Que, compte tenu du fait que le premier ministre et la ministre du Commerce international avaient promis aux 400 000 travailleurs canadiens du secteur forestier de conclure un accord-cadre sur les exportations de bois d’œuvre avec l’administration Obama pour la mi-juin 2016, que le gouvernement n’a ni respecté cette échéance ni réussi à négocier un accord définitif avant l’expiration de l’accord commercial antérieur le 12 octobre 2016, et que de nombreux emplois de qualité et bien rémunérés dans le secteur forestier sont maintenant menacés à cause de l’inaction du gouvernement, la Chambre demande au gouvernement de cesser de tergiverser et de prendre toutes les mesures nécessaires pour prévenir une guerre commerciale qui mettra en péril le moyen de subsistance de travailleurs et de collectivités du Canada.
— Monsieur le Président, c'est un grand honneur de pouvoir prendre la parole aujourd'hui pour présenter cette motion. Je vais partager le temps de parole qui m'est accordé avec ma collègue de . Évidemment, le sujet de la motion lui est très cher ainsi qu'aux gens de sa circonscription.
Plus de 650 collectivités du pays dépendent des usines de bois d'oeuvre pour demeurer viables, et environ 400 000 personnes travaillent dans ces usines ou occupent des emplois créés indirectement par ces dernières. Il est très important que nous en soyons conscients.
Quatre guerres commerciales ont eu lieu depuis 1982, comme cela a été indiqué lorsque la motion a été lue. La plus longue accalmie que nous avons connue dans ce dossier a eu lieu pendant les dix années au pouvoir de l'ex-gouvernement conservateur, dont j'ai eu le bonheur d'être un ministre. Mes bons amis ayant occupé le poste de ministre du Commerce pendant cette période ont pu négocier une trêve de 10 années au cours desquelles le secteur du bois d'oeuvre canadien a connu une stabilité relative et des conditions prévisibles. Grâce à cette trêve, le secteur du bois d'oeuvre a pu croître. Aux États-Unis, le même secteur a pu accroître sa part du marché intérieur grâce à la stabilité assurée, malgré l'augmentation de la quantité de produits importés du Canada.
Le moins qu'on puisse dire, c'est qu'il s'agit d'un accord complexe, et j'insiste sur ce point. La situation est désormais aggravée par les tergiversations du gouvernement libéral actuel, qui n'a pas tenu compte de l'importance de cette industrie, que ce soit notamment dans la lettre de mandat de la , dans le discours du Trône ou dans ses budgets. Or, cette industrie représente un apport de plusieurs milliards de dollars au PIB de notre grand pays. Divers intervenants en dépendent.
Comme je l'ai dit, il y a maintenant 650 collectivités qui envisagent avec appréhension le cinquième conflit commercial qui se dessine à l'horizon. Le problème, c'est que ces conflits s'échelonnent sur cinq années pendant lesquelles les Américains s'engagent dans des poursuites et dans toutes sortes de mesures qui font obstacle à l'acheminement de nos produits vers le sud. Il y a quatre ou cinq grands secteurs de l'industrie qui sont étroitement reliés et qui dépendent à la fois des produits américains et des produits canadiens. Bien qu'ils soient très importants, ce n'est pas pour eux que nous sommes préoccupés, mais pour les petites et moyennes entreprises qui seront tenues à l'écart si l'accord n'est pas négocié comme il se doit.
Selon ce que j'ai cru comprendre des témoignages entendus par le comité du commerce, dont j'ai le plaisir de faire partie, et des fuites nous provenant du côté américain, le Canada n'obtiendra rien du tout. Les provinces sont tenues dans l'ignorance quant à la position du gouvernement fédéral. Même chose pour les entreprises canadiennes en général. Le problème, c'est que personne ne sait ce qui se fait ou ce qui se dit.
On nous fait croire que les relations avec les Américains ont changé du tout au tout. Tout le monde s'est émerveillé devant la réunion de famille que le a organisée à Washington. Nous étions tous fébriles lorsque le président des États-Unis est venu s'adresser à la Chambre. Or, à aucun moment la question du bois d'oeuvre n'a été soulevée, même si l'accord venait à échéance la semaine dernière.
Nous n'occupons pas à l'heure actuelle une position de force. Nous négocions en tentant de rattraper les Américains, qui ont toutes les cartes en main en ce moment. Cela dit, il y a des mesures que la et le pourraient et devraient prendre. L'une d'elles, bien sûr, c'est de communiquer avec le copain des libéraux à Washington, le président, qui est en fin de mandat. Si c'est l'héritage que celui-ci veut léguer, il pourra sans doute y donner suite, mais c'est de ce côté-ci de la frontière qu'il faudra donner un coup de collier si l'on veut que cela se produise. C'est sans aucun doute beaucoup plus important pour nous que ce ne l'est pour les Américains à l'heure actuelle.
Il faut également souligner que les libéraux ont failli à la tâche au cours de la dernière année et ne se sont repris en main qu'en juillet environ, lorsque les citoyens ont commencé à exercer des pressions sur eux et à leur demander ce qui se passait. Nous avons demandé à la fin de l'hiver dernier et au début du printemps où on en était dans ce dossier. Les libéraux ont eu le temps de se pencher sur ce dossier. Pendant les 100 jours suivant les élections, toutes sortes de promesses merveilleuses ont été faites. Aucune promesse n'a abouti, peu importe le dossier.
À tout le moins, la devrait obtenir de l'industrie américaine du bois d'oeuvre la promesse qu'elle n'engagera pas de poursuites durant les négociations. C'est le moins que la ministre puisse faire. J'espère qu'elle fera un appel téléphonique au cours de la journée. Maintenant que nous lui en avons donné l'idée, elle devrait à tout le moins accomplir cela, pour faire en sorte que nous n'abordions pas le dossier en position de faiblesse par rapport aux Américains.
Je le répète, le problème existe depuis des dizaines d'années et il perdurera, tout simplement parce que nous faisons les choses différemment. Les Américains se plaignent sans cesse de la même chose, c'est-à-dire des droits de coupe, lesquels sont fixés par les provinces en cause et varient d'une à l'autre.
Le Québec a instauré des changements considérables à ses façons de faire en prévision des demandes que voudront faire les Américains. Soulignons que cette province a toujours joui d'une exemption étant donné les 30 scieries québécoises situées près de la frontière qui prélèvent le bois dans le Maine, le transforment en bois de charpente, puis le retournent aux États-Unis. Deux scieries ontariennes sont dans une situation semblable.
Nous avions également une exemption pour le Canada atlantique parce qu'il s'agit pour la plupart de terres privées et cela ne correspond pas vraiment à la description de la guerre commerciale. Or, une fois de plus, le gouvernement s'est montré incapable d'obtenir cette exemption pour le Canada atlantique et Terre-Neuve-et-Labrador.
Nous menons de front bien des dossiers, mais aucun n'a abouti jusqu'ici, car nous dépendons du bon vouloir des Américains. Il y a beaucoup de travail à faire et le gouvernement ne fait rien. Je sais à quel point nous avons travaillé dans le dossier de l'étiquetage indiquant le pays d'origine pour obtenir un accès équitable aux États-Unis pour le boeuf et le porc canadiens. Il a fallu déposer une contestation auprès de l'OMC. Nous avons déjà fait de même pour le bois d'oeuvre et je félicite le gouvernement de l'époque de ces efforts. Toutefois, pendant que nous négocions avec l'OMC, que nous invoquons l'ALENA, que nous faisons appel auprès des tribunaux américains ou que nous déployons d'autres formes de recours, l'industrie canadienne souffre. Dans ces 650 villes qui dépendent d'une scierie, 400 000 travailleurs traverseront une période des fêtes et un début d'année 2017 difficiles.
Le gouvernement doit se rendre à Washington. Je sais qu'un grand travail a été fait sur le Partenariat transpacifique, le PTP, avec l'ambassadeur Froman. C'est un négociateur coriace, mais les États-Unis ont besoin de nos produits. Ils ne peuvent pas approvisionner leur propre marché intérieur. Ils ont donc besoin de nos produits. Certaines de nos relations américaines et quelques groupes de consommateurs travaillant avec nous dans le dossier de l'étiquetage du pays d'origine nous ont appris que la première démarche entreprise par le Canada était de faire passer le niveau d'accès actuel de 34 % qui n'a jamais été atteint — l'accès maximal variait entre 28 % et 30 % — à 26 %, excluant d'emblée la proposition de 33 %. C'est une méthode de négociation épouvantable. Si le gouvernement agit ainsi pour nous rapprocher du président américain, le coût est trop élevé. Nous devons négocier beaucoup plus fermement et ne pas laisser les Américains nous imposer leur volonté dans le dossier du bois d'oeuvre.
Il va falloir beaucoup de travail pour redresser la situation. La ministre doit absolument s'assurer dès maintenant que les Américains ne peuvent intenter aucune poursuite contre nous. Cela leur donnerait non seulement un levier, mais cela les placerait aussi en position de force. Si la possibilité de poursuites est écartée, nous pouvons négocier en bonne et due forme et parvenir à une entente, comme nous l'avons fait pour d'autres enjeux.
