propose que le projet de loi soit lu pour la troisième fois et adopté.
— Madame la Présidente, je me sens toujours privilégié d'être à la Chambre, et encore plus d'y être pour parler du projet de loi , qui est évidemment mon projet de loi d'initiative parlementaire. En fait, je devrais plutôt dire qu'il s'agit du projet de loi des agriculteurs, car ils sont au cœur de cette mesure.
Nos agriculteurs sont extraordinaires. Ils produisent des aliments qui sont parmi les meilleurs au monde. Ils travaillent tellement fort jour après jour. Ils se lèvent tôt, se couchent tard, et accomplissent leur fantastique travail entre les deux.
Nous avons bien entendu tous été frappés par la pandémie, et les agriculteurs n'ont pas été épargnés. Ils ont persévéré malgré la pandémie. Malgré tous les défis et les obstacles dus à la pandémie, ils ont continué de faire les semailles, de s'occuper de leurs récoltes et de prendre soin de leurs animaux afin que nous puissions toujours manger à notre faim au Canada. Si, pendant la pandémie et, en fait, ces dernières années, les agriculteurs et les Canadiens n'ont jamais eu à se soucier de l'approvisionnement alimentaire, c'est bien parce que nous avons les meilleurs agriculteurs au monde.
En parlant de l'importance de l'agriculture, ce secteur représente plus de 7 % de notre PIB. De plus, les agriculteurs constituent vraiment le cœur de nos collectivités. Ils sont le moteur de notre économie. Près d'un Canadien sur huit travaille dans le domaine de l'agriculture et de l'agroalimentaire. C'est une statistique non négligeable. Voilà le genre d'incidence qu'a cette industrie. En tout, elle emploie plus de 2,3 millions de Canadiens.
Le Canada est l'un des plus importants producteurs de graines de lin, de canola, de légumineuses et de blé dur au monde. Notre bœuf, notre volaille et notre porc sont parmi les meilleurs au monde. Ces produits viennent d'ici, du meilleur pays au monde: le Canada.
Toutefois, les agriculteurs n'ont pas la tâche facile. En fait, en 2019, ils ont connu une récolte désastreuse en raison de l'humidité et des précipitations. Cette année-là les a vraiment éprouvés. À un certain moment, ils devaient faire fonctionner leurs séchoirs à grains pratiquement 24 heures sur 24 pour sauver le plus possible leurs produits.
En 2019, les pluies dans l'Ouest ne sont pas les seules intempéries auxquelles les agriculteurs ont dû faire face. Cette année-là, un ouragan a dévasté des champs au Canada atlantique. Au Québec, des champs ont reçu une quantité sans précédent de pluie pendant le temps des récoltes et des semailles. Avant cela, la neige a recouvert des champs dans l'Ouest. Au Manitoba, la situation était urgente. L'Alberta et la Saskatchewan ont dû composer avec la sécheresse.
Dans ma circonscription, , qui est magnifique, et dont je pourrais dire que c'est peut-être la plus belle du monde, nous avons connu une période de gel tardive presque sans précédent. D'habitude, après le 24 mai, il n'y a plus de gel, mais il y en a eu dans ma circonscription et dans d'autres régions du Sud de l'Ontario. Les agriculteurs qui avaient fait leurs semailles à ce moment-là ont dû aussi composer avec ce problème. Comme nous pouvons le constater, le travail agricole n'est pas sans difficultés.
Il n'y a pas que les conditions météorologiques à surveiller. Les agriculteurs doivent aussi composer avec des problèmes liés au commerce international. Actuellement, divers problèmes commerciaux font en sorte que les agriculteurs canadiens ne sont pas traités convenablement et de façon équitable. Ils sont souvent les plus désavantagés au sein d'une industrie fortement subventionnée. Elle est subventionnée presque partout dans le monde, y compris dans l'Union européenne et aux États-Unis. Pendant la pandémie, l'Union européenne et les États-Unis ont appuyé leurs agriculteurs. Ils leur ont donné des millions de dollars, voire des milliards, pour les aider à traverser cette crise.
J'aimerais pouvoir dire qu'il en a été de même au Canada, mais ce n'est pas le cas. Malheureusement, le gouvernement actuel a repris sa bonne vieille habitude de faire une annonce, puis de faire échouer la politique ou le programme correspondants, avant de refaire une annonce similaire. Le gouvernement recycle continuellement les mêmes annonces qui n'ont mené à rien de concret et les agriculteurs se retrouvent le bec dans l'eau comparativement à ceux des autres pays.
En gros, c'est pour cette raison que je suis aussi passionné au sujet du projet de loi . Essentiellement, il vise à donner aux agriculteurs canadiens un traitement équitable, pour qu'ils aient les mêmes possibilités que ceux des autres pays. La taxe sur le carbone canadienne ne s'applique pas ailleurs dans le monde et elle représente donc un obstacle propre aux agriculteurs canadiens.
Le projet de loi accorderait aux agriculteurs un traitement équitable et leur donnerait la possibilité d'être concurrentiels à l'échelle internationale. Que prévoit-il pour y arriver?
Actuellement, la Loi sur la tarification de la pollution causée par les gaz à effet de serre comporte une exemption absolue pour certains types de carburants, comme l'essence et le diésel, mais pas le gaz naturel ou le propane. Dans l'esprit d'Équipe Canada et de la collaboration non partisane, je suis prêt à accorder au gouvernement le bénéfice du doute; peut-être s'agit-il simplement d'un oubli. Le gouvernement aurait ici l'occasion de se racheter. D'ailleurs, je l'invite à le faire.
Rien ne justifie que le gaz naturel et le propane ne soient pas exemptés, alors que l'essence et le diésel le sont. Les premiers sont des carburants plus propres que les seconds. D'ailleurs, à mon avis, le gaz naturel et le propane font plutôt partie de la solution.
Si nous convertissions par exemple toutes les centrales au charbon de la Chine en centrales au gaz propane, la réduction des gaz carboniques émis qui s'en suivrait serait beaucoup plus importante que si le Canada atteignait la carboneutralité, et donc plus utile pour l'environnement.
Le gaz naturel et le propane font partie du problème, bien qu'ils soient sans doute plus propres que les carburants fossiles équivalents bénéficiant d'une exemption, c'est-à-dire le diésel et l'essence.
