Que, étant donné (i) que la République populaire de Chine, qui est dirigée par le Parti communiste chinois, menace les intérêts nationaux du Canada et les valeurs de la population canadienne, y compris les Canadiens d’origine chinoise en territoire canadien, (ii) qu'il est essentiel que le Canada se dote d’une politique étrangère rigoureuse et fondée sur des principes appuyée par des actions de concert avec ses alliés, la Chambre demande au gouvernement: a) de prendre une décision au sujet de l'implication de Huawei dans le réseau 5G du Canada dans les 30 jours suivant l’adoption de la présente motion; b) d'élaborer un plan robuste, comme l'a fait l'Australie, pour lutter contre l’ingérence de plus en plus forte de la Chine au Canada et l’intimidation sans cesse croissante des Canadiens vivant au Canada, et de le présenter dans les 30 jours suivant l’adoption de la présente motion.
— Monsieur le Président, je vais partager mon temps de parole avec le député de .
Le gouvernement a réalisé certains accomplissements en matière d'affaires étrangères. Il a conclu un nouvel accord de libre-échange avec les États-Unis dans des circonstances très difficiles. Un nouvel accord de libre-échange avec l'Union européenne a aussi été conclu, et l'Accord de Partenariat transpacifique, largement négocié par le gouvernement précédent, a également été conclu.
[Traduction]
Malgré ces réalisations, la politique étrangère globale du gouvernement nous déçoit. Le gouvernement est arrivé au pouvoir en proclamant au monde entier que le Canada était de retour, mais les faits montrent le contraire.
En juin dernier, le Canada a été défait lors du vote pour l'obtention d'un siège au sein du Conseil de sécurité de l'ONU, recueillant seulement 108 voix, soit six de moins que le Canada en avait obtenues 10 ans auparavant. Cela signifie que six pays de moins qu'il y a 10 ans perçoivent aujourd'hui le Canada comme étant un chef de file mondial. Cela en dit long sur la politique étrangère du gouvernement.
En matière d'aide humanitaire à l'étranger, le gouvernement nous déçoit. À son arrivée au pouvoir, il avait promis de faire du Canada un chef de file pour ce qui est d'aider les plus démunis dans le monde. Le contraire s'est produit. Sous le gouvernement actuel, l'aide publique au développement a diminué de 10 % et correspond à 0,27 % du revenu national brut. En comparaison, pendant la décennie des conservateurs au pouvoir, l'aide publique au développement a correspondu en moyenne à 0,3 % du revenu national brut.
En matière de lutte contre les changements climatiques, le gouvernement nous déçoit. À son arrivée au pouvoir, il avait promis de faire mieux, mais les faits montrent qu'il en est autrement. Sous le gouvernement actuel, les émissions du Canada augmentent. Au cours de sa première année complète au pouvoir, soit 2016, les émissions du Canada s'élevaient à 708 mégatonnes. Au cours de sa dernière année complète au pouvoir pour laquelle nous détenons des données, soit 2018, les émissions du Canada sont passées à 729 mégatonnes.
C'est à propos de la Chine que le gouvernement libéral nous a le plus déçus. La Chine n'assume pas les responsabilités qui sont les siennes dans l'ordre mondial international fondé sur des règles où nous évoluons. Elle fait fi des conditions de son entrée à l'Organisation mondiale du commerce. Elle manipule sa monnaie en utilisant des entreprises d'État pour nuire à l'économie d'autres pays. Elle enfreint le droit international de la propriété et fait subir aux Canadiens Michael Kovrig, Michael Spavor, Gary Schellenberg et Hussein Jalil un traitement qui est également contraire au droit international. Elle ne respecte pas non plus le droit international lorsqu'il s'agit des Hongkongais et des minorités religieuses et ethniques, comme les Tibétains et les Ouïghours. En somme, la Chine menace nos intérêts et nos valeurs.
Dans ce contexte, il est très important que le gouvernement du Canada tienne toujours le même discours clair et cohérent. Ce n'est pas ce qui se passe, malheureusement.
En janvier de l'année dernière, le a déclaré qu'il ne s'ingèrerait pas dans la procédure judiciaire concernant Meng Wanzhou, à Vancouver. La même semaine, l'ancien ambassadeur du Canada en Chine, John McCallum, déclarait que le gouvernement devrait intervenir et échanger Meng Wanzhou contre les Canadiens Michael Kovrig et Michael Spavor.
Les incohérences se sont poursuivies cette année. En juillet, le a déclaré à la Chambre qu'il envisageait d'imposer des sanctions aux dirigeants chinois responsables de ce qui se passe à Hong Kong. Le lendemain, le gouvernement a affirmé à Reuters que cette mesure avait été écartée.
En septembre, le déclarait au Globe and Mail que les efforts visant un accord de libre-échange avec la Chine étaient abandonnés, alors que le même jour, l'ambassadeur du Canada en Chine affirmait devant un auditoire à Edmonton, dont l'ambassadeur de Chine au Canada faisait partie, que le Canada devrait en faire plus en Chine et accroître ses échanges commerciaux.
Ce n'est qu'un exemple parmi tant d'autres.
Le gouvernement reconnaît implicitement lui-même que sa politique envers la Chine ne fonctionne pas. Il l'a reconnu par son récent changement de discours sur la Chine cet automne, et il l'a reconnu en annonçant qu'il envisageait de présenter un nouveau cadre pour la Chine d'ici le 24 décembre. Voilà pourquoi j'ai présenté cette motion aujourd'hui.
Tout nouveau cadre pour la Chine doit inclure deux éléments.
D'abord, il doit inclure une décision sur Huawei. En mai de l'année dernière, le gouvernement a affirmé qu'il prendrait une décision à propos de l'implication de Huawei dans le réseau 5G du Canada avant les élections de 2019. En juillet de la même année, le gouvernement a changé d'idée en disant qu'il prendrait une décision après les élections de 2019.
Les dernières élections remontent maintenant à plus d'un an, et la décision se fait toujours attendre. Le gouvernement réfléchit à cette question depuis des années. Son attentisme et ses tergiversations menacent la sécurité nationale du Canada. À cause des retards du gouvernement dans ce dossier, Telus, une grande entreprise de télécommunications canadienne, a acheté de l'équipement de Huawei pour son réseau. Elle l'a installé dans la région de la capitale nationale, où se trouvent la plupart des bureaux des institutions fédérales du Canada, comme la GRC, le SCRS, le ministère de la Défense nationale et d'autres installations militaires. Pourtant, elle avait conclu une entente avec le gouvernement fédéral, qui excluait l'utilisation d'équipement de Huawei dans la région. On apprend maintenant que le gouvernement fait des pieds et des mains pour que Telus retire son équipement, qui a été installé sur quelque 80 tours et sites dans la région de la capitale nationale. Selon l'article 7 de la loi chinoise sur le renseignement national, Huawei doit offrir son soutien, son aide et sa coopération à la Chine dans ses activités de renseignement.
L'inaction du gouvernement relativement à Huawei révèle autre chose: l'écart abyssal entre ses belles paroles et la réalité. Il dit croire au multilatéralisme, mais il ne saisit pas les occasions qui se présentent. Huawei en est un parfait exemple. Quatre des partenaires en matière de renseignement du Groupe des cinq, l'Australie, la Nouvelle-Zélande, les États-Unis et le Royaume-Uni, ont exclu Huawei de leur réseau ou ont limité sa participation. Le Canada est le seul à rester les bras croisés.
Il est grand temps que le gouvernement prenne une décision concernant Huawei. Aucun cadre relatif à la Chine ne peut être complet sans une telle décision. Tout nouveau cadre relatif à la Chine doit aussi comprendre un plan rigoureux pour contrer les activités subversives que la Chine mène au Canada. Par l'entremise de ses représentants et des activités qu'elle mène sur notre territoire, la Chine menace les intérêts et les valeurs du Canada. Elle intimide des Canadiens, particulièrement des Canadiens d'origine chinoise. Elle espionne les citoyens et les entreprises du Canada, ainsi que le gouvernement fédéral, et elle lance des cyberattaques contre eux. Elle fait de la désinformation. Elle pratique l'accaparement des ressources par les élites en offrant des avantages financiers et des sinécures à des fonctionnaires et à des politiciens à la retraite. Elle soutient financièrement des instituts de recherche qui appuient les positions de Pékin, comme l'Institut Confucius. Elle s'adjoint des médias et des organismes locaux de langue chinoise sur le terrain pour promouvoir les intérêts de Pékin. Elle surveille et mobilise des étudiants chinois qui fréquentent des universités canadiennes pour étouffer les débats sur les campus et menacer d'autres étudiants, comme elle l'a fait à l'Université de Toronto et à l'Université McMaster. Elle s'ingère dans la communauté chinoise en sollicitant un appui politique contre ceux qui ne soutiennent pas Pékin.
Le Service canadien du renseignement de sécurité, la GRC, Amnistie internationale et le Comité spécial sur les relations sino-canadiennes de la Chambre ont documenté d'innombrables exemples d'activités d'influence menées par la Chine au Canada. Tout nouveau cadre relatif à la Chine doit comprendre un plan qui en fait davantage pour protéger les Canadiens contre les activités d'influence de la Chine au Canada, comme l'ont déjà fait nos alliés, notamment l'Australie.
Le gouvernement est arrivé au pouvoir en parlant de conviction responsable. Ce principe a été abandonné pour celui voulant que le Canada soit un pays essentiel. Nous parlons maintenant d'un nouveau cadre pour la Chine. Tout nouveau cadre doit comprendre une décision au sujet de Huawei ainsi qu'un plan robuste pour protéger les citoyens et les intérêts canadiens des activités d'ingérence subversives de la Chine en sol canadien.
Mon dernier point porte sur le délai prévu dans la motion. Cette dernière demande au gouvernement de prendre ces deux décisions dans les 30 jours. Le gouvernement dit depuis des mois qu'il va présenter un nouveau cadre relativement à la Chine d'ici la fin de l'automne, donc d'ici le 21 décembre. Par conséquent, le délai prévu dans cette motion est très raisonnable. C'est pourquoi j'ai présenté cette motion. J'espère que les députés vont l'appuyer.
:
Monsieur le Président, je suis heureux de me lever aujourd'hui pour parler de notre motion.
Je vais commencer par parler de courage. Toute personne en position de leadership doit s'attendre à devoir faire preuve de courage. Cependant, le fait qu'un individu occupe une position de leadership ne garantit pas qu'il soit courageux. L'histoire regorge d'exemples de dirigeants qui ont choisi l'apaisement au lieu de prendre des décisions difficiles. Ici, au Canada, le a choisi l'apaisement avec la Chine au lieu de faire ce qui est le mieux pour le Canada.
Hélas, ce n'est jamais facile d'être courageux. Le courage est requis dans les situations difficiles, et nos relations avec le régime communiste de la Chine sont devenues pour le Canada une situation inacceptable. Cependant, lorsque nous sommes confrontés à une situation où le statu quo est inacceptable, nous devons agir.
Notre motion d'aujourd'hui nous demande à nous tous d'agir avec courage pour protéger la sécurité publique, l'industrie canadienne et la souveraineté du Canada. Les Canadiens savent aussi que la dictature communiste chinoise n'est pas le reflet du peuple chinois. Il faut faire attention à ce qu'on ne confonde pas les citoyens chinois et le régime communiste chinois. De plus, il faut comprendre que le régime communiste chinois n'en a rien à faire de la population. Il y a suffisamment de preuves qui nous démontrent que le régime n'a pas d'intérêt pour ses citoyens. Tout ce qu'il veut, c'est avoir un pouvoir sur l'ensemble de la planète.
Aujourd'hui, notre motion est claire. Selon nous, étant donné que la République populaire de Chine, sous la direction du Parti communiste chinois, menace les intérêts nationaux du Canada et nos valeurs, qui sont importantes, ainsi que les Canadiens d'origine chinoise au sein des frontières du Canada, il est essentiel que le Canada ait une politique étrangère solide et réfléchie, soutenue par l'action de concert avec nos alliés.
Nous demandons que la Chambre presse le gouvernement de prendre une décision sur la participation de Huawei au réseau 5G du Canada dans les 30 jours suivant l'adoption de cette motion. Nous demandons au gouvernement d'élaborer un plan solide, comme l'a fait l'Australie, pour contrer les opérations étrangères croissantes de la Chine ici, au Canada, et son intimidation grandissante de Canadiens vivant au Canada, et de le présenter dans les 30 jours suivant l'adoption de cette motion.
Lorsque les communistes chinois lancent des menaces à peine voilées aux citoyens canadiens vivant à Hong Kong, nous devons faire quelque chose. Lorsque des Canadiens sont détenus sous de fausses accusations, nous ne pouvons pas nous mettre la tête dans le sable et prétendre que tout va bien. Lorsque des Canadiens d'origine chinoise sont intimidés par des agents procommunistes sur le territoire du Canada, il est impossible de fermer les yeux. Lorsque la propriété intellectuelle du Canada, ainsi que celle de nos alliés, valant des milliards de dollars, est volée par ces mêmes communistes, nous devons tout faire pour la protéger.
De toute évidence, il n'y a aucun moyen de leur faire confiance, de travailler avec eux ou de chercher à approfondir nos relations. L'amitié exige la confiance, et nous ne pouvons tout simplement pas leur faire confiance. Certains diront que nous devrions faire attention à la façon dont nous critiquons ces communistes pour ne pas nous faire d'ennemis. Cependant, si ce régime communiste était vraiment l'ami du Canada, ses actions le démontreraient, et ce n'est pas le cas actuellement. De plus, au Parlement, seul le premier ministre a déclaré publiquement son affection pour le modèle communiste chinois.
En tant qu'ancien soldat, on m'a appris à ne pas avoir peur de l'ennemi. Dans notre fonction d'élu, les amis viennent et s'en vont, et nous nous faisons des ennemis aussi. Cependant, la façon dont je ressens le fait d'avoir des ennemis m'a fait penser à un poème du poète anglais Charles Mackay que j'ai entendu récemment. Je vais donc le lire, en français, évidemment:
Vous n'avez pas d'ennemis, dites-vous?
Hélas, mon ami, la vantardise est pauvre.
Celui qui s'engage dans la mêlée
Du devoir que les braves endurent
Doit s'être fait beaucoup d'ennemis. Si vous n'en avez aucun,
Bien mince est le travail que vous avez accompli.
Vous n'avez terrassé aucun traître en le frappant à la hanche,
Vous n'avez brisé aucune coupe souillée par des lèvres parjures,
Vous n'avez jamais changé le mal en bien,
Vous avez été un lâche au combat.
Le premier ministre doit avoir du courage. Il doit interdire Huawei et protéger les Canadiens de l'influence et de l'intimidation du Parti communiste chinois.
La participation de Huawei aux réseaux de télécommunication canadiens n'est pas acceptable. Huawei est une menace à la sécurité nationale du Canada. C'est un fait bien connu qu'en vertu de la loi chinoise, Huawei doit soutenir, aider et coopérer avec les services chinois du renseignement.
Si le ne voit pas le danger, c'est uniquement parce qu'il se cache la tête dans le sable, à moins qu'il ne s'agisse d'une autre raison. Le gouvernement libéral est indécis, mais doit prendre une décision sur l'implication possible de Huawei dans les réseaux 5G du Canada.
