La Chambre reprend l'étude de la motion.
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Madame la Présidente, le débat auquel nous prenons part aujourd'hui est absolument fondamental. D'aucuns pourraient prétendre qu'il s'agit simplement d'une manœuvre partisane visant à embarrasser le gouvernement. Toutefois, ce dont il est question ici, au-delà des questions déjà très importantes de sécurité nationale, c'est la prééminence du Parlement sur les lois qu'invoquerait le gouvernement pour prétendre ne pas avoir à rendre de comptes aux parlementaires. J'aurai l'occasion d'y revenir un peu plus tard.
Mon collègue de a déjà indiqué que le Bloc québécois voterait en faveur de cette motion, qui est présentée par mon collègue de . Nous voterons en faveur de cette motion parce qu'elle est presque identique à une motion adoptée unanimement au Comité spécial sur les relations sino-canadiennes. J'ai bien dit « unanimement », car cela inclut les députés du Parti libéral. Cette motion avait été adoptée en réaction à l'intransigeance, l'opiniâtreté, voire l'entêtement de l'Agence de la santé publique du Canada, laquelle refusait de fournir aux parlementaires les documents demandés. Même nos collègues libéraux étaient exaspérés par cette attitude fermée et entêtée des représentants de l'Agence, au point de voter en faveur de cette motion, laquelle a fait l'objet d'un rapport récent du Comité spécial.
Je vais passer rapidement sur ce point, mais je m'interroge sur ce qui amène les conservateurs à se servir d'une journée de l'opposition pour saisir la Chambre d'une motion presque en tous points identique à une motion dont le Comité spécial sur les relations sino-canadiennes a fait rapport à la Chambre et qui aurait pu être appelée pour débat avant d'être adoptée par la Chambre.
Qu'est-ce qui motive les conservateurs à nous présenter une telle motion ce matin? Leur geste pourrait accréditer la thèse du Parti libéral selon laquelle les conservateurs cherchent simplement à embarrasser le gouvernement. Cependant, au-delà de cet aspect strictement partisan et qui, je pense, mérite d'être soulevé, il y a la question fondamentale que j'évoquais tout à l'heure: la prééminence, la préséance du Parlement sur toute loi pouvant être invoquée par le gouvernement pour ne pas se conformer à une demande qui lui est adressée par un comité parlementaire.
Reprenons du début. Nous avons créé le Comité spécial sur les relations sino-canadiennes, dont les membres devaient se pencher sur la détérioration des relations entre le Canada et la République populaire de Chine, ainsi que sur les moyens de rétablir les contacts entre les deux. Rappelons que, par le passé, les relations entre les deux pays ont toujours été fort positives, cordiales et caractérisées par un esprit de collaboration.
Il suffit de rappeler que le Canada a été l'un des premiers pays à reconnaître la République populaire de Chine lors de sa création et à établir des relations commerciales et diplomatiques avec ce pays. Rappelons également la mémoire du médecin québécois Norman Bethune, qui a participé à la légendaire Longue Marche du Parti communiste chinois. Rappelons enfin l'aide apportée par le Canada, sous forme de céréales et de blé, lorsque les Chinois mouraient littéralement de faim. Je pense que tout cela a constitué des assises solides à des relations importantes et cordiales entre les deux pays, mais force est de constater que ces relations se sont dramatiquement détériorées ces derniers mois.
Donc, nous avions constitué ce comité dans le but d'examiner cette détérioration, ce qui a pu mener à cette détérioration et ce qui pouvait être fait pour améliorer les relations.
Compte tenu du fait qu'il s'agit d'un gouvernement minoritaire et qu'une élection peut survenir à tout moment, nous avons choisi de segmenter notre étude de sorte à assurer que les travaux ne soient pas perdus.
Donc, périodiquement, nous produisons des rapports pour faire état des travaux que nous avons réalisés jusqu'à maintenant. Entre autres, il y a eu un rapport sur la situation à Hong Kong qui, je crois, mérite qu'on s'y penche attentivement. Là, nous étions en train de nous pencher sur le segment portant sur la sécurité.
Dans le cadre de ce segment portant sur la sécurité, tout y passe, qu'il s'agisse des opérations d'influence du gouvernement de la République populaire de Chine sur le territoire canadien, des interférences ou, du moins, des possibles activités d'espionnage qui pourraient être menées par des entreprises chinoises qui doivent rendre compte au gouvernement de la République populaire de Chine. Il a évidemment été question des relations entre le Canada et la Chine sur le plan de la recherche en microbiologie.
Je dois dire que, de notre côté, cette portion de notre étude sur la sécurité avait un caractère, au départ, relativement candide. Nous voulions bien sûr nous pencher sur le cas de CanSino, par exemple, la collaboration entre des institutions canadiennes et chinoises pour le développement d'un vaccin. Cette collaboration a curieusement avorté et permet maintenant à la Chine de se livrer à une diplomatie des vaccins pour accroître son influence dans le monde en offrant généreusement son vaccin aux pays en développement qui en ont effectivement grand besoin, mais en s'assurant, d'une certaine façon, de créer une relation d'État client à l'égard de la République populaire de Chine de la part de ces pays auprès desquels le gouvernement de la Chine, entre autres, entreprend, maintient et poursuit cette diplomatie des vaccins.
Lors de la comparution de l'Agence de santé publique du Canada, le 22 mars dernier, nous avons rencontré son président, M. Iain Stewart, ainsi que M. Guillaume Poliquin, qui est à la tête du Laboratoire national de microbiologie à Winnipeg. C'est avec une certaine surprise que nous avons constaté que M. Stewart refusait de répondre à des questions, au demeurant fort légitimes. On n'a qu'à soulever le fait que le 31 mars 2019, deux chercheurs du laboratoire de Winnipeg, la Dre Xiangguo Qiu et le Dr Keding Cheng, ont pris un vol commercial d'Air Canada, un vol régulier, et transportaient littéralement, dans leurs valises, deux virus vivants, celui de l'Ebola et celui de l'Henipah pour apporter ces virus à l'Institut de virologie de Wuhan, en Chine, tristement célèbre compte tenu des rumeurs et des allégations qui continuent de circuler à l'effet que le coronavirus aurait pu s'échapper de ces installations.
Évidemment, nous étions préoccupés par le fait qu'on ait pu faire voyager, comme cela, sur un vol commercial, deux virus extrêmement dangereux vers un laboratoire chinois. En comité, toujours le 22 mars dernier, M. Stewart nous a expliqué que tout avait été fait dans les règles de l'art. Je ne sais pas trop ce que sont les règles de l'art quand il s'agit de véhiculer dans un vol commercial régulier des virus hautement mortels. Quoi qu'il en soit, on nous a garanti et affirmé, et nous n'avons aucune raison de croire que cela ne s'appuyait pas sur une évaluation scientifique probante, que le tout avait été fait dans les règles de l'art.
Je prends la peine de préciser que la Dre Qiu a été décorée du Prix du Gouverneur général en 2018 pour avoir contribué au développement d'un traitement contre le virus Ebola au laboratoire de Winnipeg. Ce prix est normalement décerné à des citoyens canadiens et à des résidents permanents au pays. C'est donc dire la haute estime qu'on avait à l'égard du travail de la Dre Qiu.
Or, curieusement, le 5 juillet 2019, la Dre Qiu, le Dr Cheng et leurs étudiants ont été expulsés comme des malpropres du laboratoire de Winnipeg. C'est quand même assez curieux.
Nous avons également appris que, le 20 janvier 2021, le couple a été officiellement congédié sans que ni dans le cas de l'expulsion ni dans le cas du congédiement on ne donne la moindre explication. Bien candidement, encore une fois, j'ai demandé à M. Stewart pourquoi, si tout avait été fait dans les règles de l'art quant au transfert des virus de l'Ebola et de l'Henipah par le truchement d'un vol commercial d'Air Canada vers l'Institut de virologie de Wuhan, nous les avions expulsés comme des malpropres du laboratoire de Winnipeg et congédiés sans autre forme d'explications. M. Stewart nous a dit qu'il ne pouvait malheureusement pas répondre à cette question.
Nous lui avons demandé pourquoi il ne pouvait pas répondre à ces questions et nous lui avons dit qu'il devait y répondre. Nous avons vu que M. Stewart avait des préoccupations quant à la protection des renseignements personnels. Bien entendu, ces préoccupations peuvent être extrêmement légitimes. Elles peuvent être en lien avec la sécurité nationale ou avec des enquêtes criminelles qui seraient en cours. Toutes ces préoccupations peuvent être éminemment légitimes.
Nous avons offert à M. Stewart de transmettre au Comité de façon confidentielle un certain nombre d'informations, de sorte que le Comité puisse se faire une tête sans que des informations potentiellement préjudiciables quant à la protection des renseignements personnels, à la sécurité nationale ou à une enquête criminelle puissent être divulguées comme cela de façon publique.
À notre grande surprise, nous avons reçu une lettre de la part de M. Stewart dans laquelle il nous indiquait simplement qu'il ne pouvait transmettre de documents en raison de la Loi sur la protection des renseignements personnels. Malgré le fait que nous lui avons offert la possibilité de nous transmettre de façon confidentielle les informations, il nous a signalé qu'il ne pouvait se conformer ou ne voulait pas se conformer à cette demande du Comité spécial sur les relations sino-canadiennes.
Nous avons insisté et quelques jours plus tard, le 20 avril, nous avons reçu un premier lot de documents lourdement caviardés. Évidemment, nous étions très insatisfaits du fait que l'Agence continue de refuser de nous fournir les documents. Nous avons eu une rencontre avec le légiste et conseiller parlementaire de la Chambre au cours de laquelle il nous a indiqué que le Comité était dans son droit. Nous avons donc relancé M. Stewart, qui a comparu de nouveau avec M. Poliquin le 10 mai.
On nous a répété qu'il n'était pas possible de fournir au Comité les informations demandées, en invoquant encore une fois les dispositions de la Loi sur la protection des renseignements personnels, comme si ce comité parlementaire était n'importe quel justiciable qui demandait des informations à l'Agence. Or, ce comité parlementaire n'est pas n'importe quel justiciable qui demande des informations à la Chambre.
D'ailleurs, je vais partager un avis qui nous a été donné par le légiste et conseiller parlementaire de la Chambre. On peut y lire ceci:
[...] le pouvoir du Comité de réclamer des documents et des dossiers découle de l'article 18 de la Constitution. Il découle du privilège parlementaire et donne le pouvoir de convoquer des personnes et d'exiger la production de documents. Cette autorisation prend le pas sur les dispositions légales ordinaires et, dans leurs décisions, le Président Milliken et la Cour suprême du Canada ont reconnu la primauté des dispositions constitutionnelles, en particulier le privilège parlementaire [...]
Il est question du même pouvoir que celui clairement précisé par le Président Milliken, et qui est le même pour toutes les législatures, à savoir que le pouvoir constitutionnel des comités et de la Chambre l'emporte sur les lois ordinaires comme la Loi sur la protection des renseignements personnels ou la Loi sur l'accès à l'information et qu'il n'est pas limité par ces autres dispositions [...] Le Président Millliken a été explicite sur le fait que les lois ne permettent pas au gouvernement de déterminer unilatéralement qu'une chose est confidentielle.