Si le gaz naturel et le propane ne bénéficient pas d'une exemption, qui est pénalisé? Cette situation pénalise une grande variété d'agriculteurs, particulièrement les producteurs de grain. Comme je l'ai dit, le Canada est l'un des principaux producteurs de grain dans le monde. Les prix de ces denrées dépendent des marchés internationaux.
Le projet de loi à l'étude donnerait un répit aux producteurs de grain. L'association des sociétés et foires agricoles de la Saskatchewan, celle des sociétés et foires agricoles du Manitoba, et la Fédération canadienne de l'entreprise indépendante ont chacune leurs chiffres, tout comme le directeur parlementaire du budget, mais ces chiffres font état de coûts pour les agriculteurs qui vont de milliers de dollars à des dizaines de milliers de dollars. Je les ai vus. Les gens m'ont envoyé par courriel des montagnes de reçus qui mentionnent la taxe sur le carbone et correspondent, au total, à des dizaines de milliers de dollars. Le comble, c'est que les agriculteurs doivent aussi payer de la TPS sur la taxe sur le carbone.
Quand je siégeais au comité des comptes publics, j'ai demandé au sous-ministre adjoint des Finances comment le gouvernement pouvait justifier de facturer de la TPS sur la taxe sur le carbone, une taxe déjà assez punitive par elle-même. Il a répondu que la TPS n'était pas facturée, mais il avait tort. Le gouvernement n'est même pas conscient de tous les torts qu'il cause aux agriculteurs. C'est une situation vraiment nuisible et éprouvante selon moi.
Quand nous examinons ce qui se passe, nous voyons que les agriculteurs ont à cœur, tout comme moi, de lutter contre les changements climatiques. Y aurait-il une solution plus écologique, une meilleure option que d'utiliser du gaz naturel et du propane?
Nous avons tenu de multiples audiences avec des témoins experts. À leur avis, malgré les technologies naissantes et l'idée qu'on pourra peut-être, un jour, utiliser des biocarburants ou d'autres formes d'énergie et de carburants écologiques, ces meilleures options n'existent pas pour le moment. Comme l'a dit un représentant des Grain Farmers of Ontario, « à l'heure actuelle, il n'y a pas d'autres options technologiques abordables pour le séchage des grains. Il est essentiel de sécher les grains pour les vendre ».
Ces témoins nous ont appris que les agriculteurs se soucient beaucoup de l'environnement. Pour les gens qui ne vivent peut-être pas dans un milieu agricole, comme c'est mon cas, une différence de température d'un degré peut faire la différence pour une saison. Toute une année, qu'elle soit rentable ou non, peut dépendre des gelées. Une différence d'un degré peut tout changer.
Personne n'est plus sensible aux changements environnementaux et aux préoccupations environnementales que nos agriculteurs. Les témoins l'ont répété à maintes reprises. L'impact environnemental, dont je vais parler brièvement, les touche vraiment.
Je dormais chez moi et il était 6 heures du matin. Je loue ma propriété à un agriculteur. Étant donné qu'ils travaillent considérablement plus fort que les politiciens, les agriculteurs ne sont évidemment plus au lit à 6 heures du matin. J'ai entendu frapper à la porte et je suis descendu en pyjama pour répondre. C'était l'agriculteur qui loue mon champ. Il a dit qu'un arbre était tombé et m'a demandé si j'avais une scie à chaîne. Je lui ai dit de me donner cinq minutes pour que je puisse me changer et aller chercher ma scie à chaîne. Nous sommes allés couper l'arbre. J'ai ainsi eu l'occasion d'entamer une conversation avec un agriculteur de la région, qui est un gars formidable.
Les députés se demandent peut-être de quoi nous avons parlé. Avons-nous parlé du fait que c'était l'année des Maple Leafs et qu'ils allaient certainement remporter la série? Non. Nous avons peut-être parlé du Canadien de Montréal et évoqué la possibilité que ce soit son année. Non. En fait, nous avons parlé du GPS dans son tracteur et des deux différentes options qui lui avaient été offertes. Il a sélectionné le GPS de 1 pouce au lieu de celui de 5 pouces. Il a été calibré à 1 pouce, et l'agriculteur a dit qu'il avait fait ce choix parce que cela augmentait la productivité de ses fermes et de ses champs et qu'il ne voulait pas utiliser une once de plus de produits chimiques ou d'engrais qu'il était nécessaire. Cela montre à quel point les agriculteurs canadiens se soucient de l'environnement. Je ne pense pas que la plupart des gens en soient vraiment conscients.
Bien sûr, les agriculteurs comptent parmi les premiers gardiens de nos terres, dont ils sont de grands protecteurs. Ils utilisent aussi d'autres technologies, comme la culture sans labour, l'agriculture de précision et l'agriculture par satellite. Les agriculteurs désirent bien faire les choses. Ils souhaitent faire tout en leur pouvoir pour préserver ces terres parce que, en toute franchise, leur gagne-pain et celui des générations futures en dépendent.
J'ai aussi d'excellentes nouvelles concernant les agriculteurs. Ils ont une bonne longueur d'avance sur tout le monde. Ce qu'on entend de la majorité des autres industries, même de l'industrie pétrolière et du gouvernement, c'est qu'il faut atteindre la carboneutralité d'ici 2050, ou 2060 ou 2040, ou, si on est vraiment ambitieux, d'ici 2030. Certes, il s'agit d'un objectif louable auquel toutes les industries doivent aspirer, mais pourquoi ne pas atteindre la carboneutralité dès maintenant? Les agriculteurs ont réussi à le faire. Ils sont carboneutres maintenant. Ils plantent des millions de petits appareils formidables qui captent le carbone, que j'appelle affectueusement des « plantes ». Les agriculteurs plantent des millions d'appareils de la sorte chaque année, et ils séquestrent le carbone. C'est incroyable. Il s'agit d'une avancée scientifique remarquable. Le carbone est séquestré dans les champs. J'en conviens, les agriculteurs utilisent des combustibles fossiles pour faire fonctionner leurs tracteurs, pour sécher le grain ou pour chauffer leurs granges, mais dans l'ensemble, ils ont à tout le moins atteint la carboneutralité, et ils cherchent même à faire davantage.
C'est un sujet qui me passionne vraiment. J'espère au moins avoir le temps de terminer la moitié de mon discours. Je pourrais parler de ce projet de loi d'initiative parlementaire toute la journée.