Je rappelle au premier ministre que le 1er mai 2019, le de l'époque, Ralph Goodale, avait déclaré que le gouvernement prendrait une décision sur Huawei avant les élections générales de 2019. Or, le 30 juillet 2019, le ministre Goodale a dit qu'il allait annoncer la décision après les élections. Aujourd'hui, cela fait plus d'un an que les élections ont eu lieu, mais le gouvernement n'a toujours rien dit sur le dossier de Huawei. Cela prend du courage pour prendre des décisions et c'est ce qu'on attend d'un gouvernement.
Tout le monde sait que le Canada est actuellement le seul pays membre du Groupe des cinq à ne pas avoir banni Huawei de ses réseaux. Oui, l'Angleterre a fait une analyse et est revenue sur ses pas, mais il est clair que les pays reconnaissent unanimement le danger d'installer la technologie 5G de Huawei chez eux.
Le monde regarde le Canada pour voir si le premier ministre prendra enfin la sécurité du pays au sérieux. Si tout ce qu'on raconte au sujet de Huawei n'était qu'une simple fabulation ou le résultat d'une guerre entre diverses entreprises, si l'on croyait que les conservateurs ne cherchaient qu'à privilégier une entreprise plutôt que Huawei, la discussion serait différente. On parlerait alors de concurrence entre grosses entreprises voulant avoir la chance de faire des milliards de dollars avec les réseaux canadiens. Cependant, la situation est tout autre.
Il y a deux ans, j'ai eu la chance d'aller à Washington rencontrer différents dirigeants du FBI, du Pentagone, et de la CIA. J'ai rencontré également des spécialistes en cybersécurité à San Francisco. Tous affirmaient unanimement qu'il y avait un danger. J'ai demandé s'ils ne faisaient que soutenir la position de leur président et ils m'ont répondu que ce n'était pas le cas: ces gens étaient des fonctionnaires, des gens impliqués directement dans les opérations et, de toute évidence, leur réponse n'était pas politique. Il s'agissait vraiment d'une question de sécurité nationale.
À mon avis, les preuves sont claires et même nos agences canadiennes le savent. Le Service canadien du renseignement de sécurité a déjà émis ses réserves sur Huawei, le chef d'état-major de la défense en a déjà parlé. À un moment donné, je crois qu'il faut en finir.
Notre motion demande au gouvernement de répondre dans les 30 jours. Cependant, tant qu'à prendre 30 jours pour fournir une réponse, pourquoi ne pas y répondre aujourd'hui même? On la connaît, la réponse, et le gouvernement la connaît aussi. Il faut maintenant avoir le courage de la dire et de passer à l'action. Il faut dire à la Chine communiste que le Canada va se tenir debout.
Le Canada est un grand pays par sa superficie, mais un petit pays par sa population, et l'on nous dit souvent de nous calmer, car la Chine pourrait nous effacer d'un simple claquement de doigts. On verra si le peuple canadien et le gouvernement du Canada feront montre de courage face à la Chine communiste en se tenant debout et en prenant les mesures qui s'imposent.
:
Monsieur le Président, je suis heureux de prendre la parole au sujet de la motion présentée par le député de et par notre cher collègue de . Comme je l'ai déjà mentionné à plusieurs reprises à la Chambre, j'ai énormément de respect pour ces deux députés.
Cette année marque le 50e anniversaire des relations diplomatiques entre le Canada et la Chine. Nous avons tous ici l'occasion de réfléchir aux fondations de cette relation et à la façon de l'adapter dans les années à venir.
À la lumière des récents accrocs survenus dans cette relation, nous faisons une évaluation mesurée des 50 dernières années en tenant compte de l'importance du respect mutuel et de la réciprocité, du respect des règles et des principes, notamment en matière de droits de la personne, et de l'obtention de résultats qui appuient les intérêts du Canada. Si les deux pays ont commencé à tisser des liens bien avant l'établissement de relations diplomatiques, nous vivons aujourd'hui une situation difficile.
La détention arbitraire de Michael Kovrig et de Michael Spavor survenue il y a presque deux ans — ce sera vrai dans moins de quatre semaines — inquiète beaucoup les Canadiens. Le recours à la diplomatie coercitive et à des mesures de répression contre la liberté à Hong Kong, la violation des droits de la personne au Xinjiang et au Tibet, sans parler d'autres mesures hostiles visant des Canadiens, sont à l'antipode des valeurs et des intérêts du Canada. Le gouvernement demeure catégorique sur ces questions et s'assure de bien faire comprendre sa position à la Chine en tout temps.
Cependant, nous ne sommes pas seuls. Il n'y a pas que le Canada qui a fait connaître son mécontentement à la Chine concernant les détentions arbitraires et d'autres violations des droits de la personne. De nombreuses autres démocraties aux vues similaires aux nôtres l'ont également fait, notamment dans un énoncé conjoint récent de la Troisième Commission de l'Assemblée générale de l'ONU concernant le Xinjiang et Hong Kong dont le Canada et 38 autres pays sont signataires.
[Français]
Il est important que la Chine reconnaisse que ses actions nuisent à sa réputation aux yeux de nombreux autres pays, pas seulement aux yeux du Canada, et qu'elle envoie un mauvais message à la communauté internationale.
À la lumière du durcissement de la position de la Chine, ainsi que d'un contexte géostratégique plus large, nous adoptons une approche à l'égard de la Chine qui repose sur trois piliers fondamentaux: l'intérêt à long terme du Canada, nos principes et nos valeurs, y compris les droits de la personne, et les règles de droit internationales.
Nous le ferons tout en continuant à défendre et à protéger le Canada et les Canadiens contre les activités qui portent atteinte aux valeurs démocratiques, à notre souveraineté, à nos intérêts économiques et, évidemment, comme mes collègues l'ont mentionné, à la sécurité nationale en général.
[Traduction]
La promotion et la protection des droits de la personne font partie intégrante de la politique étrangère du Canada. Nous continuerons de jouer un rôle fondamental dans l'engagement du gouvernement du Canada auprès de la Chine, et nous ne cesserons pas d'exprimer haut et fort nos préoccupations quant au comportement de l'État chinois et son refus de respecter ses obligations internationales. La meilleure façon d'y arriver consiste à poursuivre nos efforts de collaboration avec nos alliés et partenaires afin d'exiger des comptes du gouvernement chinois et de défendre l'ordre international fondé sur des règles.
Nous continuerons également de coopérer lorsque ce sera dans l'intérêt du Canada. En effet, la Chine est un acteur important de la lutte mondiale contre la COVID-19 et les changements climatiques, et elle contribue à assurer la stabilité des marchés financiers et le développement économique à l'échelle internationale. Nous savons que la Chine est et demeurera un partenaire commercial important du Canada. En outre, de nombreux touristes et étudiants chinois se rendent au Canada, ce qui a des répercussions économiques et sociales positives partout au Canada. Notre gouvernement croit en l'adoption d'une approche stratégique dans ses relations commerciales avec la Chine. Nous continuerons également de promouvoir la diversification commerciale.
Même si la coopération dans ces domaines lui est bénéfique, le Canada examine ses relations avec lucidité. Nous ne sommes pas les seuls à admettre la nécessité d'adopter une nouvelle stratégie. Partout dans le monde, des démocraties aux vues similaires aux nôtres s'adaptent à la nouvelle dynamique qui s'est installée au cours des dernières années. Comme je l'ai dit, nous poursuivrons nos relations avec la Chine les yeux grand ouverts, ce que nous faisons déjà.
Dans le cadre de notre évaluation, nous continuons, y compris aux plus hauts niveaux de la hiérarchie, d'aborder la situation des Canadiens détenus et condamnés arbitrairement en Chine. Il est inacceptable que tout citoyen, peu importe où il se trouve, soit détenu de façon arbitraire.
Il faut rapatrier Michael Kovrig et Michael Spavor, point final. Tous les Canadiens se rallient à cette cause ainsi que tous les députés, j'en suis certain. Le gouvernement s'est montré très clair: la détention de ces deux Canadiens est inacceptable. Nous dénoncerons leur détention arbitraire sur toutes les tribunes. Ils doivent être relâchés immédiatement.
Fait encourageant, l'ambassadeur Barton a pu, après plus de huit mois sans contact, s'entretenir cet automne avec M. Kovrig et M. Spavor. En août dernier, lors d'une réunion à Rome, j'ai personnellement soulevé cette question auprès de mon homologue, la conseillère d'État Wang Yi. Nous faisons un travail de tous les instants dans ce dossier. Nous continuons d'exiger un accès permanent à ces détenus ainsi qu'à tous les autres Canadiens détenus en Chine.
Nous continuons également d'apporter tout le soutien nécessaire à M. Robert Schellenberg et nous nous opposons à la décision arbitraire de lui imposer une peine de mort lors de son nouveau procès. Nous continuons d'exhorter la Chine à accorder la grâce aux Canadiens condamnés à mort.
Alors que nous nous efforçons de résoudre ces graves problèmes, le gouvernement continuera également de fournir un soutien consulaire à ces détenus et à leur famille, et d'insister pour que le personnel consulaire puisse visiter tous les Canadiens détenus en Chine. Je m'entretiens régulièrement avec les familles des détenus pour les tenir au courant des mesures que nous prenons. Nous ferons tout le nécessaire pour obtenir la libération de Michael Kovrig, Michael Spavor et des autres Canadiens en Chine.
[Français]
Je voudrais maintenant aborder notre situation intérieure. Comme bien d'autres démocraties ouvertes et libres, le Canada est la cible d'États hostiles qui cherchent à acquérir des informations, des renseignements et de l'influence pour faire avancer leurs propres intérêts.
Cette menace n'est pas nouvelle et ne se limite pas à un seul pays. Les gouvernements du monde entier se sont de plus en plus engagés à mettre en lumière et à contrer les efforts des États hostiles à leurs intérêts. En outre, les acteurs étatiques et non étatiques qui peuvent constituer une menace pour la sécurité ont de plus en plus recours à des outils économiques.
Notre gouvernement reconnaît que de telles menaces économiques peuvent affecter non seulement les préoccupations traditionnelles en matière de sécurité nationale, comme on l'a évoqué ici ce matin, mais aussi la prospérité à long terme, la compétitivité économique et l'avantage industriel, militaire et technologique du Canada.
Cette situation a été exacerbée par la mondialisation et l'utilisation d'Internet et des plateformes des médias sociaux.
La disponibilité de cyberoutils moins chers et plus accessibles permet à des acteurs hostiles de mener des cyberopérations, qu'il est difficile d'imputer à quelqu'un. Cela a été d'autant plus évident pendant la pandémie actuelle. Par exemple, notre gouvernement a reconnu, à plusieurs reprises, le risque accru d'ingérence étrangère et d'espionnage visant les efforts extraordinaires de nos sociétés biopharmaceutiques, de nos centres universitaires de recherche scientifique, de différents niveaux de gouvernement et d'autres organisations participant aux efforts internationaux pour développer un vaccin.
[Traduction]
Voilà pourquoi nos organismes nationaux travaillent sans relâche avec ces entités pour les sensibiliser à la menace et pour veiller à ce qu'elles aient les outils et les renseignements dont elles ont besoin pour se protéger et protéger leurs renseignements exclusifs. Le gouvernement est aussi au courant des tactiques d'intimidation employées contre des Canadiens au Canada. Elles sont une grande source de préoccupation pour moi, ainsi que pour mes collègues et le gouvernement.
Des acteurs étatiques ciblent le tissu de la société multiculturelle du Canada, cherchant à influencer les communautés, notamment en ayant recours à des moyens de pression et à des menaces. Certains États peuvent tenter de menacer et d'intimider des personnes à l'étranger. Ces tactiques peuvent aussi servir de prétexte pour faire taire des citoyens, pour exercer des pressions sur des opposants politiques et pour instaurer un climat général de peur du pouvoir étatique, peu importe où se trouvent les personnes ciblées.
Tous les signalements de harcèlement et d'intimidation contre des personnes au Canada sont troublants; ce genre de comportement ne sera pas toléré. Nous encourageons les Canadiens à rapporter ce genre d'actions aux responsables de l'application de la loi. Le Service canadien du renseignement de sécurité applique toute la rigueur de la Loi sur le Service canadien du renseignement de sécurité pour faire des enquêtes, donner des conseils et réagir à toute menace à la sécurité du Canada. La Gendarmerie royale du Canada continuera d'enquêter en vue de porter des accusations en vertu du Code criminel.
Une société ouverte et multiculturelle est au cœur des valeurs canadiennes. Les Canadiens peuvent être assurés que leur gouvernement prend très au sérieux la menace posée par les activités d'ingérence étrangère.
De plus en plus, des outils économiques sont également déployés par des acteurs étatiques et non étatiques qui peuvent constituer des menaces pour la sécurité et menacer la prospérité et la compétitivité économique à long terme du Canada. Depuis des décennies, le Canada bâtit et défend ardemment l'ordre international fondé sur des règles. Nous croyons en ces règles et les soutenons parce que nous savons que lorsque les entreprises se font concurrence dans des conditions prévisibles et équitables, les résultats positifs sont énormes: hausse du niveau de vie, amélioration des choix offerts aux consommateurs et nouvelles technologies qui améliorent la qualité de vie, pour n'en citer que quelques-uns.
Cependant, le succès de ce système n'est pas garanti et il doit être encouragé. Il peut être compromis lorsque certains pays ne respectent pas les règles ou qu'ils ne tiennent pas compte de la réciprocité.
Le gouvernement a réagi à cet environnement en constante évolution en utilisant les outils réglementaires existants ainsi qu'en créant de nouvelles initiatives qui protégeront l'intégrité et la solidité de la sécurité économique du Canada.
Tout d'abord, le supervise et utilise la Loi sur Investissement Canada pour s'assurer que les investissements étrangers au Canada présentent un avantage net et qu'ils ne compromettent pas la sécurité nationale. La loi s'applique à tous les investisseurs, quel que soit leur pays d'origine.
Deuxièmement, le Canada a l'un des régimes de contrôle des exportations le plus rigoureux au monde. Nous avons un cadre d'évaluation des risques robuste qui relève de la Loi sur les licences d'exportation et d'importation. De plus, le Canada est devenu signataire du Traité sur le commerce des armes en septembre de l'année dernière. Le Canada examine individuellement toutes les demandes de permis d'exportation pour déterminer, entre autres, quel sera l'usage des marchandises ou des technologies, où elles seront utilisées et par qui.
Par ce règlement, le Canada cherche à atténuer les risques que les marchandises exportées puissent servir à porter atteinte à la paix et à la sécurité, à commettre ou à faciliter des violations graves du droit humanitaire international et du droit international en matière de droits de la personne, ou des actes graves de violence fondée sur le sexe.
[Français]
Il ne fait aucun doute que la technologie 5G a soulevé de sérieuses questions en matière de sécurité. Le gouvernement examine attentivement les défis de sécurité et les menaces liés à la technologie 5G, tout en reconnaissant son importance pour la poursuite du développement économique du Canada.
L'examen du Canada prend en compte les facteurs techniques, économiques et de sécurité nationale, et il inclut bien évidemment les conseils de nos alliés et de nos partenaires. Le Canada considère cette question comme un élément important dans le contexte de nos relations bilatérales avec les États-Unis. La sécurité des Canadiens sera l'élément central et décisif de la manière dont nous allons procéder au déploiement de la technologie 5G.
