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Monsieur le Président, je partagerai mon temps de parole avec la députée de .
Je prends la parole aujourd'hui pour appuyer le projet de loi , Loi modifiant la Loi sur les juges et le Code criminel.
Même si, à deux reprises, le projet de loi a eu l'appui de tous les partis représentés à la Chambre, il n'a pas encore été adopté à toutes les étapes. En écoutant le débat, vendredi dernier, il m'est apparu évident que le projet de loi demeure un exemple de la collaboration entre parlementaires qui se poursuit et dont nous pouvons tous être fiers.
J'aimerais commencer en nommant Rona Ambrose et en la remerciant de son initiative sur cette question cruciale. Son projet de loi est le premier qu'a étudié le Comité permanent de la condition féminine. Le travail de collaboration que nous avons accompli, au sein du Comité, a renforcé le projet de loi. Je suis ravie de voir que le gouvernement a retenu, dans ce projet de loi, des amendements issus de l'étude faite par le Comité.
Au moment où Mme Ambrose a présenté son projet de loi d'initiative parlementaire, plusieurs décisions très médiatisées ont démontré aux Canadiens que certains juges ne comprenaient pas le droit relatif aux agressions sexuelles et fondaient leurs décisions sur des mythes et des stéréotypes.
Les députés se rappelleront que l'ancien juge albertain de la Cour fédérale Robin Camp avait demandé à une plaignante dans une affaire d'agression sexuelle « pourquoi [elle] n'a pas simplement serré les genoux » durant le viol présumé. En raison de ses commentaires, le Conseil canadien de la magistrature a entrepris un examen de la conduite du juge Camp et a conclu que celui-ci avait « agi d'une manière qui a gravement ébranlé la confiance du public envers la magistrature ». Le juge Camp a ensuite remis sa démission.
Essentiellement, le projet de loi vise à assurer aux Canadiens que les juges qui sont promus à des postes fédéraux veulent comprendre les mythes et les stéréotypes qui circulent dans la société canadienne depuis beaucoup trop longtemps. Le gouvernement fédéral devrait nommer des juges qui reconnaissent que l'apprentissage dure toute une vie et qui accordent de l'importance à la formation continue. La création du présent projet de loi a pour but de veiller à ce qu'aucune autre plaignante dans une affaire d'agression sexuelle ne subisse la condescendance, l'humiliation et le manque de respect d'un juge fédéral.
Le projet de loi modifierait la Loi sur les juges afin d'exiger que seules les personnes qui se sont engagées à suivre une formation continue portant sur des questions liées au droit relatif aux agressions sexuelles et au contexte social puissent obtenir un poste de juge nommé par le gouvernement fédéral. Le projet de loi exigerait aussi du Conseil canadien de la magistrature de s'assurer que la formation dans ce domaine soit élaborée après consultation avec des experts du domaine ou d'autres groupes ou personnes qu'il estime indiqués, notamment des organismes qui appuient les personnes ayant survécu à une agression sexuelle.
Ces modifications visent à ce que les juges récemment nommés à une juridiction supérieure soient bien informés des questions liées au droit relatif aux agressions sexuelles et au contexte social. Signalons que cette mesure est rendue possible grâce à l'excellent travail que l'Institut national de la magistrature, qui a la responsabilité de voir à la formation des juges au Canada, a déjà accompli, avec le soutien d'investissements fédéraux, en vue d'élaborer une formation continue complète sur le droit relatif aux agressions sexuelles et le contexte social.
Enfin, le projet de loi modifierait le Code criminel afin d'obliger les juges à motiver leurs décisions par écrit ou à porter les motifs de la décision dans le procès-verbal des débats lors des procès pour agression sexuelle.
J'ai déjà parlé du contexte social relatif aux agressions sexuelles, et j'aimerais apporter des précisions à ce sujet.
Le contexte social se rapporte tout simplement au fait que l'environnement social ou physique immédiat d'une personne a une incidence sur sa façon de voir le monde. Ainsi, l'expérience d'une femme bien nantie qui a survécu à la violence sexuelle sera différente de celle d'une itinérante. L'expérience d'une femme trans blanche sera différente de celle d'une Autochtone cisgenre. L'expérience d'un homme gai de Toronto sera différente de celle d'une femme hétérosexuelle qui vit avec un handicap à Amherst, en Nouvelle-Écosse. De la même façon, l'expérience d'un juge qui a reçu une formation sur les mythes et les stéréotypes entourant l'agression sexuelle sera différente de celle d'un juge qui n'a jamais reçu ce genre de formation.
Dans le cadre du débat sur le projet de loi, il est important de tenir compte de l'incidence du contexte social sur la façon dont différentes personnes perçoivent le système de justice pénale et sont perçues par ce système. C'est pourquoi j'espère que l'étude au comité permettra d'élargir la portée du projet de loi afin d'établir clairement la nécessité d'offrir une formation non seulement sur le droit et le contexte social relatifs aux agressions sexuelles, mais aussi sur la lutte contre le racisme.
L'été dernier, le Canada a pris conscience de l'existence du racisme systémique dans toutes ses institutions. En 2017, au début du mouvement #MoiAussi, le pays a aussi pris conscience de l'existence du sexisme systémique dans l'ensemble de ses institutions.
Jennifer Koshan, professeure de droit à l'Université de Calgary, a clairement affirmé lors de son témoignage devant le Comité permanent de la condition féminine que « non seulement la loi change, mais que le contexte social peut également changer ». Voilà pourquoi il est extrêmement important d'exiger qu'un candidat à un poste de juge nommé par le gouvernement fédéral s'engage à suivre une formation sur le droit relatif aux agressions sexuelles et au contexte social.
Le projet de loi s'attaque à un problème de longue date: l'influence des mythes et des stéréotypes sur le droit relatif aux agressions sexuelles. Même s'il est difficile de le concevoir aujourd'hui, avant les réformes qui ont commencé en 1983, un homme ne pouvait pas être accusé d'avoir agressé sexuellement son épouse. Les condamnations pour agression sexuelle nécessitaient le témoignage d'une autre personne que la victime. Les victimes devaient pousser des cris avant l'agression et la signaler peu de temps après; sinon, on ne les croyait pas. La réputation et le comportement sexuel antérieur des victimes pouvaient être utilisés pour attaquer leur crédibilité.
Des réformes ont été mises en œuvre pour corriger ces points et d'autres règles de preuve dans les années 1980 et 1990. Par exemple, pour répondre aux préoccupations soulevées par les survivants et les organisations de femmes, des dispositions sur la protection des victimes de viol, qui encadrent l'admissibilité en preuve du comportement sexuel antérieur, ont été adoptées en 1983, puis modifiées en 1992. Ces dispositions visent à protéger les survivants en empêchant que des preuves relatives à leur comportement sexuel antérieur ne soient utilisées pour étayer une conclusion qu'ils étaient plus susceptibles d'avoir consenti à l'activité sexuelle à l'origine de l'accusation ou qu'ils sont moins dignes de foi. Les dispositions limitent également l'utilisation d'éléments de preuve sur les antécédents sexuels à d'autres fins, à moins que des critères précis soient respectés.
De même, en 1992, une définition claire du consentement dans le contexte des activités sexuelles a été ajoutée au Code criminel et des limites à l'égard de la possibilité pour un accusé d'invoquer la défense de croyance erronée au consentement ont été adoptées. La Cour suprême du Canada a fourni des directives sur l'application des dispositions sur les agressions sexuelles en précisant que le consentement doit être manifesté de façon explicite par les paroles ou le comportement et qu'il ne peut pas être sous-entendu par la soumission, la passivité ou l'absence de protestation.
Néanmoins, en dépit des mesures législatives musclées qui sont en vigueur et des décisions claires rendues par le plus haut tribunal, des mythes et des stéréotypes à propos des survivants d'agression sexuelle persistent encore dans les tribunaux et dans les décisions judiciaires. Notre gouvernement s'est donné comme priorité de trouver des solutions à ces difficultés constantes, qui sont devenues une grande source de préoccupation au pays.
Le gouvernement a présenté le projet de loi en 2018. Avec son adoption, les changements apportés ont permis de clarifier un certain nombre de principes déjà contenus dans la loi, notamment qu'une personne inconsciente ne peut consentir à une activité sexuelle; qu'un accusé ne peut pas compter sur une défense de croyance erronée au consentement lorsque celle-ci est fondée sur une erreur de droit, tel qu'un consentement obtenu par la force; que les antécédents sexuels ne doivent jamais servir à conclure à un consentement; et que l'admissibilité en preuve des communications privées d'une victime tenues à des fins sexuelles doit être établie selon les dispositions sur la protection des victimes de viol.
En outre, le projet de loi prévoit que lors de procédures sur la protection des victimes de viol, notamment lors de la présentation de preuves relatives à son comportement sexuel antérieur, la victime peut faire des représentations et a le droit de le faire par l'entremise d'un avocat, et que l'admissibilité de son dossier personnel qui est en possession de l'accusé doit être établie dans le cadre d'un processus similaire à celui utilisé dans les procédures sur la protection des victimes de viol et celles sur les dossiers détenus par des tiers.
Le gouvernement a également modernisé le processus de nomination des juges pour assurer une plus grande diversité au sein de la magistrature. Lors de son témoignage en 2017 devant le comité de la condition féminine, la professeure Carissima Mathen a déclaré: « Ce sujet a soulevé une onde de choc plutôt méconnue dans l'univers du processus de nomination des juges [...] Les innovations qui touchent le processus de nomination des juges [...] sont dignes de mention. »
Le Canada...
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Madame la Présidente, je suis heureuse d'avoir l'occasion d'intervenir en faveur du projet de loi , Loi modifiant la Loi sur les juges et le Code criminel. Ce projet de loi extrêmement important pourrait contribuer à faire du Canada un pays plus sûr pour les femmes et les filles, peu importe la région où elles habitent.
J'aimerais d'abord remercier Rona Ambrose d'avoir placé cette question à l'avant-plan.
Ce projet de loi me tient particulièrement à cœur, car je suis une femme qui a grandi dans ce qu'on pourrait considérer comme un quartier dur. J'ai passé les 28 premières années de ma vie dans le quartier Chameran de ma circonscription, Saint-Laurent. J'ai souvent vu des gens se livrer à des actes de violence dans le parc en face de chez moi.
[Français]
Quand j'étais petite, et plus tard lorsque j'étais adolescente et jeune femme, je me sentais toujours en danger lorsque je rentrais seule à la maison après la tombée de la nuit.
Je prenais le transport en commun, et l'arrêt d'autobus le plus proche était environ à cinq minutes à pied de ma maison. Souvent, je courais à la maison le plus rapidement possible, de peur qu'à tout moment, quelqu'un puisse me faire mal.
Si nous vivions dans un monde où les crimes n'étaient pas commis contre les femmes, où les femmes n'étaient pas victimes aussi souvent que cela, je n'aurais pas eu à ressentir quotidiennement ce niveau d'anxiété dès un si jeune âge. Tant de filles et moi avons peur de marcher seules et de prendre le transport en commun la nuit.
[Traduction]
Le pire dans tout cela, c'est sans doute qu'on nous apprend dès notre plus jeune âge à faire preuve de prudence et à ne pas parler aux étrangers, présentés comme des kidnappeurs et autres malfaiteurs en puissance. On nous apprend ainsi à nous protéger du monde extérieur, alors que nous savons pourtant — si nous prenons la peine d'examiner les données relatives aux agressions sexuelles — que, dans plus de la moitié des cas d'agression sexuelle, l'agresseur est connu de la victime. En effet, l'agresseur est souvent un membre de sa famille, un ami, un proche, un voisin ou une connaissance. Lorsqu'une agression sexuelle survient aux mains d'une personne connue de la victime, cette dernière se retrouve démunie; elle ne sait pas comment réagir ni vers qui se tourner.
Nous évoluons au sein d'une culture du viol où des délinquants sexuels s'en sortent, soit parce que les victimes ne dénoncent jamais ces actes criminels lorsqu'ils surviennent, soit parce qu'un très faible pourcentage des cas signalés aboutissent à une condamnation. Selon l'Enquête sociale générale de 2014, une étude annuelle qui suit l'évolution de tendances dans la société canadienne et fournit des renseignements sur des enjeux politiques spécifiques d'intérêt actuel ou en émergence, seulement 5 % des agressions sexuelles ont été rapportées cette année-là. Il importe d'examiner les raisons pour lesquelles les victimes d'agression sexuelle choisissent de garder le silence. En effet, il faut faire en sorte que davantage de victimes se manifestent; c'est la seule manière d'amener des changements sociaux qui se refléteront dans les prochaines enquêtes concernant la dénonciation d'agressions sexuelles, et leur condamnation.
[Français]
Les principales raisons pour lesquelles des personnes décident de ne pas témoigner sont, entre autres, un manque de confiance dans le système de justice criminel. Elles pensent que leur histoire ne sera pas crue par la cour, elles se sentent honteuses ou embarrassées, ou elles croient qu'il n'y a pas assez de preuves de ce qui leur est arrivé. Dans certains cas, parce que l'agresseur est peut-être un proche de la victime, elles ressentent de la peur ou même de la sympathie pour leur agresseur. Plusieurs victimes ont mentionné que chercher de l'aide auprès des autorités était une expérience aussi traumatisante que leur agression.
Sans oublier que plus de la moitié des victimes qui choisissent de témoigner perdent leur cause en cour. En effet, durant l'exercice financier 2016-2017, seulement 42 % des décisions rendues par la cour dans des cas d'agression sexuelle impliquant des adultes comportaient un verdict de culpabilité.
[Traduction]
C'est un cercle vicieux. D'un côté, si au moins 95 % des agressions ne sont pas dénoncées, cela veut dire que 95 % des personnes qui commettent ces crimes n'ont pas à assumer les conséquences de leurs actes, alors elles continuent. De l'autre, dans la mesure où très peu d'agressions sont signalées — environ 5 % — et où seulement une fraction — environ 2 % — de celles qui le sont entraînent un verdict de culpabilité, les femmes ne voient pas pourquoi elles s'exposeraient.
