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Monsieur le Président, je suis heureux de poursuivre le discours que j'avais commencé vendredi dernier sur le projet de loi . Cela va me donner l'occasion de rappeler des éléments clés dont j'ai discuté vendredi dernier au profit des gens qui sont très intéressés par ces changements législatifs, qui nous touchent directement dans chacune de nos régions au pays.
Tout d'abord, ce qui nous a été présenté, c'est le projet de loi . On doit admettre qu'un tel titre de projet de loi ne nous dit pas grand-chose, et c'est justement ce dont je vais parler. Ce que je veux essayer de mettre en évidence aujourd'hui, c'est que le gouvernement libéral est plus dangereux dans ce qu'il ne dit pas que dans ce qu'il dit, et c'est effectivement assez flagrant dans le projet de loi .
Au bénéfice des gens qui nous regardent, on aurait pu appeler ce projet de loi comme suit: loi abolissant les ministres responsables des agences régionales de développement économique et centralisant toutes les décisions de développement économique régional en un seul endroit au Canada. Pour ce projet de loi, ce titre aurait été vraiment réaliste. Il aurait parlé aux Canadiens comme — je le pense aussi — à mes collègues, députés d'en face, qui auraient vu là un geste vraiment inacceptable pour les différentes régions du Québec.
Pour revenir au projet de loi , dans les projets de loi, il y a toujours des sommaires qui nous disent exactement ce que le projet de loi est censé faire. Dans le sommaire du projet de loi , on dit:
[Le texte] modifie la Loi sur les traitements pour autoriser le paiement [...] de traitements pour huit nouveaux postes de ministre. Il autorise le gouverneur en conseil à désigner des ministères pour fournir un soutien aux ministres qui occupent ces postes et autorise ces derniers à déléguer leurs attributions à des dirigeants ou à des fonctionnaires des ministères désignés.
C'est, en résumé, ce qu'on nous dit.
Dans le sommaire, on ne parle pas beaucoup du paragraphe 2(1) qui dit que « les alinéas 4.1(3)s) à t.4) de la même loi sont abrogés ». Or ces articles concernent les ministres responsables des agences de développement régional. On trouve cela et c'est tout petit, mais tout à coup, par magie, on fait disparaître des ministres, des ministres que ce gouvernement n'a pas cru bon nommer d'ailleurs.
En effet, pour ce gouvernement, à quoi cela sert-il d'être présent dans chacune des régions du Québec, du Canada ou de l'Ouest? Cela ne sert absolument à rien quand une seule personne de Mississauga est capable de prendre toutes les décisions concernant tous les projets de développement économique d'un océan à l'autre océan et à l'autre océan. Voilà le vrai problème. Ce n'était donc pas dit.
Encore une fois, il faut se méfier de ce que ce gouvernement ne dit pas, parce que c'est dans ce qu'il ne dit pas qu'on trouve les plus grands problèmes, et c'est ce qui va coûter le plus cher aux Canadiens et Canadiennes. Il ne faut pas être surpris des très piètres résultats de ce gouvernement en matière de développement économique et de création d'emplois depuis un an.
Si on se demande ce qui se passe, c'est parce qu'il n'y a plus de ministre responsable du développement économique dans chacune des régions du Québec. Comment veut-on que les députés d'un côté ou de l'autre de la Chambre puissent parler à quelqu'un des difficultés économiques de leur circonscription, de leur région ou de leur municipalité? À qui doit-on parler?
Les 338 députés ici présents doivent obtenir un rendez-vous avec le seul et unique ministre responsable du développement économique pour pouvoir parler de leurs dossiers, sinon on va parler à quelqu'un de son cabinet. Néanmoins, on va avoir beaucoup de difficulté à parler de nos problèmes, parce que les problèmes qui surviennent dans nos régions ne les intéressent pas.
À preuve, le dossier du lait diafiltré est un des meilleurs exemples. À l'époque, on aurait pu aller voir notre ministre responsable du développement économique régional et lui parler de tous les problèmes que cela pose pour la région et ses petites et moyennes entreprises, que sont les fermes laitières, parce que ce ne sont pas que des fermes. Quand on vit dans des régions comme la mienne, il faut comprendre qu'un producteur laitier, c'est une PME qui fait vivre sa famille, des employés, le dépanneur du village, le vendeur de tracteurs ou de camions, etc.
Cela a un effet très important sur notre économie locale. De plus, il n'y a pas qu'une seule ferme. Il y en a 10, 12, 100, 200 et même 300 par circonscription. On laisse traîner le problème et on nous dit, de fois en fois, qu'on va régler le problème et que, éventuellement, quelqu'un va s'en occuper.
Le a annoncé aujourd'hui une nouvelle politique agricole à venir. Il ne s'agit pas de quelque chose qui est fait, mais de quelque chose qui reste à venir. Toutefois, aujourd'hui, il n'y avait pas un mot sur le dossier du lait diafiltré. Pourtant, c'est lui qui nous a dit, en mai ou en juin, de ne pas nous inquiéter parce qu'il y aurait une rencontre avant l'été et qu'on trouverait une solution.
Le mois de novembre est à nos portes. Avant le mois de novembre, il y a ce qu'on appelle l'Halloween, le 31 octobre. C'est la date où on fait peur aux gens. Dans ce cas, on n'a pas attendu l'Halloween pour faire peur aux gens avec le lait diafiltré. Cela fait un an que nous leur en parlons et que nous leur disons que le problème existe et qu'il nuit aux fermes laitières dans les régions, nos PME.
Que va-t-il arriver à l'Halloween? On va passer l'Halloween et on va essayer de récolter quelques bonbons, mais les producteurs laitiers de ma circonscription ne pourront même pas donner de bonbons aux enfants. Ce n'est pas compliqué, ils n'en auront pas le moyen. C'est triste.
Quant au dossier du bois d'oeuvre, cela touche des milliers d'emplois, dont des centaines dans ma circonscription et des centaines dans les circonscriptions de mes collègues. Dans les circonscriptions de beaucoup de députés d'en face, des scieries sont directement affectées par la situation actuelle, par les négociations qui ne fonctionnent vraiment pas avec les États-Unis parce qu'on n'a pas la volonté de régler ce dossier. Pourquoi cela ne fonctionne-t-il pas? Qui se lève au sein du Cabinet pour parler des problèmes économiques des différentes régions? Il n'y a plus de ministres du développement économique.
Non seulement le projet de loi dit qu'il n'y en a plus, mais il dit aussi qu'il n'y en aura plus jamais. C'est vraiment inquiétant.
Parce qu'il s'agit d'un nouveau gouvernement, ces gens-là ne sont pas vraiment au courant de ce que faisaient les ministres régionaux. Que fait un ministre responsable d'une agence de développement économique? Je vais me référer directement au site de Développement économique Canada pour expliquer ce que fait une agence de développement régional. Il y a six agences de développement régional dans tout le Canada, qui représentent chacun des territoires du Canada.
