Que la Chambre: a) condamne la décision de la Commission des libérations conditionnelles du Canada qui a mené à la mort d’une jeune femme par un détenu alors qu’il était en semi-liberté en janvier de cette année; b) donne instruction au Comité permanent de la sécurité publique et nationale de tenir des audiences sur cette affaire, y compris d’examiner les changements apportés par le gouvernement en 2017 au processus de nomination de la Commission, en vue de recommander des mesures à prendre pour veiller à ce qu’une tragédie de ce genre ne se reproduise plus jamais.
— Monsieur le Président, je partagerai mon temps de parole avec le député de .
La journée d’aujourd’hui est très importante pour l’opposition officielle, mais surtout pour la famille de Marylène Levesque, qui doit obtenir des réponses. Marylène Levesque est cette jeune femme de 22 ans qui a été assassinée il y a deux semaines à Québec, dans ma région.
Ce drame m’a personnellement touché. Je suis incapable de comprendre pourquoi nous en sommes arrivés à une situation où un prisonnier en liberté conditionnelle pouvait avoir des relations sexuelles avec des femmes. C’est même une recommandation qui a amené cet homme à avoir des relations sexuelles, alors qu’il a tué son ex-conjointe en 2004 et qu’il a été condamné à la prison à vie en 2006.
La première question qu’on peut se poser devant une telle situation, c’est pourquoi l’individu avait été relâché avant les 15 ans déterminés par le juge. La deuxième question est de comprendre comment a été mise en place la stratégie de l’agente des libérations conditionnelles, dont le rapport a été signé et adopté par deux commissaires. Ce rapport mentionnait que le prisonnier en liberté conditionnelle avait un problème avec les femmes. C’était clair. Cet homme avait tué son ex-conjointe et avait démontré pendant près de 15 ans qu’il n’était pas en mesure de nouer des relations normales avec des femmes.
Dans le rapport de libération conditionnelle, on peut lire ce qui suit:
En audience, votre agente de libération conditionnelle a souligné qu’une stratégie a été développée afin que vous puissiez rencontrer des femmes, mais seulement afin de répondre à vos besoins sexuels. Votre ÉGC [...] vous a permis de faire ces rencontres moyennant que vous fassiez preuve de transparence.
Voilà le nœud de l’affaire qui nous amène à déposer cette motion dont nous débattons aujourd’hui à la Chambre des communes. Comment deux commissaires ont-ils pu accepter et signer un rapport qui permet à un tueur de femmes, à quelqu’un qui a des problèmes psychologiques dans ses relations avec les femmes, d’assouvir ses besoins sexuels avec des femmes? Cela sous-entend qu’il peut faire affaire avec des prostituées et qu’il peut avoir une relation avec d’autres femmes. Or ces femmes ne savent pas qui il est ni d’où il vient. On envoie carrément un loup dans la bergerie.
La région de Québec, le Québec et maintenant le Canada sont consternés par cette histoire. N’oublions pas que Marylène Levesque a payé de sa vie cette permission octroyée à un prisonnier comme Eustachio Gallese.
Ces questions nous amènent à essayer de comprendre comment la Commision des libérations conditionnelles du Canada s’est vue complètement transformée dans les dernières années. À partir du moment où nous avons changé de gouvernement en 2015, des changements ont été apportés. Des contrats de commissaires expérimentés qui étaient en place n’ont pas été renouvelés. Le gouvernement a décidé que les nominations des commissaires se feraient au niveau politique. Ainsi, des gens ont été nommés. C’étaient sûrement de bonnes personnes. Je ne veux pas accuser les individus, mais il reste que des gens ont été nommés de façon politique à des postes de commissaires, qui sont des postes stratégiques, sans avoir l’appui des anciens. Normalement, lorsqu’on travaille, un ancien est toujours jumelé à un nouveau, pour assurer la transmission des connaissances.
Ces questions sont fondamentales, parce que ces gens ont une responsabilité énorme en matière de sécurité publique. Ils signent et cautionnent des libérations de meurtriers, des gens que la cour a condamnés à la prison à vie. Ceux-ci demandent une libération et, selon différents critères, on accède à leur demande. Dans ce cas précis, on a donné la possibilité à un meurtrier de femmes de rencontrer des femmes pour assouvir ses besoins sexuels. C’est incompréhensible. Personne ne comprend cela. Même le chef du Service de police de la Ville de Québec, Robert Pigeon, a dit en entrevue la fin de semaine dernière qu’il n’avait jamais vu une telle chose de toute sa carrière et qu’il ne pouvait comprendre comment cela avait pu arriver.
Il y a un autre problème: en 2018, le vérificateur général du Canada a mentionné dans son rapport qu’il y avait des problèmes relatifs aux suivis et à l'hébergement pour les gens en liberté conditionnelle.
Il y a donc un ensemble de facteurs qui mènent à une situation explosive. Je le répète, Marylène Levesque l'a payé de sa vie. Quoiqu'en disent certaines personnes, Marylène gagnait effectivement sa vie comme « escorte ». L'achat de services sexuels est illégal actuellement. Or on a vu qu'un rapport du gouvernement proposait d'aller vers les femmes et indirectement vers les « escortes », ce qui est illégal. La population se questionne énormément sur ce qui s'est passé.
On voit d'ailleurs que la situation de Marylène Levesque n'est pas la seule. Il y a deux ans, nous avons ici même longuement débattu du meurtre de Tori Stafford.
On se souviendra de cette autre jeune Canadienne qui avait été enlevée, violée, torturée et assassinée par Michael Rafferty et Terri-Lynne McClintic. On avait retrouvé son corps en Ontario. C'était un meurtre incroyable, et les meurtriers ont été condamnés à la prison à vie. Or, après seulement six ans, on apprenait que Mme McClintic avait été transférée d'un pénitencier à sécurité maximale vers le pavillon de ressourcement Okimaw Ohci, un pavillon à sécurité minimale situé en Saskatchewan. Comme Mme McClintic prétendait être autochtone, on l'a envoyée dans un centre de ressourcement où il n'y a que des caméras et où on peut ouvrir la porte et sortir quand on veut. C'est une situation que la population du Canada tout entier ne comprenait pas. Nous avions soulevé le point à la Chambre des communes, mais les libéraux ne voulaient pas changer les choses. À la suite de beaucoup de pression et après que la population se soit révoltée, le gouvernement a finalement renvoyé Mme McClintic dans une prison normale.
Ces décisions font qu'on se pose énormément de questions sur l'ensemble du processus de décisions qui sont prises. C'est pour cette raison que nous voulons revoir comment fonctionne la Commission des libérations conditionnelles du Canada et comment sont appuyées les décisions.
Au Québec, la ministre de la Justice, Mme Sonia LeBel, a résumé la situation du meurtre de Marylène Levesque en une seule phrase: « Les libérations conditionnelles doivent effectivement prendre en compte les principes de réinsertion sociale, mais ils ont comme principe prépondérant d’abord et avant tout la sécurité de nos citoyens, la sécurité des gens ».
À ce sujet, en 2017, huit anciens commissaires aux libérations conditionnelles ont envoyé une lettre au premier ministre. Les deux paragraphes suivants résument clairement la situation: « Nous sommes des commissaires de la Commission des libérations conditionnelles du Canada et voulons vous transmettre nos sérieuses préoccupations concernant le processus de renouvellement des mandats de commissaires, qui ne nous apparaît pas transparent ».
D'anciens commissaires ont également mentionné dans la lettre: « Notre mandat premier est la protection du public et nous craignons que ce mandat soit actuellement en péril ».
Il s'agit d'une lettre envoyée en 2017 par huit anciens commissaires qui soulevaient déjà l'existence d'une problématique. Ils n'ont jamais reçu de réponse de la part du premier ministre.
Nous ne devons pas nous laisser distraire par le genre de vie que Marylène Levesque avait choisi de mener. L'important est de comprendre que, selon nous, l'individu en liberté conditionnelle avait des conditions inacceptables et que tout le processus doit être revu, de même que la façon de nommer les commissaires aux libérations conditionnelles.
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Madame la Présidente, je prends la parole aujourd'hui au sujet de la motion des conservateurs présentée par mon collègue de .
La motion dénonce la décision de la Commission des libérations conditionnelles au Québec qui a coûté la vie à une femme de 22 ans aux mains d'un dangereux récidiviste. Elle demande que des mesures soient prises immédiatement pour qu'on se penche sur les nominations à la Commission des libérations conditionnelles qui ont contribué à ce qu'un dangereux délinquant se retrouve libre et pour que le Parlement recommande des mesures à prendre pour qu'une telle tragédie ne se reproduise plus jamais.
Étant donné les récents commentaires du sur la nécessité de trouver un terrain d'entente avec tous les partis pour protéger les Canadiens, j'ose penser qu'il appuiera notre motion. J'imagine que tous les députés condamneront le meurtre d'une jeune femme par un homme qui avait tué sa conjointe précédente à coups de marteau et qui a été libéré sur parole avec la permission de recourir à des femmes pour combler ses besoins sexuels.
Comme un chroniqueur l'a mentionné, il semble que le plan de libération de la Commission des libérations conditionnelles partait du principe que l'accès au corps d'une femme était un droit du délinquant. Tout homme incapable de contrôler ses pulsions est inapte à être réintégré dans la société. La liberté et le respect sont les fondements de notre pays: le respect mutuel, le respect de la loi et le respect de nos valeurs. Dans cette affaire, la décision de la Commission des libérations conditionnelles est répréhensible.
Je ne prétendrai pas que le gouvernement libéral est la source du problème tout entier, pas plus qu'un gouvernement passé ou une décision en particulier. Le problème vient du fait que le système de libération conditionnelle et de mise en liberté privilégie les détenus au détriment des victimes en faisant passer les droits des détenus devant la sécurité publique.
Cette situation est due à l'inaction du gouvernement actuel ainsi qu'aux agissements ou à l'inaction des gouvernements précédents, de même qu'aux décisions des tribunaux et aux précédents qu'elles créent. Rien de tout cela ne devrait empêcher la Chambre de remettre en question le statu quo pour parvenir à un meilleur système qui empêchera la mise en liberté des individus qui ne sont pas prêts à être des citoyens respectueux de la loi.
Je veux être bien clair: il n'est pas question ici de toutes les personnes qui ont fait de la prison. Nous ne voulons pas dire que si une personne a fait quelque chose de mal — comme c'est le cas de nous tous, à un moment ou à un autre et à différents degrés —, il n'y a pas de salut pour elle. Je crois en la rédemption.
Dans le cas des gens qui ont commis des crimes, nous avons défini des critères très précis pour conclure à la rédemption. Nous nous fondons sur les efforts déployés pour se réformer et se réadapter, pour corriger ses défauts ou régler ses problèmes et pour acquérir une formation ou faire des études en prévision de sa libération, de manière à ne plus jamais avoir de démêlés avec la justice. Cependant, il y a eu trop de cas comme celui-ci. Il y a eu trop de décisions rendues récemment par des membres de la Commission des libérations conditionnelles nommés par les libéraux qui ont débouché sur la libération de délinquants dangereux dans la société sans communication d'information ni mesures de protection adéquates. L'absence d'obligation redditionnelle et l'application d'un processus décisionnel inefficace et mal étayé expliquent pourquoi il est urgent que la Chambre revoie le traitement des délinquants violents.
Les délinquants dangereux sont désignés comme tels par les tribunaux. Ils purgent des peines d'emprisonnement d'une durée indéterminée en raison des crimes crapuleux qu'ils ont commis à répétition. En raison de la violence persistante de leurs comportements, les délinquants dangereux sont une menace pour les autres.
Ce n'est pas à la société d'accepter les délinquants dangereux. C'est aux délinquants dangereux d'adhérer aux lois et aux valeurs de la société en vue d'être libérés. Cependant, il semble que le gouvernement libéral s'empresse un peu trop de défendre les droits des criminels dangereux et des autres individus qui sont traduits devant les tribunaux. Le gouvernement libéral laisse les délinquants dangereux s'en tirer trop facilement.
Dans le projet de loi , les libéraux ont réduit des peines, en les limitant parfois à des amendes, même pour des crimes violents, afin de régler le problème de l'engorgement des tribunaux. Avec le projet de loi , les libéraux s'en sont pris aux propriétaires d'armes à feu respectueux des lois en raison d'actions commises par des criminels et des gangs. Dans les lois en matière de sécurité nationale, ils ont alourdi les formalités administratives et ils ont recentré leurs efforts sur la surveillance des fonctionnaires qui défendent les Canadiens plutôt que sur le suivi de la menace établie que posent des éléments radicalisés, comme les terroristes du groupe armé État islamique de retour au pays, ou d'autres menaces en provenance de l'étranger.
Il y a deux ans, nous avons été témoins d'une situation très semblable. Les Canadiens se sont indignés lorsque Terri-Lynne McClintic — qui avait été complice du leurre, de l'agression, du viol et du meurtre de Tori Stafford, 8 ans — a été transférée de la prison à un pavillon de ressourcement à niveau de sécurité inférieur. La communauté autochtone située non loin de ma circonscription ne voulait pas d'elle dans cet endroit, car elle n'est pas autochtone. En tant que tel, ce transfèrement a suscité beaucoup de questions. Aucun prédateur d'enfant ne devrait être emprisonné dans un établissement où il y a des enfants et des familles.
Après avoir affirmé que rien ne clochait, les libéraux ont fini par conclure qu'ils avaient eu tort, après une enquête de quelques mois. Ils ont modifié légèrement leurs politiques en déclarant que tout allait bien, que tout irait bien. Or, si les politiques avaient été appliquées comme il se doit initialement, le transfèrement n'aurait jamais eu lieu.
Peu importe les mots que les autorités emploient pour qualifier cette personne, l'homme qui est au cœur de cette tragédie est un délinquant violent et dangereux. La Commission des libérations conditionnelles et le ministre auraient dû être au courant des risques et ils auraient dû prendre des mesures pour prévenir un événement tragique comme celui qui s'est produit récemment. Or, il n'y a plus de reddition de comptes de la part du ministre ou du gouvernement. La Commission des libérations conditionnelles a-t-elle manqué à ses obligations envers les Canadiens dans ces circonstances? Il semble que oui. La décision de l'ancien ministre Ralph Goodale de confier à des personnes peu expérimentées et non formées ce genre de décisions pouvait-elle être un facteur de risque? On dirait bien que oui.
Selon la Loi sur le système correctionnel et la mise en liberté sous condition, la libération conditionnelle vise à contribuer au maintien d’une société juste, paisible et sûre en favorisant la réadaptation et la réinsertion sociale des délinquants en tant que citoyens respectueux des lois. La loi dit expressément que la protection de la société est le critère prépondérant appliqué par la Commission des libérations conditionnelles. Or, lorsqu'on décide de libérer un délinquant qui est considéré comme incapable de s'empêcher de faire du mal à autrui et qui pose un risque pour les femmes, et lorsqu'on lui demande d'enfreindre la loi en sollicitant les services sexuels d'une femme, on ne respecte pas du tout les critères établis dans la loi.
Même si la libération d'un délinquant dangereux et violent avait été justifiée, les agents de libération conditionnelle sont débordés. En effet, selon leur syndicat, leur charge de travail est insurmontable, ce qui pose un risque réel pour les Canadiens parce que les agents ne peuvent pas tenir à l'œil les libérés conditionnels. La libération par les libéraux de nombreux délinquants dangereux dans la collectivité aggrave le problème.
Je pense notamment au cas de Madilyn Harks, anciennement connue sous le nom de Matthew Ralf Harks, une violeuse en série qui avait agressé de jeunes femmes. Malgré ses trois condamnations pour agression sexuelle contre des fillettes de moins de 8 ans, elle a été remise en liberté à Brampton, l'une des plus grandes banlieues du pays, alors qu'elle représentait un risque pour des dizaines de milliers d'enfants habitant dans cette localité. Mme Harks a été retirée de la collectivité devant l'indignation du public et après que des pressions politiques eurent été exercées sur des députés libéraux locaux. Présentait-elle un risque pour les Canadiens? Absolument. A-t-elle été placée au mauvais endroit? Tout à fait. Or, le problème a seulement été corrigé devant l'indignation de la classe politique et de la population.
