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Monsieur le Président, c'est avec plaisir que je poursuis l'intervention que j'ai commencée hier.
À la lumière des échanges que j'ai entendus hier, j'aimerais attirer l'attention sur quelques points importants qui ont été soulevés. Selon moi, le plus important, c'est que les gens devraient se sentir libres d'être qui ils sont. Les pressions sociales qui sont exercées sur les gens afin qu'ils soient autre chose qu'eux-mêmes leur causent énormément de stress et d'anxiété et peuvent avoir des conséquences très graves. Nous avons entendu parler de certaines de ces conséquences hier. Manifestement, la plus grave, c'est que certaines personnes iront jusqu'au suicide. C'est une triste réalité, et c'est sans compter les nombreux autres effets indésirables causés par une société où il doit se produire une révolution des mentalités.
Cela ne veut pas dire que nous n’avons pas fait de progrès. J’ai 58 ans, et, depuis ma naissance, les choses ont bien changé au fil des ans. Je trouve cela encourageant. Hier, l’un de mes collègues a dit que nous voulions faire du Canada l’endroit le plus sûr pour les amoureux, et cela illustre bien la grande diversité de notre pays. Mais cette diversité ne doit pas se limiter à la diversité ethnique, loin de là. Elle doit incorporer tous les aspects de l’être humain et de la société en général, et nous devons en être très fiers.
Comme je l’ai dit, je suis un fervent défenseur de la Charte des droits et libertés, car tout le monde sait que la réputation d’un pays est proportionnelle à l’importance qu’il accorde à la liberté. Je me réjouis donc que la Chambre soit saisie de ce projet de loi. Ce que j’ai trouvé vraiment encourageant hier, alors que j’écoutais les débats sur les thérapies de conversion, c’est de constater que tout le monde semble s’opposer à ce genre de pratique à cause des torts qu’elle cause à des membres de notre société. Un certain nombre de députés ont soulevé des questions et ont demandé des précisions, mais, sur le principe, la Chambre semble être unanimement favorable à ce projet de loi, lequel mérite l'appui de tous les députés.
Je vais apporter des précisions sur ce que le projet de loi criminalise, car c’est important. Le projet de loi crée les infractions suivantes: faire suivre une thérapie de conversion à un enfant; agir en vue de faire passer un enfant à l’étranger pour qu’il y suive une thérapie de conversion; faire suivre une thérapie de conversion à une personne contre son gré; bénéficier d’un avantage matériel, notamment pécuniaire, provenant de la prestation de thérapies de conversion; faire de la publicité en vue d’offrir de la thérapie de conversion. Le projet de loi vise essentiellement à: protéger les mineurs contre des thérapies de conversion, que ces thérapies soient administrées au Canada ou à l’étranger; protéger les adultes qui sont susceptibles d’être forcés de suivre une thérapie de conversion; protéger les Canadiens contre les méfaits de la publicité sur les thérapies de conversion.
Pour moi, c’est un pas dans la bonne direction, et j’aimerais revenir sur ce que j’ai dit hier et ce matin sur le fait que les choses ont beaucoup changé.
Je me souviens très bien que, lorsque j’allais à l’école, je n’avais aucune idée de ce qu’était un « homosexuel ». On n’en parlait même pas à l’école. Je n’avais aucune idée de ce qui était considéré comme différent par rapport aux normes de la société. Ce n’est qu’à la fin de l’école secondaire que j’ai commencé à comprendre qu’il y avait des gens dont le comportement m’était complètement inconnu et qui étaient marginalisés par la société.
C’est quand je suis entré dans les Forces armées canadiennes que j’ai été témoin de la discrimination qui s’exerçait contre les homosexuels et des injustices dont ils étaient victimes. Je ne pense pas avoir besoin de vous en donner des exemples précis pour que vous compreniez ce que je veux dire.
Lorsque j'ai amorcé ma carrière politique, au milieu des années 1980, on a observé des progrès encourageants. Par exemple, en 1987 a eu lieu le premier défilé de la fierté de Winnipeg. Au départ, c'était plutôt un rassemblement de centaines de personnes prêtes à protester contre le rejet ou à célébrer l'adoption, par l'Assemblée législative du Manitoba, d'une mesure visant à inscrire l'orientation sexuelle dans le Code des droits de la personne du Manitoba. Le rassemblement s'est transformé en défilé. C'était un événement marquant à l'époque.
Il est très encourageant de voir où en est l'Assemblée législative du Manitoba, 25 ans plus tard. Située dans un bel édifice au centre-ville de Winnipeg, la Chambre, configurée en forme de fer à cheval, est l'une des plus belles salles d'assemblée législative au Canada, voire en Amérique du Nord. D'énormes colonnes romaines patrimoniales ornent la façade de l'édifice, qui donne sur une belle pelouse. Près de 25 ans après le premier défilé de la fierté, dans le cadre d'une semaine complète de célébrations de la fierté gaie, on y a tenu une célébration où les colonnes brillaient de toutes les couleurs de l'arc-en-ciel. C'était une belle occasion de prendre conscience des progrès que nous avons réalisés.
Nous devons penser aux conséquences sur les gens dans nos communautés. Il est très difficile pour la majorité d'entre nous d'imaginer les pressions que ressentent les personnes qui doivent cacher leurs sentiments. En raison de la manière dont j'ai été élevé, c'est très difficile pour une personne comme moi de me l'imaginer. Je peux seulement essayer de comprendre les difficultés qu'ont les jeunes, par exemple, qui doivent composer avec des circonstances très pénibles à l'école, à la maison ou au travail. Le moins que je puisse faire est d'encourager cette liberté, quand je le peux. Le projet de loi en est un bon exemple. Il envoie un message positif, mais il reste beaucoup de travail à accomplir. Nous pouvons aller encore plus loin.
L'autre point dont je suis très fier est le fait que Glen Murray a été le premier maire ouvertement homosexuel d'un grand centre urbain au Canada: c'est-à-dire Winnipeg, la ville d'où je viens.
Je remercie Glen Murray et Randy Boissonnault du caucus libéral, que je connais tous les deux depuis des années et qui ont été d'ardents défenseurs des droits et libertés, et ma fille qui, dans une certaine mesure, a veillé à ce que je développe mon empathie et que je comprenne mieux cette cause qui est très importante pour tout le monde.
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Madame la Présidente, je vais partager mon temps de parole avec la députée de .
Quand le gouvernement a dit qu'il allait s'attaquer aux thérapies de conversion, le Bloc québécois s'en est réjoui, d'autant plus qu’en avril 2019, à la suite d'une pétition déposée en ce sens, le gouvernement a dit qu'il ne pouvait pas agir.
Pour le Bloc québécois, la thérapie de conversion n'est pas un acte médical, c'est une procédure barbare qui vise à nier l'identité d'un individu. Ces thérapies sont de la pseudoscience; elles sont dangereuses et dégradantes pour les personnes qui la subissent, en plus d'être totalement inefficaces. Ceux et celles qui offrent des thérapies de réorientation sexuelle ne sont pas des professionnels de la santé. Aucun professionnel digne de ce nom ne pourrait offrir ce soi-disant service sans considérer qu'il s'agit fondamentalement d'un acte dérogatoire à la dignité de sa propre profession.
Nous sommes en 2020. Il est grand temps que nous reconnaissions que l'attirance envers les personnes du même sexe est une variation normale du comportement humain. Il est donc de notre devoir de protéger les victimes des partisans des thérapies de conversion qui tendent à avoir des opinions religieuses très conservatrices. Nous reconnaissons que les groupes qui font la promotion de ces thérapies sont des groupuscules qui sont minoritaires, mais nous tenons à réaffirmer que le respect des croyances doit aller de pair avec le respect de la différence et l'assurance de l'égalité entre les citoyennes et les citoyens. Les membres de la communauté LGBTQ2 doivent obtenir le respect qu'ils méritent, et ce, le plus tôt possible.
Historiquement, le Québec a été un chef de file au Canada en matière de protection des droits. La Charte des droits et libertés de la personne du Québec reconnaît depuis 1977 l'orientation sexuelle comme un motif prohibé de discrimination. On doit constater aussi que, depuis 1999, la communauté gaie et lesbienne a obtenu des gains importants. Par exemple, le gouvernement du Québec, en juin 1999, adoptait la loi 32 qui modifiait certaines dispositions législatives concernant les conjoints de même sexe. D'autres lois ont vu le jour: le projet de loi C-23 a été adopté le 1er janvier 2001; la loi 84 a été adoptée en juin 2002; le gouvernement fédéral a adopté le projet de loi C-38 le 28 juin 2005. Même les négociations des conventions collectives dans les secteurs public et parapublic inscrivaient dans leur convention collective des protections pour la communauté LGBTQ2.
Le fait d'avoir obtenu la reconnaissance de certains droits, entre autres la reconnaissance des conjoints et des conjointes de même sexe, ne veut pas dire pour autant que toutes les barrières de discrimination envers l'homosexualité seront brisées du jour au lendemain. Ce furent des gains importants, mais, par ailleurs, les membres de cette communauté pourraient sans doute corroborer que, malgré ces avancées sociétales, il reste encore beaucoup à faire pour éliminer la discrimination dont ils font les frais. Pour les jeunes et les adultes homosexuels, le chemin vers l'égalité comporte de nombreux obstacles: ignorance et préjugés, étiquetage et discrimination, harcèlement et agression.
D'ailleurs, il n'y a pas si longtemps, l'épidémiologiste Travis Salway a constaté que le suicide est désormais la cause principale de mortalité chez les hommes homosexuels et bisexuels canadiens et il a tenté de comprendre pourquoi. Selon lui, ce serait lié à ce qu'on appelle le stress des minorités, qui a souvent pour effet d'engendrer des pensées négatives, persistantes et un sentiment de désespoir. D'ailleurs, M. Salway s'est prononcé officiellement contre les thérapies de réorientation sexuelle.
Il faut savoir qu'au Canada 47 000 hommes canadiens appartenant à une minorité sexuelle ont été soumis à une thérapie de conversion. On ne sait pas combien de femmes ont subi le même sort. Ce sont 47 000 hommes, ce n'est pas rien. Au Québec, Gabriel Nadeau, un ex-membre d'une communauté protestante pentecôtiste, à qui on a fait subir pas une, pas deux, mais trois thérapies de conversion, est devenu le porte-voix de ces gens à qui l'on demande d'être hétérosexuels malgré leur attirance profonde pour une personne de l'autre sexe. Son témoignage donne froid dans le dos:
Dans le groupe [avec qui] j'étais, il y avait la croyance que l'homosexualité était un esprit maléfique [...] Il y avait cette pratique-là de faire des exorcismes.
On se croirait dans un film.
Aujourd'hui, M. Nadeau s'accepte pour qui il est. Il dit qu'il ne retournerait jamais à sa prison religieuse. J'en profite pour saluer sa force et sa résilience, et je lui souhaite tout le bonheur du monde.
J'enchaînerai en disant que ce ne sont pas toutes les histoires qui se terminent bien. Les thérapies de conversion peuvent laisser des cicatrices profondes, comme l'explique la Société canadienne de psychologie. Parmi les conséquences négatives de ce genre de conversion, on note la détresse, l'anxiété, la dépression, une image négative de soi, l'isolement social, un sentiment d'échec personnel, de la difficulté à maintenir des relations et un dysfonctionnement sexuel.
Les députés du Bloc québécois sont unanimes, nous nous opposons aux thérapies de conversion, car nous croyons que l'égalité entre les citoyennes et les citoyens est une valeur québécoise fondamentale et un droit inaliénable. Les pratiques qui nuisent à l'existence dans le respect de son identité profonde se doivent d'être dénoncées, et c'est ce que nous faisons. Nous sommes heureux de voir que c'est ce qui se passe ici, à la Chambre des communes.
Au Québec, le respect de l'identité de genre et de l'orientation sexuelle de tout un chacun constitue une valeur à laquelle la pratique des thérapies de conversion fait violence. C'est d'ailleurs pour cette raison que nous appuierons le projet de loi , qui vise à modifier le Code criminel afin qu'il soit illégal de faire suivre une thérapie de conversion à une personne contre son gré, de faire suivre une thérapie de conversion à un enfant, d'agir en vue de faire passer un enfant à l'étranger pour qu'il y suive une thérapie de conversion, de faire de la publicité en vue d'offrir de la thérapie de conversion et de bénéficier d'un avantage matériel, notamment pécuniaire.
Le Bloc québécois a toujours été résolument engagé dans la protection et la promotion des droits et libertés des citoyennes et des citoyens. Il a toujours été prêt à combattre la discrimination fondée sur l'orientation sexuelle. D'ailleurs, le Québec emboîte le pas. Il se penche aussi sur une loi. Le Bloc québécois ne peut que se réjouir de voir les deux parlements reconnaître qu'il est justifié, en démocratie, d'affirmer des valeurs collectives et d'encadrer légalement les pratiques issues de croyances contraires à nos valeurs.
Je vais terminer sur une note un peu plus personnelle. Pour ma part, j'ai toujours pensé que ce qu'un parent veut d'abord et avant tout, c'est le bonheur de leurs enfants et qu'il n'y ait pas d'obstacle à ce bonheur. Quand mon fils m'a appris qu'il était gai, je me suis sentie triste. Je n'étais pas triste parce qu'il était homosexuel, mais plutôt parce que je savais qu'il allait vivre de la discrimination et faire face à des insultes. Comme bien d'autres personnes, il a été victime de l'homophobie.
En approuvant le projet de loi , je crois que nous contribuerons à créer une société où la communauté LGBTQ2 sera mieux protégée, mais je crois aussi qu'il est de notre devoir d'aider cette communauté à surmonter les préjugés auxquels elle doit faire face en travaillant avec elle à les faire tomber.
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Madame la Présidente, c'est avec beaucoup de fierté que je prends la parole au sujet du projet de loi , modifiant le Code criminel en ce qui a trait aux thérapies de conversion. J'ai déjà eu la chance de m'exprimer à ce sujet en réplique à la il y a quelque temps déjà, et c'était également pour moi un honneur.
Mon discours d'aujourd'hui portera principalement sur trois aspects. Le premier sera l'importance de ce projet de loi pour la communauté LGBTQ+. Ensuite, je démontrerai à quel point le Québec est encore une fois à l'avant-garde dans ce dossier. Je conclurai par des souhaits pour l'après-pandémie pour la communauté LGBTQ+, très touchée par la COVID-19.
Nous nous retrouvons aujourd'hui parce que le gouvernement a finalement choisi non seulement d'interdire, mais aussi de criminaliser les thérapies de conversion dont certaines, selon plusieurs témoignages, relevaient plus d'une forme de torture que d'une véritable thérapie. Elles relevaient aussi d'une forme de sorcellerie ou d'imaginaire auxquels on ne peut plus vraiment croire aujourd'hui, en 2020.
Je pense que nous pouvons aussi nous entendre pour affirmer que cette pratique, majoritairement proposée et soutenue par des groupes religieux, se fonde sur l'idée que l'homosexualité est mal et contre nature, et que ce péché des plus graves pourrait même mener directement en enfer.
Malheureusement, l'homophobie existe encore et toujours en 2020. On en voit des manifestations presque quotidiennement. Que des groupes religieux continuent à stigmatiser ainsi des personnes homosexuelles est franchement inadmissible. On ne peut plus maintenir cette communauté dans la peur. On ne peut pas forcer un être humain à subir on ne sait trop quel processus thérapeutique pour devenir quelqu'un qu'il n'est tout simplement pas.
Plusieurs d'entre nous connaissent dans leur entourage des gens qui leur ont avoué à quel point il est encore difficile de sortir du placard et de s'affirmer. Ce projet de loi ne règle pas tous les problèmes de la communauté LGBTQ+, mais il constitue manifestement un pas important pour faire avancer ce débat.
Revenons donc précisément à la question qui est soulevée aujourd'hui: les thérapies de conversion. Des médias ont déjà présenté — ma collègue en a également parlé — le cas d'un garçon d'ici qui a suivi l'une de ces pseudo-thérapies de réorientation sexuelle. Quand on prend la peine de s'attarder à son histoire, on ne peut pas faire autrement que d'éprouver de l'empathie. Nul ne peut cautionner qu'on puisse faire subir une telle angoisse à quelqu'un ni qu'un enfant puisse éprouver une haine si profonde envers lui-même.
Étant moi-même la tante d'une nièce et de deux neveux que je veux voir grandir heureux, je n'ose croire que la famille de ce garçon n'avait pas de bonnes intentions, au contraire. Cependant, la religion de ce garçon et son profond désir de ne pas décevoir ses proches ni son Dieu l'ont poussé à payer de ses propres deniers une thérapie dite réparatrice qui le rendrait « normal » — avec de gros guillemets. Il est même allé jusqu'à expliquer que cette thérapie de conversion était une forme d'appui, mais d'appui social « au rejet de soi ». J'ai déjà mentionné précédemment cette triste phrase percutante.
