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Monsieur le Président, le projet de loi est intéressant. Manifestement, il vise à régler l'écart salarial entre les sexes au Cabinet de deux façons, tout d'abord en changeant ou en restreignant les titres actuels de « ministre d'État » en titres de « ministre », puis en versant le même traitement à tous les ministres. Il prévoit aussi la création de trois postes de ministres supplémentaires qui seront déterminés et pourvus à la discrétion du premier ministre.
Ce projet de loi prévoit également retirer les responsables des agences de développement économique régionales de la Loi sur les traitements, ce qui signifie que, même si des ministres pourraient toujours diriger ces agences, les dirigeants de ces agences ne seraient plus nécessairement appelés des ministres.
À première vue, ce projet de loi semble inoffensif, voire même louable. Toutefois, après examen, il soulève d'importantes questions, questions auxquelles les néo-démocrates aimeraient que le gouvernement réponde. La première question est la suivante: pourquoi ce projet de loi est-il nécessaire?
Il existe actuellement deux rangs de ministres. Il y a les ministres à part entière, qui sont les chefs de leur ministère respectif. Je pense ici, entre autres, au , au et au , qui, incidemment, sont tous des hommes. Il y a ensuite les ministres de second rang, qu'on appelait auparavant les « ministres d'État ». Ils portent le titre de ministre, mais leurs responsabilités n'ont pas changé. Nous avons le , la et la , des femmes, comme par hasard.
Même si ces derniers ministères sont importants, ils n'ont jamais été considérés sur le même pied et n'ont jamais eu les mêmes responsabilités ni un mandat de même envergure que les ministères des Finances, de la Défense et de l'Immigration. En fait, la désignation de ministre d'État a été vue dans une large mesure comme un titre de ministre de second rang.
Je me permets de donner une définition à mes collègues. Un ministre d'État est un ministre de moindre importance au sein du Cabinet canadien auquel sont généralement confiées des responsabilités particulières auprès d'un ministre de premier rang dans un domaine précis. C'est fort louable de vouloir établir la parité hommes-femmes au Cabinet, comme partout ailleurs; encore faut-il que ce soit fait de façon juste, équitable, défendable et transparente.
Lorsque les ministres nouvellement nommés ont prêté serment, l'année dernière, l'événement a été annoncé et accueilli avec beaucoup d'enthousiasme. Les félicitations ont fusé, puis les médias ont révélé que, sur les 15 hommes et 15 femmes dans le nouveau Cabinet, cinq femmes allaient être ministre d'État, mais aucun des hommes. Ces cinq ministres sont la , qui relève du ; la , qui relève aussi du , la , qui relève de la , la , qui relève aussi de la , et la , déléguée au .
Une porte-parole de haut niveau du gouvernement a précisé que ces ministres d'État étaient déjà considérées comme des ministres de premier rang et qu'il ne restait au gouvernement qu'à modifier la loi du Conseil du Trésor pour refléter ce changement. Toutefois, elle a ajouté:
[...] que ces femmes deviennent ministres de premier rang ne signifie pas que leur portefeuille sera équivalent à celui d'un véritable ministère. Ce sont des ministères desservis par d'autres ministères, comme cela a toujours été le cas. Ces femmes sont des ministres à part entière et ont autant de pouvoir que n'importe quel autre ministre.
Je crois que le Cabinet devrait être le reflet de la société canadienne. C'est très bien que 50 % des ministres soient des femmes. Cependant, si cinq de ces femmes ministres occupent des fonctions de second rang consistant à aider des ministres à part entière, peut-on vraiment dire qu'il y a égalité au sein du Cabinet? Trois des cinq ministres de second rang seraient chargées d'aider un ministre de sexe masculin.
Ce projet de loi vise en outre à hausser les salaires des ministres de second rang pour qu'ils soient égaux à ceux des ministres à part entière, même si les ministres de second rang ne sont pas à la tête d'un ministère en bonne et due forme et que leurs responsabilités ne sont pas aussi étendues que celles d'un ministre à part entière. Est-ce vraiment équitable? Est-il équitable d'accorder un salaire égal pour un travail et des responsabilités de moindre portée? Est-ce vraiment un cas où il y a iniquité dans les salaires ou s'agit-il d'un projet de loi qui permet au gouvernement de bien paraître lorsqu'il dit vouloir assurer une représentation égale des hommes et des femmes au sein du Cabinet?
Il ne faut pas pour autant en conclure qu'il n'est pas souhaitable de hausser la rémunération des femmes pour qu'elle soit équitable. En fait, le NPD lutte pour l'équité salariale depuis des dizaines d'années. Les femmes canadiennes luttent pour l'équité salariale et l'attendent depuis très longtemps.
Comme mes collègues le savent, l'équité salariale est considérée officiellement comme un droit fondamental de la personne depuis 1977. Toutefois, depuis cette année-là, les femmes canadiennes qui sont sur le marché du travail ont un accès inégal à une rémunération équitable.
Certaines provinces se sont dotées d'une commission de l'équité salariale, et les femmes de ces provinces jouissent d'une certaine forme d'égalité avec leurs collègues masculins pour ce qui est du principe du salaire égal pour des fonctions équivalentes. Je suis désolée de devoir dire cependant qu'un trop grand nombre de femmes qui sont sur le marché du travail attendent encore aujourd'hui que ce principe soit appliqué à leurs cas.
