propose que le projet de loi , soit lu pour la deuxième fois et renvoyé à un comité.
— Madame la Présidente, j'ai l'honneur d'intervenir à la Chambre pour amorcer le débat sur le projet de loi , concernant un examen indépendant de l'Agence des services frontaliers du Canada.
L'Agence des services frontaliers du Canada assure la sécurité et la prospérité du Canada en facilitant et en surveillant les voyages internationaux et le commerce aux frontières du Canada. Chaque jour, les agents de l'ASFC sont en contact avec des milliers de Canadiens et de visiteurs dans les aéroports, les postes frontaliers terrestres, les ports et d'autres lieux. Pour assurer la libre circulation des personnes et des biens légitimes à notre frontière tout en protégeant les Canadiens, les agents de l'ASFC doivent avoir le pouvoir d'arrêter et de détenir des personnes, de procéder à des fouilles et à des saisies et d'utiliser une force raisonnable lorsque cela est nécessaire.
Actuellement, les plaintes formulées au sujet du service fourni par les agents de l'ASFC et de la conduite de ces agents sont traitées en interne. Si une personne est insatisfaite des résultats d'une enquête interne de l'ASFC, elle ne peut pas demander un examen indépendant de ces plaintes.
Le gouvernement du Canada reconnaît qu'un bon mécanisme de reddition de comptes peut rassurer la population quant au fait que les organismes de sécurité publique du pays respectent les lois et répondent aux besoins des Canadiens. C'est donc un honneur pour moi d'entamer le débat du projet de loi .
J'aimerais profiter de l'occasion pour souligner le travail remarquable de deux anciens parlementaires: l'ancien sénateur Wilfred Moore et mon prédécesseur, l'ancien ministre de la Sécurité publique Ralph Goodale, qui a travaillé sans relâche pour faire mettre en place un mécanisme de surveillance efficace de l'ASFC.
L'importante mesure législative dont nous sommes saisis permettrait d'instaurer un mécanisme indépendant d'examen et de traitement des plaintes pour l'ASFC. Cela remédierait à l'important écart qui existe entre les organismes de sécurité publique et les ministères du Canada en matière de reddition de comptes et de transparence.
Contrairement à nous, tous nos alliés ont un organisme spécial de traitement des plaintes touchant leur agence de services frontaliers. L'ASFC est en outre le seul organisme du portefeuille de la Sécurité publique à ne pas avoir son propre organisme d'examen indépendant.
Il est essentiel de régler les plaintes liées à la conduite de ses agents si on veut garder la confiance de la population. Un grand nombre des activités de l'ASFC, comme les décisions relatives aux douanes et à l'immigration, font déjà l'objet d'un examen indépendant. Il n'y a malheureusement pas encore de mécanisme de ce genre pour les plaintes du public touchant la conduite et les services des employés de l'ASFC.
Voici un peu de contexte pour mes collègues et pour les Canadiens. Chaque année, l'Agence doit composer avec un nombre extraordinaire et renversant de personnes et un volume énorme de transactions. Par exemple, en 2018-2019, les employés de l'Agence des services frontaliers du Canada ont été en contact avec plus de 96 millions de voyageurs en partance ou à destination du Canada, et ils ont perçu, au nom des Canadiens, 32 milliards de dollars sous forme de taxes et de droits. Ces chiffres extraordinaires révèlent à quel point nous comptons tous — et j'entends par là les Canadiens de tous les milieux et de toutes les régions du pays — sur les services frontaliers. Ensemble, nous nous attendons à recevoir, la plupart du temps, des services empreints d'un haut degré de professionnalisme lorsque nous voyageons à l'étranger pour le travail ou pour le plaisir, et c'est effectivement ce qui passe. Je profite d'ailleurs de l'occasion pour remercier les nombreux membres de l'Agence des services frontaliers du Canada pour le service qu'ils rendent aux Canadiens et le professionnalisme dont ils font preuve dans le cadre de leurs fonctions.
Certes, lorsqu'on a affaire à un si grand nombre de voyageurs, il y aura inévitablement des plaintes. C'est pourquoi, dans le but de maintenir la confiance de la population à l'égard de notre système et de renforcer l'obligation de rendre des comptes relativement au rôle important que jouent les agents des services frontaliers, il est impératif que nous ayons un organisme d'examen indépendant pour veiller à ce que toute expérience négative fasse l'objet d'une enquête approfondie et qu'elle soit réglée de manière rapide et transparente.
Actuellement, les plaintes du public concernant le niveau de service fourni par l'Agence des services frontaliers du Canada ou la conduite de ses agents sont traitées au moyen d'un processus interne. Ces dernières années, le gouvernement a pris des mesures pour corriger les lacunes relatives à l'examen indépendant des activités de sécurité nationale.
Nous avons adopté une loi pour créer le Comité des parlementaires sur la sécurité nationale et le renseignement, qui a publié récemment son premier rapport annuel. Avec l'adoption du projet de loi , le gouvernement a également créé l'Office de surveillance des activités en matière de sécurité nationale et de renseignement. Maintenant que ces deux initiatives ont vu le jour, le moment est venu de combler une importante lacune dans le cadre de reddition de comptes du Canada en matière de sécurité publique et nationale. C'est exactement là qu'intervient le projet de loi .
L'actuelle Commission civile d’examen et de traitement des plaintes est au cœur de cette mesure législative. À l'heure actuelle, la Commission joue le rôle d'organisme indépendant d'examen et de traitement des plaintes pour la GRC. Au titre du projet de loi , elle aura davantage de responsabilités et sera rebaptisée Commission d’examen et de traitement des plaintes du public. La nouvelle commission aura pour tâche d'effectuer les examens et de traiter les plaintes pour l'Agence des services frontaliers du Canada en plus d'assumer ses responsabilités actuelles à l'égard de la GRC.
À la réception d'une plainte du public, la commission d'examen et de traitement des plaintes du public en avisera immédiatement l'Agence des services frontaliers du Canada, qui mènera une première enquête. C'est une approche qui s'est révélée efficace pour régler la grande majorité des plaintes. En fait, dans le cas de la GRC, quelque 90 % des plaintes concernant la conduite d'un agent ou le service de la GRC ont été résolues de cette façon.
La commission d'examen et de traitement des plaintes du public pourra aussi mener sa propre enquête si, selon son président, c'est dans l'intérêt public de le faire. Dans ces cas, l'Agence des services frontaliers du Canada ne lancerait pas d'enquête concernant la plainte. Dans les cas où le plaignant serait insatisfait du traitement de la plainte par l'Agence, il pourrait demander directement à la commission de l'examiner. Quand la commission reçoit ainsi une demande d'examen concernant une décision prise relativement à une plainte contre l'Agence, elle pourra examiner la plainte et tous les faits pertinents, puis faire connaître sa conclusion concernant la décision initiale de l'Agence. Elle pourra conclure que la décision était appropriée. Elle pourra aussi demander à l'Agence d'enquêter davantage, ou elle pourra lancer sa propre enquête indépendante concernant la plainte.
La commission aura également le pouvoir de convoquer des audiences publiques dans le cadre de ses activités. À la conclusion de son enquête, la commission peut faire rapport de ses constatations et émettre des recommandations si elle le juge approprié. L'ASFC devra alors présenter une réponse écrite concernant les constatations et les recommandations de la commission.
Outre sa fonction relative aux plaintes, la commission d'examen et de traitement des plaintes du public sera habilitée à examiner, de sa propre initiative, à ma demande ou à celle d'un ministre, toute activité de l'Agence des services frontaliers du Canada, à l'exception des questions touchant la sécurité nationale. Évidemment, l'examen de ces dernières relève de l'Office de surveillance des activités en matière de sécurité nationale et de renseignement qui est maintenant officiellement en activité.
Les rapports de la commission d'examen et de traitement des plaintes du public comprendront des conclusions et des recommandations sur le bien-fondé, la pertinence, le caractère adéquat ou la clarté de toute politique, procédure ou ligne directrice régissant les activités de l'Agence des services frontaliers du Canada, sur la conformité de cette dernière à la loi et aux instructions ministérielles, ainsi que sur le caractère raisonnable et la nécessité du recours par l'Agence à ses pouvoirs.
Qu'il s'agisse des examens ou du traitement des plaintes, la commission d'examen et de traitement des plaintes du public pourra contraindre des témoins à comparaître sous serment, que ce soit en personne ou par écrit. Elle aura le pouvoir de faire prêter serment et de recevoir des éléments de preuve oraux ou écrits, que ces éléments de preuve soient ou non autrement recevables devant un tribunal.
La commission d'examen et de traitement des plaintes du public pourra en outre examiner tous les documents et mener toutes les enquêtes qu'elle jugera nécessaires. Elle aura également accès aux mêmes renseignements que ceux que possède l'Agence des services frontaliers du Canada lorsque le président dépose une plainte.
Cela dit, le projet de loi ne porte pas seulement sur les examens et les plaintes; il obligera aussi l'Agence des services frontaliers du Canada à informer les policiers et la commission d'examen et de traitement des plaintes du public de tout incident grave mettant en cause un de ses employés ou dirigeants. La commission aura ainsi la responsabilité d'enquêter sur tous les incidents graves — mort, blessure grave, violation du Code criminel — et d'en faire publiquement rapport.
Pour ce qui est du fonctionnement, le projet de loi est libellé de façon à donner à la commission d'examen et de traitement des plaintes du public la marge de manœuvre dont elle a besoin pour mettre en place sa structure comme elle l'entend pour exécuter son mandat aux termes de la Loi sur l'Agence des services frontaliers du Canada et de la Loi sur la Gendarmerie royale du Canada. La commission pourrait faire relever les membres de son personnel soit de l'unité de la GRC, soit de celle de l'Agence des services frontaliers du Canada. Les services d'appui à l'organisation, par exemple, pourraient être partagés par les deux unités, ce qui les rendrait plus efficients. Il pourrait aussi être avantageux de répartir le personnel de la manière que j'ai décrite.
Par exemple, le personnel pourrait développer une certaine expertise sur les dossiers concernant les deux organismes, leurs procédures opérationnelles et d'autres questions. Le fait de désigner précisément les membres du personnel qui sont responsables de chaque organisme pourrait aussi contribuer à l'établissement d'un cadre clair de gestion de l'information.
Le projet de loi exigerait aussi la nomination d'un vice-président de la commission d'examen et de traitement des plaintes du public. Il y aurait donc toujours deux personnes à la tête de l'organisation, un président et un vice-président, qui seraient habilitées à prendre des décisions. Selon le projet de loi , la commission publierait un rapport annuel portant sur chacun de ses secteurs d'activité, celui de l'Agence des services frontaliers du Canada et celui de la GRC, ainsi que sur les ressources consacrées à chacun d'entre eux.
