Que la Chambre soit solidaire de tous les conseils de bande élus sur le tracé du gazoduc de Coastal GasLink, de la majorité des chefs héréditaires et de la grande majorité des membres de la communauté des Wet’suwet’en, qui appuient le projet de Coastal GasLink, et condamne les activistes radicaux qui exploitent les divisions au sein de la communauté des Wet’suwet’en, tiennent l’économie canadienne en otage et menacent les emplois et les opportunités dans les communautés autochtones.
— Monsieur le Président, je vais partager mon temps de parole avec le député de .
Le but de la motion d'aujourd'hui est de faire entendre les voix des Wet'suwet'en. Depuis 14 jours, nous entendons beaucoup de gens se dire solidaires des Wet'suwet'en. Aujourd'hui, le Parlement relaiera les voix des Wet'suwet'en eux-mêmes afin de faire connaître leur propre version des faits.
Je pourrais parler des 900 000 tonnes de produits transportées chaque jour sur nos voies ferrées ou des 88,1 millions de passagers qui empruntent le train chaque année. Je pourrais parler du fait que le Canada est un pays commerçant et que notre prospérité économique dépend de notre capacité à produire des produits de qualité et à les acheminer vers les marchés.
Je pourrais mentionner que, depuis 14 jours, nous observons un manque de leadership. Le ne prend absolument pas les choses en main. Je pourrais dire à quel point la situation actuelle nuit à notre position économique dans le marché mondial.
Toutefois, aujourd'hui, je vais me concentrer sur les voix des Wet'suwet'en, les voix des 20 Premières Nations, des dirigeants de bande élus et des chefs héréditaires. Plus de 85 % des Wet'suwet'en ont voté pour le projet Coastal GasLink et pour la prospérité économique qu'il représente.
Je vis dans le Nord de la Colombie-Britannique, près du territoire que le projet Coastal GasLink doit traverser. J'ai de nombreux amis wet'suwet'en et tsilhqot'ins. Ma famille vient de la Première Nation des Tsilhqot'ins. Dans le Nord de la Colombie-Britannique, où nous vivons, les débouchés économiques sont restreints. L'industrie forestière est dans une situation désastreuse. Au cours de la dernière année, 25 scieries ont fermé, et des dizaines de milliers d'emplois ont disparu. Il est donc essentiel de faire entendre la voix des groupes qui misent sur l'espoir et la prospérité économique.
Nous n'avons pas encore entendu la voix des Wet'suwet'en, qui sont actuellement la cible de vandalisme et de harcèlement. Trois des chefs héréditaires ont d'ailleurs été chassés parce qu'ils appuyaient le projet Coastal GasLink.
Parmi les enjeux auxquels nous pensons aujourd'hui figurent les contrats d'une valeur d'environ 875 millions de dollars qui ont déjà été accordés pour ce projet. Il s'agit, dans bien de cas, de partenariats entre des Premières Nations et d'autres entités. Nous pensons aussi aux 400 personnes autochtones ou des Premières Nations qui travaillent pour le projet Coastal GasLink; elles représentent plus d'un tiers des employés. Nous pensons également aux partenariats et aux perspectives économiques de plus de 1 milliard de dollars pour lesquels les Premières Nations ont choisi d'adhérer au projet Coastal GasLink.
Les députés d'en face diront sûrement que nous ne soutenons pas les chefs héréditaires, que nous ne tenons pas compte des chefs héréditaires qui ont voté contre ce projet. Je rappelle à la Chambre que les 20 bandes élues ont toutes adhéré au projet Coastal GasLink, tout comme 8 des 13 chefs héréditaires. Cinq chefs héréditaires et leur famille ont refusé le projet.
Ces divergences d'opinions relèvent des affaires internes des Wet'suwet'en, comme l'ont souligné des journalistes et des députés de tous les côtés de la Chambre. C'est aussi mon avis. Les Wet'suwet'en doivent mettre de l'ordre dans leurs affaires; ils doivent régler la situation.
Quel est le résultat de l'inaction? Nous voyons aujourd'hui exactement ce qu'il en est. Le a sillonné le monde en avion pendant 14 jours, 13 jours ou 9 jours — peu importe —; il s'est caché à l'étranger. Il refuse de reconnaître que le pays est en situation de crise.
Si les barricades étaient retirées aujourd'hui et que l'acheminement des biens et des services reprenait soudainement, il faudrait non pas des jours ni des semaines, mais plusieurs mois pour rétablir la situation. On constate déjà des pertes d'emploi au CN et à VIA Rail. Hier, VIA Rail a annoncé la mise à pied de 1 000 employés. En faisant l'annonce, la présidente et chef de la direction a dit que, dans les 42 ans d'existence de la société, il n'y avait jamais eu d'interruption de service d'une telle ampleur.
Il n'y a pas que des non-Autochtones qui ont perdu leur emploi. Il y a aussi des membres des Premières Nations. Les travailleurs touchés sont des camionneurs. Ce sont des poseurs de tuyaux. Ils travaillent et font tout ce qu'ils peuvent pour améliorer le sort de leur famille et pour avoir un toit sur la tête.
Dans les trois minutes qui me restent, j'aimerais faire entendre la voix des Wet'suwet'en.
Robert Skin, qui a été élu au conseil de la Première Nation Skin Tyee, a dit ceci: « Grâce à l'entente sur les retombées que [les Skin Tyee] ont signée, je prévois que nous serons déjà en meilleure position d'ici cinq ans. »
Il a ajouté ceci:
Les manifestants n'ont qu'une seule version des faits. Ils veulent se montrer solidaires en levant les poings en l'air, mais je leur demande de venir nous écouter pour entendre l'autre version des faits avant d'aller arrêter la circulation routière et ferroviaire. De tels actes ne font qu'aliéner les membres de notre peuple qui cherchent à avoir un toit sur la tête et à mettre de la nourriture sur la table.
Il s'agit d'une voix que je veux faire entendre à la Chambre aujourd'hui.
Un de mes concitoyens travaille au CN à titre de mécanicien de locomotive. Vendredi dernier, il a été le premier à se déplacer vers l'ouest, de Smithers à Prince George, à bord d'un train de 12 000 pieds de long transportant du charbon, lorsque la barricade a été démantelée. Il m'a posé la question suivante: si tous les autres groupes appuient les Wet'suwet'en et que les Wet'suwet'en ont convenu de retirer la barricade pour faciliter le dialogue, pourquoi le gouvernement fédéral n'a-t-il pas suivi l'exemple du gouvernement de la Colombie-Britannique en acceptant d'établir un dialogue, mais seulement si les barrages illégaux étaient d'abord défaits?
Larry Nooski, chef de la nation de Nadleh Whuten, a dit ceci:
Le projet Coastal GasLink constitue une occasion de développement économique pour la Première Nation de Nadleh Whuten qui ne se présente qu'une fois par génération. Nous avons négocié énergiquement [...] pour garantir que les Nadleh, y compris les jeunes, puissent bénéficier directement et indirectement du projet, tout en veillant à la protection des terres et des eaux.
Les chefs et dirigeants des Premières Nations ont déclaré publiquement que pendant les six années de consultation, ils se tournaient vers les responsables du projet Coastal GasLink s'ils avaient des questions. Ils ont parcouru le territoire et ont décidé ensemble de la signification de ce projet. L'entreprise les a écoutées et a répondu à leurs préoccupations. Voilà les histoires qu'on n'entend pas, voilà de quoi il sera question aujourd'hui.
La chef héréditaire Helen Michelle, de la Première Nation Skin Tyee des Wet'suwet'en, a déclaré que de nombreux manifestants n'étaient même pas des Wet'suwet'en et que les membres de sa Première Nation avaient donné le feu vert à Coastal GasLink. Elle a aussi dit: « Nous avons parlé avec les aînés [...] Nous avons longuement discuté du projet avec eux et nous les avons fait revenir souvent [...] Nous avons marché le long du tracé de Coastal GasLink [...] Nous allons lui donner le feu vert. »
La chef héréditaire Theresa Tait-Day, de la nation des Wet'suwet'en, a indiqué que 85 % de son peuple s'est prononcé en faveur du projet Coastal GasLink.
Marion Tiljoe Shepherd, la descendante d'un chef héréditaire, a déclaré: « Tous ces manifestants n'ont pas le droit d'interrompre les services par chemin de fer et par bateau. Ce n'est pas correct. Ils doivent arrêter. Je veux qu'ils partent. »
Elle a également tenu les propos suivants:
Les gens commencent à dire la vérité sur ce qu'ils ressentent. Ils veulent travailler. Les chefs sont censés parler aux clans et les clans sont censés prendre les décisions. Ce n'est pas ce qui se passe en ce moment.
Voilà ce que pensent les Wet'suwet'en, et c'est pour cette raison que nous sommes ici aujourd'hui.
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Madame la Présidente, cela va peut-être surprendre certains de mes collègues, mais c'est mon premier discours dans le cadre de la présente législature. J'aimerais donc prendre un instant pour remercier ma famille, les bénévoles, mon personnel et les habitants de Chilliwack—Hope de m'avoir élu à la Chambre des communes une troisième fois. Je les remercie de l'honneur qu'ils me font.
Nous sommes ici, aujourd'hui, pour débattre d'un sujet important. Nous débattons d'une motion qui demande à la Chambre de faire preuve de solidarité avec le peuple des Wet’suwet’en, dont la majorité des membres dit appuyer le projet Coastal GasLink.
J'aimerais commencer en citant le . Alors que, membre de l'opposition, il faisait le tour du pays, il a déclaré ceci: « Les gouvernements peuvent bien accorder des permis; seules les communautés peuvent donner leur permission. » Bien sûr, il ne respecte pas ce principe. On peut poser la question à de nombreuses communautés le long du tracé. Dans le cas présent, le gouvernement de la Colombie-Britannique a accordé les permis. Après un examen scientifique rigoureux et indépendant du projet, il a décidé que celui-ci pouvait aller de l'avant. Le gouvernement de John Horgan et le NPD en Colombie-Britannique ont soutenu ce projet. La communauté concernée a aussi donné son accord. Les 20 conseils de bande élus, soit tous les conseils de bande qui vivent le long du tracé, ont voté en faveur du projet, après de nombreuses années de discussion avec l'entreprise et la Couronne, en raison des débouchés économiques qu'il offre, du respect que l'entreprise leur a montré et du processus qui a été suivi au fil des ans. Les 20 conseils de bande élus soutiennent le projet. C'est indiscutable.
Mon collègue de Cariboo—Prince George a cité une chef héréditaire qui a dit que 85 % des gens vivant sur le territoire des Wet'suwet'en appuient le projet. La majorité des chefs héréditaires l'appuient. Les chefs héréditaires de la nation des Wet'suwet'en ont de toute évidence des questions à régler à l'interne. Les familles sont en désaccord. Ce n'est pas le genre de choses qu'on veut voir, mais c'est la situation actuelle. En ce moment, les chefs héréditaires ne s'entendent pas sur la voie à suivre. À mon avis, la couverture médiatique est inexacte. On parle constamment des manifestations en soutien aux chefs héréditaires des Wet'suwet'en, sans jamais dire que ce ne sont pas tous les chefs. La majorité d'entre eux appuient le projet. Trois chefs héréditaires sont des femmes, et d'autres chefs héréditaires ont tenté de leur retirer leur titre parce qu'elles appuient le projet. De toute évidence, les chefs héréditaires et leurs familles doivent continuer de débattre et de dialoguer entre eux. Cela dit, laisser entendre que tous les chefs héréditaires s'opposent au projet et qu'ils sont en conflit avec les conseils de bande élus est tout simplement inexact.
La motion demande également à la Chambre de condamner les activistes radicaux qui exploitent les divisions au sein de la communauté des Wet’suwet’en et qui utilisent les chefs héréditaires pour parvenir à leurs fins. Il arrive que les gens n'aiment pas ce genre de langage. Ils n'aiment pas entendre les mots « activistes radicaux ». Cependant, je qualifierais d'activistes radicaux les membres d'un groupe qui se rendent à la résidence du premier ministre de la Colombie-Britannique, qui a été élu démocratiquement, pour en bloquer l'accès et pour le menacer de le prendre en otage. Quand des gens qui se sont fait imposer une injonction disent qu'ils se fichent de la cour et ignorent sa décision, où est-ce que cela s'arrête? C'est devenu un vrai problème. Voilà la différence. Au Canada, nous convenons tous que lorsque nous avons des différends sur des questions de droit, c'est un arbitre qui tranche. Parfois, je n'approuve pas les décisions de la cour, même celles du plus haut tribunal du pays.
Je vis au Canada. Je suis un citoyen de ce pays. En tant que membres de la société, nous avons tous pris l'engagement tacite de respecter les décisions des tribunaux. Nous ne pouvons pas choisir les décisions de justice que nous respecterons et celles que nous ignorerons, pas plus que le gouvernement d'ailleurs. C'est pourtant ce qui s'est passé ici au cours des deux dernières semaines.
Il y a eu de nombreuses injonctions des tribunaux contre les manifestants qui bloquent les voies ferrées, qui nuisent à l'économie et qui menacent carrément la santé et la sécurité des Canadiens. Aujourd'hui, il fait -22 degrés Celsius avec le refroidissement éolien. Il ne fait chaud nulle part au pays, sauf chez moi, en Colombie-Britannique. Il y a une pénurie de propane. Il y a une pénurie de mazout domestique. Il y a une pénurie de chlore et de produits chimiques utilisés pour l'assainissement de l'eau. Le gouvernement fait fi de tous les risques qui nous guettent.
J'ai remarqué que le ton du a beaucoup changé hier après qu'il a vu les résultats du sondage d'opinion et entendu les membres de son propre caucus. Il a finalement reconnu que les barricades étaient illégales, puisque les tribunaux les avaient déclarées telles. Les activités qui se déroulent un peu partout, telles que les intrusions sur les voies ferrées, violent déjà la loi, mais voilà que le gouvernement se moque des injonctions des tribunaux.
Quand un gouvernement refuse de dire — que ce soit à la Chambre des communes ou ailleurs — qu'il est d'avis que les tribunaux ont raison et qu'il faudrait en respecter les décisions et en appliquer les injonctions, on comprend pourquoi de plus en plus de manifestants choisissent d'occuper de plus en plus d'endroits.
L'inaction du et son manque de leadership enhardissent ces manifestants et les incitent à poser certains gestes, comme se présenter à la demeure du premier ministre de la Colombie-Britannique et le menacer de se faire arrêter par des citoyens, ou encore empêcher la livraison de propane, de mazout domestique ou encore de chlore pour purifier les réseaux d'eau potable. Il semble que le premier ministre du pays ne trouve pas qu'il s'agit là de gestes suffisamment graves pour être condamnables.
Le a créé cette situation. Il a répété à maintes reprises qu'aucune relation n'est plus importante que celle que nous entretenons avec les Autochtones du Canada. Pourtant, cela fait plus de quatre ans maintenant qu'il ne fait rien à ce sujet. En fait, il leur a envoyé des signaux tout à fait contraires, en particulier à l'intention des Autochtones de la Colombie-Britannique.