Je pense aussi à Randall Hopley, un prédateur d'enfants en série, qui a été remis en liberté à Vancouver, même si la Commission des libérations conditionnelles avait affirmé qu'elle n'était pas en mesure de gérer les risques qu'il pose pour les enfants canadiens. Puis, il y a le cas de Peter Whitmore, qui a été condamné à maintes reprises pour avoir agressé de jeunes garçons, mais qui se voit sans cesse imposer des peines légères pour des agressions et des viols commis contre des enfants. Après avoir kidnappé deux garçons, les avoir ligotés et les avoir violés, M. Whitmore a de nouveau été incarcéré. Toutefois, il est maintenant admissible à une libération conditionnelle et, aussi incroyable que cela puisse paraître, il semblerait que ce n'est qu'une question de temps avant que la commission libérale des libérations conditionnelles le remette de nouveau en liberté. Il y a de nombreux autres exemples similaires, mais je n'ai pas le temps de les mentionner tous.
Rien ne justifie que ces crimes aient été commis et rien ne justifie que la moindre de ces victimes ait été mise en danger et en ait fait les frais. Cependant, nous convenons tous que, dans une société qui privilégie la présomption d'innocence, priver quelqu'un de ses droits en vertu du Code criminel n'est pas une décision qui devrait être prise à la légère. Dans certaines situations, il est évident que c'est ce qui doit être fait. La personne coupable est responsable de ses actes. Personne n'a le droit d'infliger des blessures ou des sévices à qui que ce soit. Lorsque la Commission des libérations conditionnelles juge qu'une menace ne peut être gérée, elle devrait pouvoir prendre des mesures pour s'assurer que les Canadiens ne s'exposent pas à de plus grands risques. Nous n'avons pas à accepter les gestes des meurtriers, des violeurs, des pédophiles, des récidivistes et des criminels en série. Toutefois, le moment venu, il incombe à ces personnes de démontrer qu'elles sont aptes à être libérées, et non l'inverse. Les Canadiens n'ont pas à accepter d'être victimes d'actes intolérables et haineux. Les criminels ne sont pas les victimes.
Je termine en disant que les nombreux problèmes qui menacent nos collectivités justifient la motion présentée par mon collègue. La sécurité publique a été mise de côté à maintes reprises par le gouvernement actuel, avec ses manœuvres politiques. Je crois que les parlementaires sont tous d'avis que nous devons revoir la manière dont nous gérons les délinquants dangereux pour être en mesure de mieux protéger les Canadiens.
Je soupçonne que les libéraux trouveront encore un nouveau prétexte pour expliquer qu'aucune intervention n'est requise pour le moment. Ils répondront, comme ils l'ont souvent fait, qu'une enquête interne est en cours. Il est naturel que les personnes responsables de certaines décisions soient portées à défendre le système. Il ne faudra pas se contenter d'une autre décision qui chercherait à tout balayer sous le tapis, comme dans l'affaire McClintic.
Il est temps que les députés jouent le rôle que le ministre n'a pas le courage de jouer lui-même. J'encourage mes collègues à voter en faveur d'une étude qui permettra d'examiner le régime de libération conditionnelle, de le renforcer, de voir à ce que le financement nécessaire soit disponible, et de s'assurer que la sécurité des Canadiens l'emporte sur les préoccupations politiques des libéraux.
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Madame la Présidente, je me joins à tous les députés de la Chambre pour exprimer mes plus sincères condoléances à la famille et aux amis de Marylène Levesque, qui a été froidement et lâchement assassinée dans ma circonscription, à Québec.
Cette tragédie nous a tous profondément attristés et outrés. Un drame pareil serait choquant, peu importe le contexte, mais il l'est encore plus puisque le système qui devait protéger Marylène Levesque et le public a échoué. C'est une tragédie indicible qui a ébranlé tout le pays et le Québec, et particulièrement ma communauté. Il importe de faire la lumière sur les circonstances qui ont mené à ce drame.
Il doit y avoir une enquête pour bien comprendre ce qui s'est passé, identifier les responsables et apporter les changements nécessaires pour que cela ne se reproduise plus jamais. À cet égard, deux enquêtes sont déjà en cours: l'enquête criminelle menée par le Service de police de la Ville de Québec et celle du comité d'enquête mis sur pied par le Service correctionnel du Canada — le SCC — et la Commission des libérations conditionnelles du Canada.
Ce comité a été mis sur pied en vertu de l'article 20 de la Loi sur le système correctionnel et la mise en liberté sous condition. Il est composé de cinq personnes, dont deux coprésidents qui ne travaillent pour ni l'un ni l'autre des deux organismes impliqués. Le gouvernement s'attend à ce que ce comité termine ses travaux le plus rapidement possible. Ses conclusions seront rendues publiques et permettront de mieux comprendre là où il y a eu des manquements, que ce soit à la Commission ou au SCC. Ces conclusions sont impératives.
Notre gouvernement appuie également la tenue d'une étude par le Comité permanent de la sécurité publique et nationale, comme le demande la motion que nous débattons aujourd'hui. Il est de notre avis que ces enquêtes et cette étude vont permettre de tirer les conclusions nécessaires pour qu'une telle tragédie ne se reproduise pas. Les faits vont nous permettre d'y arriver et je pense d'ailleurs qu'il est important de revenir à ces faits.
La Commission des libérations conditionnelles du Canada n'avait pas accepté que l'individu en question, M. Gallese, fréquente des salons de massage. Quand la Commission a appris que des agents des services correctionnels permettaient que cela se produise, elle a immédiatement exigé dans sa décision de septembre 2019 que cela cesse. L'enquête nous permettra de savoir si cette directive a été respectée par les gestionnaires de cas de M. Gallese et, si ce n'est pas le cas, pourquoi. Entre-temps, je peux rassurer la Chambre et tous les députés en leur disant que les agents en question ne surveillent plus aucun délinquant.
D'une façon ou d'une autre, il m'apparaît évident qu'il y a eu un sérieux dérapage et des manquements dans ce cas. Il est totalement inacceptable et inapproprié qu'une agente des services correctionnels puisse inclure dans son plan des visites à des salons de massage, surtout en connaissant le passé criminel de M. Gallese. Il importe donc qu'une enquête rigoureuse fasse toute la lumière sur les circonstances qui ont mené à cette tragédie.
D'un autre côté, je constate que le Parti conservateur et le député de utilisent ce cas pour tenter de démontrer qu'il y a un problème systémique.
Pourtant, les infractions violentes commises par les personnes sous surveillance communautaire sont extrêmement rares au Canada, et elles sont devenues de plus en plus rares au cours des dernières années. Au cours de la dernière décennie, de 7 000 à 8 000 personnes étaient l'objet d'une forme ou d'une autre de surveillance communautaire chaque année, dont plus de 1 000 délinquants en semi-liberté. Or, en 2013 et en 2014, il n'y a eu que 17 condamnations pour infraction violente commise par une personne en semi-liberté ou en libération conditionnelle totale.
C'est un terrain sur lequel j'éviterais de m'aventurer, mais les conservateurs semblent vouloir nous y amener quand même. Je rappelle donc que ces données remontent à l'époque où le gouvernement de M. Harper régnait depuis presque une décennie.
Par comparaison, il n'y a eu en 2017-2018 que cinq incidents violents commis par des personnes en semi-liberté ou en libération conditionnelle. Cela ne veut pas dire que le système n'a pas échoué dans le cas de Marylène Levesque. Cela ne veut pas dire qu'il ne faut pas faire toute la lumière sur les circonstances qui ont mené à cette tragédie. Cependant, quand on analyse le système correctionnel dans son ensemble, ce sont les chiffres qu'il faut garder en tête.
On devrait aussi garder ces chiffres en tête quand on parle des nominations à la Commission des libérations conditionnelles du Canada, dont les commissaires sont hautement qualifiés. D'ailleurs, beaucoup de choses ont été dites à ce sujet. Or, parmi les 78 commissaires actuels, 36 % viennent du milieu correctionnel, 28 % du milieu juridique, 17 % de la fonction publique, 15 % du domaine de l'éducation, alors que 10 % sont d'anciens policiers. Ces commissaires sont formés en droit, en psychologie, en criminologie et en travail social.
Une fois nommés, les nouveaux commissaires reçoivent une formation rigoureuse en région et au quartier général de la Commission, ici, à Ottawa. Ils sont formés, entre autres, en évaluation du risque, en technique d'entrevue, en gestion d'audience, en rédaction de décisions, et ils apprennent à reconnaître les facteurs particuliers qui s'appliquent à certains types de délinquants, par exemple, les agresseurs ou les personnes avec des troubles mentaux.
Après cette formation initiale, les nouveaux commissaires observent des audiences. Ils sont jumelés à des commissaires plus expérimentés et, si nécessaire, ils retournent suivre de la formation supplémentaire. Il importe de savoir que c'est seulement lorsque le vice-président régional est satisfait et estime qu'ils sont prêts à siéger et à recevoir une audience qu'on leur permet de siéger pour rendre des décisions. C'est seulement lorsque le vice-président régional est d'avis qu'ils sont prêts qu'ils peuvent assumer leur rôle de commissaire. Or, le vice-président régional actuel au Québec a non seulement été nommé par le gouvernement conservateur, il est aussi un ancien candidat conservateur et l'adjoint de l'ancien ministre Jean-Pierre Blackburn.
Il faut savoir également que tous les commissaires reçoivent une formation annuelle sur l'évaluation du risque pour qu'ils peaufinent leurs capacités et demeurent en mode d'apprentissage continu.
Je rappelle, encore une fois, qu'il n'y a pas un commissaire qui siège à la Commission sans avoir l'approbation du vice-président régional; celui-ci doit être satisfait que les commissaires ont acquis les compétences et l'expertise nécessaires pour siéger à titre de commissaire à la Commission. Actuellement, le vice-président régional au Québec est un ancien candidat conservateur nommé par le Parti conservateur.
En fait, plusieurs commissaires nommés par le gouvernement Harper avaient des liens étroits avec le Parti conservateur. Je ne remets pas en question les qualifications ou les capacités de ces personnes. D'ailleurs, c'est un terrain sur lequel j'aurais préféré ne pas aller. Cependant, quand on entend les accusations grossières faites par les conservateurs et tout particulièrement le député de quant au processus de nomination, ainsi que les insinuations qu'il y aurait des nominations partisanes, je pense qu'il est important d'y répondre.
Je trouve intéressant de noter le nombre de commissaires nommés sous la gouverne du gouvernement conservateur qui étaient soit des donateurs, soit des candidats conservateurs, soit des adjoints de ministres conservateurs. Presque le tiers des individus nommés à la Commission des libérations conditionnelles du Canada sous le gouvernement de Stephen Harper avaient des liens très clairs avec le parti. Ce phénomène était particulièrement important au Québec: à la fin de leur règne, six des neuf commissaires à temps plein étaient des partisans très assumés et très publics du Parti conservateur.
Oui, il est vrai que nous avons mis fin à cette pratique de faire des nominations partisanes à la Commission des libérations conditionnelles du Canada. Nous valorisons l'expertise, l'expérience et la compétence. Ces qualités sont cruciales parce que le travail d'un commissaire est à la fois très exigeant et très important.
Maintenant, si on passe outre les commissaires en tant que tels, il est important de rappeler ce sur quoi les commissaires se basent quand ils évaluent une demande de libération conditionnelle. Ils se basent sur les facteurs suivants: les motifs et les recommandations du juge qui a infligé la peine; la nature et la gravité de l'infraction; le degré de responsabilité du délinquant; les renseignements obtenus au cours du procès; et les renseignements obtenus des victimes, des délinquants et des autorités correctionnelles. Les commissaires doivent accorder la priorité à la sécurité publique en se rappelant que celle-ci souffrirait si tous les délinquants étaient libérés à froid à la fin de leur peine, sans contrôle et sans condition.
Il est à noter que les critères que je viens d'énoncer n'ont pas changé depuis des années. C'était les mêmes sous l'ancien gouvernement et ils n'ont pas changé depuis que nous sommes au pouvoir. Ces critères sont demeurés inchangés et ce sont les critères qui guident les commissaires dans leur prise de décisions, eu égard à une remise en semi-liberté ou en liberté sous conditions.
Effectivement, l'objectif principal de tout le système correctionnel et de la mise en liberté sous conditions est de favoriser la sécurité du public. Il s'agit également de la première responsabilité de tout gouvernement. Le nôtre met l'accent depuis cinq ans sur des mesures pour combattre la violence fondée sur le sexe, ce qui est particulièrement significatif dans ce cas-ci, devant la mort tragique d'une jeune femme.
J'invite donc tous les députés à appuyer notre stratégie pour prévenir et pour contrer la violence fondée sur le sexe, qui met en place des mesures préventives, soutient les survivantes et facilite le développement de la recherche et la diffusion des connaissances. J'invite mes collègues à appuyer l'augmentation d'aide juridique pour aider les victimes de harcèlement sexuel au travail. Je les invite à appuyer l'augmentation du financement pour la formation, l'éthique et la conduite des juges dans le domaine de la violence fondée sur le sexe, des agressions sexuelles et de la violence familiale. Je les invite à appuyer le financement pour prévenir la violence dans les fréquentations amoureuses à l'adolescence, pour lutter contre l'intimidation et pour combattre la violence sexuelle dans les établissements postsecondaires.
Je sais que nous voulons toutes et tous que nos collectivités, nos communautés et notre société soient plus sécuritaires.
Nous voulons que des femmes comme Marylène Levesque ne se retrouvent plus jamais dans des situations vulnérables et qu’elles aient les ressources et le soutien dont elles ont besoin.
Pour y arriver, il est fondamental qu’on fasse la lumière sur ce qui s’est passé dans ce cas tragique qui a fait en sorte qu’une jeune femme de chez nous s'est retrouvée dans une situation d’extrême vulnérabilité avec un homme qui n’aurait jamais dû être avec elle.
Notre gouvernement et moi-même sommes d’accord pour que le Comité permanent de la sécurité publique et nationale se penche sur cette question et y apporte son éclairage, de pair avec le comité d’enquête du Service correctionnel du Canada et de la Commission des libérations conditionnelles du Canada.
Selon moi, la condamnation de la décision de la Commission des libérations conditionnelles du Canada se rapproche d'une condamnation d'un organisme quasi judiciaire. Il faut donc faire preuve de grande prudence.
Toutefois, dans ce cas-ci, il est clair que l’agente du Service correctionnel qui a inclus dans son plan une visite dans des salons de massage a agi de manière complètement inappropriée. C’est la raison pour laquelle il faut qu'il y ait une enquête, tant de la part du Comité permanent de la sécurité publique et nationale que du comité d’enquête que notre gouvernement a mandaté pour étudier l’ensemble des faits et des circonstances, à toutes les étapes de la décision dans ce dossier. Il faut tirer les conclusions qui s’imposent pour éviter qu’une tragédie comme celle qu’on a vécue à Québec ne se reproduise. Nous le devons à la victime et à sa famille. C’est dans l’intérêt du pays que l'on tire des conclusions afin d'éviter que cela ne se reproduise.
Puisqu'il s'agit d'un débat très délicat, j’invite tous les députés à faire preuve de retenue compte tenu de la tragédie qui est à la source du débat.
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Madame la Présidente, j’aimerais d’abord mentionner que je vais partager mon temps de parole avec mon collègue le député de . Grâce à son expertise en matière de droit, il pourra entrer dans les détails plus particuliers de l’affaire qui nous réunit aujourd’hui.