Lors de la rencontre du 10 mai dernier, notre collègue de a également invoqué des dispositions de la Loi sur les renseignements personnels stipulant clairement que cette loi ne s'applique pas à un comité parlementaire et ne s'applique qu'aux justiciables qui demanderaient des informations. Devant le refus répété de la part des autorités de l'Agence de la santé publique du Canada, le Comité a donc adopté une motion fort semblable à celle présentée aujourd'hui par le député de Wellington—Halton Hills.
Au départ, nos questions pour l'Agence étaient plutôt franches, mais le refus systématique et l'entêtement de cette dernière à ne pas fournir les informations demandées par le Comité spécial ont éveillé un certain nombre de soupçons. De plus, nous avons depuis pris connaissance de certaines informations qui sont extrêmement préoccupantes.
En mai dernier, le Globe and Mail rapportait que le Service canadien du renseignement de sécurité avait recommandé que deux chercheurs, la Dre Qiu et son conjoint, le Dr Cheng, n'aient plus accès au laboratoire de Winnipeg pour des raisons de sécurité nationale. Pourquoi? Le SCRS avait aussi des préoccupations, notamment en matière de transfert de propriété intellectuelle, par rapport aux données transmises par le couple et leurs étudiants à la Chine.
Toujours en mai dernier, le même quotidien a rapporté qu'au moins sept scientifiques du laboratoire de Winnipeg collaboraient avec l'armée chinoise, publiant conjointement plusieurs articles. Un chercheur, le professeur Feihu Yan, qui travaillait directement pour l'Armée populaire de libération de la Chine, a malgré tout pu travailler dans les installations du Laboratoire national de microbiologie de Winnipeg.
Ce qu'on en comprend, c'est qu'il semble y avoir eu une certaine désinvolture sur le plan de la sécurité nationale de la part des autorités canadiennes. Lorsque le Parlement a cherché à aller au fond de cette apparente désinvolture, le gouvernement a invoqué des motifs tout à fait fallacieux pour tenter de se soustraire à l'obligation de lui rendre des comptes.
Il était déjà assez troublant de voir l'Agence de la santé publique du Canada refuser de répondre aux questions des parlementaires. Ce l'a été davantage de voir le et des ministres faire exactement de même en répondant à des parlementaires lors de la période des questions orales que les deux personnes ont été congédiées et qu'il est malheureusement impossible de fournir davantage d'information. Ce faisant, le premier ministre et les ministres en question risquent également de porter atteinte aux privilèges de la Chambre.
J'en reviens à ce que je disais au début de mon allocution: ce dont il est question ici, au-delà de la joute partisane, c'est la suprématie du Parlement en vertu du privilège parlementaire dont fait état la Constitution canadienne sur les lois ordinaires de ce pays, derrière lesquelles ce gouvernement — on croyait que c'était simplement l'Agence, mais on a maintenant la preuve que c'est le gouvernement au complet — se cache pour refuser aux parlementaires les informations qui lui sont demandées. Dans les circonstances, nous n'aurons d'autre choix que d'appuyer la motion présentée par notre collègue.
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Madame la Présidente, je suis heureux de participer à ce débat aujourd’hui. Je crois qu’il s’agit d’un débat extrêmement important, qui porte principalement sur le pouvoir qu’ont les députés de s’acquitter de leur obligation de demander des comptes au gouvernement et d’être, comme on l’a déterminé, les protecteurs ultimes de la démocratie dans ce pays, une fois qu’ils ont été élus. Je dis cela après avoir écouté des discours très complets, notamment de la part de députés chevronnés comme le député de et le député de , qui ont parlé de ces questions importantes.
Je fais écho à la question du député de , je suppose, à savoir pourquoi cette motion est le sujet d'une journée de l’opposition, puisqu’il n’y a pas eu d’ordre de renvoi à la Chambre de la part du comité parlementaire, le Comité spécial sur les relations sino-canadiennes. Je pense que la question aurait pu être traitée de cette façon. Cela découle peut-être de la raison pour laquelle le gouvernement semble avoir politisé cette question au lieu de la traiter comme une motion sérieuse concernant le devoir des parlementaires, ce qui est la façon dont je souhaite la traiter. Je pense que c’est une question que la Chambre devrait traiter ainsi.
Après tout, nous sommes en présence du résultat d’une décision unanime du Comité des relations sino-canadiennes, le résultat de nombreuses délibérations, d’un examen approfondi et de divers amendements apportés à la motion afin qu'elle obtienne un appui unanime. Nous étions unanimement d’avis que le comité avait besoin et avait le droit d’obtenir les documents dans leur forme non expurgée, afin de pouvoir s’acquitter de son devoir de diligence raisonnable qui consiste à déterminer si le gouvernement, par l’intermédiaire de l’Agence de la santé publique du Canada, retenait des documents dont nous avions besoin pour faire notre travail.
Nous devons replacer cette affaire dans le contexte du Comité spécial sur les relations sino-canadiennes. Ce comité a été formé pour une très bonne raison, compte tenu des circonstances dans lesquelles nous nous trouvions à l’automne 2019 avec la situation avec la Chine. Un certain nombre de choses fort inquiétantes se passaient, notamment la détention de Michael Kovrig et Michael Spavor, ainsi que des relations préoccupantes et des questions qui avaient été soulevées. Par exemple, on s’est inquiété de la coopération entre l’Armée populaire de libération de la Chine et les Forces armées canadiennes pour un exercice d'entraînement, qui a été annulé par la suite en raison des préoccupations en matière de sécurité soulevées par certains de nos alliés.
Nous avons entendu des témoignages au comité sur les relations sino-canadiennes concernant l’influence étrangère au Canada et l’intimidation de Canadiens, d’étudiants chinois et d’autres ressortissants chinois au Canada, ce qui a suscité des inquiétudes. Nous nous sommes demandé si les organismes gouvernementaux, les forces policières et d’autres organismes avaient pris des mesures appropriées à cet égard. Nous étions inquiets de l’influence exercée par la Chine, par le biais de ses agences et d’autres moyens, sur la recherche et la saisie de la propriété intellectuelle dans nos universités et autres institutions.
Cette question a été soulevée en ce qui concerne l’Agence de la santé publique du Canada. Le comité était préoccupé par le niveau de collaboration avec les chercheurs chinois, en particulier avec l’Institut de virologie de Wuhan, en Chine, puis par les indications de coopération avec des chercheurs associés à l’Armée populaire de libération, ainsi qu’avec son autre laboratoire en Chine, qui effectue des recherches à des fins militaires.
Ces préoccupations étaient sérieuses. Elles étaient légitimes. Elles concernaient la relation entre le Canada et la Chine, les mesures que le Canada prenait pour se protéger et la question de savoir s’il le faisait correctement. Ce sont des questions très préoccupantes, et le comité, dans le cadre de son obligation de s’acquitter de la tâche que le Parlement lui a confiée, a fait ce travail. En fait, nous savons tous ce que l’Agence de la santé publique du Canada a décidé lorsque nous lui avons demandé des documents sur l’incident préoccupant que l'on sait qui concerne les deux chercheurs qui ont été escortés hors du laboratoire de Winnipeg et que l’Agence de la santé publique du Canada a ensuite renvoyés.
C’est une affaire que nous avons examinée de bonne foi pour tenter de découvrir les faits et d’établir si les préoccupations soulevées ont été traitées de façon appropriée et si d’autres préoccupations que le Canada pourrait avoir à l’égard de cette affaire n’ont pas été prises en compte comme il se doit. En fait, comme l’a souligné le député de , notre travail consiste, en partie, à veiller à ce que, si quelque chose ne va pas — et c’était clairement le cas —, ce genre d’activité ne se reproduise pas.
Il s’agit d’un exercice normal de la fonction parlementaire qui est soutenu par la loi, par notre Constitution et par nos règles de procédure. Comme cela a été souligné, cette fonction est très bien établie, mais elle ne l’a pas été pendant longtemps. Elle a été établie par le Parlement dans la décision classique et séminale du Président Peter Milliken en avril 2010, dans une affaire où il fallait qu’un comité parlementaire, un autre comité spécial, puisse obtenir des documents dans le cadre d’une enquête sur les activités du Canada en Afghanistan par rapport à ses obligations envers les prisonniers de guerre en vertu de la Convention de Genève.
Il s’agissait d’un degré de préoccupation et d’évaluation beaucoup plus élevé, et le refus du gouvernement de l’époque de mettre ces documents à la disposition du comité spécial sur l’Afghanistan a finalement donné lieu à des ordres de la Chambre et à des mesures subséquentes, que je n’aborderai pas en détail ici. Cependant, l’importance de la décision du Président Milliken est que, en vertu de la Constitution, en particulier de l’article 18, de la Loi sur le Parlement du Canada et des règles et procédure de la Chambre, il s’agissait d’une question qui devait très clairement être délimitée et que le Président a délimitée.
Bien sûr, notre comité avait accès à cette information pour ses décisions. Lorsque nous avons fait les demandes de renseignements décrites par le député de et le député de , nous n’avons pas reçu les documents, et les raisons qui nous ont été données avaient trait à des lois, comme la Loi sur la protection des renseignements personnels, et à l’argument de la sécurité nationale. Eh bien, cela ne donne pas nécessairement lieu à des préoccupations en matière de sécurité nationale, mais nous avons été privés de ces documents.
Dans l’application courante de la loi, les décisions prises par l’Agence de la santé publique, qui refuse de divulguer ces documents, étaient, en réalité, déjà déterminées par la procédure parlementaire et par nos propres règles de procédure: soit que la Loi sur la protection des renseignements personnels n’est pas, en fait, une raison de refuser à des députés l’accès à ces documents.
Dans son rapport sur les demandes d’accès à l’information et le privilège parlementaire, le Comité permanent de la procédure et des affaires de la Chambre déclarait déjà en 1991, que « [p]uisque les privilèges parlementaires font partie de la Constitution, les lois doivent être interprétées et appliquées en conformité avec eux, et si des dispositions législatives sont incompatibles, elles deviennent “inopérantes” [...] ». Par conséquent, les affirmations de l’Agence de la santé publique du Canada, et de M. Stewart en son nom, selon lesquelles elle ne pouvait pas mettre des documents à la disposition des députés siégeant à un comité parlementaire ont déjà, en fait, été rejetées et invalidées.
La règle précise énoncée dans la Loi constitutionnelle de 1982, à l’article 52, stipule que « [l]a Constitution du Canada est la loi suprême du Canada; elle rend inopérantes les dispositions incompatibles de toute autre règle de droit ». Ce que l’Agence de la santé publique du Canada a fait valoir à notre comité, pour le compte du gouvernement du Canada, c’est qu’elle était tenue par la Loi sur la protection des renseignements personnels de ne pas mettre ces documents à notre disposition, en tant que députés, alors que notre Constitution dit clairement que des lois de cette nature sont inopérantes.
Voilà à quoi nous avons été confrontés en tant que comité, et voilà pourquoi il n’est pas étonnant que les membres du Comité spécial sur les relations sino-canadiennes, y compris, comme je l’ai souligné, des députés chevronnés comme le député de , le député de et, bien sûr, le , qui siégeait lui aussi au comité, un autre député chevronné, et les autres députés ont appuyé à l’unanimité une motion visant à rejeter la justification et les raisons évoquées par l’Agence de la santé publique du Canada pour refuser de divulguer les documents sous une forme non caviardée.