Sécurité publique Canada, le Centre de la sécurité des télécommunications, le ministère de la Défense nationale, le Service canadien du renseignement de sécurité, Affaires mondiales Canada et Innovation, Sciences et Développement économique Canada travaillent ensemble à cette importante question.
[Traduction]
Protéger les systèmes et les infrastructures essentiels à la vie des Canadiens est l'une des principales priorités du gouvernement du Canada de même que protéger le matériel et les services de télécommunications contre les cybermenaces. Nous veillons à ce que les réseaux canadiens soient en sécurité et fonctionnels à tout moment et à protéger les intérêts de la population canadienne.
Le gouvernement continuera de collaborer avec les fournisseurs des services de télécommunications afin de réduire les risques liés à la sécurité des réseaux existants et futurs au fur et à mesure que la technologie 5G sera utilisée par les Canadiens.
J'aimerais signaler que la Chine présente certains des plus grands défis de notre époque en matière de politique étrangère. Dans ce contexte, nous devons dialoguer avec elle en toute connaissance de cause. Au fur et à mesure que nous adapterons notre approche à l'égard de la Chine en fonction des nouvelles réalités, nous collaborerons avec nos partenaires et alliés pour défendre, face aux défis communs, l'ordre international fondé sur les règles et nous continuerons à tenir le gouvernement chinois responsable de ses actes et de ses obligations internationales.
:
Monsieur le Président, je suis très heureux de prendre part à ce débat dans la foulée de mes collègues du Parti conservateur et du ministre des Affaires étrangères.
Voilà une autre motion comme celles auxquelles nous ont habitués nos amis du Parti conservateur. C'est une motion dont je dirais qu'elle sort du champ gauche. C'est une motion un peu inattendue. Je pense que « champ gauche », dans ce cas, est tout à fait approprié, parce que c’est une autre occasion que les conservateurs se donnent pour pouvoir manger du communiste. Ils ont cette lubie — je dirais même ce fantasme — de toujours revenir sur l'idée qu'il faille dénoncer le communisme.
On se souviendra que le gouvernement de Stephen Harper souhaitait ériger un monument aux victimes du communisme, comme si le communisme avait été le seul régime autoritaire, dans l'histoire de l'humanité, qui avait pu créer un certain nombre de victimes, et comme si le Canada lui-même — Dieu merci cela n'a pas été le cas — avait dû subir les affres du communisme. On insiste toujours lourdement sur le parti communiste chinois et les terribles périls qu'il fait peser sur le Canada, les Canadiens et le monde entier.
Notre collègue du Nouveau Parti démocratique, il y a quelques instants, lors des questions et commentaires avec le ministre, a bien signalé le fait que la Chine n'est certainement pas le seul État dans le monde qui soit un État autoritaire. Ce n'est certainement pas le seul État qui viole ouvertement les droits de la personne. Ce n'est certainement pas le seul État qui cherche à influer de façon indue sur le cours des choses dans d'autres pays, et notamment au Canada.
Ce qui rend peut-être le cas chinois un peu différent des autres, par contre, c'est le fait que, souvent grâce aux États occidentaux, la Chine est devenue une superpuissance et que la Chine aspire à jouer un rôle prédominant, pour ne pas dire dominant, sur la politique internationale. Conséquemment, il y a des préoccupations extrêmement légitimes dans la motion qui nous est présentée par nos amis de l'opposition officielle.
La Chine aspire à un rôle et la Chine prend les moyens pour pouvoir exercer ce rôle sur la scène internationale. On n'a qu'à penser au cas du réseau 5G que l'on a évoqué et sur lequel je vais revenir dans quelques instants. La Chine a également développé tout un réseau dans ce qu'on appelle la nouvelle route de la soie, un réseau d'États clients, un réseau d'États qui sont redevables au gouvernement de Pékin sur toute une série de décisions internes ou sur le plan économique. Cela inclut même certains États européens. On ne parle pas simplement d'États en Afrique ou en Asie du Sud-Est. On parle de certains États européens, où l'influence financière de la République populaire de Chine est devenue centrale, déterminante et vient influer sur les décisions que prend un certain nombre d'États partout dans le monde. Il ne faut pas se mettre la tête dans le sable et ne pas reconnaître que cela existe, puisque cela existe.
La Chine, dans la foulée de ses ambitions, a mis en avant une diplomatie tout à fait unique par rapport à la longue tradition diplomatique de l'histoire des relations internationales, une diplomatie extrêmement agressive, une diplomatie extrêmement coercitive, une diplomatie où on va même jusqu'à prendre en otage des citoyens étrangers pour faire pression sur les décisions de leur gouvernement.
On ne peut donc pas prendre tout cela à la légère.
C'est d'ailleurs la raison pour laquelle la Chambre a décidé, en décembre dernier, de constituer un comité spécial pour étudier les relations sino-canadiennes afin de savoir ce qui a mené à leur détérioration et les motivations derrière les décisions prises par Pékin à l'encontre du Canada. Je pense notamment à l'emprisonnement et la détention injustifiés de deux citoyens canadiens et à l'imposition de mesures de rétorsion sur le plan économique. Tout cela est totalement injustifié. Qu'est-ce qui peut bien amener les autorités de la République populaire de Chine à adopter ce type de comportement à l'égard du Canada? Nous avons constitué, à partir d'une motion de nos amis du Parti conservateur, d'ailleurs, un comité pour étudier tout cela.
Or, pendant que nous étudions tout cela, le Parti conservateur nous arrive avec une motion qui présume des conclusions auxquelles ce comité spécial va arriver. Je comprends qu'il y a des évidences dans la motion, et je vais y revenir. Cependant, au-delà de ces évidences, il y a quelque chose qui me met un peu mal à l'aise. En décembre, le Parti conservateur nous a placés, en tant que parlementaires, dans une position où nous devions décider si, oui ou non, nous allions créer un nouveau comité qui allait se pencher sur les relations sino-canadiennes. Nous disions que cela avait un peu de bon sens, qu'il fallait peut-être y réfléchir et étudier cela plus en profondeur. Nous avons décidé d'appuyer la motion et de créer ce comité.
Or, alors que ce comité est en train de travailler, on dit que la motion que nous avons adoptée en décembre n'est pas suffisante et qu'on aimerait que le gouvernement aille plus loin tout de suite. Le gouvernement n'est pas en reste, car il nous a annoncé, avant même que le comité ait terminé ses travaux, qu'il allait nous dévoiler une nouvelle politique quant aux relations avec la République populaire de Chine. Or nous sommes justement en train d'étudier cela et nous aurons peut-être des propositions et des recommandations à lui faire.
Hier, au Comité spécial sur les relations sino-canadiennes, nous avons rencontré le . C'était une rencontre fort intéressante, mais elle m'a laissé sur ma faim, comme parlementaire. Une des raisons pour lesquelles nous avions invité le ministre de l’Immigration, c'était l'urgence actuelle en ce qui concerne Hong Kong. Avec l'application de la loi sur la sécurité nationale, il y a des défenseurs de la démocratie à Hong Kong qui voient leur liberté, leur sécurité et même leur vie mises en péril. Le Comité a conclu qu'il fallait que le Canada réagisse et qu'on fasse quelque chose pour offrir un refuge à ces défenseurs de la liberté.
Hier, on nous a débité toute une série de réponses convenues quant au fait qu'il y avait déjà des mécanismes existants pour accueillir des réfugiés. Toutefois, c'est une situation tout à fait extraordinaire, et nous pourrions nous retrouver, du jour au lendemain, avec un afflux sans précédent de réfugiés qui vont cogner à la porte du Canada. Jusqu'à preuve du contraire, on leur répondra que des mécanismes existent pour répondre à ce type de situation. Non, justement, il n'y en a pas. C'est la raison pour laquelle ce comité s'est particulièrement penché sur la situation à Hong Kong, et c'est la raison pour laquelle nous recevions hier le ministre de l’Immigration.
Il y a donc effectivement des choses à faire et des éléments sur lesquels nous pencher. Nous pourrions discuter jusqu'à plus soif des violations des droits de la personne par la République populaire de Chine, notamment à l'endroit des minorités religieuses. Nous avons entendu des histoires absolument épouvantables sur des camps de concentration où on parque littéralement des populations complètes et où on a des politiques de stérilisation pour les faire disparaître. On appelle cela un génocide. Nos collègues du Sous-comité des droits internationaux de la personne du Comité permanent des affaires étrangères et du développement international, dont fait partie notre collègue de , ont reconnu qu'il s'agissait d'un génocide. Je pense qu'il faut appeler un chat un chat.
Toutefois, ce n'est pas de la sécurité des gens à l'intérieur de la République populaire de Chine qu'il est question ici, mais plutôt des menaces que fait peser la République populaire de Chine sur des citoyens de ce pays, sur des citoyens du Québec. Il y a effectivement là matière à réflexion.
Est-ce que cette réflexion est prématurée? Est-ce qu'on met la charrue devant les bœufs, compte tenu du fait que nous avons un comité qui se penche activement sur cette question? J'ai ma petite opinion à ce sujet et je pense l'avoir exprimée: je pense que c'est effectivement un peu prématuré.
Encore une fois, les conservateurs nous placent devant la nécessité de prendre position. Que ce soit prématuré ou non, cela n'a aucune pertinence dans le débat d'aujourd'hui, parce que, qu'on le veuille ou non, nous sommes obligés de nous prononcer. Alors, prononçons-nous.
Voici la motion de nos amis du Parti conservateur:
Que, étant donné (i) que la République populaire de Chine, [je pense que cela dit déjà ce que cela dit] qui est dirigée par le Parti communiste chinois, menace les intérêts nationaux du Canada et les valeurs de la population canadienne, y compris les Canadiens d’origine chinoise en territoire canadien, (ii) qu'il est essentiel que le Canada se dote d’une politique étrangère rigoureuse et fondée sur des principes appuyée par des actions de concert avec ses alliés, la Chambre demande au gouvernement: a) de prendre une décision au sujet de l'implication de Huawei dans le réseau 5G du Canada dans les 30 jours suivant l’adoption de la présente motion; b) d'élaborer un plan robuste, comme l'a fait l'Australie, pour lutter contre l’ingérence de plus en plus forte de la Chine au Canada et l’intimidation sans cesse croissante des Canadiens vivant au Canada, et de le présenter dans les 30 jours suivant l’adoption de la présente motion.
Avant d'entrer dans les détails, je dirai que, chaque fois que nos amis conservateurs nous présentent une motion comme celle-là, je ne peux m'empêcher de me dire qu'il y a peut-être une volonté de faire mal paraître le gouvernement. Je dis cela, mais peut-être que je suis un peu paranoïaque, parce qu'on sait qu'il y a beaucoup de complotistes par les temps qui courent, peut-être que je me fais des idées sur les intentions réelles du Parti conservateur, mais, je me dis que, 30 jours, c'est à la fois extrêmement serré comme délai et extrêmement long également.
Prenons la question du réseau 5G, par exemple. J'imagine que le gouvernement du Canada a déjà commencé à réfléchir un peu à cette question et qu'on ne le prend pas par surprise aujourd'hui en lui demandant quelle est sa décision au sujet du réseau 5G. J'imagine aussi que, sur la question de l'influence indue de la République populaire de Chine sur le territoire du Canada, on ne prend pas le gouvernement par surprise, ici non plus, en lui demandant s'il a réfléchi à cela. Sincèrement, entre mes collègues et moi et la boîte à pain, si c'est vrai qu'on les prend les culottes baissées aujourd'hui, on a tout un problème. Si le gouvernement n'a pas commencé à réfléchir sur des questions aussi fondamentales, on est mal barré.
Ainsi, un délai de 30 jours peut apparaître vraiment serré. Toutefois, cela peut apparaître très long dans la mesure où on présume que le gouvernement a déjà fait ses devoirs sur ces questions. S'il a fait ses devoirs, on peut donc penser qu'il devrait être en mesure de répondre à cette commande. Quand on nous dit que les conservateurs ne sont pas raisonnables, parce qu'ils lui donnent seulement 30 jours, je ne sais pas si on doit décoder de cette réponse que les libéraux ne sont pas tout à fait prêts à faire face à ces questions, ce qui, le cas échéant, m'inquiète sérieusement. Si l'échéance est beaucoup trop serrée et qu'on met vraiment le gouvernement dans une mauvaise posture, c'est qu'il n'est pas capable de répondre à la commande.
Maintenant, penchons-nous quelques instants sur le réseau 5G. Je parlais de complotistes tout à l'heure. Je ne veux pas utiliser ce terme de façon péjorative ou mesquine, mais il y a des gens, parmi nos concitoyennes et concitoyens, qui croient sincèrement que le réseau 5G constitue une menace pour leurs droits fondamentaux et la protection de leur vie privée. Quand on regarde l'attitude de Huawei dans le monde, on peut les comprendre.
On sait que Huawei s'est fait prendre avec l'Union africaine et a été effectivement accusée de transférer des informations. La Chine s'est dotée d'une Loi sur le renseignement national qui oblige toutes les entreprises à collaborer à la sécurité nationale de la République populaire de Chine. Les autorités chinoises jurent leurs grands dieux que cette loi n'a pas d'application extraterritoriale. Cependant, on peut en douter parce qu'on sait maintenant que la nouvelle Loi sur la sécurité nationale à Hong Kong a, elle, une application extraterritoriale. Une entreprise chinoise a-t-elle donc la responsabilité de contribuer à la sécurité nationale chinoise dans le cadre de ses activités à l'étranger? À la lumière de ce qui s'est passé avec l'Union africaine, la réponse est oui.
Sur cette question, le ministre parlait de sécurité nationale et de services du renseignement. Le Groupe des cinq, dont fait partie le Canada, comprend aussi le Royaume-Uni, les États-Unis, l'Australie et la Nouvelle-Zélande. Ces cinq pays collaborent dans leurs activités de renseignement. Les quatre autres pays ont déjà décidé que Huawei était hors jeu, car c'était trop dangereux. Encore une fois, cependant, on dirait que le Canada hésite à déplaire à Pékin.
La plupart des spécialistes qu'a rencontrés le Comité spécial sur les relations sino-canadiennes jusqu'à maintenant ont déclaré que les paroles doucereuses et l'apaisement n'avaient aucun effet sur un régime politique de cette nature, car la seule chose qu'il comprend est la méthode forte, c'est-à-dire bomber le torse et hausser le ton. C'est ce qu'ont fait les États-Unis, le Royaume-Uni, l'Australie et la Nouvelle-Zélande. Le Canada est à la traîne dans ce groupe d'alliés, puisque son gouvernement ne s'est pas encore branché et qu'il laisse les entreprises canadiennes dans l'insécurité en ne leur indiquant pas s'il va ou non choisir la technologie de Huawei.
Le délai de 30 jours proposé dans la motion est tout à fait raisonnable pour que le gouvernement prenne une décision, ce que je pense qu'il est temps qu'il fasse. Nos concitoyens et concitoyennes ont des préoccupations légitimes et s'attendent à ce que le gouvernement prenne cette décision.
Je vais maintenant aborder l'autre point, qui est celui de l'influence indue des autorités chinoises en territoire canadien.
De nombreux témoignages nous permettent d'affirmer, hors de tout doute raisonnable, que la République populaire de Chine utilise des agents sur le territoire canadien pour intimider des gens qui protestent contre le régime de Pékin et intimider des gens d'origine chinoise qui sont sur le territoire canadien.