La motion d’aujourd’hui est particulièrement sensible, parce qu’on parle de la mort d’une jeune femme. Cette femme avait pratiquement mon âge et sa mort aurait pu être évitée.
Je m’exprime en tant que nouvelle porte-parole du Bloc québécois en matière de sécurité publique et de protection civile. C’est un honneur pour moi de parler au nom du Bloc québécois lorsqu’il est question de sécurité et de protection de notre monde, au Québec et au Canada. Comme mon collègue de , j’éprouve une incompréhension totale devant ce cas, particulièrement parce qu’on parle de violence contre une femme, alors que les antécédents du tueur étaient bien connus.
Je prends la parole aujourd’hui pour m’assurer que des meurtres comme celui commis dans les circonstances qui ont mené à celui de Marylène Levesque ne se reproduiront plus jamais. Aujourd’hui, le Bloc québécois appuiera la motion du Parti conservateur, qui, dans un premier temps, condamne les actions de la Commission des libérations conditionnelles du Canada. Comme on le sait, celles-ci ont mené, le mois dernier, à la mort horrible d’une jeune femme de 22 ans. Cette jeune femme a été assassinée par un détenu qui était en semi-liberté.
Il est toujours délicat de critiquer des décisions et des politiques en matière de justice. Il faut bien comprendre les processus, les lois et, surtout, connaître les spécificités des différents cas. Le but de notre appui d’aujourd’hui est justement de comprendre pourquoi ces lois et ces processus n’ont pas été appliqués correctement. Le meurtre de Marylène Levesque aurait pu et aurait dû être évité.
Nous ne remettons pas en question aujourd’hui le principe de réhabilitation. C’est de cela qu’il s’agit, soit de remettre en liberté supervisée un détenu qui est derrière les barreaux depuis plusieurs années dans le but de le réhabiliter. Selon moi, laisser un détenu obtenir des services pour combler des besoins sexuels, ce n’est pas la définition d’une liberté supervisée. C’est non seulement inacceptable, mais cela contrevient au Code criminel. Or dans ce cas précis, il est évident que les agents de la Commission des libérations conditionnelles avaient en main plusieurs informations nécessaires pour éviter le meurtre.
D’abord, il y aurait pu y avoir un contrôle plus serré du détenu avant le meurtre, puisqu’il avait supposément déjà brisé ses conditions de semi-liberté. Ensuite, on aurait certainement pu lui interdire d’entrer en contact avec Marylène Levesque dans les circonstances qu’on connaît, puisqu’elle était une travailleuse du sexe. Cela me semble être la procédure logique, en fait.
Il faut être prudent avant de se prononcer sur les processus ou les jugements en matière de justice, je le répète. Généralement, on ne connaît pas l’ensemble des faits. Or, dans le cas du meurtre de Mme Levesque, les faits démontrent un grave manquement au règlement, voire à l’observation des lois fédérales en matière de justice et de sécurité publique. Le fait que la Commission ait octroyé la permission à l’accusé de commettre un acte criminel, soit d’avoir recours aux services d’une prostituée avec la complicité du système qui devait assurer la protection de sa victime est aberrant, voire ahurissant. D’ailleurs, les acteurs du milieu judiciaire et des services de l’ordre du Québec se sont prononcés à ce sujet.
Le directeur du Service de police de la Ville de Québec, M. Robert Pigeon, a dénoncé la décision de la Commision des libérations conditionnelles, qui a permis à un criminel de commettre un autre acte criminel, soit de fréquenter des prostituées. Je vais citer M. Pigeon: « Comment quelqu’un qui est en libération conditionnelle, en semi-liberté, peut obtenir des services sexuels moyennant rétribution? C’est un crime au Code criminel. »
Le directeur se questionne aussi sur la façon dont on choisit les personnes qui siègent aux différents comités. Au Bloc québécois, nous nous posons les mêmes questions. À l’Assemblée nationale aussi les réactions ont été nombreuses. La ministre de la Justice, Sonia LeBel, comme tous et toutes, exige des explications du du Canada, et particulièrement relativement aux raisons qui ont mené à la semi-liberté de M. Gallese, compte tenu de ses antécédents de violence envers les femmes.
La députée du Parti québécois Mme Véronique Hivon, fidèle à elle-même dans des cas comme celui-ci, demande une analyse sérieuse de la situation et pose des questions essentielles. Est-ce un manque de formation, un manque d’informations ou une déficience dans les outils d’analyse? Le système a-t-il échoué? Personnellement, je crois que oui. Le système a échoué. Il a laissé tomber Marylène Levesque et nous a tous et toutes laissé tomber.
De son côté, le vérificateur général du Canada avait produit un rapport en 2018 dans lequel il affirmait que, par manque de ressources, Service correctionnel Canada ne pouvait assurer une bonne transition entre la détention et la semi-liberté des détenus, augmentant du coup les risques de récidive.
Nous avons ici la preuve que Service correctionnel Canada ne gère pas adéquatement les délinquants sous surveillance dans la collectivité. C’est complètement inacceptable.
Si l'on veut que nos programmes de réhabilitation fonctionnent convenablement, il faut mettre les moyens nécessaires en place. Le manque de ressources avait déjà été soulevé par le vérificateur général. Aujourd'hui, le gouvernement est forcé de répondre aux questions que nous nous posons tous et toutes, à savoir ce qu'il a fait ou pas pour corriger le problème. Le plus déplorable, c'est qu'il aura fallu le meurtre d'une jeune femme de 22 ans pour que l'on se pose ces questions.
Le Bloc québécois appuiera aussi cette motion, car elle réclame que le Comité permanent de la sécurité publique et nationale tienne des audiences sur cette affaire.
Oui, le a demandé une enquête interne, mais cela signifie qu'elle sera menée par le Service correctionnel du Canada et la Commission des libérations conditionnelles du Canada, les deux organismes en cause dans cette affaire. À mon avis, cette justice interne n'a aucun sens, d'où la nécessité de mettre en place une enquête externe. Me Jean-Claude Boyer, qui a déjà été commissaire à la Commission des libérations conditionnelles, croit lui aussi que l'enquête devrait être menée à l'externe, de façon indépendante. Je tiens à rappeler que cela est tout à fait raisonnable et nécessaire.
Le Bloc québécois appuiera également cette motion, car elle exige que soient examinés les changements au processus de nomination à la Commission des libérations conditionnelles du Canada apportés par le gouvernement libéral en 2017.
Selon un sondage mené par la Commission en mai 2019, 70 % des agents de libération conditionnelle affirmaient ne pas être en mesure de bien faire leur travail et de bien protéger le public. On parle ici de la sécurité des gens que l'on connaît, des gens de chacune des régions du Québec et du Canada. En novembre 2018, le vérificateur général du Canada avait dressé un constat semblable en lien avec les délinquants sous surveillance dans la collectivité. Comment se fait-il que rien n'ait été fait depuis 2018?
L'ancien commissaire Dave Blackburn a exprimé des préoccupations sur le nouveau mode de nomination des commissaires établi en 2017: « Cette année-là, le gouvernement [...] avait modifié le processus de renouvellement des commissaires. Les membres déjà nommés à la Commission devaient alors passer par le même processus de nomination que les nouveaux candidats. »
Ce que l'on en comprend, c'est que le nouveau processus a eu pour effet que le mandat de la majorité des commissaires d'expérience n'a pas été renouvelé. On constate donc déjà plusieurs failles.
En conclusion, le Bloc québécois appuiera cette motion pour que la lumière soit faite sur les événements qui ont conduit à ce meurtre qui, je le répète, aurait pu, et aurait dû, être évité.
En tant que femme, en tant que citoyenne du Québec et en tant que porte-parole du Bloc québécois en matière de sécurité publique et de protection civile, je tiens à offrir mes plus sincères condoléances à la famille de Marylène Levesque. J'aimerais aussi lui dire que nous ferons tout pour que la lumière soit faite, non seulement en mémoire de Marylène, mais aussi pour assurer la sécurité des femmes du Québec et du Canada.
L'objectif est évidemment d'en arriver à mettre en place des mesures concrètes pour éviter à l'avenir que ne surviennent d'autres tragédies dans de telles circonstances. Le Bloc québécois veut que la population ait confiance en son système de justice, mais cette confiance est présentement écorchée vive.
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Madame la Présidente, je ne répéterai pas tout ce qui a été dit, mais je confirme que les députés du Bloc québécois sont choqués par ces événements.
On parle d'un individu pour qui ce comportement n'est pas un cas isolé. En 1988, il a fait preuve de violence envers la mère de ses enfants, Joanne Lafrance. En 2004, il a tué sa conjointe, Chantal Deschênes. Il y a toute une série de comportements de cette nature. Il est condamné à la prison à perpétuité sans possibilité de libération conditionnelle avant 15 ans. Or, à l'automne 2019, on décide de lui accorder une semi-libération. Selon son agente de libération, on lui a accordé cette semi-liberté pour qu'il puisse rencontrer des femmes afin de répondre à ses besoins sexuels.
Dans quel genre de société peut-on imaginer libérer un criminel récidiviste notoire en matière d'agressions sexuelles pour qu'il puisse répondre à ses besoins sexuels? On appelle cela une stratégie de réinsertion sociale. Cela me fait tomber de ma chaise. Je ne peux pas imaginer qu'on procède de cette façon.
Manifestement, la motion à l'étude est importante. Il faut revoir ce processus. Il faut d'abord condamner la décision rendue par la Commission des libérations conditionnelles. Je pense que cela va de soi, il est inutile d'en rajouter. Ensuite, il faut tenir des audiences afin de déterminer s'il y a des changements à apporter à cet égard.
Je rappelle que même la présidente du syndicat et le président de l'Association des services de réhabilitation sociale du Québec disent qu'il s'agit d'une décision inhabituelle. Ils n'ont pas dû voir cela souvent s'ils la qualifient d'inhabituelle. La Commission elle-même demande à ce qu'on revoie la grille d'analyse. Je pense qu'il faut faire cela sérieusement. En tant que société, nous ne pouvons pas accepter des situations comme celle-là.
Nous offrons nos condoléances à la famille de la victime et aux familles de toutes les autres victimes. Cependant, à un moment donné, il faut assumer nos responsabilités. Je pense qu'il est temps de revoir ce processus.
S'il faut offrir des formations supplémentaires aux membres de la Commission des libérations conditionnelles, nous le ferons. S'il faut nommer de nouveaux membres, nous le ferons. S'il faut modifier les critères de sélection des membres de la Commission des libérations conditionnelles, nous le ferons. Il faut d’abord enquêter afin de déterminer ce qui s'est produit et s'assurer que cela ne se reproduira pas puisque cette situation est inacceptable.
Pour toutes ces raisons et celles évoquées précédemment par ma collègue d', le Bloc québécois votera en faveur de cette proposition et offre ses plus plates condoléances aux familles des victimes de cet individu.
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Madame la Présidente, je demande tout d'abord l'indulgence de la Chambre pour un instant, car je tiens à parler de la tragédie qui est survenue vendredi soir dans ma circonscription, plus précisément à Sooke. Une inondation semble avoir coûté la vie à Cory Mills, Eric Blackmore et A.J. Jensen. Nous en apprendrons davantage sur les détails de cet incident au fil du temps. Par ailleurs, je crois que nous devons également nous pencher sur le contexte plus large des changements climatiques, de l'intensité accrue des tempêtes, des coupes à blanc et de tous les autres phénomènes qui contribuent à aggraver les inondations dans ma circonscription. Il faut déterminer s'il existe un lien avec ces pertes de vie.
De nombreux bénévoles se sont joints à l'équipe de recherche lorsque ces hommes ont été portés disparus vendredi soir, ce qui témoigne de la force du travail bénévole dans la localité de Sooke. Je remercie tous les bénévoles qui ont participé aux opérations de recherche.
En ce qui a trait à la question dont la Chambre est saisie ce matin, je tiens d'abord à transmettre mes condoléances à la famille et aux amis de Marylène Levesque. Leur perte est aussi celle de tous les Canadiens.
Le NPD appuiera la motion proposée par les conservateurs aujourd'hui. Il est évident, en effet, qu'il faut une enquête pour comprendre comment quelque chose comme cela a pu se produire au Canada. Cette tragédie soulève des interrogations sur les décisions prises par la Commission des libérations conditionnelles et les agents de libération conditionnelle dans cette affaire. Ce sont des questions importantes, parce que notre régime de libération conditionnelle, dans l'ensemble, sert bien le public et contribue à garantir la sécurité publique dans ce pays. Néanmoins, quand les choses tournent manifestement si mal qu'on en arrive à une tragédie comme celle-là, nous nous devons de chercher à comprendre ce qui est allé de travers dans notre régime.
Comment cela a-t-il pu se produire alors que le coupable avait déjà été condamné pour le meurtre de sa femme et était surveillé? Comment en sommes-nous arrivés à l'assassinat d'une autre jeune femme aux mains de la même personne dont des Canadiens avaient la responsabilité dans le cadre de notre régime de libération conditionnelle, sans compter qu'on avait garanti au public qu'elle ne commettrait pas d'autres actes de violence? Ce sont, de toute évidence, des questions importantes.
Néanmoins, la motion ne va peut-être pas assez loin en ce sens qu'elle ne se préoccupe pas vraiment des grandes questions comme le rôle de la violence faite aux femmes dans la société canadienne, la valeur que nous donnons à la vie des femmes et parfois le fait que nous ne lui accordons pas autant de valeur que nous le devrions. C'est particulièrement vrai dans les cas de violence conjugale, qui sont considérés d'une certaine manière comme une forme de violence moindre et le coupable comme une menace moins sérieuse pour la société canadienne dans son ensemble que celle que représentent d'autres criminels plus violents. Cela n'a tout simplement pas de sens pour moi, parce que c'est de toute évidence un facteur avéré dans cette affaire.
Nous devons aussi nous demander si nous accordons la même valeur à la vie de toutes les femmes, en particulier à celle des travailleuses du sexe.
La Commission des libérations conditionnelles et les agents de libération conditionnelle ont sans contredit joué un rôle dans le maintien de ces attitudes problématiques à l'égard des femmes et de la violence envers les femmes dans la société. Par conséquent, j'appuie cette motion, car nous devons examiner de près qui siège à la Commission des libérations conditionnelles.
Le nombre de femmes siégeant à la Commission des libérations conditionnelles est-il suffisant afin d'aider à évaluer les risques et à établir des politiques pour évaluer les risques? Les personnes y siégeant sont-elles nommées pour les bonnes raisons? Les conservateurs ont soulevé cette question. Les nominations à la Commission des libérations conditionnelles ne doivent pas être une question de favoritisme. Il faut nommer des personnes qui représentent la société et ses valeurs, des personnes qui peuvent contribuer à définir les politiques très importantes pour éviter la perte de vies innocentes.
Nous devons également nous pencher sur la question de la formation donnée aux membres de la Commission des libérations conditionnelles. Ces derniers reçoivent-ils une formation adéquate en matière de violence fondée sur le sexe? Sont-ils suffisamment formés pour connaître les droits et les responsabilités qui leur incombent en tant que membres de la Commission des libérations conditionnelles et pour éviter qu'ils ne perpétuent ces attitudes qui accordent parfois moins de valeur à la vie de certaines femmes qu'à d'autres?
Parlons un peu plus en détail du meurtre.
Nous devons nous demander comment le risque a été évalué. Je vais prendre un moment pour lire ce qu'a déclaré une professeur de droit de l'Université de la Colombie-Britannique, Isabel Grant. Je pense qu'elle soulève des questions très importantes. Elle a dit:
Je pense que [cette affaire] montre vraiment à quel point les besoins sexuels des hommes passent avant la sécurité des femmes. Je pense que cela reflète aussi l'idée que les hommes qui ont tué leur copine, leur femme ou leur partenaire intime ne représentent pas une menace aussi grande pour le public que d'autres hommes.