Il n’est pas fréquent de voir des déclarations aussi arrêtées sur des points de droit, mais il est assez évident que la décision du président Milliken, décision majeure qui a probablement préséance sur toutes les autres dans les annales des démocraties parlementaires selon le modèle de Westminster, est importante. Dans les citations qui nous ont été fournies dans les décisions du président Milliken et d’autres faisant autorité, il n’y a aucune limite aux pouvoirs des comités d’exiger la production de documents par des organismes privés ou des particuliers, à condition que les documents soient pertinents pour leurs travaux tels qu’ils sont définis par renvoi. Lorsque des comités parlementaires ont ordonné la production de documents par l’industrie nationale, les avocats privés ont tous fourni et produit des documents se rapportant à leurs clients. Des organismes de réglementation établis sous le régime d’une loi ont reçu l’ordre de produire des documents dont la divulgation était par ailleurs assujettie à des restrictions législatives.
Il est clair que le Parlement n’est pas lié par ces dispositions législatives et, comme des décisions antérieures en font foi, il n’y a pas de limite au pouvoir du Parlement d’obtenir l’accès à des documents. Des précautions devraient être prises et je pense que notre comité a prévu dans la motion dont nous sommes saisis des dispositions pour garantir que les documents ne seront pas rendus publics à moins que le Comité, ayant eu l’occasion de les examiner, ne soit convaincu qu’ils peuvent l'être.
Il est évident que la motion dont la Chambre est saisie précise que le Comité, même s’il a le pouvoir de rendre publics des documents, n’est pas tenu de le faire pour formuler des recommandations ou des conclusions. Cela assurerait une protection suffisante par rapport à toute question de sécurité nationale liée à la révélation de détails d’une enquête en cours. Au lieu de rendre les renseignements publics, le Comité peut toujours s’en servir pour formuler des conclusions et des recommandations dans tout rapport ultérieur à la Chambre. Je pense que cette disposition a sa raison d’être. Il s’agit de veiller à ce que le Comité puisse faire preuve de diligence raisonnable en s’acquittant de ses obligations et de demander des comptes au gouvernement. Il pourra porter la mesure à l’attention de la Chambre, au besoin, sans rendre publics des renseignements qui ne devraient pas l’être.
Je pense que nous avons indiqué très clairement que, dans le cadre de compétence du Comité et des pouvoirs qui lui sont conférés par la Constitution, par la décision du président Milliken et les privilèges du Parlement, il est de notre ressort, en tant que députés, de remplir cette fonction.
D'aucuns pourraient ne pas souscrire à cette position. Je pense que nous avons déjà entendu des arguments à ce propos, mais il revient à la Chambre elle-même ou aux membres de la Chambre de déterminer la façon judicieuse de sauvegarder les intérêts nationaux par rapport à ces questions. Nous sommes dans une situation où le Comité spécial sur les relations sino-canadiennes a la possibilité de le faire grâce à l’expérience de membres chevronnés de cette Chambre ainsi qu’aux conseils du légiste et conseiller parlementaire, qui est l’avocat du Parlement.
Le légiste et le conseiller parlementaire donnent des avis juridiques aux députés. En l’occurrence, les députés, représentés par quatre partis à la Chambre qui ont le statut de parti, sont tous présents et ont présenté une motion unanime demandant que ces documents soient mis à leur disposition dans l’exercice de leurs fonctions parlementaires. Il me semble qu’il s’agit d’une question constitutionnelle et parlementaire, ainsi que d’une question importante par rapport aux relations du Canada avec la Chine. Le comité devrait être en mesure de faire son travail et de le faire correctement.
Je regrette que certains députés du Parti libéral qui se sont exprimés, notamment la , cherchent à en faire une question partisane. C’est regrettable. Nous devons reconnaître qu’il y a des moments graves en cette Chambre où nous devons regarder les privilèges des députés, les prendre au sérieux et mettre de côté les querelles partisanes pour faire en sorte que le Parlement fonctionne dans le respect des règles fondées sur des précédents et pour reconnaître que dans notre régime parlementaire, le Parlement est l’instance suprême. C’est le Parlement qui a le pouvoir et le contrôle ultime pour ce qui est de décider si un gouvernement exerce le pouvoir ou pas. Il ne s’agit manifestement pas d’une motion de confiance, mais la question est de savoir si la Chambre doit appuyer la motion d’un comité qui demande que des documents soient mis à sa disposition dans la conduite normale de ses activités.
Il s’agit de toute évidence d’une question dont le comité est saisi en bonne et due forme. La question très importante, en fait, suffisamment importante pour que le comité décide à l’unanimité de continuer de demander à avoir accès à la documentation dont il a besoin pour mener son étude.
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Monsieur le Président, je vais partager mon temps de parole avec la députée de .
De nos jours, on parle beaucoup des théories du complot. Une théorie du complot, c’est l’idée qu’une organisation secrète ou un groupe d’individus contrôle et dirige les événements publics dans un but néfaste. Une théorie du complot suppose que les événements sont contrôlés, coordonnés et dirigés, et ce dans une plus large mesure qu’il n’y paraît à première vue. Les théories du complot supposent que quelqu’un, quelque part, coordonne en fin de compte tout ce qui se passe.
Dans le cas des événements qui se sont déroulés au laboratoire de microbiologie de Winnipeg et à l’Institut de virologie de Wuhan, il est clair qu’il n’y a pas eu de complot. En fait, ce que nous voyons est tout le contraire d’un complot. Ce que nous voyons de la part du gouvernement, c’est un manque extrême de coordination, de sensibilisation et de compétence élémentaire. Ce n’est pas que le gouvernement essaie secrètement de contrôler nos vies, mais plutôt qu’il est incapable de contrôler quoi que ce soit, y compris même de maîtriser adéquatement ses propres opérations pour garantir le fonctionnement sûr des institutions publiques essentielles.
Les théories du complot surestiment toujours largement la compétence du gouvernement, et dans ce cas, c’est la puanteur de l’incompétence manifeste, et non le complot, qui devrait être le moteur de nos préoccupations.
En ce qui concerne ce qui s’est passé à Winnipeg et à Wuhan, il y a beaucoup de choses que nous ignorons encore, et c’est pourquoi l’opposition cherche à obtenir, par le biais de notre motion d’aujourd’hui, des documents qui permettront d’élucider davantage la situation. Il y a beaucoup de choses que nous ne savons pas, mais voici ce que nous savons jusqu’à présent.
Nous savons que deux scientifiques du laboratoire de microbiologie de Winnipeg ont envoyé les virus mortels Ebola et Henipah à l’Institut de virologie de Wuhan, en Chine, en mars 2019. L’Institut de virologie de Wuhan a des liens avec l’armée chinoise et se livre à des expériences dites de « gain de fonction ».
Les expériences de gain de fonction sont des expériences par lesquelles des efforts sont faits pour rendre un virus plus mortel ou plus contagieux à des fins de recherche. Par conséquent, nous savons que des virus mortels ont été envoyés du Canada à un laboratoire en Chine, et que ce laboratoire a pour mandat de créer de nouveaux virus plus dangereux et de collaborer avec l’armée chinoise.
Nous savons également que les responsables américains avaient déjà soulevé de sérieuses inquiétudes quant à la sécurité de l’Institut de virologie de Wuhan avant l’envoi de ces virus canadiens. Les responsables de l’ambassade américaine ont envoyé des câbles faisant état d’une « grave pénurie de techniciens et d’enquêteurs dûment formés, nécessaires pour faire fonctionner en toute sécurité ce laboratoire à niveau de confinement élevé ». Ces câbles ont été envoyés une année entière avant que le Canada ne procède au transfert de son propre virus mortel à Wuhan.
Nous savons, selon des sources du Globe and Mail, que l’Agence de la santé publique a révoqué l’habilitation de sécurité de deux scientifiques sur la recommandation du SCRS. Le SCRS s’intéressait à des interlocuteurs de la Dre Qiu en Chine et à la propriété intellectuelle qui aurait pu être remise aux autorités chinoises.
Nous savons que deux scientifiques impliqués dans ce transfert de virus mortels ont été expulsés quelques mois après, ainsi que plusieurs étudiants chinois, pour de soi-disant « violations de politiques ». Ils ne travaillent plus au laboratoire, bien que nous ne sachions toujours pas pourquoi.
Nous sommes au courant également des liens explicites entre le laboratoire de Winnipeg et des chercheurs militaires chinois. Par exemple, Feihu Yan, qui n’est pas l’un des deux scientifiques impliqués dans le transfert d’Ebola et de Henipah, venait de l’Académie des sciences médicales militaires de l’Armée populaire de libération.
L'implication de l’Académie des sciences médicales militaires aurait dû provoquer une réaction. Cela aurait dû déclencher une prise de conscience que peut-être quelque chose se passait. Or, la personne impliquée dans le laboratoire des sciences médicales militaires de l’APL a travaillé au laboratoire de Winnipeg et a même coécrit un certain nombre d’articles, dans lequel elle déclare ouvertement son affiliation simultanée à l’académie de l’APL et au laboratoire de Winnipeg. En d’autres termes, ce scientifique militaire chinois se cachait au grand jour. Il semble que le gouvernement ne savait pas ou ne se souciait pas de la coopération entre un laboratoire canadien supposé de haute sécurité et l’armée chinoise.
Pour résumer, nous savons qu’il y a eu coopération entre le seul laboratoire de niveau 4 du Canada, un laboratoire censé être si secret que la plupart des chercheurs canadiens ne peuvent y avoir accès, et l’armée chinoise. Nous savons que des virus mortels ont été transférés du seul laboratoire de niveau 4 du Canada à l’Institut de virologie de Wuhan, en dépit des graves préoccupations concernant les protocoles de sécurité de Wuhan déjà soulevées par les Américains. Nous savons que d’autres personnes ayant des liens avec l’armée chinoise travaillaient au laboratoire de Winnipeg. Nous savons également que les personnes responsables du transfert de virus mortels ainsi que d’autres ont été expulsées du laboratoire par la suite, suivant la recommandation du SCRS.
Nous savons, en général, que le gouvernement chinois dirige de vastes opérations qui tentent d’influencer l’orientation des discussions dans les universités et de s’approprier de la propriété intellectuelle qui servira ses intérêts nationaux. L’influence exercée sur les institutions de recherche par le biais de diverses associations et par des menaces de retrait du financement des étudiants est bien connue et bien établie. En effet, c’est un élément essentiel du mode de fonctionnement du gouvernement chinois. Il tente d’utiliser les partenariats de recherche avec des pays étrangers pour apprendre et absorber des technologies pour des applications civiles et militaires, y compris pour les horribles violations des droits de la personne qui ont lieu en Chine en ce moment même.
Nous savons également que l’épidémie de COVID-19 a débuté à Wuhan. À première vue, il semblerait que ce soit une coïncidence très étrange qu’une pandémie impliquant un nouveau coronavirus émerge de la même région où des expériences de gain de fonction sont menées sur des coronavirus dans un laboratoire présentant des défaillances connues en matière de sécurité, et que cette pandémie n’ait rien à voir avec le laboratoire en question.
La discrétion plus qu’agressive du gouvernement chinois sur les informations concernant l’origine de ce virus indique clairement qu’il s’agit d’une dissimulation. À l’heure actuelle, de nombreux experts indépendants, y compris le Dr Fauci, ont reconnu que la théorie de la fuite en laboratoire est crédible et nécessite une enquête plus approfondie.