Mercredi, le gouvernement a déposé sa réponse au rapport du Comité spécial sur l'équité salariale. Il a alors annoncé qu'il considérait l'équité salariale comme un droit de la personne. Le rapport s'intitule « Il est temps d'agir », mais il est clair que le gouvernement ne croit pas qu'il est temps d'agir. Il a annoncé que, même si l'équité salariale est un droit de la personne, les femmes canadiennes seraient obligées d'attendre encore deux ans avant que le gouvernement ne présente un projet de loi, sans compter le temps qu'il faudra pour mettre celui-ci en oeuvre.
J'ai eu le privilège de faire partie de ce comité spécial, et je puis assurer aux députés que les experts qui ont témoigné ont dit qu'il n'y avait aucune raison d'attendre. Tous les témoins étaient d'avis que l'équité salariale est un droit de la personne qui ne devrait pas faire l'objet d'une négociation collective. Ils ont également convenu que le processus actuel fondé sur les plaintes n'est pas accessible à tous, qu'il est long et coûteux pour les personnes qui y ont accès et que, dans les faits, il n'est pas juste et équitable en raison des délais qui peuvent s'étendre sur des décennies. Les gens savent qu'il y a des femmes qui sont mortes avant même de pouvoir obtenir leur règlement en matière d'équité salariale.
Les Canadiennes attendent depuis beaucoup trop longtemps qu'on leur accorde le droit à l'équité salariale, et elles ne devraient pas avoir à attendre encore plus longtemps. Il nous faut une loi proactive pour atteindre l'équité salariale, et le rapport publié en 2004 par le groupe de travail fournit un excellent cadre pour cette loi.
Certains de mes collègues de la Chambre se rappelleront que le groupe de travail sur l'équité salariale mis sur pied en 2004 a mené une étude détaillée sur cette question, et que son rapport a été reconnu à l'échelle internationale comme l'un des principaux documents qui font autorité dans ce domaine. Le groupe de travail a mené une vaste consultation et a présenté un ensemble de recommandations qui sont encore pertinentes et légitimes.
En 2005, le Comité permanent de la condition féminine a étudié ce rapport et a demandé au gouvernement libéral de l'époque de présenter immédiatement une mesure législative. Malheureusement, il ne l'a pas fait, et ce qui est regrettable, c'est que le gouvernement en poste aujourd'hui a lui aussi décidé d'ignorer cet enjeu pour l'instant.
Je suis extrêmement déçue — c'est le moins qu'on puisse dire — que le gouvernement en poste et ses ministres aient fait preuve d'un tel cynisme dans leur réponse au rapport du Comité. Il est inadmissible de demander aux femmes canadiennes d'attendre encore deux ans, et le fait de s'engager à présenter une mesure législative en 2018, juste avant les élections, est une tactique déplorable, qui revient à prendre les droits des travailleuses en otage. C'est comme si le gouvernement disait que, même s'il reconnaît que les femmes ont droit à un salaire égal pour un travail égal et que cet aspect n'a pas été pris en compte par le passé, et même s'il a le pouvoir de remédier immédiatement à cette injustice, ce n'est pas ce qu'il fera. Non, il déclarera plutôt, de façon prétentieuse, qu'il est un gouvernement féministe, et il promettra de présenter une mesure législative dans quelques années, juste avant les élections, pour que les femmes soient disposées à voter encore une fois pour lui afin qu'il prenne les mesures qu'il pourrait et devrait prendre dès maintenant.
Le gouvernement demande aux femmes d'accepter pendant encore deux ans d'être payées environ 70 cents pour chaque dollar gagné par leurs homologues masculins. Le pouvoir d'achat des femmes est donc inférieur de 30 %, et cet argent qu'elles n'ont pas ne peut pas être investi dans l'économie. Avec un salaire inférieur de 30 %, elles ont moins d'argent à consacrer au loyer, à la nourriture, aux services de garde, à l'éducation et à leur retraite. La situation est encore pire pour les femmes autochtones ou de minorités visibles et les femmes handicapées. Cette inégalité fait en sorte que le niveau de vie des femmes est beaucoup moins élevé, et les effets de cette situation se font sentir sur la prochaine génération.
Comme Kate McInturff, une éminente spécialiste qui a témoigné devant le Comité, l'a déclaré:
De nos jours, au Canada, nos filles sont [aussi] susceptibles de fréquenter l'université que nos fils, mais, à moins d'agir maintenant, nous risquons de ne pas pouvoir leur offrir les avantages attendus de l'éducation, parce que ces jeunes femmes grandiront et obtiendront leur diplôme dans un monde où l'écart salarial subsiste. Le destin ne suffit pas. Rester inactifs et laisser les forces du marché dicter les salaires nous mène à la situation qu'on voit aujourd'hui: un écart grandissant entre le taux de rémunération des hommes et celui des femmes.
J'ai demandé à Mme McInturff si elle était d'accord qu'une loi sur l'équité salariale constitue une étape importante pour ce qui est d'éliminer l'écart salarial entre les hommes et les femmes, que nous ne devrions pas attendre d'avoir tout bon et que, si nous disposions à tout le moins d'une loi sur l'équité salariale, cela pourrait avoir dès maintenant une incidence sur la vie des femmes. Elle a répondu ce qui suit:
Eh bien, oui, de toute évidence, je pense que nous devons agir le plus tôt possible.
[…] Mais, en réalité, lorsque nous parlons de répercussions profondes sur la qualité de vie, nous devons songer aux femmes qui représentent les deux tiers des travailleurs qui touchent le salaire minimum. Pour une vendeuse au détail, qui gagne entre 12 000 $ et 13 000 $ par année, un écart salarial peut influer sur sa capacité de se nourrir et de se loger. C'est pourquoi j'exhorte le Comité à agir dans ce dossier, car la résolution de ce problème a des répercussions vraiment importantes sur la qualité de vie des femmes qui gagnent le moins au pays.