Plus tôt, une question avait été posée par un de nos collègues du Parti conservateur au ministre et portant sur les gestes posés dans d'autres États, demandant ce qu'il en était au Canada. Le gouvernement canadien a-t-il commencé à réfléchir à ce problème et est-il sur le point de proposer une politique? Le gouvernement canadien va-t-il encore tolérer encore longtemps l'influence indue d'États étrangers, en particulier de la République populaire de Chine, sur son territoire? Est-il prêt ou faudra-t-il qu'on le pousse à agir par l'entremise de la motion du Parti conservateur et de son délai de 30 jours?
C'est la raison pour laquelle j'ai demandé au ministre s'il était d'accord ou non avec la motion de nos amis conservateurs, parce que tout ce qu'a dit le ministre était des plus pertinents. Cependant, nous ne savons pas si les libéraux vont voter en faveur ou contre la motion, ni quels arguments ils vont invoquer s'ils choisissent de voter contre. Quel que soit le choix du gouvernement, nous avons besoin de savoir s'il est prêt à agir sur ces deux questions. Le cas échéant, il faut qu'il le laisse savoir.
:
Monsieur le Président, je suis heureux de participer au débat d'aujourd'hui sur la motion de l'opposition présentée par le député de .
Même si on ne souscrit pas à tout ce qui est dit dans le préambule, les problèmes sont présentés très clairement. La motion vise à demander à la Chambre de faire deux choses, soit de prendre une décision au sujet de l'implication de Huawei dans le réseau 5G du Canada dans les 30 jours suivant l'adoption de la motion, et d'élaborer un plan robuste, comme l'a fait l'Australie, pour lutter contre l'ingérence de plus en plus forte de la Chine au Canada et l'intimidation sans cesse croissante des Canadiens vivant au Canada, et de le présenter dans les 30 jours suivant l'adoption de la motion. En plus de mentionner que l'échéancier proposé est assez précis pour une motion de l'opposition, j'aimerais dire qu'il s'agit là de deux problèmes qui subsistent depuis longtemps au pays, et je pense qu'il est temps d'y mettre un terme.
Au comité Canada-Chine, nous avons entendu beaucoup de témoignages sur des cas d’intimidation de Canadiens par des agents du gouvernement chinois, sous une forme ou sous une autre. D’aucuns s’inquiètent que le Canada n’ait pas formulé de réponse adéquate. On nous a dit que des gens avaient été approchés, intimidés, voire menacés, ouvertement ou insidieusement, et que lorsqu’ils voulaient le signaler aux autorités compétentes, ils n’obtenaient pas de réponse positive. Nous avons vu des preuves que les gens avaient transmis cette information, qu’ils s’étaient adressés au SCRS, mais que celui-ci les avait renvoyés à la GRC. Qu’une fois à la GRC, celle-ci leur avait dit de s’adresser au SCRS, et qu’en fin de compte, celui-ci leur avait dit de s’adresser à Affaires mondiales. Bref, tout le monde se renvoie la balle.
Je sais que le a récemment fait une déclaration à ce sujet à la Chambre, mais nous n’avons toujours pas de plan cohérent pour faire face à ce genre de situation. Il va falloir y songer très sérieusement. Les agences du gouvernement sont parfaitement conscientes du problème, et le gouvernement aussi. Les Canadiens ont besoin de connaître la position du gouvernement sur une question aussi importante et aussi préoccupante, surtout les Canadiens d’origine chinoise qui sont établis au Canada. Il s’agit de citoyens canadiens, parfois d'étrangers venus étudier ici, ou encore de personnes qui prennent part à des activités politiques au Canada et qui sont victimes d’intimidation, dans leur propre pays, par des agents issus d'un pays étranger, en l’occurrence la Chine.
C’est un problème, quels qu’en soient les protagonistes. Ce n’est pas la Chine en particulier qui est visée. Il faut que le gouvernement définisse sa position, et que cette position s’applique à n’importe quel pays. Nous ne demandons pas une règle particulière pour la Chine. Les exemples qui ont été rapportés concernent la Chine, mais les règles qui seront établies devront s’appliquer à tous les pays.
Par exemple, il a été question, au sein du comité Canada-Chine, des approches législatives adoptées par d’autres pays. Je sais que l’Australie est mentionnée dans la motion, mais nous ne sommes pas obligés de suivre exactement le même modèle. Ce qui est important, c’est que d’autres pays ont légiféré. Les États-Unis se sont dotés d’un dispositif législatif particulièrement robuste pour définir les règles d’opération des missions étrangères établies sur leur territoire. Cela leur a permis de prendre des mesures contre des individus, notamment des Chinois, d’intervenir rapidement et d’affirmer clairement que ce genre de comportement ne saurait être toléré. Ce n’est pas ce qui se passe au Canada. Le gouvernement ne donne pas d’indications claires qu’il prend des mesures pour contrer ce genre de situation.
Le comité Canada-Chine a été créé il y a près d’un an et il étudie cette question. Beaucoup de témoignages que nous avons entendus soulignent la nécessité d’une réponse énergique de la part du gouvernement, ce que nous n’avons toujours pas.
Des témoins qui ont comparu devant notre comité nous ont dit que, à leur avis, le SCRS n’a pas les pouvoirs qu’il devrait avoir. Ils estiment que la GRC, au niveau local, est mal informée sur la façon de traiter cette question et qu'elle ne peut fournir de réponse adéquate aux personnes ciblées. Celles-ci se sentent abandonnées par le gouvernement, alors qu’elles ont fait l’objet de menaces ou bien qu'elles et les membres de leur famille restés en Chine ont subi de l’intimidation. Nous devons faire précisément quelque chose à ce sujet. Ces gens-là ont besoin de savoir que le gouvernement est prêt à intervenir. Or, sur cette question, le gouvernement est aux abonnés absents.
Nous appuyons la motion qui demande au gouvernement d’élaborer rapidement un plan, afin que les gens sachent qu’il est prêt à intervenir, de façon positive et efficace, face à l'intimidation et à l'ingérence dont nous sommes témoins. Il y en a à d'autres niveaux également. Nous observons ce genre d’ingérence, réelle ou potentielle, dans les universités. Nous avons entendu des témoignages à ce sujet au comité sur les relations sino-canadiennes, et d’aucuns s’inquiètent de plus en plus de cette influence indue. Toutefois, quelle que soit l'implication en matière de soutien à la recherche, il faut que cela reste ouvert et transparent, afin d’éviter les pressions et les préoccupations qui ont été mentionnées.
Il faut également prendre enfin une décision claire sur Huawei, car c’est une question à laquelle le gouvernement réfléchit depuis un certain temps, en tout cas, c’est ce qu’il dit. Nous aimerions donc connaître les résultats de ses réflexions et les solutions proposées aux préoccupations qui ont été soulevées. D’autres gouvernements ont soulevé la question publiquement et ont pris des mesures. Des membres du Groupe des cinq ont annoncé qu’ils n’autoriseraient pas Huawei à participer au réseau 5G. Il me semble évident que cela devrait avoir une influence sur la décision du Canada.
Le Royaume-Uni avait pensé, à un moment donné, pouvoir autoriser Huawei, mais il a changé d’avis. C’est un facteur important, si nous voulons maintenir les mêmes relations au niveau international et plus précisément dans le monde du renseignement. Nous devons nous préparer à cela du mieux que nous pouvons, et si le gouvernement a trouvé une façon de contourner le problème, qu’il nous en informe. Encore une fois, le Royaume-Uni pensait avoir trouvé une façon de contourner le problème, mais il a manifestement changé d’avis.
Il y a le changement récent qui découle de la décision des États-Unis d’empêcher l’exportation en Chine de certains éléments du réseau 5G, pour des raisons commerciales ou autres. Cela n’a peut-être rien à voir en un sens, mais ce n’est pas nécessairement sans rapport avec la décision que le Canada doit prendre. Si ce détail technique nuit à la capacité de Huawei, c’est aussi à prendre en considération.
Nous avons de plus en plus de preuves que Huawei peut avoir un comportement monopolistique, bénéficiant d'une aide spéciale du gouvernement chinois sous forme d’investissements, de capacité et de situation de quasi-monopole sur le marché chinois. Cela lui permet de connaître une croissance exponentielle et d'exercer, dans le reste du monde, une concurrence qui n'est peut-être pas toujours juste. On estime que Huawei livre aux autres entreprises une concurrence déloyale et elle est en mesure de prendre le contrôle au Canada d’un marché qui est très important d’un point de vue stratégique et industriel. Si nous nous laissons écrasés et dominés par le système d’entreprise de Huawei, nous serons vulnérables, car elle contrôlera dans une large mesure les communications et la technologie dans notre pays, au détriment d’autres acteurs et d’une interaction plus dynamique avec différentes entreprises.
Il y a de la recherche-développement et de l’innovation à prendre en compte. Il faut des possibilités et des solutions de rechange pour les entreprises et pour qu'il y ait une libre circulation des idées et un contrôle.
Nous vivons maintenant dans un monde numérique. Nous échangeons par vidéoconférence. Nous dépendons, pour notre démocratie parlementaire, de l’équipement électronique que nous utilisons en ce moment même pour que le Parlement fonctionne. Il est également omniprésent dans le monde industriel, dans le monde commercial et dans le monde des transports. Il s’agit d’un élément et d’une infrastructure stratégiques extrêmement importants pour notre avenir. Il s’agit de quelque chose que nous devons prendre très au sérieux.
À vrai dire, nous ne pouvons pas prendre le genre de risques qui vont de pair avec le choix de Huawei comme acteur majeur, et peut-être le seul en un sens, si l'entreprise est en mesure d'égaler la concurrence quant au prix de notre réseau 5G à venir. Nous devons tenir compte de tout cela et prendre une décision. Pour toutes ces raisons, la décision commence à peser très lourdement en défaveur de la participation de Huawei.
D’autres députés l’ont souligné, mais en plus, nous avons le problème du droit chinois, qui impose aux entreprises économiques de répondre aux demandes de renseignements, si le gouvernement en décide ainsi. Les Chinois essaient de minimiser cet aspect, mais la loi est la loi et le risque existe. Nous ne pouvons pas parier sur le fait que le gouvernement chinois choisisse ou pas d’exercer cette prérogative.
En ce moment, nos relations avec la Chine sont loin d’être au beau fixe. Nous avons deux citoyens canadiens qui y sont détenus de façon arbitraire depuis près de deux ans parce que le Canada a agi conformément à ses obligations juridiques et conventionnelles à l’égard des États-Unis dans une affaire d’extradition. Nous utilisons et appliquons nos lois en toute transparence, mais la Chine a réagi de manière cruelle, arbitraire et manifestement contraire au genre de relations que le Canada devrait entretenir avec tous ses interlocuteurs internationaux.
Nos relations commerciales avec la Chine sont restées très solides pendant tout cet épisode. Un lien de confiance semble s’être radicalement rompu à cause de ces actes. Nous avons entendu la réponse de l’ambassadeur de Chine à la plainte de Canadiens au sujet des droits de la personne et de l’imposition d’une loi sur la sûreté de l’État à Hong Kong, en contravention des obligations conventionnelles et internationales. On nous avait demandé en 1997 de soutenir les obligations conventionnelles et de faire en sorte qu’elles fonctionnent.
Nous voyons maintenant que le gouvernement chinois ne les respecte pas. Il y a une perte de confiance qui ne pourra être réparée qu’au prix d’une activité intense et de changements de comportement importants. Cela ne se produira pas assez vite pour nous permettre de faire confiance à une technologie chinoise d’une telle importance pour le fonctionnement futur de notre économie, de notre système de communications et de notre pays.
Le moment est venu pour le Canada de prendre une décision. Nous soupçonnons, comme la plupart des Canadiens peut-être, que le gouvernement a sans doute pris une décision, mais que, pour une raison quelconque, il estime qu’il n’est pas opportun de la rendre publique. Je pense que le moment est venu de nous la faire connaître. Il n’y a pas de raison de nous laisser dans l’ignorance. Nous devons faire face à la situation. Tant que la décision n’est pas prise, des investissements sont en suspens et on ne progresse pas dans la création du réseau 5G.
La décision relative à Huawei influe sur l’activité économique et sur l’investissement dans notre pays. Je sais que certains dans le secteur des télécommunications ont opté pour d’autres plateformes, et je pense que c’est normal, mais il y a d’autres décisions d’investissement qui peuvent être très importantes pour doter l'ensemble du pays d'un accès au service Internet à large bande aussi rapidement que possible. Le sujet a été projeté au premier plan par la COVID, et il est évident que cette technologie est nécessaire. Un fossé immense sépare les personnes qui ont accès au service Internet à large bande de celles qui n’y ont pas accès en ce qui concerne l’éducation, les ressources pédagogiques, le télétravail et l'activité économique. Il faut y remédier, et cela doit certainement en faire partie. C’est souhaitable.
Nous voyons dans l'industrie, dont le secteur automobile, le type d’investissements qui pourraient être faits et qui seront faits. Cependant, seront-ils réalisés au Canada? Nous ne savons pas avec certitude quelles seront les plateformes. Nous le constatons dans l’industrie automobile, qui est extrêmement importante pour certaines régions du Canada. Je sais que de nombreux députés s’inquiètent à ce sujet pour leur circonscription et leur région, et il est extrêmement important pour l’économie du Canada que nous participions également à l’innovation dans la technologie automobile, qu'il s'agisse des véhicules autonomes ou des progrès dans les techniques de fabrication. Tout cela dépend fortement des ordinateurs et de la technologie informatique, d'où l'extrême importance de ce type d’investissement.
Il faut que cela soit mis en évidence. Le sujet est sur la table; il est déjà là. Toutefois, une décision doit être prise, et s’il y a une bonne raison de ne pas la prendre maintenant, le gouvernement devrait se manifester et nous dire ce qu’il sait jusqu’à présent et ce qui le préoccupe.
Pour terminer, j’aimerais soulever un point que personne d’autre n’a soulevé. Je crois comprendre, d’après des questions posées plus tôt, que certains députés conservateurs ignorent peut-être ce que leur propre gouvernement a fait en concluant un accord de protection des investissements étrangers avec la Chine en 2014. Je n’ai pas analysé les conséquences de cette loi, mais j’espère que les conservateurs, lorsqu’ils prendront la parole, nous diront quelles en sont les conséquences, selon eux. Le gouvernement devrait également nous dire ce qu’il a déterminé d’après une analyse de cette loi, car il semble y avoir en faveur de la Chine des protections dont nous ne bénéficions pas. Ces protections ne sont pas réciproques et sont, en fait, plutôt secrètes et opaques, et elles peuvent avoir des conséquences extrêmement négatives sur des questions comme celle de Huawei. J’aimerais des explications du gouvernement à ce sujet également. Cela ne semble pas nous inciter à faire ce que nous pourrions devoir faire pour protéger notre intérêt national, notre sécurité nationale et notre économie nationale.
Pour ces deux questions, celle de l’ingérence et de l’intimidation, et celle des activités du gouvernement chinois en particulier, nous avons besoin d’une réponse législative. Il nous faut une réponse directe quant à ce que le gouvernement prévoit faire pour régler à fond cette question. Cela devrait être sur la table très prochainement. J’espère que le gouvernement pourra nous donner aujourd’hui un aperçu de ce qui pourrait être inclus, et qu’il veillera à ce que cela se fasse très rapidement afin que les Canadiens puissent se sentir en sécurité dans leur propre pays face à l’influence étrangère, à l’intimidation et aux menaces des représentants d’autres gouvernements. Ces deux éléments sont importants et je termine en disant que nous soutenons la motion.
