Président, je vous remercie de cette clarification.
Cela étant dit, je ne crois pas me tromper en disant que le gouvernement peut adopter, avec une majorité simple, une motion nonobstant les règles et les procédures de la Chambre.
Je commence mon discours par cette information, parce que nous pouvons bien discuter de toutes les règles et les changer comme nous le voudrons, mais il reste qu'un gouvernement majoritaire, du moins certainement au cours du dernier Parlement, décide souvent d'utiliser sa majorité pour adopter des motions contraires aux règles et procédures normales de la Chambre. Tenir ce débat aujourd'hui, c'est donc bien beau, toutefois, je voulais clarifier cette information avant de commencer: en effet, cette façon de faire serait peut-être à réviser, à savoir si une majorité simple est suffisante pour adopter une telle motion qui outrepasse les règles et les procédures normales de la Chambre.
Comme tous mes collègues, j'ajoute ma voix au débat concernant certaines règles actuellement en place qui pourraient être modifiées. Par ailleurs, on pourrait également apporter certaines nouvelles façons de faire à la Chambre pour que ce soit plus facile pour tout le monde de travailler et d'être député, et pour que nous soyons le plus efficaces possible, ce à quoi les Canadiens attendent de nous.
Les entreprises privées revoient leurs façons de faire et tentent d'être le plus efficaces et efficientes possible, afin d'utiliser leur temps à bon escient. En tant que parlementaires de la Chambre des communes, c'est aussi ce que nous devons faire. Nous devons revoir nos pratiques, nos habitudes, nos procédures et nos règles et voir s'il est possible de les améliorer et de les amender.
À mon avis, un tel débat à la Chambre est sain. J'espère qu'il y aura un suivi au Comité permanent de la procédure et des affaires de la Chambre sur ce dont nous aurons discuté afin de réviser toutes les propositions qui auront été mises sur la table, et que nous pourrons travailler sans partisanerie à faire avancer ces idées.
La première proposition que je soumets aux députés de la Chambre vise à formaliser la nomination des vice-présidents, vice-présidents adjoints et vice-présidents des comités pléniers, comme vous, monsieur le Président, dans ce siège. Ces postes, en vertu de notre Règlement, sont attribués après des consultations avec les différents partis, et il n'y a pas d'obligation d'avoir une représentation de tous les partis au fauteuil du Président de la Chambre.
À mon avis, il serait important de formaliser cette pratique de consultation, évidemment, mais aussi de s'assurer que des postes sont attribués à tous les partis reconnus à la Chambre, en tenant compte de quel parti le Président est membre. Il s'agit ensuite de pouvoir assigner les différents postes à ce fauteuil en fonction des partis qui sont représentés officiellement à la Chambre. Je crois que cette proposition serait assez simple à adopter.
Pour ce qui est de la période des questions, un enjeu a souvent été soulevé au cours de ce débat, parce que c'est une des réalités auxquelles nous assistons tous les jours. Nous sommes ici une heure par jour et nous écoutons les déclarations des députés, un autre enjeu sur lequel nous pourrions nous pencher, puis il y a la période des questions, la partie de la journée à la Chambre la plus écoutée par la population canadienne.
D'ailleurs, plusieurs personnes sont dans les tribunes lorsque vient le temps de la période des questions. Comme d'autres députés, je me demande souvent comment je verrais cela si je n'étais pas député et que je venais ici une seule fois tous les 10 ans, ou si je venais dans les tribunes observer la période des questions pour la première fois. Je me mets dans la peau de ces gens qui regardent la période des questions et qui n'y sont pas habitués, puisqu'ils n'y assistent pas tous les jours, contrairement à nous. Comme un de mes collègues l'a dit plus tôt, on finit par s'habituer à ce genre de climat. Parfois, des jeunes du primaire et du secondaire viennent nous rendre visite et nous observer, et je me dis que nous n'avons pas l'air de former un Parlement très fonctionnel.
Bien sûr, beaucoup de choses pourraient être améliorées à la période des questions, notamment la qualité des réponses; j'en ai fait mention dans une question à mes collègues tout à l'heure.
Il faut également s'assurer que le Président peut utiliser tous ses pouvoirs, qu'il y a une qualité de réponse et que ce ne sont pas des éléments répétitifs. Il faut aussi que le Président puisse utiliser les pouvoirs qui existent déjà, qui n'ont pas besoin d'être ajustés dans le Règlement, des règles qui permettent déjà au Président de nommer des députés et de les expulser.
Pour le moment, à quelques occasions, on a vu le Président nommer les circonscriptions des députés qui n'agissaient pas de la bonne façon, mais si ma mémoire est bonne, je crois que, récemment, une seule fois un député a été nommé par son nom.
Par contre, je n'ai jamais entendu le Président avertir un député en lui disant qu'il était près de l'expulser. Il y a donc des pouvoirs qui existent déjà dans le Règlement qui pourraient être utilisés plus souvent.
La qualité des réponses est une autre question qui m'importe beaucoup. Quand j'ai assisté à des périodes de questions en Grande-Bretagne, j'ai été impressionné par la prestance du Président de cette Chambre. Lorsqu'il trouvait une réponse insatisfaisante, fût-elle de la part d'un ministre ou du premier ministre lui-même, il leur demandait de reformuler leur réponse. C'est ce qu'il a fait lorsque le premier ministre a donné une réponse qui n'avait aucun lien avec la question posée. J'aimerais donc voir le Président être plus actif et utiliser certains pouvoirs qui existent déjà dans le Règlement.
