propose que le projet de loi , soit lu pour la deuxième fois et renvoyé à un comité.
— Monsieur le Président, je tiens d'abord à souligner que nous nous trouvons sur les terres ancestrales du peuple algonquin anishinabe.
C'est un grand honneur pour moi de prendre la parole aujourd'hui au sujet du projet de loi , un projet de loi important visant à créer un nouveau jour férié fédéral, la Journée nationale de la vérité et de la réconciliation. Nous devons absolument féliciter et remercier Georgina Jolibois d'avoir présenté ce projet de loi au cours de la législature précédente, mais, surtout, de défendre les droits des peuples autochtones non seulement de sa circonscription, mais de partout au Canada. J'aimerais aussi remercier et saluer le député de de son appui en faveur de cet important projet de loi.
J'ai déjà eu l'honneur de prendre la parole à la Chambre au sujet du cheminement de notre pays vers la réconciliation, et je sais que la réconciliation n'est pas la responsabilité d'un seul parti ou d'une seule personne, mais de tous les Canadiens.
[Français]
Ce projet de loi est un pas important sur le parcours que nous réalisons ensemble. Je suis fier de travailler avec des députés de tous les partis politiques sur cette mesure législative.
Certains députés de la Chambre ont peut-être eu le privilège d'assister aux témoignages présentés au Comité permanent du patrimoine canadien lors de son étude du projet de loi de Georgina Jolibois, durant la dernière législature. Les témoignages que nous avons entendus ont renforcé notre conviction qu'il est important d'adopter ce projet de loi.
Une grande partie de ces témoignages ont évoqué de manière frappante et puissante les retombées potentielles d'une journée nationale de la vérité et de la réconciliation. Par exemple, le chef national Robert Bertrand, du Congrès des peuples autochtones, a dit:
Un jour de fête légale offrira une occasion importante de réfléchir à la diversité des patrimoines et des cultures de notre peuple, ce qui demeure essentiel au tissu social de notre pays. Ce faisant, chacun d'entre nous s'efforcera de parvenir à une véritable réconciliation entre les Autochtones et les non-Autochtones.
[Traduction]
Mme Theresa Brown, présidente du cercle des survivants du Centre national pour la vérité et la réconciliation, a elle aussi livré un témoignage éloquent. Elle a évoqué en ces termes l'importance d'une journée nationale de réflexion pour les survivants des pensionnats indiens:
Une journée spéciale et distincte où nos petits-enfants pourraient déposer une couronne, déposer du tabac, prier et se souvenir est importante pour moi et pour les autres survivants. C'est aussi l'occasion pour notre pays de se souvenir et d'affirmer: « plus jamais ». Nous voulons avoir l'assurance que, lorsque nous serons partis, cet esprit de vérité et de réconciliation survivra pour les générations futures.
[Français]
M. Natan Obed, président de l'Inuit Tapiriit Kanatami, a témoigné de ce qui suit:
[...] la création d'un jour férié a plus de poids et permet de sensibiliser davantage les gens à l'aide d'une plus grande tribune. Quand on pense aux congés, aux jours fériés et à la façon dont ils ont été désignés au fil du temps, on constate qu'ils sont de nature coloniale et qu'ils se rapportent au fondement du pays, sans nécessairement tenir compte des peuples autochtones établis au Canada. On se démarquerait ainsi considérablement de cet héritage.
Il a également ajouté:
Ce jour férié peut contribuer dans une grande mesure à garantir que dès leur plus jeune âge, tous les Canadiens auront un lien positif avec les Premières Nations, les Inuits et les Métis.
[Traduction]
Le premier point soulevé par M. Obed souligne l'importance et le statut des jours fériés nationaux au Canada. Je voudrais rappeler à la Chambre que le fait de créer un jour férié est, en lui-même, tout à fait significatif. En ce moment, il y a neuf jours fériés sous réglementation fédérale au Canada. Une journée nationale de la vérité et de la réconciliation aurait le même statut que la fête du Travail ou le jour du Souvenir, ce qui soulignerait l'importance et la portée de cette journée.
[Français]
Durant les témoignages que nous avons pu entendre, de nombreux groupes ont exprimé des points de vue similaires à ceux que je viens de citer sur le sens et les retombées d'une journée de commémoration.