Ce qui est encore plus pénible, c'est que cette histoire ressemble malheureusement à celles de plusieurs autres enfants et adolescents d'ici qui souhaitent simplement qu'on les aime et qui espèrent entrer dans le moule. C'est pour que ce genre de situation ne se reproduise plus que je salue ce projet de loi du gouvernement.
Ce dernier pourra bien entendu compter sur mon appui, de même que sur celui de l'ensemble de mes collègues, dont notre chef. Ce dernier a même affirmé lors d'une conférence de presse, lors de laquelle j'étais à ses côtés, que les membres de la communauté LGBTQ+ doivent obtenir le plus tôt possible tout le respect qu'ils méritent, au même titre que l'ensemble des citoyens et des citoyennes.
Plusieurs pays ont montré la voie au Canada en matière de criminalisation des thérapies de conversion. Le Québec s'y est également engagé récemment avec le projet de loi 70, déposé par le ministre de la Justice Simon Jolin-Barrette à l'Assemblée nationale du Québec. Le titre de ce projet de loi est « Loi visant à protéger les personnes contre les thérapies de conversion dispensées pour changer leur orientation sexuelle, leur identité de genre ou leur expression de genre ».
Je tiens également à rappeler qu'en 2018, Theresa May, alors première ministre de la Grande-Bretagne, avait qualifié les thérapies de conversion développées pour changer l'orientation sexuelle d'un individu de « pratique abjecte ».
En fait, ce qui est horrible, c'est qu'une grande majorité de personnes homosexuelles se sont finalement éloignées de leur famille et sont parties faire leur vie et essayer de nier ce qu'elles étaient. Certaines ont même subi contre leur gré des thérapies de conversion pour finalement décider de s'affirmer telles qu'elles sont.
Il est vraiment difficile de se mettre à leur place et de s'imaginer subir ces thérapies de conversion. À un moment, on arrive à se dire qu'il faut cesser de subir toutes ces pressions et reconnaître que cela ne fonctionne pas. Ces thérapies ne vont pas avoir pour effet de se transformer. Les personnes réalisent au contraire que cela ne correspond pas à qui elles sont.
Plusieurs auront passé des dizaines d'années à lutter contre eux-mêmes à force de thérapies, à lutter contre leur nature profonde et surtout à se poser énormément de questions, à se demander pourquoi. Ils vont jusqu'à se demander pourquoi ils sont nés dans ce corps-là, avec cette attitude et ce genre-là. Ils se demandent qui ils sont vraiment. Ils finissent par se haïr ou se détester eux-mêmes. On ne souhaite à personne d'en arriver là.
Les gens qui ont subi ce type de thérapie sont de survivants. Maintenant, avec ce projet de loi sur les thérapies de conversion, envoyons-leur un message politique et social clair et faisons les premiers pas. Je souhaite à tous les membres de la communauté LGBTQ+ non pas de survivre, mais de pouvoir vivre en fonction de ce qu'ils sont, de ce qu'ils ressentent et de ce qu'ils aiment.
Par ailleurs, il semble que les membres de cette communauté vivraient plus d'impacts psychologiques négatifs liés à la pandémie que le reste de la population. Robert-Paul Juster, chercheur à l'IUSMM et professeur en psychiatrie à l'Université de Montréal explique ce qui suit:
On s'entend que la communauté LGBT risque d'avoir plus de problèmes face à la crise de la COVID, simplement parce qu'ils n'ont pas accès aux mêmes ressources que les personnes hétérosexuelles ou cisgenres [...] Une plus grande vulnérabilité liée à leur statut minoritaire, oui, mais aussi un plus grand potentiel de résilience.
C'est ce que je leur souhaite: de la résilience.
J'aimerais ajouter une dernière chose. La déclaration du pape François, en faveur de l'union civile de couples de même sexe, est perçue comme une grande preuve d'ouverture par les experts et par les groupes de défense des droits LGBTQ+. Le chef de l'Église catholique a défendu le droit des couples gais, « enfants de Dieu », à vivre au sein de l'union civile qui les protège légalement, comme on peut l'entendre dans le documentaire Francesco, qui lui est consacré et qui a été diffusé mercredi dernier pour la première fois dans le cadre de la Fête du cinéma de Rome. Il dit que les personnes homosexuelles « ont droit à une famille. Ce qu'il faut, c'est une loi d'union civile, elles ont le droit à être couvertes légalement. J'ai défendu cela. » Le Conseil québécois LGBTQ voit dans ce plaidoyer un pas considérable pour l'Église qui doit s'adapter à nos sociétés.
En tant que porte-parole des questions liées aux aînés, je tiens à souligner que les aînés LGBTQ+, qui ont dû subir des préjugés et qui ont été confinés pendant la pandémie sans ressources pour les aider, ont vécu une forme de maltraitance sexuelle. Pour la suite des choses, il faut être là pour eux, et ce projet de loi est un pas important. C'est un message que nous voulons leur lancer pour que la communauté puisse s'affirmer. Les psychologues ne reconnaissent pas que les thérapies puissent fonctionner. Pour éviter d'autres suicides et pour la protection de leurs droits, agissons.
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Madame la Présidente, je vais partager mon temps de parole avec la députée d'.
Avant d'aller plus loin, je tiens à préciser que c'est depuis le territoire traditionnel de la Première Nation des Mississaugas de Credit que je prends aujourd'hui la parole.
C'est une fierté pour moi de parler aujourd'hui du projet de loi , qui modifierait le Code criminel de manière à ériger en infraction criminelle les thérapies de conversion ainsi que les agissements connexes. Les modifications qu'il propose visent à protéger les mineurs contre les thérapies de conversion, qu'elles aient lieu ici ou à l'étranger, ainsi que les adultes vulnérables que l'on voudrait forcer à subir une thérapie de conversion. Il interdira en outre la commercialisation des thérapies de conversion.
L'expression « thérapie de conversion » désigne tout traitement qui prétend soit changer l'orientation sexuelle d'une personne bisexuelle, gaie ou lesbienne dans le but de la rendre hétérosexuelle, soit changer son identité de genre afin qu'elle soit cisgenre, soit encore réduire, voire réprimer toute attirance non hétérosexuelle ou tout comportement sexuel qui ne correspond pas aux normes en vigueur. Ces pseudothérapies d'un autre âge sont décriées de toutes parts et peuvent prendre de nombreuses appellations, dont « conseils psychologiques », « services de modification du comportement » ou « thérapie par la parole ».
Dans la plateforme sur laquelle il a fait campagne en 2019, le gouvernement s'est engagé à respecter la dignité des Canadiens LGBTQ2 et à leur assurer des chances égales de réussite en mettant fin à la pratique déshumanisante que sont les thérapies de conversion. Ce projet de loi donne suite à cette promesse ainsi qu'à diverses autres mesures connexes, prises entre autres pendant la législature précédente — nous avons par exemple fait adopter le projet de loi , qui modifiait le Code criminel et la Loi canadienne sur les droits de la personne de manière à mieux protéger les personnes transgenres.
J'ai eu le plaisir de prendre part aux travaux du comité de la santé lors de la législature précédente pour l'étude sur la santé des Canadiens LGBTQ2. Un certain nombre de témoins ont parlé des impacts négatifs de ce qu'on appelle les thérapies de conversion. J'hésite toujours à employer le mot « thérapie », parce que, pour moi, une thérapie apporte quelque chose de positif, alors que la pratique discriminatoire dont il est question n'a absolument rien de positif.
Si de nombreux témoins reçus par le comité ont parlé de cette question, je voudrais citer M. Travis Salway, chercheur au niveau postdoctoral à l'école de santé publique et de santé des populations de l'Université de la Colombie-Britannique. Voici ce qu'il a dit:
On désigne par thérapie de conversion des pratiques qui visent à changer l'orientation sexuelle et l'identité de genre d'une personne. Il s'agit d'une des formes les plus extrêmes de mauvais traitements et de violence psychologique qui existent, et celles et ceux qui y sont soumis subissent pendant des années le stress associé à une forme sévère de dissimulation. La thérapie de conversion est donc [...] dénoncée sans équivoque par la Société canadienne de psychologie et par de nombreuses autres instances professionnelles.
Malgré ces dénonciations, une récente enquête canadienne révèle que 4 % des hommes appartenant à une minorité sexuelle se sont soumis à une thérapie de conversion. Autrement dit, 20 000 hommes et d'innombrables femmes appartenant à une minorité sexuelle ainsi que des personnes transgenres y ont été exposés. Or, nous avons constaté dans notre étude que l'exposition à ce type de thérapie est associée à de nombreux problèmes de santé. Notamment, un tiers des personnes qui sont allées au bout de programmes de thérapie de conversion ont commis des tentatives de suicide.
Les jeunes des minorités sexuelles risquent particulièrement d'être inscrits à des programmes de conversion contre leur volonté, mais nous n'avons pas au Canada de politiques fédérales pour les protéger contre ces pratiques dangereuses. Bon nombre des programmes de conversion, si ce n'est la plupart, se déroulent en dehors du cabinet de professionnels de la santé. Par conséquent, la situation actuelle où certaines provinces interdisent les pratiques de conversion par un sous-ensemble de fournisseurs est insuffisante et inéquitable [...]
Effectivement, les tentatives de suicide, les idées suicidaires, les traitements contre l'anxiété ou la dépression et la consommation de drogues illicites sont plus fréquents chez les personnes qui ont subi une thérapie de conversion. Les conséquences pour la santé sont assez importantes. Ces constats m'amènent à penser que le fait de forcer quelqu'un à subir une thérapie de conversion, surtout si c'est un jeune qui ne peut pas décider pour lui-même, constitue une agression ou une infraction assez grave [...]
Le témoignage de M. Salway rejoint celui d'autres témoins, ce qui a amené le comité de la santé à recommander « que le gouvernement du Canada travaille en collaboration avec les provinces et les territoires pour éliminer la pratique des thérapies de conversion au Canada et qu’il envisage des modifications supplémentaires au Code criminel ». Le projet de loi dont nous débattons aujourd'hui répond à cette recommandation ainsi qu'aux demandes des défenseurs et des professionnels médicaux, et il concrétise notre propre engagement de mettre fin à la pratique odieuse de la thérapie de conversion.
Hier, le député d' a parlé avec éloquence et passion du projet de loi. Il a assez bien décrit un certain nombre d'arguments fallacieux qui visent à discréditer la mesure législative et créer de la confusion dans l'esprit du public. Le projet de loi ne criminalisera aucunement le fait que les amis, les membres de la famille, les professeurs, les travailleurs sociaux ou les chefs religieux offrent du soutien aux personnes aux prises avec leur orientation sexuelle ou leur identité de genre.
J'ai vu un dépliant distribué par la Coalition Campagne vie affirmant que le projet de loi « privera les personnes de la communauté LGBT de conseils spirituels et de services de pastorale même si elles les demandent », et que « de nombreux Canadiens ont repris leur vie en main avec l'aide de la thérapie clinique, de la prière et de conseillers spirituels pour se débarrasser de leurs attirances indésirables envers les personnes du même sexe ».
J'ai entendu des affirmations encore plus absurdes et troublantes, mais je ne les répéterai pas à la Chambre des communes pour ne pas leur donner de poids. Ces affirmations me troublent profondément, car elles reposent essentiellement sur la croyance voulant que l'orientation sexuelle et l'identité de genre soient un choix que fait une personne. Elles font fi des préjudices bien réels que peuvent causer les thérapies de conversion: la haine de soi, la dépression, les idées suicidaires et les tentatives de suicide.
Ces affirmations et la pratique de la thérapie de conversion dans son ensemble perpétuent également des mythes et des stéréotypes nuisibles au sujet des personnes LGBTQ2, notamment que toute orientation sexuelle autre que l'hétérosexualité ainsi que toute identité de genre autre que cisgenre peuvent et doivent être modifiées. Ce genre de message discriminatoire stigmatise les personnes LGBTQ2, porte atteinte à leur dignité et va à l'encontre de notre objectif commun, soit l'atteinte de l'égalité.
Compte tenu des préjudices avérés des thérapies de conversion et de leurs répercussions sur les plus marginalisés d'entre nous, au titre du Code criminel, le projet de loi définit la thérapie de conversion comme suit: « [...] [S]’entend d’une pratique, d’un traitement ou d’un service qui vise soit à rendre une personne hétérosexuelle ou cisgenre, soit à réprimer ou à réduire toute attirance ou tout comportement sexuel non hétérosexuels. »
De plus, la mesure législative criminalisera le fait de faire suivre une thérapie de conversion à un enfant, d'agir en vue de faire passer un enfant à l'étranger pour qu'il y suive une thérapie de conversion, de faire suivre une thérapie de conversion à une personne contre son gré, de bénéficier d'un avantage matériel, notamment pécuniaire, provenant de la prestation de thérapies de conversion et de faire de la publicité en vue d'offrir de la thérapie de conversion.
L'approche du gouvernement protégera tous les mineurs contre la thérapie de conversion, car nous savons qu'ils sont particulièrement affectés par cette pratique nuisible. L'ensemble des infractions que j'ai mentionnées précédemment combleront une lacune du droit pénal en visant expressément cette pratique. Ces infractions, qui s'appuient sur les données probantes, ainsi que les infractions déjà en place qui portent sur certains aspects de la thérapie de conversion comme les agressions et la séquestration, permettent de créer un cadre pénal complet pour combattre les effets nuisibles connus de la thérapie de conversion.
Les infractions qui sont proposées dans le projet de loi ne s'appliqueraient pas aux thérapies légitimes, principalement parce qu'il ne s'agit pas d’une pratique, d’un traitement ou d’un service qui vise soit à rendre une personne hétérosexuelle ou cisgenre, soit à réprimer ou à réduire toute attirance ou tout comportement sexuel non hétérosexuels. Pour plus de clarté, le projet de loi mentionne aussi que ces pratiques ne sont pas incluses dans la définition du terme « thérapie de conversion ».
J'insiste sur le fait que ce projet de loi n'aurait pas pour but ni comme effet d'interdire les conversations ouvertes qu'un parent, un autre membre de la famille, un dirigeant religieux ou qui que ce soit d'autre entretient avec une personne au sujet de sa sexualité. Quoi qu'en dise le et les organisations comme la Coalition Campagne vie, ce projet de loi vise non pas à interdire les conversations, mais à criminaliser une pratique ignoble qui cause des préjudices bien réels et documentés à la communauté LGBTQ2 du pays.
Nous voulons que notre pays respecte nos différences. Tous les Canadiens devraient pouvoir non seulement vivre en toute sécurité, mais aussi assumer leur identité en toute sécurité. Le projet de loi contribuerait à faire en sorte que chacun se sente pris en compte, accepté, respecté, valorisé et en sécurité. J'implore tous les députés d'appuyer ce projet de loi important.
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Madame la Présidente, c'est pour moi un honneur que d'intervenir dans le débat sur le projet de loi , qui vise à interdire la thérapie de conversion au Canada. Qu'on ne s'y trompe pas, la mesure proposée est révolutionnaire. Si elle est adoptée, les lois canadiennes en matière de thérapie de conversion deviendraient les plus progressistes et les plus complètes au monde.
La thérapie de conversion est une pratique dégradante qui cible les Canadiens appartenant à la communauté LGBTQ2 et qui vise à modifier leur orientation sexuelle ou leur identité de genre, ce qui peut provoquer un traumatisme qui durera toute la vie. Il est généralement admis au sein de la communauté médicale que la thérapie de conversion est une pratique extrêmement nuisible.
Selon une étude récente menée aux États-Unis, près de 30 % des jeunes de la communauté LGBTQ2 qui avaient été soumis à une thérapie de conversion ont par la suite tenté de s'enlever la vie. Songeons à cela un instant. Songeons à notre devoir en tant que législateurs, à notre responsabilité d'interdire les pratiques qui mettent en danger la vie de ceux que nous sommes chargés de protéger et de servir.
Comme d'autres mesures législatives sur lesquelles j'ai pris la parole pour donner mon appui, le projet de loi est à mes yeux une question de liberté: la liberté d'être qui on est, la liberté d'exprimer son genre, la liberté d'exprimer son orientation sexuelle, la liberté de ne pas avoir à changer contre son gré et la liberté de ne pas accepter d'être incité à changer par d'autres. Il s'agit de la liberté d'être qui nous sommes, et cela, personne d'autre ne peut le savoir à notre place. Cette liberté, tous les Canadiens devraient y avoir droit.