Par ailleurs, je voudrais parler des questions de privilège, qui sont soulevées régulièrement à la Chambre. Sans trop entrer dans les détails, cela mène parfois à une décision de la présidence, qui doit déterminer s'il y a eu, de prime abord, atteinte au privilège des parlementaires. En anglais, on emploie le terme latin « prima facie ». Je pense que les gens connaissent peut-être mieux ce terme.
Toutefois, après que le Président a rendu sa décision, il demeure que c'est un député qui doit proposer une motion et que celle-ci doit être adoptée par la Chambre. Cela revient à ce que je disais: lorsqu'on a un gouvernement majoritaire, même si le Président dit qu'il y a eu atteinte au privilège de prime abord, la décision finale appartient à la Chambre. Ainsi, lorsque le gouvernement est majoritaire, il n'en revient qu'à lui de décider s'il y a vraiment eu atteinte au privilège.
Je pense qu'il y a moyen de réformer cela afin que la décision de la présidence soit finale. Si le Président détermine qu'il y a eu une atteinte au privilège, cela doit être la décision finale. Un gouvernement majoritaire ne doit pas pouvoir utiliser sa majorité pour outrepasser cette décision. Nous avons vu cela dans le passé, et j'ai trouvé cela complètement inacceptable.
Par ailleurs, il faudrait rendre public le Bureau de régie interne, un organisme qui réglemente l'administration de nos dépenses. Ce serait la meilleure des choses à faire. Sans entrer dans les détails, plusieurs choses se sont passées au Bureau de régie interne. Certains députés n'ont pas été traités équitablement, de l'avis de plusieurs députés. Il serait donc bénéfique de le rendre public.
Il y a également la question des votes après la période des questions orales. Cela s'harmonise avec notre désir d'améliorer la conciliation travail-famille à la Chambre.
Sinon, j'ai bien aimé la proposition d'une horloge numérique. On pourrait y voir l'heure, mais également le temps de parole qu'il nous reste. Monsieur le Président, vous venez justement de me signaler qu'il me reste deux minutes. Il doit me rester environ 25 secondes.
Si les députés pouvaient voir le temps de parole qu'il leur reste, que ce soit sur leur bureau ou ailleurs, cela les aiderait beaucoup à organiser leurs notes et à s'y retrouver lorsqu'ils savent que leur temps de parole tire à sa fin.
Finalement, nous devrions reconsidérer la nécessité de faire la prière et de saluer Dieu avant les séances de la Chambre des communes. Peut-être que le Comité permanent de la procédure et des affaires de la Chambre pourrait se pencher sur cette question.
:
Monsieur le Président, je voudrais commencer par remercier tous mes collègues, de tous les partis, pour leur apport largement constructif aujourd'hui, dans le débat exploratoire sur le Règlement.
À l'instar d'un certain nombre de collègues que je vois dans cette enceinte, j'ai le privilège de faire partie du Comité permanent de la procédure et des affaires de la Chambre. J'ai pris soin de prendre note des idées et des suggestions exprimées par la plupart des députés. Je sais que notre greffier, M. Andre Barnes, en fera une synthèse que nous pourrons examiner attentivement pour formuler des recommandations que nous adresserons à la Chambre concernant les modifications à apporter au Règlement.
Je voudrais dire encore une fois que le Règlement existe pour nous fournir des règles claires de conduite aux Communes. Toutefois, en fin de compte, s'agissant de la conduite et du décorum, c'est à chacun d'entre nous qu'il revient de choisir comment se comporter dans cette enceinte. Une fois de plus, j'exhorte les députés à en être bien conscients. Grâce à leur esprit très généreux, de nombreux députés nous ont donné un bel exemple de ce que je veux dire pendant le débat d'aujourd'hui.
Mon mandat était très différent. J'ai déjà dit que le rôle que je dois jouer aujourd'hui, en tant que ministériel, consiste principalement à proposer des idées qui n'ont pas déjà été proposées pendant le débat et qui s'accordent avec le mandat de la leader du gouvernement à la Chambre ainsi qu'avec notre programme électoral. Je pense que j'ai entendu la majeure partie de ces propositions. Elles ont été abordées en grande partie. Le processus visait à permettre au Comité permanent de la procédure et des affaires de la Chambre de se pencher sur ces propositions et de déterminer si des modifications au Règlement sont nécessaires pour faciliter leur mise en oeuvre. Je vais aborder quelques-unes des idées qui n'ont pas été traitées et dont je n'ai pas encore entendu parler.
Dans certains cas, je ne suis pas convaincu que les propositions qui relèvent du mandat de la ministre nécessitent des modifications au Règlement. Je crois que cela relève davantage des pratiques du Parlement et du gouvernement en place. Dans bien des cas, les questions dont nous avons discuté lors de la dernière campagne électorale étaient liées aux attitudes que nous trouvions déplorables lors des législatures précédentes, à l'érosion de certaines traditions et pratiques de cette assemblée et aux modifications à apporter au Règlement. J'espère que nous n'aurons pas à aller jusque-là, et que nous saurons respecter les traditions, les pratiques et les procédures du système parlementaire britannique afin que nous n'ayons pas à recourir à un moyen aussi radical que la modification du Règlement. Je vais parler des propositions dont je n'ai pas entendu parler aujourd'hui, puis je vais laisser mes collègues donner leur avis à ce sujet.