Les 30 milliards de dollars que le gouvernement a soi-disant consacrés à la relance économique pendant sa première année au pouvoir n'ont pas vraiment mené à la création d'emplois. Nous n'avons pas été témoins d'une hausse du nombre d'emplois au Canada. Au contraire, nous commençons à observer une perte d'emplois dans le secteur pétrolier et dans le secteur industriel parce que nous ne tirons pas parti d'accords commerciaux comme le PTP. Nous devons discuter sérieusement de la façon dont nous nous occuperons de tous ces dossiers.
L’opposition a mis sur pied un groupe de travail sur le bois d’oeuvre. Nous en avons fait l'annonce ce matin. Le but de ce groupe de travail est de voir comment nous pouvons utiliser les contacts que nous avions pris quand nous avons réglé le dossier de l’étiquetage du pays d’origine. Nous allons également collaborer avec des groupes de consommateurs, des associations de construction, des détaillants et tous ceux qui, aux États-Unis, veulent du bois d’oeuvre canadien. L'industrie des États-Unis a besoin d'une composante canadienne pour demeurer honnête à long terme. De notre côté, nous devons diversifier notre clientèle. Nous devons tirer profit de l’avantage que nous avons au Japon, en Corée et en Chine, pays qui achètent de plus en plus notre bois d'oeuvre, et nous en servir dans nos négociations avec les Américains.
Dans divers secteurs industriels, nous avons mis tous nos oeufs dans le même panier. Nous nous fions trop aux Américains et devons donc diversifier notre portefeuille commercial pour pouvoir avoir accès à d’autres marchés et forcer ainsi les Américains à agir de façon honnête.
Nous demandons au gouvernement libéral de prendre ce dossier au sérieux, d’être transparent et de rendre des comptes aux ministres provinciaux ainsi qu’aux petites et moyennes entreprises. Lors des audiences que mes collègues et moi avons tenues avec nos homologues provinciaux, ceux-ci nous ont dit qu’ils n’avaient pas beaucoup d’informations, voire aucune, sur ce qui a été fait et sur ce à quoi ils devraient se préparer.
Il reste un énorme travail à faire. Je sais que la ministre a fait de nombreux déplacements. De son côté, le secrétaire parlementaire a discuté de ce dossier avec les représentants de divers secteurs industriels, mais le message ne passe pas. Ils ont l’impression qu’on les mène dans une impasse et qu'ils perdent leur position de force. Nous demandons donc au gouvernement de tenir compte de la motion que nous avons présentée, de nous aider à la faire adopter et de prendre au sérieux le dossier du bois d’oeuvre.
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Monsieur le Président, je suis heureuse de prendre la parole aujourd’hui pour aborder cette question importante. Mon collègue de a tracé les grandes lignes de l’enjeu, de son importance et de la nécessité d’en arriver à une résolution. Cela pose un défi depuis plus de 30 ans, mais le gouvernement conservateur a fait ce qu’il fallait.
J’ai été élue pour la première fois en 2008, mais je me rappelle du soulagement qu'éprouvaient les circonscriptions et collectivités, partout au pays, de 2006 à 2008, parce qu'une entente avait été mise en place. Aucune entente n’est parfaite, mais celle-là a suscité un climat de paix dans le secteur du bois pendant plus de 10 ans. C’est quelque chose que le gouvernement conservateur a réussi à faire. Après 30 ans de circonstances difficiles, le travail avait été fait.
De nombreux députés représentent des régions urbaines et ne sont peut-être pas aussi familiers avec l’industrie forestière que certains d’entre nous qui vivons dans des collectivités rurales. Je veux donc parler un peu de l’industrie forestière et du rôle qu’elle joue. Quelqu’un qui vit à Toronto et qui représente une circonscription du centre-ville peut entendre parler de l’entente sur le bois d’œuvre et être un peu perplexe quant à sa nécessité.
L’Association des produits forestiers du Canada a une carte qui montre les collectivités au pays. J’invite tout le monde à consulter son site Web pour examiner cette carte impressionnante. Des petits points verts représentent les collectivités dont la viabilité dépend complètement de l’industrie forestière. Si l’on regarde la Colombie-Britannique, des régions du Québec, et l’Ontario, on voit des provinces remplies de ces points verts, des collectivités rurales qui dépendent entièrement de l’industrie forestière.
En Colombie-Britannique, à l’heure actuelle, 34 % des exportations sont des exportations de produits forestiers. La Colombie-Britannique représente 72 % de l’industrie canadienne du bois d’œuvre. Il est donc évident que l’Accord sur le bois d’œuvre est absolument essentiel pour cette province. Le gouvernement conservateur a reconnu que la province ne devait pas dépendre du marché américain, et la Colombie-Britannique a bien exploité la porte d’entrée de l’Asie-Pacifique et a fait du bon travail dans la façon d’exporter ses produits. L’Asie a maintenant remplacé l’Europe comme deuxième marché en importance de la province. Cela dit, le marché américain demeure absolument essentiel. La Colombie-Britannique compte 58 000 travailleurs dans l’industrie, qui contribue au PIB à hauteur de 6,5 milliards de dollars.
À l’heure actuelle, au Canada, la situation financière est très préoccupante. Lorsque l’on regarde l’Alberta, la Saskatchewan et l’Ontario, on constate que la Colombie-Britannique a fait l’amorce d’un pas en avant. Si une entente n’est pas conclue, je crains que la province ne doive faire face à des problèmes très importants.
Laissez-moi être un peu plus précis. J’ai dressé les grandes lignes de la situation en Colombie-Britannique. Dans la circonscription que je représente, il y a une magnifique petite collectivité, Clearwater, qui est située sur la route Yellowhead, qui mène de Kamloops à Jasper. Il s’agit d’un endroit très populaire auprès des touristes, y compris les touristes européens, qui visitent le magnifique parc provincial Wells Grey.
Dans cette collectivité d’environ 2 200 habitants, on retrouve la scierie Canfor Vavenby, qui se spécialise dans l’épinette et le pin. Cette scierie fournit 150 emplois directs. Le tourisme est important dans cette petite collectivité de 2 200 âmes, mais l’industrie la plus importante est la scierie, avec ses 150 travailleurs. Sa masse salariale est de 20 millions de dollars, et on estime qu’elle injecte 100 millions de dollars dans l’économie locale. Il est facile d’imaginer ce qui se produirait si elle n’était plus viable. Cette collectivité n’est que l’un des exemples des nombreux points verts figurant sur la carte de l’Association des produits forestiers du Canada.
Non seulement la scierie fournit des emplois bien rémunérés à la collectivité, mais elle joue un rôle de premier plan en ce qui a trait au programme d'apprentissage. Elle envoie aussi des copeaux à Kamloops. Elle vient aussi en aide à la collectivité au chapitre du chauffage. Elle fournit des copeaux gratuitement au centre communautaire de Dutch Lake pour son chauffage.
On estime qu'entre 70 et 80 % de son marché se trouve aux États-Unis. Par conséquent, de 70 à 80 % de ce qui est produit à l’heure actuelle à la scierie Vavenby est chargé sur des trains et des camions à destination des États-Unis.
Des compagnies comme Canfor, West Fraser et Interfor sont importantes pour nos collectivités. Elles ont pris de l’expansion aux États-Unis et auront certainement d’autres occasions de poursuivre le bon travail qu’elles ont commencé. Toutefois, ce sont les collectivités qui en souffriront le plus. Ce sont les restaurants du coin et les petites entreprises qui disparaissent dans les collectivités rurales qui perdent leur industrie forestière. Ces collectivités sont absolument essentielles pour la Colombie-Britannique.
Nous avons parlé du soutien massif de milliards de dollars accordé à Boeing, mais il y a des collectivités en Colombie-Britannique qui ont besoin que le gouvernement fasse son travail et conclue un nouvel accord sur le bois d’œuvre.
La Colombie-Britannique a dit que c’était absolument essentiel, et la première ministre a été citée dans le Globe and Mail. Le 10 mars, le et le président se sont entendus pour faire le travail en 100 jours. À l’époque, la première ministre était optimiste et croyait qu’une entente de haut niveau permettrait d’éviter un autre conflit sur le commerce de bois d’œuvre entre le Canada et les États-Unis. Elle a parlé des 3,3 milliards de dollars et a salué l’engagement pris, à ce moment-là, de passer à l’action.
Cela se passait le 10 mars, mais le 16 mai, la première ministre de la Colombie-Britannique a encore été citée, cette fois dans un article du Vancouver Sun, dans lequel elle indiquait qu’après la période initiale d’optimisme intense, elle craignait pour les perspectives du Canada de signer un nouvel accord avec les États-Unis. Elle a dit que sa préoccupation à elle, c’était le bois d’œuvre, et qu’il faudrait déployer des efforts incroyables pour essayer de conclure un accord, car nous n'avions pas beaucoup avancé.
Force nous est de constater que la première ministre de la province est très préoccupée. Les petites collectivités de la province et du pays sont très inquiètes et se demandent ce qu’il adviendra d’elles si l’accord n’est pas conclu.
Cependant, qu’est-ce que le gouvernement libéral a fait?
Premièrement, je savais que cet accord arrivait à expiration. À l’occasion des assemblées publiques que j’organisais dans les collectivités rurales, à l’approche des élections, les électeurs nous interrogeaient sur nos intentions à propos de l’accord sur le bois d’œuvre.