[Français]
J'espère donc que la Chambre se prononcera fermement et d'une seule voix pour appuyer le projet de loi et envoyer un message fort à la communauté LGBTQ2, à nos jeunes et au monde entier.
J'aimerais prendre un moment pour rendre hommage aux nombreux organismes locaux qui ont lutté pour les droits des transgenres et pour l'ensemble de la communauté LGBTQ2, et qui continuent à le faire.
Chez nous, dans le Mile-End, j'ai déjà eu le privilège de m'entretenir avec les gens de Fraîchement Jeudi, une émission de radio communautaire qui donne une voix à la communauté LGBTQ2 à Montréal. Je pense également au Centre de solidarité lesbienne, situé dans ma circonscription, qui apporte de l'aide aux lesbiennes qui ont vécu de la violence conjugale, une agression sexuelle, un deuil, une sortie du placard difficile ou toute autre difficulté liée au bien-être.
À Montréal, il y a de nombreux autres organismes. En voici quelques-uns: la Fondation Émergence, qui lutte contre l'homophobie et la transphobie; RÉZO, qui fournit du soutien psychologique aux hommes LGBTQ2; le Groupe de recherche et d'intervention sociale, ou GRIS-Montréal, qui mène des campagnes de sensibilisation, particulièrement dans les écoles. Nous pensons souvent au défilé de la Fierté Montréal qui, en temps normal, rassemble des millions de Montréalais. Ces organismes travaillent tous les jours afin de s'assurer de l'inclusion de toutes et de tous dans notre société, peu importe qui ces personnes aiment.
Nos lois, et surtout notre Code criminel, sont des instruments permettant de protéger nos plus vulnérables et prévenir et rectifier les injustices. Le projet de loi devant nous est progressiste et approfondi. Il interdit les soi-disant thérapies de conversion. Nul besoin de dire que ces thérapies ne sont pas fondées sur la science. Cette pratique dommageable et inacceptable, ancrée dans l'homophobie, la biphobie et la transphobie, n'a aucune place dans notre société.
Le projet de loi ajouterait cinq infractions au Code criminel: faire suivre une thérapie de conversion à un enfant; envoyer un enfant à l'étranger pour qu'il y suive une thérapie de conversion; faire suivre une thérapie de conversion à une personne contre son gré; faire de la publicité en vue d'offrir de la thérapie de conversion; et bénéficier financièrement de la prestation de thérapies de conversion.
[Traduction]
Avant d'entrer dans les détails de cet important projet de loi, j'aimerais souligner le travail remarquable d'une personne de ma communauté, à Outremont, en matière de défense des droits. Mme Kimberley Manning est professeur agrégée de sciences politiques à l'Université Concordia. Elle est également une ardente défenseure des droits des personnes transgenres et une des âmes dirigeantes derrière le site Web enfantstransgenres.ca, ainsi que d'un organisme sans but lucratif qui offre des services aux parents d'enfants non conformes aux normes de leur genre. Nous devons lui être reconnaissants, tout comme aux parents qui ont travaillé sans relâche pour défendre les droits de leurs enfants et de tous les mineurs.
Le projet de loi dont nous débattons propose d'ajouter cinq infractions au Code criminel relativement à la thérapie de conversion, dont, d'abord et avant tout, faire suivre une thérapie de conversion à un mineur. Il interdirait en outre tout agissement en vue de faire passer un mineur à l'étranger pour qu'il y suive une thérapie de conversion, érigerait en infraction le fait de faire suivre une thérapie de conversion à une personne contre son gré, rendrait illégal le fait de profiter de la prestation de thérapies de conversion, interdirait la publicité liée aux thérapies de conversion et autoriserait les tribunaux à ordonner que des publicités de thérapie de conversion soient saisies ou supprimées d'Internet.
[Français]
Les thérapies de conversion peuvent prendre plusieurs formes. Qu'elles durent une heure, une semaine, des mois ou des années, elles sont toutes incroyablement dommageables. Elles veulent convaincre une personne de vivre dans le mensonge et de renier son orientation homosexuelle ou bisexuelle, voire son identité de genre dans le cas d'une personne transgenre ou non binaire.
Je vais illustrer l'étendue et les effets des thérapies de conversion. Les données nous en disent long. Le Centre de recherche communautaire, un organisme communautaire de Vancouver voué à la santé des hommes de la communauté LGBTQ+, a publié en février 2020 des résultats intérimaires de son enquête « Sexe au présent ». Les résultats obtenus auprès de 7 200 participants nous démontrent l'ampleur du phénomène en 2020.
Au Canada, près de 20 % des hommes issus de minorités sexuelles affirment avoir été visés par des efforts de coercition visant à changer leur orientation sexuelle, identité de genre ou expression de genre. De ce nombre, près de 40 % auraient vécu une forme de thérapie de conversion au Canada. Les hommes plus jeunes sont plus nombreux à être visés par des efforts de coercition, de même que les répondants bispirituels, trans et non binaires.
Les effets de ces thérapies sont nombreux. Le fait d'avoir été visé par une thérapie de conversion est associé à divers résultats psychosociaux, dont la dépression, l'anxiété, l'isolation sociale et une sortie tardive du placard. Ces effets sont profonds.
Une personne qui a vécu une thérapie de conversion, surtout une jeune personne, aura vécu un traumatisme. Elle en vivra les séquelles toute sa vie, aux dépens de sa santé mentale. La personne aura le sentiment qu'elle n'est pas légitime, qu'elle doit avoir honte de son identité, qu'elle doit vivre dans le mensonge, ou même qu'elle ne mérite pas de vivre.
Plusieurs adultes qui ont survécu à une telle injustice dans leur jeunesse décrivent à quel point ils sont toujours incapables d'établir des relations de confiance avec leur famille, leurs pairs et leurs collègues. Dans certains cas, ils ont même de la difficulté à poursuivre leurs études ou à obtenir un emploi. En fait, ils racontent souvent qu'ils auraient même du mal à vivre sainement en relation d'intimité ou à vivre pleinement leur identité de genre.
Pire encore, nous savons que ces pratiques peuvent mener nos enfants, nos frères, nos sœurs, nos amis et nos collègues de la communauté LGBTQ+ à avoir des pensées suicidaires, voire à passer à l'acte. Comment pouvons-nous tolérer une telle chose au Canada en 2020?
[Traduction]
La pratique de la thérapie de conversion ne doit vraiment pas être tolérée. D'une part, elle cause des traumatismes psychologiques qui, selon les statistiques, mènent à des taux de dépression et de suicide plus élevés. D'autre part, le principe qui justifierait la thérapie de conversion va à l'encontre des valeurs canadiennes comme la liberté et la prémisse que chaque Canadien devrait être libre d'aimer qui il veut et d'exprimer son individualité à sa manière. Il s'agit d'un pas de plus dans notre quête, en tant qu'êtres humains, pour parvenir à nous exprimer et à afficher à notre guise cette composante essentielle de notre identité.
« Vous savez, il n’y a rien qui rende Dieu plus heureux que deux personnes, n’importe lesquelles, qui s’aiment. Mes amis, ma famille, nous sommes réunis en ce lieu pour unir Carol et Susan par les liens sacrés du mariage. »
Il y a 26 ans, alors que j’avais 14 ans, j’ai regardé Ross Geller conduire son ex-épouse à l’autel afin qu’elle épouse sa conjointe lesbienne. À l’époque, c’était quelque chose, une des premières représentations sur une chaîne de télévision grand public d’un mariage non hétérosexuel. Cet épisode de Friends, qui a été censuré dans une partie des États-Unis, a été diffusé près de 10 ans avant la légalisation du mariage homosexuel au Canada.
À présent, à 40 ans, je participe au débat sur ce projet de loi en me demandant pourquoi, mais je sais qu’il est nécessaire. Je n’arrive toutefois pas à croire que nous devions en débattre et pourtant, c’est bien ce que nous faisons. Malgré les progrès accomplis dans notre société pour éliminer les obstacles à l’égalité des chances pour la communauté LGBTQ+, que j’appellerai « la communauté » dans le reste de mon intervention, ces Canadiens sont toujours en butte à une discrimination et à une marginalisation importante. Le sujet du projet de loi est une facette de cette marginalisation et un facteur de marginalisation.
Aujourd’hui, je souhaite expliquer ce que le projet de loi fera, pourquoi il est important et pourquoi les députés devraient l’appuyer, mais aussi dissiper la confusion sur certaines questions que soulèvent sa forme et sa structure.
Tout d’abord, je tiens à parler de cette prétendue thérapie de conversion. Pour citer mon cher ami et frère né d’une autre mère, Brian Hearn, « Ce n’est pas une thérapie, c’est de la maltraitance, c’est de la torture ». Brian a raison. C’est de la maltraitance et c’est une violation de droits de la personne élémentaires.
D’après la Société canadienne de psychologie, on entend par thérapie de conversion « toute intervention thérapeutique formelle qui vise à modifier l’orientation sexuelle d’une personne bisexuelle ou homosexuelle dans le but de ramener celle-ci à l’hétérosexualité ». Cette définition a été mise à jour de manière générale afin d’inclure des méthodes qui visent à changer l’identité ou l’expression de genre d’une personne. Cette pratique repose sur l’hypothèse fausse et dépassée selon laquelle l’homosexualité et d’autres formes de diversité sexuelle et de genre sont des troubles mentaux qui peuvent être « guéris ». Des professionnels de la santé du monde entier rejettent cette position depuis des années.
Nombre de dirigeants d’organisations adeptes de la thérapie de conversion, parfois appelées mouvement ex-homosexuel, ont depuis dénoncé cette pratique en la déclarant manifestement dangereuse et beaucoup de leurs dirigeants se sont même déclarés ouvertement LGBTQ+.
Aucune donnée scientifique ne prouve que ces pratiques présentent un intérêt médical. En fait, c’est tout le contraire. La Société canadienne de psychologie, par exemple, les qualifie de « pseudo-scientifiques ». S’il arrive que certaines personnes perçoivent différemment leur identité sexuelle avec le temps, rien ne prouve que leur orientation sexuelle, autrement dit qui les attire sexuellement, ne change.
Les milieux scientifique et médical ont confirmé ce que chaque membre de la société sait déjà: nous sommes nés en aimant qui nous sommes, en aimant qui nous aimons et il n’y a rien à corriger. Voilà où le projet de loi entre en jeu.
Il rendrait illégaux, au moyen d’une modification du Code criminel, les actes suivants: forcer une personne à suivre une thérapie de conversion contre son gré; faire suivre une thérapie de conversion à un enfant; faire quoi que ce soit pour retirer un enfant du Canada dans l’intention qu’il suive une thérapie de conversion à l’étranger; annoncer une offre de thérapie de conversion; et recevoir un gain financier ou matériel pour la prestation d’une thérapie de conversion.
Certains pourraient se demander pourquoi un projet de loi est nécessaire. Tout d’abord, il y a un consensus écrasant chez les praticiens et les organisations des milieux scientifique et médical au Canada et dans le monde entier sur le fait que la thérapie de conversion est nocive, sans équivoque. D’après l’enquête canadienne menée auprès de survivants de la thérapie de conversion, 30 % ont tenté de se suicider après l’intervention. Tous les survivants qui ont répondu ont subi des effets psychologiques néfastes, allant d’une détresse légère et une angoisse grave à la haine de soi et à des tentatives de suicide.
La Société canadienne de psychologie fait aussi état de détresse, de dépression, d’un sentiment d’échec personnel, de difficultés à entretenir des relations et d’un dysfonctionnement sexuel comme conséquences de la thérapie de conversion. De nombreux survivants ont fait remarquer que le rétablissement de ce traumatisme s’apparentait au rétablissement de tout autre traumatisme. Il leur a fallu des années, voire toute une vie, pour composer avec la douleur et la souffrance causées par la soi-disant thérapie de conversion.
Certains partisans de la soi-disant thérapie de conversion, notamment aux États-Unis, ont affirmé qu’elle pourrait avoir des effets positifs pour une petite minorité de participants. Cette affirmation est aussi catégoriquement fausse.
En 2009, l’American Psychological Association a déclaré à propos de ces soi-disant recherches que des études non expérimentales trouvent souvent des effets positifs qui ne résistent pas à la rigueur de l’expérimentation. Il est important de le souligner, parce que ces fausses croyances sont souvent invoquées pour expliquer l'inutilité du projet de loi.
Pour ceux qui pensent que nous sommes à l’abri de ce phénomène au Canada, détrompez-vous.
Selon des estimations, entre 20 000 et 47 000 Canadiens ont été exposés à cette pratique odieuse. Avec un taux de suicide de 30 %, pensez au nombre de Canadiens qui ont tenté de s’enlever la vie à cause de cette torture. En outre, la marginalisation systémique à laquelle les Canadiens LGBTQ2 sont déjà confrontés en général empire encore la situation. Ils sont plus susceptibles de connaître la pauvreté, l’itinérance et la violence physique.
En ce qui concerne la santé mentale, la stigmatisation et la discrimination envers les jeunes de la communauté produisent ce que de nombreux chercheurs appellent le stress des minorités, qui fait en sorte que les personnes LGBTQ2 courent un plus grand risque d’éprouver des problèmes de santé.
Par exemple, les jeunes de la communauté sont exposés à un risque de suicide et de toxicomanie 14 fois plus élevé que leurs pairs hétérosexuels et cisgenres. Ils courent également deux fois plus de risques de souffrir de troubles de stress post-traumatique que leurs homologues hétérosexuels ou cisgenres. Une étude menée en 2013 auprès de personnes transgenres de 15 ans et plus en Ontario a révélé que 77 % d’entre elles avaient déjà sérieusement envisagé de se suicider et que 43 % avaient déjà fait une tentative de suicide. Parmi les plus vulnérables au suicide figurent les jeunes trans âgés de 16 à 24 ans. Il est important de souligner que l’étude a révélé que le risque de suicide chez les personnes trans diminue grâce au soutien social, sociétal et parental.
Nous devons aussi discuter de la marginalisation économique des membres de la communauté. Des études estiment qu’entre 25 % et 40 % des 40 000 jeunes Canadiens sans abri chaque année sont LGBTQ2. Cela représente entre 10 000 et 16 000 personnes sans abri au Canada. Une étude ontarienne a aussi révélé que la moitié des transsexuels ontariens vivent avec moins de 15 000 $ par an.
Il y a ensuite tous les actes de violence et de discrimination patentes à l’égard de cette communauté. Entre 2014 et 2018, des centaines de crimes haineux perpétrés au motif de l’orientation sexuelle des victimes ont été signalés à la police, soit 10 % de tous les crimes haineux commis pendant cette période. Nous ne savons même pas combien de crimes haineux perpétrés au motif de l’identité et de l’expression de genre ont été commis pendant cette période, car nous n’avons pas de statistiques là-dessus. En fait, nous n’avons même pas de statistiques sur la violence contre les Canadiens transgenres, qui est pourtant importante et sur laquelle nous n’avons que des rapports sporadiques. En revanche, d’autres rapports nous brossent un tableau plus inquiétant. En 2011, Egale Canada a révélé que 74 % des étudiants transgenres avaient été victimes de harcèlement verbal, et 37 %, de harcèlement physique.
L’Association canadienne pour la santé mentale a indiqué que la santé mentale et le bien-être des membres de cette communauté s’en trouvent améliorés lorsqu’ils ont l’appui de leur famille et de leurs amis, qu’ils travaillent dans des environnements tolérants, qu’ils font face à un faible niveau d’homophobie et qu’ils reçoivent un accueil positif lorsqu’ils révèlent leur orientation sexuelle. C’est la raison pour laquelle ce projet de loi est important.
Autrement dit, le rejet des parents, des membres de la famille, des communautés religieuses et des lieux travail représente, pour les membres de cette communauté, une grave menace à leur égalité et à leur dignité. Ces gens-là se retrouvent dans la rue lorsqu’ils sont rejetés par leur famille parce qu’ils sont homosexuels ou transgenres. Lorsqu’ils sont dans la rue, ils n’ont souvent pas d’autre choix que de se prostituer. Ils subissent de la violence lorsque les gens les haïssent à cause de leur orientation sexuelle. Tout cela pour dire qu’en interdisant les thérapies de conversion, nous n’allons pas du jour au lendemain éliminer l’homophobie et la transphobie au Canada, mais nous pourrons améliorer le sort de cette communauté et mettre un terme à sa stigmatisation. Ce projet de loi est vraiment un pas dans la bonne direction.
J’aimerais maintenant apporter des précisions sur certaines questions relatives au projet de loi.
D’aucuns ont dit craindre que le projet de loi empêche un transgenre « d’annuler sa transition ».