L'un de nos engagements pendant la dernière campagne électorale avait trait à la création d'une période des questions du . Je n'ai entendu aucune observation à cet égard aujourd'hui à savoir s'il s'agit d'une pratique pertinente. Cette pratique a toutefois été adoptée au Royaume-Uni. Il y a une période des questions désignée pendant laquelle le premier ministre se rend disponible pour répondre aux questions des députés. Je ne sais pas si cela changerait la façon dont nous percevons la période des questions en général, qui, compte tenu des échanges que nous observons, nous semble beaucoup trop théâtrale et préparée.
Nous avons entendu plusieurs suggestions en ce qui concerne le fait d'accorder un bien plus grand pouvoir à la présidence pour appliquer les règles du débat, ainsi qu'en ce qui concerne certains des autres changements visant à faire en sorte que les questions soient présentées à l'avance, de sorte qu'une réponse détaillée puisse être fournie. C'est essentiellement la façon de procéder au Parlement britannique. J'appuierais certainement toute proposition en ce sens. Cependant, je tiens à lancer l'idée de modifier le Règlement afin qu'il y ait une période des questions du premier ministre.
Le deuxième élément important dont je n'ai pas beaucoup entendu parler a trait au recours à la prorogation et aux projets de loi omnibus. C'est une situation qui s'est produite pendant les 39e, 40e et 41e législatures. On a utilisé la prorogation, et il y a eu un recours accru à des projets de loi omnibus.
L'actuel gouvernement a promis d'éviter autant que possible les projets de loi omnibus. La seule exception à cette règle devrait viser les projets de loi d'exécution du budget. La présentation d'un budget entraîne inévitablement des modifications multiples et variées à toutes sortes de lois en vue de sa mise en oeuvre. Selon moi, le budget même devrait traiter strictement de mesures budgétaires. Par ailleurs, je tiens pour suspect le recours constant aux projets de loi omnibus dans le but de faire passer certaines mesures qui ne sont pas du ressort du ministre parrain. Encore une fois, il faut se demander si cette façon de faire est conforme au Règlement, mais je tenais tout de même à soulever la question.
Durant les précédentes législatures, il a été question des budgets des dépenses et en particulier de leur cohérence avec les comptes publics. Ce qu'il faut retenir, c'est que les députés ont besoin d'un mécanisme clair pour confirmer que les budgets des dépenses déposés correspondent aux comptes publics. C'est une chose à laquelle travaille le . Je ne crois pas qu'il faille modifier le Règlement, mais c'est un point sur lequel le comité de la procédure et des affaires de la Chambre devrait se pencher.
D'autres points visent l'indépendance de la Chambre, en particulier en ce qui a trait aux agents du Parlement. Existe-t-il des mécanismes et des moyens de garantir que les agents du Parlement ont un financement adéquat, qu'ils peuvent présenter les rapports voulus au Président et, en fin de compte, à la Chambre, et que le gouvernement du jour ne les entrave pas dans leur travail sur ces plans? Je dirais que la question s'applique également du directeur parlementaire du budget. Nous avons vu par le passé des cas où cela a posé des difficultés. Nous voulons nous assurer que tous les agents de la Chambre, ainsi que le directeur parlementaire du budget, possèdent les outils nécessaires pour fournir aux parlementaires les renseignements dont ils ont besoin pour exiger des comptes du gouvernement et fournir, par la même occasion, de l'information en toute neutralité.
J'ai cru entendre parler de la divulgation des dépenses. J'appuie le concept voulant que les activités du Bureau de régie interne soient davantage publiques et qu'elles doivent par défaut être transparentes, ce qui n'est pas le cas actuellement.
Il me reste quelques éléments à aborder avant de conclure, mais ils sont déjà intégrés au Règlement. Je veux parler du harcèlement et de la violence sexuelle en milieu de travail. Il s'agit d'un sujet auquel le comité de la procédure et des affaires de la Chambre doit s'intéresser de temps à autre; il doit passer en revue le comportement des députés afin d'éviter que ne se reproduisent certaines situations déplorables qui ont pu survenir entre députés ou entre un député et ses employés. Les Canadiens doivent savoir que leurs députés respectent les normes en milieu de travail les plus élevées qui soient et que le comité de la procédure et des affaires de la Chambre continue d'avoir un oeil sur ce dossier.
Nous avons beaucoup entendu parler de la conciliation travail-famille. Je n'ai pas grand-chose à ajouter sur ce sujet, parce qu'il a déjà été couvert en long et en large. J'invite toutefois les députés à demeurer ouverts au changement. Souvent, nos usages existent simplement parce que c'est ainsi que les choses ont toujours été. Dans certains cas, ils datent de tellement longtemps qu'on dirait qu'ils se sont fossilisés. Je me réjouis par contre de voir ce qui arrive à la députée d'. Même s'il y a un étranger dans la salle, personne n'a jamais invoqué le Règlement pour exiger son expulsion.
Nous devons continuer à faire preuve de la même ouverture, trouver des façons inédites de répondre aux besoins des députés et inciter davantage de Canadiens — de tous les horizons — à prendre part à nos travaux et à se faire élire.
Je n'ai pas grand-chose à ajouter, et de toute façon, mon temps de parole est écoulé. J'invite les députés à me poser des questions, et j'écouterai avec intérêt la suite du débat.
:
Monsieur le Président, c'est pour moi un grand honneur d'intervenir aujourd'hui pour parler du Règlement de la Chambre.
Je pense que je me fais le porte-parole de tous les députés lorsque je dis que c'est un immense privilège de travailler au nom des Canadiens qui nous ont démocratiquement élus pour les représenter. C'est d'ailleurs au nom des Canadiens que j'interviens aujourd'hui pour parler d'un sujet qui, selon moi, est important et qui m'intéresse personnellement.