Quand on sait que le projet de loi haussera de 20 000 $ le salaire de certaines des femmes les mieux rémunérées du pays, je m'interroge sérieusement sur les priorités du gouvernement. Ce projet de loi ajusterait le salaire de cinq des femmes les mieux payées du Canada et inscrirait le tout dans la loi. Cette mesure a été rédigée à la hâte, et on voudrait maintenant que la Chambre l'adopte en quatrième vitesse. Or, pendant ce temps-là, des millions de Canadiennes qui gagnent pas mal moins d'argent se font dire qu'elles devront patienter avant que leur salaire à elles ne soit ajusté. Où est la justice là-dedans?
Le projet de loi est une fausse solution à un problème que le a lui-même créé. Les libéraux ont vanté leur Cabinet réellement paritaire sur toutes les tribunes, mais quand on leur a fait remarquer que certaines des ministres — toutes des femmes — grâce à qui cet exploit avait été rendu possible étaient en fait des ministres de second rang, avec un salaire à l'avenant, le gouvernement a dû faire quelque chose pour limiter les dégâts, d'où le projet de loi dont nous sommes maintenant saisis.
Malheureusement, ce dernier ne tient aucunement compte de la nette différence entre les responsabilités confiées par le aux femmes de son Cabinet. Si le premier ministre croit vraiment à l'égalité hommes-femmes et qu'il souhaite que tous les ministres soient sur le même pied — ce que le projet de loi est censé accomplir —, il lui suffit de nommer un nombre égal d'hommes et de femmes ministres tout court et un nombre égal d'hommes et de femmes ministres d'État. C'est assez simple, il me semble. Pas besoin de jouer avec les traitements de tout un chacun ou de gonfler artificiellement celui des ministres de second rang en leur donnant un titre de ministre de premier rang.
Je constate avec beaucoup d'intérêt, toutefois, que les cinq ministres d'État qui verront leur salaire grimper de 20 000 $ une fois le projet de loi adopté sont des femmes. C'est comme si les postes de ministres d'État n'étaient pas assez bons pour les hommes.
La solution préconisée par les libéraux pour régler un problème qu'ils ont eux-mêmes créé est contre-productive parce qu'elle va à l'encontre des principes de l'équité salariale: à travail d'égale valeur, salaire égal et chances égales d'assumer des responsabilités accrues.
Pour que le Cabinet soit vraiment paritaire, il aurait fallu nommer un nombre égal d'hommes et de femmes à la tête des ministères, donc en faire des ministres de premier rang. En gommant la distinction entre les ministres d'État et les ministres tout court, le fausse la parité qu'il dit avoir atteinte, puisqu'il favorise l'égalité salariale au détriment de l'égalité des responsabilités.
À mon humble avis, observer les principes de parité salariale et d'égalité des chances constitue la voie à suivre pour faire disparaître l'écart de rémunération entre les sexes qui existe actuellement au Cabinet.
Le deuxième sujet de préoccupation est le fait qu'on retire de la Loi sur les traitements les postes de dirigeants des agences de développement économique régional. Ainsi, différents ministres pourraient toujours diriger les différentes agences, mais nul ne pourrait être ministre simplement parce qu'il est à la tête d'une agence de développement économique régional. Encore une fois, si la chose peut sembler anodine, il reste qu'elle réduit à l'impuissance les agences concernées.
Les Canadiens reconnaissent la contribution de ces agences à leur développement économique. Une région est mieux servie lorsque son agence est dirigée par une personne qui la connaît à fond. Le projet de loi réduit l'influence des ministres responsables du développement économique régional au sein du Cabinet, car il les place sous l'autorité du ministre de l'Innovation, des Sciences et du Développement économique. En quoi est-ce logique de regrouper sous la gouverne d'un seul ministre six portefeuilles de développement économique de six régions différentes?
Voici ce que l'on peut lire dans le site Web du gouvernement fédéral pour les agences de développement économique dans tout le Canada:
Les agences de développement régional dans tout le Canada aident à relever les défis économiques importants en offrant des programmes et des services adaptés à chaque région ainsi que des sources de connaissances et de savoir-faire pour:
renforcer les avantages et les forces économiques des régions et des localités;
soutenir la croissance, la productivité et l'innovation des entreprises;
aider les petites et moyennes entreprises à se montrer concurrentielles sur les marchés mondiaux;
fournir une aide à l'adaptation en périodes de ralentissement et de crise économique;
soutenir les collectivités.
Chaque agence de développement régional apporte une perspective régionale stratégique à l'appui des priorités nationales en fournissant des renseignements sur l'économie d'une région afin d'étayer les prises de décision à l'échelle nationale. Chaque agence de développement régional contribue aux efforts de coordination et de coopération du gouvernement fédéral dans le cadre de ses relations avec les autres ordres de gouvernement, les institutions communautaires et de recherche et autres intervenants et soutient les politiques prioritaires nationales, au niveau régional.
En ne confiant plus la surveillance de ces agences de développement économique à un ministre de la région et en éliminant leur autonomie, le gouvernement impose de nouveau des décisions venant d'en haut. À moins qu'il ne s'agisse d'une autre étape vers la suppression de ces agences. Par le passé, ces agences relevaient de ministres de premier rang ou de ministres d'État, et parfois le portefeuille de celles-ci était confié à un ministre de la région ayant d'autres responsabilités au sein du Cabinet.