:
Madame la Présidente, je suis heureuse de prendre la parole aujourd’hui pour appuyer cette motion. Je partagerai mon temps de parole avec la députée d’.
Je tiens à remercier le député de d’avoir présenté cette importante motion qui demande au gouvernement de prendre des mesures concrètes. La nécessité de cette motion est évidente. Le gouvernement libéral n’a pas pris au sérieux les menaces du gouvernement chinois à l’endroit du Canada et des Canadiens et, jusqu’à présent, il n’a pas agi de façon décisive et énergique sur cette question de sécurité publique urgente.
Des Canadiens sont détenus de façon arbitraire en Chine. Des représentants du Parti communiste chinois et de leur gouvernement harcèlent, malmènent et intimident des citoyens canadiens ici en sol canadien et dans le monde entier. Des citoyens canadiens vivant à l’étranger, en particulier à Hong Kong, ont vécu l’érosion de leurs libertés civiles et l’accroissement du contrôle et des menaces de la Chine.
Au début de la pandémie, alors que tous les pays du monde avaient besoin d’information et d’accès de la part du gouvernement chinois pour protéger leurs propres citoyens, le régime chinois a tergiversé et présenté des faux-fuyants. Chaque jour, le gouvernement, des entreprises et des réseaux civils du Canada sont confrontés à des vols de propriété intellectuelle et à des violations de données par la Chine. Assez, c’est assez. Il est grand temps que le Canada prenne au sérieux la menace du gouvernement chinois et qu’il prenne des mesures pour protéger nos propres citoyens et notre intérêt national.
Malgré toutes les preuves et tous les avertissements, et les mois, voire les années, qui se sont écoulées, le gouvernement fédéral n’a toujours pas pris la décision d’interdire à Huawei de participer à l’infrastructure 5G du Canada. Cette motion demande au gouvernement de prendre une décision à propos de Huawei dans les 30 jours. Vu les retards répétés du gouvernement, il semble qu’il ne nous reste pas d’autre choix que d’essayer d’obliger le gouvernement à prendre cette situation au sérieux au moyen de cette motion.
Si Huawei était autorisée à construire l’infrastructure 5G du Canada, le gouvernement chinois aurait ainsi largement accès par une porte dérobée aux renseignements confidentiels des Canadiens, des entreprises canadiennes et même aux renseignements secrets du gouvernement. Nous ne pouvons pas permettre que cela se produise.
Fait inquiétant, en tardant à prendre une décision, le gouvernement place le Canada en conflit avec le reste des pays membres de notre alliance pour l’échange de renseignements, le Groupe des cinq, soit les États-Unis, l’Australie, la Nouvelle-Zélande et le Royaume-Uni, qui ont tous soit interdit, soit restreint l’utilisation de l’équipement 5G de Huawei. La passivité et la lenteur du gouvernement canadien sont ahurissantes. Nous pouvons présumer qu’il a accès aux mêmes renseignements que nos alliés libres et démocratiques du monde entier et chacun d’eux est arrivé à la même conclusion, soit que Huawei n’est pas digne de confiance. Par conséquent, la question est la suivante: pourquoi le gouvernement du Canada ne l’a-t-il pas fait? Qu’est-ce qui empêche les libéraux de prendre une décision? La protection des citoyens canadiens au pays et à l’étranger devrait être la responsabilité primordiale du gouvernement canadien, sa priorité absolue.
D’autres membres du Groupe des cinq avertissent que si le Canada n’interdit pas la technologie de Huawei, il mettra en péril l’échange et la protection de renseignements du Canada avec ses alliés. Il est révoltant que le gouvernement risque de compromettre les relations avec nos propres alliés, de même que la sécurité et la souveraineté du Canada, afin d’apaiser le gouvernement chinois, mais voilà pourquoi nous débattons aujourd’hui de cette motion cruciale.
Les services du renseignement canadiens prennent la menace du gouvernement chinois au sérieux. Pas plus tard que la semaine dernière, un article du Globe and Mail révélait que le Service canadien du renseignement de sécurité a confirmé que des agents des services de sécurité de l’État chinois opèrent en sol canadien, ciblant des membres de la communauté chinoise du Canada pour tenter de réprimer les critiques envers le gouvernement communiste et son dirigeant.
L’une de ces campagnes, l’opération « Chasse au renard », est dirigée par le ministère de la Sécurité publique de Pékin lui-même et se poursuit depuis des années, depuis 2014. Selon un porte-parole du SCRS, lorsque des personnes au Canada sont victimes de harcèlement, de manipulation ou d’intimidation de cette nature de la part d’États étrangers qui cherchent à obtenir un appui pour leurs politiques ou à étouffer les critiques qui les visent, ces activités constituent une menace pour la souveraineté du Canada et la sécurité des Canadiens.
Par conséquent, les libéraux doivent faire plus qu’exprimer leurs préoccupations. C’est pourquoi cette motion demande aussi au Canada d’élaborer un plan global, similaire à celui de l’Australie, pour contrer les opérations étrangères de la Chine qui prennent de l’ampleur ici au Canada ainsi que son intimidation grandissante de Canadiens ici et dans le monde entier, et de le déposer dans un délai de 30 jours.
La preuve est là. Les renseignements sont clairs. Les Canadiens veulent et ont besoin que le gouvernement prenne des mesures pour protéger les citoyens du Canada, assurer leur sécurité et préserver leurs valeurs. Si le gouvernement a déjà un plan, il doit aux Canadiens de leur montrer comment il prend cette question au sérieux. Il doit agir rapidement pour en assurer aussi nos alliés politiques, économiques et stratégiques libres et démocratiques du monde entier. La menace que la Chine fait peser sur le Canada est vaste et les Canadiens ont raison de s’en inquiéter.
Au Comité permanent de la sécurité publique et nationale, mes collègues conservateurs et moi-même avons présenté une motion qui a été adoptée. Cette motion invitait le comité à examiner l’ingérence d’entités étrangères hostiles sur le territoire canadien et l’intimidation de Canadiens par des gouvernements étrangers, sur le territoire canadien et à l’étranger, ainsi que l’acquisition d’entreprises canadiennes en difficulté par des entreprises publiques étrangères, des régimes étrangers corrompus ou des entités du crime organisé.
Étant donné que nous ne parvenons pas à obtenir des réponses précises des ministres libéraux, la motion stipule que le comité entendra des représentants de la GRC et du SCRS quant aux mesures concernant la prévention des risques de violation de la sécurité des intérêts économiques canadiens, y compris le vol ou l’acquisition de technologies secrètes et les mesures qui existent déjà ou qui pourraient être prises pour prévenir l’espionnage commandité par un État étranger, l’espionnage commercial, et le vol de secrets commerciaux et de propriété intellectuelle.
C’est un fait que la Chine est en train de déployer un plan d’impérialisme économique non seulement dans les pays en développement vulnérables mais aussi au Canada, en faisant l’acquisition de nos ressources naturelles et intellectuelles. La culpabilité du gouvernement chinois ne se limite pas à de l’ingérence économique et politique au Canada.
Le gouvernement communiste de la Chine a ses règles à lui. La motion d’aujourd’hui enjoint le gouvernement canadien à présenter rapidement son plan pour contrer l’expansion des opérations étrangères de la Chine. Le régime communiste de ce pays ne respecte pas la primauté du droit et l’indépendance du système judiciaire.
L’ambassadeur du gouvernement chinois au Canada a été jusqu’à menacer les citoyens canadiens qui vivent à Hong Kong. Il a dit que, si le Canada accorde l’asile à des militants prodémocratie, cela mettra en péril la « santé et la sécurité » des 300 000 Canadiens qui vivent là-bas. C’est une menace on ne peut plus claire. L’ambassadeur doit se rétracter et présenter des excuses publiques, parce que menacer des Canadiens dans un endroit précis, c’est menacer les Canadiens partout. La Chambre a adopté à l’unanimité une motion condamnant les remarques de l’ambassadeur, mais les libéraux continuent de tergiverser et l’ambassadeur, d’en rajouter une couche.
Nous avons suffisamment de preuves que le gouvernement chinois se livre à des opérations illégales sur le territoire canadien, que des Sino-Canadiens et des immigrants chinois au Canada sont victimes d’intimidations et menacés de violence par Pékin, eux et les membres de leur famille, au Canada aussi bien qu’en Chine. Les libéraux ne peuvent plus se contenter de discours.
Nous avons affaire à une violation flagrante de la souveraineté du Canada et à une menace évidente à la sécurité des Canadiens. C’est le devoir du gouvernement du Canada de faire tout ce qui est en son pouvoir pour protéger ses citoyens, y compris les Canadiens qui habitent à l’étranger.
Concrètement, l’heure est venue de prendre enfin une décision au sujet de Huawei, une décision claire et nette, et de lui interdire quelque rôle que ce soit dans l’infrastructure 5G du Canada. Le gouvernement doit donner la priorité à la sécurité des citoyens canadiens et privilégier ses alliés par opposition à un gouvernement étranger agressif et hostile.
J’invite tous les députés à appuyer la motion présentée aujourd’hui par les conservateurs et à faire ce pour quoi nous avons été élus, à savoir donner la priorité absolue à la vie, aux intérêts, à la liberté, aux droits et à la sécurité des Canadiens.
:
Madame la Présidente, c’est un honneur et un privilège de prendre la parole aujourd’hui sur un sujet aussi incroyablement important.
La motion d’aujourd’hui revêt une telle importance parce que, en ce qui concerne l’approche du Canada à l’égard de la Chine, nous nous sommes tout simplement trompés, comme beaucoup d’autres démocraties occidentales. Aujourd’hui, 50 ans après avoir établi des relations diplomatiques avec la Chine, nous devons collectivement, sobrement et de toute urgence, repenser notre approche à l’égard de la République populaire de Chine.
C’est pourquoi la motion d’aujourd’hui revêt une importance aussi cruciale. Elle représente un premier pas, attendu de longue date, pour modifier cette approche. La motion demande au gouvernement de prendre une décision dans les 30 jours sur l’utilisation de Huawei par le Canada dans son réseau 5G et d’établir un plan solide pour combattre les opérations étrangères croissantes de la Chine au Canada et l'intimidation qu'elle pratique de plus en plus à l'endroit de Canadiens qui vivent ici.
Permettez-moi de préciser, avant que nous allions trop loin, que la motion ne traite pas de citoyens chinois ni de personnes vivant en Chine, mais bien de la République populaire de Chine, du Parti communiste chinois.
Comment avons-nous pu nous tromper à ce point dans notre approche face à la Chine? Essentiellement, en tant que nations occidentales, le Canada y compris, nous avons collectivement présumé que la Chine finirait par se libéraliser, respecter les règles de l’ordre international et coopérer avec le monde démocratique parce qu’elle constatait les avantages de l’économie capitaliste. Cependant, nous nous sommes trompés.
Au lieu de cela, la Chine est devenue l’un des États les plus puissants et les plus autoritaires de l’histoire et un grand adversaire de l’ordre mondial libéral. L’oppression en Chine s’intensifie. Le pays a imposé une loi de sécurité nationale radicale et de grande portée à Hong Kong. La Chine continue d’exploiter la population du Tibet. Elle s’est dotée de camps de rééducation où les Ouïghours sont internés. Ce ne sont là que quelques exemples d’oppression parmi tant d’autres.
Le plus déconcertant est probablement le fait que ces actes d’oppression de plus en plus graves, autrefois dissimulés, sont maintenant beaucoup plus flagrants et visibles. Les ambitions du PCC, le Parti communiste chinois, ne sont pas confinées aux frontières de la Chine. Elles représentent une approche intégrée dans le monde entier, la Chine employant des moyens sociaux, économiques et militaires pour réaliser ses ambitions.
C’est pourquoi la motion d’aujourd’hui est si importante. La réponse du Canada doit être une approche intégrée et globale qui reconnaît que les menaces ne sont pas seulement en sol étranger, mais qu’elles se produisent réellement ici même.
Il fut un temps où les Canadiens croyaient que la politique étrangère était quelque chose que nous faisions sur des rivages lointains. Nous avons cru que parce que nous nous trouvions de ce côté-ci de l’Atlantique, protégés, et que nous n’avions pas vraiment connu de guerres dramatiques ou radicales sur nos côtes, la politique étrangère était quelque chose qui se passait ailleurs, que nous n’étions pas menacés ici chez nous.
Nous devons toutefois changer notre perception de manière radicale. Le Parti communiste chinois cherche à légitimer l’autoritarisme et à le rendre acceptable par le plus grand nombre. Pour arriver à cette fin, il utilise des moyens qui minent et érodent la démocratie, ici même chez nous. Par conséquent, bon nombre de nos démocraties sont en péril.
Quels moyens utilise-t-il exactement? Nous savons qu'il se livre au cyberespionnage et qu'il utilise les médias sociaux pour influencer et changer les mentalités de nos citoyens. L’Armée populaire de libération se livre au piratage et nous assistons au vol de propriété intellectuelle de sociétés privées aussi bien que du Conseil national de recherches.
Nous sommes maintenant au courant de l'existence de l’opération « Chasse au renard », une appellation simpliste pour décrire une campagne d’intimidation et de menace à l’endroit de Canadiens d’origine chinoise et d’autres citoyens menée par des agents chinois au Canada. Nous connaissons le département du travail du Front uni, qui se vante dans ses vidéos de formation d’avoir réussi à influencer les élections et à trouver des candidats pro-Pékin qui exercent des fonctions dans nos démocraties.
Nous savons également que le gouvernement chinois possède une liste de citoyens étrangers sur lesquels il peut exercer son influence et son pouvoir. Nous devrions savoir si des PDG d’entreprise ou si nous-mêmes, les représentants élus, en faisons partie et ce que le gouvernement chinois pense exactement au sujet de notre bienveillance ou notre sensibilité à l’égard de l’influence chinoise.
De plus, le gouvernement chinois utilise de puissants moyens économiques pour étendre son impérialisme économique ou ce que nous appelons la « diplomatie du piège de l’endettement », notamment grâce à l’initiative La Ceinture et la Route, dans le cadre de laquelle il fait des investissements stratégiques majeurs dans des infrastructures essentielles comme des ports, des routes, des aéroports et des actifs de l’industrie pétrolière et gazière. Quand les pays sont incapables de rembourser, les Chinois prennent alors possession de ces actifs. Ces actifs stratégiques permettent à la Chine de stimuler son économie, de prendre en otage l’économie de ces pays et de garantir qu’elle peut obtenir des biens, des personnes et éventuellement des ressources militaires n’importe où dans le monde.
La Chine utilise également les entreprises chinoises dans des pays du monde entier, notamment celle qui est au cœur du débat aujourd’hui, Huawei. Il existe une loi nationale sur le renseignement qui oblige ces entreprises à fournir des renseignements au gouvernement chinois et à servir l’intérêt supérieur de celui-ci, même lorsque ces entreprises exercent leurs activités en sol canadien et même si cela veut dire qu’elles doivent contourner la loi canadienne. Il s’agit là d’une terrible menace non seulement à notre sécurité nationale, mais à la primauté du droit, à la démocratie et à notre sécurité sociale et économique.