Le gouvernement libéral n’a toutefois pas fait mention de cet accord dans le discours du Trône, pas plus que dans la lettre de mandat de la ministre, ce qui est absolument stupéfiant. Le fait que le gouvernement ne l'ait pas mentionné dans la lettre de mandat de la ministre montre à quel point il n’est pas prioritaire pour lui de faire le travail. Les libéraux se sont contentés de beaux discours au lieu de mener la tâche à bien.
Quand le et le président ont pris cet engagement de 100 jours, en toute franchise, nous espérions certainement que l’accord serait conclu. Nous voulions que cela se fasse et, à ce moment-là, nous pensions qu’une priorité y était attachée. Les conservateurs l’ont de toute évidence fait. Les libéraux soutiennent toujours que c’est de notre faute. Ils ont eu un an pour le faire et, selon moi, nous ne nous rapprochons pas de notre objectif.
En terminant, il est aussi important de mentionner qu’il est impératif non seulement qu'un accord soit conclu, mais aussi que ce soit un bon accord, dans lequel on ne cédera pas tout pour parvenir à une entente.
J’espère qu’en abordant le sujet aujourd’hui cela permettra de sensibiliser non seulement les députés, mais également l’ensemble de la population canadienne à l’importance que l’accord revêt pour le tissu social de nos collectivités, en particulier en milieu rural, afin que ces collectivités puissent continuer à contribuer de façon importante à notre pays.
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Monsieur le Président, je suis heureuse de pouvoir parler de cette motion devant la Chambre aujourd’hui. Je voudrais tout d’abord dire que nous assistons à une rare unanimité pour ce qui est des discours et des questions formulés plus tôt aujourd’hui. Nous sommes en désaccord sur beaucoup de choses, mais nous convenons tous de l’importance que revêt l’industrie du bois d’œuvre pour notre pays. C’est une excellente chose que nous ayons la chance d’en parler, je tiens à le dire. En qualité de ministre du Commerce international, je veux que tous les députés de la Chambre et tous les Canadiens sachent que je prends personnellement cette question très au sérieux.
J’aimerais réagir directement à un commentaire formulé par la députée de . Elle a parlé de députés, comme ceux des circonscriptions du centre-ville de Toronto, qui ne connaissent peut-être pas très bien certaines questions. Je suis très fière du nombre de députés de ces circonscriptions que nous avons de ce côté-ci de la Chambre et, comme nous l’a déjà dit le député de , beaucoup d’entre eux connaissent à fond les questions et les problèmes qui se présentent un peu partout au pays, quelle que soit la région et quelle que soit la situation économique des gens. Je tiens à dire aux députés d’en face et à tous les Canadiens qui nous écoutent que je suis très fière de représenter la magnifique circonscription de University—Rosedale, à Toronto. Je suis tout aussi fière d’être née et d’avoir grandi à Peace River, dans le Nord de l’Alberta. Je connais extrêmement bien la situation économique des régions rurales de notre pays, et elle me tient énormément à cœur. Comme ministre du Commerce international, je suis tout particulièrement fière de me battre pour l’économie des régions rurales. Je veux que les Canadiens le sachent.
Je vais vous parler un peu de l’industrie du bois d’œuvre et de l’importance qu’elle revêt pour notre pays. Des collectivités de partout au pays, tout particulièrement dans les régions rurales, dépendent grandement de ce secteur, qui emploie près de 200 000 Canadiens. En 2015, 69 % des exportations du bois d’œuvre canadien étaient destinées aux États-Unis, qui demeurent l’un de nos plus gros marchés d’exportation, malgré les efforts remarquables déployés par l’industrie pour étendre nos marchés, tout particulièrement en Asie, mais aussi en Europe. L’Accord économique et commercial global, auquel je travaille très fort, pourrait nous permettre d’étendre nos marchés. La production du bois d’œuvre est un moteur de croissance économique pour le Canada. Elle a contribué pour plus de 20 milliards de dollars à notre PIB l’an dernier, et il est donc essentiel de conserver l’accès au marché américain.
Toutefois, j’aimerais faire observer que le gouvernement conservateur précédent était encore en poste lorsque l’ancien Accord sur le bois d’œuvre a pris fin, le 12 octobre 2015. J’aimerais profiter de l’occasion pour donner à la Chambre des détails sur les séances d’information que j’ai eues il y a près d’un an, lorsque nous sommes arrivés au pouvoir. J’ai été consternée d’apprendre à l’une de mes premières séances d’information que les responsables du gouvernement conservateur n’avaient absolument rien fait pour négocier un nouvel accord avec les États-Unis, et ce, même si l’Accord était sur le point de venir à expiration. Il n’y a eu aucune activité de liaison, aucune réunion, aucun appel téléphonique, aucune mesure pour tenter de protéger les milliers de Canadiens qui travaillent dans ce secteur essentiel. L’accord allait prendre fin et les conservateurs ne bronchaient pas.
À l’inverse, notre gouvernement comprend l’importance de ce secteur pour le Canada et, contrairement à celui qui l’a précédé, il s’est mis à y travailler, à commencer par le lui-même, dès le premier jour. Ainsi, le premier ministre a soulevé la question du bois d’œuvre à notre première réunion bilatérale avec le président Obama, survenue à Manille l’an dernier. La question était au centre de nos discussions lors de notre visite d’État à Washington en mars. Elle a également occupé une place de choix lorsque le président Obama est venu au Canada en juin. Nous avons travaillé à ce dossier au plus haut niveau. Mes responsables menaient des négociations à ce sujet à Washington la semaine dernière. J’ai parlé longuement de cette question avec l’ambassadeur Mike Froman vendredi, et je vais le rencontrer de nouveau en Europe plus tard cette semaine. Nous travaillons très activement là-dessus.
Je profite de l’occasion pour remercier et féliciter publiquement notre ambassadeur, M. David MacNaughton, nos négociateurs, qui travaillent très fort à cette question d’une complexité extrême, et l’équipe en poste à l’ambassade du Canada à Washington. Je rencontre souvent mon homologue américain, M. Mike Froman, un peu partout dans le monde, que ce soit à Shanghai ou à Toronto, il y a deux ou trois semaines seulement.
[Français]
En 35 ans, le Canada et les États-Unis ont été quatre fois en conflit ouvert sur le bois d'oeuvre. Tous les acteurs savaient qu'une nouvelle entente allait demander du temps et beaucoup de travail.
À mon arrivée en poste, j'ai été estomaquée d'apprendre que les conservateurs n'avaient même pas entamé de discussions avec les Américains sur le renouvellement de l'Accord sur le bois d'oeuvre résineux. Nous avons donc perdu un temps précieux où le gouvernement conservateur aurait pu faire avancer le dossier.
C'est pourquoi, immédiatement après mon entrée en fonction, j'ai demandé que soient tenues des consultations approfondies auprès des principaux acteurs et interlocuteurs de l'industrie du bois d'oeuvre, notamment les gouvernements provinciaux et territoriaux, des petites et grandes entreprises de bois d'oeuvre, des producteurs de différents types de produits de bois d'oeuvre résineux, des associations industrielles, des syndicats et des représentants de groupes autochtones.
Notre gouvernement travaille donc très fort en collaboration avec les provinces et les représentants de l'industrie. Les équipes de négociation se parlent constamment, voire tous les jours. L'ambassadeur du Canada aux États-Unis et moi-même sommes personnellement impliqués dans les discussions.
J'ai rencontré mon homologue et les acteurs de l'industrie, mais également les travailleurs. Lorsque je me suis rendue au Saguenay, j'ai eu l'occasion d'échanger avec eux directement. Ce fut très productif.
Souvenons-nous que le bois d'oeuvre était un élément clé lors de la deuxième visite d'État à Washington, en mars dernier. On a expressément confié à mon homologue américain, le représentant au Commerce des États-Unis, et à moi-même, le mandat, et je cite, d'examiner intensivement toutes les options et de déposer, dans les 100 jours, un rapport concernant les principaux éléments qui permettraient de dénouer cette question.
Le 29 juin, à la suite de discussions en marge du Sommet des leaders nord-américains, tenu ici, à Ottawa, le et le président des États-Unis ont fait une déclaration conjointe énonçant encore une fois leur appui à l'égard d'une solution mutuellement acceptable.
Les deux dirigeants ont convenu de neuf éléments clés pour une solution durable et équitable, y compris des dispositions d'exclusion, les sorties régionales et la transparence, pour n'en mentionner que quelques-uns. Cette feuille de route continue de guider les négociations. D'ailleurs, je voudrais souligner que les négociations se poursuivent.
Le 12 octobre dernier, mon homologue américain et moi avons émis une déclaration pour indiquer que le gouvernement des États-Unis et celui du Canada demeuraient déterminés à poursuivre les négociations afin d'en arriver à une solution durable et équitable pour les producteurs de bois d'oeuvre résineux, les industries en aval et les consommateurs de l'Amérique du Nord.
Nous reconnaissons les particularités des différents régimes forestiers du pays, et nous en tenons compte dans le cadre de nos négociations et de l'élaboration d'une solution nationale. Que ce soit les demandes du Québec, des Maritimes ou de la Colombie-Britannique, nous représentons toutes les provinces pour que l'entente soit avantageuse pour tout le Canada. Notre objectif est de signer une bonne entente.
Toutefois, l'opposition nous critique. Est-ce qu'elle nous demande de signer une mauvaise entente? Nous, les libéraux, travaillons afin de conclure la meilleure entente pour les Canadiens.