Les habitants de ma région se souviennent très bien que la première ministre autochtone de la Justice du pays a été évincée du Cabinet et du Parti libéral pour avoir osé s'opposer au et à ses remarques insensibles à l'occasion d'une activité de financement libérale où les donateurs devaient verser 1 600 $. Lorsqu'un groupe de manifestants est arrivé de Grassy Narrows, il a dit « Merci pour votre don » à une jeune Autochtone. Voilà la relation qu'il entretient avec les peuples autochtones de ce pays. Il récolte ce qu'il a semé.
Le a passé les 10 premiers jours de cette crise à l'étranger, dépensant l'argent des contribuables dans des pays africains pour rencontrer des gens qui ne partagent pas les valeurs qu'il prône au Canada afin de tenter de gagner leur vote et d'obtenir un siège temporaire au Conseil de sécurité des Nations unies. Il a vanté les industries pétrolières et gazières de l'Afrique tout en disant vouloir éliminer graduellement les nôtres. Il s'est ensuite prosterné devant le ministre iranien des Affaires étrangères jusqu'à s'en égratigner les genoux, souriant et serrant la main d'une personne dont le régime est responsable d'avoir causé la mort de 57 Canadiens en abattant leur avion en plein vol.
Le a annulé son voyage à la Barbade. Alors, je suppose que nous devrions le féliciter. Il s'est enfin rendu compte que nous sommes en situation de crise, mais n'a rien fait pour y remédier. Il refuse même de dire que ces barrages sont illégaux et de faire respecter les injonctions judiciaires.
Nous devons décider aujourd'hui si nous allons tolérer le non-respect des injonctions judiciaires ou si nous allons faire valoir la primauté du droit et exiger que le affirme haut et fort que ces injonctions doivent être appliquées et que la loi doit être appliquée et respectée.
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Madame la Présidente, les jeunes Autochtones que j'ai rencontrés dans le bureau du n'étaient pas des activistes radicaux, mais bien des jeunes Autochtones sensibles qui voulaient parler de l'importance de la terre, de l'eau et de l'air.
Une jeune femme, qui avait dormi dans le bureau du pendant plus de 10 jours, m'a parlé, en larmes, de la frustration qu'elle ressentait après avoir vu et entendu des personnes avec lesquelles elle a noué des liens d'amitié il y a un an se faire arrêter pour leurs convictions au début du mois.
Nous avons tiré des leçons des crises d'Oka, d'Ipperwash, de Caledonia et du lac Gustafsen, et je crois que les policiers comprennent aussi leur rôle dans ce genre de situation. L'an dernier, nous avons dit que nous ne voulions plus jamais revoir d'images de policiers recourant à la force pour maintenir la paix dans une communauté autochtone.
Les Canadiens comptent sur nous pour que nous travaillions ensemble à l'établissement d'un dialogue respectueux avec les Wet'suwet'en. Nous souhaitons tous voir ce conflit se régler de manière pacifique et durable.
La rhétorique et les tactiques de division des députés d'en face sont irresponsables. Nous voulons que les Wet'suwet'en se réunissent pour régler leurs divergences d'opinions. Nous voulons travailler tant avec les chefs de conseil qu'avec les chefs héréditaires pour bâtir un avenir où ils ne seront pas soumis à la Loi sur les Indiens et où ils pourront, comme nation, choisir leur propre mode de gouvernance, rédiger leurs propres lois et, finalement, affirmer leurs droits en prenant des décisions au sujet de leurs terres, de l'eau et de l'air dans l'intérêt de leurs enfants et des sept générations à venir.
Ce qui nous inspire ici, c'est le courage des Wet'suwet'en qui, pour faire reconnaître leurs droits, ont porté l'affaire Delgamuukw jusqu'à la Cour suprême en 1997. Nous tenons à préciser toutefois que la Cour ne leur a pas reconnu un titre sur leurs terres à ce moment-là. Elle a confirmé les droits des Wet'suwet'en mais a reporté à plus tard l'examen du titre.
Plus de 20 ans se sont écoulés depuis qui ont vu de nombreux gouvernements provincial et fédéral se succéder, et les Wet'suwet'en ont maintenant hâte, et pour cause, de voir la question du titre être résolue. Je serai heureuse de travailler avec eux dans ce dossier pour tenter de trouver une solution non judiciaire.
Les Wet'suwet'en travaillent dur sur ces prochaines étapes dans le cadre du processus des traités de la Colombie-Britannique et, plus récemment — soit depuis 2018 —, sur des revendications précises, la préparation des négociations et la reconstruction des nations, avec des fonds provenant du gouvernement à des fins de recherche.
Il y a deux ans, j'ai signé, avec les chefs héréditaires de l'Office of the Wet'suwet'en, un accord affirmant leurs droits sur les services à l'enfance et à la famille. À la cérémonie de signature, il y avait un peu de chevauchement. Certains chefs héréditaires agissaient ou avaient déjà agi également comme chefs de bande ou membres du conseil de bande.
Partout au Canada, plus de la moitié des bandes assujetties à la Loi sur les Indiens siègent maintenant à des tables pour faire avancer les choses dans le sens de leurs priorités, en exerçant leur compétence. Qu'on parle de l'éducation, des pêches, des services à l'enfance et à la famille, des services de police ou des appareils judiciaires, nous avons fait de grands pas dans l'entreprise difficile consistant, selon la description qu'en donne Lee Crowchild, à déconstruire les effets de la colonisation.
En Colombie-Britannique, nous avons été inspirés par le Sommet de la Colombie-Britannique, qui a permis d'élaborer et de signer, avec le fédéral et la province de la Colombie-Britannique, une nouvelle politique selon laquelle les notions d'aliénation, de cession et d'abandon seront à jamais absentes des traités, des accords et des autres ententes constructives.
Cette nouvelle politique de la Colombie-Britannique, fruit de plusieurs années de dur labeur, est porteuse de changements. Elle élimine de nombreux obstacles qui nuisaient au processus des traités. Grâce à cet outil essentiel, nous pouvons accélérer la marche vers l'autodétermination. Je crois que la politique de la Colombie-Britannique pourra servir de modèle pour les nations d'un bout à l'autre du pays.
Nous avons convenu que les Premières Nations n'auront plus besoin d'emprunter de l'argent pour financer leurs négociations avec l'État canadien. Nous avons aussi décidé de radier les prêts existants et avons même, dans certains cas, redonné leur argent aux nations qui avaient fini de rembourser leurs prêts.
Pendant plus de deux ans, nous avons élaboré une nouvelle politique financière collaborative en partenariat avec les Premières Nations déjà autonomes afin qu'elles aient accès à du financement stable, prévisible et adéquat pour voir à leurs affaires.
[Français]
Ce nouveau mode de financement leur offre beaucoup plus d'argent qu'ils n'en auraient reçu en vertu de la Loi sur les Indiens.
[Traduction]
Les conditions sont réunies pour que la relation avec les Premières Nations, les Inuits et les Métis au Canada soit désormais axée sur la reconnaissance des droits, le respect, la collaboration et le partenariat. Quel plaisir ce fut de voir avec quelle créativité et quel esprit novateur les Ktunaxas et les Sto:los ont abordé la négociation des traités modernes.
Nous avons été inspirés de voir les chefs héréditaires, la chef élue et le conseil de bande des Heiltsuks unir leurs efforts pour conclure un accord sur l'accession à l'autonomie gouvernementale avec le Canada.
Nous sommes également reconnaissants au gouvernement de la Colombie-Britannique pour l'important travail qu'il a effectué pour faire avancer la réconciliation, y compris l'adoption du projet de loi 41, qui met en œuvre la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones.
J'aimerais remercier Murray Rankin de tout le travail qu'il a effectué pour la Colombie-Britannique sur la question des territoires et des titres avec la nation des Wet'suwet'en et Nathan Cullen, pour son travail avec toutes les parties à l'impasse actuelle.
Nous avons vu qu'il est possible de faire véritablement avancer les choses lorsque les chefs héréditaires et élus se donnent une vision commune de la reconstruction des nations et travaillent ensemble pour établir un plan clair vers l'autonomie gouvernementale.
Je suis impatiente d'avoir ces discussions avec les Wet'suwet'en.
Nous faisons du bon travail sur la question des services à l'enfance et à la famille. Nous avons aussi l'obligation de passer à des discussions sérieuses sur la reconstruction de la nation des Wet'suwet'en.
Le temps est venu d'appliquer l'arrêt Delgamuukw, de montrer que la solution à la question des droits et des titres ancestraux passe par le dialogue.
[Français]
Mon travail consiste à assurer que le Canada trouve des solutions hors tribunaux, ainsi qu'à accélérer les négociations et les ententes aux tables où un véritable changement peut avoir lieu.
[Traduction]
J'espère que nous pourrons bientôt nous asseoir avec les chefs héréditaires des Wet'suwet'en pour collaborer à l'atteinte de leurs objectifs à court et à long terme.
Dans bon nombre de régions du Canada, il est très difficile de déterminer qui détient un titre sur des terres, car différentes nations ont occupé de mêmes territoires au fil du temps. Dans d'autres cas, comme celui du territoire tsilhqot'in, on a la preuve manifeste que des terres ont été occupées par une seule nation pendant des millénaires.
Le Canada vit un moment décisif. Nous devons composer efficacement avec l'incertitude. Les Canadiens souhaitent que les droits autochtones soient respectés. Ils ont hâte de constater de véritables progrès, et comptent sur nous pour mettre en place un ensemble de règles et de procédures qui permettront d'appliquer de manière honorable l'article 35 de la Constitution canadienne.
[Français]
Légiférer et mettre en œuvre la Déclaration des Nations unies sur les droits des peuples autochtones, la DNUDPA, est une voie possible pour la suite.
[Traduction]
Les Canadiens sont conscients qu'il y a des opinions divergentes parmi les Wet'suwet'en. Comme il a été dit, 20 chefs élus et leurs conseils ont approuvé le projet en consultation avec leur communauté. Des dirigeantes ont exprimé leur avis en disant que le projet peut éliminer la pauvreté ou créer des emplois intéressants pour les jeunes hommes tout en contribuant à réduire la violence familiale et le taux d'incarcération.
Crystal Smith, la conseillère en chef des Haislas, est favorable au projet de pipeline. Ce matin, elle a déclaré avec éloquence à l'émission Ottawa Morning qu'il revient à la nation des Wet'suwet'en de trouver une solution, et que les avis externes n'arrangent rien.
La communauté des Wet'suwet'en doit s'unir et parvenir à un consensus, et ce n'est pas le débat d'aujourd'hui qui va régler la situation.
Certaines personnes ont affirmé que, selon la vision autochtone du monde, le fait d'offrir une source d'énergie qui aidera la Chine à s'affranchir partiellement des centrales au charbon est une bonne chose pour la Terre mère. Nous espérons que les Wet'suwet'en pourront s'entendre et prendre ensemble des décisions qui seront dans l'intérêt supérieur de leurs enfants, de leurs petits-enfants et des prochaines générations.
[Français]
Nous soulevons les milliers de jeunes Canadiens qui luttent pour la justice climatique.
[Traduction]
Nous savons qu'ils ont besoin d'espoir. Ils veulent un véritable plan d'attaque contre la crise climatique. Nous estimons avoir mis en place un plan efficace, qu'il s'agisse des technologies propres, de l'énergie renouvelable, du transport en commun ou de la protection des terres et des eaux.
Nous voulons que les jeunes Canadiens et tous ceux qui sonnent l'alarme concernant les changements climatiques depuis des décennies se sentent entendus.
[Français]
Ils doivent avoir de l'espoir et se sentir partie prenante dans l'élaboration de véritables solutions.
[Traduction]
Comme je l'ai dit mardi soir, nous investissons dans le travail de Val Napoleon et de John Borrows au pavillon en droit autochtone, l'Indigenous Legal Lodge, de l'Université de Victoria, et nous nous en inspirons. On pourra mener des recherches sur les lois de nombreuses nations afin de créer une structure de gouvernance et des constitutions qui les respectent.
Il est très important de comprendre les dommages causés par la colonisation et les pensionnats, ce qui a parfois entraîné des interprétations différentes des pratiques et des usages juridiques traditionnels.
[Français]
Nous pensons qu'il sera un jour possible pour le Canada d'intégrer le droit autochtone, comme nous l'avons fait dans le cas de la common law et du droit civil dans le processus législatif canadien.
[Traduction]
Nous visons également à mettre en oeuvre les appels à l'action de la Commission de vérité et réconciliation ainsi qu'à faire mieux connaître notre histoire commune.
Nous voulons que tous les leaders autochtones constatent notre volonté réelle de rétablir un climat de confiance et de travailler dans le respect, comme l’ont déjà déclaré avec tant de sincérité le et le .
Dans la foulée des engagements publics et répétés du et de son homologue de la Colombie-Britannique, et de nos lettres du 16 février et d’hier, le ministre provincial des Relations avec les Autochtones et de la Réconciliation et moi-même sommes toujours désireux de maintenir un processus fondé sur la confiance et le respect mutuel pour remédier aux enjeux criants soulevés par les chefs héréditaires de la nation des Wet’suwet’en.
Nous leur avons écrit le 16 février dernier pour leur proposer une rencontre d’urgence et les aviser que nous pouvions les rencontrer à Smithers si cela leur convenait. Signe de notre engagement et de l'urgence de la situation, nous nous sommes tous les deux rendus à Victoria ce lundi pour être rapidement à Smithers si tel était leur volonté.
Bien que nous n’ayons pas encore pu nous rencontrer, nous poursuivons le dialogue grâce aux nombreuses conservations que nous avons avec des chefs héréditaires de la nation des Wet’suwet’en afin de dénouer l'impasse. C’était une étape importante, et nous les remercions de prendre part à la discussion avec le même désir d’en venir à une résolution pacifique. Nous savons qu’ils ont des enjeux urgents à résoudre et que ceux-ci nécessitent une attention particulière des deux ordres de gouvernement, qui doivent collaborer avec eux pour paver la voie à une résolution pacifique.
Nous nous engageons à trouver avec eux et la nation des Wet'suwet'en un processus mutuellement acceptable qui nous permettrait de négocier et de traiter les questions urgentes et les questions à long terme. Nous leur avons à nouveau écrit hier pour organiser une réunion en personne. Nous espérons que les Wet'suwet'en pourront signifier à ceux qui sont solidaires avec eux qu'il est maintenant temps pour eux de se retirer. Nous devons nous remettre au travail avec la nation des Wet'suwet'en dans le respect de ses lois et de sa gouvernance, et travailler de nation à nation avec la Couronne. J'espère pouvoir dès que possible repartir en Colombie-Britannique pour poursuivre ce travail.
En conclusion, je dirais que, en tant que médecin, on m'a d'abord appris à ne pas faire de mal. Or, le débat d'aujourd'hui me semble préjudiciable aux progrès que nous devons accomplir pour parvenir à une solution durable.
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Madame la Présidente, je vous annonce que je vais partager ma période de 20 minutes avec mon très honorable et estimé collègue et ami le député de .
Je veux profiter de cette occasion pour essayer de résumer la situation, parce que ce n’est vraiment pas clair. Les nouvelles se bousculent et se contredisent. Il est pourtant nécessaire d’être tous à la même place pour trouver des solutions.