[Traduction]
Le système des pensionnats autochtones a été une véritable tragédie nationale. Pendant 130 ans, plus de 150 000 enfants des Premières Nations, des Inuits et des Métis ont été placés dans des pensionnats. On a séparé de force ces enfants de leurs parents, de leur foyer, de leur culture, de leur langue, de leur terre, de leur réseau de relations et de leur communauté.
[Français]
Cette journée est importante. Elle offre l'occasion de réfléchir aux maux qui ont été infligés aux Premières Nations, aux Inuits et aux Métis tant au fil de notre histoire que de nos jours en raison des séquelles des pensionnats. Ce préjudice, nous nous efforçons de le réparer en mettant en œuvre les appels à l'action de la Commission de vérité et réconciliation du Canada.
L'appel à l'action 80, lancé par la Commission de vérité et réconciliation, demande à notre gouvernement
d'établir comme jour férié, en collaboration avec les peuples autochtones, une journée nationale de la vérité et de la réconciliation pour honorer les survivants, leurs familles et leurs collectivités et s'assurer que la commémoration de l'histoire et des séquelles des pensionnats demeure un élément essentiel du processus de réconciliation.
Aujourd'hui, nous voulons répondre à cet appel à l'action.
[Traduction]
Après des consultations respectueuses et une mûre réflexion, on a choisi la date du 30 septembre en raison de sa signification. À l'heure actuelle, le 30 septembre est la date du mouvement populaire appelé Journée du chandail orange, créé par la formidable Phyllis Webstad et ainsi nommé en l'honneur du chandail orange que Mme Webstad avait reçu de sa grand-mère pour son premier jour au pensionnat, mais qu'on lui a confisqué dès son arrivée. Son chandail orange symbolise toute la vitalité des cultures, des langues, des traditions, des identités et des enfances qui ont été réprimées au sein du système des pensionnats. Il symbolise également les survivants comme Mme Webstad et les efforts monumentaux déployés par les Premières Nations, les Inuits et les Métis afin de protéger et de revitaliser leurs cultures et leurs langues pour les futures générations.
[Français]
Durant les témoignages en comité, nous avons appris que septembre était une période douloureusement symbolique pour les familles et les communautés autochtones. C'est durant ce mois que les enfants étaient séparés de leurs proches et de leur communauté, chaque année pour retourner à l'école. Il convient donc de souligner cette souffrance par une journée solennelle pour se souvenir du passé, y réfléchir et apprendre ensemble à mieux connaître l'histoire et les séquelles des pensionnats.
J'ai toujours été convaincu que l'un des piliers de la réconciliation est l'éducation. L'établissement d'une Journée nationale de la vérité et de la réconciliation est de l'éducation en action. Pour tous ceux et celles qui vivent au Canada, ce serait une journée de commémoration, mais aussi une journée pour apprendre à connaître une partie sombre de notre passé. Ce serait une façon de se souvenir de ne jamais oublier et de ne jamais nous arrêter sur le chemin vers la réconciliation.
Les étudiants retournent encore à l'école chaque année en septembre. Au-delà de l'importance symbolique du 30 septembre, cette date proposée, pour une journée nationale de la vérité et de la réconciliation, est aussi une occasion d'apprentissage au sein de nos réseaux scolaires sur notre parcours vers la réconciliation. Les enseignants et les enseignantes de partout au pays pourront s'appuyer sur des discussions déjà en cours dans de nombreuses écoles sur les pensionnats. Les familles auront une raison de parler de la réconciliation à la maison. Les Canadiens et les Canadiennes auront une journée pour réfléchir à notre histoire et à nos valeurs en tant que société.
J'aime à penser au jour où les écoles de tout le pays marqueront ce jour férié par des cérémonies, une journée d'apprentissage. J'espère qu'elles inviteront des aînés ou des survivants, des détenteurs de savoir et des éducateurs autochtones à venir en classe pour parler avec les enfants.