Il est important que les députés et la population canadienne comprennent que le gouvernement des États-Unis ne peut imposer un accord à son industrie, même si une entente que nos deux gouvernements croient acceptable est atteinte. La raison en est que, pour conclure un accord, l'industrie américaine doit suspendre son droit légal d'imposer des droits de douane aux exportations canadiennes. Cette condition rend les négociations encore plus complexes.
Un autre aspect qui rend les négociations particulièrement difficiles, c'est le niveau de rhétorique protectionniste aux États-Unis.
Dans un contexte de campagne électorale, le climat protectionniste gagne du terrain et influence les médias et la population. Alors que la menace du protectionnisme américain se fait sentir, le a fait preuve d'un grand leadership, lors du G20, pour défendre le libre-échange et la société ouverte.
[Traduction]
Il règne aux États-Unis le climat le plus protectionniste qui soit depuis la Grande Crise, et cela complique les choses. La situation est sérieuse, une tendance lourde se dessine. Les États-Unis ne sont pas les seuls à réagir ainsi, nous voyons beaucoup le même phénomène apparaître en Europe. C’est ce qui a conduit au vote favorable au Brexit. Des élections importantes auront lieu bientôt en Australie, et ces questions tiennent une grande place dans le débat.
Nous sommes à même de constater une vague protectionniste un peu partout dans le monde, au sud de notre frontière et en Europe, et cette vague s’accompagne de beaucoup d’autres phénomènes. Elle est parfois teintée d’un sentiment anti-immigration. Parfois, c’est de la xénophobie. On perçoit un fort ressac contre la mondialisation, qui se cherche une cible. Ce climat politique complique naturellement les négociations commerciales, dont celles du bois d’œuvre.
Cela étant dit, nous travaillons très fort pour solidifier les marchés d’exportation des producteurs canadiens, et nous obtenons de bons résultats. En fait, nous avons commencé notre mandat en nous attaquant activement aux mesures législatives protectionnistes sur l’étiquetage indiquant le pays d’origine, mises en place par les États-Unis, que nous avons réussi à faire abroger, quoi qu’en dise le député de . J’ai été plutôt étonnée de l’entendre soulever la question. Ils n'ont pas réglé le dossier de l’étiquetage indiquant le pays d’origine, mais notre gouvernement, lui, a fait aboutir le processus, et je suis très fière de protéger l’accès à ces marchés pour nos éleveurs. Nous avons ensuite assuré l’accès aux marchés du Mexique et de la Chine pour le bœuf canadien, ce qui constitue une autre vraie victoire pour nos producteurs. Enfin, le mois dernier, nous avons réussi une véritable percée en obtenant l’accès au marché chinois pour le canola jusqu’en 2020. C’est une nouvelle extraordinaire pour les producteurs canadiens, y compris pour mon père, qui espère voir la neige fondre sur ses andains de canola afin de finir sa récolte cet automne.
Le Canada lutte activement contre le ressentiment qu’inspirent les accords commerciaux, et nous obtenons des gains tangibles pour nos producteurs. À la Chambre, nous sommes très conscients des problèmes réels qui se posent, mais le gouvernement met tout en œuvre pour trouver une solution sur le bois d’œuvre qui profite à l’industrie et qui permette de protéger les intérêts de tous les Canadiens, qu’ils habitent dans les provinces de l’Atlantique, au Québec, en Ontario, dans les Prairies ou en Colombie-Britannique.
Les équipes de négociation se parlent au téléphone presque tous les jours. Jusqu’à maintenant, les responsables de mon ministère ont eu 16 réunions officielles avec leurs homologues américains, la plus récente ayant eu lieu la semaine dernière, à Washington. Ils ont eu plus de 65 rencontres avec des intervenants canadiens, y compris des représentants des provinces et de l’industrie.
Pour mieux comprendre les points de vue de l’industrie des deux côtés de la frontière et pour faire progresser les négociations, l’ambassadeur Froman et moi-même avons tenu une table ronde avec l’industrie américaine, à Washington, le mois dernier. Ensuite, le 5 octobre, nous avons tenu une table ronde avec l’industrie canadienne, à Toronto. Des petits et des gros producteurs d’un peu partout au pays, y compris une entreprise des Premières Nations, ont participé à cette table ronde. Ces réunions ont permis de bien comprendre les préoccupations des deux pays et de dégager également des secteurs où nous avons les mêmes points de vue, y compris notre désir commun d’accroître le marché du bois d’œuvre à l’intérieur de l’Amérique du Nord et ailleurs.
Le 12 octobre, l’ambassadeur Froman et moi avons publié une déclaration conjointe dans laquelle nous avons accepté de poursuivre les négociations et de travailler à exécuter le mandat convenu par le président Obama et notre lorsqu’ils se sont rencontrés à Ottawa en juin dernier. Dans ce mandat, nos deux chefs ont convenu de neuf points clés devant caractériser un accord durable et équitable. Ces points comprennent notamment des dispositions pour des exclusions et des droits de sortie pour les régions.
Les responsables de mon ministère poursuivent activement les négociations, et j’y participe directement moi-même, mais nous nous préparons en même temps aux procédures judiciaires. Nous serons prêts à nous battre s’il le faut. Nos producteurs de bois d’œuvre et nos travailleurs n’ont jamais été pris en défaut. En effet, les organismes internationaux ont toujours tranché en faveur de notre industrie dans le passé.
Les responsables canadiens travaillent étroitement avec les provinces, les territoires et l’industrie depuis que je suis devenue ministre afin de se préparer à réagir à des représailles commerciales des États-Unis contre nos producteurs de bois d’œuvre. Nous nous préparons également à la possibilité de nous adresser à l’OMC et à demander qu’on intervienne en vertu de l’ALENA. À cette fin, nous avons embauché des experts en économie, rassemblé des éléments de preuve, surveillé les lois commerciales américaines et élaboré nos documents d’information.
Même si le gouvernement et moi sommes prêts à nous adresser aux tribunaux, la meilleure façon d’assurer la stabilité et la prévisibilité pour notre industrie demeure la négociation d’un accord profitable pour le Canada. Nous poursuivons donc sans relâche nos efforts en ce sens.
L’une des plus grandes priorités du gouvernement est le bien-être économique des centaines de Canadiens et des centaines de milliers de familles de partout au Canada qui dépendent du secteur forestier et des exportations de bois d’œuvre vers les États-Unis. Voilà pourquoi nous travaillons si fort pour trouver une solution à ce sujet.
Je serai claire sur ce que l’opposition nous demande de faire ici aujourd’hui. Elle nous demande d’accepter un accord immédiatement. Nous devrions alors accepter le mauvais accord que l’industrie américaine nous offre aujourd’hui. Or, nous ne le ferons pas. Je ne le ferai pas. Nous continuerons de nous battre pour obtenir le meilleur accord pour le Canada et les Canadiens.
Nous voulons un bon accord pour les Canadiens, pas n’importe quel accord. Nous souhaitons le meilleur accord possible et nous efforçons d’en conclure un, mais nous nous préparons au pire. Nous sommes prêts à défendre l'industrie et les travailleurs du Canada devant les tribunaux s’il le faut.
Je tiens à conclure en donnant l’assurance à la Chambre et, surtout, aux Canadiens que le gouvernement du Canada est prêt à affronter toute situation, et que nous travaillons avec ardeur et sans relâche à défendre les intérêts des travailleurs et des producteurs canadiens.
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Monsieur le Président, je partagerai mon temps de parole avec le député d’.
Avant de vous présenter mes observations, je voudrais offrir mes sincères condoléances aux amis et à la famille de Jim Prentice. C’était un parlementaire respecté, et je suis de tout cœur avec mes collègues qui pleurent aujourd’hui sa mort tragique.
La motion dont nous sommes saisis aujourd’hui arrive à point nommé, et je suis ravie que mon collègue conservateur de l’ait présentée pour qu’elle soit débattue. La motion presse le gouvernement de prendre toutes les mesures nécessaires pour éviter une guerre commerciale avec les États-Unis au sujet des exportations de bois d’œuvre.
Je suis totalement d’accord avec la motion. Pour les milliers de Canadiens dont le gagne-pain dépend de cette importante industrie, il est impératif que le Canada conclue un accord équitable avec les États-Unis.
Le bois d’œuvre est un élément vital du secteur forestier canadien. Il est le pilier économique d’un grand nombre de communautés rurales. L’Enquête de 2015 sur la population active du Canada a révélé que l’industrie forestière représentait 260 000 emplois directs et indirects, comparativement à un peu plus de 400 000 emplois en 2003. Des centaines de scieries canadiennes ont fermé leurs portes, emportant avec elles des emplois de qualité bien rémunérés, le type d’emplois dont des familles et des communautés entières dépendent.
Aujourd’hui, l’industrie du bois d’œuvre risque encore de perdre des emplois. Depuis l’expiration de l’Accord sur le bois d’œuvre résineux de 2006, les producteurs s’attendent à payer des droits de douane américains encore plus élevés, ce qui portera le coup final à une industrie déjà durement éprouvée par l’interminable différend avec les États-Unis, sans parler des autres facteurs comme la récession, l’effondrement du marché immobilier américain et les ravages causés par le dendroctone du pin dans les forêts de la Colombie-Britannique.
Les producteurs et les travailleurs canadiens espèrent qu'un nouvel accord leur apportera équité et prévisibilité.