Les agressions sexuelles touchent surtout les femmes. En fait, elles sont quatre fois plus susceptibles d'être agressées sexuellement que les hommes. À en croire Statistique Canada, 30 % des femmes du pays, mais seulement 8 % des hommes, ont été agressés sexuellement au moins une fois après l'âge de 15 ans. Si on fait le calcul, ce sont 4,7 millions de femmes et 1,2 million d'hommes qui ont été victimes de ce type de violence. Les personnes âgées de 15 à 24 ans sont les plus susceptibles d'être agressées sexuellement.
[Français]
Dans trois études réalisées par Justice Canada auprès de victimes d'agression sexuelle, on a demandé aux participants d'évaluer à quel point ils faisaient confiance à la police, au processus judiciaire et au système de justice pénale en général. Les deux tiers ont déclaré qu'ils ne faisaient pas confiance au système. Ceux qui habitent dans les provinces font plus confiance à la police que ceux qui habitent dans les territoires.
Nous devons faire mieux. Il y a un problème majeur lorsque les victimes craignent de signaler les crimes commis contre elles, surtout lorsque ces crimes ont des effets à long terme. Les victimes d'agression sexuelle peuvent souvent avoir des répercussions physiques, émotionnelles, psychologiques et sexuelles uniques chez les victimes d'actes criminels.
[Traduction]
Les survivants doivent être traités avec le respect et la dignité auxquels ils ont droit, et c'est ce que vise le gouvernement avec le projet de loi . Cette mesure législative resserrera en effet les exigences que les nouveaux juges doivent remplir en leur permettant de mieux explorer les mythes et les stéréotypes qui sont trop souvent associés aux agressions sexuelles. Il obligera notamment les juges à suivre de la formation générale sur le contexte social entourant les agressions sexuelles, y compris sur les facteurs sociaux ou culturels qui peuvent influer sur la relation entre une personne et l'appareil de justice. Afin de ne pas compromettre l'indépendance des juges, toutes les formations seront offertes par l'Institut national de la magistrature.
Dans le budget de 2017, le gouvernement s'est engagé à verser 2,7 millions de dollars sur cinq ans, et un demi-million par année les années suivantes, au Conseil canadien de la magistrature afin qu'un nombre accru de juges puissent suivre des cours de perfectionnement professionnel, notamment sur la réalité des femmes et sur les sensibilités culturelles. Dans le budget de 2018, le gouvernement a aussi annoncé une série d'investissements ciblés ayant pour but d'éliminer la violence contre les femmes et le harcèlement tout en mettant l'accent sur la sécurité de la personne et l'accès à la justice. Il a notamment débloqué une somme de 25,4 millions de dollars sur cinq ans afin de bonifier le financement destiné aux services d'aide juridique du pays, entre autres pour les victimes de harcèlement sexuel au travail.
Ces changements visent à renforcer les droits des plaignants en matière d'égalité, de vie privée et de sécurité de la personne en contrant les mythes et les stéréotypes qui persistent dans le système de justice pénale, tout en tenant compte des droits des accusés, conformément à la jurisprudence pertinente de la Cour suprême du Canada. Ces mythes comprennent d'intimes convictions concernant la réaction des « vraies victimes » aux agressions sexuelles et des mythes sur la fiabilité du témoignage des femmes lorsqu'elles portent plainte pour agression sexuelle.
[Français]
En juin 2017, le gouvernement a lancé son plan d'action pour lutter contre la violence fondée sur le sexe, intitulé « Il est temps: la Stratégie du Canada pour prévenir et contrer la violence fondée sur le sexe ».
Cette stratégie multisectorielle coordonnée repose sur trois piliers, soit la prévention, le soutien aux personnes survivantes et à leur famille ainsi que la promotion d'un système juridique et judiciaire adapté. Le gouvernement a investi des sommes substantielles pour appuyer la mise en œuvre de cette initiative pangouvernementale qui a pour objectif de lutter contre la violence fondée sur le sexe, de coordonner des programmes existants et de jeter les bases d'un terrain de mesures de plus grande envergure.
[Traduction]
Bref, le gouvernement vise à mettre fin à la violence fondée sur le sexe et a déployé des efforts constants en ce sens. J'encourage fortement tous les députés à voter en faveur du projet de loi , car il contribue à donner une voix aux survivants d'agressions et de harcèlement sexuels et nous aide à rendre le monde meilleur pour les Canadiens.
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Madame la Présidente, je précise que je partagerai mon temps de parole avec le député de .
Premièrement, je suis honorée de participer au débat sur le projet de loi . Il s'agit d'un projet de loi qui prescrit aux juges nommés à une juridiction supérieure de suivre une formation pour les sensibiliser au droit relatif aux agressions sexuelles. Bien que je me réjouisse que le projet de loi soit présenté à nouveau, je dois admettre que je suis en même temps déçue qu'il doive repasser par la totalité du processus législatif.
C'est la troisième fois que ce projet de loi est présenté, et la plus récente reprise résulte, ni plus ni moins, de la décision du de proroger le Parlement dans le but de se sauver de ses propres scandales d'éthique. Ce projet de loi fondamental est une mesure parmi tant d'autres qui ont été reléguées à l'arrière-plan et déclassées de l'ordre des priorités parce que le premier ministre a agi dans son propre intérêt.
Avant de poursuivre, je tiens à profiter de l'occasion pour féliciter l'honorable Rona Ambrose, auteure du projet de loi à l'origine, qui l'a présenté à la Chambre en 2017. Cette mesure s'appuie sur son travail acharné en vue de soutenir les femmes du Canada et de partout sur la planète. Je la remercie non seulement d'avoir présenté cette mesure législative, mais aussi d'avoir continué à la promouvoir sans relâche afin qu'elle soit adoptée.
Tous les Canadiens devraient avoir confiance en nos institutions publiques mais malheureusement, de nombreux survivants de violences sexuelles se sentent démunis devant le système de justice. À titre de législateurs, nous avons le devoir de régler ce problème. Les statistiques à propos des violences sexuelles commises au Canada sont accablantes et déchirantes. Elles montrent que ce projet de loi arrive à point nommé et même, en fait, qu'il a déjà trop tardé.
Au Canada, un homme sur six subira de la violence sexuelle au cours de sa vie. Chez les femmes, cette proportion est beaucoup plus élevée: une femme sur trois subira de la violence sexuelle pendant sa vie, et ce risque grimpe considérablement pour les femmes et les jeunes filles autochtones. Soulignons toutefois que seulement 5 % de ces incidents sont signalés à la police, un pourcentage qui devrait être beaucoup plus élevé. C'est donc dire que la majorité des personnes qui survivent à des violences sexuelles choisissent de ne pas les signaler aux autorités. Il est donc essentiel de se demander pourquoi. Pourquoi les survivants de violences sexuelles et d'agressions sexuelles au Canada choisissent-ils de ne pas les signaler à la police?
Dans le cadre d'une étude du ministère de la Justice fondée sur des données autodéclarées, les deux tiers des participants ont dit ne pas faire confiance à la police, au processus judiciaire ou au système de justice pénale en général. Voilà pourquoi le projet de loi à l'étude est crucial.
Il est certes encourageant qu'au cours des dernières années, des conversations sur les agressions sexuelles et les violences sexuelles aient retenu l'attention, et qu'il y ait eu des discussions sur le consentement et les relations saines. Ces discussions favorisent la compréhension et aident à déboulonner les mythes, à dénoncer le fait de blâmer les victimes, à réduire la honte qu'elles vivent et à leur redonner une voix, autant d'éléments qui peuvent redonner du pouvoir aux victimes de violences sexuelles.
Ce serait naïf de penser qu'il n'y a qu'une seule raison qui empêche les victimes de se manifester. En tant que législateurs, nous ne pouvons pas ignorer le nombre écrasant de victimes de violence sexuelle qui ont affirmé ne pas avoir confiance en notre système judiciaire. Grâce au projet de loi, nous pouvons faire mieux pour les victimes, et nous devrions faire mieux pour elles.
Les survivants des actes criminels devraient toujours être au cœur de notre système de justice pénale. En définissant et en annonçant des mesures qui accroîtront la confiance en nos tribunaux et en notre système judiciaire, nous pouvons faire en sorte que notre système de justice pénale soit axé sur les victimes et nous pouvons prendre des mesures concrètes pour rétablir la confiance à son égard. Il faut du courage aux personnes qui ont survécu à une agression sexuelle pour se manifester. Ce projet de loi est un moyen concret de les appuyer et de les encourager à le faire.
Comme nous le savons, le projet de loi exigerait que les avocats qui veulent être nommés juges à une cour supérieure suivent une formation sur le droit relatif aux agressions sexuelles et une formation sur le contexte social. Ces formations contribueront à ce que les juges des cours supérieures possèdent les connaissances et les compétences nécessaires pour garantir que les victimes d'agression sexuelle soient traitées avec dignité et respect.
Le nombre de causes des dernières années où les juges ont humilié la victime d'une agression sexuelle et lui ont reproché d'être responsable de son malheur souligne l'importance du projet de loi. Voici des exemples de propos tenus par des juges: « Pourquoi n'avez-vous pas simplement serré les genoux? » ou « Il est clair qu'une personne en état d'ébriété peut donner son consentement. » Ce sont des paroles inappropriées et irréfléchies qui ont fait les manchettes dans tout le pays et qui ont sans doute amené le public à douter de la capacité des juges à présider de façon équitable et impartiale les procès pour agression sexuelle.
De la même façon, ces commentaires pourraient dissuader une survivante de se manifester. Comme je l'ai mentionné, il faut du courage pour faire une dénonciation, et les raisons d'hésiter à le faire sont nombreuses. Durant le procès, la victime peut se retrouver face à face avec son agresseur. Elle peut avoir à raconter ou à revivre l'expérience. Elle peut craindre que le procès n'aboutisse pas à une condamnation; que, durant le procès, elle soit victimisée de nouveau; que l'affaire ne soit pas présidée de manière impartiale ou uniquement sur le fondement du droit et des éléments de preuve; ou qu'elle soit blâmée publiquement. Les raisons ne manquent pas. Il n'est donc pas difficile d'imaginer pourquoi les victimes tendent à éviter de signaler les cas de violence sexuelle.
Bien entendu, en présentant le projet de loi, on ne cherche pas à mettre tous les juges et les avocats dans le même panier. Il n'a pas été rédigé avec l'unique intention de blâmer la magistrature ou d'empiéter sur l'indépendance judiciaire. En rendant obligatoires les cours de sensibilisation sur les agressions sexuelles, non seulement on fait en sorte que les juges présidant des affaires d'agressions sexuelles comprennent bien le droit relatif à celles-ci, mais aussi que les survivantes soient traitées avec respect et de façon juste. Nous pouvons voir à ce que les préjugés personnels ou sociétaux n'influencent pas la décision des juges, et à ce que ceux-ci aient la formation et le savoir-faire pour choisir plus consciencieusement leurs mots lorsqu'ils président ce genre d'affaires.
En exigeant que les juges présentent par écrit le raisonnement qui sous-tend leur décision dans les affaires d'agressions sexuelles, le projet de loi contribue à améliorer la reddition de comptes de la part des juges. Je souligne également qu'en laissant l'élaboration et la prestation du programme de formation et d'éducation entre les mains du Conseil canadien de la magistrature, le projet de loi respecte la séparation des pouvoirs. Il est du ressort du Parlement de mettre en œuvre des mécanismes visant à raffermir et à encourager la confiance de la population envers les institutions publiques.
L’adoption de ce projet de loi est un bon départ pour appuyer les personnes qui ont survécu à une agression sexuelle. Ces personnes ne devraient jamais être victimisées de nouveau, quel que soit le crime. Les interactions avec elles doivent être définies par une approche centrée sur l’intérêt de la victime, et ce, pas seulement dans les cours supérieures. Les défenseurs des personnes qui ont survécu à une agression sexuelle sont sans équivoque: les mythes et les attitudes tendant à blâmer la victime existent à toutes les étapes du processus. De plus, de nombreux facteurs dissuadent les victimes de signaler un incident. Voilà pourquoi, quelles que soient les circonstances, l’objectif doit être d’éliminer les mythes entourant le viol et les attitudes tendant à blâmer la victime.
Au besoin, nous devrions également envisager d’améliorer la formation et la reddition de comptes au sein d’autres institutions publiques. Cela dit, aujourd’hui, nous étudions des mesures visant à améliorer la confiance du public envers notre système de justice. Puisque le projet de loi nous donnerait l’occasion d’intervenir de façon proactive pour soutenir les personnes qui ont survécu à une agression sexuelle, nous devrions l’adopter. Si nous avons le pouvoir d’aider ces personnes et que nous ne le faisons pas, alors nous manquons à notre devoir envers elles. Voilà pourquoi je suis très heureuse que nous débattions du projet de loi aujourd’hui et que nous envisagions de prendre des mesures réelles et tangibles pour améliorer la reddition de comptes ainsi que la confiance envers notre système de justice.
Ces discussions sont très importantes. J’espère que le présent débat demeurera axé sur l’intérêt des victimes et que le traitement juste des personnes qui ont survécu à une agression sexuelle dans le système de justice demeurera notre priorité. Nous avons tous le devoir de faire en sorte que les victimes d’acte criminel soient au cœur de notre système de justice pénale. Le projet de loi nous permettra de donner aux personnes qui ont survécu à une agression sexuelle une confiance accrue envers notre système de justice, et cette confiance accrue est nécessaire pour changer les choses.
Nous ne pouvons plus accepter que la majorité des agressions sexuelles ne soient jamais signalées. Nous pouvons faire mieux.
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Madame la Présidente, c'est un plaisir pour moi de prendre la parole aujourd'hui pour poursuivre le débat au sujet du projet de loi , Loi modifiant la Loi sur les juges et le Code criminel.
Je vais reprendre là où la députée de s'est arrêtée. Elle a parlé de cette question de façon fort éloquente. Cependant, les questions qui ont ensuite été posées par le gouvernement ne portaient ni sur l'importance de la discussion concernant la violence sexuelle ni sur les agressions sexuelles ni même sur le contenu du projet de loi. Les questions portaient sur le discours du Trône et sur les raisons qui ont poussé l'opposition officielle à ne pas l'appuyer.
