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Monsieur le Président, c'est un honneur pour moi de poursuivre mes observations sur le projet de loi .
Au début du processus de vérité et réconciliation, soit le 11 juin 2008, le très honorable Stephen Harper, 22e premier ministre du Canada, a présenté des excuses historiques et symboliques aux anciens élèves des pensionnats autochtones au nom du gouvernement du Canada. Lors de cette journée de 2008, j'étais sur le point de terminer mes examens de 12e année. Je me préparais avec enthousiasme à obtenir mon diplôme d'études secondaires. J'étais loin de me douter que j'allais revenir 12 ans et demi plus tard sur les sages paroles de l'ancien premier ministre du pays dans le cadre d'un discours prononcé par vidéoconférence à la Chambre des communes.
Étant donné que le débat d'aujourd'hui est centré sur l'appel à l'action no 94 de la Commission de vérité et réconciliation, j'estime qu'il est prudent de souligner et de réaffirmer certains des propos tenus par le 22e premier ministre du Canada. Je le cite:
Le système des pensionnats indiens avait deux principaux objectifs: isoler les enfants et les soustraire à l'influence de leurs foyers, de leurs familles, de leurs traditions et de leur culture, et les intégrer par l'assimilation dans la culture dominante. Ces objectifs reposaient sur l'hypothèse que les cultures et les croyances spirituelles des Autochtones étaient inférieures. D'ailleurs, certains cherchaient, selon une expression devenue tristement célèbre, « à tuer l'Indien au sein de l'enfant ».
Le gouvernement reconnaît aujourd'hui que les conséquences de la politique sur les pensionnats indiens ont été très néfastes et que cette politique a causé des dommages durables à la culture, au patrimoine et à la langue autochtones.
Le gouvernement du Canada présente ses excuses les plus sincères aux peuples autochtones du Canada pour avoir si profondément manqué à son devoir envers eux, et leur demande pardon.
La Commission constitue une occasion unique de sensibiliser tous les Canadiens et Canadiennes à la question des pensionnats indiens. Il s'agira d'une étape positive dans l'établissement d'une nouvelle relation entre les peuples autochtones et les autres Canadiens et Canadiennes, une relation basée sur la connaissance de notre histoire commune, sur un respect mutuel et sur le désir de progresser ensemble, avec la conviction renouvelée que des familles fortes, des communautés solides et des cultures et des traditions bien vivantes contribueront à bâtir un Canada fort pour chacun et chacune d'entre nous.
En ce qui concerne ces excuses, le sénateur Murray Sinclair a dit qu'elles représentaient un moment important dans la vie des survivants ainsi que pour les communautés autochtones et les Canadiens. Selon lui, il s'agit d'une reconnaissance des torts du passé et du caractère inacceptable de ce que le gouvernement a fait et de ce qu'il entendait accomplir. Dans le cas des survivants des pensionnats, ces excuses ont finalement reconnu la justesse de leurs affirmations et leur ont donné un sentiment de validation.
Les conservateurs croient que le gouvernement fédéral a l'obligation fondamentale d'améliorer les conditions de vie des Canadiens autochtones, y compris les Inuits, sur le plan des débouchés économiques, de la santé, de l'éducation et de la sécurité communautaire. Fort de cette conviction, le Parti conservateur appuie pleinement les droits issus de traités et le processus de réconciliation avec les peuples autochtones, ainsi que les mesures concrètes visant à fournir de l'eau potable, des logements sûrs, une éducation appropriée, l'accès aux soins de santé et des débouchés économiques équitables. Les conservateurs comprennent le poids des traités dans l'ensemble des lois canadiennes et appuient la résolution des problèmes liés aux non-respect des obligations en vertu de traités, dans le cadre du processus de réconciliation avec les peuples autochtones du Canada.
Historiquement, c'est le gouvernement de l'ancien premier ministre conservateur John Diefenbaker qui est responsable de l'adoption d'une mesure législative qui a accordé aux Premières Nations le droit de voter au Canada. Près de 60 ans plus tard, le nouveau chef conservateur a affirmé clairement son engagement envers les Autochtones au cours de sa campagne à la direction du parti. Plus précisément, le chef s'est engagé à ce que, s'il devenait premier ministre du Canada, le gouvernement contribue à la réconciliation de façon respectueuse et en reconnaissant que, quand les communautés autochtones connaissent une croissance économique, c'est tout le Canada qui en connaît une. Il a aussi déclaré que l'amélioration de la relation entre le gouvernement et les communautés autochtones doit être une priorité absolue et que l'avenir de notre pays dépend du succès de la réconciliation et de l'établissement d'une véritable relation de confiance.
En ce qui a trait au serment de citoyenneté, le cadre constitutionnel du Parti conservateur prévoit plusieurs principes directeurs qui servent de fondement à toutes ses positions politiques. Voici l'un de ces principes directeurs: « La croyance à la monarchie constitutionnelle, aux institutions parlementaires et au processus démocratique. » Ce principe directeur affirme notre appui envers le souverain du Canada, la Reine Elizabeth II, et la démocratie parlementaire de Westminster, qui régit notre grand pays. Par conséquent, nous appuyons le libellé du serment de citoyenneté du Canada où on jure allégeance à la Reine, à ses héritiers et à successeurs.
Pour les besoins de la discussion d'aujourd'hui, je rappelle que, dans les années 1990, plusieurs députés libéraux, et même des ministres, ont essayé de modifier le serment de citoyenneté au mépris de centaines d'années de tradition et d'évolution. Heureusement, aucun n'a réussi.
Pendant qu'on y est, je signale que le bilan des libéraux dans le dossier de la réconciliation avec les peuples autochtones est loin de correspondre aux exploits dont ils se vantent depuis qu'ils sont au pouvoir. À l'époque où Stephen Harper était premier ministre, les libéraux ont voté contre le projet de loi qui visait à améliorer les droits des femmes autochtones vivant dans une réserve en matière de divorce et de séparation. Il y a trois ans et demi, le actuel a déclaré qu'« [a]ucune autre relation n'est plus importante pour le Canada que la relation que nous entretenons avec les peuples autochtones », que son gouvernement était « en train d'examiner toutes les lois et politiques fédérales qui touchent les autochtones » et qu'il entendait « mett[re] en œuvre progressivement les appels à l'action énoncés dans le rapport final de la Commission de vérité et réconciliation ».
Pourtant, les libéraux sont au pouvoir depuis maintenant cinq ans et, si le projet de loi est adopté, il s'agira seulement du sixième appel à l'action de la Commission auquel le aura donné suite, et le dixième au total pour le Canada. Quoique les gestes symboliques, comme la modification du serment de citoyenneté, ont leur importance, d'aucuns pourraient avancer qu'avec leur projet de loi, les libéraux préfèrent la voie de la facilité et se tiennent loin des appels à l'action les plus difficiles à concrétiser.
Qui plus est, même en faisant abstraction de la pandémie, 2020 aura été une année particulièrement difficile pour les relations entre le gouvernement libéral et les peuples autochtones. L'année a commencé par une levée de boucliers nationale concernant le pipeline Coastal GasLink. La circulation des marchandises et des voyageurs a ensuite été sérieusement perturbée par le blocage des voies ferrées. Ces événements ont révélé des failles dans la capacité du gouvernement libéral de recourir à la médiation avec les peuples autochtones et de favoriser leur développement autant que leur réussite économiques.
Plus récemment, nous avons été témoins de cette approche qui laisse à désirer dans le cadre de la crise des pêches en Nouvelle-Écosse, où des manifestations violentes ont éclaté entre les pêcheurs commerciaux et les Premières Nations. Le gouvernement doit avoir pour priorité la sécurité de l'ensemble des Canadiens. Il est évident que le et le gouvernement n'ont pas fait preuve de leadership et n'ont pas pris les mesures voulues pour empêcher que la situation dégénère ainsi. Ils n'ont pas non plus fait les démarches de médiation qui s'imposent depuis longtemps ni ordonné à la GRC de soutenir la communauté afin d'assurer, au meilleur de sa capacité, la sécurité de tous les Néo-Écossais dans leurs collectivités et de résoudre pacifiquement le conflit.
En conclusion, les conservateurs appuient fermement et fièrement les traditions et les institutions du Canada façonnées au fil des siècles dans notre démocratie axée sur le modèle de Westminster. Nous sommes conscients de l'importance du symbolisme lié à la culture canadienne, notamment le symbolisme de la modification proposée au serment de citoyenneté. Si le projet de loi est adopté, le nouveau serment de citoyenneté exalterait et ferait valoir les droits des Autochtones, dont les droits issus de traités, de même que la dignité inhérente aux peuples autochtones, une dignité qui, pendant si longtemps, leur a été refusée.
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Madame la Présidente, je remercie mes collègues. J'imagine que ma collègue d' sera bien heureuse de pouvoir prendre la parole.
Aujourd'hui, je vais parler du projet de loi . Bien qu'une partie de mon discours portera effectivement sur le fond du projet de loi, j'aimerais aussi me permettre un éditorial plus ou moins long sur la façon dont ce projet de loi a été déposé et débattu, tant durant cette législature-ci que durant la précédente.
Pour commencer, je vais faire un peu d'histoire, pas si ancienne, sur la volonté du gouvernement de faire modifier le serment d'allégeance pour l'obtention de la citoyenneté. En effet, ce n'est pas la première fois que ce projet de loi revient sur le tapis vert de la Chambre.
Les modifications au serment de citoyenneté, telles que contenues dans l'actuel projet de loi , ont vu le jour pour la première fois lors de la législature précédente, la 42e, par le truchement du projet de loi . Ce projet de loi a été déposé le 28 mai 2019, peu de temps avant la fermeture de la Chambre. Puisque cette dernière ne serait pas rouverte avant la tenue des élections d'octobre 2019, on pouvait raisonnablement s'attendre à ce que le projet de loi meure au Feuilleton, ce qui est arrivé.
Par la suite, une deuxième mouture a été présentée sous la forme du projet de loi lors de la première session de la 43e législature. Comme le projet de loi avait cette fois été présenté en début de session, on pouvait espérer qu'il ne meure pas au Feuilleton. Or, les voies de la Chambre des communes et du gouvernement étant tout aussi impénétrables qu'une prorogation était — semble-t-il — inévitable, le projet de loi aura été victime d'une mort prématurée.
Le projet de loi aura toutefois bénéficié d'une heure de débat. Afin qu'il ne soit pas mort pour rien, je me permets un résumé des faits saillants dudit débat.
En premier lieu, le ministre de l’Immigration, des Réfugiés et de la Citoyenneté a affirmé que son ministère avait, dans la préparation du projet de loi, consulté l'Assemblée des Premières Nations, l'Inuit Tapiriit Kanatami, le Ralliement national des Métis et la Coalition pour les ententes sur les revendications territoriales, un organisme qui représente les parties autochtones du Canada signataires des 24 traités modernes. Ces consultations auraient eu lieu dès 2016.
Deuxièmement, pour justifier le fait que le libellé du serment prévu dans le projet de loi était différent de celui prévu au point 94 des appels à l'action rédigés par la Commission de vérité et réconciliation du Canada, le ministre a affirmé que les parties consultées ne s'entendaient pas sur la formulation. Le ministère a donc finalement tranché en faveur d'un texte qui reflétait mieux l'expérience des Premières Nations, des Métis et des Inuits.
Finalement, le ministre a clairement énoncé l'intention du législateur, comme suit:
Le but de ce projet de loi est donc double. Premièrement, notre objectif est de faire en sorte que les nouveaux Canadiens reconnaissent les contributions importantes des peuples autochtones au Canada. Le gouvernement réaffirme également son attachement à la réconciliation et à une relation renouvelée avec les peuples autochtones.
Pour revenir à mon éditorial quant à la façon dont le projet de loi a été mené au fil du temps, on serait tenté de conclure que le gouvernement n'est pas si pressé de mettre en application les recommandations de la Commission de vérité et réconciliation du Canada. Effectivement, si les consultations ont commencé en 2016 avec les Premières Nations, les Inuits et les Métis, on peut s'étonner que ce ne soit qu'en mai 2019 que la première mouture du présent projet de loi ait été déposée pour une première lecture et que cela ait été fait à la toute fin de la législature.
À cet effet, bien que le rapport de la Commission de vérité et réconciliation du Canada ait été déposé en juin 2015, force est de constater qu'en date d'aujourd'hui, peu de chemin a été parcouru puisque seulement 10 des 94 appels à l'action ont été mis en œuvre. On peut donc se questionner sur la réelle intention du gouvernement d'être proactif dans ce dossier. Pour que l'application du rapport de la Commission de vérité et réconciliation du Canada ne soit pas que cosmétique, il faut garder à l'esprit que, bien que chaque appel à l'action est nécessaire, chacun est insuffisant s'il n'est pris qu'individuellement.