[Traduction]
Je pense à la manière dont les écoles du pays tout entier se servent du jour du Souvenir comme d'un outil d'apprentissage pour les enfants de tous âges afin de les renseigner sur les conflits passés auxquels le Canada a participé, de leur faire comprendre les atrocités de la guerre et, surtout, d'honorer les hommes et les femmes qui ont tant sacrifié au service du pays. J'estime qu'une nouvelle journée de la vérité et de la réconciliation serait une excellente occasion d'apprentissage au sujet de ce chapitre de notre histoire qui est tout aussi important que les autres.
[Français]
Malheureusement, seule la moitié des Canadiens et des Canadiennes connaissent l'histoire du système de pensionnats autochtones et ses effets à long terme sur les peuples autochtones.
Le rapport final de la Commission de vérité et réconciliation du Canada affirme qu'un trop grand nombre de Canadiens ne savent pas grand-chose, voire rien du tout sur les racines historiques et profondes de ces conflits. Le manque de connaissances historiques a d'importantes répercussions pour les Premières Nations, les Métis et les Inuits, ainsi que pour l'ensemble du Canada. Le fait d'avoir chaque année une journée pour prendre le temps de reconnaître cette histoire douloureuse nous aidera à connaître et à comprendre les réalités des pensionnats. C'est une façon positive de cheminer vers la réconciliation. Ce type de commémoration est un acte collectif et public de reconnaissance.
Ce sera aussi une journée d'écoute et de guérison pour le pays tout entier. Ensemble, nous pourrons poursuivre notre conversation sur la justice sociale.
[Traduction]
Comme l'a dit Mme Marie Wilson, ancienne commissaire de la Commission de vérité et réconciliation, lorsqu'elle a comparu devant le Comité permanent du patrimoine canadien:
Ainsi, tout le monde devra y porter attention, se souvenir et faire preuve de respect, et espérons [...] que l'apprentissage à ce sujet le sera également. Nous ne nous contentons pas de parler de guerres; nous parlons de la paix dans la discussion sur les guerres. Dans le contexte des pensionnats, nous pouvons parler des erreurs du passé et de ce que nous tentons de faire pour nous attaquer aux problèmes à l'avenir.
M. Tim Argetsinger, conseiller politique de l'Inuit Tapiriit Kanatami, est du même avis lorsqu'il affirme:
[...] je crois qu'il y a une façon de trouver un juste équilibre de sorte que l'attention d'une journée se concentre sur les violations des droits de la personne commises dans le passé à l'encontre des peuples autochtones et que ces derniers cherchent à surmonter. Cette journée pourrait, en même temps, être une occasion de nous concentrer sur notre responsabilité de prendre des mesures positives pour résoudre certaines des difficultés qui découlent des expériences du passé.
[Français]
Je veux souligner la priorité constante que notre gouvernement accorde à la réconciliation et à la promotion des droits des Autochtones. Certains diront qu'une simple journée ne résoudra pas les horreurs du passé et n'améliorera pas les conditions de vie inacceptables de certaines communautés encore aujourd'hui. Je crois toutefois que ce souvenir du passé est un moyen efficace de s'assurer que l'histoire ne se répète pas.
[Traduction]
Le racisme systémique et les actes de racisme sont présents au Canada, mais cela ne les rend pas et ne les rendra jamais acceptables. Nous avons été encore une fois témoins, dernièrement, des conséquences horribles qu'ils peuvent avoir. Les événements qui ont précédé la mort de Joyce Echaquan nous ont tous choqués. Ils nous ont scandalisés, mais ils n'auraient pas dû nous étonner, car il ne s'agissait pas d'événements isolés.
Pour éradiquer le racisme systémique de nos institutions, il faut pratiquer l'écoute active, il faut créer des politiques publiques rigoureuses et il faut que toutes les couches de la société soient également représentées. Rendre hommage aux victimes du racisme institutionnel, quelle que soit la forme qu'il a pu prendre au fil des ans, nous rapproche un tant soit peu de ce but. Tout faire pour que cessent à tout jamais les atrocités dont sont victimes les peuples autochtones sera notre plus grande priorité.
La future journée nationale de la vérité et de la réconciliation sera l'occasion pour les Canadiens de réfléchir à leurs propres préjugés et idées reçues et de les remettre en question. Pour les faire tomber, il faudra toutefois que les efforts collectifs que nous devrons tous déployer s'étendent bien au-delà du 30 septembre.