Il est important de souligner en premier lieu que l'opposition officielle de Sa Majesté n'a pas l'obligation d'appuyer le gouvernement. Notre rôle en est un de contrepoids dans la balance du pouvoir. Il est également important de noter que nous nous trouvons ici à débattre d'un projet de loi qui a dû être présenté de nouveau parce que le a prorogé le Parlement. Pour lui, il était plus important d'étouffer les scandales de corruption mettant en cause son gouvernement que de régler d'importants dossiers législatifs comme celui qui nous occupe aujourd'hui.
Une version de ce projet de loi a été présentée pour la première fois en 2017 par l'ancienne chef des conservateurs, l'honorable Rona Ambrose. C'était le projet de loi ou Loi sur la responsabilité judiciaire par la formation en matière de droit relatif aux agressions sexuelles. Pour revenir à 2017, en ce qui concerne ce projet de loi, je voudrais commencer par remercier Mme Ambrose pour son leadership et pour avoir soulevé cette importante question. Au cours des dernières années, elle a beaucoup contribué à mettre en lumière cet important dossier. Elle a été une porte-parole forte pour les survivantes d'agressions sexuelles. Ce projet de loi initial avait reçu un large soutien, de la part de tous les partis et intervenants, tout comme le projet de loi aujourd'hui.
Il est important que nous débattions de ce projet de loi et que nous ayons cette discussion. C'est pourquoi j'ai demandé à prendre la parole sur ce projet de loi. Je suis père de famille. J'ai quatre enfants et un cinquième en route, et deux de mes enfants sont des petites filles. Bien sûr, je m'inquiète, je réfléchis et j'ai beaucoup d'espoir pour le monde dans lequel ils vont grandir.
Tout ce qui tourne autour du projet de loi , les débats à son sujet et la nécessité qu'il y a de présenter cette mesure législative font que je m'inquiète du monde dans lequel mes petites filles vivent. Je m'inquiète du monde dans lequel ma femme, mes sœurs et ma mère ont grandi, ainsi que mes amies et mes collègues dans cette enceinte. Certaines de ces femmes ont vécu dans un monde où il était incroyablement difficile de surmonter les expériences d'agressions sexuelles et de harcèlement sexuel.
La députée de nous a parlé de la peur qu'elle a vécue et qu'elle vit toujours. Ce n'est pas un Canada à la hauteur de nos aspirations. Aucun d'entre nous ne veut vivre dans un tel Canada. Faire de ce pays un meilleur endroit où vivre pour tous les Canadiens et, en tant que père, pour mes petites filles me tient énormément à cœur.
Il est encourageant que tous les partis s'entendent pour faire avancer ce projet de loi. C'est important parce que nous avons l'obligation, en tant que législateurs, de concrétiser ces bonnes intentions et de les enchâsser dans la loi.
Ce projet de loi a déjà récolté des appuis à l'échelle du pays, ce qui témoigne de sa nécessité. En 2018, l'Assemblée législative de l'Île-du-Prince-Édouard a adopté une mesure législative très semblable. Elle a été présentée par le député provincial conservateur Jamie Fox. Il l'a fait après avoir consulté Mme Ambrose.
À la législature précédente, les conservateurs du Canada ont fièrement soutenu la loi juste. Dans notre plateforme électorale de 2019, nous avons été heureux d'inclure l'appui pour cette mesure législative.
Il faut continuer de reconnaître et de respecter les expériences des victimes d'agression sexuelle, et il faut admettre que le système de justice canadien les laisse souvent tomber.
Le projet de loi contribuerait à améliorer la confiance que les Canadiens ont dans le système judiciaire, surtout pour les victimes d'agression sexuelle. Elles doivent se sentir en confiance et en sécurité lorsqu'elles dénoncent ce qu'elles ont vécu. S'il y a un endroit où une victime ne devrait pas être victimisée à nouveau ni sentir qu'on ne la croira pas, c'est bien devant un juge.
Nous avons tous vu dans les manchettes des propos incroyablement insensibles, inappropriés et, honnêtement, dégoûtants que certains juges ont tenus devant des victimes. Ce mot est tellement important: « victimes ». Souvent, on entend des observations sur les conditions qui en ont fait des victimes. Ce n'est certainement pas qu'elles le souhaitaient. Elles ont pris la décision de porter plainte et de s'en remettre à la primauté du droit, à la police, aux procureurs de la Couronne et au système judiciaire.
Il va sans dire que le moins que l'on puisse faire est de veiller à ce que le juge qui entend l'affaire en comprenne les éléments fondamentaux et ce qui motive la victime. Pour y arriver, la transparence s'impose au sein des tribunaux. Ainsi, les juges devraient motiver leurs décisions et rendre des comptes au besoin.
Cette mesure législative contribuerait grandement à l'atteinte de cet objectif. Le projet de loi modifierait la Loi sur les juges pour limiter l'admissibilité des personnes pouvant être nommées à la Cour supérieure. Il exigerait que les juges s'engagent à suivre une formation continue sur des questions liées au droit relatif aux agressions sexuelles et au contexte social, et participent à des colloques. Cette exigence ne vise pas uniquement les juges déjà en fonction; toute personne désireuse d'accéder à la magistrature devrait suivre cette formation.
Cette formation ne devrait pas être limitée à la magistrature. En fait, quiconque aspire à servir la collectivité devrait suivre cette formation pour favoriser la compréhension et faire en sorte que davantage de femmes se sentent en sécurité et dénoncent leurs agresseurs. Les juges doivent posséder une solide compréhension de la loi qui doit être appliquée aux faits dans chaque cas qu'ils entendent.
Le projet de loi exigerait également que le Conseil canadien de la magistrature recueille des données et présente un rapport annuel au Parlement pour rendre compte de l'organisation des colloques d'information qu'il conçoit sur le droit relatif aux agressions sexuelles, ainsi que de la participation à ces colloques.
Enfin, le projet de loi modifierait le Code criminel afin d'exiger des juges nommés qu'ils motivent par écrit leurs décisions de façon à accroître la transparence et la responsabilité, comme je l'ai expliqué. D'autres intervenants ont parlé de la prévalence des agressions sexuelles, notamment parmi les femmes de 15 à 24 ans, et du très faible taux de signalement, 83 % des cas n'étant pas rapportés à la police. La nécessité de cette formation est donc évidente.
Je suis fier de prendre la parole afin d'appuyer ce projet de loi. J'espère que les législateurs fédéraux profiteront de cette occasion pour trouver des façons de faire passer les besoins des victimes en premier, pour que cela se reflète dans la détermination de la peine des délinquants et pour faire en sorte que la législation canadienne serve toujours à protéger les plus vulnérables, dans le cas qui nous occupe, les femmes et les filles.
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Madame la Présidente, je tiens à préciser que je vais partager mon temps de parole avec l'honorable députée de .
Cette semaine, j'ai eu la chance de voir la comédie La bonne épouse. Cela m'a permis de constater que, il n'y a pas si longtemps, les femmes ne pouvaient pas porter le pantalon ou s'habiller comme elles le souhaitaient. Pour comprendre où je veux en venir, il faut patienter; il y a un lien. Elles étaient vues comme des créatures dont le devoir conjugal devenait une soumission et une obligation envers l'homme. Bien entendu, la société a évolué. Une femme qui porte une jupe plus courte ou un décolleté ou qui prend un verre ne devrait ni être vue comme un vulgaire morceau de viande ni être perçue comme envoyant le signal qu'elle souhaite être violée.
Ayant déjà travaillé auprès de groupes de femmes, je suis particulièrement touchée de prendre la parole au sujet du projet de loi . Tout comme la tarte aux pommes, le projet de loi semble faire l'unanimité.
Je vais diviser mon exposé en trois parties. Tout d'abord, je vais replacer le projet de loi dans le contexte du Comité permanent de la condition féminine. Puis, je vais glisser un mot sur son contexte bien québécois. Enfin, je terminerai par quelques souhaits pour qu'il soit adopté le plus rapidement possible.
Le projet de loi C-337, qui modifie la Loi sur les juges et le Code criminel relativement aux cas d'agression sexuelle, a été déposé à la Chambre des communes le 23 février 2017 par l'honorable Rona Ambrose. Le Comité permanent de la condition féminine de la Chambre des communes l'a ensuite étudié avant de recommander, dans son rapport, l'amendement de trois articles et l'abrogation d'un autre. La Chambre des communes a adopté le projet de loi avec les amendements du Comité le 15 mai 2017. Cela fait donc plus de deux ans. Après avoir franchi l'étape de la première lecture au Sénat, le 16 mai 2017, le projet de loi C-337 a été renvoyé au Comité sénatorial permanent des Affaires juridiques et constitutionnelles le 31 mai 2018. Malheureusement, je n'étais pas encore membre du Comité permanent de la condition féminine à cette époque.
Le projet de loi C-337, dont le titre abrégé est Loi sur la responsabilité judiciaire par la formation en matière de droit relatif aux agressions sexuelles, comporte trois grands éléments.
Premièrement, il ajoute une nouvelle condition d'admissibilité pour les avocats qui souhaitent devenir juges d'une cour supérieure d'une province: ils doivent avoir suivi, à la satisfaction du commissaire à la magistrature fédérale, un cours de perfectionnement à jour et complet sur le droit relatif aux agressions sexuelles et au contexte social.
Deuxièmement, il impose au Conseil canadien de la magistrature, au CCM, de remettre au Parlement, par l'intermédiaire du ministre de la Justice, un rapport annuel sur les colloques qu'il a organisés sur le droit relatif aux agressions sexuelles ainsi que le taux de participation à ces colloques.
Troisièmement, il exige, dans les affaires d'agression sexuelle, de porter les motifs dans le procès-verbal des débats ou, à défaut, de les donner par écrit.
Bien entendu, le projet de loi, considéré comme l'ancêtre du projet de loi actuel, a connu des améliorations. Or il faut rappeler dans quel contexte médiatique il a été proposé et à quels problèmes il tentait de répondre.
Le traitement judiciaire de cas d'agressions sexuelles faisait souvent la manchette. Dans son témoignage devant le Comité permanent de la condition féminine de la Chambre des communes, l'honorable Rona Ambrose a expliqué qu'elle avait décidé de déposer le projet de loi après avoir remarqué qu'un nombre troublant d'agressions sexuelles avait ébranlé la confiance du public envers notre système de justice.
Il s'agissait d'affaires au cours desquelles des juges avaient fait, à l'issue d'un procès pour agression sexuelle, des déclarations devant les tribunaux ou dans leurs décisions. Selon certains, ces commentaires s'appuyaient sur des stéréotypes discrédités au sujet des victimes d'agressions sexuelles. Dans un des cas, le juge a démissionné après que le CCM a recommandé sa révocation après qu'il ait tenu des propos ou posé des questions qui démontraient de l'aversion pour les lois visant à protéger les témoins vulnérables, à promouvoir l'égalité entre les hommes et les femmes et à assurer l'intégrité des procès pour agression sexuelle.
Dans une affaire datant de 2016, un nouveau procès avait été ordonné en appel, après que le juge a été déclaré coupable d'avoir invoqué dans ses motifs d'acquittement des mythes sur le comportement attendu d'une victime d'agression sexuelle. En 2017, un autre juge a été vertement critiqué pour son langage insultant à l'égard d'une femme qui était en état d'ébriété au moment de l'agression sexuelle alléguée. On a déjà entendu des phrases comme « Elle avait un joli visage », « Elle devrait se sentir flattée d'avoir attiré l'attention d'un homme mûr », « Comment étiez-vous vêtue? », « Vous n'aviez qu'à serrer les genoux », « Ce n'était qu'un enfant » ou « Elle en a oublié des bouts, son témoignage n'est donc pas crédible ». En 2020, on ne devrait plus entendre des juges prononcer de telles phrases lors d'un procès pour agression sexuelle.
La sénatrice Raynell Andreychuk, qui parrainait le projet de loi C-337 au Sénat, avait expliqué que ces cas s'ajoutaient aux facteurs qui dissuadent les victimes de signaler une agression sexuelle.
Elle avait souligné que le projet de loi visait à prévenir d'autres décisions judiciaires fondées sur des stéréotypes concernant les victimes d'agressions sexuelles et à rétablir la confiance de ces dernières à l'égard du processus judiciaire. Voici d'ailleurs quelques extraits de la lettre envoyée par le Comité permanent de la condition féminine en 2017.
Compte tenu des témoignages entendus au cours de l’étude du projet de loi, le Comité encourage la ministre de la Justice et procureure générale du Canada à souligner aux gouvernements provinciaux et territoriaux la nécessité d’offrir la formation en matière de droit relatif aux agressions sexuelles et de contexte social à davantage d’intervenants. Plusieurs témoins ont décrit l’importance d’une telle formation pour toutes les personnes qui jouent un rôle dans l’administration de la justice pénale [...].
En outre, le Comité souhaite que la ministre de la Justice et procureure générale du Canada encourage fortement ses homologues provinciaux et territoriaux à rendre accessibles électroniquement les transcriptions des audiences concernant une agression sexuelle pour tous les tribunaux relevant de leur compétence dans une base de données interrogeable [...]
Le Comité cherchait vraiment à rendre cela plus transparent.
Elaine Craig, professeure associée à la Faculté de droit, Dalhousie University, a indiqué lors de son témoignage devant le Comité « qu'il est indéniable que des décisions écrites procurent un niveau de transparence et de reddition de comptes au public, ce que l'on n'a pas dans le cas des décisions rendues de vive voix ». Le Comité demande que la ministre de la Justice et procureure générale du Canada l’informe à la première occasion des résultats de ces discussions avec ses homologues provinciaux et territoriaux.
Les extraits que je viens de lire datent de 2017. Déjà en 2017, le Comité permanent de la condition féminine faisait parvenir une lettre demandant à la ministre de la Justice d'agir. Ensuite, il y a eu le projet de loi et la prorogation. Aujourd'hui, nous sommes encore là pour en débattre.
Je vais maintenant parler du Québec.
Depuis ce temps, un groupe de femmes parlementaires de tous les partis à l'Assemblée nationale se penche sur la question de la violence à l'égard des femmes. Récemment, j'ai demandé à l'une de ces membres à quel point le projet de loi actuel est important pour venir en aide aux femmes victimes d'agressions et elle m'a répondu qu'il était très important.