Premièrement, c’est un phénomène qui se produit rarement. Selon une étude réalisée aux États-Unis par le National Center for Transgender Equality, seulement 0,4 % des répondants ont annulé leur transition après s’être rendu compte que ce n’était pas ce qu’ils voulaient. Parmi les autres personnes qui ont annulé leur transition, 7,6 % des 28 000 répondants ont dit l’avoir fait pour une autre raison, souvent à la suite de pressions de leurs proches.
Deuxièmement, cet argument part de l’hypothèse que la transition est facile. C’est absolument faux, et c’en est même douloureusement supportable pour les nombreux transgenres canadiens qui sont en cours de transition aujourd’hui.
Les temps d’attente pour ce genre d’intervention sont très longs et nécessitent de nombreuses étapes et procédures médicales. Il faut faire des évaluations, diriger les patients vers les bons spécialistes, et les inscrire sur une liste d’attente. Il est complètement faux de dire qu’il est possible de faire une transition médicale sans prendre le temps de réfléchir et, par conséquent, d’être forcé à le faire, tout comme il est faux de dire qu’une transition médicale peut se faire sans supervision médicale.
Je tiens également à ajouter que les personnes transgenres ne veulent pas toutes faire une transition médicale. Pour celles qui le veulent, une telle transition peut nécessiter de multiples interventions, qui font l’objet de discussions avec des professionnels de la santé. Il peut s’agir de thérapies hormonales, de chirurgies des seins ou des organes génitaux ou d’autres chirurgies d’affirmation du genre.
Pour une opération des organes génitaux, en Ontario, une personne a besoin de deux évaluations recommandant une chirurgie, qui peuvent être faites par un médecin, un infirmier, un infirmier praticien, un travailleur social ou un psychologue, et qui doivent toutes les deux confirmer une dysphorie de genre. Par conséquent, on voit bien que tout cela nécessite beaucoup de temps, sans compter que la personne doit déjà avoir fait une thérapie hormonale pendant 12 mois. Cela ne se fait pas du jour au lendemain ou sur un coup de tête.
Mon amie Hannah Hodson, qui habite en Ontario, m’a demandé de raconter son expérience. Elle a commencé par s’adresser à un thérapeute, puis a rencontré de nombreux médecins, et il lui a fallu plus d’un an avant de se faire prescrire des hormones. À l’époque, elle avait 32 ans et elle habitait dans la province où il était le plus facile d’obtenir ce genre de traitement, car l’Ontario fonctionne selon le principe du consentement éclairé des adultes. Ce n’est pas le cas dans beaucoup d’autres régions du pays.
Il est complètement faux de dire qu’il est facile pour un enfant de faire sa transition au Canada, ou que la transition médicale se fait sans une surveillance rigoureuse. Dans le cas d’un enfant, au Canada, il faut d’abord qu’il rencontre, avec ses parents, un professionnel de la médecine, généralement un thérapeute sexuel. Pour un enfant en transition, les changements sont généralement à 100 % sociaux, c’est-à-dire qu’ils concernent le comportement et l'habillement. C’est seulement sous la stricte surveillance d’un professionnel de la médecine qu’un enfant peut avoir accès à des interventions mêmes réversibles, comme des inhibiteurs d’hormones. Quant aux chirurgies d’affirmation du genre, on ne les pratique généralement pas avant l’âge de 18 ans, conformément aux normes canadiennes.
Ces affirmations sont aussi fondées sur une idée trop simpliste et rejetée par la science selon laquelle le genre se limite au sexe et aux organes génitaux. Le concept d’identité de genre concerne la relation avec le monde, et pas seulement les organes génitaux. Beaucoup de transgenres décident de ne pas avoir recours à ces chirurgies, et cela ne change en rien ce qu’ils sont vraiment. Toutefois, pour beaucoup de gens, ces thérapies d’affirmation du genre sont indispensables pour pouvoir participer pleinement à la société.
Pour en revenir à mon amie Hannah, voici ce qu’elle dit: « Je dis toujours en plaisantant que je n’aurais jamais fait tout cela si cela ne correspondait pas à ce que je suis. J’étais avant un homme blanc, hétérosexuel en apparence. J’avais tout pour réussir. » La décision de faire la transition n’a pas été prise à la légère, parce qu’un transgenre se heurte encore à beaucoup de difficultés au Canada. Les transgenres sont victimes d’énormément d’abus et de harcèlement. Selon un sondage de 2011 réalisé par Egale, 74 % des étudiants transgenres sont victimes de harcèlement verbal et 37 %, de harcèlement physique.
Hannah peut aujourd’hui se rendre en toute sécurité dans peut-être 35 pays. En Ontario, même encore aujourd’hui, des gens lui adressent des menaces ou la traitent de monstre lorsqu’elle se promène dans la rue, et elle habite dans l’une des villes les plus tolérantes au Canada. Quand cela arrive, Hannah devrait leur dire de s’adresser à moi.
Selon une autre étude récente, 45 % des transgenres interrogés lors d’un sondage se sont suicidés. Mais il y a tout de même de l’espoir. Avec beaucoup de soutien des membres de la famille, ce taux diminue de 93 %. Par conséquent, quand certains prétendent que le projet de loi cause des torts aux transgenres, c’est tout à fait le contraire. Il permet d’atténuer la stigmatisation dont ils sont victimes et de mettre un terme à une certaine forme de violence à leur égard.
Certains ont aussi laissé entendre que le projet de loi pourrait criminaliser des conversations privées, en particulier entre un parent et un enfant ou entre un chef religieux et un paroissien. Après avoir lu le projet de loi, je pense que c’est faux.
Premièrement, les conversations non forcées, y compris celles avec des mineurs, sont déjà protégées par la liberté d’expression en vertu de la Charte canadienne des droits et libertés. Le projet de loi protégerait davantage ce droit en donnant directement une définition de la thérapie de conversion, qui s’entend « d’une pratique, d’un traitement ou d’un service qui vise soit à rendre une personne hétérosexuelle ou cisgenre, soit à réprimer ou à réduire toute attirance ou tout comportement sexuel non hétérosexuels ».
Après avoir lu le projet de loi, je pense que l’expression « qui vise à » montre clairement que le projet de loi ne criminalise pas les conversations formelles entre des chefs religieux ou des membres de la famille. S’il y a des inquiétudes à propos de la liberté d’expression, les gens devraient se réjouir. Le projet de loi protégerait les valeurs de la liberté d’expression, du droit à l’expression de soi et à la vérité en ce qui concerne l’orientation sexuelle et l’identité de genre, qui sont nécessaires à la lumière de toutes les preuves de discrimination contre la communauté que j’ai déjà présentées.
Certains ont aussi laissé entendre que le projet de loi pourrait criminaliser la prière ou les croyances religieuses. Je crois aussi que c’est faux. La liberté d’expression religieuse est un fondement du pluralisme canadien, auquel je souscris fermement. Il y a toutefois une nette différence entre une croyance religieuse et un effort soutenu déployé par une personne dans un cadre coercitif pour modifier l’orientation sexuelle ou l’identité de genre d’une personne. De même, il y a également une différence entre une prière générale et cette pratique. Je crois que le projet de loi expose déjà clairement ces différences, pour la raison suivante.
La plupart des députés semblent convenir que l’interdiction de la thérapie de conversion est un objectif urgent et important. Il est urgent de protéger la santé et le bien-être des Canadiens LGBTQ2 contre un préjudice manifeste. Cela étant, ce projet de loi est proportionnel à tout fardeau potentiel pesant, par exemple, sur les revendications de liberté religieuse.
Ce projet de loi propose des limites qui sont rationnellement liées à l’objectif de protéger les Canadiens LGBTQ2, mais il ne porte pas arbitrairement atteinte à la liberté de religion. Par exemple, il n’empiète pas sur les croyances anti-LGBTQ2, que je n’entretiens pas, que ce soit bien clair, et que personne ne devrait entretenir à mon avis. Il ne fait que les empêcher d’agir en fonction de ces croyances. À mon avis, l’esprit et la valeur des libertés religieuses consistent à protéger les gens afin qu’ils puissent pratiquer leur foi. Toutefois, de nombreuses dispositions de notre Code criminel limitent déjà les gestes qui peuvent être posés au nom de cette liberté. La liberté religieuse ne va pas jusqu’à permettre de porter préjudice à autrui.
Je précise que cela ne signifie pas que le projet de loi empiète d’une quelconque façon sur le droit des parents de parler de sexe et de sexualité avec leurs enfants. Il ne porte pas atteinte au droit des parents de croire que l’homosexualité est mal, une croyance que je rejette totalement, je le répète. Il ne porte pas non plus atteinte au droit de ces parents d’exprimer cette croyance. Comme cela a été dit à maintes reprises, il empêche toute pratique, tout traitement ou tout service visant à modifier la sexualité ou l’identité de genre d’une personne. Le projet de loi trace la limite en empêchant la transformation de cette croyance en une pratique destinée à modifier fondamentalement l’identité d’une personne et il prévient un préjudice à cette personne.
L’interdiction de la thérapie de conversion atténue une fraction de la violence et de la marginalisation que subit la communauté, mais elle n’arrête pas les crimes haineux, l’intimidation et le harcèlement. Elle ne règle pas non plus tous les autres problèmes que je mentionnais.
À ceux qui craignent que nous nous avancions sur un terrain dangereux, je dirai que beaucoup de provinces et de municipalités ont également, avec les outils à leur disposition dans leur champ de compétences, mis en œuvre des mesures similaires. Les églises fonctionnent toujours, tout comme les mosquées et les gurdwaras. La vie continue dans la société, mais j’ai le sentiment que ce type de règlement adresse un message à la communauté LGBTQ2 et lui dit que la société travaille à lutter contre certaines discriminations systémiques que j’ai déjà exposées.
Je viens de passer beaucoup de temps à expliquer mon point de vue de législatrice, mais j’aimerais prendre quelques instants pour expliquer mon point de vue en tant qu’être humain. Je vais donc revenir à mon amie intelligente et pétillante, Hannah. Elle voulait que je dise ceci à la Chambre en son nom: « Les personnes LGBTQ sont ce qu’elles sont. Vous ne pouvez pas nous transformer ou nous guérir. Il n’y a rien à guérir. Mais vous pouvez toutefois choisir de nous aimer et de nous soutenir. »
J’espère vraiment que nous en sommes capables en tant que pays. Aucune loi ne peut changer les cœurs et les esprits. Seule la volonté individuelle de faire preuve de compassion, de compréhension et de gentillesse y parviendra.
Je me souviens d’un jour de juillet 2019 sur une terrasse venteuse à Banff. En Alberta, les députés peuvent célébrer des mariages et ce jour-là, j’ai eu le privilège d’unir par les liens du mariage deux merveilleuses personnes. Elles étaient entourées d’amis et de membres de leur famille aimants et enthousiastes, et tout le monde était très ému, y compris moi, de voir combien ces deux personnes s’aimaient. Pour Spencer et Jeff Seabrook, ce jour n’avait rien à voir avec leur orientation sexuelle. C’était une célébration joyeuse de leur amour l’un pour l’autre.
C’est ainsi que ce devrait être, selon moi. De la même manière, il y a cinq personnes que je considère comme faisant partie de ma famille. L’amour qu’elles me donnent chaque jour, je dis bien chaque jour, ne tient pas au fait qu’elles sont homosexuelles, mais au fait que ce sont des êtres humains extraordinaires que j’aime profondément en retour. Je ne veux rien changer en elles parce qu’elles sont déjà parfaites.
La plupart du temps, ce sont même elles qui cherchent à m’améliorer. Elles étaient présentes à mes noces quand je me suis mariée. Elles se sont même irritées quand l’ancien premier ministre Harper a essayé de leur donner des conseils sur la façon de remonter l’allée jusqu’à l’autel, même si Matt et moi reconnaissons qu’il n’avait pas tort. Quand deux de ces personnes merveilleuses m’ont dit qu’elles étaient fiancées, nous l’avons célébré avec joie. Je salue chaleureusement Dustin Franks, Miguel Arturo Possamai, Craig Sklenar, Craig Volkerink, Brian Hearn, Matt MacDonald et Garrett Ayers.
Ce matin, Matt m’a envoyé un texto pour me dire ceci: « Quand nous sommes nés, les personnes LGBTQ étaient accusées de convertir des hétérosexuels à l'homosexualité. Quelle ironie que 40 ans plus tard, tu prononces un discours à la Chambre des communes pour empêcher des gens de porter atteinte aux droits de la personne et de chercher à convertir par la force des homosexuels à l’hétérosexualité. Il faudrait se mettre d’accord! » Il a raison.
:
Madame la Présidente, je suis fière de prendre la parole en faveur du projet de loi . Ce projet de loi constitue une étape importante dans la création d'un Canada plus accueillant et plus inclusif, surtout pour les personnes LGBTQ2.
Le débat sur ce projet de loi s'est avéré très respectueux et aussi très différent de ce qu'il aurait été il y a quelques années à peine. Je suis encouragée d'entendre la plupart des députés affirmer de façon catégorique que la thérapie de conversion pour les mineurs est odieuse et qu'elle doit cesser.
Nous avons entendu divers récits décrivant à quel point une thérapie de conversion peut être dommageable pour les jeunes qui se posent des questions sur leur sexualité. Il ne faut quand même pas oublier que ce n'est pas seulement la personne qui suit une thérapie de conversion qui est touchée par cette forme de torture, car je considère sincèrement qu'il s'agit de torture. Les membres de la famille et les amis sont touchés eux aussi par une telle thérapie.
Plusieurs croient que si ce type de thérapie est offert, c'est qu'elle doit être acceptable. Or, c'est tout le contraire. Je me rends compte que ce projet de loi n'interdit pas complètement la thérapie de conversion, mais c'est un début. Les mesures comprises dans ce projet de loi sont les plus progressistes et les plus détaillées au monde à l'égard de la thérapie de conversion.
Certains députés de l'opposition officielle craignent que le projet de loi manque de clarté. Ils prétendent que l'adoption du projet de loi risque de criminaliser les conversations qui ont lieu entre les jeunes canadiens qui découvrent qui ils sont et les adultes vers qui ils peuvent se tourner pour obtenir des conseils, notamment des parents, des enseignants, des dirigeants religieux et des entraîneurs. Toutefois, le libellé est tout à fait clair. Il n'y a rien dans le projet de loi qui criminalise ce genre de conversation. Ce qu'il propose, c'est exactement ce que le prétend soutenir: criminaliser le fait de faire suivre une thérapie de conversion à un jeune contre son gré ou de le faire passer à l’étranger pour qu’il y suive une thérapie de conversion. Nous prenons des mesures pour criminaliser une pratique qui n'est plus du tout crédible et qui est très traumatisante. Nous veillons également à ce que les personnes qui tirent profit de la thérapie de conversion ou qui font de la publicité en vue de l'offrir ne soient plus en mesure de le faire.
Le projet de loi propose la définition suivante de la thérapie de conversion:
thérapie de conversion s’entend d’une pratique, d’un traitement ou d’un service qui vise soit à rendre une personne hétérosexuelle ou cisgenre, soit à réprimer ou à réduire toute attirance ou tout comportement sexuel non hétérosexuels. Il est entendu que la présente définition ne vise pas les pratiques, les traitements ou les services qui se rapportent:
a) à la transition de genre d’une personne;
b) à l’exploration ou à la construction de son identité.
Autrement dit, ces modifications ne criminalisent pas ceux qui offrent du soutien aux personnes qui se posent des questions sur leur orientation sexuelle ou leur identité de genre, comme les amis, les membres de la famille, les professeurs, les travailleurs sociaux et les chefs religieux, entre autres; ces modifications ne criminalisent pas non plus les conversations privées entre adultes consentants.
J’aimerais lire une autre définition à mes collègues. C’est celle du Merriam-Webster: traitement médical d’une déficience, d’une blessure, d’une maladie ou d’un trouble. Autrement dit, une thérapie sert à corriger ou à soigner un état déficient, malade ou troublé.
Une thérapie de conversion part du principe qu’il y a quelque chose qui ne va pas chez les Canadiens LGBTQ2. N’oublions pas que l’Association des psychiatres du Canada a supprimé l’homosexualité de sa liste des troubles mentaux en 1982. C’est le fait de dire à un jeune qu’il est anormal et qu’il doit être soigné ou de tenter de le soigner qui pose problème, et c’est la raison pour laquelle ce projet de loi est nécessaire.
J’invite tous les députés, au cours des débats sur ce projet de loi, à lire les récits des survivants de thérapies de conversion. Dans un livre intitulé Boy Erased, qui a inspiré un film éponyme, Garrard Conley raconte ce qu’il a vécu quand on lui a fait suivre une thérapie de conversion. On lui disait que « ses pensées étaient malfaisantes, qu’elles déplaisaient à Dieu, qu’elles étaient dégoûtantes et anormales, que c’était une abomination ». Une abomination. Je répète ce mot parce qu’on ne devrait jamais l’utiliser pour qui que ce soit. Les députés peuvent-ils s’imaginer comment cela doit être traumatisant pour n’importe qui, surtout pour une personne qui se sent vulnérable et qui a besoin d’amour et de soutien, de se faire dire qu’on est anormal? Ce n’est pas de la thérapie, c’est de la torture.