[Français]
J'implore les députés de la Chambre d'écouter attentivement les témoignages des survivants et des leaders autochtones qui nous disent comment une journée nationale de reconnaissance aiderait à guérir les blessures du passé, à honorer les survivants et à avancer ensemble vers la réconciliation
Nous devons également continuer à travailler d'arrache-pied pour résoudre rapidement de nombreux problèmes auxquels sont confrontées les communautés autochtones aujourd'hui. L'accès à l'eau potable, par exemple, est essentiel.
Notre gouvernement s'est engagé à mettre fin à tous les avis d'ébullition de l'eau, à long terme, dans les communautés des Premières Nations vivant dans les réserves. Nous reconnaissons et affirmons le droit des communautés à avoir accès à une eau potable et sûre. Dans le cadre de cet engagement, 95 avis d'ébullition d'eau ont été levés depuis 2015.
Au cours de la législature précédente, nous avons adopté une loi importante, afin de réformer le service de protection de la jeunesse et de la famille, dans le but de réduire le nombre d'enfants autochtones pris en charge. Cette loi permet également aux Premières Nations, aux Inuits et aux Métis d'exercer leur pleine autorité sur les services de protection de la jeunesse, afin qu'ils puissent prendre les décisions nécessaires pour le bien-être de leurs enfants, leurs familles et leurs communautés. Une crise est en cours dans les communautés autochtones. Trop d'enfants sont retirés de leurs foyers et de leur communauté.
Nous sommes également engagés vers la réappropriation, la revitalisation et le renforcement des langues autochtones. En effet, la Loi sur les langues autochtones a reçu la sanction royale le 21 juin 2019. Il s'agit d'une loi historique. Elle a été élaborée en collaboration avec les peuples autochtones. Elle reconnaît les droits linguistiques des peuples autochtones et elle indique comment nous allons les soutenir.
[Traduction]
Patrimoine canadien s'emploie activement, en collaboration avec ses partenaires autochtones, à la mise en œuvre de la Loi sur les langues autochtones. Il consulte les gouvernements autochtones, les autorités concernées ainsi qu'une panoplie d'organismes concernant, d'une part, la nomination du futur commissaire aux langues autochtones et de ses trois directeurs et, d'autre part, l'élaboration d'un modèle de financement pour les langues autochtones. Il s'agit d'avancées remarquables, mais nous sommes tous conscients qu'il reste encore beaucoup à faire.
Qu'il s'agisse de ce dossier ou de nombreux autres tout aussi importants, je suis impatient de poursuivre les progrès entamés, en collaboration avec les peuples autochtones de partout au Canada.
[Français]
Le Canada est engagé sur la voie de la réconciliation. À chaque pas, les Canadiens et les Canadiennes ont l'occasion de mieux comprendre la vie, les luttes et les points de vue des peuples autochtones d'hier et d'aujourd'hui.
En présentant ce projet de loi visant à créer une Journée nationale de la vérité et de la réconciliation, le gouvernement du Canada souhaite encourager les gens de tout le pays à apprendre leur histoire, à s'engager et à se rapprocher afin de soutenir et d'accélérer la marche vers la réconciliation dans leur communauté.
Bien que nos parcours et nos expériences soient variés, chaque personne au Canada a un rôle unique et vital à jouer sur ce chemin que nous parcourons ensemble vers la réconciliation et l'édification d'un Canada plus fort et plus résilient.
[Traduction]
J'estime qu'il est tout naturel pour moi de terminer mon allocution sur les mots de Mme Georgina Jolibois, qui a dit: « Les Canadiens [sont tout à fait capables de] pleurer le passé, [de] célébrer le présent et [de] se réjouir de l'avenir. » Je presse tous les députés d'appuyer ce projet de loi afin que le Canada puisse honorer les survivants et clore l'histoire des pensionnats autochtones par une journée dédiée à la reconnaissance, à la réflexion, à la commémoration, à la conscientisation et à l'entraide.
[Français]
Enfin, il est important de reconnaître que d'autres sont venus avant nous pour tracer cette voie. Les commissaires de la Commission de vérité et réconciliation ont tant donné d'eux-mêmes pour que les voix des autres puissent être entendues. Ceux qui ont apporté des témoignages, les dirigeants et les communautés autochtones de tout le Canada ainsi que les parlementaires actuels et anciens, notamment Georgina Jolibois, ont demandé que des mesures soient prises pour créer une telle journée, comme le propose ce projet de loi. Je les remercie toutes et tous.