S'il ne s'agit pas d'un manque d'empressement et de volonté de la part du gouvernement, on peut alors au minimum se questionner sur l'efficacité du gouvernement. Par exemple, pourquoi ne pas avoir greffé la modification au serment d'allégeance au projet de loi sur la Journée nationale de la vérité et de la réconciliation, que nous venons tout juste de débattre et d'adopter en deuxième lecture, pas plus tard qu'aujourd'hui même?
Pourquoi ne pas avoir carrément proposé la modification au serment d'allégeance lors de la 42e législature, dans le cadre du projet de loi , qui modifiait, lui aussi, la Loi sur la citoyenneté?
Si chacun des appels à l'action qui ne sont toujours pas en œuvre doit faire l'objet d'un projet de loi individuel, nous ne sommes pas sortis de la proverbiale auberge. Par contre, nous sommes en droit de nous poser la question suivante: le fait de traiter chaque appel à l'action par l'entremise d'un projet de loi individuel, en plus de les réchauffer, est-il une façon pour le gouvernement de camoufler tant bien que mal le fait que son programme législatif est pour le moins pauvre?
En résumé, soit le gouvernement est peu convaincant lorsqu'il dit que l'enjeu des Premières Nations est une priorité, soit son efficacité est loin d'être légendaire, soit il est volontairement inefficace dans le but de cacher un autre défaut, sa paresse législative.
Cela conclut la partie éditoriale de mon discours, et j'aborderai maintenant le fond du projet de loi.
Je ne surprendrai personne en disant que le Bloc entend voter en sa faveur. Le Bloc québécois a déjà fait connaître sa volonté d’être un allié des Premières Nations. En ce sens, il coule de source que nous donnions notre appui à la mise en application d'une des recommandations émanant du rapport de la Commission de vérité et réconciliation du Canada.
Comme je l’ai déjà mentionné, même s'ils sont insuffisants lorsque pris individuellement, chaque appel à l'action est nécessaire et j'entends voter en faveur d'un projet de loi qui vise la mise en application de celui-ci.
L'insertion dans le serment d'allégeance des nouveaux citoyens d'une reconnaissance des droits des Premières Nations, des Inuits et des Métis est un pas dans la bonne direction vers la réconciliation avec les peuples autochtones. La demande des Premières Nations d'introduire une référence aux droits autochtones dans la prestation du serment est des plus légitimes.
Évidemment, le Bloc québécois préconise une approche de nation à nation, telle que sera l'approche que le Québec devra avoir au moment de déclarer son indépendance. Les peuples autochtones, au moment de créer avec nous le nouveau pays du Québec, le feront à titre d'égaux, à titre de peuples fondateurs.
Toutefois, dans l'intervalle, on peut espérer que cette nouvelle version de la prestation de serment sensibilisera les nouveaux arrivants à la réalité des Premières Nations, à leur histoire, mais aussi à la façon sombre dont leur nouveau pays d'accueil a traité les Premières Nations par le passé. Il s'agit là d'une occasion d'ouvrir le dialogue entre les nouveaux arrivants et les Premières Nations. Ils pourront se parler d'égal à égal, de citoyen à citoyen, avec pour objectif que les premiers connaissent davantage non seulement l'histoire des seconds, mais aussi l'apport de ceux-ci à la société.
Afin d'éviter que cette histoire bégaie, comme elle en a parfois l'habitude, nous pouvons espérer que cette connaissance du passé soit garante d'une meilleure préparation du futur.
Personnellement, j'espère que le gouvernement accélérera la cadence en ce qui a trait aux gestes de réconciliation. Ce faisant, il trouvera toujours en le Bloc québécois un allié.
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Madame la Présidente, je remercie ma collègue de partager son temps de parole avec moi et de me permettre de débattre le projet de loi , déposé par le .
Le texte du projet de loi modifie la Loi sur la citoyenneté afin d'inclure une promesse solennelle de respecter les droits, ancestraux ou issus de traités, des Premières Nations, des Inuits et des Métis dans le serment de citoyenneté et l'affirmation solennelle, et ce, pour donner suite à l'appel à l'action no 94 de la Commission de vérité et réconciliation du Canada.
Plus tôt, ma collègue a exprimé la même chose que moi, mais, quelquefois, il faut répéter avec notre gouvernement. Le ministre de l'Immigration, des Réfugiés et de la Citoyenneté a affirmé que, en ce qui a trait au projet de loi, son ministère avait consulté dès 2016 l'Assemblée des Premières Nations, l'Inuit Tapiriit Kanatami, le Ralliement national des Métis et la Coalition pour les ententes sur les revendications territoriales, laquelle représente les parties autochtones du Canada signataires des 24 traités modernes.
Comme on le remarque, le libellé du serment prévu dans le projet de loi est différent de celui proposé par la Commission de vérité et réconciliation du Canada. Pour justifier cela, le ministre a affirmé que les parties prenantes de la consultation ne s'entendaient pas sur la formulation et que c'était pour cela que le ministre avait tranché en faveur d'un texte qui reflétait mieux, du point de vue du gouvernement, l'expérience des Premières Nations, des Métis et des Inuits.
C'est un autre bel exemple qui montre que le gouvernement pense mieux savoir que les Premières Nations, les Métis et les Inuits. On a souvent vu cette façon de faire des gouvernements libéraux et conservateurs qui se sont succédé au fil des ans. On donne de l'argent. On offre des programmes aux Premières Nations ou à d'autres groupes en leur dictant une façon de faire. Le gouvernement fédéral croit toujours tout savoir, tout connaître ou être le meilleur. Il pense mieux connaître les besoins des Premières Nations, des Métis et des Inuits que ces derniers. Il pense connaître leurs valeurs et leurs coutumes, mais il se trompe chaque fois. On n'a qu'à penser aux pensionnats autochtones, un pan triste de l'histoire du Canada.
D'un autre côté, je ne suis pas surprise. Cela ne fait-il pas penser à autre chose? On l'a vu dernièrement avec les transferts en santé pour les provinces: le gouvernement libéral pense mieux connaître les besoins du Québec que le Québec lui-même et lui dicte la façon dont l'argent doit être utilisé. Dans le fond, je trouve que c'est une blague.
Le premier ministre n'a pas entendu ou n'a pas écouté la demande de toutes les provinces pour une hausse immédiate, sans condition et durable, des transferts en santé. Il revient avec son obsession nuisible de s'ingérer et de choisir où le Québec dépenserait son propre argent, et son idée de normes canadiennes dans des champs de compétence québécois.
Il faut que le Québec obtienne les transferts en santé dont il a besoin pour affronter la pire crise sanitaire du siècle, et ce, je le répète, sans conditions. En pleine crise de santé publique, les coupes faites dans les transferts en santé aggravent la situation et rendent les besoins plus criants. Les transferts en santé sont essentiels. C'est une question de bonne gestion par les provinces pour une meilleure qualité de soins et de services.
Le gouvernement libéral en est à sa troisième tentative d'honorer la recommandation no 94 du rapport de la Commission de vérité et réconciliation du Canada. En effet, les idées contenues dans le projet de loi C-8 ont pour la première fois vu le jour avec le projet de loi , de la 42e législature. Ce projet de loi, déposé le 28 mai 2019, n'a jamais dépassé l'étape de la première lecture. Lors de la dernière session parlementaire, le gouvernement libéral a déposé le projet de loi qui, après une seule heure de débats, est mort au Feuilleton des suites de la prorogation du Parlement.
C'est arrivé pour museler les parlementaires et ne pas leur permettre de faire la lumière sur le scandale WE Charity, un scandale d'usurpation par le gouvernement et qui représente aussi un manque d'éthique de la part du gouvernement: on parle de versements d'argent de WE Charity à la famille Trudeau et de l'attribution de la gestion du programme de Bourse canadienne pour le bénévolat étudiant par le gouvernement à WE Charity. C'est toute une gestion!
Espérons que cette fois-ci sera la bonne, étant donné la lenteur avec laquelle les libéraux mettent en œuvre les recommandations du rapport de la Commission de vérité et réconciliation du Canada.
Jusqu'à présent, on a donné suite à seulement 9 des 94 appels à l'action, celui-ci étant le 10e. Une chance que le processus de réconciliation avec les peuples autochtones est une priorité du gouvernement. Imaginons ce qui se passerait si ce n'était pas le cas.
Pour se préparer à devenir des citoyens canadiens, tous les immigrants du Canada étudient un guide intitulé Découvrir le Canada. Dans ce guide, on ignore le fait que les peuples autochtones constituent une source de droit pour le Canada et on affirme que la tradition canadienne d'une liberté ordonnée est attribuable à l'Angleterre, mais pas du tout aux peuples autochtones du Canada qui ont accueilli les explorateurs européens, les ont aidés à survivre dans ce climat, les ont guidés dans tout le pays et ont signé avec eux des traités pour partager leur territoire avec les nouveaux venus d'Europe.
La recommandation no 94 du rapport de la Commission de vérité et réconciliation du Canada est libellée ainsi:
Nous demandons au gouvernement du Canada de remplacer le serment de citoyenneté par ce qui suit:
Je jure (ou affirme solennellement) que je serai fidèle et porterai sincère allégeance à Sa Majesté la Reine Elizabeth Deux, Reine du Canada, à ses héritiers et successeurs, que j'observerai fidèlement les lois du Canada, y compris les traités conclus avec les peuples autochtones, et que je remplirai loyalement mes obligations de citoyen canadien.
Comme je le disais plus tôt, la formulation que nous retrouvons dans le projet de loi dont nous débattons aujourd'hui diffère de la recommandation no 94. Le gouvernement a plutôt opté pour le texte suivant:
Je jure fidélité et sincère allégeance à Sa Majesté la Reine Elizabeth Deux, Reine du Canada, à ses héritiers et successeurs et je jure d'observer fidèlement les lois du Canada, y compris la Constitution, qui reconnaît et confirme les droits — ancestraux ou issus de traités — des Premières Nations, des Inuits et des Métis, et de remplir loyalement mes obligations de citoyen canadien.
L'adoption du projet de loi apporterait aussi une modification à l'affirmation solennelle actuelle et remplacerait ce qui suit:
J'affirme solennellement que je serai fidèle et porterai sincère allégeance à Sa Majesté la Reine Elizabeth Deux, Reine du Canada, à ses héritiers et successeurs, que j'observerai fidèlement les lois du Canada et que je remplirai loyalement mes obligations de citoyen canadien.
Cela serait remplacé par le texte suivant:
J'affirme solennellement que je serai fidèle et porterai sincère allégeance à Sa Majesté la Reine Elizabeth Deux, Reine du Canada, à ses héritiers et successeurs, que j'observerai fidèlement les lois du Canada, y compris la Constitution, qui reconnaît et confirme les droits — ancestraux ou issus de traités — des Premières Nations, des Inuits et des Métis, et que je remplirai loyalement mes obligations de citoyen canadien.
Le Bloc québécois appuie le projet de loi C-8, parce qu'il s'est engagé à être un allié des Premières Nations. Ce projet de loi permet d'avancer vers la réconciliation avec les peuples autochtones. Les rapports inégaux instaurés ont dépossédé les peuples autochtones des moyens susceptibles de leur permettre d'assumer leur propre destin et ont nourri une méfiance certaine envers les services publics et le gouvernement.
De plus, le projet de loi répond à l'appel à l'action no 94 du rapport de la Commission de vérité et réconciliation du Canada. Notons que, sur les 94 appels à l'action, 10 ont été complétés depuis septembre dernier.
Ce projet de loi sensibilisera les nouveaux arrivants à la réalité des Premières Nations et à la nature constitutionnelle de leurs droits lorsque ceux-ci deviendront des citoyens. Cela créera également un dialogue sur l'histoire des Premières Nations entre les nouveaux arrivants et les peuples autochtones.
Pour les raisons mentionnées précédemment, nous voterons en faveur du projet de loi C-8.
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Madame la Présidente, c'est avec plaisir que je prends la parole pour appuyer le projet de loi au nom du NPD.
Le NPD n'a cessé de demander que l'on mette en œuvre l'ensemble des appels à l'action de la Commission de vérité et réconciliation. En fait, en 2016, j'ai présenté un amendement à un projet de loi antérieur sur l'immigration, le projet de loi , dont le but était de revoir le serment de citoyenneté afin de reconnaître et d'affirmer les droits ancestraux ou issus de traités des Premières Nations, des Inuits et des Métis. Malheureusement, l'amendement n'a pas été adopté.
Même si cette modification faisait partie de la lettre de mandat de 2017 du , les libéraux ont agi seulement à la toute fin de la législature précédente, soit juste avant les élections de 2019. Par conséquent, le projet de loi ne s'est même pas rendu à l'étape de la deuxième lecture.
Le prétend que sa relation la plus importante est cette nouvelle relation qu'il a établie avec les Autochtones, et pourtant, il a fallu trois ans au pour qu'il réponde à cette priorité de sa lettre de mandat. Je demande aux députés d'y réfléchir. Il est consternant que les libéraux aient mis tout ce temps pour agir. Il n'y a tout simplement aucune bonne raison pour que cette question ne soit pas déjà réglée.