Les agences de développement régional dans tout le Canada aident à relever les défis économiques importants en offrant des programmes et des services adaptés à chaque région ainsi que des sources de connaissances et de savoir-faire pour : renforcer les avantages et les forces économiques des régions et des localités; soutenir la croissance, la productivité et l'innovation des entreprises; aider les petites et moyennes entreprises à se montrer concurrentielles sur les marchés mondiaux; fournir une aide à l'adaptation en périodes de ralentissement et de crise économique; soutenir les collectivités.
Plus loin, on explique:
Chaque agence de développement régional apporte une perspective régionale stratégique à l'appui du priorités nationales en fournissant des renseignements sur l'économie d'une région afin d'étayer les prises de décision à l'échelle nationale.
Je vais le répéter, car c'est important, en ajoutant les mots « ministre responsable » pour nous mettre dans le contexte d'un cabinet de ministre. Nous obtenons donc:
Chaque [ministre responsable d'une] agence de développement régional apporte une perspective régionale stratégique à l'appui du priorités nationales en fournissant des renseignements sur l'économie d'une région afin d'étayer les prises de décision à l'échelle nationale.
C'est cela, le problème. Plus personne, au Cabinet, n'est capable d'apporter une perspective régionale quand vient le temps de prendre une décision nationale. Quel est le résultat de cela? On parle de consultations sur à peu près tout, parce que pas un seul ministre n'a pris le temps de consulter les gens de sa région. Pas un seul ministre n'est au courant du développement économique de sa propre région. Pas un seul ministre n'est capable de parler au Cabinet des répercussions des mauvaises décisions nationales, parce qu'il n'y a plus de ce genre de ministre.
J'ai beaucoup de respect pour le actuel. Imaginons! Un seul homme doit prendre les décisions concernant le développement économique pour toutes les régions du Canada.
J'ai été maire de Thetford Mines pendant sept ans. Thetford Mines est une petite ville de 26 000 habitants.
Dans cette ville, il y a huit quartiers. Il y en avait même dix à l'époque. Or les priorités de chacun des conseillers municipaux n'étaient pas les mêmes. Aussi étonnant que cela puisse paraître, nous avions besoin d'un représentant dans chacun des quartiers pour que, autour de la table du conseil, il nous donne son opinion sur le développement de notre ville. Nous étions 26 000 habitants. À l'échelle du Canada, nous sommes beaucoup plus nombreux. Il y a des régions différentes, l'économie est différente et on se retrouve avec une seule personne pour défendre l'ensemble des régions du Canada autour de la table du Conseil des ministres, autour de la table du Cabinet.
En conclusion, en prenant une telle décision, le gouvernement en place arrive à des résultats comme ceux-là. L'économie stagne. Malgré toutes les dépenses du gouvernement actuel, la Banque du Canada, le FMI, l'OCDE ont revu leurs prévisions à la baisse pour le Canada pour cette année et l'année prochaine. Les bons emplois sont rares. La grande majorité des nouveaux emplois créés sous les libéraux sont des emplois à temps partiel. Pendant ce temps-là, le coût de la vie augmente. C'est difficile pour les Canadiens d'acheter une maison et les nouvelles règles fédérales annoncées vont faire en sorte qu'encore moins de gens vont acheter des maisons.
L'économie passe par les régions, passe par les petites et moyennes entreprises de chacune des régions. Est-ce que le gouvernement actuel va le comprendre? Va-t-il changer sa position sur le projet de loi et va redonner à nos régions un ministre régional pour qu'enfin on puisse créer de l'emploi, des vrais emplois durables dans les PME de nos régions et du Canada?
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Monsieur le Président, je prends la parole pour prendre part au débat sur la deuxième lecture du projet de loi , qui modifierait la Loi sur les traitements afin que celle-ci reflète mieux les réalités actuelles.
Les priorités gouvernementales évoluent, et donc, les dossiers assignés aux ministres qui forment le Cabinet évoluent aussi. À titre d'exemple, rappelons-nous les ministres de sir Wilfrid Laurier. Les honorables députés constateront que le nom de nombreux dossiers ainsi que les responsabilités qui en découlent ont évolué au fil du temps. Le gouvernement Laurier avait un ministre des Chemins de fer et des Canaux. Nous avons un ministre des Transports chargé de nombreux autres modes de transport. Le gouvernement Laurier avait un ministre des Postes, alors qu'aujourd'hui ces questions relèvent de la ministre des Services publics et de l'Approvisionnement. Le gouvernement Laurier avait un ministre de l'Intérieur et un surintendant général des affaires indiennes. Ce ministre était entre autres chargé de promouvoir l'immigration vers les Prairies. Les nombreuses responsabilités de ce ministre ont depuis été attribuées à d'autres portefeuilles, entre autres, au ministre de l'Immigration, des Réfugiés et de la Citoyenneté.
En fait, pour répondre aux besoins changeants de l'époque, le gouvernement Laurier a nommé à son Cabinet le tout premier ministre du Travail, un jeune William Lyon Mackenzie King. De plus, trois postes n'étaient pas considérés comme faisant partie intégrante du Cabinet: le solliciteur général, le contrôleur des douanes et le contrôleur du revenu intérieur. Nous constatons donc dans les faits à quel point les priorités évoluent. Un premier ministre doit disposer de la latitude nécessaire pour rester à l'affût de ces changements et modifier les ministères en conséquence. Lorsque les membres du Cabinet ont été assermentés, le 4 novembre 2015, cinq ministres ont été nommés conformément aux dispositions de la Loi sur les départements et ministres d'État. Néanmoins, ces ministres ont prêté le serment d'office en tant que ministres de plein exercice, avec tous les droits et tous les pouvoirs qui s'y rattachent, y compris le salaire, depuis la première journée de la formation du présent gouvernement.
L'ajout de ces nouveaux titres à la Loi sur les traitements témoigne des priorités d'aujourd'hui, comme les ministres de Laurier témoignaient de la réalité de son époque. Laurier était le premier Canadien français à devenir premier ministre. Il a fait valoir que la dualité linguistique du Canada pouvait faire du pays un acteur clé sur la scène internationale. Aujourd'hui, nous sommes fiers de faire partie de l'Organisation internationale de la Francophonie. En plus de ses responsabilités en tant que ministre du Développement international, la ministre de la Francophonie s'emploie à affirmer l'engagement ferme et durable du Canada envers les 80 gouvernements et États membres de la Francophonie. Ensemble, nous représentons plus du tiers des États membres des Nations unies et une population totale de plus de 890 millions de personnes, dont 220 millions de francophones.
La ministre de la Petite Entreprise et du Tourisme représente aussi une priorité qui n'existait pas à l'époque de Laurier, lorsque le Canada était principalement un pays agricole. De nos jours, les petites entreprises constituent l'épine dorsale de l'économie canadienne. Elles créent des emplois, elles appuient les collectivités et elles servent de tremplin pour permettre aux plus beaux talents de créer des entreprises de calibre mondial. La ministre de la Petite Entreprise et du Tourisme aide ces gens à s'épanouir et à contribuer à l'essor de l'économie du Canada. Les efforts qu'elle déploie pour aider les petites entreprises à réussir et à croître contribuent à la prospérité de la classe moyenne au Canada.