Meegwetch, marsi.
:
Monsieur le Président, c'est un honneur d'être ici. Imaginons la situation: vivre pendant des années à un endroit et connaître toutes les familles qui ont habité dans la maison voisine avant de se rendre compte, une fois qu'on a grandi et déménagé, que des horreurs inimaginables sont survenues dans cette maison. Les députés devraient s'imaginer ce que c'est que de vivre une telle situation, parce que, pour moi, c'est ce qui est arrivé.
La Journée du chandail orange a été créée dans ma ville natale, Williams Lake. Le pensionnat St. Joseph's Mission était au bout de la rue où j'ai grandi. J'ai joué au hockey-balle là-bas; je suis allé à la piscine. Plus vieux, j'ai fait de la motocyclette, j'ai joué dans les champs et fait de l'équitation là-bas. J'ai joué avec de nombreux enfants et je connais beaucoup de gens qui y sont allés. Pour moi, chaque année, la Journée du chandail orange me rappelle qu'on ne sait jamais vraiment ce qui se passe tout près de chez nous.
Au fil des ans, j'ai appris à connaître un certain nombre de survivants du programme des pensionnats autochtones. Les histoires qu'ils racontent sont atroces. Ma femme et mes enfants sont membres de la Première Nation Esdilagh. De plus, je suis un bon ami du chef Willie Sellars de la bande indienne de Williams Lake. C'est l'un de mes mentors, même s'il est plus jeune que moi. Les vestiges du pensionnat St. Joseph's Mission se trouvent encore dans leur communauté. Les gens passent devant ces lieux tous les jours, et c'est un rappel constant des atrocités qui y ont été commises. Voilà ce que représente pour moi la Journée du chandail orange.
Nous avons parlé à la Chambre du jour du Souvenir, ainsi que de l'importance de se souvenir tous les jours des personnes étant au service de notre pays et de la population. Une journée n'est pas suffisante pour nous souvenir de leur service. Nous devons nous en souvenir tous les jours. Pour moi et bien d'autres, il en est de même pour la Journée du chandail orange. Nous devons nous rappeler les atrocités commises tous les jours.
Nous devons comprendre notre passé. Nous vivons une ère de culture de l'effacement. Nous voulons tout effacer: démolir les statues et effacer le passé. Or, nous avons besoin de nous rappeler notre passé. En effet, sans notre passé, nous ne savons pas ce qui a été fait. Sans notre passé, nous n'avons aucune idée de qui nous sommes aujourd'hui. Sans notre passé, nous ne savons pas où nous allons.
J'ai eu l'honneur de participer au débat sur la Loi sur les langues autochtones. J'ai alors parlé d'une aînée de ma circonscription, Mary Gouchie de la nation Lheidli T'enneh, qui était l'une des dernières personnes à parler le dakelh dans ma région. J'ai eu l'honneur de passer du temps avec elle, d'écouter ce qu'elle avait à raconter et de m'abreuver de son savoir. Elle m'a inculqué toute l'importance de notre passé. La culture a une grande importance, tout comme le fait de connaître sa propre culture. Comme je l'ai dit, mes enfants, mon fils et ma fille, sont membres des Premières Nations. Pourtant, ils connaissent très peu leur histoire. À mon avis, c'est honteux.
J'ai mentionné mon ami le chef Willie Sellars. Ce mentor aide les membres de sa communauté à surmonter les difficultés et à apprendre des erreurs du passé. Il les mène vers un avenir meilleur aux multiples possibilités.
C'est un auteur accompli. Il a écrit Dipnetting with Dad et Hockey with Dad. J'encourage fortement mes collègues à la Chambre et ceux qui sont à l'écoute à lire ces livres. Ce sont des lectures faciles, mais marquantes.
La Journée du chandail orange a été inspirée par l'histoire de Phyllis Jack, dont la grand-mère lui avait acheté un joli chandail orange pour son premier jour d'école. Elle a pris l'autobus vers le pensionnat St. Joseph's Mission. Dès son arrivée, on lui a arraché son chandail orange. Le programme des pensionnats autochtones visait à éradiquer l'identité autochtone, la partie indigène, de ces enfants. Plus de 150 000 enfants des Premières Nations, des Inuits et des Métis ont subi ce programme, et beaucoup ne s'en sont pas sortis.