Le rapport résumerait les opérations menées tout au long de l'année, y compris le nombre et le type de plaintes et les activités d'examen, et fournirait de l'information sur le nombre, le genre et l'issue des incidents graves. Pour favoriser encore plus la transparence et la reddition de comptes, le rapport annuel serait déposé au Parlement.
La nouvelle commission d'examen et de traitement des plaintes du public proposée dans le projet de loi comblerait une importante lacune dans le régime canadien de reddition de comptes en matière de sécurité publique.
Pendant des années, des parlementaires, des organismes non gouvernementaux et des intervenants ont demandé aux gouvernements successifs d'amorcer une telle réforme. Par exemple, en juin 2015, à l'autre endroit, le comité de la sécurité nationale et de la défense a déposé un rapport qui préconisait la création d'un organisme indépendant d'examen et de traitement des plaintes qui aurait pour mandat d'enquêter sur toutes les activités de l'Agence des services frontaliers du Canada. Plus récemment, Amnistie internationale, dans son bilan de 2018 à l'intention du Canada, a mentionné que l'Agence demeure l'organisme le plus en vue détenant des pouvoirs de coercition et de détention au Canada à ne pas être soumis à des examens et à une surveillance.
Le spécialiste de la sécurité nationale et professeur de droit Craig Forcese aurait déclaré que la décision de soumettre l'Agence des services frontaliers à une surveillance était une bonne décision. Le spécialiste des affaires gouvernementales Mel Cappe a dit que cette mesure comblait une lacune. Je tiens à mentionner que la mesure législative proposée dont la Chambre est saisie a bénéficié des précieux conseils offerts au gouvernement par M. Cappe.
Afin de pouvoir mettre en oeuvre cette mesure législative, nous avons accordé 24 millions de dollars à la Commission civile d’examen et de traitement des plaintes, ce qui lui permettra de s'acquitter de son mandat d'organisme indépendant d'examen de l'Agence des services frontaliers du Canada. Grâce au projet de loi , la surveillance nécessaire sera bientôt exercée.
Au cours de la dernière législature, ce projet de loi a reçu l'appui de tous les partis à la Chambre parce qu'il est concret et qu'il vise à maintenir l'intégrité de nos services frontaliers et à rassurer les Canadiens sur le fait que leurs plaintes seront entendues de manière indépendante et transparente. Bien que ce projet de loi ait été appuyé à l'unanimité à l'étape de la troisième lecture, il n'avait malheureusement pas reçu la sanction royale lorsque la dernière législature a pris fin.
De nombreux députés ont exprimé des préoccupations au sujet de la date du dépôt et nous présentons maintenant de nouveau ce projet de loi à la première occasion qui nous est donnée au cours de la 43e législature. Cette mesure législative visant à créer un organisme de surveillance pour l'Agence des services frontaliers aura été étudiée durant trois législatures consécutives. Il était plus que temps.
Pour toutes ces raisons, je suis fier de présenter le projet de loi . Je répondrai volontiers aux questions de mes collègues.
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Madame la Présidente, c'est toujours un privilège de pouvoir intervenir à la Chambre sur un sujet d'importance, en l'occurrence la protection des Canadiens. Cela fait des années que je le dis, il s'agit de notre priorité absolue. Je suis heureux d'entendre que le nouveau commence à partager ces sentiments.
Le projet de loi est une nouvelle mouture du projet de loi , qui avait été présenté pendant la législature précédente. Il prévoit de changer le nom de la Commission civile d’examen et de traitement des plaintes relatives à la Gendarmerie royale du Canada, qui deviendrait la « Commission d’examen et de traitement des plaintes du public ». Il prévoit aussi l'élargissement de son mandat, qui viserait à la fois la GRC et l'Agence des services frontaliers du Canada.
Je profite de l'occasion pour remercier les membres de la GRC et de l'ASFC de leur travail formidable et des services qu'ils rendent aux Canadiens.
J'ai le privilège d'être le premier à intervenir au nom de l'opposition officielle. Je dirai que nous faisons preuve d'un optimisme prudent à l'égard de cette mesure législative. Notre équipe conservatrice convient que l'ensemble des gouvernements, des employés et des élus devraient rendre des comptes à la population et aux contribuables. Tous les fonctionnaires du pays devraient respecter les normes auxquelles les Canadiens s'attendent, c'est-à-dire préserver l'intégrité des gens qui visitent notre pays ou qui y font escale tout en veillant au maintien des lois canadiennes et internationales. Un organisme de surveillance adéquatement mis en place, semblable à ceux utilisés par des services de police partout au pays — y compris la GRC —, semble donc une bonne politique, qu'on attendait certes depuis longtemps.
En 2016, Ralph Goodale, le précédent ministre de la Sécurité publique, avait déclaré être déjà en train d'étudier la question et avait empêché l'adoption de projets de loi d'autres sources visant le même objectif.
En 2017, Mel Cappe avait recommandé la création d'un organisme civil de surveillance, ce que prévoit le présent projet de loi. Malheureusement, il a fallu attendre jusqu'aux derniers jours de la législature précédente pour que les libéraux se décident à agir. Espérons que le fait de présenter le projet de loi trois mois après le début de la présente législature est un signe que les libéraux prennent ce dossier au sérieux.
Les Canadiens s'attendent à ce que les organismes fédéraux chargés de l'application de la loi fassent respecter les lois et qu'ils soient tenus responsables s'ils manquent à leur devoir. Ce projet de loi cadre bien avec les valeurs de nombreux Canadiens et celles du Parti conservateur. Toutefois, selon moi, sa mise en œuvre n'est pas prioritaire. J'aurais préféré que l'on se penche sur des questions qui, à l'heure actuelle, sont de la plus haute importance pour les Canadiens, notamment la pétition électronique 2341, qui a été signée par 134 000 personnes d'un bout à l'autre du pays, un record dans l'histoire des pétitions électroniques au Canada. Cette dernière est d'ailleurs devenue la troisième pétition en importance dans l'histoire du Canada. Deux seules autres pétitions ont été signées par plus de Canadiens: la pétition de 1949 sur la Déclaration canadienne des droits, une copie papier ayant recueilli 625 000 signatures, et celle de 1975 contre la création d'une loi sur l'avortement. Bien entendu, je suis ravi d'être le parrain de la pétition. Elle met en évidence les lacunes du plan libéral qui consiste à cibler les propriétaires canadiens d'armes à feu respectueux de la loi plutôt que les criminels et les gangs.
J'aurais aussi aimé que nous parlions du problème de criminalité en milieu rural et de ses répercussions sur toutes les collectivités rurales, surtout celles où les services de la GRC sont limités. Nous aurions aussi pu parler du manque d'initiative des libéraux en ce qui concerne la crise des opioïdes, qui ne fait que s'envenimer, de tous les décès qui surviennent et des problèmes de sécurité publique que sont les gangs, les fusillades et les armes à feu illégales. Nous devrions parler de la dégradation de la sécurité frontalière sous le gouvernement libéral actuel, et pas seulement à cause de la crise des passages illégaux à la frontière, mais aussi à cause des drogues, de la contrebande d'armes de poing et de la traite des personnes par de nombreux gangs de narcotrafiquants. Ajoutons à cela les énormes arriérés dans la surveillance et l'expulsion des terroristes et des criminels connus ainsi que des autres personnes représentant une menace pour la sécurité nationale.
Cependant, nous sommes ici aujourd'hui pour parler du projet de loi , qui porte sur la surveillance. La surveillance est une bonne chose, parce qu'elle donne aux gens la certitude que les actes qui ne cadrent pas avec les lois seront examinés. Le projet de loi devrait conférer des pouvoirs d'enquête à la Commission pour qu'elle puisse examiner des situations, donner son avis et déterminer la portée et l'étendue des mesures à prendre contre quiconque viole nos lois et nos principes.
Le projet de loi propose de changer la vocation de la Commission civile d'examen et de traitement des plaintes relatives à la GRC, de la renommer la Commission d'examen et de traitement des plaintes du public et d'en élargir le mandat pour qu'elle examine à la fois les plaintes relatives à la GRC et celles qui concernent à l'Agence des services frontaliers du Canada.
Depuis leur arrivée au pouvoir, les libéraux ont ajouté un grand nombre de couches de surveillance, de tracasseries administratives et d'étapes aux processus relatifs à la sécurité nationale et publique, mais ont adopté très peu de mesures concrètes pour protéger les Canadiens.
Les libéraux ont créé un comité parlementaire de surveillance des activités de renseignement et de sécurité nationale et un organisme de surveillance de la sécurité nationale et du renseignement. Ils ont élargi les pouvoirs du commissaire au renseignement et, maintenant, ils cherchent à étendre le rôle de la Commission civile d’examen et de traitement des plaintes relatives à la Gendarmerie royale du Canada.
Cela vient s'ajouter aux examens menés par le , le , le , le conseiller à la sécurité nationale et, maintenant, la nouvelle .
J'espère certainement que sept ou huit organismes fédéraux n'enquêteront pas sur une seule plainte et sur ce que cette mesure législative est censée accomplir.
Au cours des cinq dernières années, les libéraux ont engagé 150 millions de dollars pour renforcer la surveillance. À titre de comparaison, entre 2015 et 2019, ils ont promis de consacrer 400 millions de dollars au maintien de l'ordre et à la lutte contre les gangs, mais presque aucun argent n'a été versé.
Les députés soutiendront que renforcer la surveillance est la bonne solution et, comme il a déjà été mentionné dans une question antérieure, que, avec quelques amendements, le projet de loi pourrait être réellement avantageux pour les Canadiens. Il faudra nous assurer que les bons amendements sont apportés.
Le projet de loi créerait un mécanisme permettant de porter plainte contre des agents des services frontaliers qui auraient agi de façon inappropriée. Les services de police ont commencé à se doter de mécanismes de surveillance et d'examen civils il y a des décennies et c'est une solution employée partout sur la planète dans le domaine du maintien de l'ordre. Il semble tout à fait normal qu'un organisme d'application de la loi d'envergure, comme l'ASFC, soit visé par ce genre de mécanismes de contrôle. Cela permettra aux agents faussement accusés de montrer qu'ils ont agi selon les règles, le cas échéant, et cela rappellera aux agents qu'ils ne sont pas au-dessus des lois. Tout le monde en bénéficiera.
Par contre, le projet de loi ne fait rien en ce qui concerne la responsabilisation des gens. La commission d'examen et de traitement des plaintes du public pourra examiner des éléments de preuve, appeler des témoins et produire un rapport, mais le projet de loi ne dit pas ce qui arrivera aux agents qui violeront la loi, une règle ou un principe.