Les libéraux ont raté l'occasion de faire en sorte que le grand nombre de nouveaux citoyens qui ont prêté serment depuis 2017 entament leur vie de citoyens canadiens en prenant la pleine mesure de notre obligation collective qui consiste à honorer les droits des peuples autochtones. S'il faut autant de temps aux libéraux pour ajouter une ligne au serment de citoyenneté, faut-il s'étonner qu'ils échouent autant dans leurs relations de nation à nation avec les peuples autochtones?
En 2017, quand le a déclaré: « aucune relation n'est plus importante pour le Canada que celle qu'il entretient avec les peuples autochtones », le Canada s'est gonflé d'espoir. Peut-être arriverions-nous finalement à redresser les torts historiques du pays et à guérir du traumatisme causé par le passé colonial du Canada. Peut-être serions-nous du bon côté de l'histoire et pourrions-nous établir une nouvelle relation ayant en son cœur les droits des peuples autochtones. Malheureusement, les actions du premier ministre indiquent le contraire.
Il suffit de faire un examen attentif des expériences qu'ont vécues les peuples autochtones pour se rendre compte que le Canada a échoué et qu'il continue d'échouer à remplir ses obligations envers ces peuples. Voyez ce qui arrive aux enfants autochtones. En 2016, le Tribunal canadien des droits de la personne a reconnu le Canada coupable de discrimination raciale délibérée et inconsidérée, parce qu'il avait sous-financé sciemment les services d'aide à l'enfance dans les réserves.
Pourquoi a-t-il fallu 10 ordonnances de non-conformité pour obliger le gouvernement fédéral à agir? Pourquoi Cindy Blackstock a-t-elle dû travailler si longtemps et si obstinément pour que le gouvernement traite les enfants autochtones de façon juste et équitable? Pourquoi le gouvernement libéral, et le gouvernement conservateur qui l'a précédé, ont-ils tant de mal à respecter les droits fondamentaux des peuples autochtones? La situation dépasse l'entendement.
Le peu d'empressement des gouvernements successifs à vraiment garantir l'application et le respect des droits des Autochtones a eu des effets dévastateurs sur les communautés autochtones de partout au pays, sur les jeunes, les aînés et tous les autres. On en voit tous les jours les effets dans nos collectivités, par exemple, sous la forme d'actes de violence qui sont commis contre les pêcheurs micmacs.
Comme l'indique la Déclaration des Nations unies sur les droits des peuples autochtones, l'autodétermination est un droit. Ce droit a été inscrit dans les traités de paix et d'amitié, et il a été confirmé par la Cour suprême du Canada dans la décision Marshall en 1999. En effet, cette décision d'il y a 20 ans a affirmé les droits issus des traités de pratiquer la chasse, la pêche et la cueillette pour s'assurer une subsistance convenable. Pourtant, les gouvernements successifs, libéraux comme conservateurs, n'ont pas négocié avec les communautés autochtones pour définir en quoi consiste une « subsistance convenable » et n'ont pas fait en sorte que les pêcheurs autochtones puissent pleinement exercer leurs droits, des droits consacrés par la Constitution du Canada.
Comment est-ce possible? S'il s'agissait d'une décision de la Cour suprême en faveur de peuples non autochtones, personne n'imaginerait, ne serait-ce qu'un seul instant, que le gouvernement mettrait plus de deux décennies à agir. Cette inaction a entraîné des actes de violence, d'intimidation et de terrorisme intérieur contre les pêcheurs micmacs. Ils ont été victimes de crimes. Des gens ont subi des blessures et des dommages matériels.
Il y a deux semaines, les ministres libéraux ont convenu avec les néo-démocrates qu'un débat d'urgence à ce sujet s'imposait à la Chambre des communes. Or, pendant le débat, les députés libéraux ont voté contre la motion du NPD demandant le consentement unanime en vue d'affirmer les droits inhérents des peuples micmacs et malécites. Les libéraux ont refusé de confirmer ces droits consacrés par la Constitution canadienne et par la Cour suprême du Canada. Ils refusent de considérer le fait que la nation micmaque a le droit à la protection pleine et égale de la loi contre la violence, l'intimidation et le terrorisme intérieur.
Maintenant, selon les reportages des médias, l'Assemblée des chefs micmacs de la Nouvelle-Écosse laisse entendre que le ministère des Pêches et des Océans a l'intention de saisir les engins et les casiers de pêche des pêcheurs micmacs. Est-ce cela, la définition de la réconciliation des libéraux? C'est carrément honteux.
Le gouvernement libéral doit cesser de ridiculiser l'intention qui sous-tend ce projet de loi et agir avec intégrité en prenant des mesures concrètes pour affirmer les droits des Autochtones. Le doit également prendre un instant pour réfléchir au message qu'il envoie aux jeunes Autochtones qui sont témoins de l'inaction flagrante de la GRC pour ce qui est d'offrir à la nation micmaque la même protection qu'à tous les autres.
Cette situation est plus préoccupante que celle des défenseurs des terres des Wet'suwet'en, qui ont été encerclés par un nombre considérable d'agents de la GRC lourdement armés alors qu'ils tentaient de faire valoir leurs droits en s'opposant au gazoduc Coastal GasLink. C'est vraiment consternant d'apprendre que les agents de la GRC avaient reçu l'ordre d'« employer la violence à volonté pour démanteler le barrage ».
C'est comme si le jugement phare de 1997 de la Cour suprême du Canada, dans lequel celle-ci a conclu que les droits de la nation des Wet'suwet'en n'étaient pas éteints, n'existait pas. Les libéraux vont de l'avant avec l'agrandissement du pipeline Trans Mountain. On ne tient nullement compte de la voix des défenseurs des terres. On fait complètement abstraction de l'article 10 de la Déclaration des Nations unies sur les droits des peuples autochtones, lequel énonce explicitement la nécessité, pour le gouvernement, d'obtenir auprès des peuples autochtones leur consentement préalable, donné librement et en connaissance de cause, en ce qui a trait à l'exploitation des ressources situées sur leurs terres, ce qui inclut la nécessité de respecter leur décision s'ils n'y consentent pas.
Avec des violations aussi évidentes des droits des peuples autochtones, comment les libéraux peuvent-ils continuer à prétendre qu'ils défendent les droits des peuples autochtones? Malheureusement, ce n'est pas la première fois que nous sommes témoins de ce genre d'injustice ni de ce genre de double discours.
Mes questions pour le sont les suivantes: que faudra-t-il pour que cesse la violation des droits de la personne des Autochtones? Que faudra-t-il pour qu'il comprenne que les traumatismes engendrés par ces violations sont intergénérationnels?
Ma collègue la députée de nous a parlé de l'expérience bien réelle vécue par ses enfants en tant qu'Autochtones. Aucun parent ne devrait voir ses enfants être victimes d'un tel racisme systémique. Aucun parent ne devrait craindre pour la sécurité de ses enfants parce qu'ils sont Autochtones, mais c'est pourtant ce que vivent chaque jour des parents au pays.
Les habitants de ma circonscription, qui sont témoins des violations commises quotidiennement par le gouvernement, disent que la réconciliation n'est plus possible. Ils voient un nombre sans précédent d'enfants autochtones être enlevés à leur famille par le système d'aide à l'enfance. Ils voient la brutalité dont fait preuve la police à l'endroit des Autochtones. Ils voient le racisme qui est présent dans tout le système de santé. Ils continuent d'apprendre la disparition de femmes et de filles autochtones.
L'Enquête nationale sur les femmes et les filles autochtones disparues et assassinées a déterminé que les structures et les politiques coloniales, qui persistent au Canada, sont la cause première de la violence subie par les femmes, les filles et les personnes 2ELGBTQQIA autochtones. Selon le rapport, cette violence équivaut à un génocide racial contre les peuples autochtones, particulièrement les femmes, les filles et les personnes 2ELGBTQQIA.
Pour remédier au problème et mettre fin à ce génocide canadien, l'enquête nationale a présenté 231 appels à la justice dans son rapport final. Lorsque ce rapport a été publié, le gouvernement fédéral a promis de mettre en place un plan d'action national d'ici l'anniversaire de la publication annuelle.
Les familles, les survivantes et les organisations autochtones ont souligné la nécessité d'avoir un plan d'action national dirigé par des femmes autochtones pour mettre en œuvre les 231 appels à la justice. Cependant, sous prétexte de la pandémie de COVID-19, le plan d'action national a été retardé indéfiniment. Plus le gouvernement tarde à agir, plus les gens souffrent.
Par exemple, bon nombre des appels à la justice demandent qu'on s'attaque au racisme dans le réseau de la santé et plus particulièrement dans les hôpitaux. La mort consternante de Joyce Echaquan, cette mère autochtone de sept enfants, sous les quolibets racistes et désobligeants du personnel de l'hôpital où elle était traitée, nous prouve de manière irréfutable que le gouvernement libéral n'a aucune excuse pour retarder la mise en œuvre des appels à la justice.
Le gouvernement a beau invoquer la pandémie pour justifier son inaction et ses atermoiements, il y a déjà des dizaines d'années que la population réclame des actions concrètes, sur le terrain, pour améliorer la sécurité et le bien-être des femmes et des jeunes filles autochtones. Les exemples ne manquent pas, de l'accès à un logement sûr et abordable à la réforme du réseau d'aide à l'enfance, de l'appareil judiciaire ou de la police en passant par l'accès aux soins de santé et le financement durable des organismes qui offrent des services adaptés culturellement ou du soutien aux personnes ayant vécu un traumatisme.
La pandémie ne doit pas servir d'excuse pour retarder la mise en œuvre de ce qui devrait être une priorité pour le Canada. Elle devrait au contraire pousser le gouvernement à agir au plus vite. La pandémie a fait ressortir de nombreux problèmes. Les députés peuvent-ils s'imaginer sans eau potable en pleine pandémie? Pourtant, le gouvernement libéral, qui avait promis de lever tous les avis de faire bouillir l'eau dans les communautés autochtones du pays d'ici mars 2021, c'est-à-dire dans à peine cinq mois, est revenu sur sa parole dernièrement.
Pas plus tard que le mois dernier, la Première Nation de Neskantaga a été évacuée en pleine pandémie mondiale après la découverte de niveaux élevés d'hydrocarbures dans le réseau d'approvisionnement en eau. Même si le gouvernement donne la pandémie pour excuse pour les retards dans la concrétisation de sa promesse, cette situation n'a pas été causée par la pandémie. La communauté des Neskantaga fait l'objet d'un avis de faire bouillir l'eau depuis 25 ans. Avec la pandémie de COVID-19, l'accès à l'eau potable pour répondre aux besoins en matière d'hygiène est plus important que jamais. La pandémie devrait signifier une action rapide et non pas une excuse pour les retards. La santé et la sécurité des populations autochtones sont importantes. La vie des populations autochtones est importante.
L'accès à un logement sûr et abordable est lié à la question de l'eau potable. Le Canada est confronté à une crise évitable en matière de logement abordable et d'itinérance. Cette crise a des conséquences beaucoup plus graves sur les communautés autochtones en raison des déplacements forcés historiques et continus et du racisme systémique dont sont victimes les populations autochtones. Les Autochtones sont dix fois plus à risque de se retrouver sans abri que les Canadiens non autochtones.
Les communautés autochtones des collectivités rurales, urbaines et nordiques connaissent des conditions de logement parmi les pires de tout le Canada. Ma collègue la députée de a fait une tournée des logements dans sa région. Toutes les familles chez qui elle s'est rendue vivaient dans des logements surpeuplés qui avaient tous de graves problèmes de moisissure. Certaines maisons étaient en si mauvais état que les lits étaient collés aux murs par le gel.
Le surpeuplement dans les maisons et le manque de logements font que de nombreuses personnes sont souvent contraintes de rester avec leurs agresseurs. Des enfants sont retirés de leur foyer et de leur famille parce qu'il n'y a pas de logement habitable sûr disponible pour les familles. Comme ma collègue le dit: « Mettre les Inuits dans des situations où ils meurent, tombent malades ou se font arracher leurs enfants à cause de logements inadéquats est une forme de colonialisme des temps modernes. »
Les communautés autochtones urbaines et rurales doivent également surmonter des défis uniques et considérables en matière de logement. Ma circonscription, Vancouver-Est, est l'une des plus durement touchées au pays par la crise de l'itinérance, une crise qui affecte de façon disproportionnée les peuples autochtones.
Parmi toutes les personnes qui vivent actuellement dans le village de tentes érigé dans le parc Strathcona, quelque 40 % sont d'origine autochtone, et ce malgré que les Autochtones ne représentent que 2,5 % de la population du Grand Vancouver.
Le manque d'accès au logement, un droit fondamental de la personne, est une des causes profondes du nombre disproportionné d'enfants autochtones pris en charge et retirés de leur famille par l'État. C'est une des causes profondes de la violence dont sont victimes les femmes et les filles autochtones ainsi que les membres de la communauté 2ELGBTQQIA. C'est stressant, traumatisant et préjudiciable.