Sur le plan militaire, le gouvernement chinois connaît un rapide essor. Nous avons vu l’une de ses plus vastes opérations, en partenariat avec la Russie, dans le cadre de laquelle il a mobilisé plus de 300 000 militaires et 36 000 chars d’assaut. Se considérant comme État quasi arctique, la Chine est en train de se doter d’une politique nationale sur l’Arctique et cible l’Arctique canadien. Nous savons qu’il y a des sous-marins chinois et que le gouvernement chinois nourrit des ambitions par rapport au passage du Nord-Ouest, qui risque de changer la donne au cours du prochain siècle et d’accélérer grandement le transport de marchandises par voie maritime.
Sur les plans économique, social et politique, nous sommes vulnérables sur notre propre sol et le gouvernement chinois travaille sans relâche pour nous mettre en danger.
Que faisons-nous alors face à cette menace? Nous devons absolument repenser notre approche de toute urgence.
La bonne chose, c'est que nous ne sommes pas seuls. En effet, de nombreuses démocraties occidentales dans le monde reconnaissent qu'il s'agit d'une très grave menace et qu'il faut agir immédiatement. C'est pourquoi ce plan, aujourd'hui, est si important.
Tout d'abord, il faut qu'une décision soit prise à propos de Huawei: il faut l'interdire. Ensuite, et plus important encore, nous devons réfléchir à un plan. Nous devons être lucides quant aux ambitions de la Chine. Nous avons besoin d'en savoir plus sur notre vulnérabilité. Nous avons besoin d'un plan complet intégré pour répondre à ces menaces. Il nous faut peut-être même un poste au sein du Cabinet à cet égard.
Le gouvernement dit qu'il ne peut pas nous présenter de plan, que ce n'est pas faisable en 30 jours. Il s'agit d'une menace existentielle. Nous sommes pressés par le temps. Nous devons faire quelque chose pour protéger les citoyens ici même, sur notre sol, et les valeurs qui nous sont chères chez nous et à l'étranger afin de protéger l'ordre mondial et notre démocratie, et d'assurer notre sécurité et notre avenir.
:
Madame la Présidente, je partagerai mon temps de parole avec le député de .
Je veux aussi remercier le député de d'avoir présenté cette motion, parce que je crois qu'il s'agit d'un débat important et d'une motion importante.
Je veux commencer par faire un commentaire à propos du préambule de la motion, sur laquelle je suis d'accord et dont je parlerai dans un instant. L'élément (i) de la motion indique:
(i) que la République populaire de Chine, qui est dirigée par le Parti communiste chinois, menace les intérêts nationaux du Canada et les valeurs de la population canadienne, y compris les Canadiens d’origine chinoise en territoire canadien...
Je crois malheureusement que cet énoncé est de plus en plus vrai, mais cela n'a pas toujours été le cas et il est inutile que la situation persiste. La motion lance un appel aux dirigeants chinois pour qu'ils nous permettent de revenir à des relations normales et de travailler ensemble comme nous l'avons déjà fait.
J'affirme que cela n'a pas toujours été le cas et je m'explique. C'est l'ancien premier ministre Pierre Elliott Trudeau qui s'est rendu en Chine en 1973 pour tenter d'entamer des relations avec la Chine et pour que ces relations s'avèrent importantes pour les deux pays.
Nous avons beaucoup d’expérience en Chine. On pourrait appeler cela un « coup de pouce ». Au Canada, lorsque le premier ministre de l’époque, Pierre Elliott Trudeau, s’y est rendu, le Dr Norman Bethune, un Canadien, était considéré comme un héros canadien parmi la population chinoise pour avoir sauvé des vies. Grâce au Dr Bethune, le Canada occupait une place de choix dans la culture de la Chine et dans l’esprit de sa population.
La Commission canadienne du blé, à laquelle j’ai eu affaire au sein du mouvement agricole, a été la première agence internationale à se rendre en Chine pour proposer des échanges commerciaux et ce, à crédit. Je sais que les conservateurs, sous l’ancien gouvernement Harper, ont aboli la Commission canadienne du blé à titre d’office de commercialisation agricole. Elle a maintenant été rachetée par des intérêts saoudiens, mais là n’est pas la question. Le fait est que nous avions une bonne relation avec la Chine, où notre agence de commercialisation faisait crédit aux acheteurs pour que la Chine puisse nourrir sa population. Ces prêts ont plus tard été remboursés.
N’oublions pas l’historique positif de nos relations avec la Chine, même si la situation s’est considérablement envenimée aujourd’hui.
Je suis allé en Chine à plusieurs reprises. En fait, j’ai également accueilli un ancien ambassadeur et, plus tard, un groupe de législateurs chinois à l’Île-du-Prince-Édouard. Grâce à ces rencontres, et par l’entremise de certains établissements d’enseignement de l’Île-du-Prince-Édouard, nous avons pu établir une relation de travail étroite avec des établissements d’enseignement en Chine. Cette relation se poursuit encore aujourd’hui et profite aux citoyens des deux pays.
Je le précise parce que cela n’a pas toujours été le cas. Nous devons essayer de rétablir une relation de confiance. L’arrestation des deux Michael, Kovrig et Spavor, et ce qui se passe à Hong Kong nous donnent de nombreuses raisons de nous inquiéter et de perdre confiance dans les dirigeants chinois. Ce que je dis aux dirigeants chinois, c’est que, en ce moment, ils font assurément fausse route.
Avant de passer aux principales recommandations de la motion, j’aimerais faire le point sur la position du gouvernement en matière de sécurité nationale, parce que nous avons tendance parfois à l’oublier.
La priorité du gouvernement demeure de protéger le Canada et les Canadiens contre les activités qui minent les principes démocratiques, nos intérêts économiques, notre souveraineté et la sécurité nationale en général. Le gouvernement sait que certains États étrangers peuvent se comporter au Canada d’une manière incompatible avec nos valeurs.
Cette menace n’est pas nouvelle et elle ne se limite pas à un seul pays. Des gouvernements de partout dans le monde ont multiplié les efforts pour influer sur l’opinion publique et sur les politiques d’autres pays au profit de leurs propres intérêts. Lorsque cela se fait de façon transparente et pacifique dans le respect de la loi, on parle de diplomatie ou de négociation de traités. Si ces tractations se font dans le secret ou la clandestinité, si elles se traduisent par des menaces ou des tactiques d’intimidation, des mensonges et de la désinformation visant à induire les gens en erreur et si elles visent à déstabiliser l’économie ou la société ou à fausser le processus démocratique, c’est que le pays en question va trop loin.
C’est peut-être l’ancienne façon de faire, qui consiste pour certains services de renseignement à recueillir ou à voler des renseignements politiques, économiques, commerciaux ou militaires, mais de plus en plus, l’ingérence vise le secteur de la haute technologie. Les médias sociaux servent dans ce contexte à créer de l’anxiété, voire de l’hystérie, autour de questions délicates. Les fausses nouvelles revêtent les habits de l’information légitime.
Plusieurs rapports récents ont souligné la menace d’ingérence étrangère au Canada. Par exemple, selon le Rapport public du SCRS de 2019, publié le 20 mai 2020, les activités d’espionnage et les activités influencées par l’étranger « sont presque toujours menées pour servir les intérêts d’un État étranger, par l’entremise d’entités étatiques ou non. » Des puissances étrangères ont également tenté de surveiller et d’intimider secrètement des communautés canadiennes dans le but d'atteindre leurs propres objectifs stratégiques et économiques.
De plus, le rapport annuel du Comité des parlementaires sur la sécurité nationale et le renseignement décrit les activités d’ingérence d’une poignée d’États étrangers, comme la Chine et la Russie, et certaines institutions canadiennes ont même reçu des menaces. La communauté de la sécurité et du renseignement du gouvernement du Canada lutte contre ces menaces dans le cadre de ses mandats respectifs.
Soit dit en passant, il y a quelque temps, j’ai participé à des réunions avec plusieurs gouverneurs d’États américains. Les propos du gouverneur de la Virginie-Occidentale m’ont profondément choqué. Parlant des tentatives de piratage des systèmes de sécurité de son État, il a indiqué qu’au cours de l’année précédente, soit en 2016 ou en 2017, les systèmes de son État avaient essuyé 82 millions de tentatives de piratage.
Certains gouvernements créent des départements qu’ils chargent de ne faire que du piratage. Ils essaient de pirater les systèmes de renseignement ou de voler les secrets d’autres pays. Cet exemple illustre la gravité du problème. Le Canada doit lui aussi se préparer à ce type d’ingérence dans ses systèmes.
Dans le domaine de l’application de la loi, les activités d’ingérence étrangère peuvent faire l’objet d’une enquête lorsqu’on détecte des activités criminelles ou illégales. La GRC, par exemple, a un mandat vaste et multidimensionnel qui lui permet d’enquêter et de retenir les services de renseignement étrangers en s’appuyant sur diverses lois.
Dans le cadre de son mandat, le SCRS fournit au gouvernement du Canada des renseignements opportuns et pertinents sur ces menaces pour qu’il prenne les mesures appropriées. Le Centre de la sécurité des télécommunications s’efforce de surveiller l’environnement de cybersécurité afin de détecter et de traiter les menaces, les risques et les vulnérabilités systématiques et de divulguer les connaissances qu’il acquiert ainsi.
Un élément clé de la motion est de « prendre une décision au sujet de l'implication de Huawei dans le réseau 5G du Canada dans les 30 jours suivant l’adoption de la présente motion ». Je n’insisterais pas sur ce délai de 30 jours. Il y a peut-être une autre façon de faire. Cependant, je soulignerai que l’Australie, les États-Unis et le Royaume-Uni ont tous restreint l’accès à leurs réseaux 5G en interdisant la fabrication de ce matériel dans leurs pays.
Nous traitons depuis très longtemps avec ces partenaires du Groupe des cinq. Nous devons nous tenir à leurs côtés pour protéger nos intérêts communs. Nous ne pouvons donc pas permettre qu’un intérêt étranger s’introduise dans nos systèmes de sécurité et de renseignement.
:
Madame la Présidente, j’interviens aujourd’hui respectueusement au sujet de cette motion très importante, qui fait ressortir des préoccupations de plusieurs Canadiens. Je remercie le député de d’avoir soulevé cette question à la Chambre. C’est une question qui a occupé le Comité spécial sur les relations sino-canadiennes, et cette motion devrait susciter l’attention des Canadiens.
Je tiens également à remercier le député de , non seulement d’avoir partagé son temps de parole, mais aussi d’avoir calmé un peu le jeu à ce sujet, en disant qu’il y a très peu de dissension ou de désaccord à la Chambre concernant les préoccupations que nous avons. Nous partageons les préoccupations des gens au sujet de leur sécurité individuelle et des activités de la Chine sur la scène internationale.
Nous partageons les préoccupations des gens au sujet des Canadiens détenus arbitrairement, Michael Spavor et Michael Kovrig. Nous partageons ces préoccupations et nous travaillons diligemment avec les députés de l’opposition pour trouver une façon d’affirmer l’importance des positions du Canada en matière de politique étrangère partout, mais particulièrement en ce qui concerne les relations bilatérales avec la Chine.
Cette année marque le 50e anniversaire des relations diplomatiques entre le Canada et la Chine. Bien sûr, le monde a beaucoup changé en 50 ans. Cet anniversaire nous permet de revenir sur 50 années d’histoire, et même sur plus de 50 années, mais aussi de regarder vers l’avenir. Nous pouvons nous demander, comme le dit le , comment relancer les relations. Nous pouvons prendre le temps de voir où nous en sommes et de reconnaître que nous devons faire en sorte de ne pas continuer d’agir de manière à causer plus de difficultés pour les Canadiens.
Je suis heureux que le député de ait mentionné le Dr Norman Bethune parce que, quand je suis allé en Chine, son nom était partout. En deux ans seulement, il a noué des relations précieuses, qui suscitent le respect, aux yeux de Chinois du pays tout entier.
Je tiens également à mentionner un autre médecin missionnaire, le Dr Robert McClure. Pendant plus de 25 ans, de 1923 à 1948, Bob McClure était médecin missionnaire en Chine. En deux ans, Norman Bethune a ouvert les yeux du monde sur ce qui se passait en Chine. Le Dr McClure a, quant à lui, passé 25 ans de sa vie à tisser une amitié et des relations profondes et respectueuses entre le Canada et la Chine.
Le Dr McClure était un de mes très proches amis. En pensant à lui, à son œuvre pastorale et à son activité médicale, je me rappelle qu’il disait que les Chinois avaient les mêmes désirs et les mêmes besoins fondamentaux que les Canadiens. Ils veulent que leur famille soit en bonne santé, ils veulent la prospérité et le respect des droits de la personne. Ils veulent pouvoir vivre dignement dans le monde et voyager, et ils veulent faire partie d’une communauté internationale. Les Chinois ne sont pas différents de nous dans leur essence.
Cependant, lorsque nous voyons ce qui se passe depuis quelques années, nous sommes préoccupés. Je ne pense pas que l’inquiétude soit plus vive d'un côté de la Chambre que de l’autre. Toute la Chambre est préoccupée. Nous sommes inquiets devant la dégradation de la situation en ce qui concerne les droits de la personne. Nous sommes inquiets devant le traitement réservé aux Ouïghours. Nous sommes inquiets au sujet des aspirations des Chinois à jouir de tous leurs droits et à vivre dans la dignité. Même si le niveau de vie s’est amélioré en Chine, les droits de la personne s’y détériorent, et cela nous inquiète. Nous devons exprimer ces préoccupations, et nous continuerons d’ailleurs de le faire.
Nous sommes préoccupés par des problèmes tels que la détention arbitraire de Michael Spavor et de Michael Kovrig qui est tout à fait inacceptable. Le gouvernement a clairement dit dès le début qu’il ne tolérera pas cette situation. Nous en parlons avec la Chine à la moindre occasion, tous les jours, et aussi avec des personnes d’optique commune dans le monde. Nous n’aurons de repos que lorsque Michael Kovrig et Michael Spavor seront de retour au pays.
Nous défendons aussi les intérêts de Canadiens à l'égard d’autres formes de détention. Nous ne cessons de demander la clémence pour Robert Schellenberg, afin que la peine de mort, à laquelle nous sommes opposés au Canada, ne soit pas infligée à des Canadiens en Chine. Il est tout à fait essentiel que nous défendions ces droits.
Le Canada, par l’intermédiaire de l’ancienne ACDI, s’est investi pendant 30 ans dans le développement agricole et l’aide humanitaire, pour jeter les bases de la prospérité dans ce pays. Notre amitié s’en est trouvée renforcée, tout comme, je crois, l’idée que la Chine tiendrait le Canada en haute estime. Le moins qu’on puisse dire, c’est que nous sommes déçus de la façon dont la Chine traite le Canada à l’heure actuelle.
Nous affirmerons avec vigueur que pour le bien des relations entre le Canada et la Chine, pour le bien des citoyens canadiens et chinois, il faut un nouveau départ. Nous devons prendre le temps de nous pencher sur ce problème. Nous l’avons fait en 2016, mais le Canada de 2020 n’est pas le Canada de 2016. La patience des Canadiens est mise à rude épreuve par ce qui se passe.