Je ne suis pas au Parlement depuis aussi longtemps que certains, mais tous ceux qui portent attention à ce que disent le vérificateur général ou d'autres mandataires du Parlement auront saisi la tendance: des programmes, des services et des examens conçus de façon à avoir l'air de régler des problèmes, mais qui ne comportent aucune obligation de rendre des comptes ni aucun pouvoir pour forcer les gens à répondre de leurs actes.
Les libéraux répètent les mêmes choses sans arrêt. Ils créent une nouvelle agence, une nouvelle commission, un nouveau comité ou une autre entité bureaucratique, mais ils se gardent bien de mettre en place les mesures qui permettraient de corriger réellement la situation pour laquelle la commission ou le comité ont dû être créés.
Prenons l'exemple du vice-amiral Norman. Le a personnellement pointé du doigt le vice-amiral Norman, qui a par la suite été licencié et accusé d'infractions graves. Le premier ministre a déclaré qu'il soutenait la GRC dans son enquête, mais il n'a fait aucun effort pour fournir tous les éléments de preuve pouvant étayer ou réfuter les résultats de l'enquête. Ce n'est que lorsque l'avocat du vice-amiral Norman a interrogé d'anciens ministres conservateurs de l'administration Harper que l'affaire s'est soudainement effondrée et que le vice-amiral a été complètement disculpé.
Un rapport de ce comité de surveillance civile ferait probablement état d'un recours à certaines preuves plutôt qu'à d'autres, d'une volonté de faire dérailler l'enquête et de blâmer un officier décoré, permettant ainsi au premier ministre de cacher la vérité aux Canadiens. Mais tout cela n'est qu'une hypothèse puisque le continue d'invoquer le secret ministériel pour brouiller les pistes.
Dans ce modèle, les choses s'arrêteraient là. Aucune mesure ni aucun recours ne seraient prévus pour empêcher que cela ne se reproduise, comme cela a été le cas avec le vice-amiral Norman. Il n'y a pas de sanction prévue pour punir un politicien corrompu qui s'en prendrait à un officier honoré et décoré des Forces armées canadiennes.
La Chambre et le comité peuvent — et doivent — examiner attentivement ce projet de loi. Bien que l'idée semble solide, et que le modèle soit certainement meilleur que ce qui est prévu dans d'autres lois, je me méfie beaucoup de toute l'action menée par le gouvernement aux frontières. Il n'a pas bien géré nos frontières et n'a pas été franc avec la Chambre des communes ou les Canadiens sur ces questions.
En 2017, les libéraux nous ont dit qu'il n'y avait pas lieu de s'inquiéter des dizaines de milliers de personnes qui traversaient illégalement la frontière pour entrer au Canada. Ils nous ont dit qu'ils n'avaient pas besoin de nouvelles ressources, que la sécurité était bonne et que tout allait bien.
En réalité, on a réduit la sécurité dans d'autres régions pour faire face à l'afflux de clandestins aux frontières. Les provinces et les villes étaient impuissantes face aux coûts et aux refuges surpeuplés. Les postes frontaliers et la GRC étaient débordés et le filtrage des réfugiés prenait du retard. Pour autant, tout allait bien selon les ministres de l'époque.
Puis, il y a eu trois budgets porteurs de nouveaux fonds et de changements et de la promesse que les problèmes à notre frontière seraient réglés. Des milliards ont été dépensés dans ce dossier, un exemple de plus de mauvaise gestion pour lequel le contribuable sera mis à contribution, et les choses ne vont pas en s'arrangeant. Nous continuons, cependant, à débourser des millions de dollars pour régler le problème sans que ledit problème s'atténue.
À quoi devrions-nous faire attention?
D'abord, nous devrions nous assurer que ceux qui sont touchés par la décision, comme les agents de la Gendarmerie royale du Canada et de l'Agence des services frontaliers du Canada de première ligne qui seront soumis aux évaluations de ce comité de surveillance, pourront faire entendre leur voix. Lors de la dernière session, nous avions été choqués d'apprendre que ni les syndicats de la GRC ni ceux de l'ASFC n'avaient été consultés. Ce n'est toutefois pas nécessairement une nouveauté lors des consultations du gouvernement.
Selon un article de journal, « [l]e syndicat représentant les agents frontaliers n'a pas beaucoup entendu parler de la proposition et n'a pas été consulté à propos du projet de loi », le projet de loi évoqué étant l'ancien projet de loi C-98, un projet de loi quasiment identique à celui-ci. L'article se poursuivait en ces termes: « Jean-Pierre Fortin, le président national du Syndicat des douanes et de l'immigration (SDI), a déclaré que le président de l'ASFC a également été laissé dans l'ignorance et n'a pu informer le syndicat des détails du projet de loi. »
J'espère que ce problème a été réglé ou qu'il le sera. Toutefois, pour avoir parlé avec ces deux organismes et avec la Fédération de la police nationale, à propos du projet de loi précédent, j'ai l'impression que les libéraux ne les ont pas consultés non plus.
Comme les députés l'ont entendu plus tôt, j'avais demandé au ministre si le gouvernement avait corrigé la situation cette fois-ci. Je suppose que nous le saurons lorsque le projet de loi sera étudié au comité et que mes collègues entendront les personnes que je viens de mentionner.
Nous voudrons entendre les Canadiens qui sont touchés par cette question. Il ne devrait pas être nécessaire de faire intervenir des lobbyistes grassement payés pour attirer l'attention du ministre.
Nous devrions aussi veiller à ce que les Canadiens n'aient pas à recourir à des avocats pour accéder à la Commission des plaintes et à ses processus. C'est capital pour ceux qui pourraient être touchés par un comportement inapproprié au moment de traverser la frontière.
De plus, nous devons nous assurer que le ministre et son personnel, et les autres dirigeants dans le domaine de la sécurité publique, ne puissent se mêler des processus et des décisions de ces organismes de surveillance.
Enfin, je veux souligner le fait qu'à la dernière législature, les libéraux ont profité de leur majorité pour imposer leur volonté malgré la présence de problèmes sérieux.
J'exhorte tous les députés qui siègent au comité de la sécurité publique et nationale à suivre leur propre opinion concernant les témoignages des experts et des témoins, et non la volonté du personnel du ministre ou les demandes de l'aile politique du Cabinet du premier ministre. J'ajoute que les échéanciers sont établis par le comité et non par le et son personnel. Sachant que l'actuel président du comité de la sécurité publique, qui a présidé à la dernière législature, est un homme scrupuleux et honorable, j'ose croire qu'il ne proposera pas que l'étude du projet de loi soit terminée d'ici une certaine date, avant que les membres du comité aient entendu suffisamment de témoignages, en vue de contenter le ministre ou son personnel.
Bien entendu, il faut beaucoup de confiance et de bonne foi de la part des députés pour que l'étude d'un projet de loi se déroule bien, et, assurément, le projet de loi à l'étude ne fait pas exception. La confiance se bâtit avec des réponses honnêtes à des questions légitimes. La confiance est renforcée lorsqu'on agit par souci d'intégrité et en nous assurant de bien faire les choses, et non pas seulement dans le but d'avoir raison.
J'espère que le ministre fournira aux députés des renseignements clairs sur les dépenses, les ressources, ses plans et les points que nous pourrions tous améliorer, ou du moins les points où le gouvernement pourrait faire mieux que par le passé. Étant donné qu'il s'agit d'une nouvelle législature et d'un nouveau projet de loi, le gouvernement tentera peut-être d'établir une telle confiance au cours des travaux sur le projet de loi . Attendons de voir s'il en sera ainsi.
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Madame la Présidente, le Bloc québécois est bien content que ce projet de loi soit déposé maintenant. On s'est fait jouer le tour au dernier mandat: le projet de loi a été déposé trop tard et il est malheureusement mort au Feuilleton. Espérons que nous aurons le temps d'adopter le projet de loi avant les prochaines élections qui planent comme une menace sur nos travaux, comme une épée de Damoclès.
Le Bloc québécois a l'intention de voter en faveur du projet de loi , comme il l'avait fait à l'époque pour le projet de loi . Il n'y a pas de surprise à ce sujet.
La situation actuelle est intenable. Les statistiques sont alarmantes. De 2016 à 2018, il y a eu 1 200 plaintes, dont 59 allégations de harcèlement, 38 plaintes contre des associations criminelles et cinq allégations d'agression sexuelle. Ce n'est quand même pas banal. Il y a un manque de personnel à l'Agence des services frontaliers. Les plaintes ne sont peut-être pas toujours traitées avec l'attention qu'elles devraient recevoir. Selon nous, il est temps qu'un commissaire indépendant soit nommé.
Ce n'est pas normal non plus que l'Agence des services frontaliers entende elle-même les plaintes déposées à l'égard de ses services. Cela ne respecte évidemment pas le minimum requis en matière de droit, que ce soit le droit naturel ou le droit prévu dans nos chartes quant à une audience impartiale devant les personnes concernées. Étant donné que le commissaire sera une tierce partie, nous pensons qu'il pourra offrir un traitement sérieux, impartial, juste et indépendant de toutes les plaintes qui pourront être déposées à son bureau. C'est du moins ce que nous souhaitons. Nous croyons que la formation de cette commission permettra d'y arriver.
Cette situation n'est pas nouvelle. J'ai regardé les statistiques relatives aux différentes plaintes déposées. En 2017-2018 seulement, il y a à peine deux ans, on a rapporté des commentaires racistes et grossiers. Il y aurait eu des fouilles dans les téléphones cellulaires sans mettre l'appareil en mode avion, ce qui est illégal. La fouille est légale si le téléphone est en mode avion; l'inverse ne l'est pas. Dans certaines situations, les agents auraient photographié des informations contenues dans les téléphones cellulaires. Ils auraient aussi forcé quelqu'un à ouvrir l'application de son institution financière. Toutes ces allégations n'ont pas de bon sens.
Selon les plaintes, certaines personnes ont été traitées de façon cavalière. Un agent aurait crié et insulté des voyageurs. Dans un autre cas, on aurait dit qu'il n'y avait pas de service d'interprétation. Les gens qui devaient faire affaire avec l'Agence des services frontaliers n'étaient donc pas en mesure de communiquer adéquatement avec l'agent. Un agent aurait eu une attitude raciste et aurait dit à un client qu'il était laid. Cela n'a aucun sens. Nous ne sommes pas dans une république de bananes.
Nous pensons que les plaintes déposées doivent être traitées avec respect, tout comme les clients de l'Agence des services frontaliers, qu'ils aient tort ou raison, ce qui est une autre histoire. La façon de traiter ces demandes passe minimalement par une attitude respectueuse et attentive.
L'an dernier, la députée de a cité les mots que le juge O'Connor a prononcés il y a plus de 10 ans. Il avait recommandé la mise en place d'un mécanisme de surveillance de l'Agence. Plus récemment, l'avocat spécialisé en droit de l'immigration Joel Sandaluk a dit ceci sur les ondes de CBC: « Depuis de nombreuses années, l'ASFC est une loi en soi. Il est difficile d'imaginer qu'une organisation de la taille, de la complexité et du degré de responsabilité et d'autorité d'un organisme comme celui-ci puisse être totalement dépourvue de toute forme de surveillance ».