Il est tout simplement incroyable que la Stratégie nationale sur le logement n'ait absolument pas tenu compte des besoins des communautés autochtones des régions urbaines, rurales et nordiques. Malgré toutes les discussions au fil des ans, il n'y a toujours rien de prévu relativement à une stratégie sur le logement pour les communautés autochtones des régions urbaines, rurales et nordiques qui serait dirigée par des Autochtones, pour des Autochtones.
Le serment de citoyenneté modifié affirme une réalité qui aurait toujours dû être un fait: la reconnaissance et la confirmation des droits ancestraux ou issus de traités des peuples autochtones devrait être au cœur des obligations de tout citoyen canadien. Le gouvernement doit agir dès maintenant afin de remplir ses propres obligations à propos de la reconnaissance et de la confirmation de ces droits ancestraux ou issus de traités.
La nouvelle version de la Loi sur la citoyenneté aide les nouveaux Canadiens à mieux comprendre mais, parallèlement, nous, parlementaires, avons un rôle crucial à jouer pour faire en sorte que le Canada respecte ses obligations envers les peuples autochtones. Les traités ont donné aux colons canadiens le privilège de vivre sur des terres autochtones, mais ce privilège s'accompagne de la responsabilité collective de s'engager à reconnaître et à affirmer les droits des Autochtones, notamment les droits issus de traités.
C'est le juge Murray Sinclair qui a le mieux résumé cette obligation en disant: « La réconciliation n'est pas un problème autochtone, c'est un problème canadien. Cela nous concerne tous. » Il incombe donc au gouvernement fédéral de faire preuve du leadership nécessaire à toutes les étapes du processus. Quant au gouvernement libéral, il doit faire mieux qu'il n'a fait jusqu'ici dans ce dossier.
Il ne suffit pas d'avoir donné suite à 10 appels à l'action. Les peuples autochtones ne devraient pas devoir continuellement attendre qu'on respecte leurs droits, notamment les droits fondamentaux de la personne. La réconciliation progressive ne devrait pas être la voie à suivre. Le gouvernement doit passer à l'action dès maintenant. On ne peut permettre que la pandémie lui serve d'excuse. Le gouvernement doit accélérer le processus et aller de l'avant. Des générations attendent qu'on donne suite aux appels à l'action. Les peuples autochtones méritent mieux.
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Madame la Présidente, je partagerai mon temps de parole aujourd'hui avec la députée de .
J'aimerais souligner tout d'abord que la Chambre des communes tient son débat sur le territoire traditionnel de la nation algonquine.
Je suis heureux de discuter des modifications au serment de citoyenneté du Canada que le gouvernement propose de faire adopter par le Parlement.
L'histoire des Premières Nations, des Inuits et des Métis est l'histoire du Canada lui-même. Les peuples autochtones du Canada sont les descendants des premiers habitants de ce pays. La Constitution du Canada reconnaît trois groupes distincts: les Premières Nations, les Inuits et les Métis. Les Autochtones du Canada ont été essentiels au développement de notre pays et le sont tout autant pour son avenir. Ils forment des communautés très diverses, avec de nombreux patrimoines et de nombreuses langues, cultures, pratiques et croyances spirituelles distinctes. La réconciliation avec les peuples autochtones demeure l'une des grandes priorités du gouvernement; nous continuerons notre travail de partenaire voué au renouvellement de notre relation avec eux.
Il est important de reconnaître les efforts que les Autochtones ont déployés et continuent de déployer en vue de l'édification d'un pays encore plus fort et plus inclusif. Avec des institutions autochtones solides, nous entamerons l'important travail visant à combler l'écart socioéconomique et à favoriser le développement de communautés autochtones vigoureuses pour les générations futures. Tous les Canadiens doivent participer au processus continu de la réconciliation. Cela nous amène à la question des changements que le gouvernement suggère d'apporter à la formulation actuelle du serment de citoyenneté.
Dans les changements qu'il propose, le gouvernement donne suite à un appel à l'action de la Commission de vérité et réconciliation qui vise l'immigration, les réfugiés et les candidats à la citoyenneté. Selon l'appel à l'action no 94, le gouvernement du Canada doit modifier le serment de citoyenneté afin d'y ajouter une référence aux traités conclus avec les peuples autochtones. Selon les consultations que nous avons tenues avec les organisations autochtones nationales, il est évident que la phrase « traités conclus avec les peuples autochtones » recommandée par la Commission ne concerne pas tous les peuples autochtones et, ainsi, n'inclut pas toutes les expériences autochtones.
La modification du serment dans le cadre de ce projet de loi contribue à élargir la formulation proposée par la Commission pour tenir davantage compte de la diversité des expériences autochtones. Cela répond à ce que nous avons entendu lors des consultations et reflète l'esprit de cet appel particulier à l'action. Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada a consulté d'autres ministères fédéraux et des organisations autochtones nationales sur le libellé du serment de citoyenneté. Par conséquent, pour répondre aux appels à l'action de la Commission ainsi qu'à l'engagement pris dans le discours du Trône de 2019, le libellé du serment de citoyenneté se verrait modifié ainsi:
Je jure fidélité et sincère allégeance à Sa Majesté la Reine Elizabeth Deux, Reine du Canada, à ses héritiers et successeurs et je jure d’observer fidèlement les lois du Canada, y compris la Constitution, qui reconnaît et confirme les droits — ancestraux ou issus de traités — des Premières Nations, des Inuits et des Métis, et de remplir loyalement mes obligations de citoyen canadien.
Le texte révisé du serment utilise un libellé qui reflète l'éventail très large des droits des diverses populations autochtones. Toute modification du serment de citoyenneté nécessite des amendements à la Loi sur la citoyenneté et est soumise au processus parlementaire. Comme le ministre l'a souvent fait remarquer, le gouvernement s'est engagé à achever le travail législatif en lien avec les changements qui reflètent les appels à l'action de la Commission de vérité et réconciliation. Cela explique les changements que nous avons proposés aujourd'hui.
Je conclus en invitant mes collègues à réfléchir à certains points. L'histoire des peuples autochtones du Canada est riche et diversifiée. Elle remonte à des temps immémoriaux, c'est-à-dire avant l'histoire écrite ou orale. J'insiste sur le fait qu'il faut profiter de l'occasion pour à la fois reconnaître le passé du pays et établir avec les peuples autochtones une nouvelle relation fondée sur les droits inhérents, le respect et le partenariat.
Le changement apporté au serment de citoyenneté constitue un pas important dans cette voie. Grâce à ce projet de loi et à d'autres mesures, tous les Canadiens peuvent entreprendre, ensemble, le chemin vers la réconciliation afin que nous laissions un héritage digne de ce nom aux générations futures.
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Madame la Présidente, c'est un plaisir de prendre la parole aujourd'hui. Je tiens à souligner que la Chambre des communes se trouve sur les terres ancestrales de la nation algonquine. Par ailleurs, je prends la parole depuis ma circonscription, Labrador, la patrie ancestrale des Inuits et des Innus. Nous sommes très fiers de la culture que nous partageons sur ce grand territoire.
L'histoire des peuples autochtones au Canada remonte à très loin dans le passé, bien avant l'arrivée des premiers Européens au pays. Les Autochtones ont joué un rôle prépondérant dans l'histoire du Canada, et ils constituent un pilier solide de notre société. Voilà les paroles prononcées à l'occasion des nombreuses cérémonies de citoyenneté qui se déroulent partout au pays. Prêter le serment de citoyenneté est une étape essentielle du processus à suivre pour devenir citoyen canadien. Il s'agit en fait de la dernière étape.
Au cours de la cérémonie, les participants acceptent les droits et les responsabilités des citoyens en prêtant le serment de citoyenneté, après quoi ils deviennent citoyens canadiens et ils reçoivent un certificat qui l'atteste. Il est important pour les nouveaux Canadiens et les personnes nées ici de connaître les peuples autochtones et la riche histoire de la culture autochtone. Le projet de loi, , propose de modifier le serment de citoyenneté du Canada pour y inclure une référence claire à la Constitution, qui reconnaît et confirme les droits — ancestraux ou issus de traités — des Premières Nations, des Inuits et des Métis.
La modification proposée du serment reflète l'engagement du gouvernement du Canada à l'égard de la réconciliation avec les peuples autochtones, fondée sur la reconnaissance des droits, le respect, la coopération et le partenariat. Elle s'inscrit dans la réponse du gouvernement aux appels à l'action de la Commission de vérité et de réconciliation. Parmi les 96 appels à l'action, 70 sont du ressort du gouvernement du Canada. Nous travaillons très fort pour y donner suite, car nous croyons que c'est la bonne voie et que c'est la véritable voie de la réconciliation.
Les changements constituent une étape importante et nécessaire de la réalisation du programme général du Canada pour concrétiser la réconciliation et renforcer la précieuse relation du pays avec les peuples autochtones. La modification du serment de citoyenneté proposée par le gouvernement permettrait aux nouveaux Canadiens de bien comprendre et de reconnaître que les peuples autochtones jouent un rôle important dans l'histoire et l'identité du Canada. Le nouveau serment de citoyenneté montrerait en outre que nous nous attendons à ce que les nouveaux Canadiens comprennent les peuples autochtones et leurs droits constitutionnels.
Le Canada doit continuer de défendre ses valeurs, que ce soit en accueillant les nouveaux arrivants, en célébrant les communautés LGBTQ2 ou en valorisant les deux langues officielles.
La voie vers la réconciliation inclut le besoin de lutter contre le racisme systémique au Canada. Aucune relation n'est plus importante pour le gouvernement que celle qu'il entretient avec les peuples autochtones, et nous allons continuer de façonner avec eux une relation renouvelée fondée sur la reconnaissance des droits, la confiance, le respect et un réel esprit de collaboration. C'est pourquoi, aux quatre coins du pays, le Canada et les peuples autochtones travaillent ensemble pour combler l'écart qui existe entre la qualité de vie des Autochtones et celle des non-Autochtones. Nous avons déjà accompli des progrès considérables. Les trois derniers budgets ont consacré 16,8 milliards de dollars d'argent frais aux peuples autochtones, et les dépenses prévues en 2020-2021 seront de 34 % supérieures à 2015, mais il reste encore beaucoup de travail à faire.
Tous les enfants canadiens méritent d'avoir véritablement une chance égale de réaliser leur plein potentiel, peu importe où ils habitent. Grâce à sa collaboration continue avec des partenaires autochtones et inuits, le gouvernement travaille à éliminer les obstacles à l'accès aux soins de santé de qualité et aux aides sociales adaptées à la culture, dont les enfants ont besoin pour réussir. Le projet de loi a contribué à réformer les soins et les services à l'enfance pour les Autochtones du pays. En nous fondant sur notre collaboration avec les gouvernements autochtones et ce que nous avons appris d'eux en les consultant, nous savons que nous pouvons nous engager sur une meilleure voie pour tous les Autochtones.
De plus, un financement fondé sur les distinctions rendra les études postsecondaires plus accessibles aux étudiants autochtones, inuits et métis, dont il favorisera la réussite scolaire. Nous l'avons souvent constaté.
Le gouvernement a également pris des mesures pour aider les communautés à se réapproprier, à revitaliser, à conserver et à renforcer les langues autochtones ainsi qu'à perpétuer des histoires et des traditions culturelles. En faisant la promotion de l'entrepreneuriat et des entreprises autochtones, le gouvernement aidera les Premières Nations, les Inuits et les Métis à contribuer pleinement à la prospérité économique du Canada et à en tirer profit. Il s'agit d'une mesure essentielle pour favoriser la réconciliation et l'autodétermination.
Même si le chemin de la réconciliation est long — et nous savons qu'il est difficile et qu'il le demeurera à différents égards —, le gouvernement, par ses actions et ses interactions, continuera d'y avancer avec les Premières Nations, les Inuits, les Métis et l'ensemble des Canadiens.
Comme je l'ai dit plus tôt, les changements proposés au serment dont il est question aujourd'hui représentent un grand pas nécessaire pour faire avancer le dossier plus vaste de la réconciliation avec les peuples autochtones du Canada. Ces changements témoignent aux nouveaux Canadiens — à tous les Canadiens, en fait — d'un respect profond envers les peuples autochtones, tout en soulignant que les histoires des Premières Nations, des Inuits et des Métis sont indissociables de la société et de l'identité canadiennes.
Depuis que les libéraux ont formé le gouvernement en 2015, nous avons investi plus d'argent que tout autre gouvernement avant nous pour nous attaquer aux défis importants que les peuples autochtones du Canada doivent relever. Nous sommes très fiers de la réforme que nous avons menée dans le cadre du projet de loi sur le bien-être des enfants autochtones. Nous sommes très heureux du progrès qui a été accompli dans un grand nombre de communautés autochtones à l'échelle du pays.