Le différend canado-américain sur le bois d’œuvre a débuté en 1982. Depuis près de 35 ans, l’industrie américaine persiste à soutenir que les producteurs canadiens bénéficient de subventions, un argument maintes et maintes fois rejeté par les tribunaux.
Au fil des années, plusieurs accords commerciaux ont été mis en œuvre et à leur expiration, les exportations canadiennes vers les États-Unis ont été frappées de droits plus élevés et fait l’objet de litiges toujours plus coûteux. Le Canada a dépensé environ 100 millions de dollars en frais juridiques pour défendre notre position.
Après l’expiration du précédent accord, en 2001, les États-Unis ont perçu 5,4 milliards de dollars en droits de douane sur les importations canadiennes, de l’argent qui aurait dû rester dans les poches des Canadiens. Ce fut le début d’une décennie marquée par des pertes massives d’emploi dans l’industrie canadienne.
En 2006, peu après leur arrivée au pouvoir, les conservateurs ont rapidement négocié un nouvel accord, sans consulter, ou si peu, les acteurs canadiens de l’industrie. Cela a donné comme résultat un accord très controversé, décrié par plusieurs comme une trahison à l’égard des intérêts canadiens. Pour commencer, cet accord était basé sur l’argument erroné que l’industrie canadienne était subventionnée, un argument rejeté par plus d’un tribunal. Cela a créé un terrible précédent de non-application des règles du commerce.
Cet accord permettait aux régions canadiennes de choisir entre un droit d’exportation ou un quota assorti d’un droit d’exportation à un taux moindre. L’industrie canadienne a dépensé 50 millions de dollars pour créer un mécanisme contraignant de règlement des différends, ce qui a permis aux Américains d’intenter encore plus de poursuites contre le Canada. Le plus grave, peut-être, c’est que cet accord autorisait les États-Unis à garder 1 milliard de dollars en droits de douane illégalement perçus auprès des producteurs canadiens.
À l’époque, l’analyste de BMO Nesbitt Burns, Stephen Atkinson, a dit: « Pourquoi donner 22 % à la concurrence? [...] Cet argent appartient aux entreprises et à leurs actionnaires, et le gouvernement canadien le donne ».
Les Canadiens étaient furieux contre l’Accord de 2006. Lorsque les conservateurs l’ont présenté au Parlement sous la forme du projet de loi , le NPD l’a vertement dénoncé. Avec le recul, on peut dire sans se tromper que les conservateurs ont plié l’échine devant les intérêts américains. Aujourd’hui, il est impératif que les libéraux ne fassent pas la même chose.
Comme nous le savons, l’Accord de 2006 a été reconduit en 2012 et il vient d'expirer. Les libéraux se plaisent à reprocher aux conservateurs de ne pas avoir entamé de négociations en vue de la conclusion d’un nouvel accord. Il semble que les conservateurs n’ont fait aucun effort pour faire avancer ce dossier avant les dernières élections. L’actuel gouvernement doit toutefois assumer une part de responsabilité pour ne pas avoir conclu une nouvelle entente à temps. Depuis des mois, il fait allusion à des progrès qui ne se sont jamais concrétisés.
En mars dernier, selon Radio-Canada, le s’est vanté que son gouvernement allait résoudre cet irritant au cours des semaines ou des mois à venir. Force est de constater que les libéraux ont manqué à leur propre promesse de conclure une entente avant qu’il soit trop tard.
Au-delà de la question du bois d’oeuvre, le gouvernement ne semble pas avoir établi un plan pour l’industrie forestière. On ne trouve dans le budget fédéral aucune vision soutenant cette industrie importante dont dépendent des travailleurs partout au Canada. Le budget ne renouvelle pas non plus le financement du Programme d’innovation forestière, qui est venu à échéance plus tôt cette année.
Ce printemps, comme la disposition relative au statu quo arrivait rapidement à échéance, le comité du commerce international a entrepris une étude brève sur le bois d'oeuvre. Nous avons tenu deux séances, au cours desquelles nous avons entendu des témoins de la Colombie-Britannique, du Québec et des provinces de l’Atlantique. Les témoins étaient très fâchés de la situation dans laquelle le Canada se retrouve. Selon eux, l’accord sur le bois d'oeuvre de 2006 est mauvais et il a été mal négocié par les conservateurs.
Bien des gens admettent qu’une nouvelle entente d'encadrement du commerce sera moins coûteuse que des recours en justice. Cependant, il n’est pas normal que, malgré les multiples conclusions indiquant que le Canada n’enfreint pas la loi, nous continuions à conclure des ententes qui avantagent clairement l’industrie américaine. Un grand nombre des témoins désirent que le Canada et les États-Unis négocient un accord qui profiterait à toutes nos régions. Cependant, j’ai aussi entendu clairement des gens dire qu’ils ne veulent pas une autre mauvaise entente. Par exemple, le Québec a apporté de nombreux changements à ses pratiques forestières; une nouvelle entente devra tenir compte de ces changements ainsi que d’autres différences régionales. Nous ne pourrons pas accepter une solution unique qui s’appliquerait à toutes les régions.
Le comité n’a pas entendu l’opinion importante des représentants syndicaux. Les Métallurgistes unis, un syndicat qui représente environ 40 000 travailleurs forestiers, ont présenté plusieurs dispositions qu’ils veulent voir dans un nouvel accord sur le bois d'oeuvre et qui ne figuraient pas dans celui de 2006.
Le syndicat veut que l’on crée des fonds provinciaux destinés aux collectivités qui dépendent de l'industrie forestière. Ces fonds aideraient les travailleurs et les collectivités et contribueraient à assurer la santé des forêts. Le syndicat exige un accès équitable au marché américain du bois d’oeuvre et il s’oppose à la création d’un nouveau système de contingents. Il exige aussi que l’on garantisse aux producteurs canadiens le même accès au marché américain que celui dont jouiront les autres pays.
J’aime le point de vue des Métallos, parce que ce syndicat représente l’angle des travailleurs. Ces trois conditions procureraient aux travailleurs une meilleure sécurité d’emploi; elles renforceraient aussi l’industrie au lieu de l’affaiblir.
Dans son rapport final, le comité a présenté cinq recommandations au gouvernement. Il demandait au gouvernement de conclure une entente qui serve les intérêts supérieurs des Canadiens, de consulter les gros et les petits producteurs et de veiller à ce que la nouvelle entente tienne compte des différences régionales. Le comité a présenté son rapport à la Chambre au printemps, mais cet été, les gens se plaignaient encore du fait que le gouvernement ne faisait aucun progrès. En août, les membres du comité qui représentent l’opposition, dont je fais partie, ont demandé de rencontrer des représentants du ministère pendant l’été pour qu’ils nous disent où en est ce dossier.
Nous avons aussi demandé au gouvernement d’étendre ses consultations afin d’inviter autour de la table les intervenants qui avaient été exclus auparavant. Les libéraux ont rejeté notre proposition en affirmant de manière scandaleuse qu’une telle rencontre ne serait qu’une perte de temps.
Dans quelques mois à peine, les producteurs canadiens s'attendent à être frappés par des droits de douane américains d'environ 25 %. Des scieries seront fermées dans tous les coins du Canada. Des milliers d'emplois disparaîtront. Il est de la plus haute importance que le gouvernement conclue cet accord vite et bien. J'espère qu'il comprend la gravité de ces pertes d'emplois pour nos collectivités: des milliers de personnes n'auront plus de travail ni de salaire, et des familles se demanderont comment payer le loyer ou l'hypothèque.
Je viens du Sud-Ouest de l'Ontario et je puis affirmer que les gens d'Essex savent ce que représente la disparition d'un grand nombre d'emplois dans un secteur. C'est dur, les gens sont résilients, mais il est très difficile pour les familles et les collectivités de vivre des situations de ce genre. J'exhorte le gouvernement à agir dans l'intérêt des personnes dont les emplois sont en jeu. Cela veut dire obtenir un accord bénéfique et travailler en collaboration avec les collectivités qui seront touchées par une autre série de droits de douane.
Si le gouvernement libéral veut vraiment prendre le temps qu'il faut pour obtenir un bon accord, au lieu d'en signer un mauvais au plus vite, il a envers la population le devoir d'être plus ouvert et plus transparent quant à la façon dont il aidera l'industrie canadienne à surmonter la tempête commerciale qui s'annonce. Certains, dans l'industrie, veulent qu'il offre des garanties d'emprunt pour les aider à faire face à une nouvelle série de droits imposés par les États-Unis. Si ce soutien empêche la fermeture de scieries et la perte d'emplois, le gouvernement doit absolument l'accorder. Les Canadiens ont droit à des réponses de la part du gouvernement, et non à d'autres fausses promesses et paroles creuses au sujet de réunions et de consultations.
Le Nouveau Parti démocratique appuie la motion et demande instamment au gouvernement de mettre au sommet de ses priorités la conclusion d'un accord qui sert les intérêts des Canadiens.
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Monsieur le Président, je suis content d'être ici cet après-midi et de donner mon appui à cette motion, parce que je m'inquiète pour l'avenir du secteur forestier du Canada.
Je viens de la Colombie-Britannique, qui — comme la plupart des gens le savent — abrite certaines des plus magnifiques ressources forestières du monde. Qu'il s'agisse des cèdres et des pruches des forêts pluviales de la côte ou des vastes forêts de pins, de sapins et d'épinettes des zones intérieures, la Colombie-Britannique produit plus de la moitié du bois d'oeuvre du pays.