Le printemps dernier, j'ai été très inquiet lorsque celui qui était alors le leader du gouvernement à la Chambre a proposé qu'on élimine les séances du vendredi. J'aimerais expliquer pourquoi cette suggestion m'a causé autant d'inquiétude.
Au printemps 2016, nous faisions tous partie d'un Parlement nouvellement élu. Aucun parti, et certainement pas celui des libéraux maintenant au pouvoir, n'a laissé entendre au cours de la campagne que nous devrions écourter notre semaine de travail à la Chambre. Soyons clairs: je ne dis pas que nous ne travaillons pas quand nous retournons dans nos circonscriptions ni que le temps que nous passons avec notre famille et nos concitoyens n'a pas d'importance. C'est capital, nous en convenons tous, j'en suis certain. Néanmoins, il ne faut pas oublier un principe fondamental dans toute démocratie: nous travaillons pour les citoyens qui nous ont élus.
Je suis peut-être le seul à penser cela, mais quand il est question d'écourter notre semaine de travail, quelles que soient les bonnes raisons qui nous motivent, il me semble que nous devons, d'abord et avant tout, en parler avec les gens pour qui nous travaillons. Les contribuables canadiens méritent que leur député les respecte et leur rende des comptes. C'est pourquoi, en mars dernier, dans un de mes rapports hebdomadaires, j'ai demandé à mes concitoyens ce qu'ils pensaient de l'idée d'éliminer la séance du vendredi.
Je suis certain que beaucoup d'entre vous serez étonnés d'apprendre que l'idée n'était pas très prisée et, bien qu'un grand nombre de ces citoyens aient livré leur pensée avec respect, certains étaient plutôt choqués. Des mots comme « déconnectés » ont souvent été prononcés. Je rappelle à tous ici que la Colombie-Britannique est éloignée d'Ottawa. Lorsque des citoyens là-bas entendent dire qu'ils doivent payer le déménagement de personnel politique au coût de 100 000 $ de Toronto à Ottawa ou que le se fait payer non pas une mais deux bonnes d'enfants, après avoir déclaré que les familles millionnaires ne devraient pas toucher les allocations financées par les contribuables, ils deviennent désabusés, je dirais même désintéressés.
Je me rends compte qu'un gouvernement majoritaire est censé apporter du changement. Toutefois, dans ce cas-ci, jamais on a parlé aux citoyens d'une semaine de travail plus courte à Ottawa avant qu'ils aillent voter en 2015. Je suis donc d'avis que la population n'a pas signifié qu'elle approuvait la semaine de travail raccourcie. Je sais bien qu'on a dit que les quatre autres jours pourraient être prolongés. Toutefois, n'oublions pas que, ce faisant, nous éloignerions simplement de leur famille les employés qui veillent au bon fonctionnement du Parlement et que les heures supplémentaires coûteraient plus cher aux contribuables.
Je m'interroge également sur la pertinence de cette idée dans la mesure où les heures de travail prolongées peuvent avoir une incidence sur la productivité, et je me demande donc si un tel changement pourrait nous rendre moins productifs. Cependant, la question la plus importante est la suivante. Si nous éliminions la séance du vendredi, cela ne signifierait-il pas que le jeudi deviendrait le nouveau vendredi, et que de nombreux ministres et ministériels haut placés quitteraient Ottawa le mercredi soir? Il serait bien dommage que le jeudi devienne ainsi le nouveau vendredi.
Pour revenir au rapport parlementaire que j'ai rédigé sur la proposition de ne pas tenir de séance le vendredi, certains médias de ma région ont mené des sondages à ce sujet. Encore une fois, les résidants de ma circonscription ont exprimé clairement leur opposition à cette idée.
Je ne sais pas exactement ce que le gouvernement compte faire à ce sujet. Cependant, je crois que, pour ce genre de questions, nous devons exprimer clairement nos positions et les justifier. En ce qui me concerne, je suis évidemment contre ces changements, et d'après ce que m'ont dit les résidants de ma région, je peux affirmer qu'ils sont aussi fortement opposés à l'élimination de la séance de la Chambre du vendredi.
En fait, la vaste majorité des Canadiens qui appartiennent vraiment à la classe moyenne ne peuvent pas se permettre d'avoir des fins de semaine de trois jours, à moins que l'un des jours soit férié. Je ne dis pas que nous ne travaillons pas dans nos circonscriptions, mais je pense que, par respect pour les gens qui nous envoient les représenter dans cette enceinte et qui ne nous ont jamais donné le mandat de réduire notre semaine de travail, nous devrions maintenir le calendrier des travaux de cinq jours qui était en vigueur lorsque nous avons été élus et qui s'applique bien entendu les semaines où la Chambre siège.
N'oublions pas non plus que le calendrier de la Chambre comprend de nombreuses semaines de relâche qui nous permettent de retourner souvent dans nos circonscriptions. Nous disposons d'un généreux budget financé avec l'argent des contribuables pour embaucher du personnel qui travaille dans les circonscriptions. La majorité d'entre nous sait en outre exploiter les plus récents outils de communication qui, dans beaucoup de cas, nous sont payés également avec l'argent des contribuables.