Comme la ministre de la Petite Entreprise et du Tourisme, le mandat de la ministre des Sciences est de contribuer à la compétitivité du Canada dans une économie mondiale axée sur le savoir. La science joue un rôle central pour fournir des éléments probants qui permettent de prendre des décisions stratégiques judicieuses. Il est essentiel d'appuyer la recherche de calibre mondial pour que l'innovation devienne une véritable priorité nationale. La ministre s'emploie à faire avancer la science qui assurera une économie prospère et durable sur le plan de l'environnement.
Le gouvernement du Canada est le plus important investisseur dans le système sportif canadien. Les excellents résultats obtenus par les athlètes olympiques et paralympiques du Canada aux Jeux olympiques et paralympiques à Rio nous démontrent que ces investissements portent leurs fruits. Ces résultats encouragent tous les Canadiens, particulièrement les jeunes, à participer à des activités sportives et de loisirs. La ministre des Sports et des Personnes handicapées s'emploie à promouvoir la santé des Canadiens au moyen du sport et des loisirs et à offrir une meilleure accessibilité et de meilleures possibilités aux Canadiens vivant avec un handicap. Elle contribue notablement à atteindre l'objectif du gouvernement de favoriser et de célébrer la diversité du Canada et d'assurer l'égalité des chances pour tous les Canadiens.
La promotion de la diversité relève aussi des compétences de la ministre de la Condition féminine. Il y a 100 ans, les femmes ont obtenu le droit de vote au Canada, tout premièrement au Manitoba. L'année dernière, les Canadiens ont connu le premier Cabinet fédéral constitué équitablement de femmes et d'hommes, et pour la première fois, une ministre se consacrera pleinement au dossier de l'égalité entre les sexes.
Ce gouvernement a fait de l'égalité entre les sexes une priorité. La ministre défend l'égalité entre les sexes, aborde les questions de violence faite aux femmes, fait avancer la prospérité et la sécurité économique des femmes et augmente la représentation des femmes dans les rôles de chefs de file et de décideurs.
À quoi ressemble la diversité en 2016? Contemplons le rôle et l'influence des femmes au Canada. À l'époque de Laurier, les femmes n'avaient même pas le droit de voter. Les priorités du présent Cabinet ont beaucoup évolué depuis son époque. Dans le discours du Trône, en décembre dernier, le présent gouvernement a énoncé ses priorités d'actualité. Elles comprennent la croissance de la classe moyenne, un environnement sain et une économie forte, la diversité comme avantage pour notre pays, la sécurité et un gouvernement ouvert et transparent.
Cinq nouveaux titres ont été ajoutés à la Loi sur les traitements pour que le premier ministre puisse nommer des ministres qui s'emploieront à atteindre ces objectifs. À mesure que la société évoluera, les besoins du Canada évolueront eux aussi. Il est essentiel de donner aux premiers ministres la latitude nécessaire pour s'adapter à ces changements. Ce projet de loi représente une étape importante de ce processus, et j'incite les honorables députés à l'appuyer.
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Monsieur le Président, je prends la parole aujourd’hui pour parler du projet de loi .
Ce projet de loi se subdivise en trois grandes sections : la création juridique de huit nouveaux postes ministériels libéraux, dont trois ministres, l’élimination de six ministres d’agences de développement régional et la modification de la Loi sur les traitements afin que tous les ministres reçoivent une rémunération identique.
Avant de parler de ces points, je tiens à souligner pour tous l’importance des agences de développement économique. J’ai observé directement dans ma circonscription les effets positifs que produisent ces agences fédérales de développement économique, plus précisément l’Agence fédérale de développement économique pour le Sud de l’Ontario.
En 2009, le gouvernement fédéral a créé FedDev Ontario. Le premier ministre Stephen Harper a annoncé la création de cet organisme en soulignant que la récession mondiale causait des difficultés particulières dans chaque région du pays. L'agence a été conçue de manière à répondre aux besoins bien particuliers du Sud de l’Ontario et en fonction des priorités de cette région. Cette agence a été créée pour fournir aux entreprises et aux collectivités les ressources qu’il leur fallait pour prospérer.
À cette époque, le premier ministre a chargé l’honorable Gary Goodyear de faire une tournée dans cette région pour y rencontrer les travailleurs, les propriétaires d’entreprise et les dirigeants de la collectivité. Gary était député de Cambridge; non seulement il représentait cette région, mais il savait discerner immédiatement les problèmes et collaborer avec les dirigeants pour apporter des solutions afin de contrer le ralentissement économique.
Grâce à la création de l'agence, de nombreuses occasions en or se sont concrétisées, et plus d’un milliard de dollars ont été alloués sur une période de cinq ans. M. Goodyear avait pour tâche de collaborer avec les ministères afin d’assurer la mise en œuvre des programmes, d’accélérer le versement des fonds de développement économique, la diversification et le développement des collectivités.
FedDev Ontario s’occupait de programmes comme le Fonds d’adaptation des collectivités, le Programme d’aide à la recherche industrielle du Conseil national de recherches, le Programme de développement des collectivités et la Banque de développement du Canada.
FedDev avait pour mandat général de répondre aux besoins économiques à court terme des collectivités que la récession économique avait frappées durement. Elle a annoncé plusieurs initiatives importantes, dont un investissement de 8 millions de dollars pour la construction d’un terminal de fret aérien à l’aéroport international de London et pour la remise en état de la route 8, avec la coopération de l’Ontario.
Cela dit, je trouve que nous avons un ministre très compétent à la barre, mais que nous tentons le diable en nous attendant à ce qu’il surveille personnellement tous les projets de son portefeuille. Je crois qu’il nous faut une personne responsable de tout l’argent qui passe par ces agences, une personne qui connaît bien la région et ses besoins particuliers.
J’ai beaucoup voyagé dans notre merveilleux pays, et j’ai remarqué d’énormes différences entre chaque région. Les besoins des provinces de l’Atlantique sont bien, bien différents de ceux de l’Alberta. Pourtant à l’heure actuelle, ces deux régions ont besoin d’aide. Il leur faut une personne sur le terrain, qui défend leur cause et qui sait quelles solutions conviendront le mieux à leurs collectivités. À mon avis, le moment n'est pas propice pour confier à un seul ministre la responsabilité de tout l’argent et de tous les projets. Cette décision est irresponsable et peu réfléchie, malgré tous les efforts du ministre actuel.
Cela m’amène à mon premier point : la création de huit nouveaux ministres libéraux. Le gouvernement veut sabrer les postes importants des agences de développement économique, mais créer des postes dont nous ne connaissons même pas les mandats. Peut-être que si le gouvernement acceptait de nous faire part des plans qu’il a établis pour ces postes, il obtiendrait un meilleur soutien de l’opposition. Mais non, il propose la création de ces postes sans donner d’information.
