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Madame la Présidente, on semble avoir touché une corde sensible. Il est évident que les députés de l'opposition ne souhaitent pas que l'on fasse progresser ce projet de loi important. Les entreprises, les agriculteurs et les Canadiens partout au pays nous implorent d'adopter ce projet de loi, mais les conservateurs préfèrent aujourd'hui faire de la petite politique.
J'aimerais formuler quelques commentaires sur l'importance de la question dont nous débattons aujourd'hui. Cette motion n'est pas susceptible d'attirer l'attention de nombreux Canadiens à l'extérieur de la Chambre ou de la bulle d'Ottawa. Elle ne porte pas sur les enjeux qui sont importants pour nos concitoyens, comme l'économie, l'emploi, le coût de la vie, les changements climatiques, les soins de santé, les pensions, la réconciliation avec les Autochtones, la sécurité publique et la consolidation de la place du Canada dans le monde.
Évidemment, tous ces enjeux figurent en tête de liste des priorités du gouvernement. Le gouvernement a été élu pour agir à l'égard de ces enjeux. Les Canadiens ont confié au gouvernement le mandat de se pencher sur ces enjeux.
La motion présentée aujourd'hui ne demande pas à la Chambre de tenir un débat constructif sur une de ces questions importantes. Il faut bien comprendre que la motion de la des conservateurs aurait des incidences profondes pour le Parlement et pour le système démocratique que nous chérissons. C'est une motion à l'image des conservateurs. Nous connaissons leur bilan, autant celui des années où ils étaient au pouvoir que celui de leur nouvelle réalité de parti de l'opposition.
Lorsque les conservateurs de Stephen Harper étaient au pouvoir, ils méprisaient le Parlement et l'ensemble des députés de l'opposition. Depuis qu'ils font partie de l'opposition, sous leur actuel, qui sera remplacé en juin, ils continuent de faire preuve du même mépris des traditions et du décorum de la Chambre. Ils me chahutent alors même que je parle de décorum; quelle ironie!
Les Canadiens n'ont pas oublié le comportement adopté par les conservateurs lors de la 41e législature et de la législature qui vient de se terminer. Ce sont les conservateurs qui, trop souvent, prennent la Chambre des communes en otage au moyen de tactiques et de manœuvres politiques et qui empêchent les députés de débattre de mesures législatives importantes. À plus d'une reprise, ils ont forcé la Chambre à tenir des marathons de votes toute la nuit. Pendant ces marathons, ils ont voté contre l'affectation de fonds aux infrastructures, à la défense nationale, aux anciens combattants, aux forces policières, à la sécurité, aux services de VIA Rail, à Parcs Canada, aux peuples autochtones et j'en passe.
Il s'agissait de manœuvres politiques, et les députés libéraux ont fièrement voté en faveur des services qui sont importants pour les Canadiens. Dans le cadre d'un des marathons de vote de la législature précédente, les députés ont dû rester à la Chambre pendant 30 heures. Cela s'est fait au détriment de la réputation du Parlement et a coûté de l'argent aux contribuables. D'ailleurs, en 2011, lorsque l'actuelle du Parti conservateur était membre du gouvernement conservateur précédent et que ce dernier faisait l'objet de manœuvres d'obstruction systématique de la part du NPD, elle a déclaré dans un communiqué de presse que ces tactiques entraînaient des coûts supplémentaires de 50 000 $ pour chaque heure additionnelle que la Chambre des communes siégeait. Où était l'indignation des conservateurs lors de la dernière législature?
L'une des manœuvres les plus honteuses des conservateurs a été lorsqu'ils ont tenté d'empêcher le de lire son discours du budget à la Chambre en frappant leur bureau et en criant pour le faire taire, comme des petites brutes dans une cour d'école. C'était un spectacle indigne.
Les conservateurs considèrent ce genre de manœuvres politiques comme des outils dans leur boîte à outils. C'est toute une boîte à outils. Le comportement de l'opposition conservatrice n'a rien fait pour rétablir la confiance des Canadiens dans le Parlement. Au contraire, je crains qu'il ait renforcé le cynisme de tous les électeurs.