Enfin, je voudrais prendre un instant pour admettre que le travail de député est effectivement exigeant, et c'est encore plus difficile pour nos familles et nos conjoints. Je crois que nous sommes tous reconnaissants envers nos êtres chers pour la considération et le soutien dont ils nous entourent, vu le grand nombre d'heures que nous consacrons à notre travail dans cette enceinte. Cependant, n'oublions pas que nous sommes généreusement rémunérés. Nous pouvons faire venir à Ottawa les membres de notre famille par avion. Enfin, après avoir été députés pendant six ans, nous sommes admissibles à une généreuse pension que la plupart des Canadiens ne peuvent pas obtenir. Il faut dire toutefois que des changements importants ont été effectués au cours de la dernière législature pour établir une rémunération et un régime de pensions plus respectueux des contribuables et des députés.
En résumé, oui, nous devons faire des sacrifices, mais nous sommes bien rémunérés en contrepartie. N'oublions pas que nous sommes au service de la population. À mon avis, c'est une chose que nous ne devons pas oublier, car en fin de compte, les scandales des dépenses qui ont récemment éclaboussé le gouvernement en poste, comme les gouvernements qui l'ont précédé, minent la confiance de la population.
Même s'il est facile pour nous de comprendre les défis particuliers associés à la fonction de député, dans la mesure où il est facile pour certains d'entre nous d'affirmer que oui, nous ne devrions pas siéger le vendredi — et je suis convaincu que bien des gens pourraient le justifier en invoquant une panoplie d'activités, montrant ainsi qu'ils jouent un rôle utile auprès des électeurs —, on semble oublier de demander aux Canadiens, aux électeurs, ce qu'ils pensent de cette idée.
Je pense que si d'autres députés demandaient aux électeurs de leur circonscription ce qu'ils pensent de cette idée, ils entendraient les mêmes choses que j'ai entendues. Par conséquent, j'ai pris le temps aujourd'hui d'expliquer pourquoi je m'oppose à cette idée dans les circonstances actuelles, et je tiens à rappeler que je ne veux aucunement manquer de respect à ceux qui l'appuient. Je comprends les arguments avancés pour soutenir cette idée. Cela dit, compte tenu des commentaires formulés par les électeurs de ma circonscription, je pense qu'il est important de dire que je m'oppose à cette idée.
Avant de conclure, je veux revenir sur un point que j'ai soulevé plus tôt. Depuis la première fois où j'ai été élu, en 2008, afin de servir d'autres gens que ma famille à titre de conseiller municipal de Penticton, ma mission a toujours été très claire: sauvegarder la confiance du public. On ne s'entend pas toujours sur ce qui constitue l'intérêt public. Il est possible que nous ayons des opinions diverses là-dessus, mais nous convenons tous, j'espère, que nous devons sauvegarder la confiance que les Canadiens ont envers leurs institutions, c'est-à-dire faire en sorte qu'ils se fient à leurs élus pour défendre leurs intérêts sans imposer leurs propres volontés et pour les servir de manière à répondre à leurs besoins à long terme tout en prêtant attention à leurs besoins à court terme.
Nous avons tous la responsabilité de maintenir la confiance du public, et je soutiens que si nous ne tenons pas séance le vendredi nous allons miner cette confiance. Ce sera le cas également si nous gaspillons l'argent des contribuables. Il ne s'agit pas d'une question facile, car on peut être en désaccord sur ce qu'est au juste l'intérêt public ou en quoi consiste la confiance du public. Il n'en reste pas moins que nous devrions tous nous efforcer de maintenir cette confiance.
Je remercie les députés d'avoir écouté mon intervention. Je suis reconnaissant d'avoir eu l'occasion de prendre part au débat sur le Règlement de la Chambre, qui est un élément important de notre démocratie.
:
Monsieur le Président, il y a presque un an déjà que j'ai le privilège de prendre part aux travaux de notre institution. Je me souviens encore avec plaisir de mon assermentation, l'automne dernier. Après la prestation du serment, on m'a remis une épinglette et une énorme brique verte faisant plus de 1 000 pages: c'était les règles de procédure. Je dois dire que, comme mon ami de , moi aussi je peux être assez maniaque de la procédure. J'ai emporté ce livre chez moi, je l'ai lu, je l'ai annoté, et c'est avec beaucoup de plaisir que je prendrai part au débat d'aujourd'hui.
Nous avons fait de très bons coups, personne ne dira le contraire, mais je crois que certains aspects pourraient être améliorés, et j'aimerais aborder certains d'entre eux.
Premièrement, j'aimerais parler de la manière dont les projets de loi d'initiative parlementaire sont traités, de l'ordre dans lequel ils sont étudiés, de la manière dont nous pourrions améliorer nos débats — plus particulièrement lorsqu'ils portent sur ce type de projets de loi — et de certaines redondances que nous pourrions parfois éviter. Les députés arrivent toujours ici avec un dossier qui leur tient particulièrement à coeur. Nous voulons faire une différence dans la vie des gens, et quelle que soit la source de notre motivation, nous voulons être ici et faire notre marque. C'est là qu'entrent en jeu les projets de loi d'initiative parlementaire.
Personnellement, je voulais m'attaquer à l'inégalité des revenus, qui va toujours croissante dans ma circonscription. Je voulais aussi parler de transports en commun, qui s'en vont à vau-l'eau dans mon coin de pays, et de transports actifs. Je voulais enfin donner mon appui aux politiques alimentaires qui aident les Canadiens à se procurer des aliments sains.