Le gouvernement nous demande un chèque en blanc rédigé à l'ordre de quelqu’un pour quelque chose. Est-ce là ce qu’il appelle de la transparence? J’exhorte le gouvernement à nous le dire, tout simplement. Qu’il dise aux Canadiens ce qu’il fait et dans quel but. Ces requêtes sont très simples, mais au lieu de nous répondre, il nous demande d’appuyer le projet de loi sans donner plus de détails. Les ministres n’ont pas encore été nommés. Nous ne savons pas du tout ce qu’ils feront et nous ne savons pourquoi ils le feront.
Le gouvernement a été élu il y a un an parce qu’il avait promis de la transparence. Pourtant, je dois aujourd'hui prendre la parole pour l'interroger sur ses plans. Je me suis dit que je plaisanterais et que je l'aiderais peut-être à mieux comprendre la signification du mot transparence en invoquant une source éminemment fiable, Wikipédia, qui, dans sa version anglaise, la définit comme étant une manière d’agir qui permet à autrui de voir facilement les actes accomplis.
Si Wikipédia comprend cette notion, pourquoi le gouvernement libéral ne la comprend-il pas, lui? Pourquoi les députés doivent-ils voter sur quelque chose d'aussi flou? Pourquoi nous demande-t-on de voter à l’aveuglette? Les libéraux nous demandent d’appuyer une chose dont nous ne savons absolument rien. À vrai dire, cela me rappelle ce que je dis parfois à mon mari dans l’auto. Quand je ne suis pas sûre de quelque chose, je lui dis généralement: « Fais-moi confiance. » Je sais que cette conversation n’a lieu qu’entre lui et moi, pas devant 30 millions de contribuables, et que je peux donc lui rendre des comptes.
Cela dit, on nous demande de donner carte blanche au gouvernement pour quelque chose dont nous ne savons rien. Par conséquent, les mots « faites-moi confiance » ne veulent carrément rien dire. Quand nous demandons au gouvernement de nous en donner une petite idée, il devrait nous fournir des explications, d’autant plus qu’il se prépare à nommer trois nouveaux ministres.
Enfin, je veux commenter brièvement la proposition sur l’égalité des ministres. Le a annoncé fièrement qu’il avait établi l’égalité des sexes dans son Cabinet. Peu de temps après, certains ont toutefois souligné qu'il a confié tous les postes de ministres de second rang à des femmes. Je soutiens sans réserve l’égalité entre les sexes, mais, comme plusieurs de nos collègues l’ont souligné, on pense corriger cette petite erreur en donnant plus d'argent aux ministres de second rang. Toutes les femmes qui luttent pour l’égalité des sexes savent à quel point cette solution est bancale.
Examinons bien les faits. Voici les ministres qui occupent des portefeuilles de second rang: la ministre de toute la Francophonie, la ministre des Sciences, la ministre de la Petite Entreprise et du Tourisme, la ministre des Sports et des Personnes handicapées et la ministre de la Condition féminine. Tous ces postes sont très importants et nécessaires, mais le s’efforce de combler le fossé entre les sexes dans son propre Cabinet en soutenant qu'ils sont aussi élevés que ceux des ministres de premier plan.
Cela n’a rien à voir avec la parité hommes-femmes; cette initiative ne vise qu’à sauver sa réputation de féministe. Je trouve la solution exagérée et très humiliante. Chacune de ces femmes fait de l'excellent travail, mais si vous leur posiez la question, aucune d’entre elles ne dirait que son poste est aussi important que celui du ou du . Il y a une différence énorme.
Dans notre caucus, les députés qui ont occupé ces postes affirment franchement et ouvertement que leur rôle était très différent et que leur portefeuille avait une bien moins grande portée, qu'il était ciblé. Les ministres de premier plan ont un sous-ministre et un budget ministériel beaucoup plus élevé, car ils en ont vraiment besoin.
Cette réduction à un seul palier ne modernise rien. Je me demande si elle vise à instaurer la parité hommes-femmes ou la parité entre ministres. En réalité, elle n’instaure ni l’une ni l’autre. Elle n’a rien à voir avec l’équité salariale ni avec la notion de salaire égal pour un travail d’une valeur égale, comme l’a fait remarquer ma collègue du NPD dans son allocution la semaine dernière.
Examinons la situation sous un autre angle. On veut nous faire croire que tous les ministres du Cabinet accomplissent un travail égal. Soyons honnêtes. Je vais faire une comparaison avec un domaine que je connais très bien, la restauration. Si je voulais savoir comment fonctionne un restaurant, il me faudrait examiner les divers rôles accomplis par chacun. Il y aurait le premier chef, le sous-chef, un cuisinier aux commandes, le directeur du restaurant, les serveurs et les barmans. Toute la brigade serait là. Au bout du compte, tout le monde doit faire son travail pour faire fonctionner le restaurant et chaque personne a un rôle important à remplir, mais la responsabilité ultime repose sur les épaules du premier chef et du directeur du restaurant. Lorsque le premier chef prépare et planifie les repas, c’est le sous-chef qui coupe le céleri et les carottes.
Ce que nous essayons d’expliquer, c’est que certains rôles en apparence modestes ne le sont pas tant que ça. Ce qui me pose problème, c’est qu’il faut que tous les ministres travaillent de concert au sein du Cabinet et soient égaux, mais que cela ne veut pas dire que leurs fonctions sont égales. Nous ne pouvons comparer le travail d’un premier chef ou d’un ministre à celui d’un sous-chef ou d’un ministre de second rang. Cela ne veut pas dire que le travail de ces derniers n’est pas important, parce qu’il l’est. Au final, c’est le travail que nous devons prendre en compte.
Après avoir parlé de parité ministérielle, parlons donc maintenant de parité du travail. Se peut-il que ces ministres aient la même charge de travail que les ministres d’État? Je pense que la réponse est évidente, c’est non.
Est-ce que j'aurais vraiment envie d’être la ministre des Finances qui prépare le budget de 2017, tout en étant obligée d’établir toutes les prévisions budgétaires? C’est une tâche colossale. Aurais-je envie d’être la ministre de la Justice qui examine chacun des projets de loi présentés à la Chambre des communes? Absolument pas. C’est énormément de travail.
Par ailleurs, je reconnais l’importance de ces fonctions de second rang, mais ce n’est pas en nous faisant croire que ce ne sont pas des rôles de second rang que cela leur donnera plus d’importance. Je suis vraiment heureuse de tout le travail que nous avons accompli. Nous venons d’obtenir d’excellents résultats aux Jeux olympiques de 2016, mais est-ce que cela veut dire que le rôle de la ministre des Sports est aussi important que celui du ministre des Finances?