Il a ajouté que les statistiques étaient peut-être un peu faussées, mais que les résidents temporaires ou les visiteurs au Canada n'étaient en fait pas là assez longtemps pour déposer une plainte. Évidemment, il ne parlait même pas des gens qui n’en déposent pas par simple crainte de représailles. C’est une situation troublante et, selon Me Sandaluk, cela ne représente probablement que la pointe de l’iceberg.
La CBC parlait d'une femme déportée au Guatemala qui aurait été, semble-t-il, poussée au sol par un agent. Ce dernier se serait agenouillé sur son dos et lui aurait donné des coups de pied. Cela n’a aucun bon sens. Quand on lit ces rapports, ces statistiques, on n’a pas l’impression qu’il s'agit d’une agence de services frontaliers sérieuse qui sert un pays comme le Canada et qui sert les citoyens et les visiteurs du Québec obligés de négocier avec ces gens-là.
Plus récemment, il y a quelques semaines à peine, La Presse canadienne nous rapportait des statistiques. Pour sa part, l'International Civil Liberties Monitoring Group de Toronto disait que la définition de ce qui constitue une plainte fondée dans les rapports de l’ASFC est trop vague pour permettre d'effectuer des changements ou des ajustements adéquats. Il s'agit encore une fois d'une situation qui n’aide pas à améliorer les services offerts par l’Agence.
Le commissaire à la vie privée du Canada, Daniel Therrien, a déclaré à Radio-Canada que l’Agence et ses douaniers avaient dépassé la limite de ce qui est acceptable en lien avec les renseignements personnels des citoyens canadiens qui rentrent au pays. Ce commentaire ne vient pas de n’importe qui, il vient du commissaire lui-même. Il ajoutait que, de toute évidence, la frontière a été franchie.
Cela n’a aucun sens. Il était temps qu’on y arrive et qu’on s’en occupe.
D’après une autre information rendue publique par Radio-Canada, un agent de l'ASFC aurait déchiqueté ses notes manuscrites trois jours après avoir reçu l’appel d’un enquêteur du commissaire!
Pour toutes ces raisons-là, nous pensons que le projet de loi doit être mis en œuvre le plus rapidement possible. Encore une fois, il ne faut pas nous faire jouer le tour que nous nous sommes fait jouer avec le projet de loi qui l'a précédé. Nous pensons que le projet de loi C-3 doit aller en comité dès maintenant.
En terminant, je tiens à souligner que le Bloc québécois ne blâme ni les agents ni l’Agence elle-même. Ce rôle reviendra au commissaire, le cas échéant, s’il est désigné.
Pour notre part, nous croyons que l’Agence des services frontaliers n’a pas bénéficié de la surveillance adéquate dont elle aurait dû bénéficier de la part des autorités en place. En tout respect, la responsabilité en revient au gouvernement libéral actuel et à son prédécesseur, le gouvernement conservateur. Nous pensons qu’il est temps de corriger le tir, et nous disons merci au projet de loi C-3.
J’ajouterais d’ailleurs que le syndicat des agents de l’ASFC devrait être entendu quand le projet de loi sera étudié en comité. Nous souhaitons que le projet de loi soit renvoyé au comité le plus tôt possible, mais ce dernier doit se donner la peine d’entendre des experts, des avocats en immigration qui ont travaillé avec l’ASFC, ainsi que le syndicat des agents. Je suis convaincu que le syndicat aurait des choses importantes à dire au comité sur cette question-là.
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Madame la présidente, je suis heureux d'avoir l'occasion de prendre la parole au sujet du projet de loi , Loi modifiant la Loi sur la Gendarmerie royale du Canada et la Loi sur l'Agence des services frontaliers du Canada et apportant des modifications corrélatives à d'autres lois. J'ai bien aimé le préambule du responsable.
Je tiens à dire, tout d'abord, que l'Agence des services frontaliers du Canada effectue un travail très important pour garantir la sécurité du Canada et de ses habitants, et qu'elle applique quelque 70 règlements et lois qui ont été adoptés par le Parlement ou qui ont été mis en vigueur grâce à d'autres processus adéquats. L'Agence accomplit un travail important. Elle est responsable de plus de 7 000 agents qui gèrent 130 postes frontaliers, et elle joue donc un rôle essentiel.
Dans le cadre de leurs fonctions, les agents des services frontaliers détiennent aussi des pouvoirs assez extraordinaires, qui dépassent probablement ceux de beaucoup d'agences policières et d'application de la loi. Ils peuvent arrêter et détenir des personnes qu'ils soupçonnent de se trouver au Canada de façon illégale. Ils peuvent procéder à une arrestation avec ou sans mandat. Ils peuvent arrêter des gens qu'ils soupçonnent d'avoir contrevenu à la loi et les détenir, dans certains cas, pendant une période indéterminée.
Comme il a été souligné, 96 millions de voyageurs quittent le Canada et y entrent chaque année, et nous ne recevons pas 96 millions de plaintes. Il est donc assez clair que la majeure partie du travail accompli ne fait pas l'objet de plaintes.
Il va sans dire que, quand on parle de plaintes, on parle de possibles manquements à la conduite appropriée. Les plaintes ne s'avèrent pas toujours fondées, mais il y en a assez qui le sont pour qu'on puisse être préoccupé par le risque d'inconduite au sein de cet organisme d'application de la loi. D'ailleurs, des enquêtes menées par l'Agence même ont permis de confirmer que certaines plaintes étaient justifiées.
Cet organisme est resté sans surveillance pendant longtemps, ce qui était préoccupant. En 2010, le juge O'Connor avait recommandé qu'une surveillance soit mise en place, mais cela n'a pas été fait. Le NPD avait soulevé la question cette année-là, à l'époque du gouvernement conservateur, après et avant la recommandation du juge O'Connor, puis jusqu'à la dernière législature. Je n'étais pas ici, mais je sais que mes collègues l'ont fait. Ils n'ont pas été les seuls. Des organismes publics bien connus et respectés, comme l'Association du Barreau canadien, Amnistie internationale et l'Association des libertés civiles de la Colombie-Britannique, pour n'en nommer que quelques-uns, ont constaté et signalé d'importantes failles dans les activités et le comportement de l'Agence des services frontaliers du Canada dans le cadre de l'application de la loi.
Il est plutôt évident que des changements doivent être apportés. Le a lui-même dit qu'ils sont attendus depuis longtemps et il a reconnu que le projet de loi ou une mesure législative semblable aurait dû être présenté beaucoup plus tôt. Il est regrettable que cette lacune n'ait pas été comblée avant aujourd'hui, mais nous sommes encouragés par le fait que nous sommes maintenant saisis du projet de loi.
Le gouvernement libéral a bien présenté un projet de loi à la fin de la dernière législature, mais c'était à peine quelques semaines avant que la session parlementaire prenne fin, alors disons qu'il s'agissait d'un effort timide. Le projet de loi a été renvoyé au Sénat le 19 juin, la veille de la fin de la session parlementaire, sans espoir que les sénateurs lui accordent une attention particulière. Le gouvernement libéral mérite des reproches pour ne pas avoir présenté de projet de loi plus tôt afin qu'une discussion et un débat complets puissent avoir lieu.
Quelques changements ont maintenant été apportés. Les réponses du lorsqu'on lui a posé des questions sur les consultations ne me donnent pas l'impression que des consultations sérieuses ont été menées auprès du syndicat concerné. Des membres du syndicat ont comparu devant le comité. Le Syndicat des douanes et de l'immigration a son mot à dire. Je pense que le syndicat est généralement favorable à l'idée de la reddition de comptes, car elle donne également aux agents pouvant faire l'objet d'une plainte l'occasion d'être innocentés si la plainte n'est pas fondée et ce processus peut se faire de manière publique.
Cela dit, nous devons examiner soigneusement certaines des dispositions du projet de loi. Est-ce que la Commission examinera simplement les plaintes et les enquêtes qui ont été faites à l'interne? Dans quelle mesure le projet de loi prévoira-t-il la tenue d'enquêtes indépendantes? Le pouvoir de mener de telles enquêtes est prévu. Reste à voir comment il sera mis en pratique.
Serons-nous aux prises avec un arriéré, comme nous l'avons observé avec le système de la Commission civile d’examen et de traitement des plaintes relatives à la GRC? Des fonds supplémentaires ont été accordés, et je constate que le projet de loi contient des dispositions qui portent sur des normes de rendement en matière de traitement des plaintes. Le problème, avec les organismes de surveillance comme celui-ci, c'est qu'on ne sait pas vraiment si le simple fait d'établir des normes de rendement est suffisant et si le gouvernement est déterminé à répondre à ses besoins de financement ou d'effectifs. Nous devons nous pencher sur ces questions pour mieux prévoir ce qui va se passer.
Le NPD souscrit au principe du projet de loi, et nous allons certainement l'appuyer à l'étape de la deuxième lecture. Nous verrons si le ministre est prêt à considérer des amendements pendant l'étude au comité. Je ne vais pas en proposer à la Chambre aujourd'hui, mais j'aimerais que le ministre soit prêt à prendre en considération les arguments de ceux qui pourraient proposer des amendements visant à améliorer le projet de loi et à le rendre plus efficace.
Nous avons entendu certaines préoccupations du milieu juridique par rapport à l'incidence des pratiques de l'organisme sur le secret professionnel, car il y a bel et bien des aspects préoccupants à cet égard. Il faut répondre à ces préoccupations, si ce n'est déjà fait. Je ne suis pas sûr qu'on y a répondu jusqu'à présent.
De plus, comme je l'ai déjà indiqué à la députée de , nous aimerions pouvoir examiner les politiques et les pratiques. D'ailleurs, le projet de loi donne au comité l'occasion de se pencher sur certaines pratiques. J'aimerais voir le comité mener une étude rigoureuse. Je suppose que cela dépendra de sa composition.
J'aimerais que ce type d'examen puisse être mené sur l'initiative d'un autre organisme. Par exemple, l'Association du Barreau canadien pourrait vouloir que le comité se penche sur une pratique potentiellement problématique, qu'elle se rapporte au secret professionnel ou à des incidents récurrents. D'autres organismes extérieurs pourraient également demander au comité de mener un examen. Je note que des examens peuvent être aussi faits à la demande du ministre compétent. Cela pourrait apaiser certaines inquiétudes.