Le Canada est un pays tolérant, et nous avons fait beaucoup de progrès depuis que l’homosexualité a été décriminalisée, il y a 50 ans, depuis qu’on a cessé de la considérer comme un trouble mental, il y a 38 ans, et même depuis qu’on a légalisé le mariage de même sexe, il y a 15 ans. Nous avons toutefois encore beaucoup de chemin à faire.
Je représente la circonscription de London-Ouest, et notre ville a longtemps empêché la communauté LGBTQ2 de s’exprimer. En 1995, les organisateurs du défilé de la fierté gaie ont demandé à la mairesse de l’époque de faire une proclamation officielle en faveur du défilé. Elle a refusé. Il s’en est suivi une bataille juridique de trois ans qui s’est terminée par la décision de la Commission des droits de la personne de l’Ontario d’imposer une amende de 10 000 $ à la mairesse et à la ville, et d’obliger la ville à émettre cette proclamation.
Aujourd’hui, le défilé de la fierté gaie est l’une des grandes célébrations de London; elle attire des gens de tous âges, de toutes origines ethniques et de toutes orientations sexuelles. Malheureusement, cette année, à cause de la pandémie, le défilé n’a pas pu avoir lieu. Espérons que l’an prochain, il pourra se dérouler comme d’habitude, parce qu’il est important de rappeler à cette communauté qu’elle a le droit de s’exprimer, et aux jeunes, qu’ils ne sont pas seuls.
Nous n’avons pas à remonter très loin dans l'histoire de la Chambre des communes pour apprécier le chemin parcouru. Comme nous le savons, l’article 15 de la Charte des droits et libertés, le droit à l’égalité, protège les gens contre la discrimination fondée sur la sexualité et l'orientation sexuelle. Cependant, nous devons nous rappeler que la sexualité n’était pas explicitement mentionnée dans le document original. Le comité parlementaire mixte formé pour réviser la Charte avait rejeté explicitement l’inclusion de la sexualité par un vote de 15 contre 2. Il avait entendu des représentants d’organismes de défense des Canadiens LGBT expliquer pourquoi ils croyaient que la sexualité devait être incluse dans la Charte. La séance s’est tenue dans une salle qui n'est pas loin de cette enceinte, et il est décourageant de lire les questions que les députés ont posées à cette occasion.
Je veux rappeler à mes collègues ce qui s'est dit lors de cette séance pour leur montrer à quel point certains propos et arguments utilisés à l'époque sont aujourd'hui dépassés. Un député a quitté la séance en fulminant, après avoir dénoncé les témoins gais et lesbiennes et les avoir accusés de promouvoir ce qu’il a qualifié de mode de vie inacceptable, un mode de vie susceptible de corrompre des enfants. Un autre député a exprimé son opinion et dit à des Canadiens LGBT qu’ils ne devraient vraiment pas se plaindre de la persécution qu’ils subissaient, de l'aveu du député lui-même. À son avis, ces personnes le méritaient.
Heureusement, ces propos odieux sont minoritaires et je sais que les Canadiens comprennent la nécessité de valoriser et d’aimer tout le monde, même ceux qui sont différents de nous. Heureusement, nous pouvons aujourd'hui constater que le Canada compte des législateurs, des maires, des acteurs, des musiciens et des athlètes appartenant ouvertement à la communauté LGBTQ2. Leur simple présence ébranle les barrières auxquelles la communauté se heurte encore et contribue lentement mais sûrement à les faire tomber. Leurs voix nous aident à prendre conscience des domaines dans lesquels nous n’avons pas été à la hauteur pour eux et dans lesquels nous devons faire mieux.
Nous savons que malgré l’égalité devant la loi, malgré la présence visible de fiers modèles à émuler et, surtout, malgré le soutien croissant accordé aux Canadiens LGBTQ2, la peur d’être différent demeure. Cette peur n’est pas sans fondement. Des préjugés inconscients existent toujours, tout comme des attitudes qui ne sont ni acceptables ni constructives. Certains évitent de révéler leur orientation parce qu’ils pensent que cela pourrait nuire à leur carrière, ou ils se demandent ce que leurs amis et les membres de leur famille pourraient penser d’eux. Parmi ceux qui ont décidé de ne plus cacher leur orientation, il y en a qui doivent subir le traumatisme d’être rejetés par leurs amis, les membres de leur famille et leur communauté. Beaucoup trop de jeunes LGBTQ2, de la Nouvelle-Écosse à la Colombie-Britannique en passant par London et l’Alberta, ne trouvent toujours pas l’amour ou le soutien dont ils ont besoin. Il est désolant de savoir qu’environ 40 000 jeunes Canadiens sont actuellement sans abri. Jusqu’à 40 % d’entre eux sont dans cette situation à cause de leur identité LGBTQ2. Il est difficile de sortir du placard et il peut être difficile pour quelqu’un de voir une personne qu’elle aime lui révéler son identité sexuelle.
Des organismes, comme PFLAG London dans ma circonscription, sont là pour aider les personnes qui sortent du placard et aider aussi leurs familles et leurs amis. Il existe d’innombrables autres organismes, y compris de nombreux organismes religieux, qui aident les personnes ayant de la difficulté à vivre avec leur orientation sexuelle, leur identité sexuelle et leur façon de l'exprimer. Cette loi n’aura aucune incidence néfaste sur l'aide réelle que ces personnes reçoivent de la part d'organismes qui traitent les gens avec respect, amour et dignité et qui ne demandent pas grand-chose. C’est ainsi que tous les êtres humains devraient être traités. C’est ainsi que nous pouvons avoir ces conversations difficiles avec ceux que nous aimons.
La thérapie de conversion repose sur la prémisse que quelque chose est brisé et doit être réparé, mais elle ne correspond plus à la définition d'une thérapie au Canada depuis près de 40 ans. Ce projet de loi est attendu depuis longtemps et je suis fière de l’appuyer parce qu’il constitue un autre pas dans la bonne direction. Nous ne pouvons pas continuer à prétendre que la pratique abusive et odieuse de la thérapie de conversion est acceptable, de quelque manière que ce soit, pour nos collectivités.
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Monsieur le Président, je prends la parole aujourd'hui au sujet du projet de loi , Loi modifiant le Code criminel pour interdire les thérapies de conversion, qui constituent une pratique vraiment horrible. Le projet de loi C-6 criminalise expressément le fait de faire passer un mineur à l’étranger pour qu’il y suive une thérapie de conversion, de faire suivre une thérapie de conversion à un adulte contre son gré, de vendre des thérapies de conversion pour bénéficier d'un avantage matériel, notamment pécuniaire, provenant de la prestation de thérapies de conversion ou faire de la publicité en vue d’offrir de la thérapie de conversion à des enfants ou des adultes.
Soyons clairs: l'homophobie et la transphobie tuent. Il s'agit d'une facette du fascisme et de la haine qui diabolise et attaque tout le monde. En tant que parlementaires, nous devons être clairs: les membres de la communauté LGBTQ2IA n'ont rien à se reprocher ni à changer. La thérapie de conversion est une pratique horrible qui n'aurait jamais dû exister. Le fait qu'elle ait été inventée et qu'elle existe encore est honteux. Les familles, les médecins et les communautés devraient être une source de réconfort et de répit pour tout le monde, et non une source de préjudices.
La responsabilité première des députés est de défendre les droits et la dignité de leurs électeurs. Le projet de loi leur donne l’occasion de le démontrer. Il leur donne l’occasion de dire non à l’homophobie et à la transphobie, parce que l’homophobie et la transphobie tuent. Envoyons un message clair aux harceleurs, aux fanatiques et à tous ceux qui voudraient nuire aux communautés LGBTQ2IA: leur comportement préjudiciable, leur haine et leur diabolisation sont inacceptables et indésirables. Que notre voix porteuse d’amour étouffe la haine! Nous devons dénoncer les blagues homophobes et transphobes, parce qu’elles ne sont pas drôles. C’est de la haine. Toutes ces blagues haineuses causent le genre de préjudices dont il est question ici. C’est justement cette haine que nous cherchons à éliminer. Si nous en sommes témoins, nous devons riposter. Nous devons signifier clairement de quel côté nous nous rangeons.
L’expression « thérapie de conversion » ne reflète pas vraiment l’horreur de cette pratique. Pour dire les choses clairement, nous parlons ici d’une thérapie par électrochocs, vomissements forcés, ingestion forcée de médicaments psychotropes comme la kétamine, exorcismes et coups. C’est clairement de l’abus. Essayer de forcer des personnes à devenir ce qu’elles ne sont pas, cela ne fonctionnera jamais. Nous ne devrions pas essayer, car ces personnes ne font rien de mal à être ce qu’elles sont.
Une récente étude a montré que près de 20 % des hommes gais, bisexuels ou bispirituels ont subi une forme quelconque de thérapie de conversion. Selon une autre étude, 42 % des survivants âgés de 13 à 24 ans tentent de se suicider. L’homophobie et la transphobie tuent. Ces chiffres n’ont rien d’étonnant quand on sait que ces personnes se font dire qu’elles valent moins et sont moins importantes que les autres, et qu’elles doivent être « réparées ». À tous ceux qui écoutent et qui ont besoin de l’entendre, je vais être claire. Elles n’ont pas besoin d’être réparées. Elles sont très bien comme elles sont. Ce sont ceux et celles qui les attaquent qui ont besoin d’être réparés, pas elles. On ne le dirait peut-être pas, nous sommes nombreux à croire en ces personnes, à vouloir leur succès et à avoir hâte de les rencontrer.
Ce message de haine vient souvent de gens de notre entourage: des proches, des voisins et même des élus. Cela est tout à fait inacceptable. Nous devons y mettre fin. Nous devons mettre fin à l’homophobie et à la transphobie parce que ces attitudes tuent. Il est impossible de changer l’orientation sexuelle, l’identité de genre ou l’expression de genre d’une personne par la thérapie de conversion; même si c’était possible, ce ne serait pas souhaitable. Cela ne ferait qu’aggraver les préjudices et pousser les gens vers la dépression et l’isolement social et souvent vers l’automutilation et le suicide. Cela est vrai de la thérapie de conversion traditionnelle et de la thérapie dite d’affirmation du corps. Nous devons interdire la thérapie de conversion. Nous devons dire non à l’homophobie et à la transphobie parce que ces attitudes tuent.
J’en profite pour souligner le travail de ceux grâce à qui nous en sommes arrivés là. Dans beaucoup de ces luttes, il ne nous est pas toujours donné de témoigner du travail acharné des membres de la collectivité et des survivants qui ont jeté les bases de cette démarche. Je tiens à saluer les groupes de défense des droits de la communauté LGBTQ2IA, les syndicats, les membres de la communauté médicale et les bâtisseurs du mouvement. Je pense aux pionniers de partout au pays, comme mon amie, Cheri DiNovo et mon collègue, le député d’, à des précurseurs comme Svend Robinson et Bill Siksay, anciens députés du NPD, et à mes collègues provinciaux, comme Janis Irwin, qui ont dénoncé l’homophobie et la transphobie chaque fois qu’ils en ont eu l’occasion.
Je pense à tous les survivants qui ont raconté leur histoire, à toutes les personnes qui se sont exprimées et à tous les membres de la collectivité qui ont souffert, et je pense à tous ceux qui n’ont pas pu se faire entendre. Personne d’autre ne devrait être assassiné par homophobie ou transphobie. Nous le devons à ceux qui ne sont pas ici, afin que cela ne se reproduise plus jamais.
Je suis heureuse de voir le travail vraiment inspirant et extraordinaire qui est accompli aux échelons municipal, provincial et territorial partout au pays pour protéger les jeunes queers. Aucun régime provincial de soins de santé n’autorise la thérapie de conversion dans le cadre du système public d’assurance maladie. Aucun fournisseur de soins de santé réputé ne devrait s’adonner à cette pratique, mais nous savons que cela se produit quand même. C’est pourquoi ce projet de loi est si important.
Seule ma province, le Manitoba, interdit officiellement et formellement aux professionnels de la santé d’offrir des thérapies de conversion. Elle a été la première province à le faire. Aujourd’hui, l’interdiction des thérapies de conversion s’applique dans près de 80 % du territoire de l’Alberta, mais le gouvernement provincial refuse d’agir. Son manque de leadership met des enfants en danger.
L’Ontario, la Nouvelle-Écosse et l’Île-du-Prince-Édouard ont interdit aux professionnels de la santé de pratiquer la thérapie de conversion sur des mineurs. Le Yukon va de l’avant avec un projet de loi visant également à interdire cela.
Cependant, il y a eu un manque de leadership fédéral jusqu’à maintenant. En 2019, mon ancienne collègue Sheri Benson a déposé une pétition du Lethbridge Public Interest Research Group, signée par des survivants et des alliés, qui demandait au gouvernement d’interdire cette pratique. Nous avons entendu leur histoire et ils ont fait appel à nous collectivement pour qu’en tant que parlementaires nous les appuyions.
À l’époque, le gouvernement libéral invoquait l’argument éculé utilisé par ceux qui font obstacle à la dignité humaine partout, les droits de l’État. Après qu’un nombre incalculable de survivants et d’activistes eurent continué de faire entendre leur voix, le gouvernement a reculé. Le gouvernement avait tort à l’époque, mais je suis heureuse qu’il agisse maintenant, car l’homophobie et la transphobie tuent.
Faisons la lumière sur le bilan rose des libéraux en matière de droits des LGBTQ en général. Un gouvernement qui croit aux droits des homosexuels n’appuie pas le gouvernement saoudien, qui est l’un des pires violateurs des droits des LGBTQ au monde. Il ne nie pas continuellement le droit des hommes qui ont des rapports sexuels avec des hommes de donner du sang, tout en affirmant le contraire.
En 2020, être un allié ne doit pas se limiter à faire le strict minimum. Cela ne doit pas se limiter à assister aux défilés de la fierté. Il faut donner aux collectivités les outils nécessaires pour vivre en santé dans la dignité et pour mener leurs propres combats à leur façon.
Les néo-démocrates appuient le projet de loi à l'étude, mais ils auraient aimé qu'il aille plus loin. Il ne faut surtout pas oublier les personnes trans. Dès qu'il est question d'interdire les thérapies de conversion, nous ne devons pas nous limiter à celles qui visent à changer l'orientation sexuelle d'une personne, nous devons aussi inclure celles qui prétendent changer l'identité et l'expression de genre d'une personne, car elles sont tout aussi néfastes. Ai-je vraiment besoin de rappeler que l'homophobie et la transphobie tuent?
Nous sommes conscients qu'à elle seule, cette mesure législative ne soustraira pas les personnes LGBTQ2IA à tous les dangers qui pèsent sur elles et qu'elle ne permettra pas non plus de réparer tous les torts qu'elles ont subis. Les solutions chapeautées par les gens de la base doivent pouvoir compter sur le financement de l'État. C'est la seule façon d'y arriver. Qu'il s'agisse de dénoncer les discours haineux ou les pratiques nuisibles aux Canadiens LGBTQ2IA, nous devons clamer haut et fort nos valeurs d'amour et de respect et condamner les intimidateurs et les intolérants.
Avant de rédiger mon discours, j'ai voulu savoir ce qu'ont vécu les personnes qui ont survécu à une thérapie de conversion. Bon nombre d'entre elles souffrent encore aujourd'hui, et leur voix doit être entendue. J'aimerais faire part de quelques-unes de ces histoires aux députés.
Les thérapies de conversion ne sont pas des thérapies. Ce sont des séances de torture et de mauvais traitements, et ça, il faut que les gens le sachent.
Ce sont les mots d'un survivant qu'on a obligé à prendre un cocktail de drogues psychédéliques et qui s'est fait dire de sentir ses excréments chaque fois qu'il ressentait de l'attirance pour un autre homme. Son expérience a convaincu la ville de Vancouver d'interdire la pratique. Il y a d'autres histoires horribles de cette nature, mais nous savons que ces expériences ont déjà mené à des changements. Les gens de la communauté LGBTQ méritent mieux. Leurs droits sont aussi importants que ceux de n'importe quelle autre personne.
Appuyons aujourd'hui le projet de loi , mais allons encore plus loin en veillant au respect des droits de la communauté LGBTQ partout au pays et dans le monde.