Je me permets aussi de mentionner que la notion de leadership occupe beaucoup d’espace depuis un moment. Le leadership est peut-être d’abord une question d’attitude. Encore une fois, j’ai vu quelques ministres se rendre à la rencontre qui a eu lieu avec le . Une ministre a dit que le gouvernement voulait avoir un dialogue, car il ne voulait pas ne pas avoir de dialogue. J’étais profondément ému par la profondeur de ce propos. Un autre ministre a dit que le gouvernement allait faire cela vite, et j’ai vu le premier ministre entrer en disant essentiellement qu’il entrait.
Je rappelle qu'il y a eu d’autres crises importantes qui ont affecté les Québécois et les Canadiens dans l’histoire. J’en relèverai trois. Rappelons-nous la crise du verglas de 1998. Le premier ministre du Québec, M. Lucien Bouchard, veillait à ce qu'un compte rendu de la situation soit fait chaque jour, en fin d’après-midi. Nous avons encore des images de cela. C’était un geste de leadership destiné à maintenir la confiance de la population du Québec compte tenu de l’envergure des enjeux.
Rappelons-nous la crise terrible de Lac-Mégantic, durant laquelle la première ministre du Québec de l’époque, Mme Marois, faisait essentiellement la même chose. Sur le plan de l’environnement, dont j’étais le ministre titulaire, nous faisions aussi la même chose. Nous gardions les gens rigoureusement informés de ce qui se passait. D’ailleurs, mon estimé collègue y était aussi, à la sécurité publique.
Plus récemment, l’année dernière, il y a eu les inondations qui ont affecté beaucoup de Québécois. Le gouvernement du Québec et le premier ministre du Québec veillaient à ce qu’il y ait une mise à jour quotidienne et précise de ce qui se passait. Or, ce matin, le premier ministre est entré en coup de vent, a enlevé sa tuque puis a disparu. Je pense que nous avons tous besoin d’un leadership plus manifeste et plus affirmé.
Un autre aspect de la motion est problématique. La motion prétend que la majorité des Wet'suwet'en — et dans certains cas la totalité, ou du moins, un large consensus à l’intérieur de la nation — voudrait que le gazoduc passe. Je ne sais pas d’où vient ce chiffre. Je ne sais pas d’où vient cette prétention, je ne connais pas ce calcul. Les institutions de cette nation leur appartiennent. D’ailleurs, certaines sources qu’on consulte disent qu’il y a cinq chefs héréditaires, alors que d’autres sources disent qu’il y en a neuf et que d’autres disent qu’il y en a treize. C’est un peu vague, mais cela leur appartient. Est-ce qu’il viendrait à l’esprit des conservateurs de dire que le premier ministre du Canada ne peut pas gouverner sous prétexte qu’il a obtenu moins de votes qu’eux? Non. Cela les fait pester, mais ils reconnaissent que le Canada a ses institutions, comme nous devons reconnaître que la nation Wet'suwet'en a ses propres institutions. Qui sommes-nous pour en faire l’interprétation dans le but de servir notre programme politique?
Notre travail doit d’abord être de reconnaître cette nation et ses institutions. Nous devons lui demander de choisir un ou des délégués que nous sommes prêts à recevoir et nous devons faire la même chose en vue d’entamer une discussion. C’est ainsi qu’il faut composer avec une relation qui est supposément de nation à nation, sans jamais perdre de vue l’objectif fondamental, qui est la levée immédiate des barricades sur l’ensemble du territoire. C’est ce qu’il faut faire.
La façon d'y arriver est de faire une série de gestes concrets, qui vont d’une part montrer aux entreprises, aux travailleurs et aux travailleuses canadiens et québécois que le gouvernement fait quelque chose.
Ce matin, le premier ministre du Québec disait qu'il cherchait des voies de remplacement pour le transport ferroviaire et pour le transport lourd sur route. Quelque chose se fait à Québec. Québec dit qu'il a peu de recours et que le seul recours qu'il a pour mettre un terme à la crise serait de faire intervenir les forces policières, même si ce n'est pas son premier vœu. Je trouve cela raisonnable et proactif, contrairement à ce que j'observe ici, à Ottawa, même si ce n'est pas dans tous les cas. Il commence à y avoir du mouvement.
Je me permets aussi de mentionner qu'un blocage autochtone sur un territoire autochtone, c'est une chose. Un blocage tenu par des Autochtones sur un territoire non autochtone, c'est une autre chose. Un blocage tenu par des étudiants de cégep sur la Rive-Sud de Montréal parce que c'est amusant, c'est une troisième affaire. La troisième affaire n'a pas sa place. La troisième affaire obstrue la circulation ferroviaire sur la Rive-Sud de Montréal.
Je me permettrai de dire la chose suivante pour les gens de ma circonscription. Il y a deux stations de train, soit à McMasterville et à Mont-Saint-Hilaire, où la circulation a été coupée, parce que des gens qui ne sont pas autochtones se sont dit que c'était « trippant », cette affaire-là. J'ai pensé aux gens qui ont bloqué le pont Jacques-Cartier il n'y a pas si longtemps. Je me suis dit que la situation était sérieuse et qu'il fallait la régler de façon sérieuse, avec les bons interlocuteurs, pour empêcher un autre débrayage de cégep.
Une piste de solution serait la reddition de comptes quotidienne. On est un peu mêlé au sujet de la GRC. Est-ce que la GRC prend ses ordres du gouvernement ou pas? Quand cela fait l'affaire du gouvernement, le gouvernement dit que la GRC est indépendante et qu'il ne lui dit pas quoi faire ou ne pas faire. La GRC a donc dit qu'elle allait déplacer son centre de commandement. Je comprends donc que le gouvernement ne pourra pas se péter les bretelles avec cela, parce que la GRC est indépendante. Elle a été plus vite et plus intelligente que le gouvernement. Si cela contribue à satisfaire aux demandes des Wet'suwet'en, c'est un premier pas salutaire. Rappelons-nous que, il n'y a pas si longtemps, la GRC avait pointé les armes de tireurs d'élite dans la direction des militants de la nation Wet'suwet'en. Ce n'est pas exactement de nature à apaiser les tensions. C'est un geste intéressant.
Il y a d'autres revendications, mais je pense qu'il faut faire preuve d'initiative et poser nos propres gestes afin de ne pas simplement répondre à des revendications. On pourrait ne jamais s'en sortir. Le deuxième geste, c'est de créer un forum de discussions cruciales, fondamentales, sérieuses, durables et crédibles afin de les convaincre qu'il se passera quelque chose s'ils s'assoient à la table des discussions. C'est un deuxième geste important.
Le troisième geste est délicat dans ce Parlement éminemment pro-pétrole, à quelques exceptions près. Il s'agit de suspendre les travaux de façon temporaire. Quand je dis de façon temporaire, c'est un rameau d'olivier, parce que, personnellement, je crois que des travaux sur des infrastructures qui augmentent la circulation et la consommation d'hydrocarbures, c'est mauvais en général. Je fais donc le compromis de dire qu'il faut cesser la construction temporairement. C'est un compromis que la nation Wet'suwet'en ne fait peut-être pas elle-même. Suspendons temporairement les travaux.
Cela ne relève pas du Canada, mais j'imagine que le du Canada, qui se considère comme le patron des provinces, est capable de prendre le téléphone et d'appeler le premier ministre de la Colombie-Britannique et de lui dire de parler à l'entreprise pour lui demander de suspendre ses travaux pendant un moment.
Ainsi, on aurait trois conditions, soit la table de discussions, le retrait de la GRC et l'arrêt temporaire des travaux. Celles-ci sont probablement, pas assurément, de nature à faire lever les blocus et à amener les bonnes personnes à la table de discussion. Le lendemain matin, on va recommencer à avoir une activité économique relativement normale partout au Canada et au Québec et il y aura une discussion sérieuse qui se mettra en place. N'oublions pas que si elle n'est pas sérieuse, cela va recommencer et recommencer et recommencer encore.
Je pense que les solutions sont à notre portée. Il faut les mettre en place de bonne foi avec un leadership clair qui sera de nature à rassembler un consensus au sein du Parlement. Nous devons montrer aux Premières Nations que nous sommes à la fois des interlocuteurs sérieux, posés et crédibles, et que nous ne courberons l'échine devant rien, mais que nous sommes aussi des interlocuteurs de bonne foi. C'est une démonstration qui reste à faire au-delà des promesses électorales.
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Madame la Présidente, l'adage populaire dit que « l'enfer est pavé de bonnes intentions ». Je pars du principe que nos amis conservateurs étaient bien intentionnés en présentant cette motion aujourd'hui. Il n'en demeure pas moins qu'il faut reconnaître que la dernière chose dont nous avons besoin aujourd'hui, c'est un ton qui mène à la confrontation. Je pense que nous avons davantage besoin d'un ton qui conduit à la collaboration, à la discussion et à la négociation.
D'aucune façon, nous ne pouvons souscrire à cette vision manichéenne qu'expriment les conservateurs dans leur motion, selon laquelle il y aurait des bons d'un côté et des méchants de l'autre. Qui sommes-nous pour déterminer cela ou juger de cela? Je pense que nous n'avons pas l'ensemble des éléments qui nous permettraient de porter un tel jugement.
Je dois reconnaître que je perçois des motivations bassement partisanes derrière la motion présentée aujourd'hui, ce que je déplore. Nous n'avons vraiment pas besoin de ce genre de motivations dans le cadre de la situation à laquelle nous sommes confrontés. Au contraire, nous avons besoin de travailler dans un esprit de collaboration, comme je le disais il y a quelques instants. C'est la seule façon d'arriver à une solution pacifique du conflit auquel nous assistons actuellement.
En revanche, nous ne pouvons non plus cautionner le manque de leadership dont font preuve le et son gouvernement actuellement. Le gouvernement laisse indûment traîner la situation et, comme, le dit l'adage populaire, « tout ce qui traîne se salit ».
Mardi, nous avons eu droit à une déclaration lénifiante du premier ministre, cousue de vœux pieux. Là encore, je dirais que « le mieux est l'ennemi du bien ». Ce discours était plein de vœux pieux et on a vu comme il a été efficace. En effet, il a tellement convaincu les protestataires de mettre un terme aux barricades que de nouvelles ont été dressées hier, que ce soit dans l'Ouest ou, comme le signalait le chef du Bloc, sur la ligne qui relie Mont-Saint-Hilaire à Montréal. Des stations de sa circonscription et de ma circonscription ont été fermées.
À Saint-Basile-le-Grand et à Saint-Bruno-de-Montarville, les citoyennes et les citoyens, les usagers du transport en commun, ont eu la surprise de constater qu'ils étaient également pris en otage par ce conflit, alors que le premier ministre appelait mardi à un règlement du conflit. Tout à coup, on leur a refusé la possibilité d'emprunter le transport en commun. Ce qui se passe est extrêmement préoccupant.
Je suis obligé de dire que, même si c'est éminemment justifié, cette larmoyante litanie de contritions de la part du depuis un certain nombre d'années ne mènera pas à la réconciliation. Pour en arriver à une véritable réconciliation, il faut donner suite à ces vœux pieux qu'on exprime depuis nombre d'années.
En 1982, le père de l'actuel premier ministre, dans la foulée de l'inique rapatriement de la Constitution sur le dos du Québec, avait entrepris des négociations constitutionnelles avec les Premières Nations. Ces négociations constitutionnelles ne se sont jamais conclues. Nous en sommes encore là aujourd'hui. Ce que nous vivons aujourd'hui est la conséquence non seulement d'avoir laissé traîner cela depuis les années 1980, mais aussi des traitements tout à fait inacceptables que subissent les Premières Nations depuis des siècles.
Je crois qu'il faut sortir des vœux pieux et passer à l'action. À cet égard, il faut souligner — le chef du Bloc québécois en a fait état il y a quelques instants — que notre formation politique est jusqu'à présent la seule à avoir mis en avant des propositions concrètes pour sortir de cette crise.
Ce sont des solutions qui vont au-delà des vœux pieux et qui n'appellent pas à des interventions musclées qui vont faire que la situation risque de se dégrader considérablement. J'invite le gouvernement à cesser, d'une part, de catégoriser les gens d'en face comme étant un bloc monolithique tout à fait d'accord, ce qui n'est pas le cas, et, d'autre part, à se montrer attentif aux propositions qui ont été avancées jusqu'à présent. Je pense qu'il y a encore des gens du côté du gouvernement libéral qui n'ont pas encore réalisé que ce gouvernement était minoritaire et qu'on doit donc collaborer et prendre les meilleures idées de tous les côtés qui soient. Or, il y en a eu des idées concrètes qui ont été proposées par le Bloc québécois. Le chef du Bloc y faisait référence il y a quelques instants. J'invite le gouvernement à agir.
Actuellement, il faut reconnaître que la procrastination dont fait preuve le gouvernement amène les provinces et le Québec à devoir agir à la place du gouvernement fédéral et à éventuellement à devoir porter l'odieux d'avoir agi. On a même entendu des ministres, dont le , suggérer à mots à peine couverts. C'est un manque de leadership, c'est un manque de courage de la part du gouvernement libéral.
À l'Assemblée nationale, une motion a été adoptée le 18 février dernier. Je me permets de la lire.
Que l'Assemblée nationale rappelle son adhésion aux principes de la Déclaration des Nations unies sur les droits des peuples autochtones;
Qu'en conséquence, elle invite les gouvernements du Québec et du Canada à entretenir avec les peuples autochtones du Québec et du Canada des relations égalitaires de nation à nation [...];
La suite est importante pour nos amis conservateurs.
Qu'elle reconnaisse que le conflit actuel, qui découle du projet gazoduc Coastal GasLink, a des impacts indésirables sur les utilisateurs du réseau ferroviaire et l'économie [du Québec];
Que l'Assemblée nationale appelle à une solution politique, pacifique et négociée à la crise actuelle, afin d'éviter toute violence.
Les conséquences sont tellement dramatiques pour l'économie québécoise, pour l'économie canadienne, pour les usagers du transport en commun que le premier ministre du Québec a été obligé aujourd'hui de réclamer une injonction et d'envisager la possibilité d'une intervention. Qu'est-ce que le gouvernement fédéral attend?
Le gouvernement fédéral prétend vouloir éviter des crises comme celles que nous avons connues dans le passé, mais sa procrastination nous amène directement vers d'éventuelles crises. Qu'est-ce qu'il attend pour bouger?
J'en appelle à cette volonté d'en arriver à une paix sociale et j'implore les manifestants sur les barricades de prendre en considération que leurs manifestations et les gestes qu'ils posent auront assurément réussi à nous réveiller comme société à l'égard de leurs revendications et de ce qu'ils souhaitent pour la suite des choses. J'espère que cela nous amènera à nous asseoir et à négocier enfin avec les Premières Nations.
Cela dit, il faut que les manifestants soient conscients du fait que la poursuite de ces gestes aura pour effet d'entretenir le ressentiment de part et d'autre. Ce ressentiment de part et d'autre n'est certes pas de nature à encourager la bonne entente, la négociation, la collaboration.
Si tout un chacun est sérieux dans cette volonté d'en arriver à une solution négociée, il faut que de part et d'autre des gestes soient faits.
C'est ce à quoi on s'attend de la part d'un gouvernement, fût-il minoritaire.