La présente mesure n'est sans doute pas un outil parfait — et je pense que personne n'a soutenu le contraire —, mais c'est malgré tout une façon d'avancer. Le NPD avait appuyé cette mesure lors de la législature précédente parce qu'elle représentait une amélioration par rapport au système existant. En effet, à l'heure actuelle, l'Agence des services frontaliers du Canada ne fait l'objet d'aucune surveillance civile. Cela fait des années qu'on signale ce problème.
Les agents de la paix possèdent d'énormes pouvoirs, et ils jouent un rôle indispensable. Dans bien des cas, ils ont affaire à des personnes vulnérables, à des réfugiés. Durant la dernière législature, 41 000 réfugiés sont entrés au Canada. Ces gens sont vulnérables. Il est possible qu'ils ne puissent pas se plaindre ou qu'ils estiment que le faire pourrait leur causer des problèmes. Une surveillance rigoureuse s'impose donc. Nous devons nous assurer que des mécanismes de surveillance sont en place. Il pourrait être nécessaire pour des tiers de s'adresser au comité pour vérifier que les politiques et les pratiques en vigueur respectent les normes requises quand on confie aux agents de la paix la tâche de s'occuper de civils, tout en veillant à l'application de la loi.
Ce sont là quelques-unes des préoccupations que les néo-démocrates examineront attentivement au comité. Je suis troublé d'entendre que le projet de loi ne prévoit aucun examen relativement à ce qui se passe dans les centres de détention, mais je compte étudier cette question de très près. Soulignons un fait qui a été mentionné dans une autre intervention: depuis 2000, au moins 14 personnes sont mortes en détention. Je ne veux pas laisser entendre que ces décès sont attribuables à la négligence ou à un comportement inapproprié, mais la question demeure. Ces cas n'ont pas pu faire l'objet d'une enquête de la part d'un organisme externe, plus précisément en ce qui concerne les comportements à l'égard des détenus et le traitement de personnes qui ont peut-être été maltraitées pendant leur détention. Évidemment, je ne suis pas en mesure de dire s'il en a été ainsi dans ces cas précis.
Toutefois, les citoyens doivent, au bout du compte, avoir la certitude qu'il existe un degré suffisant de transparence et de surveillance pour en arriver à croire non seulement que les agents de l'ASFC agissent dans l'intérêt public et pour la sécurité du Canada, mais aussi qu'ils traitent les personnes de manière appropriée, sans abuser de leur position de pouvoir et de confiance. Il faut que les gens sachent qu'ils peuvent avoir recours à un processus approprié, indépendant, solide et accessible qui garantira que justice soit faite en cas de comportement inadéquat et inacceptable.
Je le répète, le syndicat des employés concernés ne rejette pas ce constat. Il trouve, lui aussi, que c'est adéquat et juste.
Bref, les néo-démocrates appuient cette mesure législative à l'étape de la deuxième lecture. Nous avons hâte d'y consacrer suffisamment de temps pour l'examiner et inviter des témoins qui pourront nous aider à l'analyser et nous faire part de leurs recommandations et opinions.
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Madame la Présidente, je partagerai mon temps de parole avec la députée d'.
J'interviens aujourd'hui pour participer à l'important débat sur le projet de loi , qui prévoit qu'une entité civile exerce une surveillance sur les activités de l'Agence des services frontaliers du Canada.
Je trouve très encourageants les commentaires que les députés de l'opposition ont tenus jusqu'ici dans le débat, notamment parce qu'ils reconnaissent l'importance de ce genre de mesure et son lien avec une mesure présentée lors de la dernière législature, plus précisément le projet de loi .
Les Canadiens savent que l'ASFC est une entité qui contribue à la sécurité du pays et à la prospérité de la population canadienne en facilitant et en surveillant les déplacements et les échanges commerciaux internationaux à la frontière du Canada. Il importe de souligner que l'Agence assure la libre circulation des biens et des personnes à la frontière.
Il est essentiel de comprendre l'importance de l'ASFC et l'ampleur de ses activités. Elle compte approximativement 14 000 employés qui offrent une vaste gamme de services frontaliers intégrés. Elle compte plus de 1 000 points de service à 117 postes frontaliers terrestres et 13 aéroports internationaux, ainsi que dans 39 bureaux à l'étranger. Elle interagit chaque jour avec des milliers de Canadiens et, chaque année, avec des millions de personnes. Les statistiques pour l'année 2017-2018 sont plutôt impressionnantes, puisqu'elles révèlent qu'un total de 96 millions de voyageurs ont traversé la frontière au cours de cette période. Voilà qui donne une idée de la taille et de la portée de l'ASFC.
J'interviens aujourd'hui au nom de mes concitoyens de Parkdale—High Park pour parler des pouvoirs étendus consentis à juste titre aux agents de l'Agence des services frontaliers du Canada. L'Agence doit être investie de pouvoirs étendus pour fonctionner efficacement et pour exécuter ces fonctions importantes. Toutefois, ces pouvoirs étendus doivent être accompagnés de mesures de reddition de comptes étendues.
Il s'agit d'une exigence essentielle à laquelle doivent se conformer toutes les forces de l'ordre au Canada. Ce qui manquait jusqu'à la présentation de ce projet de loi et, espérons-le, jusqu'à son adoption, c'est cet élément de responsabilité.
Parlons de ces pouvoirs étendus. Lorsqu'ils protègent les Canadiens, les agents de l'Agence des services frontaliers du Canada ont des pouvoirs en matière d'arrestation, de détention, de fouille et de saisie, et ils sont habilités à avoir recours à une force raisonnable, au besoin. À la frontière, comme de nombreux Canadiens le savent, les agents ont le pouvoir d'arrêter les voyageurs pour les interroger, de prélever des échantillons d'haleine et de sang, ainsi que de fouiller, de détenir et d'arrêter des non-citoyens, sans mandat. Ce sont des pouvoirs très importants. Ce sont des pouvoirs très étendus.
La liste des pouvoirs que je viens de donner à la Chambre fait ressortir l'absolue nécessité d'une surveillance. Les pouvoirs en matière de détention, de fouille et de saisie ainsi que de recours à la force jouent un rôle important dans le travail de l'ASFC. Or, cette dernière pourrait avoir de la difficulté à s'acquitter de ce travail avec toute l'efficacité qu'on souhaite si la population canadienne n'a pas confiance que ces pouvoirs sont employés de manière légitime et appropriée, conformément aux droits qui sont protégés dans notre pays.
Il y a un moyen très simple de veiller à ce que la population puisse avoir cette confiance. Dans le domaine juridique, on estime qu'il faut que la population puisse avoir une très haute opinion de l'administration de la justice ou de l'administration du régime. Il faut qu'il y ait un mécanisme de surveillance publique transparent relevant d'un organisme civil.
C'est ce que me disent les habitants de ma circonscription, Parkdale—High Park. C'est ce qu'on me dit en tant que secrétaire parlementaire du ministre de la Justice. Les gens pensent qu'il faut conférer certains pouvoirs aux organismes d'application de la loi parce qu'ils en comprennent la nécessité, mais qu'il doit y avoir un moyen de vérifier si ces pouvoirs sont employés de façon non appropriée ou non légitime, ce qui peut arriver dans n'importe quel corps policier.
Il existe un principe qui s'applique à presque toutes les facettes du travail d'application de la loi: les forces policières ne devraient pas se surveiller elles-mêmes. Les enquêteurs ne devraient pas enquêter sur eux-mêmes. Il faut qu'une entité soit clairement surveillée par un tiers externe pour assurer une certaine indépendance et une certaine neutralité. Cet encadrement essentiel est déjà en place pour les autres organismes d'application de la loi au Canada. Il est donc d'autant plus étonnant que l'ASFC n'ait pas encore un tel encadrement.
Il existe déjà un mécanisme d'examen indépendant pour les activités de la GRC, du Service canadien du renseignement et du Service correctionnel du Canada. C'est essentiel, car c'est grâce à cette surveillance que ces institutions jouissent de la confiance de la population.
Le projet de loi à l'étude permettrait d'inscrire une telle surveillance dans la loi. Il est aussi important de rappeler qui appuie la mesure proposée. L'Association des libertés civiles de la Colombie-Britannique, le Conseil canadien pour les réfugiés et l'Association canadienne des avocats et avocates en droit des réfugiés ont souligné, dans de nombreuses situations, qu'il faut des enquêtes indépendantes. Ils ont donné des exemples, peu nombreux mais importants en raison de la portée de ce travail. Les agents interagissent avec 96 millions de voyageurs chaque année, un nombre énorme.
Cela dit, des incidents survenus au cours des 10 ou 15 dernières années ont fait l'objet d'un examen minutieux et montrent la nécessité d'un mécanisme de surveillance civile.
En 2010, Kevon Philip a été battu à mort alors qu'il était détenu à la prison Don de Toronto pour des raisons liées à l'immigration. En 2013, Lucia Vega Jimenez a été placée en détention à l'aéroport international de Vancouver. On l'a retrouvée pendue dans une douche du centre de surveillance de l'Immigration, à l'aéroport. Abdurahman Ibrahim Hassan, Torontois de 39 ans, avait obtenu le statut de réfugié après être arrivé au Canada en provenance de la Somalie en 1993. Il est mort en juin 2015 dans un hôpital de Peterborough où il avait été conduit sous escorte policière. Il avait passé quatre ans au Centre correctionnel du Centre-Est, à Lindsay, après avoir fait de la prison pour une infraction criminelle. Il avait reçu une ordonnance d'expulsion en 2005.
Depuis 2000, au moins 15 personnes sont mortes alors qu'elles étaient détenues par l'Agence des services frontaliers du Canada, notamment une femme de 50 ans, qui est morte dans une prison à sécurité maximale en 2017. Ce bilan a poussé Amnistie internationale, un organisme bien connu que tous les députés respectent, à demander un organisme d'examen indépendant. Des habitants de Parkdale—High Park et d'autres personnes de partout au pays avec qui j'ai discuté ont fait écho à cette demande. Cette dernière est simple: nous devons lever le voile. Assurons aux Canadiens que les pouvoirs considérables qui ont été accordés, par nécessité, à l'Agence des services frontaliers du Canada pour accomplir son travail important sont exercés adéquatement en tout temps et conformément à la Charte et aux droits fondamentaux des Canadiens.
Examinons quelques comparaisons avec d'autres organismes d'application de la loi au Canada. La surveillance civile indépendante assure la confiance du public. Comparons notre agence des services frontaliers à celle d'autres pays alliés.
Les agences des services frontaliers du Royaume-Uni, de l'Australie, de la Nouvelle-Zélande et de la France font toutes l'objet d'une surveillance civile externe. En fait, le Canada est l'un des rares pays développés qui ne disposent pas d'un organisme indépendant chargé d'examiner les plaintes concernant la conduite des employés de l'agence des services frontaliers. Parmi les alliés du Groupe des cinq, soit les États-Unis, le Royaume-Uni, l'Australie et la Nouvelle-Zélande, le Canada est une fois de plus le seul membre qui ne dispose pas actuellement d'un organisme d'examen indépendant.