Mme Grant a dit ensuite ceci: « Je pense que c'est problématique et révélateur de notre conception de la sécurité des femmes, en particulier les femmes les plus marginalisées. C'est révélateur du peu d'importance que nous lui accordons. » Autrement dit, nous attachons peu d'importance à la sécurité des femmes.
Nous avons besoin de cette enquête pour poser des questions sur l’évaluation des risques, notamment sur notre façon d'évaluer le risque que représentent les hommes ayant déjà été violents envers des femmes.
Par ailleurs, une idée semble avoir imprégné les esprits relativement à cette affaire, et c'est celle que l’agresseur avait des besoins sexuels qui devaient être assouvis. Je ne vois pas ce que cette idée vient faire dans la question de la libération conditionnelle et de l'évaluation des risques. Faire assouvir ses besoins sexuels par les femmes n'est pas un droit des hommes. Ce droit n'existe pas. J'ai peine à imaginer comment on a pu mêler cette idée à une discussion sur un criminel qui, de l'avis de la Commission des libérations conditionnelles, n'était pas prêt à avoir des relations avec les femmes. La Commission ne le croyait pas prêt du tout, mais elle a quand même décidé que cet homme devait rendre visite à des travailleuses du sexe comme si, ce faisant, il n'allait avoir aucune relation avec des femmes. Il nous faut nous interroger sérieusement devant ce genre de cas: quelles attitudes sont à l'origine de pareilles décisions?
Par ailleurs, il faut poser une question très embêtante aux agents de libération conditionnelle et aux commissions des libérations conditionnelles. Puisque, dans l'état actuel du droit, il est illégal de solliciter des services sexuels à des travailleuses du sexe et de payer ces services, est-il possible que le système de libérations conditionnelles suggère à un criminel remis en liberté sous condition de commettre un acte illégal? Essentiellement, lorsqu'un délinquant viole la loi, on devrait annuler sa libération conditionnelle et le renvoyer en détention. Un intervenant faisant partie du système a-t-il vraiment conseillé à un criminel de commettre un acte illégal? J'aimerais qu'on réponde à cette question. Je pense que tous les Canadiens voudraient obtenir la réponse à cette question bien précise.
Voilà pourquoi le NPD appuie la motion des conservateurs. Nous devons obtenir des réponses à ces questions précises et très importantes. Une fois que nous aurons des réponses, nous devrons sérieusement envisager de modifier les politiques qui ont permis à ce genre de choses de se produire.
Dans une perspective élargie, nous devons nous interroger au sujet d'un système correctionnel qui n'est pas parvenu à réadapter un délinquant placé sous sa garde pendant 15 ans. Nous savons tous que le système correctionnel a des difficultés causées par le manque de ressources. Nous savons tous qu'il éprouve aussi des difficultés en raison de la très grande taille de la population des délinquants, au sein de laquelle se trouvent des individus souffrant de problèmes de maladie mentale ou de toxicomanie. Ce sont des difficultés bien réelles auxquelles le système se heurte.
Dans les cas où le système échoue à réadapter un délinquant, nous avons la responsabilité de le garder incarcéré ou de le libérer en le soumettant à une surveillance étroite. La question qui se pose dans une perspective élargie, à savoir l'efficacité de la réadaptation en général, doit être également posée de façon plus pointue au sujet des délinquants ayant commis de la violence contre les femmes: prenons-nous au sérieux l'échec de la réadaptation des hommes?
Dans le contexte plus large de la sécurité des travailleuses du sexe, il y a un élément que je qualifierais de très intéressant, même si le mot n'est peut-être pas particulièrement bien choisi dans le cas qui nous occupe. Il est clair que l’agresseur avait déjà visité ce salon de massage, ce que nous savons de nombreuses sources. On lui en avait interdit l’accès à cause de sa violence envers les femmes qui y travaillaient. Si nous parlions d’un lieu de travail ordinaire où un acte de violence avait été commis, il aurait eu un signalement à la police, lequel aurait entraîné la révocation de la libération conditionnelle de l'agresseur. Cependant, en vertu de la législation en vigueur, les salons de massage sont illégaux. Par conséquent, il est donc illégal d’offrir un lieu sûr pour le travail du sexe. Cruelle ironie du sort, le salon de massage ne pouvait pas dénoncer cette personne à la police sans courir le risque de devoir fermer un endroit sûr pour les travailleuses du sexe.
Nous en arrivons donc à la question plus large de nos lois visant le travail du sexe au Canada. Puisque j’en ai parlé à plusieurs reprises, les députés savent que j’ai travaillé avec des travailleurs et des travailleuses du sexe dans ma circonscription sur une stratégie de réduction des préjudices, non une stratégie de jugement; une stratégie fondée sur les droits et non sur le sauvetage. Il est très important que nous considérions cette affaire comme un exemple de ce qui cloche avec nos lois restrictives actuelles sur le travail du sexe. Beaucoup de gens disent que nous ne faisons que criminaliser les clients. Ce n’est pas tout à fait vrai. Ce n’est pas ce que dit la loi.
Nous criminalisons toutes sortes de choses autour du travail du sexe qui rendent ce travail plus dangereux. Nous criminalisons les lieux sûrs où le travail se déroule, comme les bordels ou les salons de massage. Il s’agit vraiment de lieux sûrs où des femmes se livrent au travail du sexe. Nous criminalisons l’embauche de personnel de sécurité pour assurer une certaine quiétude, parce que cette pratique tomberait sous le coup de la disposition interdisant de profiter d’une quelconque façon du travail du sexe.
Je pourrais continuer à énumérer une liste de choses que nous criminalisons autour du travail du sexe. Chacune de ces dispositions rend le travail du sexe plus dangereux pour les femmes concernées.
J’ai le privilège d’avoir le centre d’accueil des travailleurs et travailleuses du sexe de la société PEERS dans ma circonscription. De plus, quand je siégeais au conseil municipal, il était situé dans ma municipalité. Dans mes rencontres avec les travailleurs et travailleuses du sexe dans ma circonscription et le personnel du centre PEERS, j’ai appris ce que les organisations de travailleurs et travailleuses du sexe peuvent faire quand on leur donne les moyens d’assurer la sécurité de leurs membres.
Au lieu de criminaliser le travail du sexe, j’aimerais que nous adoptions une stratégie de réduction des préjudices qui autonomise les organisations de travailleurs et de travailleuses du sexe. Qu’est-ce que j’entends par là? Ce n’est pas qu’une belle phrase. J’entends par là: qui fournit des listes de clients à éviter? Qui fait un suivi des hommes qui sont violents envers les travailleurs et les travailleuses du sexe? Les organisations de travailleurs et de travailleuses du sexe ont cette information. L’une de leurs fonctions dans chaque localité est d’éveiller l’attention des femmes qui travaillent dans l’industrie du sexe à l’égard des hommes qui sont violents et dangereux. Nous devons aider les organisations de travailleurs et de travailleuses du sexe à fournir ce service. Malheureusement, nous ne pouvons pas faire participer la police à cette initiative pour le moment, vu la criminalisation de tous ces éléments qui entourent le travail du sexe.
Dans ma circonscription, le centre d’accueil PEERS offre de nombreux services sociaux aux travailleuses du sexe qui sont confrontées à des crises en matière de logement et de garde d’enfants et qui doivent relever les mêmes défis que les autres travailleurs dans notre société. Encore une fois, la clé de tous ces services n’est pas de porter un jugement sur ce qui pousse des femmes dans le commerce du sexe ni de débattre si le travail du sexe est une bonne ou une mauvaise chose, mais de déterminer comment nous pouvons rendre la vie meilleure et plus sûre pour les personnes déjà actives dans l’industrie du sexe.
Nous avons à Victoria un organisme de bienfaisance appelé « HeroWork ». HeroWork fournit des bénévoles pour aider à rénover les locaux d’organismes de services sociaux de la collectivité. La plupart des députés sont bien conscients que l’un des problèmes que nos organismes de bienfaisance éprouvent tient à la vétusté et au délabrement de leurs infrastructures. Leurs lieux de travail ne sont pas très agréables. Bon nombre d’entre eux sont infestés de moisissures et présentent d’autres problèmes de santé bien réels.
HeroWork a retenu la rénovation du centre d’accueil PEERS au nombre de ses projets. L’organisme a mobilisé littéralement des centaines de bénévoles dans toute la collectivité pour rajeunir le centre d’accueil et en faire un endroit plus accueillant et aidant, notamment en créant une cuisine communautaire, afin qu’il puisse offrir des repas, des douches et d’autres services aux personnes qui se livrent au travail du sexe dans ma collectivité.
Nous avons trouvé intéressant que le projet de rénovation du centre d’accueil ait réuni des bénévoles d’un peu partout dans la collectivité qui n’auraient sinon pas eu l’occasion de connaître des travailleurs et travailleuses du sexe. Cela a joué un grand rôle dans la modification de leurs attitudes envers ce qui se passe dans le travail du sexe dans ma collectivité.
Dans le cadre du présent débat, il est important que nous élargissions notre réflexion à la question de savoir si nous avons adopté la bonne approche en matière de réduction des préjudices dans le travail du sexe et comment c'est directement lié à l’incident que nous étudions, qui a causé la perte d’une vie. Plusieurs centaines de travailleurs et de travailleuses du sexe ont perdu la vie au pays.
Il est difficile de croire que des intervenants au sein de notre système des libérations conditionnelles et des services correctionnels puissent envisager d’envoyer une personne ayant des antécédents de violence envers les femmes voir des femmes parmi les plus vulnérables de notre société sans anticiper un résultat négatif et tragique comme celui qui s’est produit à Québec.
Nous devons tout d’abord examiner les décisions précises que la Commission des libérations conditionnelles a prises dans le cadre de son examen des interventions de l’agent de libération conditionnelle. Encore une fois, ayant enseigné le droit pénal pendant 20 ans et ayant une prison fédérale dans ma circonscription, je sais que la plupart du temps, ce système fait un très bon travail au nom de tous les Canadiens. Examinons la décision en question et trouvons où tout a déraillé.
Deuxièmement, j’appuie la motion, mais j’aimerais que nous élargissions le mandat afin de réfléchir aux enjeux plus vastes de la violence fondée sur le sexe, de la violence entre partenaires intimes et de la sécurité des travailleuses du sexe dans notre société. Après avoir répondu à ces questions, nous aurons la responsabilité, en qualité de législateurs à la Chambre, d’agir pour faire du Canada un pays meilleur et plus sûr pour toutes les femmes, y compris les travailleuses du sexe.
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Madame la Présidente, je partagerai mon temps de parole avec l’emblématique député de .
C’est la première fois que je prends la parole au cours de cette 43e législature, alors j’aimerais consacrer quelques instants pour remercier les habitants d’Edmonton-Ouest de m’avoir fait l’honneur de me réélire. Je suis très fier de dire que, selon la Bibliothèque du Parlement, nous avons obtenu le plus grand nombre de votes de toutes les élections fédérales et provinciales tenues à Edmonton depuis la fondation de la Confédération. Je tiens à remercier les électeurs d’Edmonton-Ouest de m’avoir fait confiance.
L’un des problèmes que nous avons en Alberta à l’heure actuelle est l’aliénation causée par le gouvernement et aussi le fait que les libéraux ne reconnaissent pas l’Alberta et ne lui assurent pas une représentation adéquate. Même si la candidate libérale de ma circonscription — et je me dois de féliciter Kerrie Johnston, qui a mené une campagne fantastique — a reçu à peine 20 % des voix, elle a obtenu plus de votes que n’importe quel député libéral de l’Île-du-Prince-Édouard. Nous avons là une candidate libérale qui a obtenu très peu de votes en Alberta, mais qui aurait été élue dans n’importe laquelle des circonscriptions de l’Île-du-Prince-Édouard. J’espère qu’au cours de ces prochaines années, nous nous pencherons sur la question de la représentation électorale et du manque de députés en Alberta.
Bien entendu, je tiens à remercier ma famille pour son soutien. Sans elle, je ne serais pas ici. Mon fils aîné, Jensen, a fait du porte-à-porte avec moi dans Edmonton-Centre, Edmonton Strathcona et Edmonton Mill Woods. Mon cadet, Parker, a passé tout l’été à frapper aux portes avec moi dans Edmonton-Centre et Edmonton Strathcona et à nous donner un coup de main. On dit que les chats ont neuf vies, mais les politiciens qui ne remercient pas leur tendre moitié n’ont qu’une seule vie. Raison de plus pour remercier mon épouse, Sasha, pour son soutien. Sans elle, je ne sais rien faire, même pas m’habiller. Je la remercie donc pour son soutien et son amour depuis des années.
La victoire a un millier de pères et la défaite est orpheline. Je tiens donc à remercier une partie des pères qui m'ont aidé. Je ne peux les nommer tous, mais je remercie tout spécialement mon ami Tom et, bien sûr, Bob et son épouse Bev, dont j'ai heurté la voiture pendant la campagne électorale. Bev, que j’ai appelée Barb par erreur durant toutes ces années. Je pense aussi à la vingtaine de jeunes de l’école chrétienne Parkland Immanuel qui ont aussi fait du porte-à-porte avec moi. Merci aussi à Frank et Margaret. Ce ne sont là qu’une petite partie des personnes qui m’ont aidé à être ici.
Entre la fin de juin et le jour de l’élection, nous avons frappé à plus de 50 000 portes. Les électeurs de ma circonscription nous ont dit haut et fort qu’ils veulent que nous travaillions pour faire construire nos pipelines, remettre au travail les travailleurs du secteur énergétique et redonner à l’Alberta et au pays leur vitalité. C’est ce que je vais continuer à faire. Je remercie encore les gens d’Edmonton-Ouest.
Nous sommes ici pour discuter de la motion de l’opposition concernant la Commission des libérations conditionnelles. J’aimerais d’abord faire un survol de l’affaire Gallese et un bref historique des événements. Gallese, c’est bien sûr cet homme condamné pour meurtre que la Commission des libérations conditionnelles a laissé commettre un nouveau meurtre. Déjà en 1997, cet homme a été reconnu coupable de violence contre sa conjointe, ce n’était donc pas une première pour lui. En 2004, il a été reconnu coupable du meurtre de sa femme, qu’il a d’abord frappée à coups de marteau avant de la poignarder à multiples reprises. On ne parle pas d’un simple meurtre au deuxième degré perpétré par accident. Cet homme l’a frappée avec un marteau avant de la poignarder à mort.
Il a été condamné à 15 ans de prison sans possibilité de libération conditionnelle. Le risque qu'il commette d'autres actes de violence contre les femmes a été évalué comme élevé. En 1997, il a été déclaré coupable d'avoir battu et assassiné sa conjointe, et son risque de récidive a été considéré comme très élevé. Mystérieusement, après quelques années, sous le gouvernement libéral, le niveau de risque a été abaissé. Le risque de récidive a été considéré comme moindre.
Je me dois de demander pourquoi les libéraux s'opposent à ce que nous examinions les circonstances qui ont permis un tel dénouement. L'individu en question était en semi-liberté. En septembre 2019, dans le cadre des séances bisannuelles d'examen devant la Commission des libérations conditionnelles, la Commission a appris qu'il obtenait les services de prostituées, ce qui violait l'une des conditions de sa libération. La Commission le savait. Le recours aux services de prostituées, selon la loi, démontre un risque élevé. Il aurait dû être renvoyé en prison lorsque la Commission a découvert ce fait.
Si on avait fait ce qui s'imposait en le renvoyant en prison, une vie aurait été sauvée. La Commission s'est plutôt contentée de lui dire de ne pas recommencer. Rien de plus. La Commission l'a laissé repartir en lui disant de ne pas recommencer. Deux mois plus tard, il assassinait Marylène Levesque, une jeune femme qui est morte à cause de l'incompétence de la Commission.