Je veux faire la démonstration qu’il existe une différence marquée, car il y en a une. Dire qu’il n’y en a pas serait une insulte de notre part, et la seule raison pour laquelle certaines personnes ne sont pas disposées à l’affirmer, c’est qu’elle est une femme. Nous devons donc affirmer que le rôle est égal, mais en vérité, ce n’est pas le cas du tout.
Nous nous penchons également sur le rôle de la , pour qui j’ai un grand respect. Elle fait un excellent travail pour s’informer et vérifier des éléments qui touchent beaucoup les femmes sur la scène nationale, ce qui comprend la question de la violence envers les femmes. Encore une fois, ce rôle est-il aussi important que celui de la ? Je cite le cas de ces deux femmes en guise de comparaison, car elles occupent différentes fonctions, mais toutes les deux sont des femmes. Prenons la peine d’examiner ces deux femmes en tant qu’égales.
Il y a la , qui s’est occupée récemment du projet de loi , une mesure législative d'une importance considérable. Elle traite de différentes questions autochtones, en collaboration avec la , ainsi que de sujets liés à la santé. Elle gère une foule de dossiers très différents les uns des autres. Nous devons admettre que le mandat de la est très restreint et qu'il est loin d'être aussi large que celui de la ministre de la Justice.
Je prends également l’exemple de la . J’ai un grand respect pour elle et pour le travail qu’elle doit accomplir. Nous devons comprendre toute l’étendue de ses fonctions. Elle doit s'acquitter de son propre rôle en collaborant avec l’ensemble des provinces.
Nous sommes ici à parler de parité professionnelle, mais il ne s’agit pas de parité professionnelle, car si ce l’était, il serait question de travail égal et ce n’est pas le cas.
Si j’exploitais une petite entreprise et que je versais le même salaire à toutes les personnes, je ferais faillite. Le gouvernement doit reconnaître qu'il ne s'agit pas d'un travail égal. Lorsque le a nommé les membres de son Cabinet l’an dernier, il a déclaré qu'il s'agissait d'un Cabinet paritaire. Or, après en avoir scruté la composition à la loupe, les médias ont fait valoir que le Cabinet n’était pas réellement paritaire, car certaines des ministres étaient en fait des ministres d’État. Par conséquent, nous accordons maintenant une importante augmentation à ces ministres d’État, laissons tomber « d’État » et affirmons qu’elles sont des égales des autres membres du Cabinet. Soyons honnêtes: ce n'est pas en remplaçant le titre des ministres d'État par celui de « ministre » sans pour autant augmenter leur charge de travail que nous en ferons des égales de ceux qui occupent les fauteuils de la première rangée. Il ne faudrait pas se raconter des histoires.
J’ai posé une question plus tôt à mon collègue le secrétaire parlementaire car je sais que, dans ma région, j’ai une excellente secrétaire parlementaire qui travaille très fort. Avant de poser ma question à la ministre d’État, je me dis: « Comment est-ce que cela va se passer? » Je sais que la secrétaire parlementaire de ma région travaille très fort, mais est-ce que je dois m’attendre à ce que, un moment donné, les secrétaires parlementaires disent qu'ils travaillent fort eux aussi parce que, quand leur ministre est absent, ils siègent les vendredis, et quand leur ministre n’est pas disponible, ce sont eux qui répondent aux questions et aux demandes?
Qu’est-ce qui va arriver alors? Est-ce que cela va faire boule de neige si bien que la prochaine chose qui va arriver, c’est que même les porte-parole comme moi auront une augmentation? À mes yeux, ce n’est pas raisonnable. Nous travaillons comme députés, et nous sommes élus pour siéger au Parlement et gagner le salaire que nous gagnons. Oui, ils ont un poste au Cabinet, félicitations, et ils reçoivent plus d’argent. Mais en même temps, il est vrai qu’ils travaillent fort comme devraient le faire tous les députés pour tous les Canadiens.
Je voudrais retourner aux trois principaux sujets dont il est question. Nous parlons de supprimer les postes de ministres régionaux, ce qui ne me semble pas nécessaire. Comme je l’ai fait remarquer, même dans ma propre ville, de grandes choses ont été réalisées grâce au savoir-faire et aux connaissances de ces ministres. Je ne vais pas dire que le ministre ne fait pas un excellent travail, mais son rôle est énorme. Dans ces agences régionales, les gens connaissent parfaitement les enjeux locaux et ont une vision pour les Canadiens en fait de développement économique.
L’autre problème, ce sont les trois ministres mystérieux dont nous avons parlé. Le gouvernement parle de transparence, mais il devrait joindre le geste à la parole. Si le gouvernement actuel veut que nous appuyions trois ministres de plus, qu’il nous dise pourquoi, qu’il nous dise qui, qu'il nous dise ce qu’ils vont faire à l’avenir et qu'il nous dise comment les Canadiens en bénéficieront.
Finalement, sur la question de la parité ministérielle que je viens de boucler, si nous regardons un à un tous les points pertinents et que nous les analysons, je veux que tous les ministériels et tous les députés ici présents se demandent si c'est le bon projet de loi à appuyer. Je ne peux pas appuyer un projet de loi qui laisse planer autant d’incertitude. Je ne peux pas appuyer un projet de loi quand on parle de parité et qu’il n’y en a pas vraiment. Je ne peux pas non plus appuyer un projet de loi quand je sais qu’en contrepartie il faudra supprimer les postes des ministres responsables de l'Agence de développement économique du Canada pour les régions du Québec, de l’Agence canadienne de développement économique du Nord, de l’Agence fédérale de développement économique pour le Sud de l’Ontario, de l'Initiative fédérale de développement économique pour le Nord de l'Ontario, de l’Agence de promotion économique du Canada atlantique et de Diversification de l’économie de l’Ouest du Canada. Les ministres responsables de toutes ces agences ont de grandes tâches et un grand rôle. Je crois qu’il est important qu’ils continuent d’avoir leur place au sein du Cabinet, d’exercer leur influence et de pouvoir défendre leurs régions dans le Cabinet actuel et au sein du gouvernement.
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Monsieur le Président, je prends la parole aujourd'hui pour participer au débat sur le projet de loi .
Les projets de loi présentés par le gouvernement m'intéressent toujours beaucoup. Pour véritablement évaluer la valeur d'un projet de loi, il faut comprendre l'intention qui le sous-tend. Aujourd'hui, mes observations porteront notamment sur ce qui a selon moi incité le gouvernement à présenter ce projet de loi. J'espère qu'en examinant cet aspect de la question, nous pourrons mieux comprendre la valeur de cette mesure législative.
Le gouvernement veut nous faire croire que ce projet de loi repose sur un principe d'égalité important. Or, en fait, cette mesure ne favorise pas une plus grande égalité entre les ministres ou entre les hommes et les femmes au Cabinet que le régime législatif existant. Elle consacre une inégalité régionale importante qui a été créée par le nouveau gouvernement libéral.