Il y a deux semaines tout au plus, les libéraux considéraient encore comme une théorie du complot l'idée que le virus proviendrait d'une fuite de laboratoire. Maintenant, le gouvernement a changé d’avis et soutient les efforts du président Biden pour faire la lumière sur les événements. Ce revirement est bienvenu. Cependant, si nous voulons faire la lumière sur ce qui s’est produit dans des laboratoires contrôlés par le gouvernement chinois et affiliés à son armée, nous allons aussi devoir faire la lumière sur la relation qui existait entre la recherche militaire en Chine et notre propre laboratoire de Winnipeg.
La théorie d’une fuite ne fait pas mention d'un complot. Elle suppose plutôt de l’incompétence. Tout comme il semble qu’il y ait eu de graves manquements à la sécurité au laboratoire de Winnipeg, qui n’a pas su protéger nos activités de recherche contre l’espionnage et qui a établi une coopération mal avisée avec l’armée chinoise, il se peut qu’il y ait eu de graves manquements au laboratoire de Wuhan qui auraient conduit à la fuite d’un nouveau virus ayant maintenant tué plus de trois millions et demi de personnes.
Personne à la Chambre ne suggère que la COVID-19 a été fabriquée dans un laboratoire de Winnipeg ou que des coronavirus ont un jour été transférés du Canada vers la Chine. Toutefois, nous nous interrogeons sur le degré de coopération en général qu'il semble y avoir eu entre Winnipeg et différents laboratoires chinois affiliés à l’armée chinoise, notamment celui de Wuhan. Nous posons ces questions parce que tout ce que nous avons appris jusqu’à présent révèle une grande naïveté, voire un aveuglement volontaire de la part du gouvernement lorsqu’il s’agit de la biosécurité du Canada.
Il n’y a pas de complot. La vérité est peut-être encore plus alarmante, à savoir que les politiciens censés protéger notre santé et de notre sécurité ont fait preuve d'une incompétence crasse et n’ont absolument pas compris les risques associés à l’ouverture de nos portes aux chercheurs et aux institutions militaires de la Chine.
Nous savons certaines choses et nous en ignorons d'autres, mais ce qui a été fait dans l’obscurité doit maintenant être exposé au grand jour. Les Canadiens doivent savoir dans quelle mesure le milieu canadien de la recherche a contribué à des expériences dangereuses menées par le secteur militaire chinois. Les Canadiens doivent savoir à quoi s'en tenir pour exiger que le gouvernement rende des comptes et mette en place de protocoles clairs pour protéger la sécurité et les intérêts nationaux et atténuer le risque de pandémie mondiale catastrophique.
En mars, le Comité sur les relations sino-canadiennes a entendu le témoignage d’Iain Stewart, président de l’Agence de la santé publique du Canada, à ce sujet. La seule information utile que nous avons pu tirer de sa comparution est que les laboratoires canadiens ne semblaient pas faire preuve de diligence raisonnable avant de transférer des virus mortels pour vérifier comment les virus allaient être utilisés. Pour le reste, il a complètement refusé de répondre aux questions.
Le Comité a donc adopté deux motions distinctes ordonnant à l’ASPC de remettre des documents. Le Comité n’insistait pas pour rendre ces documents publics. Reconnaissant les problèmes potentiels de sécurité nationale en jeu, le Comité a ordonné la production des documents aux fins d’examen à huis clos, mais même alors, l’Agence a refusé de s’y conformer.
Je ne serais pas étonné que ces documents renferment des renseignements embarrassants pour le gouvernement, y compris des renseignements sur de graves manquements à la sécurité. Le fait est que, selon la loi, le gouvernement doit remettre ces documents. Les comités parlementaires ont le droit absolu de demander des documents. Ce droit est établi dans notre Constitution. Il prime sur le droit législatif et il a été reconnu dans la décision du président Peter Milliken qui fait jurisprudence.
Tous les députés libéraux au Comité sur les relations sino-canadiennes se sont dits d'accord sur le fait que les comités ont le droit de demander la production de ces documents. En fait, c’est la députée libérale de qui a proposé la deuxième motion ordonnant la production de ces documents, une motion adoptée à l’unanimité par le Comité.
À l’époque, à propos du refus de son propre gouvernement de remettre les documents, le avait déclaré que « les avocats n’ont pas toujours raison, en particulier ceux du ministère de la Justice ». Il avait ajouté: « Je dis cela pour mettre en garde l’Agence de la santé publique du Canada et lui suggérer d’obtenir une deuxième opinion. [...] Elle doit avoir une deuxième opinion, parce que je pense que le ministère de la Justice ne lui donne pas les conseils les plus judicieux ».
La loi est claire. Tous les membres libéraux du Comité conviennent que le gouvernement doit divulguer ces documents. Lorsqu’il s’agit de la divulgation de documents, il semble que nous nous trouvons à nouveau dans une situation où les libéraux pensent que la loi ne s’applique pas à eux. Le gouvernement trouve peut-être difficile de reconnaître à quel point son incompétence a mis en danger la sécurité des Canadiens et la recherche canadienne.
Admettre qu’il y a un problème et divulguer tous les renseignements est la première étape pour trouver la solution dont nous avons besoin. Amorçons le processus pour aller au fond des choses. La lumière du soleil est le meilleur désinfectant. Prenons connaissance des documents afin que nous puissions régler le problème, tenir le gouvernement responsable et, surtout, veiller à ce que ces graves manquements à la sécurité qui compromettent la santé et la sécurité des Canadiens ne se reproduisent plus jamais.
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Monsieur le Président, nous débattons aujourd’hui d’une motion qui porte sur une situation très curieuse — c'est le moins que l'on puisse dire — qui a commencé en grande partie le 31 mars 2019.
Avant de décrire cette situation, il est important de donner un peu de contexte sur la façon dont cela s’est passé. Beaucoup de Canadiens n’entendent parler du Laboratoire national de microbiologie qu’en passant, par exemple dans les communiqués du gouvernement. Le Laboratoire national de microbiologie, ou LNM, est en fait un établissement d'une grande importance au Canada.
J’ai grandi à Winnipeg. J’ai commencé ma carrière à l’Université du Manitoba, à la faculté de médecine, ainsi qu’au bureau de gestion de la propriété intellectuelle. Il y a beaucoup de travaux de recherches qui se font entre l’Université du Manitoba et le Laboratoire national de microbiologie. Ce sont des travaux très importants pour le Canada. Une grande partie de la recherche sur le vaccin contre le virus Ebola a été effectuée dans cette installation.
C’est une ressource très importante pour la recherche canadienne. Il possède également ce qu’on appelle un laboratoire de confinement de niveau 4. Cela signifie qu’il a la capacité de conserver des virus parmi les plus mortels et de les étudier en toute sécurité.
Ce dont nous débattons aujourd’hui, c’est du fait qu’un des chercheurs affiliés au Laboratoire national de microbiologie a coordonné, le 31 mars 2019, l’envoi des virus Ebola et Henipah. Il s’agit de deux virus très virulents et mortels provoquant des fièvres hémorragiques. Ils ont été envoyés de l’Agence de la santé publique du Canada à l’Institut de virologie de Wuhan via Winnipeg, Toronto et Pékin sur un vol commercial d’Air Canada. Ce n’est pas rien.
Quelques mois plus tard, le 5 juillet 2019, la chercheuse qui a fait cela, ainsi que ses étudiants, ont été escortés hors du laboratoire par l’Agence de la santé publique du Canada. C’est une question assez pressante sur laquelle le Parlement doit se pencher. Que s’est-il passé ici?
Je voudrais parler un peu de l’importance de la recherche et de la façon dont elle se déroule. Je ne veux pas donner l’impression que nous n’avons pas de contrôles en place. Ayant travaillé dans l’administration de la recherche dans une vie antérieure, qui semble de plus en plus lointaine au fil des jours, je sais que des protocoles sont généralement mis en place chaque fois qu’un agent ou du matériel biologique quelconque est transféré. Il existe en fait ce qu'on appelle des « accords de transfert de matériel ».
Si nous devons découvrir ce qui s’est passé ici, c'est pour savoir si les contrôles que nous avons au Canada sont adéquats et s’ils ont été observés dans cette situation. Que s’est-il passé? Quel a été le résultat? Nos contrôles sont-ils adéquats? Lorsqu’on parle d’une chose comme le virus Ebola, on pourrait penser que le public voudrait connaître cette information.
C’est certainement une question dont le Parlement devrait être saisi pour les raisons suivantes. Chaque fois que des agents biologiques sont transférés à l’extérieur du Canada, ou même à l’intérieur du Canada, nous avons la responsabilité fiduciaire de nous assurer que ce processus est éthique et qu’il respecte les normes d’éthique. Je pourrais passer 20 minutes à parler de ce que cela signifie, sur le plan des accords internationaux et des lois canadiennes. Nous devons nous assurer, franchement, que cette matière ne sera pas utilisée comme arme.
Nous devons nous assurer que tous ceux qui sont autorisés à travailler dans ces installations font l’objet d’un contrôle exhaustif et ne sont pas affiliés à des organisations qui pourraient ne pas avoir à cœur l’intérêt du Canada. Même sur un plan plus commercial, nous devons nous assurer que lorsque des matières sont transférées, la propriété intellectuelle, toutes sortes de nouveaux produits ou connaissances issus de cette recherche, est partagée de manière appropriée, conformément au droit canadien et international.
Nous devons découvrir ce qui s’est passé ici. Il est clair que quelque chose s’est passé. De l’Ebola a été transféré par des chercheurs affiliés au Laboratoire national de microbiologie, puis ils ont été escortés hors du laboratoire six mois plus tard. Puis de nombreuses autres choses bizarres se sont produites pendant cette période.
Il me semble que nous devrions maintenant débattre de ce qui s’est passé et de la nécessité d’améliorer les contrôles, mais ce dont nous débattons aujourd’hui, c’est du fait que le gouvernement libéral refuse de publier les documents relatifs à cet incident, ce qui est très inquiétant. La motion dont nous sommes saisis aujourd’hui, à laquelle les libéraux font franchement obstruction et à laquelle ils ont fait obstruction au comité de la santé, oblige le gouvernement à donner aux parlementaires des renseignements sur ce qui s’est passé afin que nous puissions évaluer si la procédure a été suivie. Je soupçonne qu’elle ne l’a pas été. Par la suite, nous pourrons faire en sorte que cela ne se reproduise plus jamais.
La motion dont la Chambre est saisie obligerait le gouvernement à rendre publics des documents pour que le Parlement, mais aussi les médias, puissent les examiner. Cette requête est bloquée à chaque étape du processus. Nous avons essayé d'obtenir ces documents à plusieurs reprises par l'entremise du processus du comité parlementaire. D'ailleurs, ce ne sont pas seulement ces documents que les libéraux bloquent. Des collègues qui siègent avec moi au comité de la santé ont été confrontés à de l’obstruction de la part du gouvernement sur quelque chose d’aussi simple qu’une motion visant à obtenir le programme du comité.
Selon un article paru dans le Globe and Mail aujourd’hui, le gouvernement libéral veut acheter du temps jusqu’à l’ajournement du Parlement. Je veux dire par là qu’il fait de l’obstruction pour que le Parlement ajourne à la fin du mois de juin sans avoir obtenu de réponses à ce sujet. Les conjectures abondent sur la possibilité que le déclenche unilatéralement des élections en septembre. Si rien ne s’est passé et que tout va bien, pourquoi ces documents sont-ils bloqués sur un sujet aussi grave que les questions relatives au transfert du virus Ebola? Je n’ai jamais rien vu de tel.