Nous sommes préoccupés par ces problèmes, mais nous avons également conscience du fait qu’il s’agit d’une relation économique importante. Il s’agit aussi d’une relation culturelle importante. Nous avons des relations universitaires importantes. Des étudiants vont et viennent entre les deux pays. Il y a également des échanges commerciaux de biens et de services. La Chine est notre deuxième partenaire commercial et près de 5 % de nos exportations lui sont destinées.
Nous sommes conscients du fait que ces relations sont importantes. Elles se sont détériorées, mais elles sont importantes. Nous voulons tempérer les propos afin de souligner que nous sommes sur la même longueur d’onde à la Chambre, et nous devons trouver un moyen de relancer et de réparer nos relations.
Pour en venir à la motion dont nous sommes saisis aujourd’hui, je dirai, très personnellement, qu’à mon avis, ce côté-ci de la Chambre n'y est pas opposé. Nous sommes conscients des préoccupations soulevées, et des craintes de Canadiens et d’autres personnes au Canada, notamment depuis l’imposition de la loi sur la sécurité nationale à Hong Kong. Nous sommes conscients des préoccupations au sujet de Hong Kong et des personnes au Canada qui se portent à la défense des droits. Nous sommes préoccupés par l’ingérence.
Nous voulons prendre les mesures appropriées, pas des mesures fondées sur des ouï-dire, et nous ne voulons pas expulser des gens parce que nous entendons dire des choses à leur sujet. Au Canada, on peut compter sur l'application régulière de la loi. Nous avons des tribunaux. Nous avons des méthodes d'intervention policière. Nous agirons ainsi parce que notre pays respecte la primauté du droit.
Nous ne perdons pas de vue, toutefois, que l’ingérence étrangère, y compris de la Chine, est inacceptable. Nous savons que les Canadiens sont inquiets au sujet de leur cybersécurité, du réseau 5G de Huawei et de cette décision. Nous tenons évidemment à prendre cette décision en nous fondant sur la science, sur les données probantes et sur la coopération avec d’autres pays.
Nous savons que nos partenaires du Groupe des cinq ont pris des décisions. Nous savons qu’il est important pour nous de comprendre ces décisions, mais nous savons aussi que nous avons une politique étrangère indépendante au Canada. Nous ne faisons pas automatiquement ce que même nos partenaires d’optique commune veulent faire. Nous voulons être certains d’avoir un processus minutieux et réfléchi afin de prendre les meilleures décisions pour les Canadiens, en veillant à ce que la sécurité occupe une place primordiale dans notre esprit.
C’est pourquoi je crois que nous pouvons trouver un accord à la Chambre. Nous pouvons mettre de côté la démagogie. Je suis très heureux qu’au début de ce débat, le député de se soit déclaré prêt à discuter de légères modifications à cette motion pour trouver un moyen de tous nous entendre à la Chambre.
J’espère que nous aurons l’occasion de débattre d’un amendement à cette motion. C’est pourquoi j’en propose un maintenant afin de modifier très légèrement la motion du député.
Je propose, avec l'appui du député de , que nous remplacions « de prendre une décision au sujet de l'implication de Huawei dans le réseau 5G du Canada dans les 30 jours suivant l’adoption de la présente motion » par « de prendre une décision au sujet de l'implication de Huawei dans le réseau 5G du Canada dès que possible après l’adoption de cette motion ».
Voilà ce que je propose à la Chambre, de changer cet élément, afin que nous ayons le temps de faire preuve de toute la diligence nécessaire. Nous voulons être certains d’avoir le temps de consulter les partenaires que nous devrions consulter, comme il convient, afin de mener une politique étrangère indépendante qui servira les intérêts de tous les Canadiens, et de le faire bien et soigneusement.
Voilà l’amendement que je propose.
:
Madame la Présidente, je suis heureux de pouvoir participer au débat aujourd'hui. Je vais partager mon temps de parole avec le député d’.
J’aimerais remercier le député de d’avoir présenté cette motion. Elle arrive à point nommé, car nous devons nous attaquer au problème sans tarder.
Je souligne que le régime communiste de Pékin continue de violer les droits fondamentaux des adeptes du Falun Gong en prélevant leurs organes et en leur interdisant de se rassembler et de pratiquer leur culte. Nous savons également que ce régime nie ces mêmes droits aux Ouïghours, qu’il interne dans des camps de travaux forcés et qu’il soumet apparemment à des pratiques de stérilisation. N’oublions pas non plus les moines du Tibet qui luttent contre le régime de Pékin depuis des années. Les Canadiens sont bien sûr au courant des violations des droits de la personne perpétrées par le Parti communiste chinois contre les champions de la démocratie à Hong Kong.
Un grand nombre de députés ont parlé aujourd’hui de Michael Kovrig et de Michael Spavor. Cela fait aujourd’hui 708 jours qu’ils sont détenus de façon illégale. Je voudrais simplement rappeler à la Chambre que c’est le qui avait parlé de « diplomatie des otages ». Nous devons unir nos efforts pour que ces deux personnes soient rapatriées au Canada le plus vite possible.
La question de l’intimidation des Canadiens chinois ici par le gouvernement chinois a déjà été évoquée, et on lui a donné le nom d’opération « Chasse au renard ». Nous savons que l’ambassadeur de Chine au Canada a également proféré des menaces choquantes contre des Canadiens qui vivent actuellement à Hong Kong. Nous devons prendre ces menaces au sérieux et nous assurer que l’ambassadeur lui-même sait que c’était tout à fait inapproprié. Le gouvernement devrait le réprimander et rappeler son propre ambassadeur de Chine à cause de ces révélations choquantes.
Nous sommes ici pour parler de Huawei, et le gouvernement a attendu bien trop longtemps. Voilà plus d’un an que l’ancien ministre de la Sécurité publique, Ralph Goodale, a déclaré qu'une décision serait prise par l’actuel gouvernement libéral avant les dernières élections fédérales. Cela a traîné en longueur, et entretemps, tous nos partenaires du Groupe des cinq ont déjà dit non à Huawei. Les alliés en Europe sous l’égide de l’OTAN ont déjà refusé à Huawei l’accès à leurs réseaux 5G.
Nous ne pouvons pas nier le fait que si nous prenons ces alliances et partenariats au sérieux dans les domaines de la collecte de renseignements, de la défense de notre souveraineté et du travail en cohésion avec des pays aux vues similaires, il est impossible que nous permettions à Huawei de même continuer à miser sur l’accès à notre futur réseau 5G.
Nous savons que le Parti communiste chinois a d’importants intérêts au Canada. Il achète des parties de nos ressources naturelles. Grâce à son projet La Ceinture et la Route, il a élaboré une stratégie appelée la « route de la Soie polaire ». Il a construit des brise-glace et des sous-marins capables de naviguer sous les glaces en tant que navires commerciaux et militaires pour traverser le passage du Nord-Ouest. En raison de cet intérêt, de l’espionnage et de la surveillance qu’il continue d’exercer sur les Canadiens ici, au pays, nous devons prendre des mesures dès maintenant en tant que gouvernement pour protéger le mieux possible les Canadiens et nos intérêts.
En tant que ministre du cabinet fantôme pour la défense, je suis ce débat depuis longtemps et j’ai vu, l’un après l’autre, nos partenaires du Groupe des cinq dire non à Huawei. C'est en grande partie en raison de l’article 7 de la loi chinoise sur le renseignement national de 2017, qui prévoit que les entreprises chinoises doivent appuyer les activités nationales de renseignement et y collaborer.
Il ne saurait être plus clair que l’Armée populaire de libération et le Parti communiste chinois cherchent à atteindre de vils objectifs en recueillant la plus grande quantité possible de renseignements auprès des Canadiens, des entreprises canadiennes et du gouvernement du Canada, ainsi que de tous nos alliés à tous ces différents niveaux.
Pour montrer comment Huawei est déjà utilisé à des fins de collecte de renseignements, il suffit de regarder ce qui s'est passé en Europe. En 2009, Vodafone, la plus grande entreprise d’Europe, a installé une grande quantité de matériel Huawei dans toute l’Italie. Il s’est révélé que Huawei avait fourni un matériel défectueux. Les documents d’information sur la sécurité de Vodafone, qui ont été remis à Bloomberg, indiquaient qu’il y avait un certain nombre de commutateurs qui auraient pu être exploités par le gouvernement chinois pour s’assurer qu’il avait accès au réseau en Italie. Même Vodafone a connu cela. Beaucoup d’entre nous qui ont voyagé en Europe connaissent également cette société. Nous devons veiller à ce que cela ne se produise pas chez nous.
En fait, on le voit ici aussi. Il suffit de regarder le complexe Nortel, qui accueille désormais les Forces armées canadiennes. Si on s'attarde à l'histoire de Nortel, on constate que l'organisation chinoise Faxian Corp avait mis le complexe sous surveillance. Elle a piraté les courriels de son PDG, Frank Dunn, plus de 100 fois par jour et s'est servie de ces renseignements pour miner la réussite de Nortel. Puis, grâce à la rétro-ingénierie, elle a également été en mesure d'utiliser divers produits et du matériel de Nortel en Chine. Par ailleurs, selon certaines sources, de nouvelles entreprises de haute technologie chinoises comme Huawei ont tiré de grands avantages de ce stratagème. Il a fallu des années aux Forces armées canadiennes et au ministère de la Défense nationale pour s'assurer que le complexe Nortel ne contenait aucun équipement de surveillance ou d'écoute avant de finalement prendre possession des lieux.
Nous savons que l'Armée populaire de libération possède une unité d'élite spécialisée dans les cyberattaques, appelée unité 61398. Ses pirates travaillent jour et nuit, et ont réussi à pénétrer dans les systèmes d'entreprises comme Equifax et à dérober des centaines de milliers de documents sur les Canadiens. Cette unité a piraté les systèmes de la Commission de l'immigration et du statut des réfugiés du Canada, de Nortel, et de beaucoup d'autres entreprises canadiennes et étrangères. C'est l'une des raisons pour lesquelles le Royaume-Uni est revenu sur sa décision de donner à Huawei un accès limité à son réseau 5G. Mais, surtout, le Royaume-Uni a compris qu'il y avait d'autres options et qu'il n'avait pas à recourir à Huawei. Il y a d'autres entreprises, comme Nokia, Ericsson et j'en passe, qui peuvent fournir de l'équipement 5G.
Nos partenaires du Groupe des cinq, ainsi que des membres des Forces armées canadiennes, affirment qu'il ne faudrait pas donner au Parti communiste chinois et à son régime, à Pékin, un accès facile à nos réseaux 5G. C'est probablement La Presse canadienne qui a le mieux résumé la situation, en mars dernier, en citant le chef d'état-major de la défense, le général Jonathan Vance, qui se disait préoccupé par tout ce qui donnerait à la Chine un accès plus facile aux réseaux informatiques des Forces armées. Il a déclaré que le Groupe des cinq est d'une importance monumentale pour le Canada et les Forces armées canadiennes. Il a en outre ajouté:
J'ai clairement fait part de mes inquiétudes en ce qui concerne la Chine et ses activités dans le cyberespace [...] De toute évidence, si la Chine devait obtenir un accès, un accès plus facile, à nos réseaux numériques, je serais [très] inquiet.
Nous savons que la Chine a déjà mené des activités malveillantes, surtout dans le cyberespace, et que nous ne devrions pas lui offrir cet accès facile. Même les forces armées australiennes, les États-Unis, la Nouvelle-Zélande et le Royaume-Uni qualifient Huawei de fournisseur à haut risque. Je le répète. Allons-nous continuer à nous perdre en tergiversations et en hésitations, ce qui est l'approche libérale, ou allons-nous reconnaître...
:
Madame la Présidente, j'attendais avec impatience l'occasion de relever cet échec majeur du gouvernement libéral. Je suis reconnaissant à la direction de notre caucus conservateur d'avoir présenté une motion qui met le au défi de renoncer enfin à ses pratiques commerciales naïves avec la Chine et de prendre les mesures qui s'imposent pour protéger les intérêts nationaux du Canada.
Au cours des dix dernières années, je pense que la Chine est devenue de plus en plus antagonique, provocatrice et hostile, et qu'elle menace de plus en plus la prospérité économique et la sécurité nationale du Canada. En fin de compte, la Chine est en train de devenir un partenaire indigne de confiance. Qu'est-ce qui me pousse à dire cela? J'aimerais attirer l'attention sur six domaines où, selon moi, la Chine aurait intérêt à améliorer ses relations avec le reste du monde.
Tout d'abord, le régime communiste à Pékin ne respecte pas la primauté du droit et les droits de la personne. Un exemple parmi tant d'autres est celui de l'horrible situation des Ouïghours de l'Est de la Chine, que la Chambre a d'ailleurs dénoncé. En tant que Canadiens, nous devons voir les violations des droits de la personne qui sont commises dans ce pays.
Deuxièmement, la Chine ne respecte pas notre sécurité nationale. Troisièmement, la Chine ne respecte pas la souveraineté du Canada. Elle s'ingère dans nos affaires intérieures. Quatrièmement, le régime communiste de la Chine ne respecte pas les normes, les conventions et les traités internationaux. J'en veux pour preuve son incursion dans la mer de Chine méridionale, qui est contraire au droit international, et le fait qu'elle persiste à violer le traité qu'elle a conclu avec le Royaume-Uni concernant Hong Kong. Cinquièmement, la Chine insulte la communauté internationale en faisant fi des règles en matière de commerce et d'investissement. Enfin, le régime chinois bafoue les principes fondamentaux de la diplomatie et de la transparence que l'on s'attend à voir respectés par nos partenaires de partout dans le monde.
En premier lieu, je veux parler de la primauté du droit et des droits de la personne. À l'heure actuelle, nos deux Michael, Spavor et Kovrig, sont toujours incarcérés et ne peuvent toujours pas bénéficier des protections normalement accordées par l'application régulière du principe de la primauté du droit. Le régime communiste les garde emprisonnés en représailles aux mesures qu'a prises le Canada en pleine conformité avec le traité international d'extradition conclu avec les États-Unis. Le régime communiste de la Chine ne partage tout simplement pas nos valeurs, comme l'ouverture, la justice et la tolérance. En fait, on se sert de ces valeurs pour faire du tort aux Canadiens.
La Chine n’a pas non plus respecté notre sécurité nationale. L’ampleur de ses activités d'espionnage au Canada et de ses vols de secrets commerciaux et de propriété intellectuelle représentant plusieurs milliards de dollars au fil des ans demeure encore largement inconnue, mais nous savons que nous avons payé un prix énorme. Nortel n’est qu’un exemple de la façon dont le Canada a perdu des occasions d’accroître sa prospérité.
Notre sécurité nationale est menacée depuis un certain temps. Notre agence de sécurité nationale, le SCRS, l’a régulièrement souligné. L’ancien conseiller à la sécurité nationale Richard Fadden a mis en garde à maintes reprises les Canadiens contre le risque que la Chine représente pour la sécurité du Canada. Même d’anciens ambassadeurs, comme Guy Saint-Jacques et David Mulroney, ont insisté sur le fait que le Canada doit être vigilant et se protéger sur le front de la sécurité.