Le raisonnement est simple: étant donné les pouvoirs extraordinaires accordés aux agents de l'ASFC par rapport à ceux de toutes les autres instances de sécurité publique et des organismes frontaliers internationaux du Groupe des cinq, force est de constater qu'il existe actuellement un écart important. Nous nous étions engagés à le combler durant la campagne électorale de 2019 après l'échec de nos tentatives lors de la dernière législature, aux termes du projet de loi , comme l'ont expliqué les intervenants précédents. Toutefois, le projet de loi a reçu un vaste appui à la Chambre lors de la dernière législature, et j'ai bon espoir qu'il continuera d'en faire l'objet, puisque tout le monde peut reconnaître, comprendre et soutenir la raison d'être de ce projet de loi. C'est un écart qui doit être comblé et que nous comblerions aujourd'hui.
J'aimerais expliquer le caractère convivial de ce mécanisme, qui permettrait d'assurer une surveillance conforme aux recommandations qu'avait formulées le juge Dennis O'Connor en 2006, dans le cadre de l'enquête sur l'affaire Maher Arar. En effet, il avait alors demandé une surveillance indépendante des agences des services frontaliers, y compris l'ASFC et la GRC. L'instance qui en serait chargée aurait la capacité d'enquêter sur les plaintes reçues du public et des organismes d'intérêt public, et elle aurait le pouvoir d'entreprendre des examens de sa propre initiative. Le juge O'Connor avait expressément mentionné ce point dans son rapport d'enquête sur l'affaire Arar.
En ce moment, toutes les plaintes du public à l'endroit de l'ASFC sont traitées à l'interne. Nous savons que l'ASFC reçoit environ 2 500 plaintes par année. C'est beaucoup. Toutefois, ce que les députés doivent bien comprendre dans le cadre du débat d'aujourd'hui, c'est que le traitement à l'interne de ces plaintes constitue un mécanisme, mais que ce n'est pas le mécanisme le plus rigoureux qui soit, et ce n'est certainement pas le mécanisme utilisé par d'autres organismes d'application de la loi au pays.
Il est essentiel que les gens puissent porter plainte auprès d'un organisme externe. Cet organisme externe, ce nouvel organisme d'examen des plaintes du public devrait toutefois pouvoir entreprendre des examens de son propre chef. Autrement dit, il ne serait pas nécessaire qu'il y ait une plainte pour qu'il ouvre une enquête.
En ce qui concerne les exemples que j'ai cités au début de mon allocution, il est essentiel que le projet de loi contienne un protocole ou une définition relativement à la notion d'incident grave. Cela engloberait les gestes posés par un agent de l'ASFC qui constituent une voie de fait, ainsi que les blessures graves et les décès, y compris le décès d'une personne en détention.
Dans de tels cas, il va sans dire que la population canadienne et les parlementaires s'attendent à ce qu'il existe une forme de reddition de comptes.
C'est ce que prévoit ce projet de loi, et c'est pourquoi je l'appuie. J'espère que tous mes collègues en feront autant.
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Monsieur le Président, c'est un honneur de prendre la parole au sujet du projet de loi , qui vise à créer un nouvel organisme d'examen indépendant chargé des plaintes du public à l'endroit de l'Agence des services frontaliers du Canada, ou ASFC. Avec ce projet de loi, le gouvernement concrétise un peu plus sa promesse visant à faire en sorte que tous ses organismes et ministères rendent des comptes aux Canadiens.
Au cours de la dernière législature, j'ai siégé avec fierté au comité de la sécurité publique, lequel a contribué à des projets de loi qui ont modifié considérablement les choses et a pris des mesures qui assurent une meilleure reddition de comptes de la part des organismes et des ministères chargés de la sécurité.
Il y a deux ans, le projet de loi a reçu la sanction royale. Le projet de loi consistait à créer le Comité des parlementaires sur la sécurité nationale et le renseignement, qui permet aux parlementaires d'examiner les activités et les opérations du gouvernement du Canada en matière de sécurité nationale et de renseignement, un besoin qui se faisait sentir depuis longtemps. Le Comité mène ses activités depuis un certain temps et vient étoffer considérablement le régime de responsabilisation et d'examen en matière de sécurité nationale. Comme les députés le savent, le Comité a le pouvoir d'examiner les activités de tous les organismes gouvernementaux, y compris l'ASFC.
Par ailleurs, le comité de la sécurité publique a étudié le cadre de sécurité nationale, ainsi que le projet de loi , qui a permis de créer l'Office de surveillance des activités en matière de sécurité nationale et de renseignement. Cet office a aussi le pouvoir d'examiner toute activité liée à la sécurité nationale ou au renseignement menée par les ministères et agences fédéraux, notamment l'ASFC. Tout cela vient s'ajouter aux mécanismes d'examen et de surveillance existants dans le portefeuille de la sécurité publique.
La Commission civile d'examen et de traitement des plaintes relatives à la GRC enquête notamment sur les plaintes du public concernant la conduite des agents de la GRC, de manière ouverte, indépendante et objective. Le Bureau de l'enquêteur correctionnel mène en temps opportun des enquêtes approfondies indépendantes des questions touchant Service correctionnel Canada.
Le projet de loi comblerait une lacune dans l'examen des activités des agences de la sécurité publique du Canada. La Commission civile d'examen et de traitement des plaintes actuelle, qui est responsable des plaintes concernant les agents de la GRC, serait dorénavant connue sous le nom de Commission d'examen et de traitement des plaintes du public. Son mandat serait élargi pour inclure l'ASFC. Elle pourrait examiner des plaintes portées contre le service ou la conduite des agents de l'ASFC par des ressortissants étrangers, des résidents permanents et des citoyens canadiens, peu importe s'ils se trouvent au Canada ou à l'étranger. L'examen des activités liées à la sécurité nationale serait mené par l'Office de surveillance des activités et matière de sécurité nationale.
Voici comment cela fonctionnerait dans la pratique. Si une personne souhaite déposer une plainte sans lien avec la sécurité nationale, elle pourrait la déposer auprès de la Commission ou de l'ASFC. Les deux organismes s'informeraient mutuellement de toute plainte déposée. L'ASFC serait tenue d'enquêter sur toutes les plaintes, à l'exception de celles réglées de manière informelle. Si le président estimait que cela est dans l'intérêt du public, la Commission pourrait mener sa propre enquête. Si une personne juge insatisfaisante la réponse de l'ASFC, la Commission pourrait en faire le suivi, si elle le juge bon.
La nouvelle Commission d'examen et de traitement des plaintes du public pourrait aussi produire des rapports sur les politiques, les procédures et les directives de l'ASFC. Elle serait aussi en mesure de passer en revue les activités de l'Agence, et notamment de formuler des conclusions quant à son respect de la loi et au caractère raisonnable et nécessaire de ses interventions. Les conclusions de chaque examen de la Commission feraient obligatoirement l'objet d'un rapport officiel annuel.
Le projet de loi ne comble pas seulement une lacune dans notre système d'examen. Il répond à une demande du public et du Parlement en faveur d'un examen indépendant de l'ASFC. Plus important encore, le Comité sénatorial permanent de la sécurité nationale et de la défense a appelé de ses vœux la création d'un organisme de surveillance dans son rapport de 2015. Je tiens à rappeler aux députés le projet de loi , qui a été proposé à l'autre endroit, au cours de la législature précédente, peu de temps après l'arrivée au pouvoir du gouvernement et qui prévoyait la création d'un organisme d'examen de l'ASFC aussi.
Des universitaires, des experts et d'autres intervenants nous ont parlé de la nécessité de mettre sur pied un organisme ayant le pouvoir de passer en revue les activités de l'ASFC. Au comité de la sécurité publique et nationale, le 5 décembre 2017, Alex Neve, le secrétaire général d'Amnistie internationale a dit, dans son témoignage, « à quel point il est crucial que le gouvernement agisse rapidement pour assurer un examen complet et indépendant de l'ASFC ». Cela reflète une grande partie des témoignages que nous avons entendus, et je suis heureuse que le gouvernement suive ce conseil. J'aimerais également remercier ma collègue de pour ses efforts et son plaidoyer en faveur de la création d'un organe d'examen de l'ASFC.
L'Agence des services frontaliers du Canada fournit depuis longtemps et de manière exemplaire d'excellents services frontaliers. Elle le fait grâce à l'apport collectif de plus de 14 000 hommes et femmes, qui sont dévoués et professionnels. C'est le cas de Tamara Lopez, de ma région, qui est un modèle pour les jeunes femmes qui pensent faire carrière au sein de cette organisation.
L'Agence s'appuie déjà sur de robustes mécanismes internes et externes visant un grand nombre de ses activités. Par exemple, certaines décisions en matière d'immigration peuvent faire l'objet d'un examen par la Commission de l'immigration et du statut de réfugié du Canada, et les mesures qu'elle prend dans le cadre de ses fonctions douanières peuvent même faire l'objet d'un appel jusqu'en Cour fédérale.
Cela dit, en ce qui concerne le public, l'Agence ne devrait pas être le seul organisme à recevoir et à traiter les plaintes sur ses propres activités. En fait, des Canadiens pourraient hésiter à se faire entendre s'ils ne sont pas convaincus que leur plainte sera traitée de façon indépendante, objective et exhaustive. Le projet de loi inspirerait cette confiance.
Le gouvernement du Canada est déterminé à faire en sorte que tous ses organismes et ministères rendent des comptes à la population. Le projet de loi ferait avancer les choses vers l'atteinte de cet objectif. Il permettrait au Canada de se doter d'un organisme de surveillance des services frontaliers qui s'approcherait de ce qui se fait ailleurs dans le monde, y compris chez ses alliés du Groupe des cinq.
Notre cadre de sécurité nationale a largement gagné en transparence depuis que nous avons été élus en 2015. Ce projet de loi poursuivrait ces efforts en assurant que les services frontaliers protègent les Canadiens et en améliorant la confiance du public. Grâce au projet de loi , le public pourra continuer de s'attendre à un traitement uniforme, juste et équitable de la part des employés de l'Agence des services frontaliers du Canada. Voilà pourquoi je suis fière d'appuyer le projet de loi aujourd'hui.
Au cours de la législature précédente, la Chambre des communes a adopté à l'unanimité le projet de loi , qui visait à soumettre l'Agence des services frontaliers du Canada à une surveillance. Bien que ce projet de loi soit mort au Feuilleton du Sénat, j'ai bon espoir que tous les partis se rallieront de nouveau pour en adopter la présente version.