Je dois demander pourquoi le gouvernement s'oppose à cette motion, qui vise à examiner les circonstances de cette affaire et les actions de la Commission des libérations conditionnelles. Nous devons veiller à ce qu'une telle tragédie ne se reproduise plus jamais. Je ne blâme pas les députés libéraux pour cette tragédie, mais la Commission des libérations conditionnelles doit faire l'objet d'un examen.
Qu'est-ce qui empêche le Parlement d'examiner les décisions de la Commission qui ont conduit directement à ce meurtre? Si un homme est incapable d'établir une relation sans violence avec une femme, pourquoi serait-ce alors acceptable qu'il ait une relation avec une prostituée? Pourquoi accorde-t-on moins de valeur à la vie de cette jeune femme qu'à celle de quelqu'un d'autre? Pourquoi est-il acceptable de faire passer les besoins sexuels d'un criminel violent devant la vie de femmes innocentes?
Quatorze des membres nommés par les libéraux à la Commission des libérations conditionnelles ont moins de trois ans d'expérience. Pourquoi les nominations partisanes sont-elles plus importantes que la sécurité des Canadiens, des femmes et des travailleuses du sexe marginalisées?
Je suis sûr que les libéraux veulent que l'on mène discrètement un simple examen interne pour camoufler leurs erreurs teintées de partisanerie. Ils veulent peut-être jeter l'agente de libération conditionnelle dans la fosse aux lions et lui attribuer tout le blâme. Soyons clairs: la Commission des libérations conditionnelles savait que cet homme fréquentait des prostituées et qu'il présentait un risque élevé, mais elle n'a rien fait. Les libéraux veulent faire fi des problèmes au sein de la Commission.
On trouve dans ma circonscription la plus grande prison pour femmes de l’Ouest canadien, l’Établissement d’Edmonton pour femmes. Je rencontre très souvent des agents correctionnels et des agents de libération conditionnelle. Nous parlons des problèmes qui n’ont pas été réglés, de la sécurité par rapport à l'injection de drogues à l’intérieur des murs, et de la politique d’isolement.
J’entends aussi parler des problèmes que la charge de travail occasionne aux agents de libération conditionnelle et aux agents de programme. Ils subissent des pressions pour faire sortir les délinquants de prison. Le programme de suivi et de maintien des acquis des délinquants a été affaibli, tout comme la surveillance permettant de demander des comptes aux prisonniers. Des pressions sont exercées pour qu'on envoie ces délinquants en maison de transition. Ces maisons ont leur utilité, mais nous devons nous rappeler que la supervision et la surveillance de ces prisonniers dans les maisons de transition ne sont pas continuelles. Elles sont grandement réduites.
Aucune de mes allocutions dans cette Chambre ne serait complète sans que je fasse référence au plan ministériel. Je remarque, dans le plan ministériel de la sécurité publique, pour les services correctionnels, que le gouvernement compte réduire de 4 % le financement de la Commission des libérations conditionnelles au cours des quatre prochaines années.
La surveillance communautaire exercée par les agents de libération conditionnelle subira bientôt une ponction de 1 million de dollars sans qu'on tienne compte de l’inflation, des hausses de salaire et de l'augmentation des coûts. Les travailleurs disent que la charge de travail est trop lourde, mais les libéraux font quand même une autre ponction de 1 million de dollars.
Dans l’ensemble, les services correctionnels subissent une compression de 1 % sur une période de cinq ans à partir de l’année où les libéraux sont arrivés au pouvoir. Dans le rapport ministériel, il est très révélateur que la présidente de la Commission des libérations conditionnelles parle de la dignité des délinquants et de la nécessité de mieux servir des groupes de délinquants, mais qu'elle ne mentionne les victimes qu'une seule fois.
En poursuivant ma lecture du plan ministériel, je tombe sur un autre bel exemple. Le plan mentionne le pourcentage de délinquants en liberté conditionnelle qui ne sont pas reconnus coupables d’une infraction avant la fin de leur période de surveillance. Je m’attendrais à un taux de 100 %. L’objectif des libéraux est de 4 %, ce qui représente une augmentation du nombre de récidives au cours des quatre dernières années.
Le plan mentionne aussi le pourcentage de délinquants en liberté conditionnelle qui ne sont pas condamnés pour une infraction violente au cours de leur période de surveillance. Je m’attendrais à ce que leur objectif soit 100 %, mais ce n’est pas le cas. Les libéraux se sont fixé un objectif moins ambitieux par rapport aux années précédentes en ce qui concerne le nombre de personnes qui récidivent en commettant des actes de violence.
Il est très clair qu’il faut effectuer un examen du programme libéral et de la Commission des libérations conditionnelles. Cette dernière doit faire l’objet d’un examen externe et public, et cet examen doit être transparent. L’examen interne que les libéraux préconisent ne servira personne.
Les femmes innocentes doivent être protégées. La population canadienne doit être protégée. Le gouvernement devrait faire la bonne chose et voter avec l’opposition sur cette motion.
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Monsieur le Président, c'est un honneur de prendre la parole aujourd'hui à propos d'un sujet aussi important. La motion d'aujourd'hui est extrêmement importante. Elle réclame que justice soit faite pour Marylène Levesque.
Je demanderai justice au nom des nombreuses victimes de crimes et de violence dans ma circonscription, Cariboo—Prince George. Si nous ne pouvons pas porter la voix des victimes de violence et d'actes criminels, qui le fera? Dans de nombreux cas, leurs voix sont réduites au silence, comme dans le cas de Marylène Levesque.
Au cours des cinq dernières années, je me suis exprimé à maintes reprises dans cette enceinte pour parler de cas tels que celui du plus jeune tueur en série du Canada, Cody Legebokoff, qui a tué de façon odieuse quatre jeunes femmes dans ma circonscription: Jill Stuchenko, Cynthia Maas, Loren Leslie et Natasha Montgomery. Malheureusement, au cours de la législature précédente, nous avons vu le ministre se contenter de vœux pieux.
J'ai porté attention au débat d'aujourd'hui et je trouve encourageant qu'on parle de la nécessité de mener une enquête approfondie sur le meurtre crapuleux de Marylène Levesque.
Au cours des cinq dernières années, l'ancien ministre se refusait même à prononcer le mot « meurtre ». Selon lui, il s'agissait d'une pratique déplorable. Où va le monde quand on parle d'un meurtre en le qualifiant de pratique déplorable?
On a vu le gouvernement libéral remettre scandaleusement une somme de 10 millions de dollars à un terroriste notoire, un individu qui a fait la guerre contre des soldats canadiens et américains.
On a vu un homme qui a assassiné une policière qui n'était pas en service en Nouvelle-Écosse affirmer qu'il souffrait de stress post-traumatique à cause de ce meurtre. Il a tout de suite obtenu des services, passant devant les premiers répondants, les militaires et les anciens combattants qui attendaient sans que nos collègues d'en face semblent ressentir le besoin d'agir.
Hélas, ma circonscription, Cariboo—Prince George, n'est pas à l'abri des conséquences de cette inaction. Comme je l'ai mentionné, Cody Legebokoff, le plus jeune tueur en série du pays, a sauvagement assassiné quatre jeunes femmes en 2009 et en 2010. Je vais répéter leur nom, car il ne faut jamais cesser de les répéter: Natasha Montgomery, Jill Stuchenko, Cynthia Maas et, la dernière victime de Legebokoff, Loren Leslie, qui n'avait que 15 ans.
Il a été reconnu coupable des quatre chefs de meurtre au premier degré et condamné à une peine d'emprisonnement à perpétuité sans possibilité de libération conditionnelle avant 25 ans. Or, nous avons appris au début de l'an dernier qu'il avait été transféré d'un établissement à sécurité maximale à un établissement à sécurité moyenne situé non loin d'ici. Service correctionnel Canada a indiqué que le transfert et la reclassification de certains des pires criminels du pays n'étaient pas une science exacte.
L'affaire qui est devant nous aujourd'hui concerne Marylène Levesque, la Commission des libérations conditionnelles du Canada et les instructions que l'agente de libération conditionnelle a données à un meurtrier. Voilà pourquoi nous nous préoccupons du transfert de Cody Legebokoff d'une prison à sécurité maximale à une prison à sécurité moyenne. Les familles se demandent ce qui les attend. Cody Legebokoff sera-t-il libéré pour se promener dans la rue?
Le juge de la Cour suprême de la Colombie-Britannique Glen Parrett a décidé que, compte tenu des agressions sexuelles commises pendant les meurtres et de l'avilissement apparent des corps des victimes par M. Legebokoff, il l'inscrirait au registre national des délinquants sexuels. Dans cette décision, le juge Parrett a dit que l'accusé était totalement dépourvu d'empathie ou de remords et qu'il ne devrait jamais être autorisé à réintégrer la société.
Les restes d'une de ses victimes, Natasha Montgomery, n'ont jamais été trouvés. M. Legebokoff continue toujours de négocier et s'en sert comme monnaie d'échange auprès des familles pour tenter d'obtenir un traitement favorable en prison.
Brendan Fitzpatrick, directeur de la section des crimes graves au sein de la division E de la GRC, était responsable des opérations lors de la tuerie commise par M. Legebokoff.
M. Fitzpatrick a dit qu'il était « absolument inadmissible » que Cody Legebokoff soit transféré d'une prison à sécurité maximale vers une prison à sécurité moyenne.
Dans la lettre qu'il m'a écrite, au début de l'année dernière, il dit ceci: « Au nom de toutes les victimes de M. Legebokoff, des proches des victimes et des enquêteurs qui ont sué sang et eau pour que cet homme soit arrêté et inculpé, je vous exhorte à porter cette question à l'attention du public et à exiger que les responsables du portefeuille de la Sécurité publique expliquent pourquoi cet individu condamné pour meurtre se voit accorder un privilège aussi généreux. »
Nous avons demandé au ministre de l'époque de se pencher là-dessus. J'interviens de nouveau, monsieur le Président, pour demander au ministre actuel de se pencher sur ce dossier, tout comme il a promis d'examiner celui de Marylène Levesque.
Le gouvernement doit expliquer pourquoi les familles des victimes n'ont pas été consultées et pourquoi les policiers n'ont pas eu leur mot à dire au sujet de ce placement. Il doit expliquer pourquoi le plus jeune tueur en série de l'histoire du pays se voit accorder le privilège d'être placé dans un nouvel environnement moins sécurisé.
Une autre affaire qui est toute aussi récente est celle de Fribjon Bjornson. Fribjon Bjornson était un jeune homme qui revenait tout juste d'un camp forestier. Il a encaissé son chèque et il est allé faire la fête avec des amis, comme bien des gens le font les vendredis soirs et les fins de semaine, puis il s'est fait assassiner. Il a été décapité. L'un de ses assassins est James David Junior Charlie, dont la condamnation pour meurtre au premier degré a récemment été annulée par le plus haut tribunal de la Colombie-Britannique, qui a conclu que le juge de première instance avait commis une erreur.
Mme Bjornson est l'une de nos amies. Elle m'a confié que toute la famille est anéantie. Encore une fois, les familles des victimes sont sans cesse victimisées tout au long du processus. Qui se fait la voix des victimes? Qui les défend?
Mme Bjornson m'a dit que la famille savait que la décision serait portée en appel, comme c'est toujours le cas, sauf si une entente de plaidoyer est conclue. C'est entre autres ce qui a poussé la famille à accepter l'entente de plaidoyer qui avait été offerte à Wesley Duncan et à Jesse Bird. Ils ont plaidé coupables à une accusation de meurtre au deuxième degré après avoir entendu ce qui était arrivé à Frib pendant le procès de James Charlie. Mme Bjornson était certaine qu'ils auraient été reconnus coupables de meurtre au premier degré.
Elle a ajouté que pour des parents, le fait d'attendre six ans pour connaître l'histoire est un châtiment cruel et inusité. Maintenant, huit ans plus tard, depuis l'automne dernier, ils sont confrontés au fait qu'ils devront revivre tout le procès.
Tous les gouvernements, le gouvernement actuel inclus, doivent faire plus pour les victimes et leurs familles. Malheureusement, on ne continue à nous servir que de beaux discours.
Nous en avons été témoins dans le cas de la jeune Tori Stafford, dont la meurtrière a eu accès à un pavillon de ressourcement. Je le répète: ce ne sont pas les pavillons de ressourcement qu'on a remis en question dans cette affaire-là, mais plutôt le fait qu'on ait permis à une meurtrière coupable d'un des plus odieux crimes qui soit dans une société de se promener comme bon lui semblait dans ce genre d'institution.
J'ai commencé en disant que je me sentais réconforté par certains des propos tenus de l'autre côté de la Chambre. Je pense au secrétaire parlementaire et au ministre, qui ont affirmé vouloir enquêter en profondeur. J'aimerais ajouter que les deux affaires dont j'ai parlé, à Prince George, méritent aussi un réexamen et une nouvelle enquête. J'implore nos collègues d'en face de faire plus que de beaux discours. J'espère qu'ils disent vrai.
Malheureusement, depuis quatre ans et en fait jusqu'ici, nous n'avons eu droit qu'à des paroles creuses. Les victimes et leurs familles méritent mieux. Nous pouvons toujours faire mieux. Si nous suivons notre cœur et nous mettons à la place des familles des victimes, des premiers répondants et de ceux qui mènent les enquêtes, nous donnerons toujours le meilleur de nous-mêmes.
Je mets nos collègues d'en face au défi de le faire. Je sais que mes collègues de l'opposition sont toujours prêts à aider s'ils le peuvent.
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Monsieur le Président, je partagerai mon temps de parole avec le député de .
Je commencerai aujourd’hui en soulignant que nous nous réunissons sur le territoire traditionnel du peuple algonquin.
À l’instar de mes collègues, je profite de l’occasion pour transmettre mes condoléances à la famille et aux amis de Marylène Levesque. Son décès est une tragédie insensée qui n’aurait pas dû se produire. Par contre, je suis heureuse qu’on ait ouvert une enquête approfondie qui comprend la participation de deux conseillers externes. L’enquête et l’examen en cours détermineront les circonstances qui ont précédé ce terrible incident. Les résultats seront rendus publics afin que nous puissions tous tirer des leçons de cet horrible événement et apporter les changements nécessaires pour que cela ne se reproduise plus.
La mort de Marylène Levesque a soulevé des questions quant à la sécurité du corps féminin que nous posons souvent de ce côté-ci de la Chambre. Nous savons que de nombreux Canadiens sont victimes de violence chaque jour en raison de leur sexe, de leur orientation sexuelle, de leur identité de genre, de leur expression de genre ou de la perception de leur genre. Pour avoir une idée de l’ampleur réelle de ce problème, nous avons financé une enquête sur la sécurité dans les espaces publics et privés dans le cadre de la stratégie de lutte contre la violence fondée sur le sexe. Les constatations sont troublantes. Cette enquête a révélé que les femmes sont près de quatre fois plus susceptibles d’avoir été victimes de comportements sexuels non désirés en public. Selon cette étude, 30 % des femmes ont été agressées sexuellement au moins une fois depuis l’âge de 15 ans, et 29 % des femmes ont été victimes de comportements sexuels inappropriés en milieu de travail. Cela se produit encore et encore. Nous savons que les jeunes femmes, les étudiantes, les femmes bisexuelles et lesbiennes, les femmes autochtones et les femmes handicapées sont plus à risque.
Il y a un contraste frappant entre notre approche à l’égard de la violence fondée sur le sexe et celle de mes collègues qui ont présenté cette motion. Ils ont mis de l’avant un programme de lutte contre la criminalité relative au travail du sexe, espérant qu’il réduira la demande et éradiquera la prostitution, bien que de nombreux critiques nous aient prévenus et continuent de nous dire que, en réalité, cela rend le travail plus dangereux et le pousse encore plus dans la clandestinité.