Comme mon collègue l’a souligné, nos partenaires du Groupe des cinq — les États-Unis, le Royaume-Uni, l’Australie et la Nouvelle-Zélande — n’ont plus confiance en nous en tant que cinquième partenaire, car nous refusons d'exclure Huawei de nos réseaux. Même l’ancien PDG de BlackBerry, Jim Balsillie, a dit craindre pour la sécurité nationale du Canada, surtout si nous permettons à Huawei de participer au déploiement de notre réseau 5G à la grandeur du Canada.
J’aimerais aussi aborder la question du non-respect de notre souveraineté par la Chine et de son ingérence dans nos affaires intérieures. Il est de plus en plus connu que la Chine n’hésite pas à malmener et à intimider des Canadiens d’origine chinoise par l’entremise d’organismes comme le Front uni et l’Institut Confucius et dans le cadre de l’opération « Chasse au renard ».
Mon amie Anastasia Lin, une ex-Miss Monde Canada, a critiqué ouvertement l’approche musclée de la Chine qui consiste à utiliser la peur pour intimider des Canadiens afin qu’ils se plient à ses quatre volontés. C’est mal. Le SCRS, notre agence du renseignement national, a confirmé que Pékin recourt régulièrement à des fonctionnaires des services de la sécurité d’État et à des agents de confiance infiltrés ou à des mandataires pour cibler des membres de la communauté chinoise du Canada afin de faire taire les critiques envers le président de la Chine, usant entre autres de menaces de représailles contre leurs familles en Chine. L’agence d’espionnage fédéral a aussi dit que ces activités illégales au Canada font partie d’une campagne mondiale d’intimidation qui constitue une menace pour notre pays.
Le harcèlement des adeptes du Falun Gong au Canada offre un exemple parmi d'autres de groupe persécuté sans merci en Chine qui subi de l'intimidation ici au Canada. On leur dit: « Nous savons où vivent vos parents en Chine et nous allons nous en prendre à eux. Nous allons nous en prendre à vos frères et sœurs ». C’est inacceptable au regard de toutes les normes internationales.
Quatrièmement, permettez-moi de parler du non-respect du droit international. Les incursions et les violations du droit international par la Chine sont évidentes dans la mer de Chine méridionale, où le régime chinois cherche à étendre son empreinte et à repousser les limites de son territoire en violant les normes internationales. La Chine n’a pas respecté la Déclaration conjointe sino-britannique de 1984, dans laquelle le gouvernement chinois s’engageait à respecter le principe d’un pays, deux systèmes pour Hong Kong. Cette déclaration a maintenant été violée. Le régime chinois avait promis que Hong Kong ne serait pas tenue d’adopter le régime socialiste de la Chine continentale, et qu’il maintiendrait le régime capitaliste et le mode de vie de Hong Kong pendant 50 ans, soit jusqu’en 2047. Que s’est-il passé? Rien ne permet de croire que la Chine est prête à respecter ses engagements internationaux.
Il faut également souligner le mépris des lois commerciales. Je viens de rencontrer un de nos principaux intervenants du secteur agricole qui m’a dit qu’ils ne peuvent plus compter sur la Chine pour respecter les lois commerciales internationales, comme celles de l’Organisation mondiale du commerce.
Il y a aussi la question de la diplomatie fondamentale et de la transparence. L’attitude belliqueuse et belligérante de la Chine dans le cadre de ses relations avec le Canada englobe la rhétorique imprudente de ses ambassadeurs au Canada. Au lieu de jeter des ponts et d’exercer leur pouvoir discrétionnaire, les derniers ambassadeurs qui sont venus au Canada ont plutôt jeté de l’huile sur le feu et ainsi enflammé les relations entre nos deux pays. C’est totalement inutile. On s’attend habituellement à ce que nos diplomates bâtissent des ponts, qu’ils cherchent un terrain d’entente et qu’ils fassent preuve du plus haut degré de jugement et de discrétion. Nous n’avons rien vu de tel de la part des représentants de la Chine au Canada.
Le régime chinois n’a pas non plus communiqué d’informations essentielles sur le coronavirus. Il a acheté une grande partie de nos stocks d’équipement de protection individuelle avant même que le Canada prenne connaissance de l’ampleur de ce virus, puis il en a retourné une petite quantité symbolique au Canada en pensant que ce geste le ramènerait dans les bonnes grâces de notre gouvernement.
Enfin, j’aimerais aborder la question du commerce et de l’investissement. La Chine n’a pas une économie de marché. Elle ne fonctionne pas comme un véritable marché libre. Son recours constant à des intervenants contrôlés par l’État pour exécuter les ordres de Pékin est bien connu.
Sa volonté de bafouer les règles de l’Organisation mondiale du commerce, y compris le dumping régulier de produits chinois en Amérique du Nord...
:
Madame la Présidente, je partagerai mon temps de parole avec le député de Scarborough—Guildwood.
Je suis heureux d’avoir l’occasion d’intervenir dans le débat sur la motion présentée par le député de .
Je tiens à assurer à la Chambre que le gouvernement du Canada prend très au sérieux la sécurité de notre infrastructure et de nos installations de télécommunications. C'est clairement énoncé dans notre charte numérique, qui est axée sur le renforcement de la confiance dans un monde numérique.
Le deuxième pilier de notre charte numérique est la sécurité, et nous prenons cette question très à cœur. C’est pourquoi nous avons travaillé avec diligence à l’échelle du gouvernement dans le cadre d’un examen de la technologie 5G et des considérations économiques et de sécurité connexes. Ce dossier touche plusieurs ministères et organismes, soit Innovation, Sciences et Développement économique Canada, Sécurité publique Canada, le Centre de la sécurité des télécommunications, le ministère de la Défense nationale, le Service canadien du renseignement de sécurité et Affaires mondiales Canada. C’est une question importante et nous voulons nous assurer de bien faire les choses. Cet examen tient compte des conseils de nos alliés, et nous connaissons tous leur décision sur cette question.
Nous veillerons à la sécurité de nos réseaux et de notre économie et nous prendrons les décisions voulues en temps utile.
En attendant, nous collaborons déjà avec les fournisseurs de services de télécommunications et les vendeurs d’équipement afin de régler les problèmes de cybersécurité de façon continue. Cette collaboration permet aux secteurs public et privé d’échanger des renseignements sur des questions qui peuvent influer sur la résilience de l’infrastructure canadienne des télécommunications. Un cyberespace sûr et sécuritaire est important pour la compétitivité du Canada aujourd’hui et demain, pour la stabilité économique et pour la prospérité à long terme. Par conséquent, le gouvernement, l’industrie, les universités et la société civile doivent travailler de concert pour renforcer la cybersécurité du Canada et faire du Canada un pays où l’on est plus en sécurité en ligne. Les cybermenaces ne cessent d’évoluer. C’est pourquoi cette collaboration est essentielle.
La stratégie de cybersécurité annoncée en 2018 a donné lieu à de gros investissements afin de centraliser la gouvernance de la cybersécurité au sein du Centre canadien pour la cybersécurité, en réunissant sous un même toit des experts de la sécurité opérationnelle chargés de formuler des conseils ciblés en la matière. Cette façon de faire garantit une réponse mieux coordonnée et plus cohérente du gouvernement face aux cybermenaces.
Sur le plan stratégique, il existe aussi un organisme important appelé Comité consultatif canadien pour la sécurité des télécommunications, ou CCCST. Il permet aux hauts fonctionnaires et aux cadres supérieurs des télécommunications d’échanger des renseignements et de collaborer de façon stratégique pour assurer la sécurité de nos réseaux. Innovation, Sciences et Développement économique Canada copréside ce comité avec un coprésident du secteur privé. Le comité comprend aussi un représentant de Sécurité publique Canada, du Centre de la sécurité des télécommunications, du Service canadien du renseignement de sécurité et de toutes les grandes entreprises de télécommunications.
Les représentants de l’industrie au CCCST ont défini un ensemble de pratiques exemplaires qui doivent constituer des mesures de sécurité appropriées répondant aux besoins des Canadiens. Ces pratiques sont fondées sur le fait que la communication des renseignements sur les menaces à la cybersécurité est une des meilleures façons de renforcer la sécurité des clients et la stabilité de leur portion d’Internet. Les renseignements relatifs à de nouvelles menaces ainsi que des renseignements techniques détaillés après qu’une attaque a été détectée sont ainsi communiqués. Pour ce faire, nous normalisons la manière dont nous recueillons, partageons et diffusons les renseignements. La collaboration au sein du CCCST aide à renforcer la résilience des réseaux canadiens. De plus, les groupes de travail du CCCST aident à mener des enquêtes et à intervenir en cas d’urgence.
En se concentrant sur la haute direction, le CCCST peut faire en sorte qu’une culture de la sécurité s’instaure de haut en bas. Un grand nombre de groupes de travail et d’équipes d’intervention en cas d’incident réunissent des spécialistes de la cybersécurité afin de s’attaquer à des questions techniques particulières. La participation en personne à des groupes couverts par des accords de confidentialité stricts afin d’encourager la franchise aide à faire passer la sécurité du Canada avant des questions de concurrence entre acteurs du marché.
En plus du travail mené au CCCST, le Centre de la sécurité des télécommunications accomplit une tâche importante en exécutant le programme d'examen de la sécurité qui permet d’atténuer les risques en matière de cybersécurité dans le contexte des réseaux sans fil actuels. Il est en place depuis 2013.
Ce programme a contribué à atténuer les risques que posent l’équipement et les services désignés que l’on envisage d’utiliser dans les réseaux de télécommunications canadiens, dont Huawei. Jusqu’à présent, ce programme a entraîné l’exclusion d’équipement désigné dans les zones sensibles des réseaux canadiens, en plus de rendre obligatoires des tests d’assurance à mener dans les laboratoires indépendants de tiers sur l’équipement désigné pour des zones moins sensibles des réseaux canadiens. Il a aussi restructuré des services gérés en sous-traitance dans l’ensemble des réseaux gouvernementaux et dans d’autres réseaux essentiels du Canada.
Le gouvernement du Canada dispose d’autres outils pour renforcer la sécurité de nos réseaux. Il peut par exemple encourager la diversité des fournisseurs. Il a déjà financé un certain nombre d’initiatives liées à la 5G par l’entremise du Fonds stratégique pour l’innovation. Parmi ces initiatives, mentionnons la création de partenariats avec Nokia, BlackBerry, Ranovus ainsi qu’avec Encore, le banc d’essai 5G de classe mondiale situé en Ontario et au Québec.
Le développement de réseaux libres d’accès radio, ORAN, est un domaine qui nous enthousiasme. Il pourrait permettre à de plus petits acteurs, notamment des entreprises canadiennes, de participer au développement de réseaux. En augmentant la diversité des fournisseurs, on pourrait réduire les obstacles auxquels se heurtent les nouveaux joueurs ainsi que les coûts que doivent assumer les titulaires secondaires pour faire concurrence aux fournisseurs dominants.
Nous sommes conscients de l’importance de protéger nos réseaux 5G partout au pays, car la technologie 5G devient un moteur clé de l’innovation. Elle permettra des innovations telles que l’énergie propre, les villes intelligentes, l’agriculture de précision, les véhicules autonomes et la télémédecine avancée. Ces nouvelles technologies créeront des débouchés pour les Canadiens, des emplois bien rémunérés ainsi que des produits et services novateurs. Le service 5G exigera la mise à disposition d’un nouveau spectre et de nouvelles ondes.
Le gouvernement s’est engagé à rendre ce spectre disponible dès qu’il le faudra pour déployer les services 5G. En juin 2021, il mettra aux enchères une partie importante du spectre pour la 5G. Il s’agit d’une bande de 3 500 mégahertz, qui a été reconnue dans le monde entier comme l’une des principales bandes à utiliser pour la 5G.
Ce sera la deuxième de plusieurs libérations du spectre prévues pour appuyer le déploiement de la technologie 5G au Canada. Cette bande intermédiaire prendra en charge un vaste éventail d’applications 5G. L’augmentation du nombre de connexions et, en fait, des applications intensives attendues avec la 5G nécessitera de grandes parties du spectre dans une variété de bandes de fréquences.
Le gouvernement du Canada est déterminé à rendre le spectre disponible pour que les Canadiens puissent profiter des réseaux et de la technologie 5G, et nous sommes déterminés à faire tout ce que nous pouvons pour rendre ces réseaux sécuritaires.
:
Madame la Présidente, permettez-moi de dire que je souscris en grande partie à la motion et que je me réjouis que le Parlement ait l’occasion d’intervenir dans ce débat. Nous sommes une nation en conflit asymétrique avec la superpuissance émergente du monde qui est à la veille de devenir la plus grande économie du monde. Les enjeux ne pourraient pas être plus grands.
Le Parti communiste chinois s’est révélé être une bande de voyous diplomatiques et militaires indignes d’une grande nation. Nous avons vu le gouvernement chinois asservir toute une population, puis nier qu’il l’avait fait, avant de soutenir qu’en réalité, il s’agit d’une affaire interne qui ne concerne personne d’autre.
Des rapports d’ONG respectés, comme Amnistie internationale, sont rejetés du revers de la main et les accusations fondées de notre propre ambassadeur auprès des Nations unies sont ridiculisées. Le schéma est d’abord de nier, puis de distraire, et enfin de contre-accuser sans s’appuyer sur des faits.
Nous l’avons encore vu à Hong Kong. L’accord en vigueur depuis 20 ans entre la Grande-Bretagne et la Chine, fondé sur le modèle d’un pays, deux systèmes, a été déchiré du jour au lendemain lorsque des Hongkongais ont énergiquement exercé leurs droits démocratiques. Aujourd’hui, Hong Kong n’est plus qu’un simple appendice du Parti communiste de Pékin et dépend entièrement de ses maîtres politiques. Une fois de plus, le schéma consiste à nier les faits, à ridiculiser et à créer une distraction, puis à élaborer un contre-récit ne s’appuyant sur aucun fait, tout en kidnappant des activistes et en empêchant les citoyens qui ne se sentent plus en sécurité à Hong Kong d’en sortir.
À Taïwan, le Parti communiste chinois belligérant effectue des missions militaires provocatrices dans l'espace aérien taïwanais. Il est très clair que le fait que les habitants de Taïwan expriment pleinement et librement leur volonté démocratique et qu'il y ait une transition pacifique du pouvoir est inadmissible pour le Parti communiste chinois.
Puis, nous assistons à la construction de bases militaires sur des récifs de la mer de Chine méridionale, qui menacent toute la région, notamment des pays comme les Philippines, le Vietnam, la Thaïlande, etc. Il s'agit une fois de plus d'un exemple flagrant de déni sans fondement. Au sujet de la conversion des récifs en îles artificielles, puis en bases militaires, la Chine passe du déni pur et simple, comme si les photos satellitaires étaient fausses, à la prétention qu'il s'agit d'un droit intérieur et, par conséquent, que cela ne regarde personne — et au diable le droit international —, en passant par la propagande contre-factuelle selon laquelle les bâtiments ont été construits à des fins strictement pacifiques, en dépit de la menace que perçoivent les Philippines, le Vietnam et la Thaïlande.
Nous pourrions faire le tour du monde. Le Sri Lanka éprouve sûrement des regrets au sujet de son pacte faustien concernant son port. De nombreux pays africains regrettent amèrement le jour où ils ont laissé le Parti communiste chinois construire des infrastructures locales. Le projet La Ceinture et la Route est une politique qui vise à étrangler des pays indépendants, à exploiter leurs ressources et à saper leur souveraineté pour répondre aux besoins de la Chine.