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Madame la Présidente, comme toujours, je suis très honoré de prendre la parole à la Chambre des communes, la Chambre du peuple, en territoire algonquin non cédé, pour représenter la population de Timmins-Baie James. Pensons-y un instant. Ce n’est pas que pour bien paraître que nous, les Canadiens, reconnaissons maintenant le territoire sur lequel nous nous trouvons. Si nous le faisons, c'est pour montrer que nous savons qu’il existe des droits ancestraux ainsi que des revendications territoriales en suspens d'un bout à l'autre du pays. Nous devons en être conscients. C’est l'une des raisons pour lesquelles nous sommes ici aujourd’hui.
Nous sommes à un moment sans précédent dans l’histoire canadienne, et nous pouvons nous unir pour relever le défi, ou céder par paresse à des motifs primaires dictés par un machisme politique doublé de mépris. À mon avis, nous faisons face à une crise qui a quitté le territoire des Wet'suwet'en pour gagner tout le Canada, et il faut faire preuve de leadership. Cette crise nous oblige, les parlementaires, à en prendre acte et à nous montrer honnêtes les uns avec les autres. Elle nous dépasse tous, mais si nous ne nous montrons pas à la hauteur, les risques actuels pour le pays sont très graves.
Nous pouvons soit collaborer pour essayer de démêler ce nœud gordien très complexe, soit continuer de faire de la rhétorique partisane dans cette Chambre divisée. Cette motion de l’opposition présentée par les conservateurs est, à mon sens, très révélatrice de leurs tactiques politiques. Ils y demandent que la Chambre « condamne les activistes radicaux qui exploitent les divisions au sein de la communauté des Wet’suwet’en ».
Il est de notre devoir de reconnaître qu’une conversation s’impose non seulement avec les Wet'suwet'en, mais aussi avec les Autochtones de tout le pays. Il ne nous appartient pas de dire que s’ils soutiennent un gazoduc, nous les soutiendrons, et le Parlement n’a pas à s’immiscer dans une situation si tendue.
J’attire l’attention sur l’autre motion présentée par les conservateurs. Ils sont prêts à utiliser cette crise nationale pour essayer de faire tomber le gouvernement et sauver la carrière politique du , que son propre parti a rejeté. Ce n’est pas faire preuve de leadership. Ce n'est que leur même vieille politique de la discorde, et nous n'en avons nul besoin en ce moment.
Le week-end dernier, je me suis joint à des milliers de jeunes dans les rues d’Ottawa. Des Canadiens manifestaient aussi à Montréal, à Halifax et à Vancouver. Il est très stimulant de voir ces jeunes, ces jeunes dirigeants autochtones, marcher au premier rang de la manifestation. J’ai parlé à beaucoup d’entre eux et je leur ai demandé d’où ils venaient. Ils venaient d’endroits comme Kanesatake, Kitigan Zibi, Fort Albany et Lac-Barrière.
Je pense au qui a dit à ces jeunes Autochtones de prendre conscience de leurs privilèges. Je sais qu’il ne parlait pas sérieusement. Je sais qu’il ne le disait que par sarcasme, par dénigrement, par mépris, mais ce n’est pas cela le leadership. Le message qu’il envoie à cette jeune génération, c’est que le Parlement s'élève contre leurs espoirs et leurs rêves, et ce n’est pas cela le Canada.
Je pense à la jeune femme de Fort Albany que j’ai rencontrée, et les conservateurs lui diraient de prendre conscience de ses privilèges. Ses grands-parents étaient à la Cour fédérale cette semaine au sujet de la crise du pensionnat St. Anne, où des crimes parmi les pires de l’histoire ont été commis contre des enfants. Ses grands-parents à Fort Albany continuent de se battre, et les conservateurs diraient à cette jeune femme de prendre conscience de ses privilèges.
Je pense à Kanesatake et au peuple mohawk, qui était là bien avant nous et qui restera bien après notre départ. Le dirait à la femme que j'ai rencontrée qu'elle devrait prendre conscience de ses privilèges. Bien entendu, il dispose d'une caisse occulte de 900 000 $ pour des avantages et des à-côtés.
Je pense aussi à l'intervention de la formidable jeune femme du lac Barrière, au Québec. Le territoire du lac Barrière a vu ses forêts coupées de façon sauvage et il subit sans cesse des inondations causées par d'énormes barrages hydroélectriques, et les habitants n'ont pas été dédommagés. Les parents, les grands-parents et les arrière-grands-parents de cette femme ont lutté pour demeurer sur ce territoire. On est à côté de la plaque lorsqu'on lui dit de prendre conscience de ses privilèges.
Il y a aussi Kitigan Zibi, où se trouvent beaucoup de jeunes gens. Kitigan Zibi n'est pas très éloignée d'Ottawa. C'est une communauté algonquine remarquable, à proximité de Maniwaki. Maniwaki a accès à de l'eau potable, mais pas Kitigan Zibi. Les conservateurs disent à tout le monde qu'ils peuvent faire transporter du bitume par pipeline à travers les Rocheuses, mais ils sont incapables de fournir de l'eau potable à une communauté située aussi près d'Ottawa. Voilà pourquoi on proteste.
Il faut que nous cessions dès aujourd'hui de finasser avec le genre de motions dont les conservateurs se servent pour diviser le peuple wet'suwet'en.
Des voix: Oh, oh!
M. Charlie Angus: Nous devons admettre qu'il existe une crise bien plus grave. Il faut dénouer l'impasse et trouver une façon de désamorcer la situation, parce que...
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Madame la Présidente, ce n'est pas des conservateurs en colère qui chahutent et qui crient qui vont m'empêcher de dormir. Ils sont semblables aux gens sur Twitter et ils ont probablement leur propre groupe de trolls qui leur donne des messages.
Nous devons trouver un moyen de mettre fin aux barrages ferroviaires. Je veux parler des façons dont nous pouvons aller de l'avant dans ce dossier, car je crains fort que la situation devienne très rapidement incontrôlable. Les propos des conservateurs sur la foule, les radicaux, les manifestants professionnels et les écoterroristes ne font que rendre la situation de plus en plus dangereuse.
J'ai été tout à fait abasourdi que Peter MacKay publie un gazouillis sur un vilain affrontement où un homme dans un camion crie à un jeune Autochtone de crever et qu'il encourage les gens à se faire justice eux-mêmes. Ce n'est pas ainsi que nous agissons au Canada et nous ne pouvons pas permettre à de telles situations de se reproduire.
J'invite mes collègues conservateurs à penser aux événements d'Oka et d'Elsipogtog. Je me rappelle que, lors des événements d'Ipperwash, Mike Harris a déclaré: « Je veux qu'on me sorte ces maudits Indiens du parc. » Dudley George est mort, et la carrière d'un agent de la Police provinciale de l'Ontario a été ruinée.
Plus jamais la Police provinciale de l'Ontario n'allait suivre de tels ordres d'un gouvernement, et je suis très heureux aujourd'hui d'apprendre que la GRC propose de se retirer du territoire des Wet’suwet’en. C'est un premier pas dans la bonne direction.
J'aimerais prendre une minute pour saluer deux personnes importantes que j'ai appris à connaître. La première est Wayne Russett, de la GRC, avec qui j'ai négocié à maintes reprises. C'était un diplomate exceptionnel qui savait désamorcer la situation lorsqu'il y avait des barrages.
C'est à un barrage ferroviaire que j'ai fait mes débuts en politique. Les conservateurs laissent entendre que ces gens ne sont que des paresseux qui ne veulent pas travailler. Or, lorsqu'ils en viennent à ériger des barrages, c'est parce qu'ils n'ont pas d'autre choix. Ils ont été trahis par un processus et par un système. Il a fallu que des gens du Nord de l'Ontario érigent un barrage ferroviaire pour que l'on prenne conscience des questions liées à la protection de l'environnement, ce qui a aidé à faire du Canada un meilleur pays.
L'un des principaux négociateurs, outre Wayne Russett, était l'agent Jim MacDonald, de la Police provinciale de l'Ontario, qui est arrivé avec l'assignation à témoigner et l'injonction. L'agent Jim MacDonald est un homme costaud avec une grosse voix. Nous sommes devenus de très bons amis parce qu'il savait que ce que nous faisions était juste et que la Police provinciale de l'Ontario se retrouvait dans une situation très difficile.
Nous devons commencer à trouver des façons de désamorcer la situation. La proposition du de remplacer les agents de la GRC par des policiers autochtones illustre un manque constant de leadership. Le premier ministre doit faire autre chose que de dire que nous sommes ici pour parler et écouter. Je comprends la ministre de parler de la façon dont nous devrions faire les choses dans les prochaines années, mais nous avons une crise à résoudre dès maintenant.
Quand je vois de jeunes Autochtones dans les rues arborant des pancartes sur lesquelles on peut lire que c'en est fini de la réconciliation, cela me brise le cœur, mais c'est une chose que j'entends constamment dans les communautés, à mesure que la frustration grandit. Cette frustration est réelle, et c'est à nous de dire que ce n'en est pas fini de la réconciliation parce que c'est une obligation qui incombe au gouvernement et à l'État colonisateur.
Ce n'est pas aux Autochtones à se réconcilier. C'est eux qui se sont fait prendre leurs terres et leurs enfants et ce sont leurs droits et leurs règles de droit qui ont été constamment affaiblis. Lorsqu'ils descendent dans la rue disant que c'en est fini de la réconciliation, c'est à nous de relever la barre.
Le dit être disposé à écouter. C'est bon signe, mais il doit être disposé à écouter et à rencontrer les gens. Il doit faire preuve de leadership. Ce qui se passe actuellement sur le territoire des Wet’suwet’en a donné lieu à une situation d'une plus grande portée, beaucoup plus tendue et bien plus complexe. La possibilité d'un dérapage à l'un des barrages sur la voie ferrée est très réelle. Il pourrait y avoir des blessés. La possibilité qu'un idiot fonce dans une foule avec son camion est bien réelle.
Voilà pourquoi ce que nous disons à la Chambre importe. Nous devons pouvoir désamorcer la crise. Ces blocages créent une pression énorme sur l'économie de notre pays. C'est pour cela que nous devons pouvoir faire une offre. Pour accepter de se retirer, les manifestants doivent savoir que quelque chose va changer.
Ce matin, par l'entremise de ses représentants, la GRC a déclaré être disposée à se retirer du territoire des Wet'suwet'en. J'estime qu'il s'agit d'une décision fort judicieuse.
Pour ce faire, il ne suffit pas, comme le l'a suggéré, de remplacer les agents de la GRC par des policiers autochtones en espérant que la vie continue comme si de rien n'était. Il faut prendre le temps de discuter. Il faut demander à la société Coastal GasLink de suspendre les travaux et de rester à l'extérieur du territoire tant que les négociations sont en cours. Cette demande n'est pas si radicale puisque, de toute façon, rien ne sera fait sur le territoire tant que la crise ne sera pas réglée.
Troisièmement, il faut que ce soit le lui-même qui aille en territoire wet'suwet'en pour discuter. Je me réjouis que le ait rencontré les Mohawks à Belleville. J'estime qu'il s'agit d'un geste très positif. Néanmoins, le premier ministre doit faire preuve de leadership. Il doit exiger que les enjeux soient examinés avec les chefs héréditaires et les conseils de bande élus.
Je n'ai de reproche à faire ni aux gens qui ont signé les ententes, ni aux dirigeants politiques, ni aux gens d'affaires qui sont allés de l'avant avec ce projet, convaincus qu'il y avait eu un accord. Cependant, il est clair qu'il existe au sein de la communauté autochtone une division profonde qui doit être surmontée, et que le doit être sur place.
Quatrièmement, j'estime que le doit nommer un émissaire spécial qui tissera des liens de confiance. Je ne peux pas m'exprimer au nom du sénateur Murray Sinclair, avec qui j'ai discuté de la question, mais cet émissaire devrait être quelqu'un comme Murray Sinclair ou une figure d'envergure qui inspire le respect. Nous serions ainsi d'accord pour que rien ne soit entrepris avant d'avoir franchi cette étape. Allons-nous simplement donner notre aval à la poursuite des travaux une fois que ce sera fait? Non. Nous allons nous asseoir et discuter avec la nation des Wet'suwet'en pour établir la suite des choses.
Je demanderais ensuite au , après l'obtention d'une entente, de prévoir des réunions pour échanger avec les Mohawks qui ont érigé des barrages ferroviaires, car les trains doivent circuler, et pour les amener à reconnaître les graves répercussions pour nous tous. Cela dit, ils vont demander des preuves de bonne volonté, car ils ne vont pas simplement baisser les bras maintenant.
Il y a un cinquième point, qui est probablement le plus épineux pour le gouvernement. Nous avons besoin d'un plan cohérent face aux conséquences catastrophiques du changement climatique. L'époque où nous pouvions faire comme si de rien n'était et émettre quantité de gaz à effet de serre sans avoir de plan d'intervention crédible est bel et bien révolue.
J'étais dans la rue quand des jeunes de partout ont marché. Ils ont compris, eux. Ils ont compris que de promettre un autre pipeline, de planter des arbres, puis d'ajouter un pipeline et de planter d'autres arbres, ce n'est pas suffisant. Ils veulent savoir pourquoi notre empreinte carbone continue de croître année après année.
Nous avons besoin d'un plan sérieux, à commencer par le projet Frontier de la société Teck, puisque Jason Kenney a mis ce projet au cœur des discussions. Les conservateurs se livrent à une guerre par procuration dans ce dossier, ce qui, selon moi, ne fait qu'embrouiller les enjeux à résoudre pour mettre fin au blocus.
Pendant la fin de semaine de l'Action de grâces, en octobre 2000, alors que je n'avais encore jamais songé à devenir politicien, j'étais à la barricade lorsque la Police provinciale de l'Ontario est arrivée pendant la nuit pour arrêter mes voisins, des agriculteurs, des mineurs, des Algonquins et des Ojibwés qui étaient là pour défendre le bassin hydrographique de la région.
J'ai reçu un appel du bureau du procureur de la Couronne. Je ne dirai pas qui était au bout du fil, mais disons simplement que quelqu'un a téléphoné pour dire que Mike Harris venait d'appeler pour demander qu'on arrête une centaine de personnes.
J'ai demandé à mon interlocuteur ce qu'ils comptaient faire. Il a répondu qu'il n'y avait pas un juge à 300 kilomètres à la ronde qui signerait un mandat pour l'arrestation d'autant de gens, car ils savaient que la situation était tendue. On demandait simplement que les manifestants n'enveniment pas les choses.
Il y a eu toute une ronde de négociations entre la police et les manifestants, tout le monde comprenant qu'il fallait trouver une issue pacifique à cette situation, qui aurait pu dégénérer très rapidement.
Comme j'ai déjà vécu ce genre de négociations avec des policiers, je comprends toutes les tensions qu'ils peuvent subir dans un tel cas. Par conséquent, le fait que les conservateurs ne cessent de demander qu'on applique les injonctions ne fait que jeter de l'huile sur le feu. Il y a d'innombrables passages à niveau dans ce pays et autant de façons pour les gens de protester, ce qu'ils font.