J'ai écouté le discours du député de , plus tôt dans ce débat. Il a beaucoup parlé des armes à feu et de sa pétition s'opposant à notre promesse de faire du Canada un pays plus sûr grâce au resserrement du contrôle des armes à feu. Je lui rappelle que, selon un sondage indépendant d'Angus Reid, près de 80 % des Canadiens appuient l'interdiction des fusils d'assaut de type militaire.
Je sais que le député et son parti ont appuyé l'idée de soumettre l'Agence des services frontaliers du Canada à une surveillance, au cours de la dernière législature. J'espère que tous les députés et lui se joindront à moi pour faire de même cette fois-ci en appuyant le projet de loi afin qu'il soit adopté au cours de la présente session.
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Monsieur le Président, je suis heureuse de prendre la parole pour la première fois en tant que députée réélue de Yorkton—Melville. Les députés du caucus de la Saskatchewan et moi-même remercions les électeurs de notre circonscription respective d'avoir permis au Parti conservateur de tout rafler dans la province lors des dernières élections.
Le projet de loi reprend en fait les points du projet de loi , Loi modifiant la Loi sur la Gendarmerie royale du Canada et la Loi sur l'Agence des services frontaliers du Canada et apportant des modifications corrélatives à d'autres lois. Comme nous le savons tous, les libéraux ont tardé si longtemps à présenter le projet de loi que ce dernier n'a pu être adopté avant les élections fédérales de 2019.
Cette mesure législative propose de modifier le nom de la Commission civile d’examen et de traitement des plaintes relatives à la Gendarmerie royale du Canada, qui sera dorénavant connue sous le nom de Commission d’examen et de traitement des plaintes du public, et de lui conférer de nouvelles attributions. Celle-ci sera aussi responsable d'enquêter sur les plaintes du public contre l'Agence des services frontaliers du Canada. Ce projet de loi fait en sorte que tous les organismes canadiens d'application de la loi disposeront d'un organe de surveillance.
Les Canadiens s'attendent à une surveillance efficace des organismes fédéraux d'application de la loi. Les libéraux l'avaient promis en 2015.
Pendant son dernier mandat, le gouvernement libéral a tellement tardé à agir dans ce dossier que le projet de loi C-98 est mort au Feuilleton avant les élections de 2019.
L'ancien greffier du Conseil privé, Mel Cappe, avait été engagé pour produire un rapport indépendant et fournir ses recommandations, ce qu'il a fait en juin 2017. Cependant, ce n'est que grâce à une demande d'accès à l'information de CBC News que le Parlement a pu même prendre connaissance de ce rapport. Le gouvernement et le député de la Saskatchewan qui était alors ministre de la Sécurité publique, mais qui ne l'est plus aujourd'hui, n'ont donné aucune suite à ce rapport pendant deux ans.
Ceux d'entre nous qui étaient présents pendant la dernière législature comptaient les jours et les nuits avant la fin de la session. Ensuite, au tout dernier moment, on a enfin présenté un projet de loi plutôt simple, mais essentiel. Pourquoi le gouvernement libéral, qui était alors majoritaire, a-t-il attendu trois ans et demi pour rédiger le projet de loi C-98 et le présenter à la Chambre? Comme le projet de loi a été présenté à la dernière minute, il était trop tard pour remplir une promesse aussi cruciale pour la sécurité publique.
L'incurie et les mauvaises décisions des libéraux ont eu un effet sur les agents de la GRC. Certains d'entre eux ont dû être réaffectés à la lutte contre les passages illégaux à la frontière. Ils ont été retirés d'autres unités et services chargés de surveiller les combattants du groupe État islamique de retour au pays et de lutter contre le crime organisé. Ils ont été retirés de détachements situés en milieu rural, où la GRC connaît déjà une pénurie de personnel et doit composer avec une hausse de la criminalité. Il est faux de prétendre qu'il y a plus de policiers en fonction dans les régions rurales du Canada. Le gouvernement n'a pas rempli cette promesse.
Alors qu'ils formaient un gouvernement majoritaire, les libéraux n'ont pas été en mesure de tenir une promesse électorale à la dernière minute. Pour ne pas avoir l'air d'avoir rompu encore plus de promesses, il a fallu encore de longues semaines, au-delà de la campagne électorale, avant que le se décide enfin à rappeler la Chambre pour qu'elle ne siège que pendant quelques jours avant Noël, ce qui a été suivi par le long congé d'hiver. Nous sommes enfin réunis ici aujourd'hui pour tenter une deuxième fois de faire le travail nécessaire en adoptant le projet de loi .
Depuis le début de son premier mandat, le gouvernement est aux prises avec des problèmes attribuables à son inefficacité et à son manque de prévoyance. Il est de surcroît paralysé par ses multiples manquements à l'éthique et par sa culture éhontée du tout m'est dû. Qui plus est, il a le culot d'exiger que le système de justice indépendant et des gens de principe s'inclinent devant le pouvoir exécutif et même de les y contraindre.
La semaine dernière, nous avons été témoins des conséquences effroyables d'un gouvernement qui fait passer les intérêts de ses amis avant la bonne gouvernance. En effet, un homme violent, condamné à la prison à vie en 2006 pour le meurtre sauvage de sa conjointe, a obtenu une libération conditionnelle de jour à l'automne 2019. La personne responsable de son dossier a signalé un risque modéré de récidive. L'homme était tenu d'éviter toute relation durable, mais il pouvait avoir des rencontres avec des femmes, à condition que ce soit strictement sexuel. Résultat: une jeune femme a trouvé la mort.
Comment une personne sensée peut-elle créer des conditions aussi susceptibles de mettre en danger une femme? Dave Blackburn, un ancien commissaire de la Commission des libérations conditionnelles, a déclaré que « de telles conditions sont “inconcevables” ».
Le gouvernement libéral doit assumer la responsabilité de la décision irréfléchie qu'il a prise en 2015 en ne renouvelant pas le mandat des commissaires de la Commission des libérations conditionnelles et en les remplaçant, par l'entremise du Bureau du Conseil privé, par des personnes proches des libéraux. Cette décision purement politique a eu pour effet d'écarter toutes les personnes d'expérience de la commission.
Monsieur le Président, je crois que la présidence sera heureuse d'apprendre que je partagerai mon temps de parole avec le député de .
Depuis, le nombre de demandes de semi-liberté approuvées a augmenté de plus de 25 % au Canada. C'est ridicule. Les Canadiens ne sont pas convaincus qu'une enquête interne permettra de faire la lumière sur l'incompétence du gouvernement libéral. La Commission nationale des libérations conditionnelles doit faire l'objet d'une enquête externe. Lorsqu'il s'agit de corriger ses propres erreurs, surtout lorsqu'elles sont commises de manière égoïste et intentionnelle, le gouvernement n'a aucune crédibilité.
Nous savons de plus que ce n'est pas parce qu'il y a eu trop de consultations que ce projet de loi a autant tardé. Les parties concernées nous ont d'ailleurs dit à maintes reprises qu'elles n'ont jamais été consultées. D'après ce que j'ai entendu aujourd'hui, cela n'a pas changé.
La mesure législative propose des changements à l'Agence des services frontaliers du Canada. Pourtant, on n'a jamais communiqué avec le Syndicat des douanes et de l'immigration. Il s'agit encore une fois d'une autre incohérence flagrante de la part du gouvernement. D'une part, il ne fait aucune consultation. De l'autre, il se donne une image vertueuse en établissant des comités consultatifs pour les anciens combattants qui, en réalité, ne servent qu'à faire des séances de photos et à donner l'impression que des consultations ont eu lieu avant la présentation du projet de loi.
Le fait que le gouvernement libéral n'ait pas pris la peine de consulter les intervenants les plus importants, à savoir les représentants syndicaux des travailleurs de première ligne de l'Agence des services frontaliers du Canada, indique qu'il ne se soucie pas du sort des travailleurs. J'ai l'impression que les libéraux se donnent la permission de choisir quels syndicats jouiront d'un traitement spécial et lesquels seront totalement ignorés.
Les députés conservateurs collaboreront avec le gouvernement en vue d'appuyer les principes du projet de loi. Cependant, nous voulons que les personnes touchées aient l'occasion de participer au processus d'étude en comité. Nous devons garantir que le comité aura suffisamment de temps pour étudier les modifications proposées à la Loi sur la Gendarmerie royale du Canada et à la Loi sur l'Agence des services frontaliers du Canada afin de vérifier si ces modifications profiteront aux personnes concernées, qu'il s'agisse du traitement des plaintes du public ou d'autres éléments.
Aussi bonne soit cette politique, il faut un bon gouvernement pour la mettre en œuvre, pas un gouvernement qui oublie ses responsabilités parce qu'il est constamment empêtré dans les scandales, puis qui tente de faire adopter à la va-vite cette mesure législative parce qu'il craint de ne pas être réélu. Le gouvernement ne doit pas être si déconnecté de la réalité qu'il ne mène aucune consultation auprès des Canadiens qui seraient touchés par ce projet de loi.
L'approche adoptée par le gouvernement montre qu'il estime n'avoir aucun compte à rendre aux Canadiens, qu'il ne se soucie aucunement de ce qu'ils pensent et qu'il n'éprouve aucun respect pour eux. Un climat d'agitation règne dans l'Ouest canadien, et il ne faut pas l'ignorer. Je crois que nous ne devons plus poser des gestes visant intentionnellement à encourager cette agitation. Nous devons plutôt chercher à trouver des terrains d'entente, de même qu'à reconnaître et à favoriser une interdépendance saine à l'échelle de notre merveilleux pays.
Le Canada et tous ses habitants méritent un gouvernement qui légifère de façon responsable et respectueuse, en ayant à cœur l'intérêt de tous les Canadiens. J'attends avec impatience le jour où nous pourrons former ce genre de gouvernement.
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Monsieur le Président, comme c'est ma première allocution, je tiens à profiter de l'occasion pour remercier les formidables habitants de Kootenay—Columbia de m'avoir fait confiance pour les représenter à Ottawa. J'ai eu droit à un soutien incroyable de la part de ma famille et de mes amis, de mon épouse, Heather, et de nos cinq enfants, Ryan, Rob, Kassidy, Chelsea et Kendall.
Avec une circonscription de 80 000 kilomètres carrés, il n'a pas été facile de parcourir tout le territoire pour rencontrer les citoyens. L'équipe et les bénévoles de la campagne ont fait un excellent travail, ils n'ont pas ménagé leurs efforts.
Les gens m'ont parlé de leurs préoccupations et de leurs priorités, de bois d'œuvre et de loi relative aux armes à feu. Le soutien de l'industrie minière, du tourisme, du secteur de l'énergie et de l'Alberta — puisqu'elle est notre voisine —, de même que la santé sont des sujets que je veux aborder.