Le projet de loi est très important. Ayant déjà parlé de cet enjeu avec des CALACS, je sais que les femmes hésitent à porter plainte parce qu'elles ne veulent pas revivre les douloureux souvenirs d'une agression dans le cadre d'un procès qui les force à revivre ces moments devant un juge qui manque de compassion ou qui fait des commentaires désobligeants et inappropriés devant elles.
Que l'on me comprenne bien: ici, il n'est pas question de faire une généralisation ou d'envoyer le message que tous les juges ne sont pas sensibles aux cas d'agression sexuelle. La plupart écrivent déjà très bien leurs jugements. Ce n'est pas cela, je ne fais pas de généralisation.
Je pense qu'il est plus que temps que ce projet de loi soit voté et étudié en comité, surtout que le contexte de la pandémie a exacerbé le problème de la violence à l'égard des femmes.
Durant la pandémie, j'ai eu l'occasion de m'entretenir avec une personne du consulat australien concernant l'important enjeu de la formation des juges dans des cas d'agression sexuelle. C'est une question de dignité pour les victimes, car il est important de bien saisir les sensibilités de ces causes d'agression sexuelle. Il est important de les replacer dans leurs contextes sociaux et familiaux.
Pendant la pandémie, j'ai également parlé à plusieurs reprises avec une survivante québécoise. Elle m'expliquait recevoir sur son blogue plusieurs mots de femmes qui, comme elle, ont vécu des expériences difficiles au tribunal. Voici quelques exemples de commentaires: « ils ne peuvent pas juger quelque chose qu'ils ne comprennent pas », « ils ne comprennent pas l'état émotionnel dû au stress post-traumatique de la victime », « avec une mémoire qui se fragmente, on ne peut pas se rappeler avec précision l'ordre des choses et les souvenirs nous reviennent par bribe. C'est non volontaire, c'est la façon dont le cerveau se met en mode survie », « il faut que les juges puissent s'adapter à l'état de la victime, et non l'inverse ».
Elles sont souvent encore en état de choc, elles ne peuvent pas être solides. C'est pourtant ce que la justice attend d'elles. Ce n'est pas réaliste de s'attendre à ce qu'elles témoignent en donnant tous les détails sur un ton calme. C'est impossible pour une victime d'agression sexuelle.
Je ne peux donc que souhaiter que, dans un futur rapproché, le projet de loi soit adopté et appliqué le plus rapidement possible. Nous devons laisser de côté la partisanerie et adopter dès maintenant ce projet de loi afin de lutter contre les mythes et les stéréotypes associés aux trop nombreuses agressions sexuelles.
Il y a 600 000 agressions sexuelles par année au Canada. En moyenne, une femme sur deux sera agressée au moins une fois dans sa vie. Ce taux est encore plus élevé pour les femmes ayant un handicap, sans oublier le dossier des femmes et des filles autochtones.
Il y a beaucoup trop d'agressions. En 2020, la culture du viol n'a plus sa place. Nous devons agir.
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Madame la Présidente, cela fait du bien de se revoir en personne. Je salue aussi mes collègues qui sont en visioconférence.
Comme nous sommes le 7 octobre, j'aimerais avoir une pensée pour mon papa, qui est décédé de la sclérose latérale amyotrophique il y a déjà trois ans et dont c'est l'anniversaire aujourd'hui. Je lui rends hommage. Je dis cela parce qu'on parle beaucoup de ces questions et de la façon d'accompagner un proche aidant.
Je suis heureuse d'être ici aujourd'hui afin de parler du projet de loi . On en a déjà beaucoup parlé, depuis longtemps, mais on arrive au bout. C'est rassurant, puisque nous allons pouvoir avancer. En effet, il y a d'autres étapes à venir.
Ici, personne ne sera surpris d'apprendre que le Bloc québécois va appuyer le projet de loi. À l'époque, notre parti avait appuyé la mouture du projet de loi qu'avait déposé l'ex-chef intérimaire du Parti conservateur, Mme Ambrose. Mon collègue de s'était d'ailleurs empressé de l'appuyer et de solliciter le consentement de la Chambre pour une motion demandant au Sénat d'accélérer son adoption du projet de loi, puisqu'on approchait de la fin de la session parlementaire.
Malheureusement, ce que nous craignions est arrivé. Le projet de loi de notre collègue est mort au Feuilleton. Ce n'est pas la première fois. J'ai vécu cela alors que j'étais attachée politique, il y a une dizaine d'années. Nous espérions que le projet de loi ne subirait pas ce sort. J'ose espérer que nous allons y arriver dans cette session parlementaire avec le projet de loi C-3 et qu'après deux échecs, la troisième fois sera la bonne. Je nous le dis, je nous le souhaite et je l'espère. Alors, dépêchons-nous de l'appuyer.
Le projet de loi C-3 est important. C'est un court projet de loi, d'à peine quelques pages, et sur lequel nous semblons tous être d'accord. Malgré sa simplicité apparente, ce projet de loi est d'une importance capitale, puisqu'il est ici question de la confiance que l'ensemble de la population accorde au système judiciaire. Je n'apprendrai rien à personne en disant que le système judiciaire est la colonne vertébrale d'une société. Si les gens ne peuvent plus faire confiance au système judiciaire, que vont-ils faire? Les débordements que nous constatons à l'occasion — comme ces temps-ci — et qui nous révoltent ne pourront alors que se multiplier. C'est pourquoi il faut agir.
En tant que législateurs ou législatrices, chevronnés ou nouvellement élus, il nous incombe de nous assurer que le système judiciaire en place est crédible et qu'il a l'approbation et l'appui de l'ensemble ou de la majorité de la population.
Dans l'intérêt de la justice, des justiciables et de l'état de droit que nous sommes chargés de protéger, il nous faut, selon moi, adopter le plus tôt possible ce projet de loi. Quels en sont les effets? La réponse est simple. On parle ici de la formation de juges. La question à laquelle le projet de loi C-3 s'attaque, ce sont les agressions sexuelles, face auxquelles nous sommes particulièrement mal outillés et mal informés et notre jugement souffre souvent d’un parti pris.
C'est donc à nous, législateurs, qu'il incombe de renforcer cette confiance en corrigeant le tir. Il faut nous assurer de donner à nos juges le plus d'outils possible, pour qu'ils fassent leur travail avec tout le professionnalisme qu'ils y mettent déjà et qu'ils veulent continuer d'y mettre.
Dans presque tous les dossiers, un juge doit évaluer la crédibilité des témoins, c'est-à-dire celle de la victime et celle de l'accusé. C'est souvent à ce chapitre que l'évaluation du juge peut être influencée par des partis pris qui sont le fruit, non pas de la méchanceté, mais de l'ensemble de notre vécu et de notre culture.
Le projet de loi vise précisément à régler cette situation en formant mieux les juges et en sensibilisant tout le monde, y compris les législateurs, à la réalité d'une agression sexuelle. Il faut comprendre comment une victime peut réagir dans une situation donnée et pourquoi les événements entourant l'agression sexuelle peuvent échapper à sa mémoire. C'est ce qu'on entend pratiquement à chaque discours.
Si on veut que le système judiciaire fonctionne, il faut s'assurer que les tribunaux maîtrisent bien ces questions. Lorsqu'un juge est appelé à évaluer la crédibilité d'un témoin, il faut qu'il puisse le faire avec une connaissance académique et pratique suffisante pour rendre un jugement efficace et, surtout, un jugement auquel l'ensemble de la population pourra faire confiance.
D'une certaine façon, j'espère que le projet de loi C-3 ouvrira la porte à la possibilité d'une composante plus réparatrice en matière d'agression sexuelle et caractéristique des tribunaux civils du Québec et des provinces. Il faudra que toute la confiance que l'on souhaite restaurer envers les tribunaux ne se limite pas uniquement aux tribunaux criminels. Qu'un jugement soit infirmé, c'est normal. Tous les jours, les tribunaux rendent des décisions; tous les jours la Cour d'appel en infirme. Parfois, ils sont deux contre un, car les bancs ne sont pas unanimes. Cela peut se rendre à la Cour suprême, qui elle aussi infirme souvent les décisions des cours d'appel. Là encore, on n'est pas toujours unanime.
De plus, on entend dire que le Québec souhaite mettre sur pied des tribunaux spécialisés dans les cas d'agression sexuelle. Puisque les juges de n'importe quel tribunal recevront cette formation, peut-être souhaiteront-ils donner un coup de pouce de leur propre chef à ces recours. Dans certains cas, cela pourrait se faire en bonifiant l'aide juridique pour que les personnes qui la réclament puissent aller chercher réparation auprès des tribunaux civils.
Voilà pourquoi ce projet de loi doit être adopté rapidement. La formation est un vecteur de transformation, car elle vise une meilleure connaissance de la situation et à ce que les réels besoins soient pris en compte pour que le travail soit bien fait. Nous souhaitons que personne n'ait à vivre l'expérience d'une agression sexuelle pour apprendre à avoir de l'empathie envers les victimes.
Cette formation est essentielle pour notre système de droit actuel. Pour toutes ces raisons et celles évoquées par tous mes collègues depuis déjà plusieurs heures, nous allons voter en faveur du projet de loi C-3. Je le redis pour la quatrième fois, j'espère qu'il sera adopté très rapidement.
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Madame la Présidente, je suis heureuse d'intervenir au sujet du projet de loi . Comme j'ai beaucoup à dire au sujet de ce projet de loi, j'espère que je ne manquerai pas de temps.
J'aimerais tout d'abord remercier mon amie, Rona Ambrose. J'étais à ses côtés dès la présentation initiale de ce projet de loi. Elle m'a fait l'honneur de me nommer présidente du comité de la condition féminine. J'ai beaucoup appris en la regardant piloter ce projet de loi à la Chambre. Nous savons que c'est une femme d'affaires et une politicienne accomplie. Elle a également été ministre, et notre chef par intérim. J'ai entendu dire qu'elle rédige un livre, alors j'ai hâte à sa parution. J'aimerais une fois de plus la remercier d'avoir admis l'importance de ce dossier et d'avoir agi en conséquence.
J'aimerais parler un peu de l'historique de ce projet de loi. Certains discours nous ont appris que c'est la troisième fois que la Chambre en est saisie. Il a obtenu le consentement unanime alors que j'étais à la Chambre, et il a été renvoyé au Sénat. Même si je ne peux expliquer ce qui s'est passé là-bas, on m'a dit que le gouvernement s'est réveillé au dernier moment et a réalisé qu'il n'avait fait adopter aucune mesure législative. Il s'est donc empressé de présenter toute une série de projets de loi gouvernementaux. Je crois que cela explique en partie cet échec.
Il y a eu ensuite le projet de loi . La mesure a donc de nouveau été présentée, ce dont je m'étais réjouie. Puis, le gouvernement a décidé de ne pas siéger de l'été, une occasion manquée, avant de proroger le Parlement et de tout retarder de six semaines de plus. Cela nous obligeait à tout reprendre depuis le début. C'est reparti, encore une fois.
Les statistiques que nous avons entendues sont troublantes. De nombreuses personnes les ont déjà citées, mais j'aimerais y revenir. C'est incroyable de penser que 83 % des femmes victimes d'une agression sexuelle ne dénoncent pas. Ce n'est que la partie visible de l'iceberg.
Le comité de la condition féminine a entendu des témoignages. Nous menions une étude sur la violence envers les femmes et les filles au moment où ce projet de loi a été présenté. Le Service de police d'Ottawa a indiqué que, sur le nombre de femmes qui se présentent au poste de police en affirmant avoir subi une agression sexuelle, aucun rapport n'est rédigé par la police dans 40 % des cas. Pensons à l'humiliation que ressentent les femmes qui ont été victimes d'une agression sexuelle et ont le courage de s'adresser à la police sachant que seulement un cas sur cinq est pris au sérieux et peut aboutir devant la justice, sans compter que le pourcentage qui mène à une déclaration de culpabilité est très faible.
Lorsqu'un verdict de culpabilité est rendu, il est effarant de constater les peines légères qu'encourent les agresseurs sexuels dans ce pays. Sur papier, nous pouvons constater que les peines minimales pour ce type d'infractions sont censées s'élever à 10 ou 14 ans selon le cas, mais la réalité est que la décision revient au juge saisi de l'affaire d'imposer une déclaration de culpabilité par procédure sommaire, une ordonnance de probation ou une amende. En fait, dans de nombreux cas de culpabilité — dont le pourcentage est d'ailleurs très faible —, les peines pour avoir agressé sexuellement une femme vont de quelques mois d'emprisonnement seulement à une période de probation, voire à une simple amende.
Lorsque l'on pense qu'une femme sur trois dans ce pays sera victime d'une agression sexuelle dans sa vie, c'est absolument inacceptable. Nous savons, et cela a été souligné, que les femmes autochtones et les membres de la communauté LGBTQ courent un risque encore plus grand de subir de la violence sexuelle. Cela justifie d'autant plus la nécessité de mettre en place une formation qui saura régler le problème en partie.
J'ai apprécié nombre des recommandations que j'ai entendues aujourd'hui selon lesquelles la formation des juges fédéraux relève de la Chambre. Toutefois, ce n'est pas tout; pensons aussi au cas des juges provinciaux. Le projet de loi dont il est question a été présenté et discuté par l'ensemble des provinces. Le rapport sur la violence auprès des femmes et des filles au Canada, qui contient 45 recommandations spécifiques pour traiter cet enjeu, a également été transmis à toutes les provinces. Je suis triste de constater que ce rapport semble avoir eu peu de répercussions. Par contre, j'ai été encouragée d'entendre mes collègues du Québec me dire qu'ils commencent à s'attaquer à cet enjeu important, ce qui augure bien.
La conscientisation des forces policières figure parmi les enjeux de l'Enquête nationale sur les femmes et les filles autochtones disparues et assassinées, ainsi que dans les 40 autres rapports qui ont été présentés dans des termes semblables.
Nous avons également entendu des témoignages selon lesquels une formation est nécessaire dans ce domaine, mais la réalité est que nous n'avons qu'une influence limitée. Ce projet de loi portera sur la formation des avocats qui veulent devenir juges. Nous souhaitions sincèrement qu'il s'adresse à tous les juges qui allaient entendre des affaires d'agression sexuelle, mais malheureusement, cela n'a pas été possible.