Le Canada prendra peut-être conscience que la crise actuelle couve depuis 150 ans et qu'elle aurait éclaté à un moment donné, que ce soit à cause du projet de gaz naturel liquéfié, de Teck ou d'autre chose. Les jeunes Autochtones tiennent à se faire entendre.
Il incombe au Parlement de trouver une façon d'être à la hauteur de la situation, et de reconnaître qu'il s'agit d'un grand enjeu et qu'il y aurait des risques à laisser les choses s'envenimer. S'il fallait que la situation s'aggrave et que quelqu'un soit blessé, aucun train ne circulerait. Les répercussions seraient énormes, tout comme la dissension entre les Canadiens.
J'ai parlé avec de jeunes Autochtones. Je dois dire que, lorsqu'ils ont défilé à Ottawa, quelques personnes leur ont manifesté leur soutien et leur ont envoyé la main. C'est ainsi, au Canada.
Le Canada commence à reconnaître son passé colonial, un passé dont nous n'étions pas conscients mais qui existe bel et bien. C'est un fait. C'est la réalité, une réalité que vivent les jeunes générations des Premières Nations.
J'ai vu un message affiché par un jeune, qui disait: « D'abord vous avez tenté de nous prendre nos terres, et maintenant vous essayez de nous prendre nos enfants. » Les conservateurs pensent peut-être que ce sont deux choses différentes, mais l'Assemblée des Premières Nations a intenté un recours collectif de 10 milliards de dollars. Le gouvernement a dépensé des millions de dollars pour nier la discrimination systémique et irresponsable — non seulement dans le passé, mais aujourd'hui encore — contre les enfants autochtones.
Quelle est la relation la plus importante du point de vue des Autochtones? Je puis dire aux députés que ce n'est pas leur relation avec un pipeline. C'est celle qui les unit à leurs enfants. Ils n'ont jamais entendu le gouvernement s'engager à mettre fin à la destruction de leurs enfants, de leurs familles et de leur identité qui se poursuit encore aujourd'hui.
Lorsque les députés conservateurs parlent de la primauté du droit, ce n'est pas suffisant pour les collectivités autochtones, qui savent que, lorsqu'elles signent des ententes avec le gouvernement fédéral, celles-ci ne durent que le temps que le gouvernement veut bien. Ensuite, le gouvernement s'en retire.
J'ai pu observer ce genre de choses au lac Barrière. Il y avait une entente merveilleuse pour reconstruire la collectivité. Le gouvernement s'est retiré, comme il l'a fait à Kashechewan, où un plan de réinstallation avait été établi. L'entente était signée, mais le gouvernement s'en est retiré. Il s'était engagé à mettre fin à la bataille concernant les services à l'enfance, mais là aussi, il a décidé de ne pas honorer sa parole.
Si le gouvernement prend son air aimable et prétend qu'il va écouter les revendications une fois que les barricades seront démantelées et que les blocages cesseront, il y a peu de chances que les Autochtones se laissent persuader, eux qui se sont constamment fait servir mensonge après mensonge.
Il est crucial, en ce moment, d'essayer de désamorcer la situation. Nous devons régler la question des Wet'suwet'en et de ce qui se passe sur leurs terres. Une discussion doit avoir lieu à ce sujet.
Cependant, nous devons voir à ce que le transport ferroviaire reprenne. Nous devons montrer aux Canadiens que nous comprenons la gravité de la situation, ce qui nécessite du leadership de la part du .
Nous devons aussi faire comprendre aux jeunes Autochtones et à leurs alliés qui manifestent partout au Canada que la question de la réconciliation n'est pas enterrée. Nous n'avons tout simplement pas fait du bon travail sur ce plan. Nous sommes aux prises avec une vraie crise environnementale. La planète brûle, et le Canada rate la cible.
Les perspectives d'avenir seront meilleures une fois que nous aurons résolu le problème actuel, parce qu'il n'y a rien de mieux ni de plus prometteur dans ce pays que la génération de jeunes Autochtones qui le transformera pour le mieux.
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Madame la Présidente, je vais partager mon temps de parole avec mon collègue de , que je suis très heureux de voir avec nous à la Chambre pour discuter de cette importante question.
On entend toutes sortes de choses ici, ce matin. Cependant, on n'entend pas assez parler des vraies choses ni de la motion que nous avons présentée aujourd'hui.
La motion de mon collègue de va comme suit:
Que la Chambre soit solidaire de tous les conseils de bande élus sur le tracé du gazoduc de Coastal GasLink, de la majorité des chefs héréditaires et de la grande majorité des membres de la communauté des Wet'suwet'en, qui appuient le projet de Coastal GasLink, et condamne les activistes radicaux qui exploitent les divisions au sein de la communauté des Wet'suwet'en, tiennent l'économie canadienne en otage et menacent les emplois et les opportunités dans les communautés autochtones.
C'est exactement ce que nous souhaitons. Nous souhaitons que le conflit se règle d'une manière raisonnable tout en respectant les différentes règles de droit, les injonctions et, surtout, la façon de faire. La règle de droit, au Canada, c'est important.
Malheureusement, il y a une poignée de radicaux qui font présentement du tort. Ils font du tort à la cause de la réconciliation nationale, ils font du tort à la cause de la communauté des Wet'suwet'en et ils font du tort à l'économie de l'ensemble du pays. C'est ce dont je vais parler aujourd'hui.
J'ai entendu mon collègue du NPD nous demander d'où nous tenons nos chiffres et si ce sont des chiffres inventés. On a entendu toutes sortes de choses sur les chiffres. Je vais dire d'où viennent nos chiffres. Ils viennent de la coalition nationale des chefs autochtones, qui a déclaré que la majorité des chefs héréditaires sont en faveur du projet de Coastal GasLink. Cela ne vient pas de nous, ni du Bloc québécois ni des libéraux.
En vérité, ce conflit est mené par un très petit nombre de chefs héréditaires. Deux de ceux-ci sont des chefs qui se sont présentés lors des élections légitimes dans les communautés wet'suwet'en et qui ont perdu. Ils n'ont donc pas la légitimité pour représenter les gens du conseil de bande de Wet'suwet'en. La grande majorité des Wet'suwet'en et tous les conseils de bande élus qui se trouvent sur le tracé du gazoduc Coastal GasLink sont en faveur du projet.
Theresa Tait-Day, une des chefs héréditaires du peuple Wet'suwet'en, a dit que, dans le cas du projet de Coastal GasLink, 85 % de son peuple avait dit oui.
Ce n'est pas moi qui le dis et ce n'est pas non plus mes collègues. Des gens de la communauté même nous disent que 85 % des membres de cette communauté appuient le projet. C'est cela, le problème. De l'autre côté de la Chambre, on ne semble pas reconnaître les choses quand elles sont dites dans le sens contraire de ce qu'on voudrait entendre.
Ainsi, des gens qui représentent 85 % de la communauté des Wet'suwet'en nous disent appuyer le projet. Toutefois, ceux-ci n'ont pas le droit à l'écoute de la part du premier ministre. Ils n'ont pas le droit au dialogue. Ils n'ont que le droit d'être là et d'attendre que quelqu'un fasse quelque chose.
Malheureusement, il ne se passera jamais rien parce que le premier ministre, depuis deux semaines, ne fait absolument rien. Il est absent, il a fait preuve d'un manque de leadership flagrant et il est d'une faiblesse extraordinaire, alors que le Canada souffre d'une crise comme on n'en a pas vu depuis très longtemps.
La crise ne date pas du projet de Coastal GasLink. Elle date d'il y a très longtemps. Selon moi, elle date de l'élection de 2015.
Rappelons-nous toutes les fausses promesses faites par ce gouvernement, des fausses promesses faites par ce premier ministre qui ne réalise pas que de fausses promesses suscitent de faux espoirs. Ces faux espoirs entraînent aujourd'hui de très grandes déceptions, et pas seulement pour les communautés autochtones qui se sont fait flouer par les belles paroles du premier ministre qui parlait de réconciliation nationale et qui disait que c'était sa grande priorité. Aujourd'hui, cinq ans plus tard, à peu près aucune mesure n'a été mise en place.
C'est aussi le cas pour les contribuables canadiens qui se sont fait promettre de tout petits déficits, alors qu'aujourd'hui nous avons des déficits énormes et incontrôlables dont nous ne verrons plus la fin. C'est le cas également des promesses qui avaient été faites au sujet de la réforme électorale. Souvenons-nous des grands espoirs qu'avait suscités le premier ministre en promettant que l'élection de 2015 serait la dernière selon le système actuel.
L'élection de 2019 s'est déroulée sous exactement le même système que celui de 2015. Tous les gens qui croyaient à une réforme électorale ont été très déçus.
Évidemment, cela ne semble pas déranger le . En fait, peu de choses semblent le déranger actuellement, parce qu’il est absent de ce conflit. Il parle beaucoup, mais il ne fait à peu près rien pour le régler.
Certains de mes collègues du Bloc québécois ont fait partie du gouvernement de Mme Pauline Marois. Je ne suis pas nécessairement un grand admirateur de Mme Marois et je n’ai jamais été un admirateur du Parti québécois. Cependant, je dois dire qu’en tant que résidant et maire de Thetford Mines, j’ai éprouvé un grand respect pour la première ministre Mme Marois quand elle a géré la crise de Lac-Mégantic comme une première ministre devait le faire. Elle était présente et elle n’a laissé personne dans l’ignorance. Nous savions exactement ce qui allait se passer. Il faut reconnaître que c'est parfois en situation de crise que l'on découvre la juste valeur d'une personne.
Or, actuellement, on ne découvre absolument rien sur le premier ministre fédéral, parce qu’il n’est pas là. Il avait la chance de s’élever au-dessus de la mêlée et de trouver une solution à la crise en tenant les Canadiens informés. Il a plutôt choisi d’être absent et de ne rien faire. Aujourd’hui, on se retrouve donc dans une situation vraiment très pénible. Une communauté se déchire, des citoyens canadiens ont peur pour leur emploi, des entreprises ne savent pas comment elles vont survivre la semaine prochaine, tout cela parce qu’on ne sait pas du tout quel est le plan du gouvernement pour régler cette crise.
La municipalité de Lac-Mégantic a adopté une résolution cette semaine parce qu’une de ses entreprises, l'entreprise Tafisa, est menacée de fermeture. Bien sûr, Tafisa, qui emploie 330 personnes, va tenter par tous les moyens de ne pas fermer. Cependant, elle ne sait plus quoi faire avec ses produits, elle ne sait plus comment elle va pouvoir gérer ses opérations, et 330 familles risquent de se retrouver sans emploi la semaine prochaine ou dans peu de temps si l'on ne règle pas la situation.
Mon collègue le député de m’a fait parvenir des informations vraiment troublantes. Serge Lacasse, de l'entreprise Agri-Marché — qui fait partie du groupe Brochu — et Laurence Couture, de l'entreprise Alfred Couture limitée, ont fait part de sérieux problèmes d’approvisionnement alimentaire. Les silos sont presque vides et, la semaine prochaine, ils seront vides. Même en rétablissant aujourd’hui la circulation ferroviaire, il faudra au moins cinq jours avant d'obtenir les marchandises permettant de nourrir les Canadiens et le bétail. C’est grave.
Pour régler le problème des barrages, on semble vouloir faire preuve de patience, dialoguer et attendre que les protestataires radicaux acceptent de démanteler leurs barricades. On dit qu'on discute, mais nous ne savons pas avec qui parce que le premier ministre ne nous informe de rien. Pendant ce temps, de vraies entreprises souffrent. La semaine prochaine, il risque de manquer d’aliments sur les tablettes des supermarchés. Des animaux vont peut-être mourir parce qu’il n’y aura pas de propane. Des poules vont peut-être mourir la semaine prochaine parce qu’il n’y aura pas de propane pour chauffer leur poulailler. Le problème est concret et la situation est réelle.
Aujourd’hui, je pense que nous devons nous lever pour appuyer les gens élus et la majorité des gens de Wet'suwet'en, pour leur dire que nous sommes solidaires de leur décision de choisir un projet qui va leur assurer un meilleur avenir, ainsi qu’à leurs enfants. Nous devons être solidaires des chefs de bande élus qui ont choisi d’appuyer un projet qui va vraiment améliorer la vie de ces gens.
Nous devons condamner ceux et celles qui, en ce moment, prennent en otage le reste de la population canadienne pour des motifs tout autres que celui d’appuyer la communauté des Wet'suwet'en. En effet, j'ai vu leurs motifs réels sur une photo publiée dans un journal en lien avec un de ces barrages: c’était écrit #ShutDownCanada. Or, jamais nous ne tolérerons qu’un groupe, aussi radical qu’il soit, fasse tomber le Canada. Nous ne laisserons personne prendre en otage tous les Canadiens.
:
Madame la Présidente, je remercie le député de d'avoir présenté cette motion. Je viens de la côte Est, alors je suis content d'avoir son point de vue personnel sur cette question.
[Français]
J'aimerais aussi remercier mon collègue de Mégantic—L'Érable de ses interventions. Nous subissons les répercussions de ces barrages dans l'Est du Canada.
[Traduction]
Je commence par un point sur lequel nous semblons être tous d’accord: les blocages ferroviaires nuisent à l’économie du Canada et doivent cesser. Les blocages sont illégaux. Le l’a reconnu hier dans certaines de ses réponses à la période des questions. Les blocages ferroviaires ont des répercussions sur la vie des Canadiens.
Je n’ai rien contre les manifestations pacifiques, mais elles doivent se faire dans le respect, sans nuire à qui que ce soit. Lorsque j’étais député provincial, j’ai souvent vu des gens manifester devant l'Assemblée législative pour faire valoir des revendications, demander des modifications aux lois ou défendre les droits de leur famille. Je comprends donc les motivations des manifestants. Jusqu’à maintenant, nous pouvons nous entendre à ce sujet.
Je n’ai rien personnellement contre les chefs héréditaires des Wet’suwet’en Colombie-Britannique ni les Mohawks en Ontario. Ils ont leurs convictions. Ils croient en une cause et ils la défendent. J’en ai toutefois contre les militants qui n’ont aucun lien avec ces nations et qui utilisent la situation pour faire avancer leur propre cause.
S’il n’y avait eu qu’une manifestation dans une région, je pense que la question aurait pu se régler au cours des deux dernières semaines. La situation aurait été désamorcée, pour reprendre une expression que j’ai entendue à maintes reprises ce matin. Cependant, puisqu’on a laissé la situation dégénérer, d’autres manifestations ont été déclenchées pour appuyer les précédentes. Dans notre région, le pont de la Confédération, à l’Île-du-Prince-Édouard a été fermé. Récemment, des voies ferrées ont été bloquées en Alberta et dans certaines régions du Québec. Tout cela se produit parce que le principal problème n’a pas été réglé rapidement; il n'y a pas eu de négociations dès le départ pour éviter d’en arriver là où nous en sommes aujourd’hui. Laisser aller les choses avant d’entamer un dialogue a incité d’autres manifestants à la désobéissance civile.
Ce que je trouve troublant dans cette situation, c’est que les libéraux se disent amis des peuples autochtones. Toutefois, là où ils croyaient bien faire, ils ont manifestement échoué lamentablement et, en toute honnêteté, ils n’ont aucune idée de ce qu'ils devraient faire maintenant, ce qui mine le processus, car les gens commencent à en avoir assez.