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Monsieur le Président, je suis heureux de participer au débat à l’étape de la deuxième lecture du projet de loi , qui vise à criminaliser les pratiques liées à la thérapie de conversion, un exercice cruel qui stigmatise les collectivités LGBTQ2+ du Canada et est discriminatoire à leur égard.
Le projet de loi propose les mêmes modifications qu’un projet de loi antérieur, le . Nous sommes résolus à mettre fin à la thérapie de conversion au Canada et nous continuons d’y travailler. La thérapie de conversion est une pratique destructrice et discriminatoire qui sert à modifier l’orientation sexuelle ou l’identité de genre d’une personne, l’élément fondamental de son identité.
Les données probantes pertinentes révèlent que des personnes ont subi toute une gamme de préjudices. Les enfants sont particulièrement vulnérables aux effets négatifs des thérapies de conversion et les personnes transgenres, autochtones, membres d’une minorité raciale et à faible revenu sont exposées de façon disproportionnée. Ce projet de loi fait la promotion des droits à l’égalité des lesbiennes, gais, bisexuels, transgenres, queers et bispirituels au Canada en ciblant les pratiques dangereuses qui envoient le message qu’ils peuvent et doivent changer d’identité, ce qui est inacceptable.
Les Canadiens attachent de la valeur à la diversité, à l’égalité et à la dignité humaine. Ce projet de loi reflète et réitère ces valeurs fondamentales. Nous devons aller de l’avant et éradiquer cette pratique discriminatoire qui ne concorde pas avec les valeurs canadiennes. De nombreuses études ont répertorié les préjudices subis par les personnes qui ont été soumises à une thérapie de conversion. En 2009, l’American Psychological Association a rappelé que la thérapie de conversion a vu le jour à une époque où l’homosexualité était considérée comme un trouble mental dans son manuel diagnostique et statistique.
Des recherches plus récentes montrent une plus grande variété d’interventions, y compris le reconditionnement du rôle des sexes, des groupes de soutien et de la psychothérapie, ainsi que toutes sortes de fournisseurs, autorisés et non autorisés, dans diverses disciplines de la santé mentale, de conseillers pastoraux et de profanes. Il n’est pas surprenant que la science montre que la thérapie de conversion est incapable d’atteindre cet objectif discriminatoire. Une personne ne peut pas plus changer son orientation sexuelle ou son identité de genre qu’elle ne peut changer son origine ethnique ou d’autres caractéristiques qui la définissent.
Comme c’est le cas pour tout préjugé fondé sur l’orientation sexuelle, l’identité de genre ou l’expression de genre, réelles ou perçues, il a une incidence négative sur la santé mentale et cela cause un large éventail de préjudices graves, y compris une baisse de l’estime de soi et de l’authenticité face à autrui, une augmentation de la haine de soi, la confusion, la dépression, la culpabilité, le désespoir, l’impuissance, la honte, le retrait social, les idées suicidaires, l’augmentation des toxicomanies, le sentiment d’être déshumanisé et de ne pas être soi-même, la perte de la foi et la dysfonction sexuelle.
La thérapie de conversion a également été discréditée et dénoncée par de nombreuses associations professionnelles comme étant une pratique néfaste, en particulier pour les enfants. Par exemple, en 2014, l’Association des psychiatres du Canada a marqué son opposition au recours à la thérapie de conversion, déclarant que la pratique suppose que l’identité LGBTQ2+ traduit un trouble mental et que les personnes LGBTQ2+ pourraient ou devraient changer leur orientation sexuelle ou leur identité de genre.
La Société canadienne de pédiatrie a également indiqué que la pratique est clairement contraire à l’éthique et la Société canadienne de psychologie, dans son énoncé de politique sur la thérapie de conversion, s’y oppose, et prend note du fait que la recherche scientifique n’appuie pas son efficacité. Je tiens à souligner que la thérapie de conversion est une pratique très néfaste pour nos enfants, qu’il est de notre devoir de les en protéger.
Pour être clair, disons que les données probantes nous indiquent que les personnes exposées à la thérapie de conversion ont subi les effets néfastes de cette thérapie, qu’elles l’aient subie de force ou qu’elles l’aient demandée elles-mêmes.
Les deux groupes ont subi exactement les mêmes préjudices, parce que la thérapie de conversion vise à changer une personne et non pas à explorer les effets néfastes de la stigmatisation et des stéréotypes sur son comportement, qui constituent le fondement d’une intervention légitime. La thérapie de conversion peut prendre de nombreuses formes, y compris le counseling, la modification du comportement et la thérapie de la pensée, et peut être offerte par des professionnels, des autorités religieuses ou des profanes.
Dans le projet de loi , thérapie de conversion s’entend « d’une pratique, d’un traitement ou d’un service qui vise soit à rendre une personne hétérosexuelle ou cisgenre, soit à réprimer ou à réduire toute attirance ou tout comportement sexuel non hétérosexuels ». Cette définition n’englobe manifestement pas les pratiques, les traitements ou les services conçus à d’autres fins, comme ceux qui visent à soutenir les personnes sans essayer de les changer. De plus, le projet de loi précise que les thérapies et les traitements de réassignation de genre ne sont pas visés par la définition.
La thérapie de conversion est fondée sur des mensonges et des faussetés, et elle laisse sous-entendre que le fait d’être homosexuel, lesbienne, bisexuel ou trans est en quelque sorte inacceptable et doit être corrigé. Non seulement cette croyance est fausse, mais elle envoie un message avilissant et dégradant qui porte atteinte à la dignité des personnes et de toute la communauté LGBTQ. Contrairement à ce que d’autres peuvent dire, il n’y a pas de bien ou de mal lorsqu’il s’agit de savoir qui on est ou qui on aime. Comme quelqu’un l’a dit plus tôt, la thérapie de conversion a été discréditée et dénoncée par les professionnels et les associations de soins de santé au Canada, aux États-Unis et partout dans le monde. Elle ne s’appuie sur aucun fondement scientifique et ne s’inscrit nulle part dans le continuum des pratiques de soins de santé.
Le projet de loi propose de créer cinq nouvelles infractions visant la thérapie de conversion en vertu du Code criminel. Les infractions proposées interdiraient, premièrement, de faire subir une thérapie de conversion à un mineur; deuxièmement, de faire sortir un mineur du Canada pour qu’il subisse une thérapie de conversion à l’étranger; troisièmement, de faire subir une thérapie de conversion à une personne contre son gré; quatrièmement, de tirer un profit de la thérapie de conversion; et cinquièmement, de faire la promotion de la thérapie de conversion. S’il est adopté, ce projet de loi fera des lois canadiennes en la matière les plus progressistes et les plus complètes au monde.
Victor Madrigal-Borloz, l’expert indépendant des Nations unies sur l’orientation sexuelle et l’identité de genre, a dit de ce projet de loi qu’il pourrait établir un nouveau modèle international d’encadrement de ces pratiques et que ce type de disposition plus globale représente probablement le meilleur exemple à suivre en ce qui concerne les pratiques qu’il a observées partout dans le monde.
Aujourd’hui, j’implore mes collègues de tous les partis de bien comprendre qu’il y a une nette différence entre demander à quelqu’un ce qu’il est et dire à quelqu’un qu’il ne peut être qui il est et qu’il doit être guéri.
Les enseignants, les conseillers scolaires, les conseillers en pastorale, les chefs religieux, les médecins, les professionnels de la santé mentale, les amis et les membres de la famille n’ont pas à craindre de participer à la discussion importante sur l’identité d’une personne. Ces discussions sont souvent essentielles au développement personnel. Cependant, les personnes visées ici sont celles qui travaillent activement et qui fournissent des services conçus pour changer l’identité d’une personne en fonction d’idées préconçues sur ce qu’elle devrait être ou sur la façon dont elle devrait se comporter. Ce projet de loi représente un progrès important en vue de mettre fin à la thérapie de conversion au Canada et il concilie politiques progressistes et considérations constitutionnelles. Nous devons appuyer ensemble cette pratique qui est dangereuse et sans fondement scientifique.
En conclusion, le Canada est un pays où chacun, peu importe son sexe, son identité de genre ou son orientation sexuelle, peut vivre dans l’égalité et la liberté. Comme parlementaires, c’est exactement l’héritage que nous devrions laisser à tous nos enfants, petits-enfants et ainsi de suite. J’espère donc sincèrement que tous les parlementaires appuieront cette importante mesure législative.
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Monsieur le Président, je prends la parole aujourd'hui au sujet du projet de loi .
Je suis convaincue que les pratiques néfastes de la thérapie de conversion sont inacceptables et qu'elles n'ont pas leur place dans la société canadienne. Personne ne devrait être forcé ou contraint à changer son orientation sexuelle ou son identité de genre. Dans le cadre de l'étude de cette mesure législative, il nous revient d'examiner le libellé du projet de loi . Nous devons étudier ce qui s'y trouve et, dans ce cas-ci, ce qui ne s'y trouve pas. Au bout du compte, les lois sont interprétées et appliquées selon leur libellé, et non selon une intention exprimée. C'est pour cette raison que j'ai de sérieuses réserves au sujet du projet de loi.
La mesure législative ne définit pas clairement ce qu'est la thérapie de conversion. La définition est si générale qu'elle ouvre la porte à une application étendue. Il est très légitime de craindre que la mesure législative criminalise les conversations volontaires et les démarches pour obtenir de l'aide. Elle risque aussi de restreindre l'expression religieuse et le droit des parents.
Comme nous le savons, le projet de loi a été présenté de nouveau après avoir été retiré du programme législatif lorsque le gouvernement libéral a prorogé inutilement le Parlement. À l'origine, il avait été présenté lors de la première session de la présente législature en tant que projet de loi . Dès la présentation initiale de cette mesure, la très large définition de la thérapie de conversion avait suscité des préoccupations. Étant donné l'établissement d'un nouveau programme législatif, le libéral a eu la possibilité de modifier la définition. Il est désolant que la nouvelle version du projet de loi ne tienne pas compte des graves préoccupations qui ont été exprimées.
Le était au courant mais il a décidé de les ignorer. En fait, après la présentation initiale de la mesure législative, le ministère de la Justice avait publié ce qui suit sur son site Web:
Cette législation ne criminaliserait pas les conversations privées au cours desquelles des points de vue personnels au sujet de l'orientation sexuelle, de sentiments d'ordre sexuel ou de l'identité de genre sont exprimés, comme lorsque les professeurs, les conseillers scolaires, les conseillers pastoraux, les chefs religieux, les médecins, les professionnels de la santé mentale, les amis ou les membres de la famille qui fournissent du soutien aux personnes aux prises avec leur orientation sexuelle, leurs sentiments sexuels ou leur identité de genre.
La déclaration n'aurait pas été publiée si elle n'avait pas été nécessaire. Cette précision prouve que le gouvernement est aussi d'avis que le projet de loi n'est pas clair. Malheureusement, une explication sur le site Web du ministère n'est pas la même chose qu'une mesure législative. Cette déclaration reflète une position qui n'est pas explicitement énoncée dans le projet de loi qui nous occupe.
Il n’y a rien dans le projet de loi qui confirme que les conversations privées pendant lesquelles une personne exprime son point de vue sur l’orientation sexuelle, les attirances sexuelles ou l’identité de genre ne seraient pas criminalisées. Il est très courant, pour une personne qui est en difficulté ou aux prises avec des problèmes, peu importe de quoi il s’agit, de se tourner volontairement vers une personne de confiance pour obtenir de l’aide. En fait, nous encouragerions probablement toute personne en difficulté à demander de l’aide et à ne pas se débrouiller seule. La personne de confiance est différente pour chacun. Il peut s’agir d’un conseiller, d’un chef religieux, d’un parent, d’un enseignant, d’un ami ou simplement d'une connaissance avec qui la personne en difficulté se sent à l’aise.
On ne peut pas avoir l’espace nécessaire à une conversation ouverte, honnête et concrète si une incertitude juridique plane. Le fait d’exprimer un certain point de vue, d’offrir des conseils ou simplement d’avoir une conversation informelle ne devrait pas susciter de crainte de représailles. Cela ne sert pas la personne qui demande de l’aide ni celle qui en offre. Il faut avoir la liberté de parler ouvertement à ceux en qui nous avons confiance. Il faut faire attention de ne pas miner les réseaux de soutien.
En présentant ce projet de loi, le gouvernement libéral a parlé de la protection des droits des LGBTQ, et il est très important que ces droits soient protégés. Je suis d’accord pour dire que nous devrions protéger ceux qui ont été dégradés ou déshumanisés par des thérapies de conversion nuisibles. C’est pourquoi, en tant que législateurs, nous devrions nous engager à faire en sorte que ce projet de loi soit bien conçu et, ce faisant, nous avons la responsabilité de tenir compte des droits de tous les Canadiens.
L’absence de définition claire laisse place à la violation d’autres droits. Les droits des parents dans le contexte de l'éducation des enfants doit faire partie de ce débat, tout comme la liberté de religion et la liberté de croyance. Les parents ont non seulement le droit, mais aussi la responsabilité, d’éduquer leurs enfants. Cette responsabilité consiste notamment à leur fournir de la nourriture, un logement et des vêtements.
Cependant, le rôle parental va bien au-delà de la satisfaction des besoins matériels d’un enfant. L’encadrement parental est essentiel au développement de l’enfant. Les mères, les pères et les tuteurs aident à protéger le bien-être physique et psychologique des enfants. Ils aident aussi les enfants à comprendre et à décortiquer le monde qui les entoure. Nous entendons souvent des parents de bébés et de tout-petits dire qu’ils ont une nouvelle perception du monde à travers les yeux de leur enfant. Un enfant apprend à connaître le monde qui l’entoure, et un parent est là pour le guider et l’accompagner.
En tant que mère, je peux attester que les enfants, dès leur plus jeune âge, posent une foule de questions à leurs parents, parfois inlassablement. Il importe peu que la question soit la plus ordinaire ou qu’elle soit dérangeante. Les parents sont là pour offrir des réponses et des réflexions.
Il est sain pour les parents et leurs enfants de tenir un dialogue ouvert et honnête, et pour les parents d’aider leurs enfants à comprendre leurs propres émotions. Les relations ouvertes et empreintes d’amour entre parents et enfants renforcent l’estime de soi et la confiance en soi. Il est important que les enfants se sentent assez à l’aise pour poser des questions à leurs parents et pour leur confier leurs problèmes et leurs sentiments.
Dans un monde où nous vivons de plus en plus en ligne, où les enfants sont exposés à tant d’influences extérieures, où ils risquent d'être inondés de contenus excessivement sexualisés à un très jeune âge et ont accès à beaucoup d’information, crédible ou non, il est crucial que les enfants et leurs parents tiennent de vraies conversations.
Ce qui m’inquiète, aussi, dans la définition générale de la thérapie de conversion de ce projet de loi, c’est son lien avec la religion. Toutes les grandes religions imposent un code de conduite axé sur l’éthique, la moralité et la sexualité. Il s’agit souvent de croyances bien ancrées qui sont étudiées, enseignées et pratiquées par toutes les personnes de foi. Certains groupes confessionnels ont exprimé leur inquiétude quant à la façon dont cette loi s’appliquera à eux. Demeureront-ils libres d’encourager leurs membres à pratiquer leur foi conformément à leurs enseignements religieux, ou l’application de ce projet de loi s’étendra-t-elle bien au-delà de la criminalisation des pratiques de conversion involontaire préjudiciables et discriminatoires?
Comme je l’ai dit, je suis convaincue que la pratique de la conversion involontaire est nocive et devrait être interdite, mais nous ne pouvons pas interdire ou criminaliser la pensée et l’expression. Nous ne pouvons pas empiéter sur la liberté de religion et nous devons respecter les parents. En interdisant les pratiques de la thérapie de conversion, nous ne pouvons pas criminaliser sans raison les conversations saines et normales.
En lisant le libellé actuel de ce projet de loi, je trouve la définition de la thérapie de conversion exagérée, et elle laisse à désirer. Elle n’établit pas un juste équilibre entre la protection des membres de la communauté LGBTQ, les droits des parents et la liberté de religion. En rédigeant une définition claire de la thérapie de conversion, nous préciserons la portée et l’intention du projet de loi.
J’appuierai personnellement ce projet de loi à l’étape de la deuxième lecture pour qu’il puisse être renvoyé au comité, où l’on pourra proposer des amendements de bonne foi pour l’améliorer et combler ses lacunes actuelles. J’espère sincèrement que le gouvernement libéral sera ouvert aux amendements afin que nous puissions soumettre un projet de loi qui conviendra à tous les Canadiens.
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Monsieur le Président, aujourd'hui, nous discutons encore une fois de la haine à laquelle les membres de la communauté 2ELGBTQQIA sont toujours exposés. C'est important pour moi de l'exprimer ainsi, car c'est la vérité sur ce qui continue de se produire au Canada, malgré les progrès que nous avons réalisés. Sans protections ni dispositions législatives adéquates, les Canadiens sont susceptibles d'être victimes de la haine et d'éprouver la souffrance et la douleur qui en résultent.