J’ai déjà travaillé moi-même dans le secteur de l’administration de la recherche universitaire. Il y a beaucoup de questions et de préoccupations très sérieuses. Des exigences administratives sont mises en œuvre dans l’espoir d’éviter des situations malencontreuses. Si le système fait défaut, il faut y remédier. Je dois dire que j'appuie sans réserve la collaboration internationale en matière de recherche, mais elle doit se faire dans un cadre de sécurité et d’intégrité. Cette motion arrive à un moment où le Canada, bien honnêtement, a un régime fragmenté de règles et de règlements disparates dans les différentes universités canadiennes, dans les centres de recherche nationaux, dans les installations de recherche d’entreprises et dans les centres de recherche internationaux. Je ne pense pas qu’il y ait une quelconque motivation politique ou partisane à dire que si un problème est survenu à cet égard, nous devons le régler et le Parlement doit proposer des moyens pour le régler.
On se pose beaucoup de questions dans le monde entier en ce moment sur ce qui s’est passé au laboratoire de Wuhan et sur une foule d’autres sujets. La question qui nous occupe concerne le Laboratoire national de microbiologie du Canada et un échantillon du virus Ebola. Nous devons savoir ce qui s’est passé, où le système a échoué, si des correctifs pertinents ont été apportés et si nous risquons que cela se reproduise. Je ne peux tout simplement pas croire que nous devions consacrer une journée de débat pour forcer les libéraux à produire des documents qui appartiennent au public.
Le public, les contribuables, les citoyens votants, bref toute la population du Canada, ont le droit de savoir ce qui s’est passé afin qu'on puisse faire en sorte que nos processus de recherche soient sûrs et intégraux. Il s’agit du virus Ebola. Pour être claire, nous ne devrions pas transférer de matériel sans y assortir des règles, mais il est question ici d’un pathogène de niveau 4. Une transparence absolue s’impose à ce sujet et je trouve choquant que nous devions imposer ce débat à la Chambre.
S’il n’y a rien à cacher et que tout va bien, pourquoi le gouvernement libéral retarde-t-il et entrave-t-il depuis le début la publication de ces documents relatifs au transfert du virus Ebola à la Chine?
J’espère que mes collègues libéraux voteront pour cette motion. J’espère qu’ils parleront à leurs collègues du gouvernement et qu’ils leur diront que nous devons adopter cette motion. J’espère que nous pourrons ensuite consacrer du temps à un débat sur la façon de renforcer le système afin que le Canada puisse participer à la recherche internationale sans devoir à composer avec des préoccupations de cette nature.
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Monsieur le Président, je partagerai mon temps de parole avec mon estimé collègue de .
Je suis heureux de parler aujourd’hui de l’importance de la recherche qui est essentielle pour la santé et le bien-être de tous les Canadiens de même que pour la prospérité de notre pays. Avant d'entrer dans le vif du sujet, je remercie les habitants de Vaughan-Woodbridge et de la région de York de ne pas avoir hésité à prendre rendez-vous pour recevoir le vaccin. Aujourd’hui, près de 73 % des habitants de la région de York des catégories admissibles ont reçu une première dose de vaccin contre la COVID-19. Tout le monde fait un travail fantastique. Je souhaite encourager tous les citoyens à continuer de prendre rendez-vous et de se tenir informés des mises à jour continues sur york.ca et sur mes canaux de communication. C’est la vaccination qui nous permettra de vaincre la pandémie. Continuons d’avancer ensemble.
Par ailleurs, nous sommes tous choqués et attristés par la nouvelle des mauvais traitements infligés aux enfants autochtones qui ont été envoyés dans des pensionnats et qui ne sont jamais rentrés dans leur famille. La perte de ces enfants, de ces âmes innocentes, est intolérable pour leur famille et pour les communautés auxquelles ils appartenaient. Il s’agit d’une page tragique et honteuse de l’histoire du Canada. La découverte faite au pensionnat indien de Kamloops est vraiment inconcevable.
Pour revenir à la motion de l’opposition, le soutien à la recherche est un élément essentiel des efforts déployés par le Canada à l'échelle nationale et internationale dans la lutte contre la COVID-19. Depuis le début de la pandémie mondiale, les chercheurs canadiens relèvent le défi à un rythme sans précédent. Le Canada a la chance de compter dans ses universités et son industrie certains des esprits les plus brillants et les plus novateurs du monde. Ces chercheurs se sont concertés pour faire progresser d’urgence des recherches importantes.
Par l’intermédiaire des Instituts de recherche en santé du Canada, le gouvernement travaille main dans la main avec des partenaires de recherche du Canada et du monde entier pour trouver des solutions à cette pandémie et protéger les Canadiens et leurs proches. Comme les députés le savent peut-être, ces instituts ont été les premiers organismes au monde financés par le gouvernement à lancer un appel ouvert pour la recherche sur la COVID-19, en février 2020. En réponse à l’émergence de la pandémie, ils ont rapidement mis l’accent sur la mobilisation et l’accélération de la recherche canadienne, tout en s’engageant à maintenir un portefeuille équilibré de recherche sur les contre-mesures médicales et sociales contre la pandémie et à soutenir le milieu de la recherche en cas de perturbations. Il s’agissait d’un effort pancanadien remarquable qui continue de fournir des données inestimables informant et guidant la réponse sanitaire à la COVID-19 dans tout le pays.
Le gouvernement est fier de soutenir la recherche canadienne qui a fait, et continue de faire, une réelle différence. Il n’est donc pas surprenant que le leadership et l’expertise scientifiques du Canada soient également reconnus dans le monde entier. Nos chercheurs universitaires, chefs de file dans leur domaine, ont établi des réseaux internationaux solides et fructueux, notamment avec des partenaires aux États-Unis et en Europe.
À l’échelle gouvernementale, nous collaborons étroitement avec nos homologues internationaux afin d’optimiser les résultats de la recherche sur la COVID-19 pour tous. Après tout, une menace sanitaire mondiale exige une action mondiale, et la collaboration s’est avérée éminemment précieuse pour mobiliser une réponse scientifique rigoureuse dès les premiers jours de la pandémie. C’est pourquoi nous avons pris des mesures rapides, de concert avec des partenaires mondiaux, pour tirer parti des partenariats de recherche internationaux existants et pour mettre en place de nouvelles mesures de collaboration efficaces.
Par exemple, le 31 janvier 2020, les instituts ont signé une déclaration commune avec Wellcome et 65 autres signataires afin de partager les données et les résultats de recherche concernant l’éclosion de la COVID-19. Peu de temps après, ils ont joué un rôle de premier plan dans le forum organisé par l’Organisation mondiale de la santé, qui a contribué à l’élaboration d’une feuille de route mondiale coordonnée pour la recherche.
Par l’intermédiaire des instituts, nous participons également à l’alliance Global Research Collaboration for Infectious Disease Preparedness: un consortium international regroupant 29 organismes de financement de la recherche dans le monde. Ce réseau joue un rôle important en facilitant la préparation et la recherche d’intervention rapide lors d’importantes épidémies de maladies infectieuses, dont la COVID-19. En fait, le fait que les instituts président actuellement ce consortium international témoigne du leadership scientifique du Canada. Au fur et à mesure que les efforts et les résultats de la recherche sur la pandémie se sont accélérés grâce aux instituts, le gouvernement a signé une déclaration commune avec des partenaires internationaux pour s’assurer que les données résultant des essais cliniques étaient divulguées publiquement et en temps opportun.
Pendant ce temps, le directeur scientifique de l'Institut de la santé publique et des populations, qui relève des Instituts de recherche en santé du Canada, a dirigé un projet international visant à déterminer les besoins prioritaires en recherche pour reconstruire après la pandémie tout en sauvegardant les progrès vers l'atteinte des objectifs de développement durable de l'ONU. Ce vaste effort de collaboration a mené au Schéma directeur de l'ONU en matière de recherche pour le redressement post-pandémique, qui a été publié en novembre 2020.
Alors que nous prenons des mesures avisées pour bâtir un Canada plus fort, plus prospère et plus résilient, le gouvernement investira davantage pour renforcer la coopération internationale dans les domaines scientifiques. Nous croyons à la science. Il s'agit notamment d'assurer une mobilisation en matière de prévention et de gestion des pandémies futures, sans oublier les autres menaces sanitaires mondiales qui pourraient se profiler à l'horizon.
Il faut aussi tirer parti des résultats de nos projets de recherche internationaux pour renforcer le secteur canadien des sciences de la vie et revitaliser notre capacité intérieure dans les domaines de la biofabrication et de l'innovation médicale. La collaboration internationale a été un élément essentiel de la mobilisation réussie des milieux de la recherche, tant au Canada que dans le monde, bien avant l'arrivée de la pandémie et pour y réagir.
Des relations de longue date avec des partenaires internationaux, qui ont été établies à la suite d'autres problèmes de santé comme le VIH-sida, la résistance aux antimicrobiens et la démence, ont permis d'effectuer des travaux de recherche rapides sur la pandémie.
En ce qui concerne l'avenir, nous sommes encouragés par les récents développements, comme les efforts du G7 pour combler les lacunes et améliorer l'efficacité de la coopération scientifique, y compris dans les essais cliniques. Pour y arriver, il faut notamment supprimer les obstacles et rendre la recherche clinique plus efficace au moyen d'une meilleure représentation des diverses populations de partout dans le monde, tout en continuant à tenir compte des besoins et du contexte de notre pays.
Au Canada, nous devons absolument demeurer résolus à soutenir la recherche sur la santé autochtone, qui est dirigée par les communautés, qui est pertinente et qui est adaptée à la culture. Par l'entremise du programme d'intervention rapide des Instituts de recherche en santé du Canada...
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Monsieur le Président, la recherche et la coopération en matière de recherche internationale sont évidemment très importantes pour moi, pour le gouvernement et pour le monde entier, afin de combattre la pandémie de COVID-19 et de veiller à ce que nos intérêts en matière de sécurité nationale soient pris en compte et protégés. Nous devons également veiller à ce qu’il y ait une coopération internationale entre toutes les parties lorsqu’il s’agit de propriété intellectuelle et de questions de ce genre.
Je remercie le député de , en Alberta, pour son intervention, mais je tiens également à souligner que la recherche et la science sont d’une importance fondamentale pour le gouvernement, contrairement à des gouvernements précédents.
À l’échelle mondiale, nous reconnaissons que les risques communs, comme les pandémies et les changements climatiques, exigent une action collective. C’est pourquoi le gouvernement, par l’entremise des Instituts de recherche en santé du Canada, a lancé hier un nouveau cadre d’action pour la recherche en santé mondiale qui mobilisera la recherche canadienne afin d’avoir le plus grand impact possible sur la santé et l’équité en santé.
Tandis que nous travaillons à renforcer la recherche internationale, nous sommes également conscients du fait qu’il est crucial de sauvegarder notre investissement dans la recherche, la propriété intellectuelle du Canada sur notre grande économie. C’est pourquoi, en collaboration avec le milieu universitaire et l’industrie, nous prenons des mesures pour cerner et minimiser les risques de sécurité, protéger les données et diffuser les pratiques exemplaires au milieu de la recherche. Par exemple, le gouvernement a lancé cet automne un portail de sécurité en ligne pour aider les scientifiques de tout le pays à évaluer leur degré de risque et à protéger leurs travaux. Nous sommes déterminés à faire preuve de vigilance et, avec nos partenaires, nous ferons le nécessaire pour protéger l’innovation canadienne.