La journée du 30 septembre est l'occasion de rendre hommage aux survivants de ce programme et d'honorer la mémoire de ceux qui n'y ont pas survécu. Notre collègue a posé une excellente question au ministre à propos de l'enseignement portant sur ce sujet. Pour ma part, je crains que le programme serve seulement de prétexte à un jour de congé. J'en reviens à ce que j'ai déjà dit: imaginons vivre à côté d'une maison des horreurs. Nous ne devons jamais oublier ce qui s'est passé. Nous devons tirer des leçons de ces événements et veiller à ce qu'ils ne se reproduisent jamais. Le slogan associé au chandail orange est que chaque enfant compte. Nous devons veiller à rendre la société plus équitable afin que chaque enfant compte vraiment.
Parfois, le mot « réconciliation » semble n'être utilisé que comme une expression à la mode. On a pu le constater dans certains programmes et certaines politiques. À titre d'exemple, il y a toujours des avis d'ébullition de l'eau dans des communautés des Premières Nations. Je suis le premier à reconnaître que ces avis sont en place depuis longtemps et que chaque situation est différente. Il n'y a pas de solution passe-partout. C'est un enjeu très complexe, certes, mais il faut faire mieux.
Que dire des épidémies de suicides? Que faire quand des enfants d'à peine 4 ans choisissent de se donner la mort pour échapper à leur vie de misère? L'un des premiers débats d'urgence auxquels j'ai pris part portait sur l'épidémie de suicides au sein de la Première Nation d'Attawapiskat. Hélas, les problèmes et les difficultés que nous avions alors déplorés sont encore bien présents aujourd'hui. Pour qu'il y ait réconciliation, nous devons cheminer ensemble et non monter les Premières Nations les unes contre les autres, tenter de départager les gagnants des perdants et semer la division entre les Autochtones et les non-Autochtones. Si les Canadiens croient vraiment et sincèrement à la réconciliation, ils devront unir leurs efforts et apprendre les uns des autres.
J'ai parlé de l'intervention que je m'apprêtais à faire aujourd'hui à quelques chefs autochtones. Ils connaissent ma position. Ils m'ont déjà entendu dire que la réconciliation doit être plus qu'un mot à la mode, plus qu'un concept brandi par le genre de politicien qui affirme, la main sur le cœur et une fausse larme au coin de l'œil, qu'il n'y a rien de plus important que la relation avec les Autochtones, pendant qu'un peu partout au pays, il y a encore des communautés autochtones qui doivent faire bouillir leur eau et qui vivent dans des conditions déplorables.
Si nous avons sérieusement l'intention de cheminer sur la voie de la réconciliation, nous devons conscientiser les gens. On ne peut pas créer de politiques sur les Autochtones si les Autochtones ne participent pas à leur élaboration. On ne pourra pas cheminer si on ne se parle pas franchement, mais il faut aussi se rappeler que les conversations vraiment honnêtes peuvent aussi donner lieu à des désaccords. Dans la circonscription que je représente, Cariboo—Prince George, il y a un secteur où je suis souvent allé pêcher, chasser ou marcher quand j'étais jeune. Ce secteur, c'est celui qui était en cause dans l'arrêt William, de la Cour suprême, et il appartient à la Première Nation Tsilhqot’in.
Là où les Premières Nations et les non-Autochtones cohabitent depuis des générations, les relations peuvent parfois être tendues. Personnellement, je trouve toujours que l'équilibre est difficile à maintenir, parce que j'ai des amis et des connaissances dans les deux groupes, mais on doit toujours se rappeler que la seule façon d'avancer, c'est en se parlant honnêtement et en apprenant à connaître l'autre.