Quand on regarde la situation dans son ensemble, on constate que les agriculteurs veulent faire la bonne chose. On constate que les Canadiens veulent faire la bonne chose et protéger l'environnement, mais il faut aussi respecter le gros bon sens économique. Premièrement, il faut faire en sorte que les agriculteurs demeurent concurrentiels sur les marchés mondiaux, et qu'on ne leur impose pas un fardeau indu, contrairement à d'autres industries et pays dans le monde. Deuxièmement, les agriculteurs veulent faire la bonne chose. Le défi tient au fait que l'agriculture a toujours été un secteur sous-financé de notre économie — et c'est plus vrai que jamais aujourd'hui. L'une des personnes qui a témoigné devant le comité de l'agriculture a déclaré que si elle avait assez d'argent, elle se procurerait dès demain de l'équipement à haute efficacité pour son exploitation céréalière. Cette personne n'a tout simplement pas le capital nécessaire. La situation financière des agriculteurs est plus précaire que jamais, voilà pourquoi.
Le but de la taxe sur le carbone est d'augmenter le coût des solutions les plus néfastes pour l'environnement afin de privilégier spontanément, dans un système de libre marché, les solutions plus respectueuses de l'environnement. Cependant, dans cette situation, l'inverse est aussi vrai. En effet, les agriculteurs veulent choisir les options qui sont les plus écologiquement responsables. Les députés peuvent me croire sur parole parce que j'ai parlé aux agriculteurs de ma circonscription samedi matin. Ils veulent privilégier les solutions écologiques, mais ils n'en ont pas les moyens financiers. Par conséquent, quand on alourdit leur fardeau financier — cela peut représenter de dizaines de milliers de dollars —, ils n'ont pas d'argent à investir.
Les agriculteurs veulent faire la bonne chose. Nous voulons tous faire la bonne chose. Nous devons tous collaborer. Votons pour l'adoption du projet de loi d'initiative parlementaire .
:
Madame la Présidente, j'aimerais remercier encore une fois le député de d'avoir souligné le rôle clé que jouent les agriculteurs dans l'économie et l'environnement du pays, et même dans le bien-être de ses habitants.
Toutefois, comme c'est la première fois que j'ai l'occasion de prendre la parole à la Chambre depuis la découverte de 215 corps au pensionnat de Kamloops, si vous me le permettez, madame la Présidente, j'aimerais aborder le sujet brièvement. Il y a trois communautés autochtones dans ma circonscription: les nations de Sipekne'katik, de l'Annapolis Valley et de Glooscap. Je tiens à souligner que le pensionnat de Shubenacadie était le plus grand du Canada atlantique.
J'ai eu l'occasion de me joindre aux membres de la communauté autochtone de ma circonscription dimanche dernier. Nous avons eu un important débat d'urgence hier. Je n'ai pas pu prendre la parole, mais j'ai hâte de m'exprimer sur le sujet dans les jours à venir, peut-être même demain, dans le cadre de la motion de l'opposition. Je continue à travailler de concert avec les communautés autochtones, comme je sais que l'ensemble des députés le feront avec les électeurs de leur circonscription respective.
Les changements climatiques sont l'un des défis les plus importants de notre époque, et nos agriculteurs sont aux premières lignes. Les agriculteurs canadiens sont à la fois des innovateurs et des environnementalistes dans l'âme. Ils font leur travail en tenant compte des générations futures. Je pense par exemple à Jacques Lamontagne, qui collabore avec des chercheurs pour explorer les avantages de planter des arbres le long de la rivière qui traverse la terre où est située sa ferme laitière en Estrie, au Québec, à Robert McNabb, au Manitoba, qui a été intronisé au Temple de la renommée du Conseil canadien de conservation des sols parce qu'il est un pionnier de la culture sans labour, et aux producteurs bovins de Deer Creek, en Alberta, qui ont gagné le prix de la gérance environnementale de 2020 pour leurs efforts en vue de protéger les espèces à risque et d'utiliser des clôtures électriques alimentées à l'énergie solaire pour éloigner le bétail des rives et protéger les pâturages. Je m'en voudrais de ne pas mentionner les agriculteurs de Kings—Hants, qui font des efforts considérables pour être des gardiens de l'environnement et ainsi réduire leur empreinte écologique sur le plan des émissions de gaz à effet de serre.
Grâce aux innovateurs comme ceux que j'ai nommés et à tous les autres, au cours des deux dernières décennies, les agriculteurs canadiens ont doublé la valeur de leur production tout en stabilisant les émissions de gaz à effet de serre. Durant cette période, le niveau d'émissions par dollar de PIB généré par le secteur agricole a diminué de moitié.
Nous savons toutefois qu'il y a encore du travail à faire et que nous devrons travailler de concert avec l'industrie. Le gouvernement s'est fixé des cibles ambitieuses: il veut réduire les émissions de gaz à effet de serre au Canada de 40 % à 45 % par rapport au niveau de 2015 d'ici 2030.
J'ai relevé le fait que le député n'a pas mentionné, durant son intervention, les investissements prévus dans le budget de 2021. Il y a là une nuance dont les députés doivent tenir compte. Le projet de loi à l'étude est nourri de bonnes intentions, mais, en vérité, le gouvernement a répondu en mettant en place des mécanismes et des outils pour aider les agriculteurs à opérer la transition et à réduire leurs émissions. J'aimerais en souligner quelques-uns devant la Chambre.
Le séchage du grain est l'une des principales raisons qui ont motivé la présentation du projet de loi d'initiative parlementaire du député. Le gouvernement reconnaît qu'il y a des technologies émergentes, mais nous n'avons pas encore un éventail d'options nous permettant d'aller de l'avant.
C'est pourquoi le budget de 2021 prévoit un investissement de 100 millions de dollars qui serviront à verser des remises aux agriculteurs des administrations assujetties au filet de sécurité fédéral. Ainsi, nous nous assurons que les sommes sont versées aux agriculteurs tout en maintenant le signal de prix de la tarification de la pollution, ce qui est très important, selon un certain nombre de témoins qui ont participé à l'étude de ce projet de loi par le comité. Il y a également une enveloppe de 50 millions de dollars qui est réservée au financement des technologies novatrices pour le séchage du grain. J'y reviendrai un peu plus tard.