Bien que nous soyons optimistes quant à l’avenir et à ce que nous pouvons accomplir grâce à la coopération internationale en matière de sciences, la priorité absolue pour les Canadiens demeure un rétablissement rapide de la pandémie. Il s’agit notamment de faire face aux répercussions immédiates et aux éventuelles répercussions à long terme de la COVID-19. À mesure que nos connaissances sur la pandémie évoluent, de même que les besoins des Canadiens, le gouvernement, par l’entremise des Instituts de recherche en santé du Canada, continue de financer la recherche pour combler les lacunes dans les domaines prioritaires de l’étude de la COVID-19.
Dans le cadre de la stratégie fédérale sur les variants préoccupants, les instituts ont une fois de plus cette année mobilisé la communauté de recherche pour répondre aux variants de la COVID-19 qui émergent dans le monde. Cela comprend le soutien à la coordination de la recherche au Canada et avec des partenaires mondiaux afin de fournir aux décideurs des conseils rapides concernant la pharmacothérapie, l’efficacité des vaccins et nos stratégies de santé publique.
Nous comptons sur notre collaboration soutenue avec nos partenaires canadiens et internationaux, notamment l'OMS, à propos de cette question importante. Nous continuons également de soutenir les efforts de chercheurs canadiens, y compris ceux qui travaillent avec des collègues étrangers à l'étude d'autres préoccupations nouvelles, comme la maladie post-COVID, aussi appelée la COVID longue.
Les chercheurs canadiens font un travail d'avant-garde au sujet de la COVID-19 en se concentrant sur les besoins des personnes et des communautés à l'échelle du pays, tout en participant aux efforts internationaux de lutte contre la menace sanitaire mondiale.
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Monsieur le Président, je suis heureux de participer au débat sur la motion des conservateurs. Je prends la parole depuis Sault Ste. Marie, qui est le territoire traditionnel de la Première Nation de Garden River, de la Première Nation de Batchewana et du peuple métis. Je tiens à souligner que la découverte des 215 tombes nous attriste beaucoup. Nous sommes résolus à parvenir à la vérité et à la réconciliation et nous poursuivrons nos efforts en ce sens.
La science et la recherche sont plus importantes que jamais. Comme la pandémie mondiale l’a démontré, la science et la recherche doivent être au premier plan pour nous aider à relever les défis économiques, environnementaux et sociaux.
En réponse à la pandémie de COVID-19, nous avons mobilisé les chercheurs canadiens et les entreprises du secteur des sciences de la vie pour soutenir les efforts à grande échelle de lutte contre la COVID-19. Dans le cadre de son Fonds de réponse à la COVID-19 de plus d’un milliard de dollars, le gouvernement a investi 217 millions de dollars dans la recherche sur les coronavirus et les contre-mesures médicales pour faire avancer les projets entrepris par les chercheurs universitaires et autres.
Nous avons également soutenu la mobilisation des experts de la communauté scientifique, politique et de la santé du Canada pour lancer le réseau CanCOVID. Hébergé par l’Université de Toronto, ce réseau d'intervention rapide relie les chercheurs qui s’intéressent à différents aspects de la pandémie, du diagnostic à l’étude des répercussions sur les populations vulnérables.
Les conseils d’experts de la communauté des chercheurs et de l’industrie ont été un élément clé de notre réponse. Le gouvernement s’appuie sur un processus décisionnel fondé sur des données probantes dans ces domaines et dans d’autres.
Par exemple, la conseillère scientifique en chef du Canada convoque des comités d’experts pour évaluer l’état des connaissances sur les questions clés liées à la pandémie. Un groupe de travail sur les vaccins, composé d’experts en vaccins et en immunologie et de chefs de file de l’industrie, a également été créé afin de fournir des conseils sur la stratégie du Canada en matière de vaccins.
Toutefois, notre engagement envers la science n’a pas commencé avec la pandémie. Depuis 2016, le gouvernement a engagé plus de 13 milliards de dollars pour soutenir la recherche et les sciences partout au Canada. Prenant appui sur ces investissements, le budget de 2021 comprend plus de 3 milliards de dollars de nouveaux fonds pour les chercheurs et les scientifiques canadiens. Cela comprend un soutien à la recherche de pointe en sciences de la vie, à la biotechnologie et aux stratégies nationales en matière d’intelligence artificielle, de quantique et de génomique.
Ce soutien reconnaît l’importance de la science et de la recherche pour relever les défis futurs et comme pilier de notre stratégie de croissance économique. Le budget propose notamment d'affecter plus de 440 millions de dollars sur 10 ans pour soutenir une stratégie pancanadienne en matière d’intelligence artificielle; 360 millions de dollars sur sept ans pour lancer une stratégie quantique nationale; et 400 millions de dollars sur six ans à l'appui d'une nouvelle stratégie en matière de génomique. Chacune de ces stratégies contribuera à faire progresser les avantages technologiques clés du Canada et à faire en sorte que nous ayons de solides communautés de recherche, de talents et d’activités commerciales dans notre grand pays.
Le gouvernement du Canada reconnaît que les innovateurs canadiens ont besoin de notre soutien pour que notre économie profite des énormes possibilités de croissance qui se présentent. En tirant parti de nos forces et de notre talent, nous pouvons faire en sorte que les valeurs canadiennes soient intégrées à des plateformes technologiques mondiales largement utilisées. Les scientifiques et les entrepreneurs canadiens sont bien placés pour tirer parti de ces possibilités et le Canada bénéficie des progrès de ces technologies grâce à une commercialisation efficace.
De plus, nous reconnaissons l’importance des collèges du Canada pour aider les petites entreprises à développer et à adopter de nouvelles technologies et de nouveaux processus. Nous savons que les petites entreprises sont le moteur de notre économie. Tandis que nous nous concentrons sur la relance, nous devons aider les entreprises à saisir au vol les nouvelles occasions d’innover, de croître et de devenir plus compétitives. C’est pourquoi le budget de 2021 propose 52,6 millions de dollars sur deux ans par l’entremise du Conseil de recherches en sciences naturelles et en génie et du Programme d’aide à la recherche industrielle pour soutenir plus de 1 400 nouvelles collaborations entre les collèges et les petites entreprises.
Nous avons également appris l’importance d’être mieux préparés à d’éventuelles pandémies futures. Les investissements stratégiques dans les sciences de la vie, la recherche et la biotechnologie de pointe en sont un élément essentiel. Ces domaines en plein essor sont non seulement essentiels à notre sécurité, mais ce sont des secteurs à croissance rapide qui offrent des emplois bien rémunérés et attirent de nouveaux investissements.
Nous ferons des investissements qui contribueront à protéger la santé des Canadiens à l’avenir en réservant près d’un milliard de dollars pour renforcer les secteurs canadiens de la biofabrication et des sciences de la vie, dont 500 millions de dollars pour la Fondation canadienne pour l’innovation afin de répondre aux besoins en capital et en infrastructure des établissements postsecondaires et des hôpitaux de recherche dans le domaine des sciences biologiques; 250 millions de dollars pour les conseils fédéraux de subvention à la recherche en vue de créer un nouveau fonds en recherche biomédicale pour les trois conseils; et de nouveaux investissements dans la résistance antimicrobiologique, pour n’en nommer que quelques-uns.
Le Conseil national de recherches du Canada travaille également avec des partenaires de l’ensemble du gouvernement afin de faire progresser la recherche et le développement de vaccins et de thérapies pour prévenir et traiter la propagation de la COVID-19, conformément aux meilleurs conseils fournis par le groupe de travail sur les vaccins et le groupe de travail sur les thérapies du gouvernement du Canada.
Le Programme d’aide à la recherche industrielle du CNRC collabore également avec Innovation, Sciences et Développement économique Canada pour aider trois entreprises novatrices à agrandir leurs installations de production et à accroître la capacité de biofabrication du Canada. Notre succès continu en matière de science et d’innovation et pour relever les défis mondiaux qui menacent notre bien-être ne viendra pas seulement d’initiatives nationales, mais aussi d’une collaboration internationale solide et soutenue.
Les chercheurs canadiens qui travaillent constamment en collaboration au-delà des frontières pour atteindre l’excellence en recherche ont accompli beaucoup de choses jusqu’à maintenant.
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Monsieur le Président, le gouvernement du Canada encourage les chercheurs canadiens à collaborer davantage avec les meilleurs chercheurs au monde et à maintenir le Canada à l’avant-garde de la science et de l’innovation grâce à des investissements dans la recherche internationale dans le cadre du fonds Nouvelles frontières en recherche. Grâce à des objectifs et à des principes communs en matière de collaboration internationale en recherche, les organismes fédéraux de financement de la recherche renforcent également la réputation du Canada en tant que partenaire précieux en matière de recherche et d’innovation internationales.
Les collaborations interdisciplinaires, intersectorielles, nationales et internationales continuent d’amplifier les effets de la recherche sur la relance après une pandémie et la résilience future. À cette fin, le Canada travaille en étroite collaboration avec des plateformes internationales pour faciliter les efforts mondiaux de partage de l’information, de collaboration en matière de recherche et de mobilisation des connaissances, comme le Schéma directeur des Nations unies en matière de recherche pour le redressement post-pandémique, l’Organisation mondiale de la santé et la Collaboration mondiale de recherche pour la préparation aux maladies infectieuses.
En même temps, nous sommes témoins de nouvelles menaces internationales pour les entreprises de recherche canadiennes. Par exemple, nous sommes conscients des défis nouveaux et en évolution relatifs à la protection de la propriété intellectuelle des chercheurs canadiens contre des acteurs qui posent des menaces à la sécurité ou qui tentent de contourner les règles et les normes acceptées.
Nous continuerons de nous efforcer de trouver un équilibre entre la meilleure façon de soutenir ces activités internationales de science, de technologie et d’innovation, et l'appui aux valeurs comme la bonne gouvernance mondiale, la liberté de la science et la valorisation de la diversité, de l’égalité et de l’inclusion dans la recherche face à ces nouveaux défis. Cela se passe d’un bout à l’autre du pays.
À Sault Ste. Marie, dans le nord de l’Ontario, diverses recherches internationales se déroulent à l’université et au collège locaux par l'entremise du centre canadien de recherche forestière, de l’Institut de recherche forestière de l’Ontario et du ministère des Richesses naturelles et des Forêts. En fait, nous avons certains des meilleurs taux de doctorats par habitant au Canada, selon la société de développement économique locale. Cette recherche se fait partout au Canada et dans le Nord de l’Ontario, notamment dans la région des lacs expérimentaux à Kenora, qui a récemment reçu des fonds du gouvernement pour mener des recherches très importantes sur l’eau. Cette région attire des scientifiques du monde entier. Il y a 60 lacs là-bas, et des scientifiques y viennent de partout. Cette collaboration se poursuit tandis que nous menons à bien notre lutte contre la COVID-19.
Nous demandons à tous les scientifiques et chercheurs de poursuivre ce type de collaboration. Ce discours est la preuve que nous avons joint le geste à la parole pour soutenir et terminer ce combat avec les ressources qui nous permettront de continuer à faire de l'excellent travail. Je pense à de jeunes entrepreneures, trois jeunes femmes de North Bay, qui cherchent actuellement à obtenir une protection de la propriété intellectuelle; je ne voudrais pas trop en dire sur leur produit, mais c'est pour certains procédés ultraviolets de stérilisation qui aideront dans la lutte contre la COVID-19.