En écrivant son histoire, Phyllis Jack espérait susciter un mouvement et sensibiliser les gens. La discussion que nous avons aujourd'hui, et que nous avons depuis des années, est très importante. Notre histoire commune, notre relation avec le passé, est souvent immédiate. La façon dont nous comprenons notre héritage nous est transmise, en grande partie, par des livres, des souvenirs et des communications entre communautés. Toutefois, notre histoire commune est aussi influencée par notre race, notre couleur et nos croyances. Bien que celles-ci soient communes, elles sont transmises très différemment. Lorsque nous cheminons ensemble, il est très important de comprendre que nous avons tous des histoires différentes. Je suis convaincu que certains députés entendent cette histoire pour la première fois aujourd'hui. L'histoire de Phyllis est importante, mais il ne s'agit là que d'une seule histoire. Je presse mes collègues d'être à l'écoute.
J'ai participé à des cercles de discussion durant l'étude de la Commission de vérité et réconciliation. Les histoires que nous avons entendues étaient à briser le cœur. Le 30 septembre dernier, la Journée du chandail orange, j'ai tenu un cercle de discussion dans ma localité et certains survivants y ont assisté. Les familles ressentent encore les effets transgénérationnels des pensionnats autochtones. Bien que le dernier pensionnat ait été fermé en 1981 ou 1984, les répercussions négatives se font encore sentir à ce jour. Elles se manifestent par la violence latérale, les problèmes de toxicomanie et la pauvreté abjecte dans laquelle vivent les communautés.
Je souhaite que les députés qui écoutent à distance et ceux qui sont présents à la Chambre prennent le temps de s'arrêter. Nous devons accorder une attention particulière aux dispositions du projet de loi pour, je l'espère, apporter les amendements qui l'amélioreront et le renforceront.
Parlant d'éducation, le district 27 dans ma circonscription a été sélectionné par le Comité de coordination de l'éducation des Premières nations pour mettre à l'essai un programme d'apprentissage modifié pour les élèves de la cinquième année et de la dixième année, de manière à approfondir la réflexion sur l'expérience des pensionnats autochtones. Ce nouveau programme vise à faire connaître ce qui s'est passé dans les pensionnats autochtones, à reconnaître et à honorer le parcours des survivants et de leur famille vers la guérison, et à susciter un engagement envers le processus continu de la réconciliation.
Phyllis (Jack) Webstad a raconté son histoire à propos de sa première journée au pensionnat autochtone, quand on lui a enlevé son tout nouveau chandail offert par sa grand-maman. Phyllis avait 6 ans.
Le a parlé du 30 septembre et des motifs qui ont mené au choix de cette date. Pour les enfants et les parents du pays, du moins pour la plupart d'entre eux, la rentrée des classes est synonyme d'excitation. En envoyant leurs enfants à l'école, les parents peuvent profiter de quelques heures libres chaque jour. Ils sont heureux de voir leurs enfants poursuivre leur parcours d'apprentissage. Cependant, ce moment d'effervescence est aussi un moment de réflexion pour certains. J'ai pu constater par moi-même à quel point cela pouvait être traumatisant.
On dit que tous les enfants sont importants, mais il ne faut pas oublier ceux qui sont maintenant devenus des adultes. Plusieurs se sentent encore prisonniers de ce programme.
Un chef autochtone m'a téléphoné hier soir. Je lui avais fait savoir que j'allais intervenir sur le sujet. Il se demandait à peu près les mêmes choses que mon collègue de Sturgeon River. Cela permettra-t-il de lever les avis de faire bouillir l'eau, de combattre le racisme systémique et d'enrayer l'épidémie de suicides? Non, certainement pas. C'est toutefois un pas dans la bonne direction pour sensibiliser davantage la population. La sensibilisation est primordiale et elle doit faire partie du projet de loi.
On ne peut pas créer un jour férié simplement pour donner une longue fin de semaine de plus aux gens pour sortir l'autocaravane et aller faire un petit voyage. En fin de compte, cela irait à l'encontre du but visé. Il est important que le projet de loi fasse en sorte que nous n'oubliions jamais.
Qu'on choisisse le 30 septembre, comme il est proposé, ou une autre date, nous devons toujours nous souvenir des enfants, au nombre plus de 150 000, qui ont été placés dans des pensionnats autochtones, des membres des Premières Nations, des Inuits et des Métis qui ont vécu cette expérience. Nous devons rendre hommage aux survivants et ne jamais oublier les enfants qui ne sont jamais rentrés chez eux.