Nous avons été le premier gouvernement à prendre l'engagement de régler les problèmes d'eau potable, de logement et de tant d'autres éléments d'infrastructure importants pour lesquels nous savions qu'il existait des écarts énormes. Nous n'avons tout de même pas fait cela tout seuls. Nous y sommes parvenus avec le soutien, les conseils et la participation des gouvernements autochtones par la voie de la table ronde de partenariat entre l'État et les Inuits, ainsi que par la voie des tables rondes de partenariat avec les Premières Nations et les Métis. Nous avons entendu de la part de dirigeants nationaux, de représentants de conseils de bande et de chefs de gouvernement de communautés autochtones ce qui comptait pour eux, ce qu'ils attendaient du gouvernement et ce qui permettrait d'établir un partenariat avec eux.
Grâce à nos consultations, nous avons pu diriger beaucoup de fonds là où l'on en avait le plus besoin et au moment où l'on en avait besoin, en plus d'adopter des stratégies à long terme: des stratégies pour éradiquer la tuberculose sur une période de 10 ans; des stratégies pour gérer les problèmes de santé mentale et de toxicomanie dans les régions du Canada occupées par les Autochtones; des stratégies visant les systèmes d'éducation autochtone; des stratégies pour permettre aux Autochtones de jouer un rôle plus important dans la prestation de services de santé et de services sociaux dans les réserves.
Nous avons continué à collaborer avec les dirigeants autochtones parce que nous savons qu'ils connaissent mieux que nous la situation. Le gouvernement du Canada discute en tant que partenaire véritable. Nous souhaitons non seulement écouter et apprendre, mais également suivre la voie de la réconciliation et prendre les décisions difficiles qui doivent y être prises. Le gouvernement du Canada et le ont pris la parole afin de présenter des excuses aux peuples autochtones du pays pour les torts qu'ils ont subi dans le passé et pour faire amende honorable. Tout cela fait partie du parcours de réconciliation que nous devons effectuer ensemble comme Canadiens.
La réconciliation ne concerne pas uniquement les peuples autochtones, elle concerne tous les Canadiens. Je l'ai entendu à maintes reprises. J'ai entendu beaucoup de députés prononcer ces mots à la Chambre. À mon avis, c'est on ne peut plus vrai.
Nous avons tous un travail à faire et un rôle à jouer. Le projet de loi que les députés veulent adopter aujourd'hui pour faire suite aux appels à l'action de la Commission de vérité et réconciliation est un moyen parmi d'autres que le gouvernement prend pour faire ce qui s'impose et ce qui aurait dû être fait il y a longtemps…
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Madame la Présidente, je partagerai mon temps de parole avec le député de .
Je parlerai d'abord de la question de la citoyenneté et du processus lié à son obtention. Puis, je me pencherai sur les objectifs du projet de loi et les effets qu'il aurait.
Nous avons beaucoup entendu parler de la Commission de vérité et réconciliation, mais il est également important de réfléchir à l'obtention de la citoyenneté canadienne, à ce que le processus inclut et à ce qu'il signifie.
Comme tout le monde le sait, il n'y a que deux façons d'obtenir la citoyenneté: à la naissance ou par naturalisation. Au Canada, le a publié il y a quelques jours les derniers chiffres sur les nouveaux arrivants. En règle générale, on parle de plus ou moins 300 000 personnes. Chaque année, plus de 100 000 personnes, ou de 100 000 à 200 000 personnes, parmi celles qui ont choisi de s'installer au Canada en tant que résidents permanents décident de franchir l'étape suivante en devenant des citoyens canadiens.
Divers critères s'appliquent pour devenir citoyen de notre merveilleux pays. Parmi les 350 000 personnes qui pourraient obtenir la résidence permanente l'an prochain, certaines pourraient choisir de repartir parce que le Canada n'est pas vraiment l'endroit où elles veulent vivre; d'autres resteront toujours résidents permanents. Cependant, pour devenir citoyen, il faut être un résident permanent, avoir vécu ici de trois à cinq ans, avoir rempli des déclarations de revenus au moment approprié et avoir passé l'examen pour la citoyenneté. Il serait intéressant de soumettre les Canadiens de naissance à cet examen pour voir quels seraient leurs résultats. Je pense qu'il compte 20 questions et qu'il faut avoir 15 bonnes réponses pour le réussir. Il faut aussi avoir une certaine maîtrise de l'une de nos langues officielles, mais il y a bien sûr quelques exceptions pour les résidents plus âgés et une partie des jeunes.
Pour ceux qui choisissent de faire les démarches pour devenir citoyens canadiens et qui réussissent le test, la cérémonie de citoyenneté est le point culminant du processus. La plupart des députés qui sont élus depuis un bon moment ont eu l'occasion d'assister à une cérémonie de citoyenneté. Rien n'est plus profondément émouvant. Souvent, ces cérémonies rassemblent de grands groupes de personnes provenant de partout dans le monde. Il s'agit, pour ces personnes, de la dernière étape pour devenir citoyennes canadiennes.
J'ai assisté à de telles cérémonies qui se donnaient dans des écoles. C'était très amusant. Tous les élèves pouvaient venir observer. À une occasion, les élèves de la première à la sixième année avaient décoré l'auditorium et ont regardé la cérémonie. J'ai assisté à l'une de ces cérémonies le jour de la fête du Canada. Que peut-on demander de mieux qu'être dehors, dans un parc, le jour de la fête du Canada? Dans ce cas, 80 ou 90 personnes de ma circonscription, Kamloops—Thompson—Cariboo, avaient choisi de devenir citoyennes canadiennes et se trouvaient au parc. En plus de célébrer la fête du Canada, elles ont célébré l'engagement qu'elles ont pris.
Malheureusement, en raison de la pandémie de COVID-19, les cérémonies ont maintenant lieu par vidéoconférence. Je n'ai pas assisté à une telle cérémonie, mais je doute que ce soit aussi émouvant qu'en personne. Je me souviens avoir vu des familles complètes — la mère, le père et les enfants — prêter serment. Je me souviens d'une dame qui avait passé 40 ans au Canada avant de prendre cette décision. Pour elle, c'était un pas si important qu'elle a mis 40 ans à décider de devenir citoyenne canadienne.
Il y a des gens qui viennent au Canada en tant que résidents permanents et dont l'objectif est d'obtenir la citoyenneté canadienne le plus rapidement possible. Les gens qui n'ont pas le privilège d'être des citoyens canadiens de naissance, mais qui choisissent de le devenir, sont possiblement ceux qui sont les plus reconnaissants de leur citoyenneté.
La Commission de vérité et réconciliation a indiqué dans ses appels à l'action qu'il fallait tout d'abord modifier l'examen pour mieux vérifier que les gens comprennent l'histoire du Canada, l'histoire de la relation du Canada avec les peuples autochtones, les traités et, franchement, dans le cas de la Colombie-Britannique, l'absence de traités. C'était un appel à l'action.
Il est intéressant de constater que le serment n'a pas changé depuis plus de 40 ans. Je me suis penchée sur son histoire. Les gens ont souvent envisagé de le modifier au fil des ans, et certains serments très intéressants ont été proposés au début des années 1990 et 2000. Nous avons toutefois le même serment depuis 40 ans.
Comme les députés le savent, le serment est la dernière exigence légale qu'une personne doit satisfaire pour devenir citoyenne du Canada. Je voudrais dire rapidement en quoi consiste le serment actuel, puis je dirai en quoi consiste le serment proposé. Il est très simple. J'ai été surprise de sa brièveté.
Le serment actuel se lit comme suit:
Je jure fidélité et sincère allégeance à Sa Majesté la Reine Elizabeth Deux, Reine du Canada, à ses héritiers et successeurs et je jure d’observer fidèlement les lois du Canada, et de remplir loyalement mes obligations de citoyen canadien.
La Commission de vérité et réconciliation a proposé une modification. Je comprends que ce que nous avons dans le projet de loi n'est pas vraiment ce que la Commission de vérité et réconciliation a proposé, mais c'est une modification apportée après consultation de groupes autochtones et de groupes d'immigrants dans l'ensemble du pays. Ce sera intéressant lorsque le projet de loi sera renvoyé au comité.
Voici le serment qui est proposé:
Je jure fidélité et sincère allégeance à Sa Majesté la Reine Elizabeth Deux, Reine du Canada, à ses héritiers et successeurs et je jure d’observer fidèlement les lois du Canada, y compris la Constitution, qui reconnaît et confirme les droits — ancestraux ou issus de traités — des Premières Nations, des Inuits et des Métis, et de remplir loyalement mes obligations de citoyen canadien.
Certains éléments de la version révisée ont été remis en question. La Commission de vérité et réconciliation vient de parler des traités. J'ai déjà fait remarquer qu'en Colombie-Britannique, il n'y a pas de traités; toutefois, il y a des droits autochtones, et il faut respecter ces droits.
D'après le débat d'aujourd'hui, la Chambre semble convenir de façon générale que nous devrions renvoyer le projet de loi au comité pour qu'il soit examiné plus en profondeur. Je crois que c'est important.
Je tiens à profiter du temps qu'il me reste pour parler un peu plus du rapport. Il a été déposé il y a presque six ans. Il contenait des appels à l'action, et six ans se sont écoulés depuis. Le jour où le rapport a été déposé, le a pris la parole à la Chambre. À ce moment-là, il était le chef du troisième parti. Il a déclaré qu'il s'engagerait à mettre en œuvre tous les appels à l'action. Comme nous le savons, en 2015, il est devenu premier ministre. Il a répété qu'il s'engagerait à mettre en œuvre tous les appels à l'action.
La mesure législative dont nous sommes saisis ajoute 23 mots à un serment. On a formulé beaucoup d'appels à l'action, et bon nombre d'entre eux sont complexes. S'il a fallu six ans au gouvernement libéral pour ajouter 23 mots à un serment et, bien franchement, pour faire adopter une mesure législative relativement simple à la Chambre, je m'interroge vraiment sur l'engagement du gouvernement à aller de l'avant comme le l'a déclaré et l'a promis à la Chambre.
Mon temps de parole est malheureusement écoulé, mais je pourrais donner de nombreux exemples de la façon dont les libéraux nous ont déçus au fil des ans.
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Madame la Présidente, je veux d'abord affirmer que c'est pour moi un honneur de prendre la parole au sujet du projet de loi , Loi modifiant la Loi sur la citoyenneté.
Le serment de citoyenneté prononcé par tous les nouveaux citoyens de notre beau pays est assez court, concis et simple, mais il constitue en même temps la promesse solennelle de respecter fidèlement les lois canadiennes. C'est une affirmation de patriotisme et de loyauté.
Dans notre étude du projet de loi aujourd'hui, il est assez facile d'appuyer l'esprit de ce dernier. Comme l'a mentionné ma collègue de Kildonan—St. Paul aujourd'hui, notre parti est heureux d'appuyer le projet de loi à l'étape de la deuxième lecture. Il répond à l'un des 94 appels à l'action de la Commission de vérité et réconciliation mise sur pied par le premier ministre Harper. D'ailleurs, c'est grâce au leadership du premier ministre Harper dans ce dossier que nous avons tous l'occasion de discuter du projet de loi C-8 et de son éventuelle entrée en vigueur.
Dans les débats au sujet du bien-fondé du projet de loi, il serait facile de s'écarter du sujet et de s'attarder sur certains des détails les plus subtils. Par exemple, le libellé proposé diffère légèrement de ce que la Commission de vérité et réconciliation avait proposé. On pourrait soutenir que la modification du serment crée une certaine redondance, puisque les nouveaux citoyens ont déjà l'obligation de jurer ou d'affirmer qu'ils respecteront l'ensemble des lois du Canada, ce qui inclut les droits autochtones consacrés par la Constitution canadienne.
De plus, on ne devient pas citoyen canadien du jour au lendemain. La cérémonie de déclaration de serment est l'aboutissement d'années de résidence obligatoire, de l'apprentissage de l'une des langues officielles, ou des deux, et de l'étude des documents et des données contenus dans le manuel Découvrir le Canada. Le manuel donne un aperçu détaillé de l'histoire des peuples autochtones, qui est un volet primordial de l'apprentissage avant de faire le test de citoyenneté. Cependant, au lieu de mettre l'accent sur ces détails, je prendrai quelques minutes pour aborder certains enjeux plus pressants dans la période de grandes difficultés que nous traversons présentement.
Le gouvernement a affirmé à de nombreuses reprises au cours des dernières semaines, qu'il n'a pas de temps à perdre avec des peccadilles comme l'éthique, l'examen de la réponse à la première vague de COVID-19 et des leçons retenues, ou même le dépôt d'un budget, parce que sa seule priorité est d'aider les gens à traverser la pandémie. Les actions qu'il a entreprises au cours des dernières semaines en présentant des projets de loi qui n'ont aucun lien avec la pandémie démontrent réellement quelles sont ses priorités.
Nous sommes en présence d'un qui manifeste son indignation comme si son parti était le seul à se soucier des Autochtones au Canada. Cela m'amène à parler brièvement de l'exaspération causée par le moment choisi pour étudier ce projet de loi. Alors que les dirigeants autochtones veulent qu'on agisse, on nous demande de débattre, à la Chambre ou à distance, d'un projet de loi qui, à court terme, ne réglera aucun des problèmes auxquels les Autochtones du pays doivent faire face. Si moi, je trouve cela décourageant, quel message cela envoie-t-il aux Autochtones et à leurs dirigeants?