Selon un article récent de Molly Hayes paru dans le Globe and Mail, Sandra Wesley, directrice générale de Stella, une organisation de travail du sexe de Montréal, a déclaré: « Nous savons d’expérience à quel point les hommes sont souvent violents envers les travailleuses du sexe, et la criminalisation nous empêche de faire quoi que ce soit à ce sujet. Si nous signalons quelque chose à la police, on a tendance à fermer immédiatement nos lieux de travail. Nos collègues et nos clients se font arrêter, nous perdons notre revenu. » Jenny Duffy, présidente du conseil d’administration du Maggie’s Toronto Sex Workers Action Project, a déclaré dans un courriel jeudi qu’elle était heureuse que cette affaire fasse l’objet d’une enquête, en ajoutant toutefois que cela ne protégera pas les travailleuses du sexe.
Mon collègue le député d’ a parlé avec éloquence du travail du sexe et de la nécessité pour le Parlement d’en faire plus pour assurer la sécurité de ces femmes. Je le remercie de ses sages paroles.
Nous devons veiller à ce que nos lois atteignent leurs objectifs et favorisent la sûreté et la sécurité conformément à nos droits et libertés. Le Parlement est en train de créer un comité qui pourra se pencher sur cette question. Cette conversation sera complexe et difficile, mais lorsqu’elle aura lieu, nous devrons nous souvenir de Marylène Levesque et des centaines de travailleuses du sexe qui ont perdu la vie. Soyons clairs: il y a une distinction entre le travail du sexe et la traite des personnes.
Le gouvernement conservateur de Harper a supprimé d’importants programmes auxquels les agents de libération conditionnelle avaient accès, comme le programme spécialisé de lutte contre la violence familiale et l’accès à un chercheur mondialement connu dans le domaine du sexe. Les hommes et les femmes qui travaillent en tant qu’agents de libération conditionnelle font un travail extraordinaire dans notre collectivité pour assurer la sécurité publique. J’en ai rencontré plusieurs qui font tout ce qu’ils peuvent avec les outils dont ils disposent pour assurer la réadaptation et la réinsertion sociale des délinquants. Les conservateurs du gouvernement Harper ont annulé le poste d’agent de liaison avec les services correctionnels communautaires qui jumelait des agents de police aux agents de libération conditionnelle pour appuyer leur travail dans la collectivité.
Ce ne sont pas là les seules coupes qu’a faites le gouvernement Harper. Quand les députés d’en face faisaient partie du gouvernement, ils ont fermé 12 des 16 bureaux régionaux de Condition féminine Canada et ont interdit tout financement de la part de groupes de femmes qui participaient à la défense des droits. Leur récente plateforme était étrangement silencieuse au sujet des politiques et programmes visant à aider les victimes, même s’ils comprennent que des politiques réussies ne sont pas seulement des lois plus sévères. Nous avons besoin de programmes complets adaptés à la culture qui encouragent les victimes à retrouver leur confiance en soi et le contrôle de leur vie. C’est ce fondement que le gouvernement pose.
En fin de compte, la violence fondée sur le sexe ne devrait pas être tolérée au Canada. Je suis fière que notre gouvernement ait lancé la première stratégie fédérale de prévention de la violence fondée sur le sexe. Notre stratégie comprend des programmes de prévention, un soutien aux victimes et à leur famille, ainsi que la promotion de systèmes juridique et judiciaire responsables.
Cette stratégie prévoit de nouveaux investissements de plus de 200 millions de dollars, y compris pour la prévention de la violence dans les fréquentations parmi les adolescents et les jeunes, le soutien aux victimes, ainsi que des interventions et des campagnes de sensibilisation aux droits des survivants et aux mythes sur l’agression sexuelle. Notre stratégie accomplit tout cela tout en améliorant la capacité de répondre d’une façon culturellement sûre. Aussi, nous avons adopté des mesures législatives qui éclaircissent et renforcent la loi sur l’agression sexuelle pour la rendre plus équitable et humaine à l'égard des survivants de la violence sexuelle.
Surtout, nous avons élargi la vérification des antécédents en matière d’armes à feu de sorte que toute la vie du demandeur est examinée, et pas seulement les cinq années précédentes. Je suis particulièrement fière d’avoir travaillé à cette loi et d’avoir ajouté un amendement qui fait en sorte que l’aspect de la violence fondée sur le sexe est pris en compte dans le cadre du processus de demande de permis d’arme à feu. C’est un bon départ pour s’assurer que les partenaires violents ne disposent pas d’armes à feu. Une étude effectuée dans le Canada atlantique a révélé que 70 % des personnes interrogées étaient moins susceptibles de dénoncer la violence contre un partenaire intime quand il y avait une arme à feu dans la maison. Le travaille à élargir davantage ce concept.
Mes collègues d’en face ont voté contre ces deux mesures importantes; or, ce sont eux qui ont présenté la motion d’aujourd’hui.
De ce côté de la Chambre, nous réalisons des progrès dans notre système de justice pénale pour le rendre plus équitable et plus humain pour les victimes d’agression sexuelle; je vais vous donner quelques exemples.
Nous avons éclairci les dispositions sur le consentement, élargi les dispositions sur la protection des victimes de viol et établi des procédures pour les demandes de communication de dossiers de tiers. Nous avons modifié le Code criminel pour interdire la discrimination fondée sur l’identité de genre et fait de la violence fondée sur l’identité de genre un crime haineux. Nous avons écouté les préoccupations des survivants lors d’un récent échange de connaissances. Grâce à cet événement, les voix des survivants ont pu être entendues au côté de celles des experts en criminologie et en droit, ainsi que des organisations communautaires et d’application de la loi. Leurs voix ont été entendues et leur expérience du système judiciaire nous a éclairés.
Cependant, le travail n’est pas terminé. Nous devons en faire davantage pour prévenir la violence fondée sur le genre. La continue de travailler sans relâche avec le pour veiller à ce que toute personne confrontée à la violence fondée sur le genre ait un accès fiable et opportun à de la protection et des services.
Nous avons tous été désolés d’apprendre le décès de Marylène Levesque. Nous devons apporter des changements à nos lois et protocoles pour faire du Canada un endroit sûr pour tous les Canadiens, y compris les travailleuses du sexe comme elle. Je suis convaincue que notre gouvernement présente de véritables solutions, alors que ceux d'en face n'ont ni politique ni substance. J’ai hâte de connaître les résultats de l’enquête pour veiller à ce que les leçons apprises servent à améliorer les lois et à assurer la sécurité de toutes les femmes.
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Monsieur le Président, le système qui a été conçu pour protéger le public a manifestement échoué dans cette situation.
Tout d’abord, j’aimerais adresser mes condoléances à la famille et aux amis de Marylène Levesque. Il est évident qu’elle n’aurait jamais dû connaître cette fin tragique et il ne fait aucun doute qu’elle provoque chez eux et chez les Canadiens un grand malaise, à mesure que nous en apprenons chaque jour un peu plus sur ce qui s’est passé. Je crois que quiconque réfléchit à ce qui s’est produit souhaite que justice soit rendue d’une manière ou d’une autre dans cette affaire.
C’est pourquoi cette mort tragique ne peut pas rester sans suite et ne restera pas sans suite du point de vue de la justice. Comme on l'a souligné, deux enquêtes seront menées, à savoir une enquête criminelle et une enquête interne plus générale.
Je suis le débat et quatre conservateurs ont parlé du sujet. Trois d’entre eux ont fait référence à Tori Stafford. Je le mentionne parce que je me demande pourquoi les conservateurs ont parfois tendance à faire passer l’aspect politique d’une question avant ce qui est vraiment important.
J’étais à la Chambre quand les conservateurs ont évoqué l’affaire Tori Stafford lorsque Terri-Lynne McClintic a été transférée dans un pavillon de ressourcement. Le Parti conservateur en était scandalisé. Je me rappelle avoir entendu plus d’un député donner une description visuelle incroyable de ce qui est arrivé à Tori Stafford. Ils voulaient faire croire que c’était la faute du gouvernement du Canada, comme si le gouvernement avait, en fin de compte, autorisé le placement en pavillon de ressourcement de Mlle McClintic. Je rappelle aux conservateurs que, le débat avançant, nous avons découvert que c’était en fait le gouvernement de Stephen Harper qui l’avait fait transférer dans un établissement à sécurité moyenne, ce qui lui a permis de demander son placement en pavillon de ressourcement. Nous avons également découvert que, sous le gouvernement Harper, d’autres meurtriers d’enfant ont été placés dans des établissements à sécurité moyenne.
Pourquoi en parler? Un autre député conservateur a déclaré que notre système ne fonctionne pas. Il est maintenant question de cette mort tragique et, de nouveau, les conservateurs semblent plus soucieux de montrer du doigt le gouvernement du Canada, comme si nous étions responsables de ce décès tragique.
Je crois que tous les députés, quel que soit leur parti politique, comprennent ce qui s’est passé. Nous sommes tous choqués qu’une personne en liberté conditionnelle ait commis ce meurtre horrible. Mme Levesque est la victime en l’espèce. C’est pourquoi j’ai commencé par adresser mes condoléances à sa famille et à ses amis, alors que nous essayons tous de mieux comprendre la situation. Il me semble que la réaction du gouvernement jusqu’ici est très respectueuse de tous aspects des questions qui lui ont été soumises.
L’examen interne est un bon point de départ. Il nous permettra, en tant que législateurs, de mieux comprendre non seulement comment on en est arrivé à la mise en liberté de cette personne en particulier, mais aussi certains des commentaires du gestionnaire de cas sur ce dossier particulier. J’estime que c’est un pas dans la bonne direction.
Quand je pense aux commentaires que j’ai entendus sur le processus de nomination, je n’ai aucune hésitation à faire une comparaison. Les députés de l’opposition ont déclaré que c’est le gouvernement qui nomme les membres de la Commission des libérations conditionnelles. Ils laissent entendre que c’est, au fond, ce qui a conduit à cette tragique affaire. Encore une fois, je n’en crois rien.
En fait, comme le l’a fait remarquer, le vice-président régional a été nommé par Stephen Harper. Tout nouveau membre de la Commission qui entendra des cas doit être approuvé par ce vice-président. Il suit aussi une longue formation.
Il est tout simplement inacceptable que les conservateurs laissent entendre que le gouvernement est, en quelque sorte, coupable directement ou indirectement de ce qui est arrivé. J’ai entendu plus d’un député d’en face le dire. Ils ont eu quatre intervenants sur ce sujet et au moins trois l’ont laissé entendre.
S’ils sont sincères dans ce qu’ils tentent de faire aujourd’hui, et il s’agit d’une préoccupation légitime, ils n’ont pas à recourir à ce procédé. En effet, certains faits importants doivent faire l’objet d’un examen et d’une enquête, mais à mon avis, le processus de nomination actuel est nettement supérieur à ce qu’il était sous le précédent gouvernement conservateur. Il suffirait de l’examiner.
Je suis vraiment intrigué par l’élargissement du débat, qui est une très bonne chose, à mon sens. Il y a des années, j’ai soulevé la question de la violence faite aux femmes et aux filles, notamment dans nos collectivités autochtones, et j’ai demandé une enquête publique. J’ai été très heureux de voir le gouvernement agir à cet égard. J’ai été très heureux aussi quand l’ancien ministre de la Sécurité publique a déposé un projet de loi visant à permettre aux victimes de viol, par exemple, d’obtenir les enregistrements des audiences de libération conditionnelle et d’être présentes à ces audiences.
Je voulais faire adopter un amendement que l’opposition officielle jugera, je l’espère, amical. Étant donné que la Commission des libérations conditionnelles du Canada s’est explicitement opposée à autoriser le délinquant à se rendre dans un salon de massage, nous cherchons à modifier la partie a) de la motion.
Je propose donc, appuyé par le député de , que la motion soit modifiée en remplaçant les termes « condamne la décision de la Commission des libérations conditionnelles du Canada qui a mené à la mort d’une jeune femme par un détenu alors qu’il était en semi-liberté en janvier de cette année » par « condamne la gestion de ce délinquant, qui peut avoir contribué au meurtre d’une jeune femme ».
Mme Cheryl Gallant: Pourquoi haïssez-vous les femmes?
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Monsieur le Président, je partagerai mon temps de parole avec la députée de .
C'est le cœur lourd que nous abordons le débat d'aujourd'hui. Au début de janvier, Marylène Levesque était une jeune Canadienne innocente et vivante. Quelques semaines plus tard, le 22 janvier, Marylène a été brutalement assassinée par un meurtrier condamné mis en liberté sous condition.
Le moins qu'on puisse dire, c'est qu'une telle chose n'aurait jamais dû se produire. Marylène devrait être vivante aujourd'hui. Elle n'aurait jamais dû rencontrer Eustachio Gallese. Sa mort est tragique et tout à fait insensée. Son cas est un autre exemple de la violence évitable que des femmes et des filles de partout au Canada subissent de la part d'hommes qui les considèrent comme des objets ou de la marchandise qu'on peut vendre et acheter. Les Canadiens sont scandalisés, ce qui est tout à fait légitime. Ils veulent des réponses.
Le a déclaré devant la Chambre qu'une enquête exhaustive serait menée par la commissaire du Service correctionnel du Canada et la présidente de la Commission des libérations conditionnelles du Canada. Par cette enquête, on tentera de comprendre comment un meurtre aussi insensé a pu se produire et de trouver des moyens d'éviter une telle situation.
Nous savons déjà que la Commission des libérations conditionnelles du Canada a accordé la semi-liberté à un homme reconnu coupable de violence conjugale envers des femmes. En 2004, il avait brutalement assassiné sa femme et, en 1997, il avait été violent envers une partenaire. Pourtant, malgré le fait que cet homme avait déjà commis des actes de violence à répétition, la Commission et l'agente de libération conditionnelle de M. Gallese ont pris la décision honteuse d'accepter encore plus de violence en lui permettant d'exercer ce qu'ils considéraient comme son droit d'acheter des services sexuels et même en l'encourageant à le faire, signant ni plus ni moins l'arrêt de mort de Marylène. C'est révoltant. Comment ont-ils pu inciter cet homme à enfreindre la loi?
En 2014, au moyen du projet de loi , le Parlement s'est dit grandement préoccupé par l'exploitation et la violence inhérentes à la prostitution. Aux termes de ce projet de loi, ceux qui achètent des services sexuels commettent un geste illégal en raison des méfaits et de la violence qu'entraîne la demande pour la prostitution.
L'objectif du Parlement était de protéger la dignité humaine et l'égalité de tous les Canadiens en décourageant la prostitution, qui touche de façon disproportionnée les femmes et les enfants, en particulier les femmes et les jeunes filles autochtones. Le projet de loi ne visait pas à réduire les méfaits entraînés par la prostitution; il visait carrément à éliminer la prostitution en raison de la violence et de l'exploitation qui y sont associées.
La prostitution crée un environnement de violence et d'inégalité pour les femmes et les filles, perpétue la marchandisation sexuelle et amène les plus vulnérables de la société à être traités et vendus comme des objets. C'est pour ces raisons que le projet de loi visait à éliminer la demande en interdisant l'achat de services sexuels.
Les pays du monde qui ont légalisé la prostitution déplorent des cas de violence et de meurtre à l'endroit de personnes qui travaillent dans ce secteur. Ils ont constaté une augmentation de la traite des personnes à des fins sexuelles, tout particulièrement chez les jeunes. C'est ce qui s'est passé en Allemagne, en Nouvelle-Zélande et aux Pays-Bas. La légitimation de la prostitution banalise les comportements violents, la misogynie et la chosification des femmes et des filles.
Les hommes n'ont pas le droit d'acheter des services sexuels ou des femmes et des filles pour assouvir leurs désirs. Cependant, dans notre pays — et j'oserais même dire à la Chambre —, certains croient que la prostitution devrait être légalisée et que les hommes devraient pouvoir acheter des services sexuels et traiter les femmes et les filles comme des objets.