Le secteur forestier constitue un pan essentiel de l'économie britanno-colombienne depuis plus de 100 ans. De nos jours, c'est 12 milliards de dollars qu'il lui rapporte chaque année, sans parler des 2,5 milliards de dollars en recettes gouvernementales directes et des 145 000 emplois qu'il permet de créer seulement dans ma province. On parle de 1 emploi sur 16 en Colombie-Britannique. Quand j'étais jeune, c'était presque 1 emploi sur 2, mais le secteur a été durement éprouvé depuis quelques dizaines d'années.
L'Accord sur le bois d'œuvre résineux de 2006 a été conclu après un différend de plus de 20 ans entre les deux pays. Principale pomme de discorde: les États-Unis soutenaient que l'industrie forestière canadienne était subventionnée, étant donné les droits payés par les compagnies pour l'abattage d'arbres sur des terres publiques. Cette allégation a été rejetée maintes fois par des tribunaux américains et internationaux. Quelque 14 décisions juridiques rendues consécutivement entre 1982 et 2005 nous ont donné gain de cause. Malgré ces victoires, les actions de l'industrie américaine ont semé l'incertitude dans le marché d'exportation du bois d'oeuvre et entraîné des pertes de milliards de dollars pour l'industrie canadienne.
L'accord sur le bois d'oeuvre a rétabli un climat de certitude quant à l'accès aux marchés d'exportations et aux droits — certitude pour laquelle l'industrie canadienne a payé le prix fort. Les coûts supplémentaires, les quotas et, surtout, l'usure causée par les années de guerre commerciale avec les États-Unis ont entraîné la fermeture de nombreuses usines.
À Okanagan Falls, dans ma circonscription, la scierie Weyerhaeuser a fermé ses portes en 2007, ce qui a causé la perte de 200 emplois. La même année, l'usine Pope & Talbot de Midway a aussi mis fin à ses activités, mais, heureusement, l'entreprise Vaagen Brothers l'a rouverte après l'avoir dotée d'un nouvel équipement. Hautement efficace, l'usine transforme maintenant de plus petits billots de bois, lesquels sont plus faciles à obtenir dans le marché d'aujourd'hui. L'entreprise de bois d'oeuvre Atco à Fruitvale a cessé de produire du bois d'oeuvre pour axer ses efforts sur le placage et le contreplaqué, qui ne sont pas touchés par les quotas et les droits applicables au bois d'oeuvre. Les usines qui ont survécu dans ma circonscription tendent à une efficacité optimale. On s'efforce de faire parvenir les bons billots aux bonnes usines. Ce n'est pas toujours le cas, car le système est imparfait, mais les usines s'en tirent bien pour l'instant.
Comme c'est le cas ailleurs au Canada, les déchets de bois dans les scieries locales sont habituellement réduits en copeaux, puis envoyés à l'usine de pâte à papier locale — dans mon cas, c'est l'usine Celgar à Castlegar. Les scieries peuvent ainsi arrondir leur bénéfice net. Les usines de pâte à papier dépendent également de la production de ces copeaux. Il y a quelques semaines, un représentant d'une usine de pâte à papier a témoigné devant le comité des finances dans le cadre de consultations prébudgétaires tenues en Alberta. Il a déclaré que les usines de pâte à papier en Alberta seraient également touchées si les scieries locales fermaient en raison de l'inaction du gouvernement relativement à l'accord sur le bois d'oeuvre.
Lorsque je sillonne ma circonscription, je constate que l'industrie forestière fait preuve d'innovation et d'efficacité et que chaque usine se spécialise dans un domaine qui lui permettra de survivre et, je l'espère, de prospérer. Je suppose que c'est le cas partout en Colombie-Britannique et au Canada.
L'industrie se heurte à des difficultés de toutes parts, et l'une des principales difficultés, c'est l'incertitude. Lorsque j'interroge des représentants de l'industrie forestière au sujet d'un nouvel accord sur le bois d'oeuvre, ils conviennent que l'ancien accord offrait un certain degré de certitude et de stabilité au marché du bois d'oeuvre au Canada, mais qu'il ne protégeait pas, à certains égards, les intérêts canadiens dans le cadre de négociations commerciales injustes.
L'industrie forestière aimerait voir l'accord renouvelé, mais pas à n'importe quel prix. Elle ne veut pas d'un nouvel accord qui est encore plus punitif que le dernier, puisqu'il est évident que des droits compensateurs ne sont pas du tout justifiés sur le plan juridique. L'industrie reconnaît qu'il faut conclure un accord pouvant s'adapter aux besoins et aux circonstances des différentes régions du Canada.
Le gouvernement libéral a promis d'agir rapidement dans ce dossier. Il a dit à plusieurs reprises que ces négociations démontrent que tout va bien lorsque le président des États-Unis s'entend bien avec le . Or, il n'a pas tenu ses engagements, et l'industrie forestière canadienne est évidemment inquiète pour son avenir. Il nous faut un nouvel accord. Le gouvernement peut et doit offrir davantage à l'industrie forestière que ce simple accord sur le bois d'oeuvre.
L'industrie a travaillé fort, notamment en Colombie-Britannique, pour ouvrir de nouveaux marchés à nos produits du bois d'oeuvre. Elle a élaboré de nouveaux produits du bois novateurs et de nouvelles façons d'intégrer le bois aux immeubles. Le gouvernement fédéral aiderait grandement l'ensemble de l'industrie forestière canadienne s'il mettait en place une politique qui accorde la priorité au bois comme matériau utilisé dans les projets de construction du gouvernement.
Dans ma ville, Penticton, il y a une entreprise appelée Structurlam qui construit d'énormes poutres en lamellé-collé servant d'éléments structurels pour les grands immeubles. Elle fabrique aussi du bois lamellé-croisé qui, conjugué aux poutres, permet la construction de très grands immeubles sans acier ni béton. L'entreprise vient de terminer la construction d'un bâtiment de 18 étages à l’Université de la Colombie-Britannique. La résidence Brock Commons est le plus haut bâtiment en bois du monde et, puisque les parties ont été construites à l'extérieur du site, sa construction n'a pris que 66 jours. Dans le cadre du projet de l’Université de la Colombie-Britannique, on a utilisé 1,7 million de pieds-planche de bois d'oeuvre de la Colombie-Britannique. Structurlam obtient son bois à l'échelle locale, dans des scieries comme Kalesnikoff à Castlegar. Les avantages sont donc nombreux.
Si nous pouvions soutenir les marchés intérieurs de cette façon, cela pourrait aider véritablement l'industrie forestière canadienne et nous protéger partiellement contre les vicissitudes politiques des négociations commerciales avec les États-Unis.
Malgré les difficultés qu'elle éprouve depuis une trentaine d'années, l'industrie forestière de la Colombie-Britannique est toujours bien vivante, et elle revêt encore une grande importance pour l'économie de la province et du pays. Toutefois, elle doit relever d'énormes défis, soit un avenir caractérisé par une baisse de l'approvisionnement en bois, un nombre plus fréquent d'incendies de forêt catastrophiques et d'épidémies d’insectes à cause des changements climatiques, une incertitude croissante au sujet de la demande de produits du bois et une hausse des coûts associés aux différends commerciaux avec les États-Unis.
Nous voulons que le gouvernement fasse tout ce qui est en son pouvoir pour appuyer l’industrie forestière. Nous avons besoin d’un nouvel accord sur le bois d’œuvre qui soit juste et adapté aux besoins de toutes les régions du pays, un accord qui offre des certitudes à l’industrie. L’avenir de la Colombie-Britannique et de centaines de milliers de Canadiens de tout le pays en dépend.
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Monsieur le Président, je vais partager mon temps de parole avec le député de .
Il est troublant que nous en soyons aujourd'hui à un point où 400 000 emplois seront menacés au Canada, cet hiver, et non pas les 200 000 emplois que la ministre disait être en jeu. C'est environ 650 collectivités qui vivent dans l'incertitude quant à leur avenir parce que les libéraux ont décidé de ne pas réfléchir sérieusement à la possibilité d'avoir un accord sur le bois d'oeuvre.
En examinant les priorités de la ministre et la lettre de mandat qu'elle a reçue lorsqu'elle est entrée en fonction, on n'y trouve aucune mention du bois d'oeuvre. Lorsque nous avons parlé du bois d'oeuvre au comité et avons dit que nous devions nous réunir de toute urgence pour en discuter et voir où le dossier en était, la députée du Québec a qualifié une telle réunion de gaspillage de temps et d'argent. Voilà qui illustre l'attitude du gouvernement libéral envers le secteur forestier et l'ensemble des emplois qui dépendent des ressources naturelles. Son mépris pour ce secteur est évident. Le fait qu'il n'en ait pas fait une priorité est très décevant.
Le parle de sa relation privilégiée avec le président Obama. Cette relation lui a valu un dîner à la Maison-Blanche et toute une série de séances de photos avec le président. Elle a attiré le président ici; en juin, ils ont donné libre cours à leur « bromance » près du fauteuil de la présidence. Mais si cette relation est tellement privilégiée, le premier ministre n’aurait-il pas pu dire: « Vous savez quoi? J’ai besoin de cet accord, Monsieur le président. » Il aurait pu le faire en juin. Nous n’aurions alors pas ces incertitudes dans le secteur à l’arrivée de la saison hivernale. Mais il a choisi de ne pas le faire. Je pense qu’il a pris son temps et qu’il a décidé d’avoir une séance de photos au lieu de s’asseoir et de parler sérieusement de cette tâche à accomplir compte tenu de son importance pour les Canadiens.