Depuis mon élection, il y a un an, j'ai eu le privilège de travailler en étroite collaboration avec le chef Ron Mitsuing, de la nation de Makwa Sahgaiehcan. Je ne sais pas si les députés s'en souviennent, mais c'est sa communauté qui a déclaré l'état d'urgence, à la fin de l'automne dernier, parce que le problème du suicide était devenu critique. Son leadership et sa préoccupation sincère pour les gens de sa communauté lui ont permis d'aider ceux-ci à traverser nombre de situations très difficiles qui sont survenues depuis ce temps. Son leadership et sa façon de s'occuper des gens de sa communauté sont une source d'inspiration pour tous ceux qui ont pu témoigner de son parcours.
Tout récemment, j'ai eu le plaisir de rencontrer le chef à nouveau. Il était accompagné de l'aîné Morningchild. Ils sont venus à mon bureau il y a environ un mois. Entre le moment où il a déclaré l'état d'urgence il y a un an et le début de la pandémie en mars, le chef Mitsuing m'a informé qu'il y avait environ 40 jeunes sur sa liste de surveillance des suicides. En raison de l'avènement de la COVID-19 et des conséquences de la pandémie sur cette communauté, sa liste compte maintenant 100 jeunes. Nous parlons ici d'une communauté d'environ 1 000 habitants. Mettons-nous à la place du chef Mitsuing, qui doit écouter les politiciens à Ottawa débattre du langage d'un serment et ensuite les voir plier bagage, ou fermer Zoom, et terminer leur journée de travail avec le sentiment d'avoir accompli quelque chose d'important pour les peuples autochtones. Imaginons sa frustration, ou la frustration des membres de la Première Nation de Neskantaga qui ont dû évacuer leur communauté en pleine pandémie en raison d'un avis de faire bouillir l'eau en vigueur depuis 25 ans. En cette période où les autorités fédérales de la santé demandent aux gens de limiter leurs contacts avec les autres, cette communauté a été contrainte de monter à bord d'avions afin d'aller vivre dans un hôtel à des kilomètres de la maison.
Il suffit de visionner la vidéo réalisée par le chef autochtone Chris Moonias, dans laquelle des enfants de Neskantaga posent des questions telles que « Quand aurons-nous accès à de l'eau potable? », « Allons-nous recevoir de l'aide? », ou encore « Quand pourrons-nous rentrer à la maison? » C'est déchirant. C'est dévastateur. C'est honteux.
En 2016, le comité a écouté le témoignage de la ministre des Affaires autochtones et du Nord, qui avait promis à ces personnes que les problèmes seraient résolus d'ici 2018. Aujourd'hui, ces mêmes enfants autochtones sont logés dans un hôtel loin de leur communauté, obligés de subir une situation ironique: le gouvernement libéral de cette ministre présente un projet de loi qui demande aux nouveaux Canadiens de faire une promesse. Le gouvernement actuel ne peut même pas tenir ses propres promesses. Sa devise devrait être « Faites ce que je dis et non ce que je fais. » J'imagine très bien la frustration qu'ils doivent ressentir.
Parlant d'eau, il y a une petite localité dans ma circonscription qui fournit de l'eau potable et d'autres services à une communauté d'une Première Nation voisine. À cause d'un problème de compétence qui n'a pas encore été réglé en ce qui concerne le paiement, cette petite localité attend toujours d'être payée et assume la dette du gouvernement fédéral depuis des années. Je regrette, mais une petite municipalité ne devrait jamais se retrouver dans une position où elle doit décider si elle sera obligée de cesser de fournir de l'eau à ses voisins pour attirer l'attention sur le fait qu'on lui doit un important montant d'argent qui, bien franchement, devrait être utilisé pour fournir à ses résidants des services dont ils ont bien besoin pendant cette période difficile.
Il y a sept mois, j'ai soulevé cette question directement auprès du , son chef de cabinet et le représentant du ministère chargé de l'Ouest. La semaine dernière, la rencontre qui avait été promise entre le ministère, la Première Nation et la localité n'avait pas encore eu lieu et une date n'avait même pas encore été fixée. Alors que les communautés voisines ont besoin de travailler ensemble, le fait que le gouvernement ne puisse agir dans un délai raisonnable entraîne la division et cause du tort à ces communautés. Je peux m'imaginer leur frustration.
Les dirigeants des communautés métisses et des Premières Nations de ma circonscription ont géré de manière remarquable la première vague de la COVID au printemps. Ils ont pris les mesures qui s'imposaient pour assurer la sécurité de leurs membres. En travaillant sans relâche sur le terrain, ils ont réussi à éviter une crise sanitaire dans bon nombre de ces communautés. Maintenant, alors que le nombre de cas augmente encore, ils s'inquiètent de plus en plus de ce qui les attend en tant que dirigeants. Disposent-ils d'un nombre suffisant de pièces d'équipement de protection individuelle pour leurs communautés? Comment arriveront-ils à obtenir les tests de dépistage rapide dont ils ont grandement besoin? Comment administreront-ils les points de contrôle en hiver? Qui assurera la santé et la sécurité des aînés et des personnes vulnérables dans leurs communautés? Lorsqu'un vaccin sera approuvé, comment y auront-ils accès et comment le distribueront-ils parmi leurs membres?
Les dirigeants de ces communautés ont besoin que le gouvernement leur accorde en priorité les services d'aide essentiels dont ils ont absolument besoin pour protéger leur population. Ils sont exténués. Ils sont inquiets. Ils méritent plus qu'un simple geste symbolique en ces temps difficiles. Il nous aurait fallu chercher longtemps un dirigeant dans ces communautés pour qui la modification du libellé du serment de citoyenneté devrait constituer la principale priorité du gouvernement à l'heure actuelle. Les belles paroles ne suffisent plus. Il est temps de prendre des mesures concrètes.
Pour commencer, le gouvernement doit assumer ses responsabilités, c'est-à-dire la responsabilité de ne pas avoir fermé rapidement les frontières canadiennes, la responsabilité d'avoir diffusé des informations contradictoires à l'intention des Canadiens concernant les masques, la responsabilité d'avoir ignoré le besoin de tests rapides dans l'ensemble du Canada, la responsabilité d'avoir établi des programmes d'aide mal conçus qui excluent les entreprises autochtones et de nombreuses autres et la responsabilité de ne pas avoir tenu sa promesse de mettre fin aux sempiternels avis de faire bouillir l'eau avant le printemps.
Le gouvernement doit agir. Il doit agir pour mettre fin aux avis de faire bouillir l'eau et il doit le faire avec la ferveur dont il a fait preuve lorsqu'il a créé et adopté la PCU et, si j'ose dire, lorsqu'il a dissimulé sa corruption dans le scandale de l'organisme UNIS. Le gouvernement doit soutenir les Premières Nations aux prises avec des taux de suicide élevés chez les jeunes. Il doit agir pour résoudre les problèmes décrits dans le rapport sur les femmes et les filles autochtones disparues et assassinées. Il doit agir pour faire preuve d'un vrai leadership au lieu de gérer des crises comme il l'a fait dans le conflit impliquant les Micmacs et concernant la pêche au homard ou dans le différend concernant la revendication territoriale à Calédonia.
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Madame la Présidente, je partagerai mon temps de parole avec mon ami le député de .
Je suis reconnaissant de pouvoir exprimer mon appui au projet de loi du gouvernement sur la révision du serment de citoyenneté et de l'affirmation solennelle. Je tiens à préciser que je m'adresse à la Chambre depuis Surrey, en Colombie-Britannique, et que je suis sur le territoire ancestral des Premières Nations de Semiahmoo, de Katzie, de Kwikwetlem, de Kwantlen, de Qayqayt et de Tsawwassen.
Ce projet de loi s'inscrit dans les efforts du gouvernement pour avancer, ensemble, sur le chemin de la réconciliation. Il donne suite à l'appel à l'action no 94 du rapport final de la Commission de vérité et réconciliation. Nous savons que les nouveaux arrivants au Canada ont très hâte de pouvoir s'acquitter de la responsabilité de la citoyenneté. À cet effet, l'adoption du projet de loi contribuerait à ce que les nouveaux arrivants s'engagent à respecter les droits et les traités des peuples autochtones. Ils reconnaîtraient l'apport fondamental des Premières Nations, des Inuits et des Métis au sein du Canada.
En résumé, ce projet de loi réitérerait aux nouveaux Canadiens le passé commun avec les Autochtones et le rôle de premier plan que ces derniers ont joué, et qu'ils continueront de jouer, au Canada. C'est particulièrement important pour continuer de remédier à des problèmes comme le racisme systémique, qui, malheureusement, existe encore aujourd'hui.
Le rapport final de la Commission de vérité et réconciliation compte 94 appels à l'action. Le 94e de ces appels demande au gouvernement de modifier le serment de citoyenneté afin qu'il y soit fait mention des traités conclus avec les peuples autochtones.
Je tiens à souligner l'étendue et la profondeur des consultations menées par mon collègue avant de présenter la mesure législative que voici. Avant de proposer le moindre changement, le gouvernement a tenu à avoir l'avis des organismes autochtones nationaux quant à ce que devrait être le libellé du serment de citoyenneté.
Le ministère de l'Immigration, des Réfugiés et de la Citoyenneté a notamment consulté l'Assemblée des Premières Nations, l'Inuit Tapiriit Kanatami, le Conseil national des Métis et les membres de la Coalition pour les ententes sur les revendications territoriales, qui représente les organismes autochtones signataires des traités modernes et les gouvernements autochtones du pays.
Si le but visé faisait l'unanimité, les consultations ont fait ressortir que les mots choisis devaient être plus précis et plus inclusifs. Nous avons par exemple constaté que certains n'aiment pas l'adjectif « autochtone » pour se décrire.
Je comprends cet argument parce qu'il correspond à ce que j'entends depuis des années. Beaucoup de gens s'identifient à leur ville, à leur patrie ou à leur territoire d'origine, et chacun ou presque a sa propre façon de se désigner. Tout comme les relations entre la Couronne et les Autochtones, le serment de citoyenneté doit être formulé de manière à respecter les préférences de chacun et, dans un sens plus large, les expériences et les histoires de tous.
On nous a également fait comprendre l'importance profonde que revêt l'appel visant à faire inclure les traités dans le serment de citoyenneté. Les traités sont des éléments essentiels de la création et de l'avenir du Canada, mais, grâce aux consultations, il est apparu clairement qu'il fallait étoffer la référence aux traités. On nous a rappelé que l'expression « traités avec les peuples autochtones » n'était pas pertinente pour tous les peuples autochtones et n'incluait pas toutes les expériences autochtones. Par exemple, en général, les Inuits ne font pas partie des traités antérieurs à 1975 et leurs ententes avec la Couronne ne sont pas toujours considérées comme des traités.
À la suite de ces consultations, et étant donné nos ententes préexistantes et notre engagement à établir des relations respectueuses, le nouveau serment se lira comme suit: « Je jure fidélité et sincère allégeance à Sa Majesté la Reine Elizabeth Deux, Reine du Canada, à ses héritiers et successeurs et je jure d’observer fidèlement les lois du Canada, y compris la Constitution, qui reconnaît et confirme les droits — ancestraux ou issus de traités — des Premières Nations, des Inuits et des Métis, et de remplir loyalement mes obligations de citoyen canadien. »
J'appuie fièrement le projet de loi visant à modifier le serment de citoyenneté. Ce serment, c'est plus que des mots. Il sert à déclarer publiquement que l'on se joint à la famille canadienne et que l'on s'engage à promouvoir les valeurs et les traditions canadiennes comme l'égalité, la diversité et le respect, qui sont toutes d'une importance capitale aujourd'hui, demain et à jamais.
Les modifications apportées au serment constituent également une étape importante pour faire progresser la réconciliation entre les peuples autochtones et non autochtones au Canada, renforcer les relations entre la Couronne et les Autochtones et donner suite aux appels à l'action de la Commission de vérité et réconciliation.
Au cours des cinq dernières années, des progrès substantiels ont été réalisés pour établir une approche pangouvernementale. Il s'agit d'un engagement collectif faisant intervenir 13 grands ministères et organismes fédéraux et le soutien de 25 autres ministères et organismes fédéraux, et visant à mettre en œuvre ou à faire progresser 76 appels à l'action qui relèvent entièrement ou partiellement de la responsabilité fédérale. À ce jour, près de 80 % des appels à l'action qui relèvent de la responsabilité fédérale ou dont la responsabilité est partagée ont été réalisés ou sont en bonne voie de l'être. Je tiens à souligner que la mise en œuvre de ces appels à l'action nécessite des efforts à long terme, constants et soutenus, que nous nous engageons à déployer.
Le projet de loi dont il est question aujourd'hui constitue une nouvelle étape vers la mise en œuvre complète de l'appel à l'action no 94, et je suis heureux de m'exprimer en sa faveur.