Puisque le gouvernement est à la source de la division au pays, je me permets de parler des effets des manifestations sur la Nouvelle-Écosse, et plus particulièrement sur la belle circonscription de Nova-Ouest, que j’ai l’honneur de représenter.
[Français]
Hier, j'ai pu parler des effets des barrages sur l'entreprise Les Algues acadiennes. Cette compagnie a été fondée en 1981 par Louis Deveau, un leader de la communauté acadienne de la Nouvelle-Écosse. L'entreprise transforme des algues brutes en produits alimentaires pour humains et pour animaux. Depuis sa création, l'entreprise s'est agrandie: elle emploie maintenant 400 personnes et exporte dans 80 pays.
[Traduction]
Aujourd’hui président-directeur général, le fils de Louis, J.P. Deveau, a exprimé ses préoccupations au sujet du blocage, étant donné que Les Algues acadiennes comptent parmi les plus grands consommateurs de propane de la province. La société a des commandes à remplir et, pour ce faire, elle doit convertir son exploitation de 115 000 pieds carrés dans la petite localité de Cornwallis afin de pouvoir utiliser du mazout léger, ou mazout de chauffage, un produit qui est plus écologique, mais qui fait grimper leur facture de 63 % par rapport au propane.
Au-delà de ce défi, M. Deveau craint de ne pas pouvoir livrer son produit, puisqu’il est normalement expédié par conteneur partout dans le monde. Or, les navires de charge sont détournés du port d'Halifax, ce qui coupe la Nouvelle-Écosse du reste du monde en neutralisant sa capacité d’exportation.
[Français]
Quand j'ai parlé à M. Deveau, il était très inquiet du temps que cela prendra pour que l'industrie revienne à la normale après la levée des barricades.
[Traduction]
Royal Propane est une autre merveilleuse petite entreprise de ma circonscription, Nova-Ouest. C'est d'ailleurs elle qui a installé le foyer au propane dans la maison de ma belle-mère. Elle redistribue du propane du même fournisseur que celui qui alimente Les Algues acadiennes, Wilson Fuels, qui fait de son mieux pour faire venir du propane d'ailleurs par camion. Normalement, le produit vient de Montréal, mais, comme l'ont dit mes collègues, il n'y en a probablement pas là non plus.
Plus tôt cette semaine, je me suis entretenu avec la gestionnaire de Royal Propane. Elle s'inquiétait du sort des 40 employés qu'elle allait devoir mettre à pied le lendemain si rien de changeait parce qu'il n'y a pas de propane à livrer. Elle était également préoccupée du sort de ses clients qui chauffent leur maison au propane.
La situation est d'autant plus problématique, pour les petites entreprises de ma région, que nous n'avons pas de réseau souterrain d'alimentation en gaz naturel. Les restaurants et les autres entreprises de la région vont bientôt commencer à être à sec aussi, ce qui multipliera les problèmes.
L'usine d'Eden Valley Poultry, à Berwick, emploie 430 personnes. Elle transforme de la volaille provenant des quatre coins des provinces de l'Atlantique. Pour le moment, elle tourne toujours, mais, tôt au tard, elle manquera de propane et d'oxygène. Non seulement cela aura une incidence directe sur les emplois à l'usine, mais cela se répercutera aussi sur les centaines d'emplois dans les fermes d'élevage de poulets et de dindes destinés au marché commercial.
L'autre enjeu pour Eden Valley Poultry, c'est que les manifestations, comme celle sur le pont de la Confédération, empêchent les camions qui transportent des volailles vivantes de traverser ou les retardent, ce qui est un problème pour le bien-être des animaux.
Parlant du bien-être des animaux, beaucoup d'aliments pour animaux destinés au secteur agricole proviennent de l'Ouest du Canada. Des entreprises comme Clarence Farm Services, à Truro, tentent de faire venir des produits par camion depuis le Québec et l'Ontario, mais cette mesure fera augmenter les coûts, ce qui causera des difficultés financières aux producteurs, tandis qu'un manque complet de produits provoquera d'autres problèmes pour le bien-être des animaux.
Je tiens à lire une partie d'une lettre envoyée par Clarence Farm Services. Il y est écrit:
Nous avons reçu certains ingrédients avant que le CN interrompe son service ferroviaire national, et d'autres ont été expédiés de l'est de Belleville jusqu'à Truro. L'espace dont dispose le CN dans la gare de triage de Truro se remplit, mais les wagons vides ne seront pas déplacés de la voie d'évitement pour laisser place aux wagons pleins qui sont à Truro, ce qui signifie essentiellement que notre service ferroviaire est interrompu. En conséquence, nous faisons des pieds et des mains pour faire venir des ingrédients (tant locaux que de l'Ontario ou du Québec) par camion.
Enfin, permettez-moi de mentionner mon ami Dan Mullen, un agriculteur frappé de plein fouet ces dernières années par les forces du marché quand l’industrie du vison s’est effondrée. Comme c’est un excellent agriculteur, il a adapté ses installations à la culture en serre et produit maintenant des légumes verts et d’autres produits pour les marchés locaux. Comme il chauffe au propane, il est sur le point de cesser sa production, si ce n’est déjà fait, parce qu’il ne peut plus chauffer ses serres.
Je sais que mon temps de parole achève, mais j’aimerais citer quelques personnes.
Je commencerai par le premier ministre libéral de la Nouvelle-Écosse, Stephen McNeil. Dans l’édition de ce matin de la publication aIINovaScotia, il dit que le gouvernement doit prendre les mesures nécessaires pour protéger l’économie canadienne contre les manifestants qui paralysent le trafic ferroviaire. Je le cite: « Il faut appliquer les lois de ce pays. Tout le monde doit respecter les lois du Canada et nous croyons qu’il incombe au gouvernement national de faire le nécessaire pour assurer l’avenir économique de notre pays et de notre province. »
En terminant, ce débat est extrêmement important pour les Canadiens. C’est probablement l’un des plus difficiles que nous aurons à la Chambre des communes, mais comme l’a dit John F. Kennedy: « Nous faisons cela non pas parce que c’est facile, mais justement parce que c’est difficile. »
:
Madame la Présidente, je partagerai mon temps de parole avec le député de .
J’aimerais d’abord souligner que nous sommes réunis sur le territoire traditionnel non cédé du peuple algonquin. Notre pays est confronté à une crise. Les gens souffrent. Les peuples autochtones estiment que le Canada ne prend pas en considération leur voix. Les Canadiens s’inquiètent des mises à pied et de leur gagne-pain et sont forcés de composer avec un chapitre de l’histoire de notre pays qu’on ne leur a jamais enseignée.
On s’impatiente et on cherche des solutions simples, mais il s’agit d’un problème complexe. Malgré ce que dit l’opposition, il n’y a pas de solution simple. Le discours des conservateurs est à la fois troublant et dangereux. Je m’inquiète profondément de voir un des favoris dans la course à la chefferie du parti appuyer la justice sommaire dans les médias sociaux.
Le discours que le a prononcé mardi était honteux et il m’a laissé sans voix, tant il était insensible. Les propos des conservateurs ne font qu’envenimer une situation déjà précaire.
Quand avons-nous cessé de percevoir le dialogue comme une action? Quand avons-nous commencé à penser que l’écoute et la compréhension étaient indignes de nous?
Cet été, tous les députés qui ont été élus à la Chambre ont frappé à des milliers de portes et parlé à des milliers de leurs électeurs. Ils ont écouté, parce qu’ils ont compris qu’il leur fallait écouter ces gens pour obtenir leur appui. Quand certains d’entre nous ont-ils oublié cette leçon?
Je félicite le pour ses gestes profondément sincères ainsi que la , qui a mis son expérience à profit pour trouver une solution. J’apprécie grandement le travail du , qui dirige son équipe de manière à établir un dialogue ouvert et honnête avec toutes les parties intéressées afin de trouver des solutions.
La nuit dernière, j’ai vraiment mal dormi. Cette crise a divisé les Canadiens, et je crains qu’un trop grand nombre de personnes ne la considèrent qu’en noir et blanc. Ce n’est pas le cas. Depuis des centaines d’années, les peuples autochtones demandent un respect mutuel et un dialogue ouvert et honnête afin d’établir une relation véritable avec les non-Autochtones du Canada. Depuis des centaines d’années, les peuples autochtones demandent au gouvernement canadien de leur déléguer sa compétence sur leurs affaires et sur le contrôle de leurs terres, de leur logement, de leur éducation, de leurs systèmes de gouvernance et de leurs services.
J’aimerais profiter de cette occasion pour souligner certaines des mesures que prend le gouvernement pour répondre à ces demandes.
Le gouvernement ne cesse de modifier ses politiques pour reconnaître le droit inhérent des Premières Nations, des Inuits et des Métis à l’autonomie gouvernementale et à l’autodétermination, et il est déterminé à reconnaître et à respecter les droits des Autochtones.
Par exemple, nous nous efforçons d’aider les Premières Nations à se soustraire à l’application des articles de la Loi sur les Indiens qui régissent les terres, l’environnement, la gestion des ressources et les élections. Nous devons pour cela adopter des modèles de gouvernance autochtone et aider les communautés à faire valoir leurs droits.
Pour entamer cette initiative, en 2019, le gouvernement a abrogé la Loi sur le ministère des Affaires indiennes et du Nord canadien et adopté la Loi sur le ministère des Services aux Autochtones. Le nouveau ministère, Services aux Autochtones Canada, a pour mandat de déléguer ses responsabilités aux communautés et aux organismes autochtones.
Au fil du temps, le succès de ces mesures se mesurera principalement par le fait que les programmes et les services fournis aux peuples autochtones seront de plus en plus gérés, conçus et offerts par les peuples autochtones. En fait, notre objectif ultime est de faire disparaître le ministère. J’ai le plaisir de vous dire que ce travail est bien engagé.
En 2019, nous avons adopté la Loi concernant les enfants, les jeunes et les familles des Premières Nations, des Inuits et des Métis. Cette loi marque une étape importante vers la réforme globale qui laissera aux Autochtones le contrôle de l’éducation de leurs enfants pour que ceux-ci puissent grandir au sein de leur famille et de la communauté. Nous demeurons déterminés à poursuivre nos relations de nation à nation, de gouvernement à gouvernement et entre les Inuits et la Couronne, car ces relations se fondent sur la reconnaissance des droits, sur la coopération et sur le partenariat avec les peuples autochtones du Canada.
Je vais poursuivre dans cette veine du codéveloppement en soulignant que nous nous sommes engagés à collaborer à la transition et à la mise en œuvre de la loi avec nos partenaires de manière à refléter leurs besoins et leurs aspirations. Nous continuons également à établir avec les Premières Nations une nouvelle relation financière afin de fournir à leurs communautés un financement suffisant, prévisible et durable.
Nous appliquons pour cela certains mécanismes de financement à long terme plus souples, comme la subvention de 10 ans, qui ajoute de la souplesse à la conception et à la prestation des services, qui réduit la production de rapports des communautés et qui renforce la responsabilisation des chefs des Premières Nations face à leurs membres.
En 2019-2020, 80 communautés des Premières Nations se sont prévalues de la subvention de 10 ans. En outre, 18 Premières Nations se sont jointes aux 264 autres nations qui revendiquent leur compétence dans le domaine de la gouvernance financière en adhérant à la Loi sur la gestion financière des premières nations. Cette loi fournit aux Premières Nations un cadre législatif et institutionnel qui leur permet de diriger des enjeux fondamentaux de gestion financière et de gouvernance, notamment en émettant des obligations sur les marchés financiers pour financer des projets d’infrastructures et de développement économique.
Le gouvernement continue à travailler en partenariat avec les Premières Nations pour établir une nouvelle relation financière qui leur fournira du financement à long terme, durable et prévisible.
Pour appuyer cette nouvelle relation financière, nous nous sommes engagés à poursuivre l’élaboration conjointe de réformes des relations financières avec les Premières Nations. Le Comité consultatif mixte sur les relations financières de l’Assemblée des Premières Nations et de Services aux Autochtones Canada a formulé des recommandations provisoires et collaborera avec les Premières Nations à la mise en œuvre de ces recommandations au cours de ces prochains mois.
Tous ces changements appuient l’autodétermination des communautés des Premières Nations et leur offrent un meilleur accès aux terres et aux ressources financières. Ils accroissent également la prospérité économique des communautés en améliorant les processus, les délais et l’accès aux services. Ils aident aussi les institutions des Premières Nations à travailler directement avec les communautés.
Avec l’appui de nos partenaires institutionnels autochtones, nous éliminons les obstacles auxquels se heurtent les Premières Nations qui décident de se retirer de certaines parties de la Loi sur les Indiens et de participer à d’autres régimes législatifs pour appliquer leurs propres compétences législatives. Le gouvernement et les institutions autochtones collaborent avec les Premières Nations pour élaborer les outils dont elles ont besoin pour stimuler le développement économique local et promouvoir la prospérité.
La semaine dernière, j’ai rencontré Tabatha Bull, chef de l’exploitation du Conseil canadien pour le commerce autochtone. Nous avons parlé du fait que les entreprises autochtones ont injecté 31 milliards de dollars dans l’économie canadienne. Nous avons parlé du fait que les peuples autochtones sont le groupe démographique le plus jeune et le plus en croissance au Canada. Les Autochtones créent neuf fois plus d’entreprises que les Canadiens non autochtones. Nous devons soutenir ces entreprises, mais travailler en partenariat pour assurer leur succès.
Gestion des terres des Premières Nations est une relation de gouvernement à gouvernement dans le cadre de laquelle les Premières Nations se retirent de 44 articles de la Loi sur les Indiens qui régissent les terres, l’environnement et l’exploitation des ressources. En vertu de ce régime de gestion des terres, les Premières Nations auront la pleine compétence, l’autorité légale et les pouvoirs législatifs nécessaires pour exercer un contrôle gouvernemental sur leurs propres terres.
Depuis 1996, 165 Premières Nations ont signé l’Accord-cadre sur la gestion des terres des Premières Nations. Depuis le 1er février, 90 Premières Nations ont pleine compétence, pleine autorité juridique et pleins pouvoirs législatifs sur leurs terres.
Il est également primordial de soutenir les communautés des Premières Nations en comblant les écarts socioéconomiques. À cette fin, nous travaillons avec des partenaires autochtones à l’élaboration d’un cadre national axé sur les résultats afin de mesurer l’élimination des écarts socioéconomiques qui existent encore aujourd’hui.
Nous continuerons à travailler en partenariat avec les Premières Nations pour améliorer les processus et les mesures de soutien qui donnent accès aux terres et aux possibilités de développement économique. Avec les Premières Nations, les Inuits et la nation métisse, nous prenons des mesures concrètes pour effectuer une transformation globale, qui comprend de nouvelles structures et de nouveaux processus, des changements législatifs et, surtout, de nouvelles approches pour faire progresser l’autodétermination et le droit inhérent à l’autodétermination.
Comme nos collègues peuvent le constater, notre approche est passée de l’imposition au codéveloppement; voilà ce qui en assurera le succès. Nous savons qu’il y a encore beaucoup à faire, et nous sommes déterminés à aller de l’avant dans le cadre d’un partenariat complet pour faire progresser l’autodétermination de toutes les nations autochtones.