Je tiens à rappeler à la Chambre que le gouvernement précédent n’a pas seulement conclu les négociations dans les trois mois qui ont suivi son arrivée au pouvoir en 2006, mais a également renégocié l’entente en 2013, avec deux présidents différents. Les libéraux prétendent que le gouvernement précédent avait de mauvaises relations avec les États-Unis; en réalité, le gouvernement précédent a pu tirer parti de ces relations et accomplir des choses pour les travailleurs canadiens. Aujourd’hui, il y a cette présumée « bromance » dont il n’y a aucun profit à tirer.
Je sais que les libéraux aiment traiter avec leurs amis. L’histoire du Parti libéral le montre clairement. Il suffit de penser, entre autres, au rapport Gomery. Toutefois, les libéraux ne se rendent pas compte que les négociations à l’échelon international se mènent comme les négociations entre entreprises, que nous devons prendre ces choses au sérieux et que l’amitié prend fin au moment de prendre place à la table des négociations, comme notre collègue l’a dit aujourd’hui lors d’une conférence de presse. Toutefois, ils ne semblent pas le comprendre. Ils ne comprennent pas ce qui est en jeu et ce qui est important.
Le gouvernement précédent a d’autres réalisations à son actif: le plan d’action Par-delà la frontière de 2011 pour améliorer la circulation transfrontalière des marchandises et des voyageurs légitimes, un dossier qui a besoin de plus de coopération pour continuer à progresser; le dialogue Canada–États-Unis sur l’énergie en 2009 pour renforcer la coopération bilatérale et le développement des technologies d’énergie propre; l’élargissement du programme Nexus pour faciliter le passage à la frontière de voyageurs préautorisés; le pont Gordie-Howe. Il y a de nombreux exemples de succès enregistrés par le gouvernement précédent lorsqu’il traitait avec Washington, tant avec les démocrates qu’avec les républicains, mais cette « bromance » ne débouche sur rien sinon sur des séances de photos.
Ce dossier a des répercussions substantielles dans ma circonscription; je pense à l’usine de Carrot River, par exemple. Cette usine a été agrandie. Des millions de dollars ont été consacrés à un réaménagement de la chaîne de production. Elle rendait un peu de stabilité à une petite ville où l’exploitation forestière est très importante. Je dois maintenant retourner voir ces travailleurs et leur dire que les libéraux n’ont pas essayé de négocier un accord avant la dernière minute et que je ne peux leur donner aucune assurance pour l’avenir. Je dois aller dire à quelqu’un qui a 10 camions et qui a probablement des millions de dollars d'investis dans de l’équipement que je ne sais pas ce que l’avenir nous réserve. Je dois aller dire aux employés de cette scierie que les libéraux ne se sont pas acquittés de la tâche et que je ne sais pas ce que l’avenir leur réserve. Ce sont des familles. Ce sont des gens qui, à l’approche de Noël, ne sauront pas combien ils peuvent consacrer aux cadeaux de leurs enfants. Ce sont des gens qui investissent dans des tronçonneuses, des pièces et des services dans la collectivité dans son ensemble. Ils ne savent pas ce qu’ils peuvent ou ne peuvent pas faire maintenant, parce qu’il n’y a pas de stabilité sur le marché.
J’étais à Prince Albert quand l’usine a fermé. C’était à l’époque du vieux conflit commercial en 2004 et 2005, quand l’usine de pâte et la scierie ont fermé. L’effet sur la collectivité a été dévastateur. S’il n’y avait pas eu Fort McMurray et la croissance dans ce secteur, les répercussions auraient été encore plus grandes et Prince Albert ne serait pas la ville qu’elle est aujourd’hui.
Nous pouvons nous pencher sur le secteur des ressources et voir combien il est important pour notre économie. Le mépris que les libéraux lui témoignent et leur incapacité à obtenir des résultats, qu’il s’agisse de l’accord sur le bois d’œuvre ou de la construction d’un pipeline jusqu’aux côtes, sont le signe qu’ils ne comprennent pas l’importance de ce secteur.
Les libéraux ont invoqué l’excuse de l’élection et du climat de protectionnisme. Les conservateurs ont négocié la dernière entente de prolongation en 2012 pendant une campagne électorale présidentielle. Les mesures protectionnistes n’ont rien de neuf dans les négociations avec les États-Unis. Nous devons y faire face quand elles surgissent. Nous nous souvenons d'avoir traité à la Chambre de la mesure Achetez américain; nous avons dû régler ces problèmes à mesure qu’ils surgissaient. Les conservateurs les ont réglés.
L’étiquetage indiquant le pays d’origine est un autre exemple. Nous sommes parvenus à régler ces problèmes quand nous étions au pouvoir. Il a fallu travailler dur pour dégager un consensus avec nos partenaires américains, mais nous l’avons fait, ensemble.
Prenons l’étiquetage indiquant le pays d’origine et les moyens déployés pour parvenir à un résultat correspondant à nos besoins, ce n’était pas seulement un litige. Il s’agissait en fait de collaborer avec des professionnels qui partageaient les mêmes convictions, des industries et des intervenants qui comprenaient l’importance d'avoir des exportations de bœuf canadien, l’importance du consommateur et l’importance de forger des alliances avec des groupes de ce genre aux États-Unis pour exercer une pression politique sur le Congrès afin de réclamer un changement. C’est ce que nous avons fait.
J'ai une autre préoccupation concernant le gouvernement, c’est le secret qui entoure les négociations. Quand je demande aux intervenants des industries ou des provinces ce qui est négocié, proposé ou offert, ils ne le savent pas et ne peuvent me répondre parce que le gouvernement ne les met pas au courant. À mon avis, ils pourraient signer une entente de confidentialité qui leur permettrait à tout le moins de savoir ce qui est négocié, mais cette option n’est même pas offerte.
Essentiellement, la ministre négocie en secret, en privé, avec seulement quatre grands acteurs qui ont un intérêt des deux côtés de la frontière. En quoi cela est-il juste pour les petits acteurs du secteur, les petites entreprises forestières du Canada? En quoi cela est-il juste pour les ministres provinciaux qui ne savent rien? Pourquoi faut-il aller soutirer des renseignements aux États-Unis à propos du contenu de l’accord? C’est tellement décevant.
Comment le Parlement parvient-il à fonctionner sans connaître ce qu’il y a dans l’accord? J’encourage à nouveau la ministre à se présenter au Parlement pour expliquer ce que le gouvernement propose et ce qui est mis de l’avant, pour présenter les chiffres et préciser si elle prévoit un système de quotas dans la proposition ou une exemption fiscale ou un système d’imposition comme la taxe dans les prix. Qu'en est-il?
Il y a des questions que le comité aurait pu régler cet été. Ces questions auraient aidé le gouvernement à faire progresser notre secteur et à conclure l’accord. Il croyait cependant que c’était un gaspillage de temps et d’argent.
Je vous prie de me pardonner si je ne prends pas le gouvernement au sérieux quand il affirme prendre cela au sérieux. Je vous prie de me pardonner si quand je regarde les députés d'en face, je constate que les priorités du sont ailleurs et non sur le règlement de ce dossier, car je ne crois pas en lui, et les travailleurs de l’industrie forestière canadienne non plus.
Jetons un coup d’œil aux emplois en jeu. Je pense à Carrot River, Big River, Meadow Lake, et j'envisage le secteur dans son ensemble. C’est un secteur très soudé. Si une pièce tombe, il y a un effet domino sur les autres secteurs. Par exemple, avec la fermeture de l’usine à pâte à The Pas, Carrot River ne pourra soudainement plus acheminer ses copeaux à The Pas. Que fera-t-elle avec ces copeaux? Il fallait aller à Hudson Bay ou ailleurs.
Si la scierie disparaît de Carrot River, comment Hudson Bay, qui partage une entente de gestion forestière avec la compagnie à partir de Carrot River sur le bois franc, obtiendra-t-elle son bois franc? Quand il y a coupe de bois franc, il y a coupe de bois résineux. C’est un effort coordonné, pour que la récolte se fasse dans les règles de l’art.
Comme on peut le constater, quand l’une des pièces tombe, l’effet de domino se fait ressentir dans le secteur, non seulement dans celui du bois résineux, mais aussi dans celui du bois franc, de l’aggloméré et des pâtes et papiers. Tout le secteur est ébranlé. Le groupe n’est plus viable.
Je ne soulèverai pas la question de la taxe sur le carbone. Je ne parlerai même pas des conséquences d’une telle taxe sur le secteur. Encore une fois, nous parlons de 11 cents le litre ou de 45 cents le litre et des répercussions que cela a sur le prix du diesel. Tous ces produits forestiers sortent de la forêt par camion. Ils doivent faire concurrence au monde entier, y compris nos concurrents américains et d’autres marchés qui n’ont pas de taxe sur le carbone et qui n’en auront pas. Pourtant, on s’attend à ce que ce soit nous qui payions la note.