Le Programme des technologies propres en agriculture offrira une aide de 165 millions de dollars, que le gouvernement doit mettre en œuvre dans les jours à venir. L'un des principaux aspects de ce programme est l'occasion de travailler avec les agriculteurs pour qu'ils adoptent des sources d'énergie renouvelable dans le but de compenser les pratiques ayant recours aux combustibles fossiles. Nous savons que les agriculteurs font déjà du bon travail. Le député d'en face a parlé des moyens nécessaires pour effectuer cette transition. Les agriculteurs veulent en faire partie. Nous voulons que le gouvernement travaille avec eux pour faciliter la transition. Les programmes du genre seront importants.
Enfin, il y a le programme Solutions agricoles pour le climat. Ce sont 385 millions de dollars destinés à aider les agriculteurs, au cours des 10 prochaines années, à faire la transition. Cela comprend des programmes comme l'Initiative des laboratoires vivants, qui donne la possibilité à des agriculteurs, des scientifiques et des spécialistes de l'innovation de s'associer dans le but d'investir massivement et de mener d'importants travaux de recherche sur ce que l'on peut faire d'autre.
Je m'en voudrais de ne pas parler de certains des débouchés qui existent. Je sais que le débat à la Chambre portera sur des mesures que les agriculteurs prennent déjà. En tant que gouvernement, nous sommes d'accord. Nous nous penchons sur des choses comme la norme sur les combustibles propres et l'occasion que cela représente pour le secteur du canola. Nous nous penchons sur des mesures de compensation, essentiellement des crédits compensatoires, sur lesquels Environnement et Changement climatique Canada travaille. C'est un excellent moyen, dans notre secteur, de récompenser les pratiques louables qui sont adoptées. Il est important que nous continuions à appuyer ces pratiques et que nous veillions à ce que les agriculteurs aient la possibilité de tirer parti de la gestion de l'environnement qu'ils assument déjà.
J'aimerais faire part à la Chambre de quelques réflexions en tant que membre du Comité permanent de l'agriculture et de l'agroalimentaire, où nous avons eu des discussions avec des experts sur le projet de loi . Un sujet qui est revenu dans la plupart des témoignages et qui m'a semblé particulièrement important, c'est la nécessité de maintenir un signal de prix. Le député de a présenté un amendement qui est raisonnable, mais qui ne tient pas compte de notre volonté de maintenir le signal de prix actuel afin de continuer à favoriser l'innovation et les percées technologiques dans ce domaine.
Le député de a dit dans ses observations que les agriculteurs feraient déjà la transition vers les séchoirs à grains les plus efficaces s'ils en avaient les moyens. Le gouvernement s'efforce de maintenir ce prix, en misant sur les programmes de soutien en place, de sorte que nous puissions aider les agriculteurs à faire la transition dès aujourd'hui, car nous devons poursuivre nos efforts à cet égard. C'est extrêmement important.
Je voudrais ajouter que le comité de l'agriculture mène actuellement une étude sur l'environnement, l'agriculture et les liens entre les deux. Certains des témoins d'hier ont signalé, entre autres, qu'il existe des débouchés pour des choses comme les granules de bois, pour produire l'énergie nécessaire au séchage du grain.
C'est une possibilité qu'Environnement et Changement climatique Canada examine en collaboration avec l'industrie, car l'analyse du cycle de vie de ces types de produits est nettement inférieure à celle des combustibles fossiles. Voilà le genre de pratiques innovatrices que nous pouvons continuer à mettre en œuvre pour soutenir les agriculteurs, afin qu'ils puissent éviter la tarification de la pollution et réduire leurs propres coûts, tout en appuyant les industries des régions rurales.
Comme je l'ai dit en posant ma question au député d'en face, l'un des témoignages qui ressort nettement, c'est que, même s'il l'on se félicite que le gaz naturel et le propane fassent partie des combustibles admissibles, étant donné qu'il s'agit de séchage du grain, du moins si j'ai bien compris, le projet de loi ne fait aucune mention susceptible de modifier la définition des activités agricoles admissibles. Je note que le député d'en face considère que, selon son interprétation, cela serait inclus, mais le ministère des Finances du Canada ne semble pas partager ce point de vue. Voilà un défaut rédhibitoire de ce projet de loi.
En bref, le gouvernement maintiendra son prix, quitte à offrir des rabais lorsqu'il est logique de le faire et qu'il s'avère difficile de trouver des technologies novatrices sur le marché. Cette mesure législative n'avait que de bonnes intentions, mais elle a été présentée avant que le gouvernement fasse d'importants investissements avec l'industrie, afin d'obtenir les résultats qui sont si cruciaux, comme nous le savons tous.
:
Madame la Présidente, je remercie mon collègue de son discours. Je vais reprendre certains des éléments qu'il a soulevés et peut-être apporter de légères corrections.
Je commencerais mon énoncé en saluant les producteurs agricoles. J'ai le plus profond respect pour ces gens qui, à longueur de semaine et d'année, qu'il fasse froid ou chaud, qu'il pleuve, qu'il neige ou qu'on soit en pleine sécheresse, ont les deux pieds dans la terre. Le premier souci de ces gens est que leurs enfants, leurs petits-enfants et leurs arrière-petits-enfants puissent avoir les deux pieds dans la même terre. Ils veulent donc la préserver. Je voulais simplement sensibiliser la Chambre à cela. Ne l'oublions pas.
N'oublions pas non plus les efforts que le monde agricole a déjà commencé à faire. Bien sûr, on veut tous faire plus. On veut tous faire mieux et on veut tous améliorer le bilan. C'est essentiel, mais reconnaissons ce qui se fait et encourageons nos bons élèves. Mes collègues comprendront dans quelques minutes pourquoi je dis cela.
J'invite les membres du Parlement qui ne l'ont pas fait — parce que ce n'est pas leur dossier ou parce qu'ils sont dans une circonscription urbaine — à aller visiter des exploitations agricoles, à aller voir les gens et à constater ce qu'est le quotidien d'un producteur agricole. Je n'en dis pas plus.
Mes collègues savent que le Bloc québécois est en faveur d'une réduction des émissions de gaz à effet de serre et qu'il est en faveur du principe d'un prix sur la pollution. Lorsqu'il est question d'améliorer le climat, il y a deux optiques: l'optique punitive et l'optique de soutien et d'encouragement des gens. On est d'accord qu'il faut utiliser les deux, mais, dans ce cas-ci, où il n'y a pas d'autre solution viable à court terme et que tout le monde le sait, il nous apparaît purement logique d'adopter ce projet de loi. C'est pour cela que nous nous sommes prononcés en faveur de ce projet de loi dès le départ.