Le gouvernement soutient beaucoup de recherches dans l'ensemble du Canada, et nous devons poursuivre nos efforts afin d'en finir avec la COVID-19.
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Monsieur le Président, je vais partager mon temps de parole avec le député de .
J'aimerais revenir brièvement sur les accusations de racisme de la part du premier ministre.
N'oublions pas une chose: depuis le début du débat sur le problème au Laboratoire national de microbiologie, à Winnipeg, tout ce que fait le premier ministre, c'est nous traiter de racistes.
Chaque fois qu'un enjeu touche le régime communiste chinois et que l'opposition soulève la question, comme je l'ai fait la semaine dernière, on nous traite de racistes. Juste en parlant, je regarde autour de moi pour voir si le premier ministre ne surgira pas pour m'accuser de racisme.
Il s'agit d'un grave problème. Prétexter le racisme, c'est vraiment faible comme défense. Cela n'a rien à voir. Le Parti conservateur ne s'est jamais attaqué au peuple chinois. Nos attaques sont toujours envers le régime communiste chinois, un régime agressif et dangereux. Les propos que nous tenons n'ont absolument rien à voir avec la population.
Lorsque nous soulevons l'enjeu de Huawei, nous sommes accusés de racisme. Le premier ministre ne prend jamais fortement position au sujet des deux Michael, emprisonnés sous de fausses accusations. Il a même déjà dit qu'il préférait un système communiste à une démocratie, ce qui est très dérangeant.
Nous posons des questions en comité et à la Chambre. Nous les posons surtout à la Chambre, puisque c'est ici que le premier ministre répond à nos questions, lorsqu'il veut bien y répondre. La dernière fois, il nous a répondu:
La montée du racisme envers les Asiatiques qui a été observée au cours des derniers mois devrait tous nous préoccuper. Je recommande aux députés du Parti conservateur, dans leur empressement de lancer des attaques personnelles, de ne pas s'aventurer trop loin sur le terrain de l'intolérance envers des Canadiens de différentes origines.
Même le Globe and Mail a dit que la réponse du premier ministre était stupide.
Ce n'est pas la première fois que le premier ministre prétend que nous faisons preuve de racisme. Souvenons-nous que, l'an dernier, au début de la crise de la COVID-19, l'opposition a demandé si ce serait une bonne idée d'arrêter les vols en provenance de Chine. Quelle réponse avons-nous eue? On nous a traités de racistes. Ce n'était pas notre faute si le virus provenait de Chine. C'est parce qu'il provenait de là que nous voulions que cessent les vols en provenance de ce pays.
Je sais qu'il est délicat de parler de racisme et que c'est très facile de verser là-dedans. De notre côté, nous avons toujours mis la santé publique et la sécurité à l'avant-plan, nonobstant l'origine des virus.
L'Europe a vécu un problème similaire. Peut-on parler de racisme lorsqu'on parle des peuples européens et de démocratie? La réponse est pas du tout. C'est la même chose dans ce cas-ci. Si le problème émanait de l'Italie, nous dirions la même chose au sujet des vols. Peu importe la provenance des vols, nous dirions la même chose.
La même chose s'applique à Huawei. À la Chambre, nous avons posé plusieurs questions au gouvernement concernant l'ingérence probable, possible, voire assurée, de Huawei dans notre système de télécommunications. Encore une fois, on nous accusait de racisme.
Ce n'est pas parce que le premier ministre fait cela que nous allons lâcher le morceau. Nous allons persévérer, parce que nous sommes ici pour travailler dans l'intérêt du Canada. C'est la raison pour laquelle notre motion mentionne, entre autres:
Qu’un ordre de la Chambre soit donné en vue de l’obtention de la version non caviardée de tous les documents produits par l’Agence de la santé publique du Canada en réponse aux ordres du 31 mars 2021 et du 10 mai 2021 du Comité spécial sur les relations sino-canadiennes en ce qui concerne le transfert des virus de l’Ebola et de l’Henipah à l’Institut de virologie de Wuhan en mars 2019, ainsi que la révocation subséquente des habilitations de sécurité des docteurs Xiangguo Qiu et Keding Cheng.
Cela n'est qu'une partie du problème que l'on doit résoudre.
Le deuxième problème est le suivant: en septembre 2020, le premier ministre a nommé Iain Stewart au poste de président de l'Agence de la santé publique du Canada. Il s'agit d'une nomination politique pure et simple. Plusieurs autres Canadiens, hommes et femmes, auraient pu être nommés à ce poste, mais le premier ministre a décidé de nommer M. Stewart.
Récemment, ce même M. Stewart comparaissait comme témoin devant le Comité spécial sur les relations sino-canadiennes, dont je suis membre. Il a refusé de donner les détails pertinents au sujet de la brèche de sécurité du laboratoire de Winnipeg. Les membres du Comité ont demandé la version non expurgée de tous les documents produits par l'Agence de la santé publique du Canada. M. Stewart a refusé et refuse toujours de les fournir. Hier encore, nous avons reçu des documents caviardés, malgré les exigences claires du Comité.
Le problème n'est pas simple. D'une part, M. Iain Stewart est le président de l'Agence de la santé publique du Canada pour la simple et unique raison qu'il a été nommé par le premier ministre. D'autre part, ce même monsieur nous dit qu'il est impossible de fournir l'information non expurgée au sujet du licenciement des deux scientifiques liés au régime communiste chinois et de la révocation de leur habilitation de sécurité, car cela révélerait des informations personnelles, ce qui est légalement interdit par la Loi sur la protection des renseignements personnels.
Il se peut que M. Stewart ignore délibérément le sous-alinéa 8(2)m)(i) de la Loi sur la protection des renseignements personnels qui dit:
Sous réserve d'autres lois fédérales, la communication des renseignements personnels qui relèvent d'une institution fédérale est autorisée dans les cas suivants: [...]
m) communication à toute autre fin dans les cas où, de l’avis du responsable de l’institution:
(i) des raisons d’intérêt public justifieraient nettement une éventuelle violation de la vie privée, [...]
En d'autres mots, le chef de l'institution, qui comprendrait le chef de laboratoire, le chef de l'Agence de la santé publique du Canada — Iain Stewart —, la ou le , peut légalement divulguer les renseignements personnels s'il décide qu'il est davantage dans l'intérêt public de révéler la vérité que de la cacher. C'est ce que dit la Loi.
Cela dit, autant le premier ministre que le président de l'Agence de la santé publique du Canada n'ont aucune base légale pour faire ce qu'ils font actuellement, c'est-à-dire cacher de l'information.
N'oublions pas que les documents qui sont envoyés au Comité et qui peuvent contenir de l'information délicate pouvant porter atteinte à la sécurité nationale doivent d'abord être examinés par certains responsables avant d'être remis aux députés. Ce n'est pas au président de l'Agence de la santé publique du Canada de caviarder les documents comme il le fait. Cela revient au légiste de la Chambre. Les greffiers ont les attributions nécessaires pour faire ce travail et s'assurer que les documents soumis aux députés sont protégés comme il le faut, selon les règles de la Chambre et non selon celles de Iain Stewart.
La question est de savoir si M. Stewart le fait de son propre chef. Est-ce lui qui a décidé que l'information ne devait pas être communiquée au Comité spécial sur les relations sino-canadiennes ou est-ce un ordre qui vient du bureau du ?
Est-ce que le premier ministre a trop peur qu'on sache la vérité? Si oui, de quoi a-t-on peur?
Il s'agit de notre sécurité nationale et de notre pays. Si de l'information du Laboratoire national de microbiologie de Winnipeg a été transmise à Wuhan et que, par exemple, l'Armée populaire de libération de la Chine s'est servie de certains virus pour en développer d'autres, nous sommes en droit de le savoir.
Si les députés de la Chambre des communes ne sont pas les premiers en droit de le savoir, qui l'est?
Il s'agit de la sécurité nationale et de l'intérêt du Canada. Le Parti conservateur et moi-même sommes très conscients que certaines informations doivent parfois être gardées secrètes afin que d'autres pays ne soient pas au courant d'une information critique pour notre propre sécurité. Toutefois, ce n'est pas vrai que toutes les informations qui concernent le Laboratoire national de microbiologie, et surtout l'information qui a été donnée au régime communiste chinois, devraient être gardées secrètes. Nous sommes en droit de le savoir.
Notre demande est légitime, et je crois que les partis de l'opposition sont tous d'accord avec le Parti conservateur du Canada pour dire qu'il n'y a rien de raciste à vouloir savoir ce que fait le Parti communiste chinois. Les Canadiens sont en droit de savoir ce qui s'est passé au laboratoire de Winnipeg.
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Monsieur le Président, Winston Churchill a dit un jour qu’un conciliateur, c’est quelqu’un qui nourrit un crocodile en espérant qu’il sera le dernier à être mangé.
L'apaisement est la politique diplomatique qui consiste à faire des concessions à une puissance agressive dans l’espoir d’éviter un conflit. À l’époque de Churchill, il renvoyait à la politique d’apaisement de Neville Chamberlain envers l’Allemagne nazie. L’ultime acte d’apaisement de Chamberlain a été de céder des parties de la Tchécoslovaquie à l’Allemagne dans le cadre des accords de Munich de 1938, en échange de la promesse d’Hitler de ne pas envahir le reste du pays. Or, en 1939, c’est exactement ce qu'a fait Hitler.
En 1940, Chamberlain a perdu la confiance de la Chambre, et Winston Churchill a été nommé premier ministre.
Chamberlain est passé à l’histoire comme un dirigeant faible, vacillant, indécis et raté, à tel point que Churchill a plaisanté, disant: « Le pauvre Neville va faire mauvaise figure dans l’histoire ».
Aujourd’hui, en matière de politique étrangère, il ne peut y avoir de plus grand défi que notre relation avec la Chine. La liste des erreurs en matière de politique étrangère commises par le face à la Chine est vraiment étonnante.
Tout d’abord, il y a eu l’arrestation de Meng Wanzhou, cadre de Huawei, qui a vraiment mis le pays dans l'embarras. À la suite de cette arrestation, l’ambassadeur du Canada en Chine et ancien ministre libéral John McCallum, a été renvoyé sans ménagement. Entre autres remarques gênantes, il avait dit à quel point il serait formidable pour le Canada que la demande d’extradition des États-Unis soit tout simplement abandonnée, alléguant que son arrestation avait pour but d’obtenir des concessions commerciales de la Chine.
Ces déclarations ont complètement sapé la défense canadienne de l’arrestation, à savoir que le Canada est un pays où l’on respecte la primauté du droit et que les politiciens ne se mêlent pas de ce genre de choses.
Il est clair que lorsqu’il s’agit de s’immiscer dans des affaires portées devant le système judiciaire, le gouvernement libéral choisit les cas où il pense qu’il est approprié de le faire. Cela a été évident lorsque le a essayé de forcer sa ministre de la Justice de l’époque, l’actuelle députée de , à s’ingérer dans les affaires des procureurs indépendants concernant les accusations portées contre SNC Lavalin.
Il n'est pas étonnant que le gouvernement chinois ne nous ait tout simplement pas crus lorsqu'on a dit que le Canada est un pays respectueux de la primauté du droit et que le ne pouvait pas intervenir dans l'affaire Meng Wanzhou.