Les agences fédérales versent et administrent des centaines de millions de dollars pour stimuler le développement économique régional. Par exemple, l'Agence de promotion économique du Canada atlantique, ou l'APECA, la première agence créée par le gouvernement fédéral, avait un budget l'année dernière de 298,6 millions de dollars. L'ancien président de l'APECA a laissé entendre publiquement que « l'avenir de ces agences pourrait être en péril si leur responsabilité n'est pas confiée à un ministre à temps plein ». Il a aussi dit qu'« en nommant un ministre à temps plein, les agences ne seraient pas des proies aussi faciles. En effet, c'est plus difficile d'abolir une agence qui a un ministre, particulièrement si le ministre n'a pas d'autres responsabilités, que d'abolir une agence composée essentiellement de fonctionnaires. »
Je me demande quelles sont les véritables intentions du gouvernement à l'égard des agences de développement régional. Serait-il utile pour les députés et les habitants de ces régions d'apprendre quel est le plan du gouvernement pour l'avenir du développement économique là-bas?
Enfin, le troisième point qui m'inquiète au sujet du projet de loi , c'est qu'il autorise le premier ministre à créer, à sa discrétion, trois nouveaux postes de ministre, sans avoir à préciser quels pourraient être ces postes ou qui pourrait les occuper. En dépit des promesses de transparence et d'ouverture, voilà un autre exemple de moyen que prend le gouvernement pour faire exactement ce qu'il veut, sans surveillance adéquate, voire aucune. Par souci de transparence et d'imputabilité, j'invite le gouvernement à dire précisément à la Chambre quels pourraient être ces postes. Les députés pourraient alors prendre une décision éclairée.
Bref, le projet de loi C-24 suscite plus de questions qu'il n'apporte de réponses. J'espère que le gouvernement jugera bon de se montrer plus ouvert au cours des prochains jours en fournissant des détails et en expliquant les conséquences prévues du projet de loi.
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Monsieur le Président, je suis très heureux de prendre la parole pour participer au débat sur le projet de loi .
L'approche du gouvernement est particulièrement étrange. J'aimerais pouvoir dire qu'elle est inhabituelle, mais en tout cas, elle est certainement étrange.
Nous voilà en train de débattre d'une augmentation de salaire pour des ministres un vendredi après-midi, alors que de nombreux ministériels sont d'avis, il me semble, que les députés ne devraient pas travailler ce jour-là. Les libéraux ont présenté un projet de loi visant à augmenter le salaire de certains membres du Cabinet. Je suis convaincu qu'ils cherchaient comment justifier leur désir d'être payés davantage. Pour le justifier, ils ont parlé d'égalité des sexes. C'est un argument qui ne sert pas du tout la cause dans les cas où il y a réellement un problème. L'objet de la mesure législative est très clairement exposé: il s'agit de hausser le salaire de certains postes au sein du Cabinet.
C'est malheureux. J'ai eu l'occasion d'agir à titre de remplaçant au sein du comité de la condition féminine à quelques reprises ces deux dernières semaines, et j'ai constaté le travail important qu'on y fait, ainsi que les enjeux cruciaux qui existent au pays en matière de condition féminine et d'égalité des sexes. Ce n'est pas le genre d'argument qu'il faut utiliser à tort et à travers. Dans les faits, des individus tentent de satisfaire des intérêts politiques personnels qui n'ont aucun lien avec des questions de fond comme l'égalité des sexes.
Ce genre de stratégie est fréquente de la part des libéraux. Ils invoquent des groupes défavorisés, alors qu'en réalité ils visent manifestement et de toute évidence leurs propres intérêts. Cela à un moment où de nombreux Canadiens perdent leur emploi, en particulier dans ma province, l'Alberta, et où il est difficile de justifier pourquoi des personnes qui gagnent déjà un bon salaire — des ministres — obtiendraient la hausse de salaire qui est proposée dans le projet de loi .
Voilà le contexte. Cette mesure législative, qui se résume en une hausse de salaire pour les ministres, est selon moi un malheureux tour de passe-passe.
Nous avons entendu un seul discours du gouvernement et, déjà, les libéraux ont renoncé à un créneau de parole. Je crains donc que non seulement cette mesure législative soit défendue de manière trompeuse et inexacte, mais que de nombreux députés n'aient même pas le coeur de prendre la parole pour la défendre.
Pour ceux qui nous écoutent, je vais résumer un peu la situation en décrivant le contexte de la présentation de ce projet de loi. Les députés reçoivent un salaire de base, mais certaines fonctions donnent droit à un supplément pour tenir compte des responsabilités accrues qu'elles comportent. Ces fonctions comprennent la vôtre, monsieur le Président, et, bien entendu, celle du , au sommet de la hiérarchie.
Les ministres reçoivent un certain supplément salarial et les ministres d'État sont à un échelon différent. Pour expliquer la différence, il y a une distinction importante dans notre système entre les fonctions d'un ministre et celles d'un ministre d'État. Bien que, de manière générale, ils soient tous considérés comme des membres du Cabinet — ils prêtent le même serment, ils reçoivent le titre honorifique d'« honorable » et ils font partie du Conseil privé —, leurs fonctions sont nettement différentes.
Dans le système canadien inspiré du modèle de Westminster, un ministre de premier rang est responsable de tout un ministère, tandis qu'un ministre d'État a plutôt des domaines de responsabilité et a comme fonction d'aider le ministre chargé d'administrer le ministère. Il est très clair qu'il existe deux genres de ministres. Les deux sont importants. Les deux font partie du Cabinet et reçoivent un supplément de rémunération, mais ce supplément est différent dans les deux cas.