Malheureusement, il est devenu évident que les conservateurs n'ont pas changé depuis la dernière législature. Jeudi dernier, ils ont retenu les députés à Ottawa pour un vote sur une motion présentée lors d'un jour désigné qui n'a jamais eu lieu parce qu'ils l'ont repoussé au lundi, et ce, après que tous les députés ont raté leur vol pour rentrer chez eux. Les députés ont raté des activités dans leur circonscription et ils n'ont pas passé autant de temps que prévu avec leurs enfants, leur mari ou leur femme, et leurs proches. Pourquoi ont-ils fait une telle chose? Pour une seule raison: parce qu'ils le pouvaient.
À peine le lendemain, soit vendredi dernier, les conservateurs ont de nouveau fouillé dans leur sac à malice pour faire obstruction aux travaux du Parlement. Ce jour-là, les députés débattaient du projet de loi , qui reçoit l'appui de tous les partis, y compris du Parti conservateur, et qui vise à améliorer considérablement la reddition de comptes à l'Agence des services frontaliers du Canada; pourtant, les conservateurs ont proposé de carrément interrompre les travaux de la Chambre.
Les conservateurs ont présenté une motion portant que la Chambre s'ajourne à 12 h 30, au cours de l'heure du dîner. Je sais que la plupart des Canadiens ne demandent pas de terminer leur journée de travail à l'heure du dîner, mais les conservateurs, eux, l'ont fait. Ils voulaient éteindre la lumière et s'en aller. Quand leur tentative s'est soldée par un échec, ils ont retenté d'ajourner le débat. Face à un autre échec, ils ont tenté une fois de plus d'interrompre les travaux de la Chambre plus tôt que prévu.
Ces manœuvres politiques ont monopolisé plus de deux heures à la Chambre. L'objectif des conservateurs était clair: empêcher la Chambre de débattre de cet important projet de loi. Malheureusement, ils ont réussi leur coup. Les conservateurs ont certainement affiché leurs vraies couleurs: ils ne croient pas au Parlement.
Les conservateurs viennent encore de le montrer avec la motion dont nous débattons aujourd'hui, car l'intention de l'opposition conservatrice est de perturber l'équilibre assuré par des pratiques et des procédures bien établies qui servent bien la Chambre depuis de nombreuses décennies. Cet équilibre est simple, mais fondamental.
Voici ce qui fait le succès du système parlementaire canadien. Aux élections, les Canadiens élisent des députés qui les représenteront à la Chambre des communes et agiront en leur nom. Le gouvernement élu a la responsabilité de mener à bien le mandat que lui ont confié les Canadiens. Il se doit donc de présenter des projets de loi, d'en débattre de façon dynamique avec tous les partis et enfin, de les soumettre au vote. Le calendrier parlementaire comporte des contraintes, et le gouvernement doit toujours s'efforcer de prévoir le temps dont le Parlement aura besoin pour étudier les projets de loi et les mettre aux voix.
L'opposition a la responsabilité de demander des comptes au gouvernement et de soulever des questions d'intérêt public. Notre système, en vertu du Règlement, prévoit la tenue de jours désignés. On les appelle également les journées de l'opposition. Pendant ces journées, les mesures législatives du gouvernement ne sont pas débattues. Les partis de l'opposition ont à ce moment-là l'occasion de présenter une motion qui sera débattue et ensuite mise aux voix.
Il faut trouver un équilibre. Le Parlement a besoin de temps pour débattre des mesures législatives et des motions de l'opposition. Nous sommes d'avis que le Parlement peut trouver cet équilibre.
Nous avons déjà présenté d'importants projets de loi, que ce soit pour ratifier le nouvel ALENA, bonifier l'Agence des services frontaliers du Canada, imposer aux juges une formation sur les agressions sexuelles, moderniser le serment de citoyenneté ou ajuster les règles relatives à l'aide médicale à mourir. Ce ne sont que quelques exemples de ce que nous réaliserons dans le cadre de notre programme, qui nous permettra d'adopter des politiques ambitieuses, mais réalisables.