Cette façon de penser est odieuse. Elle est perfide. C'est une attaque révoltante contre l'égalité et la sécurité de toutes les femmes et les filles au Canada. Ce raisonnement insidieux était manifeste dans la dernière décision écrite de la Commission des libérations conditionnelles au sujet de M. Gallese. On peut y lire ce qui suit sur l'homme, même s'il est célibataire et qu'il ne peut pas dire s'il est prêt à avoir une relation sérieuse avec une femme:
[...] vous êtes en mesure d'évaluer de façon efficace vos besoins et vos attentes en ce qui concerne les femmes [...] En audience, votre agente de libération conditionnelle a souligné qu'une stratégie a été développée afin que vous puissiez rencontrer des femmes, mais seulement afin de répondre à vos besoins sexuels.
Autrement dit, même si la Commission était consciente que M. Gallese ne devait pas avoir de relations intimes avec d'autres femmes parce que ce serait trop dangereux, elle a explicitement reconnu qu'il avait des besoins sexuels, lui confirmant du coup qu'il avait raison de croire qu'il pouvait payer des femmes prisonnières du monde de la prostitution pour avoir des rapports sexuels. En agissant ainsi, les membres de la Commission étaient persuadés de protéger les femmes qui en valaient la peine, quitte à offrir les membres les plus démunies et les plus vulnérables de la société en pâture à un meurtrier.
En fait, ce terrible cas perpétue l'idée voulant qu'il doit y avoir une classe de femmes qu'on peut acheter et qu'on peut obliger à avoir des relations sexuelles avec des hommes qui les considèrent comme de simples objets et qui estiment avoir le droit de leur faire du mal, puisqu'elles sont à vendre. Voilà de quoi il est véritablement question aujourd'hui.
Les membres de la Commission des libérations conditionnelles, qui ont été nommés par les libéraux, ont tellement peu songé au bien-être des prostituées, comme Marylène, qu'ils ont accepté de mettre la vie de femmes en danger. Comment expliquer autrement leurs faits et gestes? La seule explication possible, c'est qu'à leurs yeux, il devrait être légal de pouvoir avoir des relations sexuelles contre rétribution. Or, en agissant de la sorte, ils ont conforté M. Gallese dans l'impression que le droit au sexe est un droit légitime. Selon ces gens, le droit d'acheter des services sexuels que M. Gallese estimait avoir l'emportait sur la loi.
Si les membres de la Commission avaient respecté la loi, ils n'auraient pas accordé de sortie à M. Gallese dans le but que l'on sait. S'ils avaient respecté la loi, ils auraient reconnu l'exploitation et la violence inhérentes à la prostitution et ils n'auraient pas cherché à satisfaire les besoins sexuels de M. Gallese. Hélas, l'attitude des commissaires à l'égard des femmes et de la prostitution reflète en fait celle du gouvernement libéral depuis quelques années, car ce dernier n'hésite pas à faire passer les droits des criminels avant ceux des victimes et des personnes à risque.
Les femmes et les jeunes filles autochtones représentent seulement 4 % de la population canadienne mais plus de la moitié des victimes de la prostitution et de la traite des personnes à des fins sexuelles du pays, ce qui en fait le groupe le plus susceptible de faire l'objet de ce genre de délit.
L'an dernier, le gouvernement a transformé certaines infractions liées à la traite des personnes pour en faire des infractions punissables sur déclaration sommaire de culpabilité, ce qui va augmenter de beaucoup la probabilité qu'une infraction liée à la traite des personnes commise contre les femmes autochtones soit traitée comme une infraction punissable sur déclaration sommaire de culpabilité, un autre déni de justice. Le gouvernement a également éliminé les peines consécutives pour les condamnations de traite de personnes qui avaient été adoptées sous le gouvernement précédent. Sans la possibilité de peines consécutives, les victimes continueront d'hésiter à signaler un crime, en raison de leur immense crainte et du contrôle psychologique que les trafiquants exercent sur elles.
Dans les jours qui ont suivi cette horrible injustice, un grand nombre de survivantes de la traite de personnes à des fins sexuelles et du milieu de la prostitution se sont exprimées. Elles sont outrées et veulent que justice soit faite pour Marylène et d'autres victimes. J'aimerais faire part à la Chambre de quelques-uns de leurs commentaires:
Trisha Baptie, de la Colombie-Britannique, survivante de la traite de personnes à des fins sexuelles, a déclaré:
[Pendant mes 15 années dans l'industrie du sexe] ce ne sont jamais des lois qui ont battu, violé et tué parmi nous, ce sont des hommes. Ce ne sont jamais les lieux où nous nous trouvions qui étaient dangereux, le danger venait des hommes avec qui nous nous trouvions.
Selon elle, les lois doivent toujours avoir pour but de mettre fin à la demande de rapports sexuels contre rémunération.
Casandra Diamond, survivante de la traite de personnes à des fins sexuelles dans des salons de massage de Toronto, a dit:
[...] la marchandisation du corps de la femme est toujours dangereuse, car elle envoie le signal que le fait d'acheter une personne est acceptable, ce qui consacre le déséquilibre du pouvoir entre les personnes. En effet, dans ces cas, on constate que des individus qui jouissent d'un statut économique dans la moyenne, voire au-dessus de la moyenne, se permettent d'acheter d'autres êtres humains, principalement des femmes et des filles qui ont un statut socioéconomique et un pouvoir inférieurs à la moyenne.
Timea Nagy, une survivante de la traite des personnes, a été envoyée de la Hongrie au Canada par ses ravisseurs, puis vendue dans des clubs d’effeuillage et des salons de massage légitimes dans la région du Grand Toronto. Voici ce qu'elle a affirmé:
Il faut cesser de penser que le travail du sexe est un « travail normal » et de véhiculer cette idée. Le gouvernement libéral est complètement aveuglé et refuse d'écouter notre point de vue. Combien de morts faudra-t-il encore pour qu'il nous écoute? Dix? Vingt? Trente?
Je condamne fermement la décision de la Commission des libérations conditionnelles du Canada qui a permis à un individu reconnu coupable de meurtre d'acheter des services sexuels, et j'espère que le gouvernement condamnera également cette décision.
J'exhorte également le gouvernement à cesser de laisser la prostitution gagner en légitimité. La légitimation de la prostitution et le fait de minimiser la gravité de la traite des personnes à des fins sexuelles vont mener à l'augmentation des cas de violence faite aux femmes et des cas de discrimination envers les membres les plus vulnérables de la société canadienne. La légitimation de la prostitution crée deux classes de personnes: celles qui peuvent être marchandisées et vendues, et celles qui ne devraient pas l'être.
Il existe des choses dans ce pays qui ne sont tout simplement pas à vendre. Par exemple, mon vote n'est pas à vendre. La démocratie n'est pas à vendre. Les personnes ne devraient jamais être à vendre. Les femmes et les filles au Canada méritent un meilleur sort.
:
Monsieur le Président, c’est avec beaucoup d’inquiétude que je prends la parole aujourd’hui au sujet de la motion dont la Chambre est saisie et qui condamne la décision de la Commission des libérations conditionnelles du Canada d’accorder la semi-liberté à un délinquant violent, une décision qui a mené au meurtre d’une jeune femme par un détenu en semi-liberté en janvier dernier. Cette motion charge le Comité permanent de la sécurité publique et nationale de tenir des audiences sur cette question, y compris un examen des changements apportés par le gouvernement en 2017 au processus de nomination à la Commission, en vue de recommander des mesures visant à prévenir une autre tragédie de ce genre.
Le 22 janvier, notre pays a été choqué et attristé par la nouvelle du décès de Marylène Levesque. Cette jeune femme énergique de 22 ans a été retrouvée morte dans une chambre d’hôtel de Québec. Son accusé, Eustachio Gallese, âgé de 51 ans, avait brutalement assassiné sa femme en 2004 en la battant avec un marteau et en la poignardant à plusieurs reprises. Par la suite, en 2006, il a été condamné à une peine d’emprisonnement à perpétuité sans possibilité de libération conditionnelle pendant 15 ans. Toutefois, en janvier dernier, la Commission des libérations conditionnelles du Canada, reconnaissant le risque, a permis à cet homme ayant des antécédents de violence familiale et, je dirais, de violence sadique à l’endroit des femmes, de sortir en semi-liberté, ce qui a entraîné la mort de Marylène, une femme innocente.
Cet incident est inacceptable et met de nouveau en évidence le laxisme et l’échec de l’approche du gouvernement libéral à l’égard de la criminalité. Comme tous ici s’en souviennent, en 2018, il n’y a pas si longtemps, les libéraux se sont battus bec et ongles contre une décision qui s’imposait, à savoir celle de réincarcérer la meurtrière de Tori Stafford, qui avait été transférée dans un pavillon de ressourcement. Nous sommes maintenant confrontés à une autre tragédie brutale, et la faible réaction des libéraux tente de minimiser la gravité de cet incident.
Nous sommes en 2020, et il est inacceptable qu'une telle tragédie se produise dans notre société. Il est temps que le gouvernement libéral assume ses responsabilités, cesse de se contenter de paroles, agisse concrètement et fasse passer les droits des victimes, surtout ceux des femmes vulnérables, avant les besoins sexuels des criminels. Les meurtriers comme M. Gallese ne devraient jamais recevoir une semi-liberté, et ce que cela souligne et ce qui me dérange, c’est le nombre de personnes inexpérimentées qui traitent des dossiers aussi délicats.
Les lois actuelles sur le travail du sexe, présentées par le gouvernement conservateur en 2014, indiquent clairement qu’il est illégal de faire la publicité de services sexuels ou de solliciter de tels services. Il ne s’agit pas de savoir si le travail du sexe est un travail légitime; il s’agit d’un meurtre qui aurait pu être évité.
Cependant, lorsqu’on a prolongé la semi-liberté de M. Gallese, en septembre dernier, un agent de la Commission des libérations conditionnelles a noté qu’une prétendue stratégie de gestion du risque avait été élaborée pour permettre à M. Gallese de rencontrer des femmes, mais seulement pour répondre à ses besoins sexuels. Vraiment?
Un tel manque de jugement est extrêmement troublant et démontre clairement à quel point le gouvernement libéral accorde peu d’importance à la sécurité des femmes et de tous les Canadiens. La mauvaise gestion du gouvernement et le système carcéral à porte tournante coûtent la vie à des Canadiens innocents. Il ne s’agit pas d’un processus de décision de haut calibre.
[Français]
Les Canadiens sont ceux qui sont en danger et ceux qui sont confrontés aux conséquences des échecs de ce gouvernement libéral. En laissant les meurtriers en liberté dans nos rues, les libéraux sont en train de mettre en danger de nombreuses femmes, de même que des hommes et des jeunes enfants.
[Traduction]
Nous savons tous qu'en 2017, plusieurs membres de la Commission des libérations conditionnelles ont envoyé une lettre au pour le prévenir des conséquences que pourraient avoir des modifications au processus de nomination des membres de cette même commission. Cependant, ils n'ont jamais reçu de réponse. Que s'est-il plutôt passé? Le mandat de beaucoup d'entre eux n'a pas été renouvelé; ils ont été remplacés par de nouveaux membres ayant très peu d'expérience.
En fait, mercredi dernier, deux anciens membres de la Commission ont affirmé que la modification du processus de nomination a directement donné lieu à la nomination de membres qui manquent d'expérience. De plus, la modification a peut-être contribué de façon importante à la mort de la malheureuse Marylène Levesque.
Au cours des derniers jours, le a déclaré à la Chambre des communes qu'une enquête approfondie sera menée conjointement par la commissaire de Service correctionnel Canada et la présidente de la Commission des libérations conditionnelles du Canada afin de déterminer les circonstances qui ont entouré la libération d'Eustachio Gallese.
Devant la gravité de la situation actuelle, que des fonctionnaires fassent l'objet d'une enquête menée par d'autres fonctionnaires, c'est insuffisant. Nous demandons la tenue d'une enquête externe, indépendante et complète. C'est une question de transparence, et il en va de la sécurité de tous les Canadiens. Si le gouvernement libéral n'a rien à cacher et s'il tient à être d'une transparence absolue envers les Canadiens, il devrait cesser de se cacher derrière les rideaux et voter pour notre motion de l'opposition, demain.
Le système de justice pénale canadien est discrédité, notre sécurité est menacée, et les femmes sont particulièrement vulnérables. Il nous incombe en tant qu'opposition officielle de demander des comptes au gouvernement libéral et de faire la lumière sur les erreurs de l'appareil correctionnel.
[Français]
C'est une question qui concerne la sécurité des Canadiens, et plus particulièrement celle des femmes. Cette enquête ne doit pas être prise à la légère.
[Traduction]
Justice doit être rendue à Marylène Levesque...
:
Monsieur le Président, je partagerai mon temps de parole avec la députée d'.
Je suis reconnaissante de participer à ce très important débat qui s'inscrit dans la foulée du meurtre tragique de Marylène Levesque.
Avant d'entrer dans le vif du sujet, j'offre mes plus sincères condoléances à la famille et aux amis de la victime. Nos pensées les accompagnent et nous exprimons notre sympathie à l'ensemble des victimes et des survivants de violence fondée sur le sexe.
À vrai dire, le drame survenu ce jour-là n'aurait jamais dû se produire et constitue clairement un cas de violence sexiste. Au cours de mon intervention, je me pencherai sur la violence fondée sur le sexe au Canada, qui se manifeste beaucoup trop souvent et qui est carrément inacceptable.
Au Canada, on continue d'enregistrer un taux alarmant de cas de violence fondée sur le sexe. Entre 2008 et 2018, plus de 700 femmes ont été tuées par leur compagnon du moment ou un ancien compagnon, qu'il s'agisse d'un mari ou d'un conjoint de fait.
En 2018 uniquement, 164 femmes et jeunes filles ont été assassinées au pays.
La réalité des femmes et des jeunes filles autochtones est encore pire. En 2018, le taux d'homicide était presque sept fois plus élevé dans ce segment de la population que dans le segment non autochtone correspondant.
Qui plus est, 32 % des femmes au Canada ont été confrontées en public à des comportements sexuels non désirés.
Dans ma circonscription, Brampton-Ouest, soit la région que je représente, dans la région de Peel, la moitié des homicides en 2019 étaient liés à la violence familiale, plus précisément à la violence fondée sur le sexe.
Ces statistiques portent sur des femmes. Elles représentent des femmes auxquelles on a enlevé leur famille et leur avenir ou dont la famille et l'avenir sont à tout jamais bouleversés par les répercussions à long terme de la violence sexiste.
Je pourrais continuer encore longtemps. La violence fondée sur le sexe a des conséquences permanentes sur la santé physique, mentale et sexuelle des personnes qui en sont victimes. Les effets de ces abus sont sérieux, perdurent longtemps et affectent non seulement les familles et les amis des victimes, mais également des collectivités entières.
Malgré certains progrès à ce chapitre, la violence fondée sur le sexe demeure, au Canada, un problème intolérable qui pourrait être évité. Le gouvernement pose des gestes concrets pour le régler.
Ainsi, en 2017, nous avons lancé « Il est temps: Stratégie du Canada pour prévenir et contrer la violence fondée sur le sexe ». Dans le cadre de cette stratégie novatrice, nous avons investi 200 millions de dollars dans des initiatives fédérales qui visent à prévenir la violence fondée sur le sexe, à soutenir les survivantes et leur famille, et à rendre le système juridique et judiciaire plus sensible à leurs besoins.
Je remercie les membres du Conseil consultatif de la ministre sur la stratégie pour prévenir et contrer la violence fondée sur le sexe. Nous avons pu compter sur leurs sages conseils tout au long des dernières années, tandis que nous travaillions ensemble afin de mettre fin à la violence fondée sur le sexe. Ce conseil est formé de survivantes, de fournisseurs de services de première ligne et d'experts de partout au pays.