Le système se caractérise par une certaine hiérarchie. Au sommet se trouve le , puis, en descendant les échelons, on trouve les ministres de premier rang, les ministres d'État, les secrétaires parlementaires et les présidents des comités. Ces deux dernières catégories reçoivent un supplément de rémunération, qui n'est cependant pas aussi élevé que le supplément de rémunération des ministres d'État. Il existe aussi d'autres postes à la Chambre où une ou deux personnes reçoivent aussi un supplément de rémunération. Donc, lorsqu'on regarde l'ensemble du système, on peut évidemment dire que les députés sont d'une certaine manière tous égaux. Cependant, pour les besoins de notre débat dans cette enceinte, nous n'avons pas tous un pouvoir et des responsabilités égaux.
Il va sans dire que certains d'entre nous assument différentes responsabilités administratives au sein du gouvernement. Leur revenu est donc ajusté en fonction de leurs rôles et de leurs responsabilités supplémentaires.
Certains députés, notamment la motionnaire du projet de loi et d'autres ministériels, ont dit que tous les ministres sont égaux au sein du Cabinet libéral. C'est un beau principe qui ne veut cependant rien dire sur le plan administratif. Si on prétend que tous les ministères ont la même importance dans la vie des Canadiens, que tous les ministres ont le même degré de responsabilités administratives et que tous les ministères sont d'importance égale, je dirai, sans vouloir manquer de respect à certains ministères, bien sûr, qu'il ne fait aucun doute que certains ministères sont plus importants que d'autres.
Soulignons d'abord que, dans la plupart des cas, les ministres doivent s'assurer de pouvoir obtenir du financement auprès du pour presque toutes les initiatives qu'ils souhaitent mettre en oeuvre. Par conséquent, il y a certainement une forme de hiérarchie, qu'elle soit officielle ou non, au sein de tout Cabinet. C'est particulièrement évident dans la distinction établie entre les ministres et les ministres d'État. Je tiens à souligner que cette hiérarchie est encore bien présente au sein du Cabinet actuel.
J'ai eu l'honneur de faire partie du personnel du gouvernement précédent, et donc, je comprends un peu comment cela fonctionne sur le plan administratif. Cela dit, le gouvernement ne peut pas prétendre que son Cabinet est différent. En fait, j'ai en main les décrets du 4 novembre, qui ont créé les postes des ministres. Au sein du gouvernement, il y a cinq ministres d'État. Aucun d'eux n'est appelé ministre d'État. Le Règlement indique qu'ils doivent porter un autre titre; autrement dit, la façon de nommer ces ministres est différente. On peut y lire que les ministres en question sont des ministres d'État, mais on y mentionne aussi qu'ils ont entre autres la responsabilité d'aider les ministres de premier rang responsables de chaque ministère.
C'est le rôle que jouent les ministres d'État. Ils n'ont pas leur propre ministère, mais ont plutôt des responsabilités bien précises. Ils doivent aider les ministres qui ont l'entière responsabilité de leurs portefeuilles respectifs. Je ne peux pas nommer les ministres d'État, mais il y en a cinq.
Voici ce qu'on peut lire dans le décret: « ministre d’État devant porter le titre de ministre de la Francophonie, auprès du ministre des Affaires étrangères afin qu’elle lui prête son concours dans l’exercice de ses responsabilités ». De toute évidence, le décret prévoit qu'elle doit aider le , un ministre de premier rang, à s'acquitter de ses responsabilités.
Le décret suivant énonce ceci: « ministre d’État devant porter le titre de ministre de la Condition féminine, auprès du ministre du Patrimoine canadien afin qu’elle lui prête son concours dans l’exercice de ses responsabilités ». Manifestement, dans les décrets, ce poste de ministre n'est pas équivalent à un poste de ministre de premier rang, comme je l'ai expliqué.
Il y a ensuite la « ministre d’État devant porter le titre de ministre des Sports et des Personnes handicapées, auprès du ministre du Patrimoine canadien et du ministre de l’Emploi et du Développement social afin qu’elle leur prête son concours dans l’exercice de leurs responsabilités ».
Puis, il y a la « ministre d’État devant porter le titre de ministre de la Petite Entreprise et du Tourisme, auprès du ministre de l’Industrie afin qu’elle lui prête son concours dans l’exercice de ses responsabilités ».
Enfin, il y a la « ministre d’État devant porter le titre de ministre des Sciences, auprès du ministre de l’Industrie afin qu’elle lui prête son concours dans l’exercice de ses responsabilités ».
Ce sont des membres du Cabinet actuel, qui a été formé le 4 novembre. Après les élections, ces cinq ministres ont été nommées. Elles ne portent pas le titre de ministre d'État, mais sont effectivement, selon les décrets, des ministres d'État dont les responsabilités sont différentes de celles des ministres de premier rang. Il est clairement indiqué dans les décrets de quels ministres elles relèvent, soit du , de la , de la et, dans deux cas, du .
Il est on ne peut plus clair que nous avons ce que nous avons toujours eu et que nous aurons peut-être toujours dans notre système, des ministres de niveaux différents. Cependant, je tiens à dire ceci au gouvernement. Si celui-ci était réellement déterminé à réduire l'écart de salaire entre les ministres, pourquoi n'a-t-il pas réduit le salaire des ministres de premier rang afin qu'il soit équivalent à celui des ministres d'État? Il aurait aussi pu établir un salaire se situant entre les deux.