La juge Kent, qui a témoigné devant le comité, s'est montrée très enthousiaste dès que Rona a déposé ce projet de loi, et elle a instauré un programme de formation pour les avocats qui veulent être juges dans le système judiciaire fédéral. Elle a également recommandé à tous les juges déjà en poste de suivre eux aussi une formation. Elle n'a pas pu les forcer à le faire, mais au moins, des mesures ont été prises immédiatement. Alors que l'on se lamentait sur le temps nécessaire pour adopter ce projet de loi dans son intégralité, les gens se sont mis au travail et ont pu répondre à certains besoins avant d'attendre l'adoption officielle dudit projet de loi.
Certaines des statistiques que je trouve vraiment troublantes portent sur les jeunes. Les jeunes de 15 à 24 ans sont deux fois plus susceptibles d'être victimes d'agression sexuelle. Le comité a entendu des témoignages selon lesquels 30 % des femmes qui fréquentent les universités canadiennes seraient agressées sexuellement au cours des huit premières semaines. C'est inacceptable et incroyable. Imaginons ces jeunes filles traumatisées qui ne comprennent pas le système judiciaire et qui ne reçoivent pas le moindre conseil pour les aider à faire face à la police et, bien sûr, à la pression des pairs qui existe sur le campus. On peut voir pourquoi il faut vraiment faire preuve de sensibilité.
L'étude que nous avons réalisée a donné lieu à de nombreuses recommandations, et je suis déçue de voir que le gouvernement n'a pas fait grand-chose avec celles-ci. Si on se penche sur l'importance que le gouvernement accorde à cette question, on constate qu'il a investi 100 millions de dollars dans l'un des budgets pour lutter contre la violence faite aux femmes et aux filles. Si on pense aux quelque quatre millions de femmes qui ont été victimes d'agression sexuelle, cela revient à 25 $ pour chacune d'entre elles. C'est bien peu lorsqu'on compare, par exemple, cet investissement à la réponse du gouvernement à la pandémie de COVID, où quelque 240 milliards de dollars ont été distribués à ce jour pour environ 106 000 cas. Cela représente 2,2 millions de dollars par cas de COVID comparativement à 25 $ par cas d'agression sexuelle. Je voulais simplement mettre cela en perspective. Parfois, les chiffres nous en disent long.
Bien sûr, à l'aide de cette mesure législative, nous tentons d'agir à l'égard de certaines observations absolument scandaleuses faites par des juges lors de procès pour agression sexuelle. Nous connaissons la plus infâme, soit celle de Robin Camp, qui a demandé à une survivante pourquoi elle n'avait pas simplement serré les genoux. C'était tout à fait inacceptable. Nous savons qu'il y a eu un autre cas dans les provinces de l'Atlantique. Une femme qui avait bu a été victime d'une agression, et le juge a indiqué que c'était à cause de sa consommation d'alcool, comme si le fait qu'elle ait bu de l'alcool justifiait en quelque sorte qu'elle se fasse agresser sexuellement. À mon avis, l'observation la plus scandaleuse est probablement celle concernant Cindy Gladue, qui a été agressée sexuellement et tuée. Le juge l'appelait continuellement la prostituée autochtone, alors qu'elle n'était même pas là pour se défendre. C'était profondément inacceptable. Il faut absolument que les choses changent.
J'ai souligné pourquoi le projet de loi est nécessaire. Je tiens à prendre quelques minutes pour parler de l'objet du projet de loi et de certains des changements qui ont été apportés au fil de l'évolution de ce dernier. Le projet de loi vise à améliorer les interactions entre les victimes d'agression sexuelle et le système de justice, particulièrement les juges. Il limitera l'admissibilité au poste de juge à la Cour supérieure en obligeant les candidats à s'engager à suivre une formation continue portant sur des questions liées aux agressions sexuelles et au contexte social, notamment la participation à des colloques.
Le projet de loi exige du Conseil canadien de la magistrature qu'il présente un rapport annuel au Parlement sur les colloques portant sur des questions liées au droit relatif aux agressions sexuelles qui ont été offerts et sur les personnes qui y ont assisté. De plus, il oblige les juges à motiver leurs décisions lors des procès pour agression sexuelle. Il est très important de comprendre pourquoi les décisions doivent être données par écrit. Quand les décisions n'étaient pas écrites, il était possible de croire qu'elles n'étaient pas bien réfléchies ou qu'il y avait moins de chance de les porter en appel parce que le libellé n'avait pas été porté au dossier. Par conséquent, c'était un aspect primordial.
Dans le projet de loi, il est énoncé de manière non équivoque de quelle nature doivent être les consultations avec les autres organismes afin de préparer les colloques. Il est important de garantir que la formation porte sur les points essentiels à aborder. C'est pourquoi le Conseil canadien de la magistrature doit veiller à ce que les colloques « soient élaborés après consultation des personnes, groupes ou organismes qu’il estime indiqués, tels que les personnes ayant survécu à une agression sexuelle ainsi que les groupes et les organismes qui les appuient; abordent notamment les interdits concernant la preuve, les principes sous-tendant le consentement, la procédure à suivre lors des procès pour agression sexuelle, de même que les mythes et les stéréotypes associés aux personnes qui portent plainte pour agression sexuelle ».
Tout à l'heure, nous avons entendu la députée d' parler de l'historique des dispositions sur la protection des victimes de viol, introduites en 1983. Ces dispositions interdisent d'évoquer le passé sexuel d'une personne comme preuve dans le cadre d'un procès pour agression sexuelle. Par ailleurs, la notion de consentement est importante et ne s'applique pas uniquement à la formation des juges. Je partage l'avis de la députée qui a dit plus tôt qu'il est important de sensibiliser les enfants dès la petite enfance à l'égard du consentement.
S'il y a des députés qui n'ont pas vu sur YouTube la très courte vidéo intitulée « Tea Consent », je les encourage à la visionner, car on y utilise une tasse de thé pour expliquer dans quels cas on peut s'attendre à ce que des avances sexuelles soient acceptables ou non. On ne donne pas de thé à une personne inconsciente. On ne donne pas de thé à une personne si elle dit qu'elle n'en veut pas. Je pense vraiment que c'est une excellente petite vidéo, mais il faut continuer à sensibiliser les gens.
Je suis ravie de voir les consultations qui ont lieu ici et j'espère qu'il y en aura aussi auprès de toutes les parties concernées pour que les préoccupations de la communauté LGBTQ ainsi que des communautés autochtones soient entendues car, comme je l'ai déjà souligné, ces groupes sont plus susceptibles d'être victimes d'agressions. La formation doit sensibiliser les gens à l'égard de tous les groupes susceptibles d'être victimes d'agressions.
Un des éléments qui ne me plaît pas dans la plus récente version du projet de loi concerne les paramètres définis pour en mesurer l'efficacité. Initialement, on allait consigner le nombre de dossiers d'agression sexuelle où le juge aurait suivi la formation, par rapport au nombre total de dossiers de cette nature. Ainsi, nous aurions eu une idée de l'efficacité du projet de loi. Nous aurions pu voir la proportion de juges ayant suivi la formation — l'objectif étant de 100 % — parmi tous ceux qui président des procès pour agression sexuelle.
Or, on a changé le critère, et il s'agit désormais de compter le nombre de juges qui participent à chaque séminaire de formation. C'est important de connaître le nombre de juges qui suivent la formation, mais je m'intéresse davantage à une statistique précise, soit le nombre de juges qui entendent des causes d'agression sexuelle et qui ont suivi la formation. Voilà qui est à l'origine du projet de loi dont nous sommes saisis: les juges qui témoignaient d'une insensibilité à l'égard des victimes n'avaient pas reçu de formation. Je ne sais pas si les paramètres ont été bien définis, mais je suis certaine qu'on en discutera longuement à l'étape de l'étude en comité.
Je tiens à parler de certains autres problèmes qui s'ajoutent au problème des agressions sexuelles comme telles et qui font partie de ses ramifications. Quand on songe aux personnes qui ont été violées, il faut se rappeler qu'il existe diverses formes d'agression sexuelle tantôt d'une gravité extrême, tantôt moins graves. Cependant, dans tous les cas, les victimes souffrent de traumatismes.
Bon nombre de femmes et d'hommes qui ont vécu ce genre d'agression et de traumatisme ont des problèmes de santé mentale à cause de cette expérience. Nombre d'entre eux acquièrent diverses formes de dépendances. Quand on se penche sur la crise des opioïdes et des méthamphétamines, que nous avons étudiée au comité de la santé, on se rend compte que, dans bien des cas, les agressions sexuelles sont la cause derrière la toxicomanie. Ce problème coûte extrêmement cher à la société, et on ne peut pas en faire abstraction pendant que nous nous penchons sur l'importance de mettre en place des mesures législatives.
J'aimerais aussi parler de la culture du viol. Nous nous sommes penchés sur la question de la violence envers les femmes et les filles ainsi que sur les solutions possibles. La culture du viol comprend un ensemble de comportements, dont le plus odieux, c'est-à-dire l'agression sexuelle, mais aussi divers comportements moins graves qui peuvent cependant mener à l'agression sexuelle, comme le fait de siffler, d'interpeller et de harceler des femmes et d'autres personnes dans les autobus.
Un organisme local est venu faire une très bonne présentation sur ces différents comportements et sur les mesures qu'il faudrait prendre pour faire comprendre aux gens que ces gestes moins graves peuvent mener à des comportements plus nuisibles qui, faute d'être réprimés, peuvent amener quelqu'un à franchir les limites et à commettre une agression sexuelle. C'est l'un des aspects que nous devrions certainement étudier.
L'autre chose dont je veux parler, c'est la longueur du processus. Nous avons déjà dit que la Chambre est saisie de ce projet de loi pour la troisième fois, mais ce n'est pas tout. Je ressens énormément de frustration quand je regarde tous les travaux que le comité y a consacrés ainsi que les recommandations extrêmement détaillées qu'il a transmises au gouvernement sur la façon d'éradiquer la violence contre les femmes et les jeunes filles. J'invite les députés à lire son rapport.
Il comporte 45 recommandations, certaines plus pointues que d'autres — je pense par exemple à celles qui expliquent ce qu'il faut faire pour éviter que les jeunes femmes qui circulent ou vivent sur un campus universitaire soient agressées, mais aussi pour les guider et pour les aider à se retrouver dans le processus judiciaire. Toutes les universités devraient se doter d'un protocole afin de bien donner suite aux cas qui leur sont signalés, d'écouter les victimes en évitant qu'elles se sentent honteuses et de les soutenir dans leurs démarches auprès des policiers et des tribunaux. On y trouve une foule de suggestions intéressantes, sauf qu'il faut du temps pour les mettre en œuvre et, jusqu'à présent, à peu près rien n'a été fait en ce sens.
On pourrait dire la même chose de nombreux problèmes propres aux femmes, comme la traite des personnes, l'équité salariale, la participation aux conseils d'administration et la discrimination systémique dont elles sont victimes depuis le début de la pandémie. Il a beaucoup été question du fait que les femmes ont été touchées de manière disproportionnée par la pandémie et que nombre des programmes offerts ne les ont pas aidées.
Nous devons nous montrer plus souples et plus agiles. J'ai entendu ce mot dans le discours du Trône. J'aime bien l'agilité. Certaines personnes ont déjà dit de moi que j'imposais ma volonté, mais ce n'est pas vrai. Je suis une personne d'action et j'aime que les choses se fassent rapidement.
Nous voici en présence de quelque chose de très sérieux. J'ai pleinement l'intention de soutenir le projet de loi et je suis heureuse d'avoir l'occasion de parler à plusieurs nouveaux députés, qui ne connaissent peut-être pas l'historique du projet de loi présenté à la Chambre ni les nombreuses statistiques sur la situation désastreuse dans notre pays.
Je ne veux pas m'éloigner du thème dont un député a parlé par rapport à l'approche du gouvernement, qui est axée sur la prévention, le soutien et la justice. Je crois qu'il s'agit de bons piliers pour passer à l'action. Nous avons parlé d'éducation et de certaines mesures de soutien, mais j'aimerais parler de justice pendant une minute.
Nous avons rencontré des femmes d'autres pays, qui étaient des représentantes parlementaires. Je me rappelle avoir eu une discussion avec l'une d'entre elles, au cours de laquelle je l'ai questionnée sur la fréquence des agressions sexuelles dans son pays. Elle a répondu que ce n'était pas vraiment un problème là-bas. Quand je lui ai demandé pourquoi, elle a dit que ce crime est assorti d'une peine obligatoire de 10 ans, sans exception. Voilà le secret.
Le projet de loi à l'étude n'est pas suffisant. Nous devons modifier le système judiciaire de façon à ce que l'imposition des peines ne soit plus laissée à la discrétion des juges, qui ont tendance à privilégier des peines de quelques mois pour les personnes ayant agressé sexuellement des adolescents, un crime qui pourrait traumatiser ces derniers pendant le reste de leur vie.
Je remercie les députés de m'avoir écoutée, ainsi que Rona Ambrose d'avoir présenté ce projet de loi. Je répondrai avec plaisir aux questions.
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Madame la Présidente, j'aimerais aborder ce débat différemment.
Je m'attends à ce que le projet de loi jouisse d'un appui unanime à la Chambre. Je pense que les 336 députés qui siègent ici sont favorables à cette mesure législative, et avec raison. Après tout, ce n'est pas la première fois que nous sommes saisis de cette mesure législative. C'est même l'ancienne chef intérimaire du Parti conservateur qui l'a proposée.
Le a déjà dit que les bonnes idées n'appartiennent à personne, et qu'il faut réaliser celles qui permettent d'améliorer le bien-être des Canadiens. À l'époque, le gouvernement de l'heure se disait favorable au projet de loi, mais lorsque ce projet de loi n'a pas été adopté, il a fallu présenter un projet de loi ministériel. L'ancien projet de loi a non seulement été adopté à la Chambre, mais il a également franchi l'étape de l'étude par le comité et a été renvoyé au Sénat. Les occasions de tenir un débat sain et productif sur la question n'ont certainement pas manqué.