Je vais être bien honnête, je ne dirai pas que ce projet de loi ne m'a pas donné des maux de tête lorsque je l'ai lu la première fois. Au Bloc québécois, on veut délaisser les énergies fossiles, on veut investir dans les énergies vertes et on croit au principe d'un prix sur la pollution. Cependant, il faut être rationnel et il faut être intelligent dans nos mesures.
En comité, l'exemple patent du séchage du grain a démontré qu'il n'y a pas d'autre solution économiquement viable à l'heure actuelle, ce qu'expliquent plusieurs facteurs. L'un des gros facteurs est le besoin d'investissements massifs pour utiliser de nouvelles technologies, comme la biomasse ou l'électricité. La forme d'énergie qu'est l'électricité ne donne pas une chaleur suffisamment intense et rapide pour un séchage efficace du grain. De plus, il arrive souvent que les lignes électriques ne permettent même pas d'acheminer le courant nécessaire aux exploitations agricoles. Les infrastructures ne sont donc pas là, même si on pense scientifiquement et qu'on se dit qu'on va y arriver bientôt.
Si je me promène en ville en véhicule utilitaire sport à quatre roues motrices et équipé d'un moteur à huit cylindres, c'est mon choix. Si je dois payer une taxe sur le combustible, c'est mon choix de conserver ma grosse cylindrée à quatre roues motrices en ville, même si je n'en ai pas besoin. En effet, il existe d'autres choix et, dans ces cas, il est tout à fait rationnel et logique de taxer. Peut-être qu'à moyen ou à court terme, cela forcera les gens à faire une transition vers un véhicule électrique ou à tout le moins vers un véhicule de plus petite taille qui n'est pas à quatre roues motrices parce que, en ville, on n'en a pas besoin.
Dans ce cas-ci, on a affaire à des agriculteurs qui dépendent des prix du marché international et il faut le dire. Les producteurs de grains n'ont aucun contrôle sur le marché et ne peuvent donc pas augmenter leurs prix de vente. Ils ne peuvent pas non plus utiliser un autre combustible. Une taxe sur le propane pour faire sécher les grains entraînera donc une augmentation des coûts de production et une réduction de la marge, laquelle est déjà minime. Les entrepreneurs agricoles — car je rappelle que ce sont des entrepreneurs — n'en ont pas.
Que font-ils dès qu'ils ont une certaine marge de manœuvre? Ils investissent dans leur entreprise. Ils innovent, et il faut leur laisser la possibilité de le faire. Comme il n'y a pas d'autres solutions présentement, nous sommes d'accord. Nous pensons que le projet de loi est raisonnable. À la lecture du projet de loi, on pourrait penser qu'il s'agit d'un oubli. C'est tout à fait logique que le propane et le gaz naturel soient ajoutés à la liste des autres combustibles. Par contre, il faut agir.
Mes collègues ont certainement remarqué que, au cours des dernières minutes, les députés qui siègent au Comité permanent de l’agriculture et de l’agroalimentaire s'adressent l'un à l'autre en disant « mon très estimé collègue ». Je vais peut-être apprendre quelque chose à mes collègues: dans ce comité règne un esprit de camaraderie et de non-partisanerie assez particulier. Je suis un nouveau député et je n'ai pas assisté à d'importantes chicanes en comité, mais j'entends parfois des choses de la part de députés qui siègent à d'autres comités. D'ailleurs, je tiens à saluer les membres du Comité permanent de l’agriculture et de l’agroalimentaire, parce qu'ils savent y travailler de façon constructive.
Les représentants d'Équiterre sont parmi les premiers témoins que le Comité a entendus. Évidemment, ils s'opposaient au projet de loi. Selon eux, mettre un prix sur le carbone est une mesure essentielle. Lorsque nous leur avons posé des questions, ils nous ont répondu que le problème était qu'il n'y avait pas d'échéancier. Nous les avons écoutés et nous avons proposé un amendement au projet de loi. Il a une durée limitée de 10 ans. Tous les députés espèrent qu'il faudra moins de 10 ans, mais il faut donner un peu d'oxygène à nos producteurs.
Dans mon introduction, je disais qu'il faut reconnaître le travail des producteurs agricoles. Comme tout le monde, je veux que l'on s'améliore. D'ailleurs, le collègue qui a pris la parole avant moi a mentionné que l'on avait entamé une nouvelle étude sur l'environnement.
Hier, dans leurs témoignages, les représentants du ministère de l'Environnement disaient que le système de crédits compensatoires que l'on pense implanter ne tiendrait nullement compte de toute innovation ou amélioration qui a été implantée avant 2018. Je tire la sonnette d'alarme à cet égard: on ne peut pas faire cela.
Certains producteurs se mettent en quatre depuis 25 ans pour assurer une production biologique. Or leur rendement est moins important que celui de leur voisin qui utilise des engrais chimiques. Ils ont développé des techniques. On ne peut pas leur dire que tout ce qu'ils ont fait jusqu'à maintenant ne compte pas et qu'ils vont devoir innover davantage. En fait, je me corrige: on va leur dire qu'ils doivent innover davantage, mais on doit reconnaître ce qui a été fait.
Je suis un ancien professeur. Je sais que si une classe est composée de bons élèves et d'un élève perturbateur, je ne peux pas leur dire que comme l'élève perturbateur dérange moins qu'avant, je vais l'encourager plus que les bons élèves. Quel effet cela aurait-il si je disais cela à des élèves de troisième secondaire? Les bons élèves ne seront pas d'accord sur cela. C'est la même chose du côté de nos producteurs. Il s'agit d'un principe extrêmement important.
C'est aussi important de conserver le principe du prix sur la pollution et que l'on revienne avec cela.
J'incite nos collègues et les gouvernements des provinces canadiennes qui ne gèrent pas eux-mêmes un système à en instaurer un. Cette loi ne s'appliquera pas au Québec, elle s'appliquera dans les provinces qui n'ont pas adopté leur propre réglementation. Je les incite à adopter leur propre réglementation et je les invite à venir voir ce que l'on fait au Québec. Le Québec est un partenaire de la Colombie-Britannique et de la Californie pour ce qui est de la bourse du carbone. Cela fonctionne quand même assez bien. Il faut que les provinces prennent en main cet aspect de leur développement.
Pour l'avenir, je souhaite que le gouvernement canadien investisse les sommes qu'il recueille grâce à l'impôt en recherche-développement et accompagnement. On doit reconnaître le rôle de protecteur de l'environnement de nos agriculteurs. D'ici là, soyons rationnels et adoptons des mesures intelligentes. En ce sens, adoptons le projet de loi C-206.