Je vois des députés d'en face hocher de la tête. Il est évidemment scandaleux d'envisager de baisser les salaires des ministres et ce n'est pas ce que je propose. Je voulais simplement dire que si le gouvernement visait l'équité salariale, il a trouvé un curieux moyen d'y parvenir en donnant une augmentation à tout le monde.
Je crains que ce soit ensuite au tour des secrétaires parlementaires d'intervenir en disant: « Ne sommes-nous pas égaux, nous aussi? Ne devrions-nous pas être au même niveau que les ministres? »
Là est le problème. Nous parlons de niveaux d'emploi totalement différents, en partant d'un principe d'égalité totalement erroné visant à assurer une rémunération égale pour des fonctions qui sont en fait nettement différentes et qui supposent des niveaux de responsabilité différents.
L'équité salariale offre au gouvernement un prétexte idéal pour proposer, un vendredi après-midi, dois-je le rappeler, et défendre — ou, s'il continue à ne pas faire intervenir ses députés, ne pas défendre — une mesure législative destinée à augmenter la rémunération des ministres.
J'en reviens encore à la tactique que suit le gouvernement pour défendre cette approche plutôt absurde. Les libéraux essaient d'en faire un enjeu d'égalité entre les sexes, au mépris des vrais problèmes d'égalité entre les hommes et les femmes qui existent au Canada et auxquels nous devrions nous attaquer dès maintenant. Ils cherchent plutôt à augmenter la rémunération de certains ministres sous couvert de la parité. Voilà les faits, s'agissant d'égalité des sexes au sein du Cabinet actuel.
Lorsque le a nommé son Cabinet, on a fait grand cas de son engagement à la parité entre hommes et femmes. Le Cabinet comptait alors 15 femmes et 16 hommes, y compris le . D'entrée de jeu, je dirai d'abord que la parité n'est pas vraiment atteinte avec 15 femmes et 16 hommes, car le premier ministre est un membre du Cabinet à part entière. Évidemment, il est le chef et a de plus grandes responsabilités, mais il siège comme un membre du Cabinet. Ainsi, la parité entre les sexes n'a jamais été établie au Cabinet.
Par ailleurs, les décrets indiquent clairement que, comme c'est toujours le cas, le Cabinet compte des ministres d'État. Cinq de ces postes sont occupés par des femmes. C'est le qui a constitué le Cabinet, et on peut présumer qu'il savait ce qu'il faisait. Non seulement il était conscient qu'il n'y avait pas parité hommes-femmes parmi les 31 ministres, mais aussi que cinq femmes parmi eux occuperaient un rang inférieur. Il aurait dû savoir les différences que comportent la nature et les fonctions de ces postes.
Si on exclut les ministres d'État, le Cabinet libéral comptait au départ 16 hommes et 10 femmes, ce qui veut dire que 38 % des ministres à part entière étaient des femmes. Autrement dit, 38 % du Cabinet est composé de femmes, alors que la proportion était de 30 % à la fin du mandat des conservateurs. C'est une hausse, mais on est encore loin de la parité, comme l'ont crié sur tous les toits le et le reste de son équipe.
Nul besoin de rappeler que le gouvernement a aussi été critiqué parce que ses ministres disaient une chose et en faisaient une autre. Cette critique-là — le gouvernement actuel fait une chose et en dit une autre — revient d'ailleurs très souvent, et on vient d'en avoir une preuve éclatante.
Pour corriger la situation, les libéraux veulent maintenant prétendre que les ministres d'État sont en fait des ministres de premier rang, alors qu'il n'en est rien. Comme je l'ai expliqué très clairement, et les décrets qui ont été pris le confirment, dans un gouvernement, les ministres d'État ne dirigent pas de ministère et leur rôle consiste à aider le ou la ministre en titre à exercer ses fonctions.
Le projet de loi n'y changerait rien. Le fait qu'il instaure une hausse salariale pour ces ministres ne change en rien le fonctionnement de notre système. Même si les libéraux ont tenté de régler ce problème, l'écart entre leur prétendue parité hommes-femmes et la réalité de leur Cabinet signifie qu'ils ne l'ont en fait aucunement réglé.
Selon moi, ils auraient pu procéder de façon beaucoup plus claire et beaucoup plus simple. S'ils souhaitaient la pleine égalité, ils auraient pu remanier le Cabinet. Ils auraient pu nommer ministres de premier rang un nombre égal d'hommes et de femmes, et nommer ministres d'État un nombre égal d'hommes et de femmes. Je le répète, personne d'autre que le nomme le Cabinet. C'était son choix de déclarer qu'il avait atteint la parité hommes-femmes, d'une part, mais de nommer toutes les femmes au sein de ce Cabinet à un niveau clairement inférieur, d'autre part.
Donner un autre titre aux ministres et augmenter leur salaire ne change pas le fait qu'ils ont moins de responsabilités administratives et qu'ils doivent encore rendre des comptes à un autre ministre dans le cadre de leurs fonctions. Telle est la réalité. Nous sommes saisis d'un projet de loi qui, sous le couvert de l'égalité, vise en fait à augmenter le salaire de certains ministres.
Je veux maintenant parler d'autres éléments du projet de loi, pendant le temps qu'il me reste, plus particulièrement de ceux qui visent à modifier le travail des ministres régionaux et l'administration des agences de développement économique régional.
Le projet de loi changerait officiellement la façon de procéder du gouvernement. Auparavant, y compris lorsque j'étais attaché politique, des ministres de chaque région se voyaient confier, en plus de certaines fonctions gouvernementales, la responsabilité particulière d'une région donnée. Ils jouaient un rôle clé dans le Cabinet en défendant les points de vue exprimés par les habitants de leur région, ce qui était évidemment important.