Je profite aussi de l'occasion pour remercier les innombrables organismes communautaires à but non lucratif qui soutiennent les femmes et les filles qui fuient la violence. Je tiens particulièrement à remercier l'organisme Hope 24/7 de Brampton-Ouest. Il fournit un soutien fantastique aux survivantes de la violence fondée sur le sexe.
Depuis 2015, le gouvernement libéral a pris des mesures importantes pour renforcer le système de justice et soutenir les survivantes. Il a notamment inscrit dans la loi une définition plus claire du consentement, afin de préciser qu'une personne inconsciente n'est pas en mesure de consentir, que seul oui veut dire oui et qu'on ne peut pas utiliser les antécédents sexuels d'une personne pour remettre sa crédibilité en question.
Nous avons aussi renforcé les lois sur la violence familiale. Ainsi, nous avons établi des peines maximales plus longues pour les récidivistes et fait en sorte que le système de justice tienne compte de la gravité de ces infractions et que l'étranglement soit reconnu comme une forme aggravée d'agression. Nous avons également exigé que la GRC reprenne l'examen de plus de 30 000 dossiers d'agression sexuelle laissés de côté parce qu'ils avaient été considérés comme infondés. Ce nouvel examen avait pour but d'améliorer la reddition de comptes, la formation, la sensibilisation, la responsabilité d'enquêter, le soutien offert aux victimes, la sensibilisation du public et la communication.
En outre, nous finançons la création ou la réparation d'au moins 7 000 places dans des refuges pour les personnes ayant survécu à la violence familiale, de sorte que les femmes et les filles qui fuient la violence familiale aient un endroit où aller. Nous fournissons cinq jours de congé payés pour les victimes de violence familiale qui travaillent dans un secteur sous réglementation fédérale afin de donner davantage l'occasion aux survivants de demander de l'aide, car cela peut contribuer au processus de rétablissement.
En 2018, nous sommes devenus le premier gouvernement à présenter et à adopter un projet de loi traitant précisément du harcèlement en milieu de travail et de la violence sexuelle au Parlement et dans les milieux de travail sous réglementation fédérale. En 2019, nous avons présenté la Stratégie nationale de lutte contre la traite des personnes, une approche pangouvernementale pour combattre ce crime inconcevable qui a été accompagnée de modifications au Code criminel visant à renforcer les mesures législatives connexes.
Enfin, en décembre dernier, nous avons publié les données de la toute première enquête nationale sur la violence fondée sur le sexe. En effet, l’Enquête sur la sécurité dans les espaces publics et privés est la première de trois enquêtes nationales financées par Femmes et Égalité des genres Canada dans le cadre de la Stratégie du Canada pour prévenir et contrer la violence fondée sur le sexe. Nous finançons également une enquête sur la violence fondée sur le sexe dans les établissements d'enseignement postsecondaire et une enquête sur la violence fondée sur le sexe dans les milieux de travail au Canada. Les données de ces trois enquêtes aideront à améliorer les renseignements sur la nature et l'étendue des diverses formes de violence fondée sur le sexe au sein de la population générale. Ainsi, nous comprendrons mieux ce que vivent les victimes de violence fondée sur le sexe, ce qui nous permettra de lancer des initiatives mieux adaptées à leurs besoins.
Cette année, nous avons l'intention de poursuivre notre travail avec l'élaboration d'un plan d'action national visant à mettre fin à la violence fondée sur le sexe. Tel qu'indiqué dans le récent discours du Trône, nous collaborerons avec nos partenaires afin que toutes les victimes de violence fondée sur le sexe puissent rapidement accéder à des services de protection fiables, peu importe qui elles sont et où elles habitent.
Je pense qu'il est juste de dire que le gouvernement actuel a pris les mesures qui s'imposent pour prévenir la violence fondée sur le sexe et pour s'assurer que les personnes qui en sont victimes aient rapidement accès à des services. Nous ne restons pas les bras croisés alors que des crimes comme celui qui a eu lieu le 22 janvier à Québec continuent de se produire. Nous nous attaquons vigoureusement à ce problème et nous savons qu'il restera toujours du travail à faire dans ce dossier tant qu'il y aura des meurtres de ce genre ou des histoires de violence fondée sur le sexe au Canada.
Il ne faut pas tolérer la violence fondée sur le sexe. Nous continuerons d'œuvrer auprès de survivantes, de partenaires communautaires, du secteur public et de tous les ordres de gouvernement pour éradiquer toutes les formes de violence fondée sur le sexe. Nous savons qu'il reste énormément de travail à faire et je me réjouis à la perspective de collaborer avec tous les députés à la Chambre pour atteindre cet objectif.
Encore une fois, en mon nom et au nom de tous les électeurs de ma circonscription et de tous les députés à la Chambre, j'offre mes plus sincères condoléances à la famille et aux amis de la victime de cette tragédie.
:
Monsieur le Président, je suis heureuse de pouvoir parler de la motion présentée par le député de . Avant de poursuivre, je veux profiter de l'occasion pour saluer et remercier les milliers d'hommes et de femmes qui travaillent tous les jours dans le secteur correctionnel pour le travail qu'ils font.
Le meurtre de Marylène Levesque m'a brisé le cœur.
[Français]
Cette jeune femme avait 22 ans.
[Traduction]
En tant que mère, je ne peux même pas imaginer ce que doivent ressentir sa famille et ses amis à la suite de sa mort.
[Français]
J'offre mes plus sincères condoléances à la famille et aux amis de Mme Lévesque.
En termes simples, cela n'aurait jamais dû se produire. Les circonstances qui ont conduit à la perte de cette vie doivent être examinées de manière approfondie par des enquêteurs externes afin de s'assurer qu'une telle situation ne se reproduira pas. C'est exactement ce que le gouvernement propose de faire.
[Traduction]
Comme l'a dit le , le gouvernement a l'intention d'effectuer un examen administratif complet et transparent des incidents qui entourent la décision ayant mené à la mort prématurée, au meurtre de Marylène Levesque. Pourquoi un meurtrier condamné, qui était en semi-liberté, a-t-il apparemment été autorisé à visiter un salon de massage, alors que la Commission des libérations conditionnelles du Canada s'y était opposée explicitement durant une audience en septembre dernier?
J'attends avec impatience les conclusions de l'examen administratif sur le Service correctionnel du Canada et la Commission des libérations conditionnelles du Canada, ainsi que les résultats de l'enquête criminelle sur le meurtre menée actuellement par la Sûreté du Québec.
J'approuve aussi la suggestion du député de renvoyer cette question au Comité permanent de la sécurité publique et nationale, mais, à mon avis, ce serait une erreur de le faire avant la conclusion de l'examen interne et de l'enquête criminelle.
Il ne fait aucun doute qu'une étude parlementaire complète permettra de mieux comprendre comment on en est arrivé là et de recommander une voie à suivre pour que personne d'autre ne voie sa vie écourtée de la sorte.
[Français]
Toutefois, commencer cette étude maintenant ne serait pas aussi efficace qu'il pourrait l'être si l'on considère que les experts et les fonctionnaires concernés ne seront pas en mesure de faire des commentaires sur une enquête en cours.
Je crois fermement que le Comité permanent de la sécurité publique et nationale serait mieux placé pour mener cette étude une fois que les fonctionnaires auront terminé afin que les témoins puissent communiquer leurs opinions ouvertement et répondre librement aux questions. Cela permettrait également aux membres du Comité d'entendre directement les experts sur les conclusions de l'étude afin de formuler des recommandations efficaces en toute connaissance de cause.
[Traduction]
Dans l'ensemble, je partage les sentiments exprimés dans la motion du député et je vais appuyer cette dernière. Toutefois, je m'oppose au fait de demander immédiatement un examen du processus de nomination ouvert, transparent et fondé sur le mérite que le gouvernement libéral a mis en place en 2017 dans le cadre d'une vaste initiative d'amélioration globale des nominations par le gouverneur en conseil.
Grâce aux changements apportés, la qualification d'un candidat compte plus que ses contributions politiques. Le processus de mise en candidature a aussi été élargi pour créer un bassin de Canadiens plus diversifié que jamais auparavant. Lorsque les conservateurs ont quitté le pouvoir, six des neuf membres à temps plein de la Commission des libérations conditionnelles au Québec étaient des partisans conservateurs, et huit d'entre eux étaient des hommes.
Aujourd'hui, la Commission se compose de personnes hautement qualifiées au bagage varié. La plupart ont de l'expérience dans les domaines du droit, du système correctionnel, de la psychologie, de l'éducation, du maintien de l'ordre, de la criminologie ou du travail social. Près d'un quart de ces personnes sont autochtones ou appartiennent à une minorité visible.
Plutôt que d'examiner immédiatement le processus de nomination à la Commission des libérations conditionnelles, je pense que nous devrions déterminer pourquoi, même après la recommandation de la Commission, l'accusé a apparemment été autorisé à visiter un salon de massage pendant qu'il était en semi-liberté. C'est entre autres ce que nous révèlera l'examen administratif.
Nous devons déterminer si les protocoles établis ont été respectés et trouver une façon de mettre des mesures de protection en place. Si l'examen permet de déterminer qu'un examen plus poussé des changements apportés au processus de nomination s'impose, le comité permanent pourra s'en occuper. Toutefois, je crois que ce serait prématuré si nous ne comprenons pas pleinement les faits.
Bon an mal an, entre 7 000 et 8 000 Canadiens bénéficient d'une forme de libération conditionnelle ou de mise en liberté sous condition. En 2013-2014, 17 personnes ont été reconnues coupables d'une infraction avec violence, alors qu'en 2018-2019, ce nombre a chuté à 5. Cette année, 99,9 % des délinquants en semi-liberté n'ont pas commis de crime violent.
En gros, même si ces actes sont extrêmement rares, ce sont les situations comme celles-ci qui nous rappellent que nous pouvons et que nous devons faire mieux pour nous assurer que les délinquants qui purgent leur peine ne représentent pas un risque pour le public.
La sécurité des Canadiens demeure notre priorité absolue. Nous devons travailler sans relâche pour empêcher des tragédies comme celle-ci de se reproduire.
:
Monsieur le Président, je vais intervenir à l'appui de la motion et partager mon temps de parole avec le député de .
Il n'aurait pas été nécessaire de présenter cette motion si la sécurité publique avait été sérieusement prise en compte. Nous sommes en présence d'une situation tragique, sur laquelle nous ne pouvons tout simplement pas fermer les yeux. Des changements s'imposent, et ce, immédiatement.
Une femme — Marylène Levesque — est morte. Elle n'a pas été tuée par un évadé de prison, mais plutôt par un meurtrier violent, qui était en semi-liberté. Il faut maintenant se demander pourquoi Eustachio Gallese avait été autorisé à bénéficier d'une semi-liberté au départ.
En 2004, M. Gallese a tué sa femme de sang-froid en la battant avec un marteau avant de la poignarder avec deux couteaux. En 2006, il a été reconnu coupable et condamné à une peine d'emprisonnement à perpétuité, sans possibilité de libération conditionnelle avant 15 ans. Cet individu, qui avait tué sa femme, n'aurait pas dû être admissible à la libération conditionnelle avant l'an prochain. Comment se fait-il alors qu'il bénéficiait d'une semi-liberté? Les peines imposées par les tribunaux ont-elles encore de l'importance?
Cet individu était en semi-liberté et, qui plus est, il pouvait passer autant de temps qu'il le voulait avec des femmes. Cet homme présentait des antécédents de violence envers les femmes et, pourtant, il fréquentait régulièrement des travailleuses du sexe dans la collectivité et il avait un comportement violent à leur égard. Il avait même été banni d'un salon de massage de la région parce qu'il était violent et agressif.
Il y a deux semaines, il est allé rejoindre une travailleuse du sexe — Mme Levesque — dans une chambre d'hôtel. Il l'a poignardée brutalement. Cette tragédie n'aurait jamais dû se produire. Cette femme devrait encore être en vie. Le système correctionnel, le système de libération conditionnelle et le gouvernement libéral ont manqué à leurs devoirs envers Marylène Levesque et la population.
Les Canadiens demandent au gouvernement pourquoi et comment une chose pareille a pu se produire. Ils méritent des réponses.
À vrai dire, les Canadiens méritent plus que des réponses. Ils méritent de se sentir en sécurité dans leur collectivité et chez eux. Ils méritent un gouvernement qui fait passer leur sécurité avant les fantasmes sexuels d'un type condamné pour le meurtre de sa femme.
Malheureusement, au cours des quatre dernières années, nous avons vu trop souvent le système se plier aux exigences des criminels, en s'attachant au bien-être de ces derniers plutôt qu'à celui des victimes. Qu'il s'agisse de permettre à des tueurs d'enfants de purger leur peine dans un pavillon de ressourcement à sécurité minimale ou à un type qui a tué son épouse de recourir, sans supervision, aux services de travailleuses du sexe, les droits des criminels semblent passer en premier sous le présent gouvernement.
Il faut un acte scandaleux et un tollé général pour que le gouvernement se réveille et prenne des mesures. Les mesures prises ne durent que le temps que l'histoire fasse les manchettes. Après, tout redevient comme avant.
Lorsque cela se reproduira, verrons-nous de vraies mesures? Je dis « quand » et non « si », car ce n'est probablement qu'une question de temps.
Qui sera la prochaine victime? Qui sera le prochain récidiviste? Terrence Burlingham, qui a violé et tué deux jeunes filles dans les années 1980 en Colombie-Britannique? En 2018, on a jugé que M. Burlingham posait un danger après qu'on ait détecté chez lui du sadisme sexuel, un trouble de la personnalité antisociale et des traits psychopathiques. Or, M. Burlingham s'est récemment vu accorder des absences supervisées.
Ce qui est intéressant et triste, c'est que, dans les années 1980, lorsqu'il a perpétré ces meurtres effroyables, M. Burlingham faisait l'objet d'ordonnances de libération sous surveillance obligatoire après que des accusations d'introduction par effraction eurent été portées contre lui.
Est-ce que ce sera Shane Ertmoed? En octobre 2000, il a assassiné Heather Thomas, 10 ans, de Surrey. Il a écopé d'une peine d'emprisonnement à perpétuité obligatoire, sans possibilité de libération conditionnelle avant 25 ans.
Heather était en visite chez son père, à Cloverdale. Trois semaines plus tard, son corps a été retrouvé flottant sur le lac Alouette dans ma circonscription. M. Ertmoed a affirmé aux policiers qu'il avait invité Heather chez lui, qu'il l'avait étendue sur le sol et qu'il lui avait enlevé son pantalon et sa culotte avant de l'étrangler en l'empêchant de crier.
Il s'est servi de son sac de football noir pour transporter le corps et les vêtements de la jeune fille jusqu'à son véhicule, puis il a conduit jusqu'au parc provincial Golden Ears, où il a caché le sac dans la forêt dense. Le lendemain, il est retourné récupérer le sac, il a gonflé un canot pneumatique et il est allé jeter le sac dans le lac.
La disposition de la dernière chance aux termes de laquelle les délinquants reconnus coupables de meurtre au premier degré pouvaient demander une réduction du délai préalable à la libération conditionnelle après 15 années passées en prison a été abrogée par le gouvernement conservateur en 2011. Cependant, comme le crime avait été commis avant l'adoption de la loi, M. Ertmoed a pu demander la tenue d'une audience.
Heather Thomas avait à peine 10 ans et aurait très bien pu être ma fille. M. Ertmoed travaillait dans le complexe de maisons en rangée adjacent au nôtre et il avait été très amical avec ma fille et ses amies. Elles vendaient de la limonade. Elles appelaient M. Ertmoed « le Rocket ».
Dans la société canadienne, les femmes ont le droit d'être protégées et c'est l'objectif de la motion à l'étude.