Le discours du Trône de décembre a servi de feuille de route pour le Parlement, en énonçant les grandes lignes de notre programme. Nous voulons renforcer la classe moyenne, rendre la vie plus abordable pour les Canadiens, protéger l'environnement, lutter contre les changements climatiques, améliorer la qualité de vie des peuples autochtones et solidifier la position du Canada sur la scène internationale.
Les Canadiens nous ont tous envoyé un message aux dernières élections. Ils souhaitent nous voir collaborer, et nous sommes d'accord. En effet, la Chambre des communes est un endroit où nous travaillons sur des projets de loi en vue de prendre des décisions importantes pour les Canadiens. Chaque jour, les députés s'efforcent de trouver un terrain d'entente au nom des Canadiens qui les ont envoyés ici.
Tandis que nous débattons des mérites des projets de loi et des manières de les améliorer, l'opposition peut, à maintes occasions, amener des questions à l'avant-plan. Cela se produit couramment à la période des questions. Je manquerais à mon devoir si je ne rappelais pas à la Chambre que le gouvernement actuel a modifié considérablement la période des questions. C'est le gouvernement libéral qui a instauré la période des questions du , le mercredi, durant laquelle il répond à toutes les questions provenant de tous les partis.
Des voix: Oh, oh!
M. Chris Bittle: Madame la Présidente, on chahute encore de l'autre côté de la Chambre. Même dans ses rêves les plus fous, Stephen Harper ne se serait jamais prêté à un tel exercice, mais le a proposé de le faire, afin de rendre des comptes à l'opposition et au Parlement, et pour faire connaître aux Canadiens le programme du gouvernement. C'est ça, assumer véritablement ses responsabilités.
Il y a également les jours désignés. Aujourd'hui, c'est le 26e jour de séance. En décembre, à la fin de la dernière période des subsides, les conservateurs se sont vu accorder une journée de l'opposition pendant laquelle ils ont présenté leurs motions. Dans la période des subsides en cours, qui a débuté le 11 décembre et qui se terminera le 26 mars, sept jours sont réservés à l'opposition. Le Règlement l'exige.
Aujourd'hui, c'est la sixième journée de l'opposition. Les conservateurs ont eu droit à quatre de ces journées, tandis que le Bloc québécois et le Nouveau Parti démocratique ont chacun eu droit à une journée pour présenter leurs motions à la Chambre afin qu'elle en débatte et qu'elle se prononce sur ces questions. Selon le Règlement, il reste une autre journée de l'opposition d'ici le 26 mars. Lors de la prochaine période des subsides, qui se déroulera du mois d'avril au mois de juin, il y aura huit autres journées de l'opposition.
Voilà l'équilibre dont j'ai parlé. C'est une formule démocratique qui fonctionne, mais les conservateurs proposent quand même de faire fi du Règlement et de déséquilibrer le processus en ajoutant trois autres journées de l'opposition à la période des subsides en cours.
Ce changement aurait pour conséquence que les députés auraient trois jours de moins pour débattre des projets de loi que nous devons étudier au nom des Canadiens qui nous ont élus. Les motifs derrière la manœuvre politique des conservateurs sont évidents. Les conservateurs ne croient pas que le Parlement est une institution démocratique où l'on cherche à établir un consensus et à changer les choses pour les Canadiens. Lorsque les règles ne font pas leur affaire, ils les contournent, tout simplement.
C'est l'hypocrisie pure et simple, vu que les conservateurs prêchent continuellement que tout changement au Règlement nécessite l'appui unanime de tous les partis. Cependant, cela ne devrait surprendre personne. Quand cela leur convient, les conservateurs sont prêts à tout, même s'ils étaient contre la mesure avant de l'approuver.
Les conservateurs se sont isolés politiquement. Ils sont en pleine course à la direction, course qui expose le manque de cohésion de leur parti. Ils perdent de plus en plus leur pertinence. Leur objectif est d'empêcher la mise en œuvre des programmes du gouvernement. Nous nous sommes engagés à faire de ce programme une réalité.
J'aimerais parler de quelques exemples de ce que nous voulons accomplir. Aucun défi n'est plus grand pour le Canada et pour le monde que la lutte contre les changements climatiques. Nous croyons profondément dans le cadre pancanadien sur la croissance propre et les changements climatiques du gouvernement. Ce n'est pas surprenant que les conservateurs ne veuillent pas en débattre, car, pendant ces cinq années que j'ai passées à la Chambre, nous n'avons entendu que du déni, de la méfiance à l'égard des scientifiques et de l'immobilisme.