Malgré toutes les bonnes intentions du monde, il est difficile de comprendre totalement les défis qui peuvent exister dans une province donnée, par exemple en Alberta, si on ne vit pas dans cette province, si on n'est pas originaire de celle-ci ou si on n'y entretient pas des liens personnels. C'est la réalité. Rien ne garantit qu'une personne originaire de cette région va bel et bien défendre ses intérêts, comme nous avons pu le constater lorsque les députés albertains d'en face ont voté contre de grands projets d'infrastructure énergétique.
En général, il est cependant toujours important de pouvoir compter sur ce type de représentation régionale, tout comme il est essentiel que chacune des agences de développement économique régional soit administrée par un ministre originaire de la région en question. Ce ministre doit comprendre les réalités et les circonstances propres à la région et être bien conscient de ses besoins en matière de développement économique. Cette représentation régionale, non seulement à la Chambre des communes, mais aussi au Cabinet, ainsi que son officialisation par la nomination de ministres non seulement issus de différentes régions, mais aussi chargés de responsabilités régionales précises, y compris le développement économique, font partie des efforts déployés depuis longtemps pour tenter de structurer les choses au moyen des institutions en place, afin que le pays puisse se mobiliser et que chacune de ses régions puisse se faire entendre à la table. Ces ministres possèdent des connaissances extrêmement importantes au sujet de leur région respective.
Malheureusement, l'expertise régionale sera perdue à cause de ces modifications dans la structure du Cabinet. Comme d'autres députés l'ont signalé à maintes reprises, ce sera le ministre, qui représente une circonscription dans la région de Mississauga, qui aura la responsabilité de toutes les agences de développement économique à l'échelle du Canada. Je ne remets absolument pas en question ses compétences, mais je trouve carrément irréaliste de s'attendre à ce qu'une seule personne cerne parfaitement les besoins de toutes les régions canadiennes en matière de développement économique alors qu'elle ne vit pas dans ces régions et qu'elle ne les représente pas. Par surcroît, cette décision fait en sorte que les régions ne seront pas véritablement représentées au Cabinet.
C'est d'ailleurs ce qui se passe à l'égard de nombreux enjeux dont le gouvernement fait abstraction, comme les besoins de l'Alberta. Le gouvernement ne tient pas non plus compte des prérogatives historiques du Canada atlantique pour ce qui est de la représentation à la Cour suprême. Nous voyons les conséquences de cette absence de représentation régionale au sein même du gouvernement.
Je me permets d'ajouter que les ministres responsables du développement économique régional jouent un important rôle au chapitre de la reddition de comptes. En pratique, cela signifie que les gens qui ont des préoccupations ou des suggestions concernant les activités des agences de développement économique régional — qui sont fort importantes pour les régions concernées, du moins aux yeux des gens de la région — peuvent s'adresser au ministre responsable de l'agence régionale pour aborder et défendre certains enjeux et lui demander de rendre des comptes s'ils ont l'impression qu'il ne défend pas véritablement les intérêts de la région.
À défaut de la présence d'un ministre responsable au niveau régional, la responsabilité de l'administration locale ne relèvera plus d'un ministre mais de fonctionnaires. Il va sans dire que les fonctionnaires possèdent une grande expertise, mais ils ne sont pas tenus de rendre des comptes aux Canadiens au même titre que les ministres.
Cette mesure législative ferait également perdre cette dimension régionale, ce qui est regrettable.
Je m'oppose fermement à ce projet de loi parce que j'estime, particulièrement dans la conjoncture économique actuelle, qu'il n'y a pas de justification pour augmenter le traitement des ministres. En augmentant le salaire de certains, le gouvernement tente de contourner un problème politique que le a lui-même créé.
Comme je l'ai déjà dit, s'il veut vraiment que son Cabinet soit paritaire, il n'a qu'à le remanier. Il a plutôt choisi de nous faire avaler cette augmentation de salaire en nous jetant de la poudre aux yeux. Ce n'est pas ce qu'il faut faire. C'est trop coûteux pour les Canadiens. Voilà pourquoi je m'oppose au projet de loi.
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Monsieur le Président, je tiens à souligner l'excellent travail de mon collègue qui vient de faire une présentation tout à fait correcte, juste et très factuelle du projet de loi devant nous. Dans son discours, je n'ai senti à aucun moment une attaque personnelle contre le . Bien au contraire, dans son discours, il a salué le travail du ministre, mais il s'est plutôt interrogé sur le temps que le ministre va pouvoir accorder au développement régional de chacun des territoires du pays. C'était plutôt cela. Je n'ai vu aucune attaque personnelle dans cet excellent discours. Encore une fois, je reconnais moi aussi les grandes qualités de mon collègue.
Comme on le sait, nous allons nous opposer avec force et avec véhémence au projet de loi devant nous, et ce, pour plusieurs raisons. En fait, le gouvernement nous présente un projet de loi « mystère », où il nous demande d'approuver la nomination éventuelle, peut-être, de trois ministres. Or on ne sait pas pourquoi et dans quel but. On ne sait pas quelle en est l'origine ou ce qu'il y a derrière ce projet de loi qui prévoit la création de trois nouveaux postes ministériels.