Le a dit: « trop souvent au Canada, nous tenons compte seulement des points de vue autochtones qui nous arrangent. » Je crains que la motion dont nous sommes saisis aujourd’hui ne fasse exactement cela. Par conséquent, je ne l’appuierai pas.
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Madame la Présidente, j'aimerais d'abord dire qu'il s'agit d'une situation très délicate. Peu importe d'où nous venons au Canada, nous comprenons le principe qui est en cause et nous ne rendons service à personne en essayant de le simplifier. Au bout du compte, nous comprenons à quel point c'est difficile tant pour les peuples autochtones que non autochtones, qu'ils fassent partie d'une communauté précise ou de la communauté plus élargie.
L'autre jour, le a demandé aux Canadiens de faire preuve de patience alors que nous tentons de trouver une solution à cette situation difficile. Il ne faut pas oublier que les enjeux sont énormes. Si nous suivions les conseils des conservateurs, nous prendrions une chance sans trop réfléchir. Je peux dire que les probabilités ne nous seraient pas trop favorables si nous adoptions leur approche. Toute action entraîne des conséquences et, selon moi, ce que les conservateurs ne cessent de proposer est irresponsable.
Il arrive souvent aux conservateurs de parler des gestes posés par le gouvernement libéral. Or, ce n'est pas uniquement le chef du Parti libéral qui demande que des mesures soient prises pour dissiper les tensions, mais tous les partis, à l'exception du Parti conservateur. Les divers intervenants nous ont dit que nous devions désamorcer cette crise autant que possible. Les conservateurs nous aideront-ils ou nous mettront-ils des bâtons dans les roues?
Le chef actuel du Parti conservateur voudrait que nous envoyions la GRC pour démanteler les barrages. Peter MacKay, le prétendant au titre de chef du Parti conservateur, a tenté de glorifier les personnes qui démolissaient les barrages, comme si c'était une bonne chose de se transformer en justicier. Oui, il a supprimé le gazouillis en question, mais je pense que ce n'est ni en tenant ce genre de propos ni en présentant la motion qui nous est soumise que les chefs actuel et potentiel du Parti conservateur vont améliorer la situation.
Si le Parti conservateur avait voulu contribuer au débat, nous aurions pu parler de réconciliation aujourd'hui. Les différents partis ont différents points de vue à ce sujet. J'ai particulièrement aimé le discours prononcé il y a quelques minutes par la secrétaire parlementaire, lors duquel elle a parlé de ce qu'a fait le gouvernement pour favoriser la réconciliation. Au cours des derniers jours, j'ai aussi entendu des députés du Bloc, du NPD et du Parti vert parler de ce qui pourrait être fait pour désamorcer la situation, mais aussi débattre en général de la question de la réconciliation. Je crois que le Parti conservateur rendrait davantage service aux Canadiens si ses députés adoptaient la même attitude.
Nous comprenons les impacts de la situation sur l'économie canadienne. Nous avons des députés dans toutes les régions du pays, y compris dans l'Ouest, région que je représente personnellement. Je comprends les enjeux économiques aussi bien que les conservateurs, qui se targuent de vouloir protéger l'économie. Dois-je rappeler aux députés d'en face en quoi consiste le projet de gaz naturel liquéfié, comme on l'appelle? Grâce à la collaboration entre les Wet'suwet'en, le gouvernement néo-démocrate de la Colombie-Britannique, le gouvernement national, les entreprises et le secteur privé, nous avons réussi à obtenir des milliards de dollars pour ce projet. Il s'agissait en fait plus grand et du plus imposant engagement en capital pour des infrastructures de l'histoire.
Aujourd'hui, nous avons souvent entendu les conservateurs dire que la majorité de la communauté des Wet'suwet'en appuie cette entreprise économique. Nous avons dû déployer beaucoup d'efforts pour y arriver, non seulement dans la communauté elle-même, mais aussi auprès du gouvernement de la Colombie-Britannique, du gouvernement national et du secteur privé, entre autres.
Même le Bloc est conscient que le gouvernement fédéral a un rôle à jouer dans les dossiers comme celui-ci. Que ce soit en vue de favoriser le développement économique dans l'intérêt de tous les Canadiens, lorsque des questions de la sorte surviennent, c'est comme cela que nous les abordons.
Il est donc mensonger d'essayer de donner l'impression que rien ne s'est passé pendant les dernières semaines. Il est inadmissible de dénigrer le rôle que nous avons joué et le travail remarquable qui a été réalisé, que ce soit par le gouvernement de la Colombie-Britannique, les dirigeants des Wet'suwet'en ou le gouvernement national. C'est une fausseté de laisser entendre qu'il ne se passe rien.
Nous devrions tous encourager la GRC et lui faire confiance. Ce qui nous distingue de l'opposition conservatrice, c'est que nous estimons la GRC et les organismes d'application de la loi, que nous leur faisons pleinement confiance et que nous pensons que les partis politiques n'ont pas le droit de leur demander d'arrêter une personne ou un groupe en particulier. Cela ne nous appartient pas.
Il y a de quoi s'inquiéter lorsque des députés de l'opposition officielle, qui espèrent un jour arriver au pouvoir, disent qu'ils donneraient des instructions précises à la GRC. Je me réfère aux propos de Peter MacKay tirés de son compte Twitter. Nous devrions nous inquiéter de ce genre de réactions impulsives de la part des dirigeants conservateurs.
Dans une perspective plus large, j'aurais aimé assister à une discussion ou à un débat sur ce type de questions. L'enjeu de la réconciliation suscite beaucoup d'intérêt. Les néo-démocrates et les verts nous reprochent souvent de ne pas en faire assez. Je dirais pourtant que nous avons accompli beaucoup de choses, même s'il reste du travail à faire. Je pense à certaines mesures que nous avons prises en relativement peu de temps, par rapport aux langues ancestrales, aux dizaines de milliers d'enfants placés en famille d'accueil ou pris en charge par l'État, à la transition et à l'autonomisation qui prennent place au sein des communautés autochtones, aux jours fériés, à la citoyenneté, ou encore aux 94 appels à l'action auxquels le gouvernement doit donner suite, ce qu'il a fait en bonne partie déjà. Nous avons également mené un débat sur un ancien projet de loi d'initiative parlementaire, le projet de loi , ainsi que sur la déclaration des Nations unies. Bref, au cours des dernières années, plusieurs mesures concrètes ont été mises de l'avant pour favoriser une saine réconciliation avec les peuples autochtones.
Nous n'avons rien vu de tel sous l'ancien gouvernement. Nous n'avons rien vu de tel lorsque les conservateurs étaient au pouvoir.
Si nous voulons continuer de voir l'économie croître en créant des emplois qui viendront s'ajouter au million et plus que nous avons déjà créés au cours des quatre dernières années, je crois qu'il est essentiel de reconnaître que nous devons travailler de pair avec les intervenants et avec les communautés autochtones sur les questions économiques et environnementales. Ce n'est pas une option, c'est une obligation. Comme l'a mentionné le , nous devons faire preuve de patience pour régler cette situation très délicate, tout en étant conscients que cela crée beaucoup de frustrations pour tous les Canadiens.
:
Madame la Présidente, je rappelle à la Chambre le libellé de la motion:
Que la Chambre soit solidaire de tous les conseils de bande élus sur le tracé du gazoduc de Coastal GasLink, de la majorité des chefs héréditaires et de la grande majorité des membres de la communauté des Wet’suwet’en, qui appuient le projet de Coastal GasLink, et condamne les activistes radicaux qui exploitent les divisions au sein de la communauté des Wet’suwet’en, tiennent l’économie canadienne en otage et menacent les emplois et les opportunités dans les communautés autochtones.
En ce qui concerne les emplois pour les Wet’suwet’en, il y a eu de longues négociations, de nombreux échanges, entre Coastal GasLink, les Wet’suwet’en, les chefs élus des 20 communautés autochtones concernées et les chefs héréditaires. Elles durent depuis longtemps déjà. Ces 20 communautés sont toutes en faveur du gazoduc Coastal GasLink. Elles l'appuient en raison des débouchés et de la prospérité qu'il leur offrira maintenant et dans l'avenir. Beaucoup auront accès à des emplois ou en ont déjà un grâce au gazoduc Coastal GasLink. Les revenus vont augmenter grâce à ce projet.
En parlant avec les députés qui représentent les collectivités du Nord de la Colombie-Britannique, où les possibilités d'emploi se font rares, on constate que c'est exactement le genre de projet qu'ils cherchent. C'est le genre de projet qu'ils ont négocié et qu'ils ont accepté, car ils savent qu'il offrira des débouchés, non seulement pour les travailleurs d'aujourd'hui, mais aussi pour les jeunes gens des générations futures. En tant que parlementaires, nous devons appuyer l'indépendance et l'autonomie des Premières Nations pour négocier le genre d'accord qu'ils veulent avec Coastal GasLink.
La contestation est due à un mouvement contre les pipelines et contre le gouvernement qui a lieu au pays en ce moment. Ces gens parasitent cette situation pour soulever leurs propres préoccupations et leur propre position anti-ressources naturelles. Ils sévissent ainsi aux quatre coins du pays. Ils se servent de cette situation comme d'un catalyseur pour ériger des barricades illégales. La motion porte sur eux: que la Chambre condamne ce mouvement antigouvernemental, déraisonnable contre les ressources qui se sert de cette situation comme catalyseur.
Lorsqu'on parle avec les membres de la communauté des Wet'suwet'en, ils disent qu'ils appuient le gazoduc et ils expliquent les raisons de leur appui. Ils ont certainement parlé de cela publiquement.
Le chef Larry Nooski, de la Première Nation Nadleh Whut'en, a dit ceci:
Coastal GasLink constitue pour la Première Nation Nadleh Whut'en une occasion de développement économique qui ne se présente qu'une fois au cours d'une génération. Nous avons négocié énergiquement [...] pour garantir que les Nadleh, y compris les jeunes, puissent bénéficier directement et indirectement du projet, tout en veillant à la protection des terres et des eaux.
La chef héréditaire Helen Michelle, de la Première Nation Skin Tyee des Wet'suwet'en, a dit: « Beaucoup des manifestants ne sont même pas des Wet'suwet'en. » Voilà l'essentiel. « Notre peuple a donné le feu vert [à Coastal GasLink]. » Elle a ajouté: « Nous en avons discuté avec les aînés. [...] Nous en avons discuté encore et encore, et nous les avons ramenés. [...] Nous avons marché le long du tracé du projet. [...] Nous allons donner le feu vert. »
Si une majorité des Wet’suwet’en sont d’accord avec ce projet, pourquoi se plier et accepter les manifestations et les barricades illégales qui ont lieu partout au pays? Plusieurs de ceux qui participent à ces activités ne sont même pas affiliés à la nation des Wet’suwet’en. Des militants s’en servent comme catalyseur et voient cela comme une occasion de se prononcer contre le secteur des ressources naturelles, de s’élever contre le gouvernement et de s’opposer à la paix et à l’ordre dans ce pays. Et c’est exactement ce qu’ils font. En refusant de condamner ces gestes, nous en devenons les complices et nous sommes tout aussi complices et faibles que le gouvernement l’a été depuis le début de cette crise.
J’aimerais parler de la police. Beaucoup de propos incendiaires ont été tenus au sujet de l’autorité de la police. Les gouvernements légifèrent et adoptent des lois. Les tribunaux interprètent ces lois et c’est à la police qu’il revient de les appliquer. Aucun d’entre nous ne peut prétendre que nous vivons dans un État policier où le gouvernement a l’autorité ou le pouvoir de dicter les agissements de la police, mais quand cette dernière reçoit un ordre ou une injonction d’un tribunal, on s’attend à ce qu’elle agisse en conséquence. Le gouvernement et les élus de tous les ordres de gouvernement s’attendent aussi à ce que nous appuyions les forces policières dans leurs efforts parce qu’elles remplissent leur obligation légale de veiller à ce qu'on respecte la primauté du droit partout au pays, selon les ordonnances des tribunaux et les lois promulguées par le Parlement et par les instances provinciales et municipales.
Les forces policières sont dans une position extrêmement intenable face à cette situation et elles ont fait preuve d’une patience extrême. Nous devons néanmoins maintenir la paix, l’ordre et un bon gouvernement dans ce pays et la primauté du droit doit toujours être respectée.
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Madame la Présidente, je suis très heureux de participer à ce débat en soutien à la communauté Wet'suwet'en et en soutien à ces gens qui croient au développement économique fait en harmonie avec l'appui de toutes les Premières Nations directement touchées. Malheureusement, si nous sommes ici aujourd'hui pour affirmer ce soutien, c'est parce que le Canada est gouverné par un gouvernement d'abandon.
Le gouvernement est l'unique responsable de la crise dans laquelle le pays est plongé depuis deux semaines. Pendant 12 jours, le gouvernement n'a strictement rien fait pour freiner l'élan des gens qui sont contre ce projet et qui fait tache d'huile au Canada.
De quoi est-il question? Il est question du projet de gazoduc Coastal GasLink. Ce projet n'est pas sorti d'une boîte à surprises et n'a pas été décidé hier soir. Cela fait six ans que toutes les étapes ont été dûment franchies, acceptées et approuvées par toutes les autorités compétentes. Pendant six ans, les promoteurs ont travaillé main dans la main avec les Premières Nations qui sont directement touchées par ce projet. Le résultat est que les 20 Premières Nations directement touchées par ce projet sont d'accord.
Je tiens à dire aux collègues du NPD, qui n'arrêtent pas de dire qu'on sort des chiffres de n'importe où, que ces chiffres viennent de l'Assemblée des Premières Nations. S'ils veulent attaquer l'Assemblée des Premières Nations, je leur souhaite bonne chance, parce que ces gens-là, on les croit et ils parlent au nom de toutes les Premières Nations.
La communauté Wet'suwet'en est en faveur du projet. Ce n'est pas nous, les conservateurs, qui disons cela, c'est l'Assemblée des Premières Nations. D'ailleurs, la chef héréditaire Theresa Tait-Day a dit qu'en ce qui a trait au projet Coastal Gaslink, 85 % de son peuple a dit oui. Ce n'est pas uniquement dans cette communauté que les gens sont d'accord.
Je vais aussi citer le chef Larry Nooski. Il a dit que le projet est une occasion de développement économique tout à fait unique pour notre Première Nation. Il a aussi dit qu'ils avaient négocié âprement pour garantir que le peuple qui comprend des jeunes peut bénéficier directement et indirectement du projet tout en assurant la protection des terres et des eaux.
C'est de cela qu’il est question. C'est un projet qui est bon pour le Canada, bon pour l'économie et bon pour les Premières Nations. C'est un projet qui a franchi toutes les étapes et qui a même reçu l'appui du gouvernement provincial dirigé actuellement par le NPD, en plus d'être soutenu par le Parti vert. C'est important de le rappeler.
Comme dans tous les projets, ce n'est pas 100 % des gens qui sont d'accord. Oui, il y a des gens qui sont en désaccord sur ce projet. Si on attend d'avoir 100 % d'appui pour un projet, on est sûr à 100 % que le projet ne se fera pas. C'est normal; on appelle cela la démocratie. Il y en a qui sont en faveur et d'autres qui sont contre.