Je suis heureux de prendre la parole à propos du projet de loi , Loi modifiant la Loi sur la Gendarmerie royale du Canada et la Loi sur l'Agence des services frontaliers du Canada. Je le fais au nom de nombreux agents des services frontaliers des points d'entrée de Kingsgate, de Nelway, de Porthill, de Roosville et de Rykerts, qui se trouvent tous dans la circonscription de Kootenay—Columbia.
Je les remercie de leur travail et je remercie le chef des opérations de l'ASFC pour la région de Kootenay de son leadership et de tous les efforts qu'il déploie pour assurer la sécurité de notre région. J'appuie également la GRC, qui fournit les services de police municipaux, ruraux, provinciaux et fédéraux dans toute ma circonscription.
J'aimerais profiter de cette occasion pour saluer le travail acharné et le dévouement de tous les hommes et de toutes les femmes qui servent et protègent ce grand pays d'un océan à l'autre.
Lors de mes déplacements dans ma circonscription, j'ai entendu un thème revenir, celui de la « responsabilisation », ce qui est vraiment intéressant puisque c'est ce dont nous parlons aujourd'hui.
Je suis pour les enquêtes internes. De fait, j'ai participé à de nombreuses enquêtes internes au cours de mes 35 ans de carrière à la GRC. Je suis en faveur de l'indépendance. Je pense que nous avons besoin d'enquêtes indépendantes. Il serait bon de savoir comment cela va fonctionner. Je n'ai pas encore pu l'apprendre, cependant, en raison du retard dans les enquêtes. Actuellement, à la GRC, qui a un mécanisme d'examen indépendant, cela peut prendre au moins deux, trois ou quatre ans. Certains agents relèvent de l'ancienne loi sur la GRC et d'autres, de la nouvelle. Maintenant, on va la changer une nouvelle fois pour intégrer un nouveau processus de responsabilisation en lien avec cette commission d'examen.
J'ai entendu certaines inquiétudes au sujet du fait que le syndicat de l'ASFC n'aurait pas été consulté. Je me demande s'il en a été de même avec la GRC, dont les membres souhaitent se syndiquer. Les membres de la GRC ont-ils été consultés et ont-ils témoigné? J'ai hâte que le Comité permanent de la Sécurité publique et nationale convoque des témoins afin qu'ils puissent nous dire ce qu'ils pensent de tout cela.
Il n'a pas été question des normes de formation et de service, des éléments très importants. Quelles sont les normes de service de l'ASFC? Quelles sont les normes de service de la GRC? En quoi exactement consiste le rôle d'un agent de la GRC? Le comité d'examen pourra alors comprendre ce que cet agent est censé faire, ce qu'il doit faire et ne pas faire. Dans le cas contraire, comme ses membres n'ont aucune expérience en matière d'application de la loi, ils pourraient penser qu'un comportement est adéquat alors qu'il ne l'est pas, ou vice-versa.
Il est essentiel d'élaborer des normes de service avant d'aller de l'avant avec ce projet de loi afin que le comité d'examen comprenne bien les rôles de l'ASFC et de la GRC.
Au cours d'une des dernières réunions du comité de la sécurité publique, il a été question d'enjeux d'ordre administratif qu'on ne s'attendait pas à devoir traiter. J'aimerais que le gouvernement nous dise en quoi consistaient ces questions d'ordre administratif. S'agissait-il de l'embauche de nouveaux employés? S'agissait-il de normes de service ou de questions syndicales? Je ne comprends pas quelles questions d'ordre administratif auraient pu être soulevées en décembre.
La GRC et l'ASFC ont toutes deux très bonne réputation. Je serai franc. Elles sont ouvertes à l'idée d'un organisme indépendant bien pensé et bien formé, mais pas à l'idée d'un processus de nomination qui donnera un résultat semblable à celui qu'on voit actuellement à la Commission des libérations conditionnelles.
Avant que nous puissions appuyer ce projet de loi et les changements qu'il propose, je demande que le gouvernement et le répondent à certaines de ces questions.
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Monsieur le Président, je tiens tout d'abord à dire que je vais partager mon temps de parole avec le député de .
Je suis heureuse d'avoir l'occasion de prendre part au débat d'aujourd'hui sur le projet de loi , qui propose d'établir un organisme de surveillance indépendant pour l'Agence des services frontaliers du Canada.
L'ASFC est déjà assujettie à un examen de la part de plusieurs commissions et tribunaux indépendants. Ces organismes scrutent, entre autres, les décisions de l'ASFC en matière de douanes et d'immigration. Cependant, il n'existe aucun organisme de surveillance externe pour certaines de ses autres fonctions et activités.
Par exemple, rien n'est en place pour les plaintes du public touchant la conduite et les services des employés de l'ASFC. Dans l'état actuel des choses, il n'y a pas de mécanisme d'examen indépendant pour les activités de l'ASFC qui ne sont pas liées à la sécurité nationale. Cela fait de l'ASFC un cas particulier, tant au pays qu'à l'étranger.
Les autres organismes de sécurité publique au Canada font l'objet d'un examen indépendant, et il en va de même pour les agences frontalières dans un certain nombre de pays comparables, dont le Royaume-Uni, l'Australie, la Nouvelle-Zélande et la France. Combler ces lacunes en matière de reddition de comptes grâce au projet de loi permettrait d'améliorer la force de l'ASFC et de renforcer la confiance de la population à son égard. Les citoyens pourraient ainsi continuer de s'attendre à un traitement uniforme, juste et équitable de la part des employés de l'ASFC, et le tout donnerait lieu à des possibilités d'amélioration continue des interactions et des services de l'ASFC.
Pour un organisme qui s'occupe de dizaines de millions de personnes chaque année, c'est un aspect extrêmement important. À l'heure actuelle, les plaintes du public au sujet de la conduite des employés de l'Agence des services frontaliers du Canada et des services qu'ils dispensent sont seulement traitées à l'interne. Je suis certaine que tous mes collègues trouvent que cette situation n'est plus acceptable.
Le projet de loi prévoit que ces plaintes soient plutôt traitées par une nouvelle commission, soit la commission d’examen et de traitement des plaintes du public. Cette nouvelle commission viendrait renforcer les efforts de la Commission civile d'examen et de traitement des plaintes, qui est la commission d'examen de la GRC, en s'intégrant à celle-ci. Le projet de loi prévoit élargir les rôles de la Commission civile d'examen et de traitement des plaintes et lui donner un nouveau nom qui cadrera avec ses nouvelles responsabilités auprès de l'Agence des services frontaliers du Canada.
La commission d’examen et de traitement des plaintes du public pourrait recevoir les plaintes du public à l'égard de la conduite des agents de l'ASFC et du service offert par l'ASFC et faire enquête sur ces plaintes. Les plaintes liées au service pourraient porter sur une foule de problèmes. Elles pourraient viser notamment: le temps d'attente à la frontière et le temps de traitement; les envois postaux perdus ou endommagés; le niveau de service offert; le processus d'examen, y compris les biens ou les appareils électroniques endommagés pendant une fouille ou un examen; les infrastructures de l'ASFC, y compris l'espace de stationnement insuffisant, la signalisation inadéquate ou l'absence d'espace de stationnement.
Les plaintes liées au service n'incluent pas les mesures d'application de la loi comme les amendes pour ceux qui n'acquittent pas les droits de douane, et elles ne comprennent pas non plus les décisions d'ordre commercial comme la classification douanière. Ces décisions sont déjà visées par d'autres mécanismes d'examen.
En plus de se pencher sur les plaintes, cette commission examinerait des activités de la GRC et de l'ASFC non liées à la sécurité nationale. Les rapports de la commission incluraient des conclusions et des recommandations concernant: le bien-fondé, la pertinence, le caractère adéquat ou la clarté de toute politique, procédure ou ligne directrice régissant les opérations de l’ASFC; la conformité des activités de l'ASFC à la loi et aux instructions du ministre; le caractère raisonnable et nécessaire du recours aux pouvoirs conférés à l'ASFC. L'ASFC serait tenue de fournir une réponse à ces conclusions et à ces recommandations pour toutes les plaintes.
La création de la commission d’examen et de traitement des plaintes du public se fait attendre depuis trop longtemps. On répondrait ainsi à ceux qui réclament depuis longtemps un processus d'examen indépendant pour les plaintes du public concernant l'ASFC.
Selon Hugh Segal, ancien parlementaire et président de l'Association canadienne pour l'OTAN du Massey College, l'absence de mécanismes de surveillance pour l'ASFC est injustifiée et inacceptable.
Par ailleurs, selon Luc Portelance, ancien président de l'ASFC, tous les mécanismes d'examen ne sont pas publics lorsqu'on traite les plaintes de citoyens canadiens ou de ressortissants étrangers qui ont eu des échanges négatifs avec un agent frontalier. C'est un processus interne qui n'est pas considéré comme indépendant. D'après M. Portelance, cette situation nuit considérablement à la confiance du public.
Le gouvernement du Canada s'est engagé à rectifier la situation en comblant les lacunes du cadre régissant la responsabilité externe de l'ASFC.
En présentant le projet de loi , il respecte cet engagement. Le projet de loi fait fond sur des mesures que le gouvernement a récemment prises pour renforcer l'obligation de rendre des comptes quant aux questions de sécurité nationale. Ces mesures comprennent l'adoption d'une loi visant à constituer le Comité des parlementaires sur la sécurité nationale et le renseignement ainsi que la création, au moyen du projet de loi , du nouvel organisme de surveillance composé d'experts, c'est-à-dire l'Office de surveillance des activités en matière de sécurité nationale et de renseignement. Ces deux organismes sont maintenant en activité et ils font un travail extrêmement important en examinant les activités de sécurité nationale de tous les ministères et organismes, y compris l'ASFC.
Le projet de loi ira plus loin en établissant une fonction d'examen et de traitement des plaintes pour les autres activités de l'ASFC. Ce faisant, il comblera le vide dans l'architecture de la responsabilité en matière de sécurité publique dans ce pays. Il permettra l'examen indépendant des plaintes du public concernant la conduite des employés de l'ASFC, les services de l'ASFC ainsi que les conditions et le traitement des détenus de l'immigration. En ce qui concerne ces détenus particuliers, le projet de loi C-3 comprend des garanties supplémentaires pour garantir leur traitement humain et la prestation des ressources et des services nécessaires pendant leur détention.
La présentation de ce projet de loi démontre un engagement à assurer la sécurité des Canadiens tout en traitant les gens équitablement et en respectant les droits de la personne. Il s'agit d'un grand pas en avant quant aux mesures visant à ce que les Canadiens aient confiance dans le système de responsabilisation des organismes qui travaillent si dur pour assurer leur sécurité.
Pour toutes les raisons que j'ai données aujourd'hui, je voterai en faveur du projet de loi à l'étape de la deuxième lecture. J'exhorte tous mes collègues à se joindre à moi pour appuyer le projet de loi.