Ce dynamisme, je le retrouve dans les projets de loi d'initiative parlementaire dont nous sommes saisis. Il y en a par exemple eu un, dernièrement, qui proposait une stratégie nationale sur le cyclisme. Hier soir, la mesure législative sur laquelle nous avons été appelés à nous prononcer portait sur les retombées locales. Nous avons même modifié les paroles de la version anglaise de l'hymne national pour la rendre non sexiste. Ce sont seulement quelques-uns des exemples de sujets abordés par les députés des quatre coins du pays.
Malgré tout notre dynamisme et notre enthousiasme, c'est la chance qui détermine si nous aurons l'occasion de présenter un projet de loi et de le voir débattu. Le tirage au sort, c'est un peu comme une loterie. Bon nombre d'entre nous ne verront jamais leur projet de loi être débattu ou mis aux voix. Je crois que certains changements doivent être apportés à ce système de loterie.
Selon la procédure actuelle, les députés débutants qui arrivent ici peuvent présenter un projet de loi seulement quelques mois après leur élection. Cela ne leur donne pas l'occasion de prendre connaissance des idées et des perspectives de leurs collègues d'en face. Ils n'ont pas encore eu le temps de s'ajuster et de comprendre la procédure parlementaire. Ils sont en plein apprentissage. Ils ne sont donc pas préparés pour réussir. En revanche, ceux qui sont là depuis plusieurs législatures n'ont aucune garantie de pouvoir présenter un projet de loi d'initiative parlementaire portant sur un sujet qui leur tient à coeur. On ne tient pas compte de cette situation.
J'aurais donc deux suggestions: consacrer davantage de temps aux projets de loi d'initiative parlementaire et modifier le système de tirage au sort.
On a beaucoup débattu aujourd'hui des vendredis. Que faire à ce sujet? Je ne suis pas forcément contre l'idée de continuer à siéger le vendredi, mais j'aimerais que l'on soit plus efficace ces jours-là. Je parle en tant que mère qui a de jeunes enfants que j'aimerais aller retrouver. Pour dire la vérité, je ne sais pas si la famille est un critère. Nous avons tous des raisons de rentrer chez nous, dans nos circonscriptions, mais ce qui est le plus dur pour moi, c'est de quitter ma famille chaque semaine. En conséquence, je ne voudrais pas qu'on ajoute des semaines de séance.
Je pense qu'il serait utile de tirer davantage profit des vendredis. Je propose qu'on les consacre aux projets de loi d'initiative parlementaire. On aurait davantage de possibilités d'en présenter et d'être entendu. Ce serait un moyen d'utiliser ce jour de façon plus efficace. Si cela n'est pas possible, je propose de changer le système de tirage au sort.
Cela dit, je n'avais pas pensé à la suggestion de mon collègue de . Je crois que son idée est bonne. Peut-être que nous pourrions faire en sorte qu'à la fin d'une législature, les projets de loi au Feuilleton y demeurent en ce qui concerne les parlementaires qui reviennent à la législature suivante. C'est certainement une bonne idée qui pourrait contribuer à réduire l'attente, pour ces députés, de voir leur mesure étudiée.
Ma propre suggestion, et j'y ai longuement réfléchi, serait de trouver un système pour accorder la priorité aux parlementaires qui reviennent et qui n'ont pas présenté de projet de loi d'initiative parlementaire à la législature précédente. On ferait un tirage au sort pour eux, puis un autre pour les nouveaux députés. Je crois que cela aiderait à la fois les députés qui reviennent et les nouveaux. Ainsi, les nouveaux députés auraient plus de temps pour s'adapter au système et les députés qui reviennent auraient la possibilité d'être entendus. Voilà mes suggestions pour ce qui est des projets de loi d'initiative parlementaire: j'aimerais que nous envisagions d'y consacrer les vendredis et de changer le système de tirage au sort pour réduire l'attente.
Parlons d'améliorer le débat. L'un des débats les plus émouvants et les plus authentiques dont j'ai été témoin en cet endroit est celui que nous avons tenu sur la crise d'Attawapiskat. Ce soir-là, j'ai entendu des récits très authentiques de députés de tous les partis. J'écoutais les gens et la plupart des interventions étaient dépourvues de partisanerie. C'était une véritable occasion pour nous d'apprendre les uns des autres. J'ai trouvé que les questions posées étaient très instructives. Je souhaiterais voir davantage de débats comme celui-là à la Chambre. De temps à autre, nous perdons en quelque sorte le fil. J'aimerais vraiment que nous revenions à ce genre de débat.
Je crains qu'on répète souvent les mêmes choses à la Chambre. Parfois, les mêmes idées sont reprises, ce qui ne nous donne pas vraiment l'occasion d'apprendre à connaître les circonscriptions de nos collègues ou leurs origines.
À titre d'exemple, il y a beaucoup de répétitions au cours de la période des questions. On a beaucoup discuté aujourd'hui de la façon dont nous pourrions rendre la période des questions plus efficace. Aujourd'hui, j'ai pris des notes pendant la période des questions, simplement pour avoir une idée générale de ce qui se passe. Je me suis aperçue que des députés du même parti ont posé 10 questions sur le même sujet ou presque. En fait, un autre sujet a aussi été abordé. Les quatre questions suivantes ont porté à peu près toutes sur le même sujet. On ne parle pas ici de variations sur une même question; c'est presque exactement la même question qui a été posée à chaque fois, et ce, toujours par un député du même parti.
Il peut évidemment arriver que différents partis posent la même question, et on n'y peut rien, mais je me demande si on ne pourrait pas empêcher les députés d'un même parti de poser la même question, ou à peu près la même question, plus de deux fois, disons. Soyons généreux et laissons passer deux questions semblables, mais dix, il me semble que c'est beaucoup.