L'agression sexuelle est un crime très grave. Je soupçonne que les 336 députés ont quelque chose à dire sur cet enjeu crucial et ses répercussions sur notre société. Je suis sûr que nous avons tous quelque chose dont nous aimerions faire part à la Chambre. Cependant, compte tenu du nombre élevé de projets de loi d'initiative parlementaire et de projets de loi d'initiative ministérielle, il serait mathématiquement impossible pour chaque député de s'exprimer sur toutes les mesures législatives.
Cela n'a pas été possible cet été, même si nous avions modifié la façon dont la Chambre siégeait. Au bout du compte, le temps dont nous disposons est limité, et les députés de l'opposition officielle le savent. Ils sont conscients que, s'ils l'avaient voulu, ils auraient pu faire adopter le projet de loi vendredi dernier. Cette mesure législative porte sur un enjeu crucial, un enjeu qui tient à cœur à tous les députés, et elle aurait pu être adoptée vendredi dernier.
Que serait-il advenu s'il en avait été ainsi? Eh bien, nous serions en train de débattre du projet de loi , sur la Journée nationale de la vérité et de la réconciliation. J'ai entendu dire que les conservateurs pourraient refuser leur appui à ce projet de loi. J'ose espérer que la majorité l'appuiera, mais je me doute que les conservateurs insisteront fortement pour débattre du projet de loi. Pour faire adopter par les conservateurs les projets de loi débattus dans cette enceinte, il faut soit recourir à l'attribution de temps soit leur faire honte pour les obliger à faire ce qui est juste.
Je défie n'importe quel député de manifester son opposition au projet dont nous sommes saisis. Comme je l'ai mentionné, l'essence même de la question est de la plus grande importance pour tous les Canadiens. Je suis certain qu'aucun député ne veut parler contre l'adoption du projet de loi. Nous avons reconnu cela il y a des années lorsque la chef intérimaire du Parti conservateur a présenté celui-ci.
J'aimerais mettre au défi les députés d'en face. Je travaille avec les équipes des leaders parlementaires depuis un bon bout de temps et je peux affirmer que, parfois, il faut permettre aux projets de loi qui jouissent d'un appui unanime de franchir les étapes du processus.
Je le sais: un membre de l'opposition peut déclarer, en se drapant dans sa vertu, que tous les députés devraient pouvoir dire ce qu'ils pensent de ce projet de loi, et je ne vais pas dire le contraire. Si des députés veulent se prononcer sur ce projet de loi, qu'ils le fassent. Rappelons-nous, cependant, que tous les députés ne peuvent pas s'exprimer sur tous les projets de loi; ce n'est pas possible. Nous ne sommes pas en mesure de faire cela et les conservateurs le savent. On peut retarder n'importe quel projet de loi facilement. En effet, supposons que nous débattions d'un projet de loi, avec tous les 100 députés qui s'exprimeraient entre les questions et les réponses et les discours — les discours eux-mêmes durent une demi-heure pendant les cinq premières heures puis 15 minutes après —, nous pourrions parler pendant des semaines et des semaines du projet de loi concerné, et tout cela parce que le Parti conservateur ne veut pas le voir adopté afin de pouvoir accuser le gouvernement, à l'avenir, de ne pas adopter de projets de loi. Quand nous voulons adopter une mesure législative, les conservateurs demandent pourquoi nous avons besoin d'une motion d'attribution de temps.
Les députés de l'opposition doivent se rendre compte que, s'ils ne veulent pas que le gouvernement impose une motion d'attribution de temps, s'ils veulent un consensus, mais qu'ils se comportent comme cela, c'est à cela qu'on arrive. Mes commentaires visent les conservateurs. Au bout du compte, ce que j'aimerais voir — et c'est le choix que j'ai fait quand j'étais membre du troisième parti —, c'est un appui pour le gouvernement du moment dans certains cas d'attribution de temps parce que, c'est vrai, malheureusement, nous avons parfois besoin de l'attribution de temps. J'ose croire que nous n'en avons pas besoin dans le cas de ce projet de loi. À la place, nous devrions souligner tout le travail qui a été fait, à ce jour, sur ce projet de loi.
C'est peut-être parce que j'ai hâte que nous passions au projet de loi , qui porte sur la vérité et la réconciliation et sur l'un des appels à l'action. Je sais que les conservateurs exigeront que l’on consacre beaucoup de temps à ces débats. Je crois que bien des gens se demandent quelle sera la position du Parti conservateur à l'égard de l'appel à l'action. Nous connaissons la position des députés par rapport à cette mesure. Je crois que les députés conservateurs souhaiteront continuer de parler de ce débat. Je serai probablement l'un des premiers à leur rappeler, à l'avenir, pourquoi nous n'avons pas eu autant de temps pour débattre du projet de loi , puisque je devine qu'ils ne nous donneront pas l'occasion...
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Madame la Présidente, alors que nous soulignons aujourd'hui la Jounée internationale de la fille, nous débattons d'un projet de loi qui obligerait les juges à suivre une formation de sensibilisation sur des questions liées « au droit relatif aux agressions sexuelles et au contexte social ». Nous le faisons à cause d'hommes comme John Reilly, ancien juge et candidat libéral fédéral, qui avait dit: « Il y a agression sexuelle et agression sexuelle ». Il a ensuite donné l'exemple d'un homme qui avait fait une pénétration digitale à sa copine alors qu'elle dormait, disant qu'une peine de trois ans aurait été trop sévère dans ce cas.
Nous débattons de ce projet de loi également à cause d'hommes comme l'ancien juge Robin Camp, qui a demandé à une plaignante de 19 ans pourquoi elle n'avait pas fait davantage pour empêcher le viol prétendu avant de lui dire que « la douleur et le sexe vont parfois ensemble ».
Cela dit, il y a quelque chose dans ce projet de loi qui me met vraiment en colère. Je trouve absurde qu'on passe du temps à essayer de voir comment former les hommes de l'appareil de justice systématiquement misogyne du Canada à faire preuve de sensibilité dans les cas d'agression sexuelle. Cette stratégie est totalement inappropriée à bien des égards, car elle est incroyablement paternaliste à la base.
Plutôt que d'utiliser l'argent des contribuables et des recherches pour expliquer aux hommes en quoi le fait d'être doigtée contre sa volonté pendant son sommeil est répréhensible, ou qu'il est difficile de garder les genoux serrés lorsqu'on est dominée par une personne deux fois plus corpulente, ou encore la honte et le fardeau émotionnel que ces expériences peuvent causer à une femme, pourquoi ne pouvons-nous pas simplement nommer moins de juges sexistes qui détestent les femmes? Si les hommes veulent avoir le privilège d'être nommés à la magistrature, je suggère que ce qu'ils ont fait dans leur carrière pour éliminer les obstacles systémiques auxquels les femmes sont confrontées constitue l'un des critères d'embauche. Pourquoi devons-nous former les idiots de la société, et pourquoi ne pourrions-nous pas simplement embaucher des alliés?
Le projet de loi ne ferait pas grand-chose pour changer fondamentalement la misogynie systémique ancrée dans le gouvernement canadien, quelle que soit la direction. Certains diront que la misogynie systémique n'existe pas au Canada. À ces gens, je dirais ceci: le fait que nous débattions de ce projet de loi aujourd'hui est une preuve évidente de misogynie systémique.
Si les gens font partie d'un système dont ils tirent profit aux dépens des autres en raison des obstacles qui se dressent contre ces derniers, qu'il s'agisse de stéréotypes, de mœurs sociales sectaires ou de croyances traditionalistes rigides concernant les femmes, et qu'ils ne font rien pour y mettre fin, ils font alors partie du problème. C'est de la misogynie systémique. Si les gens refusent de se mettre à l'affût de ces obstacles ou de s'y attaquer lorsqu'ils les voient parce qu'ils pensent qu'ils n'existent pas, ils font alors partie du problème. S'ils pensent que la protection des droits des femmes érodera leurs propres droits, ils font partie du problème. Au mieux, ils sont paresseux et lâches, et au pire, ils sont misogynes. Toutes les formations du monde ne pourront pas réparer le système. C'est seulement lorsque les gens qui bénéficient de la perpétuation du système seront retirés de leur position de privilège et de pouvoir que ce système sera réparé.
J'ai été affectée par le système. Je reçois régulièrement des menaces de mort sexualisées. Je subis des microagressions comme lorsqu'un collègue me demande si je suis enceinte parce que j'ai commis le péché de manger un sandwich pendant une réunion Zoom ou qu'on me lance des injures parce que je suis une femme qui remet en question le dogme du système sans la moindre réserve. On a utilisé mon sexe et ma marque comme une feuille de vigne pour couvrir la misogynie des autres au moyen de gestes symboliques, et il y a eu tellement d'autres incidents.
Si c'est ce que je vis, en tant que femme blanche hétérosexuelle qui est en situation d'autorité, imaginons ce que vit une femme racialisée, queer ou trans. Imaginons ce que vit une femme pauvre avec des enfants. Imaginons ce que vit une femme autochtone dans une réserve. Imaginons ce qu'a vécu Nadia Murad et les millions d'autres femmes partout sur la planète dont le corps a été utilisé comme outil de guerre alors que les dirigeants de ce monde refusent de traduire en justice leurs oppresseurs.
Ce projet de loi offre l'occasion parfaite de prendre un instant pour réfléchir à la réalité de ces femmes, les survivantes du génocide des yézidis, parce que j'estime que l'expérience de ces femmes met bien en évidence les problèmes enracinés dans notre système, pas seulement pour les femmes ailleurs dans le monde, mais en ce qui concerne leur quête de justice ici même, au Canada. Comme certains députés s'en souviendront, j'ai œuvré auprès de ces femmes il y a plusieurs années afin d'attirer l'attention des parlementaires canadiens sur leur triste sort, pour que justice soit faite et pour que des mesures soient prises afin d'aider leurs consœurs. J'ai été la porte-parole de ces femmes, ces survivantes qui réclament justice après avoir subi les affres du génocide et de l'esclavage sexuel. Cela a contribué à faire bouger les choses.
Imaginons ce que ces femmes ont vécu et imaginons qu'après tous ces traumatismes, elles doivent se présenter à maintes reprises au Parlement du Canada pour inciter le gouvernement à agir, alors qu'il est évident depuis longtemps que des mesures s'imposent. Prenons un instant pour songer à cela.
Prenons un instant pour réfléchir à l'exemple d'une femme qui avait été vendue comme esclave sexuelle, qui devait supplier les tenants du pouvoir de se montrer sensibles à sa détresse et qui les voyait ensuite se demander si ce serait politiquement avantageux pour eux. C'est ce qui ne fonctionne pas dans le système, et aucune formation n'y remédiera.
Après de nombreuses motions présentées à la Chambre, ainsi que des études en comité, des conférences de presse, des communiqués et, surtout, le militantisme de la communauté yézidie, au Canada et à l'étranger, nous avons réussi à obtenir des mesures, mais celles-ci sont bien loin de suffire. Nous devons obtenir justice pour ces femmes, et cela implique que leurs oppresseurs soient traduits devant les tribunaux. Jusqu'à maintenant, il n'y a eu aucune justice pour ces femmes. Les membres du groupe armé État islamique n'ont pas dû faire face à la justice internationale. Jour après jour, des femmes sont de nouveau victimes parce qu'elles doivent expliquer au monde qu'elles ne pourront jamais tourner la page et que rien ne changera tant qu'elles n'obtiendront pas justice.
Cette seule question montre bien qu'il reste encore beaucoup à faire au Canada en ce qui a trait à l'égalité des sexes. Nous vivons dans un pays où la traite des personnes existe et où des femmes autochtones ainsi que d'autres des Premières Nations sont portées disparues ou sont assassinées. L'année dernière, l'Enquête nationale sur les femmes et les filles autochtones disparues et assassinées a noté une « tendance importante, persistante et délibérée qui consiste à violer les droits de la personne et les droits des Autochtones, et à y porter atteinte, de manière systémique et en se fondant sur la race ou le genre ». Pourtant, le gouvernement continue de se montrer incapable de prendre des mesures concrètes visant à créer des conditions sûres pour les femmes et les filles autochtones. À la place, le répète des platitudes sur Twitter. On l'a d'ailleurs critiqué à juste titre cette semaine à cet effet. Il se soucie davantage de préserver les apparences de changements positifs que d'apporter de tels changements.
C'est l'objet de ce projet de loi. Nous ne pouvons pas parler de misogynie dans le système de justice actuel sans reconnaître la violence racialisée et coloniale infligée aux femmes autochtones dans ce pays, aussi bien à l'intérieur qu'à l'extérieur des tribunaux. Nous vivons dans un pays où l'on croit qu'il faut apprendre à ceux qui sont censés faire respecter la justice, c'est-à-dire les juges, à ne pas être sexistes. Nous vivons dans un pays où l'on croit que ceux qui sont censés prendre soin de nous en période difficile, c'est-à-dire le personnel infirmier et les médecins, devraient suivre des cours pour être plus sensibilisés.
La tragédie déchirante qu'a vécue Joyce Echaquan a donné un visage aux victimes de sexisme et de racisme. Il est difficile pour nous d'admettre que le Canada n'est peut-être pas aussi exceptionnel que nous pouvions le penser. En réalité, ces systèmes, qui sont censés nous protéger, laissent souvent tomber beaucoup de gens parce que nous ne nous attaquons pas au cœur du problème. Il faut en faire plus pour briser les systèmes qui perpétuent ce type d'agression.
Je vais revenir au projet de loi sur les juges et sur la formation qu'ils doivent recevoir pour être plus sensibilisés. Pour les personnes qui ont eu le privilège de faire des études en droit et qui sont sur le point d'obtenir un poste convoité de juge, toute la formation du monde ne suffira pas pour corriger un système où la misogynie est systémique. Il faut un changement d'attitude dans la société toute entière, à commencer par ici, à la Chambre.
Il ne devrait pas être possible pour les personnes qui ont fait l'objet d'allégations de harcèlement fondées de se présenter sous la bannière d'un grand parti politique. Les membres de ces partis devraient avoir le courage de dénoncer de telles situations. On ne devrait pas permettre aux personnes qui se trouvent à la tête de ces partis de suivre des règles différentes de celles qui s'appliquent aux subalternes dans les cas d'allégations de harcèlement. Les femmes qui disent la vérité à ceux qui sont au pouvoir ne devraient pas être flanquées à la porte ni qualifiées de problématiques.