Nous sommes engagés à miser sur ce plan pour faire en sorte que les entreprises canadiennes saisissent les énormes occasions économiques de la transition vers l'économie propre du XXIe siècle. Nous établirons une cible pour atteindre la carboneutralité d'ici 2050. Notre objectif sera ambitieux, mais indispensable pour protéger l'environnement tout en stimulant l'économie.
Nous contribuerons à rendre les maisons écoénergétiques plus abordables. Nous faciliterons l'achat de véhicules zéro émission par les Canadiens. Nous réduirons les impôts de tous les Canadiens, sauf des plus riches. Cela permettra de mettre plus d'argent dans les poches des Canadiens qui travaillent dur et qui en ont le plus besoin.
Nous continuerons à investir massivement dans le logement abordable afin d'aider les très nombreux Canadiens qui ne sont pas en mesure d'acheter leur premier chez-soi. Nous prendrons des mesures pour faciliter l'achat d'une maison pour un plus grand nombre de Canadiens. Cela serait bien si nos homologues provinciaux conservateurs agissaient aussi et collaboraient avec nous pour faire du logement abordable une réalité dans toutes les provinces au Canada.
Les travailleurs, familles et aînés canadiens s'inquiètent de ne pas pouvoir joindre les deux bouts. Nous aiderons les parents à disposer du temps et de l'argent dont ils ont besoin pour élever leurs enfants. Nous aiderons les étudiants à payer leurs études supérieures et leur formation professionnelle. Nous augmenterons le salaire minimum fédéral. Nous ferons baisser les factures de téléphone cellulaire de 25 % et nous bonifierons les pensions de nos aînés.
Il y a quatre ans, nous avons promis que nous travaillerions à la réconciliation avec les peuples autochtones. C'est ce que nous sommes en train de faire et nous allons maintenir le cap sans faiblir. Le travail de réconciliation n'est pas terminé.
J'entends encore des députés chahuter, alors que le chef de leur parti veut envoyer l'armée. Ils protestent quand nous parlons de notre bilan en matière de réconciliation, alors qu'ils qualifient les manifestants autochtones de terroristes et que le gouvernement Harper n'a absolument rien fait dans ce dossier.
Les Canadiens s'inquiètent des actes de violence commis à l'aide d'armes à feu dans leurs quartiers, et nous allons nous attaquer à ce problème. Nous allons interdire les fusils d'assaut de type militaire. Nous allons collaborer avec les provinces et les territoires pour renforcer le système de santé pour offrir aux Canadiens les services qu'ils méritent. Je le répète, il est ahurissant que nous soyons ici à débattre de modifications au Règlement au lieu de parler de sujets tels que le changement climatique ou les soins de santé.
L'assurance-médicaments, par exemple, est l'une des pièces manquantes du régime universel de soins de santé du Canada. Le gouvernement prendra des mesures pour mettre en place le régime national d'assurance-médicaments dont les Canadiens ont besoin.
Ce sont des exemples qui montrent l'orientation que nous voulons donner à notre pays. Nous sommes d'avis que les parlementaires devraient faire passer les intérêts des Canadiens avant tout. Le Parlement n'est pas seulement l'endroit où nous exprimons nos désaccords; c'est aussi l'endroit où nous trouvons des terrains d'entente. Pour ce faire, il faut maintenir l'équilibre crucial dont j'ai parlé plus tôt.
J'exhorte les députés à examiner chacun des projets de loi dont la Chambre est actuellement saisie et dont elle sera saisie à l'avenir et à collaborer tous ensemble. Le Parlement a besoin de temps pour débattre, étudier et, au besoin, améliorer ces projets de loi. Ce n'est pas le moment de tenter des manœuvres politiques ou de faire de l'obstruction. Nous devrions plutôt tenir des débats constructifs sur les mesures législatives qui peuvent améliorer le sort des Canadiens. C'est le moment de faire ce qu'il faut pour le Parlement.