Dans le communiqué que le gouvernement a publié lors de la présentation du projet de loi, on peut lire que cette mesure vise à montrer que le « gouvernement du Canada s’est engagé à former un conseil des ministres qui reconnaît l’égalité de tous ses membres. »
Cette affirmation me semble un peu curieuse. Je me demande combien de gouvernements déclarent qu'ils accordent, en fait, de l'importance à l'opinion des personnes siégeant au Cabinet. Selon moi, ils ne doivent pas être nombreux. J'aurais pensé que c'est une évidence. Si les premiers ministres accordent à certaines personnes une place à la table du Cabinet, c'est parce qu'ils accordent de l'importance à ce que pensent ces personnes.
J'ai trouvé vraiment curieux que le gouvernement ressente le besoin de signaler aux Canadiens qu'il prend au sérieux les membres du Cabinet. Dans le monde d'après 2015, je suppose que tout est possible.
Outre le fait qu'elle soit curieuse, la déclaration est également vague. Il est question de reconnaître l'égalité de tous les membres. Il n'est pas du tout clair de quelle façon la mesure législative permettra que tous les ministres du Cabinet soient égaux. En fait, il y a divers facteurs à prendre en compte pour déterminer si les ministres du Cabinet sont égaux ou non. Ils peuvent être égaux ou non, selon le cas, sur les plans de la rémunération, de l'expérience, du titre, des ressources ou encore des compétences.
De toute évidence, certaines inégalités ne peuvent pas être réglées au moyen d'une mesure législative, alors que d'autres le peuvent. Il m'apparaît clairement que le projet de loi doit traiter des égalités ou inégalités pouvant découler de mesures législatives.
Même s'il est encore impossible de savoir précisément le degré d'égalité que le gouvernement veut atteindre, les types d'inégalités qui peuvent être corrigées par une mesure législative ont à voir avec les ressources, la rémunération, les responsabilités et le titre. J'y reviendrai dans un instant.
Commençons par replacer le projet de loi dans ce qui, selon moi, est son contexte et par expliquer brièvement les changements qu'il apporterait. Il y a un an aujourd'hui, après les élections, le a promis de donner suite à la plateforme électorale libérale et de nommer un Cabinet paritaire.
Quand il a annoncé la composition de son nouveau Cabinet, les gens ont eu tôt fait de remarquer que, à part lui, il y avait 25 ministres — 15 hommes et 10 femmes — et 5 ministres d'État, chargées d'aider les autres ministres, et que ces 5 ministres d'État étaient toutes des femmes. Les ministres d'État ne dirigent pas de ministère et, jusqu'aux élections, gagnaient un salaire inférieur à celui des ministres. Autrement dit, cinq femmes, parmi les membres du nouveau Cabinet, allaient être moins bien payées et avoir moins de responsabilités que leurs collègues masculins.
Il a presque tenu parole et nommé un nombre égal d'hommes et de femmes au Cabinet, et je dis bien presque, parce que, pour la gouverne du et des députés qui se posent peut-être la question, 16 et 15 ne sont pas égaux... Bref, le premier ministre n'a pas réussi à nommer un Cabinet paritaire.
Je ne crois pas exagérer en disant que le s'est alors trouvé dans l'embarras. En tout cas, s'il ne s'est pas senti mal, il aurait dû. Il aurait dû avoir honte de s'être trompé dans un calcul aussi simple et d'avoir cru que 16 et 15 étaient égaux et que l'équilibre était atteint.
Il aurait aussi dû avoir honte parce qu'il a répété à qui voulait l'entendre qu'il est féministe, mais il a confié tous les postes de ministres subalternes à des femmes, créant du coup un fossé entre ses ministres, sur le plan des salaires autant que sur celui des responsabilités.
C’est gênant, parce que cela témoigne soit d’un féminisme plutôt superficiel et de la volonté du d’en faire juste assez pour être considéré comme un féministe mais pas plus, soit d'une totale incompréhension des divers postes qu'il devait combler et des outils dont il pouvait se servir pour mettre sur pied son Cabinet. S’il est vrai que son intention féministe était sincère, alors il ne comprenait pas la différence entre un ministre d’État et un ministre.
En fait, ce pourrait être gênant pour les deux raisons, ce qui est encore pire. C’est d’ailleurs ce que l'on lit entre les lignes du projet de loi dans sa version actuelle. Je m'explique.
Le aurait pu éviter cette situation embarrassante en se contentant d’ajouter ou de supprimer un poste de ministre d’État et en faisant en sorte que les postes soient répartis également entre les hommes et les femmes. Cela aurait réglé le problème de la proportion hommes-femmes au Cabinet.
Il aurait pu éviter également cette situation gênante s'il avait été un peu plus au courant de ses options. Or, il semble qu’il l’était alors ou qu’il l’est aujourd’hui, car le projet de loi rend encore plus confuses les options possibles pour la mise sur pied d’un Cabinet. Il aurait pu établir, en vertu de l'actuelle Loi sur les départements et ministres d’État, des ministères d'État pour les cinq ministres d’État, qui auraient essentiellement fonctionné comme des petits ministères dont les ressources financières et humaines proviendraient d’autres ministères.
Un ministre d’État chargé d'un ministère d'État serait à la tête de ce ministère d'État et n’aurait pas à prêter son concours à un autre ministre. De plus, en vertu de la législation actuelle, les ministres d’État chargés d'un ministère d'État reçoivent le même salaire que les ministres ou les administrateurs de ministère. Voilà un autre moyen que le aurait pu prendre pour éviter l’écart de rémunération et atténuer la différence des responsabilités entre les postes.
Je résume pour que tout le monde s'y retrouve. J’ai mentionné trois postes au sein du Cabinet. Il y a les ministres, les ministres d’État chargés d'un ministère d’État et les ministres d’État chargés de prêter leur concours à un ministre.
Le projet de loi propose de désigner autrement une catégorie de membres du Cabinet qui sont actuellement appelés « ministres » dans la loi. Si le projet de loi est adopté, certains membres du Cabinet porteront le titre de ministres compétents d'un ministère, et une autre catégorie sera créée pour les ministres d'État actuels, qui deviendront des ministres pour qui un ministère est désigné.
Le projet de loi prévoit que:
Le ministre compétent d’un ministère [...] peut déléguer au ministre pour qui ce ministère est désigné telle de ses attributions [...] Le ministre pour qui un ministère est désigné [...] peut utiliser les services et installations de ce ministère [...]
Cela peut sembler familier aux députés, car ils connaissent bien la Loi sur les départements et ministres d’État et qu'ils auront assurément remarqué la ressemblance avec le libellé de l'article 11 de la Loi, qui indique qu'un ministre d'État peut être délégué:
[...] exerce les pouvoirs ou fonctions d’un ministre ou de plusieurs ministres chargés à un titre quelconque d’un ministère ou d’un autre secteur de l’administration publique fédérale, qui peuvent lui être attribués ou transférés [...] utilise les services et installations du ministère ou du secteur de l’administration publique fédérale concerné.