Depuis que je suis ici, j'ai été témoin de ce genre de comportements et de bien d'autres encore. Pas plus tard que cette semaine, le président d'une grande association parlementaire s'est bien gardé d'intervenir lorsqu'un groupe a tenté de faire retirer le nom d'une Canadienne du bulletin de vote pour la présidence d'un organisme international. Toutes ces...
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Madame la Présidente, depuis que je suis ici, j'ai été témoin de ce genre de comportements et de bien d'autres encore. Pas plus tard que cette semaine, le président d'une grande association parlementaire s'est bien gardé d'intervenir lorsqu'un groupe a tenté de faire retirer le nom d'une Canadienne du bulletin de vote pour la présidence d'un organisme international. Toutes ces expériences m'amènent à me poser une grande question: pourquoi faut-il toujours que ce soit les femmes qui se tapent le sale boulot sur ces questions? Pourquoi, dans bien des cas, ce sont les femmes qui doivent intervenir et exiger que les choses changent?
Je sais, il y a des hommes qui prennent la parole, mais toujours quand c'est politiquement à leur avantage. Je les vois, les publications sur les médias sociaux. Quoi qu'il en soit, les parlementaires doivent prouver qu'ils ne manquent pas de courage et ils doivent passer à l'action. Ce sujet mérite toute notre attention, car c'est le système au grand complet qui doit être revu.
Je me rappelle que personne n'a dénoncé l'ancien député libéral de Kitchener-Sud—Hespeler, qui est aujourd'hui accusé de voies de fait et de harcèlement criminel. Le Parti libéral lui a permis de briguer les suffrages en son nom même si, dans les cinq années précédentes, de nombreuses personnes l'avaient informé que son candidat s'était mal conduit envers une employée. C'est ce que j'ai fait quand la même chose s'est produite de notre côté. Où sont les féministes dans ce genre de situation? Les députés masculins doivent se tenir debout et reconnaître les privilèges que leur confèrent les systèmes patriarcaux du pouvoir, mais ils doivent surtout agir quand ils sont en présence de sexisme dans leur propre caucus. Ça ne devrait pas toujours être à moi de faire le travail. Où étaient les députés qui se disent sensibles aux injustices quand nous avions besoin d'eux? Quand nous avions besoin qu'ils fassent bouger les choses et qu'ils prennent les moyens pour que ce genre de comportement ne se répète plus jamais? C'est beau de publier des billets sur les médias sociaux et de se dire favorable à l'égalité des sexes, mais s'il n'y a pas de suite, rien ne changera jamais.
Il ne faudrait pas passer sous silence la question de la mutilation des organes génitaux féminins. C'est malheureusement un enjeu sur lequel j'ai souvent dû attirer l'attention de la Chambre lorsque j'étais ministre de l'Immigration, des Réfugiés et de la Citoyenneté au sein du cabinet fantôme. Les médias avaient annoncé que l'ébauche du nouveau guide de citoyenneté ne condamnait plus cette pratique odieuse. On voyait des grands titres comme « [Le ministre de l'Immigration] ne s'engage pas à laisser l'avertissement sur la mutilation génitale dans le guide sur l'immigration ». Devant ces nouvelles, j'ai dû parrainer une pétition qui demandait au gouvernement de s'assurer que la version finale du nouveau guide de citoyenneté condamne la mutilation génitale féminine. J'ai posé de multiples questions au ministre à ce sujet. Pourquoi cela a-t-il été nécessaire? C'est un enjeu qui devrait aller de soi, mais il a fallu des semaines, et même des mois avant que les choses bougent dans ce dossier féministe. Je trouve simplement aberrant qu'il ait fallu soulever cette question au Parlement et la condamner officiellement.
Le débat d'aujourd'hui me fait aussi penser aux femmes de ma circonscription qui ont subi les effets dévastateurs qu'ont eus en général les politiques du gouvernement sur le secteur énergétique de l'Alberta. Toute ma collectivité souhaite appuyer une transition vers une économie fondée sur l'énergie renouvelable. Cependant, comme on ne propose pas de plan pour la soutenir ou offrir d'autres emplois durant et après la transition, ma collectivité se retrouve sans ressource, ce qui a des conséquences particulières pour les femmes. Presque tous les jours, j'apprends que la crise de l'emploi qu'ont provoquée les libéraux dans ma collectivité met des femmes dans des situations inimaginables. Certaines m'ont dit qu'en raison des pertes d'emplois dans le secteur énergétique, elles ont envisagé de se prostituer afin de subvenir aux besoins de leur famille. Les cas de violence familiale sont à la hausse et les femmes perdent leur foyer et leurs enfants. Et voilà que nous sommes plutôt en train de parler de former des gens qui ont le privilège de pouvoir être nommés à la magistrature.
Il est odieux que l'attitude bourgeoise du gouvernement place des femmes dans une telle situation. Il est odieux que les femmes de ma collectivité soient laissées pour compte tandis que le , qui prétend être féministe, se tourne les pouces sans manifester de compassion et sans offrir un plan pour améliorer leur sort. Est-ce à dire que ces femmes et leur famille ne comptent que pour du beurre, simplement parce que la province où elles vivent et les personnes de leur sexe n'ont pas tendance à voter pour son parti? Leur combat est-il indigne de considération, simplement parce que le pense que leurs emplois sont sales? Il s'agit là de misogynie systémique. Elle est présente à la Chambre et nous n'en parlons pas.
Or, ces problèmes ne touchent pas uniquement notre système judiciaire. En effet, dans les écoles de tout le pays, les jeunes femmes n'apprennent presque rien sur leur corps. La sexualité des femmes demeure tabou, alors on peut s'imaginer ce qu'il en est de leur plaisir. Il existe toujours des codes vestimentaires qui visent injustement les filles qui portent des vêtements soi-disant suggestifs, alors qu'ils sont tout simplement confortables. Un autre exemple est la honte ridicule qui s'attache aux menstruations, qui sont pourtant des fonctions corporelles entièrement normales que des milliards de femmes dans le monde connaissent. C'est sans compter l'absence totale de discussion dans les écoles à propos de l'expérience unique des femmes et des filles trans et de la violence qu'elles subissent. Ce manque de sensibilisation touche en outre les questions de consentement. On n’apprend pas à nos jeunes, plus particulièrement aux hommes, que « oui », c'est « oui », et « non », c'est « non ». Comment pouvons-nous nous attendre à éliminer réellement la violence sexuelle dans ce pays si l'on apprend aux filles à avoir honte de leur corps et que l'on n’explique pas aux jeunes hommes quand les relations sexuelles sont consensuelles?
Si les députés de tous les partis demeurent silencieux à ce sujet dans le centre du pouvoir de notre pays, à quoi bon former les juges? Si les dirigeants ne subissent aucune conséquence, pourquoi la magistrature devrait-elle s'attendre à être traitée différemment? Chacun a la responsabilité individuelle de changer la culture qui a rendu ce projet de loi nécessaire, de dénoncer les gens au sein de ses propres réseaux et de remettre en question ses propres dogmes.
Nous sommes au mois d'octobre, période de l'année où les images traditionnelles de sorcières sont à l'avant-scène de la culture populaire partout au pays. Ces femmes à l'esprit tordu, défigurées et à l'air méchant sont considérées comme l'emblème de tout ce qui est mal et mauvais dans le monde, et si un malheur nous arrive, il faut blâmer les sorcières. Je ne pourrais pas imaginer un mois plus opportun pour discuter du projet de loi.
Pendant une portion considérable et relativement récente de l'histoire, les sages-femmes et les femmes herboristes étaient condamnées au bûcher parce que l'Église et la classe marchande bien nantie voulaient faire du commerce médical le domaine exclusif des hommes. On brûlait les femmes qui embrassaient leur sexualité. On brûlait les femmes trop jolies qui rejetaient les avances d'un homme riche de même que les femmes qui disaient la vérité à ceux qui détenaient le pouvoir. À une époque, on a brûlé entre 10 000 et 40 000 femmes simplement parce qu'elles ne se conformaient pas au comportement prescrit par les institutions patriarcales masculines.
Aujourd'hui, l'image de la sorcière évoque de vieux acquis culturels profondément ancrés voulant que les femmes fortes et autonomes dotées de capacités extraordinaires soient malfaisantes: au mieux, il faudrait les craindre et, au pire, il faudrait les éliminer. Les chamanes, les anciennes, les femmes intelligentes, les révélatrices de la vérité, les sages-femmes et les femmes empathiques sont celles qui ont changé les choses dans le monde, mais l'histoire et les célébrations de la société les présentent encore de nos jours comme une menace dont il faut se méfier.
Si les femmes au pays ne sont plus littéralement brûlées au bûcher lorsqu'elles ont du pouvoir, combien parmi elles n'obtiennent pas de promotion parce qu'on craint leur courage? Combien de fois a-t-on fait sentir aux femmes victimes d'agression sexuelle qu'elles l'avaient cherché? Combien d'enfants vivent dans la pauvreté en raison du coût des services de garde? À combien de femmes a-t-on enseigné que la sexualité était un péché plutôt qu'une bénédiction? Combien de femmes se retrouvent dans des situations où elles n'ont pas le contrôle absolu sur leur corps? Combien de femmes n'ont jamais pu obtenir justice pour des torts qu'elles ont subis?
De nos jours, beaucoup de femmes sont encore condamnées au bûcher, même si ce n'est que métaphoriquement. C'est pour cette raison que nous débattons du projet de loi. Il y a de l'espoir. Les femmes ont toujours eu le pouvoir inné de créer, de protéger, de diriger et de guérir. Lorsque j'ai été élue, je pensais connaître l'envergure de mes pouvoirs, mais j'avais tort. J'ai mis du temps à comprendre que mon intuition est toujours bonne, que mes opinions ont toujours la capacité d'influencer, que la compassion finit toujours par l'emporter et que le courage entraîne toujours le changement, même si parfois il nécessite de lourds sacrifices personnels.
Depuis que je suis députée, j'ai appris de femmes extrêmement courageuses. Je me souviens de l'expression puissante et rayonnante sur le visage de Nadia Murad, qui était assise dans la tribune le jour où je me suis battue en solidarité avec elle pour défendre les intérêts de son peuple. Je me souviens de la députée de , qui s'est résolument agrippée à sa version de la réalité pendant que son propre parti tentait de la discréditer, mais ce dernier n'y est jamais parvenu, car la députée était beaucoup plus forte qu'il le croyait.
Je me souviens de Jane Philpott, qui est maintenant la doyenne de la Faculté de médecine de l'Université Queens, qui a fait preuve de courage est qui s'est portée à la défense de la députée aux dépens de sa carrière politique. Félicitations, Jane. Je me souviens de Megan Leslie, une championne dans le dossier de l'environnement du Canada, qui a milité en faveur de l'interdiction des microbilles et qui s'est assurée que ces dernières n'aboutissent pas dans nos lacs et nos rivières. Je me souviens de Lisa Raitt, qui a m'a guidé avec élégance lorsque j'ai dû apprendre certaines des leçons les plus difficiles que ces lieux de pouvoir peuvent nous donner.
Je nomme ces femmes et je salue leur courage et leur force, mais nous ne pouvons oublier les millions de femmes anonymes partout dans ce pays qui manifestent quotidiennement leur force. C'est la mère célibataire qui parvient à nourrir ses enfants sans l'aide d'un conjoint. C'est la grand-mère qui prend soin des enfants de sa fille. C'est la docteure qui fait une découverte majeure dans une maladie et c'est l'avocate qui gagne une affaire, et plus encore.
Je me tiens ici, aujourd'hui, sans peur, après toutes ces années, pour faire ce qui est juste, quoi qu'on puisse me reprocher. C'est l'étincelle que les pensées misogynes bien ancrées dans le système essaient d'éteindre chez les femmes. C'est encore une lutte de tous les jours pour moi, mais nous devons nous rappeler que notre force ne nous a jamais été enlevée, et nous y croyons. Nous exigeons justice. Nous revendiquons notre pouvoir et nous refusons que les hommes au pouvoir s'en tirent impunément. Nous ne sommes pas là pour valider le système. Je ne suis pas là pour adouber qui que ce soit, je suis là pour faire changer les choses. C'est pour ça que ce projet de loi me met en colère. Le fait que nous soyons obligés de proposer un programme de formation et qu'on s'attende à ce que ceux qui seront nommés juges en aient besoin est la preuve éclatante que le système ne fonctionne pas.
Pourquoi ne nommons-nous pas moins de misogynes à la magistrature, au lieu de mettre en place des programmes spéciaux de formation pour éliminer la haine dont sont victimes les femmes?
Pourquoi ne nommons-nous pas davantage de femmes brillantes à la magistrature, des femmes qui s'efforceront de mettre fin à la misogynie systémique qui existe à l'échelle de notre système judiciaire, au lieu d'injecter des deniers publics dans un programme de formation qui ne protège pas vraiment les femmes?
Il y a des questions auxquelles le projet de loi ne répond pas clairement, et le gouvernement a pris bien peu de mesures concrètes pour remédier à cet état des choses. Même si j'appuie le projet de loi, je ne me gênerai pas pour dire qu'il adopte manifestement la mauvaise approche pour aborder cet enjeu touchant le cœur même de notre société. Ce sujet mérite d'être longuement débattu. Je n'ai aucun problème à souligner que le projet de loi ne va pas suffisamment loin. Certains pourraient même aller jusqu'à me traiter de sorcière pour cela, mais je refuse de me taire.
En passant, joyeux Samain à ceux qui le célèbrent.
Nous devons aux femmes et aux jeunes filles de ma circonscription et du pays, à nos filles et à leurs descendantes, d'exiger plus pour elles, à savoir un avenir où elles n'auront plus à vivre dans la crainte constante d'être victimes de violence sexuelle.
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Madame la Présidente, je suis heureux d'avoir l'occasion aujourd'hui de parler du projet de loi .