Les actions du premier ministre et celles de l'ex-ambassadeur ont sérieusement miné la crédibilité du Canada. Après l'arrestation de Meng Wanzhou, la Chine a fait deux choses en guise de représailles: elle a bloqué les importations de canola, de porc et de bœuf en provenance du Canada, ce qui a nui aux agriculteurs canadiens et à notre secteur de l'agriculture, et elle a arrêté et détenu arbitrairement les Canadiens Michael Kovrig et Michael Spavor, qui sont encore là-bas derrière les barreaux aujourd'hui.
Jonathan Manthorpe, l'auteur de Claws of the Panda, a affirmé ceci:
Je pense que la leçon à tirer ici, c'est qu'on ne peut pas traiter avec la Chine comme on le ferait avec un autre pays respectueux des lois et des normes diplomatiques, et à cet égard, le Canada a été un peu naïf jusqu'ici.
La réalité, c'est que le gouvernement de la Chine n'est pas notre ami. La preuve ultime, c'est la détention et les procès arbitraires des deux Michael. Jusqu'à présent, le Canada a été tout à fait incapable de parvenir à un dénouement positif dans ce dossier, notamment parce que la crédibilité du Canada en tant que pays respectueux des lois a été affaiblie par les actions du dans l'affaire SNC Lavalin.
Puis vint la révélation que nos militaires avaient décidé d’annuler l’entraînement avec l’Armée populaire de libération de la Chine en 2019. Je ne sais vraiment pas qui a pensé que c’était une bonne idée en premier lieu. En rétrospective, cela semble être la décision la plus évidente, et pourtant, Affaires mondiales Canada s’est opposé à la décision de l’armée d’annuler cet entraînement dans un acte apparent d’apaisement dans l'affaire des deux Michael.
De plus, alors que la plupart des pays ont reconnu les dangers de faire affaire avec Huawei, le ne l’exclut tout simplement pas.
De plus, de sérieuses inquiétudes ont été exprimées quant à la coopération des universités canadiennes avec le gouvernement chinois à des projets de recherche. Ces préoccupations vont de la divulgation potentielle de propriété intellectuelle à des questions de sécurité nationale. Là encore, le gouvernement libéral n’a pris aucune mesure.
Comme si tout cela ne suffisait pas pour que le soit sur le qui-vive pour protéger les intérêts du Canada en matière de sécurité nationale, il y a maintenant la question qui fait l’objet de la motion d’aujourd’hui.
Dans un article du Globe and Mail du 20 mai, on révélait que des scientifiques travaillant au Laboratoire national de microbiologie de Winnipeg avaient collaboré avec des chercheurs militaires chinois pour étudier des agents pathogènes mortels et mener des expériences sur ces agents.
C’est un laboratoire qui travaille sur certaines des maladies les plus infectieuses de la planète. La sécurité non seulement du contenu physique dangereux du laboratoire, mais aussi des renseignements très délicats concernant ses activités, devrait être considérée comme de la plus haute importance. L’un des scientifiques qui a coécrit certaines des études sur cette collaboration viendrait de l’Académie des sciences médicales militaires de l’Armée populaire de libération, un signe d’alarme évident, s’il en est un.
Même l’institut de politique stratégique de l’Australie a déclaré que le risque de collaboration avec l’Académie des sciences médicales militaires de l’Armée populaire de libération était « très élevé ».
Comme si cela ne suffisait pas, en janvier de cette année, deux des scientifiques du laboratoire de Winnipeg ont été congédiés et escortés hors du laboratoire par la GRC après que le SCRS ait recommandé que leurs habilitations de sécurité soient révoquées pour des « motifs de sécurité nationale ». Le SCRS s’est dit préoccupé par la nature des renseignements transmis à l’Institut de virologie de Wuhan, en Chine.
Andy Ellis, ancien directeur adjoint du SCRS, a qualifié tout cela de « folie », affirmant que c’est « malavisé » et a qualifié les actions de l’Agence de la santé publique du Canada pour avoir coopéré avec l’Armée populaire de libération de « naïveté incroyable ».
Il est incroyablement alarmant de voir le faire continuellement obstruction aux questions sur ce sujet. Lorsqu’on lui a posé des questions pendant la période de questions, le ministre n’a cessé de répondre « nous ne sommes pas en mesure de fournir plus de détails à ce stade ». Ce n’est tout simplement pas suffisant. Les Canadiens méritent des réponses, surtout lorsqu’il s’agit de questions aussi graves que celles-ci, des questions qui touchent à la sécurité nationale de notre pays.
Il va sans dire que les Canadiens ont raison de s’inquiéter lorsque des scientifiques du laboratoire le plus important du pays sont congédiés pour des raisons de sécurité nationale et escortés vers la sortie par la GRC. Des scientifiques du gouvernement collaborent étroitement avec des scientifiques de l’Institut de virologie de Wuhan et de l’armée chinoise, y compris en expédiant les dangereux virus de l’Ebola et de l’Henipah à Wuhan. La population canadienne n’a-t-elle pas le droit de connaître l’ampleur de cette collaboration?
Comment un scientifique de l’Académie des sciences médicales militaires de l’Armée populaire de libération de la Chine peut-il avoir accès au Laboratoire national de microbiologie du Canada?
Comme d’autres députés, j’en suis sûr, j’ai reçu de nombreuses questions de la part de membres de ma collectivité, et nous essayons d’obtenir des réponses.
Le gouvernement fédéral a le devoir de protéger la sécurité nationale et celle des Canadiens. En refusant de faire preuve de transparence et de fournir des réponses à ces questions importantes, le gouvernement a échoué à assurer aux Canadiens qu’il s’acquittait de cette obligation.
Il incombe aux députés et aux comités de la Chambre des communes de demander des comptes au gouvernement en faisant enquête et en ordonnant la production de documents. Le Comité spécial sur les relations sino-canadiennes a tenté d’obtenir cette information, mais l’Agence de la santé publique du Canada a caviardé de grandes parties des documents fournis et n’a pas donné suite à sa demande.
C’est pourquoi nous avons présenté cette motion aujourd’hui, afin d’ordonner au gouvernement de produire ces documents. Les membres de ce comité ont cherché à utiliser ce pouvoir de façon responsable et d’une manière qui protège la sécurité nationale. Cela ressort clairement des motions adoptées par le comité le 31 mars et le 10 mai, ainsi que de la motion d’aujourd’hui, qui vise à protéger la sécurité nationale en demandant un examen par le légiste.
Le refus répété du gouvernement de se conformer aux ordres du comité de produire des documents est troublant et continue de soulever de très graves questions.
Les jours optimistes des « voies ensoleillées » se sont rapidement obscurcis. Je me souviens lorsque le a fièrement déclaré qu’il rendrait l’information plus accessible, en faisant de la transparence un principe fondamental. Apparemment, compte tenu de l’admiration bien connue qu’il porte à la dictature chinoise, la transparence n’est plus qu’une illusion.
Étant donné la position naïve et conciliante du à l’égard du gouvernement chinois, il semble, comme Churchill l’a dit, que le crocodile nous mangera peut-être en dernier.
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Monsieur le Président, en réponse à la question qui vient d’être posée, j’ai constaté que les députés conservateurs de l’opposition se sont montrés sur la défensive en comprenant qu’ils sont peut-être encore en train de passer à côté de quelque chose de très important. Ils ne peuvent être gagnants sur les deux tableaux. D’un côté, ils ne peuvent prétendre être sincèrement préoccupés par cet enjeu, tout en faisant fi d’un comité constitué pour traiter des enjeux de cette nature. De l’autre, quand nous leur en faisons la remarque, ils disent que ce n’est pas suffisant, ils veulent en faire un enjeu politique. C’est vraiment ce que le député de essaie de dire.
Le Comité des parlementaires sur la sécurité nationale et le renseignement se compose de représentants de tous les partis politiques qui ont une habilitation de sécurité. Tout ce que les députés conservateurs essaient de faire aujourd’hui pourrait très bien être fait par l’entremise de ce comité. Les conservateurs ont cependant un problème avec cela, parce que pour eux, la question n’est pas de savoir ce qui est dans l’intérêt supérieur du public, mais ce qui sert le mieux leurs intérêts politiques.
Nous l’avons constaté à maintes reprises. Nous pouvons remonter à l’été dernier et nous rappeler les milliers de documents qui ont été fournis à un comité permanent. Au moment où le Canada était au beau milieu d’une pandémie, le Parti conservateur du Canada voulait concentrer son attention sur les professionnels de la santé de Santé Canada et exigeait qu’ils laissent tomber leurs tâches essentielles, fournissent des documents au comité et comparaissent devant celui-ci. Je serais sûrement plus sympathique aux yeux des conservateurs si je croyais un seul instant que cela n’avait rien à voir avec de la politique partisane.
Le Laboratoire national de microbiologie du Canada est un établissement protégé. Nous le savons tous. Toutes les personnes qui y travaillent et qui s’y rendent doivent faire l’objet d’un contrôle de sécurité et respecter des protocoles et politiques stricts de sécurité. J’ai souvent eu l’occasion de passer devant le laboratoire, rue Arlington, et c’est son emplacement isolé qui nous frappe en premier. Devant cet édifice, on a la forte impression que le gouvernement fédéral y prépare des choses importantes. Notre gouvernement, plus que Stephen Harper, investit dans les sciences et soutient nos laboratoires, et nous l’avons clairement démontré.
Si nous lisons bien la résolution pour la journée de l’opposition, deux choses me sautent aux yeux. La première, c’est qu’elle renferme effectivement beaucoup de détails et la deuxième, c’est que les conservateurs demandent encore des documents et essaient encore une fois de les renvoyer à un comité et, encore une fois, ils veulent faire comparaître un autre ministre, la , qui a déjà répondu pratiquement tous les jours aux questions pendant la période des questions. Ils veulent que ce comité spécial se penche sur ce dossier.
C’est la seule chose qui me vient à l’esprit lorsque je lis la résolution, et c’est la plus évidente. Lorsque je l’ai lue pour la première fois, j’ai d’abord pensé au projet de loi que nous avons adopté il y a quelques années et que nous avions demandé au gouvernement conservateur de Stephen Harper de présenter. Parmi les pays du Groupe des cinq, le Canada était le seul à ne pas avoir un comité de la sécurité nationale et du renseignement comme tel. Nous en avons créé un.
Comme certains députés conservateurs le signaleront, il existe ici un mécanisme redditionnel différent, mais des membres du Parti conservateur siègent à ce comité, qui a la capacité d’examiner la question à l’étude, de maintenir la confiance et de formuler des idées et des recommandations, et ils ont fait de l’excellent travail par le passé.
À la lecture de cette motion, je me suis d’abord demandé si le Parti conservateur n'avait jamais songé à ce comité. Compte tenu des deux questions qui ont été posées, je comprends maintenant pourquoi les conservateurs ne veulent pas s'adresser à ce comité, et c’est simplement parce qu’il n’offre pas assez de visibilité politique.
L’autre aspect qui me renverse, c’est que nous avons un nombre limité de journées de l’opposition et que les Canadiens aimeraient sûrement que nous nous concentrions sur la pandémie et sur la vaccination. Nous venons de déposer un budget de quelques milliards de dollars, mais c’est pourtant ce que le Parti conservateur a choisi de faire. Je ne pense pas que le Parti conservateur soit conscient de ce qui se passe dans le monde réel ou qu’il soit sensible à ce dont les Canadiens veulent que nous parlions.
Puisque mon temps de parole tire à sa fin, je pourrai peut-être continuer après la période des questions.