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Madame la Présidente, je tiens à souligner que je prends la parole sur les terres ancestrales des Dénés, des Métis et des Inuvialuits des Territoires du Nord-Ouest.
Je suis de descendance métisse. Je suis membre des Premières Nations du Dehcho. On nous appelle le peuple du « grand fleuve ». Je pense être le seul député en exercice à avoir participé au programme des pensionnats autochtones ou à ce qui portait le nom de programme d'hébergement.
Je suis reconnaissant d'avoir la possibilité de prendre la parole pour appuyer le projet de loi du gouvernement qui modifierait le serment de citoyenneté. Il s'inscrit dans l'important travail du gouvernement pour avancer sur la voie commune de la réconciliation et pour mettre en œuvre les appels à l'action de la Commission de vérité et réconciliation.
Je vais parler d'un certain nombre de mesures législatives importantes qui répondent à des appels à l'action et qui font avancer la réconciliation.
Le projet de loi , Loi concernant les langues autochtones, a reçu la sanction royale en juin 2019. Cette loi appuie les initiatives du gouvernement du Canada pour soutenir les peuples autochtones dans leurs efforts visant à se réapproprier les langues autochtones et à les revitaliser, les maintenir et les renforcer. Cette loi a été élaborée pour donner suite aux appels à l'action nos 13, 14 et 15, à des éléments de la Déclaration des Nations unies sur les droits des peuples autochtones et à l'engagement du gouvernement du Canada envers le renouvellement de la relation avec les peuples autochtones en se fondant sur la reconnaissance des droits, le respect, la coopération et le partenariat.
Le même mois, en juin 2019, le projet de loi , Loi concernant les enfants, les jeunes et les familles des Premières Nations, des Inuits et des Métis, a reçu la sanction royale. Il est entré en vigueur le 1er janvier 2020. Ce projet de loi a fait l'objet d'un processus d'élaboration conjointe dans le cadre des efforts du gouvernement du Canada visant à réformer les services à l'enfance et à la famille pour les Autochtones, qui comprenaient notamment la mise en œuvre de l'appel à l'action no 4. Le projet de loi affirme les droits des Premières Nations, des Inuits et des Métis d'exercer leur compétence en matière de services à l'enfance et à la famille, et énonce des principes applicables, à l'échelle nationale, à la fourniture de tels services aux enfants autochtones, notamment l'intérêt de l'enfant, la continuité et l'égalité réelle. C'est à l'aune de ces principes que l'on doit interpréter et administrer la prestation des services à l'enfance et à la famille pour les Autochtones.
Ce projet de loi est le résultat de vastes consultations menées auprès des Premières Nations, des Inuits et des Métis, des nations signataires de traités, des Premières Nations autonomes, des gouvernements provinciaux et territoriaux et de personnes ayant une expérience vécue, notamment les aînés, les jeunes et les femmes. Cette mesure législative réaffirme l'engagement du gouvernement de faire progresser l'autodétermination et d'éliminer les inégalités qui existent entre les enfants et les jeunes autochtones et non autochtones.
Elle prévoit des mécanismes flexibles pour que les corps dirigeants autochtones puissent exercer leur compétence sur les services à l'enfance et à la famille, au rythme de leur choix. Grâce au cadre législatif du projet de loi, les corps dirigeants autochtones peuvent adopter leurs propres lois et modèles de prestation de services et choisir leurs propres solutions pour leurs enfants et leurs familles. Cela permet de s'assurer que les enfants autochtones reçoivent les soins appropriés dans le respect de leurs communautés, de leurs cultures et de leurs langues. En outre, depuis le 1er janvier 2020, tous les fournisseurs de services à l'enfance et à la famille chez les Autochtones, y compris les provinces et les territoires, devront respecter les normes minimales prévues dans la loi.
Le projet de loi , qui vise à modifier la Loi sur les lettres de change, la Loi d'interprétation et le Code canadien du travail relativement à la Journée nationale de la vérité et de la réconciliation, a été présenté par le le 29 septembre 2020. S'il est adopté, le projet de loi contribuera grandement à donner suite à l’appel à l’action no 80 en instituant la Journée nationale de la vérité et de la réconciliation, qui aura lieu le 30 septembre, comme jour férié pour les travailleurs sous réglementation fédérale. Cette journée nationale rendrait hommage aux survivants, à leur famille et à leurs communautés. Elle rappellerait également à la population l'histoire tragique et douloureuse des pensionnats autochtones, ainsi que leurs séquelles, ce qui demeure un aspect essentiel du processus de réconciliation.
Le gouvernement du Canada continue de collaborer étroitement avec ses partenaires pour donner suite aux appels à l'action n'ayant pas encore été mis en œuvre.
En juin 2019, le gouvernement a reçu le rapport final de l'Enquête nationale sur les femmes et les filles autochtones disparues et assassinées, qui s'intitule « Réclamer notre pouvoir et notre place ». Cette enquête répondait à l'appel à l'action no 41, qui demandait la tenue d'une enquête publique sur la victimisation disproportionnée des femmes et des filles autochtones.
En outre, le gouvernement du Canada s'est engagé à assurer l'égalité des sexes et la réconciliation avec les peuples autochtones et il a retiré toutes les inégalités fondées sur le sexe qui subsistaient dans les dispositions de la Loi sur les Indiens relatives à l'inscription, des inégalités qui remontent à la création de la loi, il y a 150 ans. Nous avions promis de supprimer toute discrimination fondée sur le sexe dans le processus d'inscription de la Loi sur les Indiens et nous avons tenu cette promesse.
L'entrée en vigueur du projet de loi répond également aux appels à la justice de l'Enquête nationale sur les femmes et les filles disparues et assassinées et vise à permettre aux femmes et à leurs descendants d'obtenir justice, eux qui se battent depuis des décennies pour que ces modifications soient apportées. Nous allons continuer de collaborer avec nos partenaires et les autres ordres de gouvernement afin de donner suite aux conclusions de l'enquête nationale et à cette tragédie nationale.
En terminant, je rappelle que le gouvernement est déterminé à s'attaquer au racisme historique du colonialisme et aux injustices du passé autant qu'il l'est à endiguer le racisme d'aujourd'hui. Comme les Canadiens ne l'ont que trop clairement constaté en cette période difficile, le racisme, tant systémique que social, demeure trop répandu dans le pays. Cela ne doit pas et ne peut pas être toléré et ce constat fait également partie du processus de guérison, tout comme le projet de loi à l'étude.
Le projet de loi représente un pas de plus sur le chemin commun de la guérison et de la réconciliation. Il répond aux préoccupations exprimées dans le rapport final de la Commission de vérité et réconciliation. Il nous amène vers un Canada plus inclusif. De plus, la modification du serment de citoyenneté favorisera une meilleure sensibilisation et répondra à l'appel à l'action no 94.
Je suis heureux d'appuyer pleinement le projet de loi à l'étude.
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Madame la Présidente, en tant que député de Kenora, c'est pour moi un honneur d'intervenir aujourd'hui dans ce débat au sujet du projet de loi , Loi modifiant la Loi sur la citoyenneté conformément à l'appel à l'action n
o 94 de la Commission de vérité et réconciliation du Canada.
Je tiens à préciser que je suis très heureux de partager mon temps de parole avec le formidable député de . Je remercie en outre Élections Canada d'avoir donné un nom tellement plus simple à ma circonscription que celui assigné à la circonscription de mon collègue.
Le projet de loi à l'étude aujourd'hui ajoute un élément au serment de citoyenneté du Canada, dans lequel les nouveaux Canadiens mentionneront explicitement les droits ancestraux et issus de traités. Je dois dire que je serai très heureux de voir ce projet de loi adopté. J'ai eu maintes conversations à ce sujet avec mes concitoyens. J'ai parlé à des chefs, à des dirigeants communautaires et à des résidants des Premières Nations de ma circonscription pour savoir ce qu'ils en pensent. Plus précisément, j'ai posé beaucoup de questions sur ce à quoi devrait ressembler une réconciliation véritable et significative et j'ai écouté attentivement les réponses obtenues.
La circonscription de Kenora compte de nombreux peuples autochtones. Il y a 42 Premières Nations dans ma circonscription. Beaucoup de Métis et d'Autochtones vivent dans les neuf municipalités de ma circonscription ou dans ses secteurs ruraux non constitués en municipalités. Ma circonscription englobe également trois territoires distincts faisant l'objet de traités; la réconciliation y est donc certainement une priorité pour beaucoup de ses habitants, mais j'entends toujours la même rengaine. Les gens ne veulent pas de platitudes et de gestes futiles, ils veulent des mesures concrètes. Il y a évidemment beaucoup d'opinions différentes sur ce qui constitue une mesure concrète, mais je pense qu'il est important de noter que tous les députés savent et devraient reconnaître que tous les partis et tous les gouvernements ont pris des mesures très positives pour combler les écarts qui existent entre les Autochtones et les non-Autochtones. De même, chaque parti a commis quelques faux pas et, franchement, a connu quelques échecs dans ce dossier.
Le dernier gouvernement conservateur avait présenté des excuses officielles au sujet des pensionnats autochtones et avait mis sur pied la Commission de vérité et réconciliation. Toutes ces années plus tard, je pense que le moment est venu pour nous de travailler ensemble pour donner suite à l'objectif de cette commission. Il arrive trop souvent que les politiciens emploient le mot réconciliation presque comme un slogan à des fins politiques. On laisse de côté de nombreuses questions importantes et on se contente de discours creux et de gestes qui ne veulent rien dire et n'ont aucune répercussion concrète sur le quotidien des peuples autochtones. Je le souligne parce que nous devons absolument veiller à ne pas oublier l'objectif de ce projet de loi, qui est tout à fait positif à mon avis, et à continuer de prendre des mesures qui changent concrètement les choses pour les Autochtones qui vivent dans le Nord et ailleurs au Canada.
Comme je l'ai indiqué, je me suis entretenu avec de nombreux chefs de ma circonscription à propos de ce projet de loi. Ils appuient cette mesure législative et le fait que le gouvernement respecte cette recommandation de la Commission de vérité et réconciliation. Ils m'ont cependant également indiqué que, si nous nous contentons de modifier le serment de citoyenneté sans adopter de mesures pour améliorer le bien-être socioéconomique des peuples autochtones, cela ne donnera rien et ne voudra pas dire grand-chose. C'est pourquoi nous devons favoriser la croissance économique dans les communautés du Nord, des options équitables en matière de soins de santé et l'amélioration des infrastructures et de l'éducation. Il va sans dire que nous devons aussi voir à ce que tout le monde au Canada ait accès à de l'eau potable.
En ce moment, dans ma circonscription, la communauté de Neskantaga a dû être évacuée après la fermeture complète de son réseau d'alimentation en eau, laissant la population sans eau. La communauté est visée par un avis de faire bouillir l'eau depuis 25 ans. Il y a des gens de la communauté qui ont vécu toute leur vie sans avoir accès à de l'eau potable. C'est inimaginable pour la plupart des Canadiens, mais c'est une réalité pour beaucoup trop de gens dans le Nord et dans tout le Canada, en particulier dans ma circonscription, qui vivent depuis beaucoup trop longtemps avec des avis concernant la qualité de l'eau potable. Je tiens à souligner quelque chose. J'ai eu une conversation avec quelqu'un de ma circonscription au sujet des différences frappantes entre certaines des collectivités que je représente et la vie dans ce magnifique endroit.
D'un simple geste de la main, quelqu'un nous apporte de l'eau, ou nous pouvons aller dans l'antichambre derrière moi pour avoir le choix entre de l'eau ordinaire ou de l'eau pétillante, avec de la lime ou du citron, ou même la préparer à notre goût, mais il y a des gens dans la circonscription que je représente qui n'ont jamais eu accès à de l'eau potable. C'est important que nous prenions tous le temps de reconnaître ce fait et de réfléchir aux deux visages du Canada, si je peux me permettre cette expression.
C'est pourquoi j'ai été excessivement déçu quand le gouvernement est revenu sur sa promesse de mettre un terme à la suite ininterrompue d'avis de faire bouillir l'eau sur les réserves d'ici l'année prochaine. Selon de récents reportages de la CBC, le gouvernement risque de dépasser cette échéance de plusieurs années. C'est inacceptable que des habitants de notre pays n'aient pas accès à de l'eau potable et c'est inacceptable que le gouvernement remette encore cela à plus tard.
Dans beaucoup de communautés du Nord, un peu partout dans ma circonscription, dans les territoires et au Canada, les infrastructures sont insuffisantes en général, qu'il s'agisse du logement, de l'amélioration des routes ou d'Internet. Comme nous l'avons constaté durant le débat d'aujourd'hui, Internet fonctionne mal. Je remarque tous ces problèmes, car ces lacunes énormes existent dans ma circonscription et dans bien d'autres. Dans des collectivités comme Cat Lake, il y a pénurie de logements. Ils sont surpeuplés et, parmi ceux qui sont disponibles, beaucoup ont des défauts de structure, de la moisissure ou d'autres problèmes de longue date.