Il faut penser à nous qui participons au débat, mais il faut surtout penser au public qui nous regarde. Je ne vois pas en quoi cette façon de faire accroît le respect que les gens nous portent, car de nombreux autres sujets pourraient être abordés. J'aimerais qu'il y ait moins de répétitions comme on en voit parfois.
On pourrait en dire autant des débats ordinaires. Ce serait vraiment bien. J'ai vraiment beaucoup de plaisir à écouter les députés et à apprendre ce qui est important pour leur circonscription. J'ai alors l'occasion de réfléchir, et quand je rentre dans ma circonscription, je peux dire aux gens: « Nous voyons les choses ainsi, mais à Ottawa, j'ai entendu toutes sortes de points de vue et j'ai compris que chacun peut faire les choses différemment. »
J'aimerais qu'on cesse de se répéter et qu'on voie s'il y a moyen de tenir un débat qui ressemble à celui que nous avons eu le soir où nous avons parlé de la crise à Attawapiskat.
J'aime également la suggestion d'installer une horloge que nous pourrions regarder pour avoir une idée du temps qu'il nous reste. Je pense que ce serait utile pour beaucoup d'entre nous.
Pour le moment, je suggère avant tout qu'on accorde plus de temps à l'étude des projets de loi d'initiative parlementaire, qu'on modifie le temps d'attente lié au tirage au sort et qu'on voie s'il est possible d'éviter les répétitions au cours des débats.
:
Monsieur le Président, je suis honorée de prendre la parole au sujet de l'article 51 du Règlement. Je dirais même que je suis honorée de siéger à la Chambre. Chaque fois que je suis à Ottawa, que je marche vers la tour de la Paix pour venir ici, je me rappelle le privilège que j'ai d'être députée et à quel point c'est une expérience riche et unique pour chacun d'entre nous.
Je suis contente que nous ayons un débat franc et ouvert sur le Règlement aujourd'hui. C'est une des rares occasions où nous pouvons donner notre avis sur la façon d'améliorer le Parlement et être plus efficaces pour les électeurs.
Je vais parler d'un seul élément et c'est comment accroître l'efficacité des députés du Canada dans leur principale fonction, qui est d'être les porte-parole des gens qu'ils représentent ici, à Ottawa.
Je propose de rééquilibrer le calendrier parlementaire pour que nous passions plus de temps dans nos circonscriptions, au service des gens qui nous ont élus.
De nombreux députés peuvent rentrer chez eux en avion, un soir au milieu de la semaine pour assister à une activité dans leur circonscription, puis revenir à la Chambre le lendemain matin. Leur réalité est différente, peut-être, de celle que je vais décrire.
C'est tout simplement impossible pour les députés qui viennent de régions éloignées du pays, car cela limiterait considérablement le temps qu'ils pourraient passer dans leur circonscription.
L'immensité du territoire canadien est l'un de nos principaux atouts, mais je dois dire qu'elle représente aussi un obstacle de taille pour le Parlement ainsi que pour les parlementaires qui ne peuvent pas se rendre facilement à Ottawa. Les gens de nos circonscriptions veulent nous voir, avoir de nos nouvelles et nous parler de leurs préoccupations. Ils veulent nous parler de leurs organisations et de leurs initiatives. Cela nécessite de passer du temps dans notre circonscription. Le travail que nous faisons dans notre circonscription est important, et les députés doivent y consacrer plus de temps.
Notre travail consiste davantage à représenter les gens de notre circonscription et à faire part de leurs préoccupations à Ottawa qu'à représenter Ottawa dans notre région.
Les députés savent peut-être que, pendant près de la moitié de l'histoire du Parlement canadien, les députés étaient à Ottawa de janvier ou février jusqu'à mai ou juin. C'est pendant cette période que se tenaient les séances du Parlement et que la Chambre menait ses travaux. Le reste de l'année, les députés étaient dans leur circonscription pour servir leurs électeurs.
Cela a changé en 1940, au cours de la Deuxième Guerre mondiale, lorsque la complexité de la participation du Canada à ce conflit a exigé la tenue de beaucoup de débats, un grand engagement des ministres et des décisions de la part du Parlement. Par conséquent, à partir de 1940, les députés se sont mis à devoir être présents à Ottawa plus ou moins à longueur d'année.
Ce n'est qu'en 1982 que le Règlement a été modifié pour qu'il y ait sept périodes d'ajournement, ce qui permettait aux députés de s'organiser selon un calendrier prévisible et stable pour pouvoir retourner dans leur circonscription l'été, à Noël, à Pâques et pendant quatre autres périodes d'ajournement.
C'est la dernière fois où un changement substantiel a été apporté au Règlement concernant le calendrier parlementaire.
Je tiens à souligner que ce changement a eu lieu pendant la 32e législature, à une époque où la Chambre des communes ne comptait que 16 femmes députées.
Le travail des députés dans leur circonscription est important. C'est un mythe de prétendre qu'un député ne travaille qu'à Ottawa. Il est complètement faux et trompeur de dire, comme nous l'avons entendu de la bouche de certains députés, au cours du présent débat, que la semaine de travail aurait quatre jours ou que nous aurions une journée de congé par semaine, car le gros du travail que nous faisons se déroule en fait dans nos circonscriptions, où se trouvent les personnes que nous devons toutes servir et qui peuvent être aussi nombreuses que 100 000.