:
Madame la Présidente, je suis reconnaissant d'avoir à nouveau l'occasion de parler du projet de loi . Pour ceux qui ne connaîtraient pas encore ce débat, le projet de loi modifierait la Loi sur la tarification de la pollution causée par les gaz à effet de serre, en plus d'élargir la définition de combustible agricole admissible. Dans le cas qui nous intéresse, il s'agit d'ajouter le gaz naturel et le propane à cette définition. Comme je l'expliquerai plus loin, c'est important, parce que le propane et le gaz naturel sont deux combustibles dont les agriculteurs se servent beaucoup à des fins spécifiques.
Comme je l'ai dit dans mon discours à l'étape de la deuxième lecture du projet de loi, il est également important de souligner les défis que devra affronter le secteur agricole au cours des décennies à venir, en raison des effets des changements climatiques.
Dans ma circonscription et en comité, j'ai entendu des agriculteurs expliquer comment ils devaient s'adapter aux changements climatiques. Je représente une circonscription rurale, Cowichan—Malahat—Langford, dont la superficie est d'environ 4 700 kilomètres carrés. C'est un beau coin de pays situé dans le sud de l'île de Vancouver. En outre, la vallée de la Cowichan profite d'un vaste patrimoine agricole. Nous sommes très fiers du climat qui y règne, qui nous permet de produire une abondance de légumes et de fruits succulents. Je sais que les agriculteurs de ma circonscription sont très conscients des effets des changements climatiques, à l'instar des agriculteurs de partout au Canada.
Au moment de créer une politique, il est important de garder à l'esprit ce qui constituera le plus vaste défi du XXIe siècle et de réellement mettre l'accent sur les efforts visant à lutter contre cette grave menace. Cette menace cause non seulement des préoccupations environnementales et entraîne des dommages environnementaux, mais elle aura des conséquences majeures sur l'argent des contribuables dans le futur. La somme d'argent que nous devrons débourser à partir de nos futures recettes fiscales pour lutter contre les dommages causés par les changements climatiques, pour tenter de nous y adapter et pour en atténuer les effets, ne cessera pas d'augmenter si nous ne réduisons pas considérablement nos émissions. Je comprends l'objectif de la tarification du carbone et je l'appuie totalement.
Je tiens aussi à souligner qu'il arrive trop souvent au cours des débats que les agriculteurs soient traités comme des spectateurs, ce qui est une grossière erreur. Non seulement les agriculteurs connaissent très bien les effets des changements climatiques, mais ils constituent aussi l'un des meilleurs outils pour lutter contre ces derniers.
Dans leur discours, certains de mes collègues ont indiqué que les bonnes pratiques agricoles peuvent être une source importante de séquestration du carbone. Il faut retirer le carbone de l'atmosphère, où il cause des ravages, et l'enfouir dans le sol. Quand on enfouit le carbone dans le sol, celui-ci devient plus sain, il faut moins d'intrants grâce à de meilleures pratiques agricoles, et on obtient de meilleurs rendements. De plus, le sol est plus apte à résister aux sécheresses et aux inondations, et cela renforce la résilience du système. Il n'y a que des avantages à gérer sainement le sol.
Il faut examiner les pratiques agroécologiques et les techniques d'agriculture régénératrice. Je suis heureux que notre comité participe à cette étude, mais nous devons vraiment faire en sorte de placer cette question au cœur des politiques du gouvernement fédéral — et je reconnais que c'est ce que le budget commence à faire — et de mettre les agriculteurs à l'avant-plan comme nos plus grands alliés pour lutter contre cette menace.
Je tiens à prendre le temps de souligner non seulement le travail important que le secteur agricole accomplit déjà et le potentiel qu'il a pour produire de l'énergie renouvelable, étant donné que les exploitations agricoles regorgent de possibilités d'exploiter le vent, le soleil et la biomasse, mais aussi ce que les agriculteurs font grâce à leur saine gestion du sol.
Le projet de loi nous revient après avoir passé quelque temps au comité de l'agriculture. J'ai l'honneur de siéger à ce comité depuis plus de trois ans maintenant et je ferai écho aux observations de l'intervenant précédent. C'est merveilleux de faire partie de ce comité. C'est probablement le comité le moins partisan de la Chambre. Une grande partie des mesures adoptées au comité sont le fruit d'un consensus, et le débat y est toujours très respectueux.
Tous les membres du comité sont conscients que peu importe nos allégeances politiques, nous représentons tous les agriculteurs de nos circonscriptions. Le comité réunit des députés du Nouveau Parti démocratique, du Parti conservateur, du Bloc québécois, du Parti libéral et du Parti vert. Nous reconnaissons tous l'importance du secteur, non seulement pour nos circonscriptions, mais également pour le pays dans son ensemble.
Nous avons enfin pu étudier une mesure législative, ce qui est rare au sein de ce comité. Nous avons examiné en profondeur le projet de loi . Nous avons tenu six réunions, entendu 29 témoins et reçu huit mémoires. La liste des témoins incluait des gens de tous les horizons. Nous avons entendu les témoignages de plusieurs ministères fédéraux, de la Fondation David Suzuki, de la Canadian Canola Growers Association, de l'Union nationale des fermiers, des Fermiers pour la transition climatique et des Producteurs de grains du Canada, pour ne nommer que ceux-là.
J'ai écouté une bonne partie du débat sur l'objectif de la tarification du carbone. Elle vise à envoyer un signal de prix pour encourager les gens à faire des choix plus économiques et plus écologiques. Le débat d'aujourd'hui porte sur le séchage du grain parce qu'il nécessite une grande consommation de propane et de gaz naturel.
Je l'ai mentionné dans mon discours à l'étape de la deuxième lecture, mais cela a été confirmé maintes fois: si l'objectif de la tarification du carbone est de modifier les comportements, il nous faut une solution de rechange viable pour ce qui est du comportement à adopter. Récemment, j'ai passé à un véhicule zéro émission et je sais que beaucoup de gens de la circonscription de Cowichan—Malahat—Langford ont fait de même. Ils ont fait le saut parce qu'il y a un signal de prix. En effet, c'est beaucoup plus économique de conduire un véhicule zéro émission, une voiture électrique, que d'utiliser une voiture à essence. Toutefois, les gens font le saut aussi parce qu'il existe des options viables. En effet, le marché des véhicules zéro émission offrent tant d'options parmi lesquelles choisir qu'il est assez aisé d'en trouver une qui correspond à nos besoins quotidiens, d'autant plus qu'il y a des incitatifs gouvernementaux.