Beaucoup de communautés n'ont pas accès à Internet. Les habitants n'ont pas la possibilité de suivre leurs cours ou d'accéder à des services gouvernementaux. La pandémie a montré que l'accès à Internet n'est pas un luxe, mais une nécessité. Malheureusement, beaucoup de communautés autochtones ont l'une des pires connexions à Internet au pays ou n'ont pas de connexion du tout. Ce sont là des problèmes importants sur lesquels nous devons aussi travailler.
J'ai déjà mentionné les lacunes en matière de soins de santé. Étant donné que beaucoup de communautés de ma circonscription sont éloignées, et accessibles seulement par avion ou par route d'hiver, le financement est toujours insuffisant — ou n'est jamais mis en priorité — et mal géré par le gouvernement fédéral, les options en matière de services de santé laissent à désirer. Nous devons en faire davantage pour assurer à toutes les personnes qui vivent au Canada un accès équitable aux soins de santé. Bien entendu, cela doit inclure le Nord.
Je crois en l'importance du soutien économique et du rôle que jouent le développement économique et la diversification économique du Nord pour offrir des perspectives intéressantes aux habitants des collectivités autochtones et du Nord. En collaborant pour créer de bons emplois et en veillant à ce que les revenus restent dans le Nord, tout le monde pourra bénéficier du développement responsable. Je l'ai constaté dans ma circonscription, où le Grand conseil du Traité no 3 a signé un accord historique de partage des recettes provenant des ressources avec le gouvernement de l'Ontario. Nous devons favoriser plus de collaborations de ce genre et veiller à ce que la croissance économique fasse partie des discussions sur la réconciliation et sur le processus de réconciliation, car je crois que cela nous aidera à réaliser nos autres aspirations.
Cela étant dit, j'adhère à l'esprit de cette proposition et je suis convaincu qu'elle sera très bénéfique, tant que nous pourrons entreprendre des mesures concrètes visant à régler les nombreuses questions dont j'ai parlé. C'est important que les nouveaux Canadiens comprennent l'importance des droits issus des traités et les droits des Autochtones. Comme l'ont fait valoir de nombreux dirigeants de communauté dans ma circonscription, ce serait peut-être l'occasion de favoriser l'enseignement de l'histoire du Canada — les bons aspects comme les mauvais — pour que chaque Canadien, qu'il soit nouvel arrivant ou issu d'une famille qui habite ici depuis plusieurs générations, puisse comprendre pourquoi la réconciliation et le respect des droits issus des traités ont une importance vitale.
J'insiste sur l'importance de ce point. On ne peut pas se permettre qu'il se perde dans la discussion. Je presse donc mes collègues, surtout ceux des banquettes ministérielles, de collaborer avec l'opposition officielle et l'ensemble des partis afin que la politique ne nous empêche pas de poser des gestes concrets et significatifs qui auront une incidence réelle sur la vie des peuples autochtones du Canada.
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Madame la Présidente, je pense chaque jour à la chance que j'ai d'être Canadien. C'est tout simplement le meilleur pays du monde. Le Canada est un symbole d'espoir pour tant de gens. Que ce soit grâce à la beauté naturelle de l'environnement, à la gentillesse des Canadiens, à notre économie de libre marché robuste ou à notre droit de vivre dans une société libre, qui cherche à honorer et à protéger les droits de ses citoyens, nous sommes vraiment parmi les plus fortunés du monde.
Cependant, le Canada n'a pas toujours été aussi juste que nous l'aurions voulu. Certains groupes ont eu à surmonter plus de difficultés que d'autres, notamment les Canadiens autochtones. La façon dont le Canada a traité les Autochtones est une tache sur son histoire et nous ne pouvons pas oublier les injustices du passé. Nous pouvons toutefois en tirer des leçons.
En tant que juif canadien, je pense toujours à l'expression « plus jamais ». La promesse du « plus jamais » est un engagement solennel de ne plus jamais permettre à la haine et à l'injustice de prendre le contrôle de notre société, de ne plus jamais permettre la pratique du génocide et de ne plus jamais rester les bras croisés pendant que des gens malveillants aux motivations sinistres annihilent tous ceux qui semblent leur faire obstacle.
Elie Wiesel, un intellectuel qui a survécu à l'Holocauste, a déclaré ceci:
Je me suis engagé à ne jamais rester silencieux.
Nous devons toujours choisir un camp. La neutralité aide l'oppresseur, jamais la victime. Le silence encourage le persécuteur, jamais le persécuté.
Les 338 députés de la Chambre ont tous été élus pour représenter les 38 millions de Canadiens. Ces 38 millions de Canadiens s'attendent à ce que nous fassions les choses correctement. Nous n'avons pas d'autre choix.
Le processus de réconciliation est vital et essentiel pour l'avenir de la société canadienne. En tant que Canadiens, nous devons avoir les conversations difficiles nécessaires pour que les Canadiens autochtones puissent vivre dans une société plus équitable pour tous.
Comme l'a dit le sénateur Murray Sinclair:
Le chemin que nous parcourons est tout aussi important que notre destination […] Lorsqu'on cherche la vérité et la réconciliation, il faut passer par toutes les étapes.
Il est difficile de croire à quel point les défis que les communautés autochtones ont encore à relever sont énormes. Comment est-il possible que nous vivons dans un pays où des avis de faire bouillir l'eau sont encore en vigueur? Nous sommes en 2020, et nous observons des développements technologiques sans précédent. Certains téléphones cellulaires possèdent une puissance informatique 100 000 fois plus élevée que celle ayant permis à Neil Armstrong d'atterrir sur la Lune. Pourtant, nous sommes toujours incapables de fournir de l'eau potable à des communautés autochtones.
Avant d'avoir l'honneur de venir représenter ma région à Ottawa, j'ai été un élu au sein du conseil municipal de Winnipeg. Pendant mon passage au conseil municipal, nous avons réalisé d'importants progrès pour permettre à la ville de s'unir et de comprendre ce que la réconciliation signifie concrètement. Le 22 janvier 2015, peu de temps après mon élection, le magazine Maclean's a publié un article dans lequel on qualifiait ma ville de l'endroit où le racisme était à son comble.
Nous aurions pu protester contre cette affirmation de Maclean's, mais nous avons plutôt choisi de répondre à notre propre appel à l'action et de faire de notre mieux pour « passer par toutes les étapes », comme l'a dit le sénateur Sinclair. Nous avons donc pris des mesures immédiates et proactives afin que la réconciliation ne soit pas qu'un mot écrit sur du papier.
Je me souviens très clairement de cette journée-là. Je me rendais en voiture à l'hôtel de ville lorsque l'article a été publié. Le maire Brian Bowman a convoqué une réunion d'urgence avec des intervenants de la collectivité, autant des communautés autochtones que non autochtones. Je me souviens d'avoir participé à une cérémonie traditionnelle de purification ce matin-là dans le bureau du maire, où nous nous étions réunis en compagnie des leaders autochtones pour exprimer notre désir de faire mieux.
En tant que Winnipegois, nous avons réussi à faire mieux. Voici ce que nous avions fait. En 2015, l'année même où l'article en question a paru, nous avons organisé, au Musée canadien des droits de la personne, un sommet national du maire sur l'inclusion raciale. Dans le cadre de ce sommet, de nombreux leaders et membres de la collectivité ont réfléchi ensemble aux façons de combattre le racisme sous toutes ses formes au moyen de la compassion.
L'année suivante, le maire a déclaré que 2016 serait l'année de la réconciliation. Nous avons également mis en place un programme obligatoire de sensibilisation aux réalités autochtones pour tous les employés et conseillers, en réponse à l'appel à l'action no 57 de la Commission de vérité et réconciliation. J'ai moi-même assisté à ces séances de formation.
De plus, la même année, nous avons investi 10 millions de dollars dans la construction de la route Freedom, une route toute-saison qui se trouve non pas à Winnipeg, mais sur le territoire de la Première Nation de Shoal Lake no 40, à la frontière entre l'Ontario et le Manitoba. La construction s'est achevée il y a à peine un an.
Cette communauté approvisionne Winnipeg en eau potable depuis plus de cent ans; pourtant, elle fait l'objet d'avis de faire bouillir de l'eau depuis des dizaines d'années. Je suis fier d'avoir joué, à titre de président du comité des finances de la ville, un petit rôle dans la réparation de cette tragique ironie et de cette injustice historique. Nous sommes passés à l'action, la route Freedom est ouverte, et les travaux de construction de la nouvelle usine de traitement de l'eau sont déjà bien avancés.
En 2017, nous avons en outre adopté à l'unanimité la toute première entente relative aux Autochtones de Winnipeg. Je suis très fier de faire partie de ses premiers signataires. L'entente a marqué le début de nouvelles conversations au sujet de l'avenir ainsi que l'engagement de rendre notre communauté plus inclusive. De plus, elle a établi le cadre nécessaire pour permettre aux citoyens autochtones et non autochtones de tout Winnipeg de continuer d'avancer sur la voie de la réconciliation. Mes collègues du conseil et moi avons fait un travail d'introspection et nous avons réfléchi à ce que nous pourrions faire pour créer une ville meilleure. Nous avons choisi l'unité au lieu de la division, et nous nous sommes efforcés de réparer les injustices passées. Nous avons favorisé un dialogue public positif sur la réconciliation avec les groupes autochtones dans l'ensemble de nos collectivités, et nous leur avons demandé comment nous pourrions faire mieux. Je suis persuadé que mes collègues de la région et de partout au Canada partagent ces mêmes objectifs.
Si nous avons pu réaliser toutes ces choses à Winnipeg, nous pouvons en faire encore plus ici, à la Chambre. Le Canada est un pays d'immigrants qui vivent côte à côte avec les Premières Nations, les Inuits et les Métis sur les terres ancestrales de ceux-ci. En fait, comme beaucoup l'ont souligné aujourd'hui, nous sommes réunis en ce moment même sur le territoire traditionnel non cédé du peuple algonquin.
Le Canada est l'un des seuls pays au monde à avoir inscrit les droits des Autochtones et les droits issus de traités dans sa Constitution. Je suis fermement convaincu qu'il est important de renseigner les Canadiens sur ces droits dans le cadre du processus de réconciliation. Je suis ravi de me joindre à mes collègues conservateurs pour appuyer ce projet de loi, et pour soutenir les droits issus de traités et le processus de réconciliation avec les peuples autochtones du Canada. En fait, l'énoncé de politique de mon parti est très clair sur ce point: le gouvernement fédéral a l'obligation fondamentale d'améliorer les conditions de vie des Canadiens autochtones — y compris les Inuits —, sur le plan des possibilités économiques, de la santé, de l'éducation et de la sécurité des collectivités.
Je me suis entretenu avec un nombre incalculable de nouveaux Canadiens qui sont devenus des citoyens de notre grand pays. Lorsqu'ils prononcent enfin leur serment d'allégeance envers le Canada, ils ont parcouru un chemin difficile qui peut s'étendre sur de nombreuses années. Ce serment ouvre en quelque sorte la voie à de nouvelles possibilités et à un nouveau départ à des personnes qui, souvent, ont fui la guerre, des actes de génocide, des violations des droits de la personne ou, encore, des personnes qui veulent tout simplement offrir une vie meilleure à leur famille. Selon le projet de loi proposé, les nouveaux Canadiens doivent jurer qu'ils vont observer les lois du Canada, y compris respecter les droits des Autochtones. Les nouveaux Canadiens doivent se familiariser avec les droits prévus par la Constitution et comprendre l'histoire de la relation du Canada avec les peuples autochtones et la nécessité de la réconciliation.
Les changements que ce projet de loi propose d'apporter au serment de citoyenneté, à savoir l'ajout de la reconnaissance des droits des Canadiens autochtones prévus par la Constitution, vont apprendre quelque chose d'important aux personnes qui veulent s'établir au Canada. Ils montrent que la réconciliation avec les Canadiens autochtones est l'une de nos grandes priorités et que nous invitons les nouveaux Canadiens à participer à cette démarche.
Il y a encore dans notre société trop de voix qui alimentent la haine et la discrimination. Nous, les Canadiens, nous devons nous élever au-dessus de cela. Nous ne devons pas écouter ces voix. Nous devons respecter l'important travail réalisé par la Commission de la vérité et réconciliation et, ensemble, voir à ce que la réconciliation fasse partie de notre présent et de notre avenir.
En conclusion, nous avons beaucoup de travail à faire, non seulement en tant que législateurs, mais aussi en tant que Canadiens. Nous devons contribuer à bâtir un avenir meilleur pour tous les Canadiens. Nous devons bâtir une société inclusive où les Canadiens de tous les horizons peuvent se sentir en sécurité et bénéficier des libertés et des droits fondamentaux qui leur sont accordés en tant que citoyens de notre grand pays. Nous devons continuer à avoir ces conversations inconfortables et à nous souvenir des sombres chapitres de notre passé tandis que nous poursuivons notre cheminement sur la voie de la réconciliation.