Quand il y a 20 Premières Nations et 85 % d'une communauté qui sont d'accord, il faut agir. Quand on a réussi à avoir tout l'appui nécessaire politique et économique, en plus de celui des Premières Nations, on a le devoir d'agir. S'il y en a qui sont contre, ce n'est pas un problème, on appelle cela la démocratie.
Il y a 1 000 bonnes façons d'exposer son opposition. Malheureusement, les activistes mécontents et radicaux ont décidé de bafouer la loi et d'agir de façon illégale pour manifester leur opposition, il y a deux semaines, en créant un blocage sur une voie ferrée.
Que s'est-il passé depuis ce temps-là? Malheureusement, il ne s'est rien passé. Le gouvernement d'abandon est dirigé par un homme qui n'a même pas pris la peine de revenir au Canada alors qu'il était en tournée en Afrique. Pendant sa tournée, il a malheureusement serré la main du ministre des Affaires étrangères d'un pays qui est impliqué d'une triste façon dans la mort de plus d'une cinquantaine de Canadiens. Il lui a serré la main avec un enthousiasme qui a gêné tous les Canadiens.
Le gouvernement n'a rien fait pendant 12 jours. Voilà que, à gauche et à droite, dans ce grand et magnifique pays, des gens inspirés par l'action illégale de ces activistes marginaux se sont découvert une passion soudaine pour un projet dont ils n'avaient jamais entendu parler. Ces activistes n'avaient pas pris en compte que la vaste majorité des gens directement touchés ainsi que les Premières Nations étaient d'accord. À Belleville, on a vu ce problème. Il y a eu un autre blocage à Candiac, dans la province de Québec.
En Gaspésie, soit à environ 5 000 km de l’action principale, des gens se découvrent soudainement la vocation de défendre cela, en oubliant que 85 % des gens sur place et toutes les Premières Nations sont d’accord.
Nous avions demandé qu’on applique la loi. Nous sommes dans un pays de droit et la loi est claire. L'article 5 de la Loi sur la Gendarmerie royale du Canada est clair: le ministre de la Sécurité publique a le pouvoir d’intervenir et de demander à la GRC d’agir dans une situation particulière. C’est exactement ce dont il est question. Pendant deux semaines, un homme pour qui j’ai énormément de respect et d’estime, le , m’a terriblement déçu. Il a dit que cela ne relevait pas du fédéral et que c’était aux provinces de faire des injonctions. C’est une attitude de Ponce Pilate déshonorante pour un homme aussi honorable que le ministre des Transports. Ce n’est pas la bonne attitude.
Je vois encore le dans le cadre de porte du ministre des Transports à Québec, l’honorable François Bonnardel, qu’il allait rencontrer. Le leader parlementaire affirmait que le fédéral n’avait rien à voir là-dedans et que les provinces devaient agir. Dois-je rappeler que les Premières Nations relèvent du fédéral? Les chemins de fer relèvent du fédéral. Ces gens, comme Ponce Pilate, ont totalement abandonné leurs responsabilités.
Après 12 jours, le est revenu au Canada. Il a compris qu’il se passait quelque chose et qu’il devait agir. Il a affirmé que le gouvernement allait nourrir le dialogue. Strictement rien d’autre n’a été accompli depuis ce temps. Non, j’oubliais, il y a la qui a fièrement annoncé que le gouvernement avait établi une communication avec les opposants et les chefs héréditaires et que ces derniers voulaient le rencontrer dans 10 jours. Cela faisait deux semaines que le Canada vivait une crise nationale et le gouvernement était content d’apprendre qu’il allait avoir une rencontre dans 10 jours. Le gouvernement aurait dû agir 10 jours plus tôt, ce qu’il n’a pas fait.
Finalement, hier, après 14 jours, le premier ministre a reconnu une vérité de La Palice, c’est-à-dire qu’une barricade constitue un geste illégal. Pour la première fois en deux semaines, il nous a offert quelque chose qui a du bon sens. Puisque nous sommes dans un pays de droit et que le premier ministre a comme responsabilité première de s’assurer que les lois de ce pays de droit s’appliquent, nous lui demandons ce qu’il va faire devant un geste illégal, sinon que d’appliquer la loi. Tel que le permet l'article 5 de la Loi sur la Gendarmerie royale du Canada, il a le pouvoir de dire qu’il faut agir.
Si, au Canada, nous sommes actuellement gouvernés par des gens qui abandonnent, ailleurs, il y a des gens d’action et des gens qui prennent leurs responsabilités. Ce matin, le premier ministre du Québec a dit qu’il allait demander une injonction à cause d’une barricade à Saint-Lambert. Le premier ministre du Québec a dit que, dès que l’injonction serait obtenue, on allait démanteler la barricade. C’est extraordinaire. Enfin, quelqu’un assume l’état de droit dans ce pays. L’exemple ne vient pas d’ici, il vient de l’Assemblée nationale. Les opérations auront lieu d’ici quelque temps, je présume, mais on sait que le chef de l’État québécois a dit clairement que la loi est la loi et qu’il va l’appliquer.
Tout à l’heure, j’ai posé une question à mon collègue bloquiste de et il a dit que cette situation allait aggraver les choses. C’est le choix du Bloc, c’est sa décision. Nous sommes du côté de la loi et de l’ordre. Nous sommes du côté de l’État de droit.
Nous avons aussi vu des situations tout à fait malheureuses et inacceptables dans un pays de droit. Hier, la résidence du premier ministre provincial de la Colombie-Britannique a été encerclée par des activistes radicaux. On ne peut pas tolérer cela. On ne peut pas dire que ce n’est pas grave. Comme je l’ai dit tantôt, il y a mille bonnes façons d’exposer son opposition à un projet. Je n’ai pas de problème avec cela, c’est la démocratie. Pourquoi choisir la mauvaise? Pourquoi agir de façon illégale? Pourquoi faire de la répression face aux gens qui ne pensent pas comme soi? Ce n’est pas la chose à faire.
À ceux qui s’opposent à ce projet, je dis de le faire avec dignité, avec honneur et dans le respect des lois. C’est cela, la démocratie. Qu’ils ne le fassent pas de façon illégale. Ces gens profitent malheureusement du fait que ce gouvernement est un gouvernement d’abandon. C’est pourquoi, plus que jamais, il faut que toute la Chambre des communes manifeste son soutien au peuple Wet'suwet'en, qui est en faveur de ce projet, tout comme les 20 Premières Nations qui sont directement touchées par ce projet. Les conservateurs soutiennent les Premières Nations pour ce projet.
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Madame la Présidente, je tiens d'abord à préciser que nous nous trouvons sur les terres ancestrales des Algonquins.
Il fut un temps où le chemin de fer était absent de ce beau pays,
Une époque où les montagnes majestueuses se profilaient seules à l'infini.
C'était bien avant l'invention de la roue et l'arrivée de l'homme blanc,
Une époque où, dans les forêts vertes et profondes, régnait un silence étonnant.
Ces paroles écrites par Gordon Lightfoot résonnent dans ma tête ces jours-ci, en partie à cause de ce qui se passe un peu partout au Canada, mais aussi parce que je viens de lire un article fascinant dans le magazine Maclean's. Stephen Maher dresse un bref historique de la situation des Autochtones au Canada et du chemin de fer du CN. Cet article peut aider à mettre un peu en contexte les raisons pour lesquelles des barricades sont érigées actuellement au pays.
M. Maher écrit ce qui suit:
Quand on se penche sur l'histoire du Canada, on découvre des histoires d'expropriation et d'assujettissement semblables d'un bout à l'autre du pays. La Couronne a mis les Autochtones à l'écart, les a forcés à vivre dans la pauvreté sur des terres dont personne d'autre ne voulait, a détruit leurs systèmes traditionnels de gouvernance et a violé les traités comme bon lui semblait. Cette situation a duré du début de la Confédération jusqu'à 1973, année où les tribunaux ont accordé une injonction aux Cris de la Baie James pour empêcher temporairement la réalisation d'un projet hydroélectrique.
Pour la plupart des Canadiens, le chemin de fer est une bénédiction, comme l'a décrit Gordon Lightfoot: « Une route de fer allant d'un océan à l'autre, transportant les marchandises sur ce jeune territoire en plein essor jusqu'aux ports de mer et dans les mains de ceux qui les attendaient. »
Comme l'écrit M. Maher:
On ne peut pas s'attendre à ce que les Autochtones voient les choses de cette façon.
Quand les esprits s'échauffent et que les politiciens insistent haut et fort sur l'importance de la primauté du droit, il serait judicieux de se rappeler que la primauté du droit, et le Chemin de fer Canadien Pacifique, ont apporté mort et destruction aux Autochtones.
Je ne sais pas comment nous allons passer à travers cet hiver et remettre le train sur les rails, mais je pense que nos politiciens et nos corps policiers feraient mieux de pécher par excès de prudence et que nous ne devrions pas oublier que notre pays n'existe qu'en raison des crimes légaux commis par notre gouvernement pour construire ce chemin de fer.
Ce texte ne peut que nous toucher, nous amener à bien réfléchir quand nous parlons de ce qui est légal et de ce qui ne l'est pas.
Je vais partager mon temps de parole avec le député de .
Depuis quelques semaines, les gens sont troublés par ce qu’ils voient. Beaucoup de Canadiens se demandent ce qui se passe dans ce pays en voyant les manifestations et les barrages, en s’apercevant que les marchandises ne se rendent pas chez eux, en Nouvelle-Écosse ou dans l’Ouest, et que des entreprises en subissent les conséquences. Les gens se demandent aussi si la réconciliation est encore possible. Les jeunes ont des doutes. Les peuples autochtones se demandent si leurs droits seront respectés et, en voyant les manifestations et les barrages prendre de l’ampleur, ils se demandent si la réconciliation est encore possible.
J’aimerais répondre que la réconciliation est bel et bien encore possible et que nous sommes arrivés à un tournant sur ce chemin vital, si je peux l’appeler ainsi. Nous avons besoin de la réconciliation. Des centaines d’années se sont écoulées sans qu’il y ait réconciliation, le moment est enfin venu de la concrétiser et de bien faire les choses.
Beaucoup de gens attendent impatiemment que nous agissions pour le climat et s’inquiètent de voir une société encore dépendante des combustibles fossiles. Beaucoup de gens du milieu des affaires ou de travailleurs qui comptent sur le secteur des ressources naturelles pour subvenir aux besoins de leurs familles s’inquiètent également pour leur avenir. Des travailleurs ont été mis à pied temporairement. Des aînés craignent de ne pas recevoir leurs médicaments à temps. Des propriétaires d’entreprise s’inquiètent de ne pas recevoir le mazout ou le gaz dont les gens ont besoin pour se chauffer.
Il y a également des manifestants qui bravent le froid pour soutenir les Wet’suwet’en.
Dans les deux camps, des gens sont contrariés, voire en colère. Je comprends cela, parce qu’il s’agit là de questions vraiment importantes pour les Canadiens, pour les Autochtones et pour moi-même, comme les traités, les droits, les moyens de subsistance, la primauté du droit et la démocratie.
Je suis tout à fait d’accord pour dire qu’il faut trouver une solution rapidement. Cependant, nous devons aussi comprendre que cette situation ne s’est pas produite du jour au lendemain, et certainement pas au cours des quatre dernières années.
Elle ne s'est pas produite parce que nous nous sommes récemment engagés sur le chemin de la réconciliation, mais plutôt parce que, pendant trop longtemps au cours de notre histoire, les gouvernements successifs ne se sont pas engagés sur ce chemin. Il ne sera donc pas facile d’arriver à une solution. Il faudra de la détermination. Il faudra y travailler fort. Il faudra de la coopération.
Je voudrais ajouter qu’en tant que nouvelle députée fédérale je suis fière d'appartenir au parti formant le gouvernement, qui a un vrai chef, c'est-à-dire une personne qui ne se lancera pas précipitamment dans la bataille l’épée à la main, comme certains le voudraient, mais qui fait preuve d’une profonde empathie et de compassion, qui comprend la gravité de la situation et qui, en tant que , tend la main aux Wet'suwet'en pour montrer qu'il veut collaborer avec eux et qu'il leur fait confiance. Le gouvernement essaie d’aménager un espace de dialogue pacifique et honnête avec des partenaires qui manifestent de la bonne volonté.
Comme nous l’ont dit les dirigeants mohawks et le chef national de l’APN, Perry Bellegarde, la semaine dernière, nous devons dénouer cette impasse par le dialogue et dans le respect mutuel. Par conséquent, nous demandons seulement que les Wet’suwet’en soient disposés à collaborer avec le gouvernement fédéral pour trouver des solutions en partenariat.
Les Autochtones ne cessent de nous rappeler qu’ils ont souvent eu l’impression d’être trahis dans leurs négociations avec les gouvernements canadiens. Pour ma part, je m’en souviens très bien. Je dis aux dirigeants provinciaux, municipaux et fédéraux que nous devons garder cela à l’esprit et que c’est pourquoi nous devons faire la bonne chose.
J’ai été heureuse de pouvoir dire au , cette semaine, que j’estime qu’il est sur la bonne voie. Je suis de son côté. Nous ne pouvons pas nous précipiter aveuglément. La démarche doit être faite correctement et dans le respect mutuel. Je crois que la raison pour laquelle nous vivons cette situation aujourd’hui, c’est que des traités ont été violés et des mensonges ont été proférés par de nombreux gouvernements et de nombreuses personnes ayant beaucoup de pouvoir. Les Premières nations ont été trahies. J'en suis désolée et profondément attristée.
Cependant, nous partageons tous le désir d'arriver à une solution. Nous ne pouvons pas résoudre ce problème seuls. Il faut que tous les Canadiens fassent preuve de détermination et de collaboration.
Au cours de la fin de semaine, le a rencontré des représentants de Tyendinaga ainsi que d’autres membres de la nation mohawk. Maintenant que la GRC a accepté de se retirer, nous espérons que les chefs héréditaires des Wet’suwet’en rencontreront la , comme elle l’a demandé.
C’est l’occasion pour nous de concilier nos points de vue, parce que l’autre option, le recours à la force, a été tentée à maintes reprises et que ces tentatives de contrôle colonial n’ouvrent pas la voie à la réconciliation.
Même si nous avons investi plus que tout autre gouvernement pour corriger les erreurs du passé et combler les lacunes persistantes, nous savons qu’il reste encore beaucoup à faire. Il est inacceptable qu’il y ait des gens qui n’aient pas accès à de l’eau potable et que des femmes et des filles autochtones disparaissent et soient assassinées. Il est inacceptable que les peuples autochtones se voient toujours refuser des droits et des terres.
Nous devons continuer de trouver des solutions. Cela ne peut se faire qu’en travaillant ensemble et en écoutant les autres. Au Canada, nous devons mener de nombreux débats importants et très fondamentaux. Les Canadiens sont impatients de voir des réponses. Les gens sont frustrés qu’il y ait tant d’incertitude. Toutefois, les débats à la Chambre sont très importants. Le langage utilisé est également extrêmement important. Oui, les Canadiens doivent pouvoir manifester et exprimer leurs frustrations, mais nous devons nous assurer de nous écouter les uns les autres. Nous devons être ouverts à la collaboration...