J'attends avec impatience le jour où tous les Canadiens seront libres d'être eux-mêmes, où ils seront reconnus pleinement pour ce qu'ils sont, sans avoir ni honte ni peur, et où ils se sauront aimés et représentés partout dans la société.
Quelqu'un a déjà dit que sans estime de soi, on ne peut pas aimer son prochain. Je n'ai aucun doute que ce principe est inscrit en filigrane dans la Charte canadienne des droits et libertés.
C'est avec cette idée en tête que j'ai l'honneur de prendre la parole au sujet du projet de loi , Loi modifiant le Code criminel pour y ajouter des dispositions qui limitent les répercussions négatives de la thérapie de conversion au Canada, quoique ce projet de loi ne va pas assez loin pour l'éliminer complètement.
La semaine dernière, dans ma réponse au discours ministériel, le jour où le projet de loi a été présenté, j'ai eu le privilège de discuter de la lutte pour les droits des Canadiens de la communauté 2ELGBTQQIA ainsi que de la confirmation et de la reconnaissance de ces droits au cours des dernières décennies. Mes collègues du Parti vert et moi voterons certainement pour le projet de loi et, ce faisant, je penserai à toutes les personnes que j'ai rencontrées qui ont souffert de la thérapie de conversion ainsi que de la honte et du dégoût d'elles-mêmes qui en ont résulté et qu'elles ont dû surmonter.
De nombreux Canadiens et de nombreux députés, ont vu le film biographique Garçon effacé, qui relate l'histoire d'un jeune homme de l'Arkansas qui a dû se rendre au Tennessee pour participer à une thérapie de conversion. Quand on entend cette histoire, il est facile de qualifier ce type de thérapie de mal. Il est facile de penser que ce type de thérapie n'existe pas au Canada. La vérité est que cela se produit aussi chez nous; cela se fait simplement en catimini et de manière plus insidieuse.
Un homme courageux de ma circonscription a raconté son histoire à un journaliste de la CBC il y a quelques années dans le but d'aider d'autres personnes. Il était originaire d'une communauté rurale du Nouveau-Brunswick. Démasqué à l'adolescence parce que quelqu'un avait regardé l'historique du navigateur de son ordinateur, cet homme avait été contraint de suivre des séances de counseling religieux dans une ville avoisinante. On lui avait dit qu'il devait prier pour obtenir l'aide de Dieu afin de changer parce que ses sentiments étaient des péchés et qu'ils découlaient simplement d'un choix.
La conseillère a suggéré à cet homme de reléguer ses sentiments homosexuels dans un tiroir de son cerveau et de demander à Dieu de l’aider à garder ce tiroir fermé. Elle lui a donné des conseils pour éviter toute tentation future, par exemple « d’éviter les situations flamboyantes ». Je suis bien contente qu’il ait ignoré ce conseil ridicule. Cet homme est un chef de file de notre communauté et une source d’inspiration pour les jeunes d’aujourd’hui qui veulent être fiers de ce qu’ils sont. Cette expérience préjudiciable l’a contraint à lutter contre un sentiment de honte durant toute son adolescence et le début de sa vie d’adulte.
La vérité, c’est que dans les sous-sols d’église et les foyers familiaux de tout le pays, des enfants, des adolescents et des adultes se font dire de cacher leur vraie nature et d’en avoir honte. Ce qui est vraiment honteux, dans tout cela, c’est le tort que nous causons à l’esprit et au cœur de ces jeunes. Nous limitons leurs capacités en freinant leur croissance personnelle. Nous les maintenons dans l’obscurité.
Ce processus cause un tort incommensurable à ces personnes. Il renforce la stigmatisation, les mythes et les mensonges. Il a une profonde incidence sur leur estime de soi et leur confiance en soi.
La nature destructrice de cette pratique est reconnue dans le monde entier, et il est également reconnu que le droit pénal est un recours approprié pour remédier à ce préjudice. Nous ne criminalisons pas les propos, comme on l’a si cavalièrement prétendu à la Chambre. Il ne devrait y avoir aucun doute sur ce qu’est la thérapie de conversion et sur notre responsabilité, qui est d’interdire cette pratique.
Durant son intervention d’hier, le a dit que le projet de loi visait à criminaliser la pratique de la thérapie de conversion. Il a dit que cet objectif reflétait l’engagement du gouvernement à éradiquer cette pratique discriminatoire qui va à l’encontre des valeurs canadiennes. Il nous a rappelé que de nombreuses associations professionnelles reconnaissaient que la thérapie de conversion pouvait avoir des séquelles sur la santé mentale et physique, et même pousser certaines personnes au suicide. Je suis tout à fait d’accord avec le ministre. Il faut en finir avec la thérapie de conversion.
Je ne peux m’empêcher de me demander pourquoi nous n’allons pas au bout de la question avec ce projet de loi, au lieu de laisser la porte ouverte à une dangereuse échappatoire.
Le projet de loi interdirait la pratique de la thérapie de conversion pour les mineurs, mais pas pour les adultes. Le libellé précisant qu’on ne peut faire suivre une thérapie de conversion à une personne contre son gré ne suffit pas à protéger efficacement les Canadiens les plus susceptibles de subir des pressions de la part de leurs proches pour qu'ils suivent une thérapie de conversion. En laissant la porte ouverte à la thérapie de conversion et en supposant qu’une personne pourrait choisir cette pratique abusive, nous plaçons des Canadiens devant un choix impossible: subir la thérapie ou perdre l’amour et le soutien de leur famille.
Le projet de loi interdit clairement aux gens de tirer profit des thérapies de conversion. Ainsi, il sera impossible de faire de la publicité en vue d'offrir une telle thérapie, qu'elle soit destinée à des enfants ou à des adultes. C'est une pratique condamnable, tout simplement, une pratique qui est, comme on le sait, brutale et cruelle. Le ministre a affirmé à juste titre qu'il s'agit d'une pratique discriminatoire qui va à l'encontre des valeurs canadiennes. En tant que parlementaires, ne devrions-nous pas respecter le droit qu'ont tous les Canadiens de protéger leur sécurité? Quand une pratique cause du tort aux gens, il est légitime que le gouvernement décide de la criminaliser.
J'irais même plus loin: il serait lâche de laisser aux Canadiens queers de partout au pays la lourde tâche d'avoir ce genre de conversation avec leur famille sans plier sous la pression, s'ils ne pouvaient pas s'appuyer sur une loi qui dénonce fermement cette pratique. Ce serait laisser des Canadiens composer avec un défi que nous n'avons pas le courage de relever nous-mêmes dans la sphère publique.
Je repense au concitoyen que j'ai déjà mentionné. Je regrette tout le temps qu'il a perdu à se débarrasser d'un sentiment de honte dont personne n'aurait dû l'accabler. En travaillant de concert, nous pouvons faire de ce projet de loi la mesure dont les Canadiens ont besoin, afin que personne ne vive ce qu'a vécu mon concitoyen.
J'appuierai le projet de loi quand il sera mis aux voix, et je proposerai des amendements en vue de l'améliorer pendant l'étude en comité.
S'il y a une chose que je voudrais qu'on retienne de mon intervention d'aujourd'hui, c'est que peu importe qu'une personne soit bispirituelle, lesbienne, gaie, bisexuelle, trans, queer, intersexuelle, asexuelle ou autre, elle a sa place. Tous ces gens ont le droit de vivre en sécurité au même titre que n'importe quel Canadien hétérosexuel cisgenre. Ils font partie intégrante de la société canadienne et si nous sommes ici aujourd'hui, c'est pour nous battre à leurs côtés afin qu'ils obtiennent le respect et l'amour auxquels ils ont droit et qu'il en soit ainsi pour les générations à venir.
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Monsieur le Président, je prends la parole au sujet du projet de loi , une loi modifiant le Code criminel à l'égard de la thérapie de conversion.
Je tiens à souligner dès le début et de manière non équivoque que la thérapie de conversion est inacceptable et qu'elle devrait être interdite. J'espère que tous les Canadiens de bonne volonté sont d'accord pour dire que toute pratique coercitive, forcée ou autrement abusive visant à changer l'orientation ou l'identité sexuelle d'une personne est non seulement inacceptable, mais qu'elle peut aussi causer du tort. Une telle thérapie peut causer du tort aux personnes qui la subissent et ses effets néfastes sont véritables et profonds. De tels effets néfastes peuvent changer la vie d'une personne, durer toute une vie et dans les cas extrêmes, ils peuvent même mener au suicide. C'est dans cette optique que je crois qu'il est approprié de clarifier dans le Code criminel que de tels actes répugnants enfreignent la loi, afin que les personnes qui commettent ces actes soient tenues responsables et qu'elles soient poursuivies avec toute la rigueur de la loi.
Toutefois, bien que je souscrive à l'intention de fond du projet de loi , j'ai des réserves à l'égard de la manière dont le projet de loi dans sa forme actuelle a été rédigé, à commencer par la définition de la thérapie de conversion.
Évidemment, lorsqu'on souhaite adopter un projet de loi visant à interdire la thérapie de conversion, il est important de bien cerner la définition de la thérapie de conversion. Les infractions criminelles ne pardonnent pas. Il est donc impératif que toutes les dispositions dans le Code criminel liées à la thérapie conversion soient fondées sur les préjudices confirmés d'une telle pratique. Malheureusement, tel qu'il est rédigé en ce moment et selon sa définition actuelle de la thérapie de conversion, le projet de loi rate la cible.
En ce sens, la portée de la définition contenue dans le projet de loi est trop vaste. J'aimerais citer la définition du projet de loi, qui érige en infraction:
une pratique, un traitement ou un service qui vise soit à rendre une personne hétérosexuelle ou cisgenre, soit à réprimer ou à réduire toute attirance ou tout comportement sexuel non hétérosexuels.
Selon cette définition, on comprend manifestement que le projet de loi ne vise pas uniquement les genres de pratiques forcées, coercitives, violentes ou abusives qui constituent la thérapie de conversion, et qu'il pourrait possiblement viser une foule d'autres activités, notamment des conversations privées qui pourraient avoir lieu avec un enfant, un parent ou un dirigeant religieux. Le projet de loi pourrait, de façon involontaire, criminaliser des services de counseling légitimes ou d'autres services de soutien psychologique. Une définition qui cherche à interdire tout traitement ou service en vue de réprimer ou de réduire toute attirance ou tout comportement sexuel est trop générale.
Le gouvernement dit qu'il ne faut pas s'inquiéter, que le projet de loi ne vise pas les parents, les chefs spirituels ou les professionnels de la santé qui auraient une discussion privée ou qui tenteraient de conseiller ou d'aider de bonne foi une personne en perte de repères concernant son identité ou son orientation sexuelle. En ce sens, le site du ministère de la Justice se veut rassurant. Voici ce qu'on peut y lire:
Ces nouvelles infractions ne criminaliseraient pas les conversations privées dans lesquelles des opinions personnelles sur l’orientation sexuelle ou les sentiments sexuels ou l’identité de genre sont exprimées, comme lorsque des enseignants, des conseillers scolaires, des conseillers pastoraux, des chefs religieux, des médecins, des professionnels de la santé mentale, des amis ou des membres de la famille fournissent du soutien aux personnes qui se posent des questions.
Le a donné des assurances analogues.
Même s'il faut se réjouir de ces assurances données par le ministère de la Justice sur son site Web et par le ministre, ce qui compte, dans un tribunal, ce n'est pas l'opinion du ministère de la Justice quant à son interprétation de la loi, ni celle du ministre. Ce qui compte, c'est ce qu'il y a et ce qu'il n'y a pas du tout dans le projet de loi. Ce qui est complètement absent du projet de loi, ce sont les exceptions qui protègent les parents, les professionnels de la santé, les chefs spirituels et, oui, tous les groupes que le projet de loi, selon les déclarations publiques du gouvernement, ne cherche pas à cibler.
Hier, à la Chambre, le s'est défendu en argumentant que le projet de loi prévoit une exception. Lisons cette exception. Elle dit:
Il est entendu que la présente définition ne vise pas les pratiques, les traitements ou les services qui se rapportent: [...]
b) à l’exploration ou à la construction de son identité.
C'est mieux que rien, mais je soutiens que cela demeure ambigu, vague, sujet à l'interprétation et insuffisant étant donné les pénalités très graves qui pourraient découler de la violation de cette mesure législative si elle est adoptée, dont une peine d'emprisonnement pouvant aller jusqu'à cinq ans. J'espère que lorsque le projet de loi sera étudié par le comité, le gouvernement sera ouvert aux amendements afin de préciser, en termes clairs et sans équivoque, que la mesure ne vise pas les groupes qui, selon le gouvernement, ne sont pas visés, car cela doit être clair dans la loi.
Je pense qu'il faudrait peut-être également amender le projet de loi pour définir ce qu'on entend par « pratique, traitement ou service ». Le mot « traitement » a certainement une connotation de contexte thérapeutique. Par contre, le mot « pratique » pourrait englober toutes sortes d'activités.
En conclusion, vu l'importance de ce dossier, il est important que nous fassions bien les choses. Nous devons empêcher que des personnes vulnérables fassent l'objet de coercition, de violence ou d'autres types d'activités dans le but de changer leur identité de genre ou leur orientation. En même temps, nous devons protéger la relation parent-enfant et la relation médecin-patient en veillant à ce que tous les droits protégés par la Charte soient respectés, y compris la liberté de parole, la liberté d'expression et la liberté de religion. Enfin, nous devons éviter d'adopter un projet de loi qui, sous sa forme actuelle, est sans conteste de portée trop vaste et trop vague.
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Monsieur le Président, je suis heureux de prendre la parole aujourd'hui pour discuter des progrès réalisés par notre gouvernement à l'égard de notre promesse électorale visant à protéger les Canadiens contre la thérapie de conversion.
Le et la ont présenté le projet de loi , une loi modifiant le Code criminel à l'égard de la thérapie de conversion. Il s'agit d'une mesure législative importante qui interdirait la pratique honteuse de la soi-disant thérapie de conversion au Canada.
À l’été 2015, le gouvernement de l’Ontario a fait adopter le projet de loi 77, qui interdit effectivement les thérapies de conversion pour les enfants, qu'ils soient lesbiennes, gais, bisexuels et transgenres, et qui empêche les médecins de facturer ce genre d'intervention. Un an plus tard, j’ai reçu à mon bureau Rita O’Link, une fière et éminente défenseure des droits des transgenres de ma circonscription de Sudbury, qui a mené la charge pour ces changements en Ontario. Rita se demandait pourquoi le gouvernement fédéral ne pouvait pas faire pour les Canadiens ce que l’Ontario avait fait pour les Ontariens, et peut-être même aller plus loin de manière que tous les Canadiens puissent bénéficier des mêmes protections que les Ontariens.
Depuis lors, j’ai travaillé avec Rita et d’autres membres de TG Innerselves, à Sudbury, pour défendre les droits de la collectivité LGBTQ2 et faire comprendre que, lorsque nous disons que les Canadiens méritent de vivre librement, cela signifie qu’ils n’ont pas à subir de jugements ni de persécutions. Rita s’est battue sans relâche pour la liberté d’expression de tous les Canadiens et a clairement fait savoir que la thérapie de conversion est une pratique dévastatrice extrêmement dommageable pour les personnes qui y sont soumises. C’est un honneur de parler de Rita dans mes propos d’aujourd’hui.
Contrairement à ce que certains pourraient dire, personne n'a raison et personne n'a tort lorsqu’il s’agit de savoir qui on aime ou qui on est. La thérapie de conversion a été discréditée et dénoncée par les associations professionnelles et de la santé au Canada, aux États Unis et dans le monde entier.
[Français]
La thérapie de conversion n'a aucun fondement en science dans la pratique des soins de santé; plutôt, ses effets dévastateurs seront toujours ressentis pour ceux qui ont subi cette thérapie.
[Traduction]
La recherche révèle que les jeunes sont plus à risque de dépression et de suicide lorsque des efforts sont déployés pour modifier leur orientation sexuelle ou leur identité de genre. La thérapie de conversion repose sur un mensonge selon lequel être gai, lesbienne, bisexuel ou trans est mal et qu’il faut y remédier. Non seulement c’est inacceptable, mais cela envoie un message dégradant qui porte atteinte à la dignité des membres de la collectivité LGBTQ2. Les mineurs, en particulier, sont lésés, et les répercussions de tout cela se font souvent encore sentir à l’âge adulte.
En 2020, nombreux sont ceux qui croient que cette pratique est une relique du passé et qu’elle ne pourrait plus avoir cours dans nos collectivités.