Avant d'être élu, j'ai eu l'occasion de siéger au conseil d'administration du Saffron Centre, un organisme qui se trouve dans ma circonscription, et je tiens à souligner l'excellent travail qu'il accomplit en fournissant des conseils et de la sensibilisation sur l'intimidation, la violence sexuelle, les limites et des sujets connexes. J'ai siégé au conseil d'administration de cet organisme avant la naissance du mouvement #MoiAussi. À l'époque, les membres du conseil d'administration tenaient des discussions sur le manque de sensibilité à ces questions sociales et sur certaines des difficultés que posaient la collecte de fonds et la mobilisation en vue de soutenir l'organisme dans le contexte du degré de sensibilisation de la société à ce moment-là.
Il reste encore beaucoup à faire, mais je crois que les choses ont beaucoup changé. Le mouvement #MoiAussi a favorisé la croissance, la sensibilisation et la reconnaissance. J'ai eu l'occasion de discuter avec certains membres de l'organisation une fois que le mouvement #MoiAussi a été lancé. Ces personnes m'ont confié que les demandes de counselling avaient grandement augmenté. Bon nombre de ces demandes concernaient des traumatismes liés à des événements s'étant déroulés dans le passé, pour des personnes ayant subi du harcèlement sexuel ou de la violence sexuelle, peut-être des décennies auparavant, mais dont elles n'étaient pas parvenues à parler. Ces personnes ont réussi à demander de l'aide, grâce à ce qu'elles ont entendu dans les médias traditionnels ou sociaux, où d'autres parlaient de leurs expériences. Nous avons probablement tous des histoires à raconter à propos d'organismes communautaires œuvrant dans notre circonscription. À voir comment les discussions publiques entourant le mouvement #MoiAussi ont encouragé les gens à demander du counselling et du soutien pour des traumatismes liés à des événements s'étant déroulés dans le passé, on réalise toute l'importance de ces discussions.
Nous avons consacré une partie du débat à débattre du débat lui-même, et certains députés en face ont remis en question la nécessité de ce débat et ont demandé pourquoi nous ne pouvions pas tout simplement accorder un consentement unanime à toutes les étapes du projet de loi. Il est arrivé que des projets de loi qui n'avaient qu'un seul objectif n'atteignent pas cet objectif ou que les travaux d'un comité permettent de les renforcer d'une manière ou d'une autre. Le processus parlementaire s'avère donc important. Nous avons également constaté, même aujourd'hui, que les discussions entourant ces questions peuvent se montrer importantes et inspirantes pour les gens. Il est donc important que nous, les députés de la Chambre, discutions de ces questions pour soutenir le projet de loi et pour contribuer à le faire avancer.
[Français]
En 2017, notre ancienne chef conservatrice, Rona Ambrose, avait présenté la loi juste, un projet de loi qui cherchait à obliger les avocats qui souhaitaient devenir juges à recevoir une formation sur les agressions sexuelles, ainsi qu’à obliger les tribunaux à fournir des motifs écrits dans les décisions d'agressions sexuelles. Ce projet de loi a été adopté à l'unanimité par la Chambre des communes, mais malheureusement il a été retardé au Sénat, et en conséquence la loi juste n'a jamais été adoptée.
Au Canada, on estime qu'une femme sur trois et un homme sur huit seront victimes de violence sexuelle au cours de leur vie. Ceci veut dire qu'environ 5,73 millions de femmes et 2,3 millions d'hommes canadiens seront des victimes. Nous pouvons tous convenir que ces nombres sont trop élevés, et, malheureusement, Statistique Canada a signalé en 2014, que seulement 5 % des agressions sexuelles avaient été signalées à la police. Cela signifie que moins de 5 % des prédateurs feront face à la justice qu'ils méritent pour leurs actes méprisables.
Ce faible nombre de cas signalés est dû au fait que les victimes d'agression sexuelle n'ont plus confiance en notre système de justice. Un rapport publié par le ministère de la Justice intitulé « Enquête menée auprès des survivantes de violence sexuelle dans trois villes canadiennes » a révélé que deux femmes sur trois faisaient peu ou pas confiance au processus judiciaire. C'est à cause des cas où les juges qui présidaient les affaires d'agression sexuelle n'avaient aucune connaissance des lois canadiennes sur les agressions sexuelles. Cela a donné lieu à des incidents où des juges ont injustement remis en question les caractères des victimes et ont complètement ignoré nos lois sur les agressions sexuelles.
La loi juste aurait amélioré la situation. Lundi passé, les libéraux ont décidé de déposer de nouveau ce projet de loi. Comme la loi juste, le projet de loi exigerait que tous les juges des cours supérieures provinciales nouvellement nommés participent à une formation sur les agressions sexuelles et modifierait le Code criminel pour obliger les juges à fournir des motifs écrits ou à consigner les motifs au dossier lorsqu'ils prennent une décision sur un procès d'agression sexuelle.
Mettons de côté la politique. Je suis heureux que l'initiative ait été reprise pour protéger les vulnérables victimes d'agression sexuelle. Cependant, je pense que nous devons profiter de cette occasion pour aller plus loin. En février dernier, j'ai dit à la Chambre qu'il serait utile d'inclure également une formation sur les agressions sexuelles pour les agents de libération conditionnelle. J'aimerais que le gouvernement ajoute cela à ce projet de loi.
Nous savons qu'il y a eu des problèmes dans le passé avec la Commission des libérations conditionnelles du Canada. Des criminels dangereux ont été mis en liberté conditionnelle et ont ensuite commis davantage de crimes. Un exemple de cela est le cas de Eustachio Gallese, un meurtrier condamné qui a poignardé une femme après avoir obtenu une libération conditionnelle. Il s'agit d'un incident qui aurait pu être totalement évité si la Commission des libérations conditionnelles du Canada avait fait preuve de bon jugement. Je crains qu'un incident similaire puisse se reproduire avec un prédateur mis en liberté conditionnelle. C'est pourquoi il est essentiel que nous donnions aux agents de libération conditionnelle une formation sur les agressions et les prédateurs sexuels. Les victimes doivent être protégées.
Je sais que le gouvernement libéral actuel aime se vanter d'être féministe. Voici une occasion parfaite de montrer aux Canadiens que leur approche féministe est légitime et pas seulement un point de discussion politique. Aller au-delà de la proposition précédente en ajoutant d'autres mesures qui protégeront les victimes d'agression sexuelle serait une bonne initiative. Je sais que nous voulons tous assurer que les femmes et les hommes canadiens sont protégés contre les prédateurs.
En tant que législateurs de ce Parlement minoritaire, il est important à mon avis que nous travaillions ensemble pour nous assurer qu'une bonne législation complète est adoptée. J'ai hâte de discuter avec mes collègues de tous horizons politiques de la nécessité d'une formation en matière d'agression sexuelle pour nos juges et également pour nos agents de libération conditionnelle.
[Traduction]
Maintenant que nous avons abordé le fond et l'historique de ce projet de loi et que nous avons discuté de certains enjeux connexes, je veux ajouter quelques observations générales à propos du travail crucial qui consiste à lutter contre les agressions sexuelles. Je répondrai en outre à certains des autres commentaires exprimés jusqu'à maintenant au cours du débat.
Bien qu'il nous faille reconnaître l'importance des initiatives en matière de sensibilisation, il ne faut pas oublier leurs limites inhérentes. Certes, l'ignorance peut engendrer des comportements criminels chez certains et de l'insensibilité ou de l'indifférence chez d'autres. Bien qu'on puisse combattre l'ignorance par l'éducation, elle ne peut pas expliquer tout comportement répréhensible. En effet, certaines personnes qui n'ont aucune difficulté à différencier le bien du mal commettront tout de même des crimes haineux ou se montreront indifférentes à la souffrance d'autrui. Pour ces personnes, le problème n'est pas un manque de sensibilisation, mais plutôt l'incapacité de contrôler certaines propensions ou tendances comportementales.
Il peut s'agir aussi d'un manque de compassion. Pour ceux à qui celle-ci fait défaut, on aura beau les informer, leur comportement ne changera jamais. Comme l'a déjà fait observer l'auteur C.S. Lewis: « Une éducation sans valeurs, aussi utile soit-elle, semble plutôt faire de l'homme un diable plus intelligent. » L'argument de Lewis mérite réflexion alors que nous examinons l'importance, mais aussi les limites, de prescrire l'éducation et la formation comme remèdes aux agressions sexuelles et au harcèlement. Nous devons nous demander ce que nous pouvons faire et ce que d'autres institutions peuvent faire pour encourager les comportements positifs plutôt que négatifs et pour développer l'empathie. Sans le développement des qualités essentielles que sont la moralité et la vertu, une éducation plus poussée sur les aspects juridiques de la question s'avérera inefficace.
Il est également possible d'étudier cette question sous un autre angle, soit l'éternel débat entre l'éthique de la vertu et l'éthique déontologique. L'éthique déontologique considère l'éthique en termes de respect des règles. Dans le cas qui nous occupe, c'est une règle du type « Ne pas agresser ni harceler autrui » qui s'applique.
L'éthique de la vertu, de son côté, aborde l'éthique du point de vue de la nécessité de développer des traits de caractère positifs permettant aux individus à la fois de savoir ce qui est bien et aussi de se servir de cette connaissance dans différents contextes. L'éthique de la vertu prête davantage attention au développement de vertus telles que la justice et la maîtrise de soi. Une personne qui a développé chez elle les vertus de la justice et de la maîtrise de soi n'adoptera jamais de comportements qui pourraient blesser ou menacer les autres, puisque la justice consiste à donner aux autres ce à quoi ils ont droit et que la maîtrise de soi consiste à pouvoir dominer ses désirs et ses envies.
Ces deux cadres de l'éthique, l'éthique déontologique et l'éthique de la vertu, ne sont pas mutuellement exclusifs, mais il y a une question de subordination. Personnellement, je crois que l'éthique de la vertu est plus importante, parce qu'elle ne fait pas qu'aborder la question de la façon dont nous devrions nous comporter, mais aussi de la façon d'acquérir la capacité de toujours nous comporter de la bonne façon.
Les efforts en vue de combattre l'agression sexuelle ne doivent pas seulement tenir à l'éducation sous forme de communication de renseignements sur les normes de conduite et les cadres législatifs. Ils doivent également comprendre la promotion positive de traits de caractère tels que la justice et la maîtrise de soi. En grandissant, je ne me souviens pas que l'on m'ait appris précisément qu'il est mal de harceler sexuellement ou d'agresser une personne. Plutôt, on m'a appris à reconnaître la dignité foncière de chacun et à maîtriser mes impulsions. Lorsque la justice et la maîtrise de soi sont pleinement assimilées, la règle précise semble, dans ce cas-ci, plutôt évidente.
En tant que père, je réfléchis bien sûr beaucoup à la façon d'élever mes propres enfants afin qu'ils deviennent de bonnes personnes et de bons citoyens. Mes enfants sont trop jeunes pour que je discute avec eux de violence sexuelle, mais j'essaie déjà de favoriser leur acquisition des vertus de la justice et de la maîtrise de soi, de même que de l'esprit de solidarité et de l'empathie. Espérons que l'acquisition de ces traits intellectuels et pratiques fera en sorte qu'ils sauront sans hésiter comment se comporter, quelles que soient les situations dans lesquelles ils se trouveront dans le futur.
On parle beaucoup de la notion de masculinité toxique. À mon avis, il est important que nous cherchions à la remplacer par une masculinité redéfinie. La masculinité toxique englobe le fait de chercher à détenir le pouvoir sur les autres, mais un concept redéfini de la masculinité signifie le fait d'avoir le pouvoir sur soi-même, de se maîtriser, de maîtriser ses envies et d'avoir le courage de s'employer à protéger les personnes vulnérables et à promouvoir la justice.
Winstor Churchill a un jour fait remarquer que le pouvoir de l'homme s'est accru dans tous les domaines, sauf sur lui-même. Par cette remarque, Churchill met le doigt sur l'un des plus graves problèmes de notre époque: les gens qui savent peut-être ce qui est juste et qui sont pleinement instruits sur ce qui est juste n'ont pas toujours la volonté ou les qualités requises pour maîtriser leurs caprices ou leurs appétits. Le pouvoir sur soi est d'une importance vitale pour être une bonne personne et un bon citoyen. Une personne qui ne possède pas les qualités de justice et de la maîtrise de soi ne pourra jamais être réellement heureuse ou résiliente.
Une masculinité redéfinie se fonderait sur la justice et la maîtrise de soi et non sur la gratification personnelle et la domination d'autrui. Je crains que dans de nombreux domaines, les gouvernements modernes mettent l'accent sur les règlements plutôt que sur les vertus, et sur la formation, plutôt que sur le développement du caractère. Nous devons accorder plus d'importance aux leçons qui peuvent nous être enseignées par l'éthique de la vertu pour combattre les fléaux que sont le harcèlement et les agressions sexuelles. J'espère que ceux qui élaborent les programmes de formation pour les juges, mais aussi pour les jeunes, les éducateurs, les anciens délinquants, etc., tiendront compte des enseignements importants qui découlent de la tradition de la vertu.
J'aimerais utiliser le temps qui me reste aujourd'hui pour répondre à certains des commentaires qui ont été faits. Ma collègue de a parlé avec beaucoup d'éloquence de différents sujets. Elle a parlé de l'importance des champs de compétences. Ce projet de loi est de compétence fédérale, mais il nous rappelle aussi que d'autres mesures doivent être prises par d'autres ordres de gouvernement. Espérons que le débat que nous avons aujourd'hui donnera lieu à d'autres conversations.
Ma collègue de a aussi parlé de la culture du viol. Je pense qu'il est important de revenir sur l'important travail commencé, pendant la dernière législature, par mon collègue, le député de , pour bien comprendre les conséquences des images de violence sexuelle sur les jeunes hommes qui les consomment. Il faudrait des changements de politique pour combattre en particulier la culture du viol, par exemple l'obligation d'une vérification réelle de l'âge sur Internet. On ne devrait pas permettre à de jeunes garçons d'avoir accès à des images de violence sexuelle sur Internet. En mettant en place des mécanismes de vérification poussée de l'âge, on s'assurerait que la sexualité des garçons, dans leurs jeunes années, n'est pas façonnée par ces aspects de la culture du viol.
J'aimerais saluer le travail que les députés de et de ont fait dans ce dossier. J'espère que des mesures concrètes, comme une vérification poussée de l'âge, seront prises. J'y reviendrai lorsque nous reprendrons le débat à ce sujet.