Les libéraux devraient être transparents et dire aux Canadiens qui ils prévoient nommer, qui sont les amis. Il y a eu plusieurs suggestions depuis ce matin. Depuis qu'on a déposé le projet de loi, on a dit qu'on voulait peut-être créer un ministre de la taxation universelle, ou un ministre des nominations partisanes, ou encore un ministre de l'aplaventrisme pour obtenir un siège au Conseil de sécurité de l'ONU, pour être certains de ne pas déplaire à l'Iran, à la Russie, à la Chine, aux États-Unis ou à d'autres pays. On ne le sait pas. Pourquoi ne le savons-nous pas? Pourquoi les gens, de ce côté-ci, et les citoyens se posent-ils la question? Quels genres de ministres aura-t-on? Pourquoi fait-on toutes sortes de suppositions comme celles que je viens de faire? C'est parce que le gouvernement manque de transparence.
Le gouvernement ne nous dit pas où il veut en venir avec la création de ces trois postes de ministre. Peut-être, ultimement, souhaite-t-on créer trois postes de ministres des voies ensoleillées pour éviter que les ministres ne s'occupent des vrais problèmes des régions du Canada? On ne le sait pas, et c'est ce que je déplore du projet de loi dont on parle aujourd'hui. Qu'est-ce que les libéraux ont à cacher? Quel est l'ordre du jour secret de ce gouvernement? Par un projet de loi, notre tente-t-il de créer une justification pour la nomination éventuelle de trois nouveaux ministres? Donc maintenant qu'il a une justification légale pour créer trois nouveaux postes de ministre, pourquoi ne pas le faire? Tout est ouvert, tout est sur la table, parce qu'on ne sait pas où veut en venir ce gouvernement.
Une chose m'interpelle plus particulièrement, et c'est la volonté de ce projet de loi de faire disparaître les postes de ministre de l'Agence de développement économique du Canada. J'aimerais instruire mes collègues libéraux concernant le rôle de l'Agence. D'ailleurs, ce n'est pas compliqué, tous les Canadiens peuvent avoir accès au rôle de l'Agence et à celui des différentes agences régionales de Développement économique Canada sur son site. Je trouvais que nos collègues n'ont peut-être pas suffisamment consulté ce que le site dit au sujet du rôle de l'Agence, et surtout ils ne savent pas vraiment ce que l'Agence doit jouer comme rôle.
Je veux soulever quelques points. Les agences de développement économique régionales servent à relever les défis économiques importants pour offrir des programmes et des services adaptés à chaque région et des sources de connaissances pour pouvoir faire face aux crises. On veut être capable d'aider les petites et moyennes entreprises à se montrer concurrentielles sur les marchés mondiaux, soutenir la croissance, la productivité, l'innovation des entreprises, et surtout fournir une aide à l'adaptation en période de ralentissement et de crise économique.
Il n'y a pas de ministre régional en ce moment, et à quoi assiste-t-on? Dans le dossier du lait diafiltré, on n'a aucune décision, parce qu'il n'y a personne au Cabinet qui défend ces régions, qui défend les régions rurales. Personne ne se lève au Cabinet pour dire qu'il faut régler cet enjeu, car des emplois sont en jeu au Québec.
En ce qui concerne la taxe sur le carbone, il n'y a pas de ministre qui s'est levé pour défendre les différentes régions du Québec, et aussi particulièrement l'Alberta et toutes ces régions qui ont besoin d'avoir des gens qui se lèvent de temps en temps pour défendre les dossiers régionaux. Il y a aussi le dossier du bois d'oeuvre, encore une fois, on comprend pourquoi cela a pris un an avant que le gouvernement essaie de régler quelque chose et il n'en est même pas capable. Il reste cinq jours avant la fin de l'entente.
Cela touche des millions d'emplois dans toutes les régions du Canada, mais cela ne semble pas préoccuper le gouvernement, puisqu'aucun ministre n'est en contact direct avec les citoyens de chacune de ces régions pour parler spécifiquement de développement économique.
Chaque agence de développement régional, c'est-à-dire chaque ministre, avait le mandat d'apporter une perspective régionale stratégique pour appuyer les stratégies nationales. Cependant, quand il n'y a pas de stratégie nationale, on n'a pas besoin de ministres régionaux. Peut-être que c'est une raison, mais on délaisse quand même les régions du Québec, de l'Ontario, de l'Atlantique, de l'Ouest, de la Colombie-Britannique et du Nord. On délaisse tout le monde, encore une fois, pour une raison que nous ignorons. Quel est le plan de match secret du gouvernement? Encore une fois, ce projet de loi mystère ne nous dit absolument rien.
Ayant été maire de Thetford Mines pendant sept ans, j'ai eu l'occasion de faire affaire avec le gouvernement fédéral à quelques reprises. C'était facile, car j'avais la chance d'être représenté par un excellent ministre, Christian Paradis, qui avait le rôle de soutenir son comté, comme c'est celui de chacun et chacune des députés ici présents à la Chambre.
Quand nous avions un problème, en tant que membres de l'Union des municipalités du Québec, et que nous voulions discuter avec les représentants du gouvernement fédéral, nous n'avions pas besoin de tenir 22 rencontres. Il suffisait de rencontrer le ministre affecté à notre région, qui se chargeait de passer le message au gouvernement.
Quand on est maire, on doit être ministre d'à peu près tout, mais il arrive qu'on ne puisse pas tout régler seul. Alors, s'il faut mettre 22 rencontres à notre agenda pour régler un seul dossier parce qu'il n'y a plus de ministre qui s'occupe de notre région, je pense sincèrement que le gouvernement fait fausse route. Nous avons besoin des agences de développement régional.
Comme le gouvernement n'a pas de stratégie économique nationale, il n'a pas besoin des ministres de développement régional. Cependant, les crises dans nos régions sont bien réelles et il faut que des ministres régionaux y répondent.