[Français]
Malheureusement, ce n'est pas le cas.
[Traduction]
Même aujourd’hui, des groupes sont à l’œuvre partout au pays, pour offrir des services dans l’espoir de corriger ou de guérir ceux qu’ils jugent déphasés par rapport à leur vision étroite de la façon dont on devrait être ou agir. L’enquête communautaire sur le Sexe au présent, qui a été menée en 2019-2020, indique que jusqu’à 20 % des répondants ont été exposés à cette pratique ignoble. Nous savons donc que cette pratique nuisible a cours actuellement au Canada.
[Français]
Avec cette mesure législative, notre gouvernement intervient pour assurer que personne ne devrait subir ce traitement odieux.
Je suis fier de ce que font le , la et tout notre gouvernement pour mettre fin à la thérapie de conversion au Canada.
[Traduction]
Le gouvernement a présenté un projet de loi qui propose de créer cinq nouvelles infractions au Code criminel concernant la thérapie de conversion, de manière à interdire à quiconque: de faire subir une thérapie de conversion à une personne mineure; de faire sortir une personne mineure du Canada pour qu’elle subisse une thérapie de conversion à l’étranger; de faire subir une thérapie de conversion à une personne contre son gré; de tirer profit de la thérapie de conversion; d'annoncer une offre de thérapie de conversion. Le projet de loi fournit par ailleurs la définition suivante: « [...] thérapie de conversion s’entend d’une pratique, d’un traitement ou d’un service qui vise soit à rendre une personne hétérosexuelle ou cisgenre, soit à réprimer ou à réduire toute attirance ou tout comportement sexuel non hétérosexuels. »
Si le projet de loi est adopté, la législation canadienne à l’égard de la thérapie de conversion sera la plus progressiste et la plus complète au monde, chose dont nous pouvons tous être fiers, du moins je le crois.
[Français]
Il est important d'être très clair, cependant.
[Traduction]
Il existe une différence entre demander à une personne qui elle est et en discuter, et dire à une personne qu'elle a tort d'être qui elle est et qu'il faut y remédier. Je peux assurer à l'opposition officielle et aux Canadiens que les enseignants, les conseillers scolaires, les conseillers pastoraux, les dirigeants religieux, les médecins, les professionnels de la santé mentale, les amis et les membres de la famille qui offrent leur soutien n'ont rien à craindre s'ils tiennent une discussion importante avec une personne au sujet de son identité. De telles discussions sont souvent essentielles au développement personnel. D'ailleurs, le projet de loi précise cela.
Les personnes ciblées sont celles qui s'affairent activement à assurer la prestation de services conçus pour changer l'identité d'une personne et fondés sur des idées préconçues quant à la manière dont une personne doit se présenter ou se comporter. Le droit pénal est un outil important pour cibler les comportements répréhensibles qui causent du tort à autrui. Il impose des conséquences aux personnes qui continuent à offrir de tels services alors que les données montrent nettement à quel point cette pratique est dévastatrice.
[Français]
Le projet de loi représente un progrès afin d'en finir avec la thérapie de conversion au Canada et un équilibre entre une politique progressiste et les considérations constitutionnelles.
[Traduction]
Je veux souligner que la mesure législative concerne les gens. Elle vise à garantir que chaque personne peut être elle-même. Il s'agit d'une étape de plus vers le Canada plus inclusif dont nous parlons tous. Il est clair que le projet de loi est nécessaire, car il ne fait aucun doute qu'il y a des Canadiens qui ne sont pas libres d'être eux-mêmes à cause de pratiques comme la thérapie de conversion. C'est pour cette raison qu'il est important d'avoir des lois fédérales, provinciales et municipales pour l'interdire. Plusieurs provinces, à savoir l'Ontario, la Nouvelle-Écosse, le Manitoba et l'Île-du-Prince-Édouard, interdisent déjà aux professionnels de la santé d'offrir de la thérapie de conversion à une personne mineure, et le Yukon a aussi une mesure législative en ce sens.
[Français]
La semaine dernière, au Québec, le gouvernement a également présenté un projet de loi à cet égard.
[Traduction]
Un nombre croissant de municipalités en Alberta et dans l'ensemble du pays sont également passées à l'action pour mettre fin à la thérapie de conversion. Je les félicite d'avoir pris les devants dans ce dossier et je les remercie de tous leurs efforts.
Nous continuerons de collaborer étroitement avec les provinces, les territoires, les municipalités et les collectivités concernés afin que nous puissions apprendre les uns des autres et nous unir pour éliminer cette pratique néfaste sur l'ensemble de notre territoire. J'espère que tous les députés souhaitent que nous en arrivions à un consensus national en faveur de l'interdiction de cette pratique odieuse et qu'ils appuieront le projet de loi.
Nous continuerons de collaborer avec tous les ordres de gouvernement et tous les députés pour nous assurer que tous les points de vue seront entendus et que le gouvernement continuera d'y donner suite. Le Canada est un pays où toute personne, indépendamment de son orientation sexuelle, de son identité de genre ou de sa manière de l'exprimer, peut vivre dans l'égalité et la liberté. C'est le genre de Canada que nous devrions vouloir léguer à tous nos enfants et petits-enfants: le pays le plus accueillant du monde.
[Français]
Un pays pour tout le monde.
[Traduction]
C'est le genre de Canada pour lequel Rita O'Link est venue me demander de l'épauler dans son combat, à Ottawa, il y a quatre ans. Je suis fier de prendre la parole aujourd'hui, ici, à la Chambre des communes, au nom de Rita, des courageux habitants de Sudbury membres de l'organisme TG Innerselves et des milliers de Canadiens d'un océan à l'autre qui travaillent sans relâche pour protéger les droits de tous les Canadiens.
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Monsieur le Président, je suis fière d'intervenir à la Chambre pour parler de l'enjeu crucial qu'est la thérapie de conversion et des raisons pour lesquelles cette pratique devrait être interdite au Canada.
Partout au pays, nous avons vu de nombreuses provinces et municipalités prendre des mesures appropriées pour corriger ce problème. Nous avons aussi vu les démarches entreprises par le gouvernement fédéral pour inscrire cet enjeu dans le Code criminel.
J'ai eu l'honneur de participer à de multiples conversations avec des membres de la communauté LGBTQ+ d'un océan à l'autre. J'ai participé à des tables rondes, à des conférences et, bien sûr, à des défilés de la fierté. Certaines de ces rencontres m'ont énormément marquée, et je ne les oublierai jamais. Ce sont elles qui ont fait de moi une alliée de la communauté LGBTQ2+.
L’un des lieux auxquels je pense puisque je l’ai visité, et j’en ai parlé à plusieurs reprises, c’est le programme OK2BME à Kitchener, en Ontario. J'ai eu la chance d’aller voir ce groupe, dans lequel tous les jeunes ont moins de 19 ans et viennent d'un secteur situé à moins d'une heure et demie de cette région. Ils y vont pour parler de qui ils étaient et de qui ils sont devenus et de la façon dont ils voient leur avenir. Beaucoup y vont pour avoir un lieu sûr où discuter, c’est-à-dire parler à d’autres personnes qui vivent des situations comparables aux leurs et pouvoir compter sur autrui. Il est tellement important d’avoir ce type d'organisations, de possibilités et de programmes pour permettre aux jeunes de parler à d’autres jeunes se trouvant dans la même situation. Beaucoup de jeunes passent par des périodes où ils ne disent pas qui ils sont à leurs amis, à leur famille ou à leurs professeurs parce qu'ils ne sont pas sûrs de pouvoir le faire ou qu'ils doutent beaucoup d’eux-mêmes. Je continuerai à défendre des lieux ouverts tels que le programme OK2BME.
Comme le leader adjoint à la Chambre, que je vois en face de moi, j'ai grandi à une autre époque. Je me souviens de mon enfance dans les années 1980 et au nombre d'amis que j'ai aujourd’hui qui ont déclaré être gais ou lesbiennes. Dans les années 1980, j’ignorais que l'une de mes meilleures amies était lesbienne. Quand j’y pense aujourd’hui, est-ce que cela a de l'importance? Je l'aime pour ce qu’elle est. C’est l'une des femmes les plus extraordinaires que je connaisse. Peu importe qui elle aime, parce qu'en fin de compte, je l'aime pour ce qu'elle est. Je vois la manière façon dont ses parents l'ont acceptée, et qu'ils l'aiment pour ce qu'elle est.
Toutefois, je sais que lorsqu'elle est en public en présence de gens qu’elle ne connaît pas, il y a cette crainte de ressentir la honte. Cette peur de dévoiler son identité. Comme je l'ai dit, j'ai grandi dans les années 1980, quand on ne pouvait pas dire ce genre de choses aux autres. Il était alors entendu que les filles devaient aimer les garçons. Cela a changé, et nous sommes devenus beaucoup plus conscients que nous n’avons pas tous à entrer dans ce même petit moule et être tous pareils.
Je pense également à l'excellent travail que fait l'organisme PFLAG. Il y a quelques années, je suis allée à Richmond Hill et j’y ai rencontré ses représentants. Il y avait des enfants en transition, et des enfants qui venaient de révéler leur orientation à leurs parents étaient venus avec eux à PFLAG pour en discuter. Nous nous sommes assis ensemble, nous avons mangé une pizza et fêté un anniversaire. C'était un endroit vraiment incroyable, où tout le monde se sentait en sécurité et avait un sentiment d’appartenance.
J'en suis venue à me demander s'il y avait déjà eu un moment où j'avais eu le sentiment de ne pas être incluse. J'ai eu beaucoup de chance, parce que je peux aller à des endroits et dire « Je m’appelle Karen », et cela me convient parfaitement. Toutefois, beaucoup de gens ont des doutes sur eux-mêmes parce qu’ils ne se sentent pas soutenus pour ce qu'ils sont. Je pense à ces gens qui doivent avancer seuls dans le monde, et je pense et au fait que nous pouvons faire mieux. Pour moi, il est important de veiller à ce que ces espaces sûrs existent, des espaces tels que PFLAG, où les gens peuvent parler en groupe et où les parents peuvent discuter avec leurs enfants. Ce n’est pas de la médiation, mais simplement un endroit où l’on peut aller pour écouter, parler et entendre les histoires d'autres familles et les difficultés qu'elles ont traversées.
En tant que gouvernement, nous devons penser à continuer de soutenir ce genre de programmes. Si nous envisageons de prendre d'autres mesures après l'interdiction des thérapies de conversion, nous devons réfléchir aux étapes suivantes pour nous assurer de pouvoir mener à bien le travail. Je dis cela parce que nous devons examiner la composante santé mentale de la question.
En ce moment, c’est le Mois de la sensibilisation à la santé mentale, et nous devons comprendre le lien entre la santé mentale et la communauté LGBTQ. J'ai examiné certaines statistiques, et je me suis dit que je n’en faisais pas partie. Selon ces statistiques, un membre sur quatre de la communauté LGBTQ qui est aux études a été harcelé physiquement, et six sur dix ont subi de la violence verbale. Cela signifie que plus de la moitié de ces personnes ont été des victimes à un moment ou à un autre simplement à cause de leur orientation sexuelle. C’est inacceptable.
Nous devons être conscients que les personnes de cette communauté ont été attaquées pour leur physique. Elles se sentent isolées. Elles subissent de la discrimination et des brimades. Certaines n'ont pas l'appui de leur famille. Nous savons que certaines familles n'offrent pas leur plein appui, et cela vient aussi avec le temps. Je suis cette éternelle optimiste qui croit que nous pouvons faire mieux et que nous pouvons avoir de l'espoir, et je pense donc qu'il faut aider les familles à traverser ensemble ces moments difficiles. Nous devons être réalistes: ce sont des choses qui arrivent. Nous devons également tenir compte de la prédisposition aux problèmes de santé mentale. Je crois que si des personnes sont déjà mal à l'aise avec ce qu'elles sont, cela se complique encore avec la dimension sexuelle de leur existence. Il y a un volet double qui entraîne une souffrance.
Je pense à deux de mes amis que j’ai rencontrés il y a environ un mois. Nous avons parlé de sexualité. Les amis en question, Rick et Lee, sont partenaires dans la vie, et ils ne savent pas que je parle d’eux aujourd’hui. Nous avons des discussions très ouvertes et c’est merveilleux parce que nous sommes de la même génération. J’aime beaucoup discuter de musique, de cuisine et de bien d’autres choses avec eux, mais après avoir parlé de tout et de rien, je leur ai demandé de me dire comment c’était que de grandir dans les années 1980. Rick, en particulier, m’a dit qu’il ne serait pas ici s’il avait dévoilé son homosexualité dans les années 1980. Il n’aurait pas survécu. Il a avoué qu’il se serait suicidé.
Je pense au point où nous en sommes aujourd’hui, en 2020. Comment quelqu’un peut-il penser qu’il se serait enlevé la vie parce qu’il est membre de la communauté LGBTQ? Comment peut-on se sentir perdu et isolé jusqu’à perdre le goût de vivre, simplement à cause de sa sexualité? Il faut sortir de ce cadre. Nous ne pouvons pas, à mon avis, en rester au même point. Nous devons comprendre que l’amour c’est l’amour, et je continuerai de défendre ce point de vue.
Je pense à Lee, le partenaire de Rick, avec qui il est marié depuis plusieurs années. Il m’a dit qu’il avait fréquenté beaucoup de filles, mais que dès la fin de ses études secondaires, il avait commencé à vivre de manière authentique. Je pense que nous devons comprendre, surtout en ce qui concerne nos adolescents, que les élèves du secondaire vivent en vase clos. J’ai fréquenté une école d’environ 800 élèves à St. Thomas, en Ontario, et tout le monde savait tout de tout le monde. Une fois qu’ils entrent dans le monde réel où on ne côtoie pas 800 personnes qui voient tous nos faits et gestes, c’est peut-être un peu plus facile pour eux de vivre leur vie librement, mais nous savons que c’est réellement difficile, surtout pendant l’adolescence.
C’est déjà une période d’adaptation très difficile. Tout le monde est sur Twitter, Instagram, Facebook ou TikTok. J’y ai jeté un coup d’œil à quelques reprises, mais tout le monde est sur ces sites. La vie bouge tellement vite pour nos jeunes aujourd’hui et ils sont déjà confrontés à tant de problèmes de santé mentale qu'ils ne devraient plus avoir à se soucier de leur orientation sexuelle. Ils devraient être acceptés et aimés pour qui ils sont.
Est-ce que j’ai deux minutes? Je pourrais parler pendant 20 minutes. C’est vraiment déplorable quand mes amis, de leur côté, essaient de me faire taire parce que je parle trop selon eux. Quoi qu’il en soit, je pense que c’est ce qui fait de moi une bonne défenseure des droits: si quelqu'un est prêt à avoir ce genre de discussion, alors allons-y.
Quand il est question de thérapies de conversion, je crois qu'une bonne partie de la discussion consiste à savoir ce que c'est au juste, une thérapie de conversion. Personnellement, je suis une adepte de la thérapie par la parole. C'est en parlant que je règle mes problèmes. D'aucuns diraient qu'il s'agit d'une forme de thérapie, d'autres pas, mais en ce qui me concerne, ce qui compte le plus, c'est de pouvoir parler de mes problèmes avec ceux que j'aime et que je respecte le plus, peu importe la difficulté du sujet. En tant que parent, j'ai souvent eu à dénouer des situations difficiles, que ce soit parce qu'on venait m'en parler ou parce que j'étais directement impliquée. Nous avons tous besoin d'une personne ou d'un groupe sur qui compter et avec qui parler. C'est vraiment important.
Bon nombre de mes collègues, y compris sur les banquettes ministérielles, semblent en avoir contre l'aspect religieux de la chose. Pour tout dire, quand mon mari et moi nous nous sommes disputés, il y a environ six ans, la première personne vers qui je me suis tournée, c'est le pasteur de mon église. Les députés ne me perçoivent sans doute pas comme quelqu'un de très religieux, mais je savais que le pasteur était celui qui me connaissait le mieux. Il nous connaissait tous, ma famille et moi, parce qu'il nous voyait toutes les semaines parmi sa congrégation. Cette fois-là, j'ai pu lui parler comme à un confident. Je crois d'ailleurs que c'est de là que vient une partie des malentendus qui ressortent du débat. Cet homme n'a pas essayé pas de me convertir. J'ai pu me confier à lui parce qu'il me connaissait. Il m'avait vu prendre part aux activités de l'église, organiser des groupes pour les jeunes, ce genre de chose, et je suis fière de pouvoir en parler aujourd'hui. Je crois que nous devrions tous avoir ce genre de discussion parce que, quoi qu'on en dise, toutes les vies comptent, et celles des personnes LGBTQ par-dessous tout.