En fait, lorsque nous examinons le secteur forestier, ce qui est tellement ironique, c’est que ces arbres séquestrent autant de carbone. C’est incroyable. On parle d’une tonne par mètre, si j’ai bien compris. Si nous basions nos calculs sur une acre, nous pouvons voir la quantité de carbone capté par notre secteur forestier. Lorsqu’on coupe un arbre et qu’on en plante un autre, cela permet de séquestrer encore plus de carbone.
Pour conclure, il s’agit d’une question que le gouvernement devait prendre au sérieux. Il ne l’a pas fait. Par conséquent, aucune entente n’a été conclue. Si les libéraux pouvaient faire une chose dès maintenant, ce serait d’appliquer une suspension de procédures. Ils pourraient dire que pendant qu’ils négocient, aucune activité illégale ne devrait se dérouler dans l’ombre, afin qu’aucun droit ne soit imposé pour l’instant.
Voilà certaines des mesures qu’ils pourraient prendre à ce stade pour stabiliser le marché, du moins pour cette année. La meilleure chose qu’ils puissent faire, c’est de conclure un bon accord. Toutefois, pour y parvenir, ils doivent être à la table et comprendre les répercussions de leurs décisions. Je ne pense pas qu’ils soient sérieusement à la table et je ne pense pas qu’ils comprennent réellement les conséquences.
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Monsieur le Président, pour moi, c'est aujourd'hui un devoir de prendre la parole sur ce sujet. Depuis que je suis arrivé à la Chambre en 2007, je me suis toujours fait un devoir de bien représenter l'économie forestière de toutes les régions du pays, du Nord de la Colombie-Britannique jusqu'aux régions de l'Atlantique, pour faire en sorte de protéger les milieux de vie, car l'industrie forestière représente souvent les seuls emplois disponibles dans ces communautés.
On m'a toujours dit qu'on jugeait davantage les gens sur ce qu'ils font que sur ce qu'ils disent. On peut dire beaucoup de choses, mais il faut examiner les faits et les résultats. Un projet de loi, visant à abolir le titre de ministre de l'Agence de développement économique pour les régions du Canada, a été déposé récemment. Ils ont aboli le titre de lieutenant politique des régions. Je comprends: ils ne veulent pas de chialage de la part des régions. En effet, personne ne va parler pour défendre sa région, parce qu'il va se faire taper sur les doigts.
Souvent, le seul ministère qui tenait le mât du drapeau canadien dans les régions du Québec était celui du Développement économique. Les gens ne voient jamais d'autres ministres ou souvent pas d'autres fonctionnaires du gouvernement fédéral. On va maintenant abolir le ministère du Développement économique. Peut-être que si les scieries dont on parle aujourd'hui n'étaient pas situées à Rivière-aux-Rats, à Port-Cartier, à Girardville ou à Saint-Thomas-Didyme, dans mon comté, et qu'elles étaient plutôt installées à Montréal, à Toronto, à Vancouver ou à Winnipeg, on en aurait entendu parler pas mal plus tôt.
Aujourd'hui, la situation touche 400 000 emplois un peu partout au pays, dans des régions où il y a moins de votants. Toutefois, pour nous, c'est important de garder toutes les régions du pays en santé sur le plan économique et capables d'avoir des emplois pour les gens.
Notre parti a accédé au pouvoir en 2006, et je suis arrivé en septembre 2007. Le gouvernement n'avait vraiment pas besoin de moi pour régler le dossier du bois d'oeuvre, parce qu'il l'avait déjà fait. À l'arrivée au pouvoir du gouvernement conservateur en janvier, après 10 ans d'inaction de la part d'un gouvernement libéral, quelle était la situation? Il y avait de 27 à 37 % de droits d'exportation et 6 milliards de dollars gelés dans une guerre commerciale avec les États-Unis. Nous avons réglé cela en trois ou quatre mois. En avril, c'était réglé. Nous avons rapporté 5 des 6 milliards de dollars.
On dit que le Canada a laissé 1 milliard de dollars aux États-Unis, mais on oublie de dire que nous avons rapporté 5 milliards de dollars. Nous avons rapporté 5 des 6 milliards de dollars qui étaient sur la table, et nous les avons redonnés à l'industrie forestière. Nous avons eu une entente et 10 ans de paix et de stabilité.
Bien sûr, l'ancien ministre avait commencé à travailler sur ces dossiers. Il avait commencé à discuter, mais pas à négocier. Il avait lui aussi fait le tour de nos partenaires canadiens. Ce n'est pas vrai ce que j'ai entendu tout à l'heure: nous avions commencé à travailler pour préparer la table à d'éventuelles négociations. Nous étions résolument orientés vers cela.
Dans l'histoire, quand nous cherchons quel parti ou quel gouvernement a réglé des dossiers d'accords commerciaux à l'échelle mondiale, ce n'est pas le gouvernement actuel, c'est plutôt notre ancien gouvernement et celui de Brian Mulroney.
Quand il est temps de conclure des accords commerciaux, les libéraux sont toujours plus frileux et il faut faire attention. Nous, nous avons foncé, nous avons ouvert des portes et nous avons réglé cet accord pour 10 ans.
Comme le disait mon confrère tantôt, on parle de bois d'oeuvre, mais ceux qui connaissent bien la forêt savent très bien qu'il faut d'abord couper les arbres puis les ébrancher, les mettre sur des camions, et les descendre aux usines de sciage qui, après les avoir débités, produisent des résidus qui vont dans des usines de deuxième et troisième transformation qui font des sommiers, des matelas et bien d'autres choses. Les copeaux s'en vont dans des usines pour faire des pâtes et papiers. Tout cela va être mis à risque. Ce n'est pas juste l'usine de bois d'oeuvre qui va être à risque, c'est toute la chaîne d'approvisionnement de l'industrie forestière, du camionneur à l'équipementier qui vend l'équipement pour couper le bois ou le transformer.
Le gouvernement est là depuis un an et il dit qu'il n'a pas eu assez de temps pour agir. C'est toujours la faute du méchant ancien gouvernement conservateur qui n'a pas fait le travail. Les libéraux voulaient être au gouvernement. Ils y sont. Il faut maintenant qu'ils remplissent leurs engagements. C'est leur responsabilité de conclure une entente pour l'ensemble de l'économie qui est présentement touchée par cela.
Nous comprenons aussi que l'entente avec les Américains doit être avantageuse pour le pays et pour toutes les régions du pays. Nous sommes bien d'accord, parce que c'est ce que nous avons fait en 2006.
Aujourd'hui, quand on me dit qu'on doit avoir un bon accord pour l'ensemble du pays, je dis que nous l'avons fait.
Qu'est-ce qui est en jeu actuellement? Lorsque nous nous sommes entendus en 2006, les provinces avaient le choix de choisir des pourcentages sans quota, une exportation ouverte, comme la Colombie-Britannique l'a fait. C'était entre 5, 10 et 15 %, selon le prix de vente de mille pieds de bois. C'est comme cela que la mesure était faite. Le prix pouvait varier et, par ricochet, le pourcentage d'exportation changeait aussi.
C'était 5, 10 ou 15 %. Maintenant on dit que, s'il n'y a pas d'accord — j'espère qu'il y en aura un — c'est 25 % de coûts d'exportation. Ce sera des centaines de millions dollars qui vont aller sur la table pour des coûts d'exportation, au lieu d'être consacrés aux emplois et aux gens qui travaillent déjà dans ce secteur.
Nous avons bien lu le communiqué de presse qui disait qu'on poursuivait les négociations et qu'on souhaitait conclure une entente. J'espère qu'on y arrivera.
La province canadienne qui exporte le plus de bois aux États-Unis, c'est la Colombie-Britannique. Statistiquement parlant, les preuves sont là. Quant à lui, le Québec occupe le deuxième rang. Ce qui est encore plus important, d'autant plus que 40 députés libéraux viennent des régions du Québec, c'est que le Québec exporte environ 48 % de ses produits de bois d'oeuvre. Autrement dit, la moitié de ses deux par quatre vont aux États-Unis. De ces 48 %, 98,5 % du bois exporté du Québec va vers les États-Unis. On comprend donc la grande importance de cet accord. Voilà pourquoi l'ensemble de l'industrie forestière du Québec est très nerveuse aujourd'hui. On comprend la situation.
Aujourd'hui, cela prend beaucoup de courage, et je souhaite que mes collègues de l'autre côté en aient. J'aimerais qu'on se penche sur ce dossier et qu'on ait une entente bonne pour tout le pays, et ce, en respectant les particularités des régions. Le Québec a changé sa façon d'attribuer le bois: 75 % du bois reste public et 25 % du bois est mis à l'enchère, tel que dans plusieurs États américains.
Nous souhaitons que les particularités de toutes les régions du pays, qu'il s'agisse des provinces de l'Atlantique, du Québec ou de l'Ouest canadien, soient reconnues et qu'on en arrive à une entente négociée, au lieu d'aller en cour avec nos partenaires. Bien sûr, nos relations avec les États-Unis, comme on le prétend, se sont réchauffées. Effectivement, c'est beau, les grands dîners et les accolades, mais qu'en est-il des emplois, des résultats et des salaires pour ces gens-là?
D'ailleurs, pourquoi parle-t-on de créer des emplois? Il y a déjà 400 000 emplois qui dépendent de cette entente. Avant d'en créer d'autres, gardons ceux qu'on a. Présentement, il y a de bons emplois dans ce secteur. C'est le devoir du gouvernement d'en arriver à une entente rapidement pour que ces travailleurs aient une certitude par rapport à leur emploi.