Pour ce qui est du séchage du grain et des autres technologies, les agriculteurs n'ont pas autant de choix. On nous a parlé de technologies émergentes s'appliquant aux thermopompes électriques et de la possibilité d'utiliser la biomasse issue des débris végétaux. Toutefois, nous avons appris que ces technologies ne seront pas commercialement viables et suffisamment efficaces pour remplacer le gaz naturel et le propane avant de nombreuses années. Si nous ne pouvons pas proposer d'options viables aux agriculteurs et que nous percevons simplement une taxe sur leurs activités, la tarification du carbone n'atteindra pas son objectif.
Je reconnais le fait que le gouvernement offre des remises, dont il est question à la page 197 du budget en réponse au projet de loi , je crois. Le projet de loi C-206 a eu une incidence, j'imagine, et a contribué à faire modifier une partie du budget. Toutefois, les agriculteurs nous ont dit qu'ils préféraient qu'il n'y ait aucune tarification tant qu'il n'existera pas de solutions technologiques viables.
Cela m'amène à parler de l'amendement. Je tiens à remercier les membres du comité, car le seul amendement qui a été adopté est celui que j'ai proposé. J'ai essayé de trouver un juste milieu raisonnable entre les deux parties en établissant une disposition de caducité de 10 ans, après quoi la définition du projet de loi reviendra à la définition originale. J'estimais qu'une période de 10 ans était suffisante pour permettre aux technologies émergentes de devenir commercialement viables, de sorte que, si tout va bien, en 2031, les agriculteurs auront un choix à faire. Je pense que c'est incroyablement important dans le contexte de la tarification du carbone.
Je souhaite remercier à nouveau les membres du comité — dont il est très agréable de faire partie — d'avoir appuyé l'amendement proposé et de nous avoir permis d'en arriver au stade où, espérons-le, le projet de loi sera adopté par la Chambre et renvoyé à l'autre endroit.
En conclusion, je pense que nous devons nous rappeler, comme l'a expliqué en détail l'Union nationale des fermiers, que la dette agricole canadienne a presque doublé depuis l'an 2000. Elle se chiffre en milliards de dollars, et les agriculteurs paient de plus en plus cher pour l'engrais, le carburant pour les machines, les nouvelles technologies, les services de crédit et plus encore. Il ne leur reste vraiment qu'une toute petite partie des revenus agricoles bruts. Je pense que la mesure prévue dans le projet de loi nous permettra de les aider à payer moins cher des combustibles qui sont très importants pour leur production.
Merci de m'avoir écouté. J'ai hâte d'entendre d'autres interventions sur le projet de loi .
:
Madame la Présidente, des représentants d'Agriculture et Agroalimentaire Canada ont comparu devant le comité, que ce soit au sujet de l'utilisation plus intensive des cultures de couverture ou du pâturage en rotation. Ils ont admis que les émissions de gaz à effet de serre causées par l'agriculture demeurent stables depuis 2005, malgré une production accrue.
Si je me fie à mon expérience personnelle de la culture maraîchère en terrain sablonneux, les tempêtes de sable printanières n'étaient pas rares dans la foulée du labour pour le semis des pommes de terre, des tomates et d'autres légumes. Malheureusement, au milieu des années 1980, il m'est arrivé plus d'une fois d'avoir à allumer mes phares en plein jour. Ce n'est plus le cas aujourd'hui. On a planté des brise-vent, la gestion des cultures de couverture est beaucoup plus intensive et le labour en bandes a pour ainsi dire éliminé les dommages dus à l'érosion par le vent.
Troisièmement, le secteur agricole a de solides antécédents en matière d'innovation, d'adoption de technologies nouvelles, par exemple l'utilisation de la technologie GPS à la ferme, l'adoption croissante de l'application à taux variable, tant pour les semis que pour les produits de protection des cultures, la robotique dans le secteur laitier, l'automatisation et les contrôles climatiques dans le secteur serricole, ainsi que bien d'autres innovations.
Pourquoi cela? Parce que les agriculteurs savent qu'ils doivent être concurrentiels. Pour paraphraser John F. Kennedy, cette industrie a souvent été décrite comme l'une des rares à acheter ses intrants au prix de détail, à vendre ses extrants au prix de gros et à assumer les frais de transport dans les deux cas. Ce qui m'amène à mon dernier argument.
Dans l'ensemble, les agriculteurs sont des preneurs de prix. Ils ne peuvent pas refiler efficacement à leurs acheteurs les augmentations de coûts qui leur sont imposées. Que les quatre points qui suivent préparent le terrain pour mes observations sur le projet de loi , qui ajoute le propane et le gaz naturel aux combustibles agricoles admissibles qui sont exemptés de la taxe sur le carbone.
Nous avons beaucoup entendu parler à la Chambre de la récolte désastreuse de 2019. Dans l'Ouest canadien en particulier, cette récolte très difficile qui a été marquée par des pluies abondantes et prolongées ainsi que des chutes de neige précoces et des gelées juste avant et pendant la récolte, a nécessité l'utilisation de gaz naturel et de propane pour sécher le grain afin qu'il puisse être entreposé. Chaque année, les agriculteurs en Ontario doivent utiliser des séchoirs à grains, surtout pour le maïs-grain, mais souvent aussi pour le soja, le blé, l'orge, l'avoine et le canola.
Lors d'une récente conversation avec le Dr Alan Mussell, il m'a rappelé que les agriculteurs portent énormément attention à leur consommation d'énergie depuis les débuts de l'agriculture organisée. Ils ont cherché à maximiser le rendement et la qualité de leurs récoltes ainsi que l'indice de valorisation des aliments lorsque l'énergie végétale est transformée en protéines. Ils se sont concentrés sur 99 % de l'énergie consommée sur la ferme, soit l'énergie reçue du soleil, ou l'énergie solaire. En maximisant l'efficacité de cette énergie et le rendement, la qualité et la conversion de leurs récoltes et en réussissant à cultiver plus de plantes par hectare, ils ont également augmenté la séquestration du carbone.