Nos bureaux font tout ce que les gens voient lorsqu'ils nous envoient des courriels, qu'ils nous téléphonent, qu'ils assistent à des réunions avec nous. Ils viennent nous parler de leurs inquiétudes et de leurs problèmes. Ils nous font des demandes. Ils veulent que nous les défendions. Ils ont besoin d'aide. Les gens de nos circonscriptions voient cette dimension de notre travail, dont une grande partie n'est cependant pas visible. Le travail que nous faisons dans nos circonscriptions exige beaucoup de temps.
Je vais tout simplement donner des exemples qui me sont propres. Tous les mois, j'organise un petit déjeuner, auquel participent plus de 100 personnes. J'invite un conférencier du milieu de la politique, qui parle de l'un des enjeux de l'heure. J'organise souvent des assemblées publiques. Je tiens aussi des consultations. Le principe est simple: les gens viennent prendre un café et discutent ensemble d'une question de politique. Je communique ensuite les résultats de ces consultations aux ministres.
Nous pouvons consulter les électeurs de nombreuses façons, et je pense qu'il n'est pas nécessaire que je les explique aux députés. Nous savons tous que c'est une tâche qui prend du temps, mais elle est très importante, car nous sommes le lien entre les électeurs et les politiques fédérales qui ont une incidence sur leur vie. Nous devons les représenter et exprimer leur opinion, et ce sont des tâches qui exigent beaucoup de temps.
Nous nous occupons aussi de projets spéciaux dans nos collectivités; nous devons donc nous renseigner sur les questions qui préoccupent la population, puis organiser des réunions pour les comprendre pleinement. Parfois, nous constituons des groupes consultatifs spéciaux, qui nous donnent des conseils. Ensuite, nous rencontrons parfois d'autres intervenants pour les inciter à faire participer les électeurs ou pour défendre leurs intérêts. Ces projets spéciaux qui se déroulent dans nos circonscriptions prennent aussi beaucoup de temps.
Je tiens toutefois à signaler que ce n'est pas seulement le Parlement à Ottawa qui nous éloigne de nos circonscriptions. Pendant les sept périodes de relâche, nous sommes souvent absents. Si, comme résidante de la Colombie-Britannique, je fais l'aller-retour chaque semaine — et c'est ce qui arrive le plus souvent —, cela signifie que, pendant 16 à 20 heures par semaine, je ne suis pas dans ma circonscription, puisque je suis en déplacement. Je prends au sérieux la situation de mon collègue de , qui doit consacrer 28 heures par semaine à de tels déplacements. Pendant ce temps, il n'est pas dans sa circonscription.
Il nous faut également voyager à l'étranger pour représenter le Canada, comme le voyage que j'ai fait en Zambie pour assister à une conférence de l'Union africaine sur l'élimination du mariage des enfants. C'était important pour moi d'y assister, et ce fut un honneur, mais ce sont des journées que je ne consacre pas aux habitants de ma circonscription.
Nous voyageons au Canada dans le cadre de nos fonctions, pendant les périodes de relâche. Il y a des réunions de caucus. Certaines de ces réunions peuvent avoir lieu à l'extérieur de notre circonscription, de sorte que nous puissions entendre le point de vue d'intervenants provenant d'une autre partie de la province. C'est ce que notre caucus a fait cette année à Kelowna. Il peut également y avoir des réunions du caucus national qui ont lieu à l'extérieur de nos circonscriptions pendant les périodes de relâche, ou encore il y a d'autres types de voyages, comme les déplacements de comité et les déplacements en tant que secrétaire parlementaire. J'ai fait plusieurs voyages de ce genre à l'extérieur de ma circonscription pendant les périodes de relâche.
Tous ces déplacements rognent sur le temps que nous pouvons consacrer aux électeurs. Je recommande donc non seulement qu'il y ait une journée de relâche par semaine quand la Chambre siège, mais aussi que la durée des relâches décrites au paragraphe 28(2) du Règlement soit prolongée afin de réduire nos déplacements et de compenser les périodes que nous devons passer loin de notre circonscription pour faire notre travail.
Je profiterai du temps qu'il me reste pour dire une chose: nous pouvons changer les choses sans couper dans l'efficacité du Parlement. Il suffit de s'inspirer des nombreux moyens proposés aujourd'hui: vote électronique, conférences audiovisuelles, Parlement parallèle où les députés pourraient faire des déclarations et dont les débats seraient intégrés au compte rendu officiel. Ce ne sont pas les moyens qui manquent pour réussir à la fois à rendre notre travail à Ottawa plus efficace et à passer plus de temps dans nos circonscriptions.
N'oublions pas non plus que, ce faisant, nous ferions tomber un obstacle important à la représentation des femmes au Parlement. Au rythme actuel, il faudra encore 100 ans avant d'atteindre la parité hommes-femmes parmi les députés. S'il en est ainsi, c'est entre autres parce que les femmes sont souvent celles qui, dans leur circonscription, prennent soin de proches âgés ou s'occupent d'une part accrue des tâches ménagères. Environ 66 % des aidants familiaux sont des femmes. Elles peuvent s'occuper de leurs proches le soir, mais encore faut-il qu'elles soient dans leur circonscription, parce qu'ici à Ottawa, c'est impossible. Nous contribuerions ainsi à l'égalité hommes-femmes. Ce serait bon pour les circonscriptions, et ce serait bon pour les parlementaires, qui pourraient passer plus de temps à s'occuper des électeurs de leur circonscription.
Pour résumer: pour le bien de tous les parlementaires — et de la démocratie parlementaire —, rééquilibrons le calendrier.