Le libellé est très similaire parce que les postes sont, en fin de compte, très similaires. Ils jouissent d'un niveau similaire de responsabilités et disposent d'à-peu-près les mêmes ressources.
À la lecture, c'est un peu comme voir pour la première fois un publireportage de Snuggie où l'on dit « Voici une couverture de conception novatrice présentant plein de nouvelles caractéristiques ». Or, on se dit immédiatement « N'est-ce pas simplement une robe de chambre en molleton à l'envers? » Il y a ce moment de tension bizarre où l'on se dit « Non, ce n'est pas vraiment quelque chose de nouveau, c'est simplement un vieux produit présenté d'une nouvelle manière, et j'en ai déjà un, alors je n'ai pas besoin d'en acheter un nouveau ».
Il n'y a pas de différence pratique entre les ministres d'État chargés de prêter leur concours et les ministres pour qui un ministère est désigné.
Si le gouvernement tient à donner un nouveau nom à la même vieille réalité, j'en propose un différent. Je pense que le titre de « ministres autrefois connus sous le nom de ministres d'État » serait beaucoup plus accrocheur et conviendrait probablement davantage à ces nouveaux ministres. Le comité proposera peut-être un amendement à cet effet.
Le projet de loi est la réponse du gouvernement au lancement maladroit du Cabinet, l'automne dernier, où le a eu l'air un peu fou, mais on ne voit pas trop comment il règle quoi que ce soit. Nous savons qu'il se veut une réponse à cela. Nous savons d'où il vient, mais règle-t-il quelque chose? Fait-il ce qui, selon le gouvernement, doit être fait?
Si l'objectif est de simplement combler l'écart salarial entre les hommes et les femmes que le a inutilement créé, le projet de loi n'est pas nécessaire.
Premièrement, le n'était pas obligé de choisir de nommer uniquement des femmes aux postes de ministre d'État. L'écart pourrait être comblé si plus de femmes étaient nommées ministres de premier rang et si quelques hommes étaient nommés ministres d'État. Ce serait suffisant.
Deuxièmement, la loi actuelle permet au gouvernement de donner aux ministres d'État le même traitement qu'aux ministres. D'ailleurs, il en est ainsi depuis des années. Une loi n'est donc pas nécessaire à cette fin.
Troisièmement, je le répète, le aurait pu créer des ministères d'État à même les ressources des ministères existants et donner aux ministres d'État plus de pouvoir et de responsabilités au sein du gouvernement. La loi existante aurait obligé — je dis bien obligé — le gouvernement à leur donner le même traitement qu'aux ministres.
Si le but du projet de loi est de combler l'écart entre les responsabilités des hommes et celles des femmes inutilement créé par le quand il a nommé uniquement des femmes aux postes de ministre d'État, le projet de loi n'est pas nécessaire. Il suffit, encore une fois, de nommer plus de femmes ministres de premier rang et quelques hommes ministres d'État ou d'établir des ministères d'État.
Si l'objectif est d'éliminer la différence entre les responsabilités administratives confiées aux ministres afin de les rendre tous égaux, j'ai bien peur que le projet de loi n'y parvienne pas non plus. Il continuera à y avoir une différence entre les ministres compétents d’un ministère et les ministres d’État chargés de prêter leur concours — ou les ministres pour qui un ministère est désigné, ou les ministres autrefois connus sous le nom de ministres d’État ou peu importe comment le gouvernement décidera de les qualifier. Il va continuer d'exister une véritable différence entre les responsabilités administratives des titulaires de ces postes. Comme ces derniers ne seront pas égaux, le projet de loi constituera un échec puisqu'il n'atteindra pas l'objectif présumé.
Il ne faut pas oublier que j'essaie de définir le mot « égal », dans le sens où le projet de loi vise à ce que les ministres soient tous égaux. Comme on peut le constater, j'ai beaucoup réfléchi à la question, mais je n'ai pas trouvé de réponse. Je ne pense pas que la réponse se trouve dans le projet de loi, mais que j'ai été tout simplement incapable de la trouver. Après mon étude, je conclus que la réponse ne se trouve pas dans le projet de loi.
Qui plus est, il n'y a rien de mal à avoir des gens de différents niveaux de responsabilité administrative au Cabinet. Lorsque le a eu l’air un peu fou lors du dévoilement de son Cabinet parce qu'il n'avait pas réussi à créer un Cabinet où les hommes et les femmes sont égaux, les gens ne se sont pas indignés qu'il y ait des ministres d'État et des ministres. Personne n'a dit: « Je ne peux pas croire que les ministres ne sont pas égaux. » Ils ont dit: « Je n'arrive pas à croire que le , qui se qualifie de féministe, ne traite pas les femmes ministres de la même façon que leurs homologues masculins, puisqu'il leur donne des fonctions inférieures au Cabinet. » C'était là le problème. Le problème n'était pas qu'il y avait des différences légitimes dans les responsabilités administratives et les titres correspondants. Là encore, je ne vois pas bien quel problème concret le projet de loi est censé régler.
Le fait que les ministres d'État n'aient pas de ministère ou qu'ils portent le titre de ministre d'État plutôt que celui de ministre ne devrait pas minimiser leur contribution aux discussions sur la guerre et la paix, les budgets ou d'autres enjeux stratégiques au sein du Cabinet. Ils ont tous le droit de siéger au Cabinet et, si d'autres ministres ne les prennent pas au sérieux pour la simple raison qu'ils portent un titre différent, ce n'est pas un problème législatif, mais un problème de culture organisationnelle, et ce projet de loi ne permettra pas d'y remédier. Ce qu'il faudrait alors, c'est un réel leadership de la part du .
Je pense qu'au fond, le gouvernement en est conscient et que c'est la raison pour laquelle il n'abroge pas la Loi sur les départements et ministres d'État. Il veut quand même se réserver cette possibilité. Le député de a pris le temps de souligner dans son discours que le gouvernement n'était pas en train d'abroger la Loi sur les départements et ministres d'État. Il veut avoir la possibilité de nommer des ministres d'État au besoin.
Le gouvernement agit en contradiction avec le principe qu'il dit vouloir appliquer, à savoir que nommer des ministres d'État est mauvais parce que c'est une façon de créer des inégalités au sein du Cabinet. Alors si, à l'avenir, le gouvernement nomme des ministres d'État, les Canadiens pourront dire que, contrairement à son principe, le gouvernement souhaite délibérément créer deux classes de membres du Cabinet: des ministres de second rang et des ministres de premier rang.
Je ne crois pas qu'une telle appréciation serait juste, car il me semble légitime de distinguer les ministres selon la lourdeur de leurs responsabilités. Néanmoins, le gouvernement prétend qu'on ne devrait pas faire une telle distinction. Alors, il est étrange qu'il n'abroge pas la loi. Actuellement, il est pratique pour le gouvernement de faire beaucoup de tapage autour de l'idée de ne plus nommer de ministres d'État, car le projet de loi a pour fonction de faire oublier l'échec du , qui disait vouloir que les hommes et les femmes soient représentés également au sein du Cabinet et qui a honte de ne pas avoir respecté cet engagement vraiment important à ses yeux.
Si nommer des ministres d'État n'est pas compatible avec l'idée de n'avoir qu'une classe de ministres et que cette idée est une question de principe importante pour les libéraux, je ne vois pas pourquoi ils n'abrogeraient pas tout simplement la Loi sur les départements et ministres d'État. Toutefois, je tiens à dire que, selon moi, ce serait une très mauvaise idée, même si elle est la conséquence logique des arguments que les libéraux font valoir pour défendre le projet de loi .
Les libéraux sont en train d'éliminer la possibilité de faire marche arrière concernant un autre de leurs choix, à savoir de ne pas nommer de ministres chargés du développement économique de chaque région. Nous pourrions d'ailleurs aborder l'égalité sous cet autre angle: celui de l'égalité entre les régions.
En fait, le gouvernement officialise une mauvaise décision qui va de pair avec sa décision de confier à un seul ministre la gestion des diverses agences de développement économique régional. Cela signifie qu'une seule région du pays aura un ministre qui comprend ses besoins, vu que ce ministre viendra de cette région et qu'il la représentera. Les autres régions ne bénéficieront pas de cet avantage et ne seront donc pas traitées équitablement.
J'admets que le gouvernement a la prérogative d'essayer de nouvelles façons de faire, mais je crois que c'est une mauvaise décision. Cette centralisation du processus décisionnel d'agences qui ont un mandat résolument régional est insensée et s'avérera inefficace. Le gouvernement veut essayer quelque chose de nouveau, et il le fait, mais je crois qu'il constatera que cela ne fonctionnera pas. Pourquoi les libéraux font-ils en sorte qu'il soit plus difficile de revenir à un modèle qui, je crois, est plus efficace et prévoit que chaque agence de développement économique régionale sera dirigée par un ministre qui provient de la région concernée? En cette période économique difficile, il serait particulièrement utile que le gouvernement constate qu'il vaut la peine d'affecter un ministre à cette tâche à temps plein. Le gouvernement manque le coche en agissant comme il le fait en ce moment, et cela n'a aucun sens.
Les libéraux se donnent une marge de manoeuvre pour créer des ministères occultes ou de nouveaux ministères qui n'ont pas encore été désignés. Même s'ils disent que le fait de ne pas avoir de ministre d'État est une question de principe, ils se donnent quand même une marge de manoeuvre au cas où ils voudraient en nommer quand même. Les libéraux se sont lancés dans une expérience de centralisation en ce qui concerne le développement économique régional, mais ils ont plutôt menotté les intervenants concernés, ce qui me semble insensé. Les libéraux ne mettent pas leurs priorités à la bonne place.
Les gens d'Elmwood—Transcona préféreraient que ce soit un ministre responsable de l'Ouest canadien au fait de la situation économique de cette région qui prenne les décisions directement liées à la stratégie du gouvernement en matière de diversification de l'économie de l'Ouest canadien. Je crois que les gens des autres régions du pays sont du même avis en ce qui a trait à leur propre région. Au chapitre de la gestion du développement économique régional, le gouvernement devrait se donner plus d'options plutôt que moins. Si la décision de créer trois ministères dont la nature n'est pas encore définie est motivée par des impératifs de souplesse, pourquoi le gouvernement ne pas garde-t-il pas la marge de manoeuvre dont il dispose déjà en ce qui a trait au développement économique régional?
Que doit-on en conclure? J'ai bien l'impression que la rédaction du projet de loi a été confiée à l'équipe personnelle de communication de la ministre sans qu'on ne leur explique tous les tenants et aboutissants du processus législatif et parlementaire. Ce projet de loi ne vise pas vraiment l'égalité hommes-femmes. Quel que soit l'objectif d'égalité que le gouvernement souhaite atteindre avec le projet de loi — et j'ai dressé une liste assez complète de ce que le terme « égalité » peut vouloir dire aux yeux du gouvernement —, soit il échoue complètement, soit ce qu'il propose est inutile.
À cause du projet de loi et du nombre accru d'options qu'il créera, le aura la vie plus compliquée, alors qu'il avait déjà du mal à comprendre les options qui s'offraient à lui jusqu'ici. C'est sans parler du fait que le projet de loi gommera les différences bien réelles entre les responsabilités des différents ministres en leur donnant à tous le même titre, alors que traditionnellement, la nomination de ministres subalternes et de ministres de premier rang — ce que sont les ministres qui dirigent un ministère, je prie les députés de me croire — permettait au contraire de tenir compte de ces différences.
Le voudrait qu'on l'applaudisse pour avoir rendu le Cabinet réellement paritaire, mais pour ce faire, il aurait fallu qu'il pose des gestes concrets au lieu de se contenter de jouer sur les apparences. Dans les faits, ceux qu'on appelait jusqu'ici des ministres d'État continueront d'être des ministres d'État, mais avec un salaire supérieur et un titre plus pompeux.
Tout le monde sait que pour le , le style est plus important que le contenu. Il est scandaleux de voir que cette tendance s'enracine de plus en plus, au point où elle commence à avoir une incidence sur un enjeu administratif relativement simple, soit la nécessité de déterminer quelle loi du Parlement autorisera le versement du salaire des ministres d'État. C'est autre chose.
Au final, nous sommes forcés d'étudier un projet de loi qui représente une énorme perte de temps. Le gouvernement libéral a été critiqué, car il est bien connu que son programme législatif est mince. Cela dit, ces critiques n'avaient pas pour objectif de motiver le gouvernement à présenter des projets de loi absurdes qui ne changeront rien; elles visaient plutôt à inciter les libéraux à présenter des mesures législatives valables qui aideront notre pays à progresser. Par exemple, je peux leur dresser rapidement une courte liste, de mémoire. Ils pourraient proposer d'abroger le projet de loi . Ils pourraient aussi proposer de protéger les eaux canadiennes en rétablissant la Loi sur la protection des eaux navigables, qui a été charcutée au cours de la dernière législature. Ils pourraient également rétablir la Loi sur les justes salaires et les heures de travail. Nous reviendrions alors au point où nous en étions avant le règne de 10 ans du gouvernement précédent.
Si les libéraux voulaient aller plus loin et apporter des améliorations, ils pourraient présenter un projet de loi qui accorderait l'équité salariale aux femmes canadiennes, mais ils ont dit qu'ils attendraient jusqu'à la fin de 2018 pour présenter une telle mesure. Ils pourraient proposer un solide régime de sécurité ferroviaire, au lieu de continuer à se fier à l'autoréglementation de l'industrie. La liste est encore longue.
Notre pays est confronté à de nombreux problèmes importants, et le gouvernement doit prendre des mesures pour les régler, mais nous devons nous contenter de débattre d'un projet de loi qui vise en fait à atténuer le sentiment de honte qui habite le depuis qu'il a raté sa chance lorsqu'il a constitué le Cabinet.