La fixation du CO2 qui découle de l'augmentation du rendement dépend fortement des techniques de gestion utilisées par les agriculteurs aux idées progressistes. Cela ne fait qu'une dizaine d'années que le bruit court que l'agriculture est une industrie qui pollue. Comme les sources d'énergies fossiles et électriques ne représentent qu'une infime partie de l'énergie qu'ils utilisent, les agriculteurs ont, à juste titre, mis l'accent depuis longtemps sur l'optimisation de l'efficacité en augmentant le rendement et la qualité des récoltes en maximisant l'utilisation de l'énergie solaire et le rendement, ce qui a eu pour effet de séquestrer du carbone.
En parallèle, le mouvement vers la réduction du travail du sol et la culture sans labour a permis d'améliorer la rétention de l'humidité et de réduire l'érosion et, bien sûr, d'augmenter la séquestration du carbone, sans pour autant qu'une taxe soit imposée; un fait non reconnu dans la Loi sur la tarification de la pollution causée par les gaz à effet de serre. Pourtant, en ce qui concerne l'agriculture, même si elle utilise relativement peu d'énergies fossiles, l'imposition d'une taxe sur le carbone ne devrait-elle pas en réduire l'usage? La réponse est non, pour trois raisons.
D'abord, l'imposition d'une taxe sur le carbone sur les carburants agricoles qui servent au séchage du grain provoquerait logiquement une baisse du rendement dans le secteur, ce qui va à l'encontre du but de cette taxe. Dans le cas des agriculteurs qui cultivent le maïs, ceux-ci ont sélectionné des variétés qui ont besoin du maximum de degrés-jours de croissance possible dans leur région avec des risques acceptables jusqu'à la maturité des plants afin d'optimiser la conversion de l'énergie solaire en rendement, ce qui a aussi pour effet d'optimiser la séquestration du carbone.
Ils pourraient choisir de faire pousser des variétés à cycle plus court dont le maïs serait plus sec à la récolte pour se soustraire à la taxe sur le carbone, puisque cela exigerait moins d'énergie pour sécher la récolte et la conserver. Pour autant, le rendement serait alors moins bon, il y aurait moins de séquestration de CO2 et on aurait besoin de plus de superficie pour faire pousser la même quantité de céréales afin de répondre à la demande du marché.
Deuxièmement, il n'y a tout simplement pas de solutions de rechange au gaz naturel et au propane commercialement viables et évolutives. Comme il n'y a pas de solutions de rechange viables, la demande en carburant a tendance à ne pas être affectée par le prix, ce qui fait que cette taxe supplémentaire sur le carburant est inefficace pour réduire les émissions. La taxe supplémentaire sur le carburant, comme elle est appliquée actuellement, est punitive. Elle taxe nos agriculteurs, et n'offre que peu ou pas d'avantages sur le plan de l'environnement.
Le récent budget prévoit 50 millions de dollars pour la recherche et le développement d'autres solutions viables. Cette initiative peut être soutenue. Si jamais d'autres solutions existent sur le marché, elles sont généralement plus chères que ce qui existe dans le moment. Inciter à leur adoption plutôt que taxer une pratique actuelle pour laquelle il n'y a pas de solution de remplacement est une bien meilleure politique.
Si possible, il faut créer des incitatifs plutôt que des mesures punitives. Comme cela a été dit précédemment, les agriculteurs ne peuvent pas refiler ce coût supplémentaire aux consommateurs, ce qui m'amène à mon dernier point, à savoir l'équité fondamentale sur le marché.
Les grains du Canada sont en concurrence directe avec ceux des États-Unis et les prix dépendent de la Bourse de Chicago. Notre entreprise agricole, Lycoland Farms, est surtout axée sur les légumes destinés à la transformation, mais elle produit aussi des grains et des oléagineux. Comme notre production actuelle est trop faible pour qu'il soit rentable d'investir dans des installations de séchage et d'entreposage, nous livrons nos grains à Tec-Land, une entreprise agricole qui a un silo-élévateur à Wheatley. Le prix que nous recevons est fondé sur les données de la Bourse de Chicago, auxquelles s'ajoute une base locale.
Cette base locale tient compte du taux de change, de la situation de l'offre et de la demande à l'échelle locale, et du transport jusqu'aux marchés. Tec-Land peut faire affaire avec des clients comme Hiram Walker ou ADM à Windsor; Greenfield Global, un producteur d'éthanol de Chatham, dans ma circonscription; Cargill à Sarnia; et Ingredion à London. Toutefois, aucun de ces clients n'est prêt à payer une base plus élevée à Tec-Land pour couvrir la taxe sur le carbone et le coût du séchage. Pourquoi? C'est que ces clients peuvent aussi acheter du maïs ou du soja des États-Unis, ce qu'ils font souvent, et que ces grains ne sont pas assujettis à une taxe sur le carbone associée aux carburants nécessaires à leur production et à leur séchage.
La Loi sur la tarification de la pollution causée par les gaz à effet de serre comprend une exemption pour l'essence et le diésel. Le projet de loi vise maintenant à corriger l'oubli concernant le gaz naturel et le propane utilisés pour le séchage des grains.
Contrairement à Lycoland Farms, bon nombre de mes voisins et la plupart des agriculteurs de notre circonscription produisent surtout des grains et des oléagineux. Beaucoup d'entre eux ont investi dans leurs propres installations de séchage et d'entreposage. J'ai récemment parlé à certains de mes voisins, tels que Paul Tiessen, Tom Dick, Walt Brown, Doug Mills, et j'en passe, qui ont tous vécu la même expérience que Tec-Land. Quand ils vendaient leurs récoltes de la saison dernière, ils n'ont pas été en mesure de refiler les coûts supplémentaires de la taxe sur le carbone aux acheteurs,
Selon les estimations faites dans une étude récente de l'association des producteurs de grains de l'Ontario, la taxe sur le carbone visant les combustibles utilisés pour le séchage coûtera, d'ici 2030, 46 $ de plus par acre à une ferme moyenne. Pour une ferme ontarienne de 800 acres qui produit du grain, la taxe sera de 36 800 $ et elle ne pourra pas être refilée aux acheteurs.
En conclusion, j'exhorte tous les députés à appuyer ce projet de loi afin d'éviter d'aller à l'encontre de l'objectif de la réduction des émissions de gaz à effet de serre. Je vous prie de bien vouloir appuyer l'abolition d'une taxe qui n'offre aucune solution viable aux clients et de veiller à ce que le secteur agricole bénéficie de l'équité